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Chapitre XX

20. LES MALADIES PROFESSIONNELLES


A. BENSAKHRIA

20.1. Introduction
L’exposition aux agents chimiques dans l’industrie peut donner lieu à des intoxications
chroniques appelées les maladies professionnelles. Le but de la toxicologie industrielle est
donc d’aider le médecin du travail à prévenir l’apparition des maladies professionnelles par
une meilleure connaissance des substances toxiques en causes.

20.2. Différents états du toxique en milieu de travail


Les différents états sous lesquels se trouve le toxique sont importants à considérer en milieu
industriel. L’inhalation, c’est-à-dire la voie pulmonaire constitue la source principale des
intoxications en milieu professionnel parce que les substances toxiques sont sous forme de
gaz, vapeurs, ou de particules solides ou liquides dont la présence et les proportions dans l’air
des locaux de travail dépendent, non seulement de leurs propriétés physico-chimiques, mais
encore des conditions d’utilisation de ces substances, qui donnent naissance à ces différents
états. Delà découle la notion de risque qui se distingue de la notion de toxicité.

La toxicité : est la capacité propre d’une substance à produire un effet toxique sur l’organisme.
Le risque : est la probabilité d’apparition de cet effet toxique selon les conditions d’emploi de
cette substance.

20.2.1. Les gaz et les vapeurs


Les gaz : aux conditions normales de température et de pression, ces corps existent
uniquement à l’état gazeux.

Les vapeurs ne représentent que la forme partielle gazeuse d’une substance normalement à
l’état liquide. Le passage d’un corps pur de l’état liquide à l’état de vapeur peut s’effectuer de
2 manières différentes : la vaporisation qui se produit à une température ambiante, l’ébullition
: qui se produit par élévation thermique.
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20.2.2. Les particules


Ce sont des molécules solides ou liquides dispersés dans l’air. Cette dispersion des particules
est liée étroitement à leur diamètre. On distingue les poussières qui ont un diamètre de 100 à
400 µm d’origine minérale ou organique, elles ont pour point commun l’instabilité dans l’air,
elles obéissent aux lois classiques de la pesanteur, selon leur constitution physicochimique,
elles ont la possibilité d’adsorber des composés chimiques dont la toxicité ou le pouvoir
cancérigène sont ainsi véhiculés de manière indirecte. Les brouillards ont un diamètre de 50
à 100 µm qui prennent naissance au cours de la pulvérisation de solvants, de peintures, ou
d’insecticides, de fumées émises par les métaux en fusion, notamment sous forme d’oxydes
métalliques, ou encore sous forme de poussières fines d’origine diverses. Les aérosols ont un
diamètre inférieur à 50 µm.

Les particules dont le diamètre est inférieur à 5 µm qui échappent aux lois de pesanteur en
raison de leur petite taille, peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires et s’y déposer, suivant
leur nature physico-chimique, elles peuvent y entrainer une simple action locale, y exercer une
action cytotoxique, ou pénétrer dans la circulation et exercer des effets systémiques.

20.3. Le toxique dans l’organisme


Les voies de pénétration : la principale voie de pénétration des toxiques en milieu professionnel
est la voie pulmonaire mais aussi la voie cutanée pour les substances liposolubles. La voie
pulmonaire permet l’absorption des gaz dans l’appareil respiratoire en fonction de leur
hydrosolubilité. Les gaz très solubles ne traversent pas plus loin que le nez en règle générale,
en revanche lorsqu’ils sont adsorbés sur des particules et des aérosols, ils peuvent traverser
le nasopharynx et atteindre les parties profondes des poumons.

Les gaz relativement insolubles, pénètrent jusque dans les alvéoles pulmonaires. Les gaz très
insolubles, traversent facilement le tractus respiratoire pour se trouver dans le sang
pulmonaire et être distribués dans tout l’organisme.

Les vapeurs liposolubles peuvent aussi être absorbées dans différentes régions du tractus
respiratoire, puis transportées par le sang circulant dans diverses régions du corps, notamment
dans le système nerveux central (SNC).

Les particules et les aérosols se déposent dans différentes régions du tractus respiratoire en
fonction de leur taille. Les grosses particules, solides ou liquides, de diamètre supérieur à 10
µm, sont généralement arrêtées au niveau du nasopharynx. Celles dont le diamètre est compris
entre 3 et 10 µm atteignent la trachée, les bronches et les bronchioles. Celles dont le diamètre
est inférieur à 3 µm vont aller jusqu’aux alvéoles.

La voie cutanée : certains toxiques traversent la peau à différents niveaux grâce à leur pouvoir
dissolvant. Certains facteurs favorisent la pénétration cutanée, tel l’état de la peau, la durée
de contact, les conditions de travail et la durée d’utilisation.

TOXICOLOGIE GÉNÉRALE 2
Les maladies professionnelles

20.4. Evaluation et surveillance de l’exposition


L’évaluation et la surveillance de l’exposition professionnelle aux toxiques permettent
d’apprécier le risque encouru par les travailleurs.

La métrologie est l’ensemble des méthodes d’identification et ou de dosage du toxique dans


l’atmosphère de travail, dans l’optique d’une comparaison avec des valeurs de référence, les
valeurs limites d’exposition. C’est le meilleur moyen de quantifier l’exposition et donc d’évaluer
le risque toxique. Deux types de mesures métrologiques sont possibles ; métrologie
d’ambiance et/ou individuelle. Elles ne peuvent être engagées qu’après une évaluation initiale
en trois points :

1. Identification des expositions potentielles : inventaire de la nature et des quantités


des substances manipulées.
2. Détermination des paramètres de l’exposition : procédés de production, techniques
de travail, accidents prévisibles de surexposition, configuration des lieux, dispositifs
d’évacuation et de ventilation.
3. Définition de groupes homogènes d’exposition : permettant de cibler l’étude sur les
sous populations les plus fortement exposées.

La métrologie d’ambiance vise essentiellement au recueil de l’exposition moyenne à l’aide de


prélèvement en un point fixe du lieu de travail. Elle permet d’une part une comparaison aux
valeurs limites d’exposition et d’autre part de vérifier l’efficacité des mesures préventives
adoptées.

La VME : la valeur limite moyenne d’exposition est la concentration moyenne maximale


admissible, pondérée pour 8 heures/jour et 40 heures/semaine de travail. Elle vise à protéger
les travailleurs des effets de l’exposition chronique.

La VLE : ou la valeur limite d’exposition est la concentration moyenne maximale pouvant être
atteinte pendant au plus 15 minutes. Elle vise essentiellement à prévenir les effets toxiques
aiguës.

Métrologie individuelle est la meilleure évaluation de l’exposition individuelle consiste à


effectuer des prélèvements d’air dans la zone respiratoire du sujet puis une analyse
quantitative différée en laboratoire.

La biométrologie est la surveillance biologique qui vise d’une part à évaluer la dose interne par
le dosage de la substance ou de ses métabolites dans les fluides biologiques (indicateurs
biologiques de l’exposition), d’autre part à mettre en évidence le plus précocement possibles
des modification biochimiques (indicateurs biologiques d’effets) résultants de la présence de
la substance dans l’organisme.

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Les maladies professionnelles

La mesure de la dose interne d’un toxique possède l’avantage d’être spécifique et de refléter
le niveau réel de l’individu surveillé. En effet elle tient compte des facteurs biologiques
individuels, elles intègrent toutes les voies d’absorption et prend en compte le mode opératoire
de chaque travailleur.

La cinétique du toxique conditionne le moment le plus approprié pour le recueil de l’échantillon,


un prélèvement en fin de journée de travail et ou en fin de semaine de travail évalue le niveau
d’exposition, tandis qu’un prélèvement en d’but de poste évalue le niveau d’imprégnation
toxique de l’organisme.

20.3. Références
- Robert R. Lauwerys; Robert Lauwerys (2007). Toxicologie industrielle et intoxications
professionnelles. Elsevier Masson. ISBN 978-2-294-01418-5.
- Suelen Queiroz (29 August 2014). traité de toxicologie professionnelle. Suelen
Queiroz. pp. 56–57. GGKEY:JFFNHJGR5TG.
- Hervé Lanouzière. Prévenir la santé et la sécurité au travail - vol 2: Risques - Acteurs
- Sanctions. Editions Lamy. ISBN 978-2-7212-1516-1.

TOXICOLOGIE GÉNÉRALE 4

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