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Revue Ezzaitouna 13 (1 et 2) 2012

LE SYSTEME HYPER INTENSIF DE L’OLIVIER A HUILE EN


TUNISIE APRES 10 ANS: UNE EVALUATION TECHNICO-
ECONOMIQUE
Med Bechir Sai1, A. Larbi1, S. Mestaoui1,2, Ch. Bayoudh3 et M. Msallem1

Résumé
L’objectif de ce travail de recherche est de procéder à une évaluation
technico-économique d’un nouveau mode de conduite de l’olivier à huile
introduit il ya 10 ans en Tunisie. Il s’agit du système hyper-intensif de
l’olivier basé essentiellement sur une densité de plantation très élevée et
imposé par la nécessité de la mécanisation de la cueillette et de la taille, de
l’entrée rapide en production et de l’amélioration des résultats de l’olivier.
L’analyse des résultats d’une enquête menée auprès de 27% des
bénéficiaires de ce système a montré que le choix principal encourageant
les agriculteurs à opter pour ce système de conduite est plutôt le rendement
élevé, l’entrée rapide en production et la minimisation du coût. Ces mêmes
résultats montrent que la faisabilité du système dépend largement de la
superficie de l’oliveraie, les plus grandes en profitent le mieux, et que la
variété la plus adaptée au système est l’Arbosana.
Mots clés: Evaluation, hyper-intensif, coût d’installation, coût de
production.
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Abstract
This Technical-economic survey assesses grower practices in the high
density planting system ten years after the plantation in 2000 in Tunisia. This new
planting system, based on high density planting was justified by the need of
mechanical harvesting and pruning. Furthermore, this new planting system allow
for heavy cropping within a few years after planting and improving olive trees
results.
Results obtained from the survey analysis (26% of the totality of growers
having high density orchards) showed that, the choice of growers for using this
planting system was based mainly on heavy cropping, early bearing and minimal
cost production. These results showed that the feasibility of this production system
was mainly related to the orchard surface indicating that large surface orchard had
better benefits. Furthermore, growers responded to the survey that ‘Arbosana’
variety was the most adapted cultivar to this planting system.
Key words: Evaluation, high density planting, investment cost, production cost.
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1. Institut de l’Olivier, BP 208, 1082, Tunisie
2. Institut National Agronomique de Tunisie,
3. DGPA: Direction générale de la production Agricole, Ministère de l’Agriculture

1
1. Introduction
La culture de l’olivier à travers le monde a connu au cours des
dernières années une évolution très importante dans le choix des densités de
plantation et des variétés. Cette évolution a été imposée par l’augmentation
des coûts des opérations culturales et le recours à la mécanisation de la
cueillette et de la taille vu la rareté et la cherté de la main d’œuvre. En
1994, nous avons assisté à l’apparition du système hyper-intensif de
l’olivier qui se base sur l’emploi d’une densité de plantation très élevée qui
peut atteindre 2500 arbres/ha. Ce système a connu une extension très
importante aussi bien en Espagne qu’ailleurs dans le monde et la surface
cultivée est actuellement estimée à plus de 100.000 ha (Olint, 2010). En
Tunisie, ce système a été introduit en 2000 sur une initiative de promoteurs
privés et a connu par la suite une extension très importante au cours des 10
dernières années où il couvre actuellement plus de 3500 ha (Larbi et al.,
2011).

Ce nouveau mode de culture vise à augmenter le rendement par unité


de surface, permettre une entrée en production précoce, une mécanisation
de la cueillette et la récupération assez rapide du capital investi (Msallem et
al., 2004). Cependant, il faut reconnaître que ce mode de conduite constitue
encore un sujet de débat autour du choix variétal, de la densité, de la
productivité, de la durabilité de ce système, des frais d’installation et de la
rentabilité en général.

En outre, malgré la grande extension qu’a connue ce secteur, les


études scientifiques sont restées limitées et axées particulièrement sur le
comportement des variétés cultivées. Les aspects technico-économiques
sont cependant peu étudiés. 10 ans après l’introduction de ce système en
Tunisie, nous jugeons que son évaluation est devenue une nécessité. Elle
permettra d’orienter son adoption dans le futur et ce, en dégageant ses
avantages et ses limites.

2. Présentation du système hyper intensif en Tunisie


En 1999, ce système a été introduit en Tunisie par des promoteurs
privés sur une superficie de 50 ha à Mornag (SMVDA, SADIRA) et
Grombalia (SMVDA- Elkatibia) avec une densité de plantation de 1250
arbres/ha. Le matériel végétal est composé de variétés étrangères
(Arbequina, Arbosana et Koroneiki). Ce mode s’est propagé ensuite dans
toute la Tunisie pour couvrir actuellement la surface de 3500 ha (figure 1)
(DGPA, 2010). Les densités utilisées jusqu’à maintenant varient entre
1250 et 1666 arbres/ha.

2
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Fig. 1: Evolution de la surface plantée en Tunisie de 2000 à 2010


(DGPA, 2010)

Pour avoir une idée plus claire sur ce nouveau système de conduite
et sur l’adaptation de certaines variétés à huile, nouvellement introduites
(Arbéquina, Arbosana et Koroneiki) nous avons opté pour une
méthodologie basée sur l’évaluation technico-économique et la réaction des
premiers promoteurs.

3. Méthodologie
Dans notre méthodologie plus d’un instrument est utilisé pour traiter
les différentes questions d’évaluation technico-économique du système
hyper intensif en Tunisie:

* Pour l’étude et l’analyse du fonctionnement, du comportement et de


la gestion des plantations en hyper-intensif, des enquêtes ont été réalisées
auprès d’un échantillon d’oléiculteurs ayant adopté ce nouveau système.

* Pour étudier l’évolution du système depuis son apparition dans les


différentes régions du pays nous avons eu recours à l’analyse des données
statistiques et de la documentation officielle disponible auprès des instances
de développement concernées. Nous avons procédé a l’analyse et au
recoupement de données provenant de différentes sources d’informations
particulières: les études antérieures réalisées par divers intervenants,
essentiellement:
- Les rapports annuels d’activités des CRDA
- Les articles, études et rapports élaborés par les services de la
recherche au sein de l’Institut de l’Olivier,
- Les différentes études officielles portant sur ce système dans le
pays
La population d’agriculteurs disposant d’exploitations cultivées en mode
hyper intensifs a été déterminée au préalable par la Direction Générale de la
3
Production Agricole (DGPA, 2010). Elle contient 112 exploitations sur
lesquelles nous avons effectué un échantillonnage qui a permis de retenir un
échantillon de 30 exploitations entre petite, moyenne et grande superficies.
La taille de cet échantillon représente 27% du nombre total des
exploitations recensées par la DGPA. Les exploitations retenues ont été
divisées en trois catégories en se basant sur leur superficie afin d’examiner
les différences qui peuvent exister entre ces groupes:

- Grande exploitation : plus de 50 ha


- Exploitation de taille moyenne : 10-50 ha
- Petite exploitation : <10ha.

4. Les aspects globaux l’évolution des surfaces totales et par strates


de superficie
4.1. Taille des plantations hyper intensives en Tunisie
Les exploitations cultivées en hyper intensifs en Tunisie se
caractérisent par leur faible superficie. En effet, l’analyse des données
recueillies auprès de la DGPA montre que les parcelles de petites
superficies (<10 ha) représentent 55% du nombre total d’exploitations
suivie de la catégorie moyenne (10 à 50 ha) qui représente 26% et des
grandes exploitations (>50 ha) qui représentent 19% (figure 2).
Contrairement à la Tunisie, la majorité des exploitations conduites en hyper
intensif en Californie aux Etats-Unis, par exemple, sont d’une superficie
supérieure à 81 ha et représentent 71% du total (Struzenberger et al., 2009).

19%

0->10
10->50
55% >50
26%

Fig. 2: Répartition par classe des superficies des oliviers conduits en hyper
intensif (DGPA, 2010)

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4.2. Densité de plantation
Dans le monde, la densité de plantation en hyper-intensif varie de
1250 à 2500 plants/ha. En Tunisie elle varie de 1250 à 1666 plants/ha. Les
résultats de l’enquête montrent que la variété Arbosana est plantée dans
66,7% des cas avec la densité de 1666 plants/ha. Les variétés Arbequina et
Koroneiki sont majoritairement plantées à la densité 1250 plants/ha avec
des pourcentages respectifs de 70,4% et 60% (Tableau 1).

Tab. I: Densités de plantation employées en hyper intensif selon les


agriculteurs interrogés
Densité de plantation (arbres/ha)
<1250 1250 1666 >1666
Arbequina 11,1 70,4 15,5 0
Arbosana 0 33,3 66,7 0
Koroneiki 20,0 60,0 20 0

4.3. Matériel végétal


Les variétés d’oliviers plantées en hyper-intensif dans le monde sont
Arbequina, Arbosana et Koroneiki. Les résultats de notre enquête montrent
que la variété la plus plantée en Tunisie en hyper-intensif est la variété
Arbequina (62,7%), suivie de la variété Arbosana (30,3%) et enfin la
variété Koroneiki (7,05%) (figure 3). Des proportions similaires ont été
rapportées par Strusenberger et al, (2009) indiquant que la variété
Arbequina occupe 78% de la surface d’olivier plantée en hyper intensif en
Californie (USA), suivie de la variété Arbosana (16%) et la variété
Koroneiki (6%).

7,06

30,27 Koroneika
Arbosana
Arbequina
62,67

Fig. 3: Répartition des superficies selon les variétés plantées

Bien que la variété Arbequina soit la plus utilisée pour ce mode de


culture, la moitié des agriculteurs interrogés (52,6%) se prononcent peu
satisfaits sur les plans agronomique et technologique (Tableau 2). Cette
réaction est justifiée par ces agriculteurs par la forte sensibilité de cette
5
variété vis-à-vis de la maladie de l’œil de paon qui affecte sévèrement le
rendement, la vigueur élevée de l’arbre ce qui demande des interventions
régulières de taille pour permettre une meilleure luminosité et enfin sa
qualité d’huile qu’ils jugent de faible stabilité.

Tab. II: Degré de satisfaction des agriculteurs pour les variétés utilisées
Satisfait (%) Non satisfait (%)
Arbequina 47,4 52,6
Arbosana 66,7 33,3
Koroneiki 0 100

4.4. Raisons du choix de l’hyper-intensif


Etant donné que les objectifs recherchés de l’utilisation du système
hyper intensif pour la culture de l’olivier visent une entrée en production
rapide, des rendements élevés, réguliers et à moindre coût en particulier en
ce qui concerne la récolte, nous avons demandé aux agriculteurs les raisons
de leur choix pour ce système de culture. Les résultats de l’enquête
montrent que les principales raisons étaient l’entrée rapide en production
(86%) et le rendement élevé (62%) c’est indirectement la récupération et la
rentabilisation du capital investi. Toutefois, la diminution des coûts de la
récolte et de la taille par l’utilisation de la machinerie agricole n’ont été
cités que par 17% des argiculteurs. Ces deux dernières raisons ont été
exprimées par la majortité des agriculteurs qui disposent de plus de 50 ha
de surface. De même nous avons constaté que quelques agriculteurs (3 à
6%) ont opté pour ce système de conduite pour diminuer l’alternance de
production et pour une meilleure qualité d’huile. En Calirornie (USA), les
raisons citées par les agriculteurs pour l’adaptation de ce système de culture
ont été le revenu élévé (62%) suivi par le faible coût de production (14%),
puis l’economie de l’eau d’irrigation (8%) et enfin la diversité de la culture
(8%) (Sturzenberger et al., 2009).

4.5. La récolte
L’option du système de culture hyper-intensif a été imposée par la
nécessité de la mécanisation de la cueillette et de la taille vue la rareté et la
cherté de la main d’œuvre dans les pays de la rive Nord méditerranéenne.
La cueillette mécanique est donc un facteur primordial pour assurer la
rentabilité de ce système. Toutefois, les résultats de notre enquête montrent
que 78% des agriculteurs interrogés ont recours à une récolte manuelle et
que dans 90% des cas ils n’envisagent pas l’achat d’une machine.

Le refus d’achat d’une machine est attribué dans 81% (petites et


moyennes exploitations) des cas interrogés au prix très élevé de la machine
avoisinant les 500 milles dinars (250.000 €).

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La deuxième raison rapportée par 50% des agriculteurs interrogés est
le fait que la main d’œuvre n’est pas aussi chère pour envisager un tel
investissement et enfin 3% préfèrent éviter les dégâts produits par la
machine.

5. Considérations économiques, coûts et rendements


5.1. Le coût d’installation d’un ha d’oliviers à huile en hyper intensif
Le coût d’installation de l’olivier conduit en hyper intensif comporte
toutes les charges durant les deux premières années. En d’autres termes,
c’est l’investissement ou les dépenses totales avant l’entrée en production
(voir tableau3)

Tab. III: Coût d’installation d’un ha d’oliviers à huile en hyper intensif


Opération Unité P.U Année 1 Année 2 Total DT
DT Qtité Val Qtité Val Valeur
Préparation du sol (L. prof) H 80 6 480 - - 480
Fumier de ferme T 10 20 200 - - 200
Sulfate de potasse Ql 180 2 360 - - 360
Super 45 Ql 35 2 70 - - 70
Epandage d’engrais H 15 1 15 - - 15
Nivellement H 20 4 80 - - 80
Recroisement H 15 2 30 2 30 60
Piquetage J 15 1 15 - - 15
Achat plants Plant 2.5 1250 3125 25 62.5 3187.5
Système goute à goute - - - 3000 - - 3000
Plantation J 15 2 30 - - 30
Tuteurage et palissage Piquet 0.5 1250 625 1625 2250
Eau d’irrigation m 3 0.12 3300 363 4000 480 876
Désherbage chimique L+H 30 3 90 3 90 180
Traitement c parasites L+H 30 5 150 5 150 300
Binage et pincement J 15 10 150 10 150 300
Taille de formation J 20 4 80 4 80 160
Fertil d’entretien (azotée) Ql 36 3 108 5 180 288
Fertil d’entretien (acide Kg 2 30 60 50 100 160
phos)
Total 9071 2947 12018

Le coût d’installation d’un verger en hyper intensif s’élève à 12018


DT/ha. Selon l’enquête réalisée, l’achat des plants et l’opération de
plantation représentent 30% du coût total d’installation qui s’étend sur deux
ans. Le tuteurage et le palissage représentent 12,6% du coût d’installation
alors que le système d’irrigation goutte-à-goutte représente 25% du coût
total d’installation. La préparation du sol et les opérations d’entretien
pendant les premières années jusqu’à l’entrée en production (taille de
7
formation, irrigation, fertilisation, traitements phytosanitaires et
désherbage) représentent le reste du coût d’installation. En Espagne, a titre
d’exemple le coût d’installation d’un verger en hyper intensif varie entre
9000 à 12000 €/ha, soit le double (Tous et al., 2006) de celui de la Tunisie.

5.2. Le coût de production d’un kg d’huile d’olives mené en hyper


intensif
Le coût de production d’un kg d’huile en tenant compte du coût
d’entretien, de la récolte, de la trituration et du transport est à peu près de
2.036 DT/kg (tableau 4). Le coût d’entretien et de production des olives
qui englobe la taille, l’irrigation, la fertilisation, le désherbage, les
traitements phytosanitaires et la récolte représente les deux tiers du coût
total alors que le coût de la trituration, du transport des olives et des huiles,
du gardiennage et de la gestion représentent le reste (tableau 4).

Tab. IV: Coût de production d’un kg d’huile d’olives en hyper intensif


Opération Unité P.U Année 1
DT
Qtité Val
Sulfate de potasse Ql 180 2 360
Recroisement H 15 4 60
Eau d’irrigation m3 0.15 3500 525
Désherbage chimique L+H 30 3 90
Traitement phytosanitaire L+H 40 3 120
Binage et pincement J 15 10 150
Taille de production (mécanisée) J 20 6 120
Fertil d’entretien (azotée) Ql 36 4 144
Fertil d’entretien (acide phos) Kg 2 60 120
Récolte mécanisée T 70 9 630
Trituration T 80 9 710
Transport T 10 9 90
Gardiennage et gestion T 20 9 180
Total 3299

D’après les producteurs, le taux moyen d’huile pour les variétés


menées en hyper intensif est de 18%. Sur cette base, un hectare d’olivier
produit une quantité de 1620 Kg, soit un coût de production de 2.036 dinars
le kg.

5.3 La récupération du capital investi


A travers la même enquête, nous avons essayé de déterminer le
pourcentage d’investissement récupéré après trois années consécutives de
production, c'est-à-dire à l’âge de 5ans. Les résultats obtenus montrent que
les agriculteurs récupèrent entre 20 à 30% du capital investi après la
deuxième récolte et entre 60 à 75% après la troisième récolte. La
récupération totale de ce capital est vers la quatrième production (l’âge de 6
8
ans de l’oliveraie). Ces résultats sont en accord avec ceux de Msallem et al.
2004 qui ont rapporté que la récupération de 30 et 70% du capital investi se
produit après la deuxième et la troisième récolte respectivement

6. Appréciation des taux de satisfaction des oléiculteurs.


La dernière partie de l’enquête a porté sur les impressions des
agriculteurs interrogés sur le système hyper-intensif et les difficultés
rencontrées depuis l’installation de leurs plantations. Ainsi, 57% des
agriculteurs interrogés sont satisfaits des résultats du système hyper-intensif
alors que 21,4% déclarent qu’ils ne sont pas satisfaits et le reste (21,4%)
déclarent qu’ils le sont moyennement (figure 3). L’analyse de la catégorie
des agriculteurs qui jugent que la satisfaction de ce système est moyenne
ou faible, a montré que la superficie exploitée par ces agriculteurs (66,7%)
est inférieure à 25 ha.

Degré de satisfaction

bonne 57,1%

moyenne 21,4%

faible 21,4%

Fig. 4: Estimation du niveau de satisfaction de l’agriculteur

9
De même nous avons demandé aux agriculteurs leurs intentions en
cas de création de nouveaux vergers. Les résultats obtenus montrent que
56% des agriculteurs interrogés ont exprimé leur volonté de replanter
l’olivier en hyper-intensif, 26% ne se sont pas prononcés alors que
seulement 16,7% ont exprimé le désir d’arracher les oliviers pour planter
d’autres espèces arboricoles (figure 5).

Intention

replanter 56,7%

ne sont pas
26,7%
prononcés

arracher 16,7%

Fig. 5: Intentions des agriculteurs

Dans cette même partie de l’enquête nous avons demandé aux


agriculteurs de nous citer les principales contraintes rencontrées au niveau
de ce mode de conduite. La non maîtrise de la conduite culturale (37%)
(photo 1) a été la principale contrainte rencontrée (avec 11% au niveau de
la taille de formation). Par ailleurs, 14,8% des agriculteurs ont indiqué que
le coût d’installation élevé constitue un obstacle à l’évolution de cette
culture, alors que 18,5 % des agriculteurs rapportent que la sensibilité aux
maladies, l’alternance de la production, l’adaptation des variétés et la
récolte sont les contraintes rencontrées dans leurs exploitations. Enfin,
11,1% des agriculteurs indiquent que la disponibilité de d’eau est la
contrainte principale. Il est à signaler, que 7,4% des agriculteurs interrogés
indiquent qu’ils ne trouvent aucune difficulté dans la conduite de leurs
vergers.

10
contraintes de la culture de l'olivier conduit en hyper-
intensif

conduite culturale exigente 37,0%


coût d'installation élevé 14,8%
taille de formation difficile 11,1%
disponiblité limitée en eau 11,1%
pas de contraintes 7,4%
présence de maladies 7,4%
variétés peu adaptées 3,7%
production non stable 3,7%
problème de récolte 3,7%

Fig. 6: Principales contraintes de la culture de l’olivier hyper-intensif

7. Recommandations techniques
A la lumière de l’enquête réalisée et de la discussion des résultas avec
les spécialistes, nous recommandons aux agriculteurs qui optent pour ce
système de culture ce qui suit:

* Orientation des lignes


L’adoption d’une orientation Nord-Sud est primordiale pour la réussite
de ce nouveau mode de conduite. En effet, cette orientation permet un
meilleur ensoleillement, évitant ainsi l’ombrage qui peut se produire
lorsque les arbres ont une vigueur élevée.

* Taille de formation
La taille de formation devrait être effectuée correctement pour
permettre le bon développement des plants et pour éviter l’encombrement
végétatif dès les premières années après la plantation. De même, nous
recommandons aux agriculteurs n’ayant pas formé les arbres en axe de
procéder à la correction de la forme des arbres au cours des premières
années pour éviter les problèmes qui peuvent apparaître avec
l’encombrement végétatif.

* Fertilisation et irrigation
La maîtrise de la fertigation permet à la fois d’améliorer le rendement et
par conséquent la rentabilité, de contrôler la vigueur des arbres et
d’allonger la durabilité du verger. Pour ceci, nous recommandons aux
agriculteurs d’établir un plan d’irrigation et de fertilisation propre à leur
parcelle et d’éviter l’utilisation des programmes établis dans d’autres
exploitations complètement différentes par la localisation, la nature du sol,

11
la qualité d’eau et même l’état végétatif et l’âges des arbres. De même,
nous recommandons aux agriculteurs l’utilisation de quelques outils qui
peuvent faciliter l’établissement des ces programmes tels que le diagnostic
foliaire pour le cas de fertilisation et les sondes pour l’irrigation.

* Récolte
Le prix excessif de l’enjambeur reste l’obstacle majeur à l’adoption
de cette machine pour la récolte surtout dans le cas des parcelles de petites
superficies. La création de coopératives qui se chargeront de l’achat et de
l’entretien d’une machine de récolte en faveur de plusieurs agriculteurs
associés dans les régions de grande concentration des plantations hyper-
intensives peut résoudre ce problème.

D’autre part il est possible d’envisager l’utilisation de matériel porté à


dos qui est beaucoup moins coûteux qui accélère le travail et permet une
importante diminution de son coût.

Conclusions
Les résultats de cette évaluation diagnostic technico-économique du
système hyper intensif en Tunisie nous ont permis de conclure que:

- Le choix principal qui à encouragé les agriculteurs à opter pour ce


système de conduite n’est pas la mécanisation des opérations de la récolte
et de la taille mais plutôt le rendement élevé et l’entrée rapide en
production.

- La majorité des agriculteurs ayant des superficies moyennes à


faibles n’accordent que peu d’importance à la taille de formation et à
l’installation du système de palissage. Une partie d’entre eux ignore même
les principes de la taille de formation.

- Le profil variétal est caractérisé par la dominance de la variété


Arbequina, mais la majorité des agriculteurs interrogés (52,6%) se
prononce non satisfaite de cette variété en comparaison avec la variété
Arbosana.

- Malgré le niveau d’étude supérieur chez les propriétaires, seulement


une minorité d’entre eux a bénéficié d’une formation agricole. De même la
maîtrise des techniques culturales est assez faible dans les exploitations de
petite superficie qui comptent souvent sur des ouvriers pour mener les
différentes opérations d’entretien du verger, ceci rend très difficile
l’assimilation des exigences de ce nouveau mode de conduite.
- Entre 60-80% des agriculteurs interrogés ont indiqué que la
planification de l’irrigation et de la fertilisation est arbitraire et ne recours à

12
aucune approche scientifique. Ces exploitations sont généralement de
superficie moyenne à faible. Cependant, il est à signaler que dans les
exploitations de grande dimension les agriculteurs font recours aux outils
d’aide à la décision tels que les sondes pour l’irrigation et le diagnostic
foliaire pour la fertilisation.

- Seulement une minorité des agriculteurs interrogés (22%)


reconnaissent l’importance des opérations de cueillette et de taille
mécanique pour assurer la rentabilité de l’activité. Cette minorité dispose
des exploitations d’une grande superficie.

- La majorité des agriculteurs (57%) n’a pas de relation avec les


vulgarisateurs. Ces derniers avouent leur manque d’information sur la
conduite culturale de l’olivier en hyper-intensif.

- La récupération rapide du capital investi est considérée comme un


atout lorsqu’on opte pour le système hyper-intensif. Les agriculteurs
interrogés indiquent qu’ils récupèrent 30 % et 70 % du capital investi après
la deuxième et la troisième récolte, respectivement.

Références bibliographiques
- DGPA, 2010. Communication personnelle Mr.Chokri BAYOUDH.
- Larbi, A., Ayadi, M., Ben Dhiab, A., Msallem, M., Caballero, J. M.
2011. Olive cultivars suitability for high-density olive orchards. Span
J Agric Res 9, 1279-1286.
- Msallem, M., Sai, M.B., Larbi, A. et N. Khereddine. 2004. Normes
technico-économiques pour la création des parcelles hyper intensives
d’olivier.7p.Institut de l’Olivier. Tunisie.
- Olint, 2010.Système hyper intensif.Available from internet
(www.olint.com)
- Sturzenberger, N.D., Flyn, D.et E. Clow. 2009. Survey: Super-High-
Density olive production in California. UC Regents, Davis campus: 7 p.

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