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SIGNES PU CHRISTIANISME

SUR

QUELQUES MONNAIES ROMAINES.

C'était une coutume invariablement observée par les


gouverneurs romains, d'informer les empereurs de tout
ce qui se passait de nouveau ou d'extraordinaire dans
leurs provinces respectives. 'l'ibère, instruit par Ponce-
Pilate, gouverneur de la Palestine et u chrétien de coeur
selon l'expression de Tertullien, des actes merveilleux se
rapportant à la vie et à la mort de Jésus-Christ, proposa
ait de mettre celui-ci au nombre des dieux. Le
Sénat, irrité de ce qu'il ne lui en avait pas été directe-
ment référé selon l'usage, rejeta la proposition par La
raison qu'il ne l'avait pas examinée. Tibère néanmoins
demeura inébranlable dans son sentiment. Par un édit,
il menaça même les accusateurs des chrétiens de la peine
de mort. C'est ce que rapportent Tertullien, Eusèbe et
Orose ('). De la part de Tibère, le fait est d'autant plus

(i) TERTULLIEN, A potogétique, o. XXI; EeSOE, Histoire ecclésiastique,


liv. Il, chap. Il: øaoss, Histoires, liv. VII. - Consult. sur les faits dont
il s'agit, qui ont eu lieu SOUS Ponce-I'ilate, JUSTIN le Philosophe, dans
sa première Apologie, adressée ù AnLonin le Pieux, l'an 450 (n' 35,
p. 67, et no 48, p. 74, édit. Venise, 4747).

- - - . - - - - - - -..
D ocument —

IIIIIIIIIlIIIIIllhIl Iltiil
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0000005404667 -,- CHP
-2—

étrange que, personnellement, il ne semblait guère avoir


d'attrait pour ces apothéoses inaugurées par Auguste,
que Julien le Philosophe décora du nom de faiJeur de
Poupées ( 1 ) En effet, il ne prétendit pas que l'apothéose
fût décernée àsa mère Livie, sous prétexte qu'elle l'avait
ainsi 'voulu ). Ce soin fut réservé à Claude (').
- On enseigne que, vers la tin du premier siècle, une
branche de la famille impériale était chrétienne ; l'his-
toire mentionne comme en ayant fait partie une nièce de
Domitien, appelée, de même que sa mère, Flavia Domi-
tilla, et son mari le consul Titus Flavius Clemens, lequel
souffrit même le martyre; la princesse fut bannie (4).
Marcia, la fameuse concubine de Commode et qui, de
concert avec Ltns, préfet du prétoire, lui administra te
poison homicide (192 de J.-C.), Marcia eut une grande
affection pour les cliiéNens et les favorisa beaucoup,
mettant à leur service son immense asccndantsur ce tyran,
qui lui avait accordé tous les honneurs et presque le
rang d'une impératrice ). Elle était entrée à la cour
impériale en l'an 183. On veut retrouver son image sur
certaines médailles représentant le buste d'une femme
casquée à côté de celui de Commode '(G).

(I) JIJL]ISN Les Césars, 27. -


('I l'AGITE, A 7mai88, liv. V, e. Il.
(3) So,ToN g ,Claude; Xi. -
(') Diwi CÂssius, !hst., L LXVII, G. 43; SPENCER Nain liGOTE et
W.- Il. Bnowreow, Roue souterrain, pp. 48 et 49.
(5) limoN CAssius, liv. LXXII, o. 4.

(') Ces médailles sont décrites dans Coiics, 'nouv. édit., 1883, t. III,
Pp. 378à 381.
—o—-

Julie Mamrnée, mère d'Alexandre Sévère, qui gouverna


sous son fils • avec tant de talent et de fermeté, et qui
ensuite devint si avare et si cruelle, Julie Mantinée se
fit instruire par Origène dans les mystères du christi-
nisuic ('). Élevé dans son sein et soussa - protection
puissante, Alexandre partagea en quelque sorte ces
notions; car, suivant un écrivaih de l'époque et l'historien
Lampride, il comprit le Christ parmi les « dieux», deos,
dont il avait réuni les portraits, cfflyil?s, dans ses ]araires
ou chapelles consacrées à ses divinités tutélaires ).
Il affectionnait tout particulièrement cette belle maxime,
• qu'il avait apprise, dit Lampride (3), des juifs ou-des
chrétiens « Né faites pas à autrui ce que vous ne voudriez
pas qu'il vous fût fait.
L'empereur Philippe (244-249), après avoir été
repoussé de la communion des fidèles, et sa belle et
vertueuse, mais ambitieuse épouse Otacilie Sévère, morte•
après 249, se firent L'un et l'autre chrétiens, et celle-ci
éleva son fils Philippe 11(247-249) dans le christianisme (4).

(I) OkosE , fuse. , liv VII; -lB Cujus mater Mommsen christiana - -
Origenem presbyterum audire curavit. -
(t) Conf. LAMPRIDE, Ales. Setier., c-XXVII et XXIX.

) Chap. LI (même vie). -


(') Eusèbe s'exprime ainsi au sujet de Philippe 1er dans son Histoire
ecclesiestique ( liv. VI, c.XXXIV, traduct. Cousin, p- 312) :' Philippe
succéda (à Gordien) avec son fis. On dit quo ce prince étant Chrétien
il voulait assister avec le peuple aux prières qui se faisaient dans
I'é&ise la veille de la Fête de Pâques, mais quo l'Jvêque ne le lui voulut
point permettra jusqu'a ce qu'il se fût confessé de ses péchés fit
mis au rang des pénitents. L'Évêque, qui savait qu'il était coupable
de plusieurs crimes, n'avait garde d'eu user autrement. Ou dit aussi
-4-

Euttope (t) a voulu donner, â Philippe P' et â son fils


l'apothéose païenne, mais son témoignage, selon !a remar-
que d'Ern. Dujardin, est isolé et très suspect (i).
Ajoutons â ces princes chrétiens sainte Tryphonia ou
Cephinia, femme d'Herennius Etruscus, fils de Trajan-
Dèce, qui périt en 251, et sa fille Cyrille, qui, baptisée
comme sa mère, subit le martyre sous le règne de Claude
le Gothique, vers l'année 268 (0.
• On désigne également parmi les princes et les princesses
romaines qui professèrent la foi chrétienne, Hadrien, fils
de Probus, Serena, femme d? Dioclétien? (4), Artemia,
sa fille. Fladrien, dit-on, Serena, après 303, et Artemia
subirent également le martyre (5).
Mais il ne reste malheureusement pas, que nous sachions
aujourd'hui, de médailles manifestant ouvertement ou
oeculteruent de semblables faits religieux, en ce qui
regarde les personnages que l'on vient de citer- Si nous
rappelons ici ces faits avec plus de détails que ne compor-
tent d'habitude les matières traitées dans notre Retuc,
c'est qu'il n'est pas absolument impossible que, tôt ou

que l'Empereur se soumit humblement à ses, ordres, et fit voir par ses
actions combien il était touché de la crainte de Dieu,
(1) Liv. IX, o. 8. .,
(9 Le eulle des Divi, p. 45.
('j l'oy. Martyrologe romain, 18 octobre, et surtout Martyrologe
d'Usuard, éd. Sollerio, Anvers, 4714, 'et le Mémoire de M. do Witte
pp. 22-23, qui sera bientôt plus amplement cil,
(9 Elle s'appelait peut-être Serena Alexandra ('risca. Voy. la disser-
L',tion de M. de Witte, sur la qualité de Serena et sa conversion (ni&ne
Mémoire, pp. 25 et suiv.).
(9 Us \VInE, 10W , P. U.
-5—

tard, de nouvelles découvertes S études numismatiques


n'apl$ottent la confirmation de l'un ou l'autre d'entre eux.
Quoi qu'il en soit, des médailles concernant d'antres
membres de la famille impériale et appartenant au troi-
sième ou au quatrième siècle de notre ère, offrent des
marques ostensibles ou secrètes du christianisme.
Nous empruntons au bien remarquable Mémoire de
M. de Witte, sur l'impératrice Salonine, les passages
suivants relatifs à des médailles coloniales qui se trouvent
dans cette catégorie : -
-o Il existe au cabinet de Fiance une médaille très-
singulière, frappée à Maeonia, ville de Lydie, sous le règne
de Trajan-Dèce. On y voit, au revers de l'effigie de l'em-
pereur, un triomphe de Bacchus, accompagné de la
légende: EHI AYP M4IANOT B APX 4 TO B
flEFANU ., et â l'exergue MAIONfÀN ('). Or, on
remorque que, dans cette légende, les deux lettres P et X,
dans le mot APX0070, sont liées ensemble de façon â
figuier, de la manière la plus parfaite, le monogramme
si connu du Christ, 1C. Ce monogramme, ainsi dissimulé
et caché pour ainsi dire dans un titre, est placé. tout â fait
au milieu et au sommet du type de la médaille, comme
dominant toute la composition. Il n'est peut-uftre pas trop
téméraire d'attribuer au graveur de cette monnaie, qui,
nécessairement, a dû &rc chrétien, l'intèntion de repré-
senter le triomphe futur de la. religion chrétienne sur les
superstitions païennes, malgré les sanglantes persécutions

Q). Ssnra, Mus, Itedervariano, parte secunda, tav. VII, add. ne 4,


et P. 309.

n
-6—

que les chrétiens avaient à souffrir sous le règne de Trajan-


Dèce; et le titre choisi par_l'artiste pour y intro-
duire le monogramme di, Christ, semble être une allusion
directe à la domination et au règne du Sauveur.
« Le médaillon de bronze que je viens de décrire est

d'une authenticité indubitable; la légende ne saurait être


ni plus nette, ni plus distihcte enfin, elle est incontes-
tablement antique e( n'a jamais été altérée, ni relouchée
par une main moderne en un mot, le médaillon de
--
Maeonia est irréprochable sous tous les rapports.
« Les rédacteurs du catalogue de médailles de la collec-
tion de d'Ennery (') ont déjà rapproché, de même que
M. l'abbé Greppo C) la singulière légende de ce médaillon
du type chrétien figuré sur les médailles d'Apamie de
Phrygie je veux parler de l'Arche de No, symbole si
souvent reproduit dans les peintures des catacombes et
sur les sarcophages chrétiens, et que saint Augustin -
explique, en y reconnaissant une image de liglise portée
sur les flots agités (').
Les lettres NÇ6 tracées sur le coffre carré (a&'-i)
- qui figure l'arche, ne sauraient, d'après l'avis des meil-
leurs critiques, et, comme l'a fait observer en dernier lieu
M. l'abbé Greppo, désigner autre chose que !e nom du
patriarche No. » -

L'attention s'est aussi portée sur des petits bronzes de


Salonine, femme de Gallien, frappés sans doute après la
mort de l'impératrice et qui ontété décrits ainsi.:

(') P. 433, no 2630.


1) Notes, etc. concernant k-s premiers sièc?.es chrétiens, - 151,
note 3.
('I De civil. Dei, XV 20.
-7-

1° SALONINA AVG, Buste de Salonine, placé à droite,


sur un croisant.
11cv. AVGVSTA IN PACE. Salonine assise, à gauche,
tenant de la droite un rameau et de la gauche un sceptre.
Variétés avec la lettre P ou la lettre S dans le champ
ou à l'exergue (O;
.2° Pièce semblable, mais avec AVG. IN PACI, le
rameau moins baissé et le sceptre plus transversal.
A l'exergue M S (1Icdiol(ino signala).

Variétés avec PouS ou si, à l'exergue (2),


Une autre porte, 'au droit, CORN (Cornelia) SALO-
NINA MG, et le même revers, avec MS à l'exergue.
(C0HEN, n° 15.) -
L'histoire enseigne que Salorine accompagnait son
mari Gallien dans ses 'expéditions militaires et que peu
s'en fallut qu'elle ne fût' faite prisonnière par les Goths,
lorsque Gallien les chassa de l'lllyrie; que s'étant arrêtée,
au retour, près de Milan, 'où le tyran Auréole avait levé
l'étendard do la révolte, elle fut enveloppée clans une
conjuration formée contre Gallien, et périt dans la même
nuit où son époux et les princes de sa famille furent mis
à mort (20 mars 268)(3). Il n'est donc pas. étonnant que
quelques-unes, sinon toutes ces médailles aient été frap-
pées à Milan.

- ) De WITTE, MS,oire cité, pp. 37 et 38, et gravure, n" I et 2;


Catalogue de RoIIln-Feuardeiit, no 6310; COHEN, t. IV, n°46, P. 465.
(') DE WITTE, Ibid., et RolILn-F'euardent, catalogue cité, n° 6311;
COHEN, n°44, P. 464.

(') Sic F-X, DE FEL-LER, Dictionnaire historique, L. VIII, p. 42,


V. Salonine.
Dans son
son savant Mémoire (4), M. de Witte s'est appliqué à
prouver, au moyen de l'explication de la légende AVGVS'l'A
IN PACE, que Salon ine avait embrassé le christianisme
(9.
Il est à observer que les impératrices Mantinée et Salo-
fine n'ont pas reçu les honneurs de l'apothéose; bien que
Constantin le Grand et son fils Constance Ii les aient
obtenus quoique ayant été baptisés chrétiens.
En faisant quelques pas de plus, on arrive à l'époque
de Constance Chlore.
On remarque dans HENRY C0IIEN, p. 587, n° 1, Descrip-
tion historique des monnaies frappées sous l'empire ronlain,
un moyen bronze de Constance Chlore et de Galère Maxi-
mien (292-308), qu'il décrit en ces termes
CONSTANTINYS ET M&XIMIANVS NB (taobiles)
C(aisares). Leurs bustes laurés accolés à droite, avec
le paludament.

(') Voy. un bon compte rendu de ce travail par A. de Barthélemy,


Revue nom. fr ., 4853, pp. 63 et suiv.
() Eusèbe raconte dans son histoire ecclésiastique (liv. VII, c. XIII
et XXIII), que Gallien arrêta le cours de la persécution qui avait été
exécutée contre l'Église; celle-ci en fut peut—être redevable à Salonine.
Tout ce qui précède est déjà imprimé lorsqu'un excellent ami nous
fait remarquer un petit bronze du Catalogue des médailles impériales
romaines de MM. Bollin et Feuardent, pièce ainsi décrite au n° 6043:
e Buste radié. lice. APOLLINI PAL . S. E' . Q. Q. Apollon debout -à
gauche, tenant un sceptre surmonté d'une croix (?) de la gaucho, une
patère dans la droite. Collection du feu M. Asselin. Antioche... • L'obli-
geaut ami ajoute que M. Feuardent père a trouvé, depuis, deux petits
bronzes semblables à la croix, dont la représentation ne peut faire
doute, non plus que sur nu quatrième exemplaire qui o été signalé à ce
dernier archéologue par un amateur habitant Lyon. Le monétaire était
probablement chrétien. -
B

9-

« Bey . CENIO POPVLI ROMANI. Génie nu debout à


gauche, coiffé du inodius, tenant une patère et une corne
d'abondance; dans le champ, B et une étoile (une croix
au Musée britannique); à l'exergue TEl (Treviris). »
Avant de faire nos observations sur cette description, -
reproduisons ce qu'Eusèbe, l'ami deConstantin 1or rapporte
de.Constance Chlore(') 't Constance s'abstint, écrit-il,
de persécuter les chrétiens (2). Pendant que l'empire
était gouverné par quatre princes, Constance garda une
conduite contraire à celle des autres et entretint inviola-
blement la paix avec Dieu. Il s'éloigna toujours de l'im-
piété avec laquelle ils attaquèrent l'Église et ruinèrent
de fond en comble les lieux de nos assemblées et de nos
prières., il ne souilla jamais comme eux sa conscience
par l'effusion du sang innocent. Jamais il ne s'assujettit
comme eux au culte des idoles et jamais il ne contraignit
comme eux ses sujets de subir le joug de la même servi-
tude. Il procura aux peuples une paix profonde, à la
faveur de laquelle ils pussent vaquer à des exercices de
piété.....(Liv. r, C. XIII.)
s Constance.. donna le choix à tous officiers de sa
cour, et même aux juges qui étaient élevés aux premières
dignités, ou de sacrifier aux idoles et de conserver leur
rang et leurs charges en sacrifiant, ou, s'ils refusaient de
sacrifier, de perdre leurs charges et ses bonnes grâces.

(') Vie de rempereur Constantin , lraduct. de Cousin. -


(2) lI est avéré loutefois que Constance Chlore, malgré lui sans doute,
-. n'empêcha pas, cd 303, l'exécution des édits de persécution émanés de
Dioclétien et do Maximien Galére. (J. M. J T., De vins i!lustribus et de
persecutionibus eccttsiw, Paris, 1873, P. 642.)
- 10 -

Lorsqu'ils se furent déclarés et que les uns eurent pris


un parti et les autres un autre, Constance dcouvrit le
secret qu'ils avaient tenu caché jusqu'alors, blâma le
trop grand désir que les uns avaient de conserver leur
bien et leur vie, les déclara incapables de remplir leurs
charges, et jugea qu'ayant été infidèles à Dieu, ils ne
seraient pas fidèles à leur prince. Il loua, au contraire,
la fidélité des autres, jugea qu'ils ne seraient pas moins
attachés ait service de leur maUre qu'ils l'étaient à celui
de leur Dieu; qu'ils défendraient l'empire avec plus de
courage que les autres et qu'ils en feraient la principale
force et le plus riche trésor (9 . (Liv. la, c. XVI.)
Après avoir donné durant plusieurs années l'exemple
de toutes les vertus dignes d'un grand empereur, après
avoir reconnu le seul Dieu qui a créé l'univers, et avoir
condamné l'impiété de ceux qui en adoraient plusieurs,
il fortifia son palais par les prières des personnes de piété
et passa le reste de sa vie avec autant de repos que de
réputation. Il jouit de ce bonheur rare, que plusieurs font
consister à ne recevoir aucune injure, et à n'en faire à
personne... à (Ibid., c. XVII.)
Si l'on ne consultait que ces passages et un autre du
- livre 1€r chap. XVII, d'Eusèbe, que nous croyons intéres-
sant de reproduire également en entier, plus loin, l'on
parviendrait peut-être, quoique ai'cc difficulté > pourtant, à
expliquer d'une manière satisfaisante la présence de la
croix chrétieniie sur une médaille à l'effigie du vertueux
prince. Mais, tout en regrettant beaucoup de n'avoir pas

) Voy. dans ic mèmeseni, SozonNE, liv. 1, C. VI.


- li

eu l'original sous les yeux, nous ayons acquis la conviction


que cette croix ne se trouve pas, en-réalité, sur le moyen
bronze en question. La gravure donnée par Cohen, t. V,
pi. XV, entre les pp. 592 et 593 (9, ne reproduit pas
fidèlement la médaille, en représentant une croix latine,
régulière de forme.
Une empreinte parfaite en pMtre, qui nous a été très
obiigeamment envoyée du British Museum, où la médaille
repose, et les remarques dignes dé toute confiance sur
l'aspect extérieur, qui ont accompaghé l'envoi, nous
apprennent qu'il s'agit ici tout simplement de la pièce
marquée d'une étoile dont cinq raies sont visibles, et que
les appendices qui simulent des branche d'une croix ne
• sontque le produit d'un excès de métal dû à la brisure du
coin dans- l'opération de la.frappe. (Voy. pl. XV'", n° 1.)
Au surplus, la représentation ouverte, à cette épo-
que ('), d'un signe si marquant du christianisme serait
d'autant plus invraisemblable que Galère Maximien pro-
fessait, en matière religieuse, une doctrine diamétralement
opposée à celle de Constance Chlore, et qu'après que
l'union avait cessé de régner entre eux, il se toit, dans
la persécution commencée en l'an 303, à sévir contre les
chrétiens avec une violence extrême; il fit, écrit Beau-
vais (3), couler le sang des martyrs, l'espace de huit
années, avec une barbarie inconnue aux empereurs qui

(') C'est à tort que celte gravure porte AVG(,,stus) , au lieu do


NB.C. -
(2) La médaille a dû tire frappée de 292 à 305,
les deux princes aydnt
reçu le titre de César en 292 et celui d'Auguste en 305.
(') If sWire abrtigde des empereurs romains, t. Il, p. 15$.
- 42 -

lavaient précédé. Il est vrai que, tout à la fin de sa vie,


Galère, atteint d'une maladie qui «avait fait. qu'un ùlcère
(le tout son corps, appela, au milieu d'horribles souf-
frances, le Dieu' des chrétiens - à son secours, et publia
lui-même un édit en fâveur du christianisme ('). Mais la
mort atroce de Galère Maximien, qui arriva en 311 eut
lièu plusieurs annes après la fabrication de la médaille,
qui le représente avec son collègue, mort à Yorck,
le 25 juillet 306. Tous deux furent mis au rang des dieux
du paganisme, -ainsi qu'il est d'ailleurs attesté par les
médailles de consécration.
Par contre; les rares médailles suivantes, aux effigies
des-deux femmes de Constance Chlore, Hélène et Théo-
dora, offrent vraiment la croix au revers :-

N' 1. EL (Flad(v) JVL (ltd-1w) HELENAE AVG


(Auçjustw). Son buste diadémé, à droite.
11cv. PAX PVBLICA. La Paix. debout à gauche, tenant
une branche d'olivier et un sceptre transversal; dans le
champ à gauche, une petite croix. A l'exergue TR S
(Treviris signala). - -
Gravée, pi. XVI, n°9.
Petit bronze (module du quinaire).
- Nous possédons deux pièces de l'espèce, variées quant à
la forme de la croix. Cohen (t. VI, p. 589) signale, au sur-
plus, des monnaies d'Hélène, portant une croix, et le ce-ta-
loguedc la collection de médailles romaines de Senckler (2)

() Cet édit, qui fut publié en Asie le 30 avril 344 ,est rapporté dans
Eusèbe (Risi. ecclès., lib. VIII, e.47).
(2) Cologne, 1847, n" 5434, 513e, 543.
- 15 -

en décrit trois semblables, marquées de même, dont


une avec TR P (Treviris percusse) et une autre nec
TII S, â l'exergue.

NO 2. FL (Ftavioe) MAX (Maximianœ) TJIEODORAE


AVG. Buste diadémé de Théodora, à droite.
1kv. PIETAS ROMANA. La Piété ou Théodoia debout
de face, regardant à droite et tenant dans les bras un
ejifant; dans le champ, une petite croix, et à l'exergue
TRI S.
Crav&, pl. XVbis, no 3.
Petit bronze (module du quinaire).
Collection de Fauteur.

La collection Senckkr renfermait (no 5147) une pièce


pareille, avec PTR à l'exergue.
On pense généralement qu'Hélène naquit vers l'an 248,
en Bithynie, dans le bourg deDrépane, bourg que Cons-
tantin éleva au rang de ville en l'honneur de sa mère et
fit appeler Helenopolis (1). Elle était de basse condition;
on assure même qu'elle tenait auberge (2), lorsque Cons-
tance Chlore, encore simple particulier, la prit potz
femme, longtemps avant son élévation. En 292, il fut cré
César par Dioclétien, et adopté par Maximien Hercule, qui
l'obligea de répudier Hélène et d'épouser Théodora, què
sa femme Eutropie avait eue d'un premier mariage avec
un noble Syrien. Hélène se retira probablement à Trêves
et sortit de la vie privée en 306, époque à laquelle Cons-

(1 ) 5ocns, Histoire ecclésiastique, liv. 1.. XVII.


(') 13c&uv&is, t. II, p. 448. - Eutrope, liv. X, e. II, écrit quo
Constantin était né d'un mariage très obscur, obscuriori matrirnonio.
- 14 -

tantin, parvenu à l'empire, l'appela à la cour. Constantin


lui donna le titre d'Âvyusla. Il eut touj ours pour elle
beaucoup de tendresse et de déférence; il lui fit rendre
de si grands honneurs, dit Eusèbe ('), qu'il n'y avait per- -
sonne dans les provinces, pas même parmi les gens. de
guerre, qui ne la saluât en qualité d'impératrice, et que -
son effigie fut gravée sur la monnaie d'or o . ( Vuyez la
médaille du cabinet de France, gravée pl. XV"', n°2) (2).

Ç) ELsÉnE, Vie de Constantin, liv. III, e. XLVII.


(2) SozoNNs, histoire ecclésiastique, écrit également, liv. II o. li:
Elle (Hélène) est montée durant cette vie au comble de la grandeur
humaine; elle o été proclamée impératrice; elle s fait battre (le la
monnaie d'or à son image u.. t On décrit ainsi celte monnaie : FL
HELENA AYGVSTA. Son buste, à droite, avec un diadème formé d'uit
ou deux rangs de perles. lieu. SEOVRITAS IIEIPVBLICE (sic). La
Sécurité (ou Hélène) voilée, debout, è gauche, tenant une brouette
d'olivier baissée et soutenant sa robe; à l'exergue .....II existe, on le
sait, des pièces pareilles en petit bronze, grand module, qu'on a voulu
attribuer à Hélène IL , femme de Julien; mais l'âge avancé qu'accuse
J'effigie, le passage d'Eusèbe qui vient d'être reproduit, et la comparaison,
quant au style, au différent et à la fabrique, de ces médailles avec
celles de Fausta, au même revers, but cela repousse vraiment cette
attribution, qui o eu néanmoins pour défenseurle savant Eckbel
(Doctrina nurnorumvetcrum; Voy., sur ce point, Revue nain. fr., 1843,
pp. 88 et suiv., article de Ch. Lenormant, intitulé Mddailles de sainte
Hélène, mère de Constantin le Grand, ci de Fausta, femme de cet enpe-
reur, et Lettres du baron M4RCIIAT sur ta sumismatiqneei l'histoire,
Paris, 1851, éd. Leleux; lettre XVII, suivie des Annordlions de
Ch. Lenormant, pp. 232 et suiv.; Coiis y , L. V, p. 588). Suivant 1e baron
Marchant (1kv. nain. fr ., 483, p. 981, le type qui accompagne la
légende SECVItITAS REIPVIILICAE sur les pièces d'Hélène est moins
l'emblème de la Sécurité qu'une statue d'Hélène, à qui ta longue stola,
la tête voilée et la branche de laurier (en grec Skrv) ('e) conviennent si
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Hélène mourut vers l'ait û l'ûge de quatre-vingts
ans environ, à son retour de Jérusàleni (').
Quant à Théodora, tout ce qu'on en sait encore par
l'histoire, c'est qu'elle eut de Constance Chlore trois
fils, Delmace, Jules Constance et Constantin Hanni.
ballien, ainsi que trois filles, Constantia, Anastasie et
Entropie.
Les petits bronzes d'Hélène et (le Théodora sont de
deux sortes rune présente le cas dirèct (HELENA et
THEODORA) dans la légende de tête, et l'autre, la
forme dédicatoire (HELENAE et TIIEODORAE).
Nous adoptons l'opinion suivant laquelle les derniers
ont été frappés après la mort des princesses (i), et nous
pensons qu'ils appartiennent à peu près à la même
époque. Mais il est impossible de fixer les dates des

bien, statue que Constantin avait fait élever dans le faubourg d'Antioche,
appelé Daphné. -
D'autres petits bronzes de Fausta, de même fabrique, aux revers de
SÂLYS BEIPVBLICAE et SPES IIEIPVI3LICÂE, représentant Sans
doute l'impératrice voilée, tenant dans sus bras Constantin li et
Constance, ses deux fils aloès, ont, selon toute probabilité, été frappés
en 347 ou 318, ainsi que toutes les médaillasse même type. (COHEN, L. V,
p. 482, note 4.) Celtes dilélèno avec sccnrila.s appartiendaient donc à
la même époque.
(1) SozoaSu, Histoire ecclésiastique, liv. il, C. li; SOCFIATE, llist
ecclés., liv. I,. XVII. C'est en 316, suivant Eusèbe et [Infinies, quHélène
entreprit son pélerinage. Cedronus ajoute qu'liéléue mourut douze as
avant Constantin, et Zosime (liv. U), qu'elle survécut quelque temps
au meurtre de Crispus et de Fausta en 326. (Ilenrici Valesii annolationes
in li&ruvi sepliinuni historias ecclesiastica? Eusebis Paniphili, Paris,
4659, éd. Vitré, p. 231.)
(') Ecitut., MAnctaNT et LEsosutANt, 015v. ciLés; 0g WInE, ouv. cité,
'p. 135.
- 16 -

émissions, qui sont diverses et même nombreuses quant


à Hélène, ainsi que l'attestent les différents (').
Parmi tes marques monétaires on distingue, pour l'une
et l'autre Augusta, plusieurs officines de l'atelier moné
taire de Constantinople (t). Or, ce n'est qu'en 330, donc
après l'année probable de la mort d'Hélène, que Cons-
tantin transféra: 'e siège de l'empire romain dans la nou-
velle Rome (Byzance), qu'il consacra alors en la nommant
Constantinople (5), et, d'après Cohen, il existe des
médailles au différent (le Constantinople et avec le nomi
natif THEODORA (4).
Si ces dates, admises généralement par les historiens,
et les indications de Cohen sont exactes, Théodora vivait
encore en 330, et les petits bronzes d'Hélène à la légende
dédicatoire, ne seraient pas antérieurs â cette année.
L'émission en a été faite peut-être la même année ou peu
de temps après, â la mort de Théodora. Nous reviendrons
plus loin sur ce point délicat.
C'est après la défaite du tyran Maxence, qui eut lieu
le 29 octobre 312, que Constantin embrassa ouvertement
le christianisme (5); son exemple [ut suivi alors ou tin

(') Voy. C0HEN, t. V, pp. 588, 589 et 594. - -

(') CONS, CONSF, CONSO, CONSS, CONST, D CONS?, P CONST,


T CONST (Hélène), et CONS, CONSE (I'héodora).
(3) COJIEN, t, V!, p, 87. Sacrale, II-in, èeclds., s'occupe de CCL acte
(liv. L, o. XV]), avant la narration de la mort d'Hélène (o. XVII), et
Sozomêne s'en occupe après cette na-ration (tlist. ecctds.,'liv. li, o. li
et III). -
) Conuni, t. V,pp. 594, SOL
() Sozomène (ïlist. codés., liv. I, o. V), à propos de la conversion
de Constantin à la foi chrétienne, réfute les païens qui ont prétendu
--;--. -u'

- 17 -

peu plus tard par Hélène, sa mère, sa femme Fausta (9,


ses fils Crispas et Constantin Il, sa soeur Constantia, sa
belle-mère Euttopie, etc., qui renoncèrent aussi au culte
des idoles (9 . Constantin, écrit Eusèbe (), instruisit
Hélène si bien (les maximes, de notre religion, dont
elle n'avait auparavant nulle connaissance, qu'il semblait
qu'elle les eût acquises de la bouche du Sauveur même.
Suivant les auteurs ecclésiastiques contemporains, elle
visita les lieux saints à l'âge de soixante-dix -neuf ans (4).
Le passage suivant d'Eusèbè (') est encore digne d'in-
térêt pour se rendre compte de la signification dela

que l'empereur se lit chrétien à cause du meurtre de sou fils Crispes,


faussement accusé par Fausta d'avoir voulu attenter à l'honneur de
cette princesse; Sozomène fait la juste remarque quo Crispes ne périt
que'la vingtième année du règne du Constantin. c'est-à-dire en 36,
sous le consulat de Constantin Auguste VII et de Constance César,
d'après les Fastes d'ldatius.
(4) On trouve assez souvent sur les sarcophages chrétiens, dit M. du

Witte (3ldrnoirc cité, p. 45), des représentations d'en fanls nus et ailés
qui jouent à diversjeux, et il dit aussi que sur le sarcophage de porphyre,
dans lequel on croit que furent enfermés les restes de l'impératrice
sainte Hélène, on voit égalembn t des enfants l'as entre les guirlandes
de feuillages sculptés sur le couvercle de ce précieux monument. Il est
à remarquer que le médaillon en or de Constantin le Jeune (collection
de M. le comte du Chastet), que nous avons publié dans la Jlevue nantis-
matique beige, 189, p. 164, o95, offre une semblable représentation.
(') ANT. Cfl, Abrégdde ?'histoire du lias-Empire, t. 1, p. 45.
(9 Hist. cocUs., liv. III, c, XLVII, (rad, Cousin.
(') Voy. sur le voyage dUélèzie à Jérusalem et à liéthlceni, et sur
l'invention de la Croix, Ensor., Vie de Constantin, liv. III, o. XLII et
suiv.; SOCISATS, flist. cocUs., liv. I, C. XVII; SozosliNE, usÉ. cocUs.,
liv. li, C. il, etc.
(') Histoire rie l'empereur Constantin, liv. I, o. XVII.
'J

-- 48
croix dans le champ de la petite médaille de Théodora
u Durant le cours paisible de son règne, il (Constance
Chlore) consacra toute sa famille, l'impératrice sa femme
et les princes ses enfants au service de Dieu, qui est le
Souverain des empereurs. Sa Cour était une assemblée
de vdritables fidèles, parmi lesquels il y avait de saints
Ministres, qui faisaient de continuelles prières pour la
conservation de la personne du Prince, an lieu que dans la
cour des autres Empereurs, il n'était pas permis de parler
des Chrétiens.
Théodora était donc chrétienne comme Hélène.
Quant aux médailles d'Hélène avec le titre d'Augusta,
sans inscription dédicatoire, elles peuvent avoir été émises
ou peu après le mariage de Constantin en 307, ou à ses
premières quinquennales en 310, ou à ses décennales
en 515, ou bien encore depuis le commencement solennel
des vkennales, en 525 ( 1 ) . Le baron Marchant, s'exprimant
f - ainsi, rappelle que, généralement, les empereurs remet-
taient aux solennités des quinquennales et desdécennales
la distribution des grâces et des faveurs, et il ajoute que
Constantin, à l'occasion de son mariage- avec Fausta,
a pu s'écarter des usages et devancer l'époque en faveur
d'Hélène (t). Peut-être est-ce à cette occasion ('),alors
qu'ilélêne n'avait pas encore reçu le Litre d'Augusta, que

(') C'est, et' elkt, à l'an 35 que Théophane, dans sa Chronographie,


rapprte la cérémonie de la vingtième année de empire de coustanLi.
Socrate (llht. eceMs., liv. I, o. XVI) dit aussi que c'est après le concile
do Nicée que celui-ci célébra cette I&or -
(9 XVII' lettre citée, pp. 21 ê, 215.
() Cont. Ibid., . ni. -

0
'1

19

furent frappés les petits bronzes (grand module), qui


portent, avec son effigie, HELENA N F (Nobilissima
femina), au revers, une étoile dans une couronne, et quel-
quefois, au-dessous TSa ( 1 ) . D'après ce qui a été dit plus
haut en note,ce serait en 517 ou348.qu'auraient été émis
les petits bronzes (grand module) d'Hélène et de Fausta,
si les deux fils aînés de Constantin y sont réellement
représentés.
Une difficulté naît de ce que l'on ignore la date
précise à laquelle Hélène obtint la dignité d'Augusta.
Mais il est probable que l'octroi de cette dignité suivit
d'assez près l'élévation de Constantin à l'empire et qu'elle
en fut décorée au mariage de Fausta, sinon bien peu de
temps après. C'est à partir de là que peuvent dater
les petits bronzes se rapprochant du module du quinaire,
à la légende FL MAX THEODORA MG. La question
semble avoir besoin d'être mieux éclaircie qu'elle ne l'a été - - -
jusqu'à présent. On insiste, en ce qui concerne ce module,
sur la grande ressemblance entre les petites pièces, aux
deux cas, d'Hélène et de Théodora,et lés petits bronzes de
Delmace et d'Hanniballien, ressemblance trouvée si forte,
dit-on, que ces monnaies ont dû être toutes gravées par le
même artiste. On rappelle qu'en 335 Constantin aStait
conçu la plus vive affection pour ses deux neveux, petits-
fils de Théodora, et leur donna le titre de nobilissime, en
créant Dclmace César et Hanniballien roi du Pont, et on en
infère que c'est probablement alors que les pièces de ces

(') Coan, t. V, P. 501, nos; la gravure pi. XV, nos, do cet ouvrage,
offre le même revers, mais, au droit, HELENAE et Io buste d'Hôlène
rajeunie.
- 20 -

jeunes princes, comme celles d'Hélène et de Théodora à


inscription dédicatoire, ont été frappées (t) A l'égard de
celles des premiers, c'est fort admissible; mais, pour
celles de la princesse Hélène, la solution nous parait
d'autant plus douteuse que l'époque s'écarte beaucoup de
la date assignée à sa mort. Du reste, le même artiste a pu
fonctionner déjà quelques années avant 535, et, à raison
du caractère d'Hélène, le motif tiré de la rivalité entre
les deux femmes de Constance Chlore, pour assigner à
toutes ces dernières petites médailles la même date de
fabrication, ne nous semble pas, en vérité, se prêter à
un jugement définitif.
Il est sans doute généralement reconnu jusqu'ici que
le monogramme du Christ ne fait son apparition sur les
monnaies de Constantin le Grand que dc 555 à 557 Ç);
lespetits bronzes similaires de Constantin, de ses fils
Constantin Il, Constant et. Constance, et ceux déjà dési-
gués de son neveu Delmace (qui fit mis à mort vers la
fin de 337), petits bronzes portant ait GLORIA
EXERCITVS et le labarum orné du Christ entre deux
soldats, paraissent, en effet, avoir été frappés vers 535,
- lorsqueConstantin régla le partage de ses états entre ses
filset ses neveux, donc deux ans environ avant sa mort,
• qui eut lieu à Achyron, près de Nicomédie, le 22 tuai 557.
Mais cela n'empêche pas que la petite croix ait pu être

(') N&nciiNr, Lettre Vil citée, P. 221, et Annotations citées de


Ch. Lenormant, pp. 243, 24-i. -
(t) Vou. surtout C&v g ,,0NI, Iticherche entiche i,,lorno aile mcdaglie di
Conslantino Magne, eLc. Modène, 4858, et note Co,tn, t. VI, P. 138.
l-' oy. aussi notre note, Itou. num. belge, 4873,p. 'J/iS.
- 2! -

placée sur les médailles' d'Hélène sept ou htiit 31)5


avant 555.
Quant à cette apparitiôn sur les médailles de marques
du christianisme antérieurement à l'année 353 ou 535, ce
qui est admissible pour la représentation fort évidente de
la croix dans le champ des médailles, petit l'ire a fortiori
pour la représentation occulte de pareils signes, qui
devaient échapper à d'autres qu'aux nouveaux adeptes.:
Le petit bronze suivant de notre collection, gravé
planche XV", n" 5, pourrait bien se trouver dans cette
dernière catégorie de pièces
D N VAL LICIN LICINIVS NOB C (Dorninus noster
Valerius ticiniun,s Licinius nohilis Coesar). Buste de
- Licinius fils, casqué à gauche, rev&u (le la cuirasse et
tenant de la droite' une haste et de la gauche un bouclier:
11cv. 10V! CONSERVATOBI. Jupiter nu debout .à
gauche, le manteau sur l'épaule gauche, tenant une
Victoire sur un globe et un sceptre surmonté d'un aigle qui
tient une couronne dans son bec; à ses pieds, à gauche,
in aigle tenant de même une couronne; à droite, lin
captif assis; dàns le champ, X-11l'; à l'exergue SMN\.
Petit bronze frappé à Nicomédie.
Si nous ne nous trompons, sur la cuirasse de Liciniris
figure un objet, qui est bien plutôt une croix baissée, can-
tonnée de points ou de globules, que la lettre X, surtout
si on la rapproche de la forme bien différente donnée à
cette lettre par les graveurs de l'époque: En tout cas,
l'histoire ne s'oppose pas à cette interprétation. On assure
même que Consautia, mère du jeune Licinius, princesse
sage et vertueuse, qui vécut à la cour de Constantin, avait
- '22 -

fait embrasser le christianis'tne à son fils. Il est vrai qu'on


écrit aussi qu'il ne s'y était porté que par politique et qu'il
conserva dans son coeur l'amour du paganisme, dans lequel'
il avait d'abord été élevé ('). En toute hypothèse, L'artiste
qui a gravé la médaille pouvait étre chrétien.
Nous nous faisons peut-étre trop illusion, mais la petite;-
Victoire, représentée tenant une couronne sur le man'teau
impérial d'un dernier petit bronzè, gravé planche XV',
h 4, affecte singulièrement la forme d ' une croix latine;
voici la description de cette charmante pièce, qu'il est si
difficile de rendre . .

IVL CRISPVS NOB CAES. Buste de Crispus lauré, à


gauche, avec le manteau impérial, tenant un sceptre
surmonté (l'un aigle.
1kv. BEATA TBANQVILLITAS. Autel surmonté (l'un
globe sur lequel on voit trois étoiles;, sur le de
l'autel, on lit VO-TIS XX; â l'exergue, PTR o.

Une autre petite pièce, au méme revers, avec la


marque du deuxième consulat (le Crispus, permet de
croire que ce petit bronze a été frappé â Trêves vers 321
ou 525. -
Eusèbe, raconlant la victoire remportée sur Licinius'
en 325 (1 ) dit encore que Constantin, l'invincible
défenseur des gens de bien, joignant la haine du vice à
l'amour de la vertu, entreprit cette guerre avec Crispe
César, son fils, pour délivrer toits ceux qui gémissaient

Ç) Sic UsAuvAls, HisIoir abrégée des empereurs romains et grecs,


P. 203.
(') Histoire ecclésiastique, t. I, 1k'. X C. 9.
- 23 -

dans l'oppression, et que ces deux princes invoquèrent,.


avant le combat, le secours du Fils de Dieu, qui est Dieu
lui-même, et Souverain des Empereurs On pense,
d'ailleurs, généralement, que Crispes, élevé sous la
pieuse direction du célèbre Lactance, son précep(eur, fit
profession de la foi chrétienne, en rni3me temps que son
père, l'an 312(1 ). t Comme Crispes tenait, ajoute Sozo-
mène (t), le premier rang après son père, en qualité de
César, il avait publié avec lui plusieurs lois en faveur des
chrétiens... »
Du reste, on possède de Crispiis César des petits
bronzes, au revers de VIRTYS EXERCI1' et de l'éten-
dard au-dessus de deux captifs, avec le monogramme du
Christ dans le champ (0-
11 y a plus un médaillon en bronze de Crispus est ainsi
décrit dans C0HEN, L. VI, P. 196, n° 27 CRISPVS NOB
CAES. Son buste lauré à gauche, revêtu du manteau
impérial. ES. SALVS ET SPES XRPVBLICAE (sic).
Le Christ assis, vu de face, la main droite levée et une
croix dans la gauche, entre Constantin et l'un de ses fils
debout, laurés et en habit militaire, tournant les yeux vers
lui; à l'exergue SP. (Mus., Sanclean. miné. sel., III, p. 182.)
(Couf. MIorq rçET, De la rareté, etc., des médailles romaines,
t. Il, p. 240.) Espérons que ce remarquable médaillon
est bien authentique. Colieh (t. VI, p. 2205, n" 137, 158,

(') Buvus, t. Il, p. 247. -


(') Hist. ecclds., liv. I, C. V.
) Con, t. VI, p. 204. n° 432: Au droit, CRISPYS N014 CAE. Son
buste lauré à gauche, vu de do», avec la cuirasse, tenant une haste
et un bouclier.
- n -

I 59et 14.2) donne également des plits bronzes (te Crispus


à ta légende dédicatoire I) N CI1ISPO NOB CAES, et, au
revers, V1RTVS EXERCtT, avec' l'étendard et les deux
captifs..
Tout en nous mettant en garde contre l'imagina-
tion, signalons encore de notre médaillier un joli petit
bronze à l'effigie de Constantin il César, au revers de
CLARITAS 1IEIPVBLICAE, avec le Soleil debout, et
portant, dans le champ, au milieu d'une couronne, une
espèce de T, qui rappelle d'abord la croix commisse ou
patibulota, sous ta forme (lu (art, mais qui, regardée de
plus près, se rapproche davantage de la croix à quatre
branches, le trait vertical dépassant la paiLle trarisver-
sale. N'est-ce peut-être qu'une incorrection de la part du
graveur? Toujours est-il que, du temps •de saint Pautin
de Noie, vers le v o siècle (Epist ad Scver. .XII), il y avait
Ci
déjà des croix peintes dans des couronnes (9-
Quant à la réunion, au commencement du christia-
nisme, sur le même monument métallique ou autre,
de symboles ou d'inscriptions païennes et chrétiennes,
le fait n'a certainement rien d'insolite et se rencontre
même assez souvent. C'est ainsi que l'on voit, pal
exemple, la formule I). M., abréviation de DUs Manibus,
à côté du monogramme du Christ (O.
En terminant, reproduisons, d'après la description de
Cohen (', qui a dû lui-même se contenter de l'em-

C) L'abbé MAFLTL0NY, Dictionnaire des antiquités chrétiennes. Paris,


4865, Vo Croix, p. 186.
(') Borne souterraine, P. 80.
(') T. VI, p. 365,no5I.
- 25 -

prunter à Wiczay, un médaillon de bronze bien curieux


D. N. CL. IVLIANVS N. C. Buste jeune nu, â droite,
de Julien II, le Philosophe, revêtu de la cuirasse, 11cv.
VIRTYS AVG. N. Julien nu-tête, debout â gauches en
costume militaire, tenant une branche de laurier et un
étendard, et posant le pied droit sur le dos d'un captif;
sous l'étendard on voit X. Mod. 9,
Comme le dit Cohen, si ce médaillon est bien décrit
et disons aussi s'il est authentique, c'est peut-être la seule
pièce connue de Julien le Philosophe où se trouve le
monogramme du Christ. La collection de J. Gréau
(médailles romaines, 1869) contenait un médaillon sem-
blable (n' 4578 du catalogue) du module 8, mais sans le
monogramme (gravé pl. VI, n' 4578). Julien Il naquit
en 551 ; ses médailles qui mentionnent le titre d'Auguste
datent de l'an 360 jusqu'à la fin de son règne (365). Après
avoir professé le christianisme pendant les vingt premières
années de sa vie, il l'abjura ouvertement l'an 301..
En réalité, parait-il, il avait embrassé le paganisme dès
l'âge de douze ans, après qu'il s'était fait initier au culte
de Milhra. Dès lors, comment concilier avec ces notions
historiques la présence du chrisme, si la médaille le porte
effectivement? il est vrai que, suivant le témoignage de
Théodoret, Julien fit bâti,' une église en l'honneur des
martyrs; mais elle ne reçut pas la dédicace chrétienne (').

(') Histoire cccldsiastique, liv. Iii, C. II.



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