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Musique française et Hamelin : Trop court, trop long

C’est pour son dernier concert de la saison que l’OSQ nous a offert hier un concert
faisant rayonner la musique française. Au programme, les Valses nobles et
sentimentales de Maurice Ravel, suivies du Concerto pour la main gauche en ré majeur
du même compositeur. Après l’entracte, on nous proposa Les Biches de Francis Poulenc
puis la Gaîté parisienne, de Jacques Offenbach. Gros programme, me direz-vous. Eh
bien, oui! Un concert de 2 h, enregistré en direct pour un disque sous l’étiquette Atma
Classique qui sortira à l’automne.

C’est tout un orchestre brillant et énergique qui entame le récital, avec les Valses nobles
et sentimentales de Ravel. Originalement écrites pour le piano, le compositeur a
orchestré ces œuvres l’année suivante, soit en 1914. L’arrangement orchestral est
volumineux : deux flûtes, deux hautbois, un cor anglais, deux clarinettes, deux bassons,
quatre cors, deux trompettes, deux trombones, deux harpes et une armée de
percussions. C’est d’ailleurs les percussionnistes qu’on remarque dès le premier
mouvement : Alexandre Lavoie à la caisse claire a un son éclatant et l’on se réjouit déjà
du nouveau percussionniste Andrew Johnson au tambourin par sa virtuosité. De tout
l’orchestre, ces deux-là réussissent à rehausser considérablement la qualité sonore de
l’ensemble. On se désole toutefois du problème d’acoustique de la salle, qui rend les
attaques des cymbales périlleuses et inégales à certains moments. C’est tout de même
avec beaucoup d’étonnement que l’orchestre arrive à nous enthousiasmer par certains
moments, par les beaux traits de flûte et de hautbois et par ses fortissimo éblouissants.
On se navre toutefois des cuivres qui, encore une fois, n’arrivent pas à exécuter des
pianissimos subtils et fins.

Marc-André Hamelin, pianiste québécois, entre en scène à la suite de ces valses pour
interpréter le Concerto pour la main gauche en ré majeur de Ravel. C’est avec une
puissance qu’on lui connaît qu’il entame les premiers accords du concerto, nous
rappelant immanquablement le Concerto en sol majeur du même compositeur. Écrit à la
demande du pianiste Paul Wittgenstein ayant perdu son bras droit lors de la Première
Guerre mondiale que Ravel lui dédia cette œuvre d’une vingtaine de minutes. Malgré le
piano fatigué du Grand Théâtre et son acoustique limitée, on s’émeut de toutes les voix
que la main gauche d’Hamelin fait ressortir. En se fermant les yeux, on pourrait
facilement croire que deux mains exécutent cette magnifique œuvre. À certains
moments, le pianiste semble s’amuser avec les différentes attaques et nuances que le
compositeur lui offre; c’est pour lui un jeu d’enfant et il nous entraîne avec lui dans ses
espiègleries. On aurait aimé l’entendre encore et encore, mais les applaudissements
retenus d’une salle quasi comble n’arrivent pas à le faire remonter sur scène.

Après l’entracte, Fabien Gabel dirige la suite pour orchestre Les Biches, de Francis
Poulenc. Cette œuvre, commandée par l’impresario Serge de Diaghilev, fait tout
honneur à la musique française avec un grand F. Musique galante, courtisane, libertine,
mais aussi influencée par le jazz des années 20 qui en inspira plus d’un. On apprécie la
communication et la volupté de chaque section, particulièrement celle des violoncelles,
qui à leur habitude savent nous charmer, malgré l’absence regrettée du violoncelliste
solo Blair Lofgren. On aurait peut-être aimé cette œuvre lors du concert en son honneur
la semaine dernière avec la soprano Guilmette, qui aurait convenu davantage que la
Quatrième symphonie de Schubert.

C’est un peu fatigué que nous apprécions l’enthousiasme de l’orchestre à jouer La Gaîté
parisienne, pot pourri d’œuvres de Jacques Offenbach orchestré par Manuel Rosenthal.
Malgré l’entrain de l’ensemble, on remarque de légers décalages entre les sections.
C’est donc un peu soulagé que nous quittons la salle, après 2 h de concert. On apprécie
toutefois le public discret et respectueux tant de l’orchestre que de l’enregistrement.
Pas d’applaudissements entre les mouvements, pas de chuchotements indiscrets, pas
de dégustation de bonbons. Quel bonheur!

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