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Sociologie de l’État

Partie 1: Construction historique et interprétation sociologique de l'Etat.

Etat = type d'organisation qui s'est imposé comme le mode légitime de gouvernement des sociétés actuelles. Légitime = renvoie à
la légitimation politique, au fait que l'autorité de cette organisation est acceptée par la population. En sciences sociales l'Etat est
un mot embarrassant, polysémique, recouvrant des réalités contrastées.

Souvent définition canonique de l'Etat, celle de Max Weber, Economies et sociétés, « l'Etat est une entreprise politique de
caractère institutionnelle dont la direction administrative revendique avec succès l'application des règlements le monopole de la
contrainte physique légitime ».

• entreprise politique = Etat est une organisation comme n'importe laquelle des organisations
• caractère institutionnelle = renvoie à des processus de dépersonnalisation du pouvoir, organisation du pouvoir par les
règles de droit
• direction administrative = le gouvernement, en tant que structure stable
• succès = légitime
• règlement = ensemble des règles de droits
• contrainte physique légitime = il est acceptable que l'Etat puisse contraindre, sanctionner, sans que cela soit considéré
comme une violence

Comme toute définition elle n'est pas indiscutable. Cette définition ne prend pas en considération les missions de l'Etat, les
objectifs qu'on lui assigne.

Jacques LAGROYE apporte d'autres éléments de critique. Monopole de la violence légitime est présenté comme un point central,
or c'est une des missions de l'Etat. La définition weberienne ne permet pas d'intégrer la définition des 3 différents organes. Il
n'articule pas sa définition avec la réflexion sur le système de pouvoirs, en particulier avec les classes sociales.

Cette définition de Weber apparaît comme une sorte d'évidence culturelle. On y est accoutumé par le processus de socialisation
politique. On le perçois d'autant plus que presque toute la planète est sous une autorité étatique ( sauf zones grises ).

MAIS l'Etat ce n'est pas la totalité de la société. Toutes les relations ne sont pas intégralement définies par l'Etat.
Qu'est ce qui n'est pas étatique dans nos sociétés ?

On arrive au concept de société civile, qui tend à définir cette partie connexe à l'Etat et à distinguer les caractéristiques et les
modes de vie de la population dans son ensemble. Ce concept est très ancien : Aristote, Saint Augustin, Sieyès .... Mais est peu
utilisé en science politique dans les manuels. Lié à la culture française liée à l’État, forme de spécification des sciences politique
axé sur l'Etat.
La discipline de scpo s'est construite contre le droit, en cherchant à importer dans sa définition ce que le droit avait du mal a
définir.

Ce qui peut expliquer ce focal sur l'Etat, peut expliquer une faible prise en charge de société civile.Mais on ne peut se passer de la
société civile pour réfléchir sur ses caractéristiques sociologiques.

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Chapitre 1 : Approche anthropologique de l'Etat, comparaison entre sociétés étatisées et société sans état

Cette forme étatique est relativement exceptionnelle, récente. Lowie Traité de sociologie politique primitive 1936 Balandier
Anthropologie politique 1967, Lapierre Vivre sans Etat ? 1978

cette anthropologie politique étudie les société archaïques. Intérêt = voir comment elles s'organisent sur le plan politique en
l'absence d'Etat. Dans ces sociétés l'Etat n'est pas constitué. Ces études constituent un laboratoire pour expliquer ce que sont nos
sociétés. Cela permet de distinguer 3 grandes dimensions, qui permettent de caractériser l'Etat moderne.

• La spécialisation
• La centralisation
• L'institutionnalisation

ce sont 3 processus de la socio-genèse de l'Etat, et processus manquantes dans les société sans Etat

• spécialisation = sociétés ou l'exercice, la gouvernance de la société devient un métier, ou un segment spécifique.


• centralisation de la coercition implique le monopole de la violence légitime. Attachés à un organisme central qui a fini
par imposer cette violence
• institutionnalisation = dépersonnalisation du pouvoir. On rattache le fonction de l'etat à des systèmes, à des régimes.

L'étude approfondie de ces 3 critères nous approchent de la différenciation de la politique. Comparer les sociétés anciennes
archaïques avec les sociétés modernes.
Le politique est diffus, il n'y a pas de pouvoir central dans les sociétés archaïques. Les enjeux politiques apparaissent aux yeux de
tous comme distinctes du commerce, de la famille...

I – Spécialisation de la direction et professionnalisation politique

Ce que nous montre l’anthropologie politique c'est bcp de sociétés archaïques ne connaissent pas ce phénomène de
spécialisation d'individus, identifiés comme ayant pour mission d'exercer le pouvoir politique sur l'ensemble du groupe. Une
société eskimo traditionnelle est une société ou l'on ne peut identifier ni l'équivalent d'un maire, ni d'un magistrat... des activités
politiques comme dire les normes applicables, des activités comme faire respecter ses règles, des activités consistant à définir des
objectifs communs sont des activités qui ne se rattachent pas à un individu. Les plus vieilles de la tribu sont ceux qui ont plus de
connaissances et c'est la raison pour laquelle on les écoute. Le pouvoir est également de celui du chef militaire, qui n'a de pouvoir
que si la tribu est en guerre. En dehors, c'est un homme ordinaire de la tribu. Le pouvoir peut être également celui du chef
religieux, mais cela ne porte que sur une partie des activités de la tribu. En grèce archaïque par exemple, des rois qui exerçaient à
un certain moment leur règne, étaient obliger de gouverner seulement par la parole = > Pouvoir diffus, non spécialisé.

Ce qui caractérise l'occident médiévale est la double spécialisation :


• fonction de représentation du groupe, on cherche à désigner des personnes pour parler au nom de la collectivité entière.
• Spécialisation de type administratif : pour mettre en œuvre et exécuter les décisions de représentants ( rois, princes.. )

cette évolution s'accentue au 16ème siècle, avec la généralisation du gouvernement représentatif l'idée que les élus
gouvernent et exercent la volonté du roi. Cela s'accentue au moment des révolution libérales du 18ème siècle. On voit donc
apparaître la première idée du métier politique, en tant qu'activité à temps plein et rémunérée.

Face à ce phénomène du différenciation de politique on pose la question de savoir pourquoi ? Comment l'Etat devient une
organisation différente des autres organisations qui existent ?
Cette différenciation est fortement liée à la construction du pouvoir monarchique. Plusieurs phénomènes contribuent à cette
évolution monarchique
• guerres entre villes, seigneurs, chef de clans . Ces guerres laissent des vaincus et des vainqueurs qui participe à la mise en
place d'une domination => construction monopolistique du pouvoir, liée à l'intensivité des guerres sur le continent
européenne
• formation d'une identité politique spécifique, qui préfigure l'identité nationale, bien distincte de l'identité religieuse
( rupture avec le MA ). mais le processus est progressif, notamment depuis la séparation de l'Eglise et de l'Etat. L'Eglise a
très longtemps constitué un modèle. Par exemple l'organisation ecclésiastique est une organisation pyramidale avec les
cardinaux, les évêques ... => organisation hiérarchisée et bureaucratisée, avec des spécialistes du droit canon.

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=> duplication forte entre la façon dont se sont organisés les Etats européens et la façon dont été déjà construite
l'Eglise catholique.
Mais se pose la question de la légitimité du roi de France, d’Angleterre, qui s'opposent à Vatican.
Ainsi cette identité est Issue d'une rupture avec l'Eglise qui exerçait véritablement le pouvoir une l'époque.
• La fiscalité : directement liée avec les phénomènes de guerre. Articulation forte entre le développement des guerres et le
développement de la levée de l’impôt, des politiques fiscales et des premières administrations en charge.
+ les guerres s'intensifient, + les pouvoirs de monarque se concentrent => + une administration concentrée dont la
priorité est la levée de l’impôt.
Cette levée est justifiée par une protection des individus ce qui fonde la capacité des rois à lever la richesse est la
contrepartie de protection militaire qu'il est censé apporter à la population.
Un autre élément important = propagande destinée à souder la population autour du monarque, qui fait naître des formes
de patriotisme, étroitement lié à la personne du roi => participe à la construction d'une identité nationale puisqu'elle
diffuse des symboles qui forgent l'identité nationale.

II – La centralisation dans l'Etat-nation


Caractéristiques des sociétés modernes, dans les sociétés de droit coutumier. On ne trouve pas une entité reconnue par
tous comme pouvant disposer de la force. Dans les sociétés archaïques on s'aperçoit que les systèmes d'allégance, la capacité à
respecter ces normes, sont dispersées. Chaque personne n'obéit pas à une seule entité mais à plusieurs.
Exemple une autorité dans le type d’allégeance religieux, une autorité différente pour ce qui concerne le travail agricole, une autre
en ce qui concerne le déplacement des matières premières..

Au contraire, ce qui caractérise les sociétés médiévales de l'occident par comparaison, c'est que la production des normes va se
centraliser, de façon progressive. Jusqu'au 18ème siècle, une production d'une norme juridique émane du roi mais aussi et
principalement des pouvoir locaux avec des normes locales . On retrouve ainsi différents systèmes politiques juxtaposés . On
retrouve cette production progressive des normes avec la montée de rivalités entre les seigneurs, avec la concentration du pouvoir
en terme de force mais aussi en termes de normes, jusqu'à imposer la suprématie militaire d'une famille qui parvient à contrôler un
vaste étendu de territoire, et surtout le prélèvement fiscal. Ce prélèvement lui permet d'inféoder différents acteurs du pouvoir
y compris les ancien vaincus.

Dans ce processus de centralisation on observe en même temps quelque chose d'important : diversification sectorielle . Plus le
pouvoir se concentre, plus on voit apparaître des fonctions gouvernementales distinctes. À l'époque on en distingue 6 :
• 3 fonctions tournées vers la politique intérieure
◦ fonction de prélèvement fiscale, de garde du trésor
◦ fonction de justice, garde des seaux
◦ fonction d'intendance correspondant à l'administration générale qui relève de tous les domaines autre
que la fiscalité et la justice

• 3 politique tournées vers la politique extérieure


◦ fonction militaire
◦ fonction diplomatique
◦ fonction marine ( à la fois marchand, à la fois militaire, à la fois extérieure, à la fois intérieure )

Cette structure à 6 départements apparaît un peu partout dans l'Europe médiévale, liée au mimétisme qui favorise la circulation des
idées et des expériences.
Cette structure reste stable jusqu'en 1824, jusqu'à la création d'un nouveau ministère qui est celui d'instruction publique, qui
souligne l'importance de la question éducative. Ensuite un 8ème ministère spécialisé dans le bâtiment...
La plupart des États européens ont ainsi entre 10 et 15 départements au début du 20ème siècle. Après les deux guerres mondiales
de nouvelles structures apparaissent. Dans la 2ème moitié du 20ème siècle ce chiffre atteint environ 40. on voit ainsi l'effet de la
décentralisation.

=> plus le pouvoir se concentre, plus il se subdivise à l'intérieur

L'autre élément de cette centralisation est l'unification linguistique. Pour que l’État parvienne à devenir une structure dominante,
il faut que l’État puisse communiquer. En france ordonnance Villers Cotterêts (1539) qui impose le français comme langue
juridique et des administrations, qui est un coup de force politique contre la langue internationale de l'époque : le latin. Cette
unification reste néanmoins partielle puisque à la vieille de la révolution seulement 20% maîtrise la langue française. Ailleurs :
langue d'oc ou langue d’oïl . Les révolutionnaires comprennent l'enjeu et dans l'objectif de la révolution l'unification devient un
objectif de politique publique prioritaire.

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III – L'institutionnalisation : dépersonnalisation, droit et bureaucratie
A - 1ère dimension : la dépersonnalisation du pouvoir politique

Dans le sociétés traditionnelles le pouvoir est exercé à titre de prérogative personnel = s'attache à une personne. On
assiste à une distinction entre l'argent du roi et l'argent du peuple. Les finances ne sont donc pas publiques puisque l'argent du roi
est de l'argent privé. Ce patrimoine n'étant pas dissociée de l'Etat, à la mort des rois leur royaume était divisé, chacun ayant sa part
d'héritage.
Mais la dépersonnalisation change la donne : elle apparaît comme un élément de dissociation entre la personne
physique du gouvernant et la personne physique du gouvernant qui va être théorisée dans la théorie des deux corps du roi.
Ouvrage de Ernst Kantorowicz + adage « le roi est mort, vive le roi » exprime la double dimension du roi : une dimension
mortelle pouvant mourir, et une dimension symbolique qui ne peut mourir. Cette dimension correspond à la personnalité morale, à
la fonction du roi.

B – L'organisation de la puissance publique à travers les règles juridiques


Le développement, la généralisation de la référence à la règle dans toutes les formes d'interactions sociales et sur
tous les aspects d'organisation de la société.
Cette généralisation est très ancienne, le modèle nous vient du droit canonique. Offre un modèle de super-minutie, de
pointillisme sur la façon de se comporter. A mesure que l'Etat se sépare de l'Eglise, on arrive à un phénomène de famille
régnante, sur des périodes longues. L'un des actes de légitimation politique consiste à rattacher leur pouvoir à l'ancienneté de
leur famille, d'actes de traités de conventions passées y a très longtemps dans l'histoire. 2 manières d'affirmer
• Ces familles ont une tache généalogique, quelque chose de sacré, qu'ils investissent obligatoirement, puisque cette
ancienneté de la famille régnante permet de justifier la position exceptionnelle.
• référence à des actes anciens, traités, édits.
Dans ce travail de compilation de texte anciens, ils produisent une forme de normativité, une forme de constitutionnalisation de
pouvoir qui préfigure le système moderne d'organisation juridique.
=> base de culture politique qui nous oriente vers une organisation de la société par la règle du droit.

Dès le 19ème siècle la théorie du Reichstag d'état droit se développe en Prusse : stahl, mohl, geist ... ces auteurs théorisent la
théorie d'état de droit, par opposition à l'Etat de police. L'Etat de police pour eux correspond à une généralisation du pouvoir,
l'Etat de droit au contraire correspond à une organisation du pouvoir qui se soumet à des règles préalablement défini. Ces juristes
n'étaient pas révolutionnaires.
En Prussie à l'époque = landers, territoires gouvernés par des princes qui sont élus. Ces princes ne sont pas pressés de voir
l'empereur les dominer. Donc au moment de leur élections ils négocient leur vote avec les candidats potentiels au siège, contre des
garanties d'auto limitation. Pour être élu il faut donc s'engager en garantissant qu'une fois élu le pouvoir sera limité. Ce phénomène
acclimate la banalité du pouvoir impérial dans le monde germanique. Ce pouvoir sera encerclé de règles de droits, résultat de ces
négociations avec les parlements locaux, les landtags mais inscrits en normes juridiques. Le bon pouvoir est donc le pouvoir
limité.

Les auteurs précités sont dans la continuité de cette conception de pouvoir. D'ou la première conception constitutionnelle avec la
création de la première cour suprême qui apparaît en Autriche

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Chapitre 2 : Études socio-historiques : la genèse de l'Etat en Europe.

Vision claire de l'Etat fin 19ème siècle , pour pouvoir ensuite comprendre la continuité avec l'Etat moderne.
Nobert Elias, La civilisation des mœurs + La dynamique de l'occident.
Charles Tily, Contrainte et Capitale dans la formation de l'Europe.
Pierre Legendre, Les Trésors historiques de l'Etat en France.

+ Smarts, Durkeim, Weber...

Études socio-historiques nous permettent de comprendre la formation de l'Etat moderne à partir d'une approche différente de celle
étudiée dans le chapitre 1. les Études d'anthropologie politique procèdent à une comparaison entre les sociétés sans Etats et les
sociétés étatisés. Cela fait apparaître 3 caractéristiques qui sont confirmées par les études socio-historiques. Elles suivent le cour
historique d'évolution d'un Etat, dans un pays.

Les deux ensembles d'étude se confirment dans leur caractérisation de l'Etat moderne et permettent d'approfondir autour des
concepts clefs et de rentrer dans des études monographiques sur des trajectoires nationales qui ont des points communs.
Ces études socio-historiques sur l'Etat s’inscrivent dans le champ de la scpo puisqu'elle amène aux politistes à s'affranchir d'un
certain nombre de regards, d'illusions juridique sur l'Etat, sur les conditions d'apparition de la forme étatique. Souvent, les manuels
nous font une histoire des constitutions ce qui donne l'impression que c'est la constitution qui fait l'Etat. Ce qui n'est pas le cas. Il
faut s'intéresser davantage à l'économie, à la sociologie.

Qst : Comment on est-on arrivé à une situation de domination politique sur le continent européen qui s'organise autour d'une
dizaine d'Etats, alors qu'à la fin du premier millénaire il n y avait aucun Etat dans sa forme actuelle : spécialisé, centralisé,
institutionnalisé. Le territoire européen était une mosaïque de territoires contrôlé par des familles.
Quelle forme de domination politique exerce l'Etat ?

I – Le phénomène de dispersion du pouvoir politique ( du pouvoir féodal )


A la fin de l'empire Carolingien, au moment du partage du royaume, le pouvoir politique est basée essentiellement sur des
relations très personnelles qui correspondent à des relations de dévouement personnel. Le pouvoir politique et son exercice
mettent en relation des loyautés et des fidélités inter-individuelles. C'est un pouvoir faiblement spécialisé, faiblement centralisé
et institutionnalisé => patrimonialisation du pouvoir ( le pouvoir correspond à une sorte de propriété privée ).

Dès le VIIIème siècle les Car ont pris l'habitude d'exercer leur autorité sur la base d'un contrat vassalique : ils exigent des familles
dont ils ont conquis le territoire, un serment d’allégeance par lequel la famille conquise devient le vassal d'un seigneur plus
puissante qu'elle. Dans ce contrat vassalique

 Aspect personnel ( appelé également l'hommage et la foi )

● Le vassal s'engage à être totalement dévoué à son seigneur. Il s'engage sur une bible ou des reliques ce qui
témoigne d'une forme de récupération par l’Église, qui ajoute un « vernis » chrétien au rituel.
● Le seigneur s'engage à protéger son vassal et plus précisément de ne pas le nuire

 Aspect matériel ( appelé également aspect réel ) res = chose en latin. Le seigneur doit assurer l'entretien de son vassal
càd donner qqch qui lui permettra de vivre. Il lui remet donc une terre, un fief. Le vassal gère cette terre et l'équipe par
ses propres moyens.La remise de terre se fait par une cérémonie appelée investiture.

Le seigneur sait qu'il peut compter sur son vassale, ce dernier s'engage à son tour lui fournir son aide ( auxilium ) et conseil.

 Aide militaire qui correspond au service d’ost (hostis lat = ennemi ). chaque fois que le seigneur engage une guerre
après le ban, les vassaux n'ont pas le choix et doivent participer à la guerre.
Il s'agit de se battre contre l'ennemi, services de chevauchée.

 Aide financière = dès le XIème siècle cette aide se limite à 4 hypothèses

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• Si le seigneur se fait prisonnier, les vassaux contribuent à la rançon pour le libérer.
• Si le seigneur marie la fille de son vassal.
• Si le fils du seigneur devient chevalier, les vassaux doivent contribuer et équiper le fils.
• Si le seigneur part en croisade ( seulement à partir de la fin du XIème siècle) les vassaux participent.

=> Les vassaux contribuent à '' l'aide aux 4 cas ''

 Devoir de conseil au sein de la cour du seigneur ( le ban ) qui rassemble les vassaux pour tenir conseil ( d’où l'expression
'' faire sa cour '' ). En cas de litiges contre les vassaux, on réunit l'ensemble des vassaux qui prennent des décisions. Le
seigneur exécute cette décision.

Bientôt le contrat vassalique correspond à un flux financier qui consiste à verser aux seigneur. Ce flux peut être sous forme de
villas, de terres, qui génèrent à leur tour des revenus.

865 Charles le Chauve généralise le contrat vassalique, qui devient le mode de relation normale.

Ce flux est important. Dans les premiers temps le bénéfice était viager, mais on voit apparaître aussitôt une forme de
patrimonialisation des bénéfices. Le bénéfice (titularité acquise sur un ensemble de bien générateurs de revenus ) se transmet de
génération en génération ce qui fait apparaître des fiefs. Un bénéfice qui s'est prolongé sur plusieurs siècles au point de donner
l'impression d'appartenir à la famille.

Les vassaux deviennent des feudataires. Le caractère héréditaire des fiefs est consacré par un capitulaire en 877. Le
contrat vassalique se modifie. À partir fin 9ème siècle, un seigneur ne peut plus adouber un vassal sans lui apporter un fief. =>
grande fragmentation du pouvoir politique. Au fur et à mesure que les seigneurs élargissent leur ban ( le nombre de leur vassaux )
ils dispersent leur pouvoir politique entre les terres distribuées. Ces fiefs emportent avec eux le pouvoir de justice, législatif et
judiciaire. Le pouvoir devient patrimonialisé, directement lié à la propriété.
Fin 1000, on assiste à un système de domination politique qui a 3 grandes caractéristiques selon WEBER

• faible institutionnalisation, le pouvoir ne se différencie pas de la personne et de la propriété de telle ou telle personne
• forte fragmentation, mosaïque des milliers de zones politiquement dominées par différentes familles.
• faible continuité dans le temps et dans l'espace de la domination politique. Le pouvoir politique est dispersé ( espace), et
étant patrimonialisation, le processus d'héritage fragmente davantage (temps ).

II – « La Dynamique de l'occident » … en Europe : Les principaux facteurs de la dynamique de réduction de


cette dispersion
N. Elias, 1939, Sur le processus de civilisation, qui sera traduit en 2 livres distincts en France.
Elias décrit une double dynamique
• une qui est celle de prolifération des entités politiques, des seigneuries, des vassaux..
• une forme d'ordonnancement pyramidale, un ordre progressif qui se met en place. Progressivement le réseau des
contrats de vassalité est centralisé autour de quelques grandes maisons. Phénomènes de concurrence en déclin.

=> on peut présenter cette double dynamique comme le phénomène de prolifération d'une cellule.

Au début du premier millénaire, sur l'ensemble du territoire de Charlemagne, plusieurs centaines de familles dominantes,
qui ont à leur tour un ban et un arrière ban.
Les 3 siècles qui suivent sont marquées par des guerres perpétuelles, pour des raisons sociologiques ( condition de
survie, grossir pour ne pas se faire attaquer ) par pur nécessité. Cette lutte ressemble à un marché, des entreprises qui grossissent et
d'autres qui sont absorbées. Les entreprises gagnantes augmentent leur capacité fiscale et donc militaire. On a donc un mécanisme
de réduction de la concurrence dans cette compétition à la fois politique, fiscale et militaire.
Au 14ème siècle, 5 à 8 familles sont en concurrence sur le territoire français actuel , alors qu'ils étaient plus d'une
centaine : Le duc de France ( titre le roi de France ), duc d'Angleterre, duc de Flandres, Duc de Bourgogne, duc de Bretagne. =>
concentration fiscale et militaire.

On voit se former, la ou leur capacités grossissent, un autre phénomènes qui est la bureaucratie. Pour gérer ce territoire de
plus en plus vaste, elles ont besoin de fonctionnaires. Elles développent un appareil politique qui tend à une spécialisation,
avec la naissance de la bureaucratie.
Le cas français pousse au maximum toutes le s logiques de centralisation de pouvoir. Succès du duché de France

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• Le Duc de France, a pour seul avantage d'avoir le titre de roi, qui n'apportait pas de revenu. Il vivait du Duché
de France. Il ne prêtait pas allégeance à un supérieur. Conquérir un territoire était plus facile, que l'administrer,
qui demandait des moyens. Le vainqueur préférait garder la famille au pouvoir avec un élément de
subordination. Mais ce n'était pas possible avec le Duc.
• Dimension conjoncturelle qui consiste sur les 12-13ème siècles une forte croissance économique autour du
duché de France. L'économie du duché devient de +en+ productive, augmente la capacité financière du duc de
France, en augmentant donc sa capacité militaire.
• La maison de France arrive grâce à des mariages et à des achats, à agrandir son territoire. Elle devient
progressivement la plus puissante par rapport aux autres maisons.

À partir d'un certain stade le duc de France a la capacité de rentrer en guerre. Elias démontre que ces guerres ne sont pas liées à
la personnalité du roi, au contraire, l'engagement de la guerre est une question de survie. Attaquer est la première des défenses. On
est donc dans une phase de guerre perpétuelle.

À la fin du 12ème siècle il existe encore 16 personnes, alors qu'au début du 14eme il n'y a plus que 5 maisons en
concurrence : maison de France ( 2/3 du territoire français actuel ), Bretagne, Bourgogne, Flandres, Angleterre. Ce nombre varie
car à la mort de Charles VIII on trouve 8 maisons, dont 7 qui relèvent tout de même de la généalogie Capétienne. Fin 15ème
siècle, la maison de France est en situation de puissance, les autres familles sont puissantes mais disposent de revenus bcp moins
importants. Les rois de france n'ont plus de rivaux, leur pouvoir devient de plus en plus absolu. Au delà du territoire le phénomène
se produit mais pas avec la même force et radicalisation qu'en France.
Série les rois maudits

=> Un phénomène de centralisation de pouvoir, hiérarchisation du pouvoir ( la hiérarchie vassalique reste toujours présente
mais seulement entre quelques familles ). la relation vassalique a à la fois dispersé le pouvoir et le rassemblé. + Phénomène de
bureaucratisation qui se duplique à l'échelle du royaume, multiplication des employés au service de la maison régnante ( avec la
gestion administrative de fiscalité notamment ).
La maison de France dispose de l'autorité sur l'armée et donc la contrainte physique légitime, ainsi que le droit de
juger ( même s'il est décliné à certains niveaux, notamment dans quelques villes ou quelques vassaux conservent ce pouvoir ). elle
concentre le droit de légiférer, le pouvoir d'ordonnance du roi supplante toutes les autres formes. Prévalence de la norme centrale
par rapport aux normes locales. Il concentre bientôt le pouvoir de battre la monnaie.

On retombe sur la Déf de WEBER : « L'Etat moderne est un groupement de domination de caractère institutionnel qui a
cherché ( avec succès ) a monopoliser dans les limites d'un territoire la violence physique légitime comme moyen de
domination et qui dans ce but a réunit dans les mains des dirigeants les moyens matériels de gestion » ( la fiscalité et
l'administration fiscale permettant de financer ).

III – Centralisation de pouvoir et variations de trajectoire national


La question centrale que se pose Elias comment se fait-il que pendant des siècles, un vaste territoire composé de
plusieurs milliers de familles, acceptent d'être gouvernées par une seule famille ? → conduit à la question de légitimité politique
( acceptation ). Légitimation = ensemble de processus qui conduit à l'acceptation de ce pouvoir.
On s'intéresse surtout à la culture, au sens sociologique du terme. Dit que ce qui explique la domination d'une famille est la
contrainte idéologique, une forme de discipline qui conduit à l'acceptation à travers l'institutionnalisation. On accepte la
domination. Quels sont les facteurs de cette contrainte idéologique ?

2 grands facteurs
• le système fiscal : acculture l'idée d'obéissance. On assiste à partir du 15ème siècle à un système de prélèvement fiscal
novateur sur le continent européen.Les pouvoirs politiques avaient besoin de se financer, les formes de ce financement
ont été diverses ( ex le butin, le tribu .. ). ce qui est novateur est la mise en place progressive d'un prélèvement fiscal
moderne. 3 grand caractéristiques de ce système fiscal
• régulier et institutionnalisé = dé-patrimonialisation du pouvoir fiscal. Avant, les vassaux payaient déjà
l'argent, notamment à l'occasion des expéditions militaires de leur seigneurs. Mais ces prélèvements étaient
exceptionnels et faisaient l'objet d'un consentement explicite. S'agissant du duc de France, '' le roi doit vivre
du sien'', son titre de roi ne s'associe pas à une prérogative fiscale. Sur un périmètre de plus en plus étendu
il tend à multiplier les levées successives d'impôts, formellement consenties, exceptionnelles mais de plus
en plus fréquentes. Le roi prend également l'habitude de taxer les villes, les bourgeois des communautés
urbaines. Sa position grandissante constitue une menace de plus en plus forte sur les autres maisons. La
fréquence de ces engagements militaires est de plus en plus élevée. D'un impôt considéré exceptionnel et
consenti on passe à un impôt de plus en plus fréquent, dont le consentement devient formel.
La Guerre de cent ans sera marquante, elle va générer pendant un siècle des levés d’impôts fréquentes pour
financer la guerre. On passe sur cette période d'une situation ou le roi doit négocier avec le ban au début du

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14ème, mais on voit apparaître l'institution des 3 Etats : c'est une modalité nouvelle pour le roi de France. Il
est devenu puissant est le simple fait de réunir les seigneurs de ne suffit pas pour la levée d’impôts. Il réunit
ainsi les 3 États pour la guerre Flandres pour obtenir le financement nécessaire. → jusqu'au milieu du
15ème siècle. Mais après deux siècles de périodicité d’impôts, les Etats sont habitués. Charles VII peut donc
rendre l'impot direct, annuel et obligatoire, sans le consentement des 3 Etats. Il n'est plus le résultat d'une
négociation politique mais l'expression d'une autorité. Il n'a pas encore le monopole fiscale mais centralise
de plus en plus la fiscalité. Ce n'est qu'une fraction du pouvoir fiscal car celui des seigneurs n'a pas encore
disparu.
• Fiscalité nationale qui s'impose à l'ensemble des sujets du roi. La taille est importante sur le plan de
l'acceptation idéologique, on paye la taille parce qu'on est sujet de roi. C'est un élément de relation entre le
sujet et le roi.Avec la régularité se met en place une administration du roi qui ne se confond pas avec
l'administration centrale du seigneur
=> dimension symbolique des individus qui se considèrent comme des sujets, administration spéciale qui ne
dépend plus de la volonté des vassaux = premier maillage administratif du territoire national.
• Légitimation progressivement acquise. Redistribution partielle de ce revenu, principalement au bénéfice
des élites dirigeants de la société . La classe dirigeante en accepte le principe et fait accepter ce principe au
reste de la population qu'il domine.
On assiste à des révoltes, mais la levée est de plus en plus acceptée, toujours avec une justification militaire.
Acceptation de l’impôt par identification d'une figure abstraite, fait qu'on paye pas l'impot à une famille
mais à un royaume.

=> culture politique de généralisation d’impôt acceptée , articulée aux périodes de difficultés économiques.

• le caractère permanent de la guerre : Charles Tilly, 3 variables : la guerre, la contrainte d’assujettissement des
individus dans la société , et la forme d'organisation politique qui est entrain de naître = Etat. Ce processus de naissance
d'Etat apparaît comme une conséquence des 2 premières variables. Durant tout le MA, la guerre est omniprésente, la
menace est continue. Même dans la période ou la fréquence des guerres diminue à partir du 18ème siècle, le pouvoir joue
sur la fonction militaire, en s'appuyant sur la propagande de menaces extérieures, pour continuer la levée d’impôt.
Durant cette période les formes de domination politique ayant grandi territoirement, fiscalement, militairement => le
volume des hommes engagés sur un champ de bataille a augmenté. 15Ème siècle, Charles VII attaque l'Italie avec 18 000
hommes, or 1618 1648 pour la guerre de 30 ans, il faudra 100 000 hommes, pour une bataille similaire.
Début 18ème siècle, sur le budget général de l’État, 75% est consacré à l'effort militaire.
2 auteurs : Peackaok et Wisman, expliquent un effet de seuil durant la guerre. En situation de guerre la population
accepte l'augmentation d'impôt. Cela donne donc à l'Etat la possibilité de développer le service public.

Toute cette description concerne le cas européen, la France représentant le cas paroxystique. Trajectoires nationales assez
diversifiés, distingue 3 grandes régions qui correspondent presque aux 3 royaumes des fils de Charlemeagne.

• Une Europe de l'ouest qui associe comme forme de domination politique à la fois une relative concentration du pouvoir
de coercition ( monopole de violence légitime ) et une domination fortement assise sur l'accumulation Kstque.
Exemple GB, avec un processus de construction d'un Ksme dans lequel l'aristocratie joue un rôle important. Cette
accumulation conduit à une capacité financière des aristocrates => réduit le pouvoir du roi.
• Milieu de l'Europe : territoire de prédominance économique, Kstque marchande. Exemple Venise, pouvoir sans attribut
unitaire, qui domine à partir d'une base économique.
• Europe de l'Est : ce qui prédomine est la coercition et la dominance économique Kstique est très faible. Exemple
Russie avec une domination basée sur la violence, la force militaire et très peu sur l'accumulation de richesse.

Bertrand Badie et Pierre Birmbaum, Sociologie de l'Etat ils procèdent à une comparaison de systèmes politique en fonction du
• degré de centralisation de pouvoir : distinguent les Etats forts et les Etats faibles
• et la puissance de l'Etat par rapport à la société civile : distinguent les Etats fortement centralisés et faiblement
centralisés.
Ils distinguent 4 catégories

• systèmes politiques centralisés avec un Etat fort ( exemple France )


• des pays ou l'Etat est fort mais non centralisé ( exemple l'Italie )
→ dans ces deux premiers types l'emprise de l'Etat est très forte, l'Etat a la capacité de dominer la société , l'orienter dans
ses conceptions idéologiques culturelles sociales, il a la capacité de l'organiser en allant loin dans ses intervention
publiques dans la sphère familiale par exemple.

• pays qui ont connu une centralisation politique mais ou l’État est resté faible ( GB )
• des pays ou il n'y a ni centralisation abouti ni d’État puissant ( Suisse )

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Chapitre 3 – Études socio-historiques (deuxième partie ) : L'AR gouvernemental et administratif

Consiste à distinguer les trajectoires nationales, les constructions des Etats en considérant plusieurs variables
• dont le degré de force ou faiblesse de l'Etat
• le degré de centralisation de l'Etat.

On peut distinguer à partir de ces critères des systèmes politiques qui ont un Etat centralisé et fort ( France), des Etats faibles mais
une centralisation forte ( RU ), Etat fort et non centralisé (IT) et un Etat faible et absence de centralisation ( Suisse ).

L'emprise de l'Etat l'amène a organiser, voire à fabriquer cette société dans tous ses aspects : religieux, culturels, économiques...
Dans ces Etats forts la bureaucratie est importante, alors que dans les pays comme le RU, la Suisse, la société civile est
relativement forte par rapport à l'Etat ( qui est faible ). Elle a une capacité d'organisation.
Ouvrage de Tocqueville : découvre le monde américain avec un œil français, il pointe les phénomènes et la perception différente
de l'Etat comparée à la France.

Dans cette typologie la France est la figure idéal type d'un Etat fort qu'on peut observer en Europe, non seulement par les
historiens français mais également par les historiens étrangers ( exemple Elias ).

Comment se construit institutionnellement cette spécificité française en analysant l'appareil gouvernemental et administratif de
l'Etat dans la dernière partie de l'AN, en se basant sur des études socio-historique ? ( ne visent pas à connaître l'histoire, mais à
comprendre le présent ). il s'agira de montrer à quel point l'Etat était déjà construit au 16ème 17ème siècles. C'est d'autant plus
important que la société française est marquée par des dispositifs scolaires et une pensée qui font croire que la révolution a été
une table rase, qui a donné naissance à un nouvel ordre français. La révolution n'a pas révolutionné la structure étatique.

Pour examiner cet AR,


I – sphère politique gouvernemental de cet appareil étatique, en se centrant sur le roi et sur ce qui l'entoure : la cour et le conseil du
roi.
II – sphère administrative de l'Etat : la façon dont se présente l'administration centrale du roi, construction de réseaux
d'indépendance entre le centre et les provinces.

I – Le roi, sa cour et son conseil ( la sphère politique )


Le gouvernement politique du royaume obéit à un phénomène de balancier entre deux sous dimensions de cette sphère qui
correspondent à deux processus sociologiques :

• curarisation => la noblesse tend à se concentrer dans un cour


• bureaucratisation à travers le développement des offices qui substitue le mode de gouvernance basé sur les seigneuries.

En quoi ce sont deux phénomène liés ? La curarisation est une façon pour le roi de dominer l'administration, en plaçant la
noblesse sous une dépendance de + en + forte vis-à-vis du monarque. Il parvient à écarter de l'exercice les paires du royaume.
Distanciation de plus en plus forte avec leur patrimoine pèrrien ( de leur père ), cessent à gérer. De ce fait ils ne développeront pas
de compétences managériales pour 'investir sur les entreprises qui viennent d'apparaître dans une période pré-industrielle. Ils ne
seront pas indépendants financièrement. Le roi va développer des charges de fonctionnaires, des offices qui vont mailler tout le
territoire. Cela renforce le pouvoir du roi mais également la bourgeoisie naissante. Dans son souci de contrôler la noblesse, par
peur d'alliance noble-bourgeois on aura un jeu monarchique qui consiste à opposer les deux. Toute une partie des offices
bénéficiera à la bourgeoisie des villes, à la bourgeoisie marchande.

A- Le roi, sa cour, et sa régulation politique des affaires et des interdépendances

Norbert Elias, La société de cour, 1933.

Le titre fait référence à 2 choses

• la société française dont la spécificité est la cour, ce qui n'était pas le cas dans les autres pays d'Europe.

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• façon de parler de la cour comme une société en soi, qui apparaît comme une société à part entière, comme une
configuration sociale.

L'objet de son étude = comment les rois de France, notamment Louis XIV, parvient à gouverner son pays, sans une délégation de
pouvoir sur les féodalités qui continuent à agir dans les autres pays européens ? Qu'est ce qui explique la centralisation du
pouvoir dans les mains d'un seul homme, qui aboutira à une révolution exceptionnelle sur l'échelle du monde entier ? ( brutalité de
la révolution à mettre en relation avec l'exceptionnalité de la monarchie française ).

La cour est d'abord la maison du roi. Fonde un fonctionnement politique patriarcal ( roi = chef de famille dans sa maison ) et
un fondement du pouvoir politique patrimonial. Le roi est propriétaire de sa maison, alors que les autres peuvent être considérés
comme des invités. Une partie de la fonction politique du royaume est attribué dans la proximité du roi.

Dans cette maison du roi, une fois le déplacement du palais opéré vers Versailles, l'objectif étant d'avoir été construit hors de Paris,
dans des dimensions exceptionnelles pour accueillir un grand nombre d'invités (10000 personnes ). Les nobles ont leur maison à la
Cour. Ce sont de petits appartements, parfois de quelques mètre carrés. Les ducs ayant accepté ces conditions pour vivre dans la
cour. La présence des nobles à Paris se fait de plus en plus rare. Ce ne sont pas des maison familiales, les enfants ne sont pas
tolérés. L'appartement sert essentiellement à construire leur prestige. La noblesse a d'autant besoin de ce prestige qu'elle a perdu au
cours des siècles le prestige des armes.

Avec le phénomène de curarisation le sens du prestige va se jouer de plus en plus dans les formes de consommation, de dépenses
de prestige, attestant d'une position dans la société de cour, qui est souvent une condition de survie sociale, aussi important que la
défense d'honneur.

Mais toute l'aristocratie française ne parvient pas à accéder à la cour de France. Ils perdent toute influence politique et perdent la
reconnaissance en terme de prestige. La noblesse terrienne devient une aristocratie méprisée par les membres de la cour.

Les nobles n'ont pas le choix, sont face à une alternative de se ruiner et dépenser pour accéder au titre de prestige ou retourner au
rang des nobles de terre. Ce qui compte c'est « l'étiquette »= système de contrainte et de convention sociale. Elias montre que le
coucher et le lever du roi permet au roi de distribuer des valeurs symboliques, qui ne coûtent pas cher, en autorisant les nobles
présent à lever sa chemise, l'aider à se lever....
Avec ce système, économie marchande de la valeur symbolique de l'honneur, dont le seul producteur est le roi. Tous ces
phénomènes rituels, la place autour de la table, la distance par rapport au roi... déterminent et renvoient à des hiérarchies
symboliques. Tous ces rituels sont autour de la personne du roi qui lui permet de vivre autour de l'aristocratie, être au centre de
celle-ci. Il a besoin de cette noblesse pour asseoir son pouvoir.

Dans ce monde de l'étiquette, cette aristocratie devient interdépendante. Les aristocrates se surveillent afin d'avoir le moindre
avantage, la moindre prépondérance, pour découvrir la moindre défaillance. => contrôle sociale des individus devient sans limite.
Du même coup, le roi bénéficie de ce phénomène, pour tenir une position d'équilibre pour surveiller.

Cette situation sociale est épuisante pour la noblesse de cour. Le risque qu'encourent ceux qui n'arrivent pas a tenir leur rang est de
sombrer dans la noblesse de compagne.

Autre aspect de la curarisation = l'évolution des comportements, de la culture de cette noblesse qui se pense de façon illusoire
comme faisant partie d'un groupe supérieur à la société + l'acculturation à des formes d'autocontrôle et d’auto contrainte où
chaque élément de la vie quotidienne sont soumis aux critiques.

Les luttes internes à la noblesse qui continuent à être de type militaire dans les autres pays européens, sont supprimées en France,
plus de duels interdit sous menace d'emprisonnement. Toute dimension militaire et physique disparaît de l'aristocratie française.
On substitue aux duels la joute oratoire, qui devient un art en France.

Derrière ces caractérisation, se joue également d'autres enjeux.


Capacité économique et financière de la noblesse qui se réduit en France avec différents consensus liés à des phénomènes d
'inflation monétaire sur les métaux précieux, qui dévaluent la monnaie, qui appauvrit la noblesse. Plus le revenu de rentes
diminue, plus ils deviennent dépendants du roi pour les revenus réels. Ils complètent leur propre revenus par les revenus
spécifiques distribués par le roi, sur fond de caisse publique. Ces revenus distribués deviennent de plus en plus fréquents.

=> le roi concentre le contrôle par le biais de la gestion d'étiquette et des revenus distribués.

Cette noblesse n'a plus aucun politique. Or il faut gouverner le vaste royaume.

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B – Le roi, son conseil et la haute fonction publique naissante
La figure la plus centrale et la plus connue est le Conseil du roi. D'un point de vue sociologique ce conseil ne renvoie pas à une
réalité fixe. Il n'y en a pas un seul. Tous ces conseil ne sont pas similaires du point de vue de prérogatives politique. On confond le
conseil tel qu'il se présente à une époque et le conseil tel qu'il se présente à une autre époque.
Le plus connu est le Conseil d'en haut = le conseil des grandes familles, qui ont été à une certaine époques de grands nobles.
Jusqu'au 18ème ce conseil subsiste, mais reste strictement formel et protocolaire. Il ne s'y passe rien, les décisions sont déjà fixées,
mais il est important de les réunir.

+ d'autres conseils, au moins une dizaine.


Les autres conseils sont à la discrétion du roi, qui les crée. Ex : conseil des dépêches, conseil du courrier du roi...

En dessous de ces conseils il existe également des sous-conseils, et ensuite des bureaux. ( structuration d'administration
centrale ). Ces commissions réunissent des techniciens, des spécialistes de tel ou tel enjeu. Apportent des travaux qui est aussi
essentiel àla survie politique que le contrôle de la cour.
=> 2 systèmes pour le roi ; qui passe du jeu de cour au système des fonctionnaires qui présentent personnellement au roi leur
travaux. Et le roi décide de temps en temps d'inscrire à l'ordre du jour, telle ou telle question.

Multiplication des ces commissions => produisent une bureaucratie voir une technocratie. Même les arrêts des rois sont
élaborés par ces commissions, avec des processus de consultation de spécialiste, des intéressés.... la signature du roi est très
souvent formelle, qui ne lui permet pas de comprendre ce qu'il signe. Il a besoin de développer cette bureaucratie, soumise au roi,
mais qui le place sous dépendance de la bureaucratie. Il est incapable de suivre les dossier un par un. Son pbm sera de trouver des
personnes de confiance pour qu'ils contrôlent ce qui se passe dans les bureaux. D'où l'apparition des formes ce qu'on peut appeler
de nos jours « ministres ». Les ministres à l'époque désigne encore les paires de France. Ce sont soit des officiers soit des
commissaires. Il faudra distinguer 2 dimensions essentielles de l'administration
• les charges administratives = les fonctions, des activités concrètes (ex : diriger un hopital, prélever un impot )
• les corps administratifs = ensemble d'individus qui appartiennent à une même entité administrative, de nature
professionnelle mais qui correspond à des niveaux tendanciels de revenus, à des formes de qualifications professionnels
spécifiques, régies par des statut spécifiques à chaque corps. Un individu peut être rattaché à un corps et exercer des
charges différentes.

→ Pour les charges administratives : 2 grands types de charges

• les offices – assuré par un officier. Le phénomènes de prolifération est caractéristique de la centralisation du pouvoir
sous la monarchie. Certains de ces offices sont anciens. En particulier l'office est une charge patrimoniale à la fois
vénale (peut être vendu ) et héréditaire ( peut être transmises ). l'office est une charge (qu'on peut acheter), de fonction
publique, qui est rémunératrice. La rémunération d'office ce sont les gages. À l'office s'attachent les privilèges.
L'officier est nommé par le roi, même si elle est vendu, au moment de la transaction l'officier est nommé par le roi par
les lettre provision.
Il existe donc un véritable marché d'offices avec une O et D. en vendant des offices, on augmente les recettes. Le roi a
donc essayé de créer des offices, mais qui a eu tendance à dégrader la valeur, et donc à décroître la rémunération d'office
ce qui va accentuer la recherche de revenus parallèle à l'office ( comme la corruption par exemple qui dégrade le marché).
Ces officiers exerçant des charges de fonction publique, un des pbm était le contrôle relatif par le roi sur ces officiers,
éviter l'influence des nobles sur les officiers, ce qui a été acquis par la stabilisation de lettres de provisions et par une
définition juridique de plus en plus précise des corps administratifs créant une relative indépendance de ces agents
publics.

On distingue 2 grands ensemble d'officiers royaux.


▪ Les officiers de justice, y compris lorsque ces officiers sont appelés magistrats, on ne désigne pas
la justice actuelle. On est dans une période antérieure à l'Etat de droit. Un officiers de justice est
capable d'exercer à la fois des fonctions juridictionnelles et des fonctions administratives.
▪ Les officiers de finance, ceux qui ont en charge la fonction centrale du royaume, de collecte
d'impot, prélevés directement par la couronne. Ces officiers gèrent les fonds. Ils sont en même
temps inspecteurs de finances et banquiers. Il les fais fructifier sur les marchés financiers et se
rémunère sur le TI des placements.
=> ces deux ensembles d'officiers royaux sont présents à tous les niveaux d'organisation administrative. Ces officiers ont
des uniformes.
Ces offices, en raison de leur indépendance qui leur a été donnée, ont proliféré et ce sont autonomisé. Ces officiers
indépendants de la noblesse sont devenus à leur tour indépendants de l'autorité centrale au cours du temps. D'où
l'apparition des commissions.

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• les commissions : assurées par des commissaires, celui qui exerce la charge correspondant à une commission. Elle
correspond à une institution traditionnelle ancienne du royaume, qui remonte au moins au 14ème siècle. Mais durant le
15ème et le 16ème siècle. Ce type de charge est devenu marginal face à la prolifération des offices. C'est seulement au
17ème siècle que les commissaires ont un rôle important. La commission correspond à une mission temporelle, précisée
par la lettre de commission. Il est en principe révocable à tout moment par le roi.
Le retour des commissaires correspond à un besoin de contrôle. le principe de commissaire est donné à tous les emplois
de très haute responsabilité : exemple les secrétaires de l'état, les ministères des intendants ( futurs préfets ), les
premiers présidents des parlements, les conseillers d'état, les intendants des finances... ces commissaires sont nommés
parmi les officiers pour mieux contrôler l'appareil administratif.
Accèdent à ce stade d'appareil administratif certains corps plutôt que d'autres, notamment les maîtres de requêtes ( corps
qui domine l'appareil administratif au point de détenir une sorte de monopole sur les intendants de province par
exemple.). il est fréquent que les commissaires soient des maîtres de requêtes.
La fonction d'intendant de province devient également importante. Ce sont des postes rémunérateurs.

→ Pour les corps administratif.

Le grand corps administratif était le corps de maître de requêtes qui apparaît dans l'administration centrale et dans
l'administration déconcentrée de l'Etat ( les intendances de province ). comment devient-on maître de requêtes ? => il faut des
conditions financières et de compétence. On peut acquérir cet office en ayant 30 ans ou plus, en ayant été en fonction pendant au
moins 6 ans dans un corps de magistrature, donc en ayant appris le droit. On devient maître de requête en achetant un office qui
coûte cher, qui est anoblissant. Mais en pratique la plupart des maître des requêtes proviennent de la noblesse et plus tard de plus
en plus de la bourgeoisie. Le plus souvent ils sont d'origine parisienne ce qui contribue à la centralisation du royaume. Le corps
est vaste ( plusieurs milliers ) et soudé sociologiquement, tendanciellement concentré sur les fonctions de juristes ( administratives
ou contentieuses ). => Supériorité politique du corps. La plupart d'entre eux ont un formation juridique dans des facultés de droit.
Ces maîtres de requêtes sont présents dans les intendances de finances, sont puissant dans le domaine économique et financier.

Un autre corps progressivement apparaît : l'intendance des finances, liée à la spécialisation progressive de finances. Il va
devenir puissant avec la mise en place du contrôleur général des finances, et il deviendra d'autant plus important que l'acté
militaire s'affaiblit. Moins y a de guerres, moins il y a de justification pour la levée d’impôts, plus l'Etat va développer cette
fonctionnalité au détriment du corps de maître de requêtes.

II – L'administration du royaume : bureaucratisation et centralisation de l'administration royale.


Contexte du 16ème et 17ème siècle.
Administration du royaume = administration centralisée, avec une architecture complexe, mais relativement stable, avec à sa tête
des équivalents de « ministères ». dans les provinces les intendants de provinces correspondent aux préfets d’aujourd’hui. Enfin,
montée en puissance du contrôleur général des finances contrôlant l'utilisation d'argent public.

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A – Les 6 ministères de l'ancien régime ( 17ème/18ème) = la haute administration du royaume
Il y avait des commissions du roi, qui étaient définit sur une base géographique et non sur une base sectorielle. Or à la fin du
18ème on distingue 6 grandes fonction :
• fonction du chancelier : c'est un office ( avec une charge vénale et héréditaire ). c'est resté un office en raison de la
perception médiévale de la justice. La transmission héréditaire garantie la stabilité de cet office. Mais pbm politique du
contrôle de chancelier par le roi. Pour régler le pbm la solution est de nommer un commissaire qu'on appelle garde des
sceaux qui lui est révocable. Cette commission devient tellement importante qu'à l'inverse le titre de chancellerie perds
de son influence. Le chancelier reste haut placé dans le royaume mais ne garde que son titre, qui n'a aucune prérogative.
Le garde des sceaux gèrent des fonctionnalités relevant à la fois de la dimension judiciaire et administrative ( attention à
ne pas le considérer dans les termes d’aujourd’hui).

À partir de la les 5 autres fonctions sont des commissions

• à partir de 1661 contrôleur général des finances. C'est une charge qui va concurrencer à partir de sa création la
chancellerie.
• secrétaire d'Etat à la guerre
• secrétaire d'Etat à la marine
• secrétaire d'Etat
• secrétaire d'Etat à la maison du roi = fonction la moins importante mais la plus intéressante. Ce secrétaire ne correspond
pas au ministère de l'intérieur tel que nous l'entendons aujourd'hui, puisqu'il existe une commission spécifique de police
sur Paris qui exerce cette fonction, avec des équivalents dans d'autres villes. C'est le ministère pour tout, de tout ce qui
n'est pas rattachable aux autres charges. Héritier institutionnel des charges de chambellan.

Au cour du 18ème siècle, il prend un rôle relativement important sur la fraction de politique publique nouvelle qui
émerge, au fur et à mesure que l'Etat émerge. En particulier sur les fonction économiques et sociales.

Les 5 dernières fonctions sont révocables, mais on voit apparaître une forme de patrimonialité. Le niveau de revenus des
commissaires est tellement élevé que l'on considère que lorsque le roi nomme un nouveau commissaire, il se doit de verser une
compensation à la famille de son prédécesseur. Par ailleurs une autre forme de patrimonialité sont les lettres de survivances à
durée déterminée sur une ou deux générations = privilège que le roi peut conférer à un commis aire consistant à lui donner le
privilège de transmettre la fonction à son fils ( qui se présente sous forme de cadeau) => on voit apparaître des dynasties
familiales.

Les chefs d'administration centrale sur les 6 fonctions ( qui sont l'équivalent des ministres ) n'accèdent pas en haut. Louis XIV
prend l'habitude de les consulter en tête à tête. Ce sont les commissaires qui lui présentent les affaires du royaume. Le roi parmi
toutes ces affaires arbitre directement, en général en suivant l'avis des commissaires. Le roi les auditionne et en fonction de sa
perception inscrit au conseil d'en haut un certain nombre de dossiers. À ce niveau de responsabilité administratif ils tisent des
relations clientélistes avec les grands nobles.

B – Les commis et le développement de la bureaucratie ministérielle au 17eme et au 18ème


Les commis ne correspondent ni aux officiers ni aux commissaires. Le nombre de commis augmente considérablement au 18ème
siècle. Ils sont concentrés dans l'administration centrale, des ministères naissants. Historiquement ce sont des employés de maison
des nobles qui deviennent des employés des maison des maîtres de requêtes, des commissaires. Les 6 chefs d'administration
centrale recrutent et révoquent des commis de façon discrétionnaire. Ils sont rémunérés sur une dotation de chaque
« ministère », dites de « frais de bureau », équivalent du budget de chaque ministère.
Ils doivent être instruits. En début de carrière ils ont la fonction de copistes. Ils sont répartis dans des bureaux. Certains bureaux
sont placés dans une aile spéciale de l'aile des commis qui permet à Louis XIV d'avoir un regard direct et avoir une source
d'information autonome sur les chefs d'administration centrale. Importants dans la bureaucratie ministérielle.

On peut évoquer l'exemple du contrôleur général des finances, qui devient un organe puissant. On dit même que c'est à cause de
cette création qu'on passe d'une monarchie judiciaire à une monarchie administrative. Ce ministère se compose d'une grande
partie de commis, qui vont manier certaines activités publiques ( qui touchent d'ailleurs les 5 autres fonctions ) . Certains de leur
services existent même de nos jours. Cette fonction va donner lieu à la création d'un corps administratif spécifique : le corps des
ingénieurs de ponts et chaussés. C'est un des corps ou on voit apparaître une forme de recrutement administratif sur base de
concours à l'entrée( avec un premier concours en 1745).

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III – L'intendance de province: l'administration territoriale ( déconcentrée ) de l’État
Cette intendance pdt longtemps correspondait à des missions ponctuelles exerçaient par le maître des requêtes, envoyés par le
roi dans telle ou telle province, pour y exercer sur un sujet politique le devoir de politique royal. C'était des représentants du roi.
C'est Richelieu qui crée une fonction nouvelle qui est l'intendant de justice/police et finance. => il a en charge toutes les
missions de l'Etat. Mais la fonction n'est pas encore délocalisée, elle s'exerce à Paris. C'était une fonction de surveillance de
toutes les autres charges administratives du royaume, pour surveiller les autres officiers du royaume. => fonction de
centralisation du pouvoir politique. D'ou une hostilité forte entre les officiers du roi et les intendants de province.

Sous Louis XIV l'intendant de province n'est plus à Paris, et c'est à partir de la qu'il devient un personnage important. Aucune
autorité ne peut agir contre sa volonté. Il est toujours formellement sous un statut de commissaire mais ses lettres de
commission deviennent identiques puisque la fonction s'affirme. Formellement il est révocable comme c'est un commissaire,
mais en réalité cela ne se produit pas.
Ils sont massivement parisiens, promeut au grade de commissaires.
Ces charges ne sont pas transmissibles mais les maîtres des requêtes sont nombreuses donc on voit apparaître des utilités
fonctionnaires. Ce n'était pas une fonction symbolique mais fonction politique importante.
En principe il surveille les affaires ordinaires, mais de plus en plus il s'occupe des affaires extraordinaires. Ce qui amène
l'intendant à contrôler tous les aspects de la vie locale y compris les modes de domination qui restent en apparence autonomes.

Elias parle de l'Etat comme acteur principal de civilisation des mœurs, comme facteur essentiel d'intériorisation des règles
politique morales comportementales.

Chapitre 4 : Sociologie politique de l'Etat contemporain

Ce qui se joue ici c'est le transformation des finalités politiques de l’État : les finalités, les missions qu'on assigne à l'Etat et la
façon de répondre culturellement comment l’État doit procéder.

Pierre Rosanvallon, L’État en France de 1789 à nos jours . → panorama des 2 derniers siècles, grille théorique, d'analyse,
d’interprétation d'histoire et il montre cette évolution de finalités de l’État. Certains pensent l'histoire politique est tirée par celle
des doctrines, des philosophiques politiques. La doctrine politique circule des élites sociales rares et instruites. R. essaye de
percevoir la culture politique des populations et ne s'intéresse pas qu'aux élites. Il mobilise les archives pour arriver à styliser les
conceptions de finalités d’État. La doctrine circule dans une catégorie restreinte de la population mais cela ne veut pas dire qu'elle
ne soit pas importante.

I – L'évolution du rôle de l’État : les finalités et les dispositifs concrets ( administratif... ) et II – L'orientation tendancielle des
doctrines politique du point de vue des finalités assignés à l’État.

Remarque : Très faible prise en compte de la dimension coloniale de l'Etat par Rosanvallon. Une faiblesse des sciences
sociales française d'avoir fait disparaître depuis la décolonisation, cette dimension des études sur l'Etat. Apparaît comme une forme
d'amnésie collective.

I – L'évolution du rôle de l'Etat dans la société.


On peut décrire l'évolution des rôles de l’État et de la société civile à partir de 4 idéotypes : (idéal-type = carricature, permet de
styliser les traits principaux permettant de comprendre la réalité, sans être complet)

• le léviathan démocratique
• l'instituteur du social
• la Providence
• le régulateur de l'économie

Ces idéotypes décrivent un certain type de relations entre l'Etat et la société civile. Chaque configuration d’État avec la
société civile laisse des traces, ne disparaît pas lorsque la suivante émerge. C'est un accumulation des idéotypes. Ces idéotypes
pointent des périodes successives de l'histoire :

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• le léviathan démocratique permet de décrire la relation d'Etat et de la société civile au 18ème siècle, correspond à
l'Etat gendarme.
• l'instituteur du social est une description de ce qui change en particulier au début du 19ème siècle, l'idée de plus en plus
culturellement partagée que l'Etat doit former, diffuser des valeurs, instruire...
• la Providence désigne la fin du 19ème siècle ou émerge l'idée d'un Etat qui doit prendre en charge la population en
ce qui concerne les aléas de la vie, et intervenir comme la Providence lors des problèmes → genèse de système de
protection sociale, émergence des assurances.. ;
• le régulateur de l'économie pointe le milieu du 20ème siècle ou l'on conçoit l'Etat comme l'acteur central du système
économique et social. Cela correspond à la révolution Keynésienne. Pour refléter le constat l'ensemble des Etats
occidentaux convergent vers un processus qui amène à penser l'Etat comme chef de la société .

Enjeu de discussion politique concerne les 4 tempéraments et notamment la dissociation entre l’instituteur du social et la
Providence. Il ne parle pas d'Etat providence mais seulement de providence. L'enjeu porte sur la datation de la genèse de l'Etat
providence. Si on l' situe fin 19ème, on l'articule à ce qui précède, à la révolution industrielle, et au développement du mouvement
ouvrier, la montée des socialistes. On perçoit le welfare state comme les conséquences.

A – La différenciation de l'Etat et de la société ( 15ème – 18-ème ) Le léviathan démocratique

On retrouve les acquis. Rosanvallon s'appuie sur Renart Koselleck, Le Règne de la critique, 1979. Koselleck montre qu'à partir
du début du 18ème siècle on observe une remise en question politique de l’impôt, une perte de légitimité de l’impôt , liée au
ralentissement des guerres. Le jeu de la concurrence a conduit à des dominations fortes qui ont monopolisé les ressources fiscales
et militaires. Les besoins de guerres qui au MA étaient une nécessité, disparaîssent lorsque les monarchies arrivent à asseoir leur
autorité. Comme l’impôt sous l'AR était justifié par la nécessité de guerre, lorsqu'il y avait de moins en moins de guerre son
existence était remise en cause. Cette critique se développe notamment les bourgeois marchands et urbains, qui sont les
principaux contributeurs du budget, surtout que l’aristocratie s'était exonérée de l’impôt ( privilèges = ne payaient pas l’impôt ).

Cette remise en cause ne passe pas par des engagement révolutionnaires, mais par des formes variées de questions portant sur la
comptabilité de cour. Dans cette remise en question de l'usage de fond public que se développe une forme d'esprit critique qui est
au fondement des philosophies politiques critiques. Demandent un droit de regard sur les arbitrages de dépenses.

Se joue également la prise de conscience dans cette bourgeoisie croissante en nombre et en capacité financière, la dualité d'intérêt
entre l'Etat et la société civile, entre ce qui était considéré comme une seule entité : le roi et ses sujets. C'est sur l'utilisation des FP
que se forme une distance entre le roi, ses services, et la bourgeoisie. Conscience de 2 univers, dont un prend l'argent de l'autre.

Cette dissociation entre Etat et élites et aussi présente dans la couche doctrinale des théories politique. R. sollicite un autre auteur
Ernst Kantorowicz Les deux corps du roi, premier à analyser et à montrer à quel point les théologiens et conseillers des rois de
France, pour arriver à légitimer et stabiliser le pouvoir, on construit une formule politique selon laquelle le roi est à la fois une
entité charnelle et en même temps une personne morale, un corps mystique. Ils ne froment qu'un, c'est une unité d'un point de
vue anthropomorphique : tête = roi, le corps = peuple. Un corps ne peut pas avoir d'existence sans tête. Plus la légitimation
accentue cette théorie des deux corps du roi, plus ils construisent paradoxalement la distinction des deux. D'ailleurs symbolique
puissante de décapitation de Louis 16.

Rosanvallon insiste sur une 2ème dimension fin 18ème début 19ème qui est l'importance de la statistique = enjeu public. Il montre
que l’histoire d'Etat est liée aux statistiques. La statistique publique durant l'AR était
• réduite dans ses objets d'étude et dans son expression politique : on utilisait la statistique pour deux choses
◦ la fiscalité => On avait besoin d'une statistique publique pour savoir qui paye l’impôt et
combien.c'était la mission générale du contrôleur général des finances, et des offices. Son activité était
de recenser la population susceptible d'être taxée. But = savoir combien la population pouvait taxée,
quels étaient les revenus etc...
◦ l'action militaire => L'un des éléments déterminant d'une victoire militaire est le nombre de
soldats mobilisés. Donc lien entre le nombre de soldat et capacité à gagner. 17Ème 18ème siècle ce
facteur s'aggrave. Pour une même invasion on a besoin de plus en plus d’hommes comparé aux
invasions des siècles précédents. Il faut savoir à tout moment combien peut-on lever d'hommes.
Élément essentiel de la géopolitique internationale. D'ailleurs les polices du roi jouent un rôle essentiel,
équivalent des espions qui surveillent ce nombre.

• dans les idées qu'elle pouvait diffuser au sein de la société .

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◦ La fiscalité : est encore patrimonialisée : caisse publique = caisse du roi. Donc la statistique n'est
pas publique. La bureaucratie génère des information nécessaire à la levée d'impot mais c'est un secret
d'Etat. Ne s'articule avec aucune idée de diffusion de ces informations .
◦ Militaire : enjeu militaire, relève du secret défense donc reste également secret. C'est un instrument
de la lutte diplomatico-militaire. Si les pays n'ont pas d'idées sur la capacité de leur voisins, hésiteront
avant d'attaquer.

La révolution change la donne. Sur les deux champs des statistiques, qui était confidentiels, disparaissent. Les bourgeois réclament
une transparence des FP. Lorsqu'ils quittent les États généraux pour la salle de Jeu de Paume, la première chose qu'ils font => se
proclamer assemblée nationale, et proclamer la transparence, la publication des données statistiques.
Le motif militaire aurait pu freiner le processus. Mais à partir de 1789 la géopolitique internationale change. Les choses sont
simples, tous les pays sont contre la France. Donc le pays doit rester mobilisé. La question du secret sur les capacités de
mobilisation devient subalterne.

R. montre qu'à partir de la, les statistiques publiques se diversifient dans leurs objets. On s'intéresse plus seulement à la levée
d’impôt et à la mobilisation de l'armée. On s'intéresse aux enjeux socio-économiques : niveau d'instruction, état sanitaire de la
population, questions de délinquance, répartition linguistique sur le territoire. => idée = construire une identité nationale
indépendamment du roi, d'une figure monarchique. À travers ces statistiques on prolonge la dissociation entre le roi et ses sujets,
désormais les citoyens. Il s'agit de connaître les caractéristiques de ces citoyens dont on avait pas l'image auparavant. Tout ces
efforts permettent de construire une identité de la Nation.

Alain Desrosieres, auteur central en matière d'histoire statistiques. Livre : La politique des grands nombres : histoire de la
raison statistique, 2010

Ce développement de l'appareil statistique est lent, il faut du service public, des fonctionnaires, du personnel... d'autant plus que
les moyens informatiques n'existent pas. Ce nombre dépend des capacités de l'Etat. Il faudra plusieurs siècles avant la mise en
place d'un appareil administratif de la statistique générale de la France, qui se construit 1ère moitié 19ème siècle. 1ère forme
d'institutionnalisation forte en 1833, rattaché à la direction du commerce, un sous-service du ministère d'intérieur. C'est un travail
de compilation de toutes les statistiques produit dans tous les secteurs administratifs. Production statistique massive à partir de
cette période. 14 gros volumes de statistiques prévu en 1835.

La santé publique est très présente dans les préoccupations des statisticiens de l'époque, ce qui rejoint au courant hygiéniste.

R. fait l'impasse sur certains points. Comme la faible prise en considération des théories des de sciences économiques. Avec des
théories certes élitistes comme le mercantilisme, mais importantes. En GB pensée économique de l'empirisme anglais dont
Manville, Smith, Fergusson. => différences qui marquent les politique économiques. La doctrine française issue des officiers, des
Etats est très interventionniste. Elle construit l'idée que la société civile est une production de l'Etat. En revanche la doctrine
anglaise est une doctrine proto néolibérale, capacité de la société à s'autoréguler sans l'Etat.

B – L'ambition tutélaire de l'Etat sur la société 19ème

2 autres idéotypes : l’État instituer du social et Providence.


Sur ce 19ème siècle, l'une des nouvelles finalités politique assignées à l'Etat est de former et en même temps protéger la société ce
qui aboutit à la construction de la Nation.

➢ L'instituteur du social correspond à un état qui se voit apparaître après la révolution, qui se voit attribuer la mission
d'inculquer les règles de culture politique. L'Etat doit produire l'unité et l'identité nationale. Et en même temps il est
responsable de ce que devient la société . Cette responsabilité doit donner l'habilité à l'Etat à former les caractéristiques
de cette société et la protéger. => donne un certains nombre de moyens dans l'action publique.
• 1 er grand chantier : la réorganisation administrative du pays. Projet = redécouper les frontières internes de
l'ancienne Royaume et d'inventer des frontières internes volontairement artificielles qui sont les frontières
de départements actuels. Les départements procèdent d'un débat politique à l'assemblée nationale. Cette volonté
politique est une stratégie de pouvoir. Les découper indépendamment des frontières préexistantes, ou sont
installés d'autres formes de pouvoir traditionnels. Or si on conserve les frontières anciennes on conserve les
institutions anciennes. Pour les casser, la meilleure façon est de définir les autorités administratives dans des
territoires administratifs qui n'existaient pas avant.
Un département correspond à un territoire qui dans tous ces points correspond à une journée de cheval depuis la
capital.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 16


La révolution crée le concept de département, et Bonaparte le prolonge. Il a lui aussi des pbm politique à régler,
notamment celui de l'aristocratie. Il se retrouve finalement dans cette idée de département, dans sa mise en
œuvre gérée par des préfets. On avance cette formule nouvelle de la représentation de la république. On met en
place les préfets qui sont les héritiers des intendants de province, avec les mêmes rôles.

• 2ème aspect : imposition d'une langue commune. France était clivée en deux champs linguistiques : langue
d'oil et lange d'oc. Les gens parlaient des langues locales à l'intérieur de ces champs. Les français ne
communiquait pas, et la possibilité de communiquer, la langue commune de la roi, ne permettait de
communiquer qu'une petite partie de la population. Objectif était d'intégrer dans un même champ linguistique
l'intégralité des citoyens.

• 3ème aspect : instruction publique, mais Rosanvallon souligne que la finalité assignée à l'Etat est bien déjà la
finalité de l''éducation nationale. C'est également une formation morale, politique pour apprendre aux anciens
sujets du roi, qu'ils sont devenus citoyens. Pour transformer une masse d'individu en quelque chose qui serait
une Nation. L'éducation, l'instruction est très importante pour à défaut de transmettre le savoir, transmettre des
symboles unificateurs, d'acceptation, de loyauté à l'égard des nouveaux régimes.
Les révolutionnaires durant la période, ont une conscience aiguë de la nécessité d’instruction, que pour stabiliser
les nouveaux systèmes politique ils ont besoin de reconfigurer les mentalités de la population. Simplement ils
n'ont pas les moyens administratifs et financiers ? Parce que l'instruction est déjà prise en charge par l'Eglise.
Pour arriver à concurrencer la quasi monopole de l'éducation détenue par l'Eglise, il faut créer des écoles
primaires ( locaux , enseignants... ). il faut concevoir ce que doit être un enseignant, tout comme le prêtre qui est
formé intellectuellement, ce qui suppose une extension de fonction publique colossale. Il faudra pratiquement 60
ans entre la révolution et le moment ou on considère que le territoire est maillé sur le plan d'éducation.
Au début = création inspections académiques dont la mission est de contrôler ce que les prêtres enseignent.
Ensuite création des écoles normales, avec la formation des instituteurs. Alors ils vont se concentrer sur les fêtes
républicaines. Disputes entre Jacobins et Girondins entre la conception des fêtes.
C'est d'autant plus important avec la mise en place de SUD. Le fait d'aller voter est typiquement révolutionnaire.

=> Création d'un premier ministère nouveau d'un appareil d'Etat, 1824 ministère de l'instruction publique.

• Politique de santé publique : se trouve à cheval entre les deux idéotypes : instituteur et Providence. Elle sera
une des piliers de la construction de Welfare state, elle prend ses racines au début du 19ème. On est dans une
phase d'industrialisation, en plein décollage économique comme une première forme d'industrialisation qui
demande de la main d'oeuvre rurale en direction des villes => 1830 1840 massification d'une population
d'origine rurale concentrée dans les banlieues, population pauvre et fragile sur le plan sanitaire. C'est une
population qu'il faut maintenir en vie pour les faire travailler. Pbm de la santé publique devient un pbm
économique. => déploiement d'activité et d’énergies variées pour améliorer les conditions de santé. Et c'est dans
ce contexte que se développe le courant hygiéniste. Phénomène d'augmentation du nombre de médecin

Ce courant: très important pour le développement des premières formes de santé publique. Diffusion d’éléments
doctrinaux, poussant par exemple État à un politique d’aménagements urbains. Poussent la population à
intérioriser des démarches corporelles. Coopération forte entre médecins indépendants et médecins
fonctionnaires. C’est la naissance des premières formes de santé publique. A partir de là, le gouvernement
s’occupe de la santé des gens.

Fin IIIème République toutes les premières lois de protection sociale visent (uniquement) les plus pauvres. C’est
l’affaire de chacun de mettre de côté quelque chose, d’épargner au cas où, et on considère que seuls les plus
pauvres ne le peuvent pas. Les plus pauvres sont la force motrice de l’outil industriel naissant: il faut s’en
occuper. Les bourgeois payent déjà un précepteur à leurs enfants : ils ont déjà des capacités d’éducation, selon
cette logique.
Effectivement, la paupérisation est liée à l’industrialisation du pays. Cela rendait nécessaire un encadrement
des classes populaires, pour réduire leur potentialité révolutionnaire. On a déjà des formes de protection:
ateliers de charité. On enfermait des vagabonds à la fois avec une dimension hospitalière, on les percevait
comme des vecteurs de transfert des maladies. L’action sociale associe toujours l’aide à la surveillance, même
aujourd’hui (cf Bourdieu). Les premières formes apparaissent à la fin du XIX ème siècle. Politiques sociales qui
relèvent du domaine de la santé publique. A cette époque, les niveaux d’aide par rapport au budget de l’Etat sont
extrêmement faibles.

C’est ce que Rosanvallon appelle l’échec français:

• dispositifs similaires aux autres pays avec 5-10 ans de retard.


• lois extrêmement longues pour arriver à un consensus politique, avec à chaque fois des dizaines de projets de lois
rejetés.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 17


Problème: pourquoi y a-t-il ce retard français? Recherche d’explications dans la culture politique française, marquée par la
première Révolution (1789, bourgeoise et libérale: réussite) beaucoup plus que par la seconde (1848, populaire et sociale, mais
donne lieu à une répression). (Cependant cela fait partie de la mythologie française: la première a-t-elle vraiment réussi? )
Ce que retient Rosanvallon, c’est qu’il y a un libéralisme anti étatique qui résulte de l’association Etat-roi, mais très peu social.
Les libéraux vont prendre comme exemple de révolution réussie la première, et comme exemple de révolution avortée la seconde.
Dans cette culture politique, la préoccupation est la défense des droits fondamentaux face à l’Etat, non pas la question sociale.

Des mouvements ouvriers se développant sous les formes de syndicalisme, d’abord de type mutualiste car autorisées sous le
second Empire, dans le but d’éviter révoltes. C’est ce secteur mutualiste qui va donner naissance aux syndicats ultérieurement.

Cependant la Révolution de 1848 a bel et bien eu lieu!


Le Second Empire joue uni rôle majeur dans la création des mutuelles. Les Seconds Empires prussien et français, extrêmement
autoritaires (pas inspirés du tout par socialisme), lâchent du leste sur l’auto-organisation du mouvement ouvrier et mettent en place
des politiques sociales contraignant le patronat: c’est ici un pragmatisme gouvernemental pour éviter les révolutions.

Le chômage se développe très rapidement à partir du milieu du XIXème siècle: recherche d’assistance sociale pour éviter la
prolifération des pauvres. Les accidents du travail deviennent de plus en plus nombreux, parallèlement à utilisation de la machine
à vapeur, qui peut exploser, blessant et tuant des ouvriers.
=> loi de 1898 sur la de protection sociale

Ps: certes le chômage se développe. En même temps c’est le dernier secteur de protection social à se construire, dans les années
50.

C – La fonction de régulation de la société par l’Etat

Culture politique qui en vient à considérer au milieu du XXème siècle l’Etat comme un acteur central de la construction de la
société et équilibres économiques = Héritage de la providence, dimension nouvelle qui amène à concevoir l’Etat comme acteur
central de la société.

L’action économique de l’Etat change diamétralement par rapport à ce qu’elles étaient précédemment. La perception du rôle que
les populations attendent de l’Etat devient complètement différente. L’Etat gendarme avait un rôle économique, mais relative-
ment limité dans ses finalités, policière et protectionniste. Le maintient de l’ordre: éviter des révoltes, des conflits sociaux, des
révolutions → finalité d’une politique central de l’Etat jusqu’au XVIIIème siècle.

EX : politique de police du grain qui consistait à réguler les marchés céréaliers, en achetant du grain sur ces marchés
lorsque les récoltes étaient bonnes. Cela avait pour effet de maintenir le niveau des prix sur le marché, et ce stockage permet-
tait en cas de sous production de déstocker et de revendre ces grains pour compenser les variations annuelles de production. La fi-
nalité de cette politique économique n’était pas proprement économique: c’était la meilleure façon d’éviter les révoltes de la faim.
Après la révolution de 89, les mentalités évoluent dans un sens libéral: révolution libérale au sens politique (libertés individuelles
face à l’Etat) et au sens économique (se dégager des réglementations corporatives). Cette révolution entend démanteler toutes les
réglementations issues du féodalisme (privilèges, corporations). Cependant la réalité sociologique est différente: la révolution n’a
pas supprimé toutes les règles, certaines ayant perduré jusqu’à aujourd’hui.
Cette politique économique classique avait aussi une finalité protectionniste: maintient de l’ordre de la nation vis à vis du reste
du monde, régulation des marchés qui passe par une politique douanière visant à protéger le marché des produits français. Ce
protectionnisme consiste à taxer les produits étrangers importés sur le territoire français pour augmenter leurs prix, les ren-
dant moins compétitifs, permet également de subventionner l’exportation de produits nationaux (exonérations fiscales pour
certains producteurs, facilitant les exportations).

Ce qui va changer la donne ce sont les deux guerres mondiales. La 1GM marque un tournant dans les perceptions économiques de
l’Etat en raison de son ampleur exceptionnelle et de ses conséquences à l’échelle de la population toute entière (nombre de morts
et impact que cela a sur les situations familiales pour engranger revenus). Cette guerre génère des besoins d’assistance: médicaux,
scolaires (pour dégager la charge des enfants pour que les femmes puissent travailler), apparition de nouveaux ministère. Proliféra -
tion de commissions spécialisées, augmentation du nombre de fonctionnaires, activités de rationalisation de l’action publique. On
tend à gérer l’Etat avec le même souci d’efficacité que dans la gestion des armées (système hiérarchique etc.. ). Pour financer
cela, il faut augmenter les impôts: ces guerres ont un rôle important dans l’augmentation des impôts, qui est alors politiquement
acceptée en vue de la contrainte externe.

Ce phénomène observé dans d’autres pays, théorisé par Peackok et Wiseman: effets de seuil, de criquet. Cette théorie nous
montre qu’à chaise grande crise que connaît un pays, on observe le même phénomène d’accroissement très rapide des res-
sources publiques et des dépenses publiques. Cela s’accompagne d’une production de doctrines politiques. Ces doctrines,
même quand la guerre n’est plus là, ne disparaît pas: période beaucoup plus durable de l’acceptation des impôts, qui se prolonge

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 18


après la guerre. Transformation des idées en faveur d’une intervention de l’Etat plus forte. Effet de seuil = on ne reviendra ja-
mais au niveau précédant la guerre.
Pendant la 2GM on retrouve le même phénomène mais avec un impact supérieur: besoins d’action publique beaucoup plus impor -
tants. Nécessité d’une intervention de l’Etat dans les rapports économiques. Pourrait prendre en charge ce genre de services, il faut
des fonctionnaires, des services administratifs supplémentaires: on ré-observe un croissance des dépendances publiques: impôts
acceptés en raison de situation (en plus régime politique de Vichy. Apparition des doctrines interventionnistes).

C’est dans ce tournant de la Seconde Guerre Mondiale que se produit la révolution keynésienne interventionnisme de l’Etat
fort. Politique dit New Deal, politique de relance économique. Apparaît nécessaire après crise boursière de 1929. Politique de dé-
penses publiques massives: redistribution des revenus permettant de lutter contre le chômage, la famine. Cette révolution keyné-
sienne va perdurer bien après la guerre: Etat régulateur de l’économie. En en vient à considérer que la cause des variations éco-
nomique dépend du budget de l’Etat. On cesse de penser l’économie comme une réalité indépendante, mais comme un prolon-
gement de l’action publique. La croissance, l’emploi, stabilité monétaire sont perçus comme des conséquence des choix: émer-
gence du terme de politique économique. On assigne à cette politique le bien être social de la population. Pour atteindre ces ob-
jectifs de bien être de la population, on en vient à considérer que les moyens d’action de l’Etat doivent augmenter. P olitique de
nationalisation dans le secteur bancaire, industriel et d’extraction des matières premières: tous ces domaines privés passent
dans le domaine public. Période de planification nationale de la vie de la société: l’Etat fixe des objectifs à la société: produc-
tion, consommation, modes de vie. Etat planificateur avec l’émergence depuis 1917 d’un bloc de pays communistes qui assure une
planification systématique de l’économie. On fait quelque chose de plus souple que le modèle rigide du bloc communiste. Des la
fin des années 30, une partie des fonctionnaires ont dans l’idée que l’Etat doit rationaliser tout ça: nombre de fonctionnaires beau -
coup plus important.

L’analyse de Rosanvallon ne nous parle pas des doctrines politiques.

II - La progression des doctrines politiques interventionnistes


Les doctrines politiques sont importantes pour connaître une élite dirigeante. Cette élite accorde une grande importance à ces
doctrines: façon de voir comment s’orientent ces élites dirigeantes. Elles sont des leaders d’opinions. Durant la période qu’il étu -
die, on a des évolutions très fortes dans le champ des doctrines politiques. L’Etat joue un rôle central dans la vie en société.

A - Une culture interventionniste héritée de l’Ancien régime


André Gueslin

On peut trouver des traces de proto-interventionnisme de l’Etat dans le mercantilisme au XVIème siècle. Une fois crée le poste
de commissaire, contrôleur général des finances, Colbert développe des politiques économiques allant dans le sens d’un inter-
ventionnisme croissant de l’Etat. Invention de la protection des industrie récentes consiste à favoriser les nouvelles formes de
manufactures en les protégeant des manufactures étrangères. Colbert développe aussi une politique interventionniste d’entraîne-
ment. Dans ce secteur de production d’armes la finalité est militaire, mais qui sert à d’autres secteurs que l’économie: Politique in -
terventionnistes d’entraînement de la politique économique. Autre exemple d’entraînement de l’économie: la compagnie des
Indes. Développement de pirates salariés par le roi ayant pour but de contrer les autres formes de piraterie etc: politique d’investis -
sement sur de marchés, mais pensée pour produire des effets sur d’autres secteurs.

On a aussi une politique sociale. L’Etat va aller jusqu’à réglementer les procédés de production, définition de standards car on
considère que la production industrielle est une vitrine de la France dans le monde. Il y a également une réglementation sur l’or-
ganisation des métiers: l’Etat va préciser les règles du jeu, leur attribuer des pouvoirs spécifiques, organiser le système de finance-
ment.
Les politiques sociales s’inscrivent elles aussi dans le maintient de l’ordre public: visent ce qui semble constituer une menace
pour l’ordre social, particulièrement les vagabonds.(=Ceux qui traversent une frontière intérieure). La mendicité en est également
un. Elle est liée à la pauvreté, augmente considérablement dans les périodes de ralentissement économique. Face à cela, l’Etat in-
tervient avec l’idée d’encadrer les vagabonds et les mendiants, y compris par l’enfermement, notamment hospitalier. Ce disposi-
tif, historiquement sous contrôle du clergé, sert à idée de politique économique et sociale, idée que l’Etat a une obligation morale
face à la misère (Necker et Turgot). Dans les ateliers de charité où on fait travailler un public spécifique, qui mettent « à disposi-
tion » du travail pour les vagabonds, on peut manger et dormir en contrepartie du travail. Des fois peuvent devenir ateliers de tra-
vail forcé, dépôt de mendicité au caractère carcéral. Fonction de distribution des ressources alimentaires.
A cela s’ajoute une politique où l’Etat va intervenir systématiquement à la fin de l’Ancien régime: « secours extraordi-
naires » face aux événements dramatiques: inondations, incendies, épidémies = consiste à apporter des secours aux victimes, à en -
cadrer les populations victimes perçues comme des populations dangereuses, car dans une situation de vagabondage, de mobilité
potentielle. Il y a des doctrines de politiques interventionnistes de l’Etat, mais attention à ne pas perdre de vue les grandeurs finan -
cières auxquelles elles correspondent: elles sont faibles, marginales, mais créent un corpus doctrinal à la disposition des révolu-
tionnaires ultérieurement.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 19


B - 1789 - 1848: « droit liberté » et « droit créance »

Luc Ferry, Alain Renaut


Daniel Lochak

Comparaison des deux révolutions s’impose à partir du XXème siècle.

Révolution de 1789 Révolution de 1848


• Libérale sur le plan politique dans un sens de réduc- • La révolution de 1848 serait une révolution à carac-
tion du pouvoir d’Etat, aussi économiquement. Elle est tère plus populaire, plus sociale, plus préoccupée des
perçue (et est) une révolution bourgeoise. conditions matérielles de vie. Cette révolution crée des
• Droits et libertés définissant pour l’individu des possi- droits créance, permettant au citoyen d’exiger un cer-
bilités d’agir, à la fois intellectuelles et physico-maté- tain nombre de choses vis à vis de l’Etat. C’est un
rielles : liberté de travail, de commerce, de réunion. Il schéma général que l’on conservera. Avec un regard
s’agissait d’affirmer des libertés fondamentales garan- plus précis, on relativisera cela cependant.
ties au citoyen, opposables à l’Etat. Il ne pouvait pas
faire quelque chose entravant ces libertés.
• Philosophie de Jean Jacques Rousseau: emblème de • Les acteurs des révoltes de février 48 veulent complé-
combat politique. Volonté politique d’assistance du ter l’œuvre de la révolution précédante. Processus
citoyen, apparaissant non pas dans révolution de 89, d’industrialisation beaucoup plus avancé: concentra-
mais dans d’autres textes importants. Exemple: pre- tion d’ouvriers augmente. Leur condition est au
mière constitution: s’occuper des enfants abandonnés, centre des débats politiques. Des revendications en son
soulager infirmes. On peut aussi interpréter ces textes nom se développent. Proclamation de droits sociaux,
comme le reflet de ce qui précède (ateliers de charité, notamment le droit au travail, le droit à la prise en
dépôt de mendicité etc...). Ces dispositions fondamen- charge face à la maladie, face au chômage, à la
tales garanties par la constitution ont un rang particu- vieillesse, le droit à un revenu minimum, à la réduc-
lier, comme si c’était un prolongement de la déclara- tion du temps de travail, à un logement décent. Préam-
tion des droits de l’Homme. Déclarations de 1793: bule: « La République doit … mettre à la portée de
proclamation que la société dit la subsistance aux chacun l'instruction indispensable à tous les
citoyens malheureux soit en leur proposant du travail, hommes ; elle doit, par une assistance fraternelle, as-
soit en assurant le moyen de subsister à ceux qui ne le surer l'existence des citoyens nécessiteux, soit en
peuvent pas. leur procurant du travail dans les limites de ses res-
sources, soit en donnant, à défaut de la famille, des
secours à ceux qui sont hors d'état de travaille... »
(...) procurer travail si pas, prendre en charge ceux qui
ne peuvent pas travailler. On commence à concevoir
l’Etat comme un dispositif de redistribution, on at-
tend des citoyens qu’ils parviennent à un certain degré
de « moralité, lumière et bien être »: instruction pu-
blique. (Une très large partie des enfants scolarisée
avant Jules Ferry). Institution de crédits de pré-
voyance, assistance aux enfants abandonnées et in-
firmes, aux vieillards sans ressource, systèmes de re-
traite pour la partie la plus pauvre de la population.

Il faut relativiser cette évolution: il y a 60 ans d’écart, pendant lesquels il s’est passé beaucoup de choses. On avait déjà un appa -
reil d’Etat qui a augmenté. L’expression d’une idée sans base concrète commune apparaît comme une idée utopique. Cependant la
culture politique a bel et bien considérablement évolué: on pense l’Etat comme une sorte de providence pour les classes les
plus vulnérables, c’est une tutelle de la société civile. Il faudra attendre une progression de moyens réels pour que concrétisation.
Révolutions complètent la liste des droits fondamentaux, ont des révolutions avortée. Le second Empire se présente comme une
solution contre la révolution de 48. Filiations de formes politiques différentes: révolution de 89 surtout reprise dans troisième Ré -
publique, révolution de 48 surtout reprise dans la gauche. Les lectures historiques rétrospectives ne sont pas indépendantes de ces
luttes politiques. Quoi qu’il en soit, ce sont deux événements fondateurs de la vie politique française.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 20


C – Libéralisme, socialisme, et troisième voie au XIXs
Ces trois ensembles doctrinaux, divergences à l’intérieur de chaque ensemble.

1 – Le libéralisme
→ Le libéralisme : Ensemble doctrinal reliant libéralisme politique et économique, qui tend à réduire le pouvoir de l’Etat. Ce li-
béralisme c’est l’ensemble doctrinale qui prédomine sur le début du XIXe siècle. Le premier procède d’une filiation philosophique
ancienne qui tend à réduire le pouvoir de l’Etat. On peut tracer ce libéralisme politique jusqu’à Emmanuel Sieyes en passant par
Locke, Rousseau, Smith. C’est parce qu’on veut réduire le pouvoir du Roi, que la RF a été aussi forte et violente. architecture
constitutionnelle: comment organiser les rapports entre le roi et les Français en tant que citoyens ? Benjamin Constant va déve-
lopper une œuvre, dans laquelle on voit le tournant du libéralisme. La ligne de césure se situe entre Sieyès et Constant. Le second
étant un disciple du premier. Il va ensuite, après la révolution, développer une œuvre spécifique où on voit le tournant entre le libé -
ralisme politique et économique. Se préoccupe beaucoup plus de la réduction du pouvoir de l’Etat en particulier face à un Etat qui
redevient fort avec l’Empire face à la bourgeoisie économique/sphère marchande. Constant se trouve en relation, discussion et
affinité avec d’autres auteurs, en particulier, Say, qui produit un gros traité d’économie politique. On a déjà une expression forte
d’un libéralisme économique radicalement anti-étatique.

Mais n’est pas parce que des professeurs proclament des idées qu’ils sont entendus par la sphère dirigeante. Dans sphère diri-
geante, il y a un libéralisme beaucoup plus pragmatique, beaucoup moins radical. Il ne faut pas surestimer ces expressions théo-
riques et doctrinales du point de vue de leur influence sur la politique. Ils participent au débat mais ne gouvernent pas. A ce mo-
ment là, on observe un libéralisme très différent, politico-économique beaucoup plus pragmatique dans ses énoncés qui n’a jamais
exclu les interventions de l’Etat (reflet du pouvoir de la classe dirigeante). Les milieux d’affaire sont étroitement imbriqués avec la
structure gouvernementale. Ces milieux d’affaire ne sont absolument pas libéraux. Ils sont très partisans de l’intervention de l’Etat.
Ils sont très partisans de toutes les formes de dépenses publiques qui ont pour effet de réduire les couts de production des entre -
prises. Grand classique de la sociologie politique en matière de l’action de l’Etat. Ce pourquoi, dans ce champs du libéralisme,
cela devient beaucoup plus flou.

2 – Le socialisme

Ce qu’on peut y placer est très hétérogène, des formes pro-étatiques et d’autres anti. Saint Simon (1760-1825) est un socialiste
technocratique. Si on cherche une figure antiétatique, Fourrier, qui est partisan d’un socialisme anarchiste. Il produit une pensée
qui exprime une hostilité radicale vis-à-vis de l’Etat, il rejette l’Etat comme une base d’organisation de sa fameuse utopie. On
retrouve cette bipolarité aussi bien dans le libéralisme que dans le socialisme.

Il est ensuite intéressant de s’intéresser à l’évolution du mouvement ouvrier au XIXe qui est Proudhonien. Il va très fortement
influencer le milieu ouvrier. Développement des mouvements mutualistes. Il est anti-étatique et assez radical. Il défend la liberté
et l’associe au contrat. Il pose la relation contractuelle comme l’élément garantissant les échanges entre individus. La société
doit pouvoir se construire sans être fondée sur l’autorité hiérarchique d’un état souverain.

Le début du XIXe marque une période où les intellectuels sont à la fois inspirés par le libéralisme politique du siècle précédent, et
ils sont marqués par l’échec de la RF. En effet, ce qui a suivi n’est ni républicain ni démocratique (consulat, empire). Volonté
d’une société qui s’organise par le bas (auto-hiérarchie) → chacun devrait se trouver contraint par ce à quoi il participe et consent.
Le mouvement ouvrier est laminé suite à l’échec de 1848 et sous l’Empire. La pression politique de ce mouvement ouvrier se fait
de plus en plus forte. Il se développe parallèlement à l’industrialisation.

En 1879, au congrès international, le mémoire des français n’est plus baséE sur la même doctrine (de 1866), et correspond à la
prise de pouvoir sur l’Etat, à la fin de la propriété privée, et une perspective collectiviste → Marx. L’Etat bourgeois est défini
comme celui qui gère la politique = parallèle entre l’Etat et l’entreprise dans le comité.

Marx et Engels ne sont pas antiétatiques mais veulent du renouveau, et notamment la classe ouvrière au pouvoir. La révolution
de 1917 crée de gros clivages qui traversent la classe ouvrière française et en particulier la SFIO. Cette SFIO justement est vite
polarisée : une qui soutient le projet général de la révolution et l’autre plus réformiste (basé sur des élus locaux dans des
municipalités qui veulent réformer en développant de fortes politiques socialistes = socialisme municipale ).Création de doctrine,
volonté d’une réforme de l’Etat. Socialisme réformateur très pro-étatiste. On voit déjà les premières formes d’appels politiques
à des nationalisations d’entreprises. Ce socialisme municipal est très inspiré par le Saint-simonisme. Le grand nom de ce
socialisme réformateur est celui de Jean Jaurès. Il va être le théoricien et le leader du socialisme par distinction du communisme.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 21


Ce socialisme n’exclut pas la perspective révolutionnaire, il la repousse dans le temps, en cela, il se présente comme une
forme de socialisme pragmatique, au sens où il ne la perçoit pas comme une possibilité à court terme. Fixe comme objectif de
prendre le pouvoir par des voies électorales et de préparer l’avènement d’une collectivisation par une transformation progressive
et par un développement des services publics. La population n’est pas encore dans la position pour s’auto-gouverner.
Le jeu politique sur le front de gauche est complexe.
• On a encore une pensée proudhonienne anti-étatiste.
• On a déjà un courant collectiviste, marxiste, présent dans le champ syndical,
• On a un courant réformateur qui est pro-étatiste de façon complètement différente.

=> Cette mosaïque permet de comprendre beaucoup de complexités qui se jouent dans la création de l’EP dans la première moitié
du XXe.

3 – La 3ème voie

Il s’agit de tout ce que l’on ne classe pas dans les deux premières catégories. On va également y placer trois grands courants
doctrinaux, qui n’ont pas grand chose à voir malgré un point commun : ils se définissent comme une forme de ni-ni.

→ Le bonapartisme (au sens du IInd Empire) : Quand on parle de bonapartisme, on pense à Napoléon III. Corps de doctrine se
développe non pas par les écrits de Napoléon mais par la mise en commun de rapports d’assemblées…
• Il est favorable à l’Etat, mais surtout à un Etat fort. Il est articulé aux milieux d’affaire, très proche des capitaines de
l’industrie naissante.
• Favorable à une forme de libéralisme économique mais pragmatique.
• Il n’empêcherait pas l’intervention de l’Etat mais la justifie à chaque fois qu’elle est utile — que ce soit pour les
décharger d’une partie des coûts de production.
• La politique scolaire se développe sous ce régime => travailleurs plus qualifiés. Articulation étroite entre le milieu
gouvernemental et les affaires.
• Les politiques internationales sont aux antipodes de l’ultra-libéralisme (voie de financement des routes commerciales
ou voie de commercialisation).
• Dimension paternaliste autoritaire de l’Etat. Renforcement de la centralisation de l’appareil étatique français. Il sera
tout de même social, et va autoriser une forme de réunion jusque là interdite et marquer les premières avancées en
matière de politique sociale (en s’inspirant du modèle bismarckien).

→ Le solidarisme républicain :Après la chute de l’Empire et l’avènement de la IIIe république, le solidarisme républicain est
porté par le parti radical — le plus grand de la république. Il est centriste. Très forte instabilité ministérielle. La mosaïque
partisane est relativement éclatée, et ce parti radical est « incontournable » dans la formation des majorités parlementaires.
Pratiquement dans tous les gouvernements de la IIIe rep, on a des ministres du parti radical. Il s’agit d’un parti de notables (élus
locaux, bourgeois. Forte présence maçonnique et cléricale). Ce n’est pas un parti de masse, ni articulé autour de l’armée. Existe
surtout au niveau local.
On voit tout de même apparaître un certain nombre de lignes politiques.
• Ils tiennent très vite en horreur la révolution de 1917 et tout ce qui s’en approche. Ils ont aussi en horreur un
capitalisme qui serait celui d’un libéralisme économique forcené.
• Ils ont en commun de placer leur confiance dans les institutions existantes.
• Ils sont favorables à l’interventionnisme étatique.Veulent repousser les grands risques : collectiviste, capitalisme
débridé et aussi le risque de réaction monarchique.
• Développement des services publics et sociaux sera un enjeu important pour le solidarisme républicain. Durkheim
produit une pensée sociologique en rapport avec ce solidarisme. « L’Etat est le système cérébro-spinale de la société ».
Léon Duiguit est très favorable à l’intervention de l’Etat.
• Volonté d’un état protecteur et émancipateur à la fois.N’utilise pas la notion d’EP mais c’est l’idée. Développement de
politiques sociales surtout pour stabiliser la société, éviter les grands risques majeurs perçus à l’époque.
• Les allocations familiales se développeront également.

→ Le catholicisme social. Il a une date de naissance assez claire. 1891, le Pape Léon XIII publie une encyclique papale : «
Rerum novarum ». On pourrait la considérer comme l’encyclique sociale, de gauche. A la façon vaticane, et en rappelant les
fondements de la charité chrétienne, en en faisant un corps de doctrine politique, et en parant de ce corps de doctrine de type
caritatif allant vers une analyse du rôle de l’état dans la société moderne.
Contexte de massification de la classe ouvrière, qui déstabilise les régimes politiques. En France, le IInd Empire est tombé en
1875, en Prusse, le chancelier Bismarck tombe également et pour les mêmes raisons ; politique de répression de la sociale
démocratie ouvrière qui échoue.

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• Il ouvre la porte à un interventionnisme qu’il légitime et appelle à une intervention croissante de l’Etat.
• Il proclame que l’Etat doit réprimer les abus et notamment les abus économiques, d’exploitation ds personnes dans les
systèmes industrielles. Protection de la communauté et de ses membres.
• Il doit également écarter les dangers.
• Il doit intervenir en matière de relation de travail.

Son successeur ne reprendra pas cette ligne politique après la mort de Léon XIII. Même si d’autres encycliques vont dire d’autres
choses, elles vont conserver leur légitimité et cela sert de point d’appui à une partie du champ catholique. Marque assez
durablement les partis démocratie chrétien et donne une légitimité nouvelle sur le plan doctrinale à des réseaux catholiques
perçus comme « gauchistes » à l’intérieur du champ catholique (les prêtres rouges).

On peut rattacher pour partie les systèmes d’allocations familiales aux politiques sociales de la France suite à ce catholicisme.
Mise en place de caisses de mutualisation des coûts de prise en charge des sur-salaires qui sont destinés aux salariés ayant un
grand nombre d’enfant, dont, dans des milieux patronaux et notamment grenoblois. Mise en place de cette caisse de mutualisation
patronale permettant de redistribuer un ratio annexé au nombre de salarié, qui permettait de payer les sursalaires à partir de la
caisse plutôt que l’entreprise. Va s’étendre dans toute la France.

Autre exemple d’influence : le patronage. Mode de gestion des ressources humaines dans les grosses industries —> financement
des services (ex : un médecin gratuit, une école, …). On note aussi la formation professionnelle des enfants qui prépare leur
recrutement dans l’entreprise.

CCL : Rôle des évolutions doctrinales pendant cette période qui participent à la transformation de l’Etat. Le développement de
l’interventionnisme de l’Etat se traduit par une croissance quantitative de l’Etat, une capacité de ses moyens financiers et
humains.

Chapitre 5 - L’accroissement des moyens d’intervention publique

Analyse de la croissance de l’Etat au XIXe et XXe siècles. C’est sur ces deux siècles que le phénomène est le plus net et évident,
même si la construction de l’Etat est beaucoup plus ancienne. Héritage étatiste en faveur de la croissance de l’Etat issue de
l’AR. On a des corps de doctrine en faveur de l’intervention de l’Etat qui sont anciens, mais, les moyens d’intervention
publique en capacité financière et personnel mobilisable reste limité jusqu’au début du XVIIIe siècle, et cette limite impose des
contraintes sur le débat politique. En effet, les doctrines politiques paraissent d’autant plus utopiques que les moyens matérielles
de leur réalisation ne sont pas réunis.

On s’est longtemps centré sur un indicateur qui est le ratio entre le budget général de l’Etat et le PIB. Surtout au moment de la
Guerre Froide ou le ratio est de 97%. Question du ratio au coeur de la vie politique dans les années 50-60.
On va prendre d’autres indicateurs pour analyser l’Etat tels que ceux de la Section 1 (ci-dessous).

I - L’évolution des dépenses publiques et des fonctions publiques en France au XIXe et XXe siècle
Remarques préliminaires :

• Les dépenses publiques et les fonction publiques sont deux indicateurs pratiques mais pas les seuls. Par exemple, l’un des
phénomènes qui accompagne cette croissance de l’Etat c’est l’augmentation du nombre de textes juridiques.
• Beaucoup de chiffres à prendre avec prudence. On va travailler sur des séries longues, et en matière de sociologie de l’Etat, c’est
compliqué car il n’y a aucune continuité historique de la base comptable.
• Répartition entre les trois grandes masses de budget de l’Etat : l’état central, l’état au sens plus large intégrant les CT, et la
sécurité sociale.

On va s’appuyer principalement sur trois études :

– Louis Fontvieille, étude de 1976 dans la revue Economie et Société, « Evolution et croissance
– de l’Etat français de 1815 à 1969 »
– Christine André et Robert Delorme, étude « L’Etat et l’économie: un essai d’explication de
– l’évolution des dépenses publiques en France (1870-1980) »
– Pierre Rosanvallon, annexe de La crise de l’Etat providence.
– André Guelin.

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A– L’accroissement des dépenses publiques.
Sur la base des données disponibles, on peut faire ressortir un certain nombre de tendances, et cinq en particulier.

→ 1ère tendance : Les dépenses de l’Etat au sens restreint (état central) ont à peu près triplé entre 1815 et 1969. Si on inclut
les deux autres masses, on est sur une multiplication par 6 sur la même période. Cette croissance extrêmement forte s’accélère sur
la fin de période. Il s’agit de la tendance globale. Autour de ce trend on a des tendances non homogènes.

→ 2ème tendance : Cette croissance des dépenses publiques n’est pas régulière, mais marquée par des accélérations subites au
moment des grandes crises qui impliquent le territoire français — et notamment au moment des guerres mondiales et des crises
éco. Au moment de ces grandes crises, les taux de croissance annuel moyen des dépenses publiques bondissent.
Le taux annuel moyen de croissance des dépenses publiques
• durant la période 1872-1912 sur les dépenses publiques totales est de 1,6%.
• Sur la période 1920-1922, où le taux monte à 10,2%.
• Sur la période 1922-1928, le taux est négatif, -6,2%.
• Et en 1926-1936, repasse à 5%.
• 1937-1946, 8,9%. (reconstruction)
• et repasse à 5,3% sur la période 66-74.

Très forte corrélation entre les accélérations et les moments de crises majeures

→ 3ème tendance : Les dépenses de l’Etat suivent des fluctuations longues de mêmes périodes mais en mouvements inverses que
les cycles longs d’expansion et de récession économique dits de Simiand et Kondratieff. Ce mouvement de fluctuations longues
des dépenses publiques est particulièrement marqué sur un ensemble de dépenses publiques : les dépenses nouvelles du XIXe et
XXe tournées vers l’interventionnisme de l’Etat.

→ 4ème tendance : La croissance des dépenses publiques au cours des deux siècles s’accompagne d’une répartition par poste
budgétaire. Autrement dit, les secteurs de politiques publiques n’ont pas la même importance à chaque époque. Au début du
XIXe, elles sont encore massivement limitées à des dépenses de fonctionnement des administrations ministérielles et services
publics et notamment sur les secteurs régaliens.
1822, les dépenses publiques sont ventilées en trois grandes masses :
• 35% pour l’administration générale,
• 30% pour la défense nationale,
• 25% pour le remboursement de la dette publique
• et les 10% restants concernent tous les autres secteurs de l’intervention publique.

En 1913, les 10% sont devenus 40%. En valeur relative, la part des politiques publiques nouvelles, augmente. On distingue deux
concepts d’analyse financière, les dépenses non-liées à distinguer des dépenses liées. (liées au développement économique). Ce
sont les dépenses caractéristiques de l’EP. (éducation, action sociale, éco, travaux publics, interêt de la dette et dépenses
coloniales).
Quelques chiffres :
1815-1829 :
• les dépenses non-liées représentent 8,1% de ce que Fontvieille appelle produit physique
• Les dépenses liées représentent 2,9% du produit physique.

1855-1869 :
• les dépenses non liées représentent 13,5%
• et les dépenses liées 22,9% du produit physique.

→ 5ème tendance : Cette croissance s’accompagne d’une autre évolution de leur répartition, qui est une évolution de la
répartition entre l’état central, les CT et la sécu. On voit que la part de l’état central décroît de près de 15 points de %, que
l’essentiel de la croissance est tirée par le budget de la sécu de 25 points (vérifie la tendance 4). Ce que l’on observe sur la série
longue en ce qui concerne les CT ce sont des fluctuations.

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B – L’augmentation du nombre de fonctionnaires.
Le concept de « fonctionnaire » est une convention de langage sur une série longue de deux siècles. L’évolution de ce nombre est
très étroitement liée à l’évolution des dépenses publiques. On est dans le secteur tertiaire. Ce qui permet de distinguer en partie
ces trois secteurs, c’est le ratio entre coût salarial et coût de production. Notion fluctue en particulier avec les différences de
statuts de personnels entre l’Etat et les CT. Aussi en raison de la diversité des statuts des personnels salariés agissant pour l’Etat.
Ainsi, les chiffres sur ce nombre de fonctionnaires sont très flous. En fait, les sources d’information sur cette question sont très
rares à certaines périodes et sont très imprécises et approximatives. Le premier problème que l’on a, c’est combien sont-ils au
début du XIXe ? On a juste des ordres de grandeur. Une des grandes sources d’information est le traité du préfet Vivien qui publie
son « étude administrative ». Il y considère qu’il existe environ 250 000 fonctionnaires en France dans la première partie du
XIXe siècle. D’autres situent le chiffre à 150 000. Fontvieille les situe à 75 000, Rosanvallon autour de 200 000. Qui est ce qu’on
comptabilise comme militaire ? compte-t-on le clergé sachant qu'à l'époque l'Eglise n'est pas séparé de l'Etat ? Ce nombre d’agents
publics serait relativement stable sur les 40 premières années du XIXe siècle.

Rosanvallon dans ses annexes statistiques montre une évolution, à partir de laquelle on peut tracer une courbe montrant
l'augmentation des agents publics au milieu du 19ème siècle ( doublement voire triplement ). on arrive aux environs de 500 000
fonctionnaires aux alentours de 1850. ici on assiste à une stabilisation sur un temps relativement long jusqu'à la 1GM. Les
statistiques sont délicats, car dans cette période le budget général de l'Etat augmente avec la guerre, mais le statut des agents reste
peu défini juridiquement, très variables. Ex : personnes qui travaillent dans un hopital de compagne, quelle est leur statut ? → cette
situation règne jusqu'en 1922 jusqu'à la nouvelle décroissance du budget de l'Etat. Ensuite un baisse du budget de l'Etat.

C'est vraiment à partir de la 2GM que les séries statistiques deviennent + fiables. Les archives sont moins anciennes, plus fiables,
précises. On constate une croissance forte du nombre de fonctionnaires → 1M de fonctionnaires dans les années 1950 ( dans un
contexte de reconstruction ). cette croissance se prolonge à un rythme rapide au delà, jusque dans les années 1970 où on atteint 2M
de fonctionnaires civiles. À partir des années 1980 la croissance est lente. Aujourd'hui = 2,5 M de fonctionnaires statutaires. Ce
sont des statuts bien définis avec le code de la fonction publique.

L'Etat a développé une structure para-étatique, omniprésente. Si on retient la catégorie plus large incluent la fonction publique et
les statuts divers travaillant pour l'Etat on arrive à un chiffre de 4,5 M agents publics au milieu des années 70 et environ 5M
aujourd'hui. Ce sont des chiffres en valeur absolu. Mais il faut les considérer en fonction de la population totale. ( se rappeler de la
courbe ).

En rapportant le nombre de fonctionnaires au nombre d'habitant il y a confirmation de la croissance. On passe sur ces deux
siècles de 1 fonctionnaire pour 200 habitants à 1 fonctionnaire pour 22 habitants fin 1970.

On peut rapporter le nombre d'agent public à la population active. 1 actif sur 5 qui est salarié directement ou indirectement par
l'Etat début 1970.

Autre élément d'analyse. Évolution différente selon les secteurs publics.


Exemple particulier des départements ministériels. Une analyse du nombre de fonctionnaire par département, on confirme que la
croissance du nombre de fonctionnaire concerne une partie du secteur public beaucoup plus que les autres secteurs. Ce sont les
secteurs relevant des compétences régaliennes de l'Etat. Ex ; la justice : 11 000 fonctionnaires en 1830, 47 000 en 1944 =>
multiplié par 4,5. dans le secteur des finances multiplication par 4 également.
Par contre si l'on prend les nouveaux secteurs de politique publique, de WELFARE STATE, le secteur de l'instruction publique par
exemple, comme un secteur émergent au 19ème 20ème siècles, la croissance est de 25. Dans le secteur lié aux nouvelles
technologies, de l'information et de la communication. Multiplication par 28 entre 1840 et 1984.

=> Sur les fonction classiques de l'Etat la croissance est la mais lente. Sur les fonction nouvelles, c'est la où se fait l'essentiel de la
croissance.

II – Les interprétations de l'expansion de l'Etat


Sujet de conflits d'interprétation, de conflits théoriques. Variété d'explications de ce phénomène de présence d'Etat. Ces théories
sont souvent cumulatives, ne se contredisent pas forcément mais montre des facteurs différents qui rentrent en conjonction.
Mais aussi des conflits.

Qst de savoir si l'on est gouverné à cette échelle de l'histoire ( sur une période de 2 siècles ) ? est ce que cette expansion de l'Etat
peut être lue comme le résultat voulu, comme un objectif recherché et atteint ? Ou si c'est qqch qui nous échappe, sans que cela
corresponde à une direction politique ? Est ce que l'humanité maîtrise sa politique ?
La réponse est nuancée => NON/OUI

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Il y a des perspectives d’interprétation. Ce ne sont pas des doctrines de pensées, des théories. C'est simplement une réagrégation de
théories autour de 2 réponses.

1ère réponse possible : Non, l'humanité ne maîtrise pas son destin politique => théories interactionnistes :mettent l'accent sur
des interactions soit variables qui n'ont pas été conçus, ne sont pas volontaires, soit sur des interactions avec l'Etat. Voir
enregistrement. Correspond à un « effet de composition » de Boudon. Ex de cet effet = krach boursier. Les actionnaires vendent
leur actions dans la même période, massivement. O>D, prix s'effondrent. Vendent vite, accentuent le phénomènes à la baisse, tout
le monde veut vendre personne achète. => la construction historique de l'Etat serait du même ordre. Ce serait le résultat d'actions
dont personne n'a voulu.

2ème réponse possible. Oui, l'humanité maîtrise son destin politique => théories directionnistes : construction de l'Etat
correspond à des intérêts sociaux, à des stratégies.

A – L'expansion d'Etat comme phénomène subit ( perspective interactionniste )


on peut procéder à une sous classification autour de 2 ensemble
• Certains auteurs voient cet accroissement du rôle de l'Etat comme une conséquence des transformations économiques
et sociales qui semblent échapper à toute stratégie politique ou gouvernementale.
• Théories qui ont en commun mettre l'accent sur des phénomènes de pression exercée sur l'Etat par des groupes
d'intérêt, chacun ayant agit en faveur d'un accroissement restreint de l'Etat. La somme de ces pression produirait le
résultat final alors que séparément aucun groupe n'a vraiment cherché à aboutir à l'expansion d'Etat.

1 – L'expansion d'Etat comme une conséquence de transformations de la société globale


( facteurs écq, institutionnelles, sociaux... )
L'une des théories intérprétatives cet ensemble est assez ancienne, celle d'Adolf WAGNER ( 1835 – 1917 ). il fait partie du
courant intellectuel des universitaires allemand le socialisme de chaire, ( on parle également de social-étatisme ou de socialisme
d'Etat). Il donne lieu à de fameux congrès, à une association de professeurs de hauts fonctionnaires : l'Association pour la politique
sociale.
Il fait partie des leaders de cet mouvance. Ils sont proches de la technocratie d'Etat qui ont en commun de construire une vision du
monde en opposition à l'école de Manchester ( pensée écq issue de l'université de Manchester, qui apparaît comme le temple
d'une pensée néo-libérale ). Ce socialisme de la chaire est très ambivalent sur le plan politique, sous le règne de Bismarck
chancelier de 1862 - 1898 => répression féroce de la social démocratie allemande naissante, articulée au mouvement ouvrier.
Ce mouvement monte en apparence sur le plan électorale. Le socialisme de la chaire est aussi une façon de contrer la naissance
des mouvements ouvriers en Prusse à cette époque. C'est ni néo-libéralisme radical ( comme l'école de Manchester ) ni social
démocratie (supposant un changement de régime politique ). on pourrait le qualifier de nationaliste, dans la mesure où l'unité
nationale est centrale, ce qui amène une stigmatisation de la lutte des classes dans ce courant.
Mais il a une œuvre majeur qui influence beaucoup, Les fondements de l'économie politique. Dans son volume 3, WAGNER fait
ses analyses intéressantes sur l'évolution d'Etat où il expose une loi de l'extension croissante de l'acté publique, appelée
également Wagner.

Commentaire des extraits :

Il énonce une loi en ce début du 20ème siècle, avec une vision civilisationnelle ( différenciationnelle avec peuples civilisés et
autres ). la démonstration de cette loi procède d'une méthodologie comparative entre Etat et selon les époques. Il explique ce
phénomène de croissance de l'Etat. Il qualifie d'administration autonome le secteur d'acté publique de nos jours. On a une
multiplication de politique de secteurs publics, de nouveaux ministères avec de nouvelles missions ( dimension extensive ). dans
chaque secteur l'activité est de plus en plus importante, + en + fonctionnaire, + de budget ( dimension intensive ).
La croissance de l'Etat est lié également à des transformation de la structure économique et sociale d'une population qui a de plus
en plus besoin de services publics. Il rajoute aux deux dimensions précédentes une croissance liée aux transformations de la
société qui demande de plus en plus à l'Etat. Ainsi, l'Etat prend une place de + en + importante dans la société. La société
devient ainsi dépendante de l'Etat.

L’élément central de la théorie de WAGNER, l'élévation du niveau de vie est fondamentale. Parce qu'il y a croissance
économique, l'élévation du niveau de vie produit une société de plus en plus complexe.

Mais cette complexification de la société n'est pas propre à WAGNER, elle est présente chez les intellectuels de la fin du 19ème.
Elle s'articule par la perception d'une société qui change trop vite, sous les fait de la révolution industrielle.
• Ils observent la croissance démographique, corrélation entre niveau de vie et l’espérance de vie.

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• Complexification liée également à la division sociale du travail chez DURKHEIM. Les processus de production
modifient. Cette division de travail microsociologique se reflète au niveau macrosociologique, au niveau de l'Etat. Les
tâches d'Etat sont de plus en plus nombreux mais aussi de plus en plus étroits : spécialistes d'instructions publique, de
bâtiment....
• l'urbanisation, reliée directement, la encore à la croissance économique, avec l'apparition de grandes usines
nécessitants une main d'oeuvre de plus en plus importante. Appel de main d'oeuvre.
Cette urbanisation est également perçu comme un élément de complexification de la société.
• la mondialisation = l'extension géographique des échanges. Transformation technologiques de la communication
( ferroviaires mais aussi télégraphe, apparition du téléphone un peu plus tard, premiers avions... ). rend la société encore
plus complexe. Le monde qui était réduit au visage se désagrège, se fond dans un monde plus vaste.

Dans ce phénomène de complexification, WAGNER met l'accent sur certains facteurs explicatifs de la croissance de l'Etat.
• Il met l'accent sur l'urbanisation. La vie urbaine n'est pas possible sans développement de services publics
spécifiques, contrairement à la vie dans les villages. Dans les villages possibilité d'aller chercher l'eau tout seul, en
ville on ne peut fonctionner autrement qu'avec le développement d’adduction des eaux ( canalisation, épuration des
eaux, évacuation des déchets, alimentation des foyers en eau … )... ce genre de services appelle le développement
de l'action de l'Etat.
▪ Transports. Dans les villages pas besoin de voitures, on utilise les bêtes, on se déplace pas beaucoup.à
partir du moment ou tout le monde se concentre en zone urbaine, tout le monde a besoin de transport => il
faut moyens de transport collecifs, moins chers, surtout pour accéder aux usines. Les usines exercent une
pression pour que le temps des ouvriers se réduise.
▪ Systèmes d'éclairage. À partir encore de la comparaison entre la vie rurale et la vie urbaine.
▪ Services de polices....

• les transformations du Ksme contemporain de son époque. Il observe de cette époque la transformation du
Ksme du point de vue des structures du marché. Concentration des entreprise qui augmentent en taille aussi bien
en nombre de salarié, en chiffre d'affaire... mais relatif par rapport au marché. on voit apparaître des situations
d'abus de position dominante : monopolistiques( peuvent imposer marges de bénéficiaire déraisonnable ) ou
oligopolistiques ( plusieurs entreprises sur le marché qui s'entendent ). c'est un PBM face auquel il faut une force
plus puissante que celle des entreprises pour casser la position dominante ou la position d'entente => nécessité dans
l'intérêt général qu'un Etat suffisamment puissante impose des règles. Besoins de régulation étatique des marchés.

CCL sur WAGNER : l'expansion d'Etat est directement liée aux transformations économiques. Les deux facteurs qu'il met en avant
sont liés à la croissance économique. OR l'évolution économique personne n'en décide.

Une autre théorie est celle d'un spécialiste d'économie politique Arold WILENSKY, ouvrage 1975 The welfare state and
equality : structural and ideological roots of public depense. Il précise bien les liens entre croissance et l'évolution de nouveaux
secteurs de politique publiques caractéristiques du milieu 19ème et 20ème siècles. Il s'intéresse à la question de systèmes de
protections sociales, tente d'expliquer leur évolution sur une période d'1siècle.
Pour lui le facteur explicatif = effets démographique de la croissance économique. Il s'intéresse à la transition démographique.
cette transition entraîne une croissance de services publics sociaux, cette croissance de secteur social de l'Etat entraîne la
croissance des autres secteurs => Augmentation du nombre de personnes âgées dû au TM bas, apparition du pbm en fin de vie,
donc systèmes de retraites. Cette pbmtq des systèmes de retraite complétée par la pmbtq des accidents du travail est résolue par les
techniques assistancielles, soit par K° ( on épargne l'argent ) soit par mutualisation ( on cotise dans une caisse ).
Ces deux techniques font émerger d'autres idées : on peut prendre aussi en charge les coûts liés à la maladie, à la grossesse, au
risque de perdre le travail... l'idée se duplique sur d'autres enjeux. ( voir schéma sur feuille )

On est encore sur un facteur explicatif principalement basé sur la croissance économique, qui s'articule avec transformation
technologiques, avec l'explosion démographique qui produit des besoins nouveaux. C'est une explication par le bas.

Une autre théorie explicative, celle d'auteurs britanniques PEACOCK et WISEMAN. étude La croissance de la dépense
publique dans le RU. S'articule avec la loi de Wagner. Ils repartent de la loi de Wagner et entendent lui apporter plus de précisions,
produisent une théorie analytique novatrice qui reste connue sous l'intitulé « d'effets de seuil », « effet criquet » ou « effet de
déplacement ». Ce sont des phénomènes d'évolution de dépenses publiques au moment de grandes crises économiques ou
géostratégiques qui impactent un territoire.

Commentaires d'extraits :

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En période normale, la fiscalité ne bouge pas beaucoup car le seuil apparaît normal. Mais les perturbations comme les guerres
provoquent un effet de déplacement. Ils raisonnent sur la loi de Wagner. Au moment de guerre croissance des dépenses,
augmentation d’impôts pour financer ces dépenses, impôt accepté politiquement. Ensuite taux de croissance de dépenses qui reste
élevé dans un contexte de reconstruction. Or la population s'habitue à ce niveau d'imposition élevé, en particulier parce que l'Etat
redistribue ces richesses ( donc le coût des ménages diminue car l'Etat intervient dans l'hospitalisation, système de pension,
réparations, parfois alimentation... ). Les partis politiques construisent des consensus, acceptation politique du phénomène. Au
sortir de la période de reconstruction, D et R diminuent, mais l’impôt de revient jamais à son seuil antérieur . On l'observe sur les
moments de crises.

La on est toujours sur une explication de type interactionniste. Élément explicatif involontaire, ni les guerres ni les crises ne sont
voulues, non pas politiquement, mais dans le sens ou elles n'ont pas lieu expressément pour augmenter l'intervention d'Etat. Ces
éléments échappent à l’intentionnalité, ne correspondent pas à un élément stratégique d'expansionnalité de l'Etat.

=>Les 3 théories sont complémentaires.

2 – L'expression d’État comme résultat de pression exercée par les gp d'intérêt


Distinguer gp d'intérêt et gp de pression. Un gp de pression est un gp d'intérêt qui s'active en direction de l'Etat pour obtenir de lui
des actions satisfaisant les intérêts de gp. Tout gp d'intérêt n'est pas un gp de pression. On place dans le champ d e gp d'intérêt des
gp vastes comme les classes sociales. Ce qui nous intéresse ici se sont les gp d'intérêts s'activant en tant que gp de pression.
Plusieurs analyses :

→ analyse la plus générale, celle de STIGLER, dans Economics of the public sector, 1983. il énonce la théorie de la
concentration différentielle. ( différences des bénéfices et des coûts de la fonction pbq ). l’élément explicatif est l'action des gp
de pression sur la structure étatique. Plus il y a de pression, plus l'Etat répond à la demande en mettant en œuvre une production de
B&S. Il observe que chaque fois qu'il y a un gp de pression, sans jugement de valeur sur la légitimité de ses revendications,
demande un service à l'Etat, cette dépense publique bénéficie seulement au gp d'intérêt concerné. Le bénéfice revient à un gp
en particulier alors que le coût concerne l'ensemble de la population. Le coût est diffus alors que le bénéfice est concentré ( d'où
l'adjectif différentielle ). Politiquement cela généré une satisfaction forte pour le gp bénéficiaire. À chaque dépense
supplémentaire, un segment électoral est satisfait. On pourrait penser que les contribuables se transforment en gp d'intérêt de
pression, Or il ne constituent pas une catégorie de mobilisation politique, forte sur le 19ème et sur le 20ème siècle. Il existe peu de
révoltes de l'impôt. Donc pas de contre-pouvoir. Une autre observation = chaque contribuable a plusieurs identités, il est aussi un
agent social inséré dans des gps d'intérêt ( peut être médecin, agriculteur.. ) Il peut donc être bénéficiaire dans certains cas.

→ théorie qui concerne un type de gp de pression particulier, plutôt anti-étatiste, hostile au rôle puissant d'Etat dans la société. On
les retrouve aussi bien dans le champ de science économique relevant du paradigme néo-libéral, considérant qu'il s'immisce dans
le marché et nuit au fonctionnement de celui ci. On le trouve aussi dans les courants conservateurs qui ont le mode de vie agraire,
ui voit dans l'intervention d'Etat une dimension moderne qu'ils n'apprécient pas. Pointent un gp en particulier = les fonctionnaires.
=> analyses critiques de bureaucratie, pointant le rôle de fonctionnaires, et donc le rôle croissant de l'Etat.

Il n' y pas un auteur précis mais des lignes d'analyse. Peter Rose par exemple, dans son essay de 1978 Can gouvernement
bankrupt ? Et la réponse est oui. Il l'explique dans la phrase « les responsables des principaux programmes de Welfare state ont
une réponse simple à la qst cb il faut dépenser : davantage ». Tout responsable a une mission a remplir, qui est la production
d'une prestation de service public. D'un certain point de vue il peut avoir le souci légitime de le produire le mieux possible. Or plus
il y a moyen, plus la qualité de service s'améliore. Donc il va chercher a augmenter la dotation qu'il bénficie à son service, pour
remplir la mission le mieux possible. Le même phénomène s'observe au sommet de l'Etat. Si la dotation augmente on dit que le
ministre a réussi. Le « davantage » paraît légitime. => augmentation globale des dépenses.

→ théorie de Niskamen dans son ouvrage Bureaucracy and representative gouvernment 1971. il s'intéresse surtout au
phénomène de croissance du nombre de fonctionnaire et l'explique par une double caractéristique des services publics.
• Surproduction de services publics, objectif central de tout manager public est la maximisation du budget pour réaliser
la mission qui lui est confiée, dans les meilleurs conditions possibles.
• Dans l'activité de service public il n'y a pas de sanction économique de la productivité. Pas d'incitation, de récompense
pour contraindre les manager publics à accroître les performances économique de leur service. C'est-à-dire pour faire
mieux, un budget constant ou même un budget décroissant. En absence de sanctions et d'incitations permettant de faire
pression sur des gains de productivité on reste sur une production constante et donc pas d'autres solution que d'augmenter
les moyens et d'obtenir plus.

=> tendance dépensière de l'administration, qui peut donner lieu à des discours politique d'hostilité. Mais ce n'est pas seulement un
discours politique, il s'agit d'une réalité sociologique clairement observable.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 28


→ On a beaucoup pointé le SU comme facteur d'expansion d'Etat, en particulier par un mécanisme de l'extension du marché
électoral ( en volume ). le nombre d'homme de partis politiques n'augmentant pas en proportion de la population, chaque parti doit
s'adresser à une proportion large de la population pour emporter une élection. Faire des promesses d'amélioration de chaque
segment électoral. Cette extension du SU renforcerait le phénomène de promesse électorale, qui doivent être tenues au risque de
perdre les élections suivantes. D'où tendance de développer des politique publiques pour réunir suffisamment d'électeurs satisfaits
pour être réélus.
Une autre variante consiste à évoquer l'alternance électorale, alternance bipartisane gauche droite comme au RU. Chaque parti
satisfait son électorat, l'équipe suivante fait la même chose sur d'autres secteurs propre à son électorat. Alternance provoque
augmentation de dépenses sur des secteurs différents par alternance. Personne cherche l'extension d'Etat mais cela arrive par la
force des choses.

Parmi les gp de pression on a beaucoup pointé le rôle de certains partis politiques plutôt que d'autres. ( partis de centre-droit et
centre-gauche). Partis sociaux démocrates et social démocrate chrétien à l'échelle de l'Europe. Chez Francis Cassels, il arrive à
corréler la présence de ces partis sur une période de croissance. MAIS CRITIQUABLE Ils sont recentrés sur le champ politique et
en raison de leur position leur chances d'arriver au pouvoir est plus élevée.

Rôle des syndicats, notamment fin 19ème = élément explicatif du grossissement d'Etat lorsqu'il s'allient avec des partis réclamant
l'amélioration des conditions de vie des travailleurs, des classes populaires, passant par les interventions de l'Etat. Ce genre
d'analyse fonctionne pour certains pays comme les pays scandinaves, où l'articulation entre les deux est forte et où ils prédominent
la vie politique durant le 20ème siècle. Mais cette analyse ne fonctionne pas très bien car par exemple dans le cas de la France,
mouvement ouvrier mais régime se libéralise dans les années 60. La social-démocratie naissante en Prusse est réprimée.
Les politiques publiques nouvelles à la fin du 19ème qui vont dans le sens d'un interventionnisme, émanent du gouvernement et
non d'une demande politique.

S'agissant de la France, sur la fin du second empire, on a un ensemble de législation sociale comme par exemple loi sur
l'interdiction de travail des enfants, loi limitant l'heure du travail pour les femmes.... sous la 3ème développement du mouvement
ouvrier tardif par rapport aux autres pays européen. Bourses de travail sont fondées à partir de 1887, conséquence de la loi de 1884
libéralisant la perspective d'organisation ouvrière.

Congrès 1895 création de la CGT. Dans le cadre de cette confédération le mouvement ouvrier se développe. 1913 on compte près
de 1M de syndiqués en France dont environ 1/3 à la CGT représentant 9% de la population active. Au même moment
l'engagement syndicale en GB est de 25%. ce mouvement ouvrier émerge lentement et est en retard par rapport aux autres pays.

Succès électorale 1906 avec 51 députés à la Chambre, plus tard 103 députés. Le mouvement socialiste va se cristaliser autour de
conflit socialisme et communisme.

==> La croissance de l'Etat est expliquée au fond comme une somme de pressions, liées à des phénomènes séparés : bureaucratie
d'augmentation de budget de chaque secteur, surenchere de promesses électorales, mobilisations de mouvements sociaux. Tous ces
mouvements mettent une pression sur l'Etat sans intention politique sans être voulu par telle ou telle catégorie d'acteurs.

B – L'expansion d'Etat comme résultat de stratégie politique ( perspectives directionnistes )


Donne lieu à deux schémas interprétatifs. On trouve des analyses d'origine diverses qui rattachent cette expansion d'Etat à des
intentions.
On trouve cette analyse dans la sociologie Marxiste ou post-marxiste, où l'évolution de l'Etat est intéressé sous l'angle des intérêts
de la bourgeoisie. Etat = instrument de cette classe dominante.
On peut également trouver des analyses qui rapportent cette analyse à des projets politiques d'un Etat intervenant plus, assumant
son rôle croissant.

1 – L'approche Marxiste: l'expansion d'Etat comme « béquille » du Ksme


Approche intéressante pour savoir pq les courants Marxistes peuvent se trouver en opposition forte contre des orientations de
politique publiques qui d'un point de vue pourraient paraître conforme avec les intérêts des ouvriers. Le développement de l'EP
n'est pas nécessairement perçu de façon positive. Elle est au contraire perçue comme une stratégie politique de la classe
dominante pour éviter un certain nombre de crises qui la déstabiliserait.c'est comme une façon de compenser certaines
tendances économiques néfastes. Vu comme un palliatif utilisé par la bourgeoisie pour éviter un effondrement de Ksme. Dans cette
grille matérialiste et déterministe de la vie politique, un certain nombre d’éléments devrait conduire le Ksme à son effondrement.
Dans cette perspective l'EP = moyen au service du Ksme pour faire durer son avenir.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 29


Béquille du Ksme repris par le ministre communiste. Au delà de cette expression plusieurs auteurs contemporains vont dans ce
sens. Ex : Ian GOUGH The political economy of the walfare state, 1979 + autres ( voir enregistrement )

2 grandes lignes d'argumentation :


• le Welfare State est un instrument de légitimation politique du Ksme : pour comprendre il faut placer ce cadre
d'analyse dans une dimension générale. Il y a 2 grands ensembles de moyen qui permettent à l'Etat bourgeois d'imposer
sa domination
• la force : en terme de politique publique et institutionnelle ( ex : force police, armée )
• l'idéologie :
◦ rôle de l'Eglise ( 19ème s) ,
◦ des intellectuels organiques ( écrivains, journalistes, intellectuels... )justifiant l'ordre établi et la
domination sur la minorité,
◦ l'école ( ensemble du système scolaire comme modalité de diffusion idéologique comme moyen
d'acceptation d'ordre établi ),
• les politiques sociales comme par exemple développement de sécu : qui rajoutent de nouvelles formes
d'action destinées à pérenniser le système Ksme, et à éviter que malgré les défauts et inégalités du Ksme,
celui-ci perdure. On interprète l'apparition des instruments sociales comme une façon de sauver la
révolution. Servent à gagner du temps sur l'histoire, et à transférer les coûts de l'entreprise sur l'Etat financé
par la population.
Raisons et légitimité, pbm de légitimation dans Ksme avance, Habermas, montre que la fonction de l'EP est
de réduire l'impact des crises non seulement économiques, mais aussi sociales et politique => donc résoudre
la crise séculaire de légitimtié du Ksme.

La crise de 1930 a été un élement moteur de l'évolution de la pensée Marxiste. Elle apparaît comme un symbole
d'épuisement du Ksme. En même temps, pour faire face à cet échec l'Etat se renforce et renforce son activité sociale :
Politique de relances apparaissent comme par exemple New Deal.

Cette grille analyse est souvent aussi basée sur l'étude des régimes autoritaires. C'est sous des dictatures radicalement
anti-ouvrières que sont prises les premières lois sociales, qui sont censées les maintenir encore plus sous la domination, à
éviter qu'ils se révoltent.

• L'EP est perçu comme un instrument économique de défense des profits privés. En quoi l'EP sert-il à défendre ces
profits privés. Il faut rapport la question à un cadre d'analyse très général. Ce cadre est supposé déterminer le futur
historique = abaissement tendancielle des taux de profits. Loi naturelle des stés à partir du paradigme Marxiste. Cet
abaissement est lié à un phénomène de substitution du K au L dans les facteurs de production. Le remplacement de
l'homme par la machine. Ce phénomène de substitution est analysé par Marx dans le Capital, dans l'observation directe
de la révolution industrielle. Cela amène les entreprises à augmenter les investissement dans les technologies =
machination de l'activité ouvrière. On peut exploiter la force de travail humaine mais pas celle d'une machine. La
machine a une valeur qui se mesure sur le marché. Cette valeur est déterminée par l'O&D sur le marché, par le K investi
dans la machine mais aussi par les anticipations de gain de ce que produira la machine.
La force humaine peut être exploitée et on peut abaisser la rémunération de travail pour dégager un bénéfice, qui se
trouve que sur le facteur travail et non sur le facteur K. Or la révolution industrielle procède à une substitution. Cette
diminution tendancielle amène à des crises comme celle de 29. l'Etat adopte dans ce cas une stratégie perverse, qui a pour
but de tromper la position dominé/dominant.
Donc l'EP est un moyen de résister à cet abaissement, de le compenser provisoirement en revalorisant le taux de profit des
entreprises, en améliorant, en transférant une partie de leur charges sur le budget public. Une partie de leur couts de
production est prise en charge par l'Etat. L'Etat prend en charge l'école, l'éducation des travailleurs mais aussi le transport,
les routes, les politique d'assurance maladie... les entreprises ont un besoin vital de cette intervention mais n'en payent pas
le coût réel.

=> ici le grossissement d'Etat n'est pas un hasard, résulte de la volonté d'une classe politique.

=> contradiction entre social-démocrates ( Etat intervient dans une forme bienveillane ) et communiste ( Etat pervers )

2 – L'expansion d'Etat comme produit de doctrine et de légitimation politique


Analyses qui mettent l'accent sur d'autres facteurs que les marchés, la productivité.... mais plutôt sur le rôle des partis politiques
mais également sur le rôle de la doctrine.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 30


Ici on considère 3 pays, Fr, GB, Prusse = prédomine des doctrines explicitement favorables à l'expansion d'Etat.

a- La Prusse
Doctrine gouvernementale favorable au rôle et à la croissance de l'Etat = le socialisme de la chaire et la doctrine du chancelier
Bismarck sur plusieurs décennies de gouvernement. Aussi bien sous un aspect ou sous l'autre, on observe qu'on a affaire à un Etat
puissant par rapport à la société civile ( Etat prussien = idéal type d'Etat bureaucratisé, administration systématique et
rigoureuse ). c'est un Etat technocratique ou les fonctionnaires sont puissants politiquement. Les mouvances socialistes sont très
précocement favorables à l'Etat.

2 types de socialisme

→ socialisme ouvrier par le parti social-démocrate allemand : réprimé de 1860 à 1914. ce parti apparaît comme un pbm
politique majeur pour le gouvernement prussien. Ça se traduit par une politique de + en + explicite de répression avec la fameuse
loi de 1878, loi sur le socialisme. Cette loi autorise toutes les formes de répression du parti social-démocrate. Cette loi conduit en
particulier à la fermeture de tous les organes de presse, de journaux socialistes. Elle interdit également toutes les formes
d'organisations ouvrières de type mutualistes, suspectée de devenir des modes d'organisation politique sous couvert de
mouvements mutualistes.

Cette loi est centrale jusqu'en 1891, date à laquelle conscience de l'échec de cette politique est évidente. + répression, + la
politique socialiste se développe. Empereur Guillaume II à partir de 1890, oblige son chancelier de renoncer à cette politique. Ce
dernier préfère démissionner plutôt que de changer de politique.

La dimension idéologique est également présente, qui oblige à défendre un socialisme politiquement acceptable.

→ Socialisme de la chaire, se diffuse dans le corps des universitaires, des intellectuels mais aussi fonctionnaires. Donne lieu en
1872 au congrès des professeurs Eisenach. Produisent un manifeste qui constitue un texte fondamental, virulemment anti-néo-
libéral. S'oppose à l'école de Manchester. Société qui se construit comme anti-libérale. Adolf WAGNER est un des représentants.
+ Shmoller... ils présentent l'Etat comme responsable d'une gde mission historique « grand instituteur moral de l'humanité ». il
s'agit de lui donner une mission centrale, paternaliste et une mission de formation des esprits.
Ce type de socialisme est particulièrement important au sein du monde germanique. Le manifeste oblige l'Etat de faire participer
une fraction de plus en plus de la population aux biens de la civilisation. C'est donc un état redistributeur en termes de richesse,
biens matériels mais aussi intellectuels comme par exemple l'éducation. C'est une visée de type socialiste, qui n'est pas
contestataire à l'égard du pouvoir.
Association pour la politique sociale, sorte de think thank proche du pouvoir, opposé au libéralisme économique. Elle va
subsister et marquer la culture des élites allemandes pendant plusieurs décennies. On en tire les origines d'un concept qui décrit
plutôt l'Etat de la deuxième moitié du 20ème. On caractérise la perception étatique comme l'économie sociale du marché, qui tire
son origine doctrinale de ce courant. Ce socialisme intellectuel, étatique est également nationaliste. Place au cœur de sa
préoccupation l'unité nationale.
Idée = ressouder la nation traumatisée par la révolution industrielle. Appelle l'Etat à intervenir dans le bien être économique, le
peuple étant martyrisé par l'industrialisation. La nation apparaît comme exploser par les transformations économiques et sociales
de l'époque. Cette ligne aboutit à un nationalisme fort qui s'oppose à tout ce qui est supposé de diviser la nation, comme
l'idéologie de la lutte des classes. Le développement du parti social démocrate restera faible, mais dominé par ce socialisme.

C'est donc un socialisme nationaliste pas sans relation avec le développement du national socialisme ( qui radicalise les idéologies
déjà présente ).

On peut y trouver une dimension relativement égalitaire.


Système fiscal redistributif, corrigeant le système du marché par le biais de l'impôt. Taxer les enrichissements sans cause ( les
dividendes ).

Mais ils mettent également en avant la supériorité du peuple allemand, très colonialiste,
en 1870, le chancelier Bismarck ecrit à Shmoller pour lui demander de faire partie de l'association, en lui disant que l'asso peut
compter Bismarck comme l'un des partisans de l'association.

Dans le message au Reichstag du 17 novembre 1881 l’empereur sous la plume de Bismarck, explique le rôle de l'Etat en tant que
missionnaire pour instituer des institutions, fait dire à l’empereur que l'Etat est un Etat social, providentiel, qui vient au secours des
plus nécessiteux, qui vient protéger les institutions et les plus pauvres. => double action : une action de répression et une action de
récupération.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 31


Sous l'auté de Bismarck on voit apparaître les premiers systèmes d'assurance sociale. Première fois au monde. Démontre que l'Etat
est puissant qu'il est capable de négocier ces idées par le patron industriel. Assurance obligatoire, avec cotisations partagées entre
employés et employeurs. = paritarisme.
Loi de 1884 assurance accident du travail obligatoire, qui était optionnelle en 1881.
loi 1889 crée l'assurance invalidité vieillesse ( assurance retraite ) système obligatoire de cotisation paritaire.
=> genère croissance de l'Etat car il faut accompagner tous ces dispositifs, en augmentant le nombre de fonctionnaires, renforcer
l'Etat prussien. => intentionnalité de penser, d'accroître l'Etat.

Cette politique bismarckienne a eu une influence considérable sur la France après la 1GM. Tous ces dispositifs développés en
Allemagne sont intégrés dans les territoires allemands, y compris en Alsace et Lorraine. Les principaux leaders politique qui vont
porter les lois sociales à l'AN dans les années 30 sont originaires d'Alsace et Lorraine. Ils les importent dans le champ politique
français.

b- La France
Auteur important dans l'analyse de la situation de la France, Jacques Donzelot, L'invention du social, 1984 => analyse
l'expansion d'Etat comme une stratégie. Il montre que l'EP est une solution politique qui est celle de la classe politique de la 3ème
république, une classe politique très imprégné du solidarisme républicain (courant diffus, caractéristiques du parti radical, dispersé
dans sa sociologie politique, composé de notables, hétéroclite, toujours au pouvoir car au centre ). Dans cette classe politique la
révolution de 89 est prégnante. Ces personnes se sentent républicains. Ont peur de 2 types de révolution qui semblent menacer
cette démocratie naissante
• révolution bolchevik
• révolution réactionnaire, conservatrice avec retour de la monarchie

tout cela à une époque ou la république n'est pas tout à fait stabilisée.

Ce parti se situe dans une sorte de nini. Ils sont confrontés à plusieurs problèmes
• Augmentation de la classe ouvrière
• Vaste partie de la population pauvre
• inégalités sociales criardes au regard des valeurs égalitaristes de Révolution 89

=> contradiction entre valeurs révolutionnaires ( égalitarisme juridique )et la réalité concrète.
L'EP apparaît comme la solution à ce pbm pour arriver à stabiliser le pays entre deux risques majeurs. Le développement de
politique sociales, de services publics d'aide au plus démunis question scolaire assistance sociales = modalités pour résoudre ce
pbm. = stratégie politique délibérée.

À rattraper la fin du cours

c – Le RU
Prédominance de doctrine politique favorables à une croissance du rôle de l'Etat. Doctrines Keynésiennes et Beveridgiennes au
milieu du 20ème auront influence mondiale. Expriment sur un mode théorique, philosophie politique une volonté explicite
d’accroissement à l’État dans ses rapports avec la société. Keynes, Théorie Générale, présente un paradigme de sciences
économiques et fait de l'Etat un acteur central, voire nécessaire du circuit économique + légitime sur le plan politique les
interventionnismes économiques. On parle de révolution Keynésienne. La théorie de Keynes reflètent une transformation des
politique occidentales, antérieure à Keynes lui même. Dans ce sens Keynes ne transforme pas l'économie dans son coin.
• Il examine le système économique dans les années 30, où la croissance des économies en Europe est caractérisé par
« effet de seuil » suite à la guerre. L'augmentation de la fiscalité pendant la guerre et après s'accompagne de
justifications politiques.
• Les politique de relance économique sont conduites aux EU à partir de janvier 32, politique de New Deal, cette
politique antérieure à la théorie de Keynes, mais sera appelée plus tard politique keynésienne. Vis à mettre fin aux
conséquences de la Grande dépression : lance des grands travaux qui ont pour but d'augmenter l'offre d'emploi. Ce
faisant cette politique soutient aussi la demande et donc le PA des populations. Cette politique a marché. À l'époque les
investissements publics bénéficient aux pays, sans augmenter les importations, pays assez fermé et donc la politique
fonctionne et la croissance repart. En 1936, lorsque Keynes écrit la Théorie générale, on sait déjà que cette politique
marche. Il est d'autant plus facile pour Keynes qu'il baigne dans cette culture lorsqu'il écrit le livre : il est haut
fonctionnaire britannique, directeur de la banque centrale anglaise. Dans ce sens sa politique n'est pas si novateur que ça.

Au lendemain de la 2GM, politiques en Europe ou l'Etat joue un rôle quoiqu'il arrive. Il n'y a pas de position neutre d'Etat.
Une puissance de capacité d'Etat pour arriver à maîtriser ces idées => l'idée d'Etat fort se diffuse, ( plus fortement sur le continent

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 32


européen plutôt qu'en amérique ). donc nationalisations massives des entreprises, pensées comme faire de l'Etat un co-entrepreneur
de l'économie pour la diriger plus efficacement.

Ce qui se joue pendant la 2GM est aussi important. Conséquences importantes dans les autres pays mais pt de départ au RU.
Référence à la notion de Situation obsidionales. Le RU se considère assiégé = Warfare state. État de guerre où toute la société
doit s'organiser pour faire face à l’Allemagne, dans un futur incertain, ou personne ne savait cb de temps durerait la guerre. Tout le
monde se prépare à faire face à un siège de 1000 ans ( le Reich était censé durer 1000 ans). Le primat de l'Eglise anglicane énonce
ce contrepartie de la politique de guerre « si tout le monde doit faire face à cet assiègement, tout le monde doit bénéficier des
mêmes conditions de vie ». Dans cette conception Beveridge = député libéral britannique. Le gouvernement Churchill lui confie la
charge d'élaborer des rapports sur l'organisation de système de protection nationale qui prolonge ces pensées. Sir William
Beveridge rapport 1942 « Assurance sociale et services connexes »,
• veut édifier un système de protection sociale britannique, très progressiste, universaliste et égalitariste, avec accès aux
services de santé ( largement gratuits ou à faible coûts ). Pour tous les britanniques, la critère d'accès est la citoyenneté et
non l'appartenance à une corporation spécifique.
• Ce système est financé par l'impôt sur le revenu et non par le système des cotisations sociales prélevées sur le salaire.
Il couvre comme risques sociaux une gamme d'enjeux politiques : la maladie, l'accident du travail, le décès, la vieillesse,
la maternité, le chômage... => système non seulement égalitariste mais aussi large du point de vue des champs de
couvertures sociales.
• Les prestations sociales sont uniformes, qqs soit le niveau de revenus des individus.

Il rend un 2ème rapport, qu'il considère plus important que le précèdent, en juin 1944 « full employment in a free society ».
considère que ce deuxième rapport était le plus essentiel. Pour lui el chômage est le risque social majeur dont découle toutes les
formes de vulnérabilité sociale. Ce doit être une fonction de l'Etat de défendre ses citoyens contre le chômage. Celui la est moins
connu. En juin 44, la situation a complètement changé et l'issue de la guerre est possible. Le phénomène obsidionale cesse et ses
impactes sur le champ politique, dans la société cette culture perdure tant que les sociétés se sentent menacées.

Avec ces deux rapports Beveridge produit une doctrine qui forme bases théoriques de Welfare state. Les transformations
politiques font qu'une grande partie de ses idées ne seront pas mise en œuvres. Ses idées trouveront une concrétisation plus dans
les pays social-démocrates dans le nord de l'Europe.

Pierre Larocque qui sera le premier directeur de la Sécu en France, proche de DG, dans les ordonnances de 45 il cite souvent les
rapports de Beveridge, qui est sa source. Mais loin des politique françaises en ce qui concerne leur mise en œuvre. Les
ordonnances de 45 sur la sécu reflètent cette inspiration mais la réalité de leur mise en œuvre conduisent à un autre résultat, à
cause des dérogations introduites dans ces ordonnances.

CCL Chapitre 5 :
• l'accroissement des moyens d'action publique, est l'un des phénomènes majeurs de l'histoire politique des derniers siècles.
Ce phénomène d’accroissement quantitatif de l’État, qui donne l'une de leur grande caractéristiques. Cette caractéristique
est le résultat d'un processus complexe et non le résultat d'une écriture constitutionnelle. Processus historique sur lequel
se pose la question de savoir si c'est intentionnel ou pas.

• Cet accroissement conduit à des transformations de son organisation interne. C'est pas seulement un phénomènes
quantitatif d'augmentation d'agents publics … c'est aussi une restructuration interne avec une multiplication d'actions
publiques. Sectorisation de l'action publique qui se lie à des niveau infra-ministerielles dans la multiplication de nombre
de politique menées pour la société .

• L’interprétation de cette transformation en sciences sociales n'est pas aisée, il n'y a pas d'explications indiscutables. Il
existe une multiplicité de théories interprétatives, qui se complètent mais qui sont pas forcément contradictoires, avec
beaucoup de variables qui entrent en considération. Elles peuvent aussi diverger en particulier sur le caractère subi, voulu
de cette croissance de l'Etat avec deux grands ensembles : perspectives interactionnistes et perspective directionnistes

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 33


Partie II – Sociologie de l'Etat démocratique contemporain

Cette partie vise à compléter la précédente


• aborder la question de l'Etat démocratique
• préciser l'analyse sur les Etats
• réponses de type sociologique et non philosophiques qui nécessitent de considérer l'histoire des idées politiques.
Réponse consiste à faire apparaître 4 grandes dimensions qu'on trouve dans ces Etats dits démocratiques
◦ dimension reflétée par l'expression d'Etat de droit
◦ dimension reflétée par l'expression canonique l'Etat représentatif ou gouvernement représentatif
( forme de représentation des citoyens )
◦ dimension de ce que l'on pourrait appeler non la SDP mais la dispersion des pouvoirs qui est
caractéristique des Etats Occidentaux qui tenté de l'imiter le pouvoir d'Etat en dispersant le pouvoir.
Système américain : « checks and balances » même si en Europe ce n'est pas forcément à l'image des
EU.
◦ Dimension d'EP commun à ces pays occidentaux

Cela ne signifie pas que y a que ces 4 dimensions. Mais c'est plus difficile d'appréhender l'organisation d'Etat si on se concentre
sur d'autres dimension. On ne peut en garantir l’exhaustivité.

Typologie de régimes politiques : On fonctionne sur 3 grands formes de régimes politique en sociologie politique
• la forme totalitaire
• la forme autoritaire
• la forme démocratique

Y a toujours une forme d'ethnocentrisme de légitimer le régime dans lequel nous vivons.

→ On parle pas de régime totalitaire mais de situation totalitaire. On parle de régime totalitaire notamment à partir de Arendt
( Le Système totalitaire : les origines du totalitarisme ). Elle essaye de distinguer système totalitaire et autoritaire. C'est une forme
exceptionnelle.
• Les règles juridiques dans ce forme de gouvernement deviennent secondaires. La société n'est pas régie à
travers le droit, l'Etat s'en passe.
• C'est une forme éphémère. Le totalitarisme épuise la société, l'affaible, jusqu'au moment ou cet affaiblissement
globale de la société aboutit à un renversement de ces situations totalitaire. L'Allemagne nazie s'est épuisé à
l'intérieur mais aussi à l'extérieur. Ex : Khmer Rouges au Cambodge, les déchaînement de violence sont telles
que la société se trouve laminée.

On l'analyse à partir de l'histoire nazie mais aussi communiste qui ont pu être qualifié de totalitaires au moins sur une période de
l'histoire, même si cette qualification fait l'objet de controverses académiques et politique.
Le système soviétique sous Staline a pu être qualifié de totalitaire, en Chine sous Mao et sous certaines périodes, au Cambodge
Pol Pot, systèmes politique plus récents en particulier Iran sous ayatollah Khomeiny ou encore Afghanisan sous les tallibans.

Thèse Arendt : « le totalitarisme diffère par essence, des autres formes de politique que nous connaissons telle que la dictaure
la tyrannie ... ». selon elle la différence centrale est que dans le gouvernement totalitaire la finalité est d'arriver à dicter aux
individus tous les aspects de la vie des individus, y compris les aspects les plus intimes. Objectif = diriger les individus jusque
dans leur for intérieur, s'assurer que la personne est en adéquation avec la politique. Ex : simple fait de porter des lunettes était
un signe d’inéquation susceptible d'entraîner la mort, sous les Khmer rouges => contrôle politique des individus dans leur moindre
gestes.

Dans cette perspective la distinction qu'on fait entre l'Etat et et la société civile disparaît. Elle dit que la règle de droit n'a plus
d'importance, c'est plutôt le discours, la violence mais aussi l'émotion qui régulent la société. Le fait de rentrer dans la vie la plus
intime des individus permet de faire la différence avec les autres formes politiques.

→ régime autoritaire ( on peut parler de régime ici ). apparaît comme une catégorie intermédiaire qu'on oppose à la situation
totalitaire et au régime démocratique. Les régimes autoritaires ne vont pas aussi loin dans leur exigence des individus vis-à-vis du
système politique. Ils ne cherchent pas à entrer dans la des individus mais au contraire ils se satisfont d'une indifférence des
individus vis-à-vis des enjeux politique, et d'une adhésion de façade. On peut y survivre si on ne dit rien, si on s'exprime pas. Ce
qui sont traqués ce sont les opposants.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 34


La situation est plus controversée. On peut partir d'une définition du Traité de science politique 1985, chapitre de Guy Hermet
sur les régimes autoritaires : «c'est un rapport gouvernant-gouverné reposant de manière suffisament pérmanente sur la force
plutôt que sur la persuasion. Également une relation politique dans laquelle le recrutement des dirigeants relève de la
cooptation et non de la mise en concurrence des électorale des candidats aux responsabilités politiques» . On voit apparaître
dans cette définition le positionnement intermédiaire dans les 3 régimes. On construit le régime autoritaire par opposition au
totalitarisme ( « plutôt que sur la persuasion »). deuxième partie de la définition démarque l'autoritarisme de régime démocratique
« recrutement des dirigeants », importance des élections dans la désignation des dirigeants...
Mais la définition reste discutable
• on peut dire que toute forme de gouvernement peut utiliser persuasion et force. Si la persuasion renvoie à l'idéologie, tout
régime politique s'accompagne d'une idéologie. ( ex : idéologie de stabilisation révolutionnaire : peuple est citoyen et non
plus sujet du roi )
• second critère : il n'y a aucun régime ou les formes de cooptation soient absentes de la sélection des gouvernants.

La distinction autoritarisme et démocratique est donc plus difficile. On distingue plus une forme de gradation qu'une forme de
distinction nette.
• Une gradation sur le caractère plus ou moins compétitif des systèmes électoraux.
• Caractère + ou – libre de l'expression des opinions. Le degré de tolérance varie beaucoup, aussi bien au sein d'un
régime qu'on classe autoritaire qu'au sein d'un régime qu'on classe démocratique.
• On classe dans les régimes autoritaires les dictatures militaires, les régimes plutocratiques de l'amérique latine
( régimes bananières), les monarchies du MO, les régimes bonapartistes français, les bureaucraties autoritaires ( les
Etats autoritaires de l'entre deux guerre : portugal, mexique ) et la plus part des pays de l'est communistes... ces
régimes sont des régimes autoritaires à partir qst de savoir quand on fait la distinction entre régime autoritaire et
totlaitaire.

→ régime démocratique : elle a pris la connotation valorisante qu'à la fin du 18ème siècle. Depuis Aristote, le mot démocratie est
au contraire un mot dévalorisant. On différencie selon Aristote 3 régimes
• monarchie
• aristocratie
• politeia ou république

Face à ces 3 régimes, y a 3 autres régimes qui sont des formes dégénérés des 3 précédents. Respectivement
• tyrannie
• oligarchie
• démocratie

la démocratie dans la bouche d'Aristote correspond soit à un kaos, soit à une anarchie. => désorganisation complète pour Aristote.
Cette connotation péjorative de la démocratie demeure.

Montesquieu distingue
• république : il distingue quand même république démocratique et république aristocratique. Le mot démocratie est moins
connoté péjorativement.
• monarchie
• despotisme
la démocratie n'apparaît pas.

Ce qui se substitue est le mot république. C'est Rousseau qui renverse la perception sémantique et culturelle de la démocratie et en
la distinguant de la monarchie et de l'aristocratie, ou tout le peuple exerce la souveraineté. Il duplique le schéma analytique
d'Aristote avec les formes dégénérées des régimes
• monarchie → tyrannie ( qualifie l'absolutisme des monarchies européennes )
• aristocratie → oligarchie
• la démocratie → l'ochlocratie ( correspond à une forme d'anarchie non organisée.

Le mot démocratie dans la langue française devient positif, difficile à distinguer de la république.

On définit la démocratie par un principe représentatif, associé à un principe libéral à la confrontation des opinions, libre
concurrence des candidats. Cette forme de gouvernement se diversifie en forme institutionnelle variable ( régime présidentiel,
régime parlementaire... ). La science politique nous oblige ) observer que si le point commun est le pluralisme, il est souvent limité
en fonction des variables, en fonction des pays...

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ce régime démocratique tel qu'il se présente aujourd’hui a plusieurs caractéristiques. Le seul critère de représentation ne suffit pas
à le définir. On a des états dans le monde ou des élections sont organisées et pourtant on les définit pas comme régime
démocratique.
La dimension juridique qui renvoie à la notion d'Etat de droit devient essentiel. Tous les Etats se prétendent être des Etats de
droit, même s'ils ne le sont pas.

Si on associe au principe représentatif, le pluralisme on tombe sur un autre aspect d'organisation d'Etat, qui est celui de pluralisme
des pouvoirs d'Etat. On voit apparaître 4 dimensions : dont l'accumulation de régime juridique qui encadre les Etats en europe.

Chapitre 1 – Etat de droit

Jacques Chevalier, L'Etat de droit, cette notion devient dans les années 80 une référence majeure dans les discours politiques.
Référence mondialisée, devient label politique de progrès, au point que l'ONU a tout un programme d'évaluation de ses membres
au regard de ce concept. Il considère l'Etat de droit comme une doctrine de légitimation politique, qui sert à faire accepter la
domination de l'Etat. Elle est aussi juridique, car réalise les prescriptions de cette doctrine.

Jean Rivero, dans son manuel de DA renvoie à des cultures politiques différentes. Il observe qu'on rattache à ce concept d'Etat de
droit à la fois les théories germanophones du Rachtaat, les théories anglaises de Role of law, et le principe de légalité en français.
On a donc 3 grandes cultures politiques qui se superposent mais qui sont à distinguer.
« L'Etat moderne peut-il être encore un Etat de droit ? ». on peut définir l'Etat de droit en l'opposant à l'Etat de police. Qui
serait l' équivalent en France du pouvoir de prince.

Norbert ROULAND examine également cette question. Il travaille sur les différents auteurs pour essayer de préciser la définition.
On articule dans la plupart des cas un contrôle judiciaire des actes administratifs, mais si c'est le critère de l'Etat de droit n'est pas
suffisant puisqu'il existait déjà au MA, sur des régimes que personne peut qualifier d'Etat de droit. Or c'est conçu comme qqch de
récent.
Il observe également l'importance du contrôle de constitutionnalité, théorisé tardivement dans l'histoire ( 20ème siècle ), dans la
culture germanophone, par Hans KELSEN. On a des traces antéireures notamment avec la révolution aux EU, mais ce pouvoir
constitutionnel restera relatif aux EU.
Dans la culture française 1795 Emmanuel Sieyès parle de juris-constitutionnel, mais la notion restera sans conséquence.

Il observe également que ces formes juridictionnelles ne suffissent toujours pas à produire une définition complète de l'Etat de
droit puisque fin 20ème ce concept s'articule avec qqch de nouveau : les droits fondamentaux. Ce sont des systèmes de valeurs
exprimées de diverses manières ( dans des déclarations, dans les constitutions.. ), censées orienter l'ensembles de l'activité d'Etat,
le régime juridique et la hiérarchie des normes.

==> le concept d'Etat de droit est un peu comme un mille feuille.

Définition Carré de Malberg : Théorie générale de l'Etat, 1920 , définit l'Etat de droit comme « Etat qui dans ses rapports avec
ses sujets, et pour la garantie de leur statut individuel ( finalité principale), se soumet lui même à un régime de droit ( agit en
respectant le droit ), et cela en tant qu'il enchaîne (chacune de ses actions sur les citoyens ) son action sur eux par des règles dont
les unes déterminent les droits réservés aux citoyens( droits fondamentaux ), dont les autres fixent par avance les voies et les
moyens qui pourront être employés en vue de réaliser les buts étatiques( comme par exemple les politiques publiques) : deux
sortes de règles qui ont pour effet de limiter puissance de l'Etat en le subordonnant à l'ordre juridique qu'elles consacrent».
=> DONC 2 types de règles que l'Etat utilise respectivement.

Mais ce concept renvoie à une histoire doctrinale. I – ED comme histoire sociétale , II – cette doctrine a des imputations juridiques
sur l'organisation d'Etat, III – les limites théoriques et pratiques de cette doctrine.

I – l'ED comme histoire doctrinale


Histoire ancienne. La relation entre construction d'Etat et régime juridique apparaît durant le MA. Même les monarchies absolues
ne sont pas tout à fait absolues car contraintes des règles. Légitimation des monarchies en référence à des règles, qui les lient
également.
Cependant on peut pas non plus dire que les Etats modernes sont comparables aux monarchies d'AR. La différence apparaît dans
la faible institutionnalisation dans l'AR. Les Etats anciens ne faisaient pas la distinction entre patrimoine du prince et du royaume.

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On observe jusqu'à fin premier millénaire, si mort du roi, territoire partagé entres les héritiers => morcellement des systèmes
politiques européens.
Les grands empires, s'éteignent à la mort du leader. Le pouvoir n'est donc pas institutionnalisé.

On vient progressivement à une dissociation entre la personne physique des gouvernants et la puissance publique . Se
rappeler de l'adage « le roi est mort, vive le roi ».

Cette institutionnalisation s'exprime sous forme de règles juridiques, qui doivent beaucoup en Europe au travail des théologiens
qui travaillent à la fois sur le droit canon, et qui structurent le pouvoir idéologique de l’Église en développant une codification de
la morale. Cette façon de décliner les principes sous forme de règles va être récupéré par le pouvoir politique, qui vont utiliser les
mêmes théologiens, deviennent des auxiliaires du pouvoir monarchiques en contribuant à édifier des normes de droit suivant la
méthode utilisée en droit canon.

Michel Foucault dans son ouvrage Surveiller et punir, montre que ce sont édifiés progressivement comme des systèmes de droit
pour arriver à régir la société .

=> Cette notion même se situe au 19ème siècle, il ne faut pas oublier que son fondement juridique remonte loin.

Les premières utilisations de l'Etat de droit prussien, sous le nom de Reschtaat, oppose l'Etat de droit à l'Etat de police. Mais ces
juristes sont plutôt conservateurs, relayent en cette notion des concepts déjà utilisés à l'époque ( et donc pas novateur ). ils ne sont
pas forcément des libéraux. Pour des raisons d'efficacité, ils valorisent une forme d'action d'Etat qui implique qu'il y ait toujours
une règle préalable à une action. Ils valorisent la prévisibilité de la puissance publique, valorisent la loi par rapport à
l'ordonnance. Ils requièrent néanmoins que le Parlement soit consulté lorsqu'on touche une règle qui relève de la propriété privée
des personnes ou de leur liberté. => Donne naissance au positivisme juridique.

On peut citer parmi les grands auteurs Karl Friedrich Gerbert, Kelsen ,...définissent la structuration de l 'ordre juridique comme
hiérarchisée et pyramidale. Ils distinguent des catégories de normes juridiques. Cette stratification de normes est supposée à
assurer une auto limitation de l'Etat. C'est une finalité de politique recherchée par cette 2ème générations des théoriciens, dont le
but est de limiter les moyens de puissance publique. Dans un contexte germanophone il n'y a pas eu de révolution comme en
France, ou de monarchie auto-limitable comme en GB .

Il s'agit de générer des croyances nouvelles dans la valeur du droit. Au fond ces sociétés développent un véritable culte de droit,
qui fonde en retour la légitimité du pouvoir de l'Etat. Sans que ce culte ne parvienne à libéraliser les régimes politiques.
On trouve cette idée dans l'oeuvre de WEBER qui parle de légitimation légal rationnel : pouvoir qui se conforme aux règles de
droit. Il décrit un pouvoir bureaucratique où l'ensemble du système politique s'organise en fonction de ces règles de droit. Il décrit
également indrectement un pouvoir intellectuel qui est celui des professeurs de droit, porteurs d'une science juridique qui se
construit et qui participe au système de domination politique.

Cette croyance a des incidences sur l'organisation de l'appareil d'Etat. Elle fait apparaître un certain nombre de principes. En
particulier le principe de légalité et le principe de la hiérarchie des normes. ( toute norme de droit est valide dans son
élaboration à une norme supérieur ). constitution en haut, certains placent en haut de cette constitution les conventions, on place
le bloc de légalité ( l'ensemble des lois ). dans se bloc de légalite = lois organiques supérieures aux lois ordinaires . Ensuite
règlements, arrêtés. En bas de la pyramide : les décisions. ==> hiérarchie des normes de 6 niveaux.
Dans cette doctrine une fonction devient essentielle dans l'organisation de l'Etat : le contrôle de la cohérence de cette structure
hiérarchique. Cette doctrine fait apparaître la nécessité d'un organe particulier. Dans cette culture apparaissent les première
formulations de contrôle de constitutionnalité.

PQ la France est en retard dans l'identification de retard de contrôle de constitution. Selon Chevalier cela tient à l’importance
accordée par les français à l'AN. On la considère à un équivalent de la Nation assemblée, telle qu'elle pourrait s'assembler sur le
modèle de l'agora athénienne.

À ce titre, débat sur le veto royal. Oppose les partisans du roi ( veulent conserver un rôle du roi consistant ) avec une partie de la
convention. Les partisans du roi ont proposé que le roi puisse opposer son veto en cas de contradiction. Débat fameux avec des
prises de position qui ont construit des éléments de doctrine républicaine : discours contre le veto royal. Ex : on peut retenir le
discours de Siéyés, « dire sur le veto royal ». Il rejette complètement cette idée non parce que c'est le roi qui l'exercerait, mais
d'une façon générale. Il soutient que l'AN représente bel et bien la Nation. À partir du moment ou elle est souveraine, il ne peut rie
y avoir au dessus. Il soutient l'idée d'un constitutionnalisme souple. La constitution devient un texte faible, fléxible, qui doit céder
pas face à une volonté du peuple qui évolue. S. envisage parfois l'idée que l'AN puisse dériver, mais tous les textes entre 1788 et
1793 il rejette cette idée, le peuple ne peut se tyranniser lui même. Si le peuple a une volonté, elle est surement bonne pour elle
meme. MAIS il va faire l’expérience de la terreur jacobine. Au sortir de cette période il arrête d'écrire. Produit seulement deux
textes : un premier qui est discours à la convention en 1995 qui porte sur le jury constitutionnel, qui porte ni plus ni moins la
construction prémonitoire du Conseil Constitutionnel. Censé être un regroupement de sage dont la fonction principale est de

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contrôler que les lois restent conforme à la constitution. Les révolutionnaires lui demandent de préciser ses idées et préparer un
deuxième discours: il développe son idée de contrôle stricte de constitutionnalité.
=>cette idée restera lettre morte, avant 1958, même si on ne peut lier au discours de Siéyés. montre à quel pt la culture française
est étrangère à cette conception.

Le principe de suprématie constitutionnelle est l'enjeu du contrôle de constitutionnalité. MAIS malentendu sur le terme d'ED en
Amérique. La Cour suprême aux EU n'est pas inventée dans un but de contrôle de constitutionnalité. Il faudra attendre fin 19ème
siècle pour que la Cour suprême commence à développer des activités se rapprochant à un contrôle de constitutionnalité.

II – applications institutionnelles de la doctrine

Texte de Jacques Chevalier : se pose la question de savoir pq la perception de cette suprématie constitutionnelle est tardive en
France. Un des éléments explicatifs renvoie à la structuration des facultés de droit. Sous la IIIème république encore, le droit
public se construit par rapport au DA et en marge du droit constitutionnel.
De plus instabilité politique, et donc tout contrôle de constitutionnalité restreint l'organe politique parlementaire. Un organe
extérieure à la chambre qui dit qu'un texte est inconstitutionnel, relève de la chambre sa puissance normative. Dans une tradition
parlementariste de la IIIème et IVème république française , il était inconcevable qu'un pouvoir vienne limiter le pouvoir des
chambres.

La doctrine de l'Etat de droit s'articule avec la SDP. MAIS dans l'histoire des idées politique est largement fausse. La théorie
de l'ED permet de penser le juge qui contrôle la hiérarchie des normes, mais amène à penser le juge comme une fonction
nécessaire à l'Etat. Ça n'implique pas l'idée essentielle de dispersion de pouvoir politique.

La SDP telle qu'on la conçoit renvoie à la SDP, qui repose sur la conviction que pour protéger les droits, libertés l'Etat doit rester
faible, et que pour cela il faut éviter la concentration du pouvoir politique, à la base du libéralisme americain. Il faut que le pouvoir
soit le plus dispersé possible. Tout est fait pour que jamais le pouvoir ne se concentre. Dans la doctrine d'ED, de on la pense
comme une nécessité fonctionnelle. On ne pense pas dans une logique de dispersion de pouvoir politique, même si cette dispersion
est produite implicitement.

En 1789 la SDP signifie contre le pouvoir du roi. MAIS AN dérive dans une perspective dictatoriale et terroriste.

III – L'es limites du concept d'Etat de droit.

Dans la théorie de Hans Kelsen représentation parfaite. La question se pose de savoir si on transpose ce modèle idéal qu'est ce
qui change dans l'organisation d'Etat ? Les positivistes, placent leur conviction dans l'affirmation que plus on se rapproche de
cette théorie du droit, plus nos société sont proches d'un Etat libéral démocratique.

2 grands types de limites :


• les limites supérieures de la hiérarchie des normes
• les limites inférieure de la hiérarchie des normes

sous la forme de pbm et dilemmes théoriques et historiques qui permettent de voir que le système à lui seul ne fonctionne pas.

Il y a une dimension sociologique de cette théorie : l'exceptionnalisme. Institution d'exceptions qui par préférence à des contextes
historiques dérogent au fonctionnement normal des institutions.

A – Les limites supérieures


elles concernent les valeurs fondamentales, supposées se trouver au sommet de la hiérarchie des normes. Enregistrement ( 11min )
deux exemples d'illustration
• le dilemme de la « première constituante » : lorsqu'on raisonne dans le cadre de la doctrine de l'ED on sait que tout
administration ne peut agir légitimement que si cette institution agit conformément à des règles de droit préalablement
établies. Un décret du ministre est légitime que si il a respecté les règles de la procédure. PBM avec la première
constituante, en fonction de quelles règles une première Assemblée peut-elle se définir alors qu'il n'existe aucune règle

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préalablement définie ? Si l'on est convaincu qu'un acte politique est légitime dans des règles fixées, dans un pays ou Etat
de droit n’existe pas, il faut écrire constitution. Mais qui est légitime pour écrire une Constitution ? Une fois la
constitution posée, la question ne se pose pas.
À la révolution le modèle d'ED est cependant intégré dans la pensée des révolutionnaires, grâce aux philosophes, aux
ouvrages. Dans le texte de Sieyès il rencontre ce pbm. Dès qu'il aborde la question de la première constituante, il est
conscient que les réponses qu'il apport sont insuffisantes.

Avant la première constituante on réunie une Assemblée pré-constituante pour établir des règles de l'Assemblée
constituante. Mais qui doit fixer les règles de cette pré-constituante. Chaque fois il faut une entité légitime pour définir les
conditions pour que l'instance suivante soit réunie dans la légitimité.

• Pbm de lois oppressives et dilemme fondamental des principes supérieures. Imaginons qu'un regard parfaitement
organisé au regard de la thoérie du droit, tombe aux mains d'équipe politique dictatoriale.l'équipe peut modifier à tout
moment le sommet de la hiérarchie des normes. En modifiant le contenu l'équipe modifie l'appareil étatique de l'Etat. Ex :
la terreur. AN puissante s'empare du pouvoir, s'affranchit des la DDHC, la constitution de 1791, modifie la constitution
en 1793 et aboutit à une dictature. + un autre exemple : Hitler quant à lui est élu de façon légale. Il modifie l'appareil
étatique. On a donc parfaite illustration qu'une doctrine de l'ED ou la Grundnorm reste vide, n'offre pas de garanties.

Dans la dernière situation les solutions envisagées en All passe par la recherche de normes supérieures à l constitution .
Le république fédérale d’Allemagne va pour cette raison inscrire en 1948 la déclaration des droits fondamentaux dans son
titre 1 et le rendre non révisable. C'est une partie de la constitution rigide avec article 11 qui dit que les articles
précédentes, ne peuvent être révisés. On cherche un verrouillage de la Grundnorm. PBM ? L'article 11 peut quant à lui
être modifié. ==> absence de garantie réel d'efficacité de dispositif .

+ question de rapports de générations. Si une génération fixe une constitution non révisable, il revient pour les
générations futures de respecter cette constitution . est-il légitime pour une génération d'imposer cette constitution aux
générations suivantes ? => pbm intergénérationnels. Ils sont obligés de reconnaître aux générations futures de
reconnaître les mêmes droits qu'ils ont reconnu pour eux mêmes.

De ce point de vue la DUDH en 1948 par les NU est intéressante. Elle n'a pas de dimension juridique, elle n'a pas de portée
contraignante. Car conscience d'absence de légitimité d'imposer un tel texte.

=> On trouve pas dans cette doctrine d'ED le fondement premier de légitimité.

B – Les limites inférieures

On se situe en bas de la hiérarchie des normes de l'Etat, dans les actes quotidiens de l'Etat, décision individuel, qui met en relation
un agent de l'Etat avec un citoyen ordinaire. Dans ce système de Etat de droit tous les actes des agents publics devraient
théoriquement être déterminés en avance par le droit. Mais question se pose alors : est-ce qu-il est concevable que chacun des
gestes d'un agent public au nom de l'Etat soit intégralement déterminé par un texte juridique ?

La sociologie du droit, celle de Jean Carbonnier nous parle de « flexible droit ». il parle des « vides juridiques ».

Jean Carbonnier :
Contre les juristes dogmatiques qui supposent la continuité du droit objectif, il nous faut observer, à l’intérieur de celui-ci, de
larges intervalles de non-droit. ( " qui voient le droit comme un tissu homogène et vide.) Il est naturel d’imputer le phénomène à
des forces antagonistes qui font reculer le droit. Mais ces forces ne sont pas toujours extérieures au droit : elles peuvent résider
dans le droit lui-même, et bien mieux, dans la volonté même du droit. En reprenant cette triple distinction à rebours, nous
rencontrerons successivement :
1° un non-droit par auto-limitation du droit ;
2° un non-droit par auto-neutralisation du droit
3° un non-droit par la résistance du fait au droit.

• Normes contradictoires → Dans un ensemble de normes juridiques il y a toujours une règle A qui contredit la règle B.
elles existent en permanence. Il suffit d'observer les moyens des deux parties dans un procès. Il est impossible d'avoir une
ensemble de normes juridiques, un corpus sans règles qui se contredisent. On voit apparaître une contradiction, un vide
juridique, qui est comblé par la décision du juge. Apparition d'une jurisprudence en est la parfaite illustration. Si
jurisprudence cela veut dire que la règle n'existait pas. Donc le juge comble.

• souvent on formule des règles alternatives → référence à A OU B. on trouve dans tous les régimes juridiques dès lors
qu'il y a délégation de pouvoir. Ex de formulation '' face à un tel évenement le préfet PEUT … ». cela veut dire que
l'entité juridique peut faire ou peut ne pas faire. Donc transmission d'un pouvoir de décision. Il peut faire le A ou le

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contraire, le B. donc son comportement n'est pas strictement déterminé. Dans une certaine mesure il y a transmission d'un
pouvoir discrétionnaire.
C'est une autre forme de vide juridique. Une forme d'indétermination.
• et parfois normes absentes , absence de normes juridiques → absence d'existence de la règle A et B, on n'a ni A, ni B.
cela peut émaner d'une volonté politique. Projet de loi par le sénat dépose sur le WEB sous format Word dans les années
1990. mais on peut voir les modifications faites avant. DONC possibilité de voir le texte retravaillé, avec des parties
rayées, supprimées de la version finale. Dans ce processus d'élaboration, il y a des discussion, et dans cette negoication y
a des ajouts et des demandes de retraits. Le consensus politique se construisent plus facilement sur les suppression que
sur les ajouts. Ces suppression correspondent à ce type de situation de NI A NI B.

=> dans le « flexible droit » le vide est aussi important que le plat.
« larges intervalles de non-droit. » → tous les régimes juridiques se présentent pas comme un tissu homogène mais comme une
passoire ou il y aurait plus de trous que de matières.

Ça se vérifie de façon plus macro-sociologique dans les analyses de politique publique. 40 ans d'analyse de politique publiques
internationale qui montre que chaque fois qu'on compare l'intention initiale d'une politique gouvernementale et la réalité de mise
en œuvre. => il ne se passe pas comme prévu. La mise en œuvre apparaît comme une redéfinition voire une dispersion de la
politique initiale annoncée. PQ ?? car le droit est une passoire.
Si la théorie de Kelsen était autre chose qu'un simple idéal théorique, dans tous les départements les politique auraient été pareils.
Mais la réalité du droit sociologiquement n'est pas la même partout.
=> c'est donc une autre éthérification de la théorie du « non droit ».

Il apparaît légitime de se poser la question « qui décide la politique publique ». on s’aperçoit qu'il y a une chaîne de codécideur et
le ministre partage son pouvoir de codécision avec d'autres acteurs.

Chapitre 2 – Le gouvernement représentatif

Ouvrage Daniel Gaxie, La démocratie représentative, 1996.


La démocratie dite représentative est devenue comme l'ED, une sorte d'horizon universel. Tous les régimes politique intègrent
cette dimension représentative dans la description qu'ils font de ce régime.

+ Bernard Manin, Les principes du gouvernement représentatif, Calmann-Lévy, 1995. Texte intégral.

Retour des théories portant sur le tirage au sort tel qu'il fonctionnait dans la démocratie Athénienne.
Dans le cadre français de la révolution, qui est le berceau de la représentation parlementaire avec le rôle de l'AN. Comment se
pense dans la culture française cette représentativité ?

I – la désignation des gouvernants dans la démocratie athénienne.

La représentation n'est pas liée à l'élection comme elle l'est dans notre esprit. Ex : les rois étaient les représentants de leur sujets.
Grèce antique = utilisation du tirage au sort. La démocratie confiait aux citoyens athéniens tirés au sort, la plupart des fonctions
qui n'étaient pas exercées pas l'Ekklesia.

Sur l'ensemble de la population d'Athènes, dire que citoyens se réunissent dans l'Ekklesia, il ne faut pas imaginer toute la
population. Il s'agissait d'une fraction de la population puisque la plupart des citoyens n'étaient pas libre, les femmes n'y avaient
pas le droit, + conditions économiques, de parenté qui définissent le citoyen.

700 postes de magistrats au sens de fonctionnaire et non de juge. Sur ces 700 postes environ 600 étaient désignés par tirage au
sort. => dispositif central de désignation des dirigeants.

Critiques :

• Ce tirage au sort ne permet pas de sélectionner les meilleurs dirigeants possibles. Mais il est dans l'intérêt de la
population que les décisions soit prises par des personnes compétentes
• Ne permet pas à l'Ekklesia de choisir un programme politique : pas d'articulation entre choix des personnes et les
différents projets.

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Comment comprendre sociologiquement la cohérence de ce système qui nous paraît aujourd'hui irrationnelle ?

Il y a deux dispositifs associés au tirage au sort :


• ne sont tirés au sort que les personnes qui candidatent au tirage au sort => pas de tirage au sort sur la totalité de
l'Ekklesia. Donc volontariat des candidatures
• dispositif de prise de risque personnel : l'Ekklesia siégeait tous les mois, 10 fois par an, pendant plusieurs jours => son
pouvoir était omniprésent. Elle est en session permanente. À tout moment chaque citoyen peut déposer une motion de
censure contre n'importe quel magistrat, sur tous les activités personnels. Qq soit son grade, son statut, le moindre de ces
gestes peut donner lieu à une motion. Si cette censure est voté par l'Ekklesia, le fonctionnaire passe en procédure pénale.
Donc une faute politique peut être sanctionnée pénalement, se trouve devant un tribunal ordinaire, pouvant être condamné
à mort, à l'exil, à des obligations pécuniaires monumentales au regard des capacités de chaque individus....

DONC rationalité car → tirage au sort → s'associe au volontariat → qui s'associe au risque personnel =>
ne présentent
• la candidature que les personnes compétentes ( puisque les risques sont moins présentes si l'on est compétent )
• et tendanciellement les personnes riches. Donc le système est loin d'être démocratique et potentiellement
aristocratique.
• On peut rajouter à ces caractéristiques le niveau de soutien politique (il faut avoir un nombre de soutien important à
l'Ekklesia qui ne voteront pas la motion). => Donc existence d'une coalition au préalable.

===> le tirage au sort n'est pas si aléatoire si l'on tient compte de ces 3 élements.

Donc connaissances sociologiques de l'Agora athénienne aujourd'hui que n'avaient pas les révolutionnaires en 1789.
fin 18ème un mythe de l'agora athénien s'est construit.

II – De la nation assemblée à l’assemblée nationale sous la révolution française


Fin 18ème un mythe de l'agora athénien s'est construit, mythologie de la démocratie grecque qui laisse croire tous les citoyens se
réunissaient sur l'Agora et tout le monde prenait en même temps les décisions.
Mais ce mythe va structurer la structure politique du 18ème 19ème siècle. Rousseau a en tête ce modèle mythique lorsqu'il rédige
le Contrat social. Il conçoit un système institutionnel et constitutionnel qui voudrait que la totalité des citoyens participe à chaque
décision.

Le concept de Rousseau est complexe à analyser. Rousseau pense une forme de démocratie qui renvoie à la démocratique directe
athénienne, et en même temps il est plus informé que d'autres sur cette démocratie. Il a conscience que son modèle ne peut
fonctionner que sur une population très restreinte. Son modèle il le pense comme théorique et non pratique, comme une utopie, un
idéal.

2 ans après JJ Rousseau est consulté pour élaborer des constitutions, par le gouvernement de la Pologne et de la Corse. Ces 2
projets de constitution sont des systèmes de démocratie représentative, et non de démocratie directe comme on aurait pu penser. Il
tire de son contrat social le système de représentation politique. L'opposition démocratie directe et représentative, Rousseau et
Siéyes ne tient pas la route.

Tous les révolutionnaires sont Rousseauiste, avec sa philosophie politique. Sieyes est également rousseauiste.

Rousseau distingue 3 formes de gouvernement

• la démocratie lorsque tout le peuple ou la plus grande partie du peuple exerce la souveraineté ;

• l’aristocratie lorsque celle-ci est détenue par une minorité ;

• la monarchie quand le gouvernement est concentré dans les mains d’un magistrat unique dont tous les autres tiennent
leur pouvoir.

Il ne tient pas comme évident la supérorité d'un régime par rapport à un autre. Chaque gouvernement peut être bon dans des
situations politico-historique différentes.
• La démocratie convient aux Etats petits et relativement pauvres.
• L'aristocratie convient aux Etats moyens et un peu riches.

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• Et monarchie aux Etats riches et grands

Il y a donc deux critères : la taille de l'Etat et sa richesse.


Il ne faut pas penser Rousseau comme à l'origine d'une forme de régime, de la démocratie. De plus son analyse n'est pas
simplement philosophique mais aussi sociologique.

Sur ces 3 types

→ la démocratie considérée comme improbable au sens d'une démocratie directe.

→ Il est tendanciellement plutôt favorable à un régime aristocratique. Il y en a deux types


• aristocratie héréditaire : forme rejetée par R.
• aristocratie élective : régime ou une minorité de personnes élues dirige notre pays. Il considère que ce gouvernement
permet de confier la direction politique aux plus sages, aux plus compétents, et considère aussi que c'est ce qui permet de
donner la direction politique à ceux qui ont le plus de temps à y consacrer, à des professionnels de la vie politique.

→ La monarchie est concentré entre les mains d'une seule personne. Il la rejette également.

NEANMOINS il considère que tous les régimes sont susceptibles de dégénérer vers des formes de tyrannie, en qqch de peu
vertueux. ( même idée que chez Aristote )

A partir des formes vertueuses on a


• monarchie → tyrannie ( tout en ayant conscience que tous les rois ne sont pas des tyrans ex Guillaume II, encadré
juridiquement et élu, auto limitation du roi qui sert d'auto llimitation du cadre général)
• aristocratie → oligarchie ( pouvoir absolu qui profite à une petite minorité : ex Venise
• démocratie → « ochlocratie » ( qqch de ce qui se rapproche à l'anarchie, s'impose la force plutôt que le droit, dû à
l'absence d'encadrement juridique ).

III – Les 4 grands principes du gouvernement représentatif


Bernard Manin, Les principes du gouvernement représentatif,

Construit un modèle du gouvernement représentatif. Il décrit ce modèle à travers à travers une ambivalence voulue. Travaille à
partir d'un corpus de théorie politique mais ne rentre pas dans l'histoire des idées politique, il décrit les systèmes représentatives
contemporains, en s'appuyant sur l'histoire philosophique et observations de la scpo moderne. Principes philosophique et
dépendance sociologique.

D'après lui qu'est ce qu'un système représentatif ?

A – Gouvernants désignés par élection récurrente


La représentation politique moderne ne se pense plus en relation avec le tirage au sort . Elle ne se pense plus par la conception
antique ni la théorie des deux corps du roi ( une personne physique représente une population entière ).
ici l’élément principal est la désignation électorale des représentants : élection des chambres mais également des personnes.
Répétition d'élections à intervalle régulier. Cette récurrence a une grande importance politique puisque le système électif ne
garantit jamais ni aux élus qu'ils seront réélus, ni aux électeurs que les élus réaliseront ce qu'ils ont annoncé durant la campagne.
=> double incertitude.

Si l'on examine le comportement des électeurs → 2 types de comportement tendanciels


• l'électeur peut procéder à un vote prospectif = choisir le candidat correspondant aux promesses et orienter son vote en
fonction d'un pari sur le futur.
• Mais il peut choisir aussi d'orienter son vote en fonction d'un examen sur le passé, vote sanction. ( attention pas
forcément au sens négatif, choisir le candidat en fonction de ce que la personne a fait dans le passé ).

Les électeurs préfère le vote sanction puisque seul comportement basé sur la connaissance du passé peut être fondé
rationnellement, dans la mesure où l'on ne connaît pas le futur.

Cette position a été controversée sous plusieurs aspects.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 42


• Il est difficile d'un point de vue sociologique aller dans le for intérieur de chacun pour voir pq un individu a voté tel ou tel
candidat.
• Cette préférence tendanciellement supposée serait aussi une préférence politiquement située.

B – L’indépendance relative des gouvernants


Les gouvernants une fois élus conservent dans leur fonctions une certaines autonomie vis-à-vis des électeurs. => signifie
qu'effectivement dans le système il n'y a pas tendanciellement de mandat impératif, de révocation permanente des élus
( comme à Athènes par exemple ).

culturellement on admet que l'élu dispose d'une très grande marge de manœuvre dans ses choix politiques, y compris fonction
de ce qu'il avait annoncé avant son élection. Il n'y a pas d'objectivation de résultats en terme d'analyse.

Manin rajoute également 2 observations qui montrent la marge de manœuvre

• interprétation + : l'élu peut très bien ne pas tenir ses promesses, avec le risque de ne pas être réélu MAIS pbm un tel
comportement peut difficilement être évalué de façon objective. Il peut y avoir un changement de conjoncture ou de
situation globale qui fait que les décisions politiques n'ont pas à se conformer aux promesses.
• interprétation - : L'élu peut parfaitement tirer profit de sa position au pouvoir et le faire au bénéfice de ses clientèles tout
en sacrifiant ses réélections.

MAIS même si les gouvernants n'ont pas mené les politique qu'ils avaient annoncé il reste pour eux possibilité de convaincre les
électeurs avant les nouvelles élections qu'ils ont eu raison de mener telle ou telle politique gouvernementale, quand bien même
ces politique ne correspondaient pas au programme initial. Ils disposent pour cela de deux moyens

• communication politique
• la mémoire courte des électeurs
→ le vote sanction portant sur la réalisation d'un programme devient peu probable

C – La liberté d'expression publique des opinions : élément constitutif d'un système de gouvernement
représentatif
C’est une dimension tendanciellement observable. Ne désigne pas seulement l'élection, mais aussi le fait que les gouvernants
puissent s'exprimer durant le mandat, leur volonté politique, sans que cette expression soit soumise au bon vouloir des
gouvernants.
Systèmes basés sur une autorité charismatique d'un leader, y a une représentation élective mais sans autorisation d'expression ( ex :
Staline ). la représentation est la mais elle n'est pas absolue, elle est relative. Puisqu'elle n'autorise pas le désaccord politique, la
possibilité même du vote sanction existe. Mise en scène des élections dictatoriales rapprochées à une mise en scène dans les
démocraties libérales soulignant la persistance d'une même classe dirigeante.

Autocritique de Manin. Phénomène de l’opacité du système politique. Le citoyen ne peut avoir accès qu'à une petite partie des
décisions pour pouvoir se former une opinion. Tout système politique est opaque. Pq ?
• En raison des comportements même du citoyen ( peu de temps pour s'occuper des questions politiques )
• En raison de la complexité objective de décisions politiques dans les Etats complexes ( de plus en plus de
fonctionnaires, complexification quantitative d'Etat ). comment à partir d'une position de citoyen ordinaire peut-on suivre
les processus d'une telle décision ?
=> la capacité critique des citoyens est donc très limitée.

D – décisions soumises à l'épreuve de la discussion


C'est une principe aussi bien philosophiquement établi qu'observable dans les contextes. Ce principe prolonge le principe
précédent ( exprimer l'accor avec les gouvernants ). ce principe s'interroge sur la qualité des décisions politiques.
Nous pensons que les décisions sont meilleures si elles sont publiques et si résultent d'un processus de controverses ou s'exercent
en fonction de débats, et que les processus sont meilleurs s'ils réussissent à passer cette étape de débat. Impression qu'une bonne
décisions politique est le résultat d'opposition d'idée diverses, elle est meilleure si elle traverse une phase de pluralisme politique.
C'est ce qui fonde la création d'institutions parlementaires = reposent sur l'idée que le processus s'améliore en qualité à travers
le controverse. Siéyès parle de « l'alchimie délibérative » = processus dans lequel on part d'une idée sans savoir ou elle emmène,

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 43


et le nécessaire est que toutes les opinions s'expriment et qu'à la fin consensus, qu'on tient comme étant de qualité politique
supérieure à celle du projet initial. Dans sa théorie plusieurs conditions

• rejet de partis politiques : faut que chaque député se présente de façon individuel. Qu'ils exercent leurr raison critique
individuelle, dans un débat ouvert. C'est la condition primordiale
• rejet de clans : si la chambre est traversée par des clans, à ce moment le processus de délibération critique autour des
idées est impossible. Si d'emblée une majorité dans la chambre, la ccl est connue d'avance, la discussion devient inutile.
Le système même de la chambre ne sert plus à rien. Il est donc contre les gp parlementaires, contre les partis ;
• rejet de lobbies, des corporations : délégations de citoyens envoyées par profession mais S. rejette l'idée.

=> il faut une fluidité dans la représentation des intérêts.

MAIS de nos jours :


• marginalisation politique des chambres (rationalisation du parlementarisme )
• montée en puissance d'un pouvoir politique technocratique, liée aux rôles culturellement attendus de l'Etat dans la société
• importants des projets de lois comparée aux propositions de loi, gouvernement a plus de poids que le parlement.

=> les discussions existent mais restent opaques.

IV – Une critique sociologique de la représentation politique : le phénomène technocratique


article 74 sur TEDI

La réalité d'un Etat représentatif, telle qu'on perçoit à travers la scpo moderne, ne permet pas de lire la fonction de l'Etat à partir de
la seule lecture de sa constitution. Technocratie est une critique parmi d'autres.
Notion assez négative de nos jours, polémique.

Larousse → Système politique ou économique dans lequel les experts, techniciens et fonctionnaires supplantent en fait ou
en droit les responsables politiques dans la prise de décisions (souvent péjoratif).

Pq c'est péjoratif ?
• Car au fond critique, subvertit nos systèmes de croyance démocratiques. Le gouvernement politique étant représentatif
ce sont bien les gouvernements représentés qui décident. Revient donc à dire que le système n'est pas représentatif.
• Instrumentalisations politiques. A été développé par les centristes les radicaux de gauche ( ce qui reste de la 3ème
république ), même si de nos jours terme instrumentalisé par l'extrême droite. De base les radicaux perdent l'essentiel de
l'assise de ce qui était constitutif du pouvoir des radicaux qui était le pouvoir parlementaire. Il n'y avait qu'une chambre,
capable de faire tomber les gouvernements. L'instabilité ministérielle en était le résultat.
De la 4ème à la 5ème les radicaux sont les grands perdants. Ils développent cette notion.

Roger Gerard SCHWARTSENBERG, Sociologie politique, homme de gauche radical. Il était ministre mais ausssi prof de scpo.
C'est le seul manuel qui contient un chapitre sur le phénomène technocratique, extrêmement critique.

Autre définition possible : Technocratie = souvent péjoratif, système (politique, social, économique) dans lequel les avis des
conseillers techniques déterminent les décisions en privilégiant les données techniques par rapport aux facteurs humains et
sociaux. Idée de dépossession du pouvoir, et une mise en relation entre technocratie et bureaucratie.

La définition du mot est très variable, flottante, ce qui peut-être contribue à cette connotation péjorative.
 F. Seguin = 3 grands idéaux-types de la technocratie :

 1ère conception : technocratie comme phénomène politico-administratif = glissement de pouvoir des dirigeants élus
vers les hauts fonctionnaires. Ce glissement concerne les hauts fonctionnaires mais aussi les conseillers politiques non-
élus et les experts consultés par l’Etat, extérieurs à l’appareil d’Etat et qui influencent la décision politique à partir d’une
compétence réputée scientifique.
 Idée d’une technicisation de + en + forte du niveau de vie, et une montée en puissance du pouvoir de la science
dans l’organisation de la société, et notamment des entreprises, mais aussi dans l’organisation de l’appareil d’Etat avec
la mise en avant d’une nouvelle classe de dirigeants (celle des techniciens-experts employés)  2 groupes sociaux donc :
les élus d’un côté et le peuple de l’autre.
 3e conceptualisation : technocratie comme un phénomène fondamentalement idéologique = renvoie à l’existence de
doctrines explicitement technocratiques, avec des courants favorables à la technocratisation et une autre dimension :
idéologie porteuse d’idées fausses, de croyances, qui masquerait une autre réalité, qui produirait des illusions.

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 44


 Dimension scientiste et bureaucratique de l’Etat : doctrines favorables à un gouvernement politique par les savants, des
experts.
 Dimension industrielle et étatique du phénomène technocratique : il ne se limite pas à la critique de l’Etat, mais en une
critique des très grandes entreprises.
 La dimension de la Vème République comme avènement de la technocratie
 Relation entre phénomène technocratique et référentiel politiques dans l’action publique.

A – La dimension scientiste et bureaucratique


→ Dimension scientiste : elle est centrale, elle est la plus ancienne, présente dans la philosophie des Lumières, des révolutions
libérales à la fin du 18ème également : idée qu’on arrivera un jour à diriger la vie des sociétés de façon aussi rigoureuse,
certaine que ce que l’on arrive à faire dans les sciences de la matière et de la technique.
Idée qu’on aura une science de la société et une science de la politique, qui ne l’est pas actuellement mais qui le sera en
continuant les travaux. C’est à ce moment-là qu’on aura un gouvernement optimal.
Cette idée se retrouve encore plus au 19ème siècle : Saint Simon notamment, mais aussi Auguste Comte, ou encore Ernest Renan
(L’avenir de la science).
Elle est d’autant plus partagée qu’on la trouve aussi dans la littérature, la déperdition de cette croyance est très récente (années
1970). Paroxysme dans les années 30, qui coïncide avec la révolution keynésienne, l’Etat devient central.
On voit ensuite apparaître des ouvrages présentant la technocratie comme la solution : Howard Scott – introduction to technocracy

Vers quoi conduit ce discours ? 3 grandes implications politiques :


- C’est un discours élitiste : confier le pouvoir à des personnes les + compétentes
- Un apolitisme tendanciel : si la décision peut se baser sur la science, il n’y a plus de controverse, rejet du
parlementarisme et des conflits, rejet des conflits sociaux, des formes de contestations populaires et des idées
d’évaluation des actions politiques, des ^politiques publiques, rationalisation des choix budgétaires etc.
- Un optimisme concernant l’avenir : dimension utopique, étant donné que la décision politique est basée sur la science,
elle va progresser.

Bimbaum parle « d’idéologie qui annonce la fin des idéologies »

→ Dimension également bureaucratique : ce pouvoir que l’on veut placer dans la compétence des experts et des scientifiques,
on va très vite le placer dans les fonctionnaires, les professionnels de la vie politique, dans les fonctionnaires et vont être propulsés
par le développement quantitatif du nombre de fonctionnaires, d’agents politiques susceptibles de diffuser cette volonté. Ces
idéologies s’articulent avec le phénomène de rationalisation bureaucratique que décrit Weber.

B – La dimension industrielle & étatique


La critique de la technocratie se développe autant dans le secteur privé que le secteur public.
Dans les années 1930/40, c’est le terme de « technostructure » qui est employé.
James Burnam nous dit que le phénomène massif de l’époque = les grandes entreprises sont de moins en moins dirigées par
des actionnaires et de plus en plus par des responsables techniques, qui ne tirent pas leur pouvoir de la possession du capital.

Ce concept est repris par Galbraith = il nous dit que :


o Le capitalisme n’est plus souverain dans l’entreprise : l’actionnaire n’a plus autant de pouvoir, la taille des
entreprises est tellement monumentale que les directeurs sont les véritables souverains. Le conseil des
actionnaires ne peuvent que constater les propositions qui leur sont faites, ils ne peuvent contester ces décisions.
o Le consommateur n’est plus souverain sur le marché : il nous montre que cette filière s’inverse : l’offre crée sa
propre demande, elle est capable d’influencer les consommateurs et de susciter chez les consommateurs des
besoins nouveaux par l’activité publicitaire, le marketing etc. les dirigeants vont faire les choix d’orientation de
la production.

 Ce pouvoir de la technostructure devient énorme, elle prend un pouvoir avec une double dimension : elle devient plus
puissante que les actionnaires et plus puissante que les consommateurs

Ce concept de technostructure va passer du champ des entreprises au champ des analyses de l’Etat.

Edgar Faure  déplace l’analyse de Galbraith et l’applique à l’appareil de l’Etat : les députés n’ont plus de pouvoir dans
l’organisation de l’Etat, et de la même façon, ce n’est plus le citoyen qui génère ce que produit l’Etat mais l’Etat lui-même qui
offre des politiques publiques pour convaincre les citoyens que c’est la politique qui convient.

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Dans la critique de la technocratie : Vincent Dubois et Delphine Dulong + Bruno Jobert  observent que les hauts
fonctionnaires disposent d’une capacité considérable de peser sur des décisions politiques, notamment par la production de
« données scientifiques »

C– critique du gouvernement représentatif sous l'angle de phénomène technocratique

concept important pour comprendre la notion de technocratie, c'est la technostructure.

Dimension de l’évaluation des politiques publiques.

Cette évaluation émerge dans les années 70 80. thématique qui exprime dans les classes dirigeantes, étatiques, des aspirations
rationalisatrices, des choix politiques centristes ex : planification, la RCB... avec une articulation forte avec l'informatique qui
apparaît dans ces années. Cette rationalisation a fait long feu, c'était une mythologie.

Se développe dans les pays occidentaux un phénomène qui va dans ce sens de rationalisation : les think thank (réservoir d'idées
ou char d'asseau idéologique ) => cabinets de conseils, politiques, ministériels locaux, souvent financés par des grandes entreprises
ou subventions publiques qui entendent de développer des projets de politique publique. Beaucoup s'articulent avec des partis,
d'autres avec des leaders. En France pas très développé à l'époque mais une sorte de think thank à l'intérieur d'Etat peut être
considéré le Commisariat général au Plan, la DATAR,

Fin 80s = Conseil national de l'évaluation des politiques publiques emblématique de ce tournant managérial.

=> dans la croyance politique ce type d'organisation augmente. Nouvelle croyance de rationalisation substitutive au budget, aux
politiques publiques...

A travers toutes ces croyances qui traversent les pays, ces discours et pratiques prolongent les logiques managériales qui
amènent à penser l'Etat en vàv de l'entreprise.

Idées fortes :
• les objectifs de politique publiques ne sont pas atteints
• la dette est trop élevé
• l'action publique est inefficace

=> il faut remédier à cette inefficacité en procédant à des évaluations scientifiques de son action. Idée apolitique de connaissance
d'Etat loin des partis.

Sous cette doctrine d'évaluation de politiques publiques comme rationnel des croyances se sont développées :
• il faut que chaque Etat fixe ses objectifs de façon claire
• il faut identifier les acteurs chargés de la décision politique et ceux qui sont en charge de la mise en œuvre de cette
décision.
• on peut trouver des critères quantifiables pour dire si une politique a atteint son objectif sans générer des effets pervers

MAIS cette croyance scientifique de l'évaluation est largement illustoire.

Milieu 90s office parlementaire d'évaluation et des choix scientifiques et techniques de l'Etat. Il existe toujours. Produit des
études de façon similaires aux recherches menées en scpo en prenant des actions et procédant à des auditions. Produisent des
rapports en se basant sur ce travail. Ce travail nous permet de connaître la procédure des politique publiques mais jamais de savoir
si elle a atteint ou non ses objectifs.

Création 1997 mission d'évaluation et des contrôles sur les politique publiques à l'AN. Sénat 2000 comité d'évaluation des
politiques publiques. => apparition des diplômes de politiques publiques.
Défense du contrôle de cette action publique sur un mode parlementariste. La limite de cette espérance est la localisation des
moyens financiers et humains. Un seul ministère qui contrôle des milliers de fonctionnaires.

La doctrine du gouvernement représentatif est une doctrine à la fois philosophique et politique qui produit des effets dans
l'organisation d'Etat. Les 4 grands principes énoncés par Manin sont reconnaissables. MAIS ce n'est qu'un aspect des Etat
contemporains et la représentation politique basée sur l'élection et les parlementaires ne constitue pas le centre de pouvoir
politique. Ce centre se situe beaucoup plus du côté du pouvoir exécutif aujourd'hui que du côté du pouvoir législatif ou judiciaire
par exemple.

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Chapitre 3 : le Welfare State

Esping Anderson, 1990, Les trois modes de l'Etat providence, essai sur le Ksme moderne

Pdt longtemps la sociologie comparative des Etats du point de vue de leur politiques économiques et sociales portait sur le
montant des politiques publiques en considérant le niveau de dépenses sociales comme un indicateur du développement de l'Etat
en faveur du bien être des populations.
Les approches éraient dominées par une forme développementaliste, vision ou tous les pays convergent dans leur histoire avec
des différences liées à des écarts de développement ( certain sont en retard d'autres en avance mais tous sur la mm route ).

L'idée partagée au 20ème siècle + les Etats sont interventionnistes plus ils tendent à défendre la démocratie politique. D'ou le
montant de dépenses sociale comme indicateur.

Logique bismarckienne = assurance adossée au travail des salariés, ce qui font la protection sociale c'est l solidarité
professionnelle.
Logique beveridgienne = solidarité nationale, ouverte à tout citoyen sans référence à l'activité professionnelle puisque ce qui
justifie les prestations sociale c'est les cotisations obligatoires. Il y a une égalité de ce que l'Etat leur apporte face aux aléas de la
vie.

Il a fondé une trilogie comparative des Etats modernes et a mis en évidence ce que l'on appelle des régimes d'EP qui sont des
régimes permettant décrire les régimes d'Etat de façon précise, en intégrant la dimension financière économique de son action. On
voit émerger une typologie des Etats modernes précise.

I – Critères de comparaison des Etats


il s'agit de chercher des critères pour savoir à partir de quand peut-on dire d'un Etat qu'il est interventionniste ? Il examine pour
cela une longue série d'Etat = membres de l'OCDE.
2 principaux éléments de réponse

• la démarchandisation : concept central qui lui permet de mettre en évidence des degrés variables de démarchandisation
dans les modes de vie de ces stés et dans les rapports que l'Etat détient avec sa société
• l'évolution de la stratification sociale sous l'impact des politiques publiques

A – Le degré de démarchandisation
Néologisme dont l'idée centrale part d'un constat banal que les sociétés modernes kstes ont eu pour effet de transformer le L de
l'êh en marchandise ordinaire. Le L = O faite par les individus et cette offre répond à une D qui émane des entreprises. Cette O
et D se confrontent sur le marché du L, ce qui détermine la fixation d'un prix. Ce marché est segmenté. OR par comparaison à
d'autres marchandises, le travail a une spécificité. Le prix en fonction de l'O et de la D peut diminuer et s'abaisser à des niveaux de
prix inférieurs au minimum prix nécessaire à la survie de la marchandise elle même.

Or, il est possible de faire en sorte que les travailleurs ne dépendent pas de ce jeu du marché et d'être affranchi des contraintes du
marché de travail, en bénéficiant des revenus indirectes alloués par l'Etat. C'est le concept de démarchandisation. Cela ne signifie
pas que le caractère marchand disparaît avec l'interventionnisme. Cela signifie que la possibilité de vivre de façon moins
dépendante de ce marché de travail augmente au fur et à mesure où se développe ces Etats. « la démarchandisation ne doit pas
être confondue avec disparition du travail comme marchandise, le concept fait référence au degré jusqu'au quel les individus
ou familles peuvent soutenir un niveau de vie socialement acceptable, indépendamment d'une participation au marché du
travail » => tout es affaire au degré.

À partir des pays de l'OCDE il construit un appareil d'analyse statistique, un indice synthétique de démarchandisation, qui
agrège des indicateurs qui ont tous d'être commun d'être plus ou moins indépendant du marché du travail. Il prend en considération
le degré d'éducation, de subventionnement de l'accès au logement, le degré de subventionnement de l'accès aux services de
transport. Revenu invisible qui permet aux ménages de vivre sans que ce revenu transite par les systèmes bancaires.

À partir de cette indice de démarchandisation il compare les 18 pays. Construit pour chacun de ces pays le résultat de son indice
synthétique de démarchandisation.
Il l’énonce ensuite sous la forme d'un tableau pour mesurer l'interventionnisme de l'Etat dans la vie de la société . Qst de savoir
quelles politique apportent aux ménages un revenu direct.

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Sa perception recoupe les intuition que l'on a de chaque région. 3 groupes de pays.

Il se pose la qst de savoir qu'est ce qui distingue ces groupes de pays. À partir de cette qst il introduit un deuxième critère : la
stratification sociale.

B – La stratification sociale
Son critère de cette interventionnisme de l'Etat dans la société concerne l'impact de l'Etat sur la répartition des individus dans
des échelles de revenus ou dans des catégories socio-professionnelles, correspondant à des modes de vies différents. Ce qu'il
regarde c'est la capacité de l'Etat à réduire à la fois les écarts de revenus mais aussi à favoriser la mobilité sociale ascendante
( la proportion des individu à s'extraire de leur catégorie sociale de naissance pour aller vers une autre mieux placée).

Ici l'Etat est conçu comme un mécanisme qui corrige la stratification sociale, qui la modifie. Il considère 2 grandes dimension qui
sont aussi des objectifs
• fonction de redistribution du PA et des revenus, en prenant en considération la fiscalité et en particulier le degré de
progressivité des systèmes fiscaux. On peut examiner les systèmes de prélèvements fiscaux et voir varier les taux
d'impositions et comparer les systèmes fiscaux pour voir quels sont les plus redistributifs. Il considère ce degré de
progressivité comme un facteur de distributivité.
Il analyse l'ensemble des prestations sociales comme par exemples les dépenses de sécurité sociale en France et compare
les niveaux de prestations sociales face à des situations identiques dans chaque pays.

• fonction d'éducation : pq? Car on sait que ce secteur d'action d'Etat est le principal élément qui favorise la mobilité
sociale ascendante. En l'absence d'action éducative de l'Etat, l’éducation est assurée dans les familles mais une activité
éducative liée à un environnement familial maintient les individus dans leur catégorie. (((( est ce qu'est c'est pas plutôt la
violence symbolique ) ???))). il intègre donc les masses monétaires dédiées à l'éducation : ex : école mais aussi
formation continue, maternelle.... que cette formation continue soit disséminée ou qu'elle soit accessible au cours de la vie
sous forme de reconversion.

=> à partir de ces 2 grandes fonction il arrive à rapprocher les pays et à montrer que les regroupements qui apparaissent dans le A
correspondent à une réalité objective dans les rapports entre Etat et société civile.
Il dégage donc les 3 groupes de pays :

• le groupe anglophone, correspondant à des stés dites « libérales » où prédominent des approches individualistes de
l'évolution de la vie des ménages, basée sur l'importance des ressources personnelles. ( la culture politique et la façon
dont est organisé l'Etat amène les gens de faire face aux aléas de la vie passe par l'épargne individuel ). ceux qui
bénéficient de l'Etat sont mal vus, perçu comme une forme d'échec social.

• Groupe du milieu, correspond à des sociétés dominées par des cultures politique tendanciellement conservatrices,
renvoyant à des pays dont les Etats se sont formés précocement. L'intervention de l'Etat dans la société ne vise pas
l'égalité sociale mais principalement à souder la société à l'Etat. Il s'agit de s'assurer de la loyauté idéologique des
populations à l'égard de l'Etat. L'objectif recherché = augmenter la dépendance des populations vàv de l'Etat.

• 3ème groupe = cultures politiques marquées par des idéaux socio-démocrates ou les Etats se sont construits
historiquement plus tardivement dans l'histoire. Ces constructions se font dans un monde issue de la philosophie des
Lumières, dans une perspective égalitariste. Ils se construisent à partir de la transformation de ces idées. Les actions
visent donc beaucoup + à des formes d'égalitarisme entre les individus. Visent à éviter les formes de dualisme social, à ce
qui apparaît comme enjeu central, qqch qui relèverait de la lutte des classes. Donc interventions pour réduire la
conflictualité interne de la société.

À partir de ces 2 grands critères on voit émerger 3 grands groupes de pays différenciables par des indicateurs mais également de
façon quantifiable, qu'on peut regrouper autour de principes de cultures politiques qui les distinguent. Donc 3 grands régimes
d'interventionnisme d'Etat

II – 3 grands types d'Etat


A – Le régime libéral
Le régime libéral = > Etat subsidiaire par rapport au marché. Le marché est la modalité central de l'organisation de la vie en
société. La démarchandisation reste faible. Les actions de l'Etat sont pensées de façon à ne pas nuire le marché, ne pas réduire le

MANVELYAN Lilit L2 Science politique 48


marché qui existe. L'intervention de l'Etat est perçu comme légitime lorsque il ne nuit pas le marché. Ex : EU, CAN, AUS... ce
sont les Etats qui favorisent le marché privé de prévoyance et aussi le marché bancaire de la Kstion individuelle. Maintenir les
marchés contre les formes concurrentielles.

L'Etat limite ses interventions


• aux défaillances du marché
• aux plus faibles, au plus bas revenus

les personnes prises en charge sont socialement stigmatisées, comme des « assistés » et comme des gens qui n'ont pas réussi leur
vie ou qui profitent de la richesse commune. Cette politique s'accompagne toujours d'une dimension de contrôle forte car ce n'est
pas perçu comme légitime. On en associe une inspection, un contrôle, un police d'une bonne utilisation => jusqu'à une politique
d'infantilisation de personnes.

Les prestations sociales sont limitées. Savoir si la politique publique ne risque pas le retour des personnes du marché .les
législations qui limitent ces politique publiques, on examine en quoi ces actions ne risque pas maintenir ces individus en dehors du
marché. On la limite en fonction des mécanismes du marché qu'une élévation d'intervention soit destructive du marché.

Dualisme social fort qui n'est pas celui de la lutte des classes comme en Europe, entre les 90% de la population qui ne bénéficient
que de très peu de revenus indirectes, et une petite part qui bénéficie d'une proportion importante des revenus indirectes.

B – Le régime conservateur-corporatiste

conservateur = ne fait pas allusion au conservatisme politique. Ici conservatisme historique liée à leur histoire ancienne. Le gp
du milieu à une socio-genèse de l'Etat qui s'étend sur une longue période. Ces régimes d’interventionnisme sont strcturés par
l'histoire ancienne.
La culture ne valorise pas autant le marché mais valorise plutôt la puissance de l'Etat. Se sont des Etats forts au sens de Badi.
Dimension paternaliste = idée que l'Etat est comme le roi en charge de ses sujets. Etat = pourvoyeur de bê des individus. Dès le
MA politiques d'intervention de l'Etat dans la société , qui vise à faire face à des aléas. Interventions de coconstruction de son
identité culturelle, de son système de communication linguistique + prises en charges sociales, avec une accentuation forte au
19ème siècle (sous Bonaparte et Bismarck). Ces régimes autoritaires-militaires organisent ces systèmes de protection sociale avec
les corporations métiers, les patronnas, les syndicats salariés et pour cette raison l'interventionnisme de l'Etat sera sectoriel et
corporatiste. Sectorisation de l'Etat marqué dans ces pays ce qui n''est pas le cas dans les régimes libéraux ( ex : pas de ministères
comme on le connaît en France aux EU).

Démarchandisation plus forte que dans le régime libéral mais reste limitée à la perspective politique de stabilisation de la
société. La mesure d'interventionnisme dans cette visée de démarchandisation est la stabilisation du système politique et seulement
la stabilisation. C'est pas une redistribution qui vise à réduire les écarts, mais qui vise à alimenter le budget de l'Etat pour assurer la
stabilité de la société .
L'impact de l'Etat sur la stratification sociale est limité car ce n'est pas un objectif en soi => Les interventions de l'Etat ménagent
toujours les structures socio-prof existantes.

Conservatisme lié à la grande difficulté de changer cette vision de la société .

Dans ces sociétés la ligne de fracture est une ligne de type lutte des classes entre une vaste classe ouvrière et une fraction plutôt
riche de la population. Le clivage est beaucoup plus central qui oppose une masse de population peu aisé avec une fraction
relativement aisée.

C – Le régime social-démocrate
1er groupe des pays. => Etats qui se sont construits plus récemment que sur le reste de l'Europe. Ils incorporent des doctrines
politique plus récentes qui sont des doctrines égalitaristes, notamment issues des Lumières. Philosophies politiques qui se
retrouvent renforcées par les grandes révolutions libérales. Ils s'orientent dans une construction d'Etat de type social-démocrate
qui vise à une universalité des conditions = égalitarisme des revenus et des modes de vie. La différenciation est perçue comme
qqch d'annormal, tout en conservant la différenciation des tâches, en valorisant ces tâches. Toute forme de stigmatisation est
culturellement critiquée.

Dans ces pays le système beveridgien, en raison mm des éléments historiques, est présent, sans référence explicite aux travaux du
Lord Beveridge. L'intervention d'Etat est basé sur un principe d'universalité du droit. L’impôt est extrêmement progressif.

Dans ce régime la relation Etat- société civile, la démarchandisation est élevée. Mais au delà de ces indicateurs on peut l'illustrer

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de différentes façons. Ce sont des pays qui ont fait rêver le reste de l'Europe. Services de maternité poussée, les systèmes de
formations continues sont sans pareilles avec des dispositifs adaptés. + possibilité de césure dans le cour de la vie prise en
charge par l'Etat.

L'impact sur la stratification sociale est forte, il est volontairement recherché, pour réduire la différenciation des niveaux de vie.
On cherche à éviter la « distinction » qui est un objectif culturellement recherchée.

Élément connexe = la conflictualité interne à la société n'est pas acceptée. Les démarches politique tendant à des oppositions
frontales sont mal perçues. Ce qui explique par ex que le Marxisme sera pas développé dans ces pays.

===> Ces 3 régimes sont aujourd'hui distingués par tout le monde, avec des intitulés qui varient. ( régime libéral est appelé
modèle résiduel, conservateur-corporatiste appelé modèle assurantiel ou bismarckien, social-démocrate qualifié de régime
universaliste). Ces régimes sont aussi puissamment déterminant et descriptifs de ce que sont nos Etats que ce que sont les régimes
constitutionnels.

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Examen :
• questions qui portent sur le cours
• 3h

sujet 1 : 5 questions de cours, sur 4 points chaque.


Ex : quelles théories de l'expansion de l'Etat comme résultat de stratégie politiques. ( questions soit au niveau de la
section soit au niveau de sous-section).
Chaque question relevant de chaque chapitre différent

sujet 2 : commentaire de texte :

• fiches de synthèse, chercher l'essentiel, consolider les connaissances à côté du cours

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