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Le Codex
des Vivianes
Introduction 3
Sommaire Etre une viviane 13
Magie 15
L’Harmonde 3
Histoire du décan 3 La Menace 23
Société 6 Les Ténébreuses 23
Les Perfides 26
Etre Inspirée 10
Avantages & défauts 10 Dans le secret des Dames 27
Si les Royaumes m’étaient... 12
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Nous ne faisions pas le poids face à tant Nous étions heureuses de notre sort.
de barbarie mais, dans les camps retranchés Certains humains, parfois des saisonins, nous
de la forêt d'Ebène, nous soulagions lutins et approchaient et restaient à nos côtés pour
satyres de la perte de leurs frères par nos rires devenir les pères de nos sœurs. La joie nous
et nos batifolages, et partagions leurs peines. transportait à chaque fois qu’une fille venait
Vint la trahison de Farfa (cf. Codex à l’Harmonde, car elle naissait viviane. En
Farfadet, p.4), qui nous apparut tel un signe revanche, lorsqu’un garçon voyait le jour, la
: nous ne pouvions faire confiance aux lutins tristesse nous emportait puisqu’il héritait de
et aux satyres qui, de leur côté, multipliaient la race paternelle. Nous étions si peu... Notre
les tentatives de séduction les plus basses cœur se fermait face aux enfants mâles ;
envers la Dame aux bourgeons, en ces temps nos pleurs et nos peines les tenant loin de
troublés. Nous partîmes donc pour des écrins nos bras, les pères étaient frappés d’une
dissimulés au creux des plus vastes forêts, immense déception. La plupart nous quittait
comme celles du futur empire de Moden’Hen, en emportant leur fils, pour fuir les souvenirs
laissant derrière nous un Harmonde confus à de bonheur partagé avec nous et dont il
ses turpitudes. était vain d’espérer le retour. Les plus tristes
d’entre eux, parfois, se donnaient la mort.
Les hommes
Cela dura jusqu’à ce qu’une catastrophe
Une nouvelle ère frappa bientôt à nos s’abatte brutalement sur nos forêts. Un
portes, celle des hommes et de leur pouvoir. immense brasier consuma l’empire de
Ils semblaient vouloir nous comprendre, nous Moden’Hen et, de ses cendres, on pouvait
aimer comme nous étions ; comme nous, ils déjà deviner Keshe relevant la tête. Beaucoup
étaient épris de liberté et de nature. Certains de nos sœurs périrent dans ce cataclysme,
nous prirent comme épouses, d'autres consumées telles des torches. Les cris des
comme amies ou encore comme inspiratrices lutins et des hommes qui perdaient la vie
de leur art. Les prémices de cette union nous dans les flammes nous parvinrent comme
donnèrent amplement satisfaction et notre des coups de poignard en plein cœur. Nous
confiance grandissait pour les hommes de la qui étions abritées dans les Marches du
Flamboyance. sud, notre peine fut si intense que le plus
Cela ne pouvait durer et les lutins, qui terrifiant de nos Sanglots vit le jour, tandis
logeaient en ces temps dans de gigantesques que les cendres de nos sœurs retombaient
cités végétales, envoyèrent une ambassade doucement sur le sol. D'aucuns diraient que
aux humains. Il en résulta un mariage entre nul ne réchappa à notre tristesse. Nos pleurs
l'empereur Floripel IV et la lutine Emeline se firent entendre dans tous les Royaumes
Vertmanteau (cf. les organisations, p.62), et et l'on raconte encore comment beaucoup
nos frères saisonins entrèrent de plain-pied se désespérèrent d’une perte indicible, sans
dans le monde des hommes. Par peur du comprendre pourquoi.
souvenir de la trahison de Farfa et de tant de
barbarie, nous décidâmes de nous retirer.
Le pacte de Janus
Millemiel était l’une des vivianes les moins farouches de son décan. Son tempérament la poussait
souvent à partir rencontrer d’autres peuples et beaucoup de ses sœurs lui en tenaient rigueur. C'est
pourtant grâce à elle que les vivianes obtinrent la sécurité suprême : celle de l'oubli.
Pour les remercier de garder au secret la légendaire Flamme d’Espleurance, Janus promulgua une
Sentence édictant que leur décan n’avait jamais existé aux yeux des mortels. Au même titre que les
Merveilles ou les Excellences, les vivianes seraient une légende et le resteraient pour toujours. C’est
pourquoi, aujourd’hui encore, les autres peuples ne peuvent accepter l'idée même qu’une viviane ait
un jour foulé le sol de l’Harmonde.
Paradoxalement, les vivianes ont besoin des autres peuples pour se reproduire et apprendre le Rire et le
Sanglot. Ainsi, les sentes, des passages privilégiés au travers de la Sentence, offrent à certains élus, et
quelquefois à de simples chanceux, l'opportunité d’approcher le peuple viviane. Le drame de l'élu est
alors irrémédiable : il pourra raconter son histoire à qui veut l'entendre, personne ne le croira jamais.
Quant à la fameuse Flamme d’Espleurance, qui appartenait à celle qui montra aux humains les
voies de l’Inspiration et de la pratique des Arts, elle fut confiée au clan de Millemiel, le Foyer
d’Asphodèle, qui se tapit encore aujourd’hui au creux du désert de Keshe, dans les ruines de
l’ancienne capitale de Moden’Hen. Bien que toutes les vivianes connaissent cette histoire, nulle ne
sait où se trouvent les ruines et la plupart ont peine à croire que certaines de leurs soeurs puissent
survivre en plein coeur du désert.
Les farfadets
Les quelques vivianes parties pour la ville attirèrent rapidement l’attention des érudits farfadets. Ils
les reconnurent comme un décan du Printemps et un obstacle à la légitimité du leur, encore parfois
contestée par leur saison. Ce souci de s’inscrire définitivement au sein du Printemps leur inspira une
grande méfiance envers les vivianes. En effet, bien que le premier Chant de la Dame, une fleur, permette
l'acceptation du décan farfadet comme le troisième, l’existence avérée des vivianes proposerait un
autre troisième décan, non farfadet, pour prétendre au titre… (cf. La Sentence de l'aube, p.140).
Pour une viviane, la plus palpitante des expériences n’en demeure pas moins la ville : tant de gens à
voir, d'émotions à partager. Hélas, la ville est aussi un piège : beaucoup de vivianes n'en sont jamais
revenues.
Les décans
Drakoniens : leur barbarie, et la façon qu'ils ont d’enlever les femmes à des fins inavouables, nous
répugnent. Nous leur ferons visiter des forêts de peines.
Farfadets : ils nous soupçonnent d'être leurs ennemis inconnus… Pourvu qu'il n'en soit rien.
Fées noires : des quoi ??
Géants : ils sont nos meilleurs alliés dans les forêts modéhennes, nous partageons tant !
Lutins : certains chênais nous connaissent et leurs habitants nous apprennent bien des choses sur le
Rire. Aucun d'eux ne penserait à nous trahir.
Méduses : le peu que nous en savons nous glace le cœur, mais pas tant que le leur.
Minotaures : des brutes sans âme, ni rire ni larme dans le cœur.
Morganes : des sœurs de désespoir, des reflets fânés. Hélas, les aider demande de suivre la voie du
Semblant.
Nains : petits, bourrus, dépourvus de manières, trop près de la pierre et de leurs occupations.
Ogres : des rustres !!!
Pixies : elles sont les messagères du déclin, nous ne pouvons leur permettre de soupçonner notre
existence.
Satyres : les meilleurs des amants mais également les plus obstinés. Certains sont un nid à problèmes,
mais nous respectons leur amour des sentiments.
Les Eternels
Les mortels
Le Cryptogramme magicien : les jornistes devraient être les seuls à pouvoir pratiquer l'emprise.
L'Equerre : vous dites ??
Le Conseil des décans : ils ne connaissent pas notre existence et cela nous sied à merveille.
h
méridion du royaume, certaines vivianes
vivent auprès de Merveilles et d'Excellences,
souvent au creux même des Perfections.
Se nourrissant des émotions du lieu, ces
saisonins sont les moins enclins à quitter leur
Profil
RES FOR AGI PER INT VOL CHA CRE TAI BdPV Mod.Pds MV
-1 -1 +3
+1 +2 / -1 / 0 25 x7 4
(M7) (M6) (m7)
Saison : Printemps
5 Vous connaissez tous les us et
coutumes de votre décan.
6 Vous êtes tellement sensible à ceux
qui vous entourent et vous sont familiers que,
Saison : Printemps sur un jet de PER + Saison : Printemps DIFF 15,
vous pouvez connaître la source de leur bonheur
Les vivianes sont très réceptives aux ou de leur malheur.
émotions d'autrui, ce qui en fait des êtres 7 Idem qu'en 6 pour tout être conscient,
singuliers. Les premiers émois d'une viviane connu ou non.
sont souvent d'une hystérie peu commune 8 Vous êtes devenue si réceptive que,
mais, avec l'âge et l'apprentissage des Rires sur un jet de PER + Saison : Printemps DIFF 20,
vous pouvez connaître les intentions profondes
et des Sanglots, la maîtrise des émotions va
de vos proches, quelles qu'elles soient. Il vous
croissante. Il n'en reste pas moins que les
est toutefois nécessaire de converser quelques
printanines sont des êtres d’une sensibilité minutes pour y parvenir.
à fleur de peau, craintives. Les émotions des 9 Idem qu'en 8 pour tout être conscient,
autres sont pour elles aussi concrètes qu’une connu ou non.
sensation de toucher. 10 Vous êtes pratiquement devenue
empathique. Vous pouvez deviner la moindre
intention chez quelqu'un du premier coup d'œil
sur un jet de PER + Saison : printemps DIFF
25.
h
d'un défunt qu'elle connaissait pour que
son meurtrier, si meurtrier il y a, en ait
des remords d'une intensité terrible.
N'importe où dans l'Harmonde, l'assassin,
au moment des sanglots de la viviane,
pleurera aussi à chaudes larmes et sa vie se
Des rires aux larmes Les vivianes sont attirées par les perfides
comme les papillons par une flamme. La
complexité sentimentale des déchus et
Histoire d'en rire de Violette
les ficelles tirées dans leur dos fascinent
On ne peut faire totalement confiance aux
les vivianes, qui voient dans le maître du
marionnettes. Celle que j'observe en ce moment
Semblant un cousin éloigné dès lors qu'elles
est un marchand modéhen. Bien qu’il soit
ont connaissance de sa nature profonde.
prompt à distribuer les drachmes, il semble ne
Les humains, que les vivianes aiment tant
pas percevoir toutes les subtilités du Drame.
observer, sont le fruit du Masque. Il est le
Le gros bourgeois en face de lui regarde avec
père de l'objet de leur plus grande curiosité.
avidité le collier de perles que lui tend Bonatte,
Cet amour commun des humains pousse
le marchand. Je sens l’intéressé réticent, il a
les vivianes à s'avancer de plus en plus près
peur de Bonatte…
des perfides pour mieux les comprendre et
— Vous dites que ce sont des perles des Terres
souvent, elles s'y brûlent les ailes.
veuves ?
Les méthodes des masquards et les
— Certes monsieur, venant tout droit du
pouvoirs que leur octroie le Vagabond sont
golfe des Lambris.
des armes puissantes entre les mains des
— Ont-elles un certificat d'importation ou
vivianes ; elles deviennent un instrument
d'authenticité ?
parfait pour accomplir sa volonté. Leurs
— Allons donc ! Si elles ne venaient pas de
Rires et leurs Sanglots arrivent toujours
là, d'où viendraient-elles alors ? Des huîtres
au bon moment et le trait d'esprit le plus
boucanières ?
navrant reste drôle ; l'homme le plus dur
Bonatte est hilare, le gros bourgeois semble
arrive tout de même à pleurer… L’illusion est
atterré. D’une émotion, je le décrispe et il ricane
totale et les acteurs involontaires des drames
aussi de la blague sans retour du marchand.
du Masque, convaincus de l’authenticité
— Pour qui sont ces perles, si je puis
de leurs sentiments, s’y retrouvent plongés
me permettre monsieur ? Votre femme ?
complètement.
Une maîtresse ? dit Bonatte sur le ton de la
confidence, en appuyant son coude entre les
côtes du client. La perfidie des fleurs
Il s'enfonce, sa lourdeur est aussi pénible
qu'agaçante. Et pourtant le gros bourgeois Les vivianes sont friandes des drames du
rigolera de sa fantaisie. Il rira même aux éclats, Masque tant ils sont vecteurs d’émotions
se détendra, et achètera en toute confiance ce diverses. Ces saisonins sont pour lui de
collier en échangeant des drachmes. Sa faute ? précieuses alliées détenant des secrets oubliés.
Rire à n'importe quoi ! La première découverte d'une viviane par le
Vagabond fut pour lui un enchantement.
Nommée Agapanthe, elle fit rire aux larmes
l’Eternel. Aux dépens de celle-ci, le Masque
comprit alors comment finaliser ses œuvres.
Depuis, les très rares vivianes perfides
La Flamme
d’Espleurance
Parmi les plus anciennes légendes
modéhennes, il en est une qui raconte
Le Sanglot du Semblant comment, aux temps de la Flamboyance,
Suicide
l’enfant d’Espleurance reçut une illumination
Seuil : 25 et ouvrit ainsi aux Inspirés la voix de
Portée/zone d’effet : portée du regard/1 cible l’Harmonie et des Arts magiques (cf. Vestiges,
Durée : 1 heure p.1). La Flamme qu’il portait lui offrait une
Sanglots : 5 tours immense connaissance sur les secrets des arts
Peu de vivianes décident d’apprendre et anciens qui firent, durant trois mille ans, la
d’utiliser cette œuvre particulièrement puissante puissance des empires.
et cruelle. En entendant ces pleurs, la cible est C’est pourquoi Janus dissimula cette
frappée par la certitude que son existence est
Flamme avec les vivianes, sans même songer
totalement futile, dénuée de sens et qu’elle
doit en finir au plus vite. Au prix d’un terrible
à la confier au Conseil des décans, pour ne
effort de volonté (DIFF 25) la cible peut retarder pas l’exposer ou risquer qu’elle ne tombe
l’échéance d’un tour. Elle reste alors immobile, entre de mauvaises mains. Leur Sentence de
visiblement en proie à un affreux dilemme. l’Oubli protège ainsi, par la même occasion,
Si elle échoue, elle doit attenter à sa vie de la la Flamme la plus puissance de l’Harmonde.
manière la plus rapide et la plus efficace qui Cette Flamme, qui resta imprégnée du
soit. Cela lui apparaîtra comme absolument message des Muses, garde encore aujourd’hui
nécessaire et, selon sa personnalité, elle pourra la mémoire de son ancien porteur et le secret
ou non s’en prendre aux personnes qui tenteront
de la pratique des arts anciens. Il est dit que
de l’en empêcher. Si au bout d’une heure elle a
réussi à se maîtriser ou qu’elle n’a pas réussi à
sa puissance exceptionnelle permettrait à son
mettre fin à ses jours, l’effet de l’œuvre prend porteur d’en acquérir la maîtrise.
fin. On raconte que c'est Vélériane, une viviane Seules les vivianes gardiennes du Foyer
corrompue, qui acquit ce Sanglot du Masque d’Asphodèle, vivant dans les ruines de
lui-même. la capitale Moden’Hen, connaissent son
L’origine
Les vivianes savent que ce sont le premier
rire, le premier chant et le premier baiser
qui donnèrent naissance aux trois premiers
décans printaniers. On raconte aussi qu'ils
se seraient matérialisés. Mais qu'en est-il
du sanglot et du sourire qui fit naître leur
décan ?