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REVOLUTION DANS LA o
MESURE DU MONDE É.
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RÉCHAUFFEMENT @
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La carte C\I
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des zones à fuir =
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LE -KI-LO DEUIETT
AUAilTIAÜE
NÉVOLUTION DANS LA
N/ESLJRE DU MONDE

au
Exit le cylindre de platine qui, au cæur de Paris, sert d'étalon
'19 novembre' I'unité
kilogramme depuis la fin du )C/llle siècle: le
physique quan-
de la masse sera définie par l'un des piliers de la
jour-
tique: la constante de Planck. Et il n'y a pas que le kilo: ce
là, toutes les unités de mesure - seconde, mètre, -
kelvin. '.
de
vont elles aussi devenir "fondamentales". Car tel est l'enjeu
cette révolution dans les poids et mesures: les rendre universels
qui cache
et utilisables par tous en tout point du globe' un défi
une grande ambition: trouver les unités de la nature
elle-même'

PAR ROMAN IKONICOFF ET JEAN-BAPTISTE VEYRIERAS


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§ mole §3

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A la une

de la cérémonie: ii faudra attendre


nerévolutiongrondesousle plateau 2019 pour que la nouvelle
de nos baiances. Le 16
1"' ie 20 mai
'o'"*i"' en vigueu" 144 ans
à léOt:1::,:."tre
délégationspolitiquesetscientifrques la
attendues ]oru potu iou après Ia signatrue de
de plus de cent pays sont 'Convention.du
mètre' acte fondateru
Versailles pour Ia Zo" Conférence gé- (SI)'
et a"t *"'"t"t' ft à du Système-international d'unités
nérale des poids "c'est
voo Mais sur le plan scientifique'
moins que des "ot'*"ilJàt'""'u rupture épisténtologi-
une vér.ita.ble
sedressentlorra.,'ot"l'*'iîiflî'l que "' s'enthousiasme Marc
Himbefi '
thèse très peup''b'b'|""'
;"*; i;;- vont quitter
fait' nos pesées
tin Scott, directeur dtt l'bo'"toi'" De toutes

utt gttt"utt-i;"utio- le monde rnatériei et tangible des


de métrologie sur
masses étaions' pour s'appüyer
;;;;;t't et mesües (BIPM) -' le de ia na-
19 novembre au matin' i"
pnyttq"" Llne constante universelle le nom de
ultime porte
quantique aura officielleri"i"i ptf t f" tüe' Cet étaion
' de Plalck' Nommée d'après
contrôie du kilogramme I
Rassurez-volts, notre kilo de
fruits "ot."tante
i'un des pères de la physique quan-
h est
kil"":ô; ;;; tique' l'Allemand Max Planck'
pèsera touiou,,
"" lmpos- une constante phare de cette science
àue ul microgramme de plus petit: elle sert à défi-
;;;t
""t*pàJf'"' de I'infiniment
sible de Ie dire. Ia difféJ;;;
la pir-rs oetite quantité d'énelgie
nir
encore été mesurée' ff Eins-
ce kilo aura changé: if t"t*'Ë"ta'a qui puisse Lxister' Or' depuis (où c est 1a
désormais à 1',4521475"10a0
iois ia tein et son fameux E=mc2
vilesse,]e 1a Iumière dalrs 1e vide)' on
masse équivai"'-'t" a l'o"eigi"';;;;- et masse s'equivalenl'
ratoire d.une parlicure a" li,*ior"
," sait qu'énergie de
Àtttt'"*"ltt Lénelgie minimaie de ia constante
propageant dans ie uia"'
dit, il sera basé sur r"' i'"itiotet
i"t Planckdéflnitdoncnaturellementune]a plus
i' iltt"t qr-rantité de masse rninimale'
a"
plus intimes
àe ses théorie'
':lutillll'J
tus plu' fonda'n"n- petitemesurablesurTerreetdanstout ,il
nt l'U'-'i'"'s' le nouvel étalon' Ainsi ie
tales:la physique q"*tiqrr"' ""1" s'est-il emparé du kilo'
change tout. . . t-e tito estÏott I Vive le quantique
LA FIN DU "GRAND K"
:1,il:;Ï,ï;:,::I'î;ffi,ï:il:;C
Nez' du labora- Cette promotion
marque la fin de l'ère
le physicien François
d"s altefucts Exit le dernier
étalor.r
toireKastlerBr"*t''t"*O'*"T*ti" rnatériel du Système international
des
a"'
ï; ;;,;;
continuité, c'est 1'art a" lJ'"i"*""
iïi:::ï;ïffiË
*i,ï*:,ï:**f§i,üï"ffi,
choisies pour coïncider
bitrairement
Baptisé
avec la rnasse d'un litre d'eau'
"le K", il n'est pas si grand que
Le kilo est mort, vive le kilo
! sand
çu àun, Ies faits puisqu'il
s'agissait

En passant au qllaltique' on modeste cylindre en platine


iridié
à'rur
diamètre
d'environ 4 cm de haut et de
vient d.e renveiser l'ancien système' entèrmé à double tours
'S'r'l
dans les sous- z
disparaissait ou
mais sans renverser la table
sols du BIPM. ô
=
z
c'en était fit^ti du kilo-
s'il était abînté,
groinrte", s'amuse Fra-nçois Nez' ô

68 lS\,l NovEMBRE I 2018


üne histoire
,
§ümsytencÉe
- n .a ,
uy€tz§reüIes
-!f --
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1" 7*§
Naissance du système
métrique décimal : une
mesure "â tous les temps,
à tous les peuples" adop-
tée en France par la
Convention nationale.

2B septembre
1 B8s
Naissance du "grand K". La
CPGM (Conférence géné-
rale des poids et mesures)
adopte des artefacts pour
le kilo et le mètre, et définit
la seconde astronomique.

âü **tobre
r$st Le mètre s'affranchit de
son artefact, La 1 1e CPG[/
, le définit sur la base de la
:
! longueur d'onde d'une
â
t
:t...# lampe à krypton, et ins-
taure le Système interna-
tionald'unltés §l).

LS sctobrs
t967 La physique quantique fait
son entrée dans le Sl: la
13e CPGM redéfinit la se-
conde sur la base de la
fréquence d'une transition
hyperfine d'un atome de
césium 133,

l"S noverahre
2&t 8
Adieu "grand K"! La
26e CPGM doit annoncer
que le kilo devient à son
tour quantique, et va faire
reposer les 7 unités sur
des constantes physiques.

Et c'est bien là un paracloxe toutes soient explicitement définies en Ie monde. Une fois qr-i'elles sont fixées, !
pour une unité internationale! Le termes de valeurs numériques fixes. seule I'incertitude snr leur mesure
graud K ne quiltairt presque iamais ses "Ce n'est donc pas qu'une révdution compte: c'est e}le qui devient la gra- \
§
petites cioches de verre, seuls 1es mé- pottr le ki/o, souligne Wilhid Poirier, dation la plus fine possible de ia norl. â
§
trologistes du BIPM pouvaient en dis- du Laboratoire de métrologie et d'es- velle échelle de mesrlre.
poser. Les autres devant se contenter sais. Le fait, por exemple, de pouvoit' i
D'AUTRES BÉVOLUTIONS À VENIR
de cyiindres iumearix clisséminés dans s'oppuyer à la fois sur la constance
le monde. Or, peser, comme toute me- de Planck et sur la chorge électrique Voilà pourquoi cette révision a pris
sure, c'est se comparer en tout temps fondomentale pour I'ampèrc, oppofie du ternps. Pour la constante de
et en tout lieu à une seule grandeur de des progrès considérubles pour I'in- Planck, i'incertitude requise était
référence - d'oir ie mot "unité". "C'est dustrie de l'électronique." Voilà en de 1'ordre de Ia dizaine de parties
ce besoin de disposer d'un langage le effet vingt ans que des mesures quan- par milliard ! Une exigence hors
plus universel possible qui a présidé tiques de très haute qualité y sont de portée des appaleiis... jusqu'en
à lo création du systèrre métrique à réalisées. Scientifiques et industriels 2011. ''Grâce à des expériences tne-
la faveu' de la Réwtlution française", n'attendent plus que cette redéfinition nées en Angleterce et aux Etats-Unis,
rappelle l'historienne des sciences pour lancer le développement grand nous saviotls que nous pottvions ob-
Nadine de Courtenay. public des technologiques quantiques. tenir la précisiott Lequise", se rap-
"ll devenoit indispensable de dispo- Avec ce nouvealr système, les me- pelle le métrologiste Ian Robinson,
ser de la référcnce }a plus tutiverselle et sures pourront être réalisées à toutes codéveloppeur avec Bryan Kibble
la plus stoble possrô1e", résrime Patrick les éche11es, de la plus rninuscnle des de la balance quantique qui a permis
cet exploit (voir ci-contre). Et ce n'est
qu'en 2017 que la valeur de h a errfin
été fixée officiellement, la très faible
La révolution touche toutes les unités de incertitude sur sa mesure (to'8) deve-
nalt celle de toute nouvelle pesée, en
mesure (mètre, seconde...), étalonnées pour tout point de l'échelle des masses:
"On va enlin pouvoir mesurel oussi
devenir plus fondamentales et universelles
finement un kilo que quelques mil-
liardièmes de kilo, chose ininagi-
nable avant", se réjouit Ian Robinson.
Mais le SI r-re devrait pas s'alrêter
Pinot, du Laboratoire commun de mé- particules jusqu'au plus monstrueux 1à. Car il mêle encore constantes
trologie. Car en comparant 1e grand K des colps célestes: "C'est l'une des fondamentales et constantes tech-
et les étalons secondaires, ies métro- forces de cette redéfinition, souligne niques. Comme cette efficacité lu-
logistes ont découvert que le premier Martin Scott, on s'affranchit d'un mineuse maximale (Kcd) sru' laquelle
perdait au fil du temps de la matière. point de Éfércnce unique. Tout itts- est fondée la candela: des tests de vi-
Ou qr,re les seconds en gagnaierlt... À ttument de mesurc peLrt olors être éta- sion réalisés sùt...272 personnes en
l'heure des machines moléculaires, lonné avec la mênte incefiitude, aux 1924 ! Mais des physiciens plaident
des nanotechnologies et de f indus- petites conme attx grandes valeurs." également pour que la définition de
trie de très haute précision, "mêtne Pourtant, à v regarder de plus près la seconde soit 1iée à la constante
si ot't pctrle ici de variations d'à peine on est pris d'un vertige: les valerus de gravitationnelle G. Quand des théo-
50 ntg sttr plus d'un siècle, cela deve- ces constantes n'ont-elles pas été défi- riciens tentent, eux, de repenser to-
noit incontpatible avec les exigences nies sur la base de I'ancien SI? Poul les talement la notion même d'unité...
actuel le s ", détaille Martin Scoti. connaître, il làlhü faire des mesures... Alors qu'on la croyait fixée depuis
C'est pour cette raison que la 26o et donc utilisel des unités! "La petite des lustres,i'histoire des poids et me-
conférence va aussi voter la redéI1- subtilité, I'assure François Nez, c'est sules est donc en train de s'inventer
nition du kelvin, de I'ampère et de la qu'en fixant la valettr numétique de un nouveau destin.
mole. Qr"rant au mètre, à la secor-rde la constante, ot1 tenverce la question: Reste que le 19 novembre, sans nous z
et à 1a candela, déjà indexées sur des l'inceûitude porte alors sur la ntesure." en rendre compte, le kilo deverllr quan-
constantes physiques, elles ne seront Nril besoin de connaître les vlaies tique nous rapprochera un peu plus des o
remaniées qu'à la marge, afin que valeurs des constantes poru mesurer véritables grandeurs du monde. J.-e.v.

70 rsvr NovEMBBE r 20r8


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§uK §,,& Cffi}{§Y&}{§§ §§ ÿt"&l§cK
[]§ Q(;',tl. Mrj§t.rRIr un atome de césium 133 se pro- précision.,. C'est elle qui a permis
La masse, c'est-à-dire la résis- pageant dans le vide. de fixer la constante de planck.
tance de la matière d'un corps au Et elle fournit depuis une pesée à Ia
changement de vitesse. Ci]MM˧J"T dizaine de microgrammes près,
It  ÉrÉ É:xlor;xÉ soit un tout petit grain de sable.
iiÀ N"tilJViiLi.f La mesure du kilo se fait désormais
{)liFIh'1TI$§ {lf }:t{iIsL!,ti avec une balance dite de Kibble, cx a]{i}  cH§ÇÉ
"Le kilogramme (kg) est défini en du nom de son inventeur, un mé- l-unité est enfin universellel Elle
prenant la valeur numérique fixée trologiste anglais. Son principe est n'est plus la seule propriété de la
de la constante de Planck (h) simple: elle convertit la puissance France, où était conservé depuis
égale à 6,62607015.10-34 kg mécanique du plateau sur laquelle 1875 l'étalon du kilo: eile peut être
*2.5 t (eu J.s)." repose une masse étalon en une étalonnée partout sur Terre. 'Lan-
puissance électrique équivalente... cienne définition avait certes le mé-
c§ QriË (;ELÂ VEtj?'ürRr Même si la réalisation de cette ba- rite d'être compréhensible par tous,
Le kilogramme correspond à lance fut une gageure: laser pour mais elle n'était pas assez stable et
1,452 1 47 5.1 )ao fors (h. Avss/c2) contrôler l'accélération locale de la pérenne pour perdurer", tranche
la masse équivalente a l'énergre pesanteur ; électronique quantique Patrick Pinot, du Laboratoire com-
ondulatoire d'un photon émis par pour la mesure électrique de haute mun de métrologie (LNE-Cnam).

NOVEMBEE I 2018 lSr/i 71

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ijg QU'CLLE r\{§StiRE 9192631 770 périodes de l'onde jusqu'à ce que tous les atomes C
Un intervalle de temps propre, électromagnétique, qui fait passer soient excités. lls sont alors sûrs Li
c'est-à-dire une durée. l'électron libre d'un atome de que la fréquence de leur lumière rrl
césium 133 de son état de plus correspond exactement (à 1016 Hz tl'
§Â §()tjvE{,}-r basse énergie au niveau supérieur. près) à Àvcs... et disposent ainsi d
;]ÉT'TN TT T{.}N { }É-FIC{EL{,8 d'une horloge qui ne dérive que de le
"La seconde (s) est l'unité de C{,}lÿTô,iEI{l' §i,LË I seconde tous les 300 millions
temps. Elle est définie en prenant :r Érll É't:qloNzuÉr d'années: une monlre de référen- S
la valeur numérique {ixée de la fré- Avec une horloge atomique à cé- ce pour caler toutes les autres. I
quence de la lransition hyperfine sium 133. Les métrologistes ex- "l
de l'état fondamental de l'atome de posent des atomes de césium 133 CE QUI A CHÂ\-GÉ t(
césium 133 non perturbé (Àvç5), à une lumière micro-onde dont La définition a été reformulée pour E
z l.
égale à I192 631 770 lorsqu'elle l'énergie correspond à peu près à rendre explicite la valeur numéri-
est exprimée en Hz, où Hz est une celle d'une transition hyperfine et que fixée de Avcs. Le principe n'a L

-I= unité fréquence égale à s-t " comptent, avec un filtre et un dé- pas changé depuis 1962 date de
tecteur, ceux qui ont été excités. Et l'abandon du temps astronomique l(

,;g rJl tr: (.. \'EL T IIIRE reproduisent l'expérience, ajustant qui définissait la seconde comme J
= Une seconde correspond à peu à peu l'énergie des photons la 86400e partie du jour solaire. C
a.
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72 SV NOVTVBPLT2JIS
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TEM'PÉRATU'HE

§-§ K§§, §ru §ru,§rpp§t§"§ & §,&


C*}ü§?,;11§Y§ §§ §*CrXM§ru
cE Qt_i'TL }TESURE cr QLE ÇÂ ni§uT llr§.8 LNE-Cnam. C'est sur la base de ce
La température thermodyna- Une hausse de température de 1 K thermomètre que chaque labora-
mique. C'est-à-dire l'agitation correspond à une augmentation toire pourra obtenir son propre kel-
thermique des constituants d'énergie de 1,380649.10'23 J. vin, en changeant le gaz pour l'ada-
d'un système physique (comme pter à la gamme de températures.
les atomes d'un gaz). {]OM§IE§î
IL \ ETE EI'.{LÛ\\T cE QUI À CriA§illa
§Â NOL]VELLE Avec un thermomètre acoustique: Jusque-là, le kelvin était basé sur le
i]ÉFI§ITIA§ OFFICIELLE une sphère remplie d'hélium dont "point kiple" de l'eau: température
"Le kelvin (K) est l'unité de les métrologistes ont mesuré les à laquelle coexistent les états liqui-
température thermodynamique. fréquences de résonnance jusqu'à de, solide et gazeux. Mais cela dé-
Elle est définie en prenant s'aligner sur la constante de Boltz- pendait de la pureté et de la com-
Ia valeur numérique fixée de mann - léquation des gaz parfaits position isotopique de l'eau. pis,
la constante de Boltzmann (k) lie en effet la vitesse du son à cette l'unité reposant sur un seul point
égale à 1,380649.10 23 constante. "C'est de la physique à de mesure proche de 0.C, l'incerti-
Iorsqu'elle est exprimée en papa, mais il a fallu 1S ans pour tude s'amplifiait pour les tempéra-
J.K1, où J est une unité contrôler tous les paramètres", tures extrêmes. Désormais la pré-
d'énergie égale à kg.mz.s 2." précise Marc Himbert, directeur du cision de la mesure est universelle.

NOVEMBRE | 2018 tSVt 73


A la une

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DI§T.ANCE

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L& V§r§§§§ §§ r, tu&§x§K§
cE QLl',iL I,IESURE COMI,IENT II, À ÉTÉ une deuxième étape: l'interféro-
La distance physique ÉraroxxÉ métrie. Celle-ci permet de déter-
entre deux points de l'espace. Avec un laser femtoseconde miner la longueur de petites cales
dont les longueurs d'onde sont étalons en la ramenant à une
SÀ §OUVELLË connues (elles sont asservies à différence de chemin optique
DÉriNrTION Ûr.]iICIELLE un courant électrique). Les métro- entre deux rayons du laser. Cette
"Le mètre (m) est l'unité de logistes étalonnent leur propre différence prend la forme, sur
longueur. ll est défini en prenant laser à partir de ce référent. La un écran, de franges d'interfé-
la valeur numérique fixée valeur de la vitesse de la lumière rences dont l'intensité dépend
de la vitesse de la lumière étant fixée depuis 1983 avec une du nombre de longueurs d'onde
dans le vide (c), égale à incertitude infime de 4.10 e, grâce necessaires pour survoler
2997924581orsqu'elle à l'invention des horloges atomi- une cale.
est exprimée en m.s 1." ques à césium 133, ils peuvent
ensuite utiliser leur laser directe- rjE QUl  ClnÂNGÉ
cE Qi;E ÇÂ V§LT XIIRE ment pour réaliser des mesures Rien, si ce n'est que la
Un mètre correspond à la de longueur par télémétrie. Mais définition a été reformulée
distance parcourue par Ia pour matérialiser nos bonnes pour rendre explicite la valeur
lumière en 1/299792458 s. vieilles règles, il faut passer par numérique fixée de c.

74 rsr,l NOVEMERE 20r8


cou ELECTE.IQUE

t"&§âp§K§ §§ §"ü§§§ §§&.


t,& C§{§.G§ §'{JN §§,§CYKüN
CE QU'IL MESURE It
CO§{1.{EI,JT A ÉTÉ mesurée directemenr), itne
La quantité de charges électriques Éf,tfOUXÉ leur reste plus qu'à appliquer
en mouvement par unité de À t'aiOe d'électrodes supra- la loi d'Ohm: l'ampérage
temps, soit un courant électrique. conductrices et d'ondes est égal à la différence de
électromagnétiques: les potentiel divisée par la
SA i§OI;VELLE métrotogistes créent une diffé- résistance.
nÉffStTfOii OFFTCI§I-LE rence dà potenriet contrôtée
"fampère (A) est l'unité d'intensité (un voltage); puis ils obtiennent CE QL i -\ (jH-L\GE
électrique. Elle est définie en pre- Ia valeur exacte de la résistance Tout ! Jusque-là, l'ampère
nant la valeur numérique fixée de à ce courant électrique en était défini à partir d'une
la charge élémentaire (e) égale à soumettant une nappe d'élec- expérience de pensée
1,602176634.10-1e lorsqu'elle est trons à un fort champ magné- qui le liait à la force mécanique
exprimée en A.s." tique. La valeur de la charge entre deux iils infiniment
élémentaire étant liée par une longs séparés d'un mètre. Une
CE QL]E ÇÀ VEIIT LTIRE relation physique à la constante définition impossible à réaliser
Un ampère correspond au de Planck et à la vitesse de la en pratique et donc source
passage de (1/1 ,602176634).101e lumière (c'est la seule constante d'une trop grande incertitude
électrons par seconde. fondamentale qui n'a pas été de mesure.

NOVEMBRE ! 2O18
I c la une

76 ISl,I NOVEMBtrE I 2O-]8


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I3* .F_-FFTfl" 1fl-T'l-l:
-EiÀ l. -Lç*; :L- -- : * LUMII§EUSE MAXIMAT§
(.8 QL'[,LLE \rUSX Rt. c§ Q{_r a l'E{,T ix§.I partir d'une expérience réalisée sur
Lintensite d'une source rumi- Une augmentation de 1 cd pour une 272 volontaires en 1924 (cette cons-
neuse, autrement dit son éclat. lumière verte (540.1012 Hz) dans une tante n'a en fait pas grand-chose
direction donnée correspond à une de fondamental), "on obtient une
§Â §ritrY§LLS augmentation de puissance électro- candela quand un rayonnement de
DEFI \iTIU\ L)I FICXELLE magnétique de 1/683 W. 1/683 W par stéradian tombe sur le
"La candela (cd) est l'unité capteur du photamètre" , explique le
d'intensité lumineuse. El,e est f§&1&lIt§'r r,:.i,]: physicien Gaël Obein. C'est chose
définie en prenant la valeur  ET§ ÉTÀrcxxÉr faite avec un raser donl la puis.
numérique fixée de l'efficaciié Les métrologistes ont dû créer un sance a été préalablement calibrée
lumineuse maximale (Kcd) d'un æil artificiel, dit "photomètre de ré' via un radiomètre cryogénique.
rayonnement de fréquence férence': un diaphragme mime
54O.10121,2 (vert) dans un cône l'iris, un capteur optique (une pho- ilI'; *Lri  {H.!§Cl
de 1 stéradian égale à 683 todiode en silicium) la rétine; et un La définition a été reformulée pour
lorsqu'elle est exprimée en filtre vert permet de sélectionner la s'appuyer sur la constante Kcd...
cd.sr Wr, où W (watt) est fréquence précise de 540.1012 Hz. À terme, les physiciens aimeraient
une unité de puissance égale La valeur de lefficacité lumineuse relier la candela directement au
à m2.kg.s'2." Kcd étant fixée par convention à nombre de photons.

NOVEMSFE 20i8 rSVr 77


A ia une

A LA RECHERCHE
DE IUNITE ULTI ME
LE VOLT
DIFFÉBENCE
DE POTENTIEL

I]OHM ÉLrcrRtour
RÉsrstRrucr 3.Ar]
[;nz.kg.s
La révolution opérée en métrologie cache une ambition: ÉlrcrRroue
relier toutes les unités de mesure à des constantes fon- [m2.k9.5-s {-21

damentales, afin de les rendre réellement universelles, Et,


in fine, découvrir ce qui serait l'unité même de la Nature,

LE FARAD
CAPACITÉ
'est I'objectif caché de l'électromagnétisme en 1864, qui rrEcrRr0ur
cette réforme. Mais pas unifie L'électricité et le nagnétisme, 2.kg'r.sa.Az]
[m
de complot ici. Pas de pa- ses équations occupaient une page.
nique. Le kilo quantique Auiourd'htti, elles s'écrivent en une
ne vise pas à vendre plus ligne et cela permet de saisir du re-
cher pour ie même poids... Non, ie gard des structures et des symétries
LE COULOMB
projet est plus noble: il s'agit "de qtti se cachaient detière I'expression
CHARGE
rappLocher le systène international initiale. Un langage mathématiqtte ÉlrcrRrour
d'unités {SI) dLr système 'd'unités et un système d'unités adaptés nous
naturelles' que ceûains théoriciens permettent de voit'plus Loin." ts.Al tr
::i
rêvaient de mettre en place depuis Peut-être est-ce justement parce
1-.,
longtemps",lote Nadine de Courte-
nay, historienne et philosophe des
sciences à l'université Paris Dide-
rot. Une révoluiion qui, pour jean-
qu'il était gêné par sa page remplie
d'équations qr.re Maxwell fut l'un des
premiers à ia lin du XIXe siècle, à rêver
LE RADIAN
ANGLE PLAN rad
H
d'un système d'unités dars lequel se
Philippe Uzan, cosmologiste à l'Ins- [m.m']
refléterait l'état pru des relations que
titut d'astrophysique de Paris, "est les entités physiques entretiennent
ttne étape majettLe dans la manière entre elles... Mais ce ftit Max Planck,
ST
de définir les unités, qui a déntarré 1e père fbndateur de la physique
LE STERADIAN
en 1983 avec I'intrcduction de la quartique - et découvreur de h, cette
ANGLE SOLIDE
co nstante fondomentale c". constante su laquelle se base désor-
mais le kilo * qui a pleinement déve- [m2.m'2]
DES UNITÉS CHOISIES PAR LA NATURE
loppé ce projet jusqu'en 1913.
Car i1 y a bien un enjeu abstrait et Le principe: pister dans 1es grandes
théorique derrière cette révision: théories de 1a physique ies unités de
LE TESLA
Lx
créer un système d'unités le plus base révélant celies de 1a Nature. Et
INDUCTION
naturel et le moins arbitraire pos- poru Ma-x Planck, pas le choix: il faut
MAGNÉTIOUE
sible, qui libérerait 1es équations s'appuyer sur les "constantes fonda-
2.A.r]
physiques de toute r'élérence à des mentales" de ces théories, c'est-à-dire [kg.s
cholx humains pour ne plus laisser stu les grandeus numér'iques qui
voir que la stlucture profonde de ia LE LUX
nature. "Il est en effet très inpofiant ÉcrRtnrvrn-
de pouvoirtravailler avec des unités Une jungle Dans le nouveau système d'unités inter-
national, 7 unités suffisent pour mesurer le
LUMINEUX
2.Cd]
adaptées à nos théories, cela rend les d'unités monde, dont découlent 22 unités dérivées, [m
expressions plus intuitives, explique
dépendantes tunité de temps, la seconde, apparaissant
Jean-Philippe Uzan. Ainsi, qttand cenirale: toutes les autres unités peuvent
lantes Maxwell conçut sa théorie de
entre elles être exprimées à partir d'elle, sauf la mole.

78 tSvr NOVEMBBE I 2018


tE WATT LE NEWTON
PUISSANCE FORCE

lmz.kg.s
il lm.kg.s
2l
LE PASCAL
LE VOLT PRESSION
DIFFÉRENCE 2]
DE POTENTIEL [m'1.kg.s

H Érrcrnrour
S-:,NCE t1 LE HERTZ
[m2.kg.s.s.A
FRÉOUENCE

s:421 [s']
=
LE JOULE
ÉrurRe rr
/- Irn{iiiiÿI

tE SIEMENS
CONDUCTANCE
ÉucrRrour
[m'z.kg'1.ss.Al

tE HENRY
INDUCTANCE
c [m2.kg.s'z.A
z1

tE WEBER
FLUX D'INDUCTION
rad
MAGNÉTIOUE

M
sr
[mz.kg.s-2.fl't1

LE SIEVERT
Éourvarrrur
DE DOSE

[m'2kg1st{21

tE BECOUEBEL
RADIOACTIVITÉ

[s']
Lm OC LE GRAY
DOSE ABSORBÉE

[m's']
LE LUX
...=.- ÉcrRtREurrut
LUMINEUX
LE KATAL
a
[m
2.Cd]
I LE LUMEI'I ACTIVITE CATALYTIOUE o
i FLUX
tE DEGRÉ
CELSIUS §'1.moll =
o
LUMINEUX
TEMPÉRATURE ô
z
'-: e. Icd]
tKl

NOVEMBBE L 2O18 ]Sr,I 79


'i.-.

apparaissent dans les équations thétiseurs de concepts", dixit Jean- retrouvent partout en physique !
comme des palamètres fixes, sans se Philippe Uzan'. "La constance de la Mais il n'en va pas de même pour
La vit
soucier de leur valeur numérique. La- vitesse de la lunière est au ctnur de la candela. La constante nommée "ef-
lumièrt
queile ne peut être déduite que par la théorie de la Lelativité restt'einte ficacité lumineuse maxirnaie, Kcd", StAtUÎ
des rnoyens enrpiriqrres. comme si, d'Einstein. Elle lui a pernis d'ttnifier sur laquelle e11es'appuie, est une va- fondam
dans notre Univers, la natnre les avait les concepts d'espace et de temps, et leru' d'intensité de h-rmière arbitraire. relativité r
choisies ! elle a acquis le statut de limite absolue Quant à 1a mole, le nombre d'Avoga- fiant les c
Dès lors, il n'y auralt qu'à identifier dans la notuïe." dro, Na, qui la définit, n'est qu'une Pacr:

ces constilltes fondamentales pour en Idem pour le kilogramme. Cette constante "d'échelle" créée empiri-
tirerur-r système d'unités naturelles, rrnité de masse repose désolmais srir quement par et pour les chimistes.
ttne série de points de repère réeile- Ia constante de Planck h, centrale en
ment fondamentaux qui permettent physique quantique. "811e a unifié les VERS UNE THÉO8IE DU TOUT

de iauger tout l'Univers. concepts d'onde et de particule, et elle Même chose avec la seconde... alors
C'est à ce même )eu que se prêtent marque la limite entre le monde clas- que cette unité est le premier pilier
auiourd'hui 1es théoriciens. C'est sique et le nonde quantique." du système d'unités ! La constante
bien r:e jeu qui, au cceur de la nou- La tempér'ature entre el1e aussi Â&s qui la définit est en effet liée à un
velle rélorme dri système, fait passer dans ce club fermé des unités basées atome particulier, le césium, choisi
les constantes au premier pian dans sur une constante fondamentale. La simplement parce que Ia technologie
1a fbrmulation des nouvelles tnités. constante de Boltzmann k. sur 1a- des horloges atomiques au césium était
1aplus abouüe. En théorie, ii serait pos-
sible de la rendre fondamentale. Car ii
reste une constante -et une théorle-
qui n'a pas été utilisée poru définir ies
Le concept meme de constanle fondamentale unités: la constante de gravitation G,
clé de voûte de la relativité générale
a quelque chlse de relatif, car à chaque nauvelle
d'Einstein. Sauf que, là encore, Ia pra-
théorie, de nouvelles clnstantes apparaissent I tique s'en mêle: les difficultés pour 1a
rnesluer au-delà d'une incefiitude de
JEAN-PHlt]PPE UZAN
1.0-a empêchent d'en faire une unité.
Cosmol0grste, lnstitut d'aslrophysique de Paris
Labsence de G est en tout cas 1e signe
patent que la réforme n'est pas encore
allée au bout de sa grande ambition.
Oui, nais les 7 constantes sonl-elles quelle se base le kelvin, est centrale Enfin, dans la quête des constaates
vraiment toutes lbndarnentales? Car en thermody'namique. X11e fait le iien foudamentales, reste à examiner l'am-
parmi les [ronceaux de va]eurs fixes entre les processus irréversibles ob- père. Le statut de la constante cones-
contenues dans les équations des phy- servés sur les systèmes macroscopi- pondarte, Ia charge électlique élémen- ':A::ta:g-
siciens, certaines caractérisent simple- ques et les mouvements réversibles
n:+r:iâiii est,
taire e, est en fait débattu: elle est liée
certains, au cce
ment les propriétés de systèmes phy- des particules qr.ri les composent. Et à un objet matériel particulier, l'élec-
concepts fonda
siques particuliers (telle la masse d'un rien n'impose a priori sa valeLrr. tron, et en rnême temps, sa valeru ne taux, même r

proton ou du neutlon). Elles sont cal- Ces trois constantes du nouveau SI peut être déduite d'aucune théorie ac- est liée
culables: leur valeur peut être déduite (c, h, k) se trouvent ainsi à la racine tuelle. Est-elle "choisie par la nature"? propriété Partic
à partir de la théorie. Elies ne sont pas des théories les plus fondamentaies: Ou bien une théorie à venir pourra- de l'éle
fondamentales. ia relativité restreinte, la physique t-elle la générer naturellement? Les
Comurençons par 1e mètre. Lunité quantique et la thermodynamique. théoriciens sont divisés.
de distance s'appuie sur la vitesse "Elles ont la patlicularité de se mani- Car 1e concept même de constante
de ia lumière c. indér-riablernent une fester dans la majorité de leurs équa- lbndamentale a quelque chose de rela-
-
constante I'or-rdamentale: la seule ta- lions", ajoute Christophe Daussy, du liî. "Elles sont trës liées à l'évolulionfi
çon de connaître sa valeur est de la Laboratoire de physique des iasers à des théories, remarque ]ean-Philippe 5
mesurer. Ce qui iiiustre bien le r'ôle 1'université Paris 13 (CNRS). Et ces Uzan. ârnsi, quand une nouvellel
clé ioué par ces constantes dans I'édi- théories fondamentales étant à la base théorie vient englober deux théo-É
ficatiol des théories: ce sont des "srar- cle toutes les autles. ces constantes se ries préexistantes, de nouvelles

80 isvr NovEMBÊE 20't 8


La :râ$§tttri'] *ïpeTTi*E aiu
césiurn n'a rien de londamental :
=:--:e pOUr
::1ée "ef- La vitesse de la elle est liée aux pr0priétés particu-
La constante de
lumière a gagné son lières de l'atome de césium.
:-a KCd", Planck est la constante
statut de constante
s: -:ne va- fondamentale de Ia phy-
fondamentale avec la
1rit-raire. sique quantique. EIle
relativité restreinte, uni-
unifie les concepts d'onde
I .\roga- fiant les concepts d'es-
et de particule.
: qU UIle pace et de temps,

= .mpiri-
:-- stes.

: .. alors
.:r pilier
- rstante
..ée àun
r choisi
::ologie
. -rr était
::3.rt pos- i* sæeâre
-: il Car Seules trois
:éorie- unités cachent une
:inir les
.:ion
constante fondamentale
G,
:=rérale Les constantes fondamentales sont le §a rt:e:ie
, ia pra- reflet des théories: elles naissent avec
: our la elles. au nceud des théories prêexis-
::de de tantes qu'elles englobent, unifiant des
concepts tondamentaux. Trois se
= unité. cachent dans le nouveau Sl et une a
-= sigte
i :ncote
:-:iot-t.
_itâlttes
=: I'am-
â* k*!vir:
:on'es-
:-émen- i-':;i;;r,: tli-.
,::il:i::-,; est, pouf n'est pas
=st liée
certains, au cæur de une constante fon-
- élec-
concepts fondamen- damentale, mais
-=,.U ne
taux, même si elle un nombre d'entités
::ie ac- est liée à une arbitraire, choisi
propriété particulière pour des raisons
: _ urra- de I'électron. pédagogiques.
.:Les

:stante La constante de La constante de la


L cTtrcasite tutT}i-
ie rela- Boltzmann gravitation est
- est ta neuse rnaxima!e la con-
;.::tron § constante fondamentale de la n'a rien de fonda- stante fondamentale de la
,, g relativité générale, qui lie
;tDDe d thermodynamique. Elle lie les mental : elle est
systèmes macroscopiques basée sur la sensibi- l'espace{emps et les
-,..elle 2
aux mouvements des pa(i- lité de la rétine objets qu'il abrite. l\/ais
:réo- §
cules qui les composent. humaine. elle n'est pas exploitée
dans le système Sl actuel.

NOVEMBBE I 2018 lS\,r 81


Àlaune

3 candidates
pour l'unité
ultime
En lice pour unir relativité
générale et physique
quantrque, ces 3 théories
pourraient donner nais-
sance à de nouvelles
constantes fondamen-
tales... sur lesquelles
pourraient se baser des
unités ultimes.

111
.:

r. -Lirl
i: {}i;(

t"'.
La théorie des cordes Uunité de I uunité dr
Les constituants ultimes de la matière
,. "
I de I'infor
seraient de minuscules objets à Lespace-temps est une nianifestation i Toutes les thr

1 dimension: des filaments vibrants du champ gravitationnel : un tissu de I prétées en d' te

dans 9 dimensions d'espace. Cette lignes enchevâtrées, de liens qui for- I traitement
candidate à la théorie du tout est la plus ment un maillage entre les ob.iets. I le concept le
l'heure
avancée et a l'avantage de se marier L Univers est une trame naturellement
I Pour
avec la supersymétrie, théorie de phy-
sique des particules qui pounait prolon-
dynamique. La gravitation quantique à
boucles est vue depuis les années
|I Ouelles
londament
ser

ger le modèle actuel incomplet. 1990 comme le meilleur concurrent de I on ne sait oi


0uelles seraient les constanies
la théorie des cordes. I mann (k), lier

londamentales ? Quelles seraient les conslanles I mation d'un


La vitesse de la lumière (c) et la tension londamentales ?
Mystère: la théorie n'est pas encore
|I Ouelle seri
des cordes [). lebit?Plus
Quelle serait l'unité ?
assez avancée,
I vaut0oul
lmpossible de le dire encore. La théorie Quelle serait l'unité? I concePt mal
ne va pas jusque-là. Pas de réponse non plus. I une grandeL

constantes apparaissent. Qui mique? "La nteilleure candidate pour pose frontalement ia question: et si Wheeler,
reflètent les lietrs struciute/s ertt'e ces une'théorie de la gLavité quantiqtte' tout n'était qu'information? Cal la ré- grand rnc
deux théories et la limite de validité est lo théorie des cordes, encore ino- volution des technologies de f infor- nouveaLL
de la nouvelle." chevée, affirme )ean-Philippe Uzan. matiorr a imprégné jusqu'aux pensées pourraiel
Des constantes considérées aujour- Ën principe, les constantes ordinaires 1es plus théoriques, au point que ce 1'espèrer
d'hui comme fondamentales pour- que nous corrnaissorrs deviendraient concept a fait irruption en physique: tionnelle
raient donc peldre leur statut lors- des grandeurs ca.lcu1ob1es. "Autre can- certains physiciens vont auiourd'hui Pour lt
qu'une nouvelle théorie viendra réa1i- didate moins avancée, la gravitation iusqu'à sr-rggérer qrie l'information jouit d'a
ser une slmthèse. Qr,r'adviendrait-il de quantique àboucle donnerait d'autres serait ce qu'il y a de plus fondamen- "Elle a
h, c ou k si i'on découwait rtne théorie constantes et d'autres unités. tal. Elle se cacherait derrière tor-rtes physiqur
du tout qui unifierait1a relativité, la Et enfin, i1 y a une dernière piste, la les grandeurs physiques: "it t'rom statistiqt
phvsique quantique et la thennodpra- plus récente, la plus en vogue. Elle brt" disait ioliment ie physicierl John d'entrop

82 iSl,r NOVEMEFE I 2014


u n conce pt fondam ental, ffanche jean-
Philippe IJzan. On ignorc même si
c'est une gtandeur physique."
Mais le cher.cheur rappelle aussi
que lorsqu'il a iniroduit sa constante
h, Max Pianck a été confronté au même
doute sur son soubassement physique.
Ce n'est que plus tard qu'on I'a reliée
aux autres constantes fondamentales
et qu'on a compris son rôie essentiel !
"Si quelqu'un pa;enait à énoncet une
théorie reliont le concept d'infonna-
û
tion aux constantes ou à toute autre
quantité physique, poursuit le cher-
§G
cheur, r'l en surgirait peut-être Ltne
constante fondamental e exprimant ce
Lll
lien, qu'il faudroit alors inclure dans le bur rnesure, ,

0
SL "À moins qu'elle ne s'y trouve déjà. Les 7 unités Ai mônaà
0 t,;
n du 16 octobre 2018
UNE L]STE INACHEVÉE
au 5 mai 2019
En effet, la constante de Boltzmann Musée des arts et métiers
est la constante de l'entropie. gran-
deur thermodynamique associée à Le Conservatoire national des
Toutes tes tneories pouiàiêni Ctre rOtnter-
la notion de désordre d'rin systèrne. arts et métiers a participé à la ré-
prétées en termes de transmisslon et de
"Elle peut être interprétée comnle un forme du système d'unités.. , Son

le concept le plus fondamental. Mais reste 'quantum' d'infottnation, au mêne musée se devait de proposer une
pour I'heure sans définition physique. titre que h est le quantum de I'ac- exposition, à laquelle Science & i=
0uelles seraient les constantes tion", rappelle Christophe Daussy. [/rb s'est associé, qui plonge dans z
fondamentales? Sans compter que la ther.modyna- Ia métrologie, au sens large. Bien
!_u
0n ne sait pas. Mais la constante de Boltz- au-delà des "7 unités du mon-
mique est la seule théorie à rendre
mann (k), liée à I'entropie, et donc à l'infor- =
mation d'un système, pounait en faire partie,
compte du passage du temps, alors de": au milieu des balances, des
ts
que ce phénonène échappe encore étalons (dont l'un du kilo) et des
Quelle serait l'unité ?
Le bit? Plus petit élément d'information, aux théories de la relativité et de la galvanometres trône. par exem- o
il
vaut 0 ou 1. Mais reste pour l'instant un physique quantique. ple, un psychogalvanornètre, qur
concept mathématique, ll faudrait trouver Vitesse de la lumière, constante de jauge les tnensonges; un dactÿ- =
une grandeur physique qui l'exprime. Planck, de Boltzmanr-r, gr.avitation... mèlre, qui compte Ies frappes
constante de I'in{or.mation? La liste des dactylos, ou la machine de
des constaltes fondamentales est Hollerith, ênorme trieuse de car-
inachevée. Les unités ultimes qui en tes perforées, qui a realise Ie pre-
:_,r;t : et si Wheeler, soit "tout vient du bit,,. Ce o
découlent nous sont erlcore cachées. mier recensement moderne, à la
' lar la ré- grand mouvement de pensée pose de Indér-riablernent, le nouveau système fin du XlXe s., aux États-Unis. M.F.
,: i IIIIOI-
nouveaux problèmes théoriques qui prend de la hauteur
--: rensées pourraient déboucher, Ies physiciens
-il
se fonde sur
3 constantes fondamentales, contre
.:.: qrie ce

ffi f,
l'espèrent, sur une théorie informa- 1 dans l'ancien... suivant l'esprit de
::r'sique: tior-rnelle du monde. la Révolution iiançaise qui Iui avait
- -ud'hui
:- ::latlon
Pour Ie moment, f inibrmation ne irnposé à sa naissance que le choix ( À consulter: les pages sur la
jouit d'aucune définition physique. des unités "ne rcnferme Lien ni d,arbi-
::. iamen- réforme du Slsur le site du BIPM.
"Elle a encore un statut à port en trairc, ni de particulier à la situation
,i

.:: toutes Alie: Les constantes fonda all


physique. Dans le cadrc de la plrysique d'oucun peup)e sur le globe".
.t mentales, de J.-P. Uzan et
.from statistique, elle est reliée à la notion §ivorn
Mais avouons-le: la belle ascension R. Lehoucq (ed. Betin). Irus
--=l _[ohn d'entropie. Mais elle n'est pas encorc est encore loin d'ête achevée. B.t.

j
NOVEMBRE r 2018 rQri 83

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