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SEMAINE 1 – LES LEÇONS DE NUREMBERG

En droit, on ne peut pas être jugé par son égal. Cependant, en droit international, les Etats sont égaux, ce qui indique qu’en théorie l’existence du droit pénal
international est impossible. C'est d'ailleurs pour cela qu'on a posé le principe de l'immunité des Etats.

Cela étant, même si le droit pénal n'existait pas en droit international, deux phénomènes existaient :

- Lorsque des individus privés poursuivant des buts privés commettaient des actes qui portaient préjudice à plusieurs Etats. Dans cette hypothèse, les Etats
s'étaient mis d'accord entre eux et ils acceptaient de coopérer pour réprimer ces activités. (ex : piraterie, trafiques d'être humain, d'arme ect..)

- Le debellatio est l'hypothèse où à la fin d'une guerre, il y a une victoire totale d'un Etat sur un autre. Dans ce cas, il était accepté que la puissance victorieuse
puisse juger les agents de l'Etat vaincu. On considérait que quand l'Etat était totalement vaincu, sa souveraineté était mise entre parenthèses. (ex : traité de
Versailles de 1919, deux articles qui prévoient le jugement de l'ancien empereur allemand. N'a jamais eu lieu car il s'était réfugié aux pays-bas)

SECTION I - APPROCHE ORGANIQUE

Jusqu’à 1945 on ne pouvait juger l’agent d’un État qu’en cas de debellatio. Avec Nuremberg on va pouvoir juger les agents de l’États parce que les actes qu’ils ont
commis sont en totale violation avec le droit international. Cela permet de juger des individus selon la nature de leurs actes et le caractère répréhensible.

AVANT NUREMBERG

La volonté d’instituer une juridiction internationale où l’on pourrait traduire des personnalités étatiques pour des crimes liés à la guerre ne date pas de la fin du
second conflit mondial.

Les crimes de guerre étaient bien connus dans le droit positif des Nations avant cette date et la création, par accord entre les Etats, d’une institution judiciaire fit
entrée fracassante en droit positif avec le traité de paix de Versailles du 28 juin 1919, qui mettait un terme à la Grande Guerre.

Son article 227 prévoyait en effet le jugement de « l’ex-empereur d’Allemagne, pour offense suprême contre la morale internationale et l’autorité sacrée des traités »
par un tribunal constitué de cinq juges, nommés par les Etats-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et le Japon. Ces dispositions ne furent jamais
appliquées, en raison notamment du refus des Pays-Bas d’extrader Guillaume II. Le traité de Sèvres, conclu en 1920 entre les Alliés et sables des massacres de la
population arménienne commis sur le territoire de l’Empire turc devant un tribunal spécial (art 230) mais il n’entra pas en vigueur et fut remplacé par le traité de
Lausanne de 1923.

En revanche, naissait un véritable mouvement dans la littérature juridique européenne. Dans la période suivant la Grande Guerre, et jusqu’à la fin de la Seconde Guerre
mondiale, de nombreux juristes promurent l’idée d’une responsabilité individuelle des dirigeants étatiques censée faire échec à la guerre et aux violences infligées aux
populations civiles. L’un des auteurs les plus représentatifs de ce courant est sans aucun doute Vespasien Pella (Pella,1926), mais l’idée rassemblait largement, dans un
engagement certainement angoissé face à la montée du nazisme. Hans Kelsen estimait quant à lui que la responsabilité individuelle pouvait aussi permettre de faire
sortir le droit international de sa primitivité (Kelsen, 1943) Raphael Lemkin qui, comme Kelsen dut s’exiler aux Etats-Unis, y inventait le terme de Génocide et promut
son inscription dans le droit positif (Lemlin,1946).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, en parallèle de l’affirmation doctrinale de la nécessité d’un régime de responsabilité pénale des gouvernants, des informations
sur les crimes commis par le Troisième Reich étaient réunies par les chancelleries et les représentants des gouvernements en exil à Londres. La Commission des crimes
de guerre des Nations unies était créée en octobre 1942. Le 30 octobre 1943 était également adopté la « déclaration de Moscou » par laquelle les Etats Unis, le
Royaume-Unis et l’URSS distinguaient ceux qui « seront ramenés sur la scène de leurs crimes et jugés par les peuples auxquels ils ont attenté » et ceux qui « coupables
de forfaits dans différents pays doivent etre punis en vertu d’une décision commune des gouvernements alliés ». A cette date toutefois le principe d’un jugement pour
les « grands criminels » n’était pas acquis et les dirigeants des principales puissances alliées se divisaient entre partisans d’un règlement judiciaire ( Staline évoquera
d’abord des exécutions de masse d’officier, avant de soutenir le procès) et ceux d’exécutions sans procès ( Churchill qui convainquit Roosevelt, tandis que Truman
refusera, tout comme de Gaulle, les exécutions.)Le principe de la création d’une juridiction internationale ne fut définitivement acquis qu’au printemps 1945,et les
négociations aboutissant à l’Accord de Londres, dominés par le représentant américain, le juge Robert Jackson, débutèrent dans la capitale britannique au mois de juin
1945 (Wievorka, 2006)

A – LE TRIBUNAL MILITAIRE INTERNATIONAL DE NUREMBERG (TMI)

Un accord négocié entre les principales puissances alliées dans la guerre qu’étaient les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Union soviétique et la France, adopté le 8 aout
1945, qui crée le Tribunal militaire international de Nuremberg. Le Statut du Tribunal fait intégralement partie de cet Accord de Londres. 19 autres pays y adhéreront
ultérieurement, mais les juges et procureurs furent désignés par les quatre négociateurs (art 2 et 14 Statut). Le Juge français, le grand pénaliste Henri Donnedieu de
Vabres, donnera presque immédiatement après le procès un cours, libre, à l’Académie de droit international de La Haye (Donnedieu de Vabres 1947).
La création du Tribunal est donc conventionnelle, mais elle n’est pas consensuelle car l’Etat dont les dirigeants furent soumis au procès ne participait pas à l’accord,
contrairement au modèle du traité de Versailles.
Cela nourrit quelques critiques juridiques, notamment celles de Hans Kelsen, évoquait la souveraineté, étatique et estimait que le consentement à la juridiction aurait du
etre obtenu dans le cadre d’un traité de paix ou à la faveur de la création d’une juridiction permanente compétente pour juger l’illicite étatique et imposer des sanctions
collectives et individuelles (Kelsen,1944)
Cette figure de la juridiction s’imposant à l’Etat principalement concerné resurgit d’ailleurs dans le modèle des TPI établis par le Conseil de sécurité, et partiellement
dans celui de la CPI. Aussi, d’un point de vue juridique, l’imposition d’une juridiction obligatoire, alors que le recours au juge est consensuel en droit international, peut-
elle apparaitre comme une forme de sanction contre l’Etat, qui est visé par l’intermédiaire de la poursuite de ses agents ; d’un point de vue politique elle nourrit aisément
la rhétorique de la « justice des vainqueurs ».

C’est un tribunal militaire et international (il y a des juges de différentes nationalités : américain, français, soviétique, britannique). L’anglais et le français seront
utilisés ; procédure de Common Law.
Ce tribunal est créé par l’accord de Londres de 1945 (sauf la Chine, c’est pour ça qu’elle n’a pas de juge à Nuremberg). Il est signé par les 4 États victorieux ; 19 autres
États adhèreront postérieurement.
Il y a eu un procès unique qui a duré de novembre 1945 à octobre 1946. Pendant cette année 20 personnes vont être jugées : la plupart vont être condamnées à mort,
deux à la prison à vie, quelques-uns sont acquittés. Ce sont des condamnations classiques pour l’époque, mais les qualifications juridiques sont complètement
novatrices. Ce tribunal a été le premier à juger des gens pour crimes de guerre / contre l’humanité / contre la paix.

Procédure de Common Law avec de nombreux témoignages. Par ailleurs les allemands avaient tout consigné par écrit.

B – LE TRIBUNAL MILITAIRE INTERNATIONAL POUR L’EXTREME ORIENT

Le chemin vers l’établissement du pendant asiatique du Tribunal de Nuremberg, le Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, ou Tribunal de Tokyo, fut de
toute évidence simplifié par l’adoption préalable de l’Accord de Londres, dont les dispositions relatives aux crimes furent intégralement reprises. La juridiction a ici été
créée par une proclamation du général américains McArthur du 19 janvier 1946, lequel agissait en vertu de pouvoirs d’occupation exceptionnel autorisés par les
Puissances alliées. On relèvera que sans son acte de capitulation du 2 septembre 1945, accepté et signé par les Puissances alliées, le Japon acceptait les termes de la
déclaration de Postdam du 26 juillet 1945 par laquelle les Etats Unis, la Chine, la Grande-Bretagne et l’Union soviétique exprimaient leur volonté de traduire en justice
les criminels de guerre japonais.
Le Japon peut donc etre tenu pour avoir consenti à l’établissement de la juridiction. La composition du Tribunal de Tokyo est également liée à cet instrument de reddition
du Japon puisque les juges sont proposés par les neuf Etats qui en sont signataires (Etats-Unis, Chine, Royaume-Uni, Union soviétique, Australie, Canada, France,
Pays -Bas et Nouvelle Zélande) auxquels s’ajoutent l’Inde et les Philippines, pays associés au régime d’occupation du Japon mais qui n’étaient pas encore indépendants
au moment de la reddition.
Le TMI de Tokyo est composé de 11 juges, parmi lesquels un français, le juge Henri Bernard (Esmein 1998). Il donnera une opinion individuelle tout à fait digne
d’intérêt. Les juges apparaissent en effet plus divisés dans le jugement de Tokyo que dans celui de Nuremberg. Une autre opinion individuelle, conséquente, y fut émise
par le juge néerlandais Röling tandis que le juge indien Pal se distingua quant à lui par une opinion dissidente, soutenant l’acquittement de tous les accusés.
Cette opinion, très largement méconnue, comme le jugement de Tokyo lui-même, semble continuer de lui valoir le respect des courants nationalistes contemporains au
Japon ( Nakajima,2009)
On en parle moins et sous un autre nom : Tribunal militaire de Tokyo. C’est le jumeau du procès de Nuremberg puisqu’il a jugé les hauts criminels japonais de la
seconde guerre mondiale ; avec les mêmes compétences.
Il a duré un peu plus longtemps, puisque le procès unique dure d’avril 1946 à novembre 1948.
En revanche, la différence c’est qu’il n’est pas créé par un traité. Ce tribunal a été créé par une proclamation (acte unilatéral) du gouverneur américain du Japon. Toutefois
certains crimes ont été passés sous silence (jusqu’en 2015, les viols de masse commis dans certains villages).

A l’évidence donc, on le voit, les procès de Nuremberg et de Tokyo s’inscrivaient dans le règlement de la Seconde Guerre mondiale et se déroulèrent sur le territoire
d’Etats défaits, se trouvant sous un régime d’occupation militaire. Ce contexte très spécifiques qui est transcrit dans le nom meme des juridictions, » tribunaux militaires
internationaux »,ne se retrouve plus dans les juridictions contemporaines, meme si l’organe monopolisant en principe le recours à la force armée dans le nouveau cadre
de l’organisation des Nations unies, le Conseil de sécurité, y joue un rôle tout particulier.

SECTION II - APPROCHE MATERIELLE


Article 6 Statut du TMI (= accord de Londres) définit les trois crimes que le tribunal va juger :

« Les actes suivants, ou l'un quelconque d'entre eux, sont des crimes soumis à la juridiction du Tribunal et entraînent une responsabilité individuelle :

(a) ‘‘Les Crimes contre la Paix’’ : c'est-à-dire la direction, la préparation, le déclenchement ou la poursuite d'une guerre d'agression, ou d'une guerre en violation
des traités, assurances ou accords internationaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l'accomplissement de l'un quelconque des actes
qui précèdent ;

(b) ‘‘Les Crimes de Guerre’’ : c'est-à-dire les violations des lois et coutumes de la guerre. Ces violations comprennent, sans y être limitées, l'assassinat, les mauvais
traitements et la déportation pour des travaux forcés ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l'assassinat ou les mauvais
traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, l'exécution des otages, le pillage des biens publics ou privés, la destruction sans motif des
villes et des villages ou la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires ;

(c) ‘‘Les Crimes contre l'Humanité’’ : c'est-à-dire l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre
toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou
persécutions, qu'ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans
la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. »

A – L’ABSENCE DU CRIME DE GENOCIDE

Le crime de génocide n’est pas né à Nuremberg, ça n’est pas dans le statut du tribunal.

Le mot génocide venait juste d’être créé par un juriste (R. Lemkin) en 1994 : genos (grec : race, tribu) + caedere (lat. tuer). L’appellation était trop nouvelle pour faire
partie du droit positif. Néanmoins, dans les PV du procès, l’accusation va utiliser ce mot  on parle de la « politique génocidaire » des nazis. Le concept juridique
n’existe pas encore mais entre dans le langage.

Qualification de la Shoah ? Qualifiée en crime contre l’humanité (quand il y a génocide il y a nécessairement crime contre l’humanité généralement, même si le
contraire n’est pas vrai).

B – LA NAISSANCE TIMIDE DU CRIME CONTRE L’HUMANITE


On considère que le crime contre l’humanité est né à Nuremberg ; mais une prémisse existait avec la clause Martens, dans les Conventions internationales de La
Haye (1899 et 1907) relatives aux lois et coutumes de la guerre. C’est l’idée que même en cas de guerre, il faut respecter les civils et avoir une attitude respectueuse
de la dignité humaine, vis-à-vis de tous.

En 1915, la notion de crime contre l’humanité fait une timide apparition dans un autre contexte : le génocide arménien. Au lendemain de cette extermination, trois
États (France, RU et Russie) qualifie l’attitude de la Turquie de « crime contre l’humanité et la civilisation » ; reste déclaration politique pas juridique.

Ça n’est qu’en 1945 que le concept est posé et défini, avec un régime propre (article 6 (c) TMI).

De 1933 à 1939 il n’y avait pas de guerre, or la définition précise que le crime contre l’humanité était « commis en temps de guerre » se sont les actes commis durant
cette période n’ont pas pu être qualifiés de crime contre l’humanité. Aujourd’hui le crime contre l’humanité peut être commis en temps de guerre ou de paix.

Par ailleurs la définition précise « contre toutes populations civiles » ainsi y compris la propre population civile de l’État concerné. On peut donc réprimer les actes
commis par des agents de l’État commis par leurs propres ressortissants, c’est une révolution car on rentre dans la sphère de compétence interne de l’État.

C – L’AFFIRMATION DU CRIME DE GUERRE

La définition de l’article 6 (b) TMI est une définition très large. C’est un acte qui ne respecte pas les « lois et coutumes de la guerre » : or il n’y a pas de loi dans la
guerre, ce sont plutôt des règles.

 Ensuite il y a une énumération d’actes : pas exhaustive.

Or, avant Nuremberg, les règles concernant le conflit armé s’adressaient aux États, par ailleurs ici, on fait de cette règle internationale un crime imputable à un
individu. Par ailleurs dans les crimes de guerre, les actes sont issus de la coutume (non-écrit), ce qui est la base du DI. Et d’un coup on fait de ces règles coutumières
un crime. Le principe de légalité est donc difficile à interpréter par rapport au crime de guerre. C’est une grosse faille.

D – LA NAISSANCE AVORTEE DU CRIME D’AGRESSION

Aujourd’hui, et depuis décembre 2017, le crime d’agression a été introduit dans le statut de la CPI. Il est issu du crime contre la paix.

À l’époque de Nuremberg, le crime contre la paix était le plus simple à établir et on pensait qu’il pourrait être réutilisé à l’avenir. Mais les États ont bloqué ce crime,
puis ont voulu le réintroduire en 2017 avec la Cour Pénal International.

Il reste que le statut de Nuremberg reste la première apparition du crime contre la paix.

1) Le crime contre la paix

À l’époque des Traités de Versailles on avait déjà l’idée qu’un chef d’État ne pouvait pas déclarer la guerre à des pays neutres alors qu’il avait accepté leur neutralité
(c’est pour cela qu’on a voulu punir le Kaiser allemand) → C’est ainsi qu’apparaît le crime contre la paix.

C’est un acte qui rompt avec des relations internationales pacifiées et bascule dans le conflit armé.

2) Élément matériel

Il faut d’abord un conflit, une guerre autrement dit un acte par lequel un État en agresse un autre.

« Guerre d’agression » : dans le procès de Nuremberg, les juges vont distinguer la guerre d’agression qui est un crime contre la paix, de l’acte d’agression (pas un
crime contre la paix, donc pas de R). Quelle est la différence ?

La guerre d’agression est une attaque armée qui entraine des hostilités entre belligérants, des combats, peu importe la durée ou la gravité.
Exemple : invasions de la France et de la Pologne par l’Allemagne.

L’attaque d’agression est une attaque sans combats effectifs. Par exemple en Autriche ce n’est pas considérer comme une guerre mais comme un acte d’agression, car
pas de réaction hostile de l’Autriche ; pareil pour la Tchécoslovaquie.

Aujourd’hui le crime d’agression tel qu’il est conçu ne fait plus la distinction entre guerre d’agression et acte d’agression.

« En violation des traités » : en violation du Droit International en vigueur.

3) Le droit international pénal aujourd’hui

Tout d’abord, c’est un droit qui va sanctionner des crimes internationaux commis par des individus devant des juridictions internationales.

Les 4 grands crimes internationaux sont donc : crime d’agression, crime contre l’humanité, crime de guerre et crime de génocide.

Le DPI ne sanctionne pas les États mais bien les individus ; on ne peut pas dire juridiquement qu’un État est criminel. Ça n’est pas non plus attribuable à des
personnes morales (peut être critiqué, par exemple avec Lafarge). Ce type d’entreprises ne peut pas être jugée par la Cour Pénal International.

Le DPI se limite aux individus ; toutefois les crimes internationaux peuvent être jugés également par les juridictions internes, et dans ce cas-là, les personnes
morales peuvent être reconnues responsables.

En DPI l’infraction trouve sa source dans le droit pénal international (traités ou coutumes). Par ailleurs le DPI vise à sanctionner des comportements qui portent
gravement atteinte à l’OP international = droits et valeurs que génère la communauté internationale : la paix, la dignité humaine.

Définition du Droit Pénal International : Ensemble des normes de Droit international Pénal qui ont pour but la protection de l’OP international par la prohibition
de certains comportements qui y portent atteinte, sous peine de sanction exécutoires, ainsi que la répression de ces comportements.

§2. LE PRINCIPE DE LEGALITE

Nullum crimen nulla peina sine lege

Ce principe est une garantie fondamentale de la liberté de l’individu et ses DF. Ce principe figure dans tous les grands textes en matière de DH :

 Article 5 DDHC : « La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut
être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas. »
 Article 8 DDHC : « La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée
antérieurement au délit, et légalement appliquée »
 Article 15 PIDCP :
1. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international au moment où elles
ont été commises. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'infraction a été commise. Si, postérieurement à
cette infraction, la loi prévoit l'application d'une peine plus légère, le délinquant doit en bénéficier.
2. Rien dans le présent article ne s'oppose au jugement ou à la condamnation de tout individu en raison d'actes ou omissions qui, au moment où ils ont été
commis, étaient tenus pour criminels, d'après les principes généraux de droit reconnus par l'ensemble des nations.

 Article 7§1 CEDH : Pas de peine sans loi :


« 1. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction d'après le droit national
ou international. De même il n'est infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'infraction a été commise.
2.Le présent article ne portera pas atteinte au jugement et à la punition d'une personne coupable d'une action ou d'une omission qui, au moment où elle a été
commise, était criminelle d'après les principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées. »
Ce principe de légalité comporte trois grands volets :

1° La non rétroactivité (PNR)


2° L’exigence de précision
3° L’interprétation restrictive
A – LA NON RETROACTIVITE DE LA NORME PENALE

C’est l’idée que les lois pénales de fond, plus sévères ne peuvent pas être rétroactives, elle ne peut s’appliquer qu’à des faits à naitre.

« De fond » ? Celles qui définissent l’infraction ou la peine applicable.

A contrario, la loi pénale favorable à l’individu pourra, elle, être rétroactive = rétroactivité de la loi pénale plus douce.

Néanmoins une exception existe à ce principe de Norme : clause de dérogation exceptionnelle (article 7§2 CEDH ; art. 15 PIDCP). Elle est directement liée aux crimes
de droit internationaux  même si le droit interne ne sanctionnait pas le crime de guerre / génocide / contre l’humanité mais qu’un individu se comporte ainsi, on
pourra faire appel à ces PGD de DI pour lui appliquer une nouvelle loi, et le condamner. On considère que l’individu ne pouvait pas ignorer que ce type d’acte était
interdit.

2010 – CEDH Kononov c/ Lettonie : Mr Kononov, letton, s’engage contre les nazis quand ils arrivent en Lettonie puis s’engage dans l’armée soviétique lettone. Il ouïe
dire qu’un village ne traite pas trop bien les communistes, il arrive et les dézingue tous, il est même récompensé, héros de guerre. Des années plus tard, des survivants
du village poursuivent Kononov pour crime de guerre.
L’argument de Kononov c’est de dire qu’à l’époque aucune loi lettonne n’interdisait ce comportant et se prévoit du principe de légalité contre l’état Letton qui a
appliqué rétroactivement le DPI. La CEDH rejette sa demande car dérogation en cas de crime de guerre, ne pouvait pas ignorer que massacrer un village était interdit.

LE PNR DEVANT LE TRIBUNAL DE NUREMBERG ET DE L’EXTREME ORIENT

À l’époque, deux courants doctrinaux s’opposent : substantive justice et la strict legality. Le premier est fondé sur le droit naturel, ≈ la morale. On doit privilégier la
Justice (la vertu) sur le droit positif. On fait prévaloir le Juste sur le Légal → les juges se sont d’abord fondés sur ce courant.

Au contraire, la strict legality c’est de dire qu’on applique que le droit positif au moment T.
Ensuite, les juges ont cherché frénétiquement des traités existants et identifier le crime dans ces traités.
Dans le Pacte Briand-Kellog, les États se mettent d’accord pour ne plus recourir à la guerre  les juges en déduisent l’existence du crime contre la paix.

Or c’est une obligation de ne pas faire, mais on ne dit pas que le non-respect est constitutif d’un crime. Par ailleurs, le Pacte a pour sujet les États, ce sont eux qui
ont l’obligation de ne pas faire la guerre. Or devant le TMI ce sont des individus.
Cela va poser encore plus de problème pour le crime contre l’humanité car aucun traité n’existe à ce propos. Ils vont être obligés de rattacher ce crime à un autre
crime  nécessairement lié au crime de guerre ou contre la paix.

En 1946, les États ont pris conscience de la violation du ppe de légalité par les TMI et donc la communauté internationale va mettre tout en œuvre pour qu’une telle
situation ne se reproduise plus, que les juges ne se retrouvent plus démunis face à l’absence de normes.

À partir de 1945, les États posent les règles pour que le ppe de légalité ne pose plus aucun problème. On va écrire les principes de Droit International « reconnus par
le statut de la Cour de Nuremberg »  résolution de l’AG des NU. On cristallise les principes de Nuremberg.

La seconde réaction des Alliés c’est de codifier les comportements les plus insupportables → Convention contre le génocide, 1948 ; Convention contre l’Apartheid,
1973 (aujourd’hui un crime contre l’humanité) ; Convention contre la torture, 1984 ; Convention contre les disparitions forcées, 2006 (aussi crimhu).
On va aussi codifier le droit de la guerre. Ces règles coutumières vont être codifiées et revues dans les Conventions de Genève de 1949 (complétées en 1977 par
deux protocoles).
Enfin, les États vont créer de nouveaux principes liés à ces crimes-là :

 Le principe d’imprescriptibilité
 Le principe de coopération (aut dedere aut judicare)  soit on juge le criminel sur le territoire, soit on l’extrade
LE PNR DEVANT LES TPI ET LA CPI

Les TPI ont été créés en 1993 pour juger les crimes en ex-Yougoslavie, puis en 1994 pour les crimes au Rwanda. La CPI a été créée en 1998.

Pour ces tribunaux déjà beaucoup de droit / normes existent. La problématique semblait moins importante. En réalité, on savait que le génocide était interdit, mais il
n’existait aucune définition précise, aucun outil pour caractériser le crime de génocide et ses éléments constitutifs.

Il a fallu préciser ces notions et ça a été l’objet de toute la JP de ces TPI. Elle a précisé le contenu des incriminations. Mais tjrs pas satisfaisant par rapport à l’exigence
de précision. C’est la raison pour laquelle en 1998, lors de l’adoption du statut de la CPI, on a détaillé les crimes + les juges ont adopté « Les Éléments des crimes » 
chaque petite infraction qui constitue un crime international est défini en détail.

Depuis 1998 on peut considérer que le PNR est globalement bien posé et respecté par les juges. Toutefois, plus c’est défini précisément, plus le champ
d’application est réduit. Or, l’humain est très créatif en termes de torture et de crime

B – L’EXIGENCE DE PRECISION ET DE PREVISIBILITE DE LA NORME PENALE

On s’intéresse à l’élément matériel de la norme. On cherche à savoir si elle contient des éléments suffisants pour considérer une norme comme une base juridique
satisfaisante → accessibilité ; prévisibilité de la norme.

En droit français, on exige que la norme soit écrite et d’un accès facile pour le citoyen. En DI, on a l’exigence de l’accessibilité, de l’écrit aussi pour les Traités, les
statuts. Mais pose un problème avec la coutume : par exemple le crime contre l’humanité (issu de la coutume). On a en partie remédié à ce défaut avec le statut de la
CPI. Par ailleurs depuis 2 ans, les États sont en train de réfléchir à un traité, une convention contre le crime contre l’humanité.
Cette exigence risque de poser un souci pour le domaine de la peine. En droit interne il y a une fourchette de peine ; en DI il n’y a pas de peines plancher ou plafond
(sauf peine de mort). Cela se fera avec une grille des peines de l’État concerné. Or dans l’État, peut-être que l’infraction n’existe même pas.

De plus, on va constater que les juridictions internationales pénales (JPI), n’ont aucune cohérence dans leurs sanctions. Pour des crimes quasiment similaires,
quasiment en même lieu, il peut y avoir 10 / 15 ans d’écart dans la peine, même avec prise en considération de l’individualisation de la peine. Il n’y a aucune
harmonisation dans les JPI : manque de précision et d’accessibilité de la peine.

C – L’INTERPRETATION RESTRICTIVE DE LA NORME PENALE

On se place alors dans le volet prévisibilité mais du point de vue du juge  le juge doit interpréter de manière stricte, la règle de fond qu’il applique.

1° Cela interdit au juge de fonctionner par analogie

Ex-Yougoslavie : des criminels avaient fait de certaines femmes des esclaves sexuelles ; elles étaient enfermées dans des appartements et elles étaient aussi contrainte
de faire des tâches ménagères.

Deux qualifications cumulables possibles : esclavage + viols.

Un juge pense alors à créer avec ces deux infractions : l’esclavage sexuel, mais qui n’était pas prévu dans les textes. Mais ça n’a pas été retenu au niveau de la peine,
car pas d’analogie autorisée.
Cette infraction d’esclavage sexuel a été introduit dans le statut de la CPI pour éviter la double qualification.
2° In dubio pro reo

Lorsqu’on interprète une règle, toute interprétation – si elle conduit à un doute auprès du juge – il doit trancher au bénéfice de l’accusé.

Dans la même hypothèse, avec l’esclavage et les viols en 2018. Supposons qu’il y ait des doutes sur la qualification de viols  on ne pourra pas qualifier ça d’esclavage
sexuel. Si certains éléments constitutifs ne sont pas réunis, on ne peut pas condamner.

Toutefois en DPI, le juge a un pouvoir très étendu et il va créer du droit et des infractions. Ce principe d’interprétation restrictive n’empêche pas le juge d’avoir un
pouvoir normatif, prétorien. Le juge international – face à un système international loin d’être finalisé, exhaustif – doit s’adapter : il va combler les lacunes du droit.

Ce pouvoir prétorien toutefois n’est pas arbitraire, puisqu’il a une limite : il doit être fondé sur du droit. Le juge peut aller chercher dans la coutume internationale
ce qui lui manque pour combler les lacunes du droit (TPIY, Kupreskic).

Exemple : création de « l’entreprise criminelle commune » face au surveillant d’un camp, 1er arrestation, acquitté en 1ère instance car impossible de lui reprocher quoi
que ce soit, il n’avait rien commis lui-même, il était juste surveillant. Or décision politique : premier accusé du tribunal ne pouvait pas être acquitté. Alors le juge s’est
fondé sur le droit coutumier, même si ça n’avait jamais été conceptualisé. Le juge est allé identifier ce mode de responsabilité pour créer un concept et condamner.

SEMAINE 2 – LA JUSTICE PÉNALE INTERNATIONALE AUJOURD’HUI


§1 - Divergences et rapprochements

La notion de souveraineté, fait l’objet d’une multitude de définitions. Si on se reporte à Cornu, la souveraineté renvoie au pouvoir d’une entité non soumise à une
autre. Il est particulièrement fait référence aux Etats dans l’ordre juridique international tels que « définis » comme « Etats souverains », égaux et sans hiérarchie entre
eux (art. 2.1 Ch. NU)

Le droit pénal est articulé autour de la notion de souveraineté. En effet, c’est parce que l’Etat est souverain et qu’il doit protéger sa population qu’il a le droit de punir
(cf. violence légitime - Max Weber)

Or, le paradoxe réside dans le fait que la notion de souveraineté se heurte à l’immixtion du droit international dans l’ordre interne, et s’oppose à l’introduction d’une
dimension pénale dans le DI.

Sur l’inadéquation structurelle : le DI à une structure horizontale et le droit pénal à une structure verticale reflet d’une culture et d’une société à un moment donné et
un endroit donné. Pourtant malgré ces incompatibilités structurelles, les deux matières sont étroitement liées, (ex: le tribunaux fr peuvent juger un allemand, les
tribunaux français peuvent juger les juges Rwandais pour le génocide)

Sous l’effet de diffèrent facteurs (politique, historique, sociaux) deux corpus de règles se sont développés pour suivre et juger les auteurs de crimes internationaux

Crimes internationaux : infractions portant suffisamment atteinte à des valeurs ou intérêts commun pour justifier une réaction coordonnée par deux ou plusieurs états

• Premier corpus : le droit pénal international, branche du droit pénal qui selon une première approche sommaire présente un élément
d’extranéité = un élément par lequel le droit interne entre en contact avec un ordre juridique étranger.
• Second corpus : le droit international pénal, une branche du droit international public qui a pour objet l’édition de normes qui prohibant
certains crimes considérés comme particulièrement grave à l’échelle internationale.

§2 - L’ORIGINE ET LE DEVELOPPEMENT DE CES DEUX CORPUS

—> Deux branches du droit étaient nées pour traiter ces situations complexes par lesquelles un ordre interne se trouve en friction avec l’ordre international

I. LA DISTINCTION IMPARFAITE ET PEDAGOGIQUE ENTRE LES DEUX CORPUS (DIP, DP)


Si le cours était en anglo-américain on parlerait d’International Criminal Law : renvoi à l’ensemble des influences réciproques du droit pénal et du DI.

Les auteurs distinguent en réalités deux appellations différentes de la nôtre : le droit procédural et le droit substantiel, correspondant au droit pénal international
et au droit international pénal.

Pourquoi cette subdivision ? Cela correspond à deux processus normatifs qui sont nés des interactions croissantes entre le DI et le DP.

On se pose la question : pourquoi en dépit de leur incompatibilité structurel le DP et le DI ont fini par se rencontrer et interagir ?

Le droit de punir relève des pouvoirs étatiques, dès lors, pourquoi les Etats ont-ils accepté de remettre à l’ordre juridique international une partie de leur droit de
répression ? Et pourquoi ont-ils accepté de pouvoir voir leur responsabilité engagée ?

II. LA DISTINCTION ENTRE LES CRIMES TRANSNATIONAUX ET LES CRIMES SUPRANATIONAUX

Les Etats l’ont plus ou moins fait en étant contraints. L’histoire du dernier siècle explique que le monopole de l’Etat en matière pénale sur le territoire n’a plus suffit
pour assurer la répression d’un certain type de criminalité considéré comme grave à deux égard :

- Le modus operendi des crimes (la manière dont le crime est consommé) : il est ici fait référence aux crimes transnationaux (not. Détournement aériens,
attentats terroristes)
➔ Leur modus operendi implique le dépassement des frontières étatiques.
- La criminalité considéré comme grave en raison des valeurs protégées par l’incrimination : valeurs tellement importantes que les Etats ont considéré que
leur incrimination devait se faire directement au niveau international ce sont des crimes supranationaux

III. LES CRIMES TRANSNATIONAUX A L’ORIGINE DU DROIT PENAL INTERNATIONAL

Afin de répondre à un certain type de criminalité touchant les frontières des Etats, les modalités d’une coopération pénale renforcée donnant lieu au droit pénal
international ont été conçues.

A. LES CRIMES DE DROIT COMMUN CARACTERISES PAR UN ELEMENT D’EXTRANEITE

Le meurtre, la corruption, la prise d’otage et le trafic de stups sont des crimes de droit interne réprimés par la majorité des droits pénaux internes. Cependant, par les
circonstances de commission peuvent affecter, ces infractions peuvent affecter plusieurs Etats.
Le Code pénal français comme ceux de n’importe quel pays prévoit des règles que relative à l’application de la loi pénal dans l’espace (art. 113-1 et s du CP)
permettant de connaitre la portée de la loi du for (= jusqu’où la loi FR est applicable)

Principe de solidarité et de compétence juridictionnelle : la reconnaissance de la compétence des juridictions françaises emporte automatiquement application de la
loi française à la poursuite et au jugement des affaires concernées.

Depuis le début du 20ème siècle certains crimes se sont multipliés et notamment à la faveur de techniques en matière de transport des crimes qui ont souvent
dépassé des frontières affectant plusieurs Etats souverains.
Ex : Un crime perpétré sur plusieurs Etats simultanément, ou un crime produisant des effets sur plusieurs Etats en même temps telle que la pollution d’une rivière.

Art. 113-1 al 2 CP : le rattachement territorial confère une compétence exclusive à la loi de l’Etat sur le territoire duquel l’infraction a été commise, le territoire est la
projection matérielle de la souveraineté.

En traversant les frontières physiques et matérielles des Etats, le crime transnational traverse les frontières juridiques des chefs de compétence de la loi pénale. L’Etat
sera compétent sur le territoire duquel l’infraction a été commise, mais un autre Etat pourra également revendiquer sa compétence.

Conflit positif de compétences : deux ou plusieurs Etats dont la loi peut s’appliquer à l’infraction.
Cela peut provoquer des conflits négatifs de compétence du point de vue de la répression car les auteurs ne sont, à fortiori, pas puni.
Ex : Lorsque l’auteur du crime trouve refuge dans un Etat dont le droit ne prévoit pas l’extradition ou la poursuite pour ce crime. Le premier Etat ne pourra pas
poursuivre l’auteur.

Dans ces deux cas il y a un risque de nécessité de répression, et la nécessité d’organiser une coopération interétatique renforcée entre les Etats ce qui a donné
naissance au droit pénal international.
Volonté des Etats d’établir entre eux des conventions internationales qui érigent juridiquement en crime transnationaux des crimes qui sont matériellement
transnationaux (de fait que le crime a été commis entre deux Etats).
C’est là que l’on fait la distinction entre les crimes transnationaux/ supranationaux et les crimes de droit commun qui peuvent comporter un élément d’extranéité
mais qui ne sont pas intrinsèquement des crimes transnationaux.
Ces crimes juridiquement transnationaux et non de manière contingente se caractérise aussi par un élément d’extranéité qui justifie l’extension de compétence
auxquelles ils donnent lieu en vertu des conventions de coopérations.

B. LA FORMATION DU DROIT PENAL INTERNATIONAL

Le droit pénal est intimement lié à la notion de souveraineté étatique, donc à l’histoire de la formation des Etats, et de leur création (XV-XVI ème siècles).
Les Etats se sont aperçus que pour exercer leur droit de punir, leur compétence territoriale n’a pas suffi en raison de la multiplication d’un certain type de
criminalité. Ces crimes sont à l’origine du droit pénal international : not. la piraterie
Infraction opérée en haute mer, un espace qui ne relève de la compétence territoriale d’aucun Etat. Dès lors, les compétences étatiques sont étendues dans le but de
réprimer ces infractions (compétence universelle).
Plus tard les Etats ont conclu des conventions internationales dans lesquels ils s’obligent à incriminer des comportements, conférer des compétences à leurs juridiction
pour pouvoir juger.
Méthode consistant à combler les lacunes des droits pénaux internes, et les lacunes de droits internes classique (coopération judiciaire) pour que la chaine de
coopération soit la plus harmonieuse possible.
C. DEFINITION DU DROIT PENAL INTERNATIONAL

Le DPI est une branche du droit relevant de l’ordre juridique interne et dont par conséquent, les sources formelles sont constituées de normes juridiques étatiques.

La responsabilité qui en découle est une responsabilité pénale interne fondée sur le droit national de l’Etat qui juge, éventuellement adaptée aux dispositions des
conventions internationales de coopération renforcée.

Le droit pénal recouvre ainsi l’aspect international des droits pénaux étatiques tant sur le volet substantiel (la définition du crime et incrimination) que sur le volet
procédural (entraide judiciaire classique et renforcée).

III. LES CRIMES SUPRANATIONAUX A L’ORIGINE DU DIP

L’émergence d’une dimension pénale en droit international s’explique par la réponse à des crimes d’une ampleur et d’une gravité telle qu’il a été considéré que ces
crimes pouvaient menacer l’ordre international.

A. LES CRIMES SUPRANATIONAUX OU CRIMES GRAVES « QUI TOUCHENT L’ENSEMBLE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE »

La naissance du DIP s’est faite pas le tribunal de Nuremberg. Des crimes massifs ont conduit les Etats à reconnaitre (de manière forcée) des valeurs essentielles dont la
violation était susceptible de menacer l’ordre juridique international : la paix, la sécurité internationale et l’activité humaine

Ce type de crime renvoi au Statut de Rome (1998) qui porte la création de la CPI, : il regroupe 4 grands crimes internationaux graves affectant la communauté
internationale toute entière (crime d’agression, génocide, crime contre l’humanité, crime de guerre).
Le concept de communauté international est contesté.
La nouveauté ne réside pas dans les comportements incriminés (correspond à des crimes de l’ordre interne). Il se trouve que par leurs caractéristiques, leur ampleur,
mais aussi par les conséquences qu’ils peuvent avoir sur la communauté internationale toute entière, ils deviennent des crimes supranationaux.
On constate de l’insuffisance des droits pénaux internes pour appréhender ce type de criminalité (soit incapacité de l’Etat, ou refus de juger ce type de crimes)

B. L’AVENEMENT DU DROIT INTERNATIONAL PENAL


En 1918 : il y a eu des tentatives pour permettre ce droit pénal international

C. Définition du Droit International Pénal

Le DIP est une branche du DI public qui définit les crimes internationaux les plus graves et prévoit les modalités de leur répression par les juridictions pénales tant
internes qu’internationales. Le premier juge compétent pour juger des crimes pénaux est le juge interne.
Les crimes supranationaux correspondent aux violations les plus graves des normes fondamentales du DI donnant lieu à une responsabilité pénale des individus,
directement régie par le DI : crimes de guerre, génocide, agression, contre l’humanité.
Le TMI est une juridiction pénale internationale née des insuffisances des droits pénaux internes qui a jugé, selon les principes du droit pénal, dans un contexte
international, les auteurs d’infractions qu’on qualifierait auj. de crimes supranationaux.

§3 - LES SOURCES ET LES INTERACTIONS DE CES DEUX CORPUS

Selon la source, la légitimité et le caractère contraignant de la règle est diffèrent.

I. DES SOURCES MULTIPLES ET HETEROGENES AU CARREFOUR DU DI ET DES DROITS PENAUX NATIONAUX

Le droit pénal international est d’abord du droit pénal interne qui comporte un élément d’extranéité : ses sources :

- La loi interne : ex : art. 113-1 &s CP sur l’application de la loi pénale dans l’espace
- La Constitution
- La Jurisprudence

Le droit pénal interne s’abreuve aussi de sources internationales :

1. Beaucoup de domaines pénaux sont couverts par des conventions bi ou multilatérales, dès lors, la source nationale n’est que résiduelle. C’est not. le cas de
l’extradition.
2. Certains art. du CP/CPP sont les transpositions (quasiment exactes) de conventions internationales en droit français (ex : art. 211-1 CP transpose la
Convention sur le génocide de 1948).

Cela suppose que la question de l’application par le juge interne du DI soit claire.

Les sources du droit international pénal : art. 21 du Statut de Rome énumère les sources du DIP et renvoi aux sources traditionnelles du DI :

- La coutume (art. 38 du Statut de la CIJ) : « preuve d’une pratique générale, acceptée comme étant le droit. »
- Les traités (cf. déf. Convention de Vienne, 1969)
- Les PGD

Traditionnellement, en DI, la JP a une vocation subsidiaire par rapport aux autres sources.

Néanmoins, de nos jours, la JP des TPI, de la CPI, des juridictions hybrides, des Cour des DH, de la CIJ n’a pas de force obligatoire (pas de « rule of precedent ») mais
s’alimente de manière massive des dc° des unes et des autres.

II. UNE VERSION RENOUVELEE DU PCPE DE LEGALITE (DEJA TRAITE EN SEMAINE 1)


III. L’ARTICULATION DU DIP ET DU DPI AVEC D’AUTRE BRANCHES DU DROIT PROCHES

En raison de leur formation, le DIP et le DPI entretiennent des liens avec d’autres branches du droit.

A. Le DIP : DIH, DIDH

Fin IIGM, à la suite des atrocités commises et des atteintes à la paix et à la sécurité nationale : naissance de nouvelles branches du droit, le droit
international pénal, le droit international des droits de l’homme, et le droit international humanitaire.

Le DIH :

Conventions de Genève (1949) ont pour objet la protection des personnes en temps de conflit armé international. Elles définissent pour la première
fois, la notion d’infraction grave.

Le DIDH : il s’est traduit par la DUDH (1948) mais également par l’adoption de conventions (elles contraignantes) portant sur des droits particuliers
que les Etats s’engagent à respecter notamment la Convention sur la répression et la prévention du génocide (1948).

➔ à la fois une convention de protection des DH et de DIP.

Ces ≠ branches du droit international déclinent diverses facettes de la protection de la dignité humaine, complètement bafouée lors de la IIGM.
Le DIH vise à humaniser la guerre et éviter ses conséquences trop catastrophiques sur les combattants comme sur les civils.
L’objectif du DIDH est de protéger en temps de paix comme en temps de guerre, les droits fondamentaux des individus.

Le DIP peut apparaitre comme la sanction de l’échec des deux autres : principe sanctionnateur des violations graves des normes fondamentales du
DI qui sont =

 L’interdiction du recours à la force (crime d’agression)


 Les normes fondamentales du DIH (crimes de guerre)
 Les normes du DIDH, liberté et dignité (crime de génocide)

Ces interactions ont été très fortement nourries par la JP des TPI et celles des juridictions régionales de protection des DH.

Il convient de mentionner les liens du DPI avec le droit pénal européen :

- Liens avec le droit pénal du COE : CESDH, Conventions prévoyant l’incrimination et la prévention de certains comportement constituant des
infractions internes (i.e torture).
- Les liens avec le droit pénal international sont moins évidents : la production de la matière normative de l’UE se résumait aux infractions
liées au fonctionnement de l’Union européenne.

L’UE développe et produit l’élargissement de son « droit pénal », grande étape = Traité de Lisbonne.

L’UE a une véritable compétence en matière pénale et cette compétence a été à l’origine de décisions cadres, de directives puis de règlements
(extradition devenue au sein de l’UE le mandant d’arrêt européen)

D’un point de vue substantiel, la politique pénale de l’UE inclue des incriminations pénales internationale notamment sur la question du terrorisme
qui est un crime transnational régi par des sources de DI et des sources de droit interne.
SECTION 2 : LA JUSTICE PENALE INTERNATIONALE, ENTRE DROIT INTERNATIONAL PENAL ET DROIT PENAL INTERNATIONAL

Depuis la création du TMI pour l’Extrême-Orient ou Tribunal de Tokyo (1946), on a connu un développement de la justice pénale international marqué
par la guerre froide.
 Développement marqué par des conflits en Afrique et en Europe dans les 90’s.

§1 - CREATION DU TPIY ET DU TPIR

TPIY : Juridiction crée par des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Comme à Nuremberg et Tokyo, ces juridictions ont été contestées de par
leur légalité, (chap. VII de la Charte de l’ONU), et de par leur légitimité (résolution suffisante pour créer un tribunal pénal international ?)
 La création de cette juridiction a été considérée comme étant nécessaire au rétablissement et au maintien de la paix dans les régions
concernées.

Contexte : A partir de 1991 et avec l’influence de la chute du bloc soviétique, l’ancienne République fédérale de l’URSS s’est disloquée et a donné
naissance à plusieurs autres Etats. Certains de ces derniers ont demandé leur indépendance (ex : Kosovo) ce qui a abouti à des conflits meurtriers sur
le territoire de l’ancienne république yougoslave.
 Le droit international humanitaire et des droits de l’homme ont été massivement violés pendant ces conflits (environ 200 000 morts).

Par les résolutions n°808 du 18 février 1993 et n°827 du 25 mai 1993, a été créé le TPIY : il reçoit le mandat de juger les « personnes présumées
responsables de violations graves du droit humanitaire international commis sur le territoire de l’ex-Yougoslavie » entre le 1er janvier 1991 et une
date après la restauration de la paix.

Le droit international pénal vise à sanctionner les infractions massives qui violent le droit international humanitaire.

TPIR : Tensions entre diverses ethnies (les hutus et tutsis). Dans les années 1990, des rebelles en exil en Ouganda se sont opposés au gouvernement
(maj hutus), interventions militaires sur le territoire rwandais.

En 1993 Accord de Paix d’Arusha prévoyant les modalités d’un accord de paix entre les deux factions. C’est un échec. En avril 1994 l’avion
transportant le Président Rwandais (hutu) est abattu. Cet évènement déclenche le génocide car la population Tutsie ainsi que la population Hutus
opposés aux extrémistes ont été massacrés par les militaires et des milices hutus. En 3 mois, le bilan est à environ 1 million de morts.
A l’issue du conflit militaire, le front patriotique rwandais l’a emporté et a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’agir : résolution 955 en
1994 a créé un tribunal international jugeant les personnes « présumés responsables de violation grave du droit humanitaire international
commise sur le territoire rwandais et des territoires voisins de janvier à juin 1994 ».

Les deux juridictions ont fait l’objet d’un débat sur leur légalité : TPIY Tadic 2 oct 1995 consacre le principe de légalité du tribunal et vaut pour le
TPIR.

§2 - LA CPI

(COURS SUIVANT)
§3 - JURIDICTIONS MIXTES (HYBRIDES)

Il n’est pas possible de créer un tribunal ad hoc pour chaque conflit. Dès lors, la CPI se caractérise par le fait qu’il s’agit d’une juridiction universelle
et permanente, mais n’a pas de compétence rétroactive (peut juger des crimes qu’après sa mise en place).

Solution intermédiaire : mise en place de juridictions hybrides, internationalisées. Ce sont des juridictions mises en place à la demande ou non de
l’Etat concerné, et c’est la communauté internationale qui fournit des juges, et des procureurs internationaux ainsi que des financements.

L’objectif est toujours le même : il s’agit de juger des crimes graves au plus près du lieu des exactions, relativement rapidement après les faits.

Plusieurs juridictions comme celle-ci ont été mises en place en Bosnie Herzégovine (1995), au Kosovo (1999), au Timor oriental (2000), en Sierra Léone
(2002), au Cambodge (2005), au Liban (2007), au Sénégal (2013) et en Centre Afrique (2015).

TRAITS COMMUNS ET DIVERGENCES DE CES JURIDICTIONS MIXTES

Obstacles politiques et matériels à l’efficacité de ces tribunaux : des procédures très longues, des changements politiques peuvent aggraver la
situation.

Ex : TSL (Liban) pas encore réussi à juger des crimes pour lesquels il a été mis en place.

Reproche à ces tribunaux de ne pas respecter scrupuleusement les standards internationaux du droit au procès équitable.

Divergent par leurs modes de création :

- Soit création de juridictions pénales internationalisées : créées en cas de contexte géopolitique. La juridiction est intégrée au système
national mais est façonnée par l’ONU (ex ; Timor oriental, Kosovo, Bosnie).

Concernant le Timor oriental : ce territoire a été placé sous l’autorité des Nations unies. Instance chargée d’une opération de paix créée en 1999
pour assurer la transition du Timor vers son indépendance. Cette indépendance s’est accompagnée de crimes graves. Mise en place de chambres
spéciales qui ont été instituées en 2000. 2 formations ont été mise en place dont la compétence matérielle incluant les crimes internationaux. Ces
chambres sont mixtes/hybrides car elles étaient composées de juges nationaux ou étrangers ayant une formation internationale. Ces chambres ont une
compétence exclusive pour juger des crimes internationaux commis dans une période donnée. Ici on a une juridiction internationalisée au sens où elle
est mise en place dans un contexte particulier par l’ONU et un tribunal composé de juges nationaux et internationaux.

- Soit juridictions pénales internationales qui sont nationalisées (ex : Chambres extraordinaires auprès des tribunaux cambodgiens (CETC),
TSSL, TSL). C’est toujours le contexte qui lui donne ce caractère. Accord passé entre l’ONU et l’Etat sur le territoire duquel les exactions ont été
commises. Ce second groupe de juridiction internationalisées se manifeste par des statuts traduisant des tensions qui ont présidé à la création
du tribunal. Les négociations sont longues puisque les Etats et l’ONU veulent marquer leur autorité.

Conflit au Cambodge (1975) : CETC Le conflit débute avec la prise de pouvoir des khmers rouges et dure 4 ans. Dictature violente et ensemble de
crimes créant la mort de 1,7 millions de cambodgiens. La défaite des khmers rouges résulte en une guerre civile qui se prolonge. Ce n’est qu’en 2006
que les CETC ont été mises en place au terme d’un processus long de négociations entre le gouvernement cambodgien et l’ONU. Le Cambodge voulait
juger les crimes sous sa juridiction et l’ONU craignait que les procès ne soient pas équitables et que les règles de droit pénal internationales ne soient
pas respectées. En 2003 on a un accord sur le procès des khmers rouge. Le statut du tribunal se fonde sur une loi cambodgienne. Cette loi montre que
l’on a un mixte de droit pénal interne cambodgien, de droit international humanitaire et de droit international des conventions reconnues par le
Cambodge. C’est donc une juridiction internationale nationalisée puisqu’on a un accord de l’Etat et de l’ONU. En effet, la juridiction est au Cambodge
et qu’elle applique du droit international. Les crimes ont été commis entre 1975 et 1979.

Difficulté principale : la majorité des dirigeants étaient décédés (dont Pol Pot, le gd chef). Le procès a été divisé en 4 affaires concernant 4 accusé
principaux, seul le 1er cas a abouti celui de Duch le responsable d’un centre d’interrogatoire dans le camp S21. 14000 y auraient été torturées et tuées.
Accusé de crime contre l’humanité. Il a été inculpé en 2008. Il a été reconnu coupable en 2011 et a été condamné à 35 ans. Il a fait appel de cette
décision et a écopé de la perpétuité.

- Les juridictions pénales internationales régionalisées : juridictions pénales internationales mises en place au terme d’un processus d’accord
entre une instance régionale et un pays pour juger des crimes.

Ex : chambres africaines extraordinaires au sein des tribunaux sénégalais. Ces chambres sont emblématiques d’une saga du droit international, la
saga Hissène Habré. C’était un ancien dirigeant du Tchad. Il s’est opposé à tous ces opposants politiques pendant les 8 années de sa dictature, de
1982 à 1990. Son gouvernement se caractérise par des actes de tortures dans un centre d’interrogation. Il finit par chuter et fuit au Sénégal. Il est pour
la première fois mis en examen au Sénégal en 2000 mais les tribunaux sénégalais se sont estimés incompétents pour le juger faute d’une législation
adaptée. Les victimes ont eu l’idée de déposer plainte contre lui en Belgique ou nbre d’entre elles s’étaient réfugiées puisque la Belgique se
caractérisait dans une version extensive de la compétence universelle. En 2005, la justice Belge inculpe Habré qui n’est pas en Belgique.
La Belgique lance un mandat d’arrêt international et son exécution aurait supposé que le Sénégal accepte l’extradition d’Habré, ce que le Sénégal refuse
pour des raisons politiques. La Belgique saisit la CIJ pour qu’elle se prononce sur le refus par le Sénégal d’extrader Habré. La CIJ condamne le Sénégal
dans une décision de juillet 2012 pour défaut de mise en œuvre de la convention internationale c/ la torture de 1984 que le Sénégal avait ratifié.
L’Union africaine a fait pression sur le Sénégal pour que le Sénégal mette en place une juridiction spéciale mixte pour juger Habré. Un accord
international a eu lieu entre l’union africaine et le Sénégal débouchant sur le statut de ces chambres qui sont compétentes pour la poursuite et le
jugement des auteurs de crimes commis entre juin 1982 et décembre 1990 au Tchad. Habré a été condamné en mai 2016 à la prison à perpétuité, 80
milliards de Francs CFA. Il a fait appel sa sentence a été confirmé.
Ces chambres sont intéressantes car c’est la première fois qu’une juridiction pénale est créée dans un système national pour s’acquitter d’obligations
internationales.
SEMAINE 3. QUESTIONS DE COMPETENCE

SECTION 1 : COMPETENCE DES JURIDICTIONS INTERNES POUR JUGER DES CRIMES DE DROIT INTERNATIONAL

Ce sont bien les juridictions pénales internes à chaque Etat qui ont vocation à juger les crimes internationaux. Les juridictions pénales françaises sont
depuis très longtemps confrontées à des litiges présentant un élément d’extranéité.

La territorialité du droit pénal n’a jamais signifié que les juridictions internes ne connaitraient que des infractions commises sur le territoire fr car en
vertu du principe de souveraineté des Etats, celui-ci est libre de déterminer le contenu de la loi pénale mais aussi pour déterminer la portée et
l’étendue de droit pénal. Il le fait en respectant le DI et la souveraineté des autres Etats.

Dès 1945, pour juger les crimes les plus graves, les alliés avaient prévu dans la déclaration de Moscou et dans l’accord de Londres qu’hormis les plus
hauts dirigeants des régimes nazis et japonais jugés par les TMI, les autres seraient jugés par les tribunaux nationaux. Dès lors, dès 1945, il est prévu
que ce sont les juridictions internes qui jugent les crimes internationaux en premier.

Avec la signature du Statut de Rome, on a renforcement de cette idée : principe de complémentarité qui veut que la CPI n’intervienne que si les Etats
sur lesquels ont été commis les crimes ne veulent pas les juger (préambule, art. 1 et 17).

§1 - LES CRITERES DE COMPETENCE DES JUGES NATIONAUX


Les titres de compétence d’un juge national pour juger d’infraction présentant des éléments d’extranéité.

A. LES TITRES CLASSIQUES DE COMPETENCE

Le premier titre classique est la compétence territoriale découlant du concept de souveraineté pénale de l’Etat.

1)La compétence territoriale découlant du concept de souveraineté pénale de l’Etat

Un Etat se caractérise par 3 éléments :

- Une population
- Un territoire
- Une forme

Le droit pénal est un mode d’expression de la souveraineté étatique, il est donc logique que le territoire de l’Etat dont l’ordre public a été transgressé
par une infraction en soit le juge. Dès lors, en vertu du principe de solidarité des compétences juridictionnelles et législatives, c’est la loi pénale qui
s’applique.

Le principe de territorialité n’est qu’un corollaire évident du principe de légalité. Le Code civil et le Code pénal convergent sur ce point : deux
questions se posent :

- Comment savoir qu’une infraction est commise sur le territoire de la République ? Cela nous renvoie aux éléments constitutifs de l’infraction. Il
suffit que l’un des éléments constitutifs se soit produit sur le territoire français pour que la loi française. soit applicable (cf. art 113-2 al 2 CP).
- En quoi consiste le territoire français ? Il ne se limite pas à l’acception terrestre : il a des prolongements maritimes et aériens. La notion de
territoire ne cesse de s’étendre notamment par la loi de juin 2016 introduisant l’art. 113-2-1 et étendant le territoire de la République au
réseau internet.

2)Une compétence plus éloignée de la souveraineté

Le principe de territorialité est une marque de souveraineté mais également une marque de limitation de la souveraineté.

En vertu du principe d’auto-limitation et en considération du fait qu’à priori l’OP français. n’est pas atteinte lorsqu’une infraction est commise à
l’étranger, la loi française. ne devrait pas d’appliquer, mais il existe des exceptions :

Compétence personnelle active : Depuis le Code d’instruction criminelle (1808), la loi pénale française est applicable à tous les crimes commis par un
Français hors du territoire de la République ainsi que sans condition de réciprocité à tout délit.

Compétence personnelle passive (loi du 11 juillet 1975) : la loi française. est applicable à tout crime commis hors du territoire de la Rép. par un
Français ou étranger sur une victime française. Idem pour un délit et ce sans condition de réciprocité (non bis in idem).

La C. d’ass. De Paris a jugé en déc. 2010 des anciens dirigeants du régime de Pinochet pour avoir détenu, séquestré, torturé et fait disparaitre des
personnes franco- chiliennes.

3)La compétence extra territoriale

La loi du 9 mars 2004 a introduit l’art. 113-8-1 au sein du CP (hypothèse dans laquelle la loi pénale française n’a pas vocation à intervenir). Il s’agit
d’une compétence extra territoriale qui s’explique par des raisons de droit international.

La France refuse d’extrader quelqu’un parce qu’elle a peur que la personne soit torturée, subisse des traitements inhumains/dégradants, ou qu’elle
soit jugée dans des conditions ne garantissant pas le respect des droits de l’homme, dès lors, elle le juge sur son territoire.

B. LA COMPETENCE UNIVERSELLE

(CF. COURS SUIVANT)


SECTION 2 : LA COMPETENCE DE LA CPI
C’est la dernière-née des juridictions internationales pénales : elle résulte d’une conférence diplomatique qui a eu lieu à Rome et qui a abouti le 17 juillet 1998 à
l’adoption du Statut de Rome.
L’adoption de ce texte n’était pas une évidence (7 votes contre et 21 abstentions), et aujourd’hui, une nouvelle conférence de la sorte échouerait car à l’époque, on sortait
de la GF (euphorie de la paix et approche consensuelle du DI).

Une fois le texte adopté, il y avait des conditions pour son entrée en vigueur : 60 ratifications. Cela explique qu’il ne soit entré en vigueur que le 1 er juillet 2002.
Aujourd’hui, 123 EP : les E-U et la Russie ont signé l’accord en 1998 mais ont retiré leur signature (juste après l’élection de Bush aux E-U et en 2018 pour la Russie).
Les deux derniers Etats à avoir ratifié le SR sont la Palestine (2015) et le Salvador (2016).

C’est la seule juridiction qui a une double compétence :


 Elle est à la fois compétence pour examiner la responsabilité pénale des individus
 Et pour statuer sur le préjudice des victimes et décider d’une indemnisation
C’est donc à la fois, une juridiction civile et pénale.
Deux remarques:

La CPI est une entité totalement indépendante, autonome, c'est-à-dire qu’elle ne fait pas partie de l’ONU. Or, l’ONU a pour mission le maintien de la paix et la CPI, la
justice internationale, qui peut contribuer à la paix. Dès lors, les deux entités ont conclu un accord de coopération ; il y a un double lien entre les entités :
- Le CS peut renvoyer une situation à la Cour
- Le CS peut demander à la Cour de suspendre une enquête pendant une durée maximale de 1 an.

La CPI est une organisation internationale, ce n’est pas une simple juridiction est composée de 3 grands organes, dont la Cour pénale internationale, l’Assemblée
des EP, et le fonds des victimes : le terme CPI désigne à la foi l’OI et la Cour stricto sensu.
- L’Assemblée des EP : est l’organe plénier qui réunit tous les Etats qui ont ratifié le statut (décide du budget, nomme les juges et le procureur, établissent le
règlement interne de la Cour)

- La Cour : est composée de quatre organes :


➔ La présidence : 3 juges qui assurances la présidence et la vice-présidence de la Cour, ils siègent également.
➔ Les chambres : formées par les juges ; il y a 3 ch. (préliminaire, 1 ère instance, appel)
➔ Le bureau du procureur : Fatou Bensouda; moins de pouvoirs que devant les TPI car le bureau est contrôle par la chambre préliminaire
➔ Le greffe : le chef de l’administration de la Cour gère toute la communication, la protection des témoins et la défense, la coopération avec les Etats, car si les
Etats ne coopèrent pas, la Cour disparait.

§1 - L’EXAMEN DE LA COMPETENCE PENALE A LA CPI

La charge de la preuve repose sur le procureur : c’est à lui de démontrer que la Cour est compétence, ce n’est qu’à cette condition qu’une enquête pourra être ouverte.

A. LE RENVOI D’UNE SITUATION A LA CPI

On ne dit pas saisir la CPI, mais on parle de renvoi d’une situation à la Cour.

Selon la manière dont le renvoi est fait, la suite de la procédure est différente :

o Le renvoi d’une situation par un EP


o Le renvoi d’une situation par un Etat non partie au Statut : ex. la Côte d’Ivoire et la Palestine ont renvoyé leur propre situation à la Cour alors
qu’ils n’étaient pas encore partis.
- Cette possibilité est ouverte sur le fondement d’une déclaration d’acceptation de la compétence de la Cour qui est une déclaration unilatérale.
- Le renvoi d’une situation par le CSNU : possible même si l’Etat où les crimes ont eu lieu n’est pas partie à la Cour ou bien l’auteur des crimes est un
ressortissant d’un Etat non partie à la Cour (not. Libye et Soudan).
- L’ouverture d’une enquête proprio motu (de lui-même) par le procureur : après l’obtention de l’autorisation de la Ch. prél et sur la base d’informations fiables
qui justifieraient l’ouverture d’une enquête.

Il ne peut ouvrir une enquête proprio motu que vis-à-vis d’un EP (3 exemples) :

Le Kenya mais échec retentissant car l’enquête sur les crimes avait conduit à identifier comme les 2 responsables, le Pdt et le VP qui venaient juste d’être élus.
L’Irak pendant l’occupation par les Américains jusqu’à la chute de Sadam Hussein : de nombreuses preuves apportées au Procureur l’incitant à ouvrir une enquête
mais à renoncer de lui-même à ouvrir une enquête parce que d’une part, il considérait que les faits n’étaient pas d’une gravité suffisante (critiquable) et d’autre part,
que les juridictions internes du RU et des E-U ont des instances suffisamment efficaces pour juges des criminels.
La Birmanie avec la situation des Rohingyas victimes d’une terrible répression et ayant fui au Bangladesh : le Proc estime que comme le déplacement forcé de
cette population s’est terminé au Bangladesh qui est EP alors une enquête peut être ouverte, même si la Birmanie n’est pas un EP.
B. LA COMPETENCE

Il y a quatre compétences à envisager :

La compétence personnelle (art. 25-1 et 26 pour les individus de plus de 18 ans) : seules les personnes physiques peuvent être jugées, aucune immunité n’est
opposable la Cour, et la Cour est compétente que pour les hauts responsables ; la Cour doit être le moteur d’une justice qui se prolonge au niveau interne.

Ex : la RDC a jugé elle-même certains criminels de guerre moins importants que ceux jugés devant la CPI.

La compétence matérielle : les 4 grands crimes supranationaux (cf. art. 5)

La compétence temporelle (art. 11) : compétente pour tous les actes qui se sont déroulés à partir du 1 er juillet 2002 sous réserve de la date de ratification de la
Convention par l’EP. Autrement dit, si un Etat a ratifié le SR postérieurement à son EEV, alors la Cour ne sera compétente que pour les actes commis à partir du jour de
cette ratification.

La compétence géographique (art. 12-2) : la Cour a vocation à être universelle mais elle est limitée par le mode de renvoi de la situation :

 Si la situation a été renvoyée par un EP ou le procureur, elle est limitée au territoire des Etats qui ont ratifié le Statut.
 Si elle est saisie par un E non partie, elle a compétence sur le territoire de ce Etat
 Si elle saisit par le CSNU, elle peut enquêter sur les territoires de tous les Etats qu’ils soient ou non parties.

C. LES CONDITIONS DE RECEVABILITE

Il y a deux conditions de recevabilité :

Le principe de complémentarité (art. 17) : la Cour a une compétence résiduelle complémentaire selon laquelle elle ne pourra juger un accusé si et seulement si l’Etat
normalement compétent ne peut pas ou ne veut pas juger.

Autrement dit, si le Proc veut que la Cour se reconnaissance compétente, il doit d’abord démontrer que l’Etat manque de volonté (retard excessif, amnisties, immunités
etc) et ensuite qu’il n’a pas la capacité de juger, c'est-à-dire que la justice étatique est inefficace. Souvent, ce 2è critère n’est pas rempli car très affaibli ou détruit par la
guerre.

Ce principe a pour but de responsabiliser les Etat à juger eux-mêmes, à lutter eux- même contre l’impunité.

Le principe non bis in idem (art. 20) : il a deux versants devant la CPI :

 Si un accusé a été jugé par la CPI il ne peut être rejugé au niveau interne pour les mêmes faits.
 Si un accusé a déjà a été jugé par une juridiction interne, il ne peut pas être rejugé par la CPI sauf si le résultat du procès au niveau interne est une
manifestation d’un manque de volonté de l’Etat a véritablement le sanctionner c'est- à-dire sauf si le principe de complémentarité n’est pas satisfait.

§2 - L’EXERCICE DE SA COMPETENCE PAR LA COUR : LE DEROULEMENT DE L’INSTANCE PENALE

1) Le renvoi de la situation devant la CPI : déclenchement de l’examen de la compétence


2) Enquête
3) Arrestation
4) La confirmation des charges
5) Le procès
A. L’ENQUETE

Elle est menée par le bureau du procureur qui enquête à charge et à décharge. Il dispose de ses propres enquêteurs mais peut demander de l’aide aux autorités locales,
même si généralement, les victimes ne sont pas très enclines à aller parler de leur situation aux autorités de leur Etat.
A l’issue de l’enquête, le proc identifie les accusés : la situation devient une affaire de devant la Cour.

B. L’ARRESTATION

Afin d’arrêter un accusé, il faut obtenir un mandat d’arrêt délivré par la ch. préleminaire.

Devant les TPI, c’était le procureur qui lançait le mandat d’arrêt de son porte chef.

Une fois que le mandat est délivré, le procureur ne dispose pas de force de police pour arrêter les personnes : l’arrestation repose essentiellement sur la coopération
des Etats, ce sont à eux d’arrêter les accusés et de les remettre à la Cour (ne JAMAIS parler d’extradition).

Néanmoins, il peut y avoir des éditions volontaires : aujourd’hui, il existe un précédent avec Katangha en 2013 qui s’est rendu à la Cour pour éviter d’être jugé en
RDC.
Aujourd’hui, la moitié des accusés n’ont pas été livrés, soit parce qu’ils sont introuvables, soit parce qu’il se trouvent dans des Etats n’ayant pas ratifié le SR (ex :
président du Soudan).
Lorsque la personne est arrêtée et remise à la Cour, elle est placée en détention provisoire dans la prison de la cour (détention de principe).

C. LA CONFIRMATION DES CHARGES

Elle se fait en présentiel : le procureur doit présenter à la chambre préliminaire tous les éléments qui laissent entendre qu’il existe des « motifs substantiels de croire
que la personne a commis les crimes qui lui sont imputés »

L’audience de confirmation des charges peut aboutir à trois décisions :

- Le refus de confirmer : on clôt l’affaire (ex : affaire Mbarushimana)


- Un ajournement : report car pas assez de preuves
- La confirmation des preuves : ouverture d’un procès devant la ch. de 1 ère instante qui ne pas être par contumace et est en pcpe publique.

D. LE JUGEMENT

Le plaider-coupable est autorisé devant la CPI (art. 65) : ex affaire Al Madhi qui est celui ayant ordonné la destruction des mausolées à Tombouctou.

L’avantage du plaider coupable est la rapidité de la procédure. Alors qu’à l’inverse, celui qui ne plaide pas coupable peut voir son procès durer très longtemps car plus
de 150/200 témoins interviennent avec interrogatoire et contre-interrogatoire.

Une fois le procès finalisé, deux jugements possibles :

 Condamnation
 Acquittement
ex. Bemba acquitté en appel pour les crimes dont il était accusé en République centrafricaine, or, acquittement sur des concepts
juridiques et non sur des faits.

Quel que soit le jugement du procès en 1 ère instance, l’appel est possible. Toute parie au procès peut faire appel sauf les victimes qui ne sont pas parties à la
procédure pénale. Seulement, elles peuvent y accéder, présenter des arguments.
Elles deviennent parties seulement quand le procès devient civil.
SEMAINE 4. AU-DELA DE LA COMPETENCE
SECTION 1 : LA COMPETENCE UNIVERSELLE

§1 - L’ORIGINE DE LA COMPETENCE UNIVERSELLE

Il s’agit de la compétence d’un juge interne pour connaître d’une infraction quel que soit le lien de la commission de celle-ci, indépendamment de sa compétence
territoriale, et quelle que soit la nationalité de l’auteur et de la victime de l’infraction (= dépasse donc la compétence personne active et passive).

 « Où je te trouve, je te juge »

Le fondement de la compétence universelle est la coutume, mais, à partir du XX -ème siècle., vont se multiplier des traités qui vont également prévoir un titre de
compétence universelle.

C’est après la 2nd guerre mondial que se multiplient les conventions qui prévoient la compétence universelle pour des infractions qui heurtent de valeurs communes,
les crimes supra nationaux.
 La compétence universelle a été retenue par la Commission du droit international (organe de l’ONU) qui codifie le droit international : elle établit un
projet de Code prévoient une CU pour les crimes menaçant l’humanité.
On pourrait croire que la CU est réservée aux crimes les plus graves, supranationaux, mais selon le sujet abordé, il existe une hiérarchie implicite entre eux.
L’étude de la pratique conventionnelle démontre que la CU tend à s’imposer dans la majorité des conventions internationales de coopération pénale : les crimes
transnationaux.
 La Convention de La Haye (16 sept. 1970) pour la répression de la capture illicite d’aéronefs oblique chaque Etat contractant à établir sa compétence, non
seulement dans les hypothèses traditionnelles, mais également (art. 4§2) lorsque l’auteur présumé de la capture illicite se trouve sur le territoire de l’Etat
contractant, quand bien même la capture n’aurait pas eu lieu sur le territoire, ou que l’infraction ait eu lieu sur ce territoire.

Ces conventions incluent une clause qui a « AUT DEDERE AUT DEDICARE » = soit extradé, soit jugé.

Il y a donc deux sources pour la CU, la coutumière, et la textuelle. Ce double fondement se réfléchi sur le régime de la CU qui est rendu encore plus complexe par
l’études des législations nationales.

§2 - LES REGIMES DIFFERENCIER DE LA COMPETENCE UNIVERSELLE SELON SA SOURCE = LA CU, OBLIGATION OU FACULTE ?

A. DROIT CONVENTIONNEL, COMPETENCE UNIVERSELLE OBLIGATOIRE

En vertu de l’adage « AUT DEDERE AUT JUDICARE », la Convention impose à l’Etat de légiférer pour organiser son droit de telle sorte qu’il permette la
poursuite sur la base de la CU.

Par ex., la Convention internationale pour la répression du crime de terrorisme (à l’explosive) prévoit à son art. 8§1 que « l’Etat est tenu, si il
n’extrade pas, à remettre l’auteur selon une procédure conformé à sa législation. » Cela montre bien que le traité impose à l’Etat de modifier sa
législation et que la CU est soumise à certaines conditions (not. Auteur de l’infraction doit se trouver sur le territoire d’un EP, les autres titres de
compétence doivent faire défaut …)

La CU est obligatoire mais subsidiaire : elle ne s’exerce que par défaut d’autres compétences. —> cf. par ex., art. 5 et 7 de la Convention contre la
torture.
B. DROIT COUTUMIER, COMPETENCE UNIVERSELLE FACULTATIVE

Cela ne signifie pas que les Etats ne faisant pas partie de telle ou telle Convention, seront exemptés de recourir à la CU, mais c’est la coutume qui
s’applique alors ;
La Compétence Universelle est reconnue eu égard à l’ensemble des crimes supranationaux en raison des valeurs auxquelles ces crimes portent
atteinte, mais elle demeure facultative pour les Etats. Ils ont le droit d’établir et d’exercer leur compétence à l’égard d’un individu présumé auteur
d’un crime international.
C’est un titre de compétence additionnel fondé, mais qui reste facultatif.

§2 - LES CONDITIONS D’EXERCICE DE LA COMPETENCE UNIVERSELLE EN DROIT INTERNE FRANÇAIS

A. LES PROBLEMES D’INTERPRETATION EN DROIT INTERNATIONAL

Le premier problème qui se pose est que la plupart des conventions sur lesquelles repose la CU exigent que le suspect ou l’auteur présumé soit présent sur l’Etat qui
prétend exercer sa compétence.

Peut-on alors admettre qu’un Etat revendique sa CU, mais par défaut, l’individu n’étant pas présent sur le territoire (compétence IN ABSTENTIA) ?

CIJ, 11 avril 2000, Congo c. Belgique (affaire du mandat d’arrêt international) : En l’espèce, mandat d’arrêt émis par un juge d’instruction belge à l’encontre d’un
ministre congolais poursuivi pour CCH. Le suspect n’était plus présent sur le territoire belge.
La CIJ dans cette affaire considère que la CU IN ABSTENTIA est incompatible avec le DI.

Néanmoins, cette opinion demeure relativement isolée, et les juridictions françaises ne se sont pas privées de juger in abstentia des auteurs d’infractions sur le
fondement de la Compétence Universelle.

CEDH, 2009, Ould Dah c. France : la CEDH a donné raison à la France, approuvant l’application de la loi française à l’espèce estiment même que l’administration
mauritanienne ne devait pas bloquer l’exercice de la CU.

Au moment des faits, pas de ratification par la Mauritanie de la Convention contre la torture. La torture est une norme de jus cogens de plus, la France a une
compétence universelle pour juger de ces crimes.

Faut-il nécessairement une demande d’extradition ? Hypothèse dans laquelle l’auteur présumé du crime se trouve sur le territoire qui exercer sa CU. L’Etat pas n’est pas
saisi d’une demande d’extradition concernant cette personne, dès lors, doit-il prendre les devants et engager les poursuites à son encontre ?

Affaire Pinochet (Chambre des Lords) : Pinochet, une fois son mandat présidentiel terminé, s’est rendu à Londres pour des soins médicaux. Un juge espagnol a lancé
une procédure de mandat d’arrêt international à son encontre, sur le fondement de la Convention internationale contre la torture.

Aucune demande d’extradition n’avait formulé à l’encontre du RU, là où se trouvait Pinochet. Dès lors, un juge de la chambre de Lords, Wilkinson a affirmé que si les
Etats qui ont la compétence la plus évidente ne cherchent pas à extrader, c’est à l’Etat où le tortionnaire présumé est trouvé de poursuivre ou d’extrader ce dernier vers
un autre pays.

Affaire Habré : le Sénégal, avant l’instauration de la juridiction hybride, ne voulait pas juger Habré pour des raisons diplomatiques (not. liens avec le Tchad). Dès lors,
le Comité contre la torture a estimé, en mai 2006 qu’un EP sur le territoire duquel se trouve l’auteur présumé doit poursuivre et que cette obligation ne dépend pas
d’une demande préalable d’extradition à son encontre.

B. LA LEGISLATION FRANÇAISE

Compliqué à synthétiser car certaines règles figurent dans le CPP, d’autre encore ailleurs. De plus, le régime de la CU en droit interne n’est pas totalement homogène.
Il existe trois sources en droit interne :

La CU issue des conventions : cf. art. 689 CPP qui ouvre un chapitre relatif à la compétence des juridictions française.Pour les infractions commises
hors du territoire de la République : « les auteurs d’infractions commises en dehors du territoire de la République peuvent être poursuivis et
jugés par les juridictions françaises, soit lorsque (…), la loi française est applicable; soit lorsqu’une Convention internationale donne
compétence aux juridictions française pour connaître de l’infraction. »

Art 689-1 CPP : donne compétence aux juridictions française pour les infractions listées aux art. 689-2 à 689-10 et aux art. 689-12 et 689-13 CPP
lorsque l’auteur ne se trouve pas sur le territoire.

La CU issue des deux résolutions du CSNU : Résolution du 2 janvier 1995 relative à l’ex-Yougoslavie et résolution de janvier 1996 relative au
conflit rwandais.

Aucune de ces résolutions n’imposaient aux Etats d’établir une CU pour juger les auteurs des crimes commis en ex-Yougoslavie et au Rwanda car à
priori, les TPI ad hoc avaient primauté pour les juger.

Dès lors, les statuts instituants ces juridictions ont évoqué des juridictions concurrentes (nationales et internationales). Pourtant, le lég fr (parmi
d’autres) a fait le choix d’admettre sa compétence répressive à l’encontre de personnes qui auraient participé aux crimes en cause et qui n’auraient pas
été jugés par les TPI ad hoc (attention au principe non bis in idem) à partir du moment où les auteurs présumés se trouvaient en France.

La CU dans la loi française, adaptation du Statut de Rome : La CU concernant une grande palette de crime a été introduite en France par la loi du 9
août 2010. Le SR est certes fondé sur un système de concurrence entre juridictions nationales et internationales, mais, cette concurrence se fonde sur
la complémentarité et non sur la primauté. Dès lors, la juridiction internationale n’intervient que si la nationale le veut, ou ne veut pas juger les crimes
en question.
 Le SR n’obligeait pas les EP à établir leur CU. Toutefois, il contient de nombreuses références aux compétences des Etats pour juger des crimes
prévus par le Statut.

Incohérence en droit français : CU admise concernant les actes de torture mais pour les CCH (pas encore de convention) sauf si ces derniers avaient
été commis en ex- Yougoslavie ou au Rwanda

Section II. Les obstacles à la compétence : immunités et amnisties


Nous avons traité du thème sur la compétence universelle en DPI, et nous allons maintenant traiter des obstacles justement à la compétence des juridictions qu’elles
soient nationales ou internationales.

La lutte contre l’impunité est l’objet indirect de cette séance, puisque on va voir qu’à travers la question de la place de l’immunité, de l’amnistie et de la prescription,
on va se poser la question de « jusqu’où peut-on aller dans la lutte contre l’impunité » ?

La définition de l’impunité résulte entre autre dans un document émis par la sous-commission des DH de l’ONU en 1997, et qui se définit par « l’absence, en droit ou
en fait, de la mise en cause de la responsabilité pénale des auteurs de violations des droits de l’Homme, ainsi que de leur responsabilité civile, administrative
ou disciplinaire, en ce qu’ils échappent à toute enquête tendant à permettre leur mise en accusation, leur arrestation, leur jugement et, s’ils sont reconnus
coupables, leur condamnation à des peines appropriées, y compris à réparer le préjudice subi par leurs victimes »

L’objectif du DIP est justement de lutter contre cette impunité. En effet, pendant plusieurs années nous avons eu des obstacles à cette lutte contre l’impunité, mais
depuis quelques années (20 ans environ), on a un recul net des obstacles à cette impunité.

On peut classer ces obstacles dans deux catégories d’obstacles : ceux issus des actes volontaires, et les obstacles abstraits, automatiques (la prescription).
§1 - LA QUESTION DES IMMUNITES

L’immunité est un moyen procédural qui fait obstacle aux actions judiciaires de l’Etat : « il faut considérer l’octroi de l’immunité non pas comme un tempérament à
un droit matériel, mais comme un obstacle procédural à la compétence des cours et tribunaux nationaux pour statuer » CEDH, 2001, Al Adsani c. RU

Alors, justement pourquoi encore aujourd’hui acceptons des cas où l’immunité peut-être invoquée ? Quelles sont les fonctions de l’immunité aujourd’hui ?

L’immunité, lorsque le droit international l’a mise en place, était destinée à protéger les relations diplomatiques entre les Etats. Donc seules certaines personnes
pouvaient en bénéficier et c’était les personnes qui représentaient l’Etat (on considérait que le travail qu’elles faisaient devait supplanter les infractions éventuellement
commises par elles), donc cela était fait pour assurer la pérennité des Etats, en permettant à ces personnes de mener à bien leurs missions et surtout sans
interférences.
Cette justification de l’immunité entre aujourd’hui en opposition avec les nouveaux objectifs des relations internationales qui ne sont plus seulement la protection des
représentants de l’Etat (comme au 19/20ème).
En effet, l’objectif actuel du droit international est l’action de la justice et la responsabilité, ce qui nous permet de constater que l’immunité va entrer en conflit direct
avec cet objectif du droit international. Et justement la question sera d’articuler l’immunité avec cet objectif de justice et de responsabilité.

Les bénéficiaires de l’immunité ?

Elle concerne d’abord l’Etat lui-même (les juridictions françaises ne peuvent pas juger par exemple l’Allemagne, c’est impossible au regard du principe d’égalité
souveraine). Mais ce n’est pas cette immunité étatique qui nous intéresse mais sa conséquence, car l’immunité étatique rejaillit sur les agents de l’Etat et donc on va
parler des immunités concernant les organes, les représentants de l’Etat. C’est cette immunité qui va nous intéresser dans ce cours, car le DIP vise à rechercher la
responsabilité des individus et à les juger. En effet, les organes de l’Etat peuvent-ils être jugés par les juridictions internes ou internationales malgré leur immunité ?
(Attention nous parlons d’agent officiel, car pour les agents de la DGSE, on ne peut pas invoquer l’immunité).

La source de l’immunité :

La source de l’immunité est la souveraineté de l’Etat => on ne peut pas juger un autre Etat en principe de l’égalité souveraine.
Mais concernant les individus, où est la source ?
Nous verrons qu’elle est double, et que l’immunité trouve sa source dans deux fondements.
- Le premier est un fondement coutumier, qui découle de l’immunité de l’Etat (L’Etat jouit d’une immunité en vertu du droit coutumier, donc certains de ses
représentants jouissent d’une immunité également).
- Mais il y a d’autres agents de l’Etat qui bénéficient d’une seconde immunité dont le fondement est conventionnel, et c’est la Convention de Vienne de 1961 et
de 1963 qui concerne les agents diplomatiques et consulaires.

La nature de l’immunité : Deux types :

L’immunité fonctionnelle : c’est l’idée qu’un organe de l’Etat, un représentant de l’Etat ne peut pas être jugé pour tous les actes commis au nom et pour le compte de
l’Etat (immunité indissociable de la mission de cet organe).
Cette immunité fonctionnelle est continue, elle perdure même après la cessation des fonctions et c’est très important : l’immunité fonctionnelle du chef de l’Etat par
exemple implique qu’un ex chef d’Etat ne pourra pas être jugé pour les actes commis pendant ses fonctions et en lien avec ses fonctions.
 En matière de crimes internationaux il y aura des exceptions.

L’immunité personnelle : c’est une garantie supplémentaire et c’est une autre immunité qui concerne certains organes simplement et les plus importants (chef d’Etat,
chef de Gouvernement, ministre des affaires étrangères et chef de mission diplomatique). Cette immunité personnelle est limitée dans le temps, elle ne dure que la
durée des fonctions. Mais, pendant cette période, l’individu qui en bénéficie ne pourra pas faire l’objet d’une action pour aucun acte même privé n’ayant aucun lien
avec sa fonction (pendant la durée des fonctions attention). Cela veut dire qu’au moment où il cessera ses fonctions il pourra être attrait devant une juridiction pour
ces actes privés qui ont été commis pendant ses fonctions.
➔ L’immunité protège le chef de l’Etat quand il va à l’extérieur mais à l’intérieur dans son Etat on a une immunité moindre.
L’immunité de manière générale n’est pas absolue : un agent de l’Etat qui commet un crime à l’extérieur et qui invoque l’immunité, peut voir son Etat d’origine lui
refuser (l’Etat peut ainsi « lever l’immunité ») et donc enlever sa protection => l’immunité n’est donc pas l’impunité, elle protège un agent d’un jugement dans certaines
circonstances mais cela ne veut pas dire que la personne échappera à un jugement, ça a été le cas, mais c’est de moins en moins.

A. LA PLACE DE L’IMMUNITE DEVANT LES JURIDICTIONS INTERNES

Nous étudierons les cas de Khadaffi, Pinochet, Eichmman, et Yerodia.

Pendant très longtemps et jusqu’à 1990, l’immunité des agents de l’Etat devant les juridictions internes était quasiment absolue. Mais à la fin des années 90 et au début
des années 2000 on a changé complètement de perspective, et les juridictions internes ont elles même pris conscience que pour certains crimes on ne pouvait plus la
tolérer. Mais ce revirement n’est pas homogène et ne va pas concerner tous les agents de l’Etat, également l’approche sera différente selon les Etats.

Il semble important de distinguer deux hypothèses :

- Les représentants de l’Etat toujours en exercice (1)


- Et les immunités des agents de l’Etat qui ont cessé leurs fonctions où on va voir les immunités personnelles et fonctionnelles (2)

1) LES REPRESENTANTS DE L’ETAT EN EXERCICE : LA QUESTION DE L’IMMUNITE PERSONNELLE

Lorsque l’on est un agent de l’Etat en exercice, premièrement on bénéficie d’une immunité fonctionnelle mais en plus, l’immunité personnelle nous protège pendant
nos fonctions (on comprend bien pourquoi certains dictateurs refusent de démissionner..).

Sur l’affaire Khadafi : Ancien chef d’Etat de la Libye, et qui étaient toujours en fonction au moment de l’affaire dont on va parler. Il était poursuivi en France pour acte
de terroriste, d’attentat, car il s’avère qu’après un crash d’un avion en Afrique, on a réussi à démontrer que la décision de faire exploser l’avion était préparé en autre
par Khadafi. Et donc les victimes ont cherché à le poursuivre. Il a invoqué son immunité, et La Chambre Crim dans un arrêt de 2001, va affirmer que l’immunité pénale
reste acquise au chef d’état en exercice, & que la juridiction française est incompétente pour juger un chef d’Etat étranger en fonction et ce quelque soit la gravité du
crime commis (pas d’exception).

 Fondement de la coutume : La coutume protège l’Etat et donc le chef de l’Etat lui-même.


 Mais la question se pose pour les agents de l’Etat qui ne sont pas chefs d’Etats :

Affaire Yerodia : à l’époque des faits le Ministre des affaires étrangères de la RDC. La Belgique, ou plutôt les juridictions belges voulaient le juger pour crime de guerre
et crime contre l’humanité. Et pour ce faire, elles ont invoqué une compétence universelle mais très largement interprétée. En effet, en France, la compétence
universelle est conditionnée notamment par la présence de l’accusé sur le territoire français, alors qu’en Belgique à l’époque, la loi belge permettait aux juridictions
belges de se reconnaitre compétence même in Abstentia.

La RDC a donc saisis la Cour internationale de Justice contre la Belgique pour violation de l’immunité du ministre des affaires étrangères.

La Belgique va dire que l’immunité ne doit pas jouer comme il s’agit de crimes internationaux, alors que la RDC va considérer que peu importe la nature des crimes
commis, le MAE est en exercice et mérite son immunité. Nous avons donc les deux arguments en présence : qui doit primer ? La nature des crimes ou le respect de la
souveraineté de l’Etat et du MAE ?

La CIJ va répondre en deux temps et va dire que :

- Devant les juridictions internes, un MAE en exercice jouit d’une immunité et ce quel que soit la nature du crime : fonctionnelle et personnelle.
- Devant les juridictions internationales, l’immunité n’est pas opposable pour ces crimes.
➔ L’immunité ne signifie pas impunité donc pour la CIJ car elle fait comprendre qu’il est possible d’engager sa Responsabilité ailleurs que
devant les juridictions internes (mais il n’empêche qu’il a échappé en l’espèce à toute poursuite)
2) LES ANCIENS AGENTS DE L’ETAT : IMMUNITE FONCTIONNELLE

Sur l’affaire Pinochet : Il était l’ex dictateur du Chili mais également sénateur à vie. Il se trouvait dans les années 90 (à la fin des années 98/99) au RU pour des
problèmes de santé. Et il s’est avéré que des victimes et notamment espagnoles ont été averties de sa présence au RU. Un juge espagnol a donc été saisit et et a
demandé au RU l’extradition de Pinochet vers l’Espagne pour y être jugé. On reprochait à Pinochet des actes de tortures.

Dans cette affaire ce n’est pas la question de la compétence des juridictions espagnole qui s’est posée, mais plutôt la question de savoir si les juridictions britanniques
étaient compétentes pour se prononcer sur un cas d’extradition (car il n’était plus en fonction).

Les juges vont se fonder sur deux textes :

- un texte de 1998
- Convention contre la torture de 1984

Quand bien même les actes de torture ont été commis pendant l’exercice des fonctions, comme il s’agit de tortures et donc de crimes internationaux, il n’y a pas
d’immunité.
Il restait donc la question de l’immunité de sénateur, et là les juges ont considéré que son immunité ne valait qu’à l’intérieur de son pays.

S’agissant de Eichmman : C’était un nazi réfugié en Argentine, et ramené en Israël pour être jugé. Son argument en 1968 devant la Cour suprême d’Israel, était de dire
que ses actes faisaient partie de ses fonctions et que c’était protégé par son immunité fonctionnelle.

La CS d’Israël a estimé que face à de tels actes, toute fonction étatique ne supposait en aucun cas la commission de crimes internationaux.

B. LES IMMUNITES DEVANT LES JURIDICTIONS INTERNATIONALES

Le principe = l’inopposabilité de ces immunités devant les JI et cela concerne tous les agents de l’Etat qu’ils soient en exercice ou non.

La question de l’immunité a en effet obtenu deux réponses devant les Juridictions pénales international :

Statut du TMI Nuremberg : « la situation officielle des accusés ne sera considérée ni comme une cause absolutoire ni comme un motif de diminution de peine »
=> à cette époque la question de l’immunité ne se posait pas en termes de compétence. Il est intéressant donc de savoir que cette approche a été de nouveau utilisée
en 2016 par les Chambres africaines extraordinaires. Ce sont les juridictions qui ont jugé Habré (l’ancien dictateur du Tchad), et devant ces chambres, il est intéressant
de voir que la question de l’immunité s’est aussi posée en termes d’exonération de responsabilité et non en terme de compétence.

 l’article 27 du statut de la CPI : l’immunité n’empêche pas la compétence de la juridiction.

4 personnes ont ainsi fait l’objet de procédures devant une juridiction internationale :

Charles Taylor, l’ancien président du Libéria mais accusé de crimes commis en SL. En 2012 il a été condamné à 50 ans de prison qu’il purge au RU et il été jugé par le
TSSL. Et ce TSSL en 2004 a clairement dit que les immunités personnelles étaient inopposables devant les juridictions internationales.

L’affaire Karadzic, devant le TPIY : Lorsqu’il y a eu la guerre en EY, il y avait la Bosnie et la Serbie et à l’intérieur de la frontière on avait la république Serbe de Bosnie
(majoritairement habitée par des Serbes mais sur le territoire de la Bosnie) qui été dirigée par lui. Et il s’avère qu’à la fin de la guerre (en 1995) il a négocié un accord au
moment des accords de paix pour cesser le combat, et pour se retirer de la vie politique. Mais, en échange il voulait une immunité. Cet accord il l’a signé avec les Us
et il a gardé cette immunité jusque dans les années 2000. Néanmoins, dans les années 2000, ses protections vont se retirer et il va être arrêté. Devant le TPIY, il va
invoquer cet accord et donc son immunité conventionnelle plus son immunité fonctionnelle. Et le TPIY va répondre que non, l’immunité fonctionnelle est inopposable
et l’accord d’immunité est inopposable aussi au regard de la primauté du TPIY.
Saddam Hussein : Il est l’ex chef d’Etat qui venait juste d’être renversé en Irak au moment de l’affaire. Et ce dernier a été jugé par un tribunal hybride c’est à dire le
tribunal spécial irakien (peine de mort possible d’ailleurs là-bas). Dans son jugement datant de 2006, le tribunal spécial irakien va affirmer que SH ne pouvait
certainement pas invoquer l’immunité fonctionnelle car les actes en question sont des crimes internationaux et ne relèvent pas des fonctions. Et ensuite concernant
l’immunité personnelle le tribunal va l’écarter car tout simplement il n’était plus en fonctions. Mais ce qui est intéressant également dans cette dernière affaire, c’est
que la qualité officielle, le statut d’agent de l’Etat non seulement ne l’a pas protégé, mais surtout elle est devenue une circonstance aggravante au moment du choix des
peines. Et on verra ce changement où justement la fonction, qui devait être justement protectrice vis à vis des présumés responsables de crimes internationaux, va
décliner en une circonstance aggravante au moment du choix de la peine et cette affaire en est l’une des illustrations.

Omar Al Bashir : C’est le point noir aujourd’hui de la Justice pénale internationale, c’est son échec. Sa particularité à lui c’est qu’il est toujours en exercice, puisqu’il
est le PR actuel du Soudan, et ne bénéficie pas d’immunité : La CPI a lancé un mandat d’arrêt à son encontre, elle s’est reconnue compétente pour le juger mais on
n’arrive pas à le faire remettre à la CPI. Et ce qui est intéressant ici c’est que la juridiction pénale internationale est compétente même pour un chef d’Etat en exercice.
Mais on retiendra aussi que pour l’instant on ne l’arrête pas (il arrive même à voyager dans certains pays qui n’ont pas ratifié le Statut de Rome.)

§2 - LES AMNISTIES

On trouve la notion dans le protocole 2 de la Convention de Genève (conception connue du Droit International Humanitaire et donc dans le DIP). Il est en effet prévu
que les personnes ayant participé aux conflits armés non-internationaux bénéficient d’une amnistie. Pourquoi c’était autorisé par les rédacteurs ? Pour permettre le
retour et la réinsertion des anciens combattants (on ne pensait pas amnistie comme un échappatoire à la responsabilité pénale, bien au contraire).

Or, au cours et à la fin des années 70/80/90 les gouvernements d’anciennes dictatures en ont usé pour faire échapper les criminels de leur Resp. Et les premiers à
avoir commencé sont les gouvernements d’Amérique Latine pour protéger tous les anciens dirigeants. Et puis on en a vu ensuite arriver au Cambodge, en SL, Afrique
du Sud etc..

Alors, quel est le problème de l’amnistie ?

L’amnistie est souvent invoquée comme une manière de pacifier une société, de dire qu’on a conscience de ce qu’il s’est passé mais qu’il faut privilégier la
réconciliation : Evidemment une telle approche entre aujourd’hui en conflit avec les besoins de justice et avec cette fameuse règle que l’on connait qui est « soit tu
extrades, soit tu juges » pour certains crimes et notamment la torture.

L’amnistie puise donc vraiment sa définition dans le fait de permettre à un individu de ne jamais être jugé, cela l’immunise en quelque sorte de toute action. Nous
allons voir là encore les positions des juridictions internes et internationales et on va voir que depuis les années 2000 on a radicalement changé d’approche. Jusque
dans les années 2000 ont la tolérait, mais depuis toutes les juridictions internes et internationales la rejettent en masse.

A. L’AMNISTIE & LES JURIDICTIONS INTERNES

Trois grands cas à étudier et d’abord, il faut parler aux premières juridictions confrontées à l’argument de l’amnistie => L’Amérique Latine :

Cour Suprême du Chili, Affaire Sandoval, 2005 : Nous étions face à des disparitions forcées (une capture et une non information de ce qu’il va advenir de cette
personne : double élément constitutif de l’infraction) et cette infraction est qualifiée de crimes c/ l’humanité par la Convention sur les disparitions forcées.

Dans cette affaire, la Cour va constater la supériorité du droit international sur le droit interne. Elle va constater qu’effectivement on a une loi chilienne sur les
amnisties qui a été intégrée à la Constitution. Chilienne, (elle est intégrée dans la norme suprême de l’Etat quand même, et normalement la CS aurait du appliquer
l’amnistie si elle s’en tenait à une analyse dualiste des ordres juridiques.) mais face à de tels crimes c’est le droit international qui doit primer et l’amnistie doit être
écartée (ce qui évidemment laisse les poursuites ouvertes, puisque aujourd’hui les lois d’amnistie au Chili ne peuvent plus servir de fondement pour échapper à sa
responsabilité).

En Argentine également, Cour Suprême de l’Argentine, Affaire Simon, 2005 : Les amnistie sont considérées comme inconstitutionnelles.
Puis on a un autre Etat, qui a plus de mal à se positionner vis-à-vis de ses amnisties et c’est l’Espagne. On considère aujourd’hui qu’il y a eu 114 000 disparitions
forcées pendant la guerre civile, et énormément de bébés brulés. Le Juge (Garsonne?), avait tenté d’ouvrir une enquête sur les actes commis pendant la guerre
civile mais la procédure a été fermée en raison de la loi d’amnistie de 1977. Donc on est toujours face à un décalage entre l’Espagne et l’Amérique Latine qui depuis
10 ans a écarté ces lois d’amnisties. Néanmoins, peut-être a-t-on entendu parler cet été, à fin du mois d’aout de la poursuite en Espagne d’un ancien Obstétricien qui a
participé justement à cette affaire des bébés brulés, & il faudra voir comment il va invoquer l’amnistie, et comment va évoluer la société espagnole face à cette
question sensible de l’amnistie. Mais on constate un décalage très flagrant entre l’Amérique Latine et l’Espagne donc.

B. LES JURIDICTIONS INTERNATIONALES ET L’AMNISTIE

L’amnistie avant d’arriver devant les juridictions pénales internationales, a d’abord été abordée devant les juridictions internes des DH, et l’affaire la plus connue sur
la notion d’amnistie est l’affaire CIADH, Barrios Altos c/ Perou, 2001 où il a été très clairement affirmée que l’amnistie est inopposable face aux crimes internationaux
qui violent massivement les DH.

La même approche a été utilisée quelques mois avant par la Commission africaine des DH en 2000 où il s’agissait de la loi de Mauritanie (une loi d’amnistie
mauritanienne) et la Commission africaine des DH a considéré que la loi d’amnistie violait le droit à un recours affectif. Donc on est sur un autre raisonnement, ce n’est
pas un rejet absolu mais on rejette l’amnistie car cela viole le droit à un recours effectif.

Europe (CEDH 2014, Margus c/ Croatie) : CEDH est beaucoup plus nuancée et tolère certaines amnisties notamment lorsqu’elles s’inscrivent dans un processus de
réconciliation. Donc, on a une amnistie qui n’est pas totalement, de manière absolue rejetée par la CEDH. Alors c’est conceptuel bien sûr, mais néanmoins on l’a.

Les positions des JPI :

La première fois que la question s’est posée en DPI, c’est devant le TPIY (affaire Furundzija, 1998), pour la question de la torture et justement son articulation avec
une loi d’amnistie. Le TPIY a été clair : pas d’amnistie.
La question va être soulevée encore devant la CEDH, qui va répondre que cette fois, comme il s’agit de torture, il faut la rejeter l’amnistie (CEDH 2009, Ould Dah c/
France).

TSSL 2004, Chambre d’Appel, Kallon et Kamara : sa position vis à vis des amnisties fait preuve d’une certaine particularité : En effet, le rejet de l’amnistie est inscrite
dans son statut, ce n’est donc pas un résultat de la JP, il est écrit directement dans le Statut du TSSL que les amnisties seront inopposables. Et dans l’affaire Kallon, le
juge a ajouté que l’Etat ne pouvait pas prétendre abandonner à l’oubli général ce que d’autres Etats doivent juger conformément à une obligation Erga Omnes de
protéger la dignité humaine.
 Dans cette jurisprudence la Chambre d’appel du TSSL fait donc le lien entre la nature des infractions, la protection de la dignité humaine et la notion de victime
et leur souffrance.

Devant la CPI, on n’a pas grand-chose, le statut de la CPI est muet, et ne dit rien sur l’amnistie. Au regard du principe de complémentarité, la Cour n’est compétente
que si un Etat ne peut pas ou ne veut pas juger, et on est dans la conception qui est de laisser sa chance au politique à la réconciliation nationale qui peut passer par
une forme d’amnistie. Donc dans la question de la complémentarité, il faut l’intégrer à l'intérêt de la justice et l’intérêt de la paix.
Mais la question s’est posée au moment de l’affaire en Ouganda, car là-bas il y a une loi d’amnistie mais la CPI a été saisie, il y a eu un renvoi de la situation là-bas, et
le Procureur s’est prononcé en disant que cette amnistie n’était pas opposable car l’amnistie servait les intérêts de la paix (du politique) et non les intérêts de la justice
et que lorsque qu’il y’a des amnisties, cela témoigne en quelque sorte de la non volonté de l’Etat de juger, donc la CPI a été déclarée compétente.

Il y a cependant des amnisties tolérées (dans l’affaires Margus par la CEDH ou dans certaines autres affaires) qui doivent néanmoins respecter certaines conditions :

- Elles ne doivent pas être auto absolutoire ce qui veut dire que ce que l’on tolère c’est l’amnistie décidée par le nouveau régime, si un régime s’auto amnistie
cela ne sera pas toléré par les juridictions.
- il faut que l’amnistie prenne en compte les victimes et prévoit une manière de reconnaitre la souffrance des victimes,
- ne doit pas être générale, pour tous les faits commis pendant toute la période de dictature par exemple (Il faut donc des amnisties qui concernent certains
actes ou une certaine période pour éviter qu’elle soit qualifiée de générale).
§3 - LA QUESTION DE LA PRESCRIPTION

Il s’agit de l’extinction du pouvoir de juger et de celui de punir au bout d’un certain laps de temps. Sa signification initialement découlait de l’idée que
les poursuites au bout d’un certain temps, devenaient inutiles à la société (car bourreau réinséré dans la société, et on peut oublier souffrance des
victimes). La prescription est donc une mesure d’oubli mais pas de pardon. De tout temps la prescription a été utilisée, et puis à la fin de la 2nd guerre
mondiale on s’est rendue compte qu’on ne pouvait pas prescrire certains crimes, car les nazis avaient fui, qu’il faudrait du temps pour juger tout le
monde et donc on a adopté une Convention en 1968 qui rend imprescriptibles les crimes de guerre contre l’humanité et il y a deux mois un nazi a été
arrêté aux E-U et extradé en Allemagne.

Le statut de la CPI reconnait l’imprescriptibilité des crimes internationaux mais en France la loi qui a mis en œuvre le Statut de Rome prescrit les
crimes 30 ans.

CEDH Kononov, 2010 (Imprescriptibilité des crimes de guerre) et CIADH 2001 Barrios Alto.

On voit donc par ce cours, qu’on aurait pu avoir de obstacles utilisés par les juridictions pour promouvoir l’impunité, qui découlaient de la
souveraineté, mais la nécessité de justice et de Responsabilité a permis d’’écarter au fur et à mesure ces obstacles et cela permet aujourd’hui au
niveau universel d’écarter l’impunité.
SEMAINE 5. LES CRIMES (1)

SECTION 1 : LA TORTURE
La torture est un crime hybride à la fois supranational dans le sens où les valeurs sous-jacentes aux crimes sont des valeurs communes à toute l’humanité et,
transnational parce que la Convention contre la torture de 1984 est structurée de la manière qui concerne les crimes transnationaux

§1. LES SOURCES DE L’INCRIMINATION DU CRIME DE TORTURE

A. LES SOURCES TEXTUELLES

La date clé est la Convention de 1984 (à ne pas confondre avec la convention de 1948 contre le génocide).

Au lendemain de la IIGM, la communauté internationale a pris conscience des ravages de la torture avec les camps de concentration =

 L’article 5 de la DUDH énonce que « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »
 ART. 3 CESDH : « Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants »
 ART.7 PIDCP : « Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. En particulier, il est interdit de soumettre une
personne sans son libre consentement à une expérience médicale ou scientifique. »
 La Convention de Genève (1949) prohibe en tout temps et en tout lieu d’un certain nombre d’acte dont la torture = texte contraignant et à portée universelle.

B. LES APPORTS DE LA JURISPRUDENCE DES TRIBUNAUX PI

La définition de la torture contenue dans l’article 2 de la Convention de 1984 était circonscrite initialement à l’application de ladite convention.

Arrêt Furundzija, 21 juillet 2000, TPIY – au paragraphe 160 de l’arrêt, il est dit que la définition de la convention précise tous les éléments qui sont implicites dans
les règles internationales existantes en la matière.

Il s’agissait de l’examen en appel du procès d’un commandant local d’une unité spéciale, milice croate. Le groupe paramilitaire des « Jokers » étaient une unité spéciale
antiterroriste. Son unité a interrogé durant la guerre une civile musulmane bosniaque qui apparaît dans l’affaire comme « témoin A ». Cette dernière a été interrogée
nue devant plus de quarante soldats pendant que l’un d’entre eux menaçait de lui mutiler les parties génitales si elle ne disait pas la vérité. Il aurait également
interrogé un « témoin B », qui aurait aidé A : l’accusé est resté passif lorsqu’ils l’ont forcé à avoir des rapports sexuels avec la victime A.

Sur ces faits, les juges d’appel ont conclu à la culpabilité de l’accusé, en violation des lois et coutumes de la guerre qualifiés en l’espèce de torture. Pour la première
fois, le viol y est considéré comme une forme de torture.

Le TPIY s’est fondé sur les articles 2 et 3 STPIY ; mais les juges ont aussi longuement disserté sur la formation et la valeur en DI de l’interdiction de la torture : « la
communauté internationale consciente de l’importance qu’il y a à bannir ce phénomène abominable, a décidé d’en supprimer toute manifestation, en agissant tant à
l’échelon interétatique qu’à celui des individus (…) il n’a été laissé aucune échappatoire juridique » §146.

Pour reformuler : l’interdiction de la torture est emblématique de la consécration d’une norme de jus cogens.

Toutefois, la torture ne fait pas partie des quatre crimes dont la CPI peut connaître en vertu de son statut. Néanmoins, il y fait référence à deux reprises :

- la torture peut être un des actes constitutifs du crime contre l’humanité


- la deuxième occurrence est à propos des crimes de guerre (référence aux Conventions de Genève qui elles-mêmes prohibent la torture).
C. LA DEFINITION DE LA TORTURE ET LES OBLIGATIONS MISES A CHARGE DES ETATS

Tous les crimes internationaux sont intentionnels, mais ont une intentionnalité particulière. Mais comme il s’agit d’infraction, il faut un élément légal (CCT 1984),
matériel et moral.

1) L’ELEMENT MATERIEL

 On s’attache ici à la définition de la Convention de 1984.

Un acte peut être qualifié d’acte de torture en présence de « douleurs ou des souffrances aigües, physiques ou mentales, lorsque de telles douleurs ou de telles
souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou tout autre personne agissant à titre officiel ou avec son consentement express ou tacite ».

Classiquement, la torture est envisagée comme un crime commis par un agent de l’Etat même encore aujourd'hui, c’est l’ancienne question préparatoire : pas des
personnes investies officiellement du pouvoir d’enquêter et d’interroger.

Cette torture étatique, commise au nom de l’Etat, doit être différenciée des actes de tortures et de barbarie commis par des particuliers sur des particuliers (article
222-1 et s. CPP).

Par ailleurs torture ≠ souffrances qui peuvent venir de punition légitime (ex : emprisonnement).

En revanche, le texte de 1984 innove en incluant dans la définition la souffrance morale. D’autant plus que les tortionnaires ont souvent l’habilité de ne pas laisser de
traces sur les corps ; les souffrances morales ne laissent pas de traces visibles.

 La souffrance est variable d’un individu à l’autre : est-ce qu’il aurait fallu fixer un seuil à partir duquel les souffrances pourraient et devraient être
qualifiables de torture ?

Néanmoins ça aurait été impossible, puisque ce seuil est essentiellement subjectif. Mais quand on lit la JP relative à la torture, les juges font souvent référence à un
seuil à partir duquel on peut dire que c’est de la torture ; sauf lorsque l’acte en lui-même est une torture, indépendamment du degré de souffrances (ex : viol).

Du coup on comprend mieux le diptyque entre torture et traitements cruels, inhumains ou dégradants. Lorsque l’acte n’atteint pas le seuil de la torture, requalification
en acte inhumain : de toute façon c’est le même régime. Il y a une gradation dans les souffrances

 Qu’en est-il des souffrances infligées par des agents non-étatiques ?

La torture classique donc c’est celle pratiquée par un agent étatique ; mais est-ce que la torture commise par un agent non-étatique ne peut jamais être qualifiée de
torture ? en réalité les sources se contredisent.

L’article 1 CCT parle de torture étatique, la Convention interaméricaine des droits de l’homme aussi ; mais l’observation générale n°20 du CDHNU au sujet de l’article 7
du PIDCP et le Comité contre la torture peuvent avoir des interprétations divergentes du même acte. De même le TPIY a estimé en juillet 2001, dans l’affaire du
Procureur c. Kunanac, qu’il se permettait de s’éloigner de la définition onusienne d’agent non-étatique et pourtant coupable d’actes de tortures (membre d’une armée
bosno-serbe qui ne dépendait pas d’un Etat) ; contexte de guerre particulier.

Pour conclure sur l’élément matériel, il est clair que l’art. 1 a une conception extensive quant au titre des souffrances physiques et morales, et quant au seuil ; autant il
y a un flottement sur le point de savoir si l’auteur doit un agent étatique ou pas – même si la Convention, elle, est claire.

2) L’ELEMENT MORAL

On examine dans ce cas la torture eu égard à ces buts. C’est une infraction intentionnelle, l’intention est la volonté tendue vers un but.
—> La Convention parle de souffrances « intentionnellement infligées ».
La preuve de cette intention n’est toutefois pas facile à apporter.

Mais la question qui se pose c’est si, outre cette intention générale (volonté de transgresser la valeur protégée), la torture exige-t-elle un dol spécial ?
La finalité première de la torture était bien d’extorquer des aveux, et elle est dans la définition de 1984. Mais, les auteurs de la Convention, ont eu à l’esprit le fait que
tel n’était pas l’unique but des tortionnaires, pas un but exclusif.
Ainsi, le texte de 1984 envisage également d’autres finalités : intimider, faire pression, « ou pour tout autre motif fondé sur toute forme de discrimination quelle
qu’elle soit ».
Dès 1984, les auteurs ont été visionnaires car ils ont bien vu que le but du tortionnaire était moins d’obtenir des aveux, que de détruire psychiquement la victime ; ce
faisant, de porter atteinte à sa dignité.

Dans l’arrêt Furundzija, les juges ont insisté au §162 sur le but « d’humiliation de la victime ».

3) L’OBLIGATION MISE A LA CHARGE DES ETATS

Lorsqu’ils signent et ratifient, les Etats s’engagent à ce que tous les actes de torture constituent une infraction dans le droit interne ; instauration d’une R pénale pour
les actes de torture (article 4 CCT) ; prendre toute mesure pour empêcher de tels actes sur leur territoire (article 2) ; adopter la règle d’exclusion = irrecevabilité des
aveux obtenus sous la torture ; refus d’extradé si risque de torture ; compétence universelle de chaque Etat pour connaître d’actes de torture (article 5).

Renvoi au manuel pour les autres obligations pesant sur les Etats.

 Quels sont les effets de ces obligations ?

Par exemple la France s’est conformée à ses obligations, les articles 681-1 et 689-2 exigent seulement une condition de présence sur le territoire.

Mais il y a un point sur lequel la législation française n’est pas en conformité avec la Convention contre la torture —> pas de définition de la torture dans le CP ; elle n’a
pas transposé la définition de 1984. Elle se fait régulièrement épinglée à ce sujet par le Comité contre la torture. Mais rien n’empêche le juge français de se référer à la
définition internationale.

Affaire des disparus du Beach, arrêt de la Crim. 10 janvier 2007 – Dans cet arrêt la Cour vise les articles 681, -1 et -2 CPP poursuites.

Grand acquis des défenses de DH : d’une part les juges français faisaient application directement de la définition onusienne, et d’autre part faisaient application de la
règle de la compétence universelle

 Quid du Comité contre la torture ?

La Convention met en place dans son article 17 un Comité contre la torture, composé d’experts élus par les Etats parties pour un mandat de 4 ans.

Ce Comité a de grands pouvoirs : les Etats doivent remettre des rapports au Comité tous les 4 ans pour dire en quoi ils s’efforcent d’applique et de respecter la
convention sur leur territoire. LA Convention a été complétée par un protocole du 22 juin 2006, créant un sous-comité pour la prévention contre la torture, chargé de
visiter les lieux de privation de liberté où des actes de torture sont susceptibles de se produire.

CONCLUSION

Alors même qu’il y a des sources variées, complètes, une JP fournie, qui tous prohibent la torture ; bien qu’on ait un Comité contre la torture doté de prérogative
importantes, pourquoi le phénomène de la torture perdure ?

Il perdure sans doute pour deux raisons : tout d’abord, le problème se pose de la preuve de la torture et du standard exigé en cette matière. Par ailleurs, s’agissant des
discours on a observé depuis le 11 septembre 2001 – tournant – une forme de réhabilitation d’un discours qu’on pensait dépasser, au terme duquel dans certaines
circonstances, la torture pourrait se justifier (techniques d’interrogations coercitives employées contre des personnes poursuivies pour terrorisme afin d’obtenir des
renseignements).

David Luban (auteur US) a pu parler à propos de la lutte contre le terrorisme d’une « occultation plus générale des DH » : c’est l’idée que le modèle de l’action de
l’Etat est un modèle hybride qui emprunte au modèle classique de l’Etat de droit et au modèle du droit de la guerre.

Si cette occultation des DH a pu avoir lieu, c’est parce que les actes en question se produisent dans des actes secrets.

SECTION 2 : LE GENOCIDE

Historiquement, un avis de la CIJ de 1951 définit le génocide comme étant un crime contraire à l’OP international. Puis, dans un arrêt en 1970 (CIJ, 1970, Barcelona
Traction), à l’occasion d’un litige entre deux Etats, la CIJ fait un « obiter dictum » (alors que les faits ne s’y rapportent pas, le juge décide d’affirmer qqch = portée
générale très importante). Elle cite l’interdiction de commettre un génocide « erga omnes » = obligation qui s’applique à tous et pour laquelle TOUS les Etats ont un
intérêt à agir.

La CIJ qualifie l’interdiction du génocide en 2006 comme étant une norme de jus cogens : CIJ, 2006, RDC c. Rwanda

Affaire Kristic (TPIY, 2004) : « Parmi les crimes les plus graves que ce tribunal a le devoir de punir, celui de génocide se singularise par la réprobation
particulière et l’opprobre qu’il suscite. Le génocide est un crime horrible de par son ampleur ; ses auteurs vouent à l’extinction des groupes humains entiers ..
Il s’agit d’un crime contre le genre humain dans son intégralité, qui touche non seulement le groupe dont on cherche la destruction, mais aussi l’humanité
toute entière. »

Déf : convention contre le génocide (1948) « Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après commis dans l’intention de détruire, en tout ou partie,
un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel :

- Un meurtre de membres du groupe


- Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale des membres du groupe
- Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle
- Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe
- Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe »

La première partie introduit l’intention génocidaire (§2) et la seconde partie introduit les infractions constitutives du génocide (§1). Dès lors, il faut d’abord identifier
l’acte constitutif puis, identifier l’intention.

§1- LES ACTES CONSTITUTIFS DU GENOCIDE

Ce sont des actes inhumains par excellence, et des violations très graves des DH.

A. LE MEURTRE DE GROUPES VISES


Même définition pour le crime contre l’humanité et crime de guerre.

Le meurtre suppose de donner volontairement, et illégalement, la mort à un être humain : il faut démontrer que :

- La personne est morte


- La mort résulte d’une action ou d’une omission de l’auteur : doit être intentionnel (dol général = intention de vouloir donner la mort).

Le dol éventuel est admis : ex., personne battue, torturée en sachant qu’elle est cardiaque, en prenant le risque qu’elle succombe à ses blessures ou au choc de la
torture = prise de risque que la personne meure en toute conscience (meurtre, dol éventuel).
Un meurtre peut-il être le résultat d’un bombardement ? (Lien non immédiat avec la victime)

La réponse est conditionnée à l’intention de l’auteur : il faut démontrer sa volonté de tuer, spécifiquement, les victimes visées + sa connaissance du risque pour les
individus.

Faut-il retrouver le corps pour que l’infraction de meurtre soit constituée ? En DIP, oui, il faut absolument trouver le corps. Si le corps n’est pas trouvé = disparition
forcée.

Le suicide peut-il être considéré comme un meurtre ? Oui, mais il faut démontrer qu’il y a un lien direct entre l’acte de l’auteur du suicide et les actes de l’accusé.
L’idée est de démontrer que ce dernier a par ces actes incité la victime à se suicider = incitation telle que la victime n’avait PAS d’autre choix que de se suicider +
conscience que les actes allaient conduire à la mort de la victime (manipulation mentale).

B. LES ATTEINTES GRAVES A L’INTEGRITE PHYSIQUE OU MENTALE DES MEMBRES DU GROUPE

L’idée est d’infliger des souffrances de haut niveau à un individu : la torture, les actes de violence sexuelle, tous les actes qui impliquent une souffrance allant au-delà
du chagrin ou de la gêne.

La souffrance s’assimile à une peur intense, à de la terreur, de l’intimidation. Il faut en plus que cette atteinte ait hypothéqué, gravement, et durablement, la capacité
de la victime à mener une vie normale.

Dès lors, une atteinte temporaire n’est PAS une atteinte GRAVE à l’intégrité physique ou mentale.

Trois exemples :

 Le fait d’obliger une victime à s’allonger sous un véhicule pendant un interrogatoire en la menaçant de l’écraser = acte de torture entrant dans les
atteintes graves à l’intégrité physique et mentale constitutif du crime de génocide.
 Le fait de laisser une victime vivante dans un charnier ou de violer une personne = conséquences à vie
 Séparer un enfant de sa mère : souffrance pour la vie

C. SOUMISSION INTENTIONNELLE DU GROUPE A DES CONDITIONS D’EXISTENCE DEVANT ENTRAINER SA DESTRUCTION PHYSIQUE TOTALE
OU PARTIELLE

Méthodes de destruction n’entraînant pas immédiatement la mort des individus mais dont la mort est une conséquence inéluctable : not. Privation de moyens de
survis, d’eau, de nourriture, de médicaments, de logement, la contamination volontaire de l’eau dans des puits dans des régions désertiques (cf. Omar Al Bachir).

Sur la contamination de l’eau, génocide en Namibie par les Allemands : élimination de deux ethnies de Namibie et l’une des techniques utilisées était de repousser ces
ethnies dans les terres désertiques et d’empoisonner tous les puits du désert. > cf. ouvrage « Le blue book »

Un élément important tenant à la durée : il faut que la mort soit lente. Il faut qu’un certain laps de temps se passe avant la mort ( > meurtre).

D. L’IMPOSITION DE MESURES VISANT A ENTRAVER LA NAISSANCE

On intègre, auj. dans cette qualification : les avortements forcés, les stérilisations forcées, les mutilations sexuelles, la séparation de sexes (empêcher les hommes et
les femmes de se voir), l’interdiction des mariages (pour les ethnies où le mariage est une condition essentielle de la reproduction), le viol (cf. considérations
religieuses, ethniques, culturelle)
Dans certaines cultures, la transmission de l’ethnie, de la religion, passe par la femme. Si elle est souillée par un viol, elle est exclue de la communauté et ne peut donc
plus se reproduire.

E. LE TRANSFERT FORCE D’ENFANTS D’UN GROUPE A UN AUTRE


Un enfant est une personne de moins de 18 ans. Il s’agit de prendre les enfants du groupe victime que l’on veut détruire dans le groupe des génocidaires/
tortionnaires. Par ex., durant la IIGM, enfants présentant des caractéristiques aryennes enlevés aux familles juives et confiés à des couples allemands. Le but étant
d’augmenter la race aryenne au détriment du peuple juif.

§ 2 - LE DOL GENOCIDAIRE

Il faut démontrer une intention discriminatoire qui s’articule autour de la notion de groupe et de la notion de destruction

A) LA NOTION DE GROUPE

1) LA NOTION DE GROUPE DOIT ELLE EST ENTENDUE COMME RENVOYANT A UNE VISION OBJECTIVE OU SUBJECTIVE ?

Qu’est-ce que discriminer ?

TPIY, 1999, jugement Jelisic « L’intention spéciale qui caractérise le génocide suppose que l’auteur présumé du crime choisisse ses victimes en fonction de leur
appartenance à un groupe »

Les groupes victimes sont définis restrictivement :


 Groupe national
 Groupe racial
 Groupe religieux
 Groupe ethnique

Si on veut détruire un groupe parce qu’opposant politique ou qu’on n’est pas de leur culture ou qu’on n’aime pas leur idéologie éco ce n’est pas un génocide : Ça aura
une autre qualification : persécution constitutive d’un crime contre l’humanité.

Ex : Les khmers rouges au Cambodge ont commis des actes à l’encontre d’une gde partie de personne mais politique. Donc ce n’est pas un génocide mais une
persécution constitutive d’un crime contre l’humanité.

Il faut entendre le groupe d’un point de vue subjectif, on appréhende le groupe selon la perception de l’auteur du génocide. Comment l’accusé génocidaire
percevait- il ses victimes ? Est-ce qu’ils les percevaient comme appartenant à un groupe différent du sien ?

Point de vue objectif : on regarde si les victimes appartenaient à un groupe en raison de critère manifeste, identifiables (que l’on peut écrire sur l’ID), inamovible,
intemporels

La JP a évolué, même si auj., elle est fixée.

TPIR, Jugement Akayesu, 1998 : Des gpes « auxquels on appartient par naissance, à l’exclusion des gpes plus mouvants, qu’on rejoint par un engagement volontaire
individuel, tels les groupes politiques et éco »

Critère objectif

TPIY Jugement Jelisic 1999 : Il est « plus approprié d’apprécier la qualité de groupe national, ethnique ou racial du point de vue de la perception qu’en ont les
personnes qui veulent distinguer ce groupe du reste de la collectivité. C’est la stigmatisation, par la collectivité, du groupe en tant qu’entité ethnique, raciale ou
nationale distincte, qui permettra de déterminer si la population visée constitue, pour les auteurs présumés de l’acte, un groupe ethnique, racial ou national ».

—> Auj., on a une approche mixte permettant d’avoir la vision la plus large possible du groupe de victime.
2) QUE SIGNIFIE L’EXPRESSION EN TOUT OU PARTIE ?

Approche positive : c’est de dire (du point de vue de l’auteur du crime), que le génocidaire dit que ses victimes doivent avoir telles caractéristiques. On distingue le
groupe en fonction de critères que je considère ê ceux de mon groupe de victimes.

Approche négative : le génocidaire donne les caractéristiques de son groupe, du groupe auquel il appartient et tous ceux qui n’appartiennent pas à son gpe sont des
victimes.

 Auj., on rejette l’approche négative au profit de l’approche positive.

B) L’INTENTION DE GENOCIDE

La volonté de destruction. Ce que l’on reproche c’est la destruction physique. Il faut des morts.

 Un génocide ne peut être culturel ou sociologique.

La destruction sociologique, ex : en Yougoslavie pdt la guerre certains belligérants tuaient des prisonniers civils en raison du fait que c’était des hommes qui
potentiellement pouvaient ê recrutés comme militaire par l’adversaire. Sociologiquement c’était un groupe représentant une menace. Le juge a dit non parce qu’ils
représentent un groupe d’homme civil potentiellement militaire mais ça n’est pas un génocide mais s’ils sont tous musulmans ça marche

Il faut démontrer l’intention de détruire. On n’a pas besoin de démontrer la destruction réelle.

Le dol, l’intention de l’auteur c’était de détruire. On n’a pas besoin que le génocidaire n’ait pas utilisé ou a utilisé le moyen le plus efficace pour tuer ces personnes.

Détruire en tout ou en partie : il est quasi impossible de détruire l’ensemble d’une nationalité ou d’une race ethnie ou religion

En partie : 2 sens

On va vouloir détruire toute une partie importante du groupe ou une partie numérique substantielle : destruction massive (extermination, tuerie de masse, massacre).

Destruction sélective : la JP admet aujourd’hui qu’on peut avoir un génocide ciblé. On va détruire une partie du groupe mais la partie sans laquelle le reste du groupe
ne pourra pas subsister. On est donc dans une destruction d’une partie qualitativement substantielle. Sans ces personnes la survie du groupe est en péril. C’est une
première étape vers la destruction massive.
SEMAINE 6. LES CRIMES (2)
Après qu’en 1980 la Commission des droits de l’homme de l’ONU a mis en place un groupe de travail pour aborder le problème des personnes disparues et qu’en 1992
l’Assemblée générale a promulgué une déclaration pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, en 2002 la Commission des droits de
l’homme a mis en place un groupe de travail qui devait élaborer un projet de convention. Le groupe de travail a rempli son mandat avec la remise du projet à la
Commission des droits de l’homme en septembre 2005. C’est en juin 2006 que le Conseil des droits de l’homme s’est réuni lors de sa première période de session et a
approuvé à l’unanimité le projet et l’a transféré à l’Assemblée générale. Celle-ci a approuvé le projet de convention le 20 décembre 2006. Actuellement la Convention
est ouverte à signature pour tous les Etats.

SECTION 1 : LA DISPARITION FORCEE


Ce crime présente la caractéristique d’être dissimulé. Il s’agit d’un crime hybride (transnational par la coopération entre Etats et supranational par rapport aux valeurs
que l’incrimination protège).

Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (2006)

La Convention définit la disparition forcée comme « l'arrestation, la détention, l'enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l'État ou
par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l'autorisation, l'appui ou l'acquiescement de l'État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation
de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi » (art. 2).

§1 - HISTORIQUE DE LA CONVENTION

 La règle anglaise de l’habeas corpus interdit le recours à la détention arbitraire. Dès lors, toute personne arrêtée doit avoir la garantie qu’elle sera très vite
présentée à un juge.
 Le crime de disparition forcée va à l’encontre de cette règle car il consiste à ce qu’une personne soit arrêtée et détenue par les pouvoirs publics en maintenant
dissimulée le sort de cette personne.
 C’est précisément en raison de caractère par hypothèse dissimulé que le crime de DF a peiné à être reconnu par la communauté internationale et avoir une
existence autonome.
Le fait que ce crime soit dissimulé a une conséquence juridique très importante sur sa prescription.

Les Etats parties doivent s’assurer que la disparition forcée constitue une infraction pénale. De plus, ils doivent prendre des mesures de prévention : personne ne peut
être détenu en secret, seules les autorités habilitées peuvent ordonner des privations de liberté, toute personne privée de liberté ne pourra l’être que dans des lieux
officiellement reconnus et contrôlés, dans lesquels chaque prisonnier sera enregistré, le droit absolu de l’Habeas Corpus sera garanti, ainsi que le droit de recevoir des
informations sur le prisonnier. De plus, la Convention affirme le droit de la victime d’obtenir réparation et le droit à la vérité sur les circonstances de la disparition
forcée. La Convention règle aussi le cas de l’enlèvement illégitime des enfants, dont les parents sont victimes d’une disparition forcée, ainsi que de la falsification de
l’identité de ces enfants et de leur adoption

Historique :

Décret (nuit et brouillard) du 7 déc. 1941 promulgué par le chef de l’Etat major de l’armée allemande (Keytel) : ce texte ordonnait que les infractions commises par
les civils dans les territoires occupés par l’Allemagne ne relèveraient des tribunaux militaires que s’ils sont suffisamment graves, dans les autres cas, les prisonniers
devront à l’avenir être transportés secrètement en All où le traitement des infractions aura lieu. Ces mesures auront un effet dissuasif car :

a) Les prisonniers disparaîtront sans laisser de trace


b) Personne ne saura ce que sont devenus les prisonniers

Les dictatures d’Amérique Latine où la pratique des DF par les dictatures militaires a été massive : ce sont les familles des disparus d’Amérique Latine qui ont poussé
pour l’adoption de la Convention.
Le problème réside dans le fait qu’on a tendance à réduire les DF à cette période sombre de l’Amérique centrale et latine. Or dans la plupart des contextes de guerre, on
observe de telles pratiques.

La communauté internationale a commencé à réagir fin 70’s de manière générale : adoption d’une résolution n°33-173 sur les disparitions forcées en 1978 (AGNU). En
1980, la CDH décide d’établir un groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires qui va commencer à enquêter de manière assez systématique. Le 18 déc.
1992, l’AGNU adopte une déclaration de protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées : Louis Joinet et Nowak chargés d’élaborer un projet de
Convention (adoption le 20 déc. 2006).

Crime et obligations mises à la charge de l’Etat. Auj. ratifiée par 59 Etats.

En France, une loi de 2008 a autorisé la ratification de cette Convention et une loi de 2013 la transpose.

§2 - L’INSUFFISANCE DES INSTRUMENTS EXISTANTS

Les juges nationaux sont les premiers à juger des crimes internationaux (tendance à appliquer le droit national en premier). Or, si les Codes pénaux internes
contiennent des dispositions sur les disparitions forcées, c’est suite à la Convention de 2006.

224-1 CP = enlèvements et séquestrations

234-4 CP = incrimine le fait pour des autorités de détenir une personne illégalement

Insuffisance

Cour d’Assises, 17 déc. 2010 : jugement de militaires du régime de Pinochet à l’origine de la disparition de 4 personnes franco-chiliennes.

Qualifications utilisées = séquestrations arbitraires et enlèvements. Quid, avant l’adoption de la Convention, en DI ?

Les textes étaient insuffisants soit :

 par leur portée : Convention de Genève (+ protocoles) mesures destinées à prévenir les disparitions forcées en temps de guerre.

Convention interaméricaine sur la disparition des personnes (1994) portée régionale et non universelle

Déclaration de 1992 (simple déclaration)

 soit par leur judiciarité : Statut de Rome (1998) évoque les DF au titre du CCH (cf. art. 7.i SCPI)

§3 - LE CONTENU DE LA CONVENTION

Pour la vérification de la mise en œuvre des dispositions prévues par la Convention, celle-ci prévoit l’institution d’un Comité des disparitions forcées. Les Etats parties
à la Convention pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées s’engagent à remettre régulièrement à ce Comité un rapport concernant les
mesures qu’ils ont adoptées pour donner effet aux dispositions de la présente Convention. Après l’entrée en vigueur de la Convention le premier rapport doit être
présenté dans un délai de deux ans par l’Etat partie intéressé.
De plus, le Comité pourra être saisi en urgence par les proches d’une personne disparue. S’il estime que la demande d’action en urgence présentée se base sur des faits
et des preuves sérieuses, il demande à l’Etat parti concerné de lui fournir des renseignements sur la situation de la personne disparue. De plus, tout Etat partie peut
reconnaître la compétence du Comité pour recevoir une communication d’un Etat qui prétend qu’un autre Etat ne respecte pas les dispositions de la Convention.

A. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU CRIME


1)Elément légal

Convention de 2006 (définition autonome) : le texte comporte l’infraction de disparition forcée (art. 2) en plus d’infractions connexes (l’entrave à l’enquête art. 12,
l’obstruction au recours art. 22, infractions sur les enfants).

2)Elément matériel

Il faut la réunion de plusieurs actes distincts mais coordonnés qui ont tous pour finalité la réalisation de l’infraction.

Elle résulte de :

- L’arrestation, détention, enlèvement, ou toute autre forme de privation de liberté de la victime


- L’agissement doit être suivi du « déni de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne ou du lieu où elle se trouve »

La persistance du refus de communiquer sur le sort de la personne détermine le temps que dure l’infraction. Si la personne meure, cela ne change pas l’incrimination.
La disparition dure tant que l’on ignore ce qu’il est advenu de la personne.

La libération de la personne ne fait disparaitre l’infraction que si elle est certaine (art. 21)

Ce qui compte, c’est que pendant cette période de dissimulation, la « personne est soustraite à la protection de la loi »

3)Elément moral

Infraction intentionnelle = intention de commettre le crime + cs (connaissance ?) de commettre un tel crime (dol général)

Soustraction à la protection de la loi =

- Conséquence des autres éléments constitutifs : le dol général suffit


- Élément constitutif à part entière : il faut prouver que l’auteur de la DF avait bien l’intention de soustraire la personne à la protection de la loi (dol spécial)

La charge probatoire n’est pas la même.

> Le SR est clair sur cette question : il est clairement dit qu’il faut l’intention de soustraire à la protection de la loi (dol spécial).

4) LES AUTEURS DES DISPARITIONS FORCEES

—> Crime commis par l’Etat : la détermination de la qualité des auteurs a évolué au fur et à mesure que les textes internationaux étaient adoptés.

La déclaration du 18 sept. 1992 comme la Convention interaméricaine considéraient que l’auteur de ce crime était forcément un auteur étatique.

La Convention de 2006 réserve un traitement différencié aux ≠ catégories d’agents :

Dans l’art. 2, la Convention vise les agents de l’Etat ou les personnes ou groupes de personnes qui agissent avec l’acquiescement ou l’appui de l’Etat.

Dans l’art. 3 qui est à la charge des Etats une obligation d’enquête et de jugement, la Convention vise les personnes ou groupes de personnes qui agissent SANS
l’acquiescement ou l’appui de l’Etat.

Le SCPI quant à lui adopte une interprétation large : les actes matériels de disparition forcée (art. 7.2 i) doivent être commis par l’Etat ou une organisation pol ou par
des personnes ayant l’appui ou l’acquiescement ou l’autorisation de cet Etat ou de cette organisation.

L’art. 2 de la Convention fait primer la logique des DH, et le SR cible les individus.
5) LES OBLIGATIONS MISES A LA CHARGE DES ETATS

L’art. 1 oblige les Etats à prendre les mesures appropriées pour enquêter sur les agissements définis à l’art. 2 et pour traduire les auteurs en justice = ériger cette
infraction en crime en droit interne, prévoir des modes de responsabilités (auteur, complices etc.), prévoir des peines appropriées, prévoir un délai de prescription
adapté à la gravité de l’infraction et adapté au fait qu’il s’agit d’une infraction continue.

L’art. 9 est relatif à la compétence : chaque Etat doit prévoir sa propre compétence pour juger des auteurs de l’infraction, compétence territoriale, personnelle (active
et passive) et la compétence universelle, avec une conception large lorsqu’il suffit que l’auteur de la DF se trouve sur le territoire d’un des EP au SR (≠ résidence
habituelle).

Les art. 17 & suivants concernent la notion de secret (interdiction de détenir une personne en secret) et la nécessité d’organiser des registres officiels dans lesquels
soient consignées les dates d’arrivée et de sortie, l’obligation d’informer les proches et la nécessité de former les personnels à la question de la disparition forcée.

Les art. 26 & suivants créent un comité DF à l’image des comités contre la torture.

L’art. 4 de la Convention fait obligation aux Etats d’incriminer les DF de manière autonome dans leur droit interne : en Fr c’est une loi du 5 aout 2013 qui transpose
la Convention (ce texte illustre l’influence du DI sur le droit national). En effet jusque-là, le droit français n’incriminait la DF qu’en matière de CCH suite à la
transposition en DF du SCPI (loi du 9 aout 2010).

Modification du §9 de l’art. 221-12 CP et création d’un nouveau chap. dans le CP « des atteintes à la personne constituées par les disparitions forcées » = reprend
quasiment à l’identique l’art. 2 de la Convention de 2006

Conclusion : est-ce que ce texte a été suivi d'effets ? le fait d’avoir incriminé de manière autonome ces disparitions a-t-il changé quoi que ce soit à la pratique ?

Le phénomène des disparitions a été rendu visible grâce à cette convention. S’agissant d’une condamnation d’individus en DPI la moisson est relativement maigre, c’est
pour cela que c’est important. La convention a eu cet effet principal : interaction entre droit interne et droit international, cela a obligé des états à incriminer de
manière spécifique les disparitions forcées dans leur droit. Au titre du rayonnement de l’incrimination cela a été évoqué devant la cour des droits de l’homme
américaine et le CEDH.

Condamnation au niveau du droit régional des droits de l’homme et non le droit pénal international.

ARRET VELASQUEZ C/ HONDURAS, 29 JUILLET 1988

Cette jurisprudence est considérée comme l’arrêt qui a posé les bases des principes interaméricains. La CIDH a estimé que dans le cas de disparitions
forcées de personnes au Honduras, l’État est responsable de son action comme de son inaction et que les disparitions forcées constituent des
violations à plusieurs droits de l’homme protégés par la Convention. Dans un arrêt antérieur à l’affaire Mazni, la CEDH s’est, de nouveau, inspirée de
la CIDH (CEDH, 6 février 2003, Mamatkulov et Abdurasulovic c. Turquie, requêtes n° 46827/99 et 46951/99) à propos de la force contraignante des
mesures provisoire

ARRET BLAKE C/ GUATEMALA, JANVIER 1998

Dans un arrêt rendu en 1988 (Blake c/ Guatemala, 24 janvier 1998), la Cour interaméricaine a reconnu pour la première fois que les
circonstances de la disparition qui engendraient la souffrance et l’angoisse, en plus du sentiment d’insécurité, de frustration et d’impuissance
créé par le fait que les pouvoirs publics n’avaient pas fait d’enquêtes, justifiait que les membres de la famille soient considérés comme des
victimes d’un traitement inhumain.
SECTION 2 : LE CRIME CONTRE L’HUMANITE

Crime contre l’humanité : c’est-à-dire l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout aitre acte inhumain commis contre toutes
populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, radicaux, ou religieux lorsque ces actes ou persécutions, qu’il
aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal,
ou en liaison avec ce crime.

Ce n’était pas un crime autonome : pour être condamné pour CCH, il fallait démontrer que le CCH est rattachable soit au crime de guerre, soit au crime contre la
paix. Maintenant, le CCH est indépendant (TPI, CPI).

Le CCH se caractérise par un contexte. On ne peut pas avoir de CCH si on ne démontre pas que l’infraction considérée dans un contexte particulier.

L’article 7 du Statut de la Cour présente dans son paragraphe 1 une liste d’actes-parfois désignées par commodité comme des « infractions sous-jacentes », on simplifie
en renvoyant au Traité de Rome : meurtre ;extermination, réductions en esclavage, déportation ou transfert forcé de population, emprisonnement ou autre forme de
privation grave de liberté, torture, viol et violences sexuelles ,persécutions, disparitions forcées, les persécutions ne sont pas explicitement visés comme un crimes de
guerre sans l’article 8 du Traité. Toutefois, des aspects de la persécutions, de l’apartheid, les disparitions forcées peuvent trouver à se qualifier comme crimes de
guerre.

§1 - L’ELEMENT CONTEXTUEL DU CCH


Il s’agit d’une attaque généralisée ou systématique, dirigée contre une population civile.

Pour constituer des crimes contre l’humanité, toutes ces infractions « sous-jacentes » doivent avoir été commises dans un contexte spécifique, caractérisé au début du
paragraphes 1

Ainsi : « On entend par crime contre l’humanité l’un quelconque des actes ci-apres lorsqu’il est commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique
lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque ».

Ces éléments contextuels sont cruciaux car, comme le juge Kaul dans son opinion dissidente de 2010 : « Ce ne sont pas la cruauté ou les persécutions massives qui
font d’un crime un crime international (delicta juris gentium) mais les éléments constitutifs s’attachant au contexte dans lequel cet actes s’inscrit ( the
constitutives contextual elements in which the act is embedded) » les crimes contre l’humanité se caractérisent donc par leur ampleur et leur organisation, en
revanche , ils ne sont pas nécessairement lié à une situation de conflit armé.

A. UNE ATTAQUE
TPIY, 2001, Kunarac Déf : « un comportement impliquant la commission d’actes de violence »

B. DIRIGEE CONTRE UNE POPULATION CIVILE

Affaire Kunarac : pour avoir un CCH, il faut que l’attaque ait visée la population civile de manière principale.

Si la victime est un dommage collatéral = crime de guerre.

Art. 7-2 a du Statut de la CPI « par attaque lancée contre une population civile, on entend le comportement qui consiste en la commission multiple d’actes visés
au §1 à l’encontre d’une population civile quelconque, en application ou dans la poursuite de la politique d’un Etat ou d’une organisation ayant pour but une
telle attaque. »

Il n’est pas nécessaire de démontrer que l’ensemble d’une population civile d’une zone géographique était la cible. Il faut qu’un nombre suffisant d’individus soient
prit pour cible et il faut démontrer que ces derniers n’ont pas été choisi au hasard. « civile » (≠ civils en DIH) = la présence de personnes armées dans la population
civile ne change pas la nature civile de cette masse de population (≠ crime de guerre).
En matière de guerre, on a le droit de tuer un militaire ≠ CCH

C. UNE ATTAQUE GENERALISEE OU SYSTEMATIQUE


Critères alternatifs

Caractère généralisé (ou massif) : l’attaque doit avoir été menée à grande échelle et il doit y avoir eu de très nb victimes.

2 cas de figures :
• soit plein d’actes identiques cumulés
• une attaque massive sur une quantité importante de personnes visées.

Dès lors, si je commets un acte sur une personne = ce sera qualifié de CCH car cs et connaissance de l’attaque généralisée contre une population civile.

Caractère systématique : renvoi au caractère organisationnel de l’attaque (elle n’est pas fortuite).

D. L’EXISTENCE D’UNE POLITIQUE OU D’UN PLAN PREMEDITE ?

Cette q° résulte de l’art. 7 §2-a du SR, où on voit qu’à la fin il est indiqué que l’attaque l’est en application ou dans la poursuite de la politique d’un
Etat ou d’une organisation ayant pour but une telle attaque.

CPI, Ahmad Harun et Ali Kushayb, 2007 : « La Chambre est également d’avis que l’existence d’une politique d’un Etat ou d’une organisation
constitue un élément permettant de conclure à la nature systématique d’une attaque. »

Cette JP assimile ce critère au critère de systématicité.

CPI, 2014, Katanga : elle considère que le caractère systématique exige simplement d’identifier une coordination, une systématicité et le critère
politique permet de rattacher, à un Etat ou à une organisation, l’attaque.

Que faut-il entendre par « organisation » ?

L’organisation doit avoir un but criminel qui vise au meurtre avec une volonté de destruction = utilisation d’un faisceau d’indices (ni exhaustifs ni
cumulatifs)

- groupe sous un commandement responsable (hiérarchie)


- groupe doit avoir les moyens de commettre une telle attaque (humains ou matériels)
- groupe contrôle une partie d’un territoire donné (critère important)
- groupe doit avoir comme activité criminelle, l’objectif principal de porter atteinte à la population civile

E. UN LIEN DE CAUSALITE ENTRE L’INFRACTION ET L’ATTAQUE

—> Lien SUFFISANT

§2 - LES INFRACTIONS CONSTITUTIVES DU CCH

A priori, tous les actes constitutifs du CCH sont des actes inhumains : ils violent la dignité humaine et nient la vie des personnes :

cf. art. 7 SR
- Le meurtre
- L’extermination : un ensemble de meurtres à grande échelle
- Emprisonnement ou privation de liberté : voir reportage envoyé spécial (du 18 oct.2018)

A. LA REDUCTION EN ESCLAVAGE

Idée qu’on exerce sur une personne des droits de propriété. Dans un des jugements du TSSL (affaire Charles Taylor, 2012), le mariage forcé a été qualifié d’esclavage.

La question était de savoir s’il fallait le placer dans viol, agressions sexuelles ou esclavage ?

Dans le jugement Taylor, il a été accepté de le classer sous l’angle d’esclavage sexuel.

- Peut importe le consentement de la victime, l’esclavage est prohibé.


- Peut importe la durée de l’esclavage, le fait d’exercer un seul droit, à un moment donné.

B. LA TORTURE

Du point de vue international, l’affaire Furundjiza fait de l’interdiction une norme de jus cogens. Aujourd’hui définition à l’article 7-2-E SCPI.

Sur l’intensité des souffrances = forte ; si c’est faible on est dans le traitement inhumain, cruel ou dégradant. On se place du point de vue de la
victime.
Qui peut être l’auteur de l’acte ? Pas de référence à l’auteur. C’est la spécificité du DIP devant la CPI. Dans plusieurs déclarations ou conventions des
DH, on exige qu’il ait été commis par un agent de l’Etat ou sur ordre de l’Etat. Souvent le concept de torture, l’élément étatique doit être démontré ;
mais pas en droit international pénal.

Élément psychologique : souvent lorsqu’on torture c’est pour obtenir une information et pendant des années ce dol spécial était exigé. On exigeait
d’abord le dol général d’infliger intentionnellement des douleurs aigües et un dol spécial avec un objectif de soutirer des informations, de faire
pression, etc.

Dans la définition du Statut de Rome, on ne retrouve que le dol général, le dol spécial a disparu.

C. LE VIOL

CPI : le viol résulte

a) de la pénétration par un organe sexuel de toute partie du corps de la victime ou de l’auteur, ce qui comprend l’hypothèse ou l’auteur du viol
force une personne à le pénétrer,
b) pénétration du vagin ou de l’anus par toute partie du corps ou par un objet.

La victime est aussi celle que l’on force à pratiquer un viol sur qqun d’autre.

 Usage de la menace ou de la force


 Événement coercitif apprécié largement
 Profiter de l’incapacité de la victime (enfant qui peut pas donner son consentement, ou une personne vulnérable, droguée, malade mentale
ect.. qui empêche de donner son libre arbitre.)
D. DEPORTATION / TRANSFERT FORCE DE POPULATION

Article 7-2-d SCPI

C’est notamment le cas pour les Rohingyas en Birmanie : déplacement d’un endroit où la population se situe légalement à un autre endroit, sans motif
admis en DI.

En effet, les Etats ont parfois le droit ou le devoir de bouger leurs populations (ex : risque naturel) ou interdire le territoire à une population (ex :
éloigner des étrangers sous le respect du DE et droit d’asile).

La déportation et le transfert forcé vaut dans deux cas :

- Déportation : d’un pays à un autre


- Transfert forcé : à l’intérieur des frontières d’un même pays

E. LA PERSECUTION

C’est une discrimination et un déni des droits fondamentaux. C’est l’infraction du CCH qui se rapproche le plus du génocide : il y a un élément
discriminant. La persécution envisage aussi des groupes victimes. Mais à la différence du génocide :

- Pas de dol génocidaire ; l’objectif n’est pas la destruction


- Inclut beaucoup plus de groupes définis internationalement : groupes politiques, culturels, sexistes ou tout autre critère

Souvent face à un génocidaire, il va y souvent y avoir une double qualification : persécution + génocide ensuite.

§3 - L’élément psychologique du CCH

Pour démontrer qu’un CH il faut encore démontrer que l’auteur avait bien l’intention d’inscrire son acte dans le cadre de cette attaque, l’a fait en toute
connaissance de cause.
SEMAINE 7. LES CRIMES (3)
SECTION 1 - LE TERRORISME

Il y a un lien entre les disparitions forcées et le terrorisme. Les disparitions forcées se sont dvpées à la faveur du terrorisme.

Le terrorisme est vu comme un crime transnational. Le terrorisme est « populaire » mais il est très difficile à définir juridiquement. Il est intéressant quant à ses
sources, quant à sa définition, l’articulation des ensembles normatifs.

Il est impossible d’étudier le terrorisme sans l’envisager historiquement. La question du terrorisme est associée à ce que l’on considère début 20ème s (28 juin 1914
avec l’attentat de Sarajevo) à la fin du 20ème s (11 septembre 2001).

Le terrorisme contrairement à d’autres infractions n’épargne aucune région du globe et pourtant il peine à ê appréhendé d’une manière uniforme ou globale par le
droit. Il n’y a pas de convention internationale générale sur le terrorisme.

Le terrorisme suscite bcp plus que les autres crimes internationaux des controverses nourries sur les moyens de la combattre et sur l’adéquation entre la fin et les
moyens. A chaque fois qu’un attentat se produit une législation anti-terrorisme est promulguée et est jaugé du point de vue des atteintes aux droits fondamentaux.
Ceci se retrouve aussi dans la sphère internationale. L’ONU intègre dans sa stratégie anti-terrorisme la protection des droits de l’homme. Toute la réglementation de
l’UE sur la lutte anti-terroriste doit passer à travers le « test droit de l’homme ».

Illustration 1 : CEDH ; le premier arrêt rendu en 1960 par cette cour contre le RU concernait la législation anti-terroriste du RU parce que le RU était victime du
terrorisme irlandais, « Law less ».

Illustration 2 : Saga Kadi rendus par la CJUE. Individus dont les sociétés ont été black listée suite aux attentats du 11 sept 2001. Elles ont contesté en justice le
règlement sur le fondement duquel elles ont été black listé. Il s’agissait de la compatibilité de la décision de l’UE avec une résolution des NU en vertu de laquelle on
pouvait black listé les sociétés. CJCE 3 sept 2008.

Le fait qu’il soit difficile de définir le terrorisme alors que l’ensemble de la planète en est touché explique que le terrorisme ne figure pas parmi les crimes du statut de
Rome. Ce n’est pas un crime supranational. Cela ne veut pas dire que pdt la négociation du Statut la qu° du terrorisme n’a pas été discuté.

Cette question a été un facteur de controverses : certains états ont dit qu’ils ne signaient pas le statut s’il contenait des dispositions sur le terrorisme et inversement.
La question du terrorisme est fondamentalement politique puisque soit il émane de l’Etat soit il est dirigé contre l’Etat. Le terrorisme vise à déstabiliser les pvrs publics
par des moyens violents et ce faisant va déstabiliser la société. L’Etat a le monopole de la violence légitime et le terrorisme c’est la violence illégitime = opposition
entre les deux. Cette notion d’illégitimité de la violence terroriste elle est politiquement, socialement et historiquement située. Fluctuation de la légitimité ou
illégitimité de la violence crime politique. Le crime dit politique (portant atteinte à la stabilité de l’Etat) était soit plus favorablement soit plus défavorablement qu’un
crime de droit commun. Cette catégorie de crime politique a été importante mais n’est quasiment plus étudiée parce que la violence contre l’état est considérée comme
jamais justifiable.

Le droit est un facteur de simplification des matières complexes, le DP l’est d’autant plus qu’il tourne autour du pcp de la légalité des délits et des peines.

§1 : UN PHENOMENE ANCIEN AUX MULTIPLES FACETTES

Terrorisme vient de terreur, entrant dans le vocabulaire juridico-politique à la RF.

Le 19ème s sera très intéressant pour le développement du phénomène terroriste à 3 points de vue :
- Dès la chute de Napoléon se développe des sociétés secrètes (carbonarisme) qui sont des sociétés d’inspiration libérale républicaine qui veulent mettre fin au
régime monarchique répressif.
- Naissance de la notion du combattant illégal : illégal par rapport aux armées régulières. Né durant la révolte espagnole contre la domination napoléonienne.
Donne naissance au mot guérilla. Notion de franc-tireur qui né à la fin du 18ème s durant la guerre franco-prussienne
- Invention de la dynamite par Alfred Nobel et progrès général des explosifs

Le 20ème siècle :

- Mouvement anarchiste qui continue en Russie, en Europe de l’Ouest…


- Actes terroristes de mouvement qui se veulent anti-despotique. L’après gde guerre sera marqué par de très violents conflits qui sont ponctués d’attentats
terroristes (Révolution russe et mouvement indépendantiste irlandais). Les attentats se développent et se déplacent dans l’Europe. Le premier texte juridique à
utiliser le terme terroriste pour le combattre c’est une loi de 1932 pour lutter contre les actes terroristes dans le Bengal.
- Epoque où le terrorisme commence à s’internationaliser. Les actes terroristes par la manière dont ils sont effectués vont présenter un élément d’extranéité. Ex :
le 9 octobre 1934 est assassiné à Marseille le roi Alexandre de Yougoslavie en même temps que le MAE français par une mouvance fachiste croate, hongroise et
italienne ; l’affaire est jugée suffisamment menaçante pour l’ordre mondial pour que la société des nations s’en empare et élabore une convention
internationale destinée à lutter contre le terrorisme. Le 16 novembre 1937 furent adopté 2 conventions :

- Prévention et répression du terrorisme


- Autre créant une CPI pour juger les auteurs de tels actes

Cela a été englouti par la WWII.

Pdt la GF l’Europe a été épargnée par le terrorisme et celui-ci s’est déplacé vers les empires + guerres de décolonisation.

Années 60-70 vague terroriste en Europe (terrorisme corse, basque, d’Irlande du Nord…).

La question du terrorisme sera renouvelée par le conflit israélo-palestinien, Al Qu’Aïda et Daesh.

Caractéristiques du terrorisme :

 Le terrorisme est fondamentalement multiforme/multifacettes par son contexte social, politique, géographique et par ses méthodes.
 Ce qui se dessine c’est le pb de la disproportion des moyens par rapport aux formes. On peut estimer « qu’il y a terrorisme dès qu’une cause
devient un absolu qui rend secondaire la nature des moyens employés ». Il y a une sorte de jeu entre le terrorisme et la lutte anti-terrorisme. Le
terrorisme c’est l’acte violent qui dot que la fin justifie les moyens. La lutte elle est tjrs confrontée à la question des moyens. Est-ce que la lutte
contre le terrorisme peut se conformer un standard de droit de l’homme ? La réponse est non.

 Le discours de la communauté international sur le terrorisme est double :


- Considéré comme n’étant jamais injustifiable
- La lutte contre le terrorisme doit ê proportionnée
- La fin ne justifie pas les moyens pour le terrorisme et pour sa lutte.

Dans les années 70 et 80 les résolutions évoquaient le terrorisme en le mettant en lien avec le droit à l’autodétermination des peuples. A partir des
années 90 les résolutions des NU iront avec cette conception « les actes criminels qui à des fins politique sont conçu pour provoquer la terreur dans le
public sont injustifiables en quelque circonstance qq soit le motif pour les justifier »
§2 : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU TERRORISME

On a d’un côté un traitement par le droit fragmentaire et de l’autre côté différents niveaux de réponses bien articulés.

On pourrait de prime abord penser que le premier niveau de réponse à la question du terrorisme est le niveau étatique parce que le terrorisme est une manière de
retirer à l’état son monopole de la violence légitime. Très vite le terrorisme a manifesté une dimension internationale. Ce que l’on observe c’est que les états ont plutôt
emprunté au droit international et régional ET les états étant confronté de manière simultané au terrorisme ont articulé la réponse contre le terrorisme sur une base
transnationale.

A) LES REPONSES INTERNATIONALES

Pas de conventions internationales générale c/ le terrorisme. Pourquoi alors que l’idée d’une telle convention a émergé dès les années 30 ? les états ont privilégié un
mode de réponse contre le phénomène terroriste, l’adoption de convention sectorielles. A chaque qu’on avait un évènement marquant la communauté réagissait en
adoptant une convention destinée à répondre à ce type d’évènement. Ojd on en a 19. Elles imposent aux états d’incriminer des formes spécifiques au terrorisme.

 Le contenu des conventions :


- Définissent les conduites à incriminer
- Instaure la compétence de l’état pour poursuivre et juger les auteurs
- Pose aut dedere aut judicare

Cette méthode est intéressante mais elle court après les faits. Nouveau terrorisme nouvelle méthode. La communauté essaie de définir le terrorisme au-delà d’actes
extrêmement violents.

On a deux traits qui se dégagent :

- L’intention de l’acte
- La finalité de l’acte de violence : intimidation ou contrainte

A partir de 2001 les états ont essayé de coordonner leur réaction mais n’ont pas réussi à élaborer une convention internationale. Résolution 1373 du conseil de sécurité
de l’ONU adopté dès le 28 sept 2001 qui invite les états à ratifié la convention sur le financement du terrorisme. Création du comité contre le terrorisme, lance un
programme de lutte contre le terrorisme et impose à tous les états d’ériger en crime la fourniture ou la collecte des fonds destinés à perpétrer des actes de terrorisme
ainsi qu’à geler les fonds appartenant à des personnes qui commettent ou tentent de commettre des actes terroristes. Le comité contre le terrorisme a proposé en 2002
une définition du terrorisme. « … lorsque le comportement incriminé a pour but d’intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une
organisation internationale à faire ou à ne pas faire qq chose ». C’est donc une infraction intentionnelle, les actes de terrorisme sont incriminés par le droit commun
comme violent avec victime MAIS surtout dol spécial avec l’intimidation ou la contrainte.

B) L’ARTICULATION DES REPONSES A L’ECHELLE INTERNATIONALE REGIONALE

Le TSL a été créé pour juger d’une infraction qualifiée de terroriste. Le TSL a fondé sa compétence sur une combinaison du droit international, régional et libanais pour
définir le crime don il a à connaitre.

Attentat Rafik Hariri en 2005. Le TSL a rendu le 16 février 2011 une décision longue et importante dans laquelle il justifie son existence et explique sa méthode sur
plusieurs pages pour définir le terrorisme. L’art 2 du statut du TSL énonce que le TSL doit appliquer les dispositions du CP libanais. Mais le TSL dit qu’il eut interpréter
le droit interne à la lumière du droit international ne serait-ce que parce que l’art 2 se réfère au mode de R du statut de Rome. Il va examiner les éléments constitutifs
du crime de terrorisme d’abord selon le CP libanais et puis au regard du DP international. Le TSL prend un risque qui est de se retrouver en présence de définition
légèrement divergentes. Il poursuit son exposé méthodologique en disant qu’il faut s’interroger sur l’articulation du droit libanais en droit international et interne.
C’est une manière pour le TSL de répondre aux critiques faites par le juge sur la non réactivité.
Source ? Le droit international pour lui ce serait une source régionale à savoir la convention arabe sur la suppression du terrorisme du 22 avril 1998.

Se réfère au droit coutumier qui permet au juge du TSL de se prononcer sur la question de savoir s’il existe une définition du terrorisme. On observe la formation d’une
opinio juris internationale générale suivie d’une pratique dont il résulte qu’une règle coutumière de droit international du moins en temps de paix s’est effectivement
dégagé » §85. Cette règle coutumière permettrait de dégager 3 éléments :

- La perpétration d’un acte criminel ou sa menace


- L’intention de rependre la peur parmi la population ou de contraindre directement ou indirectement à faire ou ne pas faire
- Présence d’un élément d’extranéité

SECTION 2 - LE CRIME DE GUERRE

Voir documentaire (« le viol comme arme de guerre ») ARTE


Le crime de guerre ressemble au CCH dans sa structure : il faut d’abord démontrer un contexte avant d’identifier certaines infractions constitutives du crime de guerre,
et enfin, une intention de commettre le crime de guerre.

§1 - LES ELEMENTS CONTEXTUELS DU CRIME DE GUERRE

Il faut démontrer :

1. Un conflit armé
2. Interne ou international
3. Le lien (de causalité) entre le conflit armé et l’acte constaté
4. Il faut que cet acte ait été commis à l’encontre de certaines victimes ou certains biens

A. L’EXIGENCE D’UN CONFLIT ARME

Cette notion a été identifiée dans l’arrêt « Tadic » du TPIY : « le conflit armé existe lorsqu’il y a recours à la force armée. »
 Il faut une confrontation entre deux parties avec l’utilisation de la force armée.
Il faut prouver que ce conflit armé existait au moment où l’acte que l’on envisage d’incriminer a été commis et qu’il existait à l’endroit où l’acte a été commis.

B. L’EXIGENCE D’UN CONFLIT ARME INTERNE OU INTERNATIONAL

1) LE CONFLIT ARME INTERNATIONAL (CAI)

3 hypothèses :

- Un conflit entre deux ou plusieurs Etats


- Les guerres de décolonisation
- L’occupation (Etat qui occupe un autre Etat) not. l’occupation des E-U et du R-U en Irak.

A l’heure actuelle, à part la guerre entre le Soudan du Nord et le Sud Soudan, il n’y a quasiment plus de conflits internationaux dans le monde. On a beaucoup plus de
conflits internes ( = conflits armés non internationaux CANI)

2) LE CONFLIT ARME NON INTERNATIONAL (CANI)

Normalement, le DI ne s’intéresse pas aux conflits non internationaux (souveraineté des Etats). Néanmoins, les DH internationaux sont arrivés. Dès lors, il a été admis
que le DI pouvait avoir un regard sur certains conflits internes.
Deux étapes :

1. Les Conventions de Genève (1949) : source principale du droit de la guerre (DIH). Son art. 3 définit à contrario le conflit armé non international : « autre chose
qu’un simple trouble interne »
2. L’arrêt Tadic :« un conflit armé existe chaque fois qu’il y a un conflit armé prolongé entre les autorités gouvernementales et des groupes armés organisés ou
entre de tels groupes au sein d’un Etat »

Cette approche met l’accent sur le caractère temporel d’un tel conflit, il doit s’agir d’un conflit prolongé.

Un conflit armé : La JP s’est développée et désormais il faut prendre en compte un certain seuil d’intensité se mesurant par le nombre d’attaques, les effectifs, le
nombre et le type d’armes en circulation, et il faut aussi s’intéresser aux Nations Unies (si le conflit a été débattu au sein de l’ONU, il s’agit d’un conflit armé non
international dans le cas contraire, non), les réfugiés sont protégés dans la mesure où ils se trouvent au pouvoir d'une Partie au conflit. Lors d'un conflit armé
international, les ressortissants d'un Etat qui, fuyant les hostilités, se rendent sur le territoire de l'Etat adverse, sont protégés par la IVe Convention de Genève en tant
qu'étrangers sur le territoire d'une Partie au conflit (Arts. 35 à 46, IVe Convention). La IVe Convention demande au pays d'accueil un traitement de faveur pour les
réfugiés: ils ne doivent pas être traités comme étrangers ennemis sur la seule base de leur nationalité, vu qu'ils ne jouissent pas, en tant que réfugiés, de la protection
d'aucun gouvernement (Art. 44, IVe Convention). Le Protocole I a renforcé cette règle et mentionne aussi la protection des apatrides (Art. 73, Protocole I). Les réfugiés
ressortissants d'un Etat neutre se trouvant sur le territoire d'un Etat belligérant sont protégés par la IVe Convention en l'absence de relations diplomatiques entre leur
Etat et l'Etat belligérant. L'Article 73 du Protocole I maintient cette protection même quand des relations diplomatiques existent.

Un groupe armé organisé : il faut que les participants soient organisés en ce sens qu’il y ait un rapport hiérarchique au sein du groupe. Il faut un ou plusieurs chefs
exerçant un contrôle sur le groupe qui commettra les exactions. Les groupes armés ne peuvent être à l’origine d’un conflit armé relevant du DIH qu’à la condition
que ces groupes soient «organisés». Ce critère d’organisation du groupe est requis par certains textes de DIH régissant les conflits armés non internationaux (2ePA, art.
1, § 1, et Statut CPI, art. 8, § 2, f), mais ils sont muets sur la notion de groupe armé organisé. La jurisprudence permet toutefois d’en préciser le sens. Le raisonnement
de la chambre de 1einstance du TPIY dans l’aff. Limaj et al. est, à cet égard, exemplaire.

Il y a un critère qui n’existe pas et qui n’est pas requis pour démontrer l’existence d’un CANI : il ne faut pas démontrer que le groupe armé considéré contrôle une
partie du territoire.
Sur le conflit armé interne internationalisé (non envisagé par les Conventions de Genève) : on part d’un CANI qui se transforme en CAI.

Ex : Syrie (conflit interne) s’est internationalisée par l’intervention de la Russie et des Alliés.

Quel est le droit applicable ? Le droit des CAI ou des CANI ? Il y a deux possibilités :

- Soit un Etat intervient directement dans le conflit : not. intervention physique, fourniture d’armes (ex : la Russie en Syrie)
- Soit les groupes armés organisés vont faire allégeance à un Etat tiers : il va falloir démontrer que l’Etat tiers exerce un contrôle sur le groupe armé et
que ce dernier est dépendant de cet Etat tiers.

—> Il faut démontrer le niveau de contrôle : ex du conflit au Yémen (conflit interne totalement internationalisé), le pays est soutenu par l’Arabie Saoudite et les rebelles
sont soutenus par l’Iran.

Dès lors, à partir de quand l’aide fournie internationalise-t-elle le conflit interne ? La CIJ applique le critère du contrôle affectif qui exige de démontrer que l’Etat
finançait les rebelles et que toutes leurs actions étaient supervisées par l’Etat tiers.

En DI pénal c’est plus facile à démontrer (contrôle global) = il va falloir démontrer que l’Etat tiers équipe, finance coordonne, aide, le groupe dans ses activités
militaires.
Une autre manière de montrer le contrôle de l’Etat tiers devant les JIP = montrer que l’Etat tiers s’est approprié ou a revendiqué telle ou telle attaque commise par le
groupe rebelle (internationalisation à posteriori).
Lorsqu’il y a internationalisation du conflit interne : application du droit du CAI
C. UN LIEN ETROIT (DE CAUSALITE) ENTRE LES FAITS INCRIMINES ET LE CONFLIT ARME = LIEN DE CONNEXITE

Il faut démontrer que l’existence même du conflit armé a peser sur la capacité du crime à le commettre ou bien sur sa dc° de le commettre ou bien sur la manière dont
il l’a commis ou bien dans le but dans lequel il l’a commis.

D. ACTES COMMIS A L’ENCONTRE DE PERSONNES OU BIENS PROTEGES

1) Dans les CAI

- Les membres des forces armés ou assimilées (les corps de volontaires, les milices, la résistance) : lorsqu’elles sont blessées ou détenues.
- Les personnes civiles (« les civils ») : toutes les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités peut importe leur nationalité.
- Le personnel sanitaire et religieux (quelle que soit la religion)
- Les biens de caractère civil : les biens qui ne sont pas des objectifs militaires, c'est-à-dire qui ne sont pas susceptibles d’offrir un avantage militaire.

2) Dans les CANI

- Les combattants : malades ou détenues et ceux qui ont déposé les armes
- Les civils : idem CAI
- Le personnel sanitaire et religieux + les opérations de maintien de la paix : les casques bleus sont également protégés.
- Tous les biens civils : sans la condition d’objectifs militaires.

§2 - LES INFRACTIONS CONSTITUTIVES DU CRIME DE GUERRE

A. Les infractions liées aux atteintes au corps

- Le meurtre, torture, viol, violences sexuelles, atteinte à la dignité de la personne (déjà vu)
- Les expériences biologiques ou médicales non justifiées par des objectifs médicaux
- Les mutilations
- Affamer les civils : pendant longtemps, c’était autorisé (interdit depuis le SCPI)

Cela est interdit seulement dans les CAI : dans les CANI, on qualifiera cela d’atteinte à la dignité humaine, de meurtre, de torture en fonction des cas.

Il faut démontrer que l’on prive les individus de biens essentiels à la survie, que ce soit les aliments, l’eau ou les médicaments.

Doit résulter de la destruction des biens OU empêchement de l’intervention de l’aide humanitaire : démontrer que cette privation des biens était faite dans le but
d’affamer les civils.

L’attaque délibérée contre les civils : ce sont des actes de violence dirigés contre la pop civile et entrainant la mort ou causant des atteintes graves à l’intégrité
physique ou la santé.

Interdiction absolue : pas le droit d’attaquer volontairement des civils. Dès lors, bombardement en sachant qu’il y a des civils (par ex) = entraîne la
responsabilité pénale.

Il suffit que l’attaque ait causé des blessures graves.

L’élément matériel de cette infraction est le lancement dès l’attaque peut importe ses conséquences.

Les attaques indiscriminées peuvent-elles constituer des attaquer délibérées contre les civils ?
Attaque qui vise tout le monde (militaires + civils) = attaque délibérée contre les civils à condition de démontrer que les civils étaient la cible principale.
Les actes de violence avec intention de répandre la terreur : le but principal ici est répandre la terreur (dol spécial).

B. LES INFRACTIONS LIEES AUX ATTEINTES AUX BIENS

La destruction des biens : 5 éléments

• Un destruction
• Bien appartenant à l’adversaire
• Bien n’était pas protégé (pas un bien militaire)
• L’auteur avait connaissance que c’était un bien civil

Attaque contre biens civils : ne vaut que pour les CAI peu importe l’avantage militaire. —> interdiction absolue d’attaquer un bien civil.

Le pillage : interdiction de l’appropriation intentionnelle et illégale d’une propriété d’autrui. Réf. à l’affaire Katanga. Les militaires s’étaient emparés de plusieurs biens
appartenant à des civils dans un village.

Il faut démontrer que le bien appartenait à quelqu’un d’autre peu importe qu’il s’agisse d’un pillage individuel ou systématique organisé par une troupe.

Il faut démontrer un seuil de gravité : le bien pillé était indispensable à la personne qui en a été privée (ex : un lit est considéré comme indispensable).

La CPI a regardé chaque chose qui a été pillée et a identifié ce qui était indispensable ou pas en fonction des circonstances.

C. LES INFRACTIONS LIEES AUX ATTEINTES A LA LIBERTE

La prise d’otage : cf. affaire TPIY, Jordic et Cerkez « s’emparer d’une personne ou la détenir et la menacer de la tuer ou de la blesser ou de continuer à la détenir
afin de contraindre une tierce partie à accomplir un acte quelconque ou à s’en abstenir en tant que condition de la libération de la personne »

Dol spécial : l’auteur avait l’intention de contraindre un Etat, une organisation internationale, une personne physique ou morale ou un groupe de personnes à faire ou
à s’abstenir d’agir en subordonnant expressément ou implicitement la sécurité ou la mise ne liberté de ladite ou desdites personnes à une telle action ou abstention »

Dol spécial essentiel sinon simple enlèvement.

Les atteintes aux droits des enfants dans les conflits armés : le fait de recruter des enfants soldats.
 Nouvelle incrimination qui date du SCPI et qu’on retrouve dans le TSSL : vaut pour les CAI comme pour les CANI.

3 formes d’infractions séparées : ces infractions sont cumulables.

 L’enrôlement : l’engagement volontaire. La CPI considère qu’un enfant ne peut jamais s’enrôler. Il n’est pas capable d’exprimer une volontaire claire et
consciente de l’enrôlement.
 La conscription : le recrutement contraint (elle peut être légale, c'est-à-dire imposée par une conscription, ou émaner d’une menace)
 Faire participer activement les enfants à des hostilités : cela inclus la participation directe et indirecte.

Directe : Participation au combat, à l’espionnage

Indirecte : on utilise l’enfant en lui faisant courir le risque de mourir (enfants utilisés comme gardes du corps ou pour surveiller les points d’eau).

§3 - L’élément psychologique

Il faut l’auteur de l’acte ait connaissance des circonstances de fait c'est-à-dire qu’il sache qu’il y avait un conflit armé et que ces personnes/biens étaient protégés.
SEMAINE 8. LES MODES DE RESPONSABILITE PENALE INTERNATIONALE
D’abord on qualifie le crime puis on attribue/impute la responsabilité à/aux individu(s).
Une personne n’est responsable que de ses propres actes/carences > ppe d’individualisation Pas de responsabilité pour personne morale devant la CPI (donc droit
pénal français)
Art 25-4 SR : Responsabilité de l’individu se distingue de la responsabilité de l’Etat. CUMUL POSSIBLES ENTRE LES DIFFERENTS MODES DE RESPONSABILITES

I. LA RESPONSABILITE CONJOINTE : LA CO-ACTION

ART 25-3-A SR : Plusieurs personnes participent à une même action et l’accusé est une de ces personnes (celui qui tient la victime et l’autre la poignarde) > les 2
vont être reconnus coupables de l’infraction elle-même : ils sont coauteurs du crime.

Le coauteur est traditionnellement défini en droit pénal comme l’individu qui, agissant avec un autre, réunit sur sa tête l’ensemble des éléments constitutifs de
l’infraction. Pourtant, il est permis de douter de la pertinence de cette affirmation tant la jurisprudence comme la doctrine en dévoient le sens. En réalité, loin d’être
cantonnée à une simple juxtaposition d’actions, la coaction doit être appréhendée comme un mode à part entière de participation à l’infraction. En effet, elle apparaît
comme un titre d’imputation à mi-chemin entre l’action et la complicité, auxquelles elle emprunte certains caractères. Autrement dit, elle se révèle être un mode de
participation à sa propre infraction. Surtout, son particularisme est assuré par l’interdépendance unissant les coauteurs: parce que chacun s’associe à son alter ego,
tous sont placés sur un pied d’égalité. Ces différents éléments, qui se retrouvent dans sa notion et dans son régime, permettent ainsi d’affirmer la spécificité de la
coaction tout en renforçant la cohérence entre les différents modes de participation criminelle

Faut démontrer :
- Crime a été perpétré
- Par 2 auteurs

Avant on parlais d’entreprise criminelle commune (ECC) mais CPI l’a écarté en 2007 en expliquant que ce mode de participation n’existait pas dans le SR.

A. Elément matériel

L’existence d’un accord ou d’un plan commun entre 2 ou +R personnes : accord implicite ou oral, qui comporte un élément de criminalité mais cet élément n’est pas
nécessairement le crime qui a été commis.
Affaire Bemba : la réalisation du projet de prise politique supposait la commission de crimes.

L’accusé a eu une contribution essentielle à ce plan aboutissant à la réalisation du crime : faut démontrer qu’il exerçait un contrôle sur le crime c’est à dire qu’il
avait la capacité d’empêcher ce crime mais qu’il ne l’a pas fait

B.Elément moral

L’accusé doit avoir la mens rea du crime lui-même qui requiert la preuve que ces personnes avaient l’intention de « participer à » ou de promouvoir l’acte ou l’objectif
criminel commun, même si ces personnes se trouvent en dehors d’un organigramme officiel, comme c’est le cas, par exemple, dans l’affaire Vasiljevic, d’un garçon de
café recruté pendant quatre jours pour mettre le feu à un village et qui rentre ensuite continuer à servir des consommations dans son café.

➔ L’accusé doit avoir la mens rea du crime lui-même qui a été commis ⚠ (si Génocide il y a donc une intention génocidaire)
➔ Le suspect et les autres coauteurs doivent avoir eu conscience que les crimes pouvaient résulter de la MEO de leur plan commun et qu’ils en ont pris le risque
(si Genocide il avait conscience que des crimes de Genocide allais être commis)
➔ Le suspect avait bien l’intention de contribuer d’une manière essentielle au crime et au plan commun
II. LA CONTRIBUTION A LA COMMISSION D’UNE INFRACTION

Il a contribué à la commission du crime mais il ne l’a pas commis. Il aura donc une peine moindre que l’auteur. Faut donc démontrer :
- qu’il y a eu commission d’un crime
- qu’il y a eu contribution

A. COMPLICITE

1. LA COMPLICITE AU SENS DE « AIDING AND ABETTING » ART 25-3-C SR.

a) Elément matériel

Un lien de connexité entre le crime commis par quelqu’un et le comportement, l’aide, l’assistance apporté par le suspect, il faut démontrer que le suspect à fournis une
aide qui a eu un effet substantiel sur la commission du crime
L’aide peut avoir été apportée avant ou après la commission du crime > peu importe si suspect était présent ou pas s/p lors du crime si en amont t’a fourni armes,
quartiers.
L’abstention de dénonciation/prévention d’un crime : COMPLICE.

b) Elément moral

Avoir apporté son aide/assistance en connaissance de cause et avec l’intention de faciliter ce crime.
Pas besoin de démontrer qu’il partageait le mens rea du crime (s’il l’a : on se dirige sur la co-action, s’il ne l’a pas c’est qu’il est complice)

2. LA COMPLICITE AU SENS DE L’ART. 25-3-D SR

Affaire Katanga 2003.

a) Elément matériel

- Existence d’un groupe


- Ce groupe poursuivait le dessein commun de commettre le crime : le crime doit faire partie du dessein commun, des objectifs MEP.
Pas besoin de démontrer qu’il y avait une organisation militaire, politique, administrative en support du groupe.
Il faut que le suspect ait contribué de manière significative au crime mais il n’est pas obligatoirement membre du groupe, il peut n’avoir rien à voir avec le groupe mais
a quand même contribué au crime. Le plus important c’est d’établir qu’il y avait un groupe qlq part.

b) Elément moral

Il faut qu’il ait l’intention de faciliter et participé à la commission du crime. Pas besoin de démontrer qu’il avait le mens rea du crime, ni l’intention de participe

c) Instigation

Il exerce sur l’auteur du crime une influence décisive soit par :


- la planification
- donneur d’ordre
- l’encouragement, l’incitation (capacité de persuasion de l’instigateur)
D.Incitation publique et directe au génocide

C’est un mode de responsabilité formelle : peu importe le résultat in fine : G commis ou pas commis. A distinguer du discours haineux.

Affaire Akayesu : c’est le fait de provoquer directement l’auteur à commettre le génocide par des discours des cris ou menaces, par tout moyen de communication
audiovisuelle

a)Elément matériel

Doit être publique :


- soit a lieu dans un lieu public : càd que un auditoire/participants ne sont pas sélectionnés (si c’est chez toi donc lieu privé : c’est pas une incitation au
Genocide)
- soit à lieu à travers les médias de masses :

Celui qui a incité n’est pas forcément celui qui a parlé : cas du journaliste qui retranscrit mais qui ne prends pas de distance par rapport aux faits qu’il rapporte :
faut voir s’il prends un ton complice ou un ton critique. (FB c’est forcément public peu importe si compte privé)

Doit être directe : pour qu’un discours haineux devient une incitation au génocide il faut que les propos provoquent directement et expressément autrui à commettre
un génocide (une simple suggestion, une insinuation ne suffit pas : faut que ce soit clair)

Limites avec la liberté d’expression : faut savoir ce qui est autorisé de dire sur le fondement de la liberté d’expression. Plusieurs cas d’incitation :
- par déshumanisation : ce sont des animaux
- l’accusation par miroir : un incitateur va dire dans son discours de se défendre car un groupe est entrain de l’attaquer
- suggestion dans un certain contexte :

Limites avec l’artistique : propos diffusés par la radio

b) Elément moral
Intention de provoquer autrui à commettre un génocide

SEMAINE 9. LES CAUSES D’EXONERATION


Plusieurs modes de responsabilité soient : auteur ou co-auteur ou complice.
En troisième étape, ce que l’on peut évoquer ce sont les clauses d’exonération.
Il faut identifier l’acte, identifier le lien entre l’acte et la personne et la cause qui rompt le lien soit l’imputabilité soit certain élément de définition du crime.

I) LES CAUSES D’EXONERATION DEVANT LA CPI.

Ce sont les cas exclut, et il y en a 3.


Il y a des « diffencies », synonyme de motif d’exonération, et donc tous les moyens que la défense soulève et qui sont systématiquement rejeté par les juges.
Quels sont les cas qui ne peuvent exonérer une qualité ?
La qualité officielle : l’immunité est inopposable à la CPI, même si la personne est un haut responsable. Parce que la cours précise que la qualité officielle ne peut pas
être un motif d’exonération de la responsabilité, il n’y a donc aucune immunité valable. Donc, il y a une compétence de la CPI + on reconnait la responsabilité du haut
responsable.
To quoqué (toi aussi) : utilisé à l’époque nazi, c’est l’idée de réciprocité, on saurait être responsable si la personne est également responsable engagé pour le même
type d’infraction. Cette idée a été rejetée en 1945 mais aussi dans une affaire de 1999 dans une affaire du TPIY, dans lequel cet argument est jugé irrecevable.
L’argument est le suivant : les interdictions posées par le droit international pénal, ce sont des interdictions erga omnes. Ce sont des normes de jus cogens pour
laquelle la réciprocité ne joue pas. Il est exclut expressément, mais le statut n’en parle pas et dans les travaux préparatoires il n’y aucun doute sur l’exclusion.

La juste cause : argument des années 2000, elle a été invoquée devant le TSSL dans une affaire qui date de 2007. Les deux accusés étaient membre de l’armée et ils ont
combattu les rebelles. L’objectif de ces deux individus étaient de restaurer le gouvernement démocratique du président de la serra leone antérieure. Leur argument est
le suivant : on a combattu contre les rebelles pour restaurer la démocratie, et la logique est de dire que si l’objectif est bon, les moyens pour les prévenir importe peu.
L’Argument et de dire que le crime de guerre était justifié par l’objectif qui était bon. C’est la juste cause, la raison est bonne. Le tribunal a écarté un tel argument, en
expliquant que le droit international humanitaire était applicable en tout lieu et en toute circonstance. Quel que soit l’objectif qu’on vise (restaurer la démocratie et la
paix), si on commet des crimes de guerre, on est responsable, en respectant les règles des combattants. Cette juste cause a été écarté.

ART 8, plus particulièrement les infractions de mutilation, il est écrit que le consentement de la victime ne pourra pas servir d’exonération.
A contrario, potentiellement, le consentement de la victime hormis le cadre de la mutilation pourrait être une cause d’exonération.

La question de l’enrôlement a été évoqué dans l’affaire LUBANGA relatif aux enfants soldats mais ils ne sont enrôlés volontairement, donc ils y ont consenti dans
l’argumentation. On a écarté cet argument dans la mesure ou l’enfant n’a pas de libre arbitre comme un adulte et on ne peut jamais dire qu’un enfant consent. C’est
irréfragable.
C’était la même chose d’une relation entre une enfant de 12 et un homme de 20 ans.
Cela figure dans les éléments de crime et qui a fait l’objet d’une jurisprudence.

SECTION 2 - CAS ADMIS PAR LE DROIT INTERNATIONAL PENAL.

I) L’erreur de fait et de droit peut être des cas admis.

L’idée est qu’au moment des faits, l’accusé n’avait pas la faculté de comprendre le caractère délictueux de son attitude, c’est à dire qu’il n’avait pas la connaissance ou
bien il ne pouvait pas se maitriser, mais en savant qu’il commettait quelque chose de mal.
Cette catégorie de déficience permanente est la maladie mentale et intoxication.

ERREUR DE FAIT :

A) Maladie mentale :
Evolution entre les juridictions des TPIY et du statut de Rome. Elle a une approche restrictive des maladies susceptible d’être invoquées.
Ne constitue pas une maladie mentale la schizophrénie, les troubles de la personnalité ou les troubles mentales.
Les TPI ont une approche restrictive des effets : pour le TPI, la maladie n’était pas une cause d’exonération mais d’atténuation de la responsabilité, on attendait une
circonstance atténuante mais certainement pas exonératoire. Pour le statut de Rome, on a pas de jurisprudence sur cette hypothèse, le statut fait que la maladie est une
cause d’exonération (pas d’atténuation) afin de priver le caractère délictuelle de son acte ou de sa maitrise sur son corps qui l’aurait permis de commettre cet acte.

B) Intoxication :
L’alcool : avant on pouvait considérer que c’était le cas dans la mesure ou par exemple, un homme boit de l’alcool pour se donner du courage pour violer une femme.
Drogue : Aujourd’hui ça peut concerner les drogues aux enfants soldats soit aux terroristes. Les enfants soldats, ils sont drogués volontairement.

En matière d’intoxication à l’insu , soit il a été drogué à son insu dans le sens ou il a pas eu le choix (tu l’as prends ou je te tue) et l’a rendu incapable d’apprécier le
caractère délictueux de son acte ou de s’empêcher de le commettre (si on est délirant, des illusions d’optique.)
En matière d’intoxication volontaire : le statut de Rome envisage une seconde hypothèse ou l’accusé s’est intoxiqué lui même. Si on s’est intoxiqué et qu’on l’a fait en
connaissance de cause avec un objet très claire en étant conscient, qu’on prend le risque de commettre un crime, ça ne peut pas être exonératoire! Sinon, il faut
démontrer que l’accusé n’avait pas conscience qu’il prenait alors un risque de commettre un crime. L’intoxication volontaire était même considérer comme une
circonstance aggravante.

ERREUR DE DROIT :

A) La question de l’ordre reçue :


Innovation du statut de Rome.
Jusqu’au statut de Rome, l’ordre n’a jamais considéré le niveau de responsabilité du subalterne. On a un subordonné qui commet un crime sur ordre de son supérieur.
Dans la plupart des conflits, il y a une hiérarchie et les subalternes se cachent sous cette hiérarchie. Cette cause d’exonération a des critères très stricte :
 Ça ne vaut que pour les crimes de guerre. Cette invocation d’ordre reçue ne vaut pas dans les procédures d’outrage au tribunal (Affaire de Demba) ils ont payé
des témoins pour faire des contre témoignages pour ne pas venir témoigner (outrage au tribunal), l’un des avocats a dit que c’est BEMBA qui lui a donné l’ordre
et la cours dit ce n’est pas recevable parce que l’ordre reçue n’est valable qu’en cas de crime de guerre.
 Il faut démontrer que l’accusé était dans l’obligation légale d’obéir aux ordres (cumulatif)
 Qu’il ne savait pas que l’ordre était illégale
 Que l’ordre n’était pas manifestement illégale (ex : officier chargé d’exécuter des prisonniers dans un pays qui pratique la peine de mort, du point de vue de
l’exécutant il est obligé légalement de procédé à l’exécution, ce n’est pas manifestement illégale si les personnes ont été jugé devant un tribunal, mais dans le
contexte ou le supérieur ment à son subalterne, et que ces personnes n’ont pas été condamné par un tribunal mais des civils, l’acte est illégale mais pas du
point de vue du subalterne puisqu’on lui dit que ces personnes ont été condamné par le juge, c’est une forme d’erreur qu’on lui fait commettre à son insu.)

B) Etat de contrainte ou de nécessité

La contrainte ou l’état de nécessité, le terme dépends du facteur qui constitue la contrainte ou l’état de nécessité.
Si c’est un facteur humain ou non humain, on parle de l’état de nécessité.
L’idée de ces deux causes d’exonération, cad que pèse une menace sur l’auteur du crime.

Arrêt Erdemovic : résumé des conditions qui figure aussi au statut de Rome. Il faut une menace imminente ou irrésistible (idée est que la menace
prive l’accusé de sa liberté de choisir entre un comportement illicite et un comportement illicite.) On le prive dans sa liberté de choix. La contrainte
fait disparaitre l’élément psychologique du crime.

La Menace est une forme de contrainte : qui consiste à un péril physique imminent. Cet accusé n’a pas le choix, ça c’est de la contrainte. D’autres
part, l’autre élément de la contrainte, il faut que le crime qui a été commis a été commis de manière proportionnelle (n’ayant pas fait preuve de zèle).
Il faut que le crime de l’accusé été fait sans aucune autre alternative.

La question de la légitimité défense : On a l’avant dernière cause d’exonération c’est la légitime défense (il faut que ce soit nécessaire et
proportionnel). Définition article 31-1-C du statut de Rome, et donc trois éléments à retenir, la légitime défense elle s’exerce lorsque soi-même on est
menacé soit pour protéger autrui, ou également dans le cadre des crimes de guerre pour protéger les biens essentiels à la survie.
Encore faut-il que ce qui nous menace, c’est un recours illicite à la force. Il faut que ce qui nous menace exige une réponse absolue et immédiate
(qu’on n’a pas le choix.)
Il faut se défendre contre l’agresseur qui doit être proportionnel. Si on fait que le blesser, la légitime défense constituée, si vous le tuer ou que vous le
torturer après, la légitime défense n’est pas constituée.
II) ERREUR DE FAIT ET ERREUR DE DROIT

La notion de l’erreur.

Art 32, l’inclusion de cet article n’a été obtenue que par l’élaboration du statut de Rome une semaine avant sa clôture. Dans le droit pénal classique
l’erreur n’est pas quelque chose de classique comme mode d’exonération. L’erreur va être une cause exonératoire si on fait disparaitre l’élément
psychologique. L’élément de fait, l’accusé s’est trompé dans la compréhension du fait auxquelles il était confronté. Il a cru qu’il s’agissait d’une
circonstance qui ne posait aucune difficulté, alors qu’en réalité, cette circonstance consistait un élément matériel du crime. On peut reprendre
l’exemple à propos de l’ordre reçue, c’est une forme d’erreur particulière (dol induite).
Ex : Si on reprend l’exemple de quelqu’un qui exécute une autre personne parce qu’il le fait de de bonne foi (son travail habituel) et que cette personne
a été condamné à mort par un tribunal (alors que ce n’est pas le cas). En d’autres termes, on lui a ramené une personne, or habituellement on lui
amène que des personnes condamnées, donc ils procèdent à ses fonctions habituelles à exécuter les personnes qui sont condamnées à mort par un
tribunal. Sauf qu’il peut y avoir des cas d’erreur ou en fait la personne n’a pas été condamné par un tribunal. Donc tenu des circonstances, cette
personne sera condamnée par erreur.

Elle a également été mentionné dans l’affaire Lubanga : enrôlement des enfants, l’accusé disait qu’il ne savait pas que c’était des enfants (cet
argument a été refusé immédiatement) car c’était son devoir de connaitre l’âge sauf que dans certains pays il n’y a pas de déclaration civile, certaines
personnes ne connaissent même pas leurs dates de naissance.
Cette notion a été refusé quand même car on parle de dol éventuel, dans lequel on n’est pas sure si c’était un adulte.

Art 32-2 : commence à rappeler l’adage nul n’est censé ignorer la loi. Le principe, nul n’est censé ignorer la loi ce n’est pas une clause d’exonération.
« Une erreur de droit portant sur la question de savoir si un comportement donné constitue un crime relevant de la compétence de la cour n’est
pas un motif d’exonération de la responsabilité pénale »
Une erreur de droit peut exonérer de sa responsabilité un accusé lorsqu’elle fait disparaître un élément psychologique. Il est capable d’identifier le
crime mais il a commis une erreur d’interprétation sur cette règle.

Conclusion : Les moyens de défense (cause d’exonération) sont très majoritairement invoqués au moment de la confirmation des charges (devant la
chambre préliminaire), il y a pas de cause d’exonération au moment du procès.
Au moment de la fixation de la peine : défense de Lubanga ont invoqué la légitime défense au moment de l’établissement de la peine cad confusion
entre les modes d’atténuation de la peine et du mode d’exonération de la peine.
SEMAINE 10. LES VICTIMES
Principe d’égalité et catégories de victimes : L’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 est sans ambiguïté : « La loi [...] doit être la
même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ». Les personnes doivent être traitées sur un pied d’égalité, tant au regard de la répression dont elles
peuvent faire l’objet, qu’au regard de la protection qu’elles sont susceptibles de mériter. En ce dernier aspect, l’article 6 de la Déclaration de 1789 pose le principe, à
valeur constitutionnelle, d’égalité des victimes.

Avant un véritable avènement juridique en droit international pénal, la victime s’est retrouvée confrontée au silence (ou presque) des premiers instruments juridiques
en la matière, silence qui a été petit à petit troublé par un vacarme médiatique qui se révélera dans une certaine mesure influente. Les choses vont en effet évoluer au
plan juridique, sous la pression notamment de la société civile et des victimes, avec l’adoption du statut de Rome qui marque une étape décisive dans la
reconnaissance des victimes par la justice internationale pénale. Cette évolution majeure a été saluée (presque logiquement) par un concert de louanges qui pourrait
cependant tourner court face à une certaine « prudence » jurisprudentielle notamment ramenant les victimes au silence.

L’accès des victimes à la justice pénale internationale est récent : consacrée par le Statut de la Cour pénale internationale adopté le 17 juillet 1998, cette avancée
n’a pas été, depuis, transposée systématiquement dans les statuts des tribunaux internationaux dits de troisième génération comme par exemple le Tribunal spécial
pour la sierra Léone ou les chambres extraordinaire pour le jugement des khmers rouges.

AVENEMENT JURIDIQUE DE LA « VICTIME » EN DROIT INTERNATIONAL PENAL

Si « le projet Moynier de juridiction pénale internationale marque, en 1872, la première volonté de prise en considération de la victime puisque l’article 7 §1 de
ce texte prévoit la possibilité d’accorder une indemnité aux victimes de guerre », la victime a cependant joué pendant longtemps les arlésiennes en droit
international pénal, malgré une demande croissante de participation aux procédures internationales pénales. Certes, la consécration juridique des crimes
internationaux et les procès de l’après Seconde Guerre mondiale (devant les tribunaux militaires Internationaux de Nuremberg et de Tokyo ou devant les juridictions
nationales) ont pu représenter un premier pas dans l’avènement juridique de la victime en droit international pénal, mais celui-ci s’est avéré limité, les victimes n’étant
alors prises en compte que de façon indirecte, globale et souvent théorique du fait du peu de poursuites au plan international.

Les premiers instruments juridiques en droit international pénal se sont focalisés sur les auteurs et responsables de crimes internationaux, oubliant quelque peu les
victimes. Celles-ci n’apparaissent en effet dans un premier temps que comme un élément constitutif d’un crime international et/ou, au niveau procédural, en tant que
témoins seulement et éventuellement : lors du procès de Nuremberg, « les procureurs anglais et américains n’ont appelé à témoigner aucune des victimes du
régime nazi » Leur qualité de victime passe alors au second plan en l’absence de toute participation en tant que telle à la procédure internationale pénale qui pourtant
prend appui, ne serait-ce qu’en partie, sur leur vécu, leur souffrance à travers les actes condamnables que les victimes ont subis.

Les victimes constituent un paradoxe de la justice pénale internationale : elles sont omniprésentes or elles ont eu une place réduite lors des procès. On a une
disproportion entre le nbre de victimes et leur place au sein des procès.

A Nuremberg d’un silence assourdissant des victimes pour toute une série de raisons et la raison principale étant que les victimes ne peuvent pas etre là. Mais aussi on
a bcp trop de victimes. Le procureur a voulu juger vite. Tous les récits de la Shoah étaient inaudibles.

Quand les TPI ad hoc pour l’ex Yougoslavie et pour le Rwanda furent créés en 1993 et 1994, les victimes ont été quelque peu oubliées. Les rédacteurs du Statut du
TPIR et du Règlement de procédure et de preuves ont consacré la philosophie procédurale anglo-saxonne (Common Law) qui consiste à penser que l’action pénale
portée devant un tribunal international a pour objectif premier de réprimer un acte attentatoire à l’ordre public international et constitutif d’un crime. En d’autres
termes, la victime ne peut être considérée qu’en sa qualité de témoin et la seule réparation possible est celle de la reconnaissance de l’existence d’un crime
international et donc sa sanction.

Quand on compare les systèmes juridiques on s’aperçoit que la place est différente dans les systèmes de Common Law et dans les systèmes de Civil Law où la victime
peut se constituer partie civile et devenir partie au procès. Qu’on soit dans l’un ou l’autre des systèmes, la victime n’est pas au centre du procès pénal. On a une
confrontation entre l’accusateur et l’accusé. La victime est dans les systèmes de Common Law témoin et dans les systèmes de Civil Law peut se constituer partie civile
(art 85 CPP). On voit un rapprochement entre pays de Common Law et de Civil Law. On veut souvent restreindre la constitution de partie civile.

Dans l’utilisation de la compétence universelle, art 689-11 CPP, le parquet doit être à l’initiative des poursuites, les victimes ne le peuvent pas.

L’histoire des victimes c’est une histoire de statut.

Victime, étymologie : personne sacrifice que l’on donne aux dieux.

Au niveau international : CEDAW, CAT, CDH

Système européen : Convention européenne des droits de l’Homme de 1950 crée le mécanisme de pétition individuel contre l’Etat après avoir épuisé les voies de
recours.

Système Inter américain : Dans le système interaméricain, seuls la Commission et les Etats parties ont la compétence de saisir la Cour, et la victime n’a pas le droit à
une représentation indépendante dans la procédure devant celle-ci. Pour contourner ce vide juridique, une pratique s’est créée : la Commission interaméricaine joue le
rôle de représentant de la victime auprès de la Cour. Mais cette posture est rendue délicate par l’obligation d’impartialité de la Commission devant la Cour. Pour
remédier à ces incompatibilités, la Commission a, dans la pratique, autorisé les représentants des victimes à participer de manière active à tous les stades de la
procédure devant la Cour. Formellement, cette participation se fait sous la supervision et la direction de la Commission, partie devant la Cour. De fortes voix s’élèvent
pour transformer le système et admettre la participation directe des représentants des victimes devant la Cour interaméricaine, à l’instar de la Cour européenne.
Système africain/Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples dont la Convention est entrée en, vigueur le 25 janvier 2004 et ratifiée par 19 Etats. Selon
l’article 5.3. du protocole, “la Cour peut permettre aux individus ainsi qu’aux ONG dotées du statut d’observateur auprès de la Commission africaine d’introduire des
requêtes directement devant elle”. Cette compétence n’est que facultative car soumise à la volonté préalable de l’Etat où les violations des droits de l’Homme sont
présumées avoir été commises à savoir l’acceptation de la déclaration au titre de l’article 34.6 du Protocole autorisant une telle démarche.

Au 1er janvier 2004, parmi les 15 premiers Etats ayant ratifié le Protocole, seul le Burkina Faso a fait une déclaration au titre de l’article 34.6. Acceptant la compétence
de la Cour pour recevoir des requêtes des individus et des ONG ayant le statut d’observateur auprès de la Commission africaine.

Notons que le droit de saisir la Cour n’est pas limité aux victimes directes de la violation. Contrairement à la Cour européenne, la faculté accordée aux individus et aux
ONG de saisir la Cour africaine n’est pas limitée à la victime directe de la violation d’un droit de l’Homme. Si l’Etat responsable d’une violation a fait une déclaration au
titre de l’article 34.6 du Protocole, la Cour peut être saisie par tout individu ou par toute ONG ayant le statut d’observateur auprès de la Commission, victimes ou non
de la violation. Lorsque les requérants, victimes ou non, saisissent directement la Cour, ils acquièrent le statut de « partie » à la procédure, bénéficiant d’un rôle
prépondérant dans le procès et des garanties de représentation et de protection énoncées dans le Protocole. Elles ont le droit de se faire représenter par le conseil
juridique de leur choix (art. 10.2 du Protocole).

SECTION 1 : LES SOURCES DE LA PROTECTION DES VICTIMES EN DI

Les grands procès de 1945-46 : les victimes ne sont pas présentes ou seulement en tant que témoin. Dans les années 80 dans l’enceinte de l’ONU on commence à
parler des victimes dans les disparitions forcées et on commence donc à réfléchir à des droits pour les victimes. Certains textes ont une force contraignante énoncent
ces droits.

La Déclaration des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité et aux victimes d’abus de pouvoir, de 1985 : les victimes sont les
personnes qui individuellement ou collectivement ont subi un préjudice, notamment une atteinte à leur intégrité physique ou mentale… La déclaration confère des
droits aux victimes. Vingt ans plus tard l’Assemble Générale de l’ONU en 2005 adopte un texte important principe fondamentaux et directives. Texte non obligatoire,
reprenant la définition large de la victime de la déclaration de 1985 mais qui l’élargi aux proches de la victime direct.

Ces textes de l’ONU ne sont pas obligatoires mais ils influencent un texte important, la directive de 2012 européenne établissant des normes minimales concernant le
droit et le soutien des victimes. Texte de l’UE qui établit des normes minimales. §20 du préambule : rôle attribué aux victimes dans le système de justice pénale. Elle
élabore les critères d’après lesquels on élabore le statut des victimes :
- Est-ce que le système national prévoit que la victime est partie ou non ?
- La victime est-elle juridiquement tenue de participer à la PP ?
- La victime a-t-elle le droit de participer activement à la PP ?

La convention internationale pour la protection des personnes contre la disparition forcée : elle constitue une matrice pour envisager le droit des victimes. Victime
d’une disparition forcée c’est l’emblème de la victime au sens de la violation de ces droits indépendamment du fait qu’elle ait été atteinte dans son intégrité physique.
Au-delà de la victime directe de la disparition forcée il y a ses proches qui sont tenus dans l’ignorance de son sort. C’est pour cela que la convention de 2007 a retenu
une définition large de la notion de victime qui inclus les proches.

Elle est proche des principes de 2005. Art 24§1 de la convention : victime directe et personne physique (excluant les personnes morales) ayant subi un préjudice
direct. Influence de la CEDH sur la notion de victime dans le contentieux des disparitions forcées.

Arrêt Velasquez Rodriguez c/ Honduras : cet arrêt a posé le fait que le proche des disparus était une victime et donc recevable à former un recours.

Les jurisprudences de cette cour ont influencé les auteurs de la convention de 2007 par la reconnaissance du droit à réparation et le droit à la vérité.

SECTION 2 : LES DIFFERENTES MODALITES DE PARTICIPATION DES VICTIMES AU PROCES INTERNATIONAL

A Nuremberg, en 1945, où furent jugés certains criminels nazis, les victimes, simples témoins, ne pouvaient prétendre au droit à la réparation de leur préjudice. La
Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, les quatre Conventions de Genève de 1949 et leurs deux protocoles additionnels de
1977, prévoient qu’il y a lieu de sanctionner pénalement ceux qui violent les prescriptions mais ne prévoient pas le droit pour les victimes de provoquer des
poursuites judiciaires contre les auteurs des violations, d’intervenir dans la procédure relative à la question de la culpabilité et d’obtenir réparation.

Ce sont les conventions relatives aux droits de l’Homme, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, la Convention contre la torture
de 1984 ou encore les Principes fondamentaux et directives concernant le droit à un recours et à réparation des victimes de violations du droit international relatif aux
droits de l’Homme et du droit international humanitaire de 1999, qui ont fait progresser l’idée que les victimes ont devant les juridictions nationales et internationales
un droit individuel à l’indemnisation de leur préjudice

§1 : LES TPIY ET TPIR

Statut des victimes : que ce soit devant le TPIR ou le TPIY la victime n’était pas partie au procès. Elle avait le statut de témoin. S’agissant de l’indemnisation du
préjudice les victimes devaient s’adresser aux tribunaux nationaux.

Les rédacteurs des deux statuts se sont inspirés de la Common Law. Le but d’un procès n’est pas d’indemniser mais de juger l’auteur d’une infraction. Soit l’accusé
n’était pas retenu coupable soit il l’était et dans ce cas le greffier transmettait le jugement par lequel la personne était reconnue coupable à l’état concerné par l’affaire
(art 106 du règlement de procédure et de preuve du TPIY) à la suite de quoi la victime et ses ayant droits peut conformément à la législation nationale applicable
intenté une demande d’indemnisation devant la juridiction nationale. Les victimes pouvaient donc simplement ê témoin et bénéficier de la protection du tribunal.

Art 34 du RPP du TPIY. Cette protection des victimes et des témoins a lieu avant le procès pdt toute la phase d’enquête pour convaincre la victime de témoigner mais
aussi pdt tout le procès.

C’est intéressant d’observer les influences du droit international sur le droit interne : art du CPP introduit la possibilité pour un président de cour d’assises jugeant les
auteurs d’un crime international en France d’ordonner le huit clos et de protéger les victimes témoins.

Le bilan de ce statut des victimes nuancés :

- On reproche au système de laisser la question de la reconnaissance du statut de la victime comme témoin aux moins du procureur ou de la défense
- Le fait de renvoyer les victimes à l’état national c’est aléatoire.
§2 : LA STATUT DE LA COUR PENALE INTERNATIONALE

Lors de la Conférence de Rome en juillet 1998 portant création du Statut de la Cour pénale internationale, institution permanente à vocation universelle compétente
pour juger les personnes physiques présumées auteurs des crimes les plus graves – génocide, crime contre l’humanité, crime de guerre, les pays de tradition juridique
continentale (Civil Law), notamment la France, ont porté en avant la question de la place de la victime devant cette nouvelle instance pénale internationale entrée en
vigueur le 01 juillet 2002. Le Règlement de procédure et de preuves (RPP) et autres textes supplétifs au Statut de Rome préparés pendant les dix sessions de la
Commission préparatoire pour la CPI et adoptés lors de la première Assemblée des Etats Parties en septembre 2002 permettent non seulement une protection accrue
des victimes mais aussi leur représentation dans la procédure judiciaire et un droit à réparation. En outre il faut désormais se tourner vers le Règlement de la CPI
adopté par les 18 juges de la Cour il y a quelques mois ainsi que le Règlement du Greffe

C’est pourquoi devant la CPI lors des négociations du statut de Rome les ONG ont fait du forcing qui a porté ses fruits pour que les victimes bénéficient d’un autre
statut que celui de témoins. Cela ne veut pas dire que le statut de victime soit simple.

Le statut de Rome a consacré un statut pour la victime autre que celui de témoin. On a remplacé la conception utilitaire de la victime par une conception humanitaire.
Le texte fondateur c’est le règlement de procédure et de preuve de la cour qui non seulement permet une protection accrue des victimes : permet qu’elles soient
représentées, un droit à réparation et prévoit que les victimes ne sont pas parties à la procédure mais elles participent à la procédure.

La source d’inspiration des auteurs du statut c’est un peu de Civil Law, un peu de Common Law et bcp d’inspirations tirée du droit de l’ONU.

Définition de la victime : le statut de Rome a choisi une définition large surtout si on la confronte à la définition retenue par les TPIY et TPIR.

Qui sont les victimes ? - Contrairement à la définition étroite de la « victime » proposée par les deux Tribunaux pénaux internationaux ad hoc, la règle 85 du Règlement
de procédure et de preuve définit les victimes, comme « toute personne physique qui a subi un préjudice du fait de la commission d’un crime relevant de la
compétence de la Cour », et ajoute : « Le terme victime peut aussi s’entendre de toute organisation ou institution dont un bien consacré à la religion,
l’enseignement, aux arts, aux sciences ou à la charité, un monument historique, un hôpital ou quelque autre lieu ou objet utilisé à des fins humanitaires a subi
un dommage direct ».La victime au sens de la CPI peut être une organisation.

Cette victime a d’abord le droit d’alimenter des enquêtes. Le statut de Rome permet au procureur d’ouvrir une enquête sur la base de différentes informations
notamment sur la base d’infos reçus par des victimes individuelles ou des associations de victimes. Elles peuvent intervenir au débat dans la chambre préliminaire.
Cette possibilité est importante parce que c’est cette chambre qui décide de la compétence de la cour et de l’opportunité des poursuites.

Le droit à la protection : moins révolutionnaire puisque devant les TPI les victimes étaient protégées mais la protection est ici étoffée durant les deux périodes :
enquête et procès. Concernant la protection des victimes-témoins, la CPI est également novatrice en droit international pénal tant durant la phase de l’enquête que
durant celle de la procédure. La section de protection des témoins et victimes est chargée de donner des avis mais aussi de fournir une assistance effective, notamment
en matière de gestion des traumatismes. Ce droit à la protection ne concerne pas uniquement les victimes mais couvre aussi d’autres personnes, comme par exemple
les membres de la famille. Il est également prévu que des audiences peuvent être tenues à huis clos dans l’intérêt des victimes, ceci dans le respect du droit de l’accusé
à un procès équitable. L’identité de certains témoins peut être écartée du dossier. Soulignons que les témoins peuvent aussi introduire une demande de protection, y
compris une demande d’anonymat. Tous les organes de la CPI ont l’obligation de protéger les victimes et les témoins. « La Cour prend les mesures propres à
protéger la sécurité, le bien-être physique et psychologique, la dignité et le respect de la vie privée des victimes et des témoins (…) Le Procureur prend ces
mesures en particulier au stade de l’enquête et des poursuites ». La CPI doit ainsi élaborer des programmes à court et long terme qui permettront une protection
efficace des victimes et des témoins. Elle doit garantir leur accès à la Cour et assurer les moyens de leur coopération. A défaut, les victimes et les témoins ne pourront
contribuer aux enquêtes et aux poursuites, et les victimes ne pourront utiliser leur droit à participation et réparation. L’absence de protection telle que prévue par le
Statut de Rome saperait ainsi l’une des avancées majeures de ce texte et nuirait gravement à la crédibilité de la Cour et à l’efficacité de ses enquêtes. Dès lors, la
participation effective des victimes sera possible à deux conditions : qu’elles soient effectivement informées de leurs droits et qu’elles soient justement représentées

Le droit de notification : Les victimes, en particulier celles vivant dans des zones rurales, n’auront souvent pas connaissance de leur droit à participer. Certaines
pourraient également craindre d’apparaître devant la Cour, si elles ne connaissent pas les conditions précises de leur participation. Elles ne parleront pour la plupart
aucune des langues de la Cour et parfois ne sauront pas écrire. Chargée d’organiser la participation des victimes devant la Cour, la Section de la participation des
victimes et des réparations devra nécessairement développer un très important travail de terrain. Elle devra informer précisément les victimes de leurs droits et leur
expliquer les conséquences, les modalités et les limites de cette participation, afin d’éviter de créer de faux espoirs. Le statut de Rome consacre le droit, art 68.3 de
participer aux procédures. Article s’intitulant protection et participation au procès des victimes et des témoins. Al 3.

Participation : Le Statut de la CPI consacre le droit de participer aux procédures : (art.68.3) Plus que des témoins du Procureur, les victimes devant la CPI participent à
la procédure au fond, comme le stipule manifestement l’Article 68 du Statut intitulé « Protection et participation au procès des victimes et des témoins ». Son alinéa 3
dispose que « Lorsque les intérêts personnels des victimes sont concernés, la Cour permet que leurs vues et préoccupations soient exposées et examinées, à des stades
de la procédure qu’elle estime appropriés et d’une manière qui n’est ni préjudiciable ni contraire aux droits de la défense et aux exigences d’un procès équitable et
impartial. Ces vues et préoccupations peuvent être exposées par les représentants légaux des victimes lorsque la Cour l’estime approprié, conformément au Règlement
de procédure et de preuve ».

Cependant la participation des victimes ne sera efficace qu’à deux conditions : que les victimes soient suffisamment informées de leur droit de participer et
qu’elles soient représentées de manière adéquate. La section sur la participation et la réparation des victimes au sein du Greffe est chargée d’élaborer et de mettre en
œuvre des campagnes publiques d’information et de réparation et d’organiser la représentation des victimes. Cette Unité a produit un formulaire standard afin qu’il
soit plus aisé pour les victimes de remplir leur demande de participation et a rédigé une brochure d’information à leur attention. Les attentes sont cependant très
grandes et les contraintes nombreuses. Peu de victimes du nord de l’Ouganda ou de la région de l’Ituri ont connaissance de la CPI et de leur droit de participer. Peu
auront accès au formulaire standard de candidature ou seront en mesure de le remplir. Or, si une collaboration doit être établie entre la CPI et les ONG nationales et
internationales afin de faciliter la transmission de ce type de documents, il n’est pas raisonnable de se reposer uniquement sur la société civile dont les représentants,
par leur engagement sur le terrain, risquent souvent les mêmes types de représailles que les victimes souhaitant participer.

La représentation des victimes : Pour faciliter leur participation, les victimes sont libres de choisir un représentant de leur choix. Lorsque les victimes sont
nombreuses, la chambre concernée peut leur demander de choisir un représentant légal commun. Le greffier peut leur communiquer une liste de représentants légaux
et aider les victimes à en choisir un en prenant leurs intérêts en compte. Les victimes peuvent également recevoir une assistance financière du Greffe. La Chambre
décidera des modalités d’une telle représentation légale.

La Cour a créé le Bureau de Conseil public pour les victimes, composé d’avocats « internes », disponibles dès la première phase, principalement chargés d’assister les
représentants légaux, mais aussi de représenter les victimes sur certaines questions spécifiques.
Le représentant légal des victimes garantira souvent exclusivement leur participation aux procédures. Si les victimes sont nombreuses, la Chambre pourra leur
demander de choisir un représentant commun.
Au terme de la règle 90.5 du Règlement de procédure et de preuve, les victimes peuvent recevoir une assistance financière du Greffe si elles n’ont pas les moyens
de rémunérer leur représentant légal commun désigné par lui.
Les victimes peuvent décider de ne pas etre représenté. Cela ne se produit jamais. Elles sont libres de choisir leur représentant.
Art 81-10 RPP. Elles peuvent se reporter à une liste de représentants agréés par le greffe.
Les victimes disposent d’un dernier droit le droit à réparation. Ce n’est pas la cour qui se prononce directement mais le fond d’indemnisation.

Réparation – Contrairement aux tribunaux ad hoc, la Statut de la CPI et le RPP prévoient un véritable système de réparation pour les victimes. L’article 75.2 du Statut
stipule que « la Cour peut rendre contre une personne condamnée une ordonnance indiquant la réparation qu’il convient d’accorder aux victimes ou à leurs ayants
droit. Cette réparation peut prendre notamment la forme de la restitution, de l’indemnisation ou de la réhabilitation ». « Le cas échéant, la Cour peut décider que
l’indemnité accordée à titre de réparation est versée par l’intermédiaire du Fonds visé à l’article 79 ». La Cour peut donc elle-même estimer le dommage à réparer, sans
même qu’une demande spécifique soit formulée.

Le Fonds aura un double rôle : il sera d’abord un instrument à la disposition de la CPI pour exécuter les ordonnances de réparation et les mesures de confiscation et
d’amendes décidées par la Cour. Le Fonds utilisera ensuite, de manière autonome, ses propres ressources versées par l’Assemblée des Etats Parties (ASP) mais aussi les
ressources provenant des contributions volontaires des pays, des organisations internationales, non-gouvernementales et des particuliers. A l’image d’autres Fonds
comme celui des Nations unies pour les victimes de torture et par souci d’économie, il a été décidé de confier au Greffe le Secrétariat du Fonds et à un organe
subsidiaire placé sous la responsabilité de l’ASP (le Conseil de direction) la gestion du Fonds.
Conclusion : Le Statut de la CPI distingue donc bien le statut de victime de celui de témoin. Les victimes deviennent des acteurs, des sujets de droit de la justice pénale
internationale. Cette évolution juridique est essentielle pour la crédibilité de la CPI. Si l’établissement des responsabilités intéresse la communauté internationale, la
justice doit être rendue pour le bien des victimes. L’expression de leurs préoccupations et de leurs attentes doit contribuer à façonner une justice internationale plus
étroitement connectée aux terrains qu’elle explorera et mieux acceptée par ceux qui auront souffert des crimes dont elle connaîtra.

§3 : LES CHAMBRES AFRICAINES EXTRAORDINAIRES (CETC)

Ces juridictions hybrides ont fait le choix d’un statut plus protecteur de la victime puisqu’elle peut se constituer partie civile sur le modèle français (art 85 CPP). C’est
logique parce que ce sont des juridictions hybrides dont le droit applicable est le droit interne du pays.

Être parti c’est avoir plus de droits que de participer au procès. C’est pouvoir etre assister d’un avocat mais aussi le droit d’accéder au dossier, et le droit de demander
au juge d’instruction de faire respecter les délais. Devant la CETC la définition de la victime est large « toute personne physique ou moral ayant subi un préjudice
causé par le crime ». Concrètement comment se passe cette participation d’une intensité particulière ? soit les victimes portent plainte auprès des co-procureurs et
ceux-ci prennent en compte ce qu’elles ont dit au moment où elles engagent les poursuites mais on a le principe d’opportunité des poursuites (il peut décider de
poursuivre ou non), soit elles peuvent se constituer partie civile auprès des co-juges d’instruction si elles ont subi un préjudice corporel matériel ou moral résultant de
l’un des crimes visé par l’enquête. Elles pourront demander réparation individuelle ou collective. Et une section d’appui aux victimes, les aide.

Les spécialistes de la question estiment que le procès pour condamnation n’aurait jamais pu se tenir comme il s’est tenu (c’est à dire dans le délai bref),de l’ancien
président tchadien Hissène Habré donne raison à la persistance des victimes à obtenir justice et à lutter contre l’impunité en Afrique

L'article 17 du statut de Rome (créant la Cour pénale internationale) parle du principe de complémentarité, il implique cette possibilité : que les Africains soient jugés
par les Africains eux-mêmes. C'est aux Etats de prendre leurs responsabilités. La CPI ne doit entrer en compte que si les Etats africains eux-mêmes sont incapables de le
faire. Il est donc préférable que les Africains jugent les Africains, cela montre aussi que nous prenons nos responsabilités, et que nous sommes en mesure de
poursuivre ces crimes contre l'humanité.

L’affaire de Hissène Habré condamnation le 27 avril 2017, par les Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises :

Le procès de Hissène Habré, qui avait débuté le 20 juillet 2015, a été le premier lors duquel les juridictions d’un État ont jugé le dirigeant d’un autre État pour des
allégations de violations des droits humains. Il s’est aussi agi du premier recours au principe de la compétence universelle ayant abouti à un procès en Afrique. La
compétence universelle est un concept de droit international qui permet à des tribunaux nationaux de poursuivre l’auteur présumé de crimes particulièrement graves
commis à l’étranger, quelle que soit sa nationalité ou celle des victimes.

Habré a fui au Sénégal en 1990 après avoir été renversé par le président tchadien Idriss Déby Itno. En dépit de son arrestation puis de sa première condamnation au
Sénégal en 2000, il a fallu que ses victimes se lancent dans une longue campagne pour que les Chambres africaines extraordinaires soient inaugurées en février 2013
pour juger des crimes internationaux commis au Tchad sous le règne de Habré.

Le régime à parti unique de Hissène Habré (1982-1990) a été marqué par des atrocités massives et généralisées, dont des répressions ethniques ciblées. Les documents
de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), retrouvés par Human Rights Watch en 2001, ont révélé les noms de 1 208 personnes exécutées ou décédées
en détention, et de 12 321 victimes de violations des droits humains.

Human Rights Watch a largement documenté la responsabilité du gouvernement Habré dans de nombreux assassinats politiques, le recours systématique à la torture et
des milliers d’arrestations arbitraires. Avec des groupes de victimes et des militants des droits humains du Tchad, Human Rights Watch a œuvré pendant plus de 15
ans à promouvoir la justice pour ces crimes. La décision des Chambres africaines extraordinaires du 27 avril marque l’aboutissement de ces efforts.
BILAN :

On est plus sévère vis-à-vis de la justice pénale international que des juridictions internes. C’est difficile de faire le bilan de la participation des
victimes et de la satisfaction des victimes devant les juridictions internationales puisque le statut n’est pas le même. Quand on dit bilan on parle des
victimes mais prend-on les autres acteurs de la procédure (procureur ou juge) ?

D’un côté il est clair et incontestable que les victimes ont gagné en visibilité dans les procès pénaux internationaux puisque d’invisible elles sont
devenus visibles, qu’elles soient parties ou qu’elles participent.

Devant la CPI on constate qu’elles avaient beau avoir le droit de participer, le système est grippé. A la conférence de révision du statut de Rome en
2010 une résolution a été adopté concernant l’impact du système de la CPI sur les victimes et les communautés affectées. La résolution constate qu’il
est fondamental pour une bonne justice pénale internationale que l’on améliore le droit des victimes notamment par la reconnaissance d’un égal accès
à la justice (protection soutien et information, et réparation). On a remonté des difficultés concernant l’information et la représentation.

 Information : le probleme se pose en raison de l’art 15§3 du statut de Rome. Lorsque le procureur envisage de demander l’ouverture d’une
enquête à la ch préliminaire il a l’obligation d’informer les victimes et tout se tient parce que les victimes ont le droit d’exposer leur vus
devant la ch préliminaire. Le texte dit y compris en utilisant des moyens de diffusion générale sur le lieu considéré. Or lorsque le procureur
est saisi par un état parti ou par le conseil de sécurité, il peut décider de l’ouverture d’une enquête sans passer par le chapitre préliminaire.
La procédure d’information des victimes est donc réduite à une petite portion.
 Représentation légale des victimes : difficile aux victimes de se défendre seules. La question qui se pose est celle du nbre des victimes et
donc de la possibilité pour la cour de nommer des représentants légaux communs et sur la base de quel critère.

Devant les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) on a la même chose. Le fait qu’une juridiction reconnaisse la
constitution de partie civile ce n’est pas qq chose d’extraordinaire. En 2010 les CETC se voyant coincées par le nombre de victimes elles adoptent un
règlement opérant une distinction entre le statut des partie civile pdt l’enquête et pdt le procès. En instruction les victimes sont considérées
individuellement mais lorsqu’elles arrivent dans la phase du procès elles ne forment qu’un grand groupe représentés par un co-avocat. Il y a des
avocats principaux et les avocats qui les assistent.

Le 16 novembre 2018, les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) ont rendu leur second verdict à l’encontre des anciens
dirigeants khmers rouges Nuon Chea et Khieu Samphan, tous deux reconnus coupables de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre,
perpétrés entre 1975 et 1979. Les CETC les ont tous deux condamnés à une peine de prison à vie. La FIDH salue ce jugement historique qui, pour la
première fois, punit les auteurs des crimes de mariage forcé et de viol commis dans le contexte des mariages forcés, et qualifie ces crimes de crimes
contre l’humanité.

L’un des points majeurs de friction reste la participation des victimes en tant que partie civile, notion inconnue en « Common law ». Alors que dans le
droit anglo-saxon, les victimes ne peuvent être entendues que comme témoins et doivent se contenter de répondre aux questions que leur posent la
défense et l’accusation, les parties civiles peuvent ici « participer en soutien à l'accusation aux poursuites des personnes responsables d'un crime
relevant de la compétence des CETC et (…) de demander réparations collectives et morales. » Toutefois, outre les défenseurs des accusés
dénonçant cette implication qui pourrait affecter le droit de leurs clients à un procès juste et équitable, le problème est également que le nombre
important des victimes qui peuvent se porter partie civile peut faire craindre d’entraver voire d’interrompre le bon déroulement des procès. Ainsi, dès
le premier procès, l’accusé et la défense se sont plaints du manque de concertation entre le procureur et les différentes parties civiles qui posaient les
mêmes questions à plusieurs reprises à quelques jours d’intervalle.
SEMAINE 11. REGIME DE LA PEINE

La plupart des accusés vont être condamnés bien qu’il arrive parfois qu’il y ait des acquittements : 4 à Nuremberg, 20 TPIY, 8 TPIR, et la CPI
dernièrement a acquitté BEMBA. Mais problème actuelle avec le DIP, avec l’exemple du Rwanda, des juges mais acquitté ont été refusé dans leur
propre pays.

La finalité de la peine : Les premières fonctions sont la sanction, et la réprobations sociales vis à vis du comportement que le condamné a pu avoir.
Cette fonction rétributive de châtiment, c’est aussi éviter la vengeance privée. La peine peut également avoir une fonction dissuasive. En infligeant
une peine à un individu, on stigmatise son comportement. Plus le châtiment est exemplaire, moins d’éventuel criminel pourrait être tenté de passer à
l’acte.

Dans les années 2000, au niveau du DIP, il y a deux autres idées qui se développe :

 La peine pourrait avoir pour objectif, l’amendement du condamné. Pendant sa peine d’emprisonnement, il pourra réfléchir, faire part de
remords etc..
 La fonction de réinsertion. Celle-ci est indissociable de la paix. La justice permet une réconciliation nationale.

Toutes ces finalités sont toujours valables. Elles ont été réitérées au cours du jugement KATANGA 2014

SECTION I: LA CLASSIFICATION DES PEINES

On ne regarde ici que les conséquences pénales. Il existe trois catégories.

La peine de mort :

C’est la peine la plus anciennement utilisée à l’échelle internationale. Nuremberg 12 condamnés à mort, 7 à Tokyo. Toutefois, dans la deuxième
partie du 20e siècle, la communauté internationale a progressivement banni la peine de mort, comme peine valide vis à vis des criminels. Donc ce
mouvement d’abolition de la peine de mort, a eu des conséquences au niveau international. Lorsqu’il a fallu déterminer quelles peines pouvaient être
appliquées lors du TPIY; la peine de mort a très vite été écartée.

L’emprisonnement :

La question qui se pose ici est la durée. Une grille de peine préétablie ?

Recours à la grille générale des peines d’emprisonnement appliquée par les tribunaux nationaux, art 34 Statut TPIY. L’idée ici est que le TPIY doit se
référer aux peines applicables selon le droit yougoslave. Problèmes, en pratiques ils ont dû créer leurs propres durées d’emprisonnement. Et au
niveau des TPI on a une très grande majorité des peines entre 10 et 20, et quelques perpétuités.

On observe également qu’il n’y a aucune harmonisation. Quand bien même on individualise la peine, on peut rencontrer des faits très proches qui
devraient être punie de manière similaire.

Art 77 pour la CPI, cela va donner une indication sur le type de peine que la Cour peut prononcer; mais elle demeure extrêmement vague.
Dans cet art la CPI peut prononcer une peine d’emprisonnement de 30 ans au plus, ou perpétuité si l’extrême gravité du crime et la situation
personnelle de l’accusé le justifie. Tout d’abord cet art fixe presque une peine plafond. Mais malgré celle-ci, on accepte la perpétuité, mais sous
condition.

Les peines accessoires: Il va y avoir certaines peines qui vont atteindre le patrimoine du coupable. Cependant ce n’est pas en rapport avec la notion
de réparation. Il peut y avoir la saisie, la confiscation des biens. Cette possibilité figurait dans le Statut de Nuremberg, et figure toujours aujourd’hui
dans le Statut de la CPI. Cela suppose tout d’abord que la Cour ait été capable d’identifier des biens, et que cette confiscation sera utile au moment
des réparations. Il y a donc un lien très fort, ici, entre les conséquences civiles et les conséquences pénales de la culpabilité. Aujourd’hui, il y a un
accusé auquel on cherche à confisquer des biens. Hongo.

La CPI peut également prononcer des amendes pécuniaires. Avant, à l’époque des TPI il n’y avait qu’une fonction pénale. Ainsi on remarque que la
peine de mort a été abolie, dans le sens du développement des droits de l’homme. Cette disparition contribue à l’idée que le DIP ne doit pas servir à se
venger. Devant la CPI, le prononcé de la peine fait l’objet d’une décision autonome. La Cour prononce d’abord le verdict, et quelques mois plus tard
prononce la sentence.

SECTION 2: LES CARACTERES DE LA PEINE

Ce qui est important ici, c’est que, dans la continuité des finalités, c’est qu’on va de plus en plus vers le respect des droits de la défense et de la
personne humaine que reste le coupable. La procédure pénale doit respecter les principes de l’Etat de droit: la légalité, la proportionnalité et
l’individualisation sont les trois règles impératives.

La légalité de la peine:

Nulla pena sine lege. Fait écho évident à nullam crimen sine lege. L’idée est de lutter contre l’arbitraire et garantir une sécurité juridique. Tout en
garantissant les droits de l’accusé. Le problème ici est que les statuts n’établissent aucune fourchette des peines. AFFAIRE MUCIC, la Cour laisse
l’individu ici avec sa seule conscience.

Affaire KUNARAC, cette fois la chambre de première instance va avoir une autre stratégie. Puisqu’il n’y a pas de texte, elle ne va pas essayer de
justifier l’injustifiable. Mais elle s’attaque au principe même. Le principe de légalité n’exige pas que la loi prévoie une sanction précise pour chaque
infraction. Les législations internes d’ailleurs ne prévoient pas des peines pour chaque infraction. Autrement dit, ici le principe de légalité est pris
dans son acception la plus étroite possible.

SUPRA, les deux condamnés ont été condamnés à 15 ans de prison. Donc le principe de légalité ne pose pas autant de problème. La question
aujourd’hui est de savoir si 14 ans de prison n’est pas trop faible par rapport au crime de guerre.

La proportionnalité :

Il y a deux sens à cette exigence. Tout d’abord, il faut que la peine soit proportionnelle à la gravité de l’infraction. Ensuite, il faut que la peine inflige
au condamné une « souffrance » promotionnelle à la gravité et à la souffrance que lui-même a pu causer. Dans le second sens, on va parler du
caractère afflictif de la peine. Le principe de proportionnalité ne porte que sur les faits. On parle de gravité factuelle des crimes, et pas la gravité
juridique.

Autre élément, la proportionnalité s’établit vraiment par rapport à l’acte du coupable. Il ne faut comparer la situation de l’accusé avec d’autres
accusés. La proportionnalité est intuitu personae. Dans l’affaire KATANGA, les juges ont prononcés un élément totalement inédit. Qui aurait vocation à
faire jurisprudence. Il va y avoir une distinction entres les atteintes aux biens et les atteintes aux personnes. Les juges vont décider que la
proportionnalité doit prendre en compte l’objet du crime. Si ça porte sur des biens, la peine sera moins sévère que si le crime porte sur des personnes

L’individualisation :

Cela signifie que la sentence doit être adaptée à la situation personnelle de l’accusé.

On tient compte des circonstances qui entourent la personne de l’accusé. A ce titre il faut distinguer les circonstances aggravantes et les
circonstances atténuantes (attention à ne pas confondre avec les causes d’exonération). On va tenir compte par exemple de la coopération de
l’accusé (plaidé coupable, rendu etc...). On va également tenir compte de la situation personnelle de l’accusé (âge, formation, profession...). De
plus les efforts de réconciliation à l’intérieur du pays (participations aux accords de paix par exemple.

Conclusion: Outre la légalité, ces trois principes sont bien respectés par la CPI

SECTION 3: L’EXECUTION DE LA PEINE

A Nuremberg et à Tokyo. A Nuremberg, tous les condamnés à la prison on était enfermé à Berlin.

Dans une prison gérée par les 4 puissances occupantes de l’Allemagne.

Pour les condamnés du Tribunal de Tokyo, ils ont été enfermés dans une prison gérée par les américains. Mais à partir de 1952 la gestion de la prison
a été transférée aux japonais.

Pour les TPI, le principe est que les condamnés ne peuvent pas purger leur peine dans l’Etat où leur crime ont eu lieu. Pour le TPIY et TPIR, les
condamnés ont purgés leur peine dans des pays volontaire.

Pour la CPI, art 103s du Statut régi l’exécution de la peine. Elle envisage que ce sera plutôt un pays tiers qui accueillera le condamné pour sa peine,
mais dans le même temps le Statut n’exclut pas que l’Etat où les crimes ont eu lieux puisse servir d’endroit d’exécution

La pre-condition : Consiste en le double consentement. Pour qu’un Etat puisse recevoir un coupable de la CPI. Il doit donner deux fois son
consentement. D’abord il conclut un accord avec la CPI par lequel il accepte de manière très générale de recevoir dans ses prisons un condamnée de la
CPI (consentement a priori), aujourd’hui Belgique, Mali, Autriche Serbi etc.. Le second accord est que l’Etat, dans le cas d’un condamné spécifique,
accepte d’accueillir CE condamné là dans ses prisons.

La procédure de désignation : Il y a une énorme évolution des conditions de désignation par rapport aux TPI. Antérieurement, le président du
tribunal choisissait plus ou moins arbitrairement le pays qui allait le recevoir. Mais sous les TPI les présidents ne prenaient absolument pas en
compte la situation du condamné. Par exemple Charles Taylor, TSSL purge sa peine à Londres

Il va aujourd’hui être demandé à l’accusé l’Etat où il préférerait aller, en donnant des justifications. On va également tenir compte de sa nationalité,
des circonstances du crimes. Avec tout cela, les juges de la CPI vont aller consulter les Etats. Si jamais aucun Etat ne l’acceptait, il purgerait sa peine
aux Pays-Bas. C’est l’une des dispositions de l’accord de siège.

En cours d’incarcération, la CPI peut décider de changer le lieu d’incarcération, soit à la demande de l’accusé, soit à la demande de l’Etat. Il faut
savoir que tout Etat qui accepte de recevoir un condamné de la CPI doit accepter les conditions internationales d’incarcération, et les visites surprises
de la Croix rouge.
Katanga et Lubanga sont les seuls dont on a déjà le lieu d’incarcération: leur pays d’origine, mais qui est aussi le pays où ils ont commis les
crimes (totalement inédit). Les conditions de détention sont bien surveillant. Mais les niveaux d’exigences ne sont pas les mêmes selon les lieux.
Mais il y a une double exigence : il ne faut pas un traitement différents de celui des autres personnes incarcérées dans la prison. Concernant la
libération anticipée. Lubanga en a demandé une, refusée. Elles doivent être formulées devant la CPI. Ce n’est qu’exceptionnellement que l’Etat
d’incarcération peut se prononcer.

En revanche KATANGA a obtenu une réduction de peine; parce qu’il n’a pas interjeté appel, il a accepté sa culpabilité. Une fois que la peine a
été purgée. Que devient le coupable?

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