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ÉNERGIES

Ti302 - Réseaux électriques et applications

Réseaux électriques de transport


et de répartition

Réf. Internet : 42263

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Réseaux électriques et applications
(Réf. Internet ti302)
composé de  :

Généralités sur les réseaux électriques Réf. Internet : 42261

Réseaux électriques de transport et de répartition Réf. Internet : 42263

Réseaux électriques de distribution publique Réf. Internet : 42264

Réseaux électriques industriels et tertiaires Réf. Internet : 42265

Problématiques communes des réseaux électriques : du Réf. Internet : 42266

fonctionnement au comptage

Problématiques communes des réseaux électriques : Réf. Internet : 42267

ingénierie

Applications électromécaniques Réf. Internet : 42268

Électrothermie industrielle Réf. Internet : 42270

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Réseaux électriques et applications
(Réf. Internet ti302)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Alain DOULET
Directeur Prospective à la Direction Réseau et patrimoine d'ERDF, Ancien
Directeur réseau d'ERDF (EDF Réseau Distribution)

Jean-Paul HORSON
Ingénieur de l'Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs Electriciens de
Grenoble, Ancien Attaché auprès du Directeur technique Electricité d'EDF-
Distribution

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

René BLANC Denis DUFOURNET Michel PAVARD


Pour l’article : D4572 Pour les articles : D4690 – Pour les articles : D4091 – D4092
D4692 – D4694 – D4696
Jean BONAL Yves PELENC
Pour l’article : D4030 Franck-Yves DUPRIEZ Pour l’article : D4700
Pour l’article : D4576
Pierre BORNARD Yann REBOURS
Pour les articles : D4091 – Michel JEROSOLIMSKI Pour l’article : D4095
D4092 – D4080 Pour l’article : D4120
Daniel SOUQUE
Benoît CALMET Eric JONCQUEL Pour l’article : D4096
Pour l’article : D4800 Pour les articles : D4761 – D4762
Stefan STERPU
Jean-Luc CHANELIERE Juliette KAUV Pour l’article : D4095
Pour les articles : D4801 – Pour l’article : D4030
D4802 – D4803 – D4804 Marc STUBBE
Hervé LAFFAYE Pour l’article : D4120
Laurent CHATONNET Pour l’article : D4085
Pour l’article : D4096 Jean-Pierre TAILLEBOIS
Charle LEBREVELEC Pour l’article : D4590
Jean-Pierre CLERFEUILLE Pour l’article : D4807
Pour l’article : D4807 Jean-Michel TESSERON
Bruno MEYER Pour l’article : D4085
Michel COULON Pour l’article : D4120
Pour l’article : D4085 Georges TESTUD
Yves MIGNARD Pour les articles : D4091 – D4092
Jean-Yves DELABRE Pour l’article : D4591
Pour l’article : D4085 Marc VIRLOGEUX
Étienne MONNOT Pour l’article : D4850
Jean-Pierre DELON Pour les articles : D4095 – D4096
Pour l’article : D4575 Sébastien VITET
Pierre ODRU Pour l’article : D4807
Louis DEVATINE Pour l’article : D4030
Pour l’article : D4570

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VI
Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)

SOMMAIRE

1– Les grands choix techniques et politiques Réf. Internet page

Stockage inertiel de l'énergie D4030 11

Gestion des interconnexions électriques en Europe D4085 17

Réglage de la fréquence dans un environnement libéralisé : pratique en France D4095 21

Réglage de tension. Rôles, obligations et organisation du producteur pour les besoins D4096 25
du système électrique en France

2– Le fonctionnement des réseaux, protections et Réf. Internet page

automatismes
Réseaux d'interconnexion et de transport  : fonctionnement D4091 31

Réseaux d'interconnexion et de transport  : réglages et stabilité D4092 35

Protection des réseaux de transport et de répartition : présentation D4800 39

Protection des réseaux de transport et de répartition contre les courts-circuits et les D4801 43
défauts d'isolement
Protection des lignes et des câbles de transport et de répartition D4802 47

Protection des barres et des transformateurs. Apport des techniques numériques D4803 51

Réseaux de transport et de répartititon. Systèmes et plans de protection D4804 55

Plan de défense des réseaux contre les incidents majeurs D4807 57

3– L'exploitation et la conduite des ouvrages Réf. Internet page

Outils de simulation dynamique des réseaux électriques D4120 63

Conduite d'un système de production-transport D4080 69

Systèmes de téléconduite des postes électriques D4850 73

4– Ingénierie des réseaux Réf. Internet page

Postes à haute et très haute tensions. Rôle et structure D4570 79

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VII
Postes à haute et très haute tensions. Dispositions constructives D4572 83

Postes à haute et très haute tensions. Construction et équipements D4575 89

Postes à haute et très haute tensions. Installations de conduite et de contrôle D4576 95

Postes à haute et très haute tensions. Postes sous enveloppe métallique (PSEM) D4590 99

Postes intérieurs modulaires à haute et très haute tensions D4591 103

Appareillage électrique d'interruption HT (partie 1) D4690 105

Appareillage électrique d'interruption HT (partie 2) D4692 109

Appareillage électrique d'interruption HT (partie 3) D4694 115

Appareillage électrique d'interruption HT. Annexes D4696 121

Interruption des circuits alimentés en courant continu D4700 125

Transport d'énergie en courant continu à haute tension D4761 129

Fonctionnement des liaisons à courant continu haute tension D4762 133

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Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)


1– Les grands choix techniques et politiques Réf. Internet page

Stockage inertiel de l'énergie D4030 11

Gestion des interconnexions électriques en Europe D4085 17

Réglage de la fréquence dans un environnement libéralisé : pratique en France D4095 21

Réglage de tension. Rôles, obligations et organisation du producteur pour les besoins D4096 25
du système électrique en France

2– Le fonctionnement des réseaux, protections et


automatismes

3– L'exploitation et la conduite des ouvrages

4– Ingénierie des réseaux

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QP
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dTPSP

Stockage inertiel de l’énergie

par Juliette KAUV


Docteur ès sciences

Ingénieur de recherche à l’Institut français des sciences et technologies des transports,
de l’aménagement et des réseaux IFSTTAR
Jean BONAL
Ingénieur ESE
Docteur ingénieur
Chargé de cours à l’École Spéciale des Travaux Publics ESTP
et Pierre ODRU
Ingénieur de recherche principal
IFP Énergies nouvelles

1. Composants de stockage d’énergie électrique : D 4 030v2 - 3


volant d’inertie ..........................................................................................
1.1 Comparaison des caractéristiques des composants de stockage ........... — 3
1.2 Principe physique d’un volant d’inertie ..................................................... — 3
2. Volant d’inertie ......................................................................................... — 4
2.1 Considération sur les matériaux ................................................................. — 4
2.2 Équation différentielle de base d’un disque en rotation........................... — 4
2.3 Résolution en matériaux homogènes ........................................................ — 5
2.4 Résolution en matériaux anisotropes ........................................................ — 5
2.5 Autres éléments de dimensionnement ...................................................... — 7
2.6 Principe de fabrication d’un volant composite .......................................... — 7
2.7 Périodes propres de vibration..................................................................... — 7
2.8 Paliers............................................................................................................ — 7
3. Système inertiel de stockage d’énergie SISE................................... — 8
3.1 Constitution d’un SISE................................................................................. — 8
3.2 Problèmes de thermique, du vide et de l’autodécharge........................... — 10
3.3 Sécurité d’un SISE ....................................................................................... — 12
3.4 Comment se caractérise un SISE................................................................ — 12
3.5 Remarques générales sur les SISE et la mesure de leur performance ... — 12
4. Applications des volants d’inertie (SISE) .......................................... — 12
4.1 Applications stationnaires ........................................................................... — 12
4.2 Applications embarquées............................................................................ — 14
4.3 Coût et comparaison avec les autres composants de stockage d’énergie — 18
5. Conclusions générales ............................................................................ — 19
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 030v2

n ce début de millénaire, les énergies fossiles représentent 80 % de la


E consommation énergétique mondiale, mais force est de constater que les
besoins énergétiques de l’humanité ne pourront être satisfaits à l’avenir
uniquement par ces énergies qui ont été stockées au cours des ères géolo-
giques antérieures dans les couches superficielles de notre planète.
Le stockage de l’énergie à travers l’utilisation de combustibles fossiles est
aisé. Il n’en est pas de même avec l’électricité, appelée à jouer un rôle de plus
en plus important en substitution, qui ne se stocke pas directement, mais qui
doit passer à travers des transformations réversibles (potentiel gravitaire,
électrochimique, cinétique...).
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQR

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. D 4 030v2 – 1

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STOCKAGE INERTIEL DE L’ÉNERGIE _____________________________________________________________________________________________________

Dans le futur, la fonction stockage deviendrait elle-même une source


« dynamique » de puissance en ce sens qu’elle devrait être capable de fournir
et d’accepter les pointes de puissance transitoires demandées par les charges
utilisatrices. La source « principale », quant à elle, se limitant à fournir la puis-
sance moyenne appelée par ces charges.
Un tel découplage permettrait de réduire la puissance de dimensionnement


de la source principale, ce qui devrait conduire à des gains en termes d’inves-
tissement, de matière première et de coûts d’exploitation et à des gains au
niveau du rendement global des divers systèmes énergétiques. De telles
évolutions seraient déjà en germe aux niveaux des engins de transport
(voitures hybrides – réseau de transport en commun...) et des réseaux de dis-
tribution en énergie électrique ou thermique.
Le challenge présentement proposé aux chercheurs et aux ingénieurs réside
dans la mise au point de solutions de stockage adaptées aux demandes variées
des divers secteurs économiques (transports, habitats, industries...).
Le stockage de l’énergie peut répondre à plusieurs problématiques :
– il peut compenser une insuffisance due à un écart entre l’offre et la
demande, ou à un déphasage entre la production et la consommation
d’énergie ; c’est notamment le cas lorsque l’on utilise des énergies renouvela-
bles photovoltaïque ou éolienne. La taille de l’élément de stockage doit être
adaptée en fonction des paramètres de la source et du consommateur ;
– il peut pallier une interruption accidentelle de la fourniture d’énergie ; c’est
le cas notamment dans les applications alimentations de sécurité où la rupture
de la chaîne énergétique ne peut être tolérée sous peine de dégâts irrépara-
bles, par exemple, des salles d’opérations, des salles de commande de certains
process industriels ou de centres de décisions stratégiques ;
– il peut conduire à une baisse de la consommation énergétique dans toutes
les applications de type cyclique où il est nécessaire de dépenser de l’énergie
pour mettre des véhicules en mouvement et où une partie de cette énergie
peut être récupérée dans la phase de décélération du véhicule.
Dans ce dossier, nous présentons un composant de stockage d’énergie élec-
trique, le volant d’inertie, qui est un dispositif symétrique tournant autour d’un
axe de révolution, ayant le plus souvent une forme discoïdale ou cylindrique,
capable de stocker et de restituer de l’énergie sous forme d’énergie cinétique.
Le fait que des masses tournantes puissent emmagasiner et restituer de
l’énergie a été observé et utilisé par les artisans potiers de Mésopotamie il y a
environ 5 500 ans. Le premier brevet sur le volant d’inertie déposé par Louis
Guillaume Perreaux de l’Orne datait du 26 décembre 1868. Ce dispositif per-
mettait d’accumuler de l’énergie dans le but de lisser un mouvement de
rotation, il était utilisé plus tard pour le vélocipède à vapeur.
Nous décrivons un volant d’inertie en partant de son principe physique et
traitons ensuite la façon de concevoir un système inertiel de stockage
d’énergie électrique. Nous abordons également les aspects de son dimension-
nement, le choix des matériaux utilisés et les différents constituants pour sa
fabrication. Nous terminons par des exemples d’utilisations des volants
d’inertie dans les domaines des applications stationnaires et embarquées.

Notations Notations
E Pa module d’Young ε allongement relatif

r m rayon du disque ν coefficient de Poisson

ω rad/s vitesse de rotation ρ kg · m–3 masse volumique

u m déplacement Indices
r : direction radiale
σ Pa contrainte t : direction circonférentielle

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D 4 030v2 − 2 est strictement interdite. − © Editions T.I.

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_____________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE INERTIEL DE L’ÉNERGIE

1. Composants de stockage

Énergie spécifique (Wh/kg)


d’énergie électrique :
volant d’inertie 1 000
10 000 s 1 000 s
100 s
100 Li-Ion


NiCd
1.1 Comparaison des caractéristiques
10 s
des composants de stockage 10 Pb
Volant d’inertie
Le diagramme de Ragone représenté figure 1 [53] permet de Capacité double couche 1s
situer les composants de stockage d’énergie électrique les uns par 1
rapport aux autres, en termes de densité d’énergie spécifique et de
Supercondensateur 0,1 s
densité de puissance spécifique. Il apparaît que le supercondensa-
teur est bien adapté pour fonctionner en régime impulsionnel 0,1
(forte à très forte puissance pendant des temps très courts d’où
une énergie relativement faible).
0,01
10 100 1 000 10 000

Par définition, la densité massique, ou énergie spécifique, est Puissance spécifique (W/kg)
une des caractéristiques importantes d’un accumulateur ; elle
correspond à la quantité d’énergie (Wh/kg) qu’il peut restituer Les temps indiqués sont les temps de charge/décharge
par rapport à sa masse.
On peut utiliser aussi la densité volumique, ou densité Figure 1 – Diagramme de Ragone [53]
d'énergie qui correspond à la quantité d’énergie (Wh/m3) qu’il
peut restituer par rapport à son volume.
La puissance massique, ou puissance spécifique, correspond Tableau 1 – Choix potentiels
à la puissance rapportée à la masse de l’accumulateur, et des différents composants de stockage d’énergie
s’exprime en Watt par kilogramme (W/kg). électrique selon la durée du cycle
et les applications visées [8]

Le volant d’inertie est un composant intermédiaire entre les Technologies


Durée de cycle Applications
capacités diélectriques et les batteries électrochimiques. Il a des utilisées
performances en énergie et en puissance comparables aux super- Filtrage
condensateurs. Jusqu’à quelques Condensateurs
d’harmoniques
centaines de ms films et papier
Il est important de rappeler que la comparaison des systèmes de sur le réseau
stockage d’énergie doit prendre en compte des paramètres
Super-
suivants : temps de recharge du composant, sa durée de vie ou le Compensation des
condensateurs
nombre de cycles maximal pour une profondeur de décharge creux de tension
De quelques ms à Volants d’inertie
optimale sans dégradation prématurée du composant, et surtout et des coupures
quelques minutes Batteries à forte
du type d’application visée. de courant
puissance
de courte durée
spécifique
Le temps de recharge des supercondensateurs est inférieur à
30 s et ils peuvent admettre des centaines de milliers de cycles de Écrêtage
charge-décharge. De quelques des pointes
Batteries
dizaines de puissance
Le temps de recharge des volants d’inertie est compris entre 80 électrochimiques
de minutes demandées
et 120 s et ils admettent un nombre de cycles de plusieurs millions, Volants d’inertie
à quelques heures au réseau (lissage
sous réserve toutefois de l’usure des paliers.
de charge)
Les batteries ont un temps de recharge plus long, de 30 min à
plusieurs heures selon le type de chargeur et une durée de vie varia-
ble, de l’ordre de quelques milliers de cycles, dépendant de la profon-
deur de décharge sollicitée pour une contrainte d’utilisation donnée. 1.2 Principe physique d’un volant
d’inertie
Le tableau 1 [8] récapitule des choix potentiels des composants L’énergie cinétique emmagasinée par un volant en rotation est
de stockage d’énergie électrique (supercondensateurs, volant donnée par l’expression classique :
d’inertie...) pour répondre aux besoins des utilisateurs en termes
de constante de temps et des types d’applications souhaités. 1
Ec = Jω 2
2
Depuis longtemps, on utilise les volants d’inertie pour les
applications spécifiques suivantes : avec J moment d’inertie,
– pour maintenir la fréquence et la tension du réseau pour ω vitesse de rotation.
répondre à des besoins ponctuels ou pour améliorer la qualité de
l’énergie électrique dans le cas des applications stationnaires ; Le moment d’inertie est une fonction de la masse et de la forme
– comme sources de tension électrique embarquées sur les de la pièce en rotation :
véhicules de transports ou sur les installations spatiales dans le
cas des applications mobiles.
J= ∫∫∫ x 2 dmx

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QS
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STOCKAGE INERTIEL DE L’ÉNERGIE _____________________________________________________________________________________________________

Tableau 2 – Exemples de moment d’inertie Tableau 3 – Caractéristiques mécaniques


pour des solides élémentaires et énergie spécifique d’un anneau de matériau
à vitesse maximale de rotation
Solides élémentaires Moment d’inertie
Matériau Contrainte Densité Énergie
Anneau mince de masse M maximale spécifique
J = MR 2
et de rayon R (MPa) (Wh/kg)

Q Disque plein de masse M


et de rayon extérieur R
1
J = MR 2
2
Acier (AISI 4340)

Aluminium
1 800

400
7 800

2 700
32

21

Disque de rayon extérieur Re , 1 Titane 850 4 500 26


intérieur Ri et de masse M J = M (Re2 + Ri2 )
2 Composite verre 1 800 2 100 120

Composite carbone 2 400 1 500 220


avec x distance du point au centre de rotation,
dmx masse associée.
Les moments d’inertie correspondant à des volants d’inertie
classiques sont donnés dans le tableau 2 pour des matériaux dFc
homogènes.
En réalité, un volant d’inertie fonctionne entre une vitesse maxi- dϕ
ω σtdr
male ωmax , limitée par les capacités mécaniques du disque en ri dr dFc (σr + dσr) (r + dr) dϕ
rotation, et une vitesse minimale ωmin au-dessous de laquelle la r
récupération d’énergie perd son efficacité.
r0 σrrdϕ
L’énergie récupérable s’écrit donc : σtdr

1
Ec = J (ω max
2 − ω min
2 )
h
2

Figure 2 – Représentation d’un disque en rotation en fonction


des contraintes et de l’effort appliqué [11]
2. Volant d’inertie
Cette caractéristique se retrouve dans les matériaux composites
avancés à base de fibres de verre ou de carbone, mis au point
2.1 Considérations sur les matériaux pour les besoins des industries aéronautiques et spatiales.

Dans le cas d’un anneau tournant de rayon R, la masse est On note toutefois que, contrairement aux matériaux métalliques,
concentrée sur l’anneau et le moment d’inertie s’écrit : qui présentent des caractéristiques homogènes indépendantes de
la direction de la contrainte subie, les matériaux composites
J = mR 2 présentent leurs meilleures caractéristiques mécaniques dans la
direction des fibres, les caractéristiques mécaniques dans les
En substituant cette expression dans l’équation de l’énergie, on directions transverses étant beaucoup plus faibles.
obtient :

1
Ec = mR 2ω 2
2 2.2 Équation différentielle de base
montrant que l’énergie dépend de la masse linéairement et de la
d’un disque en rotation
vitesse de rotation ω au carré. La contrainte dans l’anneau en
rotation est donnée par : Le paragraphe 2.1 a abordé quelques considérations théoriques
sur l’énergie emmagasinée dans un anneau en rotation. Mais les
σ = ρω 2 R 2 volants d’inertie se présentent sous la forme de disques épais et
leur dimensionnement mécanique est plus complexe. Les
avec ρ masse volumique du matériau. méthodes d’analyse par éléments finis s’appliquent bien entendu.
Si σmax est la contrainte maximale admissible du matériau,
l’énergie cinétique s’écrit : Dans ce paragraphe vont être donnés des éléments de dimen-
sionnement analytique permettant une première étude, tant en
1 σ max matériaux homogènes (métaux) que composites (anisotropes).
Ec = m
2 ρ La relation d’équilibre d’un disque en rotation en fonction des
Ec σ max contraintes et de l’effort appliqué est représentée figure 2 [11]. Elle
= peut s’écrire selon l’équation suivante (r : direction radiale ; t direc-
m 2ρ
tion circonférentielle) :
Cette relation indique que l’énergie spécifique (rapportée à la
masse) emmagasinée est d’autant plus importante que la
contrainte maximale admissible est élevée et la densité du dϕ
(σ r + dσ r )(r + dr )dϕ − σ r r dϕ − 2σ t dr sin + ρω 2 hr 2 dϕ = 0
matériau faible comme le montre le tableau 3. 2

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QT
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_____________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE INERTIEL DE L’ÉNERGIE

Après simplifications, on obtient l’équation différentielle :

Contrainte (MPa)
dσ r σ r − σ t
+ = − ρω 2 r
dr r 700

La contrainte dans le sens de l’axe de rotation est bien entendu 600


nulle.


Si u est le déplacement dans le sens radial, on a les relations : 500

u du Contrainte
εt = et εr = 400 circonférentielle
r dr
300

2.3 Résolution en matériaux homogènes 200


Contrainte
La relation contrainte-déformation dans le cas d’un matériau 100 radiale
homogène s’écrit, en considérant le cisaillement nul :
0
 E νE  0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6
σ r   1 − ν 2 1 − ν 2  εr 
   =   Distance à l'axe de rotation (m)
 σ t   νE E   εt 
1 − ν 2 1 − ν 2  Figure 3 – Variation des contraintes circonférentielles et radiales
dans un disque en rotation
avec E module d’Young,
ν coefficient de Poisson.
Après substitution des variables, l’équation différentielle
devient :
Énergie spécifique (Wh/kg)

12,00
d2 u 1 du u 1− ν 2
+ − =− ρω 2 r
dr 2 r dr r 2 E
10,00
Dont la solution est :
Espec
µ 1 − ν 2 ρω 2 r 3 8,00
u = λr + −
r E 8
avec λ et µ constantes à déterminer. 6,00
Énergie totale (kWh)

Pour un disque en rotation, les conditions aux limites sont des


contraintes radiales nulles sur le rayon intérieur et le rayon
4,00
extérieur :
Etot

σ r (r1) = σ r (r2 ) = 0 2,00

Tout calcul fait, on obtient l’expression générale des contraintes


pour un disque en matériaux homogènes : 0,00
0,005 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
ρω 2 (3 + ν )  2 2 r12 r22 2  Rayon intérieur du disque (m)
σr =  r1 + r2 − r 2 − r 
8  
Figure 4 – Énergie spécifique et énergie totale en fonction
ρω 2 (3 + ν )  2 2 r12 r22 (3ν + 1) 2 
σt =  r1 + r2 + r 2 − 3 + ν r 
de l’épaisseur d’un disque en acier
8  

Une application à un disque en rotation est représentée figure 3. augmente. Plus le disque est étroit, plus l’énergie spécifique est
Elle fournit la variation des contraintes circonférencielles (en élevée mais l’énergie emmagasinée diminue jusqu’à zéro.
continu) et radiales (en tiretés), en MPa, dans l’épaisseur d’un
disque de rayon extérieur 0,6 m, intérieur de 0,3 m, et tournant à
une vitesse de 500 rad/s. On constate que, contrairement à ce que 2.4 Résolution en matériaux anisotropes
l’on pourrait penser intuitivement, la contrainte circonférentielle
maximale se situe sur le rayon intérieur du disque. La relation contrainte-déformation s’écrit alors, compte tenu
La figure 4 présente l’énergie spécifique (en tiretés) et l’énergie d’une contrainte nulle suivant l’axe de rotation :
totale (en continu) pour un disque en acier en rotation de rayon
extérieur 0,6 m, rayon intérieur variant de 0 à 0,6 m, de 10 cm  1 − νtr 
épaisseur, dont la contrainte maximale à la rupture est de  Et  σ r 
 εr   E r
600 MPa.  =  
 εt  − νrt 1  σt 
On note que plus le disque est plein (à 0 m le disque est plein),  
plus l’énergie spécifique est faible, mais l’énergie emmagasinée  Er Et 

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Gestion des interconnexions


électriques en Europe

par Hervé LAFFAYE
Ingénieur de l’École centrale de Paris
Directeur du CNES (Centre national d’exploitation du système électrique) de RTE
Jean-Michel TESSERON
Ingénieur Supélec
Chef de la mission « Audit-Sûreté »
Gestionnaire du Réseau de transport de l’électricité français (RTE)
Jean-Yves DELABRE
Ingénieur EHEI
Conseiller de direction au CNES de RTE
et Jean-Marie COULONDRE
Ingénieur ENSEEINT
Chef de projet à EDF R&D

1. Les interconnexions internationales : un secteur en pleine


évolution..................................................................................................... D 4 085 - 2
2. Les avantages recherchés à travers les interconnexions
internationales.......................................................................................... — 4
3. Des réseaux interconnectés : comment ça marche ? .................... — 5
3.1 Interconnexion et conduite des réseaux.................................................... — 5
3.2 Des principes techniques à la forme des transactions
pour les utilisateurs ..................................................................................... — 6
3.3 Chemin contractuel et « flots parallèles » ................................................. — 7
4. En France : une transformation profonde et rapide....................... — 7
4.1 Modalités d’accès : historique .................................................................... — 8
4.2 État actuel des principaux mécanismes de gestion des interconnexions — 9
4.3 Situation actuelle sur les différentes interconnexions de RTE ................ — 10
4.4 Bilan : des interconnexions plus utilisées que jamais ! ........................... — 11
5. Les gestionnaires de réseaux et les règles techniques
communes.................................................................................................. — 11
6. Des défis pour les dix prochaines années, à l’intention
des passionnés de technique et d’économie ................................... — 12
7. Annexes ...................................................................................................... — 14
7.1 Annexe 1. Calcul des capacités maximales de transfert (TTC/NTC) ........ — 14
7.2 Annexe 2. La directive européenne et les gestionnaires de réseau ........ — 15
7.3 Annexe 3. Un incident sur le réseau d’interconnexion ............................ — 16
Références bibliographiques et sites web ................................................. — 19

vec la création du marché unique européen de l’électricien sans frontière,


A les gestionnaires de réseaux de transport (GRT) sont aujourd’hui conduits,
à s’adapter et à être force de propositions pour faciliter les transactions commer-
ciales des acteurs entre les marchés nationaux.
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPS

La fiabilité de fonctionnement du système électrique européen est considérée


comme un acquis. Le nouvel enjeu est celui des transferts d’énergie entre pays

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GESTION DES INTERCONNEXIONS ÉLECTRIQUES EN EUROPE ___________________________________________________________________________________

et des lignes transfrontalières. Les capacités sont limitées car le réseau européen
interconnecté en synchrone n’a été conçu que pour des transferts d’énergie
entre proches voisins. Les nouvelles contraintes environnementales et l’opinion
publique ne facilitent pas non plus la construction de nouveaux ouvrages pour
renforcer les équipements existants.
Il s’agit donc pour les gestionnaires de réseaux d’imaginer des solutions à ces


transferts d’énergie par-delà les frontières, qui limitent les refus d’accès au
réseau pour des importations, des exportations et des transits, dans la limite de
sûreté d’exploitation des réseaux.
Pour faire face au manque de capacités transfrontalières, les GRT développent
en conséquence des mécanismes d’attribution de ces capacités de transfert.
Ce sujet a fait l’objet d’une publication dans la Revue de l’Électricité et de l’Électronique [9]

1. Les interconnexions
(0)

Principaux sigles rencontrés dans l’article


internationales : un secteur CENTREL Réseau interconnecté du centre de l’Europe (P, TC, SL, H)

en pleine évolution CRE Commission de régulation de l’électricité (F)


ETSO European Transmission System Operator Association

■ Il y a une dizaine d’années, le monde des exploitants de réseaux GRT Gestionnaire de réseau de transport
de transport européens croisait soudainement le chemin de la Com- IFA Interconnector Framework Agreement
mission de Bruxelles. Le 21 mai 1992, le Conseil des ministres euro-
NG National Grid (GB)
péens de l’Énergie débattait de trois mesures proposées par la
Commission visant à accroître l’efficacité économique d’ensemble NORDEL Nordic Electric Power (F, SV, NO, DK)
du secteur électrique dans la Communauté : REE Red Electrica de España (E)
— l’accès des tiers au réseau ; RTE Réseau de transport d’électricité (F)
— l’abrogation des droits exclusifs de production d’énergie et de
construction des moyens de transport existant dans les législations UCTE Union pour la coordination du transport de l’électricité
nationales ; UCPTE Union pour la coordination de la production et du transport
— la séparation des activités de production, de distribution et de de l’électricité (plus ancien que UCTE)
transport.
Il est instructif de se reporter à cette année 1992 pour mesurer
quelle effervescence saisissait alors tout ce qui touchait aux réseaux Par ailleurs, comment pourrait-on faire fonctionner un système
électriques européens. À côté des questions soulevées par la Com- électrique qui, de proche en proche, serait susceptible d’atteindre
mission européenne, dont chacun essayait de peser les une taille quasiment planétaire ? La question se posait tant sur le
répercussions sur l’organisation et le fonctionnement des systèmes plan technique que sur le plan de l’organisation : certains pensaient
électriques, et à côté des interrogations sur le devenir de modèles qu’il serait nécessaire de recourir à des « super-dispatching »,
inspirés du nouveau pool anglais, l’extension géographique de regroupant la conduite des réseaux de plusieurs pays, tout en ima-
l’interconnexion synchrone était en plein débat. Alors que la zone ginant l’avantage décisif que pourrait en retirer le pays accueillant le
européenne interconnectée en synchrone était restée relativement super-dispatching ; et tout le monde s’interrogeait pour savoir com-
stable depuis 30 ans, la disparition du rideau de fer changeait com- ment les différents acteurs pourraient s’organiser, face à la juxtapo-
plètement la donne. Les perspectives d’interconnexion de l’Est et de sition de cultures multiples et face au dilemme coopération/
l’Ouest se dessinaient, et l’on pressentait aussi que le synchronisme concurrence.
pourrait s’étendre également rapidement vers le sud à travers le
Simultanément, différents scénarios s’échafaudaient sur les types
détroit de Gibraltar puis tout autour de la Méditerranée (voir
d’échanges d’électricité qui se produiraient dans ce nouveau pay-
figure 1).
sage interconnecté : la répartition de la production et de la consom-
Nota : interconnection synchrone signifie que les réseaux ont même fréquence et même
tension.
mation continuerait-elle grosso modo à rester relativement
homogène, ou bien connaîtrait-on des transferts massifs d’énergie
Une telle extension n’était pas sans poser de nombreux problèmes entre des zones de production et des zones de consommation éloi-
pratiques. gnées de plusieurs milliers de kilomètres ? Ceci amenait l’interroga-
En premier lieu, les perspectives d’interconnexion accrue tion fondamentale : l’électricité était-elle bien le vecteur d’énergie
s’ouvraient paradoxalement à un moment où il devenait extrême- approprié pour les échanges futurs ?
ment difficile de faire accepter la construction de nouvelles lignes de
transport. En supposant cependant que de nouveaux ouvrages ■ En réponse à ces interrogations, le présent article vise à donner
d’interconnexion puissent être construits, on cherchait aussi à en quelques aperçus sur la façon dont la communauté des électriciens
dessiner la meilleure structure : fallait-il s’appuyer sur un dévelop- a su répondre à ce rendez-vous pris par l’histoire. Dix ans après,
pement à l’identique du niveau de tension à 400 kV, ou plutôt entre- force est de constater quelques faits :
prendre la construction d’un réseau européen à plus haute tension, • L’extension géographique du réseau synchrone s’est débloquée,
pour lequel on trouvait à la fois des tenants de la solution à courant comme le montre l’interconnexion des pays du CENTREL (Pologne,
alternatif et de la solution à courant continu ? République tchèque, Slovaquie et Hongrie) et celle de l’Espagne et

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__________________________________________________________________________________ GESTION DES INTERCONNEXIONS ÉLECTRIQUES EN EUROPE


70 GW

120 GW

350 GW

# 4 000 km

ZONES AU SYNCHRONISME UCTE : deux zones séparées suite aux événements politiques en Bosnie-Herzégovine en 1992
Les réseaux bulgare et roumain sont en phase de tests d'interconnexion

Figure 1 – Système électrique paneuropéen

des pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), en passe de se • Le paysage de l’interconnexion européenne a radicalement
prolonger à court terme autour de la Méditerranée jusqu’à la ferme- changé avec l’application de la directive européenne sur l’ouverture
ture de la boucle entre la Turquie et la Grèce (voir encadré 1) ; pour du marché de l’énergie, avec l’émergence du rôle essentiel des
cela, les pays concernés ont su s’accorder sur les dispositions gestionnaires de réseau de transport pour garantir l’efficacité et
d’adaptation nécessaires et sur les tests à mettre en œuvre. l’équité d’accès au réseau.
• Le paysage des échanges d’énergie effectués grâce au réseau • Il n’a été nécessaire de recourir ni à des super-réseaux ni à des
électrique a considérablement évolué, avec un certain accroisse- super-dispatchings.
ment des niveaux d’échanges et une diversification des types
d’échanges, et surtout avec l’irruption de très nombreux nouveaux • Certes, de nombreux défis restent à relever, mais pour reprendre
acteurs. la célèbre formule des Anglais : « the lights still go on ! ».
• Des débuts de solutions opératoires ont été trouvés pour arriver C’est l’ensemble de ce panorama que nous nous proposons de
à faire fonctionner ensemble des organisations très différentes. brosser dans la suite de cet article.

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GESTION DES INTERCONNEXIONS ÉLECTRIQUES EN EUROPE ___________________________________________________________________________________

2. Les avantages recherchés


Encadré 1 – Historique de l’interconnexion synchrone
ouest-européenne à travers les interconnexions
internationales


Les historiens de l’électricité [1] datent de 1906 la première
ligne électrique traversant une frontière française ; les consom- ■ Il n’est pas si facile de dessiner un paysage incontestable des
mateurs de la ville de Morteau (dans le Jura français) et les avantages et des inconvénients de l’interconnexion synchrone, dans
forces motrices de Saint-Imier (en Suisse) jugent alors écono- une Europe de l’Ouest où ceci constitue un cadre naturel depuis si
miquement préférable de traverser la frontière pour trouver un longtemps. On conçoit mieux la difficulté d’un tel questionnement si
partenaire plutôt que de devoir construire des lignes plus lon- l’on essaie de se mettre à la place de pays confrontés aujourd’hui à
gues sur leur réseau national. l’examen de l’opportunité d’un raccordement à d’autres réseaux, ou
bien de vastes pays comme la Chine qui doivent déterminer le mode
optimal de développement de leur réseau.
En suivant cet exemple, il se construit progressivement des
lignes à travers des frontières, pour relier des régions. Il est encore plus difficile d’estimer, après coup, de façon quanti-
tative les avantages liés à l’interconnexion. L’UCTE (Union pour la
coordination du transport de l’électricité), qui a mené des travaux
Simultanément, le maillage du réseau progresse à l’intérieur
sur ce sujet de 1995 à 1997, en a bien saisi la mesure. En effet, une
de chaque pays, et les lignes « internationales » posent à cet
telle évaluation suppose que l’on puisse procéder à une comparai-
égard des questions techniques d’un type nouveau. En effet, il
son de la situation réelle existante avec une situation de référence
reste des problèmes à résoudre pour que des grands réseaux
sans interconnexion. Mais comment raisonner ? Ouvrir de façon fic-
puissent être interconnectés de façon synchrone, les techniques
tive les lignes d’interconnexion internationales existantes, pour en
proposées pour le réglage de puissance n’obtenant pas un
déduire comment se modifieraient les avantages quantitatifs ? Ou
consensus. C’est pourquoi la pratique est alors d’utiliser les
bien se tourner vers le passé et essayer d’imaginer ce qu’aurait été
lignes transfrontalières en constituant des « antennes » ou des
le développement de systèmes électriques nationaux sans aucune
« poches » : soit l’extrémité productrice est séparée de son
interconnexion ?
réseau national pour être raccordée au réseau national de
l’extrémité consommatrice, soit une petite partie du réseau voi- Sur le plan historique, il est fort probable que le développement
sin est alimentée par la première zone. On trouve donc concrè- d’un réseau à très haute tension synchrone ne s’est pas fait en se
tement des blocs synchrones isolés, certains traversant des posant immédiatement la question de connexions entre pays. Ce
frontières. Ainsi en 1949, il existe cinq systèmes électriques qui comptait, c’était de pouvoir raccorder des groupes de produc-
principaux en Europe de l’Ouest, non synchrones entre eux. tion construits en fonction de ressources énergétiques (essentielle-
ment, des centrales hydroélectriques) à des zones de consom-
Cette technique de « poche » trouve cependant rapidement mation. Pour franchir les distances, le transport à courant alternatif
ses limites. Pour aller un peu plus loin, il commence à se pro- s’est vite imposé en Europe. Ensuite, les effets de rendement ayant
duire des interconnexions en chaînes de pays (ainsi, en 1956, conduit à l’augmentation de la taille unitaire des groupes de produc-
avec la France, l’Espagne et le Portugal). Mais ce n’est qu’une tion, tandis que la consommation restait relativement diffuse, le
réponse partielle : par exemple, elle ne résout pas le problème réseau de transport s’est progressivement développé. Le maillage
de la Suisse, qui en est à devoir faire coexister trois synchro- du réseau a ainsi permis de répondre à l’un des problèmes posés
nismes différents sur son territoire pour être capable de faire par l’électricité, à savoir que celle-ci se stocke peu (du moins, vis-à-
des échanges simultanément avec la France, l’Allemagne et vis des niveaux de production et de consommation qui sont en jeu).
l’Italie.
En suivant cette logique, on a pu voir se développer progressive-
ment en Europe des réseaux de transport isolés, où le maillage
C’est pourquoi les trois réseaux suisse, français et allemand interne s’accroissait progressivement ainsi que le niveau de tension
sont couplés, d’abord en 1956 pour former une étoile autour de [1] (voir encadré 1). Petit à petit sont apparues également quelques
la région de Bâle, puis un an plus tard en refermant d’autres lignes d’interconnexion traversant les frontières, mais il s’agissait
couplages après s’être assuré que les nouveaux principes de de pouvoir relier des régions transfrontalières afin de favoriser des
réglage fréquence-puissance inventés fonctionnent bien. Petit à échanges production-consommation entre régions locales proches,
petit, le couplage synchrone s’étend. En 1960, dix pays sont suivant un fonctionnement dit « en poche ». Cette technique, initia-
interconnectés : Suisse, France, Allemagne, Espagne, Portugal, lement commode, a posé par la suite de plus en plus de problèmes
Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Autriche et Italie. Ce bloc syn- du fait de son manque de souplesse, et a alors été considérée
chrone, régi selon les recommandations de l’UCPTE (Union comme un obstacle à la fluidité d’échanges entre partenaires inté-
pour la coordination de la production et du transport de l’électri- ressés. Le couplage en synchrone des différents réseaux préexis-
cité), est rejoint une quinzaine d’années plus tard par la Yougos- tants, rendu possible par les progrès en matière de réglage des
lavie et la Grèce, puis par l’Albanie. réseaux qui permettaient de lever les problèmes techniques inhé-
rents au fonctionnement en synchrone d’un grand réseau [1] [2] [3],
s’est alors progressivement réalisé à partir de 1958.
Il faudra ensuite attendre 1995 pour aboutir au raccordement
permanent en synchrone des pays constituant le CENTREL
(Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie), ainsi qu’à la ■ En s’appuyant sur cette esquisse rapide, on peut énumérer les
jonction de l’Espagne et du Maroc en 1999. avantages de l’interconnexion, et plus spécialement de l’intercon-
nexion synchrone :

La procédure de tests est en cours pour le raccordement de la • Le développement des échanges transfrontaliers ; cet aspect,
Bulgarie et de la Roumanie. qui sera développé très largement dans les paragraphes 3 et 4, est
un moteur principal de l’expansion de la zone géographique d’inter-
connexion.

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RP
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Réglage de la fréquence
dans un environnement libéralisé :
pratique en France

par Étienne MONNOT
Ingénieur-Chercheur
EDF R&D – Département Économie, Fonctionnement et Études des Systèmes Énergétiques
Yann REBOURS
Ingénieur-Chercheur
EDF R&D – Département Économie, Fonctionnement et Études des Systèmes Énergétiques
et Stefan STERPU
Ingénieur-Chercheur
EDF R&D – Département Économie, Fonctionnement et Études des Systèmes Énergétiques

1. Contexte européen et définitions essentielles ................................ D 4 095 - 3


1.1 UCTE, ETSO & ENTSO-E ............................................................................. — 3
1.2 Services système et services auxiliaires .................................................... — 3
1.3 Organisation du réglage de la fréquence................................................... — 3
1.4 Réglage primaire.......................................................................................... — 4
1.5 Réglage secondaire...................................................................................... — 6
1.6 Impact de l’heure synchrone sur le réglage de fréquence ....................... — 7
2. Organisation en France et perspective européenne....................... — 7
2.1 Législation en vigueur ................................................................................. — 7
2.2 Contrat de participation aux services système.......................................... — 7
2.3 Contrôle des performances ......................................................................... — 8
2.4 Rémunération et pénalités .......................................................................... — 10
3. Impact du réglage de la fréquence sur les producteurs................ — 11
3.1 Coûts fixes .................................................................................................... — 11
3.2 Coûts variables............................................................................................. — 11
3.3 Coûts d’un réglage insuffisant .................................................................... — 13
4. Évolution du contexte — 13
4.1 Évolution des besoins.................................................................................. — 13
4.2 Évolution des moyens de fourniture .......................................................... — 13
5. Conclusion.................................................................................................. — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 095

a fréquence du système électrique est l’indicateur de l’équilibre entre la


L production et la consommation d’électricité. Si la consommation est supé-
rieure à la production, la fréquence diminue ; inversement, la fréquence
augmente si la production est plus importante que la consommation. La fré-
quence du système électrique est partagée par l’ensemble des utilisateurs
connectés au réseau et présente les caractéristiques d’un bien public
(non-exclusion d’un utilisateur et non concurrence dans la consommation).
Du fait de cette caractéristique de bien public, le réglage de la fréquence
incombe à l’ensemble des gestionnaires du réseau de transport (GRT) d’une
même zone synchrone, c’est-à-dire une zone partageant la même fréquence.
Le réglage de la fréquence appartient ainsi aux « services système »,
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPQP

c’est-à-dire aux services fournis par le système électrique aux utilisateurs


(consommateurs ou producteurs). D’autres services, comme par exemple le
réglage de tension ou la reconstitution du réseau, appartiennent également à
cette catégorie, mais ne font pas l’objet de ce dossier.

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RÉGLAGE DE LA FRÉQUENCE DANS UN ENVIRONNEMENT LIBÉRALISÉ : PRATIQUE EN FRANCE _____________________________________________________

En pratique, ce sont essentiellement les unités de production qui fournissent la


puissance nécessaire au réglage de la fréquence. Dans un environnement verti-
calement intégré, les moyens de réglage appartiennent au responsable du
contrôle de la fréquence. Dans un environnement libéralisé, les moyens de
réglage (principalement les producteurs) et le responsable du réglage (le GRT)
sont séparés. Les GRT doivent alors formaliser le service qu’ils souhaitent
obtenir auprès de leurs fournisseurs. Ces services fournis aux GRT sont appelés

Q services auxiliaires (car auxiliaires à la fourniture du produit « énergie ») et pos-


sèdent les caractéristiques de biens privés. Ils permettent ensuite aux GRT de
fournir les services système adéquats pour l’ensemble des utilisateurs. Naturel-
lement, la fourniture de ces services s’accompagne de flux financiers, dont le
règlement varie en fonction de la région considérée. Par exemple, dans le méca-
nisme retenu en France, les fournisseurs de services auxiliaires sont rémunérés
par le GRT via des contrats bilatéraux. Le GRT facture ensuite le service rendu
via le tarif d’utilisation du réseau pour recouvrir les coûts engagés.
Cette nouvelle répartition des responsabilités a donc changé les pratiques
des opérateurs historiques. L’objectif de ce dossier est de décrire les caracté-
ristiques essentielles de ces nouvelles pratiques en Europe, et tout particuliè-
rement en France :
– la problématique dans le contexte européen et la définition du réglage de
fréquence selon les organismes de coordination européenne ;
– l’organisation adoptée en France afin que les acteurs remplissent à la fois
les exigences techniques et réglementaires ;
– les principaux coûts qu’engendre le réglage de la fréquence pour les
producteurs ;
– une mise en perspective des pratiques actuelles en comparant des
moyens innovants aux moyens conventionnels pour la fourniture de réglage
de fréquence.

Notations et symboles Notations et symboles


Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition
f Hz fréquence instantanée du système P0 MW production programmée pour un
électrique groupe de production (programme
de marche)
fn Hz fréquence nominale du système
électrique (50 Hz) P(t) MW puissance instantanée
fc Hz fréquence de correction lors pour un groupe de production
du rattrapage de l’heure synchrone T s constante de temps d’un groupe
de production (approximation
f0 Hz fréquence cible du système
d’un système de premier ordre)
électrique, utilisée par le réglage
secondaire de fréquence et définie s Hz variable de Laplace
en fonction de fn et fc ∆e MW écart de réglage de la zone
fqs Hz fréquence lors d’un écart quasi de contrôle considérée
stable ∆f Hz écart de fréquence quasi stable,
défini par fqs – fn
k (fqs) MW/Hz énergie réglante instantanée pour fqs
K (∆f ) MW/Hz énergie réglante ou gain du réglage ∆P MW différence entre deux déséquilibres
primaire d’un groupe de production production-consommation
(une valeur positive indique
Kɶ MW/Hz estimation de l’énergie réglante donc un excès de production).
Lmax MW prévision de pic de consommation ∆Pi MW écart des échanges
aux interconnexions entre
Pconsommée MW consommation du système le programmé et le réalisé mesuré
pour une fréquence donnée
ε MW erreur entre la puissance de réglage
Pproduit MW production du système observée et la puissance de réglage
pour une fréquence donnée théorique
P MW déséquilibre production-consommation, τ s retard dans la réponse d’un groupe de
défini par Pproduit – Pconsommée production à un écart de fréquence

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_____________________________________________________ RÉGLAGE DE LA FRÉQUENCE DANS UN ENVIRONNEMENT LIBÉRALISÉ : PRATIQUE EN FRANCE

1. Contexte européen DK
et définitions essentielles
PB
1.1 UCTE, ETSO & ENTSO-E BE AL PL


Jusqu’en 2009, l’ensemble des GRT de la zone synchrone CZ
continentale européenne était représenté par l’UCTE. Cette organi- FR
SK
sation avait pour rôle de coordonner l’ensemble des réseaux de CH AU
HU
transport nationaux, qui représentaient plus de 500 millions de PO IT SL HR
consommateurs répartis dans 24 pays et gérés par 34 GRT RO
(figure 1). Bien que synchronisés avec les pays membres de ES BH SB
l’UCTE, les systèmes électriques de l’Albanie et du Maghreb béné- MN KO BG
ficiaient d’un statut particulier. L’UCTE se focalisait essentiellement MC
sur la coopération technique entre les différents acteurs du sys- AB
tème électrique. L’organisation des marchés était donc laissée à GR
MA
l’initiative d’autres entités, notamment ETSO. En particulier, AG
TN
l’UCTE recommandait des performances techniques à respecter
par les contributeurs aux réglages de fréquence et de tension. Ces
pays membres de l’UCTE pays partenaires
recommandations sont décrites en détail dans l’UCTE Operation
Handbook [1] et sont devenues contractuelles pour les GRT depuis
2005. Les recommandations de l’UCTE sont toujours en vigueur. Figure 1 – UCTE : zone synchrone continentale européenne en 2009
(doc. site de l’ENTSO-E)
Elles ont pour vocation, à terme, de devenir les standards euro-
péens en termes d’exploitation du système électrique continental.

Dans ce dossier, le terme UCTE fait référence au système Système électrique


électrique européen continental.
Services système
Quant à l’ETSO, c’était une organisation qui comprenait 36 GRT Services auxiliaires (réglage de la fréquence,
européens dont les réseaux n’étaient pas nécessairement par exemple)
synchrones avec l’Europe continentale, comme par exemple la
Grande-Bretagne ou les pays nordiques. Elle avait été créée afin
que les GRT travaillent et formulent des propositions sur les sujets Certains utilisateurs
Autres utilisateurs
relatifs à la libéralisation du marché européen de l’électricité. ETSO (producteurs, par exemple)
était ainsi le porte-parole des GRT auprès des autorités euro-
péennes concernant leur rôle dans le fonctionnement commercial
du marché de l’électricité. Figure 2 – Services système et services auxiliaires [5]

Pour une meilleure intégration du marché européen de l’électri-


cité, l’Union Européenne a créé en 2009, dans le cadre du troisième ou producteurs) et possèdent les caractéristiques de biens publics.
paquet législatif [33] pour la libéralisation des marchés de l’énergie, Les services fournis par les utilisateurs du réseau aux GRT sont,
ENTSO-E. Ce regroupement englobe les associations de GRT, quant à eux, appelés services auxiliaires, car auxiliaires à la fourni-
notamment l’UCTE et l’ETSO. Les GRT peuvent ainsi coopérer effi- ture du produit « énergie » standard, et possèdent les caractéristi-
cacement dans un certain nombre de domaines clés, tels que : ques de biens privés (figure 2).
– l’élaboration de codes de réseaux relatifs aux aspects tech-
niques et au fonctionnement du marché ;
– la coordination de l’exploitation et du développement du 1.3 Organisation du réglage
réseau de transport européen ;
– les activités de recherche.
de la fréquence
ENTSO-E fonctionne avec un mandat précis, défini en Le contrôle de la fréquence est en général réalisé à l’aide de
concertation avec la Commission Européenne et les autorités de trois réglages complémentaires :
régulation. Les opérateurs de transport d’électricité peuvent ainsi
– le réglage primaire de la fréquence est automatique, rapide
se concentrer sur des objectifs communs définis de manière trans-
(efficace en quelques dizaines de secondes) et pour un temps
parente et parler d’une voix unique sur les enjeux liés au marché
limité (au moins 15 min). Ce réglage, fourni de concert par
intérieur de l’électricité.
l’ensemble du système électrique synchrone, permet de
Nota compenser rapidement les déséquilibres entre production et
ENTSO-E pour European Network of Transmission System Operators for Electricity. consommation, en particulier lors des pertes importantes et
UCTE pour Union for the Coordination of Transmission of Electricity.
fortuites de production ;
ETSO pour European Transmission System Operators.
– le réglage secondaire est assuré de manière automatique, en
quelques minutes et uniquement par la zone du système électrique
1.2 Services système ayant généré la perturbation de fréquence. La zone concernée,
et services auxiliaires appelée zone de contrôle, doit compenser le déséquilibre qu’elle a
occasionné, et ramener la fréquence et les échanges physiques
Comme présenté en introduction, il est important de distinguer aux interconnexions à leurs valeurs contractuelles en une dizaine
les services système des services auxiliaires, et ce, afin de mieux de minutes ;
comprendre la répartition des rôles des différents acteurs du sys- – le réglage tertiaire, plus lent que les deux précédents, consiste
tème électrique. Les services système sont les services fournis par à ajuster manuellement le programme de production durant la
le système électrique aux utilisateurs du réseau (consommateurs journée et à rétablir les réserves en puissance active nécessaires

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RÉGLAGE DE LA FRÉQUENCE DANS UN ENVIRONNEMENT LIBÉRALISÉ : PRATIQUE EN FRANCE _____________________________________________________

aux réglages primaire et secondaire. Étant fortement lié au produit


50,0 énergie et bénéficiant d’une organisation spécifique au pays
Fréquence (Hz)

considéré (en France, ce réglage est réalisé via le mécanisme


49,8 d’ajustement et des contrats spécifiques), le réglage tertiaire n’est
pas étudié dans ce dossier.
49,6
Nota : le lecteur pourra se référer au dossier « Réseaux d’interconnexion et de
Réponse à l'événement transport : réglages et stabilité » [D 4 092].
49,4


dimensionnant de l’UCTE

49,2
1.4 Réglage primaire
49,0 1er cran de délestage automatique

1.4.1 Recommandations de l’UCTE


0 10 20 30 40 50 60 70
L’UCTE établit entre autres les recommandations pour l’organi-
Temps (s) sation des réglages primaire et secondaire de fréquence dans le
système synchrone continental [1]. Les principes techniques
Figure 3 – Gabarit de la réponse du réglage primaire du système sous-tendant ces deux réglages sont disponibles dans le
UCTE pour la perte de production de référence (3 000 MW) [2]
dossier [D 4 092], tandis que le présent paragraphe se focalise sur
les paramètres essentiels qui doivent être contractualisés entre le
GRT et les fournisseurs de services auxiliaires dans un environne-
ment libéralisé.
Tableau 1 – Synthèse de performances Le réglage primaire de fréquence est un service qui doit possé-
recommandées par l’UCTE en termes de réglage der des performances qui le différencient de la simple fourniture
primaire de fréquence d’énergie. En effet, le réglage primaire permet de stabiliser la fré-
Critères Recommandations UCTE quence à une valeur quasi stationnaire en quelques secondes suite
à tout déséquilibre entre production et consommation. Au sein de
Réserve primaire UCTE 3 000 MW l’UCTE, le double objectif du réglage primaire est :
Inférieure à 30 s – en régime transitoire, de ne pas solliciter le premier cran de
Dynamique de libération délestage de la consommation. Ce cran étant réglé à 49 Hz, l’UCTE
pour l’incident de référence
a fixé à 49,2 Hz le seuil à ne pas franchir en transitoire ;
Bande morte des régulateurs – en régime quasi stationnaire, de rétablir la fréquence à
± 10 mHz
de vitesse 50 ± 0,2 Hz.
Bande morte des chaînes de La figure 3 représente le gabarit de la réponse du réglage pri-
± 10 mHz
mesure maire de l’ensemble de l’UCTE suite à la perte de production
dimensionnante pour la réserve primaire (3 000 MW). Cette
Statisme de la régulation Pas de recommandation (1) réponse prend en compte l’effet d’autorégulation de la charge,
Temps de maintien de la c’est-à-dire la réduction de la consommation lorsque la fréquence
Au moins 15 min diminue [14].
réserve
Énergie réglante minimale Comme toute chaîne de régulation, la réponse d’un fournisseur
15 GW/Hz de réglage primaire peut être caractérisée par différents blocs
UCTE
fonctionnels. La description de la figure 4 est simplificatrice, car la
(1) Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français RTE réponse d’un groupe de production est en pratique plus complexe.
demande que les nouveaux groupes de production soient Les recommandations UCTE associées à chacun des blocs de la
constructivement capables d’avoir un statisme réglable à partir de régulation sont données dans le tableau 1, et les définitions asso-
3 % [7]. ciées dans l’encadré ci-après.

Régulation ∆f K ∆P
simplifiée : e–τ·s
1+T·s

Paramètres : Retard Bande morte Processus Limiteur Maintien

Recommandations Dynamique Bande morte Statisme, Réserve Temps de maintien


UCTE : de libération dynamique primaire
de libération et énergie
et énergie réglante
réglante

Figure 4 – Paramètres importants d’une régulation de fréquence

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


D 4 095 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

RT
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Réglage de tension
Rôles, obligations et organisation
du producteur pour les besoins Q
du système électrique en France

par Daniel SOUQUE


Ingénieur-expert régulation-services système
Département Performances EDF DTG
Laurent CHATONNET
Ingénieur-chargé d’affaires senior régulation-services système
Département Performances EDF DTG
et Étienne MONNOT
Ingénieur-chercheur expert
Département Économie, Fonctionnement et Études des Systèmes Énergétiques EDF R&D

1. Réglage de la tension et de la puissance réactive ....................... D 4 096 - 3


1.1 Pourquoi régler la tension ........................................................................ — 3
1.2 Puissance réactive..................................................................................... — 3
1.3 Couple tension réactif ............................................................................... — 3
2. Structuration du réglage en France ................................................. — 4
3. Réglementation ...................................................................................... — 5
4. L’alternateur source de tension – ses limites................................ — 5
4.1 Diagramme simplifié de l’alternateur synchrone ................................... — 5
4.2 Limites de l’alternateur synchrone .......................................................... — 6
4.3 Fonctions de limitation du régulateur de tension .................................. — 6
5. Un moyen de contractualiser le réglage de tension :
le diagramme UQ ................................................................................... — 7
5.1 Principe d’élaboration du diagramme UQ .............................................. — 7
5.2 Diagramme UQ : outil de contractualisation du réglage
de tension .................................................................................................. — 8
6. Outils de surveillance du producteur ...................................... — 9
6.1 Surveillance de premier niveau du réglage de tension des centrales.. — 11
6.2 Surveillances de deuxième et troisième niveaux................................... — 12
7. Dispositifs de réglage en réseau ............................................. — 13
7.1 Compensation statique............................................................................. — 13
7.2 Compensateurs synchrones..................................................................... — 13
7.3 FACTS ........................................................................................................ — 13
8. Nouvelles perspectives de réglage .......................................... — 14
9. Conclusions ............................................................................. — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. D 4 096
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPQS

e réglage de la tension est indispensable pour une exploitation sûre du


L système électrique, pour minimiser les pertes et exploiter les matériels
dans leur domaine de fonctionnement normal. Sur le réseau de transport le

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés D 4 096 – 1

RU
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RÉGLAGE DE TENSION _______________________________________________________________________________________________________________

réglage de la tension est effectué en contrôlant la puissance réactive car sur ce


type de réseau, en raison des caractéristiques des lignes, ce sont essentielle-
ment les transits de puissance réactive qui créent des chutes de tension.
En France, trois niveaux de réglage permettent d’atteindre les objectifs cités :
– le réglage primaire qui maintient la tension au stator des alternateurs à
une valeur de consigne ;

Q – le réglage secondaire qui coordonne au niveau régional l’action des alter-


nateurs et règle la tension en des points stratégiques du réseau appelés points
pilotes ;
– le réglage tertiaire qui harmonise les réglages entre les régions et permet
de reconstituer les marges en puissance réactive des groupes en réglage.
Aujourd’hui, ces fonctions sont réalisées par les alternateurs synchrones de
grande puissance qui constituent les principales sources de tension sur le
réseau.
Les performances exigées pour participer aux réglages sont encadrées par
des textes réglementaires et déclinées ensuite dans les documents d’exploita-
tion du gestionnaire du réseau de transport RTE. Le producteur qui participe au
réglage de la tension souhaite, d’une part, connaître la sollicitation des alterna-
teurs pour contrôler l’exploitation de ces derniers dans le domaine de
fonctionnement normal et surveiller l’usure de ces matériels et, d’autre part,
pour vérifier que ses installations sont conformes aux performances requises
par RTE dans le contrat de participation aux Services Système.
Une méthode pour construire les diagrammes de fonctionnement ten-
sion/réactif (diagramme UQ) au point de raccordement des alternateurs au
réseau de transport et suivre en temps réel les points de fonctionnements des
alternateurs en réglage de tension a été élaborée dans ce cadre . Les produc-
teurs ont également développé des outils de surveillance et de diagnostic pour
contrôler les performances de leurs installations en réglage de tension. La sur-
veillance s’étend de la salle de commande de la centrale (niveau 1) aux centres
d’ingénierie (niveau 2 et 3) au travers de l’utilisation d’outils d’e-monitoring.
Ces outils permettent de suivre la dérive de paramètres importants pour la
sûreté d’exploitation des centrales mais également du système électrique.
Le réglage de la tension est un bien commun à l’ensemble des utilisateurs du
système électrique. Dans ce contexte, de nouveaux dispositifs de réglage du
domaine régulé (FACTS, inductance, condensateur) mais aussi du domaine
dérégulé (fermes éoliennes et photovoltaïques) peuvent compléter les actions
des alternateurs synchrones de forte puissance appartenant également à ce
dernier domaine. Ces nouvelles technologies qui se raccordent sur le réseau
auront à l’avenir à participer à la fonction réglage de tension.
Cet article fait un point sur l’ensemble de ces sujets dans le contexte français.

Notations et symboles Notations et symboles (suite)


Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition
E V Force électromotrice P W Puissance active
I A Courant stator Puissance active consommée
Paux W
par les auxiliaires de la centrale
Ir A Courant ligne
 Q var Puissance réactive
If A Courant rotor (inducteur) Puissance réactive au point
Qr var
de livraison
Sans
m dimen- Rapport de transformation Qaux var Puissance réactive consommée
sion par les auxiliaires de la tranche

D 4 096 − 2 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés

RV
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_______________________________________________________________________________________________________________ RÉGLAGE DE TENSION

groupes peuvent être contraints à se déconnecter, ce qui affaiblit la


Notations et symboles (suite) sûreté du système électrique ;
Symbole Unité Définition – minimiser les pertes. Un bon réglage de la tension permet de
minimiser les pertes réseau ;
R Ω Résistance – utiliser au mieux la capacité des ouvrages de transport. Régler
S VA Puissance apparente la tension sur le réseau électrique permet d’optimiser les flux de
Valeur efficace de la tension entre puissance qui transitent dans les lignes et de contrôler au mieux
U V ces transits [D 4 090].
phases
Uex
Un
V

V
Tension d’excitation
Valeur nominale efficace de la tension
entre phases
1.2 Puissance réactive

Valeur efficace de la tension entre Les notions de puissance dans les réseaux triphasés ont été pré-
Ur V
phases au point de livraison sentées dans [D 4 300]. Nous rappellerons simplement ici que la
Us V Valeur efficace de la tension stator puissance réactive bien qu’homogène à des watts s’exprime en
voltampères réactifs (var) pour la distinguer de la puissance active.
V V Valeur efficace de la tension simple
La puissance réactive dans un système triphasé est donnée par
Vp V Tension mesurée au point pilote l’expression :
Vc V Tension de consigne au point pilote
Uo V Consigne de tension stator Q = 3U I sinϕ
X Ω Réactance
La puissance réactive apparaît lorsqu’il existe un déphasage
Xd Ω Réactance synchrone de l’alternateur entre la tension et le courant qui traverse le récepteur, c’est-à-dire
XHTB/HTA Ω Réactance du transformateur HTB/HTA lorsque celui-ci comporte des inductances ou des condensateurs
XHTA/BT Ω Réactance du transformateur HTA/BT en régime sinusoïdal. Elle caractérise l’existence d’une
composante de courant qui ne donne lieu à aucun échange de
ϕ degré (o) Déphasage tension courant puissance moyenne mais qui occasionne des pertes et des chutes
de tension.
δ degré ( o) Angle interne
Niveau de participation en réactif
k Niveau Une inductance consomme de l’énergie réactive (la
(Réglage secondaire de tension)
puissance réactive correspondante est positive ou reçue du
réseau) et un condensateur fournit de l’énergie réactive au
réseau (la puissance réactive correspondante est négative).
1. Réglage de la tension
et de la puissance réactive Nota : les considérations précédentes sont celles utilisées usuellement. Dans le cas
général, avec des charges non linéaires et/ou discontinues, on fait apparaître la notion de
charge déformante D telle que : S = P 2 +Q 2 + D 2 . Cette notion ne sera pas abordée
dans ce qui suit.
1.1 Pourquoi régler la tension
La tension est un paramètre local du réseau électrique dont la
valeur fluctue par nature. Elle est d’abord affectée par des variations
1.3 Couple tension réactif
lentes et générales liées aux cycles d’évolution saisonnière, hebdo- La tension en un point du réseau est fonction, d’une part, des
madaire et quotidienne de la consommation. Elle subit aussi des forces électromotrices des générateurs qui y sont raccordés et,
variations rapides liées à de multiples aléas : fluctuations aléatoires d’autre part, des chutes de tension dans les divers éléments du
des charges, changements de topologie du réseau, déclenchements réseau (machines, transformateurs, lignes, etc.).
d’ouvrages de transport ou de groupes de production.
Il est montré dans [D 4 300] que, pour un réseau triphasé, l’écart
Le réglage de la tension aux différents endroits du réseau de tension peut être approché par la relation :
s’avère donc être une nécessité pour :
– exploiter au mieux le réseau en assurant sa sûreté. Le réglage RP + XQ
de la tension permet d’éviter les phénomènes d’écroulement de ∆U = U1 − U 2 = (1)
U2
tension qui peuvent entraîner des black-out [D 4 090] ;
– maintenir la tension d’alimentation des clients dans les plages La diminution de la chute de tension entre deux sommets d’un
contractuelles. Pour les clients et les distributeurs, chaque contrat réseau passe ainsi par une réduction de la somme RP + XQ et une
de fourniture définit la tension nominale de raccordement ainsi augmentation de la tension U d’exploitation. Pour un réseau de
que la plage de variation acceptée autour de cette valeur ; transport, dans lequel la résistance des lignes HTB est négligeable
– respecter les contraintes de fonctionnement des matériels. Le par rapport à la réactance (X 艋 10 R ) la relation (1) devient :
matériel raccordé au réseau est défini pour un point de fonctionne-
ment nominal, et des variations trop importantes de tension à ses XQ
bornes peuvent dégrader ou générer un vieillissement prématuré ∆U = (2)
U2
du matériel. Des tensions trop hautes entraînent le vieillissement
ou la destruction des matériels raccordés, des tensions trop basses C’est donc, de façon prépondérante, la circulation de puissance
provoquent des surcharges dans les lignes, perturbent le bon fonc- réactive qui crée les chutes de tension dans une ligne HTB. La ten-
tionnement de certaines protections et des régleurs en charge des sion et la puissance réactive sont donc des grandeurs très liées.
transformateurs ; Ainsi, la puissance réactive « se transporte » mal et au-delà d’une
– le producteur. La tension doit aussi être maintenue dans une certaine distance, la puissance réactive fournie par les alternateurs
plage qui soit acceptable pour les installations auxiliaires et afin de ou les condensateurs ne peut pas parvenir jusqu’à l’endroit où elle
garantir la stabilité de l’alternateur principal, faute de quoi, les est nécessaire.

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RÉGLAGE DE TENSION _______________________________________________________________________________________________________________

Pour régler la tension sur un réseau, il faut donc maîtriser le production de puissance réactive, aux variations de la tension
transit de la puissance réactive dans les ouvrages du réseau de consécutives à de faibles variations de puissance réactive appelées
transport. Pour réaliser cet objectif, il faut donc compenser la par les consommateurs ou dues à des défauts éloignés ou des
puissance réactive : manœuvres sur le réseau. Cette action est disponible tant que
– au plus près des charges essentiellement consommatrices de l’alternateur n’a pas atteint ses limites de fonctionnement.
puissance réactive ;
– des réseaux de transport et de distribution qui peuvent
■ Le réglage secondaire de tension
produire ou consommer de la puissance réactive selon l’état de L’objectif du réglage secondaire est de coordonner automatique-

Q charge du réseau.
Comme les moyens de compensation statiques en réseau ou
chez les clients sont souvent insuffisants et de moindre
ment les actions des régulateurs primaires de tension des groupes
de façon à assurer au mieux l’équilibre global production-consom-
mation d’énergie réactive. Il permet ainsi de reconstituer des réser-
performances (réglages lents et discontinus), le réglage continu et ves de réactif lorsque, sous l’action du réglage primaire, un groupe
dynamique des groupes de production est donc indispensable est arrivé en butée de réactif, ou de suivre les fluctuations de
pour la tenue de la tension sur le réseau de transport. grande amplitude mais généralement lente de la tension (dues par
exemple aux variations de la charge dans la journée), tout en
Pour augmenter la capacité de transit des lignes existantes et conservant à tout instant une bonne répartition de la production
améliorer la sûreté du réseau et la qualité de l’électricité acheminée, réactive (figure 1).
il est donc conseillé de :
Le contrôle du plan de tension ne peut être assuré que si l’on res-
– produire ou consommer la puissance réactive là où elle est
pecte des équilibres locaux production-consommation d’énergie
consommée ou produite (alternateurs, compensateurs synchrones,
réactive ; aussi la mise en pratique du réglage secondaire
condensateurs, inductances, FACTS pour Flexible Alernative
repose-t-elle sur une division du réseau en zones. Dans chaque zone
Current Transmission System) ;
est choisi un « point pilote ». Les zones et les points pilotes sont
– maintenir un niveau de tension constant en un maximum de
déterminés de telle sorte que, si la tension est tenue au point pilote,
points du réseau (alternateurs, FACTS, régleurs en charge) ;
la tension en tout point de la zone associée reste dans les limites
– compenser les impédances des lignes de transport (FACTS,
acceptables en exploitation normale avec des zones indépendantes.
inductances, condensateurs).
À chaque zone sont associés un certain nombre de groupes dont la
production de réactif agit de façon significative sur la tension de la
zone. Le principe du réglage consiste à élaborer automatiquement
une correction de la valeur de consigne des régulateurs primaires
2. Structuration de ces groupes à partir d’une mesure de la variation de tension au
du réglage en France point pilote. En outre, l’action sur les groupes est réalisée de façon à
répartir équitablement les sollicitations entre les différents groupes
de la zone. La dynamique du réglage secondaire est assez lente (de
Le réglage de tension en France est organisé selon une structure l’ordre de quelques minutes) de façon à éviter les interactions entre
hiérarchique à trois niveaux. le réglage primaire et le réglage secondaire et à diminuer les
contraintes sur les groupes. Deux réglages sont adoptés aujourd’hui
■ Le réglage primaire de tension sur le réseau français, le réglage secondaire de tension (RST) ou le
Les seules sources de tension du réseau de transport sont réglage secondaire coordonné de tension (RSCT) pour la zone
constituées par les alternateurs, qui sont équipés d’un régulateur ouest. Le RSCT est plus performant que le RST. Son algorithme uti-
de tension. Le régulateur primaire de tension (en anglais Automa- lise un ensemble de points pilotes ainsi que des points sensibles et
tic Voltage Regulator, ou AVR) maintient automatiquement la ten- intègre les limites de fonctionnement desalternateurs de la zone. La
sion aux bornes du stator de l’alternateur constante et égale à une coordination des alternateurs est optimisée, ce qui permet un temps
valeur de consigne, par action sur la tension d’excitation qui de réponse plus rapide et une meilleure précision tout en intégrant
commande le courant rotor de la machine. Pour plus de renseigne- les performances des différents alternateurs.
ments sur les différents systèmes d’excitation existants on peut se Il est à souligner que le réglage secondaire de tension n’est pas
reporter à [D 3 545]. en exploitation dans tous les pays. Ce réglage est parfois réalisé
La constante de temps de ce réglage est de l’ordre de plusieurs- « manuellement » par les opérateurs du réseau en complément du
dixièmes de seconde. L’alternateur réagit ainsi, en modifiant sa réglage tertiaire.

Jeu de barres
Transmission de la tension du point pilote Vp
pilote

Participation
réactif produit par le groupe
Boucle
Consigne Régulateur en
de zone réactif
Vc
Uex
Régulateur
Consigne V0
Dispatching Niveau primaire
régional k de tension
tension stator U

Groupe i + 1 Groupe de production i


Groupe i + 2 Réseau

Figure 1 – Synoptique du réglage primaire et secondaire (d’après [1])

D 4 096 – 4 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés

RX
Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)

1– Les grands choix techniques et politiques R


2– Le fonctionnement des réseaux, protections et Réf. Internet page

automatismes
Réseaux d'interconnexion et de transport  : fonctionnement D4091 31

Réseaux d'interconnexion et de transport  : réglages et stabilité D4092 35

Protection des réseaux de transport et de répartition : présentation D4800 39

Protection des réseaux de transport et de répartition contre les courts-circuits et les D4801 43
défauts d'isolement
Protection des lignes et des câbles de transport et de répartition D4802 47

Protection des barres et des transformateurs. Apport des techniques numériques D4803 51

Réseaux de transport et de répartititon. Systèmes et plans de protection D4804 55

Plan de défense des réseaux contre les incidents majeurs D4807 57

3– L'exploitation et la conduite des ouvrages

4– Ingénierie des réseaux

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RY

SP
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Réseaux d’interconnexion
et de transport : fonctionnement

par Pierre BORNARD


Directeur de la Division Système Électrique à RTE (Réseau de Transport d’Électricité) R
Michel PAVARD
Agent d’Électricité de France en inactivité
et Georges TESTUD
Chef Adjoint du Département Exploitation du Système Électrique à RTE

1. Problématique du fonctionnement des réseaux ............................. D 4 091 — 2


2. Répartition des transits ......................................................................... — 3
2.1 Problème général ........................................................................................ — 3
2.2 Puissance transmissible dans une ligne.................................................... — 3
2.3 Chute de tension dans une ligne................................................................ — 4
2.4 Calculs de répartition de puissances ......................................................... — 4
3. Pourquoi régler la tension et la fréquence ? .................................... — 5
3.1 Tension ......................................................................................................... — 6
3.1.1 Tension en un point du réseau .......................................................... — 6
3.1.2 Besoins de tenue de tension.............................................................. — 6
3.2 Fréquence..................................................................................................... — 7
3.2.1 Causes des variations de fréquence ................................................. — 7
3.2.2 Besoins de tenue de la fréquence ..................................................... — 7
3.3 Organisation des réglages .......................................................................... — 8
4. Fonctionnement en régime perturbé.................................................. — 8
4.1 Maîtriser les incidents banals : le plan de protection ............................... — 8
4.2 Mécanismes des grands incidents ............................................................. — 9
4.2.1 Généralités .......................................................................................... — 9
4.2.2 Types de fonctionnement d’un système électrique en régime très
perturbé ............................................................................................... — 9
4.3 Protection du système électrique............................................................... — 11
4.4 Reprise de service........................................................................................ — 11
5. Conclusion ................................................................................................. — 12
Références bibliographiques ......................................................................... — 12

our des raisons économiques (effet de taille...) ou techniques (localisation


P des réserves hydrauliques et des sources froides...), les unités de production
sont souvent géographiquement très concentrées. Par contre, la consommation
est beaucoup plus dispersée.
Les réseaux de transport et d’interconnexion assurent la liaison entre les
grands centres de production et les grandes zones de consommation ainsi
qu’avec les réseaux des gestionnaires de réseaux voisins.
Le gestionnaire du réseau doit maintenir, en permanence, l’équilibre entre
l’offre disponible et la demande potentielle et assurer le transit de l’énergie
depuis les groupes de production jusqu’aux consommations tout en respectant
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPU

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RÉSEAUX D’INTERCONNEXION ET DE TRANSPORT : FONCTIONNEMENT __________________________________________________________________________

les plages contractuelles de tension et de fréquence et les limites constructives


des constituants du réseau.
Les incidents pouvant affecter le fonctionnement du système électrique doi-
vent être maîtrisés pour limiter la gêne occasionnée aux utilisateurs du réseau et
surtout éviter les phénomènes d’écroulement complet du système.


1. Problématique Les réseaux THT jouent un rôle très important pour respecter ces
contraintes car :
du fonctionnement — les références de tension, qui vont conditionner l’ensemble du
des réseaux plan de tension dans le réseau, sont fixées, pour l’essentiel, par les
groupes de production raccordés aux réseaux THT ;
— la fréquence est, de même, fixée par ces groupes de produc-
tion qui doivent rester synchrones en régime permanent ;
Les réseaux de transport et d’interconnexion à très haute tension
(THT) assurent la liaison entre les centres de production et les gran- — la sécurité d’alimentation des grands centres de consomma-
des zones de consommation. Ils permettent d’acheminer, là où elle tion dépend très fortement de la structure des réseaux de transport.
est consommée, l’énergie produite à un instant donné. Ils permet-
tent aussi, d’échanger de la puissance, à travers les lignes d’inter- ■ Mais il faut savoir que, compte tenu de l’inertie mécanique relati-
connexion, entre pays ou grandes zones relevant de gestionnaires vement faible de certains composants des systèmes électriques
de réseaux différents. (groupes de production et moteurs) et de la grande vitesse de pro-
pagation des phénomènes, les réseaux THT créent un couplage
dynamique très fort entre les moyens de production, d’une part, et
Nous conserverons ici la dénomination très haute tension les charges (consommation), d’autre part. Du fait des intercon-
couramment utilisée, correspondant au domaine haute tension nexions internationales, une perturbation importante en Europe du
HTB (norme UTE C 18-510) pour les valeurs de 150 à 800 kV : en Nord peut être ressentie quelques secondes plus tard en Europe du
France, 225 et 400 kV. Sud.
Au-delà de l’examen du problème de la répartition économique et
Trois objectifs majeurs gouvernent l’exploitation du système pro- en sécurité de la puissance, l’étude du fonctionnement de ces vastes
duction-transport-consommation, que nous appellerons aussi sys- systèmes interconnectés et fortement couplés est donc absolument
tème électrique, plutôt que réseau, terme que nous réserverons à nécessaire. Elle portera sur leur réglage et leur stabilité.
l’ensemble des moyens de transport et de transformation de
l’électricité : ■ Enfin, il va de soi qu’il est nécessaire de protéger les systèmes
électriques qui peuvent être affectés par de nombreux types d’inci-
— garantir la sûreté de fonctionnement (assurer le fonctionne- dents. Il convient de distinguer la protection des ouvrages du réseau
ment normal du système, limiter le nombre d’incidents et éviter les proprement dit (lignes...) et celle du système production-transport.
grands incidents, limiter les conséquences des grands incidents) La protection du système production-transport est essentielle, car
[1] ; certains incidents (pertes de ligne en cascade, pertes brutales de
— favoriser la performance économique et l’ouverture du marché moyens de production importants...) peuvent induire des consé-
électrique ; quences catastrophiques (effondrement du système électrique).
— satisfaire les engagements contractuels vis-à-vis des clients
raccordés.
En définitive, l’étude du fonctionnement du système produc-
■ Le stockage massif de l’énergie électrique sous une forme immé- tion-transport-consommation est dominée par quatre
diatement disponible n’est, actuellement, pas possible dans des préoccupations :
conditions économiques satisfaisantes (article [D 4 030] Stockage • maintenir en permanence les conditions nécessaires d’un
d’électricité dans les systèmes électriques). Le problème majeur de équilibre entre la production et la consommation (problème de
l’exploitant est donc de maintenir, en permanence, l’équilibre entre conduite) ;
l’offre disponible et la demande potentielle, l’équilibre instantané
• maintenir les caractéristiques de la tension et de la fré-
entre production et consommation étant une condition nécessaire
quence dans les plages contractuelles (problème de réglage) ;
de fonctionnement du système électrique.
• tenir compte du fort couplage dynamique entre production
Par ailleurs, le maillage du réseau permet de faire face aux aléas et consommation via le réseau (problème de stabilité) ;
qui peuvent affecter l’exploitation (indisponibilité d’ouvrage, aléas
• assurer l’intégrité des ouvrages (problèmes de protection) et
de consommation, incidents...).
du système électrique (problèmes de stabilité et de protection).
■ La qualité du service impose en outre à l’exploitant de chercher à :
— maintenir les caractéristiques du produit (tension, fréquence) Le présent article et l’article [D 4 092] Réseaux d’interconnexion et
dans les limites précises du cahier des charges et des contrats con- de transport. Réglages et stabilité ont pour objet de présenter une
clus avec les utilisateurs du réseau ; vue synthétique des méthodes et des moyens mis en œuvre pour
— limiter, autant que faire se peut, les interruptions de service. assurer le réglage et la stabilité des réseaux interconnectés [2] [3].

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D 4 091 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

SR
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__________________________________________________________________________ RÉSEAUX D’INTERCONNEXION ET DE TRANSPORT : FONCTIONNEMENT

Le présent article expose la problématique générale du fonction- 2.2 Puissance transmissible


nement et des réglages des réseaux de transport, l’article associé
[D 4 092] détaillant la mise en œuvre des réglages de tension et de dans une ligne
fréquence et le problème de la stabilité. Les problèmes de protec-
tion ne seront abordés que très brièvement, car ils sont développés
dans les articles Protection des réseaux. Contrairement à une idée très répandue, ce n’est pas l’échauffe-
ment maximal des conducteurs qui, en général, limite la puissance
transmissible à travers une ligne.

En effet, considérons la figure 1 qui représente, de manière très


2. Répartition des transits simplifiée, par un dipôle d’impédance Z = R + jX, une ligne destinée
à alimenter la charge dessinée en tireté. Sans nuire à la généralité


du propos, nous supposerons d’abord que la résistance R de la ligne
est nulle (elle est généralement très faible vis-à-vis de la
2.1 Problème général réactance X) et que la puissance réactive Q2 de la charge est nulle
(ce qui est vrai en cas de bonne compensation de puissance réac-
tive).
Pour résoudre le problème de l’acheminement de la puissance
Nous montrerons d’abord qu’il est important de réguler la tension
disponible sur les lieux de consommation, dans le cas d’un réseau
aux bornes de la charge.
maillé, il convient de vérifier la compatibilité des niveaux de produc-
tion de chaque groupe déterminés par les producteurs pour satis-
Si nous désignons par θ l’angle entre V1 et V2, nous avons, en con-
faire, d’une manière économiquement optimale pour eux, leurs
sidérant la figure 2 simplifiée (avec R = 0), I en phase avec V2, d’où :
engagements et les transits de puissance dans le réseau.

En général, il existe une multitude de plans de production qui per- XI = V1 sinθ


mettent de faire face à la demande. Toutefois, certains de ces plans
ne sont pas adaptés pour acheminer la puissance sur les lieux de et la puissance active est :
consommation en respectant les contraintes technico-économiques
d’exploitation (minimiser les coûts de production et le coût des per-
tes, respecter les limites thermiques des ouvrages, maintenir la ten- V1 V2
sion dans certaines plages en chaque nœud du réseau, être capable P 1 = P 2 = ------------- sin θ (1)
X
de faire face le plus rapidement possible à certains types de
défaillance...).

Le problème général de la production et de la répartition optimale


et en sécurité de la puissance dans un système production-trans-
port-consommation alternatif maillé est donc fort complexe. Le S1 S2
Z
fonctionnement d’un système électrique est gouverné, à chaque ins- 1 2
tant, par l’équilibre nécessaire entre les puissances actives et réac-
tives produites et consommées. I
V1 V2

Dans tout ce qui suit, nous assimilerons les pertes par effet
Joule dans les ouvrages de transport à une consommation. Z = R + jX

Puissances apparentes :
Lorsque cette condition nécessaire de fonctionnement est S1 = P1 + j Q1
respectée, l’état du système est caractérisé, en régime station- S2 = P2 + j Q2
naire, par la fréquence f (grandeur globale) et les tensions V (gran-
deurs locales). La fréquence f est fixée par la vitesse de rotation de
toutes les machines qui doivent rester synchrones en régime Figure 1 – Modélisation série d’une ligne de transport : schéma
permanent. monophasé équivalent

Contrairement à ce qu’un abus de langage pourrait laisser croire,


l’objectif du réglage des réseaux n’est pas tant de maintenir l’équili-
bre entre la production et la consommation (les lois de Kirchhoff
s’en chargent dans la mesure où f et V restent dans certaines plages
V1
correspondant aux conditions nécessaires de fonctionnement) que
de maintenir la fréquence et la tension dans des limites contractuel-
les, plus contraignantes en fait que les limites imposées par les con- jX I
ditions nécessaires de fonctionnement. Nous examinerons ces
points dans les paragraphes qui suivent. θ
V2 ϕ
Nous allons d’abord traiter de la répartition des puissances pro- RI
duites par les centrales à travers les réseaux de transport et de
répartition, jusqu’au consommateur final. Sans entrer dans des ∆V
détails quelque peu théoriques, disons simplement que l’on sait
résoudre certaines variantes de ce problème [3], correspondant à
des hypothèses de plus en plus simplificatrices. Figure 2 – Diagramme des tensions correspondant à la figure 1

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Réseaux d’interconnexion
et de transport : réglages et stabilité

par Pierre BORNARD


Directeur de la Division Système Électrique à RTE R
Michel PAVARD
Agent d’Électricité de France en inactivité
et Georges TESTUD
Chef Adjoint du Département Exploitation du Système Électrique à RTE

1. Rappels de la problématique générale............................................... D 4 092 — 2


2. Réglage de la fréquence et de la puissance active ........................ — 2
2.1 Adaptation de la production à la consommation ..................................... — 2
2.2 Adaptation de la consommation à la production ..................................... — 5
3. Réglage de la tension et de la puissance réactive ......................... — 7
3.1 Dualité réglage de la tension-compensation réactive .............................. — 7
3.2 Compensation de la puissance réactive .................................................... — 7
3.3 Chaîne de réglage de la tension ................................................................. — 7
3.4 Réglage de la tension des réseaux THT ..................................................... — 8
3.5 Écroulement du plan de tension ................................................................ — 9
4. Stabilité des alternateurs ...................................................................... — 9
4.1 Stabilité statique (en petits mouvements)................................................. — 10
4.2 Stabilité transitoire ...................................................................................... — 11
4.3 Méthodes de simulation numérique.......................................................... — 13
4.4 Amélioration de la stabilité......................................................................... — 13
5. Conclusion ................................................................................................. — 14
Références bibliographiques ......................................................................... — 14

onserver la maîtrise de la sûreté du système et respecter les engagements


C contractuels pris vis-à-vis des utilisateurs des réseaux de transport impli-
quent la mise en œuvre de systèmes de réglages de la fréquence et de la tension
performants (Réseaux de transport et d’interconnexion de l’énergie électrique.
Fonctionnement [D 4 091]). Le présent article présente une vue synthétique des
méthodes et des moyens mis en œuvre pour assurer le réglage de la tension et
de la fréquence ainsi que la stabilité des réseaux de transport THT.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPU

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RÉSEAUX D’INTERCONNEXION ET DE TRANSPORT : RÉGLAGES ET STABILITÉ ______________________________________________________________________

1. Rappels 2. Réglage de la fréquence


de la problématique et de la puissance active
générale
Tout écart entre la puissance électrique appelée par un réseau et
la puissance mécanique fournie par les machines d’entraînement
Les réseaux de transport et d’interconnexion à THT (très haute des alternateurs provoque des variations de vitesse de ces derniers,
tension) assurent la liaison entre les grands centres de production et donc de la fréquence du réseau.
les grandes zones de consommation. Ils permettent aussi d’échan- Le problème de l’adaptation, à tout instant, de la production à la
ger de la puissance à travers les lignes d’interconnexion, entre pays demande est donc intimement lié à celui du réglage de la fréquence
ou grandes zones relevant de gestionnaires de réseaux différents. (Réseaux de transport et d’interconnexion de l’énergie électrique.

R Trois objectifs majeurs gouvernent l’exploitation du système pro-


duction-transport-consommation, que nous appellerons système
Fonctionnement [D 4 091]). Cette adaptation ne peut être réalisée
que de deux façons :
— en faisant varier constamment la production pour satisfaire la
électrique, plutôt que réseau, en réservant ce terme à l’ensemble
consommation ; c’est le mode d’exploitation normal ;
des moyens de transport et de transformation de l’électricité :
— en ajustant la consommation à la production ; c’est ce que l’on
— garantir la sûreté de fonctionnement (assurer le fonctionne- est contraint de faire en période de pénurie (structurelle ou acciden-
ment normal du système, limiter le nombre d’incidents et éviter les telle).
grands incidents, limiter les conséquences des grands incidents)
[1] ;
— favoriser la performance économique et l’ouverture du marché 2.1 Adaptation de la production
de l’électricité ; à la consommation
— satisfaire les engagements contractuels vis-à-vis des clients
raccordés.
2.1.1 Généralités
L’article Réseaux de transport et d’interconnexion de l’énergie
électrique. Fonctionnement [D 4 091] décrit la problématique géné- Au fur et à mesure de l’évolution de la technologie et de la struc-
rale du fonctionnement du système électrique. Il montre en particu- ture des réseaux, des solutions de plus en plus élaborées ont été
lier que le gestionnaire du réseau doit suivre les variations normales appliquées pour adapter automatiquement la production à la con-
des conditions de fonctionnement (par exemple l’évolution de la sommation.
consommation au cours de la journée) et faire face aux aléas
(déclenchements de groupes de production ou d’ouvrages du ■ Les actions qui permettent de maintenir les conditions d’un équi-
réseau) tout en maîtrisant en permanence la sûreté de fonctionne- libre production-demande se placent à différentes échéances dans
ment du système et en respectant ses engagements contractuels le temps :
(en particulier en termes de respects de plages de tension et de fré- — les décisions d’investissement sont prises très en amont du
quence) vis-à-vis des utilisateurs du réseau. stade opérationnel ; elles permettent de définir le volume et la
nature des moyens de production à mettre en service à une date
Il montre également que pour atteindre ces objectifs, des systè- donnée, à partir des prévisions de consommation à long terme, et
mes de réglages performants doivent être mis en œuvre, de planifier les moyens de transport indispensables pour acheminer
s’appuyant en particulier sur les groupes de production raccordés la puissance vers les zones de consommation ;
sur le réseau THT, selon les principes généraux d’organisation — sur une période qui s’étale de quelques années à un jour avant
suivants : l’instant considéré, la gestion prévisionnelle du parc de production
— les réglages de la puissance active P et de la fréquence f sont et du réseau va aboutir à la définition des programmes de marche
étroitement liés (couplage P, f) ; des centrales en s’efforçant de coordonner au mieux les objectifs de
minimisation des coûts de production (objectifs des producteurs) et
— les réglages de la puissance réactive Q et de la tension V sont les objectifs de minimisation des coûts de transport et le maintien
également étroitement liés (couplage Q, V) ; de la sûreté du système (objectifs du gestionnaire du réseau) ;
— le réglage de la fréquence est global (en régime permanent, la — en temps réel, les centrales réalisent leur programme de
fréquence est identique dans tout le réseau) ; marche ; celui-ci est ajusté si besoin, sur demande de l’opérateur du
gestionnaire de réseau pour faire face aux écarts constatés face à la
— le réglage de la tension est local (la valeur de la tension de con- consommation effective ou tout autre aléa.
signe peut être légèrement différente selon les points d’un réseau
exploité à un même niveau de tension nominale). ■ Le délai d’action d’un opérateur n’est cependant pas suffisant
pour répondre à certains aléas. Il faut donc compléter son action par
Si le réseau n’est pas trop chargé, on peut admettre que les régla- des réglages rapides et automatiques.
ges (P, f) et (Q, V) sont largement découplés et il apparaît naturel Le réglage primaire agit localement sur chaque groupe de produc-
d’organiser le réglage des systèmes électriques en respectant les tion et assure, de façon automatique, la correction de l’écart entre
deux principes suivants : production et demande. Il aboutit à un nouvel équilibre dans
l’ensemble du réseau interconnecté, mais à une fréquence de fonc-
— découplage des réglages (Q, V) et (P, f) ; tionnement différente de la fréquence de référence.
— hiérarchisation de chaque réglage dans le temps et dans Le réglage secondaire, également automatique, agit après le
l’espace. réglage primaire. Il rétablit la fréquence de référence et les échanges
contractuels entre réseaux interconnectés. Il est du type centralisé
Examinons maintenant, de façon forcément synthétique, les (en général par pays ou zone d’action de gestionnaire de réseau).
méthodes et les moyens mis en œuvre pour assurer le réglage de la
tension et de la fréquence ainsi que la stabilité des réseaux THT [2] ■ Lorsque l’on s’écarte trop des conditions prévues de fonctionne-
[3]. ment et que les réglages automatiques s’avèrent inopérants, il faut

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______________________________________________________________________ RÉSEAUX D’INTERCONNEXION ET DE TRANSPORT : RÉGLAGES ET STABILITÉ

procéder à un réajustement des programmes de production des ■ Considérons maintenant le cas d’un réseau constitué de
centrales en tenant compte des coûts d’ajustement correspondants n machines ; soit P0 la puissance programmée pour une fréquence
(coûts à la hausse ou à la baisse) pour minimiser le coût du réa- f0 :
justement tout en assurant le fonctionnement le plus sûr du sys-
tème de production-transport (réglage tertiaire). Ce type de décision
n
est centralisé.
P0 = ∑ P 0i (2)
i=1
2.1.2 Réglage primaire
Examinons l’effet d’une variation ∆P de la puissance appelée. Il
2.1.2.1 Rôle du réglage primaire est utile de définir une grandeur reliant les variations de fréquence
à celle de la puissance appelée. Pour la puissance du réseau, on ne


Si on laissait agir les générateurs et les récepteurs suivant leurs peut pas parler de valeur nominale et l’on est obligé de se référer à
propres lois d’autorégulation (Réseaux de transport et d’intercon- la puissance programmée P0 à l’instant considéré. On écrira donc
nexion. Fonctionnement [D 4 091]), notamment en laissant les orga-
l’équation de fonctionnement en régime permanent :
nes d’admission du fluide moteur sur les groupes générateurs à
ouverture constante, les variations de fréquence, sous l’effet des
variations inévitables de la charge, risqueraient de prendre rapide- ∆P 1 ∆f
ment des amplitudes prohibitives [4]. ------- = – --- ------ (3)
P0 s f0
En outre, les variations de la charge appelée par le réseau se
répartiraient entre les groupes en fonction des caractéristiques avec P0 puissance programmée totale du réseau à
naturelles des machines et du réseau (coefficients a d’autoré-
l’instant considéré,
gulation). Il en résulterait :
— sur les ouvrages de transport, des modifications de transits dif- s statisme équivalent de ce réseau.
ficiles à maîtriser ;
— une désadaptation erratique du programme de production En fait, s est relié au statisme si des groupes en réglage primaire.
(préjudiciable à l’économie et à la sécurité d’exploitation). En effet, la variation ∆P de puissance appelée P est la somme des
variations ∆Pi des n′ groupes qui participent au réglage primaire,
Les groupes générateurs sont donc munis de régulateurs de
vitesse, qui agissent sur les organes d’admission de la turbine, soit [cf. formule (1)] :
quand la vitesse du groupe s’écarte de la vitesse de référence, et qui
sont asservis à la vitesse pour maîtriser la répartition de la puis- n′ n′
sance produite entre les groupes. P ni
∆P = ∑ ∆f
∆P i = – ------ ∑ -------
i=1 f0 i=1 si
2.1.2.2 Principe du réglage primaire
Le lecteur pourra, pour plus de détails, se reporter à la référence d’où :
bibliographique [5].
n′
■ Pour fixer le point de fonctionnement des groupes, il faut établir P ni
une relation biunivoque entre la fréquence et la puissance débitée 1 1
--- = ------ ∑ ------- (4)
par chaque groupe. s P0 i=1 si
Le principe du réglage primaire consiste à répartir les fluctuations
de la charge (dont la fréquence est l’image) au prorata des capacités Le plus souvent, tous les groupes ne sont pas soumis au réglage
nominales des groupes en pondérant par un gain. On adopte donc, primaire de vitesse : certains sont en butée de réglage, d’autres
pour chaque groupe i, une loi de réglage de la forme : fonctionnent en réglage de puissance. Le statisme équivalent du
réseau est donc supérieur à la moyenne pondérée des statismes
P i – P 0i 1 f–f permanents des groupes puisque :
------------------ = – ---- -----------0- 
P ni si f0 
ou :  (1) n′
∆P 1 ∆f 
---------i = – ---- ------  P0 > ∑ P ni
P ni si f0  i=1

avec f fréquence du réseau correspondant au


fonctionnement à la puissance Pi, En France, le statisme constaté du réseau est de l’ordre de
12 %.
f0 fréquence de consigne du réseau,
Pi puissance débitée par le groupe i,
■ En général, on préfère caractériser un réseau par son « énergie
P 0i puissance programmée du groupe i pour la
fréquence f0, réglante primaire » (le terme usuel énergie étant d’ailleurs utilisé ici
par abus de langage) :
P ni puissance nominale du groupe i,
si statisme permanent du régulateur du groupe i. P0
K = -------
-
sf 0
En France, la valeur du statisme d’un groupe est fixée entre 3
et 6 %. avec K exprimé en MW/Hz.

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Protection des réseaux de transport


et de répartition : présentation


par Benoît CALMET
Ingénieur de l’École d’électricité, de production et des méthodes industrielles
Ingénieur au Département exploitation du Centre national d’expertise réseaux de RTE

1. Rappel sur les réseaux ............................................................................ D 4 800v2 - 3


2. Défauts de fonctionnement .................................................................. — 5
3. Élimination des défauts .......................................................................... — 6
4. Automates de reprise du service ......................................................... — 8
5. Technologie et mise en œuvre ............................................................. — 10
6. Annexe : réseaux triphasés en régime de défaut ............................ — 12
Pour en savoir plus ............................................................................................ Doc. D 4 800v2

L es réseaux électriques représentent des investissements considérables


consentis par les Gestionnaires de Réseaux de Transport et de Distribution
(GRT ou GRD) pour alimenter leurs clients dans les meilleures conditions de
coût et de qualité de service. En France, le GRT est RTE (Réseau de Transport
d’Électricité). Il gère principalement les réseaux HTB. Les réseaux publics de
distribution (RPD) HTA et BT, qui, historiquement sont placés sous le régime
de la concession, sont gérés par des GRD (Gestionnaire de réseaux de distribu-
tion au sens de la loi 2000-108). En France métropolitaine, ERDF (Électricité
Réseau Distribution France) est le principal GRD, puisqu’il gère environ 95 %
des réseaux publics de distribution. On notera toutefois que 170 ELD (Entre-
prises Locales de Distribution) assurent également cette fonction sur des
territoires plus ou moins étendus, dont les réseaux pour des raisons histo-
riques n’ont pas fait l’objet d’une nationalisation en 1946.
Pour des raisons techniques et économiques évidentes, il n’est pas possible
de construire des réseaux exempts de défauts de fonctionnement ; ils sont, en
particulier, exposés aux agressions naturelles comme la foudre. Les réseaux
sont donc affectés de perturbations qui peuvent mettre en cause la pérennité
du matériel et la qualité du service rendu et dont il faut chercher à minimiser
les conséquences.
Tout défaut doit donc être identifié immédiatement afin d’isoler le plus rapi-
dement possible du réseau sain l’ouvrage siège du défaut. C’est l’objet de la
protection des réseaux.
La Commission électrotechnique internationale (CEI) définit la protection
comme l’ensemble des dispositions destinées à détecter les défauts ou les
autres situations anormales dans un réseau d’énergie, à permettre
l’élimination des défauts, à mettre fin aux situations anormales et à lancer des
ordres ou des signalisations.
La protection des différents réseaux (transport et interconnexion, distribution
publique, distribution industrielle privée) fait l’objet de dossiers spécialisés. En
préambule à ces dossiers, on rappelle ici les caractéristiques essentielles de
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPPY

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SY
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PROTECTION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION : PRÉSENTATION ______________________________________________________________

ces réseaux en donnant des indications sur les défauts qui les affectent. On
présente également les critères communs à tous les réseaux qui sont à
prendre en considération lors de la conception de leur protection.
Tout ce qui suit ne concerne que la protection contre les courts-circuits et
les défauts d’isolement. La protection contre les incidents affectant le fonction-
nement d’ensemble du système Production-Transport-Consommation, tels que
les surcharges, les pertes de synchronisme, les écroulements de tension, les
baisses de fréquence, se trouve, dans le dossier Réseaux de transport et
d’interconnexion : réglage et fonctionnement [D 4 090].
Les autres dossiers sur la protection des réseaux sont les suivants :

R – [D 4 801] « Protection des réseaux de transport et de répartition contre les


courts-circuits et les défauts d’isolement » ;
– [D 4 802] « Protection des lignes et des câbles de transport et de
répartition » ;
– [D 4 803] « Protection des barres et transformateurs : apport des techni-
ques numériques » ;
– [D 4 804] « Réseaux de transport et de répartition : aspects Système et
plans de protection » ;
– [D 4 805] « Protection des réseaux de transport et de répartition » ;
– [D 4 810] « Protection des réseaux à moyenne tension de distribution
publique » ;
– [D 4 815] « Protection des réseaux à basse tension de distribution
publique » ;
– [D 4 820] « Protection des installations industrielles et tertiaires ».
Ils concernent les réseaux à courants alternatifs triphasés.
Ces réseaux et les installations qui les constituent sont repérés par leur
niveau de tension normalisé (en France, la publication applicable est l’UTE
C18-510) :
– HTB : Un > 50 kV ;
– HTA : 1 kV < Un ⭐ 50 kV ;
– BTB : 500 V < Un ⭐ 1 000 V ;
– BTA : 50 V < Un ⭐ 500 V ;
– TBT : Un ⭐ 50 V.
De plus, en France, la HTB se décompose de la manière suivante (décret
no 2003-588 du 27 juin 2003) :
– HTB1 : 50 kV < Un ⭐ 130 kV ;
– HTB2 : 130 kV < Un ⭐ 350 kV ;
– HTB3 : 350 kV < Un ⭐ 500 kV.
Toutefois, par abus de langage, nous rencontrons fréquemment les
anciennes appellations :
– très haute tension (THT) : supérieure à 200 kV ;
– haute tension (HT) : entre 35 et 200 kV ;
– moyenne tension (MT) : entre 1 et 35 kV ;
– basse tension (BT) : inférieure à 1 kV.
Les valeurs des tensions assignées (ou nominales) correspondant à chaque
niveau, adoptées dans les différents pays, sont très diversifiées et trop nom-
breuses pour être toutes citées ; celles couramment utilisées en France, sont
les suivantes :
400 kV ; 225 kV ; 90 kV ; 63 kV ; 20 kV et 15 kV ; 400 V ; 230 V.
On note qu’il existe encore des ouvrages 150 kV et 42 kV sur le territoire fran-
çais, mais qui sont voués à disparaître au fur et à mesure du renouvellement
du réseau.

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______________________________________________________________ PROTECTION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION : PRÉSENTATION

1. Rappel sur les réseaux Certains industriels produisent de l’électricité, de par leur pro-
cess. On estime à 2,6 % de la consommation française la produc-
tion autoconsommée par ces industriels sur leurs sites.
Les réseaux constituent le lien obligatoire entre la production de Enfin, il faut savoir que tous les réseaux électriques génèrent
l’énergie électrique et les utilisateurs. des pertes en ligne ; en France 6,7 % de la consommation est à
imputer à ces pertes.

1.1 Production
Nota : le lecteur pourra se reporter au dossier Conduite d’un système de
1.3 Divers types de réseaux
production-transport [D 4 080] et en [Doc. D 4 800v2] aux articles référencés [2] [3].

L’énergie est produite par des moyens centralisés ou décentrali- 1.3.1 Réseau de transport et d’interconnexion


sés, raccordés au réseau de transport ou aux réseaux de
La mission des réseaux de transport et d’interconnexion est
distribution :
principalement :
– des centrales thermiques classiques (charbon, fuel, gaz) et
– de collecter la puissance produite par les centrales importantes
nucléaires ;
et de l’acheminer vers les zones de consommation : fonction
– des usines hydrauliques ;
transport ;
– des parcs éoliens ;
– de permettre une exploitation économique et sûre des moyens
– des cogénérations ;
de production en assurant une compensation des aléas et en utili-
– de la production photovoltaïque. sant, en priorité, les groupes de production les plus économiques
En France, en 2007, la production se répartissait de la manière du fait de leur puissance, de la nature du combustible, de leur âge,
suivante : enfin, d’assurer des échanges commerciaux entre les différents
– thermique nucléaire : 76,9 % ; pays : fonction interconnexion.
– thermique à flamme : 10,1 % ; En France, ce double rôle est essentiellement celui du réseau
– hydraulique : 11,6 % ; 400 kV.
– éolien : 0,7 % ; Les réseaux de ce type sont très maillés et sont constitués
– sources d’énergies renouvelables hors hydraulique et éolien : d’ouvrages capables de très forts transits.
0,7 %.
Aujourd’hui, dans la plupart des pays industrialisés, l’énergie est Exemple : les circuits aériens du réseau 400 kV du Réseau de
produite par des centrales de grande puissance, souvent de plu- transport d’électricité RTE peuvent transiter plus de 3 500 A.
sieurs milliers de mégawatts.
Ces capacités de transit ne sont jamais utilisées en permanence ;
Exemple : en France, la puissance unitaire des tranches nucléaires elles sont calculées pour se prémunir de la perte d’un ouvrage
est de 900 et 1 300 MW et un site de production peut compter de adjacent et ainsi supporter le report de charge.
deux à six tranches.
Il faut noter qu’une forte interconnexion favorise la stabilité de
fonctionnement des générateurs géographiquement éloignés.
Les centrales sont éloignées des centres de consommation par
suite :
– de sujétions d’alimentation en eau de refroidissement ; 1.3.2 Réseaux de répartition régionale
– de sujétions d’approvisionnement en combustible (localisation
En France, ce sont les réseaux 225 kV, 90 kV et 63 kV.
des centrales près des bassins miniers, des ports ou des
gazoducs) ; Leur fonction est d’amener l’énergie prélevée sur les réseaux de
– de situations géographiques dans le cas de l’hydraulique. tension supérieure jusqu’aux points d’injection sur les réseaux de
distribution et chez les gros utilisateurs industriels.
Les unités de forte puissance doivent évacuer l’énergie produite
en 225 kV et 400 kV du fait : Ces réseaux ont très souvent une structure dite bouclée.
– de contraintes techniques ; il faut utiliser des tensions d’autant
plus élevées que la puissance à transporter est importante et que Exemple simplifié : un réseau de ce type est présenté sur la
la distance de transport est grande ; figure 1. Les lignes représentées en bleu forment une boucle.
– de contraintes économiques ; pour une puissance à transpor-
ter donnée, en élevant la tension, on diminue le courant à transi- L’intérêt de cette topologie réside surtout dans la notion de
ter, donc la section des conducteurs et les pertes par effet Joule. secours d’alimentation ; en effet, la perte d’une liaison d’alimenta-
tion est compensée par les autres ouvrages, qui transitent alors la
puissance demandée.
1.2 Consommation Une part notable de production, essentiellement d’origine
hydraulique, est encore raccordée au réseau 63 kV, ce qui en
La consommation électrique en France s’élevait en 2007 à complique l’exploitation et la protection.
480,3 térawattheure (1 TWh est égal à 1 milliard de kWh).
L’exploitation des réseaux de répartition se fait :
Les utilisateurs sont extrêmement nombreux et répartis sur tout
le territoire. – soit en boucle fermée (on dit que le réseau est bouclé) ;
– soit en boucle ouverte (on dit que le réseau est débouclé).
Les consommateurs raccordés sur les réseaux de distribution
sont les plus nombreux (professionnels et particuliers). En 2007, ils Certaines alimentations se font en antenne, comme celle réali-
représentaient 72,9 % de la consommation intérieure. sée au moyen de la ligne L1 ou encore en piquage comme le rac-
cordement de L2 sur la ligne L3 (figure 1).
Les utilisateurs industriels raccordés directement sur le réseau
de transport sont moins nombreux, mais gros consommateurs ; ils À chacun de ces cas peuvent correspondre des protections et
représentent 17,8 % de la consommation. des automates spécifiques (§ 4).

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PROTECTION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION : PRÉSENTATION ______________________________________________________________

HTB HTA HTA

HTB HTB HTB

HTB

HTB

HTB
L2 HTA BT BT BT


L3 point de débouclage

HTA HTB Figure 2 – Réseau HTA souterrain en coupure d’artère


L1
HTB

BT
HTA BT
BT
HTA

Figure 1 – Exemple de réseau de répartition bouclé BT

HTA Point HTB


HTB
d’ouverture
1.3.3 Réseaux HTA de distribution publique
Ces réseaux (cf. dossier Réseaux de distribution. Structure et
HTA
planification [D 4 210]) alimentent un grand nombre d’utilisateurs :
– soit directement pour des puissances allant jusqu’à quelques BT
BT
mégawatts ;
– soit, après transformation, en BT. BT BT

Leur structure et leur mode d’exploitation varient selon les pays.


Les réseaux à structure radiale sont exploités débouclés ; on ren- Souterrain Interrupteur aérien Remontée aéro- Poste
contre deux types principaux de structures : télécommandé souterraine HTA/BT
– en coupure d’artère (figure 2), typique des réseaux urbains Interrupteur Interrupteur Interrupteur
souterrains ; ces réseaux sont conçus pour un éventuel fonction- fermé ouvert manuel
nement bouclé ;
– à structure arborescente, typique des réseaux ruraux aériens Figure 3 – Réseau HTA arborescent mixte (aéro-souterrain)
(figure 3) ; ces réseaux comportent des points de bouclage pour
assurer un secours par la HTA.
– d’être courts ;
– de transiter des puissances souvent très élevées ;
Remarque : le point d’ouverture (ou coupure) est présent – de comporter des dispositions spécifiques pour assurer la pro-
dans le but de ne pas boucler le réseau HTB par le réseau HTA tection des personnes.
(les transits d’énergie seraient trop important pour les installa- Il existe également des industries autoproductrices d’électricité
tions HTA). En régime normal, le point de coupure est donc appelées cogénérations.
ouvert.
Exemple : les industries fortement productrices de vapeur.
1.3.4 Réseaux BT de distribution publique
Les unités de production sont en général de faible puissance et
Ces réseaux alimentent des consommateurs de faible puissance fonctionnent en parallèle avec le réseau du distributeur.
unitaire, jusqu’à environ 250 kVA ; ils peuvent être :
Les réseaux d’usine ont leurs propres systèmes de protection.
– à structure radiale avec ou sans point de bouclage ;
– maillés ; si il peut subsister localement quelques poches de
réseaux « expérimentaux » maillés, en tous cas, à Paris, ils ont été
largement utilisés dans les années 1960, et ont totalement disparu
1.4 Constitution des réseaux
depuis les années 1990. En effet, cela impliquait trop de
contraintes de construction (Icc importante) et d’exploitation
(risque de perte totale de la maille). On peut toutefois rencontrer Dans ce dossier et les dossiers qui suivent, les éléments des
des réseaux BT maillés à l’étranger (États-Unis et Japon). réseaux électriques sont indifféremment désignés par ouvrages
ou installations. Parmi ces ouvrages, on distingue principale-
ment des ouvrages de transformation et des ouvrages de tran-
1.3.5 Réseaux d’usine
sit. Les ouvrages de transit étant utilisés comme lien entre les
L’alimentation électrique de certaines industries nécessite de différents points géographiques des réseaux, et les ouvrages de
construire des réseaux spécialisés, HTA et BT, en aval du réseau transformation pour transformer les tensions d’un réseau à
du distributeur [1] ; ces réseaux ont comme caractéristiques : l’autre (par exemple, pour abaisser l’énergie issue du réseau de
– d’être essentiellement constitués de câbles souterrains ; transport vers le réseau de distribution).

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D 4 800v2 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

TR
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Protection des réseaux de transport


et de répartition contre les courts-
circuits et les défauts d’isolement


par Jean-Luc CHANELIÈRE
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur senior du Centre national d’expertise réseaux
Réseau de transport d’électricité (EDF Transport)

Actualisation du dossier [D 4 805] (1995) rédigé par Claude CORROYER et Pierre DUVEAU

1. Performances et contraintes imposées aux protections D 4 801 - 2


1.1 Performances fonctionnelles ...................................................................... — 2
1.2 Environnement climatique et électromagnétique ..................................... — 4
1.3 Technologie .................................................................................................. — 4
2. Classification des protections
— 5
2.1 Protections à sélectivité absolue et à sélectivité relative.......................... — 5
2.2 Utilisation de liaisons de transmission ...................................................... — 5
2.3 Protections à signaux de commande ......................................................... — 6
3. Influence des régimes transitoires ......................................................
— 6
3.1 Régimes transitoires créés par l’apparition de courts-circuits
sur le réseau ................................................................................................. — 6
3.2 Régimes transitoires au niveau des transformateurs de mesure ............ — 7
4. Fonctions élémentaires de mesure des relais
— 8
4.1 Relais de mesure de courant....................................................................... — 8
4.2 Relais de mesure de tension ....................................................................... — 10
4.3 Relais de mesure d’impédance ................................................................... — 11
4.4 Relais de mesure de puissance................................................................... — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 801

e dossier traite de la protection des réseaux à très haute tension (THT) et


C à haute tension (HT) contre les courts-circuits et les défauts d’isolement ;
la protection contre les fonctionnements anormaux du système Production
Transport-Distribution (pertes de synchronisme, baisse de fréquence, chutes
de tension) a fait l’objet d’un dossier « Réseaux de transport et d’inter-
connexion de l’énergie électrique. Fonctionnement et réglage » [D 4 090] et ne
sera pas reprise ici.
Les défauts sur les réseaux provoquent des perturbations affectant leur fonc-
tionnement et la qualité d’alimentation de la clientèle (cf. [D 4 800v2]
« Protection des réseaux. Présentation générale »). Par exemple, un défaut mal
éliminé sur le réseau THT de transport et d’interconnexion peut conduire à un
incident de grande ampleur privant d’alimentation une partie importante du
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPPY

territoire alors que les défauts sur les réseaux de répartition HT entraînent des
creux de tension ou des coupures brèves, voire des coupures longues, chez les
clients.

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est strictement interdite. – © Editions T.I. D 4 801 – 1

TS
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PROTECTION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION CONTRE LES COURTS- CIRCUITS ET LES DÉFAUTS D’ISOLEMENT ________________________

Si le nombre de défauts dépend des caractéristiques des ouvrages, notam-


ment de leur niveau d’isolement et de leur environnement, en particulier de
leur exposition aux perturbations atmosphériques, la qualité de leur élimina-
tion est directement fonction des performances des systèmes et des
équipements de protection.
Les performances et contraintes imposées aux protections par les différents
types de réseaux sont précisées.
Après une présentation de la classification des protections couramment
admise au plan international, et un rappel sur l’influence des régimes transi-
toires sur le comportement des protections, les fonctions élémentaires de


mesure des relais sont détaillées.
Dans ce dossier, en conformité avec le langage courant, nous conserverons
les notations THT (225 et 400 kV) et HT (63 et 90 kV) bien que la dénomination
actuelle (UTE C 18-510) soit HTB pour toutes les tensions supérieures à 50 kV.
Ce dossier fait partie d’une série sur la protection des réseaux de transport et
de répartition :
– « Présentation » [D 4 800v2] ;
– « Protection contre les courts-circuits et les défauts d’isolement »
[D 4 801] ;
– « Protection des lignes et des câbles » [D 4 802] ;
– « Protection des barres et des transformateurs. Apport des techniques
numériques » [D 4 803] ;
– « Aspects systèmes et plans de protection » [D 4 804].

1. Performances Les contraintes à considérer pour concevoir le plan de protection


des réseaux THT de transport et d’interconnexion découlent des
et contraintes imposées spécificités de ces réseaux et des conditions de fonctionnement
qui en résultent. Ces contraintes imposent aux protections les per-
aux protections formances suivantes (§ 1.1.1.1, § 1.1.1.2, § 1.1.1.3 et § 1.1.1.4).

1.1.1.1 Rapidité d’élimination des défauts


1.1 Performances fonctionnelles Dans la plupart des réseaux THT, c’est le maintien de la stabilité
transitoire de fonctionnement des groupes générateurs qui
impose le temps maximal d’élimination des défauts, essentiel-
1.1.1 Performances imposées par les réseaux THT lement des défauts polyphasés qui sont les plus contraignants.
de transport et d’interconnexion
Ce temps maximal se situe le plus souvent dans la fourchette de
La taille des groupes générateurs modernes nécessite de les rac- 100 à 200 ms ; des valeurs plus basses – de l’ordre de 60 à 80 ms –
corder aux réseaux de tensions les plus élevées : peuvent être nécessaires dans des situations de réseau
– 400 kV dans le cas de la France et de la plupart des pays contraignantes.
européens ; Sur les réseaux à 225 kV électriquement proches, ce temps est de
– 500 ou 750/765 kV aux États-Unis et au Canada. l’ordre de 150 à 250 ms.
Ces réseaux ont essentiellement une fonction de transport
d’énergie et d’interconnexion. Par ailleurs, la tenue aux courants de court-circuit les plus éle-
vés des matériels sous enveloppe métallique [cf. dossier [D 4 590]
Certains réseaux de tensions inférieures peuvent jouer un rôle Postes à haute et très haute tensions. Postes sous enveloppe
analogue lorsqu’une part importante de production leur est métallique (PSEM)] impose d’éliminer très rapidement les défauts
raccordée ; c’est le cas, en France, de certains réseaux à 225 kV et entre phase et masse pour éviter le percement des enveloppes.
HT régionaux (Alpes, Sud-Est, Sud-Ouest) sur lesquels débitent de
nombreux groupes hydrauliques. Néanmoins, les contraintes de Un temps maximal d’élimination de 100 ms est couramment cité
fonctionnement de ces réseaux sont le plus souvent moins sévères pour les PSEM 40 kA et 63 kA.
que celles relatives aux réseaux THT.
En France, on a également l’habitude de particulariser les zones
du réseau à 225 kV dites électriquement proches des centrales
puissantes raccordées au réseau à 400 kV. Schématiquement, ce Le temps de fonctionnement des disjoncteurs modernes
sont des zones situées dans un rayon de 20 à 30 km autour des (ouverture des pôles et coupure du courant) étant de l’ordre
grands postes 400/225 kV. Des défauts polyphasés survenant dans de 30 à 50 ms, ces exigences sur les temps d’élimination des
ces zones peuvent mettre en cause la stabilité des groupes s’ils ne défauts imposent aux protections les plus rapides de fonction-
sont pas éliminés rapidement. ner en un temps de 20 à 30 ms.

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D 4 801 − 2 est strictement interdite. − © Editions T.I.

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________________________ PROTECTION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION CONTRE LES COURTS- CIRCUITS ET LES DÉFAUTS D’ISOLEMENT

1.1.1.2 Sélectivité d’élimination des défauts Exemple : les installations du réseau français à 400 kV sont
conçues pour tenir un courant de court-circuit de 40 kA et même de
Les réseaux THT de transport et d’interconnexion sont égale-
63 kA sur quelques sites en nombre limité. Dans certains pays, des
ment caractérisés par de forts transits d’énergie ; des courants de
valeurs de 50 kA sont courantes.
charge de plusieurs milliers d’ampères sont fréquents. En cas de
déclenchement d’un ouvrage, il se produit instantanément un
report de charge sur les ouvrages restant en service. Les protections sont donc susceptibles d’être sollicitées par de
tels courants.

Il est indispensable de ne déclencher que les ouvrages stric- ■ Les courants très élevés se rencontrent la plupart du temps en cas
tement nécessaires à l’élimination d’un défaut sous peine de défaut triphasé. Ils ne sont alors limités que par les impédances
d’être confronté à des conditions de transit insupportables sur naturelles du réseau. Certaines compagnies d’électricité adoptent
d’autres ouvrages, entraînant des déclenchements en cascade. des dispositions constructives (installation de réactances de limita-


Cette faculté est appelée sélectivité. tion par exemple) pour en réduire le niveau ; la limitation peut éga-
lement être obtenue en jouant sur le schéma d’exploitation :
débouclage partiel des réseaux aux points où les courants de
La sélectivité d’élimination des défauts est donc indispensable court-circuit risquent de dépasser les valeurs admissibles.
pour garantir la pérennité du fonctionnement d’un réseau.
En THT, on rencontre de plus en plus des configurations de ■ En cas de défaut à la terre, le niveau des courants de court-cir-
réseau pour lesquelles la prise en compte de la contrainte de cuit dépend très fortement du mode de mise à la terre des points
sélectivité conduit à accroître la complexité des protections : neutres des réseaux. L’interposition d’une impédance dans cette
– c’est le cas des lignes à deux circuits sur la même file de mise à la terre (cf. [D 4 800v2]) permet de réduire les courants de
pylônes et sur lesquelles peuvent survenir des défauts atteignant court-circuit.
simultanément les deux circuits : en France, on compte en
moyenne 0,2 défaut de ce type par an et par 100 km de file de
pylônes. Lorsque ces défauts doubles sont monophasés et Exemple : en France, les points neutres du réseau à 400 kV sont
atteignent deux phases différentes, la sélection de la phase en mis à la terre par l’intermédiaire de réactances de 25 Ω dans le cas
défaut est délicate. Seules certaines protections permettent d’évi- des transformateurs des groupes générateurs et de 40 Ω dans le cas
ter un déclenchement triphasé des deux circuits, inutile et des autotransformateurs 400/225 kV.
contraignant ;
– c’est également le cas des lignes à plusieurs extrémités, dont
Cela est fait en sorte que le rapport entre l’impédance homopo-
celles avec raccordement de transformateurs en piquage. L’élimi-
laire Z0 et l’impédance directe Zd résultantes en tous points du
nation sélective des défauts est encore difficile à réaliser et impose
réseau soit toujours :
l’emploi de protection particulières adaptées.

1.1.1.3 Fiabilité des protections statiques électroniques Z0


⭓1
Zd

La notion de fiabilité recouvre à la fois l’absence de fonction-


nement intempestif (sûreté) et l’absence de défaut de fonction- De cette façon, la valeur maximale du courant de défaut mono-
nement (sécurité) [D 4 800v2]. phasé à la terre ne dépasse jamais celle des courants de défauts
triphasés.

Le non-fonctionnement d’une protection est contraignant s’il On note que l’on fait également en sorte que ce rapport en THT
conduit à une élimination tardive et non sélective des défauts. reste toujours tel que :
En fonction du type de protection et de son rôle dans le réseau,
des objectifs de sécurité, de sûreté et de disponibilité (probabilité Z0
de pannes) sont fixés par les exploitants. ⭐3
Zd
Pour atteindre ces objectifs, le concepteur doit les prendre en
compte dès le début de l’étude du matériel. Il est ainsi conduit à pour satisfaire aux exigences de coordination des isolements
utiliser des composants parfaitement stabilisés dont la fiabilité est contraignantes en THT.
connue et qui répondent aux besoins du cahier des charges de
l’équipement de protection. Dans de nombreux pays, aucune mesure particulière n’est prise
Chaque chaîne de mesure et de décision est analysée sur le plan pour limiter les courants de défaut à la terre ; les points neutres
de la sécurité et de la sûreté. Cette analyse peut éventuellement sont alors en général raccordés directement à la terre et le courant
amener le concepteur à changer de composants ou à modifier les maximal peut être supérieur à celui rencontré en cas de défaut tri-
schémas pour atteindre les objectifs fixés. phasé.
L’étude de la disponibilité prévisionnelle est un autre point
Il est relativement difficile de préciser la valeur minimale des cou-
important de l’étude de fiabilité, dès que l’équipement comprend
rants de court-circuit. Celle-ci est fortement influencée par le
un grand nombre de sous-ensembles complexes. Dans ce dernier
schéma d’exploitation du réseau. En particulier, en période de faible
cas, le risque de non-fonctionnement est augmenté, le concepteur
charge, le nombre de groupes générateurs connectés est notable-
peut être amené à doubler certains sous-ensembles ou certaines
ment réduit et des lignes de transport sont mises hors tension, ce
chaînes de décision dont l’incidence sur la probabilité de non-fonc-
qui contribue à réduire fortement les courants de court-circuit poly-
tionnement globale de l’équipement est importante.
phasé. De même, les courants de court-circuit à la terre peuvent être
considérablement réduits par le choix du schéma d’exploitation,
1.1.1.4 Niveau des courants de défaut. Sensibilité mais aussi par la nature du court-circuit lui-même : certains défauts
et dynamique de fonctionnement des protections
à la terre peuvent être très résistants (amorçage avec de la végéta-
Sur les réseaux considérés ici, les courants de court-circuit les tion, conducteur tombé au sol par exemple) et la résistance du
plus élevés atteignent plusieurs dizaines de kiloampères. défaut contribue alors à la réduction du courant de défaut.

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PROTECTION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION CONTRE LES COURTS- CIRCUITS ET LES DÉFAUTS D’ISOLEMENT ________________________

domaine sont très différentes d’un pays à l’autre ; certains ne font


Il apparaît donc que le niveau des courants de défaut peut pas de la maîtrise de ces courants une priorité et les courants de
descendre à des valeurs très faibles, parfois inférieures aux défaut à la terre ont alors une évolution semblable à celle des cou-
courants de charge normaux. De telles conditions sont parti- rants triphasés ; d’autres au contraire, comme la France, cherchent
culièrement contraignantes pour les protections qui doivent à les maintenir à un niveau relativement bas, de l’ordre de
être très sensibles et avoir une dynamique de fonctionnement quelques kiloampères, pour des raisons dont le développement
importante. Ces aspects ne doivent jamais être perdus de vue sort du cadre de ce dossier. Les réactances utilisées en France
lorsque l’on a à concevoir un système de protection. pour mettre à la terre les points neutres des transformateurs
THT/HT (réactances monophasées dans le cas des enroulements
1.1.2 Performances imposées par les réseaux THT HT à couplage étoile et transformateurs triphasés de point neutre
dans le cas des enroulements HT à couplage triangle) limitent la
et HT de répartition régionale
participation de chaque transformateur au courant de défaut à :


Ces réseaux sont présentés dans le dossier [D 4 800v2]. – 720 A sur les réseaux à 63 kV ;
En exploitation bouclée, ils ont un comportement similaire à – 1 500 A sur les réseaux à 90 kV.
celui des réseaux THT précédents (§ 1.1.1) ; les mêmes principes
doivent être mis en œuvre pour détecter et localiser les défauts.
1.2 Environnement climatique
En exploitation débouclée et dans le cas d’alimentation de
charges en antenne, il est souvent possible d’utiliser des et électromagnétique
protections très simples, telles que les relais de courant à seuil fixe
Les systèmes de protection sont placés en général dans des
par exemple.
bâtiments de relayage, non climatisés, situés à proximité des
Des spécificités des réseaux HT résultent des contraintes qui appareils HT.
imposent certaines performances à leurs systèmes de protection
Les principales contraintes d’environnement, qui sont sanction-
(§ 1.1.2.1, § 1.1.2.2 et § 1.1.2.3).
nées par des essais que doit subir un équipement de protection,
sont les suivantes :
1.1.2.1 Rapidité d’élimination des défauts
– les variations de température, les valeurs couramment
En général, ce n’est pas une exigence critique ; le temps minimal admises en Europe se situant entre – 10 oC et + 55 oC ;
d’élimination des défauts, plus long que pour les réseaux de trans- – le taux maximal d’humidité relative, soit 80 à 100 %, la valeur
port et d’interconnexion, est essentiellement imposé par : de 95 % étant retenue en France ;
– la nécessité de réduire la durée des perturbations induites par – le champ électrique permanent rayonné à 50 Hz qui, en fonc-
les défauts ; notamment la durée : tion de l’emplacement des équipements par rapport au matériel
• des creux de tension et des coupures brèves, voire des inter- HT, peut être compris entre 10 V/m et 1 000 V/m ;
ruptions de fourniture, particulièrement sensibles en cas de – le champ d’induction électromagnétique à 50 Hz qui, au
défaut polyphasé, moment du défaut, peut être très important, la valeur de 1 000 A/m
étant couramment observée ;
• des phénomènes d’induction sur les circuits de télécommuni- – le champ électrique transitoire haute fréquence, lié essentiel-
cation proches et parallèles aux lignes HT ; sous cet aspect, lement aux manœuvres de sectionneurs, dont la valeur est
ce sont les défauts à la terre qui sont les plus contraignants. comprise entre 3 et 100 V/m dans un spectre de fréquences de
Il faut donc chercher à éliminer le plus grand nombre de défauts 100 kHz à 100 MHz ;
en des temps ne dépassant pas 200 à 300 ms ; – les parasites conduits, amenés par la filerie, dus aux
– la tenue des matériels aux courants de court-circuit ; les temps commutations de relais, qui sont des phénomènes transitoires
maximaux d’élimination résultant de cette contrainte sont rare- rapides dont la valeur de crête peut atteindre quelques centaines
ment inférieurs à 0,5 s et augmentent très rapidement lorsque de volts.
l’intensité du courant de court-circuit diminue. Les valeurs de tenue à ces contraintes spécifiées sont définies
Néanmoins, les exigences de plus en plus sévères des clients par les normes CEI de la série 60255.
sensibles vis-à-vis des creux de tension conduisent à se rappro-
cher des performances obtenues sur les réseaux de transport.
1.3 Technologie
1.1.2.2 Sélectivité d’élimination des défauts et fiabilité
des protections La structure d’un équipement de protection dépend largement
de la technologie de réalisation.
Vis-à-vis de ces contraintes, ce sont encore des considérations
de qualité de service qui sont prépondérantes : une mauvaise éli- Ainsi, la technologie électromécanique, qui tend à disparaître à
mination d’un défaut se traduit le plus souvent par une interrup- l’heure actuelle en raison de son coût élevé de fabrication et de ses
tion de fourniture. performances insuffisantes, n’autorise l’emploi que de fonctions
élémentaires simples, en nombre limité et sans redondance. La mul-
1.1.2.3 Niveau des courants de défaut et sensibilité tiplication de relais électromécaniques élémentaires de mesure
des protections dans une même protection entraînerait une charge élevée pour les
réducteurs de mesure et une augmentation excessive du coût des
Sur les réseaux HT, la sensibilité des protections aux faibles cou- équipements. Cependant, cette technologie rustique a, en général,
rants de défaut est une contrainte qui doit être soigneusement l’avantage d’une excellente fiabilité. Un grand nombre de réseaux,
appréciée dans chaque cas d’application. essentiellement HT, sont encore protégés par ce type d’équipement.
Les courants de court-circuit triphasé maximaux sont de l’ordre La technologie statique électronique, apparue vers 1970, qui uti-
de 10 à 20 kA ; ils diminuent très rapidement lorsque le défaut lise des circuits intégrés analogiques et logiques à niveau moyen
s’éloigne des postes THT/HT. Les courants minimaux sont ici d’intégration représentait au début des années 1990 l’essentiel du
encore difficiles à estimer ; ils sont aussi très dépendants des sché- marché des protections, jusqu’à l’apparition de la technologie
mas d’exploitation et leur discrimination par rapport aux courants semi-numérique qui utilisait des circuits intégrés analogiques tra-
de charge peut être délicate. ditionnels associés à un ou plusieurs microprocesseurs pour assu-
Les courants de défaut à la terre dépendent bien entendu du rer toutes les fonctions logiques de la protection. Ce procédé
mode de mise à la terre des points neutres. Les politiques en ce intermédiaire n’a duré que quelques années.

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D 4 801 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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Protection des lignes et des câbles


de transport et de répartition

par Jean-Luc CHANELIERE


Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur senior du Centre national d’expertise réseaux

Réseau de transport d’électricité (EDF Transport)
Actualisation du dossier [D 4 805] (1995) rédigé par Claude CORROYER et Pierre DUVEAU

1. Protection des lignes .............................................................................. D 4 802 -2


1.1 Protection de distance ................................................................................. — 2
1.1.1 Protection à commutation .................................................................. — 2
1.1.2 Protection à chaînes multiples de mesure ........................................ — 6
1.2 Protections associées aux protections de distance................................... — 6
1.2.1 Protection complémentaire ................................................................ — 6
1.2.2 Protection des antennes passives ..................................................... — 8
1.3 Protection à comparaison de phases ......................................................... — 9
1.3.1 Contexte............................................................................................... — 9
1.3.2 Protection à support de transmission HF (P10 de GEC Alsthom) ... — 10
1.4 Protection différentielle de courant des lignes .......................................... — 10
1.4.1 Protection longitudinale à ligne pilote .............................................. — 11
1.4.2 Protection utilisant comme support des faisceaux hertziens
ou des fibres optiques — 11
1.5 Autres principes de protection.................................................................... — 12
2. Protection des câbles souterrains ....................................................... — 12
2.1 Protections différentielles de courant ........................................................ — 13
2.1.1 Protection utilisant une liaison pilote 50 Hz...................................... — 13
2.1.2 Protection à ligne pilote et fréquence porteuse ............................... — 13
2.1.3 Protection sans ligne pilote ................................................................ — 13
2.1.4 Protection utilisant une fibre optique ................................................ — 13
2.2 Protection masse-câble ............................................................................... — 13
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 801

e dossier traite de la protection des réseaux à très haute tension (THT) et


C à haute tension (HT) contre les courts-circuits et les défauts d’isolement ;
la protection contre les fonctionnements anormaux du système Production
Transport-Distribution (pertes de synchronisme, baisse de fréquence, chutes
de tension) a fait l’objet, dans ce traité, d’un dossier « Réseaux de transport et
d’interconnexion de l’énergie électrique. Fonctionnement et réglage » [D 4 090]
et ne sera pas reprise ici.
Dans le dossier précédent [D 4 801] « Protection des réseaux de Transport et
de Répartition contre les courts-circuits et les défauts d’isolement » les points
suivants ont été abordés :
– performances et contraintes imposées aux protections par les différents
types de réseaux ;
– présentation de la classification des protections couramment admise au
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPPY

plan international ;

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. D 4 802 – 1

TW
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PROTECTION DES LIGNES ET DES CÂBLES DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION _________________________________________________________________

– rappel sur l’influence des régimes transitoires sur le comportement des


protections ;
– fonctions élémentaires de mesure des relais.
Le présent dossier [D 4 802] décrit les principes de protections et les relais
plus particulièrement adaptés aux ouvrages lignes aériennes et câbles
souterrains.
En conformité avec le langage courant, nous conservons les notations THT
(225 et 400 kV) et HT (63 et 90 kV) bien que la dénomination actuelle
(UTE C 18-510) soit HTB pour toutes les tensions supérieures à 50 kV.
Ce dossier fait partie d’une série sur la protection des réseaux de transport et

R de répartition :
– « Présentation » [D 4 800v2] ;
– « Protection contre les courts-circuits et les défauts d’isolement »
[D 4 801] ;
– « Protection des lignes et des câbles » [D 4 802] ;
– « Protection des barres et des transformateurs. Apport des techniques
numériques » [D 4 803] ;
– « Aspects systèmes et plans de protection » [D 4 804].

1. Protection des lignes La protection de distance à commutation est composée de plu-


sieurs fonctions qui sont examinées dans les paragraphes ci-après.

Pour illustrer les fonctions de protection des lignes aériennes et ■ Fonction sélection de phase
des câbles, seules les protections statiques électroniques sont Le dispositif sélecteur de phase, piloté la plupart du temps par le
examinées dans les paragraphes ci-après. D’une part, en 2008, ce module de mise en route, assure l’aiguillage des grandeurs U et I
type de protections est encore majoritaire sur les réseaux français. représentatives du défaut sur les relais de distance. Ces relais sont
D’autre part, le découpage en blocs fonctionnels des protections alimentés :
statiques clarifie la présentation des fonctions élémentaires de
mesures. Toutes les fonctions élémentaires de mesures sont réali- – soit entre phase et neutre s’il y a présence de courant homopo-
sables par les protections numériques. L’intérêt des protections laire I0 (présomption de défaut monophasé ou biphasé à la terre) ;
numériques est présenté dans le dossier [D 4 803]. – soit entre phases s’il y a absence de I0 (défaut biphasé isolé ou
Les lignes sont protégées dans la majorité des cas par des pro- triphasé équilibré).
tections de distance quelquefois associées à des protections à
■ Fonction de mise en route
sélectivité absolue [D 4 801, § 2.1] telles que les protections diffé-
rentielles ou les protections à comparaison de phases. Cette fonction est souvent réalisée par un module composé en
général de trois relais à minimum d’impédance [D 4 801, § 4.3] dits
relais de mise en route (un relais par phase). L’extrémité M du vec-
1.1 Protection de distance teur impédance, mesurée en permanence par ces relais de mise en
route, évolue dans une zone dite de transit et de surcharge
Cette protection est l’équipement le plus utilisé dans le monde (figure 1). La forme de leur caractéristique est adaptée pour que le
sur tous les réseaux THT et HT de transport et de répartition. Il en relais, tout en étant sensible, fonctionne en dehors de cette zone
existe de nombreux types. Ils peuvent être classés en deux de transit et de surcharge (figure 2). En effet, la mise en route réa-
catégories : les protections à commutation et les protections multi- lise la plupart du temps une fonction de secours ultime en assu-
chaînes de mesure (non commutées). rant un déclenchement largement temporisé en cas de
non-fonctionnement des relais de mesure de distance du départ ou
des autres protections de l’ouvrage concerné et éventuellement
1.1.1 Protection à commutation ceux des ouvrages adjacents. Elle ne doit pas donner d’ordre de
déclenchement ni en régime de surcharge, ni sur report de char-
Les protections électromécaniques de distance et de nombreu- ges dû au déclenchement d’une autre ligne adjacente.
ses protections statiques sont de ce type qui est de fait le plus
répandu actuellement sur tous les réseaux. Les trois relais à minimum d’impédance sont souvent associés à
trois relais à maximum de courant (un sur chaque phase). En effet,
Cette disposition a été retenue pour réduire le coût de l’équipe- en cas de courant élevé, ces relais ont un temps de mesure plus
ment. rapide que les premiers ; de plus, ils permettent une sélection de
Ce type de protection ne comprend qu’un seul relais de mesure phase plus sûre. Ils pilotent la fonction sélection de phase pour
de distance commuté : des courants supérieurs à 3 à 4In.
– d’une part, suivant la ou les phases en défaut par un dispositif
sélecteur de phase ;
■ Fonction de mesure et de distance
– d’autre part, suivant la distance à mesurer (zone 1, zone 2, Cette fonction est réalisée par un relais de mesure de distance
zone 3, etc.). (ou relais de distance).

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D 4 802 − 2 est strictement interdite. − © Editions T.I.

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dTXPR

_________________________________________________________________ PROTECTION DES LIGNES ET DES CÂBLES DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION

Temps
jX
Zone 3
Zone 2 Zone 2
Zone de transit Zone 1 Zone 1
et de surcharge
TC TC
+ 30o Portée
ZTm D
Défaut
R
– 30o Jeu
de barres
Protection Protection

D disjoncteur
TC transformateur de courant R
caractéristique de surcharge maximale admissible
Figure 3 – Protection de distance
ISM courant de surcharge maximale
VTm tension de transit minimale (par convention VTm = 0,85 Vn) Dans une protection de distance à commutation, l’alimentation
ZTm = VTm/ISM du relais de distance est commutée sur la ou les phases en défaut
par le sélecteur de phase qui a identifié la ou les phases
ϕ angle de déphasage maximal entre VTm et ISM
TM concernées de manière à réaliser dans tous les cas une mesure
(par convention – 30o ⭐ ϕ ⭐ 30o)
TM aussi exacte que possible de la boucle en défaut.
Par ailleurs, l’impédance de référence utilisée pour la mesure
Figure 1 – Caractéristique de surchage maximale admissible par ce relais de distance est commutée, pour modifier sa valeur, à
l’échéance d’une ou de plusieurs temporisations, par exemple t1,
t2, t3, de manière à disposer successivement de plusieurs impé-
dances de référence de mesure Z1, Z2, Z3 délimitant des zones de
fonctionnement (figures 3, 2a et 4). Considérons que les zones Z1,
Les zones Z1, Z2 et Z3 jX Axe Z2 et Z3 de la protection sont orientées en aval, ce qui revient à
sont des zones aval de la ligne dire qu’elles sont situées au-dessus de la caractéristique direction-
nelle sur le diagramme (2a et 4b).
jX Axe
Caractéristique de la ligne La 1re zone Z1 correspond à l’impédance de référence initiale,
directionnelle laquelle est associée éventuellement à une temporisation t1 (habi-
tuellement t1 = 0). Si l’impédance mesurée au moment du défaut
Zdef (cf. [D 4 801, § 4.3.1]) est telle que 0 ⭐ Z def < Z 1, la protection
émet un ordre de déclenchement à l’échéance de la temporisation
Z3
t1, sinon le relais est commuté en Z2.
Z2
De même :
Z1 Zone Zone
α – si Z 1 ⭐ Z def < Z 2 , le relais déclenche à l’échéance de t2 ;
de transit de transit
R et de R
et de – si Z 2 ⭐ Z def < Z 3 , le relais déclenche à l’échéance de t3 ;
surcharge surcharge
– s’il existe une caractéristique de mise en route au-delà de Z3
Zone (figure 2a) et si Z 3 ⭐ Z def et qu’en même temps Zdef est à l’inté-
amont Caractéristiques rieur de la partie aval de la caractéristique de la mise en route, le
de mise en route relais peut déclencher à l’échéance d’un temps supérieur à t3 (sou-
vent appelé t4).
ligne de construction
Dans les protections récentes, les zones Z1, Z2 et Z3 peuvent
a protection L316 protection LZ96
être orientées à la demande vers l’aval (côté ligne) ou vers l’amont
b
du constructeur ABB du constructeur ABB (côté barres).
La fonction de mise en route peut être orientée ou non orientée
(non orientée sur les figures 2a et 4).
Figure 2 – Caractéristique de mise en route adaptée pour éviter la
zone de transit ■ Fonction directionnelle
Cette fonction peut être indépendante ou liée au relais de
mesure de distance.

Un relais de mesure de distance est un relais à minimum


d’impédance [D 4 801, § 4.3] dont le rôle est de faire une Un relais directionnel est un relais de mesure dont la caracté-
mesure assez précise de l’impédance de la boucle de circuit en ristique passe par l’origine. Lorsque le relais est indépendant
défaut avec une erreur de l’ordre de 5 %, alors que les relais de de la mesure de distance, sa caractéristique est souvent une
mesure de mise en route ont en général une erreur de mesure droite dite directionnelle passant par l’origine. Les zones
de 10 à 15 %. Cette précision est obtenue en réduisant situées au-dessus de cette droite sont les zones aval, celles
l’influence des principales causes d’erreur telles que la résis- situées au-dessous sont les zones amont.
tance de défaut, le courant de transit, les distorsions des Le relais directionnel fournira une information amont si le
signaux dues au régime transitoire, afin d’évaluer au mieux la défaut est côté barres et une information aval si le défaut est
distance entre le point de mesure et l’endroit du défaut. côté ligne.

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PROTECTION DES LIGNES ET DES CÂBLES DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION _________________________________________________________________

jX Axe de
la ligne

Axe de Z3 (t3)
jX
la ligne
Z2 (t2)

Z3 (t3)

Z1 (t1)


Z2 (t2)

Z1 (t1)
R
Z4 (t4)

R
Caractéristique
directionnelle

les zones Z1, Z2 et Z3 sont des zones aval,


2 caractéristiques de mise en route commutables la zone Z4 est une zone amont

a protection RAZOA b protection PD3A 6000

Figure 4 – Caractéristiques des protections de distance RAZOA du constructeur ABB et PD3A 6000 du constructeur GEC Alsthom

jX jX

Caractéristique
de mise en route
directionnelle mho M

Zone aval DR
IA

O θ R
M′
Zone O R
non aval IA′

Il s’agit bien dans ce cas d’une zone non aval et non d’une zone amont. Figure 6 – Caractéristique directionnelle

Figure 5 – Caractéristique d’un relais de mesure mho Cependant, en cas de défaut proche du point de mesure, avec
alimentation à partir des deux extrémités  de la ligne, le vecteur
impédance de défaut peut être situé en OM′.
Les protections qui sont équipées de relais d’admittance de
caractéristique circulaire passant par l’origine, dite caractéristique Les constructeurs utilisent de préférence comme caractéristique
mho, n’ont pas besoin de cette fonction ; en effet, ce relais a un directionnelle une droite DR passant par l’origine et inclinée d’une
caractère directionnel (figure 5). angle θ.
On réalise un déphasage en arrière d’un angle θ du courant
La fonction directionnelle existe sur les protections équipées de mesuré IA qui devient IA ′ . Le relais effectue une comparaison de
relais d’impédance ; elle est souvent réalisée par des relais de phases entre VAN et IA′ . Si ce déphasage est compris entre 0 et π,
mesure qui utilisent un comparateur de phases [D 4 801, § 4.3.3] le point M représentatif du défaut est en aval. Si ce déphasage est
entre deux grandeurs homopolaires pour les défauts monophasés compris entre 0 et – π, le point M est en amont.
et entre deux grandeurs de phase pour les autres types de défaut.
Pour les défauts très proches du point de mesure, la tension
Pour étudier le principe du relais directionnel, examinons le cas mesurée par la protection peut être très faible et de ce fait très
d’un relais alimenté en phase A et neutre N, par exemple. Le vec- bruitée et on risque de réaliser une mauvaise mesure de direction.
teur impédance
 de défaut est habituellement représenté par le vec- Pour éviter ce risque de dysfonctionnement de la mesure lors-
teur OM dans le diagramme R, jX (figure 6). que la tension mesurée est trop faible (1 ou 2 % de la tension

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Protection des barres


et des transformateurs
Apport des techniques numériques

par Jean-Luc CHANELIÈRE
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
RTE EDF Transport
Centre national d’expertise réseaux
Actualisation du dossier [D 4 805] (1995) de Claude CORROYER et Pierre DUVEAU

1. Protection des jeux de barres ............................................................... D 4 803 - 2


1.1 Protection différentielle de courant des barres ......................................... — 2
1.2 Autres principes de protection.................................................................... — 5
1.3 Protection de débouclage de barres........................................................... — 6
2. Protection des transformateurs ........................................................... — 7
2.1 Relais Buchholz ............................................................................................ — 7
2.2 Protection différentielle de courant du transformateur ............................ — 8
2.3 Protection masse-cuve ................................................................................ — 8
2.4 Protection de secours des transformateurs ............................................... — 8
3. Protections numériques ......................................................................... — 9
3.1 Présentation.................................................................................................. — 9
3.2 Comparaison des techniques analogiques et numériques ...................... — 9
3.3 Protections numériques et communications ............................................. — 10
3.4 Exemples de protections numériques........................................................ — 10
3.5 Problèmes posés par les protections numériques .................................... — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 803

e dossier fait partie d’une série sur la « Protection des réseaux de trans-
C port et de répartition » :
– « Présentation » [D 4 800v2] ;
– « Protection contre les courts-circuits et les défauts d’isolement » [D 4 801] ;
– « Protection des lignes et des câbles » [D 4 802] ;
– « Protection des barres et des transformateurs » [D 4 803] ;
– « Systèmes et plans de protection » [D 4 804].
Dans le dossier [D 4 801] « Protection des réseaux de transport et de réparti-
tion, contre les courts-circuits et les défauts d’isolement », les points suivants
ont été abordés :
– les performances et contraintes imposées aux protections par les diffé-
rents types de réseaux ;
– la présentation de la classification des protections couramment admise au
plan international ;
– un rappel sur l’influence des régimes transitoires sur le comportement des
protections.
Dans le dossier [D 4 802] « Protection des lignes et des câbles de transport et
de répartition », les points suivants ont été abordés :
– la description des principes de mesures des relais dédiés aux lignes
aériennes ;
– la description des principes de mesures des relais dédiés aux câbles
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQP

souterrains.

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est strictement interdite. – © Editions T.I. D 4 803 – 1

UQ
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dTXPS

PROTECTION DES BARRES ET DES TRANSFORMATEURS ____________________________________________________________________________________

Le présent dossier décrit les principes de protections et les relais plus parti-
culièrement adaptés aux jeux de barres et aux transformateurs. L’apport et
l’intérêt des techniques numériques sur les systèmes de protections est égale-
ment abordé.
En conformité avec le langage courant, nous conservons les notations THT
(225 et 400 kV) et HT (63 et 90 kV) bien que la dénomination actuelle
(UTE C 18-510) soit HTB pour toutes les tensions supérieures à 50 kV.
Le lecteur pourra se reporter aux autres dossiers de la rubrique « Protection
et automatisation » :
– [D 4 810] « Protection des réseaux à moyenne tension de distribution

R publique » ;
– [D 4 815] « Protection des réseaux à basse tension de distribution publique » ;
– [D 4 820] « Protection des installations industrielles et tertiaires ».

1. Protection des jeux Il en existe une grande variété qui peuvent être classées en trois
catégories fonctions de l’impédance du relais de courant (haute,
de barres moyenne ou basse impédance).
La mesure s’effectue en général phase par phase. Un jeu de trois
Un défaut sur un jeu de barres est, la plupart du temps, très relais de courant (1 par phase) est nécessaire par nœud (sommet)
contraignant pour le réseau (courant de court-circuit élevé et grand électrique ou zone de barres.
nombre d’ouvrages à mettre hors service pour éliminer le défaut).
Il doit donc être éliminé rapidement. Sans protection spécifique, Une zone est une section ou un tronçon de barres qui peut
un tel défaut est éliminé par les protections de distance des postes être isolé en exploitation normale soit par des disjoncteurs,
adjacents en un temps de 2e zone (250 à 600 ms) dans le cas le soit par des sectionneurs.
plus favorable (cf. [D 4 804]).
Le rôle des protections de barres est d’améliorer la situation en Le principe de mesure consiste à réaliser pour chacune des
éliminant le plus rapidement et le plus sélectivement possible tout phases la somme vectorielle des courants entrant et sortant d’une
type de défaut survenant dans la zone des barres. même zone (figure 1).
:
En régime normal, ΣI = 0 pour chacune des trois phases :
1.1 Protection différentielle En cas de défaut barres :
de courant des barres : : :
ΣI = Idiff = Idef
1.1.1 Généralités avec Idiff courant différentiel.
C’est la protection la plus utilisée pour protéger les jeux de Le relais différentiel émet un ordre de déclenchement à tous les
barres car elle est très rapide et sélective. Elle est la plus efficace départs de la zone concernée par le défaut, c’est-à-dire aiguillés
pour garantir l’élimination sûre de tout défaut barres. sur le sommet électrique en défaut. Pour cela, la protection de

D D D D D D

Idef

DC DC

D D D D D D

a défaut à l’extérieur des barres b défaut sur les barres


D disjoncteur (DC disjoncteur de couplage)

Figure 1 – Principe de fonctionnement d’une protection différentielle de barres

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UR
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____________________________________________________________________________________ PROTECTION DES BARRES ET DES TRANSFORMATEURS

L’impédance magnétisante secondaire de ce TC, qui est très


L4 L3 L2 L1 grande avant saturation, se réduit à la valeur très faible de la résis-
tance du circuit secondaire après saturation (en effet, la tension
secondaire d’un TC complètement saturé est pratiquement nulle).
Avant l’apparition du phénomène de saturation, puisque le
TC4 TC3 TC2 TC1 défaut est extérieur à la zone des barres surveillées par la protec-
tion différentielle, on a :
: : :
ΣI = Idiff = 0
I4 I3 I2 I1
Après saturation du TC du départ concerné par le défaut, on a :
Relais de
: :


courant
à seuil fixe ΣI = 0
Idiff Le relais de courant différentiel a la possibilité de fonctionner
Rdiff intempestivement, mais le relais différentiel de courant haute
impédance est alors court-circuité par la résistance très faible du
circuit secondaire du TC saturé. La stabilité de la protection est
L1 à L4 lignes de départ ainsi assurée.

La protection différentielle à haute impédance, quoique très


Figure 2 – Principe de fonctionnement d’une protection simple, tend à être de moins en moins utilisée car la nécessité
différentielle à haute impédance d’employer des TC identiques est contraignante pour les
exploitants.
barres doit connaître la position des sectionneurs d’aiguillage,
d’une part, pour aiguiller les courants de chaque départ sur le bon
relais de mesure, d’autre part, pour envoyer l’ordre de déclenche- 1.1.3 Protection différentielle de barres
ment sur chaque départ concerné. à moyenne impédance

1.1.2 Protections différentielles de barres C’est la protection de barres (figure 3) la plus utilisée actuel-
lement. Elle fonctionne suivant les mêmes principes que la protec-
à haute impédance
tion à haute impédance, mais utilise un relais différentiel à
maximum de courant à pourcentage beaucoup moins sensible aux
C’est le premier type de protection différentielle qui a été utilisé
erreurs transitoires de mesure aux forts courants, ainsi que des TC
pour protéger les jeux de barres. Il comporte (figure 2) un relais
auxiliaires intermédiaires qui, d’une part, rattrapent les différences
par phase à maximum de courant à seuil fixe, d’impédance élevée
éventuelles de rapport de réduction des TC principaux et, d’autre
(> 1 000 Ω). Tous les secondaires des transformateurs de courant
part, fixent la tension de coude (identique pour tous les TC auxi-
TC sont raccordés en parallèle sur ce relais. Tous les TC doivent
liaires). Cette protection n’impose pratiquement aucune exigence
être identiques, de même que la charge représentée par la filerie
aux TC qui l’alimentent. Ils peuvent être de caractéristiques
de raccordement dans le secondaire de chaque TC.
magnétiques et de rapports de réduction différents. C’est une
Le fonctionnement de la protection à haute impédance (figure 2) protection très rapide, qui émet son ordre de déclenchement en un
est le suivant. temps compris entre 5 et 15 ms. La mesure elle-même est effec-
tuée en un temps très court, inférieur à 2 ms. Dans ce type de pro-
■ En cas de défaut sur les barres, chaque TC de départ mesure tection, l’unique relais différentiel à maximum de courant à seuil
son apport de courant au courant de défaut. Et, tant qu’aucun TC fixe de la protection à haute impédance est remplacé par trois
ne sature, on a : relais différentiels à maximum de courant :
: : : : M:
ΣI = Idiff = Idef – un relais différentiel à pourcentage K ″ = ΣI /Σ I (K′′ est régla-
ble), qui génère l’ordre de déclenchement ;
Dès qu’un TC se sature, cette égalité n’est plus exacte et le fonc- – un relais différentiel à seuil fixe de contrôle, dit relais de mise
tionnement correct du relais différentiel n’est plus garanti. Pour en route, qui autorise le déclenchement ;
réaliser une mesure correcte de Idiff , il est donc nécessaire que le – un relais différentiel à seuil fixe très sensible mais temporisé,
relais différentiel fonctionne avant la saturation du premier TC. qui signale les anomalies de courant différentiel (petit courant dif-
Cela revient à dire que la tension de coude de ce TC (tension dis- férentiel permanent en dehors de tout défaut) ; ce courant d’erreur
ponible au secondaire du TC juste avant l’apparition du phéno- peut être dû, par exemple, à une mauvaise recopie de la position
mène de saturation) doit être supérieure à la valeur de tension d’un sectionneur d’aiguillage d’un départ parcouru par un courant
nécessaire pour faire fonctionner le relais différentiel à haute de charge supérieur au seuil de ce relais ; le fonctionnement de ce
impédance : relais peut servir à mettre hors service la protection différentielle
: de barres à l’échéance d’une temporisation.
Vcoude > Rdiff Isdiff
Exemple : protection DIFB de GEC Alsthom.
avec Rdiff résistance du circuit de mesure différentielle,
Ses principales fonctions sont les suivantes.
Isdiff seuil de fonctionnement du relais différentiel de Une chaîne de mesure (figure 4) par phase prélève, sur les shunts
courant. R sh , placés en série dans le circuit sommateur de courant à diodes,
les grandeurs images du courant différentiel Idiff et du courant stabili-
■En cas de défaut extérieur à la zone des barres, le TC du départ sateur IT :
en défaut, qui mesure la totalité du courant de défaut en prove- M:
nance du poste, se sature le premier. IT = Σ I

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PROTECTION DES BARRES ET DES TRANSFORMATEURS ____________________________________________________________________________________

L4 L3 L2 L1

TC4 TC3 TC2 TC1

I4 I3 I2 I1

Relais de courant


TCA4 TCA3 TCA2 TCA1
à seuil fixe

Idiff

Rdiff
I Rs

I – Idiff Rs

TC transformateur de courant principal


TCA transformateur de courant auxiliaire
Rs résistance de stabilisation

Figure 3 – Principe de fonctionnement d’une protection différentielle à moyenne impédance

L1 L2 Li

TC1 TC2 TC1


opto-électronique
mesure tm < 2 ms
franchissement

pendant 15 ms
Redressement

Mémorisation
Détection de

Durée de la
du signal

Coupleur
de seuil

TCA1 TCA2 TCi


Rdiff
Idiff
tm 15 ms
Circuit ET

Chaîne de mesure différentielle de courant


Rsh
pour la mise en route

K ’’IT
tm 15 ms &
Rsh
Ajustement du
pourcentage

Chaîne de mesure différentielle de courant


à pourcentage
Déclenchement

Rsh
tm 15 ms Temporisation
5 à 30 s

Chaîne de mesure différentielle de surveillance du courant


TC transformateur de courant principal
TCA transformateur de courant auxiliaire
Rsh résistance shunt Isolation entre circuit de mesure
Rdiff résistance différentielle et circuit de déclenchement

Figure 4 – Schéma du système de mesure de la protection différentielle de barres DIFB statique à moyenne impédance d’Areva-TD

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Réseaux de transport
et de répartition
Systèmes et plans de protection

par Jean-Luc CHANELIÈRE
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
RTE EDF Transport
Centre national d’expertise réseaux
Actualisation du dossier [D 4805] (1995) de Claude CORROYER et Pierre DUVEAU

1. Systèmes et plans de protection ......................................................... D 4 804 - 2


1.1 Nécessité de disposer de secours .............................................................. — 2
1.2 Plan de protection ........................................................................................ — 3
2. Protections et télécommunications.................................................... — 6
2.1 Critères applicables aux systèmes de téléprotection................................ — 7
2.2 Supports physiques ..................................................................................... — 8
3. Réenclenchement automatique............................................................ — 9
3.1 Modes de réenclenchement ........................................................................ — 9
3.2 Applications pratiques ................................................................................. — 10
4. Conclusion.................................................................................................. — 10
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 803

e dossier fait partie d’une série sur la « Protection des réseaux de trans-
C port et de répartition ».
Après le dossier [D 4 800v2] « Présentation », les points suivants ont été
abordés dans le dossier [D 4 801] « Protection des réseaux de transport et de
répartition contre les courts-circuits et les défauts d’isolement » :
– performances et contraintes imposées aux protections par les différents
types de réseaux ;
– présentation de la classification des protections couramment admise au
plan international ;
– rappel sur l’influence des régimes transitoires sur le comportement des
protections.
Dans le dossier [D 4 802] « Protection des lignes et des câbles de transport et
de répartition », les points suivants ont été abordés :
– description des principes de mesures des relais dédiés aux lignes
aériennes ;
– description des principes de mesures des relais dédiés aux câbles
souterrains.
Dans le dossier [D 4 803] « Protection des barres et transformateurs, apport
des techniques numériques », les points suivants ont été abordés :
– description des principes de protections et les relais plus particulièrement
adaptés aux ouvrages jeux de barres ;
– description des principes de mesures des relais dédiés aux
transformateurs ;
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQP

– apport et intérêt des techniques numériques pour les relais de protection


et le contrôle commande des postes.

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est strictement interdite. – © Editions T.I. D 4 804 – 1

UU
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RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION ___________________________________________________________________________________________

Le présent dossier décrit les différents modes d’association de ces équipe-


ments en systèmes et en plans, afin d’obtenir les performances désirées. Il
donne des indications sur les systèmes de télécommunications associés aux
protections et décrit le réenclenchement automatique, complément indispen-
sable des protections.
En conformité avec le langage courant, nous conservons les notations THT
(225 et 400 kV) et HT (63 et 90 kV) bien que la dénomination actuelle (UTE
C 18-510) soit HTB pour toutes les tensions supérieures à 50 kV.
Le lecteur pourra se reporter aux autres articles de la rubrique « Protection et
automatisation des réseaux » :

R – [D 4 810] « Protection des réseaux à moyenne tension de distribution


publique » ;
– [D 4 815] « Protection des réseaux à basse tension de distribution publique » ;
– [D 4 820] « Protection des installations industrielles et tertiaires ».

1. Systèmes et plans
Temps
Zone 3
de protection Zone 2 Zone 2

Zone 1 Zone 1
1.1 Nécessité de disposer de secours
TC TC
L’élimination correcte d’un défaut nécessite que la protection de D D Portée
l’ouvrage concerné soit : Défaut
Jeu de
barres

– capable, par son principe, d’identifier correctement le défaut ;


– en état de fonctionner. Protection Protection

■ Le premier c
ritère met en jeu la capacité intrinsèque d’une pro- D disjoncteur
tection à détecter et à localiser correctement un défaut. TC transformateur de courant
Il faut rappeler que le comportement d’une protection en pré-
sence d’un défaut résulte des compromis qui ont nécessairement Figure 1 – Protection de distance
été faits lors de sa conception : principes de mesure, organisation
des logiques de traitement et de décision, etc. On ne peut donc
garantir qu’une protection donnée aura un fonctionnement correct
quel que soit le défaut qui la sollicite : défaut polyphasé, défaut à Protection
Zone 2
la terre plus ou moins résistant, défaut évolutif, etc. Afin d’aug-
menter la probabilité d’élimination correcte des défauts, on est Zone 1
donc amené à équiper un ouvrage de plusieurs protections basées
Protection
sur des principes différents et complémentaires. Zone 2

Un exemple typique est celui des lignes que l’on équipe d’une pro- Zone 1
tection de distance, ou d’un autre principe, et d’une protection char-
gée d’éliminer les défauts à la terre résistants [D 4 802]. Protection
Zone 2

■ Le sec ond c ritère fait intervenir la fiabilité des protections. Un Zone 1


taux de défaillance de 10–5 par heure, qui correspond à un défaut
de fonctionnement tous les dix à quinze ans, est courant. Une
maintenance préventive adaptée permet de maintenir la probabi- Jeu de barres
lité de défaillance à un niveau acceptable mais qui ne peut être
négligée dans l’étude des plans de protection. La zone 2 des trois protections couvre tout le jeu de barres
Dans ces conditions, pour diminuer la probabilité de mauvaises
éliminations de défauts, dont les conséquences sont dommagea- Figure 2 – Protections d’un jeu de barres en secours éloigné
bles, et améliorer les performances, on associe couramment plu-
sieurs protections offrant un secours les unes par rapport aux
autres. Il existe deux types d’association. Cette méthode a l’avantage de la simplicité mais présente deux
• Association avec des protections fonctionnant en secours inconvénients importants :
éloigné (remote back-up protection ) : en cas de défaillance de la – le temps d’élimination des défauts est élevé puisque le fonc-
protection d’un ouvrage, il existe une protection sur un autre tionnement en zone 2 ou en zone 3 est nécessairement temporisé ;
ouvrage capable de détecter le défaut et de commander un dis- – la détection des défauts est incertaine lorsque les protections
joncteur pour l’éliminer. qui doivent fonctionner en secours ne sont pas traversées par la
totalité du courant de défaut.
Une pratique courante consiste à faire en sorte que la zone 2 ou
la zone 3 d’une protection de distance de ligne soit réglée de façon La protection 1 (figure 3), qui doit fonctionner en secours mesure :
à détecter les défauts sur le tronçon de ligne suivant (figure 1) ou : : : :: : : : : : : : : ::
sur le jeu de barres adjacent (figure 2). U1 = Z 1I1 + Z I = Z 1 I1 + Z (I1 + I2 ) = (Z 1 + Z ) I1 + Z I2

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Plan de défense des réseaux


contre les incidents majeurs

par Jean-Pierre CLERFEUILLE


Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Électricité de France (EDF) Exploitation du Système Électrique

Sylvain VITET
Ingénieur civil des Mines
EDF pôle Industrie division Recherche et Développement
et Cyril LEBREVELEC
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
EDF pôle Industrie division Recherche et Développement

1. Modes de fonctionnement du réseau................................................. D 4 807 – 2


1.1 Limites de la fonction transport ................................................................. — 2
1.2 Nécessité du synchronisme........................................................................ — 4
2. Réseau de transport vis-à-vis des aléas............................................. — 4
2.1 Mesures préventives : règles de planification et d’exploitation .............. — 4
2.2 Incidents majeurs ........................................................................................ — 4
2.3 Conclusion.................................................................................................... — 9
3. Grands principes et composantes d’un plan de défense.............. — 9
3.1 Généralités ................................................................................................... — 9
3.2 Première ligne de défense .......................................................................... — 9
3.3 Seconde ligne de défense........................................................................... — 9
3.4 Reprise de service........................................................................................ — 10
4. Méthodologie de mise au point fonctionnelle
d’un plan de défense............................................................................... — 10
4.1 Généralités ................................................................................................... — 10
4.2 Modèle de réseau utilisé ............................................................................. — 10
4.3 Incidents simulés ......................................................................................... — 10
4.4 Utilisation d’une approche statistique ....................................................... — 11
4.5 Spécification fonctionnelle ......................................................................... — 11
4.6 Vers la mise en œuvre matérielle............................................................... — 11
5. Pratiques internationales ...................................................................... — 11
5.1 Surcharges, cascades de surcharges......................................................... — 11
5.2 Écroulements de tension ............................................................................ — 11
5.3 Chutes de fréquence.................................................................................... — 12
5.4 Ruptures de synchronisme ......................................................................... — 12
5.5 Îlotage des groupes nucléaires sur leurs auxiliaires ................................ — 12
6. Nécessité d’adapter le plan de défense
aux évolutions du réseau....................................................................... — 13
7. Conclusion ................................................................................................. — 13
Références bibliographiques ......................................................................... –– 14

L es réseaux électriques font fonctionner en parallèle tous les moyens de pro-


duction et alimentent simultanément tous les consommateurs. Ce sont des
ensembles hautement performants, permettant des économies considérables et
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPP

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PLAN DE DÉFENSE DES RÉSEAUX CONTRE LES INCIDENTS MAJEURS ____________________________________________________________________________

des niveaux de qualité importants. Cependant, comme tout système complexe,


si l'on ne prend pas différentes précautions, ils peuvent présenter une certaine
fragilité.
Pour garantir une qualité de service à leurs clients, les compagnies électriques
ont mis au point des règles de planification et d'exploitation de sorte que le
réseau électrique soit capable de faire face à chaque instant aux aléas courants,
tels que la perte d'un ou plusieurs ouvrages de transport ou de production
d'énergie électrique. Ces règles sont calées sur un compromis « coût / risque de
puissance coupée » acceptable.
Comme la couverture de tous les aléas, pour autant que cela soit possible,


entraînerait des coûts prohibitifs, ces seules règles ne garantissent pas que le
réseau électrique soit complètement protégé contre les incidents majeurs. Ces
incidents, qui touchent un grand nombre de consommateurs et ce à une échelle
régionale ou nationale, sont dus à la conjugaison de phénomènes courants et de
facteurs aggravants, comme la défaillance de protections ou d'organes de com-
mande. Ces situations, heureusement rares, vont très au-delà de celles prises en
compte pour mettre au point les règles de planification ou d'exploitation. On a
cependant pu les déplorer par exemple en France en 1978 et 1987, au Japon en
1987, ou sur la côte ouest des États-Unis en juillet et août 1996.
Les conséquences de tels incidents sont importantes, tant du point de vue de
l'économie (l'électricité est une des pierres angulaires du fonctionnement de
l'économie), de la sociologie (les sociétés modernes sont très sensibles aux cou-
pures d'énergie), que de la sécurité (process sensibles, clients particuliers
comme les hôpitaux...). Ces conséquences sont bien sûr fortement liées à la
taille de la zone non alimentée ainsi qu'au temps mis pour alimenter à nouveau
cette zone.
En pratique, pour faire face aux incidents majeurs et limiter leurs conséquen-
ces, les compagnies électriques adoptent des mesures curatives et installent des
automates spécifiques, qui constituent le plan de défense du système électrique.
En limitant la propagation de ces incidents et en facilitant la reconnexion rapide
des consommateurs des zones hors tension, les plans de défense sont un
complément économique indispensable des règles courantes de planification et
d'exploitation.

1. Modes de fonctionnement 1.1.1 Capacité de transport

du réseau Une surcharge apparaît sur le réseau quand transite sur un


ouvrage de transport plus de courant qu'il ne peut en supporter.
Un réseau électrique assure l'interconnexion entre tous les Cette limitation est due, pour les lignes aériennes, à l'allongement
moyens de production d'électricité et les clients. Il s'agit d'un des conducteurs aériens, suite à leur échauffement par effet Joule,
ensemble hautement performant qui, s'il est suffisamment déve- évitant ainsi un rapprochement excessif du sol (cf. article Lignes
loppé, permet aux opérateurs de réaliser des économies considéra- aériennes. Présentation [1]). Pour les câbles, la limite est fixée par
bles. Il présente cependant quelques fragilités que nous nous l'échauffement maximal admissible des isolants.
appliquerons à faire ressortir par la suite, pour bien appréhender les
enjeux du plan de défense. En effet :
— dans sa fonction de transport, ses capacités sont limitées par ■ Les ouvrages de transport sont généralement protégés contre les
des problèmes de surcharge et de tenue de tension ; surcharges : une ligne sera déclenchée si elle reste en surcharge
— dans sa fonction d’interconnexion, il oblige tous les groupes pendant un temps déterminé. Le ou les temps admissibles de sur-
produisant de l’électricité à fonctionner en un rigoureux synchro- charge ainsi que le ou les seuils de surcharge dépendent de la tech-
nisme. nologie utilisée pour la ligne.

Exemple : sur le réseau de transport français à 400 kV, chaque


1.1 Limites de la fonction transport ouvrage de transport est équipé d'une protection de surcharge qui sur-
veille le transit sur cet ouvrage. La ligne en surcharge sera déclenchée
Les systèmes électriques restent limités dans leur fonction au bout d'environ :
transport : — 20 minutes, si le transit est supérieur à 130 % de sa capacité
— par le dimensionnement des ouvrages de transport ; maximale en régime permanent ;
— par les lois physiques régissant le fonctionnement du réseau — 10 minutes, si le transit est supérieur à 150 % de sa capacité
(encadré 1) : la tenue de tension dans certaines parties du réseau ne maximale en régime permanent ;
sera pas satisfaisante si ces zones sont trop éloignées, au sens élec- — quelques dizaines de secondes, si le transit est supérieur à
trique, du reste du réseau. 170 % de sa capacité maximale en régime permanent.

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____________________________________________________________________________ PLAN DE DÉFENSE DES RÉSEAUX CONTRE LES INCIDENTS MAJEURS

Nota : on pourra se reporter aux articles Réseaux de transport et d’interconnexion de


l’énergie électrique. Fonctionnement et réglage [2] et Protection des réseaux de transport Encadré 1 — Rappel théorique
et de répartition [3].
La capacité maximale admissible en régime permanent d'une Cet encadré théorique permet de comprendre quelques notions
ligne dépend de la saison : on peut faire transiter sur une ligne plus utiles pour appréhender des problèmes physiques décrits dans
de puissance en hiver qu'en été, car la température atteinte par l'article.
l'ouvrage à charge donnée est moindre vu les températures exté- Partons d'une hypothèse simplificatrice : une charge, que l'on
rieures. supposera résistive, connectée à un groupe de production par
l'intermédiaire d'une ligne, d'impédance X (figure 2).
■ Une surcharge peut apparaître par suite :
— du déclenchement d'un ou plusieurs ouvrages de transport : la ■ La puissance transitant sur la ligne est (figure 3) ;
puissance transitant sur les ouvrages déclenchés se répartit sur les U2 2 2
lignes voisines (le report de charge) ; ce déclenchement peut être P = ------- U 1 – U 2


causé par l'élimination d'un court-circuit par exemple ; X
— d’une évolution de la consommation qui impose de faire tran-
■ La puissance maximale qui transite sur la ligne est donc :
siter plus de puissance sur les ouvrages de transport ;
— du déclenchement de moyens de production, qui impose de 2
U1
faire venir la puissance d'éventuellement plus loin, donc de surchar- P max = --------
ger les ouvrages de transport intermédiaires ; 2X
— d’une tension basse : à appel de puissance constante, plus la quelle que soit la charge. Cette puissance n’est en aucune
tension est basse, plus le courant est important sur la ligne. manière liée au seuil de surcharge de la ligne.
Le point où le maximum est atteint s'appelle le point criti-
que. La puissance maximale transitant sur la ligne est dépen-
1.1.2 Tenue de tension dante de la tension U1 et de l'impédance X de la ligne. Ainsi,
plus le réseau est exploité à tension haute, ou plus le réseau est
Les réseaux sont réalisés selon une architecture hiérarchisée. maillé, c'est-à-dire plus l'impédance équivalente des inter-
Pour les réseaux très fortement développés, l'énergie est transmise connexions est faible, plus on pourra faire transiter de l'énergie
sur les réseaux de transport, puis transite par l'intermédiaire des sur les lignes.
réseaux de répartition et de distribution vers la charge. Le principe
reste vrai pour les réseaux beaucoup moins développés, où la fonc- ■ Pour une certaine puissance appelée par la charge, on obtient
tion de transport existe toujours, mais à des niveaux de tension deux points de fonctionnement possibles : A et B (figure 3).
largement inférieurs. Le point A est un point de fonctionnement stable du réseau, car à
tension haute, et le point B un point de fonctionnement instable.
La production étant aujourd'hui très majoritairement raccordée
au réseau de transport, la tenue de la tension sur l'ensemble du ■ L’écart entre l’appel de puissance de la charge et la puissance
réseau est pilotée principalement par celle du réseau de transport. maximale transmissible sur la ligne s’appelle la marge en puis-
Les alternateurs des groupes de production et tous les autres sance. Elle représente l’augmentation acceptable de la consom-
systèmes à base d'électronique de puissance qui y sont raccordés mation avant que tout appel de puissance supplémentaire ne
assurent le maintien de la tension dans une plage correcte de fonc- puisse être suivi.
tionnement, tenant compte des contraintes matérielles et des
critères de sécurité.
La tension des réseaux de répartition et de distribution est main- X
U1 U2
tenue à l'aide de régleurs en charge ; ce sont des dispositifs automa-
tiques associés aux transformateurs à rapport de transformation
variable qui assurent la connexion entre les réseaux de transport, de
répartition et de distribution (figure 1). Le changement de rapport de
∼ Charge
transformation se fait automatiquement, par palier (appelé aussi
prise), avec une temporisation d'une dizaine de secondes (cf. article
Réseaux de distribution. Structure et planification [4]).
Lors du déclenchement d'un ouvrage de transport, d'une
augmentation de la consommation ou du déclenchement d'un Figure 2 – Réseau électrique simplifié
groupe de production, la tension sur les réseaux de transport, de
répartition et de distribution chute. Les régleurs en charge vont
donc changer la prise de transformation pour essayer de ramener la Puissance transitant
U2 sur une ligne
tension des réseaux de répartition et de distribution à la tension de
d'impédance X
consigne.
A

Puissance transitant Marges en


sur une ligne puissance
Réseau 400 et 225 kV d'impédance X' > X B
de transport

Réseau 90 et 63 kV Régleurs P
de répartition
en charge Pmax
Puissance
Réseau 20 kV appelée par
de distribution la charge

Figure 1 – Régleurs en charge Figure 3 – Diagramme puissance-tension d’une charge

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Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)

1– Les grands choix techniques et politiques

2– Le fonctionnement des réseaux, protections et


automatismes S
3– L'exploitation et la conduite des ouvrages Réf. Internet page

Outils de simulation dynamique des réseaux électriques D4120 63

Conduite d'un système de production-transport D4080 69

Systèmes de téléconduite des postes électriques D4850 73

4– Ingénierie des réseaux

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Outils de simulation dynamique


des réseaux électriques

par Bruno MEYER


Chef du département Conception et économie des réseaux,
Direction des études et recherches d’Électricité de France
Michel JEROSOLIMSKI
Chef du groupe Outils de simulation des réseaux,
Direction des études et recherches d’Électricité de France S
et Marc STUBBE
Chef du service Développement et assistance à l’exploitation,
Tractebel Energy Engineering

1. Classification des phénomènes ............................................................ D 4 120 - 3


1.1 Pourquoi classe-t-on les phénomènes ?..................................................... — 3
1.2 Phénomènes quasi stationnaires ................................................................ — 4
1.3 Phénomènes dynamiques lents .................................................................. — 4
1.4 Phénomènes transitoires électromécaniques............................................ — 4
1.5 Phénomènes électromagnétiques .............................................................. — 5
2. Les simulateurs, pour quoi faire ? ....................................................... — 6
2.1 Quand et pourquoi le besoin est-il apparu ?.............................................. — 6
2.2 Principaux types d’application des modèles.............................................. — 6
3. Les modèles................................................................................................ — 9
3.1 Le modèle électromécanique étendu ......................................................... — 9
3.2 Modèles électromagnétiques des lignes aériennes .................................. — 11
3.3 Modèles équivalents (dans le cas du modèle électromécaniqueétendu) — 13
4. Différents types de simulateurs ........................................................... — 13
4.1 Temps réel et temps différé ......................................................................... — 13
4.2 Classement selon les types de simulateurs ............................................... — 14
5. Simulateurs analogiques et hybrides.................................................. — 14
5.1 Modèles analogiques ................................................................................... — 14
5.2 Modèles hybrides ......................................................................................... — 15
6. Simulateurs numériques......................................................................... — 15
6.1 Simulateurs numériques hors temps réel ou simulateurs d’études........ — 15
6.2 Simulateurs temps réel................................................................................ — 19
7. Perspectives d’avenir .............................................................................. — 21
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 120

ans cet article, on désignera par réseau électrique s’il n’y a pas d’ambiguïté,
D ou alors par système électrique, l’ensemble des réseaux proprement dit
(incluant lignes, câbles, postes électriques, transformateurs), des moyens de
production active et réactive et des consommations.
Le lecteur peu familiarisé avec l’étude des réseaux électriques trouvera intérêt
à consulter, en guise d’introduction, l’article D 4 090 « Réseaux de transport et
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@QYYX

d’interconnexion de l’énergie électrique. Fonctionnement et réglage » des Tech-


niques de l’Ingénieur, traité Génie électrique, exposant les bases du fonctionne-
ment et du réglage des réseaux.

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OUTILS DE SIMULATION DYNAMIQUE DES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES ______________________________________________________________________________

Si les lois physiques régissant le fonctionnement statique des réseaux élec-


triques sont bien connues et permettent donc de construire un modèle mathé-
matique précis, le fonctionnement du système en dehors de l’équilibre ne peut
être décrit qu’en tenant compte du comportement dynamique des moyens de
production et de la charge, souvent mal connu. En outre, l’étude des grandes
perturbations conduit à analyser des fonctionnements très éloignés des condi-
tions normales d’exploitation et exige donc des modèles dont le domaine de
validité est très étendu.
Malgré la difficulté intrinsèque de modélisation, le recours à la simulation
dynamique est de plus en plus fréquent et nécessaire pour pouvoir satisfaire, au
moindre coût, à des exigences toujours plus sévères. Cette tendance résulte de
l’évolution du contexte de l’industrie électrique illustrée à titre d’exemple par les
points suivants :
— des exigences plus fortes des clients relatives au « produit » électricité (qua-
lité de la tension, de la fréquence, absence d’interruptions de service...) ;

S — le formidable développement de l’interconnexion des réseaux, symbole de


convergence politique où en Europe par exemple, émerge en cette fin de siècle
un réseau synchrone du Maghreb aux frontières de la Russie avec l’ambition de
l’étendre à la quasi-totalité des pays de l’ex-URSS ;
— la pression environnementale qui oblige les compagnies à retarder voire à
annuler des investissements pourtant justifiés pour faire face à la demande et
donc à exiger plus des installations existantes ;
— la déréglementation du secteur économique de l’électricité et l’émergence
d’une production indépendante et de l’accès de tierces parties au réseau ;
— le développement de nouveaux matériels et de nouvelles techniques
(composants basés sur l’électronique de puissance ou les supraconducteurs,
moyens de calculs, techniques de mesure et de transmission de l’information).
Ces nouveaux moyens permettent un pilotage plus fin du système et le dévelop-
pement de régulateurs et d’automates dont le fonctionnement de plus en plus
sophistiqué doit être maîtrisé en toutes circonstances.
Toutes ces évolutions ont un effet commun : les réseaux sont exploités plus
près de leur limite physique qu’il faut donc connaître de plus en plus préci-
sément pour assurer leur bonne marche. L’étude du comportement dynamique
des réseaux devient une étape obligée de la planification à long terme, du déve-
loppement de nouveaux composants et de leurs régulations, de l’exploitation
des réseaux et de la formation des opérateurs.
Un réseau électrique en fonctionnement peut subir une grande variété de per-
turbations ou d’incidents, tels que :
— la variation de la charge au cours de la journée ;
— la manœuvre d’un ouvrage de couplage ;
— le déclenchement d’une unité de production ou d’une charge ;
— la foudre atteignant une ligne ;
— un court-circuit en réseau.
Ces perturbations provoquent des phénomènes physiques très variés au sein
du réseau, tels que :
— la propagation d’ondes de surtension ;
— la ferrorésonance ;
— la circulation de courants de court-circuit ;
— les oscillations rotoriques des alternateurs et la perte du synchronisme ;
— les phénomènes d’écroulement de la fréquence ou de la tension.
Ces divers phénomènes mettent en jeu des constantes de temps très dif-
férentes allant de la microseconde à l’heure, comme indiqué à la figure A.
Pour l’exploitant, ces phénomènes sont pris en considération prioritairement
dans des domaines différents de son activité, même si la séparation de ces
domaines est souvent bien perméable.
On distingue (voir figure A) :
— la protection, qui vise à prévenir les risques physiques des personnes, les
dégâts au matériel tout en minimisant l’impact de la perturbation sur la marche
du système ;

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______________________________________________________________________________ OUTILS DE SIMULATION DYNAMIQUE DES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES

— le réglage automatique ou manuel qui vise à maintenir le système, en dépit


des perturbations, autour d’un point de fonctionnement ou d’une trajectoire
définie en fonction de critères économiques, de qualité de service ou de
sécurité ;
— la conduite, qui garantit la disponibilité des ouvrages, aligne les moyens de
réglages, afin de permettre à tout moment l’équilibre production-consommation
et de maintenir au niveau requis les marges de sécurité tout en minimisant les
coûts d’exploitation. L’analyse en ligne de la sécurité dynamique est dans ce
domaine une application nouvelle qui permet au personnel de conduite d’agir
sur le risque d’instabilité du réseau.
Enfin, on retrouve la problématique du fonctionnement dynamique dans la
planification des investissements sur des horizons de plusieurs années, et dans
la gestion prévisionnelle.

Foudre Phénomènes physiques


. S
Surtensions de manœuvre

Courts-circuits

Ferrorésonance

Oscillations rotoriques

Tenue de la tension

Tenue de la fréquence

1 MHz 100 kHz 10 kHz 1 kHz 100 Hz 10 Hz 1 Hz 10--1 Hz 10--2 Hz 10--3 Hz 10--4 Hz 10--5 Hz

10--6 10--5 10--4 10--3 10--2 10--1 1 10 102 103 104 105
Secondes
Protection

Conduite

Réglage Domaines d’activité

Figure A – Représentation des différents phénomènes physiques par échelle de temps et correspondance avec les grands domaines d’activité :
protection, réglage et conduite des réseaux

1. Classification montré que des simulations précises de tous les phénomènes sont
nécessaires. Que le simulateur utilisé soit analogique ou numérique,
des phénomènes la première étape de l’élaboration d’une simulation consiste à éta-
blir le modèle mathématique du système. Un modèle, complet, apte
à reproduire tous les phénomènes aurait les caractéristiques
suivantes :
1.1 Pourquoi classe-t-on — le nombre de variables serait proportionnel :
les phénomènes ? • à la taille du système (nombre de postes et lignes, nombre de
centrales, de charges). Les réseaux synchrones géants actuels,
On a vu dans l’introduction que les phénomènes physiques pou- couvrant jusqu’à tout un continent, contiennent des dizaines de
vant se produire dans un réseau sont nombreux et caractérisés par milliers d’ouvrages et bien plus encore si l’on considère les
des fréquences ou des constantes de temps très variables. Il a été réseaux de distribution ;

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OUTILS DE SIMULATION DYNAMIQUE DES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES ______________________________________________________________________________

• à la plage de fréquence des phénomènes représentés qui Pour représenter une prise de charge ou une perte de production,
détermine la complexité du modèle des constituants ; le calcul de répartition est modifié pour tenir compte :
— le volume des calculs nécessaires à la simulation serait — du régime final de l’action du réglage primaire de vitesse des
proportionnel : groupes ou du réglage secondaire fréquence-puissance lorsqu’il
• au nombre de variables ; existe ;
• à la fréquence d’échantillonnage (l’inverse du pas de calcul) de — des régleurs en charge des transformateurs ;
l’algorithme d’intégration, elle-même directement liée aux fré- — du régime final du réglage secondaire de tension s’il existe.
quences propres les plus élevées du système. On notera qu’en poursuivant la simulation vers des conditions
Si l’on arrête l’analyse à ce niveau, la simulation numérique de la instables (l’écroulement de la tension), le modèle mathématique
dynamique d’un réseau serait pratiquement impossible, même avec simplifié présentera des singularités provoquant l’arrêt du proces-
les ordinateurs les plus puissants. sus de calcul. Dans la pratique, il faut toutefois se méfier de conclu-
Heureusement, à un deuxième niveau de l’analyse, les choses sions hâtives en assimilant instabilité physique, instabilité d’un
s’améliorent. On observe par exemple que la propagation de la per- modèle simplifié et non-convergence d’un algorithme !
turbation est d’autant plus limitée dans l’espace que la réponse du De plus, ce modèle ne tenant pas compte des phénomènes transi-
système est à fréquence élevée, ou encore que certaines perturba- toires, on pourrait trouver un régime qui, compte tenu des constan-
tions excitent préférentiellement certaines fréquences propres de tes de temps, des seuils, des délais de réponse des divers éléments
manière telle qu’un découplage plus ou moins marqué peut être du système, ne représenterait pas celui du réseau réel. Dans celui-ci


observé entre différents phénomènes. Ce sont sur ces caractéristi- des excursions transitoires pourraient en effet entraîner des réac-
ques physiques que s’appuie l’ingénieur pour développer des tions d’équipements propres à modifier l’évolution du système tels
modèles spécifiques à l’étude de certains phénomènes. Il mettra en que : déclenchements d’éléments par surcharge, délestages ou îlo-
œuvre sa compréhension du comportement des réseaux pour défi- tages par baisse de fréquence, déclenchements de groupes de pro-
nir le modèle nécessaire et suffisant pour résoudre son problème, duction par les protections d’auxiliaires à baisse de tension ou de
qu’il aura a priori parfaitement identifié. Ainsi, l’approche classique fréquence, etc.
de la simulation des réseaux repose sur une classification des phé-
nomènes en fonction de leur fréquence caractéristique et développe
pour chaque classe de phénomènes un modèle mathématique par- 1.3 Phénomènes dynamiques lents
ticulier auquel sera associé un outil de simulation. On notera que
l’amplitude des phénomènes joue également un rôle dans la spéci- On qualifie de dynamiques lents les phénomènes présentant des
fication d’un modèle particulier si des non-linéarités (butée, constantes de temps de plusieurs dizaines de secondes, voire de
saturation,...) risquent d’entrer en jeu. minutes ou de dizaines de minutes, tels les échanges thermiques
Si le recours à la classification des phénomènes permet à l’ingé- dans les chaudières, l’échauffement du rotor des alternateurs ainsi
nieur éclairé de réduire considérablement les ressources nécessai- que l’action des régulateurs des prises des transformateurs, des
res à l’élaboration d’un simulateur, il faut bien avoir à l’esprit que le réglages secondaires de tension et de fréquence-puissance, etc.
prix à payer se situe au niveau de la multiplication des outils, et donc Lorsqu’on étudie ces phénomènes, la fréquence est considérée
des données, et de la nécessité d’une connaissance a priori du com- comme égale en tout point du réseau. Compte tenu de leur rapidité
portement dynamique du système. (fréquence de l’ordre du hertz), on néglige les oscillations entre les
Dans ce schéma, la simulation de scénarios complexes, faisant rotors des différentes machines qui ont de ce fait même vitesse et
intervenir des perturbations en cascade et mettant en œuvre des même accélération (hypothèse dite des rotors liés).
phénomènes variés, est très difficile à conduire. Nous verrons plus Aux équations du calcul de répartition de charge décrivant le
tard qu’il existe certaines alternatives à la spécialisation des outils réseau, on ajoute les équations différentielles représentant le fonc-
basés sur des techniques algorithmiques nouvelles. tionnement dynamique des chaudières et turbines, l’équation méca-
Mais la classification des phénomènes n’est pas qu’un mal néces- nique simplifiée des masses tournantes et les régulations locales ou
saire. Elle est aussi très utile à la compréhension du comportement centralisées qui interagissent avec les phénomènes simulés. La
des réseaux et structure de façon très efficace tout exposé sur la régulation primaire de tension, rapide, est traitée algébriquement.
dynamique des systèmes électriques. Le modèle de simulation des phénomènes dynamiques lents
apporte, par rapport à l’approche quasi stationnaire, une améliora-
tion importante concernant le calcul de l’évolution de la fréquence
1.2 Phénomènes quasi stationnaires traduisant l’équilibre dynamique production-consommation. Ce
modèle peut aussi être utilisé pour la simulation des écroulements
Nous entendons par là les phénomènes qui peuvent être décrits par de tension.
une succession d’états du réseau supposés stationnaires. Cela sous- Les phénomènes dynamiques lents étant directement observa-
entend que l’on a l’assurance que les transitoires se sont éteints entre bles par les opérateurs des réseaux, au travers du système d’acqui-
deux états successifs, et qu’aucune bifurcation du système ne se soit sition, le modèle de simulation correspondant est généralement
produite au long de la trajectoire reliant ces deux états. De plus, on fait utilisé pour le développement du moteur de simulation des simula-
l’hypothèse implicite qu’aucune valeur propre du système complet teurs d’entraînement. Encore une fois, négliger les phénomènes
n’atteigne progressivement le demi-plan réel positif, ce qui provo- dynamiques plus rapides n’est acceptable que dans la mesure où
querait l’apparition d’oscillations divergentes spontanées. ceux-ci sont stables et qu’aucun seuil (de protection) n’est dépassé
Pour étudier les phénomènes quasi stationnaires, on utilise un durant les transitoires négligés, provoquant une bifurcation de la
modèle algébrique du système, où certaines variables de trajectoire à long terme du système.
commande dépendent explicitement du temps.
Cette approche s’est, par exemple, révélée utile dans l’étude des
écroulements de la tension. Dans ce cas, elle consiste à effectuer un 1.4 Phénomènes transitoires
calcul de répartition de la puissance active et réactive après chaque électromécaniques
modification de la topologie du réseau, d’un réglage discret, de la
production ou de la consommation. Il faut s’assurer que les produc- Cette classe de phénomènes est liée au comportement des géné-
tions réactives des groupes restent dans les plages admissibles. rateurs quant à leur marche synchrone. Elle concerne au premier
Dans le cas où une limite est atteinte par un groupe, il faut imposer chef le comportement mécanique oscillatoire des générateurs
le courant rotorique à une valeur correspondant à cette limite et non autour de leur position d’équilibre correspondant au régime syn-
plus la tension statorique qui ne peut plus être réglée. chrone.

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______________________________________________________________________________ OUTILS DE SIMULATION DYNAMIQUE DES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES

Il n’est plus question ici, comme pour les phénomènes dynami-


ques lents, de simplifier le mouvement des rotors : la vitesse de .
rotation d’une machine est une variable qui lui est propre. Les gran- Tensions représentées
deurs électriques resteront supposées suivre un régime sinusoïdal Vc
établi (représentation sous forme de phaseurs, variables complexes
définies par un module et une phase) et une fréquence moyenne Vb
sera définie pour décrire les tensions et courants dans le réseau qui
restent des variables algébriques. Va

,
De façon générale, on distingue deux grandes classes de transitoi-
res électromécaniques. Disjoncteur 1 Disjoncteur 2

1.4.1 Phénomènes de faible amplitude Va (kV)

Ces phénomènes concernent le comportement oscillatoire résul- 500


tant de fluctuations normales, de faible amplitude, des grandeurs
électriques ou mécaniques. 250


Il est bien connu que les oscillations rotoriques sont souvent peu
0
amorties. D’autres comportements oscillatoires peuvent trouver
leur origine dans les régulations (de tension en particulier). Un --250
amortissement insuffisant ou inexistant peut apparaître pour certai-
nes conditions d’exploitation rendant celles-ci non viables. L’étude --500
de l’amortissement des oscillations de réseau est une activité 0 100 200 300 400 500 600
usuelle des ingénieurs au niveau de la planification et de la concep- Temps (ms)
tion et du réglage des régulations. Vb (kV)
On définit la stabilité en petit mouvement d’un système électri-
que, ou sa stabilité statique, comme sa capacité de retrouver, après 500
avoir subi n’importe quelle « petite perturbation », un état d’équili-
250
bre identique ou très proche de son état initial.
La stabilité en petit mouvement s’étudie principalement par les 0
techniques d’analyse linéaire appliquées au modèle mathématique
préalablement linéarisé autour du point de fonctionnement du --250
réseau. La simulation numérique constitue également un moyen
efficace d’étude pour autant que l’algorithme d’intégration ait la pré- --500
cision requise en ce qui concerne la restitution de l’amortissement. 0 100 200 300 400 500 600
Temps (ms)
Vc (kV)
1.4.2 Phénomènes de grande amplitude 500
Ces phénomènes se produisent lors de perturbations majeures du
250
régime de fonctionnement tels un court-circuit dans le réseau, un
déclenchement d’ouvrage, provoquant un déséquilibre important 0
entre le couple moteur et le couple résistant des alternateurs.
On définit la stabilité transitoire d’un système électrique face à --250
une perturbation ou un cycle de perturbations comme étant sa capa-
cité à retrouver un point d’équilibre où toutes les machines sont au --500
synchronisme. Suivant cette définition, le glissement d’un rotor 0 100 200 300 400 500 600
d’alternateur d’un ou plusieurs pôles n’est pas considéré comme Temps (ms)
une instabilité.
Les phénomènes transitoires sont fortement influencés par le On simule le comportement de protections sur les trois phases d'une
comportement du système autour du hertz, fréquence propre typi- ligne triphasée, lors de l'apparition d'un défaut sur l'une d'entre elles,
que de l’oscillation rotorique. La fonction de transfert des régula- avec ouverture et réenclenchement automatique des disjoncteurs.
teurs primaires de vitesse et de tension joue un rôle fondamental en A t = 50 ms, un court-circuit apparaît sur la phase "a" et la tension Va
petit mouvement. Les chaînes rapides des mêmes régulateurs s'annule. Les protections, situées à chaque extrémité de la ligne,
(désexcitation rapide, fonctions accélérométriques et fermetures détectent le défaut et commandent l'ouverture des disjoncteurs 1 et 2
rapides des soupapes de turbine...) ont par contre un effet dominant afin d'isoler la phase "a" et d'éviter la propagation du phénomène sur le
réseau.
sur la stabilité transitoire.
Les disjoncteurs s'ouvrent à t = 100 ms et le court-circuit, qui était fugitif,
s'élimine de lui-même à t = 110 ms. Après une période transitoire, on
observe sur la phase "a" une tension de faible amplitude à 50 Hz qui
résulte d'un couplage électromagnétique avec les phases "b" et "c".
1.5 Phénomènes électromagnétiques At = 470 ms, avec la disparition du court-circuit, les disjoncteurs sont
refermés automatiquement. Il en résulte une nouvelle période transitoire
jusqu'à t = 550 ms, la tension redevenant ensuite normale sur les trois
L’onde de tension, que nous avons jusqu’ici considérée pour les phases.
autres types de phénomènes comme parfaitement sinusoïdale, On notera que les phases "b" et "c" sont légèrement perturbées pendant
subit en réalité de nombreuses altérations qu’il faut parfois être l'incident du fait du couplage électromagnétique avec la phase "a".
capable de modéliser finement et qui correspondent à des phéno-
mènes, appelés transitoires électromagnétiques, dont les fréquen-
ces atteignent plusieurs kilohertz. Courts-circuits, manœuvres Figure 1 – Un exemple de transitoires électromagnétiques

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Conduite d’un système


de production-transport

par Pierre BORNARD


Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité
Directeur du Centre National d’Exploitation du Système électrique
Électricité de France


1. Gestion et conduite du système « production-transport ».
Présentation .............................................................................................. D 4 080 - 2
2. Évolution de l’organisation générale des systèmes électriques .. — 3
3. Les grands systèmes interconnectés ................................................. — 4
3.1 Rôle du réseau de grand transport ............................................................ — 4
3.2 Rôle des réseaux de répartition.................................................................. — 6
3.3 Grands enjeux de la conduite des systèmes électriques ......................... — 6
3.4 Acteurs du marché de l’électricité.............................................................. — 7
3.5 Rôle des gestionnaires du réseau de transport en Europe ...................... — 8
4. Problématique de la gestion d’un système production-transport — 8
4.1 Caractéristiques d’un système électrique.................................................. — 8
4.2 Contraintes à respecter ............................................................................... — 11
5. Préparation de la conduite.................................................................... — 13
5.1 Nécessité d’une forte anticipation.............................................................. — 13
5.2 Préparation journalière : une étape clé...................................................... — 14
6. Conduite en temps réel .......................................................................... — 16
6.1 Répartition spatiale des responsabilités.................................................... — 16
6.2 Différents états de conduite........................................................................ — 16
6.3 Conduite en régime normal........................................................................ — 17
6.4 Conduite en régime perturbé ..................................................................... — 18
7. Gestion a posteriori................................................................................. — 18
7.1 Suivi de l’exploitation et retour d’expérience ........................................... — 18
7.2 Règlement des écarts .................................................................................. — 18
8. Quelques données sur les systèmes informatiques de conduite . — 18
8.1 Les outils de supervision et de télécommande......................................... — 18
8.2 Les outils d’aide à la décision..................................................................... — 19
8.3 Les simulateurs d’entraînement................................................................. — 20
9. Un domaine en évolution rapide ......................................................... — 20
Références bibliographiques ......................................................................... — 20

L es « systèmes électriques », c’est-à-dire les ensembles interconnectés pro-


duction-transport-consommation, sont d’immenses machines distribuées,
couvrant parfois des zones à l’échelle de continents. Ils sont régis par des lois
physiques qui rendent leur conduite complexe et délicate, car leur bon fonc-
tionnement repose sur des équilibres de chaque instant, qui ne sont jamais
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acquis, et sur le respect d’innombrables contraintes techniques évoluant au


cours du temps.

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CONDUITE D’UN SYSTÈME DE PRODUCTION-TRANSPORT ______________________________________________________________________________________

Conduire un système électrique, c’est d’abord définir le partage des rôles et


responsabilités entre les nombreux acteurs concernés. Ensuite, pour les
« gestionnaires du réseau de transport » qui, dans chaque pays ou chaque
grande zone d’exploitation, ont le rôle de chef d’orchestre et la maîtrise directe
des moyens de conduite, il s’agit de préparer les situations à venir, puis, depuis
leurs centres de conduite ou « dispatchings », de surveiller le système et de le
maîtriser, d’anticiper les possibles difficultés. Enfin, il s’agit de rendre à chacun
des acteurs l’image de son rôle dans l’exploitation passée et de procéder aux
règlements financiers correspondants.

1. Gestion et conduite l’Europe ; dans le cas européen, il a même commencé à s’étendre


vers l’Afrique du Nord via le détroit de Gibraltar.
du système « production- ● Le troisième étage est celui des réseaux de distribution. En
effet, un réseau de transport et d’interconnexion peut desservir
transport ». Présentation directement certains très gros utilisateurs d’électricité. Mais des
réseaux intermédiaires sont nécessaires pour desservir les millions
et dizaines de millions de consommateurs, industriels ou domesti-
On appelle communément « système électrique » l’ensemble ques, qui ont besoin de puissances se chiffrant en kilowatts et
des installations électriquement interconnectées qui assure la mégawatts, et non en dizaines ou centaines de mégawatts. De nom-
livraison, à tous les utilisateurs d’électricité, des kilowattheures breux réseaux de distribution, alimentés chacun séparément par le
produits à partir de sources d’énergie primaire telles que réseau de transport, assurent le convoyage de la puissance élec-
l’hydraulique, les combustibles fossiles, la fission nucléaire, trique et son émiettement vers la multitude de ses utilisateurs.
l’énergie éolienne, voire, mais encore marginalement, l’énergie ■ Cependant, les termes de production, transport et intercon-
solaire directe. nexion, distribution qui qualifient assez exactement les trois étages
d’un système électrique complet ne doivent pas occulter la nature
réelle du kilowattheure.
■ Il est traditionnel de distinguer, au sein d’un système électrique,
trois étages aux fonctions différentes s’articulant entre elles Une ligne électrique est assimilable à une courroie qui transmet
(figure 1). l’énergie d’un moteur – par exemple le pédalier d’une bicyclette –
● Le premier étage est celui de la production de l’électricité qui
à un utilisateur de celle-ci (dans cet exemple, la roue arrière de
sera livrée aux consommateurs. Il est constitué par les usines, sou- l’engin, utilisatrice de l’énergie motrice). La transmission électrique
vent appelées « centrales », qui convertissent en kilowattheures les remplace la transmission par courroie, mais est d’une souplesse et
énergies primaires, véritables sources de l’énergie consommée par d’une efficacité sans commune mesure avec la transmission méca-
les utilisateurs d’électricité. nique. C’est ce qui permet la constitution de ces immenses ensem-
bles de transmission d’énergie que sont les réseaux électriques. Le
● Le deuxième étage est celui du réseau de transport et d’inter-
kilowattheure n’y est pas un objet que, d’une part, on produirait, et,
connexion auquel sont raccordées les usines de production. Cet d’autre part, on transporterait jusqu’à des magasins de grossiste,
étage assure la mise en commun et la répartition sur un très vaste avant de le distribuer au détail. Tout kilowattheure consommé est
territoire de toute l’électricité qui y est produite. produit, transporté et distribué à l’instant même, non pas dans
Le réseau de transport et d’interconnexion est le véritable nœud l’heure ou la minute, mais dans la seconde ou fraction de seconde,
du système électrique. Il peut être à l’échelle d’un continent tel que tout comme l’énergie transmise par une courroie.

Énergies primaires Hydraulique Fossile Nucléaire Autres

Production P P P P P P P P
Système
production
transport Transport Réseau de grand transport, d'interconnexion et de répartition
Système
électrique
Production
décentralisée

Distribution Réseau de Réseau de Réseau de


distribution distribution distribution

Consommateurs C C C C C C C

Figure 1 – Schéma de principe d’un système électrique

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_____________________________________________________________________________________ CONDUITE D’UN SYSTÈME DE PRODUCTION-TRANSPORT

Un système électrique – production, transport et distribution –


est donc une immense usine qui utilise des énergies primaires et 2. Évolution de l’organisation
les transforme de façon telle qu’elle les met instantanément, et
sous une forme particulièrement commode, à la disposition d’uti-
générale des systèmes
lisateurs qui seraient bien en mal d’en bénéficier autrement. électriques
Une telle usine a besoin d’être bien gérée – en gros, il s’agit ici
du choix à chaque instant des énergies primaires et modes de
conversion les plus économiques – et bien conduite, c’est-à-dire ■ Les grands systèmes électriques du monde vivent depuis le
contrôlée de façon à assurer la sécurité du processus de milieu des années 1990 une mutation profonde et irréversible.
conversion et de transmission, gage de la qualité du service à ses L’organisation du secteur électrique, comme le rôle des différents
clients. Les dimensions de « l’usine », la diversité de ses exploi- acteurs économiques, évolue en profondeur depuis la restructura-
tants en font un difficile problème d’organisation et de technique. tion de l’industrie électrique en Angleterre et au Pays de Galles en
● Les liens des réseaux de distribution avec le réseau de trans- 1992. En conséquence, la nature et la distribution des tâches techni-
port qui alimente chacun d’entre eux peuvent être caractérisés par ques à accomplir pour assurer l’acheminement de l’électricité de la
quelques paramètres simples. La gestion de ces réseaux peut donc centrale de production au consommateur final sont-elles aussi en
être individualisée et assez facilement découplée de celle du réseau train de se modifier en profondeur.
de transport et d’interconnexion. Il en est traité dans d’autres arti-


cles spécifiques. ■ La construction puis l’interconnexion des réseaux électriques ont
été menées dans le cadre d’un certain nombre d’axiomes (pas
● Par contre, les étages production et transport forment un tout
toujours clairement explicités d’ailleurs), par exemple l’autosuffi-
économiquement et techniquement très intégré. Par exemple, il est
sance énergétique par pays conduisant à une politique de produc-
indispensable de respecter à tout moment les trois principaux types
tion d’électricité (nucléaire en France, hydroélectricité parfois très
de contraintes techniques, sur lesquelles nous reviendrons ultérieu-
coûteuse en Suisse, lignite en Allemagne…) apte à satisfaire la
rement (§ 4.2) :
consommation nationale. Les réseaux de grand transport ont alors
— équilibre production-consommation ; été conçus pour jouer le rôle de transport de compensation [11] à
— sécurité individuelle des ouvrages ; l’intérieur des pays, puis entre pays ou grandes compagnies
— sécurité globale du système pour faire face aux aléas. électriques [12]. En Europe, les systèmes production-transport
étaient exploités par des compagnies verticalement intégrées assu-
■ Le dysfonctionnement d’un élément quelconque de cet ensemble
rant à la fois la production d’électricité et son transport, souvent
est susceptible, si on n’y prend garde, d’affecter tout le réseau et
aussi sa distribution. Il y avait, en général, une seule compagnie
tous ses clients. Il faut donc coordonner, à l’échelle d’un continent,
de ce type par pays (EDF en France, CEGB en Angleterre, ENEL en
la gestion et la conduite du système production-transport
Italie, etc.), parfois plusieurs (comme en Allemagne, en Suisse ou en
d’électricité qui le couvre. Tel est le cœur du rôle technique des
Suède) chargées de produire et de transporter la quasi-totalité de
gestionnaires du système production-transport ; les méthodes et les
l’électricité. Dans ce cadre, l’exploitation et la conduite des systèmes
moyens qu’ils emploient font l’objet du présent article.
électriques avaient deux finalités différentes (et parfois conjonctu-
Pour la clarté pédagogique, on se référera parfois à une organi- rellement antagonistes) :
sation qui a été le modèle dominant jusqu’aux années 1990. Ges- — une finalité d’optimisation générale, ce qui, compte tenu du
tion et conduite y étaient fortement centralisées à l’échelle d’un rapport entre le coût de production et le coût du transport, revenait
pays, sous des formes éventuellement différentes d’un pays à en gros à minimiser à tout moment le coût de production ;
l’autre, mais cela est secondaire. Chaque gestionnaire y décidait — une finalité de maintien de la sûreté du système électrique,
des plans de production, en se référant aux moindres coûts, puis afin de veiller, à tout instant, à la bonne alimentation des
procédait à un ajustement commercial et technique avec ses voi- consommateurs finals et au respect des règles évitant les risques
sins. Il lui restait – et ce n’était pas le plus facile – à assurer le bon d’effondrement général [13].
fonctionnement du système à chaque instant.
Comme on le verra au paragraphe 2, cette organisation est ■ La disponibilité d’une énergie abondante et bon marché (le gaz
actuellement remise en cause par une volonté politique, un peu notamment), ainsi que les évolutions technologiques mais surtout
générale dans le monde, mais particulièrement sur le continent économiques, politiques et sociales ont amené le processus dit de
américain et en Europe, de mettre en concurrence la conversion « dérégulation », largement mis en œuvre en Europe, en Améri-
énergie primaire-électricité. L’optimisation des plans de production que du Nord puis du Sud, et en Asie. Dans ce nouveau cadre, la
est donc confiée à un marché de l’électricité, via la concurrence sur concurrence entre producteurs devient un levier essentiel de créa-
les prix. Le plan de production échappe ainsi, du moins dans la pre- tion d’un véritable marché de l’électricité. L’exploitant chargé de la
mière étape de sa construction, au gestionnaire du réseau. Corrélati- conduite du système production-transport, qui est lui en situation
vement, le réseau de transport et d’interconnexion devient une de monopole « naturel », est tenu (en général par la loi, par exemple
« facilité essentielle », c’est-à-dire un service commun aux produc- aux États-Unis ou dans l’Union européenne) d’être séparé de toute
teurs d’électricité et à leurs clients, ayant l’obligation, très surveillée activité de production. Son rôle d’optimisation directe du coût de la
du fait de sa position de monopole, d’assurer le « transport » entre production disparaît donc, au profit d’un rôle nouveau qui est de
les producteurs fournisseurs et leurs clients consommateurs. créer les conditions de l’optimisation par le marché de
Cette nouvelle conception institutionnelle ne va pas sans lancer l’électricité lui-même, en assurant sa fluidité : il doit s’efforcer, mal-
des défis difficiles dans sa mise en œuvre et dans la gestion du gré les nombreuses contraintes techniques, d’assurer à tout
système production-transport. Ces défis et les solutions qui sont moment une circulation aussi aisée et transparente que possible
mises en œuvre seront bien sûr évoqués, étant entendu que seuls entre les producteurs d’électricité et leurs clients.
le temps, l’expérience et une évolution continue dégageront les Compte tenu du poids prépondérant des grandes lois physiques
voies à suivre pour satisfaire, d’une part, à une organisation éco- régissant les systèmes électriques (principe de conservation de
nomique nouvelle propre à satisfaire les différents acteurs et aux l’énergie, propagation des phénomènes électromagnétiques, lois
obligations légales qui en découlent, d’autre part, à la mission fon- de Kirchhoff etc.), les processus de conduite « en temps réel » res-
damentale qui reste celle des gestionnaires du réseau de tent dans une certaine continuité avec le passé. Par contre, les
transport : assurer, dans les meilleures conditions de coût et de mécanismes de préparation de l’exploitation, fondamentaux pour
continuité, la desserte des énergies primaires dont toute commu- maîtriser la complexité des situations et des aléas, se trouvent eux
nauté sociale et industrielle développée a besoin et qu’elle utilise fortement transformés. Dans cet article, nous nous efforcerons de
massivement grâce au système électrique. bien mettre en évidence le rôle des différents acteurs, leur problé-

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CONDUITE D’UN SYSTÈME DE PRODUCTION-TRANSPORT ______________________________________________________________________________________

matique technique mais aussi économique, et de décrire les que de sécurité d’alimentation, de diminuer largement les investis-
grands défis à résoudre grâce aux technologies actuelles, pour la sements dans des centrales de production [12].
conduite au jour le jour ou à moyen terme.
■ Le réseau permet aussi de bénéficier des différences de coûts de
production (ou de prix offerts sur un marché ouvert) entre des équi-
pements distants, conduisant à une réduction globale des coûts
d’exploitation. Ces différences de prix, selon leur caractère
3. Les grands systèmes conjoncturel ou structurel, donnent lieu à des transports d’électricité
dits respectivement « systématiques » et « de compensation ».
interconnectés ● Le transport systématique est pratiqué lorsque des ressources
énergétiques massives et économiques sont situées loin de leur
clientèle. Ce peut être par exemple le cas de l’hydroélectricité (Baie
James au Canada), du nucléaire (unités de forte puissance dont la
3.1 Rôle du réseau de grand transport localisation est dictée par des contraintes de source froide) ou du
gaz (production électrique dans le nord de l’Angleterre, près des
La fonction de base du réseau de grand transport est d’abord de gisements, avec une forte consommation au sud du pays).
relier les centrales de production aux centres de consommation ● Le transport de compensation relève de la compensation statis-


d’électricité. Mais, au-delà de cette évidence, pour comprendre la tique des variations tant de la consommation que de la capacité de
structure et les contraintes d’exploitation de ce réseau, il importe production. Il peut être prévisible et aisément anticipé : c’est le cas
de bien appréhender les principales lignes directrices de son déve- de l’effet des décalages entre heures de pointes entre régions ou
loppement et de son organisation, que nous allons rappeler très pays (voir par exemple le décalage horaire entre grands centres de
brièvement. consommation de l’interconnexion de l’Est des États-Unis). C’est
aussi le cas lors de la gestion coordonnée de centrales thermiques
■ Le réseau de grand transport est né de la localisation de ressour- et hydrauliques appartenant à un même producteur, tirant parti de
ces énergétiques (souvent l’hydroélectricité) loin des zones la complémentarité de ses moyens de production. Le transport de
consommatrices. Pour franchir la distance correspondante, la tech- compensation peut aussi devoir être mis en œuvre, avec un préavis
nique du transport par courant alternatif à très haute tension s’est très limité, dans le cas de la panne d’une grosse unité de production.
rapidement imposée. En Europe (hormis l’ex-URSS), les réseaux à Ce type d’événement fait toutefois partie des anticipations habituel-
400 kV à 50 Hz ont été adoptés après la Seconde Guerre mondiale les, nécessaire à la bonne conduite d’un système électrique.
comme le meilleur compromis entre le coût d’investissement, le
coût d’exploitation (notamment la réduction des pertes Joule) et le ■ Les avantages d’un puissant réseau de grand transport et d’inter-
service rendu. Leur rôle s’est vite accru avec l’effet de taille dans connexion ont conduit en Europe (comme dans la plupart des
la production, qui a rendu plus économique la construction de régions du monde) à deux tendances majeures, nécessaires à
centrales de puissance toujours croissante, alors que, bien sûr, la l’expansion des échanges transfrontaliers d’électricité et du
consommation restait diffuse. Mais l’interconnexion s’est surtout commerce international :
développée rapidement pour contrebalancer un inconvénient bien — l’extension de la zone de synchronisme que constituent
connu de l’électricité. aujourd’hui les pays d’Europe de l’Ouest ;
À chaque instant, l’énergie électrique produite dans un sys- — l’interconnexion entre zones synchrones grâce à des liaisons
tème interconnecté est égale à l’énergie consommée. En effet, à courant continu.
malgré les progrès envisageables des technologies de stockage ● L’extension de la zone de synchronisme s’est réalisée dès que
(par exemple dans des matériaux supraconducteurs), les condi- les conditions politiques et techniques ont été réunies. En 1995,
tions économiques de mise en œuvre d’un stockage massif direc- l’ancienne Allemagne de l’Est et les pays d’Europe centrale (Répu-
tement sous forme électromagnétique ne sont pas satisfaisantes, blique Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Pologne), dont les réseaux
et ce sans doute encore pour plusieurs décennies. La seule forme étaient conçus selon des choix techniques proches de ceux de
significative de « stockage » de l’électricité est indirecte : c’est l’Europe de l’Ouest, se sont raccordés à son réseau à 400 kV. En
l’accumulation d’eau par pompage dans des réserves hydroélectri- 1997, les progrès des câbles sous-marins à courant alternatif ont
ques. Cette opération, d’un rendement technique médiocre, peut permis l’interconnexion entre l’Afrique du Nord (Maroc, régions
être d’un grand intérêt économique. Mais les constantes de temps côtières de l’Algérie et de la Tunisie) et le réseau européen via le
en jeu sont loin de celles de l’onde électrique, et le stockage détroit de Gibraltar. Malgré la déconnexion de la Grèce et d’une par-
hydraulique ne peut donc jouer le rôle d’équilibrage instantané des tie de l’ancienne Yougoslavie, le bloc synchrone ainsi constitué est,
puissances produites et consommées. en taille, le premier du monde (devant l’interconnexion de l’Est et du
■ Le développement du réseau de transport a permis de centre des États-Unis), avec une consommation de pointe de plus de
contourner la difficulté de produire localement exactement la puis- 300 000 MW. La figure 2 représente les grands blocs synchrones
sance consommée à chaque instant dans chaque région en rendant européens.
possible la mutualisation instantanée de tous les moyens de ● Lorsque les conditions techniques (du fait des puissances res-
production interconnectés : à défaut de pouvoir facilement pro- pectives en jeu, de l’hétérogénéité des normes de conception ou,
duire localement au moment où l’on consomme, le réseau de grand plus souvent, de la séparation par des bras de mers trop larges pour
transport permet de produire ailleurs que là où l’on consomme, un franchissement en courant alternatif) rendent impossible la
avec la souplesse cumulée de toutes les centrales électriques. Il per- connexion directe, l’interconnexion entre zones synchrones s’est
met ainsi de faire face plus facilement aux variations d’une faite grâce à des liaisons à courant continu. Ce fut notamment le cas
consommation qui fluctue en permanence, en bénéficiant à plein de entre la France et l’Angleterre (liaison de 2 000 MW mise en service
la compensation statistique des variations élémentaires de la puis- en 1988) et entre la Scandinavie et l’Europe du Nord continentale,
sance appelée par chaque consommateur. Sous l’angle technique, avec plusieurs liaisons mises en service lors des deux dernières
cet effet de mutualisation joue à toutes les échelles de temps, décennies et de nombreux projets en cours. Les liaisons à courant
depuis les liens électromagnétiques entre les alternateurs qui ren- continu, dont le flux d’énergie traversant peut être déterminé à
dent le système plus robuste, jusqu’aux substitutions saisonnières volonté grâce à un contrôle- commande adéquat, n’apportent pas le
entre énergies primaires différentes, en passant, à l’échelle de la même service de secours mutuel que les réseaux maillés en alterna-
seconde, par l’effet d’inertie puis de secours mutuel en cas de désé- tif. Mais, moyennant un investissement initial élevé (pour assurer la
quilibre brusque entre production et consommation. Sous l’angle conversion alternatif/continu aux extrémités), elles permettent de
économique, le réseau de grand transport permet, à niveau identi- créer des possibilités d’échanges entre régions.

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Systèmes de téléconduite
des postes électriques

par Marc VIRLOGEUX


Directeur technique « contrôle-commande » EDF Production-Transport

1.
1.1
Téléconduite des installations d’un réseau électrique .................
Réseau électrique : rôle et complexité.......................................................
D 4 850 - 2
— 2

1.2 Nécessité de surveiller et commander à distance les installations......... — 3
2. Fonctions d’un système de téléconduite .......................................... — 3
3. Organisation d’un système de téléconduite .................................... — 3
3.1 Architecture du réseau de téléconduite d’EDF.......................................... — 3
3.2 Caractéristiques générales des techniques utilisées ................................ — 6
4. Sûreté de fonctionnement .................................................................... — 6
4.1 Définitions .................................................................................................... — 6
4.2 Protection du système au niveau du matériel d’entrées-sorties ............. — 7
4.3 Protection du système au niveau des liaisons informatiques ................. — 7
4.4 Sûreté de fonctionnement du logiciel........................................................ — 7
4.5 Essais ............................................................................................................ — 8
4.6 Disponibilité des équipements ................................................................... — 8
5. Transmission des données .................................................................... — 9
5.1 Généralités ................................................................................................... — 9
5.2 Réseau de sécurité EDF............................................................................... — 9
5.3 Supports de transmission utilisés par le réseau de sécurité ................... — 9
5.4 Procédures de transmission ....................................................................... — 10
6. Systèmes futurs de téléconduite ........................................................ — 10
6.1 Intégration du contrôle-commande et de la téléconduite du poste
électrique...................................................................................................... — 10
6.2 Communications : facteur d’ouverture ...................................................... — 11
6.3 Téléconduite, outil d’assistance à la conduite .......................................... — 11

et article est une réactualisation du texte rédigé par Jean-Marie PARANT et


C Guy LEPAGNOL et paru dans ce traité en 1989. Une partie du texte a été
conservée.
Le transport de l’énergie électrique depuis les centres de production jusqu’aux
centres de consommation est assuré par un réseau complexe. Celui-ci inter-
connecte l’ensemble des centres de production et permet les échanges avec
l’étranger. Grâce à ce réseau, on peut ajuster en permanence la production à la
consommation, optimiser techniquement et économiquement l’utilisation du
parc de production et garantir un acheminement satisfaisant de l’énergie. Cette
opération, essentielle pour le fournisseur d’énergie électrique, est appelée
conduite d’un système de production-transport.
Les principes de conduite d’un tel système font l’objet d’un article spécifique
« Conduite d’un système de production-transport ». L’auteur y présente l’ensem-
ble de la fonction et les outils mis en œuvre. Il fait apparaître la nécessité de dis-
poser à tout instant, dans les centres de conduite, d’informations sur l’état du
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@QYYY

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SYSTÈMES DE TÉLÉCONDUITE DES POSTES ÉLECTRIQUES _____________________________________________________________________________________

réseau et de moyens d’action sur celui-ci. Ce besoin est satisfait grâce à l’utilisa-
tion de systèmes de téléconduite des installations. Ceux-ci agissent principale-
ment sur les postes électriques, installations complexes qui assurent
l’interconnexion des lignes et la transformation des niveaux de tension.
Nous nous attacherons dans cet article à présenter, à grands traits, le rôle et
l’organisation d’un système de téléconduite des postes électriques en insistant,
d’une part, sur les moyens mis en œuvre pour garantir sa sûreté de fonctionne-
ment et, d’autre part, sur la place essentielle que jouent les transmissions de
données ; nous illustrerons notre propos par des informations sur le système de
téléconduite d’Électricité de France (EDF). Nous terminerons par quelques consi-
dérations sur les techniques qui seront mises en œuvre à l’avenir.
Nota : le lecteur se reportera, dans le traité Informatique, à l’article Vocabulaire de l’informatique pour les
termes informatiques utilisés dans cet article.

S Tableau des principales abréviations utilisées

Abréviation Développé
CP Calculateur de Poste
CPL Courant Porteur sur Ligne
EDT Ensemble De Traitement
FT France Télécom
OCR Organe de Coupure en Réseau
PA Poste Asservi
PAS Poste Asservi Simplifié
PC Poste de Commande
PCD Poste de Commande Déporté
PCG Pupitre des Commandes Groupées
PCM Poste de Commande Mobile
PCP Poste de Commande des calculateurs de Postes
PCS Poste de Commande Simplifié
SIT Système Informatisé de Télécommande
SRC Système Régional de Conduite
TCD TéléConDuite

1. Téléconduite ■ Un puissant réseau d’interconnexion sert :


— d’une part, à transporter des quantités importantes d’énergie
des installations sur de longues distances, depuis les zones productrices vers les
d’un réseau électrique zones consommatrices ;
— d’autre part, à compenser un déficit accidentel de production
dans une zone, grâce à l’interconnexion. En 1996, ce réseau compor-
tait 20 780 km de lignes 400 kV et 110 postes d’interconnexion.
1.1 Réseau électrique : rôle et complexité ■ Les réseaux de répartition assurent le transport de l’énergie au
niveau régional à des tensions comprises entre 225 kV et 63 kV. Ils
permettent d’acheminer l’énergie depuis le réseau d’interconnexion
Le réseau a pour rôle d’acheminer de l’énergie électrique non jusqu’aux postes de transformation qui alimentent les réseaux de
stockable, là où elle est demandée, au moment où elle est deman- distribution ; ces postes sont appelés postes sources ; un départe-
dée. ment français en comporte de 10 à 30.

Un grand nombre d’ouvrages sont sollicités pour maintenir en ■ Les réseaux de distribution très diversifiés prélèvent l’énergie
permanence, et au moindre coût global, une bonne qualité de ser- dans les postes sources et la distribuent aux abonnés à moyenne
vice. On distingue, en France, trois types de réseaux. tension (20 kV) puis à basse tension (400 V) ; leurs structures varient

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_____________________________________________________________________________________ SYSTÈMES DE TÉLÉCONDUITE DES POSTES ÉLECTRIQUES

considérablement d’une région à l’autre (aérien ou souterrain, — l’acquisition d’informations, donnant la position des organes à
maillé ou arborescent). surveiller, l’état des indicateurs d’alarme, ainsi que des valeurs de
mesure ;
— l’exécution d’ordres, destinés à modifier la position d’un
organe, à agir sur une valeur de consigne ou un réglage ;
1.2 Nécessité de surveiller et commander — la transmission de données entre les divers équipements
à distance les installations matériels constituant le système de téléconduite, pour véhiculer les
informations acquises ou les ordres à exécuter.
■ Le sous-ensemble de traitement constitue le cœur du système
La conduite de réseaux aussi complexes et divers nécessite une de téléconduite. Ses fonctions de base sont les suivantes :
grande coordination dans l’exécution des manœuvres d’exploita-
— la mémorisation des données statiques (caractéristiques des
tion.
postes électriques) ;
Des incidents se produisent à tout moment et il faut constamment — la mémorisation des données dynamiques, reflétant l’évolu-
faire face à des problèmes très variés, qui peuvent survenir sur des tion des grandeurs des postes électriques, ainsi que celle du sys-
installations électriques (postes et réseau) géographiquement très tème de téléconduite lui-même ou les conditions d’exploitation
dispersées. On conçoit tout l’intérêt de systèmes de téléconduite qui décidées par l’opérateur ;
permettent d’intervenir à distance et avec rapidité sur un réseau. — la surveillance automatique, détectant tout écart entre la situa-
Selon le type de réseau, les priorités peuvent être sensiblement
différentes.
tion normale et la situation réelle et déclenchant une alerte en cas de
franchissement de seuil ;
— la visualisation, fonction qui fournit à l’opérateur, sous la

■ Dans le cas des réseaux de distribution, qui sont exploités de forme appropriée, les données qui lui permettent d’appréhender
façon radiale, toute rupture entraîne une coupure chez le client. Le la situation réelle ; en général, on distingue trois modes de repré-
système de téléconduite permet surtout d’agir sur les interrupteurs sentation :
du réseau pour réalimenter au plus tôt la clientèle à la suite d’une • le journal de bord qui est un enregistrement au fil de l’eau de
anomalie. tous les événements significatifs qui sont datés, pour permettre
une lecture chronologique détaillée,
■ Dans le cas des réseaux de transport, le client n’est, le plus sou- • la représentation graphique des postes électriques avec des
vent, pas directement affecté par un défaut. D’une manière géné- indications symboliques ou numériques de leur état,
rale, le problème est de prendre l’énergie là où elle est la moins • la visualisation de l’état du système de téléconduite lui-même
chère pour la transporter là où elle est demandée, tout en étant en et des conditions d’exploitation ;
mesure de faire face à des incidents possibles. Le système de télé- — la commande, qui permet d’agir sur les postes électriques à
conduite permet une mise en œuvre rapide des mesures indiquées distance, par désignation directe des organes sur les écrans de
par les programmes informatiques d’optimisation et de sécurité du visualisation.
système de production-transport.
Certains sous-ensembles de traitement comportent des fonctions
plus élaborées comme par exemple :
Néanmoins, dans tous les cas, les fonctions de base de télé- — les diagnostics des incidents survenant sur les postes
conduite sont les mêmes : surveiller, contrôler et télécom- électriques ; le système n’indique pas à l’opérateur les alarmes bru-
mander des organes situés essentiellement dans les postes tes, mais une synthèse de celles-ci, où l’on peut distinguer l’événe-
électriques, mais aussi dans les centrales. ment qui a déclenché l’incident, puis les événements qui en sont la
conséquence ; cette synthèse est alors élaborée en fonction des
alarmes reçues et des règles de fonctionnement de l’installation ;
— le traitement a posteriori des informations : un système de
téléconduite reçoit en permanence une quantité importante d’infor-
2. Fonctions d’un système mations sur l’état et le fonctionnement des postes électriques ; il est
de téléconduite intéressant d’archiver ces informations et de disposer de fonctions
supplémentaires qui permettent :
• de faire des statistiques sur les mesures,
• d’analyser les incidents a posteriori à partir des listes d’alar-
La Commission Électrotechnique Internationale (CEI) donne la mes à l’aide d’outils spécialisés,
définition suivante de la téléconduite : « Conduite à distance du • de faire de la maintenance des postes électriques par aus-
fonctionnement d’une installation, utilisant la transmission cultation et analyse de leur utilisation et de leur comportement.
d’informations à l’aide de télécommunications. La téléconduite
peut comprendre toute combinaison de moyens de commande,
d’alarme, de signalisation, de mesure, de protection et de
déclenchement ; l’utilisation de messages parlés est exclue ». 3. Organisation d’un système
de téléconduite
La téléconduite est donc une fonction. On l’exerce à l’aide d’un
outil que l’on appelle système de téléconduite et que l’on peut défi-
nir comme étant l’ensemble des moyens techniques mis à la dispo-
sition d’une équipe d’exploitation pour exercer la téléconduite sur 3.1 Architecture du réseau
les installations dont elle a la charge. de téléconduite d’EDF
Tout système de téléconduite doit donc comporter, au moins,
deux sous-ensembles : un sous-ensemble de téléinformation et de
télécommande, et un sous-ensemble de traitement.
3.1.1 Généralités

■ Le sous-ensemble de téléinformation et de télécommande EDF a mis en place un réseau de téléconduite bâti sur un ensem-
réalise les fonctions suivantes : ble d’équipements informatiques interconnectés.

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Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)

1– Les grands choix techniques et politiques

2– Le fonctionnement des réseaux, protections et


automatismes

3– L'exploitation et la conduite des ouvrages T


4– Ingénierie des réseaux Réf. Internet page

Postes à haute et très haute tensions. Rôle et structure D4570 79

Postes à haute et très haute tensions. Dispositions constructives D4572 83

Postes à haute et très haute tensions. Construction et équipements D4575 89

Postes à haute et très haute tensions. Installations de conduite et de contrôle D4576 95

Postes à haute et très haute tensions. Postes sous enveloppe métallique (PSEM) D4590 99

Postes intérieurs modulaires à haute et très haute tensions D4591 103

Appareillage électrique d'interruption HT (partie 1) D4690 105

Appareillage électrique d'interruption HT (partie 2) D4692 109

Appareillage électrique d'interruption HT (partie 3) D4694 115

Appareillage électrique d'interruption HT. Annexes D4696 121

Interruption des circuits alimentés en courant continu D4700 125

Transport d'énergie en courant continu à haute tension D4761 129

Fonctionnement des liaisons à courant continu haute tension D4762 133

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Postes à haute et très haute tension


Rôle et structure

par Louis DEVATINE


Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Adjoint au Chef de Département postes au Centre national d’expertise réseau de RTE

Actualisation de l’article de Jean-Michel DELBARRE paru en 1993

1. Réseaux et postes .................................................................................... D 4 570v2 - 2


1.1 Structure des réseaux.................................................................................. — 2
1.2 Postes............................................................................................................ — 3
1.3 Différents types de postes ........................................................................... — 5
1.4 Conduite des réseaux et mode d’exploitation des postes........................ — 5
2. Exigences générales du schéma électrique d’un poste................. — 6
2.1 Fonctionnement ........................................................................................... — 6
2.2 Exploitation................................................................................................... — 6
2.3 Évolution ....................................................................................................... — 6
2.4 Coût ............................................................................................................... — 6
2.5 Exigences particulières à certains ouvrages.............................................. — 7
2.6 Adaptation au site ........................................................................................ — 7
3. Principaux schémas de poste utilisés ................................................ — 7
3.1 Schémas à un disjoncteur par départ ........................................................ — 7
3.2 Schémas à plusieurs disjoncteurs par départ ........................................... — 9
3.3 Schémas en boucle...................................................................................... — 10
3.4 Schémas avec disjoncteur shunt ................................................................ — 10
3.5 Schémas en antenne ................................................................................... — 10
4. Schémas électriques des postes du réseau RTE ............................. — 11
4.1 Postes d’interconnexion à 400 kV ............................................................... — 11
4.2 Postes de transformation 400/225 kV ......................................................... — 14
4.3 Postes d’alimentation régionale ................................................................. — 16
4.4 Postes d’alimentation des réseaux à moyenne tension ........................... — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 570v2

e réseau de transport a pour fonction d'acheminer l’énergie des centres de


L production vers les points de consommation ou points de livraison. Il est
composé de lignes aériennes ou souterraines formant une toile maillée reliant
différents points du territoire permettant de mutualiser les moyens de produ-
ction qui alimentent les clients finaux. Ce réseau est constitué de nœuds
électriques appelés « postes » dont la fonction est triple :
– l’aiguillage des lignes de même tension entre elles ;
– l’évacuation de l'énergie des sources de production vers le réseau ;
– la liaison entre les réseaux de tensions différentes.
L’architecture des postes électriques obéit à certaines règles précises en
fonction de leur importance, du nombre d’ouvrages qu’elles relient, du niveau
de tension et du niveau de sûreté recherché. Ce document expose les diffé-
rentes architectures de postes existant à RTE en précisant les rôles, avantages
et inconvénients éventuels.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPY

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est strictement interdite. – © Editions T.I. D 4 5 7 0 v 2 –1

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSION ______________________________________________________________________________________________

1. Réseaux et postes Le souci de réduire le nombre et le volume des infrastructures


d’équipement à construire, la volonté de limiter les pertes d’éner-
gie imposent sur les grandes distances de transporter l’énergie
Les sources de production d’énergie électrique, particulièrement électrique à des tensions élevées dites à très haute tension (THT).
les centrales nucléaires ou hydrauliques, sont généralement éloi- Il est donc nécessaire d’élever la tension à la sortie des groupes de
gnées des centres de consommation, c’est-à-dire des centres production puis, après son transport, de l’abaisser par plusieurs
industriels et des villes. L’énergie est acheminée à distance par des transformations successives pour alimenter les réseaux de réparti-
liaisons électriques à grand flux qui remplissent une fonction de tion, puis les réseaux de distribution.
transport d’énergie. Le maintien et le développement de ces
réseaux de transport est indissociable du développement des
moyens de production. En effet, le réseau permet le lien indispen- Les fonctions mises en évidence précédemment sont réali-
sable entre les producteurs et les consommateurs finaux pour sées grâce à des lignes aériennes, des lignes souterraines et
l’acheminement de l’énergie tout en assurant d’autres fonctions des transformateurs de puissance qui forment des réseaux de
indispensables comme la sécurité d’alimentation et le secours différentes tensions dont les nœuds et les points de transfor-
mutuel entre pays dans le cadre des réseaux interconnectés. mation sont les postes.

De 1873 à 2009 1.1 Structure des réseaux


La structure actuelle au réseau de transport résulte d’une
lente évolution puisque le premier transport d’énergie a été 1.1.1 Topologie des réseaux
réalisé en 1873 à l’exposition internationale de Vienne et la

T première liaison électrique en France, 70 km sous 105 kV dans L’architecture du réseau distingue trois grandes catégories :
le sud-est, date de 1926. La tension 225 kV est apparue en – les réseaux de grand transport d’énergie et d’interconnexion
1932 et le 400 kV en 1958. Cette structure comportait à l’ori- sont constitués d’ouvrages capables de forts transits et maillés. Ils
gine des réseaux indépendants puisque c’est par des réseaux se situent aux niveaux de tension les plus élevés (400 kV en
régionaux séparés qu’a débuté le transport d’énergie en France) permettant le transport de grandes puissances sur de
France. La structure actuelle présente un réseau interconnecté grandes longueurs, tout en minimisant les pertes. Les liaisons
constitué par un maillage des réseaux 225 et 400 kV. forment des boucles dont la grande majorité a des côtés
communs, réalisant ainsi une structure semblable aux mailles d’un
filet (figure 1a ) ;
Le réseau de transport assure les fonctions suivantes : – les réseaux de répartition se situent à un niveau de tension
– le grand transport, c’est-à-dire la capacité à véhiculer l’énergie inférieur (225 kV en France) et ont pour objet d’amener l’énergie
électrique depuis les sources de production vers les centres de vers les sites consommateurs à une échelle régionale. Ils ont
consommation, sur des distances de plusieurs centaines de fréquemment une structure bouclée (figure 1b ) et peuvent alors
kilomètres ; être exploités soit en boucle fermée, le réseau est dit bouclé, soit
– l’interconnexion, c’est-à-dire la faculté de faire transiter l’éner- en boucle ouverte, le réseau est alors dit débouclé. Certaines
gie électrique par des voies différentes afin de pouvoir faire face à alimentations se font aussi en antenne (poste G, figure 1b ) ou
l’avarie de l’une d’elle. On admet d’ailleurs comme un principe de encore en piquage en prélevant une partie de l’énergie circulant
base que l’exploitation du réseau reste possible au niveau N – 1, sur une ligne reliant deux postes (poste H, figure 1b ) ;
c’est-à-dire en cas de perte d’un ouvrage quel qu’il soit ; – ces réseaux de répartition à caractère régional fournissent
– la transformation, c’est-à-dire la possibilité de passer d’un l’énergie aux réseaux de distribution qui sont des réseaux à
niveau de tension à un autre niveau de tension permettant pro- moyenne tension (MT ou HTA) assurant l’alimentation d’un grand
gressivement d’abaisser la tension pour alimenter le client final ; nombre d’utilisateurs soit directement, soit après transformation
– la répartition, c’est-à-dire la capacité d’alimenter les postes en basse tension (BT). Leur configuration et leur mode d’exploita-
sources du réseau de distribution à 15 ou 20 kV. tion sont variables. On peut trouver, selon les pays, des réseaux
maillés exploités débouclés, des réseaux à structure radiale
Les fonctions de grand transport et d’interconnexion sont géné- (figure 1d ), des réseaux à structure arborescente (figure 1c ).
ralement assurés par les niveaux de tension les plus élevés (400 kV
et 225 kV en France). La fonction de répartition est assurée par les
niveaux de tension intermédiaire (225, 90 et 63 kV en France). D’une façon générale, ce sont les caractéristiques des
La fonction de transformation se réalise à tous les niveaux de sources de production, les besoins des utilisateurs et l’expé-
tension puisque l’on passe, par une cascade régulière, du niveau rience d’exploitation qui, ajoutés à des considerations écono-
de tension le plus élevé vers le niveau de tension le plus bas. miques, conduisent à choisir la structure topologique des
réseaux en s’efforçant de réduire l’incidence des défaillances
Afin de garantir la sécurité d’alimentation et d’optimiser les dont ils peuvent être l’objet.
moyens de production, il est utile de pouvoir faire transiter l’énergie
électrique par des voies différentes, pour pallier l’avarie éventuelle
de l’une d’elles. En outre, une exploitation économique veut que
l’on utilise les unités de production dans l’ordre de préséance éco- 1.1.2 Imperfections des réseaux
nomique, c’est-à-dire du moins cher au plus cher. Ces deux
Pour des raisons techniques et économiques, il n’est pas
considérations, technique et économique, conduisent à raccorder
possible de construire des réseaux exempts de défauts de fonc-
entre elles les liaisons électriques pour constituer des nœuds élec-
tionnement. Leurs éléments constitutifs sont conçus, construits et
triques qui permettent de mettre en commun toutes les sources de
entretenus de façon à réaliser le meilleur compromis entre coût et
production et qui assurent ainsi une fonction d’interconnexion entre
risque de défaillance. Il en résulte que des défauts ou incidents
régions et entre pays frontaliers. Par ailleurs, à une plus grande
peuvent venir perturber le bon fonctionnement des installations.
échelle, les interconnexions créent les conditions d’une solidarité
permanente entre les pays en offrant des capacités d’échange Parmi les causes d’incidents susceptibles d’affecter les réseaux,
d’énergie entre pays et la possibilité de secours mutuel lors de la citons les perturbations atmosphériques, qui peuvent induire des
défaillance d’un équipement de transport ou de production. défauts d’isolement des parties sous tension (foudre) ou, dans les

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______________________________________________________________________________________________ POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSION

Rappelons que les réseaux doivent, de surcroît, être équipés des


systèmes de protection aussi sélectifs que possible, afin d’éliminer
B C d’une manière sûre et dans les plus brefs délais, en cas de défaut,
A
l’élément affecté et lui seul. C’est dans les postes que l’on trouve
ces dispositifs.
L’importance d’un réseau est d’autant plus grande, tant sur le
plan de la sécurité que sur celui de l’économie, que son niveau de
F
tension est élevé. En effet, toute défaillance entraîne des défauts
d’alimentation sur des zones étendues. C’est pourquoi sont mises
D E prioritairement en œuvre sur ces réseaux les mesures de nature à
assurer la meilleure qualité de fonctionnement possible. Aussi,
une importance particulière est-elle attachée à l’interconnexion de
a exemple de structure maillée ces réseaux, de même que sont utilisés pour leur protection les
technologies les plus évoluées.
THT THT Dans l’organisation d’un réseau, les postes sont les points
névralgiques, puisque, du fait de leur fonction d’interconnexion et
A D de transformation, la défaillance de l’un d’eux peut provoquer la
mise hors service de nombreuses lignes et compromettre les
E liaisons entre réseaux de tensions différentes.
G

H 1.2 Postes

b
B C

exemple de structure bouclée


Les fonctions du réseau de transport définies précédemment
sont réalisées grâce à des lignes aériennes, des lignes souterraines

et des transformateurs de puissance qui forment un réseau maillé
dont les nœuds sont les postes.
Ces postes réalisent les actions suivantes :
– l’aiguillage des lignes de même tension entre elles ;
HT – l’évacuation de l’énergie des sources de production vers le
réseau ;
– la liaison entre des réseaux de tensions différentes.
À cet effet, les postes constituent, pour chaque échelon de
c exemple de structure arborescente tension, un point commun appelé jeu de barres omnibus et les
actions précédentes sont assurées par l’appareillage à haute
tension qui permet :
HT HT – de contrôler les grandeurs électriques (tension et courant) ;
– d’établir ou d’interrompre le passage du courant, grâce aux
disjoncteurs ;
– d’assurer la continuité ou l’isolement d’un circuit, grâce aux
d exemple de structure radiale sectionneurs ;
– de modifier la tension de l’énergie électrique, grâce aux trans-
formateurs de puissance.
poste d'interconnexion
poste de répartition Les postes sont donc des points névralgiques dans l’organisa-
poste de distribution tion du réseau puisque la défaillance d’une unité peut provoquer la
mise hors service de nombreuses lignes qui deviennent inutili-
sables.
Figure 1 – Topologie des réseaux
Le schéma le plus général d’un poste comprend donc les
éléments suivants :
cas extrêmes, mettre en péril la tenue mécanique des ouvrages – les jeux de barres qui assurent la matérialité du nœud
(vent, neige, givre). électrique ;
Les courts-circuits qui s’ensuivent ont sur l’ensemble de la – les disjoncteurs qui jouent un rôle de coupure et de protection
chaîne production-transport-consommation des effets néfastes, en des ouvrages ;
particulier : – les sectionneurs qui ont un rôle d’isolement ou d’aiguillage ;
– des risques de perte de stabilité du réseau ; – les transformateurs de mesure qui sont destinés à l’alimenta-
– des contraintes thermiques et mécaniques sur le matériel ; tion des appareils de mesure nécessaires à la conduite du réseau,
à l’alimentation des protections et des automatismes de reprise du
– une dégradation de la qualité de la fourniture ;
service ;
– des tensions induites perturbant les circuits de télécommuni-
– les transformateurs de puissance lorsque l’ouvrage est un
cation.
poste de transformation.
Ils créent en outre des risques sur l’environnement des Un poste est un ouvrage extrêmement important, dans le
ouvrages, notamment des possibilités d’électrocution. réseau, que l’on ne peut pas se permettre de mettre hors service
La structure topologique d’un réseau permet d’agir de plusieurs dans sa totalité. Cependant, pour des raisons d’entretien. On peut
manières sur les contraintes subies par les ouvrages et sur la qua- être amené à intervenir dans les postes. C’est pourquoi on installe,
lité de l’énergie délivrée, par exemple, en fractionnant les réseaux, dans la plupart des postes du réseau de transport, au moins deux
en assurant la possibilité de secours par des réseaux voisins ou en jeux de barres. Par ailleurs on réalise, au moyen de disjoncteurs
multipliant les sources d’alimentation. qui découpent ces jeux de barres, plusieurs sommets électriques,

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSION ______________________________________________________________________________________________

Banc de transformation

Tête Tête
de cellule de
Cellule cellule
ligne
Aiguillage Aiguillage
sur les sur les
Cellule raccordement
jeux jeux
Couplage transformateur
de barres de barres

Tronçonnement
de barres BO1
BO1


Tronçonnement de barres BO2
BO2

Sectionnement
de barres

Contrôle barres Contrôle barres

BO : jeux de barre

Figure 2 – Éléments constitutifs d’un poste

un sommet électrique apparaissant comme une portion de jeu de ■ Sections de barres – Tronçons de barres
barres encadrée par deux disjoncteurs. Ces sommets peuvent Lorsqu’un jeu de barres peut être partagé en plusieurs parties
alors fonctionner en parallèle, les disjoncteurs étant fermés, ou de par sectionneurs ou par disjoncteurs, on appelle :
façon séparée, les disjoncteurs étant ouverts. Le fonctionnement
en parallèle correspond à une volonté de réaliser un réseau maillé – « section de barres » une partie d’un jeu de barres comprise
mais le fonctionnement à sommets séparés permet de limiter le entre deux sectionneurs de sectionnement, entre un sectionneur
niveau du courant de court-circuit sur une partie du réseau. de sectionnement et une extrémité de barres, ou entre un section-
neur de sectionnement et un disjoncteur ou interrupteur de
tronçonnement ;
1.2.1 Éléments constitutifs d’un poste – « tronçon de barres » une partie d’un jeu de barres comprise
entre deux disjoncteurs de tronçonnement, ou entre un disjoncteur
La figure 2 donne un schéma de poste. de tronçonnement et une extrémité de barres.
■ Jeux de barres Le tronçonnement permet de réaliser autant de sommets
Un jeu de barres est un ouvrage électrique triphasé régnant sur d’exploitation qu’il y a de tronçons de jeux de barres délimités par
la longueur du poste. Il permet de relier entre eux les départs de des disjoncteurs.
même tension qui y aboutissent. Un poste électrique peut être Les sectionnements se composent uniquement d’un sectionneur
doté de un, deux, voire trois jeux de barres pour une tension et permettent d’obtenir autant de sommets qu’il y a de sections.
donnée.
■ Cellules de ligne
■ Cellules de couplage des barres On distingue :
Elles permettent de relier entre eux deux jeux de barres – la tête de cellule qui regroupe les équipements de contrôle, de
quelconques du poste ou deux de leurs sections ou tronçons, protection, de coupure, d’isolement et de mise à la terre de la
disposés du même côté d’un sectionnement ou d’un tronçon- ligne : transformateurs de mesure courant et tension, disjoncteur,
nement de barres s’il en existe un. éventuel sectionneur d’isolement à coupure visible et de mise à la
Leur équipement comprend un disjoncteur, les sectionneurs terre de la ligne ;
d’aiguillage sur les différents jeux de barres et des réducteurs de – Ia partie aiguillage qui permet de connecter la tête de cellule à
mesures. l’un ou l’autre des jeux de barres du poste. Elle ne comporte,

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Postes à haute et très haute tensions


Dispositions constructives
par René BLANC
Ingénieur au Service Études du Centre d’Équipement
du Réseau de Transport d’Électricité de France

1. Conditions auxquelles doit satisfaire la construction d’un poste D 4 572 - 2


1.1 Généralités ................................................................................................... — 2
1.2 Conditions de construction liées à la tension ........................................... — 2
1.2.1 Distances électriques minimales entre phase et masse
ou entre phases .................................................................................. — 2
1.2.2 Tenue sous pollution des isolateurs.................................................. — 3


1.3 Conditions de construction liées aux effets thermiques du courant....... — 4
1.3.1 Régime permanent ............................................................................. — 4
1.3.2 Régime de surcharge d’une durée maximale de 20 min ................ — 5
1.3.3 Régime de court-circuit ...................................................................... — 5
1.4 Conditions de construction liées à la sécurité du personnel d’exploitation — 5
1.4.1 Distances de base ............................................................................... — 6
1.4.2 Distances de construction.................................................................. — 6
1.5 Conditions de construction liées aux contraintes mécaniques exercées
sur les ouvrages........................................................................................... — 8
1.5.1 Résistance mécanique des ouvrages : règles de référence ............ — 8
1.5.2 Hypothèses météorologiques............................................................ — 8
1.5.3 Hypothèses d’efforts appliqués aux structures................................ — 9
1.5.4 Conditions à respecter pour le dimensionnement des ouvrages... — 9
1.6 Conditions liées à l’exploitation ................................................................. — 9
2. Dispositions constructives types ........................................................ — 10
2.1 Disposition des phases et de leur équipement ......................................... — 10
2.1.1 Disposition à phases séparées .......................................................... — 10
2.1.2 Dispositions à phases associées ....................................................... — 10
2.1.3 Disposition à phases mixtes .............................................................. — 10
2.2 Conditions technologiques de construction d’un poste........................... — 11
2.3 Réalisation des postes d’interconnexion à 400 kV.................................... — 11
2.4 Réalisation des postes à 225 kV d’interconnexion
ou d’alimentation régionale........................................................................ — 15
2.5 Réalisation de la partie à haute tension des postes
d’alimentation régionale ............................................................................. — 15
2.6 Réalisation des postes de soutirage d’alimentation régionale................ — 16
2.7 Réalisation des postes d’alimentation des réseaux à moyenne tension — 16
2.7.1 Poste D (225 kV/MT) ........................................................................... — 18
2.7.2 Poste d (63 ou 90 kV/MT) ................................................................... — 19
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 572

’article Postes à haute et très haute tensions fait l’objet de plusieurs


L articles :
— Rôle et structure [D 4 570] ;
— Dispositions constructives [D 4 572] ;
— Construction et équipements [D 4 574] ;
— Installations de conduite et de contrôle [D 4 576] ;
— Postes sous enveloppe métallique (PSEM) [D 4 590]
et, les sujets traités n’étant pas indépendants les uns des autres, le lecteur devra
assez souvent se reporter aux autres articles. Le renvois à ces articles seront
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@QYYT

notés, au cours du texte, par le numéro de l’article.

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 572 − 1

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS ________________________________________________________________________________________________

— conditions liées aux contraintes mécaniques exercées sur les


Notations et Symboles ouvrages ;
— conditions liées à l’exploitation.
Symbole Définition

A, B, C phases 1.2 Conditions de construction


BO jeu de barres omnibus liées à la tension
BR bâtiment de relayage
c clôture 1.2.1 Distances électriques minimales
CB circuit bouchon entre phase et masse ou entre phases
CC condensateur de couplage
CD câble de descente Chaque réseau est d’abord caractérisé par sa tension nominale Un
CI colonne isolante et la tension la plus élevée pour le matériel, mais il faut aussi
D disjoncteur considérer :
G grille M T — la tension de tenue à fréquence industrielle U Ti ;
L ligne (L1, L 2 ou L3) — la tension de tenue aux chocs de foudre U Tf ;
NMALT neutre mise à la terre — la tension de tenue aux chocs de manœuvre U Tm , dans le cas
p piste de circulation des réseaux français à 400 kV.
P poteau d’ancrage Ces grandeurs sont définies pour l’isolement entre phase et masse,
Pa parafoudre à l’exception du réseau à 400 kV pour lequel elles sont également
PA portique d’ancrage définies pour l’isolement entre phases.

T PI
r
SAp
poteau intermédiaire
route
sectionneur d’aiguillage pantographe
Nota : le lecteur pourra utilement se reporter dans ce traité à l’article Lignes et postes
Choix et coordination des isolements [D 4 750].
Les valeurs retenues pour le dimensionnement des réseaux
français, précisées dans le tableau 1, sont conformes aux normes
SAc sectionneur d’aiguillage à deux colonnes NF C 10-100 et UTE C 10-100 qui résultent de la publication 71 de
SB sectionneur de barres la CEI. (0)
SC sectionneur de couplage
SI sectionneur d’isolement
SL sectionneur de ligne Tableau 1 – Caractéristiques d’isolement
SLT sectionneur de ligne et de mise à la terre de la des postes à isolement dans l’air (1)
ligne
SS sectionneur de sectionnement Tension Tension Tension Tension
STL sectionneur de mise à la terre de la ligne Tension composée de tenue de tenue de tenue
T tringle de manœuvre composée la plus élevée de fréquence aux chocs aux chocs
TA et TB tronçons nominale pour le matériel industrielle de foudre de manœuvre
TC transformateur de courant du réseau phase-masse phase-masse phase-masse
TCM transformateur combiné de mesure U Ti U Tf U Tm
TCT transformateur condensateur de tension (kV) (kV) (kV) (kV) (kV)
Tr transformateur de puissance (Tr1, Tr2 ou Tr3) 63 72,5 140 325
TT transformateur de tension 90 100 185 450
–––– câble de garde
● jeu de barres 225 245 460 1 050
420 520 1 425 1 050
Dans tous les schémas de poste (figures 7 à 20), nous avons utilisé les 400
mêmes notations. 630 (2) 1 425 (2) 1 575 (2)
Les cotes sont exprimées en mètres min indique la valeur minimale (1) D’après les normes NF C 10-100 et UTE C 10-100.
(2) Valeurs de tension entre phases.

Ces grandeurs caractérisent certaines contraintes qui s’appliquent


1. Conditions auxquelles doit aux matériels ; elles permettent aussi de déterminer les distances
d’isolement dans l’air qui serviront pour le dimensionnement des
satisfaire la construction ouvrages.
d’un poste Pour les tensions nominales utilisées en France, le tableau 1 donne
les valeurs des différentes tensions (U Ti , U Tf , U Tm ) qui sont rete-
nues pour déterminer les distances minimales d’isolement dans l’air.
1.1 Généralités On calcule au moyen des formules suivantes les distances
d’isolement minimales d dans l’air soit entre phase et masse, soit
Pour construire un poste à haute tension, il faut disposer et dimen- entre phases, pour supporter les tensions de tenue :
sionner au mieux un certain nombre de composants permettant de
réaliser le schéma électrique adapté. 3 400
U Ti = 0,94k --------------------------
1 + ( 8/d )
L’aménagement de ces composants doit répondre à certaines
conditions dictées par le double souci de la sécurité d’exploitation U Tf = 0,96 (360 – 150 k ) d
et du moindre coût d’établissement ou d’exploitation. Ces conditions
de construction peuvent être décomposées en : 3 400
U Tm = 0,88k --------------------------
— conditions liées à la tension ; 1 + ( 8/d )
— conditions liées aux effets thermiques du courant ;
— conditions liées à la sécurité du personnel d’exploitation ;

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_______________________________________________________________________________________________ POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS

Les tensions sont exprimées en kilovolts et les distances en mètres. Le tableau 3 définit, pour chaque réseau, la longueur minimale
Le paramètre k, appelé facteur d’intervalle, est lié à la géométrie des de ligne de fuite L min des supports isolants en fonction de la classe
électrodes délimitant l’intervalle d’air. de pollution.
Les exemples suivants indiquent les valeurs de k habituellement Pour plus de précisions concernant la classe de pollution, on se
considérées : reportera au tableau 4 qui indique quelques exemples d’environne-
— pour l’intervalle pointe sous tension-plan, k = 1 ; ment caractéristiques avec leurs niveaux de pollution et la salinité
— pour l’intervalle conducteur-sol, k = 1,10 ; équivalente.
— pour l’intervalle conducteur-structure métallique, k = 1,32 ; La longueur minimale de ligne de fuite doit être corrigée en fonc-
— pour l’intervalle conducteur-conducteur, k = 1,58. tion du diamètre moyen ∅m de l’isolateur. La valeur du coefficient
Par application des formules précédentes, la plus grande des multiplicateur f est donnée dans le tableau 5. Le diamètre moyen
valeurs de d définit pour chaque tension nominale la distance élec- se calcule comme indiqué sur la figure 1.
trique minimale entre phase et masse DM ou entre phases.
Le tableau 2 donne les valeurs retenues pour le dimensionnement 1.2.2.2 Conformité de l’isolateur
des ouvrages français. Ces valeurs sont légèrement supérieures à La conformité d’un isolateur doit être établie par les mesures
celles indiquées dans les normes NF C 10-100 et UTE C 10-100. (0) indiquées dans les publications CEI 815 et CEI 507. Ces mesures
concernent les paramètres du profil de l’isolateur et sa position en
service.
Tableau 2 – Distances électriques minimales Ces paramètres sont déduits de l’expérience en service et des
essais en laboratoire.
Tension Tension Distance
Distance Ce sont, pour le profil de l’isolateur (figure 2) :
composée composée minimale
minimale


nominale la plus élevée entre phase — la distance minimale d (ou C, les deux notations sont
entre phases normalisées) entre ailettes ;
du réseau pour le matériel et masse DM
(kV) (kV) (m) (m) — le rapport S /P entre le pas et la profondeur de l’ailette ;
— le rapport ᐉd ⁄ d entre la longueur de la ligne de fuite entre
63 72,5 0,66 0,76
deux ailettes et d ;
90 100 0,92 1,06 — la différence de profondeur P1 – P 2 entre deux ailettes
225 245 2,14 2,47 alternées ;
— l’angle d’inclinaison α des ailettes ;
400 420 2,90 (1) 4,00 — le facteur de profil :
3,50 (2)
2P + S pour des ailettes régulières
(1) Pour un intervalle conducteur-structure métallique. P f = -------------------
ᐉd
(2) Pour un intervalle pointe sous tension-plan.
2P 1 + 2P 2 + S
- pour des ailettes alternées
P f = --------------------------------------
ᐉd
1.2.2 Tenue sous pollution des isolateurs
avec ᐉd longueur de ligne de fuite mesurée entre les deux
1.2.2.1 Ligne de fuite unitaire de l’isolateur extrémités de S.
La tenue sous pollution d’un isolateur caractérise la possibilité qu’il Concernant la position de l’isolateur, on fait intervenir le facteur
a de tenir, en milieu pollué, les contraintes électriques qui appa- de ligne de fuite C f :
raissent sur le réseau. C f = L/S t
On caractérise la pollution d’un site par un degré de pollution avec L ligne de fuite totale de l’isolateur,
saline équivalente S, exprimée en kilogrammes de sel par mètre cube
d’eau. Quatre classes de pollution sont ainsi définies et, dans St distance d’arc ; c’est la plus courte distance extérieure à
chacune d’elles, on impose à l’isolateur une longueur de ligne de l’isolateur dans l’air (hauteur linéaire de l’isolateur sans
tenir compte de son développé).
fuite minimale unitaire ᐉ min , exprimée en centimètres par kilovolt
Pour être conforme au niveau de pollution :
de la tension composée la plus élevée du réseau (tableaux 3 et 4
(0)
).
C f ⭓ 3,5 pour la pollution 1 et 2
C f ⭓ 4 pour la pollution 3
Tableau 3 – Longueur minimale de la ligne de fuite
des supports isolants
Tension composée nominale
du réseau .............................(kV) 63 90 225 400
Tension composée la plus élevée
pour le matériel ...................(kV) 72,5 100 245 420

Classe de ᐉ min L min


pollution (1) (cm/kV) (cm)

1 1,6 116 160 392 672


2 2,0 145 200 490 840
3 2,5 181 250 613 1 050
4 3,1 225 310 760 1 302
(1) Tableau 4.
Figure 1 – Calcul du diamètre moyen ∅m d’un isolateur
(0)

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS ________________________________________________________________________________________________

Tableau 4 – Niveaux de pollution


Classe Longueur de ligne
Salinité
de de fuite minimale Exemples d’environnements
équivalente S (3)
pollution unitaire ᐉ min
(cm/kV) (kg/m3)
Zones sans industries et avec une faible densité d’habitations équipées d’installations de
chauffage
Zones avec une faible densité d’industries ou d’habitations avec installations de chauffage
1 mais soumises fréquemment aux vents et/ou aux pluies
faible 1,6 S<7
Régions agricoles (1)
Régions montagneuses
Toutes ces zones doivent être situées à des distances d’au moins 10 à 20 km de la mer (2)
et ne doivent pas être exposées aux vents venant directement de la mer
Zones avec industries ne produisant pas de fumées particulièrement polluantes et/ou avec
une densité moyenne d’habitations équipées d’installations de chauffage
2 Zones à forte densité d’habitations et/ou d’industries mais soumises fréquemment aux
moyen 2,0 7 ⭐ S < 20
vents et à des chutes de pluies
Zones exposées au vent de mer, mais pas trop proches de la côte [distances d’au moins
quelques kilomètres (2)]


Zones à forte densité d’industries et banlieues de grandes villes avec une forte densité
3 d’installations de chauffage polluantes
fort 2,5 20 ⭐ S < 80
Zones situées près de la mer ou en tout cas exposées à des vents relativement forts venant
de la mer
Zones généralement peu étendues, soumises à des poussières conductrices et à des
fumées industrielles produisant des dépôts conducteurs particulièrement épais
4 Zones généralement peu étendues, très proches de la côte et exposées aux embruns et aux
3,1 S ⭓ 80
très fort vents très forts et polluants venant de la mer
Zones désertiques caractérisées par de longues périodes sans pluie, exposées aux vents
forts transportant du sable et du sel soumises à une condensation régulière
(1) L’utilisation d’engrais répandus par pulvérisation ou le brûlage des terres moissonnées peuvent conduire à un niveau de pollution plus élevé à cause de la dis-
persion par le vent.
(2) Les distances au rivage dépendent de la topographie de la zone côtière et des conditions extrêmes de vent.
(3) Cette salinité est donnée seulement à titre indicatif.

(0)
Tableau 5 – Valeur du coefficient multiplicateur f
de la longueur minimale de ligne de fuite en fonction
du diamètre ∅m de l’isolateur
∅m .................. cm < 30 30 et 50 > 50
f ............................ 1 1,1 1,2

Le tableau 6 donne les mesures de conformité pour les


paramètres de profil de l’isolateur.

1.3 Conditions de construction liées


aux effets thermiques du courant

Le passage du courant dans les conducteurs en câble ou en tube


(connexions de lignes ou jeux de barres) provoque un effet
thermique ayant pour conséquences :
— un allongement des conducteurs ;
— une perte des caractéristiques de tenue mécanique des
conducteurs ; Figure 2 – Caractéristiques de profil de l’isolateur
— un vieillissement des contacts électriques.
Il convient donc de dimensionner les conducteurs et les contacts
de façon à limiter l’échauffement dans les trois régimes de 1.3.1 Régime permanent
fonctionnement électrique du poste.
Il est caractérisé par le courant qui traverse les câbles ou les tubes
pendant une durée illimitée. Afin de limiter la perte des caractéris-
tiques de tenue mécanique des conducteurs à 10 % de la valeur de
rupture, la température de fonctionnement doit être inférieure à
85 oC pour les câbles et 95 oC pour les tubes.

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_______________________________________________________________________________________________ POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS

(0)
Tableau 6 – Mesures de conformité pour les paramètres de profil de l’isolateur
Profil déclaré conforme
Profil devant être
Paramètre sans justification Profil refusé
soumis à l’accord (1)
particulière

Distance minimale entre ailettes C C  30 mm 20 mm  C < 30 mm C < 20 mm

S S S S
Rapport ----- du pas à la profondeur de l’ailette -----  0,8 0,65  ----- < 0,8 ----- < 0,65
P P P P

ᐉd ᐉd ᐉd ᐉd
Rapport ------- de la ligne de fuite entre ailettes à la distance C ------- 4 4  ------- < 5 ------- 5
C C C C

Différence (P1 – P 2 ) entre profondeur de 2 ailettes P 1 – P 2  15 mm P 1 – P 2  15 mm

Angle d’inclinaison des ailettes α  5°


Facteur de profil P f : pour pollution 1 ou 2 P f  0,8
P f > 0,8
2P + S
P f = ------------------- pour ailettes régulières
ᐉd


2P 1 + 2P 2 + S pour ailettes alternées pour pollution 3 P f  0,7
P f = --------------------------------------
- P f > 0,7
ᐉd

(1) L’accord sera prononcé soit sur des références d’exploitation du produit en réseau, soit après essais sous pollution artificielle réalisés selon les publications
CEI 815 et 507.

La température des conducteurs est calculée, pour un courant 1.4 Conditions de construction
permanent donné, au moyen de la formule développée en [D 4 574].
liées à la sécurité du personnel
Pour ce calcul, les températures ambiantes sont celles observées
dans les pays considérés. En France métropolitaine, elles sont d’exploitation
prises respectivement égales à :
• 30 oC en été ; Il convient de préciser que les distances de construction des
• 15 oC en hiver 1 ou 5 oC en hiver 2 (selon la période de l’hiver ouvrages relèvent de trois types de considérations :
considérée). — la tenue électrique qui est définie par la tenue aux surtensions
atmosphériques et la tenue aux surtensions de manœuvre, dans le
cadre de la coordination de l’isolement (tableau 1), les distances
1.3.2 Régime de surcharge entre phase et masse et entre phases qui en découlent (tableau 2)
d’une durée maximale de 20 min déterminant l’encombrement minimal de l’ouvrage ;
— les méthodes d’entretien liées à l’outillage et aux modes
opératoires ; les distances de travail évoluent en fonction des
Il est caractérisé par un courant qui peut traverser les câbles ou moyens d’intervention ; elles déterminent en grande partie
les tubes pendant une durée inférieure ou égale à 20 min après un l’encombrement des ouvrages ;
fonctionnement en régime permanent maximal. Cette durée, retenue — le domaine réglementaire (arrêté interministériel du
pour les réseaux français, permet aux exploitants d’effectuer les 2 avril 1991, UTE C 18-510) révisable périodiquement et incluant,
manœuvres nécessaires pour revenir à une situation normale du entre autres, les évolutions techniques dans les modes opératoires.
réseau après avaries.
La nécessité, pour le personnel d’exploitation et d’entretien, de
La température de fonctionnement est limitée à 100 oC pour les pouvoir circuler et d’intervenir dans le cadre de ses attributions, en
câbles et à 110 oC pour les tubes, les températures initiales étant n’importe quel point du poste et en toute circonstance, a conduit à
respectivement de 85 et 95 oC au début du régime de surcharge. définir des distances dites de sécurité.
Une personne travaillant ou circulant à proximité des pièces sous
1.3.3 Régime de court-circuit tension ne doit pas engager soit la distance minimale d’approche
DMA, soit la distance minimale entre phase et masse DM (§ 1.2.1)
de l’échelon de tension considéré.
Il est caractérisé par un courant de court-circuit qui traverse le câble
ou le tube pendant une durée égale au temps de fonctionnement Les indications suivantes concernent les travaux conventionnels,
des protections contre les courts-circuits et les défauts d’isolement. c’est-à-dire sur ouvrages hors tension mais à proximité de pièces
La température des tubes et des câbles ne doit pas dépasser 220 oC pouvant être sous tension, effectués par du personnel habilité
à partir de températures initiales égales à 100 oC pour les câbles (exploitant ou organisme d’état) ou non habilité surveillé par du
et 110 oC pour les tubes, correspondant à la limite du régime de personnel habilité.
surcharge pendant 20 minutes. Nota : en ce qui concerne les travaux sous tension, le lecteur se reportera, dans ce traité,
à l’article Travaux sous tension [D 4 140].
Le passage d’un courant de défaut important, mais pendant un
temps très court, dans une connexion provoque une élévation de On suppose une structure classique d’ouvrage avec des moyens
la température de celle-ci que l’on calcule en régime adiabatique en standards d’intervention.
fonction du produit I 2t, I étant la valeur du courant de défaut Des dispositions constructives particulières (écran à demeure,
(cf. [D 4 574]). disjoncteur débrochable, etc.) ou des moyens spécifiques d’inter-
vention peuvent être de nature à lever certaines de ces contraintes
de distance.

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Postes à haute et très haute tensions


Construction et équipements
par Jean-Pierre DELON
Ingénieur à RTE–CNER (Réseau de transport d’électricité,
Centre national d’expertise réseau)
Animateur de l’activité Installation des postes HTB
Actualisation de l’article de Denis CHOISEAU et Gérard COURTIAL paru en 1995.

1. Implantation .............................................................................................. D 4 575 — 2


2. Génie civil .................................................................................................. — 2


2.1 Plate-forme................................................................................................... — 3
2.2 Voies de circulation ..................................................................................... — 4
2.3 Fondations des supports d’appareils ......................................................... — 4
2.4 Ouvrages pour transformateurs de puissance ......................................... — 5
2.5 Bâtiments ..................................................................................................... — 6
2.6 Clôtures ........................................................................................................ — 7
2.7 Caniveaux de câbles à basse tension ........................................................ — 7
3. Réseau général de terre ......................................................................... — 7
3.1 Rôle d’une mise à la terre ........................................................................... — 7
3.2 Principe de conception d’un réseau de terre de poste ............................. — 8
3.3 Réalisation pratique..................................................................................... — 8
3.4 Protection contre la foudre ......................................................................... — 9
3.5 Raccordement des différents équipements au réseau de terre ............... — 9
3.6 Dispositions particulières............................................................................ — 10
4. Charpentes des postes ........................................................................... — 10
4.1 Types de charpentes.................................................................................... — 10
4.2 Conception ................................................................................................... — 10
4.3 Choix du matériau et protection contre la corrosion................................ — 10
4.4 Calcul des charpentes.................................................................................. — 11
5. Matériels à haute tension ...................................................................... — 11
5.1 Sectionneurs ................................................................................................ — 11
5.2 Disjoncteurs ................................................................................................. — 12
5.3 Transformateurs de mesure ....................................................................... — 13
5.4 Condensateurs de couplage des équipements à haute fréquence
et des circuits bouchons.............................................................................. — 13
5.5 Transformateurs de puissance ................................................................... — 13
5.6 Parafoudres .................................................................................................. — 13
6. Isolateurs et supports isolants ............................................................ — 13
6.1 Chaînes isolantes......................................................................................... — 13
6.2 Supports isolants......................................................................................... — 13
7. Connexions aériennes............................................................................. — 14
7.1 Connexions aériennes en câbles................................................................ — 14
7.2 Connexions aériennes en tubes ................................................................. — 16
7.3 Mise en œuvre des connexions aériennes et des raccords ..................... — 17
8. Liaisons souterraines .............................................................................. — 18
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 575
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPV

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© Techniques de l’Ingénieur D 4 575 − 1

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS ________________________________________________________________________________________________

es postes à haute et très haute tensions (HT et THT) font l’objet de plusieurs
L dossiers :
— Rôle et structure [D 4 570] ;
— Dispositions constructives [D 4 572] ;
— Construction et équipements [D 4 574] ;
— Installations de conduite et de contrôle [D 4 576] ;
— Postes sous enveloppe métallique (PSEM) [D 4 590].
Les sujets traités n’étant pas indépendants les uns des autres, le lecteur est
donc invité à se reporter aussi souvent que nécessaire aux autres dossiers.

1. Implantation L’équipement électrique des postes nécessite une infrastructure


composée d’une plate-forme, de routes, pistes, aires de manuten-
tion, de fondations supports de charpentes et de matériels élec-
La décision de construire un nouveau poste est avant tout dictée triques, de bâtiments, de clôtures et d’ouvrages divers, l’ensemble

T par des besoins essentiellement techniques. Une fois cette décision constituant le génie civil de ces postes.
prise, le problème qui se pose est de trouver, le plus près possible
du point électrique idéal, un terrain suffisamment grand pour y Les problèmes d’exploitation sont très présents dans la
construire le poste, et permettre l’arrivée et le départ des lignes. conception du génie civil. Au cours des années, l’évolution des
Le plus intéressant est d’installer le futur poste sur un site proche matériels et des techniques d’exploitation a entraîné des modifica-
des couloirs des lignes existantes, voire si possible à leur inter- tions nombreuses du génie civil pour faciliter l’exploitation des
section. ouvrages.
Lorsqu’il est impossible de trouver un tel emplacement, le choix
du terrain résulte alors d’un compromis harmonieux entre des L’étude du génie civil d’un poste commence par une appréciation
facteurs techniques, économiques, administratifs et environne- aussi précise que possible des caractéristiques du sol, le but visé
mentaux. étant de calculer et de réaliser l’ensemble des ouvrages de génie
Le tableau 1 montre l’influence sur le projet et les conséquences civil dans les meilleures conditions économiques.
des principaux facteurs à prendre en compte.
La reconnaissance complète des terrains est confiée à des orga-
nismes spécialisés. L’objectif est d’obtenir des renseignements
d’ordre topographique (limites cadastrales, relief) et physique
2. Génie civil (caractéristiques géologiques et mécaniques des différentes
couches composant le sol, présence éventuelle d’eau, etc.).

Avant tous travaux, les terrains doivent être étudiés, aménagés et Une fois les renseignements obtenus, les ouvrages peuvent être
préparés. dimensionnés et exécutés. (0)

Tableau 1 – Facteurs pour l’implantation d’un poste


Caractéristiques du site Influence sur le projet Conséquences principales
Terrain disponible Disposition des installations Coût du terrain
Topographie Nombre de plates-formes Volume de terrassement
Caractéristiques géologiques
et géotechniques du sol Fondation et réseau de terre Surcoût sur fondations

Hydrologie Influence minime Coût d’un drainage


Accès Influence minime Surcoût de construction
Couloirs des lignes Orientation et disposition des installations Coût des liaisons et influence sur la fiabilité
Distance d’isolement
Pollution Encrassement, nettoyage Coût sur équipements et influence sur la fiabilité
Durée de vie

Environnement Dispositions architecturales Coûts des aménagements paysagers


Changement du type de poste Surcoût pour les bâtiments et les équipements
Sismologie Dispositions particulières Coût des équipements des structures et des fondations
Augmentation des distances électriques
Altitude Surcharges climatiques Coûts des équipements
Augmentation du refroidissement et de la ventilation

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_______________________________________________________________________________________________ POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS

2.1 Plate-forme 2.1.3 Drainage

Le drainage a pour objectif d’assainir les sols trop humides en


2.1.1 Nivellement. Terrassement favorisant l’écoulement de l’eau retenue en excès dans les terres. Il
consiste à collecter et à évacuer le plus vite possible les eaux prove-
nant des agents atmosphériques (pluie, neige, grêle) et qui circulent
Les travaux débutent par le décapage de la terre végétale. Si sa à la surface du sol. Il permet ainsi d’éviter les actions néfastes pro-
qualité le permet, celle-ci est stockée en vue de sa réutilisation pour voquées par la stagnation de l’eau sur le sol et sur les ouvrages.
des aménagements paysagers d’espaces verts, de plus en plus fré-
quents. Vient ensuite le nivellement du terrain, c’est-à-dire la La conception d’un réseau de drainage d’un poste doit obéir à un
réalisation d’une plate-forme sur laquelle seront implantés les certain nombre de principes, dont certains relèvent simplement du
ouvrages. bons sens :
— il est tout d’abord nécessaire de délimiter la zone à drainer
L’utilisation de charpentes et de raccords de jeux de barres norma-
(bassin versant) ; ce sera la surface du poste si celui-ci est entouré
lisés implique des plates-formes ne présentant généralement pas
d’un fossé périphérique captant et évacuant les eaux de ruisselle-
une pente supérieure à 5 % dans les deux sens : parallèle et perpen-
ment extérieures. Dans le cas contraire, l’ensemble du bassin ver-
diculaire aux jeux de barres.
sant général environnant devra être pris en compte ;
Si les dénivellations du terrain naturel sont trop importantes pour — la réalisation du réseau de drainage suppose l’existence d’exu-
éviter des mouvements de terre de grande ampleur, on est alors toires (fossés, ruisseaux, rivières, etc.). Si ceux-ci s’avèrent insuffi-
conduit à réaliser plusieurs plates-formes distinctes, sur lesquelles sants pour évacuer le débit maximal du réseau, il est alors
seront répartis les différents éléments du poste. indispensable de créer un bassin tampon servant à stocker tempo-
rairement le trop-plein ;
Les terrassements sont réalisés en s’efforçant de minimiser les


— une légère pente sur la ou les plates-formes permet d’assurer
mouvements de terre. Le nivellement est donc calculé, dans la
une évacuation naturelle des eaux de ruissellement et évite ainsi les
mesure du possible, suivant le critère :
problèmes dus à la stagnation.
remblais = déblais Le réseau de drainage est composé de drains principaux dans les-
quels viennent se jeter des drains secondaires disposés en anten-
afin d’éviter le transport de terre à la décharge publique. L’utilisation nes.
des déblais en remblais reste soumise aux conditions du rapport de
sol du géotechnicien. La méthode de dimensionnement du réseau de drainage fait
appel à plusieurs facteurs :
— la pluviométrie de la région ;
2.1.2 Traitement de sol — la topographie du site ;
— la période de retour de l’événement atmosphérique (en géné-
ral la pluie).
Certains sols, en raison de leurs propriétés et/ou de leur teneur en
eau, sont considérés comme des matériaux mauvais ou médiocres Les drains suivent habituellement la pente de la plate-forme, et
et sont le plus souvent remplacés par d’autres de meilleure qualité, ont une pente minimale de 4 % si celle-ci est horizontale. Ils sont
entraînant un coût important. positionnés en amont des ouvrages de génie civil (pistes, cani-
veaux, bâtiments, etc.) et à une profondeur si possible hors gel. Ils
Une solution technique, avantageuse économiquement pour sont généralement constitués d’une buse en plastique perforée sur
régler les problèmes posés, peut être le traitement de ces sols, soit son demi-périmètre supérieur, entourée de gravillons, le tout
à la chaux, soit au ciment, voire aux deux. enrobé d’un tissu protecteur dénommé géotextile évitant tout col-
Le traitement à la chaux permet : matage ultérieur.

— de diminuer la teneur en eau du terrain ; Le drainage est habituellement réalisé après le nivellement du ter-
rain.
— d’améliorer les caractéristiques à court et long termes de cer-
tains sols (limoneux ou argileux) de qualité médiocre dans leur état Cependant, dans certains cas particuliers, il peut être nécessaire
naturel, permettant ainsi leur réemploi éventuel en remblais ; d’effectuer en début de chantier un drainage provisoire afin d’assai-
nir le lieu de travail et de faciliter l’évolution des engins de terrasse-
— d’exécuter les terrassements dans les meilleures conditions de
ment. Ce drainage superficiel est alors réalisé au moyen de petites
travail possibles, tout en diminuant la sensibilité du chantier aux
tranchées remplies de gravillons. Le drainage définitif est, quant à
intempéries.
lui, exécuté ultérieurement.
L’objet du traitement au ciment est sensiblement identique à celui
du traitement à la chaux (amélioration des caractéristiques initiales
des sols), mais il est surtout utilisé dans le but d’obtenir un dévelop- 2.1.4 Aménagement de surface
pement rapide et durable des résistances mécaniques et des stabili-
tés du terrain à l’eau et au gel. C’est pourquoi le procédé est utilisé Sur l’ensemble de la surface du poste, les zones construites, où se
le plus souvent pour la réalisation de couches de forme sous les rou- situent les ouvrages et matériels, sont recouvertes d’une couche de
tes et les pistes. gravillons concassés 15/25 (dimension comprise entre 15 et 25 mm)
Le traitement mixte, à la chaux et au ciment, est essentiellement d’une épaisseur de 7 cm.
utilisé en couche de forme. Il peut en effet arriver que certains sols Le rôle de ce gravillonnage est double :
fins ne soient pas aptes à supporter un traitement au ciment seul
— avant tout, il participe, dans le cadre de la conception générale
(teneur en eau ou cohésion trop élevées). Le traitement préalable à
du réseau de mise à la terre du poste (§ 3), à l’amélioration de la
la chaux, par les actions immédiates de celle-ci, permet d’amener le
sécurité des personnes, en limitant le courant circulant dans le corps
sol à un état optimal pour le traitement au ciment.
humain lors d’un défaut électrique ; la présence d’une couche de
Le traitement du sol, par l’une de ces techniques, doit faire l’objet 7 cm de gravillons permet de réduire cette intensité de courant d’un
d’une étude spécifique, pilotée par le géotechnicien, qui s’intègre facteur supérieur à deux ;
dans l’étude générale de sol nécessaire à définir les terrassements, — il facilite les déplacements au voisinage des installations et
le drainage, les massifs et les pistes. présente une surface plus propre.

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS ________________________________________________________________________________________________

Le choix de la nature et de la couleur du gravillon est effectué en Elles sont exécutées selon les mêmes spécifications que les pistes
fonction des carrières environnantes. de circulation (§ 2.2.2).
Avant épandage des gravillons, il est indispensable d’arroser les
surfaces à gravillonner avec un produit désherbant non toxique et
non corrosif pour le cuivre du circuit de terre. Cette application ne
doit cependant pas risquer de polluer les nappes phréatiques pro- 2.3 Fondations des supports d’appareils
ches du sol ou ruisseler dans les terrains cultivés contigus. Une
deuxième application sera faite après gravillonnage.
Le reste de la parcelle, libre d’installations, sera aplani. Les structures métalliques, destinées à supporter l’appareillage à
haute et très haute tensions ou les connexions tendues dans les pos-
tes, sont fixées au sol par l’intermédiaire de fondations massives en
béton que l’on appelle communément massifs.
2.2 Voies de circulation On distingue généralement :
— les massifs des charpentes principales, qui sont les portiques
2.2.1 Route d’accès et routes intérieures d’ancrage des lignes aériennes et des connexions tendues en câbles
du poste. Les efforts appliqués varient selon la disposition des arri-
vées de lignes ;
Un tronçon routier appelé route d’accès relie le poste à desservir
depuis son portail d’entrée jusqu’à la voie publique. — les massifs des charpentes secondaires, qui sont les châssis
supports d’appareillage à haute et très haute tensions ou de colon-
Une ou plusieurs routes intérieures au poste permettent ensuite
nes isolantes. Les efforts exercés sont connus et bien déterminés.
aux différents véhicules d’accéder aux bâtiments, aux cellules de

T transformateurs de puissance et aux lieux de déchargement ou de


stockage des matériels. Elles assurent également la liaison avec les
pistes (§ 2.2.2) et les aires de manutention (§ 2.2.3).
Les sollicitations sur les massifs sont calculées à partir des efforts
qui s’appliquent sur les appareillages (§ 4.4.1) : charges statiques
(charges permanentes, surcharges climatiques), surcharges électro-
La largeur de la chaussée est déterminée en fonction de celle des dynamiques, charges de construction et d’entretien.
essieux des véhicules les plus encombrants, en prenant de part et
Le type de massif de fondation est également fonction des carac-
d’autre une sécurité de 0,50 m. Une largeur de 4,50 m est générale-
téristiques du terrain. Bien qu’aucune règle générale ne puisse être
ment adoptée.
énoncée en ce qui concerne le type de fondation à employer, quel-
La charge maximale par ligne d’essieu pour les convois utilisés ques idées directrices peuvent néanmoins être données :
actuellement est de l’ordre de 15 t pour une pression des pneus de
0,9 MPa. — pour les terrains de bonne résistance (pression admissible en
fond de fouille de 0,1 à 0,6 MPa), les dimensions des bases des
Les routes peuvent être construites selon deux techniques : poteaux conduisent en général à adopter des massifs du type
— une chaussée souple, constituée par un empilage de maté- « fondations massives », de forme parallélépipédique ou compor-
riaux pierreux distincts, disposés en couches, recouvert d’un revête- tant à la partie inférieure une semelle de répartition ;
ment à base de goudron ou de bitume ; — pour les terrains de faible résistance (pression admissible en
— une chaussée rigide, composée de dalles en béton armé de fond de fouille < 0,1 MPa) et les terrains très résistants (> 0,6 MPa),
18 cm d’épaisseur, reposant sur une ou plusieurs couches de maté- le type « fondations massives » n’est vraisemblablement pas le
riaux (en fonction de la qualité du sol sous-jacent) qui assurent une mieux adapté ni le plus économique ; il est alors nécessaire de
assise convenable à ces dalles. rechercher un type de fondation différent tel que pieux, radiers,
réseaux de longrines ou, au contraire, ancrages réduits dans le
rocher.
2.2.2 Pistes
Du point de vue du principe de calcul, ces massifs sont sollicités
au renversement. Lorsque l’on considère des sollicitations dans une
Les pistes de circulation forment un réseau routier secondaire seule direction, il est préconisé d’utiliser pour dimensionner les
intérieur au périmètre de l’ouvrage et permettent d’accéder aux cel- massifs parallélépipédiques la méthode dite du réseau d’état [1].
lules des installations à haute tension. Cette dernière tient compte de la poussée et de la butée des terres
Les véhicules qui doivent circuler sur ces pistes sont ceux utilisés sur les faces perpendiculaires à la direction des efforts considérés,
pour le transport et la manutention de l’appareillage, à savoir des ainsi que de la réaction présentée par le terrain sous-jacent. En
camions, des camionnettes et des grues automotrices. revanche, elle ne tient pas compte du frottement des terres sur les
faces latérales. Dans le cas de sollicitations simultanées dans deux
La largeur des pistes est déterminée en fonction de l’empattement
directions perpendiculaires, elle est complétée par la méthode de
de ces véhicules en tenant compte d’une surlargeur de sécurité de
M.L. Hahn [2] relative aux contraintes maximales exercées sur le
0,35 m de part et d’autre ; on obtient ainsi une largeur de 3,20 m.
fond de fouille.
Les pistes sont réalisées pour une charge de 10 t par essieu avec
une pression des pneus de 0,75 MPa. Elles sont construites suivant Le principe de cette méthode est de vérifier deux conditions :
la technique de la chaussée rigide (§ 2.2.1) mais avec des dalles de — la stabilité au renversement ;
béton armé moins épaisses (12 cm).
— la pression maximale en fond de fouille.
Les poteaux de charpente sont reliés au massif par l’intermédiaire
2.2.3 Aires de manutention de platines horizontales situées à leur base (figure 1). Ces platines
sont fixées sur des tiges communément appelées crosses, préscel-
Elles sont disposées en antennes des pistes et situées entre les lées dans le béton du massif, mises en place à l’aide d’un gabarit
phases des cellules à haute tension. Elles servent à l’évolution des pendant le coulage, et filetées à leur extrémité supérieure. Le
engins utilisés pour la manutention des appareils (disjoncteurs, réglage de verticalité de l’axe de la charpente s’effectue par un écrou
transformateurs de mesure, etc.), et lors des opérations d’entretien situé sur la platine et serré sur le filetage. Les écrous supérieurs
ou de réparation. assurent le blocage.

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Tableau 2 – Efficacité acoustique de dispositifs


insonorisants
Affaiblissement
Dispositif insonorisant
[dB (A)]
Écran ........................................... A ⭐ 15
Cheminée.................................... 10 ⭐ A ⭐ 15
Enceinte en maçonnerie ............ A ⭓ 20
db (A) : décibel « filtre A »

Figure 1 – Massif et fixation des platines de charpentes 2.4.3 Protection contre l’incendie

L’installation de transformateurs dans les postes entraîne l’adop-


2.4 Ouvrages pour transformateurs tion d’un certain nombre de précautions destinées à limiter l’exten-
sion d’un incendie ayant pris sa source dans l’appareil.
de puissance


Les dispositions mises en œuvre sont fonction de la situation
géographique du poste et de la position du transformateur par rap-
2.4.1 Massifs de repos port aux habitations voisines.

Les massifs de repos sont déterminés par le mode de manuten-


tion, les dispositions constructives des transformateurs (§ 5.5) et le 2.4.3.1 Zone d’habitation à plus de 20 m du transformateur
respect des distances minimales au sol des parties sous tension.
Deux types de dispositions constructives existent : 2.4.3.1.1 Murs de protection contre l’incendie
— pour les transformateurs équipés de galets de roulement, en Ils ont pour buts essentiels d’éviter la propagation aux appareils
nombre variable suivant l’importance de la charge (autotransforma- voisins d’un incendie éventuel se déclarant dans un transformateur,
teurs 400 kV/225 kV et transformateurs 225 kV/HT et 225 kV/MT), les ainsi que de permettre l’approche du foyer aux équipes chargées de
massifs sont constitués de longrines en béton armé couronnées de lutter contre l’incendie.
rails de type SNCF assurant la double fonction de voie de roulement
et de repos ; Placés de part et d’autre de chaque transformateur, ces murs ont
— pour les transformateurs non munis de galets de roulement des dimensions telles (hauteur et largeur) qu’ils débordent large-
mais d’un châssis permettant leur ripage sur les massifs (transfor- ment les transformateurs. Ils sont constitués par des ossatures
mateurs 400 kV/HT, 90 kV/MT et 63 kV/MT), les massifs sont alors préfabriquées en béton armé comportant des glissières verticales
constitués de longrines lisses en béton armé. dans lesquelles sont introduites des dalles préfabriquées en béton
armé ou non. En aucun cas, il ne doit être fait appel à des ossa-
Des dalles bétonnées, réalisées en béton armé et liaisonnées aux tures métalliques qui présentent un risque de grande déformation
longrines, supportent les armoires et les coffrets de commande. sous l’effet d’une chaleur intense, entraînant la destruction du mur
pare-feu.
2.4.2 Insonorisation Associés aux dispositifs insonorisants évoqués précédemment,
ces murs contribuent également à contrarier la propagation du bruit
L’implantation d’unités de transformation à proximité de maisons résultant du fonctionnement des transformateurs et de leurs acces-
d’habitation peut conduire à prendre des précautions pour réduire le soires.
niveau de bruit en façade de ces habitations. Différentes solutions
peuvent être utilisées : 2.4.3.1.2 Fosse de réception d’huile
— des modifications d’implantation :
Pour respecter la réglementation en vigueur sur le rejet des
• éloignement des transformateurs, hydrocarbures en milieu naturel (décret no 77-254 et norme NF C13-
• changement d’orientation des aéroréfrigérants, 000), il est nécessaire de disposer d’une fosse étanche de récupéra-
• implantation des bâtiments du poste de façon à faire obstacle, tion.
• orientation par rapport aux régimes de vents dominants ;
— l’installation de transformateurs particuliers à bruit réduit Le dispositif global de récupération d’huile des transformateurs
fabriqués spécialement par les constructeurs ; se compose de plusieurs éléments (figure 2) :
— l’utilisation de dispositifs insonorisants, qui sont au nombre de — au niveau du banc de transformation, un bac de récupération
4 et dont le tableau 2 indique l’efficacité acoustique : avec un caniveau collecteur et un regard décanteur ;
• l’écran, ou mur pare-son, qui est un panneau continu en maté-
— des canalisations d’évacuation en acier avec revêtement inté-
riau absorbant sonique qui entoure le transformateur sur un, deux
rieur en ciment ;
ou trois côtés ;
• la cheminée qui est la juxtaposition de quatre écrans entou- — un siphon coupe-feu intercalé sur le tracé des canalisations si
rant complètement le transformateur, la longueur des tuyaux d’évacuation est inférieure à 20 m ;
• si des affaiblissements acoustiques importants sont nécessai- — une fosse de réception d’huile déportée couverte, comprenant
res, la construction d’une enceinte en maçonnerie complètement une partie séparateur d’huile-eau et un compartiment récupérateur
fermée, seule solution satisfaisante ; cette disposition nécessite d’huile. Cet ensemble assure, par gravité, la séparation de l’huile et
une ventilation mécanique forcée du local avec mise en place de de l’eau et permet de recueillir l’huile, évitant ainsi tout risque de
silencieux à l’aspiration et au refoulement. rejet de celle-ci vers l’extérieur.

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Postes à haute et très haute tensions


Installations de conduite et de contrôle
par Franck-Yves DUPRIEZ
Ingénieur de l’École nationale supérieure d’arts et métiers
Chef de la Division systèmes de contrôle-commande local au Centre national d’expertise
réseau (CNER) de RTE (Réseau de transport d’électricité)

1. Principes généraux ......................................................................... D 4 576v2 – 2


1.1 Notion de tranche électrique.............................................................. — 2
1.2 Séparation des tranches électriques.................................................. — 3
1.3 Notion de tranches communes .......................................................... — 3
1.4 Notion de services auxiliaires ............................................................ — 4
2. Répartition des éléments de la tranche BT................................ — 4
2.1
2.2
Présentation des équipements...........................................................
Installation de la tranche BT dans le poste .......................................
2.2.1 Bâtiments de relayage extérieurs............................................



4
4
4

2.2.2 Bâtiment de relayage centralisé .............................................. — 4
2.2.3 Utilisation des diverses dispositions en France ..................... — 5
3. Mise en œuvre des éléments de la tranche BT.......................... — 5
3.1 Historique et caractéristiques des différentes fileries ....................... — 6
3.1.1 Palier de contrôle-commande électromécanique ................... — 6
3.1.2 Palier de contrôle-commande statique ................................... — 6
3.1.3 Palier de contrôle-commande numérique .............................. — 7
3.2 Technologies actuelles de réalisation et d’installation
des équipements ................................................................................ — 8
3.2.1 Technologie statique ................................................................ — 8
3.2.2 Technologie numérique ........................................................... — 9
4. Services auxiliaires......................................................................... — 12
4.1 Rôle des services auxiliaires .............................................................. — 12
4.2 Degré de sécurité à obtenir................................................................ — 14
4.3 Unités d’auxiliaires UA ...................................................................... — 14
4.3.1 Généralités ............................................................................... — 14
4.3.2 Distribution des services auxiliaires ....................................... — 15
4.3.3 Dimensionnement.................................................................... — 15
4.4 Organisation des alimentations des UA ............................................ — 15
4.4.1 Alimentations normales à courant alternatif .......................... — 15
4.4.2 Alimentation de secours à courant alternatif ......................... — 15
4.4.3 Alimentations à courant continu ............................................. — 15
5. Perspectives d’avenir ..................................................................... — 15
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. D 4 576v2

’ensemble des postes à haute et très haute tensions fait l’objet de plusieurs
L dossiers :
–« Rôle et structure » [D 4 570] ;
–« Dispositions constructives » [D 4 572] ;
–« Construction et équipements » [D 4 575] ;
–« Installations de conduite et de contrôle » [D 4 576v2] ;
–« Postes sous enveloppe métallique (PSEM) » [D 4 590] ;
Dans les postes électriques haute et très haute tensions, dénommés poste
HTB, du réseau électrique français, depuis une trentaine d’années, les installa-
tions de contrôle et de conduite ont subi de nombreuses évolutions, en particu-
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPY

lier deux changements majeurs de technologies.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. D 4 576v2 – 1

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

En plus de la description des principes de conception génériques, ce dossier


fait un historique de ces évolutions depuis le premier palier de contrôle-com-
mande électromécanique, puis décrit de manière détaillée les paliers de
contrôle-commande statique (le plus répandu dans les installations existantes)
et numérique (qui constitue aujourd’hui le standard de l’offre des fournisseurs).

Définition des niveaux de tension électrique


Une ancienne norme utilisait les appellations THT (400, 225 et 150 kV), HT (90, 63 kV) et
MT (20 kV), que l’on peut encore trouver dans certains textes.
Aujourd’hui, l’UTE C18-510 définit la gamme de tensions électriques rencontrées sur les
réseaux comme suit :
– HT, décliné en HTB (tensions supérieures à 50 000 V (ou 50 kV) alternatifs) et HTA
(tensions comprises entre 50 000 et 1 000 V alternatifs) ;
– BT : tension inférieure à 1 000 V alternatifs.
On trouve sur le réseau de transport d’électricité français des installations de niveau
HTB3 (400 kV), HTB2 (225 ou 150 kV) et HTB1 (90 ou 63 kV).
Le niveau de tension HTA (typiquement 20 kV) est réservé aux réseaux de distribution
électrique, qui ne font pas l’objet de ce dossier.
Le domaine de tension BT cité dans ce dossier intègre exclusivement les circuits de
contrôle-commande des postes HTB.


– la partie conduite est constituée par des équipements situés
1. Principes généraux dans le bâtiment de commande du poste, qui permettent la
conduite de la tranche électrique, à savoir :
 la réalisation de commandes et l’acquisition, en retour, des
signalisations de position des appareils des tranches haute
Les installations de conduite et de contrôle d’un poste ont pour tension et des automatismes (ouvert/fermé, en/hors
but d’assurer la conduite (locale ou à distance), la surveillance, la service…) ;
protection et la reprise de service après incident sur le réseau élec-
trique en agissant au niveau de différents constituants du poste :  l’acquisition de signalisation de certaines informations per-
mettant l’exploitation des tranches électriques ;
– les constituants assurant le raccordement d’extrémités des liai-  la restitution de l’état de grandeurs électriques analogiques
sons de transport et de distribution y aboutissant ; (tension, courant, puissance active/réactive) fournies par des
– les constituants internes aux postes comme les jeux de barres équipements de télémesure.
ou les transformateurs de puissance.
La partie conduite rassemble des dispositifs permettant de s’in-
Pour ce faire, un poste est structuré en différentes fractions ras- terfacer avec la tranche contrôle pour réaliser le raccordement à
semblant un ensemble de matériels et de circuits à haute et basse l’équipement de téléconduite du poste, au consignateur d’état qui
tensions, lié géographiquement et fonctionnellement à une partie assure l’acquisition et la restitution chronologique des signalisa-
déterminée du poste. tions des équipements de contrôle du poste. La partie conduite per-
met également d’alimenter une interface homme-machine (tableau
synoptique ou poste opérateur informatique graphique) pour assu-
1.1 Notion de tranche électrique rer les fonctions de conduite locale des tranches électriques.
Chaque tranche a un fonctionnement indépendant et se trouve
Chacune de ces fractions appelée tranche électrique (figure 1) est reliée dans le bâtiment de commande aux équipements de télécon-
organisée de telle manière qu’elle puisse être totalement isolée du duite et aux automatismes centralisés du poste (figure 2).
reste de l’installation. Les limites d’une tranche sont définies par le
fait que cet isolement ne doit pas compromettre le fonctionnement
et le contrôle des autres installations qui restent en service. La téléconduite du poste permet de réaliser les fonctions de
conduite depuis un site distant sans déplacer un opérateur. Elle
Une tranche électrique comprend (figure 2) : permet également de disposer du niveau d’information néces-
– une tranche haute tension, appelée également cellule, consti- saire pour assurer la surveillance et la sauvegarde des matériels,
tuée par l’ensemble du matériel HT (disjoncteurs, sectionneurs, ainsi que la sécurité des personnes, grâce à un système d’alar-
transformateurs et réducteurs de mesure), par les liaisons HT mes hiérarchisées. Les commandes distantes s’effectuent de
(jeux de barres ou câbles de puissance), mais aussi par les équipe- manière centralisée depuis un dispatching régional ou un pupi-
ments du réseau (matériel et liaisons BT) qui permettent la com- tre de commande groupé (PCG), à l’aide de consoles de
mande et le fonctionnement du matériel HT ; conduite. Le système est conçu de telle manière que la com-
– une tranche basse tension, constituée par le matériel et les cir- mande ne puisse être réalisée que depuis un seul lieu à la fois,
cuits BT destinés à la conduite et au contrôle de la fraction du poste notamment pour des questions de sécurité. Le poste sans per-
considérée. sonnel d’exploitation est dénommé dans ce contexte « poste
asservi » (PA).
Une tranche basse tension se décompose en deux parties : Les automatismes centralisés exercent des fonctions nécessi-
– la partie contrôle est constituée par des équipements assurant tant une action coordonnée des automatismes des différentes
la surveillance, la protection et la reprise automatique de service de tranches, ce qui justifie de les positionner en amont de l’inter-
l’installation ; face avec les différentes tranches BT.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS

TBO II TBO I

TCT
TCo TS

TC Poste HTB2
ou HTB3

MALT TTR1

TT
S
TP TTSA


TTR2

TL TA TL TL TL

D disjoncteur TA tranche liaison centrale


MALT mise à la terre TBO tranche contrôle de barres omnibus
Poste HTB1
S sectionneur TCo tranche couplage
TC transformateur de courant TL tranche ligne
TCT transformateur condensateur de tension TS tranche sectionnement TBO
TP transformateur de puissance TTR tranche transformateur de puissance
TT transformateur ou réducteur de tension TTSA tranche transformateur de services auxiliaires

Figure 1 – Différents types de tranches électriques

Ces opérations de séparation des tranches sont notamment


nécessaires lorsqu’une tranche est en phase de consignation.
Téléconduite et automatismes
centralisés du poste
La consignation est un ensemble d’opérations destinées à
assurer la protection des personnes et des ouvrages contre les
Conduite Conduite
conséquences de tout maintien accidentel ou de tout retour inat-
tendu de la tension sur cet ouvrage, pendant l’intervention d’un
Tranche Tranche
BT
opérateur.
BT
Contrôle Contrôle

La consignation d’une tranche haute tension s’effectue par


ouverture des sectionneurs encadrant la tranche (réalisation d’une
Appareils Appareils coupure électrique visible) et par mise à la terre des appareils et
et circuits Tranche et circuits Tranche des circuits sur lesquels on désire intervenir.
HTB, HTA et BT HT HTB, HTA et BT HT
La consignation d’une tranche basse tension est assurée :
– par la fermeture de courts-circuiteurs de courant situés au
secondaire des réducteurs de courant ;
Tranche 1 Tranche n – par l’ouverture des circuits de tension au niveau de coffrets de
fusibles situés au secondaire des réducteurs de tension ;
Figure 2 – Structure d’une tranche électrique – par l’ouverture d’un interrupteur de consignation de tranche
(ICT) permettant de s’affranchir de toute source d’alimentation
interne à la tranche.

1.2 Séparation des tranches électriques


1.3 Notion de tranches communes
Les définitions énoncées (§ 1.1) impliquent que chaque tranche
électrique puisse être isolée de toutes les sources d’alimentation, Certaines fonctionnalités de postes sont communes à plusieurs
haute tension et basse tension, directes ou indirectes, qui lui sont tranches électriques ou ne sont pas directement rattachées à l’une
raccordées. d’elles. Les tranches basse tension qui les traitent sont regroupées

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

sous le terme générique de « tranches communes ». Il s’agit princi-


palement de :
– la tranche générale qui regroupe les fonctions de sécurité, les BC
fonctions facilitant l’exploitation du poste ainsi que la surveillance
des alimentations électriques continues du poste (signalisations, I
alarmes, mode d’exploitation du poste, appels téléphoniques, éclai-
rage, gestion de la présence d’un intervenant sur site etc.) ;
– la tranche « surveillance services auxiliaires » (§ 1.4 et § 4), char-
gée d’assurer l’alimentation alternative, secourue ou non des maté- BR BR BR
riels installés dans le poste (éclairage, chauffage, appareillage HT,
chargeurs de batteries) ; APR
– la tranche « protection de site », chargée de prendre en compte
les informations relatives au contrôle des accès et à la détection
des intrusions physiques sur le site.

Cellule
1.4 Notion de services auxiliaires 1 2 3 4 5 6 n
L’exploitation d’un poste et la gestion des différentes tranches qui
le constituent nécessitent la mise à disposition de différentes for-
mes d’énergie. Les installations élaborant et distribuant cette éner- APR armoires de protection et répartiteur de filerie d’une tranche HT
gie sont appelées services auxiliaires (§ 4). BC bâtiment de commande
L’importance des services auxiliaires est vitale, car leur perte peut BR bâtiment de relayage pour deux tranches


entraı̂ner la perte totale du poste. I caniveau collecteur des câbles BT

Figure 3 – Principe d’installation en bâtiment de relayage extérieur

2. Répartition des éléments Pour les équipements de contrôle, il existe deux dispositions :
de la tranche BT – la première étant l’installation en bâtiments de relayage
extérieurs ;
– la seconde, l’installation dite en bâtiment de relayage centra-
L’ensemble du matériel et des liaisons de la tranche HT se situe lisé, localisé dans une partie du bâtiment de commande.
dans la partie extérieure du poste. En ce qui concerne la tranche BT, Les équipements de la partie « conduite » sont toujours situés
les dispositions pratiques d’installation dans le poste sont mar- dans le bâtiment de commande.
quées par des particularités propres à chaque entreprise de trans-
port d’électricité. Néanmoins, certaines dispositions générales de
présentation des équipements sont respectées par tout le monde. 2.2.1 Bâtiments de relayage extérieurs
Les parties « contrôle » des tranches sont situées, à proximité de
2.1 Présentation des équipements l’appareillage à haute tension contrôlé, dans des bâtiments de
relayage (figure 3).
Le matériel constituant la partie contrôle est installé de manière Chaque bâtiment de relayage peut contenir plusieurs tranches
générale en armoires dites de protection sur lesquelles sont fixés « contrôle » et des équipements communs à ces tranches qui sont
les divers équipements : calculateur de tranche, équipements de (figure 4) :
protections et d’automatismes présentés en tiroir (racks 19 pouces
de largeur). – la batterie d’alimentation 48 V, située dans le local batterie
accessible en face arrière du bâtiment ;
Jusque dans les années 1980, on a utilisé également une présen- – les matériels du châssis commun situé en fond du bâtiment
tation sur châssis métalliques, recevant des matériels présentés en (enregistreur de perturbations, chargeur 48 V, coffret de distribu-
coffret. Il en subsiste encore aujourd’hui un certain nombre dans tion du 48 V) ;
les postes en exploitation. – le poste téléphonique, appelé TPG, situé à l’entrée immédiate
La partie conduite s’appuie : du bâtiment de relayage.
– pour la technologie statique, sur des paniers d’interface instal- Les circuits BT, émanant des coffrets de raccordement des appa-
lés dans des armoires à accès avant/arrière ; un tableau synoptique reils de chaque tranche HT, sont dirigés par tranchée et par cani-
est fixé sur les portes de ces armoires, elles-mêmes disposées de veau vers le bâtiment de relayage où ils aboutissent dans les
manière à ce que le tableau synoptique global soit le reflet du armoires de tranches contrôle (armoires répartiteur ou armoires
schéma électrique du poste ; protection-répartiteur de filerie).
– pour la technologie numérique, sur un calculateur de site et un
PC industriel assurant la fonction de poste opérateur d’IHM (inter- La liaison entre la partie contrôle et la partie conduite située dans
face homme-machine). L’ensemble est installé dans l’armoire sys- le bâtiment de commande est réalisée par un câble à quartes (câble
tème central. de technologie « téléphonique » de capacité 112 x 4 câbles = 112 quar-
tes), cheminant dans un caniveau collecteur ou par un réseau de
fibres optiques pour les technologies récentes (numérique).
2.2 Installation de la tranche BT
dans le poste 2.2.2 Bâtiment de relayage centralisé
L’emplacement, dans un poste, des divers éléments constituant Les parties « contrôle » des tranches sont installées dans une
les installations BT est fonction de la solution adoptée dans la salle générale de relayage, placée à proximité de la salle de
conception de l’ouvrage. conduite (figures 5 et 6).

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D 4 576v2 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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Postes à haute et très haute tensions


Postes sous enveloppe métallique (PSEM)
par Jean-Pierre TAILLEBOIS
Ingénieur au Centre National d’Expertise Réseaux
du Gestionnaire du Réseau de Transport d’Électricité

1. Émergence des postes SEM .................................................................. D 4 590 – 2


2. Paramètres de conception et de dimensionnement ...................... — 2
3. Contraintes spécifiques aux appareillages SEM ............................. — 5


4. Sécurité des personnes .......................................................................... — 7
5. Solutions technologiques...................................................................... — 8
6. Grandeurs caractéristiques................................................................... — 12
7. Méthodes de diagnostic et de surveillance...................................... — 13
8. Place des postes SEM dans les réseaux de transport d’électricité — 14
9. Perspectives d’évolution ....................................................................... — 16
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 590

’appareillage sous enveloppe métallique à isolation gazeuse (SEM)


L permet de réaliser tous les types de postes à haute et très haute tensions
dont le rôle et la structure sont définis dans un autre fascicule. Il se distingue des
postes conventionnels par une technique originale d’isolation électrique de cha-
que phase par rapport à la masse et directement entre phases dans le cas
d’appareillage de conception triphasée.
L’intérêt primordial de cette technique est sa compacité obtenue par le rem-
placement de l’air atmosphérique par un gaz à forte rigidité diélectrique. Le gaz
aujourd’hui universellement utilisé est l’hexafluorure de soufre (SF6). Celui-ci est
maintenu sous pression, ce qui permet une importante réduction des distances
d’isolement nécessaires pour satisfaire à la tenue des tensions permanentes et
temporaires susceptibles d’apparaître en exploitation. Le SF6 assure l’isolation
des phases par rapport à la masse, des phases entre elles et entre les contacts
ouverts des disjoncteurs et des sectionneurs.
Pour ce faire, les appareils et leurs raccordements sont enfermés dans des
enveloppes étanches dans lesquelles le SF6 est confiné sous pression. Chaque
phase peut être enfermée dans une enveloppe ou les trois phases peuvent être
regroupées dans une enveloppe unique, principalement pour les plus faibles
niveaux de tension. Ces enveloppes, reliées électriquement à la terre, assurent la
sécurité des personnes vis-à-vis du risque de proximité électrique. Il en résulte
également que la tenue diélectrique est insensible aux conditions climatiques et
aux pollutions industrielles ou marines.
Sa grande flexibilité d’installation permet de l’utiliser pour réaliser l’exten-
sion d’un poste ouvert si la place disponible est réduite. Certains, même en
420 kV, ont été installés en caverne ou sur une plate-forme située à plusieurs
mètres du sol.
Ses dimensions réduites permettent de l’installer en bâtiment et même en
étage ou en sous-sol. Certains postes peuvent même être totalement enterrés.
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPQ

Dans ces conditions, un poste SEM raccordé au réseau électrique par câbles

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 590 − 1

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS _______________________________________________________________________________________________

enterrés s’insère de manière particulièrement discrète dans un environnement


urbain.
Toutefois, lorsqu’il n’existe pas de contraintes d’installation ou d’environne-
ment, le matériel isolé dans l’air reste une solution plus économique et plus
aisée à dépanner en cas d’avarie, en particulier en permettant d’utiliser les tech-
niques de travail sous tension qui ne sont pas applicables aux matériels SEM.
L’article Postes à haute et très haute tensions fait l’objet de plusieurs fascicules :
— Rôle et structure [D 4 570] ;
— Installations de conduite et contrôle [D 4 576] ;
— Dispositions constructives [D 4 572] ;
— Construction des postes et installation des composants [D 4 574] ;
— Postes sous enveloppe métallique (PSEM) [D 4 590] ;
— Postes intérieurs modulaires à haute et très haute tensions [D 4 591] ;
et les sujets traités n’étant pas indépendants les uns des autres, le lecteur devra assez souvent
se reporter aux autres fascicules.
Le présent fascicule se réfère également aux fascicules :
— Transformateurs de mesure [D 4 720] ;
— Appareillage électrique d’interruption à haute tension [D 4 700] à [D 4 703] ;
— Lignes et postes : choix et coordination des isolements [D 4 750].
Les renvois à ces fascicules seront notés, en cours du texte, par leur numéro.


1. Émergence des postes SEM L'idée de cette technologie est en fait assez ancienne : les premiers
postes à encombrement réduit, en haute tension, sont apparus en
1930 en Angleterre ; de 1950 à 1960, quelques postes isolés soit avec
de l'huile, soit avec de l'air comprimé ont été réalisés, mais leur nom-
Au début des années soixante, la croissance importante de la
bre est demeuré longtemps très limité (de l'ordre d'une dizaine).
consommation d'électricité a conduit à reconsidérer la distribution
de l'énergie électrique dans les grandes agglomérations. Ainsi, en En France, les études ont commencé en 1960, les constructeurs
France, la tension de 245 kV, qui jusqu'alors était utilisée exclusive- faisant appel, pour l'isolation, soit à l'hexafluorure de soufre (SF6),
ment pour le transport, est devenue progressivement une tension soit à l'air comprimé. Les premiers prototypes construits pour une
pour l'alimentation directe des réseaux de distribution, dans les tension de 245 kV ont été essayés par EDF entre 1964 et 1966. Les
grandes agglomérations ou dans les zones proches de ces dernières deux premiers postes isolés au SF6 ont été mis en service industriel
(cf. [D 4 570]). en 1969. Le véritable développement a commencé en 1974, après
que l'exploitation des premiers ouvrages à 245 kV se fut révélée
satisfaisante. Le déploiement a tout d’abord concerné les tensions
Les valeurs des tensions données dans cet article sont tou- 72,5 et 100 kV pour des postes urbains et, à partir de 1978, la techni-
jours les tensions assignées du matériel, définies par la norme que SEM s'est étendue au 420 kV.
60694 de la Commission Électrotechnique internationale
(CEI 60694) ; ainsi, la tension de 245 kV correspond à un réseau L’appareillage SEM est normalisé au plan international depuis
de tension de service entre phases de 225 kV (§ 6). 1975 par la norme CEI 60517 sous le titre « Appareillage sous enve-
loppe métallique à isolation gazeuse de tension assignée égale ou
supérieure à 72,5 kV ». Le terme anglais correspondant est « Gas-
Cette réorganisation de la distribution de l'énergie a fait apparaî- Insulated metal-enclosed Switchgear » en abrégé, GIS, utilisé indif-
tre la nécessité de disposer d'appareillage à haute tension d'encom- féremment pour désigner l’appareillage ou le poste utilisant cette
brement aussi faible que possible ; ce faible encombrement se technologie (Gas-Insulated Substation).
justifie par le coût des terrains en zone urbaine et, indépendamment
du coût, par la difficulté de trouver des surfaces suffisantes là où
l'on en a précisément besoin.
Il a été fait appel à une nouvelle technique d’appareillage appelée
2. Paramètres de conception
sous-enveloppe métallique (SEM). La particularité de ce type de
poste réside dans le fait que les différents appareils (disjoncteurs,
et de dimensionnement
sectionneurs, jeux de barres, transformateurs de mesure, etc.), les
Pour répondre aux contraintes diélectriques, électriques, thermi-
liaisons entre ces appareils et les jeux de barres nécessaires à sa
ques et mécaniques auxquelles l’appareillage de poste est soumis en
construction sont enfermés dans des enceintes métalliques étan-
exploitation, le matériel SEM est principalement dimensionné par :
ches (enveloppes) mises à la terre.
— la tenue aux tensions permanentes et temporaires ;
L'isolation est réalisée par un gaz sous pression qui assure à la
— la tenue au courant permanent et au courant de court-circuit
fois l'isolement à la masse et l'isolement entre l'entrée et la sortie
(courant de courte durée) ;
des appareils de coupure et d'interruption. De ce fait, on obtient une
réduction très importante de l'encombrement. Le rapport de la sur- — la tenue à la pression.
face au sol occupée par un poste ouvert à celle d'un poste SEM
assurant les mêmes fonctions est d’environ 5 à 10 pour la partie
appareillage seule. Cette réduction dépend de la tension et du mode 2.1 Tenue du gaz isolant aux tensions
de raccordement au réseau. Rapportée à un poste complet, la réduc- permanentes et temporaires
tion est inférieure car elle dépend de la surface occupée par les
autres composants (transformateurs, cellules moyenne tension, sal- La tenue aux tensions permanentes et temporaires du réseau est
les de relayage et de commande, atelier d’énergie…) et les dégage- assurée par un gaz isolant sous pression dont les caractéristiques
ments et circulations nécessaires aux accès. vont conditionner les dimensions générales de l’appareillage.

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_______________________________________________________________________________________________ POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS

2.1.1 Choix du gaz isolant Compte tenu de la température minimale pour laquelle l’appa-
reillage doit fonctionner, soit – 25 °C pour les zones à climat tem-
Eu égard à ses excellentes propriétés, dans le domaine de la cou- péré, la pression absolue maximale d’utilisation (mesurée à 20 °C)
pure du courant et de l’isolation, le SF6 est actuellement universelle- est limitée à 0,8 MPa. Pour les zones de grand froid, pour maintenir
ment utilisé comme gaz isolant. Ses propriétés sont développées une pression d’utilisation identique, il est possible d’utiliser des
dans le fascicule [D 4 703]. mélanges de SF6 et d’azote.
Les constructeurs d'appareillage ont fait appel à un gaz nouveau Par convention, la pression d’utilisation est définie pour une tem-
pour eux, mais bien connu des chimistes depuis 1890, date à pérature de 20 °C. Elle est appelée pression assignée de remplis-
laquelle Moissan et Lebeau ont réalisé la synthèse de l'hexafluorure sage. Comme cette pression varie avec la température, la pression
de soufre (SF6). réelle de remplissage doit être corrigée en fonction de la tempéra-
ture. La figure 1 donne la variation de pression pour une masse
L'utilisation du SF6 a été envisagée vers 1937, mais son industria- volumique donnée en fonction de la température.
lisation a commencé aux États-Unis seulement en 1948. Depuis
cette date, le SF6 a été de plus en plus utilisé dans les disjoncteurs On notera que la législation française relative aux réservoirs sous
pour remplacer l'huile ou l'air comprimé, qu'il a, depuis 1970, peu à pression s’applique à l’appareillage SEM. Cette réglementation
peu éliminé, aussi bien en haute tension qu'en moyenne tension (cf. impose, sauf dérogation, de réaliser des épreuves périodiques de
[D 4 703] et [D 4 705]). tenue de pression pour les réservoirs dont la pression dépasse
0,4 MPa. Pour les plus anciens matériels, les constructeurs ont
La publication CEI 60 376 fixe la nature et la quantité limite des limité la pression de remplissage à 0,35 MPa pour ne pas dépasser
impuretés que le SF6 neuf, destiné à être utilisé dans l’appareillage la limite de 0,4 MPa à la température maximale d’utilisation. Les réé-
électrique, peut contenir. preuves périodiques sont essentiellement justifiées pour vérifier
que des corrosions internes n’affaiblissent pas la tenue mécanique
de ces réservoirs. Comme le taux d’humidité du SF6 doit être maî-


2.1.2 Choix de la pression trisé (§ 3.5.3), des dérogations de réépreuve ont permis de lever
cette limite pour les matériels les plus récents installés en France et,
La tension de claquage (tension disruptive) du SF6 augmente avec en particulier, à EDF.
sa pression. Pour réduire autant que possible les dimensions du
matériel, la pression du SF6 est la plus élevée possible. Cette pres-
sion est toutefois limitée par la pression de vapeur saturante à partir
2.1.3 Détermination du gradient de tension
de laquelle le SF6 passe à l’état liquide. La figure 1 montre la varia- La tenue diélectrique des postes isolés dans l’air est assurée en
tion de la pression de liquéfaction en fonction de la température. respectant des distances minimales entre conducteurs et appa-
reillage, et en fixant une longueur minimale pour la ligne de fuite
des supports isolateurs par rapport à la terre. Le respect de ces dis-
tances est généralement suffisant pour garantir la tenue aux ten-
sions permanentes et temporaires pour des paramètres climatiques
Pression absolue (MPa) spécifiés.
Point critique : Pour le matériel SEM, ces notions de distances minimales sont
3,6 insuffisantes pour concevoir un matériel optimisé.
45,55 °C
3,4 3,759 MPa Exemple : pour un réseau à 420 kV, pour fixer les idées, la distance
minimale dans l’air entre conducteur et structure métallique reliée à la
3,2
terre est fixée à 2 900 mm. Elle peut être réduite à moins de 200 mm
3 entre conducteur et enveloppe dans un appareillage SEM.
Masse volumique (kg/L)

0,14
2,8 L’appareillage SEM doit supporter les différentes contraintes de
Phase liquide Phase gazeuse 0,13
tension apparaissant sur les réseaux. En plus de la tension perma-
2,6
0,12 nente à fréquence industrielle, le matériel est soumis à des surten-
2,4 sions transitoires ou temporaires. Le fascicule [D 4 750] détaille les
0,11
contraintes de tension qui apparaissent sur les réseaux d’énergie
2,2
0,10 électrique triphasés. Il indique la forme des trois tensions d’essais
2 0,09 de tenue normalisés qui, pour des raisons économiques et de repro-
ductibilité, ont été retenues pour tester la tenue de l’appareillage.
1,8 0,08 Pour mémoire, il s’agit des tensions de tenue :
1,6 0,07 — à fréquence industrielle pendant une durée de 1 minute ;
1,4 — en onde biexponentielle, dite de « choc de manœuvre »
0,06
250/2500 µs ;
1,2
0,05 — en onde biexponentielle, dite de « choc de foudre » 1,2/50 µs.
1 L’appareillage est testé avec les deux dernières tensions dans les
0,04
0,8 deux polarités sur une série d’essais comportant généralement
0,03 15 chocs.
0,6
0,02 La publication CEI 60 694 propose des jeux de valeurs de tension
0,4 de tenue assignée en fonction des caractéristiques du réseau auquel
0,01 les appareillages sont destinés.
0,2
La rigidité diélectrique d’un isolant dépend de la forme de
0 l’onde de tension normalisée. Ainsi, dans l’hypothèse d’un champ
– 50 – 30 – 10 0 10 30 50 70 90 110 130 quasi homogène, ce qui est acceptable compte tenu de la structure
Température (°C) coaxiale de l’appareillage et de la qualité de fabrication, la rigidité
diélectrique intrinsèque ou maximale du SF6 à pression atmosphé-
Figure 1 – Pression absolue du SF6 en fonction de la température rique est de 8,9 kV/mm. Elle augmente avec la pression et est
à densité constante influencée par la forme de la tension et la distance interélectrode.

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POSTES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS _______________________________________________________________________________________________

Pour la gamme des pressions utilisées, il existe un ratio constant importants vont alors se développer entre conducteur et enveloppe.
de tenue du SF6 pour chacune des trois tensions d’essai. Ce point Ces efforts vont se répercuter sur les supports isolateurs (5.3) dont
est traité dans le fascicule [D 4 750] qui traite de la coordination des la tenue doit être vérifiée.
isolements.
Dans un système coaxial régulier, soumis à une tension V, le gra-
dient de potentiel G, à la surface du conducteur, s’exprime en 2.3 Tenue à la pression
fonction du diamètre d du conducteur et du diamètre intérieur D de
l’enveloppe par la relation: Les enveloppes sont soumises à la pression interne du SF6 corres-
pondant à la pression assignée de remplissage (2.1.2). La pression
2V maximale est fonction de la température maximale d’utilisation, de
G = -----------------------
l’échauffement dû au passage du courant et de l’ensoleillement
d ln  D 
----
d pour les postes extérieurs. Cette pression maximale, dénommée
pression de calcul des enveloppes, fixe, par l’application de coeffi-
Un gradient minimal est obtenu lorsque le rapport des diamètres cients qui dépendent du matériau (acier, alliage d’aluminium cor-
D
---- = e . royé ou coulé) les pressions d’essais de type de rupture et d’essais
d individuels de série (essais de routine) sans déformation auxquelles
En pratique, le champ électrique n’est pas uniforme dans l’espace elles doivent être soumises.
isolant. Les changements de forme des pièces conductrices condui-
En cas de défaut d’isolement dans le SF6, il se produit un arc de
sent à un renforcement local du gradient ; de même, la qualité de la
puissance entre les pièces conductrices et l’enveloppe dont le cou-
fabrication et du montage influence le gradient de potentiel par l’état
rant peut atteindre le courant de courte durée assigné. Deux effets
de surface des pièces, leur propreté et la présence de particules.
sont associés à cet arc interne :
— un échauffement du SF6 qui dépasse 5000 K dans le noyau

T Compte tenu des jeux de valeurs spécifiées dans la CEI 60694,


la tenue au choc de foudre est un paramètre dimensionnant
pour l’appareillage SEM. Habituellement, les parties courantes
central de l’arc ;
— la fusion du métal dans la zone où le pied d’arc s’accroche à
l’enveloppe jusqu’à provoquer sa perforation.
sont dimensionnées pour que le gradient au choc de foudre à la
Nota : lorsqu’un arc de défaut se développe dans un milieu isolant entre deux pièces
surface du conducteur reste inférieur à 20 kV/ mm. conductrices, les points d’impact de cet arc sur les pièces sont appelés : pied d’arc. Ce
terme est couramment utilisé, il apparaît en particulier dans l’article La maîtrise des défauts
électriques dans les PSEM ([Pour en savoir plus Doc. D 4 590]).
Au pied d’arc, l’énergie de l’arc se transmet aux pièces conductrices sous forme d’éner-
2.2 Tenue au courant permanent gie calorifique pouvant provoquer fusion et perforation, d’où la notion de « tenue au pied
et au courant de court-circuit de l’arc ».

■ L’échauffement du gaz va provoquer une augmentation de la


L’appareillage est spécifié pour deux contraintes de courant : pression dans le compartiment concerné, fonction du courant de
— le courant assigné en service continu ; défaut et de sa durée et d’autant plus importante que le volume du
— le courant de courte durée assigné. compartiment est faible.
Ce dernier correspond au courant de court-circuit du réseau Cette contrainte de pression qui peut largement dépasser la pres-
dont la durée est généralement fixée à 0,5 ou 1 s ; il couvre les per- sion de rupture de l’enveloppe va également s’appliquer sur les sup-
formances imposées pour le temps de fonctionnement des protec- ports isolateurs (§ 5.3) qui délimitent le compartiment concerné. Elle
tions et de coupure des disjoncteurs (cf. [D 4 805]. Protection des pourrait donc conduire au déchirement ou à la fragmentation de
réseaux de transport et de répartition). l’enveloppe avec des conséquences pour le personnel et le matériel
avoisinant (y compris les compartiments adjacents).
Le courant assigné en service continu va dimensionner les
pièces conductrices et les raccords entre ces pièces pour en limiter En conséquence, la montée en pression est limitée par un dispo-
la température et l’échauffement aux valeurs compatibles avec les sitif de décharge de pression. Ce dernier est généralement constitué
matériaux utilisés et leur revêtement. La publication CEI 60694 fixe d’une membrane ou d’un disque de rupture. La pression de fonc-
ces limites dans le SF6 ; elles peuvent être supérieures à celles admi- tionnement de ce dispositif de décharge de pression est déterminée
ses dans l’air pour prendre en compte l’absence d’oxygène. Elles en fonction de la pression de calcul des enveloppes, afin d’éviter
prennent également en compte les températures admissibles par tout risque de rupture intempestive.
les matériaux isolants. ■ La perforation de l’enveloppe par le pied d’arc est difficile à
La détermination des échauffements doit prendre en compte la analyser de manière théorique. En effet, de nombreux paramètres,
présence de l’enveloppe située autour des conducteurs. Cette enve- liés au circuit d’alimentation et à la géométrie du compartiment,
loppe se comporte comme un conducteur parallèle au conducteur vont influer sur la plus ou moins grande stabilité de l’arc (c’est-à-
principal et est à ce titre soumise au champ électrique de ce dernier. dire son maintien dans une zone réduite ou son déplacement après
Les enveloppes sont généralement reliées à la terre en différents chaque demi-alternance du courant).
points pour les raisons qui seront exposées au paragraphe 3.1. Dans En l’absence d’une norme internationale précise, EDF a défini une
ces conditions, pour les appareillages comportant une seule phase procédure d’essai afin d’établir une relation empirique de tenue
par enveloppe, un courant induit par le courant principal circule avant perforation permettant de limiter le nombre d’essais pour les
dans la boucle formée par les mises à la terre et le réseau de terre nouveaux matériels.
qui les relie. Selon la géométrie de la boucle ainsi formée, le courant Les paramètres qui influent sur le temps de perforation ont été
induit varie. Pour couvrir toutes les possibilités, les essais d’échauf- choisis pour correspondre au cas le plus défavorable :
fement sont réalisés en faisant circuler le courant principal dans
— volume du compartiment minimal ;
l’enveloppe. Pour la sécurité du personnel, l’échauffement des
enveloppes accessibles est limité à 30 K. — arc amorcé par un fil fusible situé à proximité du support isola-
teur le plus éloigné de la source de courant.
Bien que le courant de court-circuit soit 10 à 20 fois supérieur au
courant permanent, il n’est pas dimensionnant du fait de sa très fai- Deux durées sont retenues pour correspondre au fonctionnement
ble durée. Par contre, si le siège du défaut est sur l’appareillage des protections normales et de secours :
SEM, le courant de défaut va s’écouler à la terre par l’enveloppe — une première durée pendant laquelle seule le dispositif de
pour rejoindre le réseau de terre. Des efforts électrodynamiques décharge de pression peut fonctionner ;

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Postes intérieurs modulaires


à haute et très haute tensions

par Yves MIGNARD


Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité
Chef du Département Postes et Lignes à la Direction des Études
et Recherches d’Électricité de France

1. Présentation et définition ...................................................................... D 4 591 - 2


2.
3.
Poste intérieur modulaire : schéma ....................................................
Particularités techniques du poste......................................................


2
3

3.1 Coordination des isolements....................................................................... — 3
3.2 Thermoconditionnement ............................................................................. — 4
3.3 Arc interne..................................................................................................... — 5
3.4 Tensions de pas et de toucher..................................................................... — 5
4. Constituants du poste ............................................................................. — 5
4.1 Technologie des travées .............................................................................. — 5
4.2 Sectionneurs ................................................................................................. — 5
4.3 Isolateurs....................................................................................................... — 6
4.4 Transformateurs de mesure ........................................................................ — 6
4.5 Extrémités des câbles HT............................................................................. — 7
4.6 Disjoncteurs .................................................................................................. — 7
4.7 Transformateurs de puissance .................................................................... — 8
5. Exploitation du poste .............................................................................. — 8
5.1 Circulation dans l’ouvrage........................................................................... — 8
5.2 Accès dans les locaux contenant les installations HT ............................... — 8
5.3 Conditions d’exécution des opérations de condamnation ....................... — 8
5.4 Contraintes d’exploitation ........................................................................... — 8
5.5 Télécondamnation........................................................................................ — 8
5.6 Maintenance ................................................................................................. — 8
6. Installation. Mise en œuvre ................................................................... — 8
7. Quelques réalisations .............................................................................. — 9
7.1 Différents plans de masse ........................................................................... — 9
7.2 Différentes réalisations ................................................................................ — 9
8. Conclusions ................................................................................................ — 9
Références bibliographiques .......................................................................... — 10

ans les années quatre-vingt, la croissance de la consommation et la politi-


D que d’amélioration de la qualité de service ont fait apparaître, dans les prin-
cipaux pays industrialisés, un besoin important de créations de postes sources
destinés à alimenter le réseau à moyenne tension (MT), 20 kV en France, à partir
du réseau à haute tension (HT), à 63 kV ou à 90 kV. La réalisation de cet important
programme pour l’alimentation des agglomérations, même de taille moyenne,
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@QYYX

devait provoquer des problèmes d’insertion des ouvrages dans un environne-

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POSTES INTÉRIEURS MODULAIRES À HAUTE ET TRÈS HAUTE TENSIONS __________________________________________________________________________

ment urbain ou suburbain, acceptant difficilement une technologie aérienne


pour les lignes et les postes.
La question du développement industriel d’un nouveau type de poste, suscep-
tible de s’intégrer facilement en toutes circonstances, s’est donc posée. Les
avantages tels que la diminution de surface au sol, la simplification de la main-
tenance, la protection du matériel contre la pollution ou l’intégration esthétique
dans l’environnement étaient escomptés, mais également l’intérêt économique,
par rapport notamment aux solutions existantes qui apportaient déjà un certain
nombre de réponses, comme le poste sous enveloppe métallique.
Apparus en France dès 1962, les premiers postes intérieurs à 63 kV qui équi-
paient plusieurs régies de villes françaises et quelques clients industriels étaient
à isolement dans l’air et installés dans un bâtiment traditionnel en béton. L’appa-
reillage utilisé était alors isolé dans l’huile, les parties sous tension surélevées et
protégées par un simple grillage, les barres ou connexions étant parfois isolées.
En s’appuyant sur cette expérience et sur le savoir-faire acquis dans le domaine
des cellules à moyenne tension, les constructeurs ont su atteindre les niveaux de
qualité et de sécurité exigés par le cahier des charges de ce qu’on appelle main-
tenant des postes intérieurs modulaires (PIM).


1. Présentation et définition 2. Poste intérieur modulaire :
schéma
Intermédiaires entre les postes extérieurs à isolement dans l’air et
les postes sous enveloppe métallique [2] (ensemble modulaire de
connexions et d’appareils enfermés dans des enveloppes reliées à la Dans la plupart des pays, les fonctions de grand transport et
terre et isolées au moyen d’un diélectrique sous pression qui est d’interconnexion sont assurées par les réseaux à très haute tension
généralement l’hexafluorure de soufre) les postes intérieurs modu- (THT), en France le réseau à 400 kV et dans une moindre mesure le
laires (PIM) sont des postes en bâtiment à isolement dans l’air à dis- réseau à 225 kV.
tance entre les pièces sous tension et les masses métalliques La fonction de répartition est assurée par les réseaux à haute ten-
réduite, réalisés sous forme de modules dont une partie est préfabri- sion (HT), en France le réseau à 90 kV ou à 63 kV et, dans une cer-
quée en usine ; la mise hors de portée des pièces sous tension se fait taine mesure, le réseau à 225 kV.
par interposition d’obstacle (technique compartimentée) ou par
La fonction distribution est assurée par les réseaux à moyenne
éloignement (technique non compartimentée).
tension (MT), en France le réseau à 20 kV.
On distingue, selon le nombre de matériels installés dans le bâti-
ment, deux conceptions différentes :
Dans le texte, les appellations très haute tension (THT), haute
— les PIM, qui regroupent dans un seul bâtiment les installations tension (HT) et moyenne tension (MT), utilisées dans le langage
HT, les transformateurs HT/MT, les départs MT, le contrôle com- courant, sont employées, notamment pour distinguer les
mande et les locaux d’exploitation ; niveaux de tension 63, 90, 225 et 400 kV.
— les cellules industrialisées compactes : les seules installations Toutefois, les dénominations actuelles (UTE C 18-510) sont
HT d’un poste sont regroupées dans un bâtiment particulier ; les HTB pour les tensions supérieures à 50 kV et HTA pour les ten-
autres matériels (transformateurs, départs MT, contrôle commande, sions comprises entre 1 et 50 kV.
locaux d’exploitation) sont implantés séparément à l’extérieur.
Ces deux conceptions, qui répondent à des spécifications diffé- Les postes intérieurs modulaires présentés dans cet article sont
rentes, sont néanmoins regroupées ici sous la terminologie géné- des postes sources HT/MT à 90 kV/20 kV ou 63 kV/20 kV qui assu-
rale de poste intérieur modulaire (PIM). On explicitera dans le rent l’alimentation d’un réseau à 20 kV.
texte qui suit, pour les différents types de poste présentés, les diffé-
rences qui apparaîtront dans les caractéristiques. La grande majorité des postes sources HT/MT est réalisée suivant
le schéma dit de type « d » à un jeu de barres et dont la structure
permet à terme le raccordement de trois lignes et de trois transfor-
On retiendra désormais la définition générale suivante : le mateurs de puissance. Le régime de fonctionnement normal de ces
poste intérieur modulaire est un poste qui utilise une technolo- postes est le régime bouclé mais certains postes de type « d » peu-
gie de type protégé à isolement dans l’air et qui peut recevoir, vent également être installés en antenne ou en coupure d’artère.
dans un bâtiment, au minimum les installations à haute tension La construction d’un poste HT/MT suivant le schéma de type « d »
et, de plus, tout ou partie de l’ensemble des autres fonctions (figure 1) se fait de façon progressive en fonction de la croissance
d’un poste source HT/MT, à savoir : plus ou moins rapide des besoins locaux en énergie. En règle géné-
— les transformateurs HT/MT ; rale, les étapes sont les suivantes :
— les départs moyenne tension ; — étape ➀ : installation de la première travée, comprenant une
— le contrôle commande ; cellule ligne HT, une cellule transformateur HT/MT, dix cellules MT
— les locaux d’exploitation. et la totalité des locaux de conduite et des locaux annexes ;

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Appareillage électrique
d’interruption HT (partie 1)

par Denis DUFOURNET


Membre Senior de la Société des électriciens et des électroniciens (SEE) et de l’Institut
américain des ingénieurs électriciens et électroniciens (IEEE)
Chef de recherches Principes de coupure ALSTOM T & D (Transmission & Distribution)

1. Généralités................................................................................................. D 4 690 - 3
2.
2.1
2.2
Classifications de l’appareillage..........................................................
Fonction........................................................................................................
Tension .........................................................................................................



3
3
4

2.3 Destination ................................................................................................... — 5
2.4 Installation.................................................................................................... — 5
2.5 Type de matériel .......................................................................................... — 5
2.6 Température de service............................................................................... — 5
2.7 Utilisation ..................................................................................................... — 6
2.8 Techniques de coupure ............................................................................... — 6
3. Caractérisation des appareils à courant alternatif
à haute tension ......................................................................................... — 7
3.1 Caractéristiques assignées ......................................................................... — 7
3.2 Tension assignée ......................................................................................... — 8
3.3 Niveau d’isolement assigné ....................................................................... — 8
3.4 Fréquence assignée..................................................................................... — 8
3.5 Courant assigné en service continu ........................................................... — 8
3.6 Courant de courte durée admissible assigné............................................ — 9
3.7 Pouvoir de coupure en court-circuit........................................................... — 9
3.8 Tension de rétablissement .......................................................................... — 11
3.9 Pouvoir de fermeture assigné..................................................................... — 14
3.10 Séquence de manœuvres assignée et refermeture rapide ...................... — 14
3.11 Caractéristiques assignées pour les défauts proches en ligne ................ — 15
3.12 Durée de coupure assignée ........................................................................ — 15
3.13 Pouvoir de fermeture et de coupure en discordance de phases ............. — 15
3.14 Pouvoir de coupure et de fermeture de courants capacitifs .................... — 15
3.15 Nombre de manœuvres mécaniques ........................................................ — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 698

L
sion.
’appareillage électrique est un élément essentiel qui permet d’obtenir la pro-
tection et une exploitation sûre et ininterrompue d’un réseau à haute ten-

Son histoire est riche d’inventions diverses, de principes de coupure perfor-


mants, de technologies très variées utilisant des milieux aussi différents pour
l’isolement et la coupure que l’air à pression atmosphérique, l’huile, l’air com-
primé, l’hexafluorure de soufre et le vide. Des points communs subsistent
cependant pendant toute son évolution :
— l’amorçage d’un arc entre deux contacts, comme principe de base pour la
coupure d’un courant alternatif ;
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPPQ

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APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT (PARTIE 1) ___________________________________________________________________________________

— l’utilisation de l’énergie d’arc, pour favoriser son refroidissement et obtenir


l’interruption du courant ;
— la recherche permanente de la réduction des énergies de manœuvre, afin
de réaliser des appareils plus fiables et plus économiques ;
— la réduction des surtensions, générées pendant leur fonctionnement, grâce
à l’insertion de résistances de fermeture ou par la synchronisation des manœu-
vres par rapport à la tension.
Il est intéressant de noter que la technique de coupure par autosoufflage, qui
vient de s’imposer pour les disjoncteurs SF6 à haute tension, avait déjà été envi-
sagée dès les années 1960. C’est grâce aux progrès importants réalisés dans le
domaine de la modélisation d’arc et de la simulation des écoulements gazeux
que l’énergie d’arc a pu être domestiquée et utilisée efficacement pour définir
des chambres de coupure à hautes performances.
Les moyens de simulation ont aussi permis d’augmenter la tension par élé-
ment de coupure, qui est passée de 145 à 420 kV en l’espace de 25 ans, sans que
la tension atteinte constitue une limite technique.
Dans cet article, on verra, dans la partie 1, les différentes classifications d’appa-


reils à haute tension (HT) et leurs caractéristiques principales. On examinera,
dans la partie 2, les principaux types de problèmes fondamentaux (coupure, dié-
lectrique, échauffement, tenue des contacts) que le concepteur doit bien maîtri-
ser pour définir un nouvel appareil.
Les essais de type, qui sont effectués pour vérifier les performances d’un appa-
reil, seront présentés dans le troisième fascicule ainsi que les autres essais indis-
pensables pour garantir que les appareils produits ont bien les performances
annoncées. Également, dans ce fascicule, on décrira la formidable évolution des
disjoncteurs à haute tension, de la technique à air comprimé à celle, actuelle, qui
utilise le SF6.
L’évolution de l’appareillage à haute tension n’est pas terminée ; de nouvelles
perspectives apparaissent avec l’introduction de l’électronique qui permet de
surveiller en permanence l’état d’un appareil. De nouvelles cellules sous enve-
loppe métallique et de nouveaux disjoncteurs conventionnels intègrent les
réducteurs de mesure électronique de courant et de tension qui viennent d’être
développés. Cela permet d’envisager l’intégration de la surveillance d’état et de
la commande électronique de l’appareillage dans un système totalement infor-
matisé de contrôle-commande des postes à haute tension. On connaîtra à tout
moment l’état de santé d’un appareil, ce qui facilitera l’exploitation du réseau,
améliorera la politique de maintenance et augmentera encore la fiabilité et la
disponibilité de l’appareillage.
La diversité des études à mener (électrique, mécanique, électrostatique,
magnétique, thermique, thermodynamique) donne beaucoup d’intérêt au travail
de conception et de développement de l’appareillage électrique, intérêt que
l’auteur aimerait faire partager aux lecteurs de cet article.
L’article « Appareillage électrique d’interruption à courant alternatif à haute
tension » fait l’objet de plusieurs fascicules :
D 4 690 Partie 1 : Généralités. Classifications. Caractérisation.
D 4 692 Partie 2 : Problèmes fondamentaux.
Établissement et coupure des courants.
D 4 694 Partie 3 : Présentation de l’appareillage. Essais de type et individuels.
D 4 696 Annexes.
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra assez
souvent se reporter aux autres fascicules.
L’article D 4 700 traite l’interruption des circuits alimentés en courant continu.

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___________________________________________________________________________________ APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT (PARTIE 1)

1. Généralités —

son installation ;
le type de matériel ;
— la température de service ;
— son utilisation ;
L’appareillage électrique d’interruption à haute tension
concerne les réseaux alimentés soit en courant alternatif sous des — sa technique de coupure.
tensions supérieures à 1 000 V, soit en courant continu sous des ten-
sions supérieures à 1 500 V.
■ La parfaite maîtrise de l’énergie électrique exige de posséder 2.1 Fonction
tous les moyens nécessaires à la commande et au contrôle de la cir-
culation du courant dans les circuits qui vont des centrales de pro-
duction jusqu’aux consommateurs. Cette délicate mission incombe Le tableau 1 donne les symboles normalisés pour la représenta-
fondamentalement à l’appareillage électrique. Son rôle est d’assu- tion des appareils de connexion.
rer en priorité la protection automatique de ces circuits contre tous (0)
les incidents susceptibles d’en perturber le fonctionnement, mais
aussi d’effectuer sur commande les différentes opérations qui per-
mettent de modifier la configuration du réseau dans les conditions Tableau 1 – Symboles normalisés pour la représentation
normales de service. des appareils de connexion
L’appareillage électrique permet d’adapter, à chaque instant, la
structure du réseau aux besoins de ses utilisateurs, producteurs et Symbole Désignation
consommateurs d’électricité, et de préserver, totalement ou partiel-
lement, cette fonction en cas d’incident. C’est assez dire l’impor- Sectionneur


tance du rôle de l’appareillage électrique à haute tension pour la
manœuvre et la protection du réseau. Il faut qu’il soit disponible à Sectionneur à deux directions
tout moment et puisse intervenir sans défaillance, au point de faire avec position d’isolement
oublier qu’il existe. médiane
■ Pour remplir ses fonctions avec fiabilité et disponibilité, il doit
posséder de nombreuses aptitudes : Interrupteur
— supporter des contraintes diélectriques dues à des ondes de
chocs (dues à la foudre ou à la manœuvre d’appareils) ou à des ten- Interrupteur-sectionneur
sions à fréquence industrielle ;
— assurer le passage du courant permanent ou de court-circuit,
sans échauffement excessif et sans dégradation des contacts ; Contacteur
— être capable de fonctionner dans des conditions atmosphéri-
ques défavorables : à haute ou à basse température, en altitude où Fusible dont l’extrémité
la densité de l’air est plus faible, parfois sous forte pollution (pollu- qui, après fusion, demeure
tion marine, vents de sables...) ; sous tension est indiquée
— supporter des séismes avec une accélération au sol égale à par un trait renforcé
0,2g ou 0,5g ;
— et surtout, pour les disjoncteurs, être capable d’interrompre
tous les courants inférieurs à son pouvoir de coupure (courants de
charge et courants de court-circuit).
Interrupteur triphasé
On exige de lui une fiabilité presque parfaite, des opérations de à ouverture automatique
maintenance légères et en nombre limité dans la mesure où ces par l’un quelconque des fusibles
interventions sont à la fois coûteuses et gênantes pour l’exploita- à percuteur
tion.
Depuis plus d’un siècle, de nombreuses solutions techniques ont
été conçues par les ingénieurs pour développer des appareillages
électriques toujours plus performants et plus fiables. Comme nous
le verrons, des techniques de coupure se sont imposées dans les Disjoncteur
domaines de la moyenne et de la haute tension (respectivement
HTA et HTB). Elles ont permis d’obtenir les performances requises
avec un nombre réduit de composants, un encombrement réduit, Parafoudre
mais aussi avec une fiabilité qui n’a jamais cessé d’augmenter mal-
gré un accroissement des contraintes imposées par le réseau, en 1
particulier une augmentation des courants de court-circuit. Varistance (parasurtenseur
U à oxyde de zinc par exemple) :
1 symbole normalisé
2 symbole couramment utilisé.
2

2. Classifications
de l’appareillage
2.1.1 Sectionneurs
L’appareillage peut être classé en plusieurs catégories selon : Ce sont avant tout des organes de sécurité utilisés pour ouvrir ou
— sa fonction ; fermer un circuit lorsqu’il n’est pas parcouru par un courant, et pré-
— sa tension ; vus pour isoler, par rapport au reste du réseau, un ensemble de cir-
— sa destination ; cuits, un appareil, une machine, une section de ligne ou de câble,

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APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT (PARTIE 1) ___________________________________________________________________________________

afin de permettre au personnel d’exploitation d’y accéder sans dan- le réseau. À un disjoncteur est très généralement associée une
ger. « intelligence », système de protection et de relayage, détectant un
En principe, les sectionneurs n’ont pas à interrompre de défaut et élaborant des ordres au disjoncteur pour éliminer automa-
courants ; cependant, certains sectionneurs peuvent être amenés à tiquement le défaut ou pour remettre en service un circuit lorsque le
couper des courants de transfert de barres (jusqu’à 1 600 A sous 10 défaut présente un caractère fugitif ou a été éliminé par un autre dis-
à 300 V) et les sectionneurs de terre doivent être capables de couper joncteur.
les courants induits qui peuvent circuler dans les circuits hors ten- Les disjoncteurs peuvent maintenant être équipés de matériels
sion par couplage capacitif et inductif avec les circuits adjacents électroniques permettant à tout moment de connaître leur état
sous tension (jusqu’à 160 A sous 20 kV). (usure, pression de gaz pour la coupure...), ce qui permet à l’exploi-
tant de programmer les opérations de maintenance et éventuelle-
ment de détecter, par des dérives de caractéristiques, et de prévenir
2.1.2 Interrupteurs un risque de défaillance. Ils peuvent aussi être équipés de disposi-
tifs de synchronisation des ordres de fermeture et d’ouverture pour
Les interrupteurs sont des appareils destinés à établir et à inter- permettre de manœuvrer des lignes, des transformateurs, des réac-
rompre un circuit dans des conditions normales de charge. Certains tances ou des condensateurs, sans provoquer de surtensions ou de
interrupteurs sont prévus pour remplir également les fonctions de courants d’appels susceptibles d’endommager les composants du
sectionneur. réseau. Tous les types de relais et de systèmes de protection peu-
vent lui être associés pour assurer, dans les meilleures conditions,
Leurs performances sont limitées car, s’ils sont capables d’élimi-
l’élimination des défauts qui surviennent dans les circuits qu’il pro-
ner les surcharges sur le réseau, ils ne peuvent en aucun cas inter-
tège.
rompre un courant de court-circuit.

T 2.1.3 Contacteurs 2.1.6 Parafoudres

Les contacteurs ont un rôle comparable à celui des interrupteurs, Les parafoudres sont des dispositifs statiques chargés de limiter,
mais ils sont capables de fonctionner avec des cadences très éle- en un point donné du réseau, l’amplitude des surtensions qui peu-
vées. vent se produire. La limitation de surtension est faite en écoulant
l’énergie à la terre.
Ils possèdent une grande endurance électrique combinée avec
une grande endurance mécanique. Ils sont généralement utilisés Ces surtensions peuvent être soit d’origine atmosphérique, c’est-
pour la commande de fours, de moteurs à haute tension ou d’équi- à-dire externes, soit consécutives à des manœuvres de l’appa-
pements industriels divers qui nécessitent des manœuvres fréquen- reillage ou à des phénomènes de résonance, auquel cas elles sont
tes. dites internes.
Ils ne peuvent jamais être utilisés comme sectionneurs et ne res-
■ Les appareils les plus simples sont les éclateurs qui présentent
tent fermés que si leur bobine de commande est alimentée.
cependant l’inconvénient de rester conducteurs après amorçage et
nécessitent donc l’intervention d’un disjoncteur pour l’élimination
du courant de défaut qui résulte de leur fonctionnement.
2.1.4 Coupe-circuit à fusibles
■ Les appareils plus perfectionnés, tels les parafoudres à oxyde
Les fusibles permettent d’interrompre automatiquement un cir- métallique (ZnO par exemple) sans éclateur, sont connectés en
cuit parcouru par une surintensité pendant un intervalle de temps permanence au réseau car ils sont pratiquement isolants à la ten-
donné. L’interruption du courant est obtenue par la fusion d’un con- sion assignée. En cas de surtension, leur résistance devient tempo-
ducteur métallique calibré. rairement très faible, mais ils redeviennent automatiquement
Ils sont surtout efficaces pour la protection contre les courts-cir- isolants dès que la tension retrouve sa valeur normale. Ce sont des
cuits, vis-à-vis desquels ils agissent, le plus souvent, en limiteurs de appareils très précieux, car ils jouent un rôle d’écrêteur sans entraî-
la valeur crête du courant de défaut. Ils sont assez souvent généra- ner d’interruption de service.
teurs de surtensions à la coupure et exigent malheureusement
d’être remplacés après chaque fonctionnement. Les constituants élémentaires que nous venons de définir
En régime triphasé, ils n’éliminent que les phases parcourues par sont le plus souvent associés entre eux pour réaliser des fonc-
un courant de défaut, ce qui peut présenter un danger pour le maté- tions plus complexes, en vue d’assurer la protection et la dispo-
riel et le personnel. Leur calibre doit être bien adapté pour éviter un nibilité d’un ensemble de circuits.
fonctionnement intempestif en cas de surcharge momentanée. Bien que les parafoudres ne fassent pas partie, à proprement
Pour pallier cet inconvénient potentiel, les fusibles peuvent être parler, de l’appareillage, il nous paraît important de les décrire
associés à des interrupteurs ou à des contacteurs avec lesquels ils ici de manière succincte, car ils sont de plus en plus associés à
constituent des combinés capables d’assurer la protection en cas de l’appareillage pour :
surcharges ou de court-circuits. Les combinés présentent, en outre, — limiter les surtensions en coupure de faibles courants
l’avantage d’interrompre en triphasé en cas de fusion d’un seul ou inductifs (§ 2.7.3 et [D 4 692], § 5.2.1) ;
de deux fusibles. — limiter les surtensions lors de l’enclenchement des lignes
longues [D 4 692], § 5.5).

2.1.5 Disjoncteurs

Un disjoncteur est destiné à établir, supporter et interrompre des 2.2 Tension


courants, sous sa tension assignée (tension maximale du réseau),
dans les conditions normales de service et dans les conditions anor-
males spécifiées (court-circuit, discordance de phases...). La norme internationale CEI 60694 distingue deux domaines :
C’est l’appareil de protection par excellence, capable d’une totale — la moyenne tension qui concerne les tensions supérieures à
capacité d’intervention sans provoquer de surtension excessive sur 1 kV et inférieures à 50 kV ;

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Appareillage électrique
d’interruption HT (partie 2)

par Denis DUFOURNET


Membre Senior de la Société des électriciens et des électroniciens (SEE) et de l’Institut
américain des ingénieurs électriciens et électroniciens (IEEE)
Chef de recherches Principes de coupure Alstom T&D (Transmission & Distribution)

1. Problèmes électriques ............................................................................ D 4 692 - 2


1.1 Contraintes diélectriques supportées par l’appareillage.......................... — 2
1.2 Contraintes climatiques .............................................................................. — 4
1.3 Influence de l’altitude .................................................................................. — 5
1.4 Isolants liquides ........................................................................................... — 5
1.5 Isolants gazeux ............................................................................................ — 5
1.6 Isolants solides ............................................................................................ — 6
1.7 Calculs de champ électrique ....................................................................... — 7
2. Contraintes technologiques.................................................................. — 8
2.1 Contacts........................................................................................................ — 8
2.2 Étanchéité ..................................................................................................... — 9
3. Échauffements .......................................................................................... — 10
3.1 Températures et échauffements à ne pas dépasser ................................. — 10
3.2 Détermination des échauffements en service continu ............................. — 10
3.3 Cas particuliers d’application ..................................................................... — 11
4. Arcs de puissance.................................................................................... — 11
4.1 Généralités ................................................................................................... — 11
4.2 Caractéristiques des arcs électriques......................................................... — 11
4.3 Principe de coupure et types de réamorçage............................................ — 12
4.4 Modélisation de l’arc ................................................................................... — 13
4.5 Interaction entre arc et mouvement des contacts .................................... — 15
5. Établissement et coupure des circuits alimentés en courant
alternatif..................................................................................................... — 15
5.1 Généralités ................................................................................................... — 15
5.2 Coupure des courants de charge normaux ............................................... — 16
5.3 Coupure des courants de court-circuit....................................................... — 19
5.4 Modification des conditions d’établissement et de coupure ................... — 22
5.5 Enclenchement des longues lignes............................................................ — 24
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4698

ans ce fascicule, avant d’aborder le problème de la coupure, on rappellera


D les problèmes fondamentaux que doit maîtriser et résoudre un concepteur
d’appareillage électrique d’interruption à haute tension HT. Ils sont de quatre types :
— diélectriques, pour garantir le niveau d’isolement exigé pour l’appareil ;
— échauffements, pour assurer que les limites admissibles de température et
d’échauffement des pièces ne seront pas dépassées lorsque l’appareil conduira
son courant assigné en service continu ;
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPPQ

— contacts, pour définir des contacts et des modes d’assemblage tels que
l’appareil soit capable d’assurer le passage du courant permanent sans

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APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT (PARTIE 2) ___________________________________________________________________________________

échauffement excessif, de supporter son courant de courte durée admissible et


d’avoir le pouvoir de fermeture exigé ;
— étanchéité : pour les appareils au SF6, il s’agit de minimiser les fuites vers
l’atmosphère afin de limiter l’impact sur l’environnement et réduire le nombre
de compléments de gaz à fournir pendant la durée de vie d’un appareil ; pour les
disjoncteurs à vide, il faut bien sûr maintenir un niveau de vide suffisant qui per-
mette de garantir les performances assignées de tenue diélectrique et de pou-
voir de coupure.
Les caractéristiques assignées des appareils ont été données dans la première
partie de cet article.
L’article « Appareillage électrique d’interruption à courant alternatif à haute
tension » fait l’objet de plusieurs fascicules :
D 4 690 Partie 1 : Généralités. Classifications. Caractérisation
D 4 692 Partie 2 : Problèmes fondamentaux. Établissement et coupure des
courants
D 4 694 Partie 3 : Présentation de l’appareillage. Essais de type et individuels
D 4 696 Annexes


Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra assez
souvent se reporter aux autres fascicules.
L’article D 4 700 traite l’interruption des circuits alimentés en courant continu.

1. Problèmes électriques — entre phases : Ur ;


— entre phase et terre : U r ⁄ 3 ;
— entre entrée et sortie : en dehors des courtes périodes de réta-
blissement de tension consécutives à une coupure, la tension appli-
1.1 Contraintes diélectriques supportées quée est généralement égale à U r ⁄ 3 ; cependant, pour un
par l’appareillage appareil qui sépare deux réseaux hors synchronisme, cette tension
peut atteindre 2 U r ⁄ 3 ; c’est un cas assez peu fréquent, sauf pour
les disjoncteurs de groupe pour lesquels cette application de ten-
1.1.1 Généralités sion se produit à chaque couplage sur le réseau.

Tout appareil de connexion est appelé à supporter deux types de ■ Surtensions temporaires
contraintes diélectriques pour garantir le niveau d’isolement assi-
Pendant une courte durée, il est possible que la tension du réseau
gné à l’appareil (cf. [D 4 690] § 3.3) :
dépasse la tension assignée des appareils. Ces surtensions tempo-
— des contraintes permanentes, dues à la tension de service du raires sont provoquées, par exemple, par une surexcitation des
réseau ; alternateurs, par des délestages ou lors de la mise sous tension de
— des contraintes occasionnelles, engendrées par des surten- longues lignes à vide dont l’extrémité est alors à un potentiel supé-
sions d’origine atmosphérique (chocs de foudre) ou produites par la rieur à celui de la source (effet Ferranti).
manœuvre de l’appareillage (chocs de manœuvre).
Ces tensions et surtensions doivent être supportées : Le tableau 2 du fascicule [D 4 690] donne, à titre d’exemple, la ten-
sion de tenue assignée de courte durée à fréquence industrielle
— entre phase et terre, l’appareil étant ouvert ou fermé ; pour les tensions assignées allant de 52 à 245 kV.
— entre phases, l’appareil étant ouvert ou fermé,
— entre entrée et sortie, l’appareil étant ouvert. La tension exigée pour un appareil à 245 kV est égale à 460 kV
Chaque appareil doit supporter ces différentes contraintes dans pour la pleine isolation. Cette valeur peut être justifiée de la manière
toutes les conditions climatiques susceptibles de se produire. Elles suivante :
sont particulièrement contraignantes pour le matériel d’extérieur
— la valeur crête maximale de la tension entre phase et terre en
qui doit posséder une tenue diélectrique suffisante sous pluie, en
fonctionnement normal est égale à :
présence de brouillard, de condensation ou de pollutions diverses.

245 2
1.1.2 Contraintes à fréquence industrielle ------------------ = 200 kV
3
■ Tension permanente — la surtension maximale admissible est égale à 3,25 fois la
La tension à fréquence industrielle qui est appliquée en perma- valeur normale [cf. CEI 60071-1], soit :
nence ne doit pas dépasser la tension assignée Ur de l’appareil (cf.
[D 4 690] § 3.2). Les tensions maximales possibles sont donc : 3,25 × 200 = 650 kV

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— la valeur efficace correspondante de surtension maximale Pour tenir compte du fait qu’une borne peut être sous une tension
entre phase et terre est alors : instantanée de polarité opposée à celle à laquelle est appliquée
l’onde de choc de foudre, la norme CEI 60694 spécifie, pour la tenue
650 entre entrée et sortie et pour les tensions assignées supérieures à
---------- = 460 kV
245 kV, des essais combinés avec application d’une tension à fré-
2
quence industrielle sur une borne et une onde de choc de foudre sur
Pour définir la valeur exigée sur la distance de sectionnement, on l’autre borne.
multiplie la valeur précédente par un facteur de sécurité 1,15, soit : Pour les tensions assignées inférieures à 300 kV, la tension est
460 × 1,15 = 530 kV. appliquée sur une seule borne, mais la valeur spécifiée tient compte
des conditions réelles avec présence possible de tension sur les
deux bornes.
1.1.3 Contraintes lors de surtensions de chocs Exemple : dans le cas d’un réseau de tension assignée
de foudre Ur = 245 kV, la tension de tenue assignée aux chocs de foudre
[cf. CEI 60071-1] est égale à :
Les surtensions d’origine atmosphérique pourraient atteindre des
valeurs extrêmement élevées si elles n’étaient limitées par des para- 245 2
245 × 3 ,47 + --------------------- = 1 050 kV
foudres, des éclateurs ou, à défaut, par les isolateurs des lignes qui 3
transitent ces surtensions.
Les surtensions dues à la foudre sont représentées en essai par Le premier terme de cette expression ci-dessus représente l’isolation
une onde normalisée dont la durée de front est de 1,2 µs et la durée entre phase et terre.
de décroissance jusqu’à mi-amplitude est égale à 50 µs (figure 1 a). Pour les réseaux à 362 kV, 550 kV et 800 kV, le facteur multiplicatif
L’amplitude de cette onde a été fixée par les normalisateurs à par-
tir des règles de coordination d’isolement (cf. [D 4 750] Lignes et
postes : choix et coordination des isolements) qui imposent une
de Ur dans ce terme est réduit respectivement à 3,25, 2,82 et 2,62
pour tenir compte du fait qu’un niveau de protection plus bas est
possible grâce à l’utilisation de parafoudres performants [20].

marge convenable entre les tensions de tenue des appareils et les
tensions qui sont limitées par les dispositifs de protection contre les
surtensions. 1.1.4 Contraintes en surtensions de manœuvre

Les surtensions de manœuvre sont provoquées par des change-


ments brusques de la configuration du réseau dus soit à la manœu-
u vre d’appareils tels que disjoncteur ou interrupteur, soit à la fusion
UP d’un coupe-circuit. Les plus hautes surtensions apparaissent lors de
1 l’enclenchement et du réenclenchement de lignes de transport
0,9 [CIGRE WG 13-02].
L’amplitude de ces surtensions dépend des caractéristiques du
réseau et de celles de l’appareillage. Il est possible de les contrôler
0,5 et de les réduire en agissant sur le réseau (parafoudres au départ
des lignes, compensation par réactances shunts) ou sur les disjonc-
0,3
teurs (insertion de résistances à la fermeture, manœuvres synchro-
nisées).
0
Les surtensions de manœuvre sont représentées en essai par une
t
1,2 µs onde normalisée dont la durée de front est de 250 µs et la durée de
décroissance jusqu’à mi-amplitude est égale à 2 500 µs (figure 1 b).
50 µs Des tensions de tenue assignée aux chocs de manœuvre sont spé-
cifiées uniquement pour des tensions assignées supérieures à
a onde de choc de foudre 245 kV. En effet, pour des tensions assignées inférieures ou égales à
245 kV, les distances d’isolement sont déterminées par la tenue aux
u chocs de foudre. Les normes définissent l’amplitude de l’onde, en
US fonction de la tension assignée, dans les trois cas suivants :
1 — entre phases ;
0,9 — entre phase et terre ;
— entre entrée et sortie.

0,5 ■ La tension de tenue entre phases est spécifiée par la norme


CEI 60071-1.
Exemple : pour un appareil de tension assignée 420 kV, elle est
égale à 1,5 fois la valeur spécifiée entre phase et terre, soit :
0
250 µs
t 1,5 × 950 = 1 425 kV.
■ La tension de tenue assignée entre phase et terre est égale à
2 500 µs U r 2 ⁄ 3 multipliée par un facteur k égal à 3,2, 2,6 et 2,18 respecti-
vement pour des réseaux 362 kV, 550 kV et 800 kV. Cette
b onde de choc de manœuvre décroissance du facteur multiplicatif se justifie par le fait que, en très
UP et US sont les notations normalisées pour les valeurs maximales
haute tension, pour des raisons économiques, le niveau de protec-
tion est plus proche des valeurs en service normal grâce à l’utilisa-
tion de parafoudres performants. Cela signifie que la tension de
Figure 1 – Formes d’onde de choc de foudre et de manœuvre crête du réseau en service normal (hors défaut) est U r 2 ⁄ 3 . En

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APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT (PARTIE 2) ___________________________________________________________________________________

cas de défaut (choc de foudre...), des dispositifs de protection limi- 1.2.1 Influence de la pluie sur la tension
tent la tension à kU r 2 ⁄ 3 ; le niveau de protection est proche si k d’amorçage
≈ 1.
La rigidité de l’air, considérée sur de grandes distances, n’est pra-
■ Pour tenir compte du fait qu’une borne peut être sous une tension tiquement pas influencée par la pluie.
instantanée de polarité opposée à celle à laquelle est appliquée
l’onde de choc de manœuvre, la norme CEI 60694 spécifie, pour la ■ La tension d’amorçage des isolateurs est, par contre, réduite du
tenue entre entrée et sortie, des essais combinés avec applica- fait du ruissellement de l’eau sur leur surface. Cette eau, qui
tion d’une tension à fréquence industrielle sur une borne et une contient très peu de sels minéraux, est peu conductrice. Sa résisti-
onde de choc de manœuvre sur l’autre borne. vité est en général très supérieure à 10 000 Ω · cm qui est la valeur
retenue pour les essais de type sous pluie.
Exemple : une tension de tenue de :
Pour éviter le ruissellement de l’eau sur toute la surface des isola-
2 teurs et augmenter leur tenue diélectrique, on les munit d’ailettes
1 100 + 800 --------- = 1 100 + 650 kV qui favorisent la présence de zones peu humides. Les ailettes per-
3 mettent, en outre, d’augmenter la ligne de fuite des isolateurs et
est exigée pour un appareil de tension assignée Ur = 800 kV. Cette donc la tenue sous pollution (cf. § 1.2.2).
valeur correspond à une surtension de manœuvre sur une borne de La pluie affecte surtout la tenue à fréquence industrielle et la
1 100 kV, soit par rapport à la tension maximale en service normal : tenue aux chocs de manœuvre (polarité négative de tension).
1 100 ■ Chacun sait qu’il n’existe pas un seul type de pluie et que son
----------------------------------- = 1 ,68 p.u. intensité et son inclinaison peuvent varier fortement. Pour assurer
800 2 ⁄ 3
une certaine répétitivité des essais et garantir que des essais com-

T l’autre borne étant la valeur de crête de la tension à fréquence indus-


trielle.
parables soient faits dans les nombreux laboratoires à haute tension
mondiaux, les normalisateurs ont retenu un débit de 1 à 1,5 mm de
hauteur d’eau par minute sur une surface horizontale et une inclinai-
son à 45˚.
1.1.5 Tension d’apparition d’effluves Par ailleurs, l’expérience a montré que les conditions d’aspersion
de la pluie devaient aussi être définies de manière précise pour
garantir la répétitivité des résultats d’essais.
Des effluves ne doivent pas se produire de façon permanente en
service, car elles donnent lieu à une perforation diélectrique locale
de l’air, qui, d’une part, provoque la formation d’ozone et d’acide 1.2.2 Influence de la pollution
nitrique et, d’autre part, est la source d’émission d’ondes hertzien-
nes à fréquences élevées. L’appareillage peut être soumis à une pollution d’origine diverse
(fumées, installations industrielles, cimenteries, produits chimi-
Si ces effluves se produisent dans des zones confinées, il en ques...) et à la salinité de l’eau de mer. Les dépôts qui en résultent,
résulte une détérioration de l’isolation à plus ou moins longue combinés à une présence d’humidité, de condensation ou de pluie
échéance, sous l’action de l’ozone et de l’acide nitrique, ce qui légère, entraînent une réduction parfois importante de la tenue
conduit inévitablement à un amorçage final. diélectrique des isolateurs qui peut conduire à leur contournement
sous la tension de service.
Dans le cas d’isolants en matière organique, ce phénomène inter-
vient même dans des zones bien ventilées, car il se produit une car- Un des moyens utilisés pour augmenter la tenue sous pollution
bonisation sous la forme bien caractéristique d’arborescences qui des isolateurs consiste à accroître la ligne de fuite, soit en augmen-
se développent progressivement. tant leur hauteur, soit en les munissant d’ailettes (§ 1.2.1).
On rappelle qu’une ligne de fuite est la distance mesurée le long
Enfin, dans le cas où les effluves se produisent sur des pièces de la surface d’un isolant entre une pièce sous tension et la masse,
métalliques, elles génèrent des perturbations inadmissibles pour les ou entre deux pièces sous tension. Dans les zones à pollution nor-
liaisons radioélectriques. male, une ligne de fuite de 16 mm/kV de tension assignée est
requise. Une ligne de fuite de 25 mm/kV est nécessaire pour les
Pour toutes ces raisons, il est nécessaire de s’assurer qu’il n’appa-
zones à forte pollution.
raît pas d’effluves sur l’appareillage pour des tensions inférieures à
1 ,1 U r ⁄ 3 . Des essais de tenue sous brouillard salin sont pratiqués dans cer-
tains laboratoires pour tester la tenue des appareils prévus pour
En pratique, un contrôle visuel, effectué dans l’obscurité, permet fonctionner en bordure de mer. Des essais sur site sont parfois faits
de vérifier l’absence d’effluves visibles, donc d’assurer que le par les constructeurs pour éprouver de nouvelles technologies.
niveau de perturbation ne dépassera pas la valeur maximale admis-
sible.
1.2.3 Influence de l’humidité et de la condensation

Pour l’appareillage de type intérieur, l’utilisation d’isolants orga-


1.2 Contraintes climatiques niques tend à se généraliser dans les réseaux de distribution,
jusqu’à 24 kV. Lors de variations rapides de la température, de la
condensation peut se produire sur le matériel si des dispositions
Certaines contraintes climatiques, qui ne sont pas sévères par (chauffage, ventilation) ne sont pas prises. Le constructeur doit donc
elles-mêmes pour l’appareillage, se superposent aux contraintes choisir des matériaux isolants de qualité convenable et prévoir des
diélectriques et peuvent rendre le matériel vulnérable aux surten- lignes de fuite suffisantes.
sions à fréquence industrielle ou aux chocs de manœuvre. Il s’agit Des essais de chaleur humide comprenant des cycles de conden-
essentiellement de la pluie, de l’humidité, des condensations et des sation et d’évaporation sont effectués pour vérifier la bonne tenue
pollutions diverses. des appareils en cas de variations importantes de la température et

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de l’humidité. Ces essais sont couramment effectués par EDF pour huile, on recommande aussi de rincer à l’huile propre les surfaces
l’homologation de l’appareillage. isolantes afin de les débarrasser de dépôts éventuels.

1.3 Influence de l’altitude 1.5 Isolants gazeux

La tenue diélectrique externe d’un appareil à isolement dans l’air Le lecteur pourra se reporter aux articles [D 2 530] Gaz isolants et
dépend de la densité de l’air et donc de l’altitude du lieu où il est ins- [D 2 540] Isolation sous vide.
tallé. Les valeurs des essais diélectriques de type tiennent compte
d’une installation possible jusqu’à 1 000 m.
1.5.1 Air à la pression atmosphérique
Pour des applications particulières où il est prévu d’installer un
appareil au-dessus de 1 000 m, il y a lieu d’augmenter les tensions
d’essais afin de conserver la même sécurité de fonctionnement en L’air à la pression atmosphérique est un des isolants gazeux les
service [CEI 60060-1]. plus utilisés pour l’appareillage électrique à haute tension. En effet,
l’isolation externe des appareils « ouverts », des traversées isolan-
En faisant l’hypothèse que la pression barométrique varie, en tes du matériel sous enveloppe métallique ou des disjoncteurs
fonction de l’altitude H (en mètres) comme e−H, les tensions d’essais « dead tank » pour le raccordement aux lignes aériennes, est faite
doivent être multipliées par le facteur de correction suivant : dans l’air à la pression atmosphérique.
Kalt = em(H − 1 000)/8 150 La rigidité de l’air à la pression p de 101,3 hPa et à la température
T de 25 ˚C est sensiblement égale, en valeur maximale, à 30 kV/cm


avec m=1 pour les essais à fréquence industrielle, choc de soit, pratiquement, en valeur efficace, à 21 kV/cm. Elle est propor-
foudre et choc de manœuvre entre phases, tionnelle à la pression et inversement proportionnelle à la tempéra-
ture en kelvins.
m = 0,9 pour les essais de choc de manœuvre entre
entrée et sortie, Pour les appareils installés en altitude, il est nécessaire de tenir
compte de la réduction de la rigidité de l’air pour définir la « ligne
m = 0,75 pour les essais de choc de manœuvre par rapport d’étincelle » (distance dans l’air entre pièces sous tension ou entre
à la terre. une pièce sous tension et la terre) des isolateurs extérieurs
(cf. [D 4 694]).

1.4 Isolants liquides 1.5.2 Air comprimé

L’huile minérale a pendant longtemps été utilisée comme isolant La tension disruptive de l’air, au-dessus de la pression atmosphé-
dans l’appareillage électrique (cf. article [D 230] Huiles et liquides rique, augmente en fonction de la pression.
isolants). Bien que la production de disjoncteurs à huile soit mainte- L’air comprimé a donc été utilisé pendant longtemps non seule-
nant terminée, de très nombreux appareils sont actuellement en ment comme fluide de coupure, mais aussi pour l’isolation des par-
service dans les réseaux à haute tension. ties actives de disjoncteurs. En employant de l’air comprimé, entre
Les propriétés diélectriques de l’huile minérale, lorsqu’elle est 15 et 50 bar, il a été ainsi possible de réduire fortement la distance
très pure, sont excellentes. C’est le cas notamment quand elle est entre les contacts d’une chambre de coupure. Pour cette utilisation,
utilisée dans des matériels tels que les transformateurs ou les l’air doit être sans huile et bien séché.
condensateurs.
Dans le cas des disjoncteurs, l’huile est soumise à l’action de l’arc 1.5.3 Hexafluorure de soufre
électrique et renferme de l’humidité, car ces appareils ont des orifi-
ces de communication avec l’atmosphère. Pour cette utilisation,
On pourra se reporter aux articles [D 4 705] Techniques de cou-
l’huile contient donc, outre humidité, des poussières diverses telles
que des particules de carbone.
pure en moyenne tension et [D 4 590] Postes sous enveloppe métal-
lique PSEM pour les caractéristiques générales du SF6.
La tenue diélectrique de l’huile est très influencée par l’humidité
Dans les conditions normales de pression et de température,
et ces particules lorsque les distances entre pièces sous tension sont
l’hexafluorure de soufre [13], [14] est un gaz incolore, inodore, inerte
faibles. Lorsque les distances sont grandes, comme dans le cas des
et incombustible. Sa densité est élevée du fait de sa masse molécu-
disjoncteurs à haute tension, la tenue diélectrique est beaucoup
laire importante (146,07 g). Ce sont ses excellentes propriétés chimi-
moins influencée, ce qui permet d’obtenir les tenues diélectriques
ques, diélectriques et thermiques qui ont conduit à son utilisation
exigées par les normes (CEI 60694). En effet, dans le cas de faibles
comme agent d’isolation et d’extinction de l’arc.
distances, et sous l’action d’un champ électrique uniforme, les pous-
sières et les gouttelettes d’eau forment des chaînes conductrices qui ■ Stabilité chimique
favorisent l’amorçage. Lorsque les distances sont plus grandes, et
Le SF6 n’attaque aucun matériau lorsque la température est infé-
dans un champ non uniforme, les particules sont attirées vers les
rieure à 500 ˚C. S’il subit une dissociation à haute température, ce
conducteurs sans former de chaînes conductrices, le milieu interé-
phénomène est presque entièrement réversible et la quantité de
lectrodes se trouve ainsi progressivement nettoyé.
produits de décomposition, qui se forment pendant une coupure,
L’humidité et les poussières sont surtout néfastes parce qu’elles est négligeable.
peuvent se déposer à la surface des isolants et même, dans le cas
La coupure donne des oxyfluorures de soufre (SOF4, SOF2,
d’isolants organiques (cf. § 1.6.3), imprégner les couches superficiel-
SO2F2), des fluorures « inférieurs » (HF, SF2, SF4...) et des fluorures
les de l’isolant, compromettant ainsi leur tenue diélectrique.
métalliques (WF2) qui se déposent sous la forme de poudres blan-
Pour ces raisons, il est indispensable de surveiller l’état de l’huile ches ne perturbant pas la tenue diélectrique de l’appareillage. Les
de l’appareillage et de renouveler celle-ci en fonction du nombre de produits de décomposition du SF6 sont facilement adsorbés par du
coupures effectuées par l’appareil. Pour l’entretien des appareils à tamis moléculaire (cf. figure 7).

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Appareillage électrique
d’interruption HT (partie 3)

par Denis DUFOURNET


Membre Senior de la Société des électriciens et des électroniciens (SEE) et de l’Institut
américain des ingénieurs électriciens et électroniciens (IEEE)
Chef de recherches Principes de coupure ALSTOM T & D (Transmission & Distribution)

1. Disjoncteurs à haute tension ............................................................... D 4 694 - 2


2. Sectionneurs ............................................................................................. — 11
3. Matériel hybride : disjoncteur-sectionneur ...................................... — 12
4.
5.
Essais de type ...........................................................................................
Autres essais de l’appareillage ............................................................


12
20

6. Laboratoires d’essais .............................................................................. — 21
7. Contrôle du fonctionnement en service............................................ — 22
8. Perspectives et conclusion ................................................................... — 24
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4698

ans ce fascicule, on verra, tout d’abord, le dimensionnement et la constitu-


D tion des disjoncteurs à haute tension, une présentation succincte des sec-
tionneurs à haute tension et des matériels de sous-stations compactes.
On décrira, ensuite, les différents types d’essais de l’appareillage électrique et
les principaux laboratoires d’essais.
L’empirisme qui prévalait il y a vingt ans est maintenant révolu ; il est fait lar-
gement appel aux programmes de calcul pendant la phase de dimensionnement
des disjoncteurs SF6 et, aussi, pendant la phase d’essais pour affiner les paramè-
tres du calcul et extrapoler les résultats d’essais à d’autres conditions de fonc-
tionnement.
Cependant la vérification des performances en vraie grandeur, dans un labora-
toire d’essais de puissance, reste indispensable pour valider les paramètres défi-
nis pendant la préétude et élaborer les rapports d’essais de type (ou certificats).
Enfin, on terminera par une présentation de la surveillance d’état de l’appa-
reillage et des techniques de diagnostic, puis des considérations environnemen-
tales qui concernent tout particulièrement les appareils au SF6.
L’article « Appareillage électrique d’interruption à courant alternatif à haute
tension » fait l’objet de plusieurs fascicules :
D 4 690 Partie 1 : Généralités. Classifications. Caractérisation.
D 4 692 Partie 2 : Problèmes fondamentaux. Établissement et coupure des cou-
rants.
D 4 694 Partie 3 : Présentation de l’appareillage. Essais de type et individuels.
D 4 696 Annexes.
Doc. D 4 698 Pour en savoir plus.
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres.
Le lecteur devra assez souvent se reporter aux autres fascicules.
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPR

L’article D 4 700 traite l’« interruption des circuits alimentés en courant


continu ».

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APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT (PARTIE 3) ___________________________________________________________________________________

1. Disjoncteurs ture de gaz...) et les simulations électriques (résistance et tension


d’arc, tension rétablie...).
à haute tension Des programmes de calcul sont utilisés pour étudier le fonction-
nement à vide et en coupure. Un modèle d’arc et les critères de cou-
pure incorporés dans certains de ces programmes permettent
Depuis le début du XXe siècle, de nombreuses techniques ont été d’étudier la coupure au passage par zéro du courant et donc de
mises au point pour interrompre le courant. Nous ne décrirons ici déterminer la plage de coupure théorique (durées d’arc minimales
que les plus récentes qui utilisent l’air comprimé et le SF6 comme et maximales).
agent de coupure. Ces techniques ont supplanté la coupure dans La coupure de courants capacitifs peut être étudiée à l’aide de pro-
l’air atmosphérique ou l’huile qui étaient utilisées auparavant. grammes de calculs combinés d’écoulement gazeux et de champ
La technique de coupure dans l’huile a été longtemps utilisée électrique qui permettent d’établir s’il y a un risque de réamorçage
pour les disjoncteurs MT et HT. Elle a permis de répondre de pour des conditions données de coupure (cf. [D 4 692] § 4.3) [25] [46].
manière économique à la plupart des besoins des réseaux jusqu’à la Ce type de programme est aussi utilisé pour simuler la phase de
fin des années 1970. À l’époque, les grands pouvoirs de coupure ne fort courant en coupure de court-circuit. Dans ce cas, il permet de
pouvaient être obtenus qu’avec les disjoncteurs à air comprimé. calculer les champs de température, de pression et de densité en
Par la suite, le SF6 a été préféré comme agent de coupure en rai- tout point d’une chambre de coupure, tout en tenant compte du
son des limites des disjoncteurs à huile en coupure de courants déplacement de la partie mobile. Il sert soit à déterminer les caracté-
capacitifs et des inconvénients liés à l’inflammabilité de l’huile et de ristiques du gaz dans le volume d’expansion et dans la buse de souf-
sa carbonisation par l’arc. flage, soit à étudier l’échappement du gaz de soufflage en aval de la
buse ou du contact d’arc mobile.
La difficulté de réalisation d’ampoules à vide ayant une tenue dié-
lectrique suffisante pour la haute tension explique que l’utilisation ■ L’art du concepteur de disjoncteur consiste à donner des valeurs

T du vide comme milieu de coupure est restée limitée aux applica-


tions MT (cf. [D 4 705] Techniques de coupure en moyenne tension).
Avant de rappeler les différents types de disjoncteurs actuelle-
optimales aux différents paramètres de coupure afin d’obtenir les
performances assignées à l’appareil, avec un encombrement et une
énergie de manœuvre aussi réduits que possible, mais suffisants
pour conserver une marge de sécurité tenant compte des dérives
ment encore en service dans l’industrie, nous voyons tout d’abord
potentielles des caractéristiques lors de la production.
quelques règles et critères qui sont utilisés pour le dimensionne-
ment des disjoncteurs. Suivant le cas, ces critères de dimensionnement sont :
— des formules issues de la modélisation d’arc (cf. [D 4 692]
§ 4.4.3) ;
1.1 Dimensionnement — des valeurs limites de gradient de tension maximal à ne pas
dépasser pour assurer la tenue diélectrique ;
— des valeurs limites de température de gaz lorsque celui-ci est
Le dimensionnement d’un disjoncteur est un travail complexe. On utilisé pour le soufflage ;
rappelle que le disjoncteur est le seul appareil qui possède un pou-
— des règles empiriques obtenues en combinant des connaissan-
voir de coupure en court-circuit, ce qui rend son dimensionnement
ces sur la physique de l’arc, des résultats expérimentaux et un peu
très délicat, car il y a davantage de contraintes à prendre en compte.
de bon sens ;
■ Il s’agit de déterminer un ensemble de paramètres qui permet — des règles de dimensionnement des pièces conductrices du
d’obtenir les cinq principaux types de performance en coupure : courant permettant de ne pas dépasser les limites d’échauffement
— de défaut aux bornes à 100 % du pouvoir de coupure ; admissibles ;
— de défaut aux bornes à 10 %, 30 % et 60 % du pouvoir de — une valeur d’énergie maximale pouvant être dissipée dans une
coupure ; résistance de fermeture...
— de défaut en ligne à 90% du pouvoir de coupure ; Dans ce domaine, comme dans d’autres domaines techniques, il
— de discordance de phases à 25% du pouvoir de coupure ; n’y a pas toujours unicité de point de vue quant à la validité des
— de courants capacitifs des lignes à vide (câbles à vide, batteries critères. En fin de compte, c’est la comparaison avec les résultats
de condensateurs). expérimentaux qui permet de valider les critères de dimensionnement.
En pratique, il faut définir une géométrie de zone de coupure et les
caractéristiques de la commande qui permettent d’avoir les perfor-
mances exigées avec le meilleur compromis possible entre ces dif- 1.2 Disjoncteurs à huile
férentes exigences de coupure.
Dans le cas d’un défaut proche en ligne, il existe des liens entre : Dans un disjoncteur à huile (cf. [D 4 692] § 1.4), l’arc décompose
— les contraintes de coupure (di /dt, du/dt, uc) ; celle-ci en formant des gaz constitués principalement d’hydrogène
— les facteurs qui influent sur la coupure (surpression, tempéra- (70 %) et d’acétylène (20 %). L’énergie d’arc étant consommée par la
ture et débit de gaz...) ; vaporisation et la décomposition de l’huile, l’arc se refroidit et
— les paramètres d’une chambre de coupure et de la commande s’interrompt au voisinage du passage par zéro du courant. La haute
(volume de soufflage, diamètre de buse, pression de remplissage en conductivité thermique de l’hydrogène permet de refroidir énergi-
gaz, vitesse d’ouverture, énergie de manœuvre, masse mobile, perte quement l’arc, ce qui favorise une régénération diélectrique très
d’énergie par frottement...). rapide du milieu interélectrodes.
Il y a lieu, par ailleurs, de s’assurer que les paramètres définis ■ Disjoncteurs à gros volume d’huile
pour la coupure sont bien compatibles avec les exigences de tenue
Les premiers disjoncteurs à huile à haute tension furent des
diélectrique entre entrée et sortie et de coordination des tenues dié-
disjoncteurs à gros volume d’huile qui comportaient deux éléments
lectriques entre contacts d’arc et contacts permanents.
de coupure en série par pôle, placés dans une cuve métallique
■ Les nombreuses interactions qui existent entre les différents fac- (figure 1). Ce sont les précurseurs des disjoncteurs Dead Tank
teurs/paramètres nécessitent l’utilisation de programmes de calcul actuels (cf. [D 4 690] § 2.5). Suivant les technologies utilisées, l’arc
qui intègrent à la fois les simulations mécaniques (vitesse, courbe se développait soit librement dans la cuve, soit en étant enfermé
de déclenchement...), thermodynamiques (surpression, tempéra- dans un pot de coupure qui avait pour objet de limiter la longueur

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___________________________________________________________________________________ APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT (PARTIE 3)

Organe de
manœuvre

Traversée
isolante

Cylindre isolant Cuve métallique

Contact fixe

Pot de coupure

Contact mobile

Figure 1 – Disjoncteur à gros volume d’huile



Figure 3 – Disjoncteur à faible volume d’huile
Contact fixe

Des disjoncteurs de ce type ont eu des applications en haute


tension jusqu’à 765 kV avec un pouvoir de coupure pouvant attein-
dre 50 kA, à condition de disposer d’un nombre suffisant de
chambres de coupure en série par pôle (par exemple 6 chambres
par pôle de disjoncteur 420 kV).
La figure 3 donne un exemple de réalisation d’un appareil à faible
volume d’huile.

■ L’arrêt de la fabrication des disjoncteurs à huile et leur disparition


progressive dans les réseaux HT peuvent s’expliquer par :
— les risques d’incendie en cas de non-coupure par ce type
d’appareil ;
Contact — la difficulté rencontrée pour l’entretien et la remise en état
mobile
après coupure ;
— les performances limitées en coupure de courants capacitifs et
a soufflage axial b soufflage transversal c soufflage mixte de défaut aux bornes.

Figure 2 – Pots de coupure des disjoncteurs à faible volume d’huile


1.3 Disjoncteurs à air comprimé

d’arc et de favoriser son refroidissement par la production de jets de L’air comprimé (cf. [D 4 692] § 1.5.2) possède une rigidité diélectri-
gaz sous pression. que élevée et de bonnes caractéristiques thermiques qui permettent
Ces appareils ont eu des applications en haute tension jusqu’à 345 kV. d’obtenir un refroidissement rapide de l’arc au voisinage du pas-
sage par zéro du courant.
■ Disjoncteurs à faible volume d’huile
Ces disjoncteurs ont été conçus pour réduire la quantité d’huile Les disjoncteurs à air comprimé utilisent l’écoulement de l’air à
utilisée, les efforts de réaction au sol et les dangers d’incendie des travers des tuyères pour refroidir l’arc et obtenir sa désionisation
appareils à gros volume d’huile. (figure 4). Les pouvoirs de coupure les plus élevés exigés ont pu
être atteints en augmentant la pression (30 à 50 bar).
Ce sont des appareils à isolement dans l’air (cf. [D 4 690] § 2.5) où
l’arc est contenu dans un pot de coupure (figure 2) qui permet de La dernière génération de disjoncteurs de ce type comporte des
réduire la durée d’arc et l’énergie transmise au volume d’huile. Ce pôles entièrement et en permanence sous pression (figure 5). Les
sont les précurseurs des disjoncteurs à autosoufflage car l’énergie tuyères sont métalliques et à double soufflage. Les valves situées en
d’arc est utilisée pour générer la surpression nécessaire au souf- aval des tuyères sont manœuvrées par des tringles. Cette disposi-
flage et à l’extinction de l’arc. tion a permis de réduire la durée de coupure à deux cycles à 60 Hz

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APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT (PARTIE 3) ___________________________________________________________________________________

1.4 Disjoncteurs au SF6

Historique
Bien que les excellentes qualités diélectriques du SF6 étaient
connues dès 1938 (cf. [D 4 692] § 1.5.3), la révélation des pro-
priétés exceptionnelles du SF6 pour l’interruption d’un courant a
été faite dans le brevet de H.J. Lingal, T.E. Browne et A.P. Storm
déposé aux États-Unis le 19 Juillet 1951 [13].
La première application industrielle du SF6 pour la coupure
date de 1953 ; il s’agissait d’interrupteurs en charge à haute ten-
sion (15 à 161 kV) dont le soufflage autopneumatique permettait
de couper 600 A.
La première réalisation d’un disjoncteur SF6 à haute tension a
été faite en 1956 par Westinghouse mais le pouvoir de coupure
était alors limité à 5 kA sous 115 kV (1 000 MVA) et cet appareil
comportait 6 chambres de coupure en série par pôle.
Dans le même temps, en 1957, les Ateliers de Constructions
Figure 4 – Tuyères de disjoncteurs à air comprimé : différents schémas électriques de Delle ont réalisé un disjoncteur 23 kV, 250 MVA,
de type FRUR, pour cellules de distribution, puis un disjoncteur
Dead Tank pour locomotive 25 kV, 200 MVA autopneumatique à
buse isolante [7].

T Il faut attendre 1959 pour voir la production par Westinghouse


du premier disjoncteur SF6 à grand pouvoir de coupure 41,8 kA
sous 138 kV (10 000 MVA) et 37,6 kA sous 230 kV (15 000 MVA).
Ce disjoncteur tripolaire du type Dead Tank comprenait 3 cham-
bres de coupure en série par pôle et fonctionnait avec une pres-
sion relative de SF6 de 13,5 bar pour le soufflage et de 3 bar
pour assurer la tenue diélectrique. Des performances intéres-
santes étaient déjà obtenues grâce aux hautes pressions
utilisées ; cependant, ces appareils présentaient le risque de
liquéfaction du SF6 pour des températures inférieures à 5 ˚C, il
fallait donc prévoir un maintien en température du réservoir à
haute pression.
Les très bonnes propriétés du SF6 décrites en [D 4 692] ont
entraîné l’extension de la technique SF6 au cours des années
1960 et son utilisation pour le développement de disjoncteurs à
fort pouvoir de coupure sous des tensions de plus en plus éle-
vées allant jusqu’à 765 kV [3].
Le développement des réseaux à très haute tension et la
nécessité de faire pénétrer les réseaux à l’intérieur des agglo-
mérations et des zones industrielles ont entraîné la conception
de nouveaux types de postes à encombrement réduit du type
« blindé » ou « sous enveloppe métallique ». Une forte réduc-
tion de l’encombrement n’est possible qu’en substituant à l’air
un gaz, tel que le SF6, possédant de très bonnes propriétés dié-
lectriques, ce gaz devant être nécessairement contenu dans des
enveloppes métalliques au potentiel de la masse. On en arrive
tout naturellement à la conception des postes blindés au SF6.
Figure 5 – Disjoncteur à air comprimé à haute tension L’application de cette technique en haute tension a permis de
réaliser, dès 1966, le premier poste prototype expérimental
blindé à 220 kV, installé au Plessis-Gassot (près de Paris), et le
(16,7 ms), ce qui est nécessaire en très haute tension pour maintenir premier disjoncteur autopneumatique F 14, mis en service en
la stabilité du réseau en cas de défaut. 1969 au poste de Vaise (Lyon).
Les disjoncteurs à air comprimé exigent un entretien régulier, en
particulier des stations de compression. 1.4.1 Disjoncteurs à soufflage autopneumatique
Ils ont gardé pendant longtemps le monopole des hautes perfor-
Le principe du soufflage autopneumatique s’est développé au
mances (pouvoir de coupure jusqu’à 100 kA en haute tension, cou-
cours des années 1970 et au début des années 1980 pour répondre
pure en deux cycles, surtensions réduites grâce à l’utilisation de
aux spécifications les plus difficiles et aboutir au développement
résistances d’ouverture et de fermeture).
d’appareils de plus en plus performants [126].
La technique de coupure à air comprimé est bien adaptée aux Dans le fascicule [D 4 692], la figure 7 rappelle de manière sché-
fonctionnements à très basse température, car il n’y a pas de risque matique le principe de coupure de ces appareils.
de liquéfaction du gaz de coupure. Pour cette raison, ces disjonc-
teurs sont encore largement utilisés au Canada. ■ Pendant la manœuvre de déclenchement, le disjoncteur produit
lui-même la compression du gaz nécessaire au soufflage de l’arc. Le
Cette technique de coupure est actuellement la seule utilisée pour déplacement relatif du cylindre de soufflage par rapport au piston
les disjoncteurs de générateurs à très fort pouvoir de coupure fixe crée une surpression dans le cylindre qui s’évacue à l’intérieur
(275 kA sous 36 kV). de la buse et refroidit l’arc.

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— un temps de coupure correspondant à 2 ou 2,5 cycles à fré-


quence industrielle ;
— une grande endurance électrique qui permet de garantir une
Condensateur durée de vie d’au moins 25 ans ;
Résistance — une réduction de l’encombrement possible avec les postes
à fermeture sous enveloppe métallique MT et HT ;
— la possibilité d’équiper les chambres de résistances de ferme-
ture ou d’effectuer des manœuvres synchronisées ;
— la sécurité de fonctionnement ;
Chambre — un faible niveau de bruit.
Une simplification accrue des disjoncteurs SF6 à haute tension a
été obtenue en intégrant le dispositif d’insertion de résistance de
fermeture à l’intérieur de la chambre de coupure [94]. Dans ce cas,
la résistance est située à l’extrémité de la chambre, à l’intérieur
d’une enveloppe métallique mais isolée de celle-ci par le SF 6
contenu dans le pôle (figure 6).
La réduction du nombre de chambres de coupure a entraîné une
grande simplification des appareils par la diminution du nombre de
pièces en mouvement, du nombre de joints d’étanchéité... Il en a
Colonne donc résulté une amélioration de la fiabilité des appareils qui est
venue s’ajouter à l’augmentation déjà signalée du pouvoir de cou-
pure.

1.4.2 Disjoncteurs à autosoufflage



La période 1984-2000 a été marquée par le fort développement
des moyens de calcul et de modélisation des disjoncteurs au SF6,
avec, par voie de conséquence, la réalisation de nouveaux appareils
à faible énergie de manœuvre caractérisés notamment par l’utilisa-
tion importante de l’énergie d’arc pour la coupure.
Amortisseurs ■ L’autosoufflage s’est substitué en grande partie au soufflage auto-
pneumatique pour la coupure des forts courants, la coupure des
courants faibles étant toujours obtenue dans la majorité des cas par
un soufflage autopneumatique [9].
La figure 7 montre que, pendant la phase de fort courant, l’arc
Châssis
amorcé entre les contacts fixes et mobiles transmet une grande par-
tie de son énergie au volume d’expansion thermique Vt. Au passage
par zéro du courant, la surpression ainsi créée se vidange à travers
la buse isolante et à l’intérieur du contact mobile. Ce double souf-
flage permet de refroidir et d’interrompre efficacement l’arc. Pour la
Figure 6 – Disjoncteur 800 kV-40 kA avec résistances de fermeture
coupure des courants faibles, un soufflage autopneumatique
d’appoint est effectué dans le volume Vp, le gaz comprimé venant
souffler l’arc par l’intermédiaire du volume Vt.
Ces chambres de coupure sont dites à double soufflage, car le
refroidissement de l’arc nécessaire à son extinction est obtenu par ■ Une évolution des chambres de coupure à autosoufflage a
un premier soufflage, exercé vers le haut à l’intérieur de la buse iso- consisté à introduire un clapet entre le volume d’expansion et le
lante et par un second, dirigé vers le bas à l’intérieur du contact volume de compression [124]. Ce principe est illustré par la figure 8.
d’arc mobile. ● En coupure de faibles courants, le clapet s’ouvre sous l’effet de
la surpression générée dans le volume de compression. Le souf-
■ La mise au point de nouvelles générations de disjoncteurs au SF6 flage de l’arc s’effectue comme dans un disjoncteur à soufflage
très performantes a entraîné la suprématie de ces appareils dans la autopneumatique (§ 1.4.1), grâce à la compression de gaz obtenue
gamme 7,2 kV à 245 kV. par pistonnage.
À partir de 1983 la réalisation des disjoncteurs à 245 kV monocou- ● Dans le cas d’une coupure de forts courants, l’énergie d’arc pro-
pure, et des appareils correspondants à 420 kV, 550 kV et 800 kV, a duit une forte surpression dans le volume d’expansion, ce qui
conduit à la domination de la technique SF6 dans l’ensemble de la entraîne la fermeture du clapet et isole le volume d’expansion du
gamme à haute tension. volume de compression. La surpression nécessaire à la coupure est
■ Sur le plan technique, plusieurs caractéristiques de ces disjonc- obtenue par une utilisation optimale de l’effet thermique et de l’effet
teurs peuvent expliquer leur succès : bouchon produit lorsque la section de l’arc réduit de manière signi-
ficative l’échappement du gaz dans la buse.
— la simplicité de la chambre de coupure qui ne nécessite pas de
chambre auxiliaire pour la coupure ; Pour éviter une consommation excessive d’énergie par compres-
— l’autonomie des appareils apportée par la technique sion de gaz, une soupape limite la surpression dans le volume de
autopneumatique ; compression à la valeur nécessaire pour la coupure des faibles cou-
— la possibilité d’obtenir les performances les plus élevées, rants de court-circuit.
jusqu’à 63 kA, avec un nombre réduit de chambres de coupure : une La figure 9 montre la simulation d’une coupure à 100 % du pou-
seule chambre est nécessaire en 245 kV pour couper 50 kA, deux en voir de coupure asymétrique (séquence T 100a) avec l’évolution du
420 kV, trois pour les disjoncteurs de ligne 550 kV et quatre en courant d’arc iarc, du déplacement (x) du contact mobile et de la sur-
800 kV (figure 6) ; pression (∆p) de soufflage. Pendant la première partie de la manœuvre,

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Appareillage électrique
d’interruption HT. Annexes

par Denis DUFOURNET


Membre Senior de la Société des électriciens et des électroniciens (SEE)
et de l’Institut américain des ingénieurs électriciens et électroniciens (IEEE)

1. Tension rétablie dans le cas d’un défaut aux bornes triphasé.... D 4 696 - 2
1.1 Calcul du facteur de premier pôle .............................................................. — 2


1.2 Calcul du facteur de tension rétablie pour le deuxième pôle qui coupe — 3
1.3 Conclusion.................................................................................................... — 4
2. Courants de défaut aux bornes triphasé,
biphasé et monophasé............................................................................ — 4
2.1 Défaut aux bornes triphasé......................................................................... — 4
2.2 Défaut aux bornes biphasé ......................................................................... — 4
2.3 Défaut aux bornes monophasé .................................................................. — 5
3. Défaut proche en ligne : tension transitoire
de rétablissement (TTR) ........................................................................ — 5
3.1 Détermination de la forme de la TTR du côté de la ligne......................... — 5
3.2 Calcul des paramètres de la TTR du côté de la ligne................................ — 6
3.2.1 Défaut proche en ligne L90 ................................................................ — 6
3.2.2 Défaut proche en ligne L75 ................................................................ — 7
4. Défaut aux bornes : tension transitoire
de rétablissement (TTR) ......................................................................... — 7
4.1 Généralités ................................................................................................... — 7
4.2 Équivalence des systèmes mécanique et électrique ................................ — 8
4.3 Régime transitoire du système mécanique équivalent ............................ — 8
4.4 Régime transitoire du circuit électrique..................................................... — 8
4.5 TTR à quatre paramètres ............................................................................ — 9
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 698

D ans ce fascicule, nous donnons les calculs permettant de déterminer la


tension rétablie à la coupure de chaque pôle dans le cas d’un défaut aux
bornes triphasé et les courants de défaut aux bornes triphasé, biphasé et
monophasé. On trouvera également la détermination de la forme de la tension
transitoire de rétablissement d’un défaut proche en ligne et des explications
sur la forme de la tension transitoire de rétablissement dans le cas d’un défaut
aux bornes.

L’article « Appareillage électrique d’interruption à courant alternatif à haute tension » fait


l’objet de plusieurs fascicules :
[D 4 690] Partie 1 : Généralités. Classifications. Caractérisation.
[D 4 692] Partie 2 : Problèmes fondamentaux. Établissement et coupure des courants.
[D 4 694] Partie 3 : Présentation de l’appareillage. Essais de type et individuels.
[D 4 696] Annexes.
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra assez souvent se
reporter aux autres fascicules.
L’article [D 4 700] traite l’« Interruption des circuits alimentés en courant continu ».
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPQ

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APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT. ANNEXES ___________________________________________________________________________________

1. Tension rétablie
dans le cas d’un défaut E I1 V1

aux bornes triphasé I2 V2

I3 V3
Le calcul de la tension rétablie est fait en utilisant le système
de composantes symétriques directes, inverses et homopolaires
Z
(indices d, i et 0) [10] [11].
Cette méthode, publiée en 1918 par C.L. Fortescue, permet de
résoudre les problèmes de calcul de distribution des courants dans
les réseaux polyphasés déséquilibrés.
Z impédance de mise à la terre
Elle permet aussi de déterminer de manière relativement simple
la tension rétablie (ou le facteur de pôle) à la coupure de chaque
pôle d’un disjoncteur. La TTR peut être ensuite déduite en multi- Figure 1 – Circuit avec un défaut aux bornes triphasé
pliant la valeur crête de la tension rétablie par le facteur d’ampli- et coupure du premier pôle
tude.
Ce calcul est détaillé ici car il est difficile de trouver la détermi-
nation complète des facteurs de pôle (rapport entre la tension réta-
blie sur un pôle et la tension entre phase et terre) dans la On obtient donc le système suivant de trois équations (6), (7), (8)
littérature. avec 3 inconnues :

T 1.1 Calcul du facteur de premier pôle


Id + Ii + I0 = 0
Xi Ii = X0 I0




Xd Id Ð X0 I0 = E 
Le schéma de la figure 1 montre la configuration du circuit (I et V
étant respectivement les courants et tensions aux bornes de cha-
■ Résolution du système d’équations
que pôle) après la coupure du premier pôle.
La tension entre phase et terre est égale à E . L’équation (6) s’écrit avec (7) :
On a : X0 I0
I1 = 0 Id + Ii + I0 = 0 I d + ---------------- + I 0 = 0
→  Xi
V2 = 0 → 
V0 + a 2 Vd + a Vi = 0  (1) ( Xi + X0 )
V3 = 0 → 2
 I 0 ----------------------------- = Ð I d
V0 + a Vd + a Vi = 0  Xi
avec l’opérateur de rotation : soit :
2π Id Xi
1 2
1 3 I 0 = Ð -----------------------
a = exp j ---------- = – --- + j ---------- (2)
3 2 2 Xi + X0
Les composantes symétriques des tensions sont données L’équation (8) s’écrit alors :
(X étant les réactances correspondantes) par :
X0 Xi
Vd = E Ð Xd Id  X d I d + ----------------------- I d = E
 Xi + X0
Vi = Ð Xi Ii  (3)
 donc :
V0 = Ð X0 I0 
X0 Xi
ce qui donne, à partir des relations (1) :
1
I d X d + -----------------------
Xi + X0 2=E
– X0 I 0 + a2 (E – X d I d ) – a X i I i = 0
Les composantes symétriques des courants s’écrivent finale-
– X 0 I 0 + a (E – X d Id ) – a 2 X i I i = 0 ment :
I d + I i + I0 = 0 E
I d = ----------------------------------------- (9)
X0 Xi
Il vient : X d + -----------------------
Xi + X0
a 2 Xd Id + a Xi Ii + X0 I0 = a 2 E (4)

a Xd Id + a 2 Xi Ii + X0 I0 = a E (5) Id Xi
I 0 = Ð ------------------------ (10)
Xi + X0
I d + Ii + I 0 = 0 (6)

La combinaison des relations (4) et (5) donne : Id X0


I i = Ð I d Ð I 0 = Ð ----------------------- (11)
a [rel.(5)] – [rel.(4)] ⇒ (1 – a ) X i I i + (a – 1) X0 I 0 = 0 Xi + X0
⇒ Xi Ii = X0 I0 (7)
■ Calcul de V 1
a [rel.(4) – rel.(5)] ⇒ Xd Id (1 – a ) + (a – 1) X0 I0 = (1 – a ) E Ayant déterminé les composantes symétriques des courants, on
⇒ Xd Id – X0 I0 = E (8) peut en déduire la tension V 1 en amont du premier pôle qui coupe.

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___________________________________________________________________________________ APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION HT. ANNEXES

Pour cela, on revient aux composantes habituelles de tension et on On a :


utilise le système de relations (3) : I 2 = 0 ; I 3 = 0 ; V1 = 0
V 1 = V 0 + V d + V i = – X 0 I0 + E – X d Id – X i I i d’où :
I1
1
Avec les relations (10) et (11), il vient : I 0 = ----- 1 I 1 + I 2 + I 3 2 = ------
3-
3
X0 Xi X0 Xi I1
V 1 = ----------------------- I d + E X d I d + ----------------------- I d 1
Xi + X0 Xi + X0 I d = ----- 1 I 1 + a I 2 + a 2 I 3 2 = ------
3-
3
et en remplaçant Id par sa valeur (9) : 1 I1
I i = ----- 1 I 1 + a 2 I 2 + a I 3 2 = ------
3-
2 X0 Xi 3
E
V1 = 1 ----------------------
X +X i 0
- 2
X d ----------------------------------------- + E
X0 Xi On en déduit :
X d + ---------------------- -
Xi + X0 I 0 = Id = I i (14)
2 X0 Xi Xi Xd X0 Xd
V1 = 1 2
---------------------------------------------------------------------- E + E
Xd Xi + Xd X0 + X0 Xi
■ Relation entre les tensions
On a :
soit : V 2 = V0 + a 2 Vd + a V i (15)

V1 2 X0 Xi Xi Xd X0 Xd 3 X0 Xi avec pour les composantes symétriques :


1 ---------------------------------------------------------------------
X X +X X +X X 2

-------- =
E - +1 = X
----------------------------------------------------------------- (12)
X +X X +X X
d i d 0 0 i d i d 0 0 i Vd = E Xd Id 

Vi = Xi Ii  (16)
■ En général Xd = X i ; on obtient finalement pour le facteur de

premier pôle : V0 = X0 I0 
V1 3 X0 Xd 3 X0
--------- = ----------------------------------------
2 - = ------------------------------- (13) et pour la tension V 1 :
E X d + 2 Xd X0 Xd + 2 X0
V 1 = V 0 + V d + V i = – X 0 I 0 + E – X d Id – X i I i
Si X 0 >> X d (neutre non directement à la terre) : La condition de mise à la terre de la phase 1 entraîne (avec la
relation (14)) :
V1 E
k pp1 = --------- = 1,5 V 1 = 0 ⇒ I d = --------------------------------------- (17)
E Xd + Xi + X0
Si X 0 = 3,25 Xd (neutre directement à la terre) : À partir des relations (15) et (16), on déduit :
V1
k pp1 = --------- = 1,3 V2 = X0 I0 + a 2 ( E Xd Id ) a Xi Ii
E
et en utilisant les relations (14) et (17) :

V 2 = – (X 0 + a 2 Xd + aX i) Id + a 2 E
1.2 Calcul du facteur de tension rétablie
pour le deuxième pôle qui coupe [ X0 ( 1 + a 2 ) + Xi ( a + a 2 ) ] E
V 2 = ----------------------------------------------------------------------------------------------
X0 + Xd + Xi
-
Le schéma de la figure 2 montre la configuration du circuit après
la coupure du premier et du deuxième pôle. Pour une commodité Sachant que a est donné par la relation (2), il vient :
de calcul, on considère que c’est la phase 1 qui reste à la terre.
1
---- ( 3 + j 3 ) X0 j 3 Xi
2-
V2 = ------------------------------------------------------------------------------- E
X +X +X
0 d i

E I1 V1 d’où :
X0
I2 V2 V2
3
----------
2- 0
X + j -------- 1 2 - + Xi 2
-------- = 3 ------------------------------------------------------------------ (18)
E X +X +X
0 d i
I3 V3

Z ■ L’expression (18) donne la tension rétablie aux bornes du


second pôle qui coupe. Il suffit de calculer son module pour
connaître son amplitude et le facteur de tension k pp2 corres-
pondant :
Z impédance de mise à la terre 2
3 2 X0
1
1 /2

Figure 2 – Circuit avec un défaut aux bornes triphasé et coupure k pp2 =


----
4- 0
X + ---------- 4 - + X0 Xi + X i
2
2
3 ---------------------------------------------------------------------------------------------
des deux premiers pôles X0 + Xd + Xi

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Interruption des circuits alimentés


en courant continu

par Yves PELENC


Directeur Scientifique honoraire Merlin Gerin
Ancien Professeur à l’Institut National Polytechnique de Grenoble

Réédition actualisée de l’article paru en 1988


1. Problématique de l’interruption
des courants continus ............................................................................ D 4 700 - 2
2. Modélisation du comportement dynamique de l’arc..................... — 6
3. Pointe d’extinction .................................................................................. — 9
4. Temps de coupure.................................................................................... — 11
5. Énergie de coupure.................................................................................. — 12
6. Utilisation d’un condensateur en parallèle sur l’arc...................... — 13
7. Avenir du transport en courant continu à haute tension............. — 16

’utilisation du courant continu reste pour le moment peu répandue en haute


L tension. Toutefois, l’étude des phénomènes liés à son interruption constitue
un préalable dont les vertus pédagogiques sont irremplaçables pour aborder,
dans les meilleures conditions, la compréhension des problèmes de coupure en
courant alternatif.
L’appareillage électrique d’interruption à courant alternatif à haute tension est
traité dans les fascicules [D 4 690] à [D 4 698].
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPPR

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INTERRUPTION DES CIRCUITS ALIMENTÉS EN COURANT CONTINU ______________________________________________________________________________

1. Problématique de R L

l’interruption des + ∞
Interrupteur
E
courants continus 0

Énergie de coupure :
1.1 Interruption d’un courant continu tE tE 0


0
ri 2 dt =
 0
(E – Ri ) i dt –

I
Li di

Examinons le cas, apparemment le plus simple, d’un circuit


inductif (R , L ) alimenté en courant continu (figure 1 a). - la première intégrale dépend du temps tE de coupure
- la seconde intégrale représente l'énergie électromagnétique :
Pour réaliser l’interruption du courant parcourant ce circuit, il faut
0


et il suffit que la résistance r de l’interrupteur, supposée initialement
1
nulle, croisse et devienne infinie (figure 1 b) ou, en d’autres termes, Li di = L I2
2
que sa conductance diminue, puis s’annule. Lorsque cette condition I
unique est réalisée, l’appareil, devenu isolant, n’est plus traversé
a circuit inductif : schéma
par aucun courant.
■ La loi de variation de la résistance de l’interrupteur peut, à pre- i
mière vue, être quelconque. Toutefois, le raisonnement et le calcul i


montrent que l’énergie dépensée sous forme d’effet Joule dans
l’interrupteur au cours de la coupure est d’autant plus faible que la I
0
variation de la résistance de ce dernier est plus rapide. On a donc t
intérêt à agir dans ce sens. r r
Cependant, même si cette variation est infiniment rapide, on
constate qu’il faut néanmoins dépenser dans l’interrupteur la tota-
lité de l’énergie électromagnétique emmagasinée initialement dans
1
l’inductance propre du circuit, soit --- LI 2 . 0
2 t
Cette constatation logique est absolument essentielle dans les
b variation des paramètres
problèmes d’interruption des courants continus ; un critère minimal
de bon fonctionnement est donc que l’interrupteur doit pouvoir Figure 1 – Interruption d’un courant continu
absorber sans dommage cette énergie, qui est souvent considéra-
ble.
■ Ce critère, s’il est primordial, n’est pas le seul. Il en existe au
u
moins un autre d’importance. Si, en effet, la variation de résistance
est infiniment rapide, celle du courant l’est également et, en consé-
quence, la force électromotrice induite (L di/dt) dans l’inductance
propre du circuit devient infiniment grande. Cette surtension illimi-
tée est évidemment inadmissible.
■ Il faut évidemment se fixer une limite à ne pas dépasser pour la ᐉ3
valeur de la surtension. Une fois cette limite définie, la loi de varia- ᐉ2
tion de la résistance se trouve imposée et le problème est théorique- ᐉ1
ment résolu. L’énergie dépensée au cours de la coupure est alors
supérieure à l’énergie électromagnétique du circuit, sans dépasser 0 i
généralement le double de cette valeur.
ᐉ3 > ᐉ 2 > ᐉ1
Dans la pratique, la résistance variable r est constituée par un arc
électrique. Les semi-conducteurs de puissance, de type transistor Figure 2 – Caractéristiques statiques d’arc pour trois longueurs
ou GTO, ne peuvent être utilisés actuellement, dans des conditions différentes d’arc
économiques raisonnables, que sur des circuits de faible puissance,
n’excédant pas quelques centaines de kilowatts.
— conditions de fonctionnement auxquelles est soumis cet arc
(soufflage, turbulence, déplacement sous l’effet de champs magné-
1.2 Caractéristique d’arc tiques, etc.) ;
— longueur de l’arc, etc.
La caractéristique statique présente généralement une allure
Nous savons que, si l’on porte sur un diagramme la chute de ten-
hyperbolique, la tension passant parfois par un minimum puis crois-
sion u dans un arc en fonction du courant i qui le traverse (supposé
sant ensuite légèrement en fonction du courant (figure 2).
stabilisé ou lentement variable), on obtient une caractéristique sta-
tique qui dépend de tous les paramètres déterminant le fonctionne- Si l’on ne fait varier que la longueur ᐉ de l’arc, on obtient toute
ment de l’arc en question : une famille de caractéristiques, chacune d’elles correspondant à une
— nature et forme des électrodes ; longueur donnée.
— nature et pression du gaz plasmagène dans lequel l’arc se Pour un arc libre brûlant dans l’air à la pression atmosphérique,
développe ; Herta Ayrton a proposé, à la fin du XIXe siècle, une formule empiri-

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D 4 700 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

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______________________________________________________________________________ INTERRUPTION DES CIRCUITS ALIMENTÉS EN COURANT CONTINU

que célèbre donnant grossièrement la chute de tension u en fonc-


tion du courant i et de la longueur ᐉ de l’arc : R L

+ i
C + Dᐉ P0
E E – Ri u
u = A + Bᐉ + ------------------ = U 0 + ------ (1)
i i
Dans une représentation hyperbolique de la caractéristique, U 0
constitue le seuil de tension d’arc et P0 la partie constante de la puis- a schéma
sance de refroidissement.
Exemple : si l’arc est amorcé horizontalement dans l’air entre deux u
électrodes en cuivre de 3 mm de diamètre, les paramètres de cette
relation ont sensiblement pour valeurs :
A = 30 V ; B = 10 V/cm ; C = 10 VA ; D = 30 VA/cm

Cette formule est acceptable dans une plage de courant limitée à E –


quelques centaines d’ampères. B –
∆u

+ E– ᐉ'
∆u Ri
1.3 Interruption d’un circuit résistant A
et inductif ∆u – ᐉ
0 IA E


i
R

C’est le cas le plus général rencontré en courant continu, en parti- b caractéristique statique
culier lors de l’apparition d’un court-circuit.
Figure 3 – Coupure d’un circuit résistant et inductif
Durant l’interruption, la loi d’Ohm donne, à chaque instant, une
relation entre les diverses grandeurs en présence (figure 3) :

di
E – Ri – L ------ – u = 0 (2)
dt u

d’où :
U0
di E
L ------ = ( E – Ri ) – u = ∆u (3)
dt
E–
Ri
On constate que le signe de la chute inductive ∆u définit le sens de
variation du courant : si ∆u est positif, i augmente et inversement.
Dans un plan (u, i ), la droite E − Ri est dénommée droite de 0 I i
charge.
La puissance de refroidissement peut se représenter par :
■ Si nous supposons que la tension d’arc est donnée, pour chaque P – P0 + U0i
valeur de i, par la caractéristique statique, nous constatons que, tant
que l’arc est suffisamment court (longueur ᐉ ) pour que sa caracté-
ristique présente des points d’intersection (A et B) avec la droite de Figure 4 – Caractéristique statique d’un arc de forte puissance
charge, il existe un point de fonctionnement stable A et la coupure
ne peut se réaliser.
En effet, au point A, ∆u est négatif pour les valeurs de i supérieu- ■ Dans la réalité, la forme hyperbolique de la caractéristique n’est
res à IA, mais il devient positif lorsque i est inférieur à IA. Le courant véritablement significative qu’au-dessous d’une centaine d’ampè-
va donc se stabiliser à IA. res, pour un arc fonctionnant dans l’air atmosphérique.
Il en résulte que, aux fortes intensités de courant, on observe plu-
On en conclut immédiatement que l’interruption ne peut pas tôt une sorte de palier de tension.
s’achever tant que l’arc n’est pas suffisamment développé pour ● Si l’on suppose que la caractéristique se résume pour l’essen-
que sa caractéristique soit tout entière située au-dessus de la tiel (cf. relation (1)) à :
droite de charge E − Ri.
Lorsque cette condition se trouve réalisée (longueur ᐉ′ ), ∆u u = U0
est négatif pour toutes les valeurs du courant et ce dernier ne
peut que décroître jusqu’à s’annuler. le problème de la coupure d’un courant continu est relativement
simple : le palier de tension d’arc U0 doit être égal ou supérieur à la
tension E du générateur, sinon il n’y a pas coupure (figure 4).
Il existe donc, en courant continu, une caractéristique mini-
male d’arc au-dessous de laquelle l’interruption ne peut pas être ● Si nous supposons, en revanche, que la caractéristique statique
obtenue (si le circuit ou l’appareil ne comporte aucun artifice per- peut être assimilée à une simple hyperbole :
mettant de faciliter la coupure). Notons que cette caractéristique
minimale ne dépend que de la force électromotrice E et de la résis- ui = P0
tance R, et non de l’inductance L, qui joue en revanche un rôle fon-
damental vis-à-vis du temps de coupure et de l’énergie dépensée nous constatons que la caractéristique minimale correspond à une
dans l’arc. puissance de refroidissement constante P0 égale au quart de la

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INTERRUPTION DES CIRCUITS ALIMENTÉS EN COURANT CONTINU ______________________________________________________________________________

u u;i

PE
U0
E E
u
E– I
Ri
i
E/2
P0 = 0,25 EI

0 I/2 I 0 t
i
Temps
d'allongement
Figure 5 – Puissance minimale de coupure pour une caractéristique
statique hyperbolique Au début de la coupure, on provoque un allongement rapide de l'arc
jusqu'à une longueur telle que la tension d'arc atteigne un palier U0
légèrement supérieur à E. Cette longueur autorise la coupure sans
entraîner de surtension excessive. Une légère surtension dite pointe
puissance apparente E I du circuit, c’est-à-dire au produit de la ten- d'extinction (PE) apparaît lorsque le courant approche de zéro.
sion E du générateur par le courant établi I (figure 5) :
Figure 6 – Coupure avec allongement limité de l’arc
P0 = 0 , 2 5 E I (4)


En courant alternatif, les puissances de refroidissement u
nécessaires (et, par conséquent, les énergies de coupure) sont com-
parativement beaucoup plus faibles.
ui = P
● Au-delà de cette caractéristique minimale, l’interruption est 2E
d’autant plus rapide que l’écart ∆u entre la tension d’arc et la droite
E − Ri est plus grand et que l’inductance propre L du circuit est plus
faible, puisque :
E E–
Ri
di ∆u
------ = -------
dt L

1.4 Surtensions de coupure 0 I i


Si l'arc ne possédait aucune inertie thermique, la caractéristique
dynamique réelle, lors d'une coupure, serait confondue avec la
caractéristique statique (en trait mixte) et, à l'approche du zéro
Nous avons vu au paragraphe 1.1 qu’une coupure trop rapide de courant, on observerait une surtension infinie :
entraînait automatiquement une surtension L di/dt, qui risquait
d’être dangereuse pour le matériel et le personnel. u= P
i
Fort heureusement, l'inertie de l'arc empêche que sa résistance ne
Dans la pratique on s’efforce de provoquer, au début de la cou- croisse infiniment vite :
pure, un allongement aussi rapide que possible de l’arc. Tant que
cette longueur est insuffisante, la caractéristique statique coupe la u = ri
droite E − Ri.
et la tension d'arc passe par un maximum dénommé pointe
d'extinction ; dans cette exemple :
Lorsque la longueur d’arc est devenue suffisante pour autoriser la
coupure, on maintient constante cette longueur d’arc pour limiter la u = 2E
surtension (figure 6). On constate en effet que, pour une large plage Figure 7 – Coupure dynamique en courant continu
de valeurs du courant et pour une longueur d’arc donnée, la tension
d’arc (figure 4) reste sensiblement constante, sauf lorsque le cou-
rant devient très faible.
1.5 Limitation de la valeur maximale
Peu avant l’annulation du courant, on observe effectivement une du courant de court-circuit
surtension dénommée pointe d’extinction, dont la valeur est
d’autant plus grande que l’allongement de l’arc est plus important
(figure 7). ■ Dans la plupart des circuits alimentés en courant continu, l’induc-
tance est importante et la constante de temps du réseau L/R est sou-
On a donc intérêt à concevoir la chambre de coupure de vent un multiple du temps d’ouverture du disjoncteur de protection
l’appareil de telle sorte que la longueur maximale de l’arc soit (L/R représente couramment 10 à 15 ms).
imposée, autorisant la coupure mais limitant la surtension. C’est Si l’ouverture des contacts se produit très rapidement, dès que
sur ces principes que sont réalisés les disjoncteurs BT ainsi que l’on détecte les premiers signes d’apparition d’un défaut, l’interrup-
les disjoncteurs HT utilisés pour la traction électrique à courant tion peut avoir lieu avant que le courant de court-circuit ait atteint sa
continu en 1 500 V. valeur maximale ; on dit que l’appareil se comporte en limiteur.

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Transport d’énergie en courant


continu à haute tension

par Eric JONCQUEL


Ingénieur ENSEEIHT
Ingénieur-Chercheur au département Technologies et Économie des Systèmes
Électriques – EDF Recherche et Développement.

1. Domaine d’application du transport en courant continu............. D 4 761 – 2


2. Conception des stations de conversion à thyristors ..................... — 3
2.1
2.2
2.3
Schéma général ...........................................................................................
Unités de conversion ..................................................................................
Association d’unités de conversion ...........................................................



3
3
4

2.4 Valves à thyristors ....................................................................................... — 5
2.5 Contrôle-commande des unités de conversion ........................................ — 7
2.6 Autres matériels .......................................................................................... — 7
3. Conception des stations de conversion source de tension ......... — 9
3.1 Schéma général ........................................................................................... — 9
3.2 Unité de conversion .................................................................................... — 9
3.3 Disjoncteur principal ................................................................................... — 10
3.4 Transformateur d’interface et réactance de phase ................................... — 10
3.5 Capacité continue ........................................................................................ — 11
3.6 Filtres ............................................................................................................ — 11
3.7 Mise à la terre du point neutre ................................................................... — 11
3.8 Disjoncteur continu rapide ......................................................................... — 11
3.9 Câbles ou lignes .......................................................................................... — 11
4. Conclusion ................................................................................................. — 11
Unités de conversion et liaisons à courant continu ............................... D 4 762
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 763

ne liaison à courant continu est constituée d’une ligne à courant continu


U reliant au moins deux réseaux alternatifs par l’intermédiaire de stations de
conversion.
L’énergie électrique est aujourd’hui produite, transportée et distribuée en cou-
rant alternatif. Ce choix tient à quelques raisons majeures : simplicité de produc-
tion (les alternateurs sont plus simples et plus fiables que les génératrices à
courant continu), facilité de changer de niveau de tension à l’aide de transforma-
teurs, facilité de couper le courant car il s’annule naturellement deux fois par
période.
Cependant, la maîtrise des transferts d’énergie en courant alternatif pose, dans
les réseaux denses, des problèmes de plus en plus ardus à résoudre :
— la répartition des transits d’énergie dans les diverses branches des réseaux
maillés se fait suivant des lois physiques et ne peuvent pas être maîtrisés
facilement ;
— la puissance réactive doit être compensée au plus près de sa consomma-
tion afin de limiter les pertes et les chutes de tension ;
— les réglages de la fréquence et de la phase des alternateurs interconnectés
doivent être coordonnés.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPPU

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© Techniques de l’Ingénieur D 4 761 − 1

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TRANSPORT D’ÉNERGIE EN COURANT CONTINU À HAUTE TENSION ______________________________________________________________________________

Le courant continu pose d’autres problèmes : sa production nécessite le


redressement des ondes de courant alternatif et le changement de tension ne
peut se concevoir qu’au moyen de dispositifs complexes. Dans l’un et l’autre
cas, le recours à une électronique de puissance très coûteuse s’avère nécessaire.
Le problème de la coupure du courant continu est techniquement résolu mais au
prix de procédés sophistiqués et chers.
Il y a toutefois des situations dans lesquelles le courant continu est plus inté-
ressant que le courant alternatif, voire obligatoire.
(0)

Mise à jour de l’article de Alain LE DU, Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité, et


Philippe ADAM, Ingénieur de l’École Centrale de Paris, paru en mars 1992 dans ce traité.

1. Domaine d’application réserve primaire, le foisonnement en cas de décalage des pointes de


consommation, les échanges commerciaux fondés sur des

T du transport en courant
continu
différences tarifaires.

Aperçu historique
■ Liaisons longues souterraines ou sous-marines
Le transport à très haute tension par câbles sous-marins ou sou- Les premières liaisons de transport en courant continu (ex :
terrains constitue une solution toujours très onéreuse à laquelle on Moutiers-Lyon en 1906) ont été réalisées en utilisant des généra-
n’a recours que lorsque le transport par lignes aériennes s’avère trices et moteurs à courant continu connectés en série pour la
impossible. C’est le cas des liaisons sous-marines (alimentation transformation énergie mécanique – énergie électrique.
d’île, raccordement d’une centrale éolienne off-shore, inter- Le courant alternatif a très vite pris l’avantage dans le déve-
connexion de deux réseaux séparés par la mer) et des liaisons sou- loppement des liaisons de transport grâce à l’invention du trans-
terraines dans les zones fortement urbanisées, protégées ou dans formateur, tandis que les recherches se poursuivaient sur des
lesquelles l’opinion publique s’oppose à la construction de nou- moyens statiques de transformation courant alternatif – courant
veaux ouvrages de transport aériens. continu : thyratrons et valves à vapeur de mercure.
Le transport en courant continu permet de réduire notablement le En 1939, une liaison continue de 1 MW est réalisée en Suisse
coût des câbles (il y a un ou deux conducteurs au lieu de trois, la par Brown Bovery utilisant des valves à vapeur de mercure. Vers
tenue de tension est entièrement exploitée, la capacité de transit est 1940, AEG et Siemens réalisent une liaison de 30 MW avec la
exploitée à 100 % grâce à la maîtrise du flux de puissance…). même technologie. Ces réalisations ne convainquent pas en rai-
son de la tension directe supportée par ces valves qui reste trop
Le courant continu permet de s’affranchir des problèmes de faible pour une utilisation pour une liaison de transport.
puissance réactive générée par les câbles en courant alternatif qui En 1954, la technologie des valves à vapeur de mercure a
conduisent à un surdimensionnement, voire à une impossibilité suffisamment mûri pour être utilisée dans la première liaison
technique ; en effet, pour les grandes longueurs, il est nécessaire continue commerciale reliant l’île de Gotland à la Suède. À par-
d’absorber cette puissance parasite dans des postes intermédiaires tir de ce moment, de nombreuses liaisons continues sont réali-
le long du câble, ce qui est fréquemment impossible, en particulier sées, en particulier la première liaison entre France et Grande-
dans les liaisons sous-marines. Bretagne de 160 MW en 1961.
Ainsi, à partir d’une certaine valeur du couple longueur – puissance En 1965, General Electric réalise en laboratoire un thyristor
(ex : 1 000 MW sur 40 km, 200 MW sur 200 km), le transport à cou- (interrupteur statique à fermeture commandable). Cette techno-
rant continu devient compétitif avec le transport en courant alternatif. logie évolue et en 1970, un convertisseur à thyristors est installé
en série avec les convertisseurs de Gotland, en faisant la pre-
■ Lignes aériennes de grande longueur mière installation commerciale utilisant cette technologie. Les
valves à thyristors remplacent alors les valves à vapeur de mer-
L’exploitation de certaines ressources énergétiques naturelles cure dans les nouvelles liaisons ou les rénovations de liaisons
(typiquement l’hydraulique) nécessite un transport d’énergie sur de existantes.
grandes distances vers les centres de consommation. Lorsque la En 1997, la technologie des sources de tension, issue de celle
distance est importante (au-delà d’environ 600 km), le transport à des variateurs de vitesse pour moteurs, évolue vers des ten-
courant continu est souvent la solution la plus économique car le sions plus élevées, la rendant utilisable pour des liaisons de
gain réalisé sur le coût des lignes et des installations de compensa- transport. En 1999, la première liaison commerciale (50 MW) de
tion de puissance réactive dépasse le coût des stations de ce type est réalisée par ABB à Gotland.
conversion aux extrémités. Actuellement, les nouvelles liaisons sont réalisées tant avec la
■ Interconnexions transfrontalières technologie des thyristors qu’avec celle des sources de tension,
souvent en fonction du niveau de puissance.
Lorsque cela est possible (proximité géographique, règles Un tableau du fascicule Doc. D 4 763 donne la liste et les
d’exploitation communes), les réseaux de transports sont inter- caractéristiques principales des liaisons à courant continu dans
connectés en courant alternatif. Ces interconnexions permettent le le Monde.
secours mutuel en cas de perte d’un ouvrage, la mutualisation de la

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D 4 761 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

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_____________________________________________________________________________ TRANSPORT D’ÉNERGIE EN COURANT CONTINU À HAUTE TENSION

Réalisée en courant alternatif, une interconnexion rend les deux défaillante du poste ou du réseau pouvant ainsi être isolée au
réseaux qu’elle relie intimement dépendants, notamment en terme moyen de disjoncteurs (élimination très rapide et automatique
de maintien du synchronisme entre les différentes machines. Le d’une portion en défaut) et de sectionneurs (reconfiguration d’un
transit de puissance sur l’interconnexion est par nature aléatoire et nouveau schéma d’exploitation). Le poste peut aussi comporter
varie autour d’une valeur objectif. Une trop faible capacité d’inter- d’autres transformateurs, s’il assure une fonction annexe de
connexion est techniquement irréaliste, car elle ne peut constituer changement de tension, par exemple, pour alimenter une zone de
un lien synchronisant suffisant, ni supporter des variations aléatoires consommation.
trop importantes. La puissance électrique s’écoule naturellement et
n’est pas contrôlable. Les filtres d’harmonique, les bancs de compensation de
En revanche, le recours au courant continu règle les questions de puissance réactive et les unités de conversion sont raccordés au
stabilité et apporte une dimension de contrôlabilité qui donne beau- même jeu de barres.
coup plus de souplesse à l’exploitation d’une interconnexion inter-
nationale. Le transit de puissance peut, par exemple, être asservi à Des réducteurs de mesure (transformateurs de courant et trans-
un programme d’échange prédéterminé, voire être adapté instanta- formateurs ou réducteurs de tension) délivrent des signaux
nément et automatiquement pour secourir un réseau connaissant nécessaires au comptage de l’énergie, aux protections et aux dispo-
de graves difficultés, sachant que ce secours est limité à la puis- sitifs de contrôle-commande.
sance maximale de la liaison et n’entraînera pas le réseau sain vers
l’instabilité. Un poste à courant continu complète le schéma. Il comporte un
système de lissage du courant continu et de filtrage de la tension
■ Interconnexions entre réseaux asynchrones redressée, et tout l’appareillage nécessaire aux mesures de la ten-
L’interconnexion de deux réseaux asynchrones (fréquences ou sion et du courant ainsi qu’aux connexions des unités de conversion
règles d’exploitation différentes) est impossible en courant alterna- à la ligne à courant continu.


tif. On utilise pour cela des convertisseurs ac/dc/ac dits « dos-à-dos »
(ou back-to-back) qui sont des liaisons continues de longueur négli-
geable (quelques mètres). Ces convertisseurs n’ont pas les mêmes
contraintes que les liaisons, en particulier sur le niveau de tension 2.2 Unités de conversion
continue. Cependant, certaines liaisons continues reliant des
réseaux asynchrones (ex : Itaipu, Troll A) assurent, en plus du trans-
port de puissance, la fonction d’adaptation de fréquence. Le constituant élémentaire d’une station de conversion est l’unité
de conversion, hexaphasée ou dodécaphasée, constituée d’un
■ Augmentation de la capacité de transit
transformateur et d’un ou deux ponts de Graëtz, ainsi que de son
La conversion de lignes de transport existantes en liaisons à cou- équipement de commande et de protection.
rant continu permet d’en augmenter fortement la capacité de transit.
Cela pourrait constituer dans l’avenir, face aux pressions visant à Le transformateur d’une unité de conversion, dont le secondaire
préserver l’environnement, une solution d’ultime recours quand il est raccordé aux bras de convertisseur du pont, assure l’isolement
faut nécessairement augmenter la capacité d’un couloir de lignes galvanique entre le réseau alternatif et la ligne à courant continu. Il
dans une région donnée. réalise également un changement de tension pour fournir au pont
En 2004, environ 70 000 MW sont transportés dans le monde en des tensions alternatives dont l’amplitude permet d’atteindre la ten-
courant continu par une centaine de liaisons. sion continue désirée.

Les unités de conversion hexaphasées ont été d’une utilisation


courante du temps des valves à vapeur de mercure. Depuis
l’avènement du thyristor, on leur préfère les unités dodécaphasées,
2. Conception des stations alimentées par deux systèmes triphasés de tensions déphasés de
30 degrés électriques, ce qui permet de doubler naturellement le
de conversion à thyristors rang des premiers harmoniques produits. Le filtrage des harmoni-
ques produits par la conversion est ainsi simplifié.

Augmenter davantage le rang des premiers harmoniques générés


2.1 Schéma général présente peu d’intérêt dans la mesure où les gains réalisés sur le
coût du filtrage ne compensent pas le surcoût de transformateurs
Schématiquement, l’énergie, sous forme de tensions et de cou- spéciaux conçus pour délivrer des systèmes triphasés de tensions
rants alternatifs à fréquence industrielle, est convertie dans les uni- déphasés de 15 degrés électriques, voire 7,5 ou 3,75…
tés de conversion en énergie sous forme de tension(s) et de courant
redressés. Ce processus s’effectue avec un rendement très proche Indépendamment des transformateurs, une unité de conversion
de l’unité, au prix toutefois de la génération de deux sous-produits dodécaphasée est constituée de deux ponts hexaphasés et se pré-
gênants : sente, dans les installations récentes, sous la forme de trois quadri-
valves enfermées dans un bâtiment dont la qualité de l’atmosphère
— la puissance réactive absorbée par les unités de conversion est surveillée (humidité, poussières). Chaque quadrivalve est consti-
doit être compensée sur place ; tuée de quatre valves à thyristors physiquement superposées et
— les harmoniques générés par les commutations internes aux connectées électriquement en série. Le convertisseur dodécaphasé
unités doivent être filtrés pour ne pas pénétrer dans le réseau alter- présente huit bornes de raccordement. Les bornes d’extrémités des
natif avec une amplitude intolérable. trois quadrivalves d’un même pont sont reliées ensemble et
La figure 1 présente le schéma général d’une station de conver- raccordées à la ligne continue et à la terre, alors que les bornes inter-
sion. Elle comporte un poste à courant alternatif tout à fait conven- médiaires sont connectées aux enroulements secondaires des
tionnel dont la fonction est de raccorder les unités de conversion au transformateurs de conversion.
réseau alternatif. Le poste est organisé en jeux de barres et en tra-
vées ou cellules, de façon à pouvoir effectuer différentes combinai- Une structure quadrivalve peut être posée sur le plancher du bâti-
sons de connexions entre les lignes et les unités de conversion. Cela ment (figure 2) ou encore suspendue au plafond (figure 3) pour
a pour but d’augmenter la fiabilité de l’alimentation, une portion mieux résister aux secousses sismiques, le cas échéant.

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Fonctionnement des liaisons


à courant continu haute tension

par Eric JONCQUEL


Ingénieur de l’ENSEEIHT
Ingénieur-Chercheur au département Technologies et Économie des Systèmes
Électriques – EDF Recherche et Développement

1. Liaisons à convertisseurs à thyristors ............................................... D 4 762 – 2


1.1 Schéma macroscopique d’une liaison ....................................................... — 2
1.2 Réglage......................................................................................................... — 2
1.3 Interactions avec les réseaux à courant alternatif .................................... — 4
2. Liaisons à convertisseurs source de tension ................................... — 9
2.1 Généralités ................................................................................................... — 9
2.2 Réglages et caractéristiques....................................................................... — 9
3. Conclusion ................................................................................................. — 11
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc . D 4 763

ne liaison à courant continu est constituée d’une ligne à courant continu


U reliant au moins deux réseaux alternatifs par l’intermédiaire de stations de
conversion. Deux types de convertisseurs alternatif/continu sont actuellement
utilisés dans les stations de conversion.
Les premiers, apparus dans les années 1970 en remplacement des convertis-
seurs utilisant des valves à vapeur de mercure, sont les convertisseurs à thyris-
tors. Ces convertisseurs sont disponibles sous de grandes puissance et tension
continue (jusqu’à 3 000 MW et 600 kV) ; leur coût s’est stabilisé et ils disposent
d’un bon retour d’expérience. Ils consomment de la puissance réactive, génè-
rent des harmoniques, nécessitent une bonne puissance de court-circuit et sont
sensibles aux creux de tension alternative.
Les seconds, apparus en 1997 et issus de l’industrie des convertisseurs pour
moteurs à vitesse variable, sont les convertisseurs autonomes dit « sources de
tension ». Ces convertisseurs sont disponibles dans une gamme de puissance
moyenne (jusqu’à 350 MW et 150 kV), génèrent des harmoniques HF faciles à fil-
trer et apportent aux réseaux alternatifs des fonctions supplémentaires telles
que le contrôle de la puissance réactive, l’élimination d’harmoniques, l’alimen-
tation de réseaux passifs en contrôlant tension et fréquence. Ils sont sujets à des
pertes Joule supérieures aux convertisseurs à thyristors et sont sensibles aux
courts-circuits continus.
Ce dossier décrit les réglages, caractéristiques, avantages, inconvénients et
fonctionnalités de ces deux types de convertisseurs alternatif/continu que l’on
trouve dans les liaisons à courant continu récentes.
Ce dossier fait suite au [D 4 761] «Transport d’énergie en courant continu à
haute tension ».
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPV

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FONCTIONNEMENT DES LIAISONS À COURANT CONTINU HAUTE TENSION ________________________________________________________________________

1. Liaisons à convertisseurs 1.1.2 Effet de l’empiétement

à thyristors L’empiétement, conséquence de l’inductance non nulle côté alter-


natif, entraîne que les commutations ne sont plus instantanées
comme dans le cas idéal. La fermeture d’un thyristor entraîne
l’ouverture du thyristor suivant non plus immédiatement, mais
1.1 Schéma macroscopique d’une liaison après un temps d’empiétement. On caractérise la durée de l’empié-
tement par l’angle d’empiétement υ. L’empiétement qui est le temps
pendant lequel apparaît la conduction de plus de deux thyristors
Pour plus d’informations, le lecteur se reportera à l’article Convertisseurs statiques – simultanément se traduit par une chute de la tension continue par
Réduction de la puissance réactive et des harmoniques [D 3 210]. rapport à sa valeur idéale.
Les convertisseurs à thyristors dont il est question dans ce Après calculs, on prouve que la tension continue aux bornes des
document sont dodécaphasés, c’est-à-dire qu’ils comportent convertisseurs est de :
12 interrupteurs statiques (p = 12). Cette hypothèse est correcte car
la quasi-totalité des liaisons fonctionnent grâce à des convertisseurs 6X f I d
U dR = U d0R – ---------------
dodécaphasés. π
L’étude du fonctionnement d’une liaison à courant continu ne pour le convertisseur fonctionnant en redresseur,
nécessite pas de revenir sur le fonctionnement précis du pont de
et de :
Graëtz qui en est la brique de base. Les détails concernant ce dernier
sont expliqués dans l’article [D 3 210]. 6X f I d
U d0 = U d0O + ---------------
Une liaison comporte deux convertisseurs dont l’un fonctionne en π


redresseur (transfert de puissance active du réseau alternatif vers la
ligne continue) et l’autre en onduleur (transfert de puissance active pour le convertisseur fonctionnant en onduleur,
dans l’autre sens). Ces deux convertisseurs sont identiques et c’est avec Xf inductance de fuite (une phase, en Ω) du transformateur,
leur angle α de retard à l’amorçage qui déterminera lequel fonc- Id courant continu.
tionne en redresseur (α < 90°) ou en onduleur (α > 90° ou γ < 90°,
avec γ l’angle de garde). La chute de tension due à l’empiétement étant proportionnelle à
l’intensité, elle peut être représentée par une résistance Rc que l’on
appelle « résistance de commutation » :
1.1.1 Schéma des convertisseurs dans le cas idéal 6X f
R c = ---------
π
Dans ce paragraphe, on considère le cas idéal, c’est-à-dire des
inductances nulles côté réseau alternatif. Cette résistance est fictive, c’est un artifice de calcul et elle n’est
donc pas sujette à des pertes par effet Joule. On remarque d’ailleurs
On retiendra de l’article [D 3 210] que le redresseur fournit côté
que la résistance de commutation du convertisseur fonctionnant en
continu une tension redressée de valeur moyenne Ud0R avec :
onduleur est négative, pour tenir compte que, quel que soit le sens
du courant, la tension aux bornes du convertisseur est inférieure à la
6 2 tension interne qui correspond au cas idéal.
U d0R = ----------- U cos α
π

avec U la tension alternative efficace entre phases côté alternatif et 1.1.3 Schéma de la liaison et conventions
α l’angle de retard à l’amorçage. Pour qu’il fonctionne en redresseur,
l’angle α du convertisseur est compris entre 0 et 90°. La figure 2 montre la liaison d’un point de vue macroscopique par
deux sources de tension continue variables reliées par les résistances
De même, l’onduleur fournit côté continu une tension redressée (fictives) de commutation et la résistance (réelle) de la ligne ou du
de valeur moyenne Ud0O avec : câble de liaison. La liaison continue possède deux degrés de liberté
qui sont les angles α et γ , respectivement l’angle de retard à l’amor-
6 2 çage du redresseur et l’angle de garde de l’onduleur.
U d0O = ----------- U cos γ
π

avec U la tension alternative efficace entre phases côté alternatif et γ


l’angle de garde, qui dans le cas idéal est le complémentaire de α à 1.2 Réglage
180° : γ = 180° – α . Pour qu’il fonctionne en onduleur, l’angle γ du
convertisseur est compris entre 0 et 90° (ou α est entre 90 et 180°). 1.2.1 Généralités
La figure 1 montre une représentation macroscopique des conver-
tisseurs idéaux. Le réglage du transit de puissance sur une liaison à courant
continu repose sur la possibilité de régler les tensions de sorties
moyennes du redresseur et de l’onduleur par simple action sur les
angles de retard à l’amorçage de leurs valves.
α γ La liaison possède deux degrés de liberté (les angles α et γ ) ; on
peut donc lui faire réguler deux grandeurs.
Il est primordial de réguler la tension continue pour s’assurer
qu’elle ne dépassera pas la tenue du matériel continu et pour la maxi-
U Ud0R Ud0O U miser de façon à minimiser le courant (donc les pertes) à puissance
donnée. L’un des convertisseurs asservira donc son angle de retard à
Fonctionnement Fonctionnement l’amorçage à la tension mesurée pour la réguler. Si la tension est
en redresseur en onduleur régulée par l’un des convertisseur, étant donné la faible valeur de la
chute de tension résistive dans la ligne ou le câble continu, on peut
Figure 1 – Schéma fonctionnel de convertisseurs idéaux à thyristors considérer la tension régulée sur tout le réseau continu.

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_______________________________________________________________________ FONCTIONNEMENT DES LIAISONS À COURANT CONTINU HAUTE TENSION

Zcc1 Xf1 BL Id L ou C BL Xf2 Zcc2


Up1 Up2

Vd1 Vd2
Us1 Us2
F F
a schéma montrant les constituants de la liaison

Rc1 BL Id R LC BL – Rc2

Vd1 Vd2

b schéma fictif faisant apparaître les résistances de commutation

Vdo1 = 6√2 = 6√2 Us2


π π
6X ∫
Rc1 = π 1

BL bobine de lissage
6X ∫
Rc2 = π 2

F filtre
L ou C ligne ou câble continu

Figure 2 – Schéma macroscopique d’une liaison à courant continu

Le réglage de la puissance, à tension constante, est alors effectué Le convertisseur peut fonctionner dans les modes suivants, dont
par le réglage du courant : la puissance transmise par la liaison à pas tous sont implémentés dans le contrôle-commande :
courant continu est en première approximation le produit du — réglage en fonctionnement redresseur de l’angle d’amorçage
courant redressé imposé par le redresseur par la tension continue à minimal α min : l’amorçage de valves constituées de plusieurs thyris-
l’extrémité onduleur. Comme les angles de retard à l’amorçage tors en série nécessite une tension minimale à leurs bornes, il est
règlent la tension de sortie des convertisseurs, une boucle est ajou- donc primordial de s’assurer que l’angle d’amorçage n’est pas trop
tée qui mesure le courant et le traduit en ordre de variation de la ten- faible ;
sion, c’est-à-dire de l’angle. Si le courant est régulé par l’un des — réglage en fonctionnement onduleur de l’angle d’extinction
convertisseurs, il est régulé sur tout le réseau continu car celui-ci est minimal γ min : si l’angle de garde est trop faible, la moindre varia-
parcouru par un même courant. tion de tension entraînera un défaut de commutation, donc l’arrêt de
la liaison ; il est donc primordial de s’assurer que l’angle de garde
n’est pas trop faible ;
— réglage de la tension continue Ud par l’un des convertisseurs ;
1.2.2 Réglage rapide par les angles — réglage du courant continu Id par l’autre convertisseur (ou les
autres dans le cas d’une liaison multiterminale) ;
— réglage de la tension continue Ud par le convertisseur qui
régule le courant, au cas où la tension dépasserait de beaucoup la
Un convertisseur doit réguler plusieurs de ses paramètres (main- tension nominale ; cette régulation ne se déclenche qu’en cas de
tenir les angles α et γ supérieurs à des seuils donnés : tension et problème (tension > 110 % de sa valeur nominale, par exemple) ;
courant continus dans des plages données) avec une seule variable — réglage du courant continu Id par le convertisseur qui régule la
de commande (α ou γ ), aussi il faut choisir lequel des paramètres tension, au cas où le courant tomberait sous 90 % de sa valeur de
sera régulé. consigne ; cette régulation ne se déclenche qu’en cas de court-circuit
et permet d’en limiter les conséquences.
La façon de procéder classique est de faire fonctionner plusieurs
C’est en général le convertisseur fonctionnant en onduleur qui
régulations en même temps, d’associer à chacune un coefficient de régule la tension continue. La consigne de courant de l’onduleur, qui
pondération et de choisir celle qui est la plus importante pour le n’est sollicitée que lors de défauts, est déduite en retranchant la
système. Ces régulations fonctionnent dans un seul sens en marge de courant de la consigne de courant du redresseur :
général : la régulation d’angle α minimum ne fonctionne que si
l’angle est inférieur à sa valeur minimale, elle est inhibée dans le I cO = I cR – ∆I c
cas contraire.
La marge de courant ∆Ic est une valeur fixe souvent prise égale à
Le choix des coefficients de pondération permet de classer les 10 % de la valeur nominale.
régulations entre celles qui sont importantes et celles qui sont vita- Ce type de réglage nécessite un canal de communication entre les
les pour le convertisseur. Un système de vote (par choix de la régu- deux stations car la consigne de courant de l’onduleur est calculée
lation présentant l’erreur pondérée maximale) permet de placer le en fonction de celle du redresseur.
convertisseur dans le mode approprié pour son bon fonctionne- Les différents modes de fonctionnement sont représentés par des
ment. droites dans le plan (Ud ; Id) de la figure 3.

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FONCTIONNEMENT DES LIAISONS À COURANT CONTINU HAUTE TENSION ________________________________________________________________________

Un point de fonctionnement stable est obtenu si une seule des


Ud stations de conversion règle le courant, toutes les autres réglant leur
Redresseur Onduleur tension de façon à maintenir la puissance au niveau requis. Les sta-
tions dont la puissance convertie est faible doivent nécessairement
M fonctionner avec de grands angles de retard à l’amorçage et con-
somment donc beaucoup de puissance réactive, ce qui constitue un
N
inconvénient notable de ce type de schéma.
Ic Ic
■ Dans la structure parallèle, la tension continue Ud est au contraire
commune à l’ensemble des stations, aux chutes de tension en ligne
0 près.
IcO IcR Id
Un point de fonctionnement défini et stable est obtenu quand une
seule station impose la tension continue, tandis que toutes les
autres règlent le courant qu’elles absorbent ou fournissent au
réseau continu. Le principe de réglage utilisé sur la liaison Sardai-
gne-Corse-Italie, première liaison multiterminale au monde, est une
simple extrapolation à 3 stations de la méthode de réglage utilisée
dans les liaisons point à point (figure 5).

1.2.5 Réglage des stations dos-à-dos

T Une station dos-à-dos comporte les convertisseurs des deux


extrémités de la liaison sur le même site. Son principe de réglage du
transit de puissance est le même que pour une liaison point à point.
En revanche, la proximité du redresseur et de l’onduleur permet de
disposer localement de deux degrés de liberté, l’angle α du redres-
Figure 3 – Liaison à courant continu point à point : principe seur et l’angle γ de l’onduleur, pour régler indépendamment deux
fondamental de réglage grandeurs sur un des réseaux. Ainsi, on peut simultanément régler
la puissance active injectée dans le réseau de l’onduleur et mainte-
nir constante sa tension alternative en ajustant sa puissance réac-
1.2.3 Réglage lent par les régleurs en charge tive. Ce principe est particulièrement intéressant dans le cas où le
réseau de l’onduleur est très impédant.

Le contrôle des angles d’amorçage et de garde permet de faire fonc- Pour obtenir les mêmes performances avec une liaison point à
tionner les convertisseurs de la liaison sur des points particuliers de point, il faut installer des moyens rapides de compensation statique
leurs caractéristiques Ud = f (Id) (figure 3), mais ceci se fait au prix dans la station onduleur ou mettre en œuvre des moyens de télé-
d’une plage de variation très grande de ces angles. Le fonctionnement communications d’une très haute fiabilité et ultrarapides.
à grand angle d’un convertisseur induit des effets indésirables (échauf-
fement des snubbers, consommation de puissance réactive) qu’il faut
limiter. C’est pourquoi un autre réglage coexiste avec celui des angles ;
c’est le contrôle des tensions alternatives en entrée de convertisseur. 1.3 Interactions avec les réseaux
Les transformateurs de convertisseurs sont munis de régleurs en à courant alternatif
charge dont le but est d’adapter la tension alternative secondaire
(celle qui est en entrée de convertisseur) au point de fonctionnement
de consigne de façon à ramener les angles α et γ dans une plage
donnée. Ainsi, les convertisseurs ne fonctionnent à grands angles 1.3.1 Généralités
que pendant les changements brusques de consigne, le temps que
les régleurs ramènent les angles dans les plages nominales. Pour un réseau alternatif, une liaison à courant continu peut être
considérée comme une charge consommant une part notable de la
puissance transitant sur ce réseau ou, au contraire, comme une
1.2.4 Structure et réglage des liaisons source de puissance active dont la contribution à l’alimentation du
multiterminales système alternatif est significative. C’est pourquoi l’intégration har-
monieuse d’un tel ouvrage passe par l’examen des interactions pos-
sibles entre le réseau à courant continu et les réseaux alternatifs, et
Une liaison multiterminale est constituée d’au moins trois sta-
par la mise en œuvre de solutions permettent de maîtriser ces inte-
tions de conversion interconnectées par une même ligne à courant
ractions.
continu. Le problème est d’assurer le réglage de la puissance échan-
gée entre le réseau à courant continu et chacun des réseaux alterna- Une grandeur significative, souvent utilisée pour caractériser le
tifs adjacents, indépendamment des autres réseaux alternatifs, en degré d’interaction entre une liaison à courant continu et le réseau
respectant toutefois la contrainte d’égalité, aux pertes près, de la alternatif adjacent, est le rapport de court-circuit Kcc. Ce rapport est
puissance injectée dans le réseau continu et de la puissance extraite défini comme le quotient de la puissance de court-circuit du réseau
du réseau continu. au point de raccordement de la station au réseau alternatif à la puis-
Le choix du type de réglage dépend fondamentalement de la sance nominale des convertisseurs, soit :
structure du réseau à courant continu : série ou parallèle.
P cc
■ Dans la structure série (figure 4), le courant continu est commun K cc = ---------
à tous les convertisseurs. P dn

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