Professional Documents
Culture Documents
III
Cet ouvrage fait par tie de
Réseaux électriques et applications
(Réf. Internet ti302)
composé de :
fonctionnement au comptage
ingénierie
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
IV
Cet ouvrage fait par tie de
Réseaux électriques et applications
(Réf. Internet ti302)
Alain DOULET
Directeur Prospective à la Direction Réseau et patrimoine d'ERDF, Ancien
Directeur réseau d'ERDF (EDF Réseau Distribution)
Jean-Paul HORSON
Ingénieur de l'Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs Electriciens de
Grenoble, Ancien Attaché auprès du Directeur technique Electricité d'EDF-
Distribution
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VI
Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)
SOMMAIRE
Réglage de tension. Rôles, obligations et organisation du producteur pour les besoins D4096 25
du système électrique en France
automatismes
Réseaux d'interconnexion et de transport : fonctionnement D4091 31
Protection des réseaux de transport et de répartition contre les courts-circuits et les D4801 43
défauts d'isolement
Protection des lignes et des câbles de transport et de répartition D4802 47
Protection des barres et des transformateurs. Apport des techniques numériques D4803 51
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VII
Postes à haute et très haute tensions. Dispositions constructives D4572 83
Postes à haute et très haute tensions. Postes sous enveloppe métallique (PSEM) D4590 99
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)
Q
1– Les grands choix techniques et politiques Réf. Internet page
Réglage de tension. Rôles, obligations et organisation du producteur pour les besoins D4096 25
du système électrique en France
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
Y
Q
QP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPSP
QQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPSP
Q
de la source principale, ce qui devrait conduire à des gains en termes d’inves-
tissement, de matière première et de coûts d’exploitation et à des gains au
niveau du rendement global des divers systèmes énergétiques. De telles
évolutions seraient déjà en germe aux niveaux des engins de transport
(voitures hybrides – réseau de transport en commun...) et des réseaux de dis-
tribution en énergie électrique ou thermique.
Le challenge présentement proposé aux chercheurs et aux ingénieurs réside
dans la mise au point de solutions de stockage adaptées aux demandes variées
des divers secteurs économiques (transports, habitats, industries...).
Le stockage de l’énergie peut répondre à plusieurs problématiques :
– il peut compenser une insuffisance due à un écart entre l’offre et la
demande, ou à un déphasage entre la production et la consommation
d’énergie ; c’est notamment le cas lorsque l’on utilise des énergies renouvela-
bles photovoltaïque ou éolienne. La taille de l’élément de stockage doit être
adaptée en fonction des paramètres de la source et du consommateur ;
– il peut pallier une interruption accidentelle de la fourniture d’énergie ; c’est
le cas notamment dans les applications alimentations de sécurité où la rupture
de la chaîne énergétique ne peut être tolérée sous peine de dégâts irrépara-
bles, par exemple, des salles d’opérations, des salles de commande de certains
process industriels ou de centres de décisions stratégiques ;
– il peut conduire à une baisse de la consommation énergétique dans toutes
les applications de type cyclique où il est nécessaire de dépenser de l’énergie
pour mettre des véhicules en mouvement et où une partie de cette énergie
peut être récupérée dans la phase de décélération du véhicule.
Dans ce dossier, nous présentons un composant de stockage d’énergie élec-
trique, le volant d’inertie, qui est un dispositif symétrique tournant autour d’un
axe de révolution, ayant le plus souvent une forme discoïdale ou cylindrique,
capable de stocker et de restituer de l’énergie sous forme d’énergie cinétique.
Le fait que des masses tournantes puissent emmagasiner et restituer de
l’énergie a été observé et utilisé par les artisans potiers de Mésopotamie il y a
environ 5 500 ans. Le premier brevet sur le volant d’inertie déposé par Louis
Guillaume Perreaux de l’Orne datait du 26 décembre 1868. Ce dispositif per-
mettait d’accumuler de l’énergie dans le but de lisser un mouvement de
rotation, il était utilisé plus tard pour le vélocipède à vapeur.
Nous décrivons un volant d’inertie en partant de son principe physique et
traitons ensuite la façon de concevoir un système inertiel de stockage
d’énergie électrique. Nous abordons également les aspects de son dimension-
nement, le choix des matériaux utilisés et les différents constituants pour sa
fabrication. Nous terminons par des exemples d’utilisations des volants
d’inertie dans les domaines des applications stationnaires et embarquées.
Notations Notations
E Pa module d’Young ε allongement relatif
u m déplacement Indices
r : direction radiale
σ Pa contrainte t : direction circonférentielle
QR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPSP
1. Composants de stockage
Q
NiCd
1.1 Comparaison des caractéristiques
10 s
des composants de stockage 10 Pb
Volant d’inertie
Le diagramme de Ragone représenté figure 1 [53] permet de Capacité double couche 1s
situer les composants de stockage d’énergie électrique les uns par 1
rapport aux autres, en termes de densité d’énergie spécifique et de
Supercondensateur 0,1 s
densité de puissance spécifique. Il apparaît que le supercondensa-
teur est bien adapté pour fonctionner en régime impulsionnel 0,1
(forte à très forte puissance pendant des temps très courts d’où
une énergie relativement faible).
0,01
10 100 1 000 10 000
Par définition, la densité massique, ou énergie spécifique, est Puissance spécifique (W/kg)
une des caractéristiques importantes d’un accumulateur ; elle
correspond à la quantité d’énergie (Wh/kg) qu’il peut restituer Les temps indiqués sont les temps de charge/décharge
par rapport à sa masse.
On peut utiliser aussi la densité volumique, ou densité Figure 1 – Diagramme de Ragone [53]
d'énergie qui correspond à la quantité d’énergie (Wh/m3) qu’il
peut restituer par rapport à son volume.
La puissance massique, ou puissance spécifique, correspond Tableau 1 – Choix potentiels
à la puissance rapportée à la masse de l’accumulateur, et des différents composants de stockage d’énergie
s’exprime en Watt par kilogramme (W/kg). électrique selon la durée du cycle
et les applications visées [8]
QS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPSP
Aluminium
1 800
400
7 800
2 700
32
21
1
Ec = J (ω max
2 − ω min
2 )
h
2
Dans le cas d’un anneau tournant de rayon R, la masse est On note toutefois que, contrairement aux matériaux métalliques,
concentrée sur l’anneau et le moment d’inertie s’écrit : qui présentent des caractéristiques homogènes indépendantes de
la direction de la contrainte subie, les matériaux composites
J = mR 2 présentent leurs meilleures caractéristiques mécaniques dans la
direction des fibres, les caractéristiques mécaniques dans les
En substituant cette expression dans l’équation de l’énergie, on directions transverses étant beaucoup plus faibles.
obtient :
1
Ec = mR 2ω 2
2 2.2 Équation différentielle de base
montrant que l’énergie dépend de la masse linéairement et de la
d’un disque en rotation
vitesse de rotation ω au carré. La contrainte dans l’anneau en
rotation est donnée par : Le paragraphe 2.1 a abordé quelques considérations théoriques
sur l’énergie emmagasinée dans un anneau en rotation. Mais les
σ = ρω 2 R 2 volants d’inertie se présentent sous la forme de disques épais et
leur dimensionnement mécanique est plus complexe. Les
avec ρ masse volumique du matériau. méthodes d’analyse par éléments finis s’appliquent bien entendu.
Si σmax est la contrainte maximale admissible du matériau,
l’énergie cinétique s’écrit : Dans ce paragraphe vont être donnés des éléments de dimen-
sionnement analytique permettant une première étude, tant en
1 σ max matériaux homogènes (métaux) que composites (anisotropes).
Ec = m
2 ρ La relation d’équilibre d’un disque en rotation en fonction des
Ec σ max contraintes et de l’effort appliqué est représentée figure 2 [11]. Elle
= peut s’écrire selon l’équation suivante (r : direction radiale ; t direc-
m 2ρ
tion circonférentielle) :
Cette relation indique que l’énergie spécifique (rapportée à la
masse) emmagasinée est d’autant plus importante que la
contrainte maximale admissible est élevée et la densité du dϕ
(σ r + dσ r )(r + dr )dϕ − σ r r dϕ − 2σ t dr sin + ρω 2 hr 2 dϕ = 0
matériau faible comme le montre le tableau 3. 2
QT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPSP
Contrainte (MPa)
dσ r σ r − σ t
+ = − ρω 2 r
dr r 700
Q
Si u est le déplacement dans le sens radial, on a les relations : 500
u du Contrainte
εt = et εr = 400 circonférentielle
r dr
300
12,00
d2 u 1 du u 1− ν 2
+ − =− ρω 2 r
dr 2 r dr r 2 E
10,00
Dont la solution est :
Espec
µ 1 − ν 2 ρω 2 r 3 8,00
u = λr + −
r E 8
avec λ et µ constantes à déterminer. 6,00
Énergie totale (kWh)
Une application à un disque en rotation est représentée figure 3. augmente. Plus le disque est étroit, plus l’énergie spécifique est
Elle fournit la variation des contraintes circonférencielles (en élevée mais l’énergie emmagasinée diminue jusqu’à zéro.
continu) et radiales (en tiretés), en MPa, dans l’épaisseur d’un
disque de rayon extérieur 0,6 m, intérieur de 0,3 m, et tournant à
une vitesse de 500 rad/s. On constate que, contrairement à ce que 2.4 Résolution en matériaux anisotropes
l’on pourrait penser intuitivement, la contrainte circonférentielle
maximale se situe sur le rayon intérieur du disque. La relation contrainte-déformation s’écrit alors, compte tenu
La figure 4 présente l’énergie spécifique (en tiretés) et l’énergie d’une contrainte nulle suivant l’axe de rotation :
totale (en continu) pour un disque en acier en rotation de rayon
extérieur 0,6 m, rayon intérieur variant de 0 à 0,6 m, de 10 cm 1 − νtr
épaisseur, dont la contrainte maximale à la rupture est de Et σ r
εr E r
600 MPa. =
εt − νrt 1 σt
On note que plus le disque est plein (à 0 m le disque est plein),
plus l’énergie spécifique est faible, mais l’énergie emmagasinée Er Et
QU
Q
QV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPXU
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 085 − 1
QW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPXU
et des lignes transfrontalières. Les capacités sont limitées car le réseau européen
interconnecté en synchrone n’a été conçu que pour des transferts d’énergie
entre proches voisins. Les nouvelles contraintes environnementales et l’opinion
publique ne facilitent pas non plus la construction de nouveaux ouvrages pour
renforcer les équipements existants.
Il s’agit donc pour les gestionnaires de réseaux d’imaginer des solutions à ces
Q
transferts d’énergie par-delà les frontières, qui limitent les refus d’accès au
réseau pour des importations, des exportations et des transits, dans la limite de
sûreté d’exploitation des réseaux.
Pour faire face au manque de capacités transfrontalières, les GRT développent
en conséquence des mécanismes d’attribution de ces capacités de transfert.
Ce sujet a fait l’objet d’une publication dans la Revue de l’Électricité et de l’Électronique [9]
1. Les interconnexions
(0)
■ Il y a une dizaine d’années, le monde des exploitants de réseaux GRT Gestionnaire de réseau de transport
de transport européens croisait soudainement le chemin de la Com- IFA Interconnector Framework Agreement
mission de Bruxelles. Le 21 mai 1992, le Conseil des ministres euro-
NG National Grid (GB)
péens de l’Énergie débattait de trois mesures proposées par la
Commission visant à accroître l’efficacité économique d’ensemble NORDEL Nordic Electric Power (F, SV, NO, DK)
du secteur électrique dans la Communauté : REE Red Electrica de España (E)
— l’accès des tiers au réseau ; RTE Réseau de transport d’électricité (F)
— l’abrogation des droits exclusifs de production d’énergie et de
construction des moyens de transport existant dans les législations UCTE Union pour la coordination du transport de l’électricité
nationales ; UCPTE Union pour la coordination de la production et du transport
— la séparation des activités de production, de distribution et de de l’électricité (plus ancien que UCTE)
transport.
Il est instructif de se reporter à cette année 1992 pour mesurer
quelle effervescence saisissait alors tout ce qui touchait aux réseaux Par ailleurs, comment pourrait-on faire fonctionner un système
électriques européens. À côté des questions soulevées par la Com- électrique qui, de proche en proche, serait susceptible d’atteindre
mission européenne, dont chacun essayait de peser les une taille quasiment planétaire ? La question se posait tant sur le
répercussions sur l’organisation et le fonctionnement des systèmes plan technique que sur le plan de l’organisation : certains pensaient
électriques, et à côté des interrogations sur le devenir de modèles qu’il serait nécessaire de recourir à des « super-dispatching »,
inspirés du nouveau pool anglais, l’extension géographique de regroupant la conduite des réseaux de plusieurs pays, tout en ima-
l’interconnexion synchrone était en plein débat. Alors que la zone ginant l’avantage décisif que pourrait en retirer le pays accueillant le
européenne interconnectée en synchrone était restée relativement super-dispatching ; et tout le monde s’interrogeait pour savoir com-
stable depuis 30 ans, la disparition du rideau de fer changeait com- ment les différents acteurs pourraient s’organiser, face à la juxtapo-
plètement la donne. Les perspectives d’interconnexion de l’Est et de sition de cultures multiples et face au dilemme coopération/
l’Ouest se dessinaient, et l’on pressentait aussi que le synchronisme concurrence.
pourrait s’étendre également rapidement vers le sud à travers le
Simultanément, différents scénarios s’échafaudaient sur les types
détroit de Gibraltar puis tout autour de la Méditerranée (voir
d’échanges d’électricité qui se produiraient dans ce nouveau pay-
figure 1).
sage interconnecté : la répartition de la production et de la consom-
Nota : interconnection synchrone signifie que les réseaux ont même fréquence et même
tension.
mation continuerait-elle grosso modo à rester relativement
homogène, ou bien connaîtrait-on des transferts massifs d’énergie
Une telle extension n’était pas sans poser de nombreux problèmes entre des zones de production et des zones de consommation éloi-
pratiques. gnées de plusieurs milliers de kilomètres ? Ceci amenait l’interroga-
En premier lieu, les perspectives d’interconnexion accrue tion fondamentale : l’électricité était-elle bien le vecteur d’énergie
s’ouvraient paradoxalement à un moment où il devenait extrême- approprié pour les échanges futurs ?
ment difficile de faire accepter la construction de nouvelles lignes de
transport. En supposant cependant que de nouveaux ouvrages ■ En réponse à ces interrogations, le présent article vise à donner
d’interconnexion puissent être construits, on cherchait aussi à en quelques aperçus sur la façon dont la communauté des électriciens
dessiner la meilleure structure : fallait-il s’appuyer sur un dévelop- a su répondre à ce rendez-vous pris par l’histoire. Dix ans après,
pement à l’identique du niveau de tension à 400 kV, ou plutôt entre- force est de constater quelques faits :
prendre la construction d’un réseau européen à plus haute tension, • L’extension géographique du réseau synchrone s’est débloquée,
pour lequel on trouvait à la fois des tenants de la solution à courant comme le montre l’interconnexion des pays du CENTREL (Pologne,
alternatif et de la solution à courant continu ? République tchèque, Slovaquie et Hongrie) et celle de l’Espagne et
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 085 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPXU
Q
70 GW
120 GW
350 GW
# 4 000 km
ZONES AU SYNCHRONISME UCTE : deux zones séparées suite aux événements politiques en Bosnie-Herzégovine en 1992
Les réseaux bulgare et roumain sont en phase de tests d'interconnexion
des pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), en passe de se • Le paysage de l’interconnexion européenne a radicalement
prolonger à court terme autour de la Méditerranée jusqu’à la ferme- changé avec l’application de la directive européenne sur l’ouverture
ture de la boucle entre la Turquie et la Grèce (voir encadré 1) ; pour du marché de l’énergie, avec l’émergence du rôle essentiel des
cela, les pays concernés ont su s’accorder sur les dispositions gestionnaires de réseau de transport pour garantir l’efficacité et
d’adaptation nécessaires et sur les tests à mettre en œuvre. l’équité d’accès au réseau.
• Le paysage des échanges d’énergie effectués grâce au réseau • Il n’a été nécessaire de recourir ni à des super-réseaux ni à des
électrique a considérablement évolué, avec un certain accroisse- super-dispatchings.
ment des niveaux d’échanges et une diversification des types
d’échanges, et surtout avec l’irruption de très nombreux nouveaux • Certes, de nombreux défis restent à relever, mais pour reprendre
acteurs. la célèbre formule des Anglais : « the lights still go on ! ».
• Des débuts de solutions opératoires ont été trouvés pour arriver C’est l’ensemble de ce panorama que nous nous proposons de
à faire fonctionner ensemble des organisations très différentes. brosser dans la suite de cet article.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 085 − 3
QY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPXU
Q
Les historiens de l’électricité [1] datent de 1906 la première
ligne électrique traversant une frontière française ; les consom- ■ Il n’est pas si facile de dessiner un paysage incontestable des
mateurs de la ville de Morteau (dans le Jura français) et les avantages et des inconvénients de l’interconnexion synchrone, dans
forces motrices de Saint-Imier (en Suisse) jugent alors écono- une Europe de l’Ouest où ceci constitue un cadre naturel depuis si
miquement préférable de traverser la frontière pour trouver un longtemps. On conçoit mieux la difficulté d’un tel questionnement si
partenaire plutôt que de devoir construire des lignes plus lon- l’on essaie de se mettre à la place de pays confrontés aujourd’hui à
gues sur leur réseau national. l’examen de l’opportunité d’un raccordement à d’autres réseaux, ou
bien de vastes pays comme la Chine qui doivent déterminer le mode
optimal de développement de leur réseau.
En suivant cet exemple, il se construit progressivement des
lignes à travers des frontières, pour relier des régions. Il est encore plus difficile d’estimer, après coup, de façon quanti-
tative les avantages liés à l’interconnexion. L’UCTE (Union pour la
coordination du transport de l’électricité), qui a mené des travaux
Simultanément, le maillage du réseau progresse à l’intérieur
sur ce sujet de 1995 à 1997, en a bien saisi la mesure. En effet, une
de chaque pays, et les lignes « internationales » posent à cet
telle évaluation suppose que l’on puisse procéder à une comparai-
égard des questions techniques d’un type nouveau. En effet, il
son de la situation réelle existante avec une situation de référence
reste des problèmes à résoudre pour que des grands réseaux
sans interconnexion. Mais comment raisonner ? Ouvrir de façon fic-
puissent être interconnectés de façon synchrone, les techniques
tive les lignes d’interconnexion internationales existantes, pour en
proposées pour le réglage de puissance n’obtenant pas un
déduire comment se modifieraient les avantages quantitatifs ? Ou
consensus. C’est pourquoi la pratique est alors d’utiliser les
bien se tourner vers le passé et essayer d’imaginer ce qu’aurait été
lignes transfrontalières en constituant des « antennes » ou des
le développement de systèmes électriques nationaux sans aucune
« poches » : soit l’extrémité productrice est séparée de son
interconnexion ?
réseau national pour être raccordée au réseau national de
l’extrémité consommatrice, soit une petite partie du réseau voi- Sur le plan historique, il est fort probable que le développement
sin est alimentée par la première zone. On trouve donc concrè- d’un réseau à très haute tension synchrone ne s’est pas fait en se
tement des blocs synchrones isolés, certains traversant des posant immédiatement la question de connexions entre pays. Ce
frontières. Ainsi en 1949, il existe cinq systèmes électriques qui comptait, c’était de pouvoir raccorder des groupes de produc-
principaux en Europe de l’Ouest, non synchrones entre eux. tion construits en fonction de ressources énergétiques (essentielle-
ment, des centrales hydroélectriques) à des zones de consom-
Cette technique de « poche » trouve cependant rapidement mation. Pour franchir les distances, le transport à courant alternatif
ses limites. Pour aller un peu plus loin, il commence à se pro- s’est vite imposé en Europe. Ensuite, les effets de rendement ayant
duire des interconnexions en chaînes de pays (ainsi, en 1956, conduit à l’augmentation de la taille unitaire des groupes de produc-
avec la France, l’Espagne et le Portugal). Mais ce n’est qu’une tion, tandis que la consommation restait relativement diffuse, le
réponse partielle : par exemple, elle ne résout pas le problème réseau de transport s’est progressivement développé. Le maillage
de la Suisse, qui en est à devoir faire coexister trois synchro- du réseau a ainsi permis de répondre à l’un des problèmes posés
nismes différents sur son territoire pour être capable de faire par l’électricité, à savoir que celle-ci se stocke peu (du moins, vis-à-
des échanges simultanément avec la France, l’Allemagne et vis des niveaux de production et de consommation qui sont en jeu).
l’Italie.
En suivant cette logique, on a pu voir se développer progressive-
ment en Europe des réseaux de transport isolés, où le maillage
C’est pourquoi les trois réseaux suisse, français et allemand interne s’accroissait progressivement ainsi que le niveau de tension
sont couplés, d’abord en 1956 pour former une étoile autour de [1] (voir encadré 1). Petit à petit sont apparues également quelques
la région de Bâle, puis un an plus tard en refermant d’autres lignes d’interconnexion traversant les frontières, mais il s’agissait
couplages après s’être assuré que les nouveaux principes de de pouvoir relier des régions transfrontalières afin de favoriser des
réglage fréquence-puissance inventés fonctionnent bien. Petit à échanges production-consommation entre régions locales proches,
petit, le couplage synchrone s’étend. En 1960, dix pays sont suivant un fonctionnement dit « en poche ». Cette technique, initia-
interconnectés : Suisse, France, Allemagne, Espagne, Portugal, lement commode, a posé par la suite de plus en plus de problèmes
Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Autriche et Italie. Ce bloc syn- du fait de son manque de souplesse, et a alors été considérée
chrone, régi selon les recommandations de l’UCPTE (Union comme un obstacle à la fluidité d’échanges entre partenaires inté-
pour la coordination de la production et du transport de l’électri- ressés. Le couplage en synchrone des différents réseaux préexis-
cité), est rejoint une quinzaine d’années plus tard par la Yougos- tants, rendu possible par les progrès en matière de réglage des
lavie et la Grèce, puis par l’Albanie. réseaux qui permettaient de lever les problèmes techniques inhé-
rents au fonctionnement en synchrone d’un grand réseau [1] [2] [3],
s’est alors progressivement réalisé à partir de 1958.
Il faudra ensuite attendre 1995 pour aboutir au raccordement
permanent en synchrone des pays constituant le CENTREL
(Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie), ainsi qu’à la ■ En s’appuyant sur cette esquisse rapide, on peut énumérer les
jonction de l’Espagne et du Maroc en 1999. avantages de l’interconnexion, et plus spécialement de l’intercon-
nexion synchrone :
La procédure de tests est en cours pour le raccordement de la • Le développement des échanges transfrontaliers ; cet aspect,
Bulgarie et de la Roumanie. qui sera développé très largement dans les paragraphes 3 et 4, est
un moteur principal de l’expansion de la zone géographique d’inter-
connexion.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 085 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
RP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYU
Réglage de la fréquence
dans un environnement libéralisé :
pratique en France
Q
par Étienne MONNOT
Ingénieur-Chercheur
EDF R&D – Département Économie, Fonctionnement et Études des Systèmes Énergétiques
Yann REBOURS
Ingénieur-Chercheur
EDF R&D – Département Économie, Fonctionnement et Études des Systèmes Énergétiques
et Stefan STERPU
Ingénieur-Chercheur
EDF R&D – Département Économie, Fonctionnement et Études des Systèmes Énergétiques
RQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYU
RR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYU
1. Contexte européen DK
et définitions essentielles
PB
1.1 UCTE, ETSO & ENTSO-E BE AL PL
Q
Jusqu’en 2009, l’ensemble des GRT de la zone synchrone CZ
continentale européenne était représenté par l’UCTE. Cette organi- FR
SK
sation avait pour rôle de coordonner l’ensemble des réseaux de CH AU
HU
transport nationaux, qui représentaient plus de 500 millions de PO IT SL HR
consommateurs répartis dans 24 pays et gérés par 34 GRT RO
(figure 1). Bien que synchronisés avec les pays membres de ES BH SB
l’UCTE, les systèmes électriques de l’Albanie et du Maghreb béné- MN KO BG
ficiaient d’un statut particulier. L’UCTE se focalisait essentiellement MC
sur la coopération technique entre les différents acteurs du sys- AB
tème électrique. L’organisation des marchés était donc laissée à GR
MA
l’initiative d’autres entités, notamment ETSO. En particulier, AG
TN
l’UCTE recommandait des performances techniques à respecter
par les contributeurs aux réglages de fréquence et de tension. Ces
pays membres de l’UCTE pays partenaires
recommandations sont décrites en détail dans l’UCTE Operation
Handbook [1] et sont devenues contractuelles pour les GRT depuis
2005. Les recommandations de l’UCTE sont toujours en vigueur. Figure 1 – UCTE : zone synchrone continentale européenne en 2009
(doc. site de l’ENTSO-E)
Elles ont pour vocation, à terme, de devenir les standards euro-
péens en termes d’exploitation du système électrique continental.
RS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYU
Q
dimensionnant de l’UCTE
49,2
1.4 Réglage primaire
49,0 1er cran de délestage automatique
Régulation ∆f K ∆P
simplifiée : e–τ·s
1+T·s
RT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYV
Réglage de tension
Rôles, obligations et organisation
du producteur pour les besoins Q
du système électrique en France
RU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYV
RV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYV
V
Tension d’excitation
Valeur nominale efficace de la tension
entre phases
1.2 Puissance réactive
Q
Valeur efficace de la tension entre Les notions de puissance dans les réseaux triphasés ont été pré-
Ur V
phases au point de livraison sentées dans [D 4 300]. Nous rappellerons simplement ici que la
Us V Valeur efficace de la tension stator puissance réactive bien qu’homogène à des watts s’exprime en
voltampères réactifs (var) pour la distinguer de la puissance active.
V V Valeur efficace de la tension simple
La puissance réactive dans un système triphasé est donnée par
Vp V Tension mesurée au point pilote l’expression :
Vc V Tension de consigne au point pilote
Uo V Consigne de tension stator Q = 3U I sinϕ
X Ω Réactance
La puissance réactive apparaît lorsqu’il existe un déphasage
Xd Ω Réactance synchrone de l’alternateur entre la tension et le courant qui traverse le récepteur, c’est-à-dire
XHTB/HTA Ω Réactance du transformateur HTB/HTA lorsque celui-ci comporte des inductances ou des condensateurs
XHTA/BT Ω Réactance du transformateur HTA/BT en régime sinusoïdal. Elle caractérise l’existence d’une
composante de courant qui ne donne lieu à aucun échange de
ϕ degré (o) Déphasage tension courant puissance moyenne mais qui occasionne des pertes et des chutes
de tension.
δ degré ( o) Angle interne
Niveau de participation en réactif
k Niveau Une inductance consomme de l’énergie réactive (la
(Réglage secondaire de tension)
puissance réactive correspondante est positive ou reçue du
réseau) et un condensateur fournit de l’énergie réactive au
réseau (la puissance réactive correspondante est négative).
1. Réglage de la tension
et de la puissance réactive Nota : les considérations précédentes sont celles utilisées usuellement. Dans le cas
général, avec des charges non linéaires et/ou discontinues, on fait apparaître la notion de
charge déformante D telle que : S = P 2 +Q 2 + D 2 . Cette notion ne sera pas abordée
dans ce qui suit.
1.1 Pourquoi régler la tension
La tension est un paramètre local du réseau électrique dont la
valeur fluctue par nature. Elle est d’abord affectée par des variations
1.3 Couple tension réactif
lentes et générales liées aux cycles d’évolution saisonnière, hebdo- La tension en un point du réseau est fonction, d’une part, des
madaire et quotidienne de la consommation. Elle subit aussi des forces électromotrices des générateurs qui y sont raccordés et,
variations rapides liées à de multiples aléas : fluctuations aléatoires d’autre part, des chutes de tension dans les divers éléments du
des charges, changements de topologie du réseau, déclenchements réseau (machines, transformateurs, lignes, etc.).
d’ouvrages de transport ou de groupes de production.
Il est montré dans [D 4 300] que, pour un réseau triphasé, l’écart
Le réglage de la tension aux différents endroits du réseau de tension peut être approché par la relation :
s’avère donc être une nécessité pour :
– exploiter au mieux le réseau en assurant sa sûreté. Le réglage RP + XQ
de la tension permet d’éviter les phénomènes d’écroulement de ∆U = U1 − U 2 = (1)
U2
tension qui peuvent entraîner des black-out [D 4 090] ;
– maintenir la tension d’alimentation des clients dans les plages La diminution de la chute de tension entre deux sommets d’un
contractuelles. Pour les clients et les distributeurs, chaque contrat réseau passe ainsi par une réduction de la somme RP + XQ et une
de fourniture définit la tension nominale de raccordement ainsi augmentation de la tension U d’exploitation. Pour un réseau de
que la plage de variation acceptée autour de cette valeur ; transport, dans lequel la résistance des lignes HTB est négligeable
– respecter les contraintes de fonctionnement des matériels. Le par rapport à la réactance (X 艋 10 R ) la relation (1) devient :
matériel raccordé au réseau est défini pour un point de fonctionne-
ment nominal, et des variations trop importantes de tension à ses XQ
bornes peuvent dégrader ou générer un vieillissement prématuré ∆U = (2)
U2
du matériel. Des tensions trop hautes entraînent le vieillissement
ou la destruction des matériels raccordés, des tensions trop basses C’est donc, de façon prépondérante, la circulation de puissance
provoquent des surcharges dans les lignes, perturbent le bon fonc- réactive qui crée les chutes de tension dans une ligne HTB. La ten-
tionnement de certaines protections et des régleurs en charge des sion et la puissance réactive sont donc des grandeurs très liées.
transformateurs ; Ainsi, la puissance réactive « se transporte » mal et au-delà d’une
– le producteur. La tension doit aussi être maintenue dans une certaine distance, la puissance réactive fournie par les alternateurs
plage qui soit acceptable pour les installations auxiliaires et afin de ou les condensateurs ne peut pas parvenir jusqu’à l’endroit où elle
garantir la stabilité de l’alternateur principal, faute de quoi, les est nécessaire.
RW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYV
Pour régler la tension sur un réseau, il faut donc maîtriser le production de puissance réactive, aux variations de la tension
transit de la puissance réactive dans les ouvrages du réseau de consécutives à de faibles variations de puissance réactive appelées
transport. Pour réaliser cet objectif, il faut donc compenser la par les consommateurs ou dues à des défauts éloignés ou des
puissance réactive : manœuvres sur le réseau. Cette action est disponible tant que
– au plus près des charges essentiellement consommatrices de l’alternateur n’a pas atteint ses limites de fonctionnement.
puissance réactive ;
– des réseaux de transport et de distribution qui peuvent
■ Le réglage secondaire de tension
produire ou consommer de la puissance réactive selon l’état de L’objectif du réglage secondaire est de coordonner automatique-
Q charge du réseau.
Comme les moyens de compensation statiques en réseau ou
chez les clients sont souvent insuffisants et de moindre
ment les actions des régulateurs primaires de tension des groupes
de façon à assurer au mieux l’équilibre global production-consom-
mation d’énergie réactive. Il permet ainsi de reconstituer des réser-
performances (réglages lents et discontinus), le réglage continu et ves de réactif lorsque, sous l’action du réglage primaire, un groupe
dynamique des groupes de production est donc indispensable est arrivé en butée de réactif, ou de suivre les fluctuations de
pour la tenue de la tension sur le réseau de transport. grande amplitude mais généralement lente de la tension (dues par
exemple aux variations de la charge dans la journée), tout en
Pour augmenter la capacité de transit des lignes existantes et conservant à tout instant une bonne répartition de la production
améliorer la sûreté du réseau et la qualité de l’électricité acheminée, réactive (figure 1).
il est donc conseillé de :
Le contrôle du plan de tension ne peut être assuré que si l’on res-
– produire ou consommer la puissance réactive là où elle est
pecte des équilibres locaux production-consommation d’énergie
consommée ou produite (alternateurs, compensateurs synchrones,
réactive ; aussi la mise en pratique du réglage secondaire
condensateurs, inductances, FACTS pour Flexible Alernative
repose-t-elle sur une division du réseau en zones. Dans chaque zone
Current Transmission System) ;
est choisi un « point pilote ». Les zones et les points pilotes sont
– maintenir un niveau de tension constant en un maximum de
déterminés de telle sorte que, si la tension est tenue au point pilote,
points du réseau (alternateurs, FACTS, régleurs en charge) ;
la tension en tout point de la zone associée reste dans les limites
– compenser les impédances des lignes de transport (FACTS,
acceptables en exploitation normale avec des zones indépendantes.
inductances, condensateurs).
À chaque zone sont associés un certain nombre de groupes dont la
production de réactif agit de façon significative sur la tension de la
zone. Le principe du réglage consiste à élaborer automatiquement
une correction de la valeur de consigne des régulateurs primaires
2. Structuration de ces groupes à partir d’une mesure de la variation de tension au
du réglage en France point pilote. En outre, l’action sur les groupes est réalisée de façon à
répartir équitablement les sollicitations entre les différents groupes
de la zone. La dynamique du réglage secondaire est assez lente (de
Le réglage de tension en France est organisé selon une structure l’ordre de quelques minutes) de façon à éviter les interactions entre
hiérarchique à trois niveaux. le réglage primaire et le réglage secondaire et à diminuer les
contraintes sur les groupes. Deux réglages sont adoptés aujourd’hui
■ Le réglage primaire de tension sur le réseau français, le réglage secondaire de tension (RST) ou le
Les seules sources de tension du réseau de transport sont réglage secondaire coordonné de tension (RSCT) pour la zone
constituées par les alternateurs, qui sont équipés d’un régulateur ouest. Le RSCT est plus performant que le RST. Son algorithme uti-
de tension. Le régulateur primaire de tension (en anglais Automa- lise un ensemble de points pilotes ainsi que des points sensibles et
tic Voltage Regulator, ou AVR) maintient automatiquement la ten- intègre les limites de fonctionnement desalternateurs de la zone. La
sion aux bornes du stator de l’alternateur constante et égale à une coordination des alternateurs est optimisée, ce qui permet un temps
valeur de consigne, par action sur la tension d’excitation qui de réponse plus rapide et une meilleure précision tout en intégrant
commande le courant rotor de la machine. Pour plus de renseigne- les performances des différents alternateurs.
ments sur les différents systèmes d’excitation existants on peut se Il est à souligner que le réglage secondaire de tension n’est pas
reporter à [D 3 545]. en exploitation dans tous les pays. Ce réglage est parfois réalisé
La constante de temps de ce réglage est de l’ordre de plusieurs- « manuellement » par les opérateurs du réseau en complément du
dixièmes de seconde. L’alternateur réagit ainsi, en modifiant sa réglage tertiaire.
Jeu de barres
Transmission de la tension du point pilote Vp
pilote
Participation
réactif produit par le groupe
Boucle
Consigne Régulateur en
de zone réactif
Vc
Uex
Régulateur
Consigne V0
Dispatching Niveau primaire
régional k de tension
tension stator U
RX
Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)
automatismes
Réseaux d'interconnexion et de transport : fonctionnement D4091 31
Protection des réseaux de transport et de répartition contre les courts-circuits et les D4801 43
défauts d'isolement
Protection des lignes et des câbles de transport et de répartition D4802 47
Protection des barres et des transformateurs. Apport des techniques numériques D4803 51
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
RY
R
SP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYQ
Réseaux d’interconnexion
et de transport : fonctionnement
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 091 − 1
SQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYQ
R
1. Problématique Les réseaux THT jouent un rôle très important pour respecter ces
contraintes car :
du fonctionnement — les références de tension, qui vont conditionner l’ensemble du
des réseaux plan de tension dans le réseau, sont fixées, pour l’essentiel, par les
groupes de production raccordés aux réseaux THT ;
— la fréquence est, de même, fixée par ces groupes de produc-
tion qui doivent rester synchrones en régime permanent ;
Les réseaux de transport et d’interconnexion à très haute tension
(THT) assurent la liaison entre les centres de production et les gran- — la sécurité d’alimentation des grands centres de consomma-
des zones de consommation. Ils permettent d’acheminer, là où elle tion dépend très fortement de la structure des réseaux de transport.
est consommée, l’énergie produite à un instant donné. Ils permet-
tent aussi, d’échanger de la puissance, à travers les lignes d’inter- ■ Mais il faut savoir que, compte tenu de l’inertie mécanique relati-
connexion, entre pays ou grandes zones relevant de gestionnaires vement faible de certains composants des systèmes électriques
de réseaux différents. (groupes de production et moteurs) et de la grande vitesse de pro-
pagation des phénomènes, les réseaux THT créent un couplage
dynamique très fort entre les moyens de production, d’une part, et
Nous conserverons ici la dénomination très haute tension les charges (consommation), d’autre part. Du fait des intercon-
couramment utilisée, correspondant au domaine haute tension nexions internationales, une perturbation importante en Europe du
HTB (norme UTE C 18-510) pour les valeurs de 150 à 800 kV : en Nord peut être ressentie quelques secondes plus tard en Europe du
France, 225 et 400 kV. Sud.
Au-delà de l’examen du problème de la répartition économique et
Trois objectifs majeurs gouvernent l’exploitation du système pro- en sécurité de la puissance, l’étude du fonctionnement de ces vastes
duction-transport-consommation, que nous appellerons aussi sys- systèmes interconnectés et fortement couplés est donc absolument
tème électrique, plutôt que réseau, terme que nous réserverons à nécessaire. Elle portera sur leur réglage et leur stabilité.
l’ensemble des moyens de transport et de transformation de
l’électricité : ■ Enfin, il va de soi qu’il est nécessaire de protéger les systèmes
électriques qui peuvent être affectés par de nombreux types d’inci-
— garantir la sûreté de fonctionnement (assurer le fonctionne- dents. Il convient de distinguer la protection des ouvrages du réseau
ment normal du système, limiter le nombre d’incidents et éviter les proprement dit (lignes...) et celle du système production-transport.
grands incidents, limiter les conséquences des grands incidents) La protection du système production-transport est essentielle, car
[1] ; certains incidents (pertes de ligne en cascade, pertes brutales de
— favoriser la performance économique et l’ouverture du marché moyens de production importants...) peuvent induire des consé-
électrique ; quences catastrophiques (effondrement du système électrique).
— satisfaire les engagements contractuels vis-à-vis des clients
raccordés.
En définitive, l’étude du fonctionnement du système produc-
■ Le stockage massif de l’énergie électrique sous une forme immé- tion-transport-consommation est dominée par quatre
diatement disponible n’est, actuellement, pas possible dans des préoccupations :
conditions économiques satisfaisantes (article [D 4 030] Stockage • maintenir en permanence les conditions nécessaires d’un
d’électricité dans les systèmes électriques). Le problème majeur de équilibre entre la production et la consommation (problème de
l’exploitant est donc de maintenir, en permanence, l’équilibre entre conduite) ;
l’offre disponible et la demande potentielle, l’équilibre instantané
• maintenir les caractéristiques de la tension et de la fré-
entre production et consommation étant une condition nécessaire
quence dans les plages contractuelles (problème de réglage) ;
de fonctionnement du système électrique.
• tenir compte du fort couplage dynamique entre production
Par ailleurs, le maillage du réseau permet de faire face aux aléas et consommation via le réseau (problème de stabilité) ;
qui peuvent affecter l’exploitation (indisponibilité d’ouvrage, aléas
• assurer l’intégrité des ouvrages (problèmes de protection) et
de consommation, incidents...).
du système électrique (problèmes de stabilité et de protection).
■ La qualité du service impose en outre à l’exploitant de chercher à :
— maintenir les caractéristiques du produit (tension, fréquence) Le présent article et l’article [D 4 092] Réseaux d’interconnexion et
dans les limites précises du cahier des charges et des contrats con- de transport. Réglages et stabilité ont pour objet de présenter une
clus avec les utilisateurs du réseau ; vue synthétique des méthodes et des moyens mis en œuvre pour
— limiter, autant que faire se peut, les interruptions de service. assurer le réglage et la stabilité des réseaux interconnectés [2] [3].
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 091 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
SR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYQ
R
du propos, nous supposerons d’abord que la résistance R de la ligne
est nulle (elle est généralement très faible vis-à-vis de la
2.1 Problème général réactance X) et que la puissance réactive Q2 de la charge est nulle
(ce qui est vrai en cas de bonne compensation de puissance réac-
tive).
Pour résoudre le problème de l’acheminement de la puissance
Nous montrerons d’abord qu’il est important de réguler la tension
disponible sur les lieux de consommation, dans le cas d’un réseau
aux bornes de la charge.
maillé, il convient de vérifier la compatibilité des niveaux de produc-
tion de chaque groupe déterminés par les producteurs pour satis-
Si nous désignons par θ l’angle entre V1 et V2, nous avons, en con-
faire, d’une manière économiquement optimale pour eux, leurs
sidérant la figure 2 simplifiée (avec R = 0), I en phase avec V2, d’où :
engagements et les transits de puissance dans le réseau.
Dans tout ce qui suit, nous assimilerons les pertes par effet
Joule dans les ouvrages de transport à une consommation. Z = R + jX
Puissances apparentes :
Lorsque cette condition nécessaire de fonctionnement est S1 = P1 + j Q1
respectée, l’état du système est caractérisé, en régime station- S2 = P2 + j Q2
naire, par la fréquence f (grandeur globale) et les tensions V (gran-
deurs locales). La fréquence f est fixée par la vitesse de rotation de
toutes les machines qui doivent rester synchrones en régime Figure 1 – Modélisation série d’une ligne de transport : schéma
permanent. monophasé équivalent
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 091 − 3
SS
R
ST
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYR
Réseaux d’interconnexion
et de transport : réglages et stabilité
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 092 − 1
SU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYR
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 092 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
SV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPYR
procéder à un réajustement des programmes de production des ■ Considérons maintenant le cas d’un réseau constitué de
centrales en tenant compte des coûts d’ajustement correspondants n machines ; soit P0 la puissance programmée pour une fréquence
(coûts à la hausse ou à la baisse) pour minimiser le coût du réa- f0 :
justement tout en assurant le fonctionnement le plus sûr du sys-
tème de production-transport (réglage tertiaire). Ce type de décision
n
est centralisé.
P0 = ∑ P 0i (2)
i=1
2.1.2 Réglage primaire
Examinons l’effet d’une variation ∆P de la puissance appelée. Il
2.1.2.1 Rôle du réglage primaire est utile de définir une grandeur reliant les variations de fréquence
à celle de la puissance appelée. Pour la puissance du réseau, on ne
R
Si on laissait agir les générateurs et les récepteurs suivant leurs peut pas parler de valeur nominale et l’on est obligé de se référer à
propres lois d’autorégulation (Réseaux de transport et d’intercon- la puissance programmée P0 à l’instant considéré. On écrira donc
nexion. Fonctionnement [D 4 091]), notamment en laissant les orga-
l’équation de fonctionnement en régime permanent :
nes d’admission du fluide moteur sur les groupes générateurs à
ouverture constante, les variations de fréquence, sous l’effet des
variations inévitables de la charge, risqueraient de prendre rapide- ∆P 1 ∆f
ment des amplitudes prohibitives [4]. ------- = – --- ------ (3)
P0 s f0
En outre, les variations de la charge appelée par le réseau se
répartiraient entre les groupes en fonction des caractéristiques avec P0 puissance programmée totale du réseau à
naturelles des machines et du réseau (coefficients a d’autoré-
l’instant considéré,
gulation). Il en résulterait :
— sur les ouvrages de transport, des modifications de transits dif- s statisme équivalent de ce réseau.
ficiles à maîtriser ;
— une désadaptation erratique du programme de production En fait, s est relié au statisme si des groupes en réglage primaire.
(préjudiciable à l’économie et à la sécurité d’exploitation). En effet, la variation ∆P de puissance appelée P est la somme des
variations ∆Pi des n′ groupes qui participent au réglage primaire,
Les groupes générateurs sont donc munis de régulateurs de
vitesse, qui agissent sur les organes d’admission de la turbine, soit [cf. formule (1)] :
quand la vitesse du groupe s’écarte de la vitesse de référence, et qui
sont asservis à la vitesse pour maîtriser la répartition de la puis- n′ n′
sance produite entre les groupes. P ni
∆P = ∑ ∆f
∆P i = – ------ ∑ -------
i=1 f0 i=1 si
2.1.2.2 Principe du réglage primaire
Le lecteur pourra, pour plus de détails, se reporter à la référence d’où :
bibliographique [5].
n′
■ Pour fixer le point de fonctionnement des groupes, il faut établir P ni
une relation biunivoque entre la fréquence et la puissance débitée 1 1
--- = ------ ∑ ------- (4)
par chaque groupe. s P0 i=1 si
Le principe du réglage primaire consiste à répartir les fluctuations
de la charge (dont la fréquence est l’image) au prorata des capacités Le plus souvent, tous les groupes ne sont pas soumis au réglage
nominales des groupes en pondérant par un gain. On adopte donc, primaire de vitesse : certains sont en butée de réglage, d’autres
pour chaque groupe i, une loi de réglage de la forme : fonctionnent en réglage de puissance. Le statisme équivalent du
réseau est donc supérieur à la moyenne pondérée des statismes
P i – P 0i 1 f–f permanents des groupes puisque :
------------------ = – ---- -----------0-
P ni si f0
ou : (1) n′
∆P 1 ∆f
---------i = – ---- ------ P0 > ∑ P ni
P ni si f0 i=1
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 092 − 3
SW
R
SX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPP
R
par Benoît CALMET
Ingénieur de l’École d’électricité, de production et des méthodes industrielles
Ingénieur au Département exploitation du Centre national d’expertise réseaux de RTE
SY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPP
ces réseaux en donnant des indications sur les défauts qui les affectent. On
présente également les critères communs à tous les réseaux qui sont à
prendre en considération lors de la conception de leur protection.
Tout ce qui suit ne concerne que la protection contre les courts-circuits et
les défauts d’isolement. La protection contre les incidents affectant le fonction-
nement d’ensemble du système Production-Transport-Consommation, tels que
les surcharges, les pertes de synchronisme, les écroulements de tension, les
baisses de fréquence, se trouve, dans le dossier Réseaux de transport et
d’interconnexion : réglage et fonctionnement [D 4 090].
Les autres dossiers sur la protection des réseaux sont les suivants :
TP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPP
1. Rappel sur les réseaux Certains industriels produisent de l’électricité, de par leur pro-
cess. On estime à 2,6 % de la consommation française la produc-
tion autoconsommée par ces industriels sur leurs sites.
Les réseaux constituent le lien obligatoire entre la production de Enfin, il faut savoir que tous les réseaux électriques génèrent
l’énergie électrique et les utilisateurs. des pertes en ligne ; en France 6,7 % de la consommation est à
imputer à ces pertes.
1.1 Production
Nota : le lecteur pourra se reporter au dossier Conduite d’un système de
1.3 Divers types de réseaux
production-transport [D 4 080] et en [Doc. D 4 800v2] aux articles référencés [2] [3].
L’énergie est produite par des moyens centralisés ou décentrali- 1.3.1 Réseau de transport et d’interconnexion
R
sés, raccordés au réseau de transport ou aux réseaux de
La mission des réseaux de transport et d’interconnexion est
distribution :
principalement :
– des centrales thermiques classiques (charbon, fuel, gaz) et
– de collecter la puissance produite par les centrales importantes
nucléaires ;
et de l’acheminer vers les zones de consommation : fonction
– des usines hydrauliques ;
transport ;
– des parcs éoliens ;
– de permettre une exploitation économique et sûre des moyens
– des cogénérations ;
de production en assurant une compensation des aléas et en utili-
– de la production photovoltaïque. sant, en priorité, les groupes de production les plus économiques
En France, en 2007, la production se répartissait de la manière du fait de leur puissance, de la nature du combustible, de leur âge,
suivante : enfin, d’assurer des échanges commerciaux entre les différents
– thermique nucléaire : 76,9 % ; pays : fonction interconnexion.
– thermique à flamme : 10,1 % ; En France, ce double rôle est essentiellement celui du réseau
– hydraulique : 11,6 % ; 400 kV.
– éolien : 0,7 % ; Les réseaux de ce type sont très maillés et sont constitués
– sources d’énergies renouvelables hors hydraulique et éolien : d’ouvrages capables de très forts transits.
0,7 %.
Aujourd’hui, dans la plupart des pays industrialisés, l’énergie est Exemple : les circuits aériens du réseau 400 kV du Réseau de
produite par des centrales de grande puissance, souvent de plu- transport d’électricité RTE peuvent transiter plus de 3 500 A.
sieurs milliers de mégawatts.
Ces capacités de transit ne sont jamais utilisées en permanence ;
Exemple : en France, la puissance unitaire des tranches nucléaires elles sont calculées pour se prémunir de la perte d’un ouvrage
est de 900 et 1 300 MW et un site de production peut compter de adjacent et ainsi supporter le report de charge.
deux à six tranches.
Il faut noter qu’une forte interconnexion favorise la stabilité de
fonctionnement des générateurs géographiquement éloignés.
Les centrales sont éloignées des centres de consommation par
suite :
– de sujétions d’alimentation en eau de refroidissement ; 1.3.2 Réseaux de répartition régionale
– de sujétions d’approvisionnement en combustible (localisation
En France, ce sont les réseaux 225 kV, 90 kV et 63 kV.
des centrales près des bassins miniers, des ports ou des
gazoducs) ; Leur fonction est d’amener l’énergie prélevée sur les réseaux de
– de situations géographiques dans le cas de l’hydraulique. tension supérieure jusqu’aux points d’injection sur les réseaux de
distribution et chez les gros utilisateurs industriels.
Les unités de forte puissance doivent évacuer l’énergie produite
en 225 kV et 400 kV du fait : Ces réseaux ont très souvent une structure dite bouclée.
– de contraintes techniques ; il faut utiliser des tensions d’autant
plus élevées que la puissance à transporter est importante et que Exemple simplifié : un réseau de ce type est présenté sur la
la distance de transport est grande ; figure 1. Les lignes représentées en bleu forment une boucle.
– de contraintes économiques ; pour une puissance à transpor-
ter donnée, en élevant la tension, on diminue le courant à transi- L’intérêt de cette topologie réside surtout dans la notion de
ter, donc la section des conducteurs et les pertes par effet Joule. secours d’alimentation ; en effet, la perte d’une liaison d’alimenta-
tion est compensée par les autres ouvrages, qui transitent alors la
puissance demandée.
1.2 Consommation Une part notable de production, essentiellement d’origine
hydraulique, est encore raccordée au réseau 63 kV, ce qui en
La consommation électrique en France s’élevait en 2007 à complique l’exploitation et la protection.
480,3 térawattheure (1 TWh est égal à 1 milliard de kWh).
L’exploitation des réseaux de répartition se fait :
Les utilisateurs sont extrêmement nombreux et répartis sur tout
le territoire. – soit en boucle fermée (on dit que le réseau est bouclé) ;
– soit en boucle ouverte (on dit que le réseau est débouclé).
Les consommateurs raccordés sur les réseaux de distribution
sont les plus nombreux (professionnels et particuliers). En 2007, ils Certaines alimentations se font en antenne, comme celle réali-
représentaient 72,9 % de la consommation intérieure. sée au moyen de la ligne L1 ou encore en piquage comme le rac-
cordement de L2 sur la ligne L3 (figure 1).
Les utilisateurs industriels raccordés directement sur le réseau
de transport sont moins nombreux, mais gros consommateurs ; ils À chacun de ces cas peuvent correspondre des protections et
représentent 17,8 % de la consommation. des automates spécifiques (§ 4).
TQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPP
HTB
HTB
HTB
L2 HTA BT BT BT
R
L3 point de débouclage
BT
HTA BT
BT
HTA
TR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPQ
R
par Jean-Luc CHANELIÈRE
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur senior du Centre national d’expertise réseaux
Réseau de transport d’électricité (EDF Transport)
Actualisation du dossier [D 4 805] (1995) rédigé par Claude CORROYER et Pierre DUVEAU
territoire alors que les défauts sur les réseaux de répartition HT entraînent des
creux de tension ou des coupures brèves, voire des coupures longues, chez les
clients.
TS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPQ
PROTECTION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION CONTRE LES COURTS- CIRCUITS ET LES DÉFAUTS D’ISOLEMENT ________________________
R
mesure des relais sont détaillées.
Dans ce dossier, en conformité avec le langage courant, nous conserverons
les notations THT (225 et 400 kV) et HT (63 et 90 kV) bien que la dénomination
actuelle (UTE C 18-510) soit HTB pour toutes les tensions supérieures à 50 kV.
Ce dossier fait partie d’une série sur la protection des réseaux de transport et
de répartition :
– « Présentation » [D 4 800v2] ;
– « Protection contre les courts-circuits et les défauts d’isolement »
[D 4 801] ;
– « Protection des lignes et des câbles » [D 4 802] ;
– « Protection des barres et des transformateurs. Apport des techniques
numériques » [D 4 803] ;
– « Aspects systèmes et plans de protection » [D 4 804].
TT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPQ
________________________ PROTECTION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION CONTRE LES COURTS- CIRCUITS ET LES DÉFAUTS D’ISOLEMENT
1.1.1.2 Sélectivité d’élimination des défauts Exemple : les installations du réseau français à 400 kV sont
conçues pour tenir un courant de court-circuit de 40 kA et même de
Les réseaux THT de transport et d’interconnexion sont égale-
63 kA sur quelques sites en nombre limité. Dans certains pays, des
ment caractérisés par de forts transits d’énergie ; des courants de
valeurs de 50 kA sont courantes.
charge de plusieurs milliers d’ampères sont fréquents. En cas de
déclenchement d’un ouvrage, il se produit instantanément un
report de charge sur les ouvrages restant en service. Les protections sont donc susceptibles d’être sollicitées par de
tels courants.
Il est indispensable de ne déclencher que les ouvrages stric- ■ Les courants très élevés se rencontrent la plupart du temps en cas
tement nécessaires à l’élimination d’un défaut sous peine de défaut triphasé. Ils ne sont alors limités que par les impédances
d’être confronté à des conditions de transit insupportables sur naturelles du réseau. Certaines compagnies d’électricité adoptent
d’autres ouvrages, entraînant des déclenchements en cascade. des dispositions constructives (installation de réactances de limita-
R
Cette faculté est appelée sélectivité. tion par exemple) pour en réduire le niveau ; la limitation peut éga-
lement être obtenue en jouant sur le schéma d’exploitation :
débouclage partiel des réseaux aux points où les courants de
La sélectivité d’élimination des défauts est donc indispensable court-circuit risquent de dépasser les valeurs admissibles.
pour garantir la pérennité du fonctionnement d’un réseau.
En THT, on rencontre de plus en plus des configurations de ■ En cas de défaut à la terre, le niveau des courants de court-cir-
réseau pour lesquelles la prise en compte de la contrainte de cuit dépend très fortement du mode de mise à la terre des points
sélectivité conduit à accroître la complexité des protections : neutres des réseaux. L’interposition d’une impédance dans cette
– c’est le cas des lignes à deux circuits sur la même file de mise à la terre (cf. [D 4 800v2]) permet de réduire les courants de
pylônes et sur lesquelles peuvent survenir des défauts atteignant court-circuit.
simultanément les deux circuits : en France, on compte en
moyenne 0,2 défaut de ce type par an et par 100 km de file de
pylônes. Lorsque ces défauts doubles sont monophasés et Exemple : en France, les points neutres du réseau à 400 kV sont
atteignent deux phases différentes, la sélection de la phase en mis à la terre par l’intermédiaire de réactances de 25 Ω dans le cas
défaut est délicate. Seules certaines protections permettent d’évi- des transformateurs des groupes générateurs et de 40 Ω dans le cas
ter un déclenchement triphasé des deux circuits, inutile et des autotransformateurs 400/225 kV.
contraignant ;
– c’est également le cas des lignes à plusieurs extrémités, dont
Cela est fait en sorte que le rapport entre l’impédance homopo-
celles avec raccordement de transformateurs en piquage. L’élimi-
laire Z0 et l’impédance directe Zd résultantes en tous points du
nation sélective des défauts est encore difficile à réaliser et impose
réseau soit toujours :
l’emploi de protection particulières adaptées.
Le non-fonctionnement d’une protection est contraignant s’il On note que l’on fait également en sorte que ce rapport en THT
conduit à une élimination tardive et non sélective des défauts. reste toujours tel que :
En fonction du type de protection et de son rôle dans le réseau,
des objectifs de sécurité, de sûreté et de disponibilité (probabilité Z0
de pannes) sont fixés par les exploitants. ⭐3
Zd
Pour atteindre ces objectifs, le concepteur doit les prendre en
compte dès le début de l’étude du matériel. Il est ainsi conduit à pour satisfaire aux exigences de coordination des isolements
utiliser des composants parfaitement stabilisés dont la fiabilité est contraignantes en THT.
connue et qui répondent aux besoins du cahier des charges de
l’équipement de protection. Dans de nombreux pays, aucune mesure particulière n’est prise
Chaque chaîne de mesure et de décision est analysée sur le plan pour limiter les courants de défaut à la terre ; les points neutres
de la sécurité et de la sûreté. Cette analyse peut éventuellement sont alors en général raccordés directement à la terre et le courant
amener le concepteur à changer de composants ou à modifier les maximal peut être supérieur à celui rencontré en cas de défaut tri-
schémas pour atteindre les objectifs fixés. phasé.
L’étude de la disponibilité prévisionnelle est un autre point
Il est relativement difficile de préciser la valeur minimale des cou-
important de l’étude de fiabilité, dès que l’équipement comprend
rants de court-circuit. Celle-ci est fortement influencée par le
un grand nombre de sous-ensembles complexes. Dans ce dernier
schéma d’exploitation du réseau. En particulier, en période de faible
cas, le risque de non-fonctionnement est augmenté, le concepteur
charge, le nombre de groupes générateurs connectés est notable-
peut être amené à doubler certains sous-ensembles ou certaines
ment réduit et des lignes de transport sont mises hors tension, ce
chaînes de décision dont l’incidence sur la probabilité de non-fonc-
qui contribue à réduire fortement les courants de court-circuit poly-
tionnement globale de l’équipement est importante.
phasé. De même, les courants de court-circuit à la terre peuvent être
considérablement réduits par le choix du schéma d’exploitation,
1.1.1.4 Niveau des courants de défaut. Sensibilité mais aussi par la nature du court-circuit lui-même : certains défauts
et dynamique de fonctionnement des protections
à la terre peuvent être très résistants (amorçage avec de la végéta-
Sur les réseaux considérés ici, les courants de court-circuit les tion, conducteur tombé au sol par exemple) et la résistance du
plus élevés atteignent plusieurs dizaines de kiloampères. défaut contribue alors à la réduction du courant de défaut.
TU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPQ
PROTECTION DES RÉSEAUX DE TRANSPORT ET DE RÉPARTITION CONTRE LES COURTS- CIRCUITS ET LES DÉFAUTS D’ISOLEMENT ________________________
R
Ces réseaux sont présentés dans le dossier [D 4 800v2]. – 720 A sur les réseaux à 63 kV ;
En exploitation bouclée, ils ont un comportement similaire à – 1 500 A sur les réseaux à 90 kV.
celui des réseaux THT précédents (§ 1.1.1) ; les mêmes principes
doivent être mis en œuvre pour détecter et localiser les défauts.
1.2 Environnement climatique
En exploitation débouclée et dans le cas d’alimentation de
charges en antenne, il est souvent possible d’utiliser des et électromagnétique
protections très simples, telles que les relais de courant à seuil fixe
Les systèmes de protection sont placés en général dans des
par exemple.
bâtiments de relayage, non climatisés, situés à proximité des
Des spécificités des réseaux HT résultent des contraintes qui appareils HT.
imposent certaines performances à leurs systèmes de protection
Les principales contraintes d’environnement, qui sont sanction-
(§ 1.1.2.1, § 1.1.2.2 et § 1.1.2.3).
nées par des essais que doit subir un équipement de protection,
sont les suivantes :
1.1.2.1 Rapidité d’élimination des défauts
– les variations de température, les valeurs couramment
En général, ce n’est pas une exigence critique ; le temps minimal admises en Europe se situant entre – 10 oC et + 55 oC ;
d’élimination des défauts, plus long que pour les réseaux de trans- – le taux maximal d’humidité relative, soit 80 à 100 %, la valeur
port et d’interconnexion, est essentiellement imposé par : de 95 % étant retenue en France ;
– la nécessité de réduire la durée des perturbations induites par – le champ électrique permanent rayonné à 50 Hz qui, en fonc-
les défauts ; notamment la durée : tion de l’emplacement des équipements par rapport au matériel
• des creux de tension et des coupures brèves, voire des inter- HT, peut être compris entre 10 V/m et 1 000 V/m ;
ruptions de fourniture, particulièrement sensibles en cas de – le champ d’induction électromagnétique à 50 Hz qui, au
défaut polyphasé, moment du défaut, peut être très important, la valeur de 1 000 A/m
étant couramment observée ;
• des phénomènes d’induction sur les circuits de télécommuni- – le champ électrique transitoire haute fréquence, lié essentiel-
cation proches et parallèles aux lignes HT ; sous cet aspect, lement aux manœuvres de sectionneurs, dont la valeur est
ce sont les défauts à la terre qui sont les plus contraignants. comprise entre 3 et 100 V/m dans un spectre de fréquences de
Il faut donc chercher à éliminer le plus grand nombre de défauts 100 kHz à 100 MHz ;
en des temps ne dépassant pas 200 à 300 ms ; – les parasites conduits, amenés par la filerie, dus aux
– la tenue des matériels aux courants de court-circuit ; les temps commutations de relais, qui sont des phénomènes transitoires
maximaux d’élimination résultant de cette contrainte sont rare- rapides dont la valeur de crête peut atteindre quelques centaines
ment inférieurs à 0,5 s et augmentent très rapidement lorsque de volts.
l’intensité du courant de court-circuit diminue. Les valeurs de tenue à ces contraintes spécifiées sont définies
Néanmoins, les exigences de plus en plus sévères des clients par les normes CEI de la série 60255.
sensibles vis-à-vis des creux de tension conduisent à se rappro-
cher des performances obtenues sur les réseaux de transport.
1.3 Technologie
1.1.2.2 Sélectivité d’élimination des défauts et fiabilité
des protections La structure d’un équipement de protection dépend largement
de la technologie de réalisation.
Vis-à-vis de ces contraintes, ce sont encore des considérations
de qualité de service qui sont prépondérantes : une mauvaise éli- Ainsi, la technologie électromécanique, qui tend à disparaître à
mination d’un défaut se traduit le plus souvent par une interrup- l’heure actuelle en raison de son coût élevé de fabrication et de ses
tion de fourniture. performances insuffisantes, n’autorise l’emploi que de fonctions
élémentaires simples, en nombre limité et sans redondance. La mul-
1.1.2.3 Niveau des courants de défaut et sensibilité tiplication de relais électromécaniques élémentaires de mesure
des protections dans une même protection entraînerait une charge élevée pour les
réducteurs de mesure et une augmentation excessive du coût des
Sur les réseaux HT, la sensibilité des protections aux faibles cou- équipements. Cependant, cette technologie rustique a, en général,
rants de défaut est une contrainte qui doit être soigneusement l’avantage d’une excellente fiabilité. Un grand nombre de réseaux,
appréciée dans chaque cas d’application. essentiellement HT, sont encore protégés par ce type d’équipement.
Les courants de court-circuit triphasé maximaux sont de l’ordre La technologie statique électronique, apparue vers 1970, qui uti-
de 10 à 20 kA ; ils diminuent très rapidement lorsque le défaut lise des circuits intégrés analogiques et logiques à niveau moyen
s’éloigne des postes THT/HT. Les courants minimaux sont ici d’intégration représentait au début des années 1990 l’essentiel du
encore difficiles à estimer ; ils sont aussi très dépendants des sché- marché des protections, jusqu’à l’apparition de la technologie
mas d’exploitation et leur discrimination par rapport aux courants semi-numérique qui utilisait des circuits intégrés analogiques tra-
de charge peut être délicate. ditionnels associés à un ou plusieurs microprocesseurs pour assu-
Les courants de défaut à la terre dépendent bien entendu du rer toutes les fonctions logiques de la protection. Ce procédé
mode de mise à la terre des points neutres. Les politiques en ce intermédiaire n’a duré que quelques années.
TV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPR
plan international ;
TW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPR
R de répartition :
– « Présentation » [D 4 800v2] ;
– « Protection contre les courts-circuits et les défauts d’isolement »
[D 4 801] ;
– « Protection des lignes et des câbles » [D 4 802] ;
– « Protection des barres et des transformateurs. Apport des techniques
numériques » [D 4 803] ;
– « Aspects systèmes et plans de protection » [D 4 804].
Pour illustrer les fonctions de protection des lignes aériennes et ■ Fonction sélection de phase
des câbles, seules les protections statiques électroniques sont Le dispositif sélecteur de phase, piloté la plupart du temps par le
examinées dans les paragraphes ci-après. D’une part, en 2008, ce module de mise en route, assure l’aiguillage des grandeurs U et I
type de protections est encore majoritaire sur les réseaux français. représentatives du défaut sur les relais de distance. Ces relais sont
D’autre part, le découpage en blocs fonctionnels des protections alimentés :
statiques clarifie la présentation des fonctions élémentaires de
mesures. Toutes les fonctions élémentaires de mesures sont réali- – soit entre phase et neutre s’il y a présence de courant homopo-
sables par les protections numériques. L’intérêt des protections laire I0 (présomption de défaut monophasé ou biphasé à la terre) ;
numériques est présenté dans le dossier [D 4 803]. – soit entre phases s’il y a absence de I0 (défaut biphasé isolé ou
Les lignes sont protégées dans la majorité des cas par des pro- triphasé équilibré).
tections de distance quelquefois associées à des protections à
■ Fonction de mise en route
sélectivité absolue [D 4 801, § 2.1] telles que les protections diffé-
rentielles ou les protections à comparaison de phases. Cette fonction est souvent réalisée par un module composé en
général de trois relais à minimum d’impédance [D 4 801, § 4.3] dits
relais de mise en route (un relais par phase). L’extrémité M du vec-
1.1 Protection de distance teur impédance, mesurée en permanence par ces relais de mise en
route, évolue dans une zone dite de transit et de surcharge
Cette protection est l’équipement le plus utilisé dans le monde (figure 1). La forme de leur caractéristique est adaptée pour que le
sur tous les réseaux THT et HT de transport et de répartition. Il en relais, tout en étant sensible, fonctionne en dehors de cette zone
existe de nombreux types. Ils peuvent être classés en deux de transit et de surcharge (figure 2). En effet, la mise en route réa-
catégories : les protections à commutation et les protections multi- lise la plupart du temps une fonction de secours ultime en assu-
chaînes de mesure (non commutées). rant un déclenchement largement temporisé en cas de
non-fonctionnement des relais de mesure de distance du départ ou
des autres protections de l’ouvrage concerné et éventuellement
1.1.1 Protection à commutation ceux des ouvrages adjacents. Elle ne doit pas donner d’ordre de
déclenchement ni en régime de surcharge, ni sur report de char-
Les protections électromécaniques de distance et de nombreu- ges dû au déclenchement d’une autre ligne adjacente.
ses protections statiques sont de ce type qui est de fait le plus
répandu actuellement sur tous les réseaux. Les trois relais à minimum d’impédance sont souvent associés à
trois relais à maximum de courant (un sur chaque phase). En effet,
Cette disposition a été retenue pour réduire le coût de l’équipe- en cas de courant élevé, ces relais ont un temps de mesure plus
ment. rapide que les premiers ; de plus, ils permettent une sélection de
Ce type de protection ne comprend qu’un seul relais de mesure phase plus sûre. Ils pilotent la fonction sélection de phase pour
de distance commuté : des courants supérieurs à 3 à 4In.
– d’une part, suivant la ou les phases en défaut par un dispositif
sélecteur de phase ;
■ Fonction de mesure et de distance
– d’autre part, suivant la distance à mesurer (zone 1, zone 2, Cette fonction est réalisée par un relais de mesure de distance
zone 3, etc.). (ou relais de distance).
TX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPR
Temps
jX
Zone 3
Zone 2 Zone 2
Zone de transit Zone 1 Zone 1
et de surcharge
TC TC
+ 30o Portée
ZTm D
Défaut
R
– 30o Jeu
de barres
Protection Protection
D disjoncteur
TC transformateur de courant R
caractéristique de surcharge maximale admissible
Figure 3 – Protection de distance
ISM courant de surcharge maximale
VTm tension de transit minimale (par convention VTm = 0,85 Vn) Dans une protection de distance à commutation, l’alimentation
ZTm = VTm/ISM du relais de distance est commutée sur la ou les phases en défaut
par le sélecteur de phase qui a identifié la ou les phases
ϕ angle de déphasage maximal entre VTm et ISM
TM concernées de manière à réaliser dans tous les cas une mesure
(par convention – 30o ⭐ ϕ ⭐ 30o)
TM aussi exacte que possible de la boucle en défaut.
Par ailleurs, l’impédance de référence utilisée pour la mesure
Figure 1 – Caractéristique de surchage maximale admissible par ce relais de distance est commutée, pour modifier sa valeur, à
l’échéance d’une ou de plusieurs temporisations, par exemple t1,
t2, t3, de manière à disposer successivement de plusieurs impé-
dances de référence de mesure Z1, Z2, Z3 délimitant des zones de
fonctionnement (figures 3, 2a et 4). Considérons que les zones Z1,
Les zones Z1, Z2 et Z3 jX Axe Z2 et Z3 de la protection sont orientées en aval, ce qui revient à
sont des zones aval de la ligne dire qu’elles sont situées au-dessus de la caractéristique direction-
nelle sur le diagramme (2a et 4b).
jX Axe
Caractéristique de la ligne La 1re zone Z1 correspond à l’impédance de référence initiale,
directionnelle laquelle est associée éventuellement à une temporisation t1 (habi-
tuellement t1 = 0). Si l’impédance mesurée au moment du défaut
Zdef (cf. [D 4 801, § 4.3.1]) est telle que 0 ⭐ Z def < Z 1, la protection
émet un ordre de déclenchement à l’échéance de la temporisation
Z3
t1, sinon le relais est commuté en Z2.
Z2
De même :
Z1 Zone Zone
α – si Z 1 ⭐ Z def < Z 2 , le relais déclenche à l’échéance de t2 ;
de transit de transit
R et de R
et de – si Z 2 ⭐ Z def < Z 3 , le relais déclenche à l’échéance de t3 ;
surcharge surcharge
– s’il existe une caractéristique de mise en route au-delà de Z3
Zone (figure 2a) et si Z 3 ⭐ Z def et qu’en même temps Zdef est à l’inté-
amont Caractéristiques rieur de la partie aval de la caractéristique de la mise en route, le
de mise en route relais peut déclencher à l’échéance d’un temps supérieur à t3 (sou-
vent appelé t4).
ligne de construction
Dans les protections récentes, les zones Z1, Z2 et Z3 peuvent
a protection L316 protection LZ96
être orientées à la demande vers l’aval (côté ligne) ou vers l’amont
b
du constructeur ABB du constructeur ABB (côté barres).
La fonction de mise en route peut être orientée ou non orientée
(non orientée sur les figures 2a et 4).
Figure 2 – Caractéristique de mise en route adaptée pour éviter la
zone de transit ■ Fonction directionnelle
Cette fonction peut être indépendante ou liée au relais de
mesure de distance.
TY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPR
jX Axe de
la ligne
Axe de Z3 (t3)
jX
la ligne
Z2 (t2)
Z3 (t3)
Z1 (t1)
R
Z2 (t2)
Z1 (t1)
R
Z4 (t4)
R
Caractéristique
directionnelle
Figure 4 – Caractéristiques des protections de distance RAZOA du constructeur ABB et PD3A 6000 du constructeur GEC Alsthom
jX jX
Caractéristique
de mise en route
directionnelle mho M
Zone aval DR
IA
O θ R
M′
Zone O R
non aval IA′
Il s’agit bien dans ce cas d’une zone non aval et non d’une zone amont. Figure 6 – Caractéristique directionnelle
Figure 5 – Caractéristique d’un relais de mesure mho Cependant, en cas de défaut proche du point de mesure, avec
alimentation à partir des deux extrémités de la ligne, le vecteur
impédance de défaut peut être situé en OM′.
Les protections qui sont équipées de relais d’admittance de
caractéristique circulaire passant par l’origine, dite caractéristique Les constructeurs utilisent de préférence comme caractéristique
mho, n’ont pas besoin de cette fonction ; en effet, ce relais a un directionnelle une droite DR passant par l’origine et inclinée d’une
caractère directionnel (figure 5). angle θ.
On réalise un déphasage en arrière d’un angle θ du courant
La fonction directionnelle existe sur les protections équipées de mesuré IA qui devient IA ′ . Le relais effectue une comparaison de
relais d’impédance ; elle est souvent réalisée par des relais de phases entre VAN et IA′ . Si ce déphasage est compris entre 0 et π,
mesure qui utilisent un comparateur de phases [D 4 801, § 4.3.3] le point M représentatif du défaut est en aval. Si ce déphasage est
entre deux grandeurs homopolaires pour les défauts monophasés compris entre 0 et – π, le point M est en amont.
et entre deux grandeurs de phase pour les autres types de défaut.
Pour les défauts très proches du point de mesure, la tension
Pour étudier le principe du relais directionnel, examinons le cas mesurée par la protection peut être très faible et de ce fait très
d’un relais alimenté en phase A et neutre N, par exemple. Le vec- bruitée et on risque de réaliser une mauvaise mesure de direction.
teur impédance
de défaut est habituellement représenté par le vec- Pour éviter ce risque de dysfonctionnement de la mesure lors-
teur OM dans le diagramme R, jX (figure 6). que la tension mesurée est trop faible (1 ou 2 % de la tension
UP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPS
e dossier fait partie d’une série sur la « Protection des réseaux de trans-
C port et de répartition » :
– « Présentation » [D 4 800v2] ;
– « Protection contre les courts-circuits et les défauts d’isolement » [D 4 801] ;
– « Protection des lignes et des câbles » [D 4 802] ;
– « Protection des barres et des transformateurs » [D 4 803] ;
– « Systèmes et plans de protection » [D 4 804].
Dans le dossier [D 4 801] « Protection des réseaux de transport et de réparti-
tion, contre les courts-circuits et les défauts d’isolement », les points suivants
ont été abordés :
– les performances et contraintes imposées aux protections par les diffé-
rents types de réseaux ;
– la présentation de la classification des protections couramment admise au
plan international ;
– un rappel sur l’influence des régimes transitoires sur le comportement des
protections.
Dans le dossier [D 4 802] « Protection des lignes et des câbles de transport et
de répartition », les points suivants ont été abordés :
– la description des principes de mesures des relais dédiés aux lignes
aériennes ;
– la description des principes de mesures des relais dédiés aux câbles
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQP
souterrains.
UQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPS
Le présent dossier décrit les principes de protections et les relais plus parti-
culièrement adaptés aux jeux de barres et aux transformateurs. L’apport et
l’intérêt des techniques numériques sur les systèmes de protections est égale-
ment abordé.
En conformité avec le langage courant, nous conservons les notations THT
(225 et 400 kV) et HT (63 et 90 kV) bien que la dénomination actuelle
(UTE C 18-510) soit HTB pour toutes les tensions supérieures à 50 kV.
Le lecteur pourra se reporter aux autres dossiers de la rubrique « Protection
et automatisation » :
– [D 4 810] « Protection des réseaux à moyenne tension de distribution
R publique » ;
– [D 4 815] « Protection des réseaux à basse tension de distribution publique » ;
– [D 4 820] « Protection des installations industrielles et tertiaires ».
1. Protection des jeux Il en existe une grande variété qui peuvent être classées en trois
catégories fonctions de l’impédance du relais de courant (haute,
de barres moyenne ou basse impédance).
La mesure s’effectue en général phase par phase. Un jeu de trois
Un défaut sur un jeu de barres est, la plupart du temps, très relais de courant (1 par phase) est nécessaire par nœud (sommet)
contraignant pour le réseau (courant de court-circuit élevé et grand électrique ou zone de barres.
nombre d’ouvrages à mettre hors service pour éliminer le défaut).
Il doit donc être éliminé rapidement. Sans protection spécifique, Une zone est une section ou un tronçon de barres qui peut
un tel défaut est éliminé par les protections de distance des postes être isolé en exploitation normale soit par des disjoncteurs,
adjacents en un temps de 2e zone (250 à 600 ms) dans le cas le soit par des sectionneurs.
plus favorable (cf. [D 4 804]).
Le rôle des protections de barres est d’améliorer la situation en Le principe de mesure consiste à réaliser pour chacune des
éliminant le plus rapidement et le plus sélectivement possible tout phases la somme vectorielle des courants entrant et sortant d’une
type de défaut survenant dans la zone des barres. même zone (figure 1).
:
En régime normal, ΣI = 0 pour chacune des trois phases :
1.1 Protection différentielle En cas de défaut barres :
de courant des barres : : :
ΣI = Idiff = Idef
1.1.1 Généralités avec Idiff courant différentiel.
C’est la protection la plus utilisée pour protéger les jeux de Le relais différentiel émet un ordre de déclenchement à tous les
barres car elle est très rapide et sélective. Elle est la plus efficace départs de la zone concernée par le défaut, c’est-à-dire aiguillés
pour garantir l’élimination sûre de tout défaut barres. sur le sommet électrique en défaut. Pour cela, la protection de
D D D D D D
Idef
DC DC
D D D D D D
UR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPS
R
courant
à seuil fixe ΣI = 0
Idiff Le relais de courant différentiel a la possibilité de fonctionner
Rdiff intempestivement, mais le relais différentiel de courant haute
impédance est alors court-circuité par la résistance très faible du
circuit secondaire du TC saturé. La stabilité de la protection est
L1 à L4 lignes de départ ainsi assurée.
1.1.2 Protections différentielles de barres C’est la protection de barres (figure 3) la plus utilisée actuel-
lement. Elle fonctionne suivant les mêmes principes que la protec-
à haute impédance
tion à haute impédance, mais utilise un relais différentiel à
maximum de courant à pourcentage beaucoup moins sensible aux
C’est le premier type de protection différentielle qui a été utilisé
erreurs transitoires de mesure aux forts courants, ainsi que des TC
pour protéger les jeux de barres. Il comporte (figure 2) un relais
auxiliaires intermédiaires qui, d’une part, rattrapent les différences
par phase à maximum de courant à seuil fixe, d’impédance élevée
éventuelles de rapport de réduction des TC principaux et, d’autre
(> 1 000 Ω). Tous les secondaires des transformateurs de courant
part, fixent la tension de coude (identique pour tous les TC auxi-
TC sont raccordés en parallèle sur ce relais. Tous les TC doivent
liaires). Cette protection n’impose pratiquement aucune exigence
être identiques, de même que la charge représentée par la filerie
aux TC qui l’alimentent. Ils peuvent être de caractéristiques
de raccordement dans le secondaire de chaque TC.
magnétiques et de rapports de réduction différents. C’est une
Le fonctionnement de la protection à haute impédance (figure 2) protection très rapide, qui émet son ordre de déclenchement en un
est le suivant. temps compris entre 5 et 15 ms. La mesure elle-même est effec-
tuée en un temps très court, inférieur à 2 ms. Dans ce type de pro-
■ En cas de défaut sur les barres, chaque TC de départ mesure tection, l’unique relais différentiel à maximum de courant à seuil
son apport de courant au courant de défaut. Et, tant qu’aucun TC fixe de la protection à haute impédance est remplacé par trois
ne sature, on a : relais différentiels à maximum de courant :
: : : : M:
ΣI = Idiff = Idef – un relais différentiel à pourcentage K ″ = ΣI /Σ I (K′′ est régla-
ble), qui génère l’ordre de déclenchement ;
Dès qu’un TC se sature, cette égalité n’est plus exacte et le fonc- – un relais différentiel à seuil fixe de contrôle, dit relais de mise
tionnement correct du relais différentiel n’est plus garanti. Pour en route, qui autorise le déclenchement ;
réaliser une mesure correcte de Idiff , il est donc nécessaire que le – un relais différentiel à seuil fixe très sensible mais temporisé,
relais différentiel fonctionne avant la saturation du premier TC. qui signale les anomalies de courant différentiel (petit courant dif-
Cela revient à dire que la tension de coude de ce TC (tension dis- férentiel permanent en dehors de tout défaut) ; ce courant d’erreur
ponible au secondaire du TC juste avant l’apparition du phéno- peut être dû, par exemple, à une mauvaise recopie de la position
mène de saturation) doit être supérieure à la valeur de tension d’un sectionneur d’aiguillage d’un départ parcouru par un courant
nécessaire pour faire fonctionner le relais différentiel à haute de charge supérieur au seuil de ce relais ; le fonctionnement de ce
impédance : relais peut servir à mettre hors service la protection différentielle
: de barres à l’échéance d’une temporisation.
Vcoude > Rdiff Isdiff
Exemple : protection DIFB de GEC Alsthom.
avec Rdiff résistance du circuit de mesure différentielle,
Ses principales fonctions sont les suivantes.
Isdiff seuil de fonctionnement du relais différentiel de Une chaîne de mesure (figure 4) par phase prélève, sur les shunts
courant. R sh , placés en série dans le circuit sommateur de courant à diodes,
les grandeurs images du courant différentiel Idiff et du courant stabili-
■En cas de défaut extérieur à la zone des barres, le TC du départ sateur IT :
en défaut, qui mesure la totalité du courant de défaut en prove- M:
nance du poste, se sature le premier. IT = Σ I
US
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPS
L4 L3 L2 L1
I4 I3 I2 I1
Relais de courant
R
TCA4 TCA3 TCA2 TCA1
à seuil fixe
Idiff
Rdiff
I Rs
I – Idiff Rs
L1 L2 Li
pendant 15 ms
Redressement
Mémorisation
Détection de
Durée de la
du signal
Coupleur
de seuil
K ’’IT
tm 15 ms &
Rsh
Ajustement du
pourcentage
Rsh
tm 15 ms Temporisation
5 à 30 s
Figure 4 – Schéma du système de mesure de la protection différentielle de barres DIFB statique à moyenne impédance d’Areva-TD
UT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPT
Réseaux de transport
et de répartition
Systèmes et plans de protection
R
par Jean-Luc CHANELIÈRE
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
RTE EDF Transport
Centre national d’expertise réseaux
Actualisation du dossier [D 4805] (1995) de Claude CORROYER et Pierre DUVEAU
e dossier fait partie d’une série sur la « Protection des réseaux de trans-
C port et de répartition ».
Après le dossier [D 4 800v2] « Présentation », les points suivants ont été
abordés dans le dossier [D 4 801] « Protection des réseaux de transport et de
répartition contre les courts-circuits et les défauts d’isolement » :
– performances et contraintes imposées aux protections par les différents
types de réseaux ;
– présentation de la classification des protections couramment admise au
plan international ;
– rappel sur l’influence des régimes transitoires sur le comportement des
protections.
Dans le dossier [D 4 802] « Protection des lignes et des câbles de transport et
de répartition », les points suivants ont été abordés :
– description des principes de mesures des relais dédiés aux lignes
aériennes ;
– description des principes de mesures des relais dédiés aux câbles
souterrains.
Dans le dossier [D 4 803] « Protection des barres et transformateurs, apport
des techniques numériques », les points suivants ont été abordés :
– description des principes de protections et les relais plus particulièrement
adaptés aux ouvrages jeux de barres ;
– description des principes de mesures des relais dédiés aux
transformateurs ;
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQP
UU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPT
1. Systèmes et plans
Temps
Zone 3
de protection Zone 2 Zone 2
Zone 1 Zone 1
1.1 Nécessité de disposer de secours
TC TC
L’élimination correcte d’un défaut nécessite que la protection de D D Portée
l’ouvrage concerné soit : Défaut
Jeu de
barres
■ Le premier c
ritère met en jeu la capacité intrinsèque d’une pro- D disjoncteur
tection à détecter et à localiser correctement un défaut. TC transformateur de courant
Il faut rappeler que le comportement d’une protection en pré-
sence d’un défaut résulte des compromis qui ont nécessairement Figure 1 – Protection de distance
été faits lors de sa conception : principes de mesure, organisation
des logiques de traitement et de décision, etc. On ne peut donc
garantir qu’une protection donnée aura un fonctionnement correct
quel que soit le défaut qui la sollicite : défaut polyphasé, défaut à Protection
Zone 2
la terre plus ou moins résistant, défaut évolutif, etc. Afin d’aug-
menter la probabilité d’élimination correcte des défauts, on est Zone 1
donc amené à équiper un ouvrage de plusieurs protections basées
Protection
sur des principes différents et complémentaires. Zone 2
Un exemple typique est celui des lignes que l’on équipe d’une pro- Zone 1
tection de distance, ou d’un autre principe, et d’une protection char-
gée d’éliminer les défauts à la terre résistants [D 4 802]. Protection
Zone 2
UV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPW
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 807 − 1
UW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPW
R
entraînerait des coûts prohibitifs, ces seules règles ne garantissent pas que le
réseau électrique soit complètement protégé contre les incidents majeurs. Ces
incidents, qui touchent un grand nombre de consommateurs et ce à une échelle
régionale ou nationale, sont dus à la conjugaison de phénomènes courants et de
facteurs aggravants, comme la défaillance de protections ou d'organes de com-
mande. Ces situations, heureusement rares, vont très au-delà de celles prises en
compte pour mettre au point les règles de planification ou d'exploitation. On a
cependant pu les déplorer par exemple en France en 1978 et 1987, au Japon en
1987, ou sur la côte ouest des États-Unis en juillet et août 1996.
Les conséquences de tels incidents sont importantes, tant du point de vue de
l'économie (l'électricité est une des pierres angulaires du fonctionnement de
l'économie), de la sociologie (les sociétés modernes sont très sensibles aux cou-
pures d'énergie), que de la sécurité (process sensibles, clients particuliers
comme les hôpitaux...). Ces conséquences sont bien sûr fortement liées à la
taille de la zone non alimentée ainsi qu'au temps mis pour alimenter à nouveau
cette zone.
En pratique, pour faire face aux incidents majeurs et limiter leurs conséquen-
ces, les compagnies électriques adoptent des mesures curatives et installent des
automates spécifiques, qui constituent le plan de défense du système électrique.
En limitant la propagation de ces incidents et en facilitant la reconnexion rapide
des consommateurs des zones hors tension, les plans de défense sont un
complément économique indispensable des règles courantes de planification et
d'exploitation.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 807 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
UX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXPW
R
causé par l'élimination d'un court-circuit par exemple ; X
— d’une évolution de la consommation qui impose de faire tran-
■ La puissance maximale qui transite sur la ligne est donc :
siter plus de puissance sur les ouvrages de transport ;
— du déclenchement de moyens de production, qui impose de 2
U1
faire venir la puissance d'éventuellement plus loin, donc de surchar- P max = --------
ger les ouvrages de transport intermédiaires ; 2X
— d’une tension basse : à appel de puissance constante, plus la quelle que soit la charge. Cette puissance n’est en aucune
tension est basse, plus le courant est important sur la ligne. manière liée au seuil de surcharge de la ligne.
Le point où le maximum est atteint s'appelle le point criti-
que. La puissance maximale transitant sur la ligne est dépen-
1.1.2 Tenue de tension dante de la tension U1 et de l'impédance X de la ligne. Ainsi,
plus le réseau est exploité à tension haute, ou plus le réseau est
Les réseaux sont réalisés selon une architecture hiérarchisée. maillé, c'est-à-dire plus l'impédance équivalente des inter-
Pour les réseaux très fortement développés, l'énergie est transmise connexions est faible, plus on pourra faire transiter de l'énergie
sur les réseaux de transport, puis transite par l'intermédiaire des sur les lignes.
réseaux de répartition et de distribution vers la charge. Le principe
reste vrai pour les réseaux beaucoup moins développés, où la fonc- ■ Pour une certaine puissance appelée par la charge, on obtient
tion de transport existe toujours, mais à des niveaux de tension deux points de fonctionnement possibles : A et B (figure 3).
largement inférieurs. Le point A est un point de fonctionnement stable du réseau, car à
tension haute, et le point B un point de fonctionnement instable.
La production étant aujourd'hui très majoritairement raccordée
au réseau de transport, la tenue de la tension sur l'ensemble du ■ L’écart entre l’appel de puissance de la charge et la puissance
réseau est pilotée principalement par celle du réseau de transport. maximale transmissible sur la ligne s’appelle la marge en puis-
Les alternateurs des groupes de production et tous les autres sance. Elle représente l’augmentation acceptable de la consom-
systèmes à base d'électronique de puissance qui y sont raccordés mation avant que tout appel de puissance supplémentaire ne
assurent le maintien de la tension dans une plage correcte de fonc- puisse être suivi.
tionnement, tenant compte des contraintes matérielles et des
critères de sécurité.
La tension des réseaux de répartition et de distribution est main- X
U1 U2
tenue à l'aide de régleurs en charge ; ce sont des dispositifs automa-
tiques associés aux transformateurs à rapport de transformation
variable qui assurent la connexion entre les réseaux de transport, de
répartition et de distribution (figure 1). Le changement de rapport de
∼ Charge
transformation se fait automatiquement, par palier (appelé aussi
prise), avec une temporisation d'une dizaine de secondes (cf. article
Réseaux de distribution. Structure et planification [4]).
Lors du déclenchement d'un ouvrage de transport, d'une
augmentation de la consommation ou du déclenchement d'un Figure 2 – Réseau électrique simplifié
groupe de production, la tension sur les réseaux de transport, de
répartition et de distribution chute. Les régleurs en charge vont
donc changer la prise de transformation pour essayer de ramener la Puissance transitant
U2 sur une ligne
tension des réseaux de répartition et de distribution à la tension de
d'impédance X
consigne.
A
Réseau 90 et 63 kV Régleurs P
de répartition
en charge Pmax
Puissance
Réseau 20 kV appelée par
de distribution la charge
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 807 − 3
UY
R
VP
Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VQ
S
VR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTQRP
ans cet article, on désignera par réseau électrique s’il n’y a pas d’ambiguïté,
D ou alors par système électrique, l’ensemble des réseaux proprement dit
(incluant lignes, câbles, postes électriques, transformateurs), des moyens de
production active et réactive et des consommations.
Le lecteur peu familiarisé avec l’étude des réseaux électriques trouvera intérêt
à consulter, en guise d’introduction, l’article D 4 090 « Réseaux de transport et
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@QYYX
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 120 − 1
VS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTQRP
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 120 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
VT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTQRP
Courts-circuits
Ferrorésonance
Oscillations rotoriques
Tenue de la tension
Tenue de la fréquence
1 MHz 100 kHz 10 kHz 1 kHz 100 Hz 10 Hz 1 Hz 10--1 Hz 10--2 Hz 10--3 Hz 10--4 Hz 10--5 Hz
10--6 10--5 10--4 10--3 10--2 10--1 1 10 102 103 104 105
Secondes
Protection
Conduite
Figure A – Représentation des différents phénomènes physiques par échelle de temps et correspondance avec les grands domaines d’activité :
protection, réglage et conduite des réseaux
1. Classification montré que des simulations précises de tous les phénomènes sont
nécessaires. Que le simulateur utilisé soit analogique ou numérique,
des phénomènes la première étape de l’élaboration d’une simulation consiste à éta-
blir le modèle mathématique du système. Un modèle, complet, apte
à reproduire tous les phénomènes aurait les caractéristiques
suivantes :
1.1 Pourquoi classe-t-on — le nombre de variables serait proportionnel :
les phénomènes ? • à la taille du système (nombre de postes et lignes, nombre de
centrales, de charges). Les réseaux synchrones géants actuels,
On a vu dans l’introduction que les phénomènes physiques pou- couvrant jusqu’à tout un continent, contiennent des dizaines de
vant se produire dans un réseau sont nombreux et caractérisés par milliers d’ouvrages et bien plus encore si l’on considère les
des fréquences ou des constantes de temps très variables. Il a été réseaux de distribution ;
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 120 − 3
VU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTQRP
• à la plage de fréquence des phénomènes représentés qui Pour représenter une prise de charge ou une perte de production,
détermine la complexité du modèle des constituants ; le calcul de répartition est modifié pour tenir compte :
— le volume des calculs nécessaires à la simulation serait — du régime final de l’action du réglage primaire de vitesse des
proportionnel : groupes ou du réglage secondaire fréquence-puissance lorsqu’il
• au nombre de variables ; existe ;
• à la fréquence d’échantillonnage (l’inverse du pas de calcul) de — des régleurs en charge des transformateurs ;
l’algorithme d’intégration, elle-même directement liée aux fré- — du régime final du réglage secondaire de tension s’il existe.
quences propres les plus élevées du système. On notera qu’en poursuivant la simulation vers des conditions
Si l’on arrête l’analyse à ce niveau, la simulation numérique de la instables (l’écroulement de la tension), le modèle mathématique
dynamique d’un réseau serait pratiquement impossible, même avec simplifié présentera des singularités provoquant l’arrêt du proces-
les ordinateurs les plus puissants. sus de calcul. Dans la pratique, il faut toutefois se méfier de conclu-
Heureusement, à un deuxième niveau de l’analyse, les choses sions hâtives en assimilant instabilité physique, instabilité d’un
s’améliorent. On observe par exemple que la propagation de la per- modèle simplifié et non-convergence d’un algorithme !
turbation est d’autant plus limitée dans l’espace que la réponse du De plus, ce modèle ne tenant pas compte des phénomènes transi-
système est à fréquence élevée, ou encore que certaines perturba- toires, on pourrait trouver un régime qui, compte tenu des constan-
tions excitent préférentiellement certaines fréquences propres de tes de temps, des seuils, des délais de réponse des divers éléments
manière telle qu’un découplage plus ou moins marqué peut être du système, ne représenterait pas celui du réseau réel. Dans celui-ci
S
observé entre différents phénomènes. Ce sont sur ces caractéristi- des excursions transitoires pourraient en effet entraîner des réac-
ques physiques que s’appuie l’ingénieur pour développer des tions d’équipements propres à modifier l’évolution du système tels
modèles spécifiques à l’étude de certains phénomènes. Il mettra en que : déclenchements d’éléments par surcharge, délestages ou îlo-
œuvre sa compréhension du comportement des réseaux pour défi- tages par baisse de fréquence, déclenchements de groupes de pro-
nir le modèle nécessaire et suffisant pour résoudre son problème, duction par les protections d’auxiliaires à baisse de tension ou de
qu’il aura a priori parfaitement identifié. Ainsi, l’approche classique fréquence, etc.
de la simulation des réseaux repose sur une classification des phé-
nomènes en fonction de leur fréquence caractéristique et développe
pour chaque classe de phénomènes un modèle mathématique par- 1.3 Phénomènes dynamiques lents
ticulier auquel sera associé un outil de simulation. On notera que
l’amplitude des phénomènes joue également un rôle dans la spéci- On qualifie de dynamiques lents les phénomènes présentant des
fication d’un modèle particulier si des non-linéarités (butée, constantes de temps de plusieurs dizaines de secondes, voire de
saturation,...) risquent d’entrer en jeu. minutes ou de dizaines de minutes, tels les échanges thermiques
Si le recours à la classification des phénomènes permet à l’ingé- dans les chaudières, l’échauffement du rotor des alternateurs ainsi
nieur éclairé de réduire considérablement les ressources nécessai- que l’action des régulateurs des prises des transformateurs, des
res à l’élaboration d’un simulateur, il faut bien avoir à l’esprit que le réglages secondaires de tension et de fréquence-puissance, etc.
prix à payer se situe au niveau de la multiplication des outils, et donc Lorsqu’on étudie ces phénomènes, la fréquence est considérée
des données, et de la nécessité d’une connaissance a priori du com- comme égale en tout point du réseau. Compte tenu de leur rapidité
portement dynamique du système. (fréquence de l’ordre du hertz), on néglige les oscillations entre les
Dans ce schéma, la simulation de scénarios complexes, faisant rotors des différentes machines qui ont de ce fait même vitesse et
intervenir des perturbations en cascade et mettant en œuvre des même accélération (hypothèse dite des rotors liés).
phénomènes variés, est très difficile à conduire. Nous verrons plus Aux équations du calcul de répartition de charge décrivant le
tard qu’il existe certaines alternatives à la spécialisation des outils réseau, on ajoute les équations différentielles représentant le fonc-
basés sur des techniques algorithmiques nouvelles. tionnement dynamique des chaudières et turbines, l’équation méca-
Mais la classification des phénomènes n’est pas qu’un mal néces- nique simplifiée des masses tournantes et les régulations locales ou
saire. Elle est aussi très utile à la compréhension du comportement centralisées qui interagissent avec les phénomènes simulés. La
des réseaux et structure de façon très efficace tout exposé sur la régulation primaire de tension, rapide, est traitée algébriquement.
dynamique des systèmes électriques. Le modèle de simulation des phénomènes dynamiques lents
apporte, par rapport à l’approche quasi stationnaire, une améliora-
tion importante concernant le calcul de l’évolution de la fréquence
1.2 Phénomènes quasi stationnaires traduisant l’équilibre dynamique production-consommation. Ce
modèle peut aussi être utilisé pour la simulation des écroulements
Nous entendons par là les phénomènes qui peuvent être décrits par de tension.
une succession d’états du réseau supposés stationnaires. Cela sous- Les phénomènes dynamiques lents étant directement observa-
entend que l’on a l’assurance que les transitoires se sont éteints entre bles par les opérateurs des réseaux, au travers du système d’acqui-
deux états successifs, et qu’aucune bifurcation du système ne se soit sition, le modèle de simulation correspondant est généralement
produite au long de la trajectoire reliant ces deux états. De plus, on fait utilisé pour le développement du moteur de simulation des simula-
l’hypothèse implicite qu’aucune valeur propre du système complet teurs d’entraînement. Encore une fois, négliger les phénomènes
n’atteigne progressivement le demi-plan réel positif, ce qui provo- dynamiques plus rapides n’est acceptable que dans la mesure où
querait l’apparition d’oscillations divergentes spontanées. ceux-ci sont stables et qu’aucun seuil (de protection) n’est dépassé
Pour étudier les phénomènes quasi stationnaires, on utilise un durant les transitoires négligés, provoquant une bifurcation de la
modèle algébrique du système, où certaines variables de trajectoire à long terme du système.
commande dépendent explicitement du temps.
Cette approche s’est, par exemple, révélée utile dans l’étude des
écroulements de la tension. Dans ce cas, elle consiste à effectuer un 1.4 Phénomènes transitoires
calcul de répartition de la puissance active et réactive après chaque électromécaniques
modification de la topologie du réseau, d’un réglage discret, de la
production ou de la consommation. Il faut s’assurer que les produc- Cette classe de phénomènes est liée au comportement des géné-
tions réactives des groupes restent dans les plages admissibles. rateurs quant à leur marche synchrone. Elle concerne au premier
Dans le cas où une limite est atteinte par un groupe, il faut imposer chef le comportement mécanique oscillatoire des générateurs
le courant rotorique à une valeur correspondant à cette limite et non autour de leur position d’équilibre correspondant au régime syn-
plus la tension statorique qui ne peut plus être réglée. chrone.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 120 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
VV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTQRP
,
De façon générale, on distingue deux grandes classes de transitoi-
res électromécaniques. Disjoncteur 1 Disjoncteur 2
S
Il est bien connu que les oscillations rotoriques sont souvent peu
0
amorties. D’autres comportements oscillatoires peuvent trouver
leur origine dans les régulations (de tension en particulier). Un --250
amortissement insuffisant ou inexistant peut apparaître pour certai-
nes conditions d’exploitation rendant celles-ci non viables. L’étude --500
de l’amortissement des oscillations de réseau est une activité 0 100 200 300 400 500 600
usuelle des ingénieurs au niveau de la planification et de la concep- Temps (ms)
tion et du réglage des régulations. Vb (kV)
On définit la stabilité en petit mouvement d’un système électri-
que, ou sa stabilité statique, comme sa capacité de retrouver, après 500
avoir subi n’importe quelle « petite perturbation », un état d’équili-
250
bre identique ou très proche de son état initial.
La stabilité en petit mouvement s’étudie principalement par les 0
techniques d’analyse linéaire appliquées au modèle mathématique
préalablement linéarisé autour du point de fonctionnement du --250
réseau. La simulation numérique constitue également un moyen
efficace d’étude pour autant que l’algorithme d’intégration ait la pré- --500
cision requise en ce qui concerne la restitution de l’amortissement. 0 100 200 300 400 500 600
Temps (ms)
Vc (kV)
1.4.2 Phénomènes de grande amplitude 500
Ces phénomènes se produisent lors de perturbations majeures du
250
régime de fonctionnement tels un court-circuit dans le réseau, un
déclenchement d’ouvrage, provoquant un déséquilibre important 0
entre le couple moteur et le couple résistant des alternateurs.
On définit la stabilité transitoire d’un système électrique face à --250
une perturbation ou un cycle de perturbations comme étant sa capa-
cité à retrouver un point d’équilibre où toutes les machines sont au --500
synchronisme. Suivant cette définition, le glissement d’un rotor 0 100 200 300 400 500 600
d’alternateur d’un ou plusieurs pôles n’est pas considéré comme Temps (ms)
une instabilité.
Les phénomènes transitoires sont fortement influencés par le On simule le comportement de protections sur les trois phases d'une
comportement du système autour du hertz, fréquence propre typi- ligne triphasée, lors de l'apparition d'un défaut sur l'une d'entre elles,
que de l’oscillation rotorique. La fonction de transfert des régula- avec ouverture et réenclenchement automatique des disjoncteurs.
teurs primaires de vitesse et de tension joue un rôle fondamental en A t = 50 ms, un court-circuit apparaît sur la phase "a" et la tension Va
petit mouvement. Les chaînes rapides des mêmes régulateurs s'annule. Les protections, situées à chaque extrémité de la ligne,
(désexcitation rapide, fonctions accélérométriques et fermetures détectent le défaut et commandent l'ouverture des disjoncteurs 1 et 2
rapides des soupapes de turbine...) ont par contre un effet dominant afin d'isoler la phase "a" et d'éviter la propagation du phénomène sur le
réseau.
sur la stabilité transitoire.
Les disjoncteurs s'ouvrent à t = 100 ms et le court-circuit, qui était fugitif,
s'élimine de lui-même à t = 110 ms. Après une période transitoire, on
observe sur la phase "a" une tension de faible amplitude à 50 Hz qui
résulte d'un couplage électromagnétique avec les phases "b" et "c".
1.5 Phénomènes électromagnétiques At = 470 ms, avec la disparition du court-circuit, les disjoncteurs sont
refermés automatiquement. Il en résulte une nouvelle période transitoire
jusqu'à t = 550 ms, la tension redevenant ensuite normale sur les trois
L’onde de tension, que nous avons jusqu’ici considérée pour les phases.
autres types de phénomènes comme parfaitement sinusoïdale, On notera que les phases "b" et "c" sont légèrement perturbées pendant
subit en réalité de nombreuses altérations qu’il faut parfois être l'incident du fait du couplage électromagnétique avec la phase "a".
capable de modéliser finement et qui correspondent à des phéno-
mènes, appelés transitoires électromagnétiques, dont les fréquen-
ces atteignent plusieurs kilohertz. Courts-circuits, manœuvres Figure 1 – Un exemple de transitoires électromagnétiques
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 120 − 5
VW
S
VX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPXP
S
1. Gestion et conduite du système « production-transport ».
Présentation .............................................................................................. D 4 080 - 2
2. Évolution de l’organisation générale des systèmes électriques .. — 3
3. Les grands systèmes interconnectés ................................................. — 4
3.1 Rôle du réseau de grand transport ............................................................ — 4
3.2 Rôle des réseaux de répartition.................................................................. — 6
3.3 Grands enjeux de la conduite des systèmes électriques ......................... — 6
3.4 Acteurs du marché de l’électricité.............................................................. — 7
3.5 Rôle des gestionnaires du réseau de transport en Europe ...................... — 8
4. Problématique de la gestion d’un système production-transport — 8
4.1 Caractéristiques d’un système électrique.................................................. — 8
4.2 Contraintes à respecter ............................................................................... — 11
5. Préparation de la conduite.................................................................... — 13
5.1 Nécessité d’une forte anticipation.............................................................. — 13
5.2 Préparation journalière : une étape clé...................................................... — 14
6. Conduite en temps réel .......................................................................... — 16
6.1 Répartition spatiale des responsabilités.................................................... — 16
6.2 Différents états de conduite........................................................................ — 16
6.3 Conduite en régime normal........................................................................ — 17
6.4 Conduite en régime perturbé ..................................................................... — 18
7. Gestion a posteriori................................................................................. — 18
7.1 Suivi de l’exploitation et retour d’expérience ........................................... — 18
7.2 Règlement des écarts .................................................................................. — 18
8. Quelques données sur les systèmes informatiques de conduite . — 18
8.1 Les outils de supervision et de télécommande......................................... — 18
8.2 Les outils d’aide à la décision..................................................................... — 19
8.3 Les simulateurs d’entraînement................................................................. — 20
9. Un domaine en évolution rapide ......................................................... — 20
Références bibliographiques ......................................................................... — 20
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 080 − 1
VY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPXP
S
vers l’Afrique du Nord via le détroit de Gibraltar.
du système « production- ● Le troisième étage est celui des réseaux de distribution. En
effet, un réseau de transport et d’interconnexion peut desservir
transport ». Présentation directement certains très gros utilisateurs d’électricité. Mais des
réseaux intermédiaires sont nécessaires pour desservir les millions
et dizaines de millions de consommateurs, industriels ou domesti-
On appelle communément « système électrique » l’ensemble ques, qui ont besoin de puissances se chiffrant en kilowatts et
des installations électriquement interconnectées qui assure la mégawatts, et non en dizaines ou centaines de mégawatts. De nom-
livraison, à tous les utilisateurs d’électricité, des kilowattheures breux réseaux de distribution, alimentés chacun séparément par le
produits à partir de sources d’énergie primaire telles que réseau de transport, assurent le convoyage de la puissance élec-
l’hydraulique, les combustibles fossiles, la fission nucléaire, trique et son émiettement vers la multitude de ses utilisateurs.
l’énergie éolienne, voire, mais encore marginalement, l’énergie ■ Cependant, les termes de production, transport et intercon-
solaire directe. nexion, distribution qui qualifient assez exactement les trois étages
d’un système électrique complet ne doivent pas occulter la nature
réelle du kilowattheure.
■ Il est traditionnel de distinguer, au sein d’un système électrique,
trois étages aux fonctions différentes s’articulant entre elles Une ligne électrique est assimilable à une courroie qui transmet
(figure 1). l’énergie d’un moteur – par exemple le pédalier d’une bicyclette –
● Le premier étage est celui de la production de l’électricité qui
à un utilisateur de celle-ci (dans cet exemple, la roue arrière de
sera livrée aux consommateurs. Il est constitué par les usines, sou- l’engin, utilisatrice de l’énergie motrice). La transmission électrique
vent appelées « centrales », qui convertissent en kilowattheures les remplace la transmission par courroie, mais est d’une souplesse et
énergies primaires, véritables sources de l’énergie consommée par d’une efficacité sans commune mesure avec la transmission méca-
les utilisateurs d’électricité. nique. C’est ce qui permet la constitution de ces immenses ensem-
bles de transmission d’énergie que sont les réseaux électriques. Le
● Le deuxième étage est celui du réseau de transport et d’inter-
kilowattheure n’y est pas un objet que, d’une part, on produirait, et,
connexion auquel sont raccordées les usines de production. Cet d’autre part, on transporterait jusqu’à des magasins de grossiste,
étage assure la mise en commun et la répartition sur un très vaste avant de le distribuer au détail. Tout kilowattheure consommé est
territoire de toute l’électricité qui y est produite. produit, transporté et distribué à l’instant même, non pas dans
Le réseau de transport et d’interconnexion est le véritable nœud l’heure ou la minute, mais dans la seconde ou fraction de seconde,
du système électrique. Il peut être à l’échelle d’un continent tel que tout comme l’énergie transmise par une courroie.
Production P P P P P P P P
Système
production
transport Transport Réseau de grand transport, d'interconnexion et de répartition
Système
électrique
Production
décentralisée
Consommateurs C C C C C C C
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 080 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
WP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPXP
S
cles spécifiques. ■ La construction puis l’interconnexion des réseaux électriques ont
été menées dans le cadre d’un certain nombre d’axiomes (pas
● Par contre, les étages production et transport forment un tout
toujours clairement explicités d’ailleurs), par exemple l’autosuffi-
économiquement et techniquement très intégré. Par exemple, il est
sance énergétique par pays conduisant à une politique de produc-
indispensable de respecter à tout moment les trois principaux types
tion d’électricité (nucléaire en France, hydroélectricité parfois très
de contraintes techniques, sur lesquelles nous reviendrons ultérieu-
coûteuse en Suisse, lignite en Allemagne…) apte à satisfaire la
rement (§ 4.2) :
consommation nationale. Les réseaux de grand transport ont alors
— équilibre production-consommation ; été conçus pour jouer le rôle de transport de compensation [11] à
— sécurité individuelle des ouvrages ; l’intérieur des pays, puis entre pays ou grandes compagnies
— sécurité globale du système pour faire face aux aléas. électriques [12]. En Europe, les systèmes production-transport
étaient exploités par des compagnies verticalement intégrées assu-
■ Le dysfonctionnement d’un élément quelconque de cet ensemble
rant à la fois la production d’électricité et son transport, souvent
est susceptible, si on n’y prend garde, d’affecter tout le réseau et
aussi sa distribution. Il y avait, en général, une seule compagnie
tous ses clients. Il faut donc coordonner, à l’échelle d’un continent,
de ce type par pays (EDF en France, CEGB en Angleterre, ENEL en
la gestion et la conduite du système production-transport
Italie, etc.), parfois plusieurs (comme en Allemagne, en Suisse ou en
d’électricité qui le couvre. Tel est le cœur du rôle technique des
Suède) chargées de produire et de transporter la quasi-totalité de
gestionnaires du système production-transport ; les méthodes et les
l’électricité. Dans ce cadre, l’exploitation et la conduite des systèmes
moyens qu’ils emploient font l’objet du présent article.
électriques avaient deux finalités différentes (et parfois conjonctu-
Pour la clarté pédagogique, on se référera parfois à une organi- rellement antagonistes) :
sation qui a été le modèle dominant jusqu’aux années 1990. Ges- — une finalité d’optimisation générale, ce qui, compte tenu du
tion et conduite y étaient fortement centralisées à l’échelle d’un rapport entre le coût de production et le coût du transport, revenait
pays, sous des formes éventuellement différentes d’un pays à en gros à minimiser à tout moment le coût de production ;
l’autre, mais cela est secondaire. Chaque gestionnaire y décidait — une finalité de maintien de la sûreté du système électrique,
des plans de production, en se référant aux moindres coûts, puis afin de veiller, à tout instant, à la bonne alimentation des
procédait à un ajustement commercial et technique avec ses voi- consommateurs finals et au respect des règles évitant les risques
sins. Il lui restait – et ce n’était pas le plus facile – à assurer le bon d’effondrement général [13].
fonctionnement du système à chaque instant.
Comme on le verra au paragraphe 2, cette organisation est ■ La disponibilité d’une énergie abondante et bon marché (le gaz
actuellement remise en cause par une volonté politique, un peu notamment), ainsi que les évolutions technologiques mais surtout
générale dans le monde, mais particulièrement sur le continent économiques, politiques et sociales ont amené le processus dit de
américain et en Europe, de mettre en concurrence la conversion « dérégulation », largement mis en œuvre en Europe, en Améri-
énergie primaire-électricité. L’optimisation des plans de production que du Nord puis du Sud, et en Asie. Dans ce nouveau cadre, la
est donc confiée à un marché de l’électricité, via la concurrence sur concurrence entre producteurs devient un levier essentiel de créa-
les prix. Le plan de production échappe ainsi, du moins dans la pre- tion d’un véritable marché de l’électricité. L’exploitant chargé de la
mière étape de sa construction, au gestionnaire du réseau. Corrélati- conduite du système production-transport, qui est lui en situation
vement, le réseau de transport et d’interconnexion devient une de monopole « naturel », est tenu (en général par la loi, par exemple
« facilité essentielle », c’est-à-dire un service commun aux produc- aux États-Unis ou dans l’Union européenne) d’être séparé de toute
teurs d’électricité et à leurs clients, ayant l’obligation, très surveillée activité de production. Son rôle d’optimisation directe du coût de la
du fait de sa position de monopole, d’assurer le « transport » entre production disparaît donc, au profit d’un rôle nouveau qui est de
les producteurs fournisseurs et leurs clients consommateurs. créer les conditions de l’optimisation par le marché de
Cette nouvelle conception institutionnelle ne va pas sans lancer l’électricité lui-même, en assurant sa fluidité : il doit s’efforcer, mal-
des défis difficiles dans sa mise en œuvre et dans la gestion du gré les nombreuses contraintes techniques, d’assurer à tout
système production-transport. Ces défis et les solutions qui sont moment une circulation aussi aisée et transparente que possible
mises en œuvre seront bien sûr évoqués, étant entendu que seuls entre les producteurs d’électricité et leurs clients.
le temps, l’expérience et une évolution continue dégageront les Compte tenu du poids prépondérant des grandes lois physiques
voies à suivre pour satisfaire, d’une part, à une organisation éco- régissant les systèmes électriques (principe de conservation de
nomique nouvelle propre à satisfaire les différents acteurs et aux l’énergie, propagation des phénomènes électromagnétiques, lois
obligations légales qui en découlent, d’autre part, à la mission fon- de Kirchhoff etc.), les processus de conduite « en temps réel » res-
damentale qui reste celle des gestionnaires du réseau de tent dans une certaine continuité avec le passé. Par contre, les
transport : assurer, dans les meilleures conditions de coût et de mécanismes de préparation de l’exploitation, fondamentaux pour
continuité, la desserte des énergies primaires dont toute commu- maîtriser la complexité des situations et des aléas, se trouvent eux
nauté sociale et industrielle développée a besoin et qu’elle utilise fortement transformés. Dans cet article, nous nous efforcerons de
massivement grâce au système électrique. bien mettre en évidence le rôle des différents acteurs, leur problé-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 080 − 3
WQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTPXP
matique technique mais aussi économique, et de décrire les que de sécurité d’alimentation, de diminuer largement les investis-
grands défis à résoudre grâce aux technologies actuelles, pour la sements dans des centrales de production [12].
conduite au jour le jour ou à moyen terme.
■ Le réseau permet aussi de bénéficier des différences de coûts de
production (ou de prix offerts sur un marché ouvert) entre des équi-
pements distants, conduisant à une réduction globale des coûts
d’exploitation. Ces différences de prix, selon leur caractère
3. Les grands systèmes conjoncturel ou structurel, donnent lieu à des transports d’électricité
dits respectivement « systématiques » et « de compensation ».
interconnectés ● Le transport systématique est pratiqué lorsque des ressources
énergétiques massives et économiques sont situées loin de leur
clientèle. Ce peut être par exemple le cas de l’hydroélectricité (Baie
James au Canada), du nucléaire (unités de forte puissance dont la
3.1 Rôle du réseau de grand transport localisation est dictée par des contraintes de source froide) ou du
gaz (production électrique dans le nord de l’Angleterre, près des
La fonction de base du réseau de grand transport est d’abord de gisements, avec une forte consommation au sud du pays).
relier les centrales de production aux centres de consommation ● Le transport de compensation relève de la compensation statis-
S
d’électricité. Mais, au-delà de cette évidence, pour comprendre la tique des variations tant de la consommation que de la capacité de
structure et les contraintes d’exploitation de ce réseau, il importe production. Il peut être prévisible et aisément anticipé : c’est le cas
de bien appréhender les principales lignes directrices de son déve- de l’effet des décalages entre heures de pointes entre régions ou
loppement et de son organisation, que nous allons rappeler très pays (voir par exemple le décalage horaire entre grands centres de
brièvement. consommation de l’interconnexion de l’Est des États-Unis). C’est
aussi le cas lors de la gestion coordonnée de centrales thermiques
■ Le réseau de grand transport est né de la localisation de ressour- et hydrauliques appartenant à un même producteur, tirant parti de
ces énergétiques (souvent l’hydroélectricité) loin des zones la complémentarité de ses moyens de production. Le transport de
consommatrices. Pour franchir la distance correspondante, la tech- compensation peut aussi devoir être mis en œuvre, avec un préavis
nique du transport par courant alternatif à très haute tension s’est très limité, dans le cas de la panne d’une grosse unité de production.
rapidement imposée. En Europe (hormis l’ex-URSS), les réseaux à Ce type d’événement fait toutefois partie des anticipations habituel-
400 kV à 50 Hz ont été adoptés après la Seconde Guerre mondiale les, nécessaire à la bonne conduite d’un système électrique.
comme le meilleur compromis entre le coût d’investissement, le
coût d’exploitation (notamment la réduction des pertes Joule) et le ■ Les avantages d’un puissant réseau de grand transport et d’inter-
service rendu. Leur rôle s’est vite accru avec l’effet de taille dans connexion ont conduit en Europe (comme dans la plupart des
la production, qui a rendu plus économique la construction de régions du monde) à deux tendances majeures, nécessaires à
centrales de puissance toujours croissante, alors que, bien sûr, la l’expansion des échanges transfrontaliers d’électricité et du
consommation restait diffuse. Mais l’interconnexion s’est surtout commerce international :
développée rapidement pour contrebalancer un inconvénient bien — l’extension de la zone de synchronisme que constituent
connu de l’électricité. aujourd’hui les pays d’Europe de l’Ouest ;
À chaque instant, l’énergie électrique produite dans un sys- — l’interconnexion entre zones synchrones grâce à des liaisons
tème interconnecté est égale à l’énergie consommée. En effet, à courant continu.
malgré les progrès envisageables des technologies de stockage ● L’extension de la zone de synchronisme s’est réalisée dès que
(par exemple dans des matériaux supraconducteurs), les condi- les conditions politiques et techniques ont été réunies. En 1995,
tions économiques de mise en œuvre d’un stockage massif direc- l’ancienne Allemagne de l’Est et les pays d’Europe centrale (Répu-
tement sous forme électromagnétique ne sont pas satisfaisantes, blique Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Pologne), dont les réseaux
et ce sans doute encore pour plusieurs décennies. La seule forme étaient conçus selon des choix techniques proches de ceux de
significative de « stockage » de l’électricité est indirecte : c’est l’Europe de l’Ouest, se sont raccordés à son réseau à 400 kV. En
l’accumulation d’eau par pompage dans des réserves hydroélectri- 1997, les progrès des câbles sous-marins à courant alternatif ont
ques. Cette opération, d’un rendement technique médiocre, peut permis l’interconnexion entre l’Afrique du Nord (Maroc, régions
être d’un grand intérêt économique. Mais les constantes de temps côtières de l’Algérie et de la Tunisie) et le réseau européen via le
en jeu sont loin de celles de l’onde électrique, et le stockage détroit de Gibraltar. Malgré la déconnexion de la Grèce et d’une par-
hydraulique ne peut donc jouer le rôle d’équilibrage instantané des tie de l’ancienne Yougoslavie, le bloc synchrone ainsi constitué est,
puissances produites et consommées. en taille, le premier du monde (devant l’interconnexion de l’Est et du
■ Le développement du réseau de transport a permis de centre des États-Unis), avec une consommation de pointe de plus de
contourner la difficulté de produire localement exactement la puis- 300 000 MW. La figure 2 représente les grands blocs synchrones
sance consommée à chaque instant dans chaque région en rendant européens.
possible la mutualisation instantanée de tous les moyens de ● Lorsque les conditions techniques (du fait des puissances res-
production interconnectés : à défaut de pouvoir facilement pro- pectives en jeu, de l’hétérogénéité des normes de conception ou,
duire localement au moment où l’on consomme, le réseau de grand plus souvent, de la séparation par des bras de mers trop larges pour
transport permet de produire ailleurs que là où l’on consomme, un franchissement en courant alternatif) rendent impossible la
avec la souplesse cumulée de toutes les centrales électriques. Il per- connexion directe, l’interconnexion entre zones synchrones s’est
met ainsi de faire face plus facilement aux variations d’une faite grâce à des liaisons à courant continu. Ce fut notamment le cas
consommation qui fluctue en permanence, en bénéficiant à plein de entre la France et l’Angleterre (liaison de 2 000 MW mise en service
la compensation statistique des variations élémentaires de la puis- en 1988) et entre la Scandinavie et l’Europe du Nord continentale,
sance appelée par chaque consommateur. Sous l’angle technique, avec plusieurs liaisons mises en service lors des deux dernières
cet effet de mutualisation joue à toutes les échelles de temps, décennies et de nombreux projets en cours. Les liaisons à courant
depuis les liens électromagnétiques entre les alternateurs qui ren- continu, dont le flux d’énergie traversant peut être déterminé à
dent le système plus robuste, jusqu’aux substitutions saisonnières volonté grâce à un contrôle- commande adéquat, n’apportent pas le
entre énergies primaires différentes, en passant, à l’échelle de la même service de secours mutuel que les réseaux maillés en alterna-
seconde, par l’effet d’inertie puis de secours mutuel en cas de désé- tif. Mais, moyennant un investissement initial élevé (pour assurer la
quilibre brusque entre production et consommation. Sous l’angle conversion alternatif/continu aux extrémités), elles permettent de
économique, le réseau de grand transport permet, à niveau identi- créer des possibilités d’échanges entre régions.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 080 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
WR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXUP
Systèmes de téléconduite
des postes électriques
1.
1.1
Téléconduite des installations d’un réseau électrique .................
Réseau électrique : rôle et complexité.......................................................
D 4 850 - 2
— 2
S
1.2 Nécessité de surveiller et commander à distance les installations......... — 3
2. Fonctions d’un système de téléconduite .......................................... — 3
3. Organisation d’un système de téléconduite .................................... — 3
3.1 Architecture du réseau de téléconduite d’EDF.......................................... — 3
3.2 Caractéristiques générales des techniques utilisées ................................ — 6
4. Sûreté de fonctionnement .................................................................... — 6
4.1 Définitions .................................................................................................... — 6
4.2 Protection du système au niveau du matériel d’entrées-sorties ............. — 7
4.3 Protection du système au niveau des liaisons informatiques ................. — 7
4.4 Sûreté de fonctionnement du logiciel........................................................ — 7
4.5 Essais ............................................................................................................ — 8
4.6 Disponibilité des équipements ................................................................... — 8
5. Transmission des données .................................................................... — 9
5.1 Généralités ................................................................................................... — 9
5.2 Réseau de sécurité EDF............................................................................... — 9
5.3 Supports de transmission utilisés par le réseau de sécurité ................... — 9
5.4 Procédures de transmission ....................................................................... — 10
6. Systèmes futurs de téléconduite ........................................................ — 10
6.1 Intégration du contrôle-commande et de la téléconduite du poste
électrique...................................................................................................... — 10
6.2 Communications : facteur d’ouverture ...................................................... — 11
6.3 Téléconduite, outil d’assistance à la conduite .......................................... — 11
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 850 − 1
WS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXUP
réseau et de moyens d’action sur celui-ci. Ce besoin est satisfait grâce à l’utilisa-
tion de systèmes de téléconduite des installations. Ceux-ci agissent principale-
ment sur les postes électriques, installations complexes qui assurent
l’interconnexion des lignes et la transformation des niveaux de tension.
Nous nous attacherons dans cet article à présenter, à grands traits, le rôle et
l’organisation d’un système de téléconduite des postes électriques en insistant,
d’une part, sur les moyens mis en œuvre pour garantir sa sûreté de fonctionne-
ment et, d’autre part, sur la place essentielle que jouent les transmissions de
données ; nous illustrerons notre propos par des informations sur le système de
téléconduite d’Électricité de France (EDF). Nous terminerons par quelques consi-
dérations sur les techniques qui seront mises en œuvre à l’avenir.
Nota : le lecteur se reportera, dans le traité Informatique, à l’article Vocabulaire de l’informatique pour les
termes informatiques utilisés dans cet article.
Abréviation Développé
CP Calculateur de Poste
CPL Courant Porteur sur Ligne
EDT Ensemble De Traitement
FT France Télécom
OCR Organe de Coupure en Réseau
PA Poste Asservi
PAS Poste Asservi Simplifié
PC Poste de Commande
PCD Poste de Commande Déporté
PCG Pupitre des Commandes Groupées
PCM Poste de Commande Mobile
PCP Poste de Commande des calculateurs de Postes
PCS Poste de Commande Simplifié
SIT Système Informatisé de Télécommande
SRC Système Régional de Conduite
TCD TéléConDuite
Un grand nombre d’ouvrages sont sollicités pour maintenir en ■ Les réseaux de distribution très diversifiés prélèvent l’énergie
permanence, et au moindre coût global, une bonne qualité de ser- dans les postes sources et la distribuent aux abonnés à moyenne
vice. On distingue, en France, trois types de réseaux. tension (20 kV) puis à basse tension (400 V) ; leurs structures varient
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 850 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
WT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTXUP
considérablement d’une région à l’autre (aérien ou souterrain, — l’acquisition d’informations, donnant la position des organes à
maillé ou arborescent). surveiller, l’état des indicateurs d’alarme, ainsi que des valeurs de
mesure ;
— l’exécution d’ordres, destinés à modifier la position d’un
organe, à agir sur une valeur de consigne ou un réglage ;
1.2 Nécessité de surveiller et commander — la transmission de données entre les divers équipements
à distance les installations matériels constituant le système de téléconduite, pour véhiculer les
informations acquises ou les ordres à exécuter.
■ Le sous-ensemble de traitement constitue le cœur du système
La conduite de réseaux aussi complexes et divers nécessite une de téléconduite. Ses fonctions de base sont les suivantes :
grande coordination dans l’exécution des manœuvres d’exploita-
— la mémorisation des données statiques (caractéristiques des
tion.
postes électriques) ;
Des incidents se produisent à tout moment et il faut constamment — la mémorisation des données dynamiques, reflétant l’évolu-
faire face à des problèmes très variés, qui peuvent survenir sur des tion des grandeurs des postes électriques, ainsi que celle du sys-
installations électriques (postes et réseau) géographiquement très tème de téléconduite lui-même ou les conditions d’exploitation
dispersées. On conçoit tout l’intérêt de systèmes de téléconduite qui décidées par l’opérateur ;
permettent d’intervenir à distance et avec rapidité sur un réseau. — la surveillance automatique, détectant tout écart entre la situa-
Selon le type de réseau, les priorités peuvent être sensiblement
différentes.
tion normale et la situation réelle et déclenchant une alerte en cas de
franchissement de seuil ;
— la visualisation, fonction qui fournit à l’opérateur, sous la
S
■ Dans le cas des réseaux de distribution, qui sont exploités de forme appropriée, les données qui lui permettent d’appréhender
façon radiale, toute rupture entraîne une coupure chez le client. Le la situation réelle ; en général, on distingue trois modes de repré-
système de téléconduite permet surtout d’agir sur les interrupteurs sentation :
du réseau pour réalimenter au plus tôt la clientèle à la suite d’une • le journal de bord qui est un enregistrement au fil de l’eau de
anomalie. tous les événements significatifs qui sont datés, pour permettre
une lecture chronologique détaillée,
■ Dans le cas des réseaux de transport, le client n’est, le plus sou- • la représentation graphique des postes électriques avec des
vent, pas directement affecté par un défaut. D’une manière géné- indications symboliques ou numériques de leur état,
rale, le problème est de prendre l’énergie là où elle est la moins • la visualisation de l’état du système de téléconduite lui-même
chère pour la transporter là où elle est demandée, tout en étant en et des conditions d’exploitation ;
mesure de faire face à des incidents possibles. Le système de télé- — la commande, qui permet d’agir sur les postes électriques à
conduite permet une mise en œuvre rapide des mesures indiquées distance, par désignation directe des organes sur les écrans de
par les programmes informatiques d’optimisation et de sécurité du visualisation.
système de production-transport.
Certains sous-ensembles de traitement comportent des fonctions
plus élaborées comme par exemple :
Néanmoins, dans tous les cas, les fonctions de base de télé- — les diagnostics des incidents survenant sur les postes
conduite sont les mêmes : surveiller, contrôler et télécom- électriques ; le système n’indique pas à l’opérateur les alarmes bru-
mander des organes situés essentiellement dans les postes tes, mais une synthèse de celles-ci, où l’on peut distinguer l’événe-
électriques, mais aussi dans les centrales. ment qui a déclenché l’incident, puis les événements qui en sont la
conséquence ; cette synthèse est alors élaborée en fonction des
alarmes reçues et des règles de fonctionnement de l’installation ;
— le traitement a posteriori des informations : un système de
téléconduite reçoit en permanence une quantité importante d’infor-
2. Fonctions d’un système mations sur l’état et le fonctionnement des postes électriques ; il est
de téléconduite intéressant d’archiver ces informations et de disposer de fonctions
supplémentaires qui permettent :
• de faire des statistiques sur les mesures,
• d’analyser les incidents a posteriori à partir des listes d’alar-
La Commission Électrotechnique Internationale (CEI) donne la mes à l’aide d’outils spécialisés,
définition suivante de la téléconduite : « Conduite à distance du • de faire de la maintenance des postes électriques par aus-
fonctionnement d’une installation, utilisant la transmission cultation et analyse de leur utilisation et de leur comportement.
d’informations à l’aide de télécommunications. La téléconduite
peut comprendre toute combinaison de moyens de commande,
d’alarme, de signalisation, de mesure, de protection et de
déclenchement ; l’utilisation de messages parlés est exclue ». 3. Organisation d’un système
de téléconduite
La téléconduite est donc une fonction. On l’exerce à l’aide d’un
outil que l’on appelle système de téléconduite et que l’on peut défi-
nir comme étant l’ensemble des moyens techniques mis à la dispo-
sition d’une équipe d’exploitation pour exercer la téléconduite sur 3.1 Architecture du réseau
les installations dont elle a la charge. de téléconduite d’EDF
Tout système de téléconduite doit donc comporter, au moins,
deux sous-ensembles : un sous-ensemble de téléinformation et de
télécommande, et un sous-ensemble de traitement.
3.1.1 Généralités
■ Le sous-ensemble de téléinformation et de télécommande EDF a mis en place un réseau de téléconduite bâti sur un ensem-
réalise les fonctions suivantes : ble d’équipements informatiques interconnectés.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 850 − 3
WU
S
WV
Réseaux électriques de transport et de répartition
(Réf. Internet 42263)
Postes à haute et très haute tensions. Postes sous enveloppe métallique (PSEM) D4590 99
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
WW
T
WX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWP
T
1.1 Structure des réseaux.................................................................................. — 2
1.2 Postes............................................................................................................ — 3
1.3 Différents types de postes ........................................................................... — 5
1.4 Conduite des réseaux et mode d’exploitation des postes........................ — 5
2. Exigences générales du schéma électrique d’un poste................. — 6
2.1 Fonctionnement ........................................................................................... — 6
2.2 Exploitation................................................................................................... — 6
2.3 Évolution ....................................................................................................... — 6
2.4 Coût ............................................................................................................... — 6
2.5 Exigences particulières à certains ouvrages.............................................. — 7
2.6 Adaptation au site ........................................................................................ — 7
3. Principaux schémas de poste utilisés ................................................ — 7
3.1 Schémas à un disjoncteur par départ ........................................................ — 7
3.2 Schémas à plusieurs disjoncteurs par départ ........................................... — 9
3.3 Schémas en boucle...................................................................................... — 10
3.4 Schémas avec disjoncteur shunt ................................................................ — 10
3.5 Schémas en antenne ................................................................................... — 10
4. Schémas électriques des postes du réseau RTE ............................. — 11
4.1 Postes d’interconnexion à 400 kV ............................................................... — 11
4.2 Postes de transformation 400/225 kV ......................................................... — 14
4.3 Postes d’alimentation régionale ................................................................. — 16
4.4 Postes d’alimentation des réseaux à moyenne tension ........................... — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 570v2
WY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWP
T première liaison électrique en France, 70 km sous 105 kV dans L’architecture du réseau distingue trois grandes catégories :
le sud-est, date de 1926. La tension 225 kV est apparue en – les réseaux de grand transport d’énergie et d’interconnexion
1932 et le 400 kV en 1958. Cette structure comportait à l’ori- sont constitués d’ouvrages capables de forts transits et maillés. Ils
gine des réseaux indépendants puisque c’est par des réseaux se situent aux niveaux de tension les plus élevés (400 kV en
régionaux séparés qu’a débuté le transport d’énergie en France) permettant le transport de grandes puissances sur de
France. La structure actuelle présente un réseau interconnecté grandes longueurs, tout en minimisant les pertes. Les liaisons
constitué par un maillage des réseaux 225 et 400 kV. forment des boucles dont la grande majorité a des côtés
communs, réalisant ainsi une structure semblable aux mailles d’un
filet (figure 1a ) ;
Le réseau de transport assure les fonctions suivantes : – les réseaux de répartition se situent à un niveau de tension
– le grand transport, c’est-à-dire la capacité à véhiculer l’énergie inférieur (225 kV en France) et ont pour objet d’amener l’énergie
électrique depuis les sources de production vers les centres de vers les sites consommateurs à une échelle régionale. Ils ont
consommation, sur des distances de plusieurs centaines de fréquemment une structure bouclée (figure 1b ) et peuvent alors
kilomètres ; être exploités soit en boucle fermée, le réseau est dit bouclé, soit
– l’interconnexion, c’est-à-dire la faculté de faire transiter l’éner- en boucle ouverte, le réseau est alors dit débouclé. Certaines
gie électrique par des voies différentes afin de pouvoir faire face à alimentations se font aussi en antenne (poste G, figure 1b ) ou
l’avarie de l’une d’elle. On admet d’ailleurs comme un principe de encore en piquage en prélevant une partie de l’énergie circulant
base que l’exploitation du réseau reste possible au niveau N – 1, sur une ligne reliant deux postes (poste H, figure 1b ) ;
c’est-à-dire en cas de perte d’un ouvrage quel qu’il soit ; – ces réseaux de répartition à caractère régional fournissent
– la transformation, c’est-à-dire la possibilité de passer d’un l’énergie aux réseaux de distribution qui sont des réseaux à
niveau de tension à un autre niveau de tension permettant pro- moyenne tension (MT ou HTA) assurant l’alimentation d’un grand
gressivement d’abaisser la tension pour alimenter le client final ; nombre d’utilisateurs soit directement, soit après transformation
– la répartition, c’est-à-dire la capacité d’alimenter les postes en basse tension (BT). Leur configuration et leur mode d’exploita-
sources du réseau de distribution à 15 ou 20 kV. tion sont variables. On peut trouver, selon les pays, des réseaux
maillés exploités débouclés, des réseaux à structure radiale
Les fonctions de grand transport et d’interconnexion sont géné- (figure 1d ), des réseaux à structure arborescente (figure 1c ).
ralement assurés par les niveaux de tension les plus élevés (400 kV
et 225 kV en France). La fonction de répartition est assurée par les
niveaux de tension intermédiaire (225, 90 et 63 kV en France). D’une façon générale, ce sont les caractéristiques des
La fonction de transformation se réalise à tous les niveaux de sources de production, les besoins des utilisateurs et l’expé-
tension puisque l’on passe, par une cascade régulière, du niveau rience d’exploitation qui, ajoutés à des considerations écono-
de tension le plus élevé vers le niveau de tension le plus bas. miques, conduisent à choisir la structure topologique des
réseaux en s’efforçant de réduire l’incidence des défaillances
Afin de garantir la sécurité d’alimentation et d’optimiser les dont ils peuvent être l’objet.
moyens de production, il est utile de pouvoir faire transiter l’énergie
électrique par des voies différentes, pour pallier l’avarie éventuelle
de l’une d’elles. En outre, une exploitation économique veut que
l’on utilise les unités de production dans l’ordre de préséance éco- 1.1.2 Imperfections des réseaux
nomique, c’est-à-dire du moins cher au plus cher. Ces deux
Pour des raisons techniques et économiques, il n’est pas
considérations, technique et économique, conduisent à raccorder
possible de construire des réseaux exempts de défauts de fonc-
entre elles les liaisons électriques pour constituer des nœuds élec-
tionnement. Leurs éléments constitutifs sont conçus, construits et
triques qui permettent de mettre en commun toutes les sources de
entretenus de façon à réaliser le meilleur compromis entre coût et
production et qui assurent ainsi une fonction d’interconnexion entre
risque de défaillance. Il en résulte que des défauts ou incidents
régions et entre pays frontaliers. Par ailleurs, à une plus grande
peuvent venir perturber le bon fonctionnement des installations.
échelle, les interconnexions créent les conditions d’une solidarité
permanente entre les pays en offrant des capacités d’échange Parmi les causes d’incidents susceptibles d’affecter les réseaux,
d’énergie entre pays et la possibilité de secours mutuel lors de la citons les perturbations atmosphériques, qui peuvent induire des
défaillance d’un équipement de transport ou de production. défauts d’isolement des parties sous tension (foudre) ou, dans les
XP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWP
H 1.2 Postes
b
B C
XQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWP
Banc de transformation
Tête Tête
de cellule de
Cellule cellule
ligne
Aiguillage Aiguillage
sur les sur les
Cellule raccordement
jeux jeux
Couplage transformateur
de barres de barres
Tronçonnement
de barres BO1
BO1
T
Tronçonnement de barres BO2
BO2
Sectionnement
de barres
BO : jeux de barre
un sommet électrique apparaissant comme une portion de jeu de ■ Sections de barres – Tronçons de barres
barres encadrée par deux disjoncteurs. Ces sommets peuvent Lorsqu’un jeu de barres peut être partagé en plusieurs parties
alors fonctionner en parallèle, les disjoncteurs étant fermés, ou de par sectionneurs ou par disjoncteurs, on appelle :
façon séparée, les disjoncteurs étant ouverts. Le fonctionnement
en parallèle correspond à une volonté de réaliser un réseau maillé – « section de barres » une partie d’un jeu de barres comprise
mais le fonctionnement à sommets séparés permet de limiter le entre deux sectionneurs de sectionnement, entre un sectionneur
niveau du courant de court-circuit sur une partie du réseau. de sectionnement et une extrémité de barres, ou entre un section-
neur de sectionnement et un disjoncteur ou interrupteur de
tronçonnement ;
1.2.1 Éléments constitutifs d’un poste – « tronçon de barres » une partie d’un jeu de barres comprise
entre deux disjoncteurs de tronçonnement, ou entre un disjoncteur
La figure 2 donne un schéma de poste. de tronçonnement et une extrémité de barres.
■ Jeux de barres Le tronçonnement permet de réaliser autant de sommets
Un jeu de barres est un ouvrage électrique triphasé régnant sur d’exploitation qu’il y a de tronçons de jeux de barres délimités par
la longueur du poste. Il permet de relier entre eux les départs de des disjoncteurs.
même tension qui y aboutissent. Un poste électrique peut être Les sectionnements se composent uniquement d’un sectionneur
doté de un, deux, voire trois jeux de barres pour une tension et permettent d’obtenir autant de sommets qu’il y a de sections.
donnée.
■ Cellules de ligne
■ Cellules de couplage des barres On distingue :
Elles permettent de relier entre eux deux jeux de barres – la tête de cellule qui regroupe les équipements de contrôle, de
quelconques du poste ou deux de leurs sections ou tronçons, protection, de coupure, d’isolement et de mise à la terre de la
disposés du même côté d’un sectionnement ou d’un tronçon- ligne : transformateurs de mesure courant et tension, disjoncteur,
nement de barres s’il en existe un. éventuel sectionneur d’isolement à coupure visible et de mise à la
Leur équipement comprend un disjoncteur, les sectionneurs terre de la ligne ;
d’aiguillage sur les différents jeux de barres et des réducteurs de – Ia partie aiguillage qui permet de connecter la tête de cellule à
mesures. l’un ou l’autre des jeux de barres du poste. Elle ne comporte,
XR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWR
T
1.3 Conditions de construction liées aux effets thermiques du courant....... — 4
1.3.1 Régime permanent ............................................................................. — 4
1.3.2 Régime de surcharge d’une durée maximale de 20 min ................ — 5
1.3.3 Régime de court-circuit ...................................................................... — 5
1.4 Conditions de construction liées à la sécurité du personnel d’exploitation — 5
1.4.1 Distances de base ............................................................................... — 6
1.4.2 Distances de construction.................................................................. — 6
1.5 Conditions de construction liées aux contraintes mécaniques exercées
sur les ouvrages........................................................................................... — 8
1.5.1 Résistance mécanique des ouvrages : règles de référence ............ — 8
1.5.2 Hypothèses météorologiques............................................................ — 8
1.5.3 Hypothèses d’efforts appliqués aux structures................................ — 9
1.5.4 Conditions à respecter pour le dimensionnement des ouvrages... — 9
1.6 Conditions liées à l’exploitation ................................................................. — 9
2. Dispositions constructives types ........................................................ — 10
2.1 Disposition des phases et de leur équipement ......................................... — 10
2.1.1 Disposition à phases séparées .......................................................... — 10
2.1.2 Dispositions à phases associées ....................................................... — 10
2.1.3 Disposition à phases mixtes .............................................................. — 10
2.2 Conditions technologiques de construction d’un poste........................... — 11
2.3 Réalisation des postes d’interconnexion à 400 kV.................................... — 11
2.4 Réalisation des postes à 225 kV d’interconnexion
ou d’alimentation régionale........................................................................ — 15
2.5 Réalisation de la partie à haute tension des postes
d’alimentation régionale ............................................................................. — 15
2.6 Réalisation des postes de soutirage d’alimentation régionale................ — 16
2.7 Réalisation des postes d’alimentation des réseaux à moyenne tension — 16
2.7.1 Poste D (225 kV/MT) ........................................................................... — 18
2.7.2 Poste d (63 ou 90 kV/MT) ................................................................... — 19
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 572
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 572 − 1
XS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWR
T PI
r
SAp
poteau intermédiaire
route
sectionneur d’aiguillage pantographe
Nota : le lecteur pourra utilement se reporter dans ce traité à l’article Lignes et postes
Choix et coordination des isolements [D 4 750].
Les valeurs retenues pour le dimensionnement des réseaux
français, précisées dans le tableau 1, sont conformes aux normes
SAc sectionneur d’aiguillage à deux colonnes NF C 10-100 et UTE C 10-100 qui résultent de la publication 71 de
SB sectionneur de barres la CEI. (0)
SC sectionneur de couplage
SI sectionneur d’isolement
SL sectionneur de ligne Tableau 1 – Caractéristiques d’isolement
SLT sectionneur de ligne et de mise à la terre de la des postes à isolement dans l’air (1)
ligne
SS sectionneur de sectionnement Tension Tension Tension Tension
STL sectionneur de mise à la terre de la ligne Tension composée de tenue de tenue de tenue
T tringle de manœuvre composée la plus élevée de fréquence aux chocs aux chocs
TA et TB tronçons nominale pour le matériel industrielle de foudre de manœuvre
TC transformateur de courant du réseau phase-masse phase-masse phase-masse
TCM transformateur combiné de mesure U Ti U Tf U Tm
TCT transformateur condensateur de tension (kV) (kV) (kV) (kV) (kV)
Tr transformateur de puissance (Tr1, Tr2 ou Tr3) 63 72,5 140 325
TT transformateur de tension 90 100 185 450
–––– câble de garde
● jeu de barres 225 245 460 1 050
420 520 1 425 1 050
Dans tous les schémas de poste (figures 7 à 20), nous avons utilisé les 400
mêmes notations. 630 (2) 1 425 (2) 1 575 (2)
Les cotes sont exprimées en mètres min indique la valeur minimale (1) D’après les normes NF C 10-100 et UTE C 10-100.
(2) Valeurs de tension entre phases.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 572 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
XT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWR
Les tensions sont exprimées en kilovolts et les distances en mètres. Le tableau 3 définit, pour chaque réseau, la longueur minimale
Le paramètre k, appelé facteur d’intervalle, est lié à la géométrie des de ligne de fuite L min des supports isolants en fonction de la classe
électrodes délimitant l’intervalle d’air. de pollution.
Les exemples suivants indiquent les valeurs de k habituellement Pour plus de précisions concernant la classe de pollution, on se
considérées : reportera au tableau 4 qui indique quelques exemples d’environne-
— pour l’intervalle pointe sous tension-plan, k = 1 ; ment caractéristiques avec leurs niveaux de pollution et la salinité
— pour l’intervalle conducteur-sol, k = 1,10 ; équivalente.
— pour l’intervalle conducteur-structure métallique, k = 1,32 ; La longueur minimale de ligne de fuite doit être corrigée en fonc-
— pour l’intervalle conducteur-conducteur, k = 1,58. tion du diamètre moyen ∅m de l’isolateur. La valeur du coefficient
Par application des formules précédentes, la plus grande des multiplicateur f est donnée dans le tableau 5. Le diamètre moyen
valeurs de d définit pour chaque tension nominale la distance élec- se calcule comme indiqué sur la figure 1.
trique minimale entre phase et masse DM ou entre phases.
Le tableau 2 donne les valeurs retenues pour le dimensionnement 1.2.2.2 Conformité de l’isolateur
des ouvrages français. Ces valeurs sont légèrement supérieures à La conformité d’un isolateur doit être établie par les mesures
celles indiquées dans les normes NF C 10-100 et UTE C 10-100. (0) indiquées dans les publications CEI 815 et CEI 507. Ces mesures
concernent les paramètres du profil de l’isolateur et sa position en
service.
Tableau 2 – Distances électriques minimales Ces paramètres sont déduits de l’expérience en service et des
essais en laboratoire.
Tension Tension Distance
Distance Ce sont, pour le profil de l’isolateur (figure 2) :
composée composée minimale
minimale
T
nominale la plus élevée entre phase — la distance minimale d (ou C, les deux notations sont
entre phases normalisées) entre ailettes ;
du réseau pour le matériel et masse DM
(kV) (kV) (m) (m) — le rapport S /P entre le pas et la profondeur de l’ailette ;
— le rapport ᐉd ⁄ d entre la longueur de la ligne de fuite entre
63 72,5 0,66 0,76
deux ailettes et d ;
90 100 0,92 1,06 — la différence de profondeur P1 – P 2 entre deux ailettes
225 245 2,14 2,47 alternées ;
— l’angle d’inclinaison α des ailettes ;
400 420 2,90 (1) 4,00 — le facteur de profil :
3,50 (2)
2P + S pour des ailettes régulières
(1) Pour un intervalle conducteur-structure métallique. P f = -------------------
ᐉd
(2) Pour un intervalle pointe sous tension-plan.
2P 1 + 2P 2 + S
- pour des ailettes alternées
P f = --------------------------------------
ᐉd
1.2.2 Tenue sous pollution des isolateurs
avec ᐉd longueur de ligne de fuite mesurée entre les deux
1.2.2.1 Ligne de fuite unitaire de l’isolateur extrémités de S.
La tenue sous pollution d’un isolateur caractérise la possibilité qu’il Concernant la position de l’isolateur, on fait intervenir le facteur
a de tenir, en milieu pollué, les contraintes électriques qui appa- de ligne de fuite C f :
raissent sur le réseau. C f = L/S t
On caractérise la pollution d’un site par un degré de pollution avec L ligne de fuite totale de l’isolateur,
saline équivalente S, exprimée en kilogrammes de sel par mètre cube
d’eau. Quatre classes de pollution sont ainsi définies et, dans St distance d’arc ; c’est la plus courte distance extérieure à
chacune d’elles, on impose à l’isolateur une longueur de ligne de l’isolateur dans l’air (hauteur linéaire de l’isolateur sans
tenir compte de son développé).
fuite minimale unitaire ᐉ min , exprimée en centimètres par kilovolt
Pour être conforme au niveau de pollution :
de la tension composée la plus élevée du réseau (tableaux 3 et 4
(0)
).
C f ⭓ 3,5 pour la pollution 1 et 2
C f ⭓ 4 pour la pollution 3
Tableau 3 – Longueur minimale de la ligne de fuite
des supports isolants
Tension composée nominale
du réseau .............................(kV) 63 90 225 400
Tension composée la plus élevée
pour le matériel ...................(kV) 72,5 100 245 420
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 572 − 3
XU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWR
T
Zones à forte densité d’industries et banlieues de grandes villes avec une forte densité
3 d’installations de chauffage polluantes
fort 2,5 20 ⭐ S < 80
Zones situées près de la mer ou en tout cas exposées à des vents relativement forts venant
de la mer
Zones généralement peu étendues, soumises à des poussières conductrices et à des
fumées industrielles produisant des dépôts conducteurs particulièrement épais
4 Zones généralement peu étendues, très proches de la côte et exposées aux embruns et aux
3,1 S ⭓ 80
très fort vents très forts et polluants venant de la mer
Zones désertiques caractérisées par de longues périodes sans pluie, exposées aux vents
forts transportant du sable et du sel soumises à une condensation régulière
(1) L’utilisation d’engrais répandus par pulvérisation ou le brûlage des terres moissonnées peuvent conduire à un niveau de pollution plus élevé à cause de la dis-
persion par le vent.
(2) Les distances au rivage dépendent de la topographie de la zone côtière et des conditions extrêmes de vent.
(3) Cette salinité est donnée seulement à titre indicatif.
(0)
Tableau 5 – Valeur du coefficient multiplicateur f
de la longueur minimale de ligne de fuite en fonction
du diamètre ∅m de l’isolateur
∅m .................. cm < 30 30 et 50 > 50
f ............................ 1 1,1 1,2
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 572 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
XV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWR
(0)
Tableau 6 – Mesures de conformité pour les paramètres de profil de l’isolateur
Profil déclaré conforme
Profil devant être
Paramètre sans justification Profil refusé
soumis à l’accord (1)
particulière
S S S S
Rapport ----- du pas à la profondeur de l’ailette ----- 0,8 0,65 ----- < 0,8 ----- < 0,65
P P P P
ᐉd ᐉd ᐉd ᐉd
Rapport ------- de la ligne de fuite entre ailettes à la distance C ------- 4 4 ------- < 5 ------- 5
C C C C
T
2P 1 + 2P 2 + S pour ailettes alternées pour pollution 3 P f 0,7
P f = --------------------------------------
- P f > 0,7
ᐉd
(1) L’accord sera prononcé soit sur des références d’exploitation du produit en réseau, soit après essais sous pollution artificielle réalisés selon les publications
CEI 815 et 507.
La température des conducteurs est calculée, pour un courant 1.4 Conditions de construction
permanent donné, au moyen de la formule développée en [D 4 574].
liées à la sécurité du personnel
Pour ce calcul, les températures ambiantes sont celles observées
dans les pays considérés. En France métropolitaine, elles sont d’exploitation
prises respectivement égales à :
• 30 oC en été ; Il convient de préciser que les distances de construction des
• 15 oC en hiver 1 ou 5 oC en hiver 2 (selon la période de l’hiver ouvrages relèvent de trois types de considérations :
considérée). — la tenue électrique qui est définie par la tenue aux surtensions
atmosphériques et la tenue aux surtensions de manœuvre, dans le
cadre de la coordination de l’isolement (tableau 1), les distances
1.3.2 Régime de surcharge entre phase et masse et entre phases qui en découlent (tableau 2)
d’une durée maximale de 20 min déterminant l’encombrement minimal de l’ouvrage ;
— les méthodes d’entretien liées à l’outillage et aux modes
opératoires ; les distances de travail évoluent en fonction des
Il est caractérisé par un courant qui peut traverser les câbles ou moyens d’intervention ; elles déterminent en grande partie
les tubes pendant une durée inférieure ou égale à 20 min après un l’encombrement des ouvrages ;
fonctionnement en régime permanent maximal. Cette durée, retenue — le domaine réglementaire (arrêté interministériel du
pour les réseaux français, permet aux exploitants d’effectuer les 2 avril 1991, UTE C 18-510) révisable périodiquement et incluant,
manœuvres nécessaires pour revenir à une situation normale du entre autres, les évolutions techniques dans les modes opératoires.
réseau après avaries.
La nécessité, pour le personnel d’exploitation et d’entretien, de
La température de fonctionnement est limitée à 100 oC pour les pouvoir circuler et d’intervenir dans le cadre de ses attributions, en
câbles et à 110 oC pour les tubes, les températures initiales étant n’importe quel point du poste et en toute circonstance, a conduit à
respectivement de 85 et 95 oC au début du régime de surcharge. définir des distances dites de sécurité.
Une personne travaillant ou circulant à proximité des pièces sous
1.3.3 Régime de court-circuit tension ne doit pas engager soit la distance minimale d’approche
DMA, soit la distance minimale entre phase et masse DM (§ 1.2.1)
de l’échelon de tension considéré.
Il est caractérisé par un courant de court-circuit qui traverse le câble
ou le tube pendant une durée égale au temps de fonctionnement Les indications suivantes concernent les travaux conventionnels,
des protections contre les courts-circuits et les défauts d’isolement. c’est-à-dire sur ouvrages hors tension mais à proximité de pièces
La température des tubes et des câbles ne doit pas dépasser 220 oC pouvant être sous tension, effectués par du personnel habilité
à partir de températures initiales égales à 100 oC pour les câbles (exploitant ou organisme d’état) ou non habilité surveillé par du
et 110 oC pour les tubes, correspondant à la limite du régime de personnel habilité.
surcharge pendant 20 minutes. Nota : en ce qui concerne les travaux sous tension, le lecteur se reportera, dans ce traité,
à l’article Travaux sous tension [D 4 140].
Le passage d’un courant de défaut important, mais pendant un
temps très court, dans une connexion provoque une élévation de On suppose une structure classique d’ouvrage avec des moyens
la température de celle-ci que l’on calcule en régime adiabatique en standards d’intervention.
fonction du produit I 2t, I étant la valeur du courant de défaut Des dispositions constructives particulières (écran à demeure,
(cf. [D 4 574]). disjoncteur débrochable, etc.) ou des moyens spécifiques d’inter-
vention peuvent être de nature à lever certaines de ces contraintes
de distance.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 572 − 5
XW
T
XX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWU
T
2.1 Plate-forme................................................................................................... — 3
2.2 Voies de circulation ..................................................................................... — 4
2.3 Fondations des supports d’appareils ......................................................... — 4
2.4 Ouvrages pour transformateurs de puissance ......................................... — 5
2.5 Bâtiments ..................................................................................................... — 6
2.6 Clôtures ........................................................................................................ — 7
2.7 Caniveaux de câbles à basse tension ........................................................ — 7
3. Réseau général de terre ......................................................................... — 7
3.1 Rôle d’une mise à la terre ........................................................................... — 7
3.2 Principe de conception d’un réseau de terre de poste ............................. — 8
3.3 Réalisation pratique..................................................................................... — 8
3.4 Protection contre la foudre ......................................................................... — 9
3.5 Raccordement des différents équipements au réseau de terre ............... — 9
3.6 Dispositions particulières............................................................................ — 10
4. Charpentes des postes ........................................................................... — 10
4.1 Types de charpentes.................................................................................... — 10
4.2 Conception ................................................................................................... — 10
4.3 Choix du matériau et protection contre la corrosion................................ — 10
4.4 Calcul des charpentes.................................................................................. — 11
5. Matériels à haute tension ...................................................................... — 11
5.1 Sectionneurs ................................................................................................ — 11
5.2 Disjoncteurs ................................................................................................. — 12
5.3 Transformateurs de mesure ....................................................................... — 13
5.4 Condensateurs de couplage des équipements à haute fréquence
et des circuits bouchons.............................................................................. — 13
5.5 Transformateurs de puissance ................................................................... — 13
5.6 Parafoudres .................................................................................................. — 13
6. Isolateurs et supports isolants ............................................................ — 13
6.1 Chaînes isolantes......................................................................................... — 13
6.2 Supports isolants......................................................................................... — 13
7. Connexions aériennes............................................................................. — 14
7.1 Connexions aériennes en câbles................................................................ — 14
7.2 Connexions aériennes en tubes ................................................................. — 16
7.3 Mise en œuvre des connexions aériennes et des raccords ..................... — 17
8. Liaisons souterraines .............................................................................. — 18
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 575
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPV
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 575 − 1
XY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWU
es postes à haute et très haute tensions (HT et THT) font l’objet de plusieurs
L dossiers :
— Rôle et structure [D 4 570] ;
— Dispositions constructives [D 4 572] ;
— Construction et équipements [D 4 574] ;
— Installations de conduite et de contrôle [D 4 576] ;
— Postes sous enveloppe métallique (PSEM) [D 4 590].
Les sujets traités n’étant pas indépendants les uns des autres, le lecteur est
donc invité à se reporter aussi souvent que nécessaire aux autres dossiers.
T par des besoins essentiellement techniques. Une fois cette décision constituant le génie civil de ces postes.
prise, le problème qui se pose est de trouver, le plus près possible
du point électrique idéal, un terrain suffisamment grand pour y Les problèmes d’exploitation sont très présents dans la
construire le poste, et permettre l’arrivée et le départ des lignes. conception du génie civil. Au cours des années, l’évolution des
Le plus intéressant est d’installer le futur poste sur un site proche matériels et des techniques d’exploitation a entraîné des modifica-
des couloirs des lignes existantes, voire si possible à leur inter- tions nombreuses du génie civil pour faciliter l’exploitation des
section. ouvrages.
Lorsqu’il est impossible de trouver un tel emplacement, le choix
du terrain résulte alors d’un compromis harmonieux entre des L’étude du génie civil d’un poste commence par une appréciation
facteurs techniques, économiques, administratifs et environne- aussi précise que possible des caractéristiques du sol, le but visé
mentaux. étant de calculer et de réaliser l’ensemble des ouvrages de génie
Le tableau 1 montre l’influence sur le projet et les conséquences civil dans les meilleures conditions économiques.
des principaux facteurs à prendre en compte.
La reconnaissance complète des terrains est confiée à des orga-
nismes spécialisés. L’objectif est d’obtenir des renseignements
d’ordre topographique (limites cadastrales, relief) et physique
2. Génie civil (caractéristiques géologiques et mécaniques des différentes
couches composant le sol, présence éventuelle d’eau, etc.).
Avant tous travaux, les terrains doivent être étudiés, aménagés et Une fois les renseignements obtenus, les ouvrages peuvent être
préparés. dimensionnés et exécutés. (0)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 575 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
YP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWU
T
— une légère pente sur la ou les plates-formes permet d’assurer
mouvements de terre. Le nivellement est donc calculé, dans la
une évacuation naturelle des eaux de ruissellement et évite ainsi les
mesure du possible, suivant le critère :
problèmes dus à la stagnation.
remblais = déblais Le réseau de drainage est composé de drains principaux dans les-
quels viennent se jeter des drains secondaires disposés en anten-
afin d’éviter le transport de terre à la décharge publique. L’utilisation nes.
des déblais en remblais reste soumise aux conditions du rapport de
sol du géotechnicien. La méthode de dimensionnement du réseau de drainage fait
appel à plusieurs facteurs :
— la pluviométrie de la région ;
2.1.2 Traitement de sol — la topographie du site ;
— la période de retour de l’événement atmosphérique (en géné-
ral la pluie).
Certains sols, en raison de leurs propriétés et/ou de leur teneur en
eau, sont considérés comme des matériaux mauvais ou médiocres Les drains suivent habituellement la pente de la plate-forme, et
et sont le plus souvent remplacés par d’autres de meilleure qualité, ont une pente minimale de 4 % si celle-ci est horizontale. Ils sont
entraînant un coût important. positionnés en amont des ouvrages de génie civil (pistes, cani-
veaux, bâtiments, etc.) et à une profondeur si possible hors gel. Ils
Une solution technique, avantageuse économiquement pour sont généralement constitués d’une buse en plastique perforée sur
régler les problèmes posés, peut être le traitement de ces sols, soit son demi-périmètre supérieur, entourée de gravillons, le tout
à la chaux, soit au ciment, voire aux deux. enrobé d’un tissu protecteur dénommé géotextile évitant tout col-
Le traitement à la chaux permet : matage ultérieur.
— de diminuer la teneur en eau du terrain ; Le drainage est habituellement réalisé après le nivellement du ter-
rain.
— d’améliorer les caractéristiques à court et long termes de cer-
tains sols (limoneux ou argileux) de qualité médiocre dans leur état Cependant, dans certains cas particuliers, il peut être nécessaire
naturel, permettant ainsi leur réemploi éventuel en remblais ; d’effectuer en début de chantier un drainage provisoire afin d’assai-
nir le lieu de travail et de faciliter l’évolution des engins de terrasse-
— d’exécuter les terrassements dans les meilleures conditions de
ment. Ce drainage superficiel est alors réalisé au moyen de petites
travail possibles, tout en diminuant la sensibilité du chantier aux
tranchées remplies de gravillons. Le drainage définitif est, quant à
intempéries.
lui, exécuté ultérieurement.
L’objet du traitement au ciment est sensiblement identique à celui
du traitement à la chaux (amélioration des caractéristiques initiales
des sols), mais il est surtout utilisé dans le but d’obtenir un dévelop- 2.1.4 Aménagement de surface
pement rapide et durable des résistances mécaniques et des stabili-
tés du terrain à l’eau et au gel. C’est pourquoi le procédé est utilisé Sur l’ensemble de la surface du poste, les zones construites, où se
le plus souvent pour la réalisation de couches de forme sous les rou- situent les ouvrages et matériels, sont recouvertes d’une couche de
tes et les pistes. gravillons concassés 15/25 (dimension comprise entre 15 et 25 mm)
Le traitement mixte, à la chaux et au ciment, est essentiellement d’une épaisseur de 7 cm.
utilisé en couche de forme. Il peut en effet arriver que certains sols Le rôle de ce gravillonnage est double :
fins ne soient pas aptes à supporter un traitement au ciment seul
— avant tout, il participe, dans le cadre de la conception générale
(teneur en eau ou cohésion trop élevées). Le traitement préalable à
du réseau de mise à la terre du poste (§ 3), à l’amélioration de la
la chaux, par les actions immédiates de celle-ci, permet d’amener le
sécurité des personnes, en limitant le courant circulant dans le corps
sol à un état optimal pour le traitement au ciment.
humain lors d’un défaut électrique ; la présence d’une couche de
Le traitement du sol, par l’une de ces techniques, doit faire l’objet 7 cm de gravillons permet de réduire cette intensité de courant d’un
d’une étude spécifique, pilotée par le géotechnicien, qui s’intègre facteur supérieur à deux ;
dans l’étude générale de sol nécessaire à définir les terrassements, — il facilite les déplacements au voisinage des installations et
le drainage, les massifs et les pistes. présente une surface plus propre.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 575 − 3
YQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWU
Le choix de la nature et de la couleur du gravillon est effectué en Elles sont exécutées selon les mêmes spécifications que les pistes
fonction des carrières environnantes. de circulation (§ 2.2.2).
Avant épandage des gravillons, il est indispensable d’arroser les
surfaces à gravillonner avec un produit désherbant non toxique et
non corrosif pour le cuivre du circuit de terre. Cette application ne
doit cependant pas risquer de polluer les nappes phréatiques pro- 2.3 Fondations des supports d’appareils
ches du sol ou ruisseler dans les terrains cultivés contigus. Une
deuxième application sera faite après gravillonnage.
Le reste de la parcelle, libre d’installations, sera aplani. Les structures métalliques, destinées à supporter l’appareillage à
haute et très haute tensions ou les connexions tendues dans les pos-
tes, sont fixées au sol par l’intermédiaire de fondations massives en
béton que l’on appelle communément massifs.
2.2 Voies de circulation On distingue généralement :
— les massifs des charpentes principales, qui sont les portiques
2.2.1 Route d’accès et routes intérieures d’ancrage des lignes aériennes et des connexions tendues en câbles
du poste. Les efforts appliqués varient selon la disposition des arri-
vées de lignes ;
Un tronçon routier appelé route d’accès relie le poste à desservir
depuis son portail d’entrée jusqu’à la voie publique. — les massifs des charpentes secondaires, qui sont les châssis
supports d’appareillage à haute et très haute tensions ou de colon-
Une ou plusieurs routes intérieures au poste permettent ensuite
nes isolantes. Les efforts exercés sont connus et bien déterminés.
aux différents véhicules d’accéder aux bâtiments, aux cellules de
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 575 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
YR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWU
(0)
Figure 1 – Massif et fixation des platines de charpentes 2.4.3 Protection contre l’incendie
T
Les dispositions mises en œuvre sont fonction de la situation
géographique du poste et de la position du transformateur par rap-
2.4.1 Massifs de repos port aux habitations voisines.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 575 − 5
YS
T
YT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWV
’ensemble des postes à haute et très haute tensions fait l’objet de plusieurs
L dossiers :
–« Rôle et structure » [D 4 570] ;
–« Dispositions constructives » [D 4 572] ;
–« Construction et équipements » [D 4 575] ;
–« Installations de conduite et de contrôle » [D 4 576v2] ;
–« Postes sous enveloppe métallique (PSEM) » [D 4 590] ;
Dans les postes électriques haute et très haute tensions, dénommés poste
HTB, du réseau électrique français, depuis une trentaine d’années, les installa-
tions de contrôle et de conduite ont subi de nombreuses évolutions, en particu-
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPY
YU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWV
T
– la partie conduite est constituée par des équipements situés
1. Principes généraux dans le bâtiment de commande du poste, qui permettent la
conduite de la tranche électrique, à savoir :
la réalisation de commandes et l’acquisition, en retour, des
signalisations de position des appareils des tranches haute
Les installations de conduite et de contrôle d’un poste ont pour tension et des automatismes (ouvert/fermé, en/hors
but d’assurer la conduite (locale ou à distance), la surveillance, la service…) ;
protection et la reprise de service après incident sur le réseau élec-
trique en agissant au niveau de différents constituants du poste : l’acquisition de signalisation de certaines informations per-
mettant l’exploitation des tranches électriques ;
– les constituants assurant le raccordement d’extrémités des liai- la restitution de l’état de grandeurs électriques analogiques
sons de transport et de distribution y aboutissant ; (tension, courant, puissance active/réactive) fournies par des
– les constituants internes aux postes comme les jeux de barres équipements de télémesure.
ou les transformateurs de puissance.
La partie conduite rassemble des dispositifs permettant de s’in-
Pour ce faire, un poste est structuré en différentes fractions ras- terfacer avec la tranche contrôle pour réaliser le raccordement à
semblant un ensemble de matériels et de circuits à haute et basse l’équipement de téléconduite du poste, au consignateur d’état qui
tensions, lié géographiquement et fonctionnellement à une partie assure l’acquisition et la restitution chronologique des signalisa-
déterminée du poste. tions des équipements de contrôle du poste. La partie conduite per-
met également d’alimenter une interface homme-machine (tableau
synoptique ou poste opérateur informatique graphique) pour assu-
1.1 Notion de tranche électrique rer les fonctions de conduite locale des tranches électriques.
Chaque tranche a un fonctionnement indépendant et se trouve
Chacune de ces fractions appelée tranche électrique (figure 1) est reliée dans le bâtiment de commande aux équipements de télécon-
organisée de telle manière qu’elle puisse être totalement isolée du duite et aux automatismes centralisés du poste (figure 2).
reste de l’installation. Les limites d’une tranche sont définies par le
fait que cet isolement ne doit pas compromettre le fonctionnement
et le contrôle des autres installations qui restent en service. La téléconduite du poste permet de réaliser les fonctions de
conduite depuis un site distant sans déplacer un opérateur. Elle
Une tranche électrique comprend (figure 2) : permet également de disposer du niveau d’information néces-
– une tranche haute tension, appelée également cellule, consti- saire pour assurer la surveillance et la sauvegarde des matériels,
tuée par l’ensemble du matériel HT (disjoncteurs, sectionneurs, ainsi que la sécurité des personnes, grâce à un système d’alar-
transformateurs et réducteurs de mesure), par les liaisons HT mes hiérarchisées. Les commandes distantes s’effectuent de
(jeux de barres ou câbles de puissance), mais aussi par les équipe- manière centralisée depuis un dispatching régional ou un pupi-
ments du réseau (matériel et liaisons BT) qui permettent la com- tre de commande groupé (PCG), à l’aide de consoles de
mande et le fonctionnement du matériel HT ; conduite. Le système est conçu de telle manière que la com-
– une tranche basse tension, constituée par le matériel et les cir- mande ne puisse être réalisée que depuis un seul lieu à la fois,
cuits BT destinés à la conduite et au contrôle de la fraction du poste notamment pour des questions de sécurité. Le poste sans per-
considérée. sonnel d’exploitation est dénommé dans ce contexte « poste
asservi » (PA).
Une tranche basse tension se décompose en deux parties : Les automatismes centralisés exercent des fonctions nécessi-
– la partie contrôle est constituée par des équipements assurant tant une action coordonnée des automatismes des différentes
la surveillance, la protection et la reprise automatique de service de tranches, ce qui justifie de les positionner en amont de l’inter-
l’installation ; face avec les différentes tranches BT.
YV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWV
TBO II TBO I
TCT
TCo TS
TC Poste HTB2
ou HTB3
MALT TTR1
TT
S
TP TTSA
T
TTR2
TL TA TL TL TL
YW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUWV
Cellule
1.4 Notion de services auxiliaires 1 2 3 4 5 6 n
L’exploitation d’un poste et la gestion des différentes tranches qui
le constituent nécessitent la mise à disposition de différentes for-
mes d’énergie. Les installations élaborant et distribuant cette éner- APR armoires de protection et répartiteur de filerie d’une tranche HT
gie sont appelées services auxiliaires (§ 4). BC bâtiment de commande
L’importance des services auxiliaires est vitale, car leur perte peut BR bâtiment de relayage pour deux tranches
T
entraı̂ner la perte totale du poste. I caniveau collecteur des câbles BT
2. Répartition des éléments Pour les équipements de contrôle, il existe deux dispositions :
de la tranche BT – la première étant l’installation en bâtiments de relayage
extérieurs ;
– la seconde, l’installation dite en bâtiment de relayage centra-
L’ensemble du matériel et des liaisons de la tranche HT se situe lisé, localisé dans une partie du bâtiment de commande.
dans la partie extérieure du poste. En ce qui concerne la tranche BT, Les équipements de la partie « conduite » sont toujours situés
les dispositions pratiques d’installation dans le poste sont mar- dans le bâtiment de commande.
quées par des particularités propres à chaque entreprise de trans-
port d’électricité. Néanmoins, certaines dispositions générales de
présentation des équipements sont respectées par tout le monde. 2.2.1 Bâtiments de relayage extérieurs
Les parties « contrôle » des tranches sont situées, à proximité de
2.1 Présentation des équipements l’appareillage à haute tension contrôlé, dans des bâtiments de
relayage (figure 3).
Le matériel constituant la partie contrôle est installé de manière Chaque bâtiment de relayage peut contenir plusieurs tranches
générale en armoires dites de protection sur lesquelles sont fixés « contrôle » et des équipements communs à ces tranches qui sont
les divers équipements : calculateur de tranche, équipements de (figure 4) :
protections et d’automatismes présentés en tiroir (racks 19 pouces
de largeur). – la batterie d’alimentation 48 V, située dans le local batterie
accessible en face arrière du bâtiment ;
Jusque dans les années 1980, on a utilisé également une présen- – les matériels du châssis commun situé en fond du bâtiment
tation sur châssis métalliques, recevant des matériels présentés en (enregistreur de perturbations, chargeur 48 V, coffret de distribu-
coffret. Il en subsiste encore aujourd’hui un certain nombre dans tion du 48 V) ;
les postes en exploitation. – le poste téléphonique, appelé TPG, situé à l’entrée immédiate
La partie conduite s’appuie : du bâtiment de relayage.
– pour la technologie statique, sur des paniers d’interface instal- Les circuits BT, émanant des coffrets de raccordement des appa-
lés dans des armoires à accès avant/arrière ; un tableau synoptique reils de chaque tranche HT, sont dirigés par tranchée et par cani-
est fixé sur les portes de ces armoires, elles-mêmes disposées de veau vers le bâtiment de relayage où ils aboutissent dans les
manière à ce que le tableau synoptique global soit le reflet du armoires de tranches contrôle (armoires répartiteur ou armoires
schéma électrique du poste ; protection-répartiteur de filerie).
– pour la technologie numérique, sur un calculateur de site et un
PC industriel assurant la fonction de poste opérateur d’IHM (inter- La liaison entre la partie contrôle et la partie conduite située dans
face homme-machine). L’ensemble est installé dans l’armoire sys- le bâtiment de commande est réalisée par un câble à quartes (câble
tème central. de technologie « téléphonique » de capacité 112 x 4 câbles = 112 quar-
tes), cheminant dans un caniveau collecteur ou par un réseau de
fibres optiques pour les technologies récentes (numérique).
2.2 Installation de la tranche BT
dans le poste 2.2.2 Bâtiment de relayage centralisé
L’emplacement, dans un poste, des divers éléments constituant Les parties « contrôle » des tranches sont installées dans une
les installations BT est fonction de la solution adoptée dans la salle générale de relayage, placée à proximité de la salle de
conception de l’ouvrage. conduite (figures 5 et 6).
YX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUYP
T
4. Sécurité des personnes .......................................................................... — 7
5. Solutions technologiques...................................................................... — 8
6. Grandeurs caractéristiques................................................................... — 12
7. Méthodes de diagnostic et de surveillance...................................... — 13
8. Place des postes SEM dans les réseaux de transport d’électricité — 14
9. Perspectives d’évolution ....................................................................... — 16
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 590
Dans ces conditions, un poste SEM raccordé au réseau électrique par câbles
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 590 − 1
YY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUYP
T
1. Émergence des postes SEM L'idée de cette technologie est en fait assez ancienne : les premiers
postes à encombrement réduit, en haute tension, sont apparus en
1930 en Angleterre ; de 1950 à 1960, quelques postes isolés soit avec
de l'huile, soit avec de l'air comprimé ont été réalisés, mais leur nom-
Au début des années soixante, la croissance importante de la
bre est demeuré longtemps très limité (de l'ordre d'une dizaine).
consommation d'électricité a conduit à reconsidérer la distribution
de l'énergie électrique dans les grandes agglomérations. Ainsi, en En France, les études ont commencé en 1960, les constructeurs
France, la tension de 245 kV, qui jusqu'alors était utilisée exclusive- faisant appel, pour l'isolation, soit à l'hexafluorure de soufre (SF6),
ment pour le transport, est devenue progressivement une tension soit à l'air comprimé. Les premiers prototypes construits pour une
pour l'alimentation directe des réseaux de distribution, dans les tension de 245 kV ont été essayés par EDF entre 1964 et 1966. Les
grandes agglomérations ou dans les zones proches de ces dernières deux premiers postes isolés au SF6 ont été mis en service industriel
(cf. [D 4 570]). en 1969. Le véritable développement a commencé en 1974, après
que l'exploitation des premiers ouvrages à 245 kV se fut révélée
satisfaisante. Le déploiement a tout d’abord concerné les tensions
Les valeurs des tensions données dans cet article sont tou- 72,5 et 100 kV pour des postes urbains et, à partir de 1978, la techni-
jours les tensions assignées du matériel, définies par la norme que SEM s'est étendue au 420 kV.
60694 de la Commission Électrotechnique internationale
(CEI 60694) ; ainsi, la tension de 245 kV correspond à un réseau L’appareillage SEM est normalisé au plan international depuis
de tension de service entre phases de 225 kV (§ 6). 1975 par la norme CEI 60517 sous le titre « Appareillage sous enve-
loppe métallique à isolation gazeuse de tension assignée égale ou
supérieure à 72,5 kV ». Le terme anglais correspondant est « Gas-
Cette réorganisation de la distribution de l'énergie a fait apparaî- Insulated metal-enclosed Switchgear » en abrégé, GIS, utilisé indif-
tre la nécessité de disposer d'appareillage à haute tension d'encom- féremment pour désigner l’appareillage ou le poste utilisant cette
brement aussi faible que possible ; ce faible encombrement se technologie (Gas-Insulated Substation).
justifie par le coût des terrains en zone urbaine et, indépendamment
du coût, par la difficulté de trouver des surfaces suffisantes là où
l'on en a précisément besoin.
Il a été fait appel à une nouvelle technique d’appareillage appelée
2. Paramètres de conception
sous-enveloppe métallique (SEM). La particularité de ce type de
poste réside dans le fait que les différents appareils (disjoncteurs,
et de dimensionnement
sectionneurs, jeux de barres, transformateurs de mesure, etc.), les
Pour répondre aux contraintes diélectriques, électriques, thermi-
liaisons entre ces appareils et les jeux de barres nécessaires à sa
ques et mécaniques auxquelles l’appareillage de poste est soumis en
construction sont enfermés dans des enceintes métalliques étan-
exploitation, le matériel SEM est principalement dimensionné par :
ches (enveloppes) mises à la terre.
— la tenue aux tensions permanentes et temporaires ;
L'isolation est réalisée par un gaz sous pression qui assure à la
— la tenue au courant permanent et au courant de court-circuit
fois l'isolement à la masse et l'isolement entre l'entrée et la sortie
(courant de courte durée) ;
des appareils de coupure et d'interruption. De ce fait, on obtient une
réduction très importante de l'encombrement. Le rapport de la sur- — la tenue à la pression.
face au sol occupée par un poste ouvert à celle d'un poste SEM
assurant les mêmes fonctions est d’environ 5 à 10 pour la partie
appareillage seule. Cette réduction dépend de la tension et du mode 2.1 Tenue du gaz isolant aux tensions
de raccordement au réseau. Rapportée à un poste complet, la réduc- permanentes et temporaires
tion est inférieure car elle dépend de la surface occupée par les
autres composants (transformateurs, cellules moyenne tension, sal- La tenue aux tensions permanentes et temporaires du réseau est
les de relayage et de commande, atelier d’énergie…) et les dégage- assurée par un gaz isolant sous pression dont les caractéristiques
ments et circulations nécessaires aux accès. vont conditionner les dimensions générales de l’appareillage.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 590 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QPP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUYP
2.1.1 Choix du gaz isolant Compte tenu de la température minimale pour laquelle l’appa-
reillage doit fonctionner, soit – 25 °C pour les zones à climat tem-
Eu égard à ses excellentes propriétés, dans le domaine de la cou- péré, la pression absolue maximale d’utilisation (mesurée à 20 °C)
pure du courant et de l’isolation, le SF6 est actuellement universelle- est limitée à 0,8 MPa. Pour les zones de grand froid, pour maintenir
ment utilisé comme gaz isolant. Ses propriétés sont développées une pression d’utilisation identique, il est possible d’utiliser des
dans le fascicule [D 4 703]. mélanges de SF6 et d’azote.
Les constructeurs d'appareillage ont fait appel à un gaz nouveau Par convention, la pression d’utilisation est définie pour une tem-
pour eux, mais bien connu des chimistes depuis 1890, date à pérature de 20 °C. Elle est appelée pression assignée de remplis-
laquelle Moissan et Lebeau ont réalisé la synthèse de l'hexafluorure sage. Comme cette pression varie avec la température, la pression
de soufre (SF6). réelle de remplissage doit être corrigée en fonction de la tempéra-
ture. La figure 1 donne la variation de pression pour une masse
L'utilisation du SF6 a été envisagée vers 1937, mais son industria- volumique donnée en fonction de la température.
lisation a commencé aux États-Unis seulement en 1948. Depuis
cette date, le SF6 a été de plus en plus utilisé dans les disjoncteurs On notera que la législation française relative aux réservoirs sous
pour remplacer l'huile ou l'air comprimé, qu'il a, depuis 1970, peu à pression s’applique à l’appareillage SEM. Cette réglementation
peu éliminé, aussi bien en haute tension qu'en moyenne tension (cf. impose, sauf dérogation, de réaliser des épreuves périodiques de
[D 4 703] et [D 4 705]). tenue de pression pour les réservoirs dont la pression dépasse
0,4 MPa. Pour les plus anciens matériels, les constructeurs ont
La publication CEI 60 376 fixe la nature et la quantité limite des limité la pression de remplissage à 0,35 MPa pour ne pas dépasser
impuretés que le SF6 neuf, destiné à être utilisé dans l’appareillage la limite de 0,4 MPa à la température maximale d’utilisation. Les réé-
électrique, peut contenir. preuves périodiques sont essentiellement justifiées pour vérifier
que des corrosions internes n’affaiblissent pas la tenue mécanique
de ces réservoirs. Comme le taux d’humidité du SF6 doit être maî-
T
2.1.2 Choix de la pression trisé (§ 3.5.3), des dérogations de réépreuve ont permis de lever
cette limite pour les matériels les plus récents installés en France et,
La tension de claquage (tension disruptive) du SF6 augmente avec en particulier, à EDF.
sa pression. Pour réduire autant que possible les dimensions du
matériel, la pression du SF6 est la plus élevée possible. Cette pres-
sion est toutefois limitée par la pression de vapeur saturante à partir
2.1.3 Détermination du gradient de tension
de laquelle le SF6 passe à l’état liquide. La figure 1 montre la varia- La tenue diélectrique des postes isolés dans l’air est assurée en
tion de la pression de liquéfaction en fonction de la température. respectant des distances minimales entre conducteurs et appa-
reillage, et en fixant une longueur minimale pour la ligne de fuite
des supports isolateurs par rapport à la terre. Le respect de ces dis-
tances est généralement suffisant pour garantir la tenue aux ten-
sions permanentes et temporaires pour des paramètres climatiques
Pression absolue (MPa) spécifiés.
Point critique : Pour le matériel SEM, ces notions de distances minimales sont
3,6 insuffisantes pour concevoir un matériel optimisé.
45,55 °C
3,4 3,759 MPa Exemple : pour un réseau à 420 kV, pour fixer les idées, la distance
minimale dans l’air entre conducteur et structure métallique reliée à la
3,2
terre est fixée à 2 900 mm. Elle peut être réduite à moins de 200 mm
3 entre conducteur et enveloppe dans un appareillage SEM.
Masse volumique (kg/L)
0,14
2,8 L’appareillage SEM doit supporter les différentes contraintes de
Phase liquide Phase gazeuse 0,13
tension apparaissant sur les réseaux. En plus de la tension perma-
2,6
0,12 nente à fréquence industrielle, le matériel est soumis à des surten-
2,4 sions transitoires ou temporaires. Le fascicule [D 4 750] détaille les
0,11
contraintes de tension qui apparaissent sur les réseaux d’énergie
2,2
0,10 électrique triphasés. Il indique la forme des trois tensions d’essais
2 0,09 de tenue normalisés qui, pour des raisons économiques et de repro-
ductibilité, ont été retenues pour tester la tenue de l’appareillage.
1,8 0,08 Pour mémoire, il s’agit des tensions de tenue :
1,6 0,07 — à fréquence industrielle pendant une durée de 1 minute ;
1,4 — en onde biexponentielle, dite de « choc de manœuvre »
0,06
250/2500 µs ;
1,2
0,05 — en onde biexponentielle, dite de « choc de foudre » 1,2/50 µs.
1 L’appareillage est testé avec les deux dernières tensions dans les
0,04
0,8 deux polarités sur une série d’essais comportant généralement
0,03 15 chocs.
0,6
0,02 La publication CEI 60 694 propose des jeux de valeurs de tension
0,4 de tenue assignée en fonction des caractéristiques du réseau auquel
0,01 les appareillages sont destinés.
0,2
La rigidité diélectrique d’un isolant dépend de la forme de
0 l’onde de tension normalisée. Ainsi, dans l’hypothèse d’un champ
– 50 – 30 – 10 0 10 30 50 70 90 110 130 quasi homogène, ce qui est acceptable compte tenu de la structure
Température (°C) coaxiale de l’appareillage et de la qualité de fabrication, la rigidité
diélectrique intrinsèque ou maximale du SF6 à pression atmosphé-
Figure 1 – Pression absolue du SF6 en fonction de la température rique est de 8,9 kV/mm. Elle augmente avec la pression et est
à densité constante influencée par la forme de la tension et la distance interélectrode.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 590 − 3
QPQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUYP
Pour la gamme des pressions utilisées, il existe un ratio constant importants vont alors se développer entre conducteur et enveloppe.
de tenue du SF6 pour chacune des trois tensions d’essai. Ce point Ces efforts vont se répercuter sur les supports isolateurs (5.3) dont
est traité dans le fascicule [D 4 750] qui traite de la coordination des la tenue doit être vérifiée.
isolements.
Dans un système coaxial régulier, soumis à une tension V, le gra-
dient de potentiel G, à la surface du conducteur, s’exprime en 2.3 Tenue à la pression
fonction du diamètre d du conducteur et du diamètre intérieur D de
l’enveloppe par la relation: Les enveloppes sont soumises à la pression interne du SF6 corres-
pondant à la pression assignée de remplissage (2.1.2). La pression
2V maximale est fonction de la température maximale d’utilisation, de
G = -----------------------
l’échauffement dû au passage du courant et de l’ensoleillement
d ln D
----
d pour les postes extérieurs. Cette pression maximale, dénommée
pression de calcul des enveloppes, fixe, par l’application de coeffi-
Un gradient minimal est obtenu lorsque le rapport des diamètres cients qui dépendent du matériau (acier, alliage d’aluminium cor-
D
---- = e . royé ou coulé) les pressions d’essais de type de rupture et d’essais
d individuels de série (essais de routine) sans déformation auxquelles
En pratique, le champ électrique n’est pas uniforme dans l’espace elles doivent être soumises.
isolant. Les changements de forme des pièces conductrices condui-
En cas de défaut d’isolement dans le SF6, il se produit un arc de
sent à un renforcement local du gradient ; de même, la qualité de la
puissance entre les pièces conductrices et l’enveloppe dont le cou-
fabrication et du montage influence le gradient de potentiel par l’état
rant peut atteindre le courant de courte durée assigné. Deux effets
de surface des pièces, leur propreté et la présence de particules.
sont associés à cet arc interne :
— un échauffement du SF6 qui dépasse 5000 K dans le noyau
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 590 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QPR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUYQ
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 591 − 1
QPS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTUYQ
T
1. Présentation et définition 2. Poste intérieur modulaire :
schéma
Intermédiaires entre les postes extérieurs à isolement dans l’air et
les postes sous enveloppe métallique [2] (ensemble modulaire de
connexions et d’appareils enfermés dans des enveloppes reliées à la Dans la plupart des pays, les fonctions de grand transport et
terre et isolées au moyen d’un diélectrique sous pression qui est d’interconnexion sont assurées par les réseaux à très haute tension
généralement l’hexafluorure de soufre) les postes intérieurs modu- (THT), en France le réseau à 400 kV et dans une moindre mesure le
laires (PIM) sont des postes en bâtiment à isolement dans l’air à dis- réseau à 225 kV.
tance entre les pièces sous tension et les masses métalliques La fonction de répartition est assurée par les réseaux à haute ten-
réduite, réalisés sous forme de modules dont une partie est préfabri- sion (HT), en France le réseau à 90 kV ou à 63 kV et, dans une cer-
quée en usine ; la mise hors de portée des pièces sous tension se fait taine mesure, le réseau à 225 kV.
par interposition d’obstacle (technique compartimentée) ou par
La fonction distribution est assurée par les réseaux à moyenne
éloignement (technique non compartimentée).
tension (MT), en France le réseau à 20 kV.
On distingue, selon le nombre de matériels installés dans le bâti-
ment, deux conceptions différentes :
Dans le texte, les appellations très haute tension (THT), haute
— les PIM, qui regroupent dans un seul bâtiment les installations tension (HT) et moyenne tension (MT), utilisées dans le langage
HT, les transformateurs HT/MT, les départs MT, le contrôle com- courant, sont employées, notamment pour distinguer les
mande et les locaux d’exploitation ; niveaux de tension 63, 90, 225 et 400 kV.
— les cellules industrialisées compactes : les seules installations Toutefois, les dénominations actuelles (UTE C 18-510) sont
HT d’un poste sont regroupées dans un bâtiment particulier ; les HTB pour les tensions supérieures à 50 kV et HTA pour les ten-
autres matériels (transformateurs, départs MT, contrôle commande, sions comprises entre 1 et 50 kV.
locaux d’exploitation) sont implantés séparément à l’extérieur.
Ces deux conceptions, qui répondent à des spécifications diffé- Les postes intérieurs modulaires présentés dans cet article sont
rentes, sont néanmoins regroupées ici sous la terminologie géné- des postes sources HT/MT à 90 kV/20 kV ou 63 kV/20 kV qui assu-
rale de poste intérieur modulaire (PIM). On explicitera dans le rent l’alimentation d’un réseau à 20 kV.
texte qui suit, pour les différents types de poste présentés, les diffé-
rences qui apparaîtront dans les caractéristiques. La grande majorité des postes sources HT/MT est réalisée suivant
le schéma dit de type « d » à un jeu de barres et dont la structure
permet à terme le raccordement de trois lignes et de trois transfor-
On retiendra désormais la définition générale suivante : le mateurs de puissance. Le régime de fonctionnement normal de ces
poste intérieur modulaire est un poste qui utilise une technolo- postes est le régime bouclé mais certains postes de type « d » peu-
gie de type protégé à isolement dans l’air et qui peut recevoir, vent également être installés en antenne ou en coupure d’artère.
dans un bâtiment, au minimum les installations à haute tension La construction d’un poste HT/MT suivant le schéma de type « d »
et, de plus, tout ou partie de l’ensemble des autres fonctions (figure 1) se fait de façon progressive en fonction de la croissance
d’un poste source HT/MT, à savoir : plus ou moins rapide des besoins locaux en énergie. En règle géné-
— les transformateurs HT/MT ; rale, les étapes sont les suivantes :
— les départs moyenne tension ; — étape ➀ : installation de la première travée, comprenant une
— le contrôle commande ; cellule ligne HT, une cellule transformateur HT/MT, dix cellules MT
— les locaux d’exploitation. et la totalité des locaux de conduite et des locaux annexes ;
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 591 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QPT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYP
Appareillage électrique
d’interruption HT (partie 1)
1. Généralités................................................................................................. D 4 690 - 3
2.
2.1
2.2
Classifications de l’appareillage..........................................................
Fonction........................................................................................................
Tension .........................................................................................................
—
—
—
3
3
4
T
2.3 Destination ................................................................................................... — 5
2.4 Installation.................................................................................................... — 5
2.5 Type de matériel .......................................................................................... — 5
2.6 Température de service............................................................................... — 5
2.7 Utilisation ..................................................................................................... — 6
2.8 Techniques de coupure ............................................................................... — 6
3. Caractérisation des appareils à courant alternatif
à haute tension ......................................................................................... — 7
3.1 Caractéristiques assignées ......................................................................... — 7
3.2 Tension assignée ......................................................................................... — 8
3.3 Niveau d’isolement assigné ....................................................................... — 8
3.4 Fréquence assignée..................................................................................... — 8
3.5 Courant assigné en service continu ........................................................... — 8
3.6 Courant de courte durée admissible assigné............................................ — 9
3.7 Pouvoir de coupure en court-circuit........................................................... — 9
3.8 Tension de rétablissement .......................................................................... — 11
3.9 Pouvoir de fermeture assigné..................................................................... — 14
3.10 Séquence de manœuvres assignée et refermeture rapide ...................... — 14
3.11 Caractéristiques assignées pour les défauts proches en ligne ................ — 15
3.12 Durée de coupure assignée ........................................................................ — 15
3.13 Pouvoir de fermeture et de coupure en discordance de phases ............. — 15
3.14 Pouvoir de coupure et de fermeture de courants capacitifs .................... — 15
3.15 Nombre de manœuvres mécaniques ........................................................ — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 698
L
sion.
’appareillage électrique est un élément essentiel qui permet d’obtenir la pro-
tection et une exploitation sûre et ininterrompue d’un réseau à haute ten-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 690 − 1
QPU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYP
T
reils à haute tension (HT) et leurs caractéristiques principales. On examinera,
dans la partie 2, les principaux types de problèmes fondamentaux (coupure, dié-
lectrique, échauffement, tenue des contacts) que le concepteur doit bien maîtri-
ser pour définir un nouvel appareil.
Les essais de type, qui sont effectués pour vérifier les performances d’un appa-
reil, seront présentés dans le troisième fascicule ainsi que les autres essais indis-
pensables pour garantir que les appareils produits ont bien les performances
annoncées. Également, dans ce fascicule, on décrira la formidable évolution des
disjoncteurs à haute tension, de la technique à air comprimé à celle, actuelle, qui
utilise le SF6.
L’évolution de l’appareillage à haute tension n’est pas terminée ; de nouvelles
perspectives apparaissent avec l’introduction de l’électronique qui permet de
surveiller en permanence l’état d’un appareil. De nouvelles cellules sous enve-
loppe métallique et de nouveaux disjoncteurs conventionnels intègrent les
réducteurs de mesure électronique de courant et de tension qui viennent d’être
développés. Cela permet d’envisager l’intégration de la surveillance d’état et de
la commande électronique de l’appareillage dans un système totalement infor-
matisé de contrôle-commande des postes à haute tension. On connaîtra à tout
moment l’état de santé d’un appareil, ce qui facilitera l’exploitation du réseau,
améliorera la politique de maintenance et augmentera encore la fiabilité et la
disponibilité de l’appareillage.
La diversité des études à mener (électrique, mécanique, électrostatique,
magnétique, thermique, thermodynamique) donne beaucoup d’intérêt au travail
de conception et de développement de l’appareillage électrique, intérêt que
l’auteur aimerait faire partager aux lecteurs de cet article.
L’article « Appareillage électrique d’interruption à courant alternatif à haute
tension » fait l’objet de plusieurs fascicules :
D 4 690 Partie 1 : Généralités. Classifications. Caractérisation.
D 4 692 Partie 2 : Problèmes fondamentaux.
Établissement et coupure des courants.
D 4 694 Partie 3 : Présentation de l’appareillage. Essais de type et individuels.
D 4 696 Annexes.
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra assez
souvent se reporter aux autres fascicules.
L’article D 4 700 traite l’interruption des circuits alimentés en courant continu.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 690 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QPV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYP
1. Généralités —
—
son installation ;
le type de matériel ;
— la température de service ;
— son utilisation ;
L’appareillage électrique d’interruption à haute tension
concerne les réseaux alimentés soit en courant alternatif sous des — sa technique de coupure.
tensions supérieures à 1 000 V, soit en courant continu sous des ten-
sions supérieures à 1 500 V.
■ La parfaite maîtrise de l’énergie électrique exige de posséder 2.1 Fonction
tous les moyens nécessaires à la commande et au contrôle de la cir-
culation du courant dans les circuits qui vont des centrales de pro-
duction jusqu’aux consommateurs. Cette délicate mission incombe Le tableau 1 donne les symboles normalisés pour la représenta-
fondamentalement à l’appareillage électrique. Son rôle est d’assu- tion des appareils de connexion.
rer en priorité la protection automatique de ces circuits contre tous (0)
les incidents susceptibles d’en perturber le fonctionnement, mais
aussi d’effectuer sur commande les différentes opérations qui per-
mettent de modifier la configuration du réseau dans les conditions Tableau 1 – Symboles normalisés pour la représentation
normales de service. des appareils de connexion
L’appareillage électrique permet d’adapter, à chaque instant, la
structure du réseau aux besoins de ses utilisateurs, producteurs et Symbole Désignation
consommateurs d’électricité, et de préserver, totalement ou partiel-
lement, cette fonction en cas d’incident. C’est assez dire l’impor- Sectionneur
T
tance du rôle de l’appareillage électrique à haute tension pour la
manœuvre et la protection du réseau. Il faut qu’il soit disponible à Sectionneur à deux directions
tout moment et puisse intervenir sans défaillance, au point de faire avec position d’isolement
oublier qu’il existe. médiane
■ Pour remplir ses fonctions avec fiabilité et disponibilité, il doit
posséder de nombreuses aptitudes : Interrupteur
— supporter des contraintes diélectriques dues à des ondes de
chocs (dues à la foudre ou à la manœuvre d’appareils) ou à des ten- Interrupteur-sectionneur
sions à fréquence industrielle ;
— assurer le passage du courant permanent ou de court-circuit,
sans échauffement excessif et sans dégradation des contacts ; Contacteur
— être capable de fonctionner dans des conditions atmosphéri-
ques défavorables : à haute ou à basse température, en altitude où Fusible dont l’extrémité
la densité de l’air est plus faible, parfois sous forte pollution (pollu- qui, après fusion, demeure
tion marine, vents de sables...) ; sous tension est indiquée
— supporter des séismes avec une accélération au sol égale à par un trait renforcé
0,2g ou 0,5g ;
— et surtout, pour les disjoncteurs, être capable d’interrompre
tous les courants inférieurs à son pouvoir de coupure (courants de
charge et courants de court-circuit).
Interrupteur triphasé
On exige de lui une fiabilité presque parfaite, des opérations de à ouverture automatique
maintenance légères et en nombre limité dans la mesure où ces par l’un quelconque des fusibles
interventions sont à la fois coûteuses et gênantes pour l’exploita- à percuteur
tion.
Depuis plus d’un siècle, de nombreuses solutions techniques ont
été conçues par les ingénieurs pour développer des appareillages
électriques toujours plus performants et plus fiables. Comme nous
le verrons, des techniques de coupure se sont imposées dans les Disjoncteur
domaines de la moyenne et de la haute tension (respectivement
HTA et HTB). Elles ont permis d’obtenir les performances requises
avec un nombre réduit de composants, un encombrement réduit, Parafoudre
mais aussi avec une fiabilité qui n’a jamais cessé d’augmenter mal-
gré un accroissement des contraintes imposées par le réseau, en 1
particulier une augmentation des courants de court-circuit. Varistance (parasurtenseur
U à oxyde de zinc par exemple) :
1 symbole normalisé
2 symbole couramment utilisé.
2
2. Classifications
de l’appareillage
2.1.1 Sectionneurs
L’appareillage peut être classé en plusieurs catégories selon : Ce sont avant tout des organes de sécurité utilisés pour ouvrir ou
— sa fonction ; fermer un circuit lorsqu’il n’est pas parcouru par un courant, et pré-
— sa tension ; vus pour isoler, par rapport au reste du réseau, un ensemble de cir-
— sa destination ; cuits, un appareil, une machine, une section de ligne ou de câble,
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 690 − 3
QPW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYP
afin de permettre au personnel d’exploitation d’y accéder sans dan- le réseau. À un disjoncteur est très généralement associée une
ger. « intelligence », système de protection et de relayage, détectant un
En principe, les sectionneurs n’ont pas à interrompre de défaut et élaborant des ordres au disjoncteur pour éliminer automa-
courants ; cependant, certains sectionneurs peuvent être amenés à tiquement le défaut ou pour remettre en service un circuit lorsque le
couper des courants de transfert de barres (jusqu’à 1 600 A sous 10 défaut présente un caractère fugitif ou a été éliminé par un autre dis-
à 300 V) et les sectionneurs de terre doivent être capables de couper joncteur.
les courants induits qui peuvent circuler dans les circuits hors ten- Les disjoncteurs peuvent maintenant être équipés de matériels
sion par couplage capacitif et inductif avec les circuits adjacents électroniques permettant à tout moment de connaître leur état
sous tension (jusqu’à 160 A sous 20 kV). (usure, pression de gaz pour la coupure...), ce qui permet à l’exploi-
tant de programmer les opérations de maintenance et éventuelle-
ment de détecter, par des dérives de caractéristiques, et de prévenir
2.1.2 Interrupteurs un risque de défaillance. Ils peuvent aussi être équipés de disposi-
tifs de synchronisation des ordres de fermeture et d’ouverture pour
Les interrupteurs sont des appareils destinés à établir et à inter- permettre de manœuvrer des lignes, des transformateurs, des réac-
rompre un circuit dans des conditions normales de charge. Certains tances ou des condensateurs, sans provoquer de surtensions ou de
interrupteurs sont prévus pour remplir également les fonctions de courants d’appels susceptibles d’endommager les composants du
sectionneur. réseau. Tous les types de relais et de systèmes de protection peu-
vent lui être associés pour assurer, dans les meilleures conditions,
Leurs performances sont limitées car, s’ils sont capables d’élimi-
l’élimination des défauts qui surviennent dans les circuits qu’il pro-
ner les surcharges sur le réseau, ils ne peuvent en aucun cas inter-
tège.
rompre un courant de court-circuit.
Les contacteurs ont un rôle comparable à celui des interrupteurs, Les parafoudres sont des dispositifs statiques chargés de limiter,
mais ils sont capables de fonctionner avec des cadences très éle- en un point donné du réseau, l’amplitude des surtensions qui peu-
vées. vent se produire. La limitation de surtension est faite en écoulant
l’énergie à la terre.
Ils possèdent une grande endurance électrique combinée avec
une grande endurance mécanique. Ils sont généralement utilisés Ces surtensions peuvent être soit d’origine atmosphérique, c’est-
pour la commande de fours, de moteurs à haute tension ou d’équi- à-dire externes, soit consécutives à des manœuvres de l’appa-
pements industriels divers qui nécessitent des manœuvres fréquen- reillage ou à des phénomènes de résonance, auquel cas elles sont
tes. dites internes.
Ils ne peuvent jamais être utilisés comme sectionneurs et ne res-
■ Les appareils les plus simples sont les éclateurs qui présentent
tent fermés que si leur bobine de commande est alimentée.
cependant l’inconvénient de rester conducteurs après amorçage et
nécessitent donc l’intervention d’un disjoncteur pour l’élimination
du courant de défaut qui résulte de leur fonctionnement.
2.1.4 Coupe-circuit à fusibles
■ Les appareils plus perfectionnés, tels les parafoudres à oxyde
Les fusibles permettent d’interrompre automatiquement un cir- métallique (ZnO par exemple) sans éclateur, sont connectés en
cuit parcouru par une surintensité pendant un intervalle de temps permanence au réseau car ils sont pratiquement isolants à la ten-
donné. L’interruption du courant est obtenue par la fusion d’un con- sion assignée. En cas de surtension, leur résistance devient tempo-
ducteur métallique calibré. rairement très faible, mais ils redeviennent automatiquement
Ils sont surtout efficaces pour la protection contre les courts-cir- isolants dès que la tension retrouve sa valeur normale. Ce sont des
cuits, vis-à-vis desquels ils agissent, le plus souvent, en limiteurs de appareils très précieux, car ils jouent un rôle d’écrêteur sans entraî-
la valeur crête du courant de défaut. Ils sont assez souvent généra- ner d’interruption de service.
teurs de surtensions à la coupure et exigent malheureusement
d’être remplacés après chaque fonctionnement. Les constituants élémentaires que nous venons de définir
En régime triphasé, ils n’éliminent que les phases parcourues par sont le plus souvent associés entre eux pour réaliser des fonc-
un courant de défaut, ce qui peut présenter un danger pour le maté- tions plus complexes, en vue d’assurer la protection et la dispo-
riel et le personnel. Leur calibre doit être bien adapté pour éviter un nibilité d’un ensemble de circuits.
fonctionnement intempestif en cas de surcharge momentanée. Bien que les parafoudres ne fassent pas partie, à proprement
Pour pallier cet inconvénient potentiel, les fusibles peuvent être parler, de l’appareillage, il nous paraît important de les décrire
associés à des interrupteurs ou à des contacteurs avec lesquels ils ici de manière succincte, car ils sont de plus en plus associés à
constituent des combinés capables d’assurer la protection en cas de l’appareillage pour :
surcharges ou de court-circuits. Les combinés présentent, en outre, — limiter les surtensions en coupure de faibles courants
l’avantage d’interrompre en triphasé en cas de fusion d’un seul ou inductifs (§ 2.7.3 et [D 4 692], § 5.2.1) ;
de deux fusibles. — limiter les surtensions lors de l’enclenchement des lignes
longues [D 4 692], § 5.5).
2.1.5 Disjoncteurs
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 690 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QPX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYR
Appareillage électrique
d’interruption HT (partie 2)
T
1.1 Contraintes diélectriques supportées par l’appareillage.......................... — 2
1.2 Contraintes climatiques .............................................................................. — 4
1.3 Influence de l’altitude .................................................................................. — 5
1.4 Isolants liquides ........................................................................................... — 5
1.5 Isolants gazeux ............................................................................................ — 5
1.6 Isolants solides ............................................................................................ — 6
1.7 Calculs de champ électrique ....................................................................... — 7
2. Contraintes technologiques.................................................................. — 8
2.1 Contacts........................................................................................................ — 8
2.2 Étanchéité ..................................................................................................... — 9
3. Échauffements .......................................................................................... — 10
3.1 Températures et échauffements à ne pas dépasser ................................. — 10
3.2 Détermination des échauffements en service continu ............................. — 10
3.3 Cas particuliers d’application ..................................................................... — 11
4. Arcs de puissance.................................................................................... — 11
4.1 Généralités ................................................................................................... — 11
4.2 Caractéristiques des arcs électriques......................................................... — 11
4.3 Principe de coupure et types de réamorçage............................................ — 12
4.4 Modélisation de l’arc ................................................................................... — 13
4.5 Interaction entre arc et mouvement des contacts .................................... — 15
5. Établissement et coupure des circuits alimentés en courant
alternatif..................................................................................................... — 15
5.1 Généralités ................................................................................................... — 15
5.2 Coupure des courants de charge normaux ............................................... — 16
5.3 Coupure des courants de court-circuit....................................................... — 19
5.4 Modification des conditions d’établissement et de coupure ................... — 22
5.5 Enclenchement des longues lignes............................................................ — 24
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4698
— contacts, pour définir des contacts et des modes d’assemblage tels que
l’appareil soit capable d’assurer le passage du courant permanent sans
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 692 − 1
QPY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYR
T
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur devra assez
souvent se reporter aux autres fascicules.
L’article D 4 700 traite l’interruption des circuits alimentés en courant continu.
Tout appareil de connexion est appelé à supporter deux types de ■ Surtensions temporaires
contraintes diélectriques pour garantir le niveau d’isolement assi-
Pendant une courte durée, il est possible que la tension du réseau
gné à l’appareil (cf. [D 4 690] § 3.3) :
dépasse la tension assignée des appareils. Ces surtensions tempo-
— des contraintes permanentes, dues à la tension de service du raires sont provoquées, par exemple, par une surexcitation des
réseau ; alternateurs, par des délestages ou lors de la mise sous tension de
— des contraintes occasionnelles, engendrées par des surten- longues lignes à vide dont l’extrémité est alors à un potentiel supé-
sions d’origine atmosphérique (chocs de foudre) ou produites par la rieur à celui de la source (effet Ferranti).
manœuvre de l’appareillage (chocs de manœuvre).
Ces tensions et surtensions doivent être supportées : Le tableau 2 du fascicule [D 4 690] donne, à titre d’exemple, la ten-
sion de tenue assignée de courte durée à fréquence industrielle
— entre phase et terre, l’appareil étant ouvert ou fermé ; pour les tensions assignées allant de 52 à 245 kV.
— entre phases, l’appareil étant ouvert ou fermé,
— entre entrée et sortie, l’appareil étant ouvert. La tension exigée pour un appareil à 245 kV est égale à 460 kV
Chaque appareil doit supporter ces différentes contraintes dans pour la pleine isolation. Cette valeur peut être justifiée de la manière
toutes les conditions climatiques susceptibles de se produire. Elles suivante :
sont particulièrement contraignantes pour le matériel d’extérieur
— la valeur crête maximale de la tension entre phase et terre en
qui doit posséder une tenue diélectrique suffisante sous pluie, en
fonctionnement normal est égale à :
présence de brouillard, de condensation ou de pollutions diverses.
245 2
1.1.2 Contraintes à fréquence industrielle ------------------ = 200 kV
3
■ Tension permanente — la surtension maximale admissible est égale à 3,25 fois la
La tension à fréquence industrielle qui est appliquée en perma- valeur normale [cf. CEI 60071-1], soit :
nence ne doit pas dépasser la tension assignée Ur de l’appareil (cf.
[D 4 690] § 3.2). Les tensions maximales possibles sont donc : 3,25 × 200 = 650 kV
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 692 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QQP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYR
— la valeur efficace correspondante de surtension maximale Pour tenir compte du fait qu’une borne peut être sous une tension
entre phase et terre est alors : instantanée de polarité opposée à celle à laquelle est appliquée
l’onde de choc de foudre, la norme CEI 60694 spécifie, pour la tenue
650 entre entrée et sortie et pour les tensions assignées supérieures à
---------- = 460 kV
245 kV, des essais combinés avec application d’une tension à fré-
2
quence industrielle sur une borne et une onde de choc de foudre sur
Pour définir la valeur exigée sur la distance de sectionnement, on l’autre borne.
multiplie la valeur précédente par un facteur de sécurité 1,15, soit : Pour les tensions assignées inférieures à 300 kV, la tension est
460 × 1,15 = 530 kV. appliquée sur une seule borne, mais la valeur spécifiée tient compte
des conditions réelles avec présence possible de tension sur les
deux bornes.
1.1.3 Contraintes lors de surtensions de chocs Exemple : dans le cas d’un réseau de tension assignée
de foudre Ur = 245 kV, la tension de tenue assignée aux chocs de foudre
[cf. CEI 60071-1] est égale à :
Les surtensions d’origine atmosphérique pourraient atteindre des
valeurs extrêmement élevées si elles n’étaient limitées par des para- 245 2
245 × 3 ,47 + --------------------- = 1 050 kV
foudres, des éclateurs ou, à défaut, par les isolateurs des lignes qui 3
transitent ces surtensions.
Les surtensions dues à la foudre sont représentées en essai par Le premier terme de cette expression ci-dessus représente l’isolation
une onde normalisée dont la durée de front est de 1,2 µs et la durée entre phase et terre.
de décroissance jusqu’à mi-amplitude est égale à 50 µs (figure 1 a). Pour les réseaux à 362 kV, 550 kV et 800 kV, le facteur multiplicatif
L’amplitude de cette onde a été fixée par les normalisateurs à par-
tir des règles de coordination d’isolement (cf. [D 4 750] Lignes et
postes : choix et coordination des isolements) qui imposent une
de Ur dans ce terme est réduit respectivement à 3,25, 2,82 et 2,62
pour tenir compte du fait qu’un niveau de protection plus bas est
possible grâce à l’utilisation de parafoudres performants [20].
T
marge convenable entre les tensions de tenue des appareils et les
tensions qui sont limitées par les dispositifs de protection contre les
surtensions. 1.1.4 Contraintes en surtensions de manœuvre
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 692 − 3
QQQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYR
cas de défaut (choc de foudre...), des dispositifs de protection limi- 1.2.1 Influence de la pluie sur la tension
tent la tension à kU r 2 ⁄ 3 ; le niveau de protection est proche si k d’amorçage
≈ 1.
La rigidité de l’air, considérée sur de grandes distances, n’est pra-
■ Pour tenir compte du fait qu’une borne peut être sous une tension tiquement pas influencée par la pluie.
instantanée de polarité opposée à celle à laquelle est appliquée
l’onde de choc de manœuvre, la norme CEI 60694 spécifie, pour la ■ La tension d’amorçage des isolateurs est, par contre, réduite du
tenue entre entrée et sortie, des essais combinés avec applica- fait du ruissellement de l’eau sur leur surface. Cette eau, qui
tion d’une tension à fréquence industrielle sur une borne et une contient très peu de sels minéraux, est peu conductrice. Sa résisti-
onde de choc de manœuvre sur l’autre borne. vité est en général très supérieure à 10 000 Ω · cm qui est la valeur
retenue pour les essais de type sous pluie.
Exemple : une tension de tenue de :
Pour éviter le ruissellement de l’eau sur toute la surface des isola-
2 teurs et augmenter leur tenue diélectrique, on les munit d’ailettes
1 100 + 800 --------- = 1 100 + 650 kV qui favorisent la présence de zones peu humides. Les ailettes per-
3 mettent, en outre, d’augmenter la ligne de fuite des isolateurs et
est exigée pour un appareil de tension assignée Ur = 800 kV. Cette donc la tenue sous pollution (cf. § 1.2.2).
valeur correspond à une surtension de manœuvre sur une borne de La pluie affecte surtout la tenue à fréquence industrielle et la
1 100 kV, soit par rapport à la tension maximale en service normal : tenue aux chocs de manœuvre (polarité négative de tension).
1 100 ■ Chacun sait qu’il n’existe pas un seul type de pluie et que son
----------------------------------- = 1 ,68 p.u. intensité et son inclinaison peuvent varier fortement. Pour assurer
800 2 ⁄ 3
une certaine répétitivité des essais et garantir que des essais com-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 692 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QQR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYR
de l’humidité. Ces essais sont couramment effectués par EDF pour huile, on recommande aussi de rincer à l’huile propre les surfaces
l’homologation de l’appareillage. isolantes afin de les débarrasser de dépôts éventuels.
La tenue diélectrique externe d’un appareil à isolement dans l’air Le lecteur pourra se reporter aux articles [D 2 530] Gaz isolants et
dépend de la densité de l’air et donc de l’altitude du lieu où il est ins- [D 2 540] Isolation sous vide.
tallé. Les valeurs des essais diélectriques de type tiennent compte
d’une installation possible jusqu’à 1 000 m.
1.5.1 Air à la pression atmosphérique
Pour des applications particulières où il est prévu d’installer un
appareil au-dessus de 1 000 m, il y a lieu d’augmenter les tensions
d’essais afin de conserver la même sécurité de fonctionnement en L’air à la pression atmosphérique est un des isolants gazeux les
service [CEI 60060-1]. plus utilisés pour l’appareillage électrique à haute tension. En effet,
l’isolation externe des appareils « ouverts », des traversées isolan-
En faisant l’hypothèse que la pression barométrique varie, en tes du matériel sous enveloppe métallique ou des disjoncteurs
fonction de l’altitude H (en mètres) comme e−H, les tensions d’essais « dead tank » pour le raccordement aux lignes aériennes, est faite
doivent être multipliées par le facteur de correction suivant : dans l’air à la pression atmosphérique.
Kalt = em(H − 1 000)/8 150 La rigidité de l’air à la pression p de 101,3 hPa et à la température
T de 25 ˚C est sensiblement égale, en valeur maximale, à 30 kV/cm
T
avec m=1 pour les essais à fréquence industrielle, choc de soit, pratiquement, en valeur efficace, à 21 kV/cm. Elle est propor-
foudre et choc de manœuvre entre phases, tionnelle à la pression et inversement proportionnelle à la tempéra-
ture en kelvins.
m = 0,9 pour les essais de choc de manœuvre entre
entrée et sortie, Pour les appareils installés en altitude, il est nécessaire de tenir
compte de la réduction de la rigidité de l’air pour définir la « ligne
m = 0,75 pour les essais de choc de manœuvre par rapport d’étincelle » (distance dans l’air entre pièces sous tension ou entre
à la terre. une pièce sous tension et la terre) des isolateurs extérieurs
(cf. [D 4 694]).
L’huile minérale a pendant longtemps été utilisée comme isolant La tension disruptive de l’air, au-dessus de la pression atmosphé-
dans l’appareillage électrique (cf. article [D 230] Huiles et liquides rique, augmente en fonction de la pression.
isolants). Bien que la production de disjoncteurs à huile soit mainte- L’air comprimé a donc été utilisé pendant longtemps non seule-
nant terminée, de très nombreux appareils sont actuellement en ment comme fluide de coupure, mais aussi pour l’isolation des par-
service dans les réseaux à haute tension. ties actives de disjoncteurs. En employant de l’air comprimé, entre
Les propriétés diélectriques de l’huile minérale, lorsqu’elle est 15 et 50 bar, il a été ainsi possible de réduire fortement la distance
très pure, sont excellentes. C’est le cas notamment quand elle est entre les contacts d’une chambre de coupure. Pour cette utilisation,
utilisée dans des matériels tels que les transformateurs ou les l’air doit être sans huile et bien séché.
condensateurs.
Dans le cas des disjoncteurs, l’huile est soumise à l’action de l’arc 1.5.3 Hexafluorure de soufre
électrique et renferme de l’humidité, car ces appareils ont des orifi-
ces de communication avec l’atmosphère. Pour cette utilisation,
On pourra se reporter aux articles [D 4 705] Techniques de cou-
l’huile contient donc, outre humidité, des poussières diverses telles
que des particules de carbone.
pure en moyenne tension et [D 4 590] Postes sous enveloppe métal-
lique PSEM pour les caractéristiques générales du SF6.
La tenue diélectrique de l’huile est très influencée par l’humidité
Dans les conditions normales de pression et de température,
et ces particules lorsque les distances entre pièces sous tension sont
l’hexafluorure de soufre [13], [14] est un gaz incolore, inodore, inerte
faibles. Lorsque les distances sont grandes, comme dans le cas des
et incombustible. Sa densité est élevée du fait de sa masse molécu-
disjoncteurs à haute tension, la tenue diélectrique est beaucoup
laire importante (146,07 g). Ce sont ses excellentes propriétés chimi-
moins influencée, ce qui permet d’obtenir les tenues diélectriques
ques, diélectriques et thermiques qui ont conduit à son utilisation
exigées par les normes (CEI 60694). En effet, dans le cas de faibles
comme agent d’isolation et d’extinction de l’arc.
distances, et sous l’action d’un champ électrique uniforme, les pous-
sières et les gouttelettes d’eau forment des chaînes conductrices qui ■ Stabilité chimique
favorisent l’amorçage. Lorsque les distances sont plus grandes, et
Le SF6 n’attaque aucun matériau lorsque la température est infé-
dans un champ non uniforme, les particules sont attirées vers les
rieure à 500 ˚C. S’il subit une dissociation à haute température, ce
conducteurs sans former de chaînes conductrices, le milieu interé-
phénomène est presque entièrement réversible et la quantité de
lectrodes se trouve ainsi progressivement nettoyé.
produits de décomposition, qui se forment pendant une coupure,
L’humidité et les poussières sont surtout néfastes parce qu’elles est négligeable.
peuvent se déposer à la surface des isolants et même, dans le cas
La coupure donne des oxyfluorures de soufre (SOF4, SOF2,
d’isolants organiques (cf. § 1.6.3), imprégner les couches superficiel-
SO2F2), des fluorures « inférieurs » (HF, SF2, SF4...) et des fluorures
les de l’isolant, compromettant ainsi leur tenue diélectrique.
métalliques (WF2) qui se déposent sous la forme de poudres blan-
Pour ces raisons, il est indispensable de surveiller l’état de l’huile ches ne perturbant pas la tenue diélectrique de l’appareillage. Les
de l’appareillage et de renouveler celle-ci en fonction du nombre de produits de décomposition du SF6 sont facilement adsorbés par du
coupures effectuées par l’appareil. Pour l’entretien des appareils à tamis moléculaire (cf. figure 7).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 692 − 5
QQS
T
QQT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYT
Appareillage électrique
d’interruption HT (partie 3)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 694 − 1
QQU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYT
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 694 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QQV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYT
Organe de
manœuvre
Traversée
isolante
Contact fixe
Pot de coupure
Contact mobile
d’arc et de favoriser son refroidissement par la production de jets de L’air comprimé (cf. [D 4 692] § 1.5.2) possède une rigidité diélectri-
gaz sous pression. que élevée et de bonnes caractéristiques thermiques qui permettent
Ces appareils ont eu des applications en haute tension jusqu’à 345 kV. d’obtenir un refroidissement rapide de l’arc au voisinage du pas-
sage par zéro du courant.
■ Disjoncteurs à faible volume d’huile
Ces disjoncteurs ont été conçus pour réduire la quantité d’huile Les disjoncteurs à air comprimé utilisent l’écoulement de l’air à
utilisée, les efforts de réaction au sol et les dangers d’incendie des travers des tuyères pour refroidir l’arc et obtenir sa désionisation
appareils à gros volume d’huile. (figure 4). Les pouvoirs de coupure les plus élevés exigés ont pu
être atteints en augmentant la pression (30 à 50 bar).
Ce sont des appareils à isolement dans l’air (cf. [D 4 690] § 2.5) où
l’arc est contenu dans un pot de coupure (figure 2) qui permet de La dernière génération de disjoncteurs de ce type comporte des
réduire la durée d’arc et l’énergie transmise au volume d’huile. Ce pôles entièrement et en permanence sous pression (figure 5). Les
sont les précurseurs des disjoncteurs à autosoufflage car l’énergie tuyères sont métalliques et à double soufflage. Les valves situées en
d’arc est utilisée pour générer la surpression nécessaire au souf- aval des tuyères sont manœuvrées par des tringles. Cette disposi-
flage et à l’extinction de l’arc. tion a permis de réduire la durée de coupure à deux cycles à 60 Hz
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 694 − 3
QQW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYT
Historique
Bien que les excellentes qualités diélectriques du SF6 étaient
connues dès 1938 (cf. [D 4 692] § 1.5.3), la révélation des pro-
priétés exceptionnelles du SF6 pour l’interruption d’un courant a
été faite dans le brevet de H.J. Lingal, T.E. Browne et A.P. Storm
déposé aux États-Unis le 19 Juillet 1951 [13].
La première application industrielle du SF6 pour la coupure
date de 1953 ; il s’agissait d’interrupteurs en charge à haute ten-
sion (15 à 161 kV) dont le soufflage autopneumatique permettait
de couper 600 A.
La première réalisation d’un disjoncteur SF6 à haute tension a
été faite en 1956 par Westinghouse mais le pouvoir de coupure
était alors limité à 5 kA sous 115 kV (1 000 MVA) et cet appareil
comportait 6 chambres de coupure en série par pôle.
Dans le même temps, en 1957, les Ateliers de Constructions
Figure 4 – Tuyères de disjoncteurs à air comprimé : différents schémas électriques de Delle ont réalisé un disjoncteur 23 kV, 250 MVA,
de type FRUR, pour cellules de distribution, puis un disjoncteur
Dead Tank pour locomotive 25 kV, 200 MVA autopneumatique à
buse isolante [7].
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 694 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QQX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYT
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 694 − 5
QQY
T
QRP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYV
Appareillage électrique
d’interruption HT. Annexes
1. Tension rétablie dans le cas d’un défaut aux bornes triphasé.... D 4 696 - 2
1.1 Calcul du facteur de premier pôle .............................................................. — 2
T
1.2 Calcul du facteur de tension rétablie pour le deuxième pôle qui coupe — 3
1.3 Conclusion.................................................................................................... — 4
2. Courants de défaut aux bornes triphasé,
biphasé et monophasé............................................................................ — 4
2.1 Défaut aux bornes triphasé......................................................................... — 4
2.2 Défaut aux bornes biphasé ......................................................................... — 4
2.3 Défaut aux bornes monophasé .................................................................. — 5
3. Défaut proche en ligne : tension transitoire
de rétablissement (TTR) ........................................................................ — 5
3.1 Détermination de la forme de la TTR du côté de la ligne......................... — 5
3.2 Calcul des paramètres de la TTR du côté de la ligne................................ — 6
3.2.1 Défaut proche en ligne L90 ................................................................ — 6
3.2.2 Défaut proche en ligne L75 ................................................................ — 7
4. Défaut aux bornes : tension transitoire
de rétablissement (TTR) ......................................................................... — 7
4.1 Généralités ................................................................................................... — 7
4.2 Équivalence des systèmes mécanique et électrique ................................ — 8
4.3 Régime transitoire du système mécanique équivalent ............................ — 8
4.4 Régime transitoire du circuit électrique..................................................... — 8
4.5 TTR à quatre paramètres ............................................................................ — 9
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 698
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 696 − 1
QRQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYV
1. Tension rétablie
dans le cas d’un défaut E I1 V1
I3 V3
Le calcul de la tension rétablie est fait en utilisant le système
de composantes symétriques directes, inverses et homopolaires
Z
(indices d, i et 0) [10] [11].
Cette méthode, publiée en 1918 par C.L. Fortescue, permet de
résoudre les problèmes de calcul de distribution des courants dans
les réseaux polyphasés déséquilibrés.
Z impédance de mise à la terre
Elle permet aussi de déterminer de manière relativement simple
la tension rétablie (ou le facteur de pôle) à la coupure de chaque
pôle d’un disjoncteur. La TTR peut être ensuite déduite en multi- Figure 1 – Circuit avec un défaut aux bornes triphasé
pliant la valeur crête de la tension rétablie par le facteur d’ampli- et coupure du premier pôle
tude.
Ce calcul est détaillé ici car il est difficile de trouver la détermi-
nation complète des facteurs de pôle (rapport entre la tension réta-
blie sur un pôle et la tension entre phase et terre) dans la On obtient donc le système suivant de trois équations (6), (7), (8)
littérature. avec 3 inconnues :
a Xd Id + a 2 Xi Ii + X0 I0 = a E (5) Id Xi
I 0 = Ð ------------------------ (10)
Xi + X0
I d + Ii + I 0 = 0 (6)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 696 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QRR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTVYV
V 2 = – (X 0 + a 2 Xd + aX i) Id + a 2 E
1.2 Calcul du facteur de tension rétablie
pour le deuxième pôle qui coupe [ X0 ( 1 + a 2 ) + Xi ( a + a 2 ) ] E
V 2 = ----------------------------------------------------------------------------------------------
X0 + Xd + Xi
-
Le schéma de la figure 2 montre la configuration du circuit après
la coupure du premier et du deuxième pôle. Pour une commodité Sachant que a est donné par la relation (2), il vient :
de calcul, on considère que c’est la phase 1 qui reste à la terre.
1
---- ( 3 + j 3 ) X0 j 3 Xi
2-
V2 = ------------------------------------------------------------------------------- E
X +X +X
0 d i
E I1 V1 d’où :
X0
I2 V2 V2
3
----------
2- 0
X + j -------- 1 2 - + Xi 2
-------- = 3 ------------------------------------------------------------------ (18)
E X +X +X
0 d i
I3 V3
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 696 − 3
QRS
T
QRT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWPP
T
1. Problématique de l’interruption
des courants continus ............................................................................ D 4 700 - 2
2. Modélisation du comportement dynamique de l’arc..................... — 6
3. Pointe d’extinction .................................................................................. — 9
4. Temps de coupure.................................................................................... — 11
5. Énergie de coupure.................................................................................. — 12
6. Utilisation d’un condensateur en parallèle sur l’arc...................... — 13
7. Avenir du transport en courant continu à haute tension............. — 16
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 700 − 1
QRU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWPP
1. Problématique de R L
l’interruption des + ∞
Interrupteur
E
courants continus 0
Énergie de coupure :
1.1 Interruption d’un courant continu tE tE 0
0
ri 2 dt =
0
(E – Ri ) i dt –
I
Li di
et il suffit que la résistance r de l’interrupteur, supposée initialement
1
nulle, croisse et devienne infinie (figure 1 b) ou, en d’autres termes, Li di = L I2
2
que sa conductance diminue, puis s’annule. Lorsque cette condition I
unique est réalisée, l’appareil, devenu isolant, n’est plus traversé
a circuit inductif : schéma
par aucun courant.
■ La loi de variation de la résistance de l’interrupteur peut, à pre- i
mière vue, être quelconque. Toutefois, le raisonnement et le calcul i
T
montrent que l’énergie dépensée sous forme d’effet Joule dans
l’interrupteur au cours de la coupure est d’autant plus faible que la I
0
variation de la résistance de ce dernier est plus rapide. On a donc t
intérêt à agir dans ce sens. r r
Cependant, même si cette variation est infiniment rapide, on
constate qu’il faut néanmoins dépenser dans l’interrupteur la tota-
lité de l’énergie électromagnétique emmagasinée initialement dans
1
l’inductance propre du circuit, soit --- LI 2 . 0
2 t
Cette constatation logique est absolument essentielle dans les
b variation des paramètres
problèmes d’interruption des courants continus ; un critère minimal
de bon fonctionnement est donc que l’interrupteur doit pouvoir Figure 1 – Interruption d’un courant continu
absorber sans dommage cette énergie, qui est souvent considéra-
ble.
■ Ce critère, s’il est primordial, n’est pas le seul. Il en existe au
u
moins un autre d’importance. Si, en effet, la variation de résistance
est infiniment rapide, celle du courant l’est également et, en consé-
quence, la force électromotrice induite (L di/dt) dans l’inductance
propre du circuit devient infiniment grande. Cette surtension illimi-
tée est évidemment inadmissible.
■ Il faut évidemment se fixer une limite à ne pas dépasser pour la ᐉ3
valeur de la surtension. Une fois cette limite définie, la loi de varia- ᐉ2
tion de la résistance se trouve imposée et le problème est théorique- ᐉ1
ment résolu. L’énergie dépensée au cours de la coupure est alors
supérieure à l’énergie électromagnétique du circuit, sans dépasser 0 i
généralement le double de cette valeur.
ᐉ3 > ᐉ 2 > ᐉ1
Dans la pratique, la résistance variable r est constituée par un arc
électrique. Les semi-conducteurs de puissance, de type transistor Figure 2 – Caractéristiques statiques d’arc pour trois longueurs
ou GTO, ne peuvent être utilisés actuellement, dans des conditions différentes d’arc
économiques raisonnables, que sur des circuits de faible puissance,
n’excédant pas quelques centaines de kilowatts.
— conditions de fonctionnement auxquelles est soumis cet arc
(soufflage, turbulence, déplacement sous l’effet de champs magné-
1.2 Caractéristique d’arc tiques, etc.) ;
— longueur de l’arc, etc.
La caractéristique statique présente généralement une allure
Nous savons que, si l’on porte sur un diagramme la chute de ten-
hyperbolique, la tension passant parfois par un minimum puis crois-
sion u dans un arc en fonction du courant i qui le traverse (supposé
sant ensuite légèrement en fonction du courant (figure 2).
stabilisé ou lentement variable), on obtient une caractéristique sta-
tique qui dépend de tous les paramètres déterminant le fonctionne- Si l’on ne fait varier que la longueur ᐉ de l’arc, on obtient toute
ment de l’arc en question : une famille de caractéristiques, chacune d’elles correspondant à une
— nature et forme des électrodes ; longueur donnée.
— nature et pression du gaz plasmagène dans lequel l’arc se Pour un arc libre brûlant dans l’air à la pression atmosphérique,
développe ; Herta Ayrton a proposé, à la fin du XIXe siècle, une formule empiri-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 700 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QRV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWPP
+ i
C + Dᐉ P0
E E – Ri u
u = A + Bᐉ + ------------------ = U 0 + ------ (1)
i i
Dans une représentation hyperbolique de la caractéristique, U 0
constitue le seuil de tension d’arc et P0 la partie constante de la puis- a schéma
sance de refroidissement.
Exemple : si l’arc est amorcé horizontalement dans l’air entre deux u
électrodes en cuivre de 3 mm de diamètre, les paramètres de cette
relation ont sensiblement pour valeurs :
A = 30 V ; B = 10 V/cm ; C = 10 VA ; D = 30 VA/cm
+ E– ᐉ'
∆u Ri
1.3 Interruption d’un circuit résistant A
et inductif ∆u – ᐉ
0 IA E
T
i
R
C’est le cas le plus général rencontré en courant continu, en parti- b caractéristique statique
culier lors de l’apparition d’un court-circuit.
Figure 3 – Coupure d’un circuit résistant et inductif
Durant l’interruption, la loi d’Ohm donne, à chaque instant, une
relation entre les diverses grandeurs en présence (figure 3) :
di
E – Ri – L ------ – u = 0 (2)
dt u
d’où :
U0
di E
L ------ = ( E – Ri ) – u = ∆u (3)
dt
E–
Ri
On constate que le signe de la chute inductive ∆u définit le sens de
variation du courant : si ∆u est positif, i augmente et inversement.
Dans un plan (u, i ), la droite E − Ri est dénommée droite de 0 I i
charge.
La puissance de refroidissement peut se représenter par :
■ Si nous supposons que la tension d’arc est donnée, pour chaque P – P0 + U0i
valeur de i, par la caractéristique statique, nous constatons que, tant
que l’arc est suffisamment court (longueur ᐉ ) pour que sa caracté-
ristique présente des points d’intersection (A et B) avec la droite de Figure 4 – Caractéristique statique d’un arc de forte puissance
charge, il existe un point de fonctionnement stable A et la coupure
ne peut se réaliser.
En effet, au point A, ∆u est négatif pour les valeurs de i supérieu- ■ Dans la réalité, la forme hyperbolique de la caractéristique n’est
res à IA, mais il devient positif lorsque i est inférieur à IA. Le courant véritablement significative qu’au-dessous d’une centaine d’ampè-
va donc se stabiliser à IA. res, pour un arc fonctionnant dans l’air atmosphérique.
Il en résulte que, aux fortes intensités de courant, on observe plu-
On en conclut immédiatement que l’interruption ne peut pas tôt une sorte de palier de tension.
s’achever tant que l’arc n’est pas suffisamment développé pour ● Si l’on suppose que la caractéristique se résume pour l’essen-
que sa caractéristique soit tout entière située au-dessus de la tiel (cf. relation (1)) à :
droite de charge E − Ri.
Lorsque cette condition se trouve réalisée (longueur ᐉ′ ), ∆u u = U0
est négatif pour toutes les valeurs du courant et ce dernier ne
peut que décroître jusqu’à s’annuler. le problème de la coupure d’un courant continu est relativement
simple : le palier de tension d’arc U0 doit être égal ou supérieur à la
tension E du générateur, sinon il n’y a pas coupure (figure 4).
Il existe donc, en courant continu, une caractéristique mini-
male d’arc au-dessous de laquelle l’interruption ne peut pas être ● Si nous supposons, en revanche, que la caractéristique statique
obtenue (si le circuit ou l’appareil ne comporte aucun artifice per- peut être assimilée à une simple hyperbole :
mettant de faciliter la coupure). Notons que cette caractéristique
minimale ne dépend que de la force électromotrice E et de la résis- ui = P0
tance R, et non de l’inductance L, qui joue en revanche un rôle fon-
damental vis-à-vis du temps de coupure et de l’énergie dépensée nous constatons que la caractéristique minimale correspond à une
dans l’arc. puissance de refroidissement constante P0 égale au quart de la
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 700 − 3
QRW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWPP
u u;i
PE
U0
E E
u
E– I
Ri
i
E/2
P0 = 0,25 EI
0 I/2 I 0 t
i
Temps
d'allongement
Figure 5 – Puissance minimale de coupure pour une caractéristique
statique hyperbolique Au début de la coupure, on provoque un allongement rapide de l'arc
jusqu'à une longueur telle que la tension d'arc atteigne un palier U0
légèrement supérieur à E. Cette longueur autorise la coupure sans
entraîner de surtension excessive. Une légère surtension dite pointe
puissance apparente E I du circuit, c’est-à-dire au produit de la ten- d'extinction (PE) apparaît lorsque le courant approche de zéro.
sion E du générateur par le courant établi I (figure 5) :
Figure 6 – Coupure avec allongement limité de l’arc
P0 = 0 , 2 5 E I (4)
T
En courant alternatif, les puissances de refroidissement u
nécessaires (et, par conséquent, les énergies de coupure) sont com-
parativement beaucoup plus faibles.
ui = P
● Au-delà de cette caractéristique minimale, l’interruption est 2E
d’autant plus rapide que l’écart ∆u entre la tension d’arc et la droite
E − Ri est plus grand et que l’inductance propre L du circuit est plus
faible, puisque :
E E–
Ri
di ∆u
------ = -------
dt L
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 700 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
QRX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWVQ
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 761 − 1
QRY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWVQ
T du transport en courant
continu
différences tarifaires.
Aperçu historique
■ Liaisons longues souterraines ou sous-marines
Le transport à très haute tension par câbles sous-marins ou sou- Les premières liaisons de transport en courant continu (ex :
terrains constitue une solution toujours très onéreuse à laquelle on Moutiers-Lyon en 1906) ont été réalisées en utilisant des généra-
n’a recours que lorsque le transport par lignes aériennes s’avère trices et moteurs à courant continu connectés en série pour la
impossible. C’est le cas des liaisons sous-marines (alimentation transformation énergie mécanique – énergie électrique.
d’île, raccordement d’une centrale éolienne off-shore, inter- Le courant alternatif a très vite pris l’avantage dans le déve-
connexion de deux réseaux séparés par la mer) et des liaisons sou- loppement des liaisons de transport grâce à l’invention du trans-
terraines dans les zones fortement urbanisées, protégées ou dans formateur, tandis que les recherches se poursuivaient sur des
lesquelles l’opinion publique s’oppose à la construction de nou- moyens statiques de transformation courant alternatif – courant
veaux ouvrages de transport aériens. continu : thyratrons et valves à vapeur de mercure.
Le transport en courant continu permet de réduire notablement le En 1939, une liaison continue de 1 MW est réalisée en Suisse
coût des câbles (il y a un ou deux conducteurs au lieu de trois, la par Brown Bovery utilisant des valves à vapeur de mercure. Vers
tenue de tension est entièrement exploitée, la capacité de transit est 1940, AEG et Siemens réalisent une liaison de 30 MW avec la
exploitée à 100 % grâce à la maîtrise du flux de puissance…). même technologie. Ces réalisations ne convainquent pas en rai-
son de la tension directe supportée par ces valves qui reste trop
Le courant continu permet de s’affranchir des problèmes de faible pour une utilisation pour une liaison de transport.
puissance réactive générée par les câbles en courant alternatif qui En 1954, la technologie des valves à vapeur de mercure a
conduisent à un surdimensionnement, voire à une impossibilité suffisamment mûri pour être utilisée dans la première liaison
technique ; en effet, pour les grandes longueurs, il est nécessaire continue commerciale reliant l’île de Gotland à la Suède. À par-
d’absorber cette puissance parasite dans des postes intermédiaires tir de ce moment, de nombreuses liaisons continues sont réali-
le long du câble, ce qui est fréquemment impossible, en particulier sées, en particulier la première liaison entre France et Grande-
dans les liaisons sous-marines. Bretagne de 160 MW en 1961.
Ainsi, à partir d’une certaine valeur du couple longueur – puissance En 1965, General Electric réalise en laboratoire un thyristor
(ex : 1 000 MW sur 40 km, 200 MW sur 200 km), le transport à cou- (interrupteur statique à fermeture commandable). Cette techno-
rant continu devient compétitif avec le transport en courant alternatif. logie évolue et en 1970, un convertisseur à thyristors est installé
en série avec les convertisseurs de Gotland, en faisant la pre-
■ Lignes aériennes de grande longueur mière installation commerciale utilisant cette technologie. Les
valves à thyristors remplacent alors les valves à vapeur de mer-
L’exploitation de certaines ressources énergétiques naturelles cure dans les nouvelles liaisons ou les rénovations de liaisons
(typiquement l’hydraulique) nécessite un transport d’énergie sur de existantes.
grandes distances vers les centres de consommation. Lorsque la En 1997, la technologie des sources de tension, issue de celle
distance est importante (au-delà d’environ 600 km), le transport à des variateurs de vitesse pour moteurs, évolue vers des ten-
courant continu est souvent la solution la plus économique car le sions plus élevées, la rendant utilisable pour des liaisons de
gain réalisé sur le coût des lignes et des installations de compensa- transport. En 1999, la première liaison commerciale (50 MW) de
tion de puissance réactive dépasse le coût des stations de ce type est réalisée par ABB à Gotland.
conversion aux extrémités. Actuellement, les nouvelles liaisons sont réalisées tant avec la
■ Interconnexions transfrontalières technologie des thyristors qu’avec celle des sources de tension,
souvent en fonction du niveau de puissance.
Lorsque cela est possible (proximité géographique, règles Un tableau du fascicule Doc. D 4 763 donne la liste et les
d’exploitation communes), les réseaux de transports sont inter- caractéristiques principales des liaisons à courant continu dans
connectés en courant alternatif. Ces interconnexions permettent le le Monde.
secours mutuel en cas de perte d’un ouvrage, la mutualisation de la
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 761 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
QSP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWVQ
Réalisée en courant alternatif, une interconnexion rend les deux défaillante du poste ou du réseau pouvant ainsi être isolée au
réseaux qu’elle relie intimement dépendants, notamment en terme moyen de disjoncteurs (élimination très rapide et automatique
de maintien du synchronisme entre les différentes machines. Le d’une portion en défaut) et de sectionneurs (reconfiguration d’un
transit de puissance sur l’interconnexion est par nature aléatoire et nouveau schéma d’exploitation). Le poste peut aussi comporter
varie autour d’une valeur objectif. Une trop faible capacité d’inter- d’autres transformateurs, s’il assure une fonction annexe de
connexion est techniquement irréaliste, car elle ne peut constituer changement de tension, par exemple, pour alimenter une zone de
un lien synchronisant suffisant, ni supporter des variations aléatoires consommation.
trop importantes. La puissance électrique s’écoule naturellement et
n’est pas contrôlable. Les filtres d’harmonique, les bancs de compensation de
En revanche, le recours au courant continu règle les questions de puissance réactive et les unités de conversion sont raccordés au
stabilité et apporte une dimension de contrôlabilité qui donne beau- même jeu de barres.
coup plus de souplesse à l’exploitation d’une interconnexion inter-
nationale. Le transit de puissance peut, par exemple, être asservi à Des réducteurs de mesure (transformateurs de courant et trans-
un programme d’échange prédéterminé, voire être adapté instanta- formateurs ou réducteurs de tension) délivrent des signaux
nément et automatiquement pour secourir un réseau connaissant nécessaires au comptage de l’énergie, aux protections et aux dispo-
de graves difficultés, sachant que ce secours est limité à la puis- sitifs de contrôle-commande.
sance maximale de la liaison et n’entraînera pas le réseau sain vers
l’instabilité. Un poste à courant continu complète le schéma. Il comporte un
système de lissage du courant continu et de filtrage de la tension
■ Interconnexions entre réseaux asynchrones redressée, et tout l’appareillage nécessaire aux mesures de la ten-
L’interconnexion de deux réseaux asynchrones (fréquences ou sion et du courant ainsi qu’aux connexions des unités de conversion
règles d’exploitation différentes) est impossible en courant alterna- à la ligne à courant continu.
T
tif. On utilise pour cela des convertisseurs ac/dc/ac dits « dos-à-dos »
(ou back-to-back) qui sont des liaisons continues de longueur négli-
geable (quelques mètres). Ces convertisseurs n’ont pas les mêmes
contraintes que les liaisons, en particulier sur le niveau de tension 2.2 Unités de conversion
continue. Cependant, certaines liaisons continues reliant des
réseaux asynchrones (ex : Itaipu, Troll A) assurent, en plus du trans-
port de puissance, la fonction d’adaptation de fréquence. Le constituant élémentaire d’une station de conversion est l’unité
de conversion, hexaphasée ou dodécaphasée, constituée d’un
■ Augmentation de la capacité de transit
transformateur et d’un ou deux ponts de Graëtz, ainsi que de son
La conversion de lignes de transport existantes en liaisons à cou- équipement de commande et de protection.
rant continu permet d’en augmenter fortement la capacité de transit.
Cela pourrait constituer dans l’avenir, face aux pressions visant à Le transformateur d’une unité de conversion, dont le secondaire
préserver l’environnement, une solution d’ultime recours quand il est raccordé aux bras de convertisseur du pont, assure l’isolement
faut nécessairement augmenter la capacité d’un couloir de lignes galvanique entre le réseau alternatif et la ligne à courant continu. Il
dans une région donnée. réalise également un changement de tension pour fournir au pont
En 2004, environ 70 000 MW sont transportés dans le monde en des tensions alternatives dont l’amplitude permet d’atteindre la ten-
courant continu par une centaine de liaisons. sion continue désirée.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 761 − 3
QSQ
T
QSR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWVR
T
1.1 Schéma macroscopique d’une liaison ....................................................... — 2
1.2 Réglage......................................................................................................... — 2
1.3 Interactions avec les réseaux à courant alternatif .................................... — 4
2. Liaisons à convertisseurs source de tension ................................... — 9
2.1 Généralités ................................................................................................... — 9
2.2 Réglages et caractéristiques....................................................................... — 9
3. Conclusion ................................................................................................. — 11
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc . D 4 763
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 762 − 1
QSS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWVR
T
redresseur (transfert de puissance active du réseau alternatif vers la
ligne continue) et l’autre en onduleur (transfert de puissance active pour le convertisseur fonctionnant en onduleur,
dans l’autre sens). Ces deux convertisseurs sont identiques et c’est avec Xf inductance de fuite (une phase, en Ω) du transformateur,
leur angle α de retard à l’amorçage qui déterminera lequel fonc- Id courant continu.
tionne en redresseur (α < 90°) ou en onduleur (α > 90° ou γ < 90°,
avec γ l’angle de garde). La chute de tension due à l’empiétement étant proportionnelle à
l’intensité, elle peut être représentée par une résistance Rc que l’on
appelle « résistance de commutation » :
1.1.1 Schéma des convertisseurs dans le cas idéal 6X f
R c = ---------
π
Dans ce paragraphe, on considère le cas idéal, c’est-à-dire des
inductances nulles côté réseau alternatif. Cette résistance est fictive, c’est un artifice de calcul et elle n’est
donc pas sujette à des pertes par effet Joule. On remarque d’ailleurs
On retiendra de l’article [D 3 210] que le redresseur fournit côté
que la résistance de commutation du convertisseur fonctionnant en
continu une tension redressée de valeur moyenne Ud0R avec :
onduleur est négative, pour tenir compte que, quel que soit le sens
du courant, la tension aux bornes du convertisseur est inférieure à la
6 2 tension interne qui correspond au cas idéal.
U d0R = ----------- U cos α
π
avec U la tension alternative efficace entre phases côté alternatif et 1.1.3 Schéma de la liaison et conventions
α l’angle de retard à l’amorçage. Pour qu’il fonctionne en redresseur,
l’angle α du convertisseur est compris entre 0 et 90°. La figure 2 montre la liaison d’un point de vue macroscopique par
deux sources de tension continue variables reliées par les résistances
De même, l’onduleur fournit côté continu une tension redressée (fictives) de commutation et la résistance (réelle) de la ligne ou du
de valeur moyenne Ud0O avec : câble de liaison. La liaison continue possède deux degrés de liberté
qui sont les angles α et γ , respectivement l’angle de retard à l’amor-
6 2 çage du redresseur et l’angle de garde de l’onduleur.
U d0O = ----------- U cos γ
π
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 762 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
QST
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWVR
Vd1 Vd2
Us1 Us2
F F
a schéma montrant les constituants de la liaison
Rc1 BL Id R LC BL – Rc2
Vd1 Vd2
BL bobine de lissage
6X ∫
Rc2 = π 2
T
F filtre
L ou C ligne ou câble continu
Le réglage de la puissance, à tension constante, est alors effectué Le convertisseur peut fonctionner dans les modes suivants, dont
par le réglage du courant : la puissance transmise par la liaison à pas tous sont implémentés dans le contrôle-commande :
courant continu est en première approximation le produit du — réglage en fonctionnement redresseur de l’angle d’amorçage
courant redressé imposé par le redresseur par la tension continue à minimal α min : l’amorçage de valves constituées de plusieurs thyris-
l’extrémité onduleur. Comme les angles de retard à l’amorçage tors en série nécessite une tension minimale à leurs bornes, il est
règlent la tension de sortie des convertisseurs, une boucle est ajou- donc primordial de s’assurer que l’angle d’amorçage n’est pas trop
tée qui mesure le courant et le traduit en ordre de variation de la ten- faible ;
sion, c’est-à-dire de l’angle. Si le courant est régulé par l’un des — réglage en fonctionnement onduleur de l’angle d’extinction
convertisseurs, il est régulé sur tout le réseau continu car celui-ci est minimal γ min : si l’angle de garde est trop faible, la moindre varia-
parcouru par un même courant. tion de tension entraînera un défaut de commutation, donc l’arrêt de
la liaison ; il est donc primordial de s’assurer que l’angle de garde
n’est pas trop faible ;
— réglage de la tension continue Ud par l’un des convertisseurs ;
1.2.2 Réglage rapide par les angles — réglage du courant continu Id par l’autre convertisseur (ou les
autres dans le cas d’une liaison multiterminale) ;
— réglage de la tension continue Ud par le convertisseur qui
régule le courant, au cas où la tension dépasserait de beaucoup la
Un convertisseur doit réguler plusieurs de ses paramètres (main- tension nominale ; cette régulation ne se déclenche qu’en cas de
tenir les angles α et γ supérieurs à des seuils donnés : tension et problème (tension > 110 % de sa valeur nominale, par exemple) ;
courant continus dans des plages données) avec une seule variable — réglage du courant continu Id par le convertisseur qui régule la
de commande (α ou γ ), aussi il faut choisir lequel des paramètres tension, au cas où le courant tomberait sous 90 % de sa valeur de
sera régulé. consigne ; cette régulation ne se déclenche qu’en cas de court-circuit
et permet d’en limiter les conséquences.
La façon de procéder classique est de faire fonctionner plusieurs
C’est en général le convertisseur fonctionnant en onduleur qui
régulations en même temps, d’associer à chacune un coefficient de régule la tension continue. La consigne de courant de l’onduleur, qui
pondération et de choisir celle qui est la plus importante pour le n’est sollicitée que lors de défauts, est déduite en retranchant la
système. Ces régulations fonctionnent dans un seul sens en marge de courant de la consigne de courant du redresseur :
général : la régulation d’angle α minimum ne fonctionne que si
l’angle est inférieur à sa valeur minimale, elle est inhibée dans le I cO = I cR – ∆I c
cas contraire.
La marge de courant ∆Ic est une valeur fixe souvent prise égale à
Le choix des coefficients de pondération permet de classer les 10 % de la valeur nominale.
régulations entre celles qui sont importantes et celles qui sont vita- Ce type de réglage nécessite un canal de communication entre les
les pour le convertisseur. Un système de vote (par choix de la régu- deux stations car la consigne de courant de l’onduleur est calculée
lation présentant l’erreur pondérée maximale) permet de placer le en fonction de celle du redresseur.
convertisseur dans le mode approprié pour son bon fonctionne- Les différents modes de fonctionnement sont représentés par des
ment. droites dans le plan (Ud ; Id) de la figure 3.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 762 − 3
QSU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dTWVR
Le contrôle des angles d’amorçage et de garde permet de faire fonc- Pour obtenir les mêmes performances avec une liaison point à
tionner les convertisseurs de la liaison sur des points particuliers de point, il faut installer des moyens rapides de compensation statique
leurs caractéristiques Ud = f (Id) (figure 3), mais ceci se fait au prix dans la station onduleur ou mettre en œuvre des moyens de télé-
d’une plage de variation très grande de ces angles. Le fonctionnement communications d’une très haute fiabilité et ultrarapides.
à grand angle d’un convertisseur induit des effets indésirables (échauf-
fement des snubbers, consommation de puissance réactive) qu’il faut
limiter. C’est pourquoi un autre réglage coexiste avec celui des angles ;
c’est le contrôle des tensions alternatives en entrée de convertisseur. 1.3 Interactions avec les réseaux
Les transformateurs de convertisseurs sont munis de régleurs en à courant alternatif
charge dont le but est d’adapter la tension alternative secondaire
(celle qui est en entrée de convertisseur) au point de fonctionnement
de consigne de façon à ramener les angles α et γ dans une plage
donnée. Ainsi, les convertisseurs ne fonctionnent à grands angles 1.3.1 Généralités
que pendant les changements brusques de consigne, le temps que
les régleurs ramènent les angles dans les plages nominales. Pour un réseau alternatif, une liaison à courant continu peut être
considérée comme une charge consommant une part notable de la
puissance transitant sur ce réseau ou, au contraire, comme une
1.2.4 Structure et réglage des liaisons source de puissance active dont la contribution à l’alimentation du
multiterminales système alternatif est significative. C’est pourquoi l’intégration har-
monieuse d’un tel ouvrage passe par l’examen des interactions pos-
sibles entre le réseau à courant continu et les réseaux alternatifs, et
Une liaison multiterminale est constituée d’au moins trois sta-
par la mise en œuvre de solutions permettent de maîtriser ces inte-
tions de conversion interconnectées par une même ligne à courant
ractions.
continu. Le problème est d’assurer le réglage de la puissance échan-
gée entre le réseau à courant continu et chacun des réseaux alterna- Une grandeur significative, souvent utilisée pour caractériser le
tifs adjacents, indépendamment des autres réseaux alternatifs, en degré d’interaction entre une liaison à courant continu et le réseau
respectant toutefois la contrainte d’égalité, aux pertes près, de la alternatif adjacent, est le rapport de court-circuit Kcc. Ce rapport est
puissance injectée dans le réseau continu et de la puissance extraite défini comme le quotient de la puissance de court-circuit du réseau
du réseau continu. au point de raccordement de la station au réseau alternatif à la puis-
Le choix du type de réglage dépend fondamentalement de la sance nominale des convertisseurs, soit :
structure du réseau à courant continu : série ou parallèle.
P cc
■ Dans la structure série (figure 4), le courant continu est commun K cc = ---------
à tous les convertisseurs. P dn
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 762 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
QSV
GAGNEZ DU TEMPS ET SÉCURISEZ VOS PROJETS
EN UTILISANT UNE SOURCE ACTUALISÉE ET FIABLE
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com
LES AVANTAGES ET SERVICES
compris dans les offres Techniques de l’Ingénieur
ACCÈS
SERVICES ET OUTILS PRATIQUES
Archives Impression à la demande Alertes actualisations
Technologies anciennes et versions Commandez les éditions papier Recevez par email toutes les nouveautés
antérieures des articles de vos ressources documentaires de vos ressources documentaires
*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com