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Table des matières

INTRODUCTION......................................................................................................4
A. PARTIE THÉORIQUE......................................................................................7
1. LES GÉNÉRALITÉS.........................................................................................8
1.1 La sémantique...........................................................................................8
1.2 La sémantique d’après Georges Mounin.................................................9
2. FERDINAND DE SAUSSURE – SIGNE, SIGNIFIÉ, SIGNIFIANT...............11
2.1 Le signe linguistique...............................................................................12
2.2 Premier principe : l’arbitraire du signe.................................................14
2.3 Second principe : caractère linéaire du signifiant.................................17
2.4 Immutabilité et mutabilité du signe........................................................18
2.4.1 Immutabilité....................................................................................18
2.4.2 Mutabilité........................................................................................20
3 LE MOT VERSUS LE SÈME.........................................................................22
3.1 Le mot.....................................................................................................22
3.1.1 Le mot d’après André Martinet.......................................................24
3.2 Le sème...................................................................................................28
4 ANALYSE SÉMANTIQUE.............................................................................30
4.1 Pottier et son analyse sémantique..........................................................34
B. PARTIE PRATIQUE...........................................................................................39
5 PRÉ-ENQUÊTE..............................................................................................40
6 RECHERCHE LEXICOLOGIQUE SYNCHRONIQUE ET DIACHRONIQUE
48
6.1 Exploration axiologique – méthode de cascade.....................................48
6.2 Recherche synchronique.........................................................................51
6.3 Recherche diachronique.........................................................................54
7 ENQUÊTE SYNCHRONIQUE ASSOCIATIVE...............................................61
8 RECHERCHE : RELEVÉS SYNCHRONIQUES MÉDIATIQUES...................69
C. PARTIE DIDACTIQUE......................................................................................72
FICHE PEDAGOGIQUE 1.....................................................................................73
FICHE PEDAGOGIQUE 2.....................................................................................76
FICHE PEDAGOGIQUE 3.....................................................................................79
CONCLUSION........................................................................................................84
BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................87
RESUMÉ.................................................................................................................90
SUMMARY.............................................................................................................91
Annexes................................................................................................................92

3
Introduction

Si, en 1916, les étudiants de Ferdinand de Saussure ont rédigé les « Cours
de linguistique générale », ce n’était pas seulement parce que ces cours étaient
intéressants mais parce que de Saussure a introduit des idées extraordinaires dans
la science de la linguistique.

Avec de Saussure, les auteurs du 20ème siècle comme André Martinet


ou Georges Mounin ont fondé la linguistique moderne et ont établi les bases
de la sémiologie. Ainsi qu’aux étudiants de Ferdinand de Saussure, à nous aussi,
la science de la langue nous paraît très intéressante.

La langue est un système complexe qui évolue avec la société. La langue dont
nous parlons détermine notre manière de réfléchir et de traiter le monde. Plusieurs
langues nous parlons, plus nous nous rendons compte de ces différentes vues
du monde.

La langue est aussi un moyen de communication. Nous créons nos propres


« langues » pour nous différencier des autres, nous créons des « langues
universelles » pour pouvoir comprendre et parler à tout le monde. En tout cas, notre
langue (maternelle) nous permet de partager nos idées, non seulement à l’oral mais
aussi à l’écrit. Grâce à elle, nous pouvons parler des choses réelles aussi bien
qu’exprimer nos sentiments ou parler des choses abstraites. Il est donc important
de la maîtriser pour que les autres nous comprennent.

Quant à notre langue maternelle, nous l’apprenons en communication avec


nos proches. Nous la maîtrisons, nous utilisons les règles grammaticales sans
les savoir nommer, nous savons bien utiliser les mots dans différents contextes.

Par contre, dès que nous apprenons une langue étrangère, il nous faut
des professeurs, des livres et, au mieux, des locuteurs natifs pour apprendre à utiliser
les mots dans différents contextes, pour maîtriser cette langue. A cette fin,
il y a les dictionnaires qui devraient nous aider à mieux comprendre le sens des mots,
surtout les mots abstraits.

4
En tant qu’aux futurs professeurs du français, ce phénomène nous paraît
pour le moins intéressant. Dans le cadre de ce mémoire, nous allons donc nous
intéresser à l’analyse sémantique des mots abstraits et leur compréhension ordinaire.
Pour ceci, nous avons choisi un exemple, le mot solidarité, dont le sens nous avons
étudié dans des dictionnaires unilingues, dans les journaux qui sont apparus pendant
la période de notre recherche, ainsi que dans les questionnaires répondus
par les Français.

L’objectif de ce travail est donc d’analyser la forme des définitions dans


divers dictionnaires, mais surtout de comparer l’état actuel de la langue (française)
avec celui des dictionnaires. Nous pensons que la langue évolue plus vite
que les éditeurs des dictionnaires peuvent la traiter. Les questions que nous nous
posons sont ainsi : Est-ce que les dictionnaires reflètent l’état actuel de la langue ?
Comment l’apprentissage d’une langue est-elle influencée par le dictionnaire utilisé ?

La façon dont nous allons procéder se résume en trois phases principales.


Dans la première partie, nous allons traiter le sujet du point de vue théorique. Nous
allons aborder la question de ce que c’est la sémantique ainsi que les attitudes
controversées à l’égard de ce phénomène. Cette partie portera également
sur la description des termes principaux comme signe, signifié, signifiant et mot.

La seconde partie sera constituée de plusieurs recherches. Nous tenterons


de représenter le mot solidarité relevé sous forme d’entrée dans des dictionnaires
consultés ainsi que l’analyser du point de vue lexical et sémantique. Aussi, nous
allons repérer et analyser les définitions du mot solidarité indiquées dans
nos questionnaires. Puis, nous nous intéresserons au contexte dans lequel ce mot
est couramment utilisé dans les journaux français.

Dans la troisième partie nous allons nous intéresser à la relation entre


ce phénomène et son rôle dans la classe de FLE1. Nous pensons que savoir utiliser les
mots dans leur contexte dépend de savoir travailler avec des dictionnaires. Ceci aide
à enrichir notre vocabulaire aussi. Nous proposerons donc quelques activités visant à
apprendre à des élèves de travailler avec des dictionnaires ainsi qu’enrichir leur
vocabulaire.

1
FLE – sigle du Français Langue Étrangère

5
Le sujet que nous allons traiter se classe dans le domaine
de la lexicographie. « La lexicographie consiste à recenser les mots, les classer,
les définir et les illustrer, par des exemples ou des expressions, pour rendre compte
de l’ensemble de leurs significations et de leurs acceptions au sein de la langue
donnée, afin de constituer un dictionnaire. »2

La lexicographie est liée à la lexicologie. Son objet, le lexique, s’évolue


en fonction des besoins de notre société. Il s’agit de la partie la plus mouvante
de la langue. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il est difficile de refléter
l’état actuel de la langue dans des dictionnaires et c’est la raison pour laquelle
ce thème nous paraît si intéressant.

2
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lexicographie [19/3/2008]

6
A. PARTIE THÉORIQUE
Dans la partie théorique, nous allons nous appuyer sur plusieurs œuvres
linguistiques des auteurs comme Ferdinand de Saussure, George Mounin, André
Martinet et d’autres, qui ont apporté des idées fondamentales de la science
de la linguistique.

A partir de ces œuvres, nous allons expliquer ce que c’est la sémantique,


les termes principaux comme signe, signifié, signifiant ou mot pour arriver enfin
à l’analyse sémantique.

7
1. Les généralités
Dans le chapitre suivant, nous nous occupons de quelques données
générales concernant la sémantique.

1.1 La sémantique

Pour voir la définition de la sémantique nous nous appuyons


sur Le Trésor de la Langue Française Informatisé3:
SÉMANTIQUE, subst. fém. et adj.
I. Subst. fém.
A. LINGUISTIQUE
1. Étude d’une langue ou des langues considérées du point de vue de la signification;
théorie tentant de rendre compte des structures et des phénomènes de la signification
dans une langue ou dans le langage. Sémantique analytique, générative, logique,
structurale; sémantique descriptive, interprétative; sémantique comparée,
diachronique, historique, synchronique; sémantique lexicale, narrative; sémantique
paradigmatique, syntagmatique; sémantique de l’énoncé, de la phrase; rapports
entre syntaxe et sémantique. Opposée tantôt au couple phonétique-phonologie, tantôt
à la syntaxe (plus particulièrement en logique), la sémantique est une des
composantes de la théorie du langage (ou de la grammaire) (GREIMAS-COURTÉS
1979). V. sémasiologie ex. de Rey:
1. Nous définirons (...) le mot comme l’unité sémantique minima de la parole. (...)
La science du mot s’appelle lexicologie. Elle comportera deux subdivisions, selon
qu’on s’intéresse au nom ou au sens. L’aspect formel des mots est examiné
par la morphologie (...). Les significations lexicales constituent le domaine
de la sémantique [it. ds le texte].
S. ULLMANN , Précis de sém. fr., Berne, éd. A. Francke, 1952, p. 33.
P. ext., rare. Étude (et théorie) d’un système de signification quel qu’il soit.
Synon. sémiotique. Sémantique linguistique, musicale, cinématographique.

3
à comparer, Le Trésor de la Langue Française Informatisé: http://atilf.atilf.fr/tlf.htm ATILF-
CNRS/université de Nancy. [10/12/2007]

8
2. En partic. Étude générale de la signification des signes conçue comme une relation
entre les signes et leurs référents. (Ds REY Sémiot. 1979).

La définition donnée par Le nouveau Petit Robert de la langue française


20084 est la suivante:
SÉMANTIQUE [semãtik] n.f. et adj. – 1879; « technique des signaux » 1875; symentique
adj. 1561 ◊ grec sêmantikos « qui signifie », de sêmainein « signifier »
I n.f. (1879) ▪ 1 Étude du langage considéré du point de vue du sens (►onomasiologie,
sémasiologie); théorie visant à rendre compte des phénomènes signifiants dans
le langage. Sémantique analytique, structurale, générative. Sémantique
synchronique, diachronique (ou historique). La sémantique étudie les relations
du signifiant au signifié, les changements de sens, la synonymie, la polysémie,
la structure du vocabulaire (►lexicologie). Sémantique lexicale, de l’énoncé,
de la phrase. Sémantique paradigmatique (champs sémantiques), syntagmatique.

Nous pouvons donc considérer la sémantique tout simplement comme


une étude du langage qui s’intéresse au sens porté par les mots, les phrases, par tous
les énoncés.

1.2 La sémantique d’après Georges Mounin

Déjà en 1972, Georges Mounin nous donne dans son œuvre « Clefs pour
la sémantique » une définition simple de ce que c’est la sémantique. La définition
telle qu’il nous la propose est : « la science ou la théorie des significations. »5 Mais
il ajoute tout de suite, des significations linguistiques seulement.

« En effet, si on ne prend pas cette précaution, on court le risque d’appeler


sémantique l’étude de toutes les significations. Or tout a une signification : la forme
et altitude d’un nuage, la courbe de la température d’un malade, ... »6

4
ROBERT, P. (éd.), Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008. Dictionnaires le Robert –
SEJER, Paris, 2007. ISBN 978-2-84902-321-1. Page 2345.
5
MOUNIN, G. Clefs pour la sémantique. Paris : Seghers, 1972. Page 8.
6
ibid., p. 8.

9
Georges Mounin nous donne aussi quelques définitions pour bien comprendre
l’objet d’étude de la sémantique. Car la science des significations linguistiques
est un domaine où les confusions terminologiques doivent être évitées
soigneusement.7

« La sémiologie est la science des procédés ou systèmes


de communication. »8 Tandis que la sémantique s’intéresse à des unités
de ce système.9

Enfin, la lexicographie qui s’occupe de la signification des mots,


traditionnellement telle que nous l’enregistrons dans les dictionnaires. 10 Notons que
le mot est généralement considéré comme une unité linguistique.

Mounin s’intéresse aussi aux quelques termes nécessaires pour bien


comprendre la problématique de la sémantique comme signifiant, signifié ou référent
que nous allons aborder plus tard.

7
à comparer, MOUNIN, G. Clefs pour la sémantique. Paris : Seghers, 1972. Page 10.
8
ibid., p. 10.
9
à comparer, ibid., p. 10.
10
à comparer, ibid., p. 11.

10
2. Ferdinand de Saussure – signe, signifié, signifiant

Avant d’arriver à définir ce que c’est un signe, un signifié et un signifiant,


Ferdinand de Saussure nous explique ce que c’est au fait une langue : « Pour
certaines personnes la langue… est une nomenclature, c’est-à-dire une liste de termes
correspondant à autant de choses. Cette conception… suppose des idées toutes faites
préexistant aux mots. …enfin elle laisse supposer que le lien qui unit un nom
à une chose est une opération toute simple, ce qui est loin d’être vrai. »11

Puisque « ce n’est pas l’objet qui est la base du sens des mots, mais que c’est
au contraire l’usage du mot qui rassemble des expériences disparates du point de vue
perceptif, constituant ainsi, dans des conditions et pour des raisons socialement
déterminées, ce que l’on appelle l’objet. » 12

Justement, ce sont des expériences qui forment notre compréhension et notre


interprétation d’un mot. Et nos expériences se forment dans le temps. C’est dans
le temps aussi que notre interprétation d’un mot change. Soit l’interprétation
formulée par la société, soit notre formulation personnelle.

« Cependant cette vue simpliste peut nous rapprocher de la vérité, en nous


montrant que l’unité linguistique est une chose double, faite du rapprochement
de deux termes. »13

De Saussure essaie de nous expliquer qu’un « signe linguistique unit non une
chose et un nom, mais un concept et une image acoustique. Cette dernière n’est pas
le son matériel, chose purement physique, mais l’empreinte psychique de ce son,
la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens. »14

11
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 97.
12
Wittgenstein, op. cit., p. 439
13
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. pp. 97-98.
14
ibid., p. 98.

11
Puisque, en fait, « nous pouvons nous parler à nous même ou nous réciter
mentalement une pièce de vers. C’est parce que les mots de la langue sont pour nous
des images acoustiques. »15

2.1 Le signe linguistique

Le signe linguistique est donc, d’après de Saussure, une entité psychique


à deux faces, qu’il représente par cette figure :

« Ces deux éléments sont intimement unis et s’appellent l’un l’autre. »16

Ferdinand de Saussure nous donne cet exemple

et nous dit que si « nous cherchions le sens du mot latin arbor ou le mot par lequel
le latin désigne le concept arbre, il est clair que seuls les rapprochements consacrés
par la langue nous apparaissent conformes à la réalité, et nous écartons n’importe
quel autre qu’on pourrait imaginer. »17 Mais il ne faut pas que le lecteur
ait l’impression que l’image acoustique est un vocable et le concept est l’image d’une
chose.18
15
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 98.
16
ibid. p. 99.
17
ibid., p. 99.
18
à comparer, ibid., p. 441.

12
De Saussure appelle le signe la combinaison du concept et de l’image
acoustique, « mais dans l’usage courant ce terme désigne généralement l’image
acoustique seule… on oublie que si arbor est appelé signe, ce n’est en tant
qu’il porte le concept « arbre », de telle sorte que l’idée de la partie sensorielle
implique celle du total. »19

En fait, l’image acoustique doit être forcement lié à un concept et vice versa.
Sinon, nous n’imaginerions rien en entendant un mot comme par exemple « arbre ».

Les auteurs20 nous proposent donc de conserver le mot signe pour désigner
le total, et de remplacer concept et image acoustique respectivement par signifié
et signifiant parce que ces derniers termes ont l’avantage de marquer l’opposition
qui les sépare soit entre eux, soit du total dont ils font partie.21

La figure serait donc la suivante :

A partir de ce remplacement, nous n’allons pas utiliser que ces termes-là pour
parler du concept et de l’image acoustique d’un mot.

19
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 99.
20
Cours de linguistique générale paraît en 1916, rédigé après la mort du maître par deux de ses
disciples (Charles Bally et Albert Sechehaye), d’après des notes prises par des étudiants pendant ses
cours.
21
à comparer, DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 99.

13
2.2 Premier principe : l’arbitraire du signe

« Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire ou encore, puisque


nous entendons par signe le total résultant de l’association d’un signifiant
à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique
est arbitraire. »22 Le lien est arbitraire dans ses fondements même, dans la mesure
où il relie deux entités semblablement produites grâce à un découpage arbitraire dans
la substance acoustique et dans la substance significative.23
« Ainsi l’idée de « sœur » n’est liée par aucun rapport intérieur avec la suite
de sons s-ő-r qui lui sert de signifiant ; il pourrait être aussi bien représenté
par n’importe quelle autre : à preuve les différences entre les langues et l’existence
même de langues différentes : le signifié « bœuf » a pour signifiant b-ő-f d’un côté
de la frontière, et o-k-s (Ochs) de l’autre. »24

Voilà que tout dépend de la langue. Mais en français « au fur et à mesure »


représente un seul signifiant lié à un seul signifié même s’il est composé de plusieurs
mots. Le découpage acoustique pour relever un signifiant est donc vraiment
arbitraire. Alors, nous pouvons considérer que c’est le signifié qui est déterminant.

« En référence à cette notion d’arbitraire comme absence de motivation


des signifiants de deux langues différentes par rapport à un « signifié »,25
les auteurs accusent de Saussure d’incohérence. Puisque si de Saussure dit que
chaque langue utilise un signifiant différent pour indiquer le même signifié, il dit,
pareil qu’Aristote, que la langue n’est qu’une nomenclature, c’est-à-dire un ensemble

des noms dont chacun est accolé par convention aux choses ou à leurs équivalents
mentaux identiques pour tous.26

22
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 100.
23
à comparer, ibid., p. 442.
24
ibid., p. 100.
25
ibid., p.442.
26
ibid., p.442.

14
En revenant à la nomenclature, prenons par exemple le mot semoule
en français et krupice en tchèque. Chaque de ces deux mots représente une autre
chose même si la traduction officielle, disons celle que nous trouvons dans les
dictionnaires, dit que ce sont des équivalents, nous pouvons dire des synonymes.

Mais quel sera notre étonnement voyant la semoule ou plutôt


ce que les Français nomment par ce mot, en arrivant en France en tant que Tchèque
et entendant le mot semoule qui, pour nous, représente le krupice tchèque ? La chose
réelle, la semoule, ne correspond pas à ce que nous imaginons sous ce mot. Quel
est donc le signifiant de krupice en français ou plutôt en France ? Il y en a ?
Ne représentent pas donc les signifiés des mots concrets des choses réelles ?

S’il n’y a pas de krupice, la chose réelle, en France, est-ce qu’il y a pour
les Français un signifié de ce mot-là ? Ou plutôt à l’inverse. Il y a évidemment
un type de nourriture que les Tchèques appellent krupice. Mais s’il n’y a pas
en français un mot pour le désigner, il n’y a pas d’image acoustique,
pas de signifiant, c’est parce que les Français ne connaissent pas ce type
de nourriture. Parce qu’ils ne connaissent pas la chose réelle, donc le signifié.

Cela nous évoque deux choses. D’abord, nous pouvons considérer qu’une
langue est vraiment une nomenclature et qu’Aristote avait raison. Puis,
que le signifié et le signifiant ne sont pas forcément lié l’un à l’autre, que ce sont
deux unités séparées. Cela veut dire que nous ne pouvons pas considérer un signe
comme une unité minima, mais comme un ensemble formé de deux unités.

Un autre exemple, le mot asphalte. Nous avons inventé l’asphalte, alors


il fallait créer un nouveau mot. Un mot pour désigner une chose réelle, mais
qui différenciait d’après les différentes langues. Cela confirme que le lien entre
le signifié et le signifiant est vraiment arbitraire, mais aussi que la langue
est une nomenclature.

Ici, nous devrions nous poser la question comment cela fonctionne avec
les mots abstraits. En utilisant un signifiant, il faut dire plutôt les « équivalents »,
dans des langues différentes, nous ne pouvons pas penser à l’indication de la même
réalité. Il n’y a pas de signifié commun or c’est la langue qui construit notre
compréhension de la réalité. Mais ce qui est pareil pour les mots concrets autant que

15
pour les mots abstraits, c’est que l’utilisation d’un mot dépend de la convention
d’une société.

Prenons par exemple les verbes des sentiments en français et en tchèque.


En français, nous pouvons avoir des sentiments, avoir de l’affection, nous pouvons
aimer quelqu’un. En tchèque, nous pouvons mít rád ou milovat.
Le problème, c’est que ces expressions ne correspondent pas les uns aux autres.
C’est la raison pour laquelle les Tchèques ont du mal à s’exprimer et les Français
ne comprennent pas le tchèque mít rád qui peut exprimer des sentiments très forts
aussi bien que des sentiments moins forts selon le contexte.

Et pourtant, des dictionnaires nous proposent les équivalents. Aimer pour dire
milovat et aimer bien pour dire mít rád. Sauf que aimer bien ne peut être utilisé que
pour parler des choses, tandis que mít rád peut être utilisé aussi bien pour parler des
gens.

Dans l’article « Arbitraire linguistique et double articulation », A. Martinet


définit dans l’essentiel la solution du problème : « C’est au lecteur à découvrir
que l’attribution « arbitraire » de tel signifiant à tel signifié n’est qu’un aspect d’une
autonomie linguistique dont une autre face comporte le choix et la délimitation
des signifiés. En fait, l’indépendance de la langue vis-à-vis de la réalité
non linguistique se manifeste, plus encore que par le choix des signifiants, dans
la façon dont elle interprète en ses propres termes cette réalité, établissant
en consultation avec elle sans doute, mais souverainement, ce qu’on appelait
ses concepts et ce que nous nommerions plutôt ses oppositions. »27

D’après les auteurs, la sémiologie devra s’intéresser aussi aux modes


d’expression qui reposent sur des signes entièrement naturels, comme la pantomime.
Son principal objet n’en sera pas moins l’ensemble des systèmes fondés
sur l’arbitraire du signe. Et ils confirment ce que nous avons déjà dit, qu’en effet tout
moyen d’expression reçu dans une société repose en principe sur une habitude
collective ou, ce qui revient au même, sur la convention. 28

27
à comparer, DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 445.
28
à comparer, ibid., p. 100.

16
« Les signes, les gestes de politesse par exemple, y rentreraient ; ils sont
un langage en tant qu’ils signifient quelque chose ; ils sont impersonnels – sauf
la nuance, mais on peut en dire autant des signes de la langue – ne peuvent être
modifiés par l’individu et se perpétuent en dehors d’eux. »29

Pour conclure nous pouvons dire que « le mot arbitraire... ne doit pas donner
l’idée que le signifiant dépend du libre choix du sujet parlant... ; nous voulons dire
qu’il est immotivé, c’est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel
il n’a aucune attache naturelle dans la réalité. »30

2.3 Second principe : caractère linéaire du signifiant

« Tandis que le premier principe est un principe sémiologique général,


valable pour n’importe quelle sorte de signe, le second principe ne concerne
que le signifiant, et est donc spécifique des signes à signifiant acoustique, c’est-à-dire
des signes du langage verbal. »31

« Le signifiant, étant de nature auditive, se déroule dans le temps seul


et a les caractères qu’il emprunte au temps : a) il représente une étendue, et b) cette
étendue est mesurable dans une seule dimension : c’est une ligne. »32

Par opposition aux caractères visuels qui peuvent offrir une complication
en plusieurs dimensions, le signe acoustique ne peut offrir de complications que dans
l’espace, qui seront figurables dans une ligne. Les signifiants acoustiques
ne disposent que de la ligne du temps, leurs éléments se présentent l’un après l’autre,
ils forment une chaîne. Ce caractère apparaît immédiatement dès que nous
les représentons par l’écriture et que nous substituons la ligne spatiale des signes
graphiques à la succession dans le temps.33

29
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 445.
30
ibid., p. 101.
31
ibid., p. 447.
32
ibid., p. 103.
33
à comparer, ibid., p. 103, p. 447.

17
2.4 Immutabilité et mutabilité du signe

2.4.1 Immutabilité

D’après la définition du mot « immutabilité » dans le Trésor de la langue


française, il s’agit de 1. l’état de ce qui ne peut changer dans sa nature, 2. caractère
de ce qui ne change pas dans le temps.34

« Si par rapport à l’idée qu’il représente, le signifiant apparaît comme


librement choisi, en revanche, par rapport à la communauté linguistique
qui l’emploie, il n’est pas libre, il est imposé. La masse sociale n’est point consultée,
et le signifiant choisi par la langue, ne pourrait pas être remplacé par un autre...
Non seulement un individu serait incapable, s’il voulait, de modifier en quoi
que ce soit le choix qui a été fait, mais la masse elle-même ne peut exercer
sa souveraineté sur un seul mot ; elle est liée à la langue telle qu’elle est. »35

Forcément, un individu ne peut pas remplacer un mot par un autre tout


simplement parce que les autres ne lui comprendraient pas. Par contre la masse
pourrait remplacer un mot par un autre si elle voulait, mais d’abord, les gens
devraient se mettre en accord et cela est un autre problème. « ...car si on veut
démontrer que la loi admise dans une collectivité est une chose que l’on subit,
et non une règle librement consentie, c’est bien la langue qui en offre la preuve
la plus éclatante. »36

« En fait, aucune société ne connaît et n’a jamais connu la langue autrement


que comme un produit hérité des générations précédentes et à prendre tel quel. »37
Mais pourtant, le vocabulaire change. Dû à l’évolution des procès phonétiques,
à l’influence des autres langues etc. Puisque, en fait, « un état de langue donné

34
Le Trésor de la Langue Française Informatisé: http://atilf.atilf.fr/tlf.htm ATILF-CNRS/université
de Nancy. [27/12/2007]
35
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 104.
36
ibid., p. 104.
37
ibid., p. 105.

18
est toujours le produit de facteurs historiques, et ce sont ces facteurs qui expliquent
pourquoi le signe est immuable, »38 c’est-à-dire immuable intentionnellement.

Les auteurs se demandent pourquoi le facteur historique de la transmission


la domine tout entière et exclut tout changement linguistique général et subit
et ils nous proposent plusieurs considérations :39

1. Le caractère arbitraire du signe, qui lui-même met la langue à l’abri


de toute tentative visant à la modifier ;

2. La multitude des signes nécessaires pour constituer n’importe quelle


langue ;

3. Le caractère trop complexe du système. Puisque la langue constitue


un système et c’est aussi le point où apparaît l’incompétence de la masse
à la transformer ;

4. Selon les auteurs la considération la plus importante, la résistance


de l’inertie collective à toute innovation linguistique. La langue subit sans cesse
l’influence de tous parce qu’elle est à chaque moment l’affaire de tout le monde, tous
les individus s’en servent toute la journée.40

Nous voyons donc qu’il y a bien l’influence, mais pas assez grande pour
qu’elle puisse changer le système de la langue. La langue, « elle fait corps avec
la vie de la masse sociale, et celle-ci apparaît avant tout comme un facteur
de conservation. »41

En revenant à la définition d’immutabilité, cité au début de ce chapitre,


nous nous apercevons qu’il n’y a qu’une moitié qui est valable. Nous avons mis
en doute la seconde, « 2. caractère de ce qui ne change pas dans le temps. »42

38
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 105.
39
à comparer, ibid., pp. 105-107.
40
à comparer, ibid., pp. 105-107.
41
ibid., p. 108.
42
Le Trésor de la Langue Française Informatisé: http://atilf.atilf.fr/tlf.htm ATILF-CNRS/université
de Nancy. [27/12/2007]

19
2.4.2 Mutabilité

D’après la définition du mot « mutabilité » dans le Trésor de la langue


française, il s’agit de l’état de ce qui est sujet au changement.43

Cette définition et donc de Saussure lui-même nous donne raison en disant :


« Le temps, qui assure la continualité de la langue, a un autre effet, en apparence
contradictoire au premier : celui d’altérer plus ou moins rapidement les signes
linguistiques et... on peut parler à la fois de l’immutabilité et de la mutabilité
du signe. »44

Et de Saussure ajoute : « Quels que soient les différents facteurs d’altérations,


qu’ils agissent isolément ou combinées, ils aboutissent toujours à l’altération
du rapport entre idée et signe ou du rapport entre signifiant et signifié.
C’est une conséquence de l’arbitraire du signe. »45

Or, c’est soit le signifié qui change, le sens porté toujours par le même mot,
soit le signifiant, la déformation d’une image acoustique liée toujours au même
signifié.46 « La langue... n’est limitée en rien dans le choix de ses moyens,
car on ne voit pas ce qui empêcherait d’associer une idée quelconque avec une suite
quelconque de sons. »47

La langue est donc située à la fois dans la masse sociale et dans le temps
et l’arbitraire de ses signes entraîne la liberté d’établir n’importe quel rapport entre
les concepts et leurs images acoustiques. La langue évolue sous l’influence de tous
les agents qui peuvent atteindre soit les sens soit les sons.48

43
Le Trésor de la Langue Française Informatisé: http://atilf.atilf.fr/tlf.htm ATILF-CNRS/université
de Nancy. [27/12/2007]
44
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3. p. 108.
45
à comparer, ibid., p. 109, 449.
46
à comparer, ibid., p. 449.
47
ibid., p. 110.
48
ibid., pp. 110 - 111.

20
Toutefois, cela n’empêche pas que ce lien entre signifié et signifiant est assez
stable, malgré des alternances. « Le temps altère toutes choses, il n’y pas de raison
pour que la langue échappe à cette loi universelle. »49

Pour qu’il y ait une langue, il nous faut une masse parlante. Or, sans masse
qui la fait vivre et évoluer la langue serait juste une chose irréelle. Et pourtant,
ce qui nous empêche de regarder la langue seulement comme une simple convention
de cette masse parlante, c’est l’action du temps. Ce dernier se combine avec la force
sociale.50

« Dès lors la langue n’est pas libre, parce que le temps permettra aux forces
sociales s’exerçant sur elle de développer leurs effets, et on arrive au principe
de continuité, qui annule la liberté. Mais la continuité implique nécessairement plus
ou moins considérable des rapports. »51

49
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.,
ISBN 2-228-88942-3. p. 112.
50
à comparer, ibid.,. pp. 112 - 113.
51
ibid., p. 113.

21
3 Le mot versus le sème

Dans le chapitre précédent, nous nous sommes intéressés au signe en tant


que l’unité sémantique minima. Dans la partie suivante, nous allons étudier le mot
comme l’unité sémantique minima de la parole et le sème en tant qu’unité minimale
de signification dans l’analyse du sens du mot.52

3.1 Le mot

André Martinet dans son article « Le mot » traite du mot. Cela veut dire
en fait, qu’il aborde les problèmes des rapports de la pensée et de la langue,
les rapports entre le mot et la phrase, d’une part, le mot et les éléments inférieurs
de la chaîne, d’autre part. Il cherche à savoir s’il existe des critères permettant, pour
toute langue et dans tous les cas, d’identifier et de délimiter un segment de la chaîne
comme un mot déterminé.53

De nos jours, il y a déjà plusieurs définitions du « mot », bien sûr.

Prenons la définition donnée par Le Trésor de la Langue Française54 :


MOT, subst. masc.
I. A. Son ou groupe de sons articulés ou figurés graphiquement, constituant
une unité porteuse de signification à laquelle est liée, dans une langue donnée,
une représentation d’un être, d’un objet, d’un concept, etc. Les mots nous présentent
des choses une petite image claire et usuelle, comme celles qu’on suspend aux murs
des écoles, pour nous donner l’exemple de ce qu’est un établi, un mouton,
un chapeau, choses conçues comme pareilles à toutes celles de même sorte (PROUST,
Chron., 1922, p.107).

52
à comparer, Le Trésor de la Langue Française Informatisé : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm ATILF-
CNRS/université de Nancy. [4/1/2008]
53
MARTINET, A. Le mot, Diogène, n° 51, Paris : Gallimard, 1965, p. 39.
54
à comparer, Le Trésor de la Langue Française Informatisé : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm ATILF-
CNRS/université de Nancy. [5/1/2008]

22
Voici la définition dans Le nouveau Petit Robert de la langue française
200855 :
MOT [mo] n. m. – fin Xe, dans l’expression ne soner mot « ne rien dire » ◊ du latin
muttum, famille de mu, onomatopée exprimant un son imperceptible émis les lèvres à peine ouvertes
I ÉLÉMENT DU LANGAGE ▪ 1 Chacun des sons ou groupe de sons correspondant
à un sens, entre lesquels se distribue le langage. Les mots écrits sont séparés
par des blancs. « tu me parles avec des mots et moi, je te regarde avec
des sentiments » (GODARD, « Pierrot le Fou », film).
▪ 2 LING. Forme libre douée de sens qui entre directement dans la production
de la phrase. Mot oral, mot écrit. Graphie d’un mot. Mot d’un morphème,
de plusieurs morphèmes. ►composé, 2 dérivé, lexie; 1 affixe, base, radical… Catégories
des mots. ► adjectif, adverbe, article, conjonction, interjection, nom (et substantif),

préposition, pronom, verbe… Étude du sens des mots. ►sémantique.

Voilà que les définitions correspondent à ce que nous imaginons, en général,


sous le terme mot. Il s’agit d’un groupe de sons qui porte un sens et celui-ci est figuré
graphiquement. Nous avons donc la tendance de considérer un mot comme
un groupe de graphèmes séparé par des blancs des autres groupes, des autres mots.
La question qui se pose est comment définir un mot dans la langue parlée.
Ici, la deuxième partie de la définition donnée par Le nouveau Petit Robert nous
répond en disant qu’un mot est en fait une forme libre douée de sens.

55
ROBERT, P. (éd.), Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008. Dictionnaires le Robert –
SEJER, Paris, 2007. ISBN 978-2-84902-321-1. Page 1640.

23
3.1.1 Le mot d’après André Martinet

Nous sommes d’accord avec Martinet qu’il faut confronter langue et pensée.
« L’effort fait, en linguistique, pour définir exactement le vocabulaire technique
entraîne naturellement qu’on ne saurait opposer « mot » et « pensée », mais
« langue » et « pensée », et que les considérations sémiologiques portent
sur une unité « signe », définie comme étant d’extension variable, mais qu’on
n’a aucune raison d’identifier avec ce que, dans l’usage courant non scientifique,
on désigne comme un mot... on ne s’imagine pas que les sémiologistes pensent,
en fait, « mot » là où ils écrivent « signe »... sans jamais oublier, d’ailleurs,
que le -r- de payera est aussi un signe. »56

Mais réfléchissons-nous en signes ou en mots ? Pensons-nous au fait


que ce -r- est aussi un signe ou appliquons-nous plutôt le mot payera comme
un ensemble des signes déjà fait sans y réfléchir ?

André Martinet, lui aussi, nous propose une définition du mot : « il existe,
dans l’usage courant des langues de culture contemporaines, un terme mot
qui désigne un segment de la chaîne parlée ou du texte écrit tel qu’on puisse
le séparer de son contexte en le prononçant isolément ou en le séparant par un blanc
des autres éléments du texte et lui attribuer une signification ou une fonction
spécifique. »57

Voilà donc ce qui est le plus important, c’est que ce segment porte
une signification et c’est pourquoi nous pouvons le séparer. Sinon, nous pourrions
séparer la chaîne parlée ou écrite n’importe où.

« A la réflexion, il semble qu’il faille atteindre un niveau culturel assez élevé


pour éprouver le besoin d’analyser le flux de la parole ; l’exercice de la dictée,
qui implique que le locuteur débite son texte en tronçons assez courts... a pu faire
prendre conscience qu’il y a, pour segmenter un énoncé, une façon plus adéquate
que celle qui consisterait à couper après n’importe quelle syllabe. »58 Parce que c’est

56
MARTINET, A. « Le mot », Diogène, n° 51, Paris : Gallimard, 1965, p. 40.
57
ibid., p. 40.
58
ibid., p. 40.

24
que nous avons appris d’abord les mots qui portent un sens que nous sommes
capables de les séparer dans une dictée ou dans une chaîne parlée.

« Le vrai problème est celui de savoir si les segments isolables qu’on désigne
comme des mots correspondent à une réalité linguistique bien déterminée
et s’il n’y a pas moyen d’analyser les énoncés d’une façon qui rend mieux compte
du fonctionnement du langage. »59

Bien sûr qu’il y en a. Ce sont les signes. Mais ici, nous revenons à la question
déjà posée : réfléchissons-nous en signes ou en mots ? La réponse peut paraître
facile : en mots, parce que même si un mot est composé de plusieurs signes et peut
exprimer à la fois la personne et le temps, c’est le sens et pas le système du langage
qui nous intéresse pendant que nous parlons. Mais il faut quand même apprendre
d’abord le système du langage pour ne pas dire payera à la place de payerons
par exemple.

« Dans et le sont des mots puisqu’ils sont, dans un texte, séparés de leurs
voisins par deux espaces, alors que -(e)r- et -ons ne sont pas des mots…
Si les raisons que nous avons de désigner d’un même terme dans et le d’une part,
-(e)r- et -ons d’autre part, nous paraissent décisives, nous sommes amenés à nous
demander ce que valent celles qui nous conduisent à voir un mot dans dans et dans
le, des parties de mots dans -(e)r- et dans -ons. »60

« Nous restons, en fait, en face de notre problème : pourquoi dans le château


est-il trois mots, alors que donnerons n’en est qu’un seul ?… les trois mots de dans
le château affirment leur indépendance dans une expansion comme dans tout
le grand château, où l’insertion de tout et de grand justifie la graphie
et l’interprétation traditionnelle ; dans donnerons, en revanche, une seule insertion
peut être envisagée, celle d’un -i- après le -r-, d’où donnerions ; mais…
il n’est qu’une unité de la série des satellites qui peuvent se combiner avec un radical
verbal comme donn(e), chacun occupant la place qui lui est réservée
par la tradition. »61

59
MARTINET, A. « Le mot », Diogène, n° 51, Paris : Gallimard, 1965, p. 41.
60
ibid., p.42.
61
ibid., p. 43 – 45.

25
En fait, les trois mots dans le château peuvent être considérés comme trois
mots tout simplement parce chacun de ces mots porte son sens. Tandis
que -(e)r- et -ons separés du reste ne portent pas de sens du tout. C’est dans
l’ensemble de mot que nous voyons leur sens.

« Si le terme de mot est conservé pour désigner les segments du discours


qui apparaissent séparés dans l’écriture, ce ne pourra être que pour autant
que les blancs du texte correspondent à un type de limite bien défini et cernent tous
les groups d’un certain degré d’homogénéité. »62 Mais il faut décider dans quel cas
nous avons affaire à un mot et dans quel cas à plusieurs mots avant de commencer
à écrire.63

« Il est toute une catégorie de faits que nous n’avons pas fait intervenir dans
les considérations qui précèdent, à savoir les traits phoniques dont la fonction n’est
plus de fixer l’identité des unités significatives de la chaîne en les opposant à celles
qui auraient pu figurer à leur place, mais de marquer l’individualité de ces unités
par rapport à leurs voisines dans le discours. Parmi ces traits, qu’on dénomme
souvent démarcatifs, il faut surtout noter l’accent. Dans beaucoup de langues,
l’accent est nettement démarcatif. En tchèque, par exemple, il est régulièrement
sur la syllabe initiale de ce qui correspond au mot de la graphie. »64

C’est pourquoi un enfant de sept ans est capable d’écrire navsi tout ensemble.
En tchèque, un mot ne doit pas être séparé des autres mots ni au niveau phonétique
ni au niveau phonologique. L’ensemble phonique est donc composé
d’une préposition et le mot suivant. Il n’est plus étonnant que cet enfant entend
un seul mot comme il y a un seul accent mis sur la préposition na : [‘navsi]. 65

Ceci confirme A. Martinet dans son article : « Tout ceci explique pourquoi
on considère souvent que le mot a une individualité physique qui se manifeste, pour
articuler les éléments du discours, avant même qu’intervienne le sens. Mais,…
les prépositions, dans lesquelles on veut voir des mots distincts, sont rarement

62
MARTINET, A. « Le mot », Diogène, n° 51, Paris : Gallimard, 1965, p.48.
63
à comparer, ibid., p.48.
64
ibid., p.48.
65
à comparer, GREPL, M. (et al.) Příruční mluvnice češtiny. Praha: Lidové noviny, 1995.
ISBN 80-7106-134-4. pp. 42 – 43.

26
susceptibles de recevoir un accent ; là où elles le sont, c’est en général qu’elles
s’annexent l’accent du substantif ou du pronom suivant… l’ensemble
de la préposition et de ce qui la suit forme un seul « mot accentuel » qui ne coïncide
pas avec les mots de la graphie. »66

« Tous les efforts pour donner au terme mot un statut proprement scientifique
se heurtent au fait qu’à côté de cas sur lesquels on peut se prononcer sans hésitations,
il y en a d’autres où aucun des critères utilisables ne nous permet de répondre
par oui ou par non. »67

La notion de mot a permis de bien rendre compte de la structuration


de l’énoncé dans les langues flexionnelles comme la langue tchèque, par exemple.
Dans d’autres langues, elle permet de grouper utilement certains faits, mais
son extension à l’ensemble de tous les énoncés complique souvent l’exposé
de la grammaire plus qu’elle ne le simplifie.68

« Pour ceux qui désignent le signe minimum comme un « morphème »69,


celui-ci correspond nécessairement à un segment particulier de l’énoncé…
Mais il arrive qu’un segment… corresponde à deux sens distincts : le -arum
de rosarum, « des roses », exprime d’une part la relation génitivale, d’autre part
le pluriel… Ailleurs, on voit bien où on peut pratiquer une coupure, mais elle
ne satisfait pas davantage parce qu’elle ne correspond pas à ce que réclame le sens :
lorsqu’on rapproche animal et animaux, on est tenté d’attribuer à -al le sens
de singulier et à -aux celui de pluriel. Mais le segment qui corresponde au sens
« animal » n’est pas anim-, mais animal et animaux, dans l’un et l’autre
cas amalgamé avec celui qui veut dire singulier et pluriel. Il vaudrait donc mieux
considérer que le pluriel s’exprime proprement dans l’article les ou des qui précède
normalement animaux. Mais, comme il est des contextes où animaux s’emploie sans
article, on n’échappe pas à la nécessité de voir dans animaux l’amalgame de deux

66
MARTINET, A. « Le mot », Diogène, n° 51, Paris : Gallimard, 1965, pp. 48 - 49.
67
ibid., p.51.
68
ibid., p.51.
69
morphème – ici considéré comme l’unité la plus petite de la langue qui porte le sens – nom
commun pour préfixe, suffixe, radical, terminaison

27
signes minima… le mot fléchi des langues classiques sera souvent à définir comme
un syntagme amalgamé. »70

Nous revenons ici au signifiant et signifié, où en français au fur et à mesure


représente un seul signifiant lié à un seul signifié même si nous considérons
qu’il est composé de cinq mots. Mais ce n’est pas parce que nous les divisons
en forme écrite, mais parce que nous savons bien que chacun de ces cinq mots porte
son sens quand il se trouve séparé des autres, dans un autre contexte.

André Martinet finit son article en disant : « Certaines applications


de la linguistique, comme les recherches relatives à la traduction mécanique,
par l’accent qu’elles mettent sur la forme écrite du langage, pourraient faire croire
à l’importance foncière des divisions du texte écrit et faire oublier que c’est
de l’énoncé oral qu’il faut toujours partir pour comprendre la nature réelle du langage
humain.71

3.2 Le sème

Pour savoir ce que c’est un sème nous nous appuyons sur Le Trésor
de la langue française72 :
SÈME, subst. masc.
A. LING. Unité minimale de signification, trait sémantique pertinent dans
l’analyse du sens d’un mot. Soit L’unité sémantique de base est le sème, élément
de signification minimal, qui n’apparaîtra comme tel qu’en relation avec un autre
élément qui n’est pas lui: il n’a de fonction que différentielle et, de ce fait ne peut
être saisi que dans un ensemble organique, dans le cadre d’une structure (J. COURTÉS,
Introd. à la sémiot. narrative et discursive, 1976, p. 46).
Sème contextuel. Sème déterminé par le contexte. Sème nucléaire ou spécifique.
Sème propre à une unité. V. sémantème B et sémème.

70
MARTINET, A. « Le mot », Diogène, n° 51, Paris : Gallimard, 1965, pp. 51 – 52.
71
ibid., p. 53.
72
à comparer, Le Trésor de la Langue Française Informatisé : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm ATILF-
CNRS/université de Nancy. [7/1/2008]

28
B. SÉMIOT. Dans tout système signifiant, unité constituant un signal minimal.
Les signaux lumineux de la route forment un système à quatre sèmes (feu rouge,
feu vert, feu orange, feu clignotant orange) correspondant à quatre messages
(REY Sémiot. 1979).

Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008 nous donne la définition


suivante73 :
SÈME [sεm] n. m. – 1926; hapax 1822 ◊ du grec sêmeion « signe », d’après phonème, morphème
etc. ▪ LING. Unité minimale différentielle de signification. Sèmes nucléaires
(du « noyau » de la signification). Ensemble des sèmes d’une signification. ►sémème.

Nous pouvons donc considérer le sème comme une unité minimale


de signification dans l’analyse du mot. Ce qui veut bien dire qu’un mot
est « composé » de plusieurs sèmes. C’est d’ailleurs ce qui nous permet de nous
comprendre comme nous allons voir plus tard.

« Finalement, comme Bloomfield, Hjelmslev, ou Harris, Martinet s’en tient,


quant au sens, au minimum d’assertions indispensables : « Tout ce que je sais
du sens du mot maison, dit-il, c’est qu’un certain type d’expérience est associé chez
moi au signifiant /mezõ/ ou à son substitut graphique maison, et que cette même
association existe chez les autres personnes de la langue française. La preuve
m’en est fournie par leur comportement, y compris leur comportement linguistique,
selon lequel le mot maison figure exactement dans les contextes où je pourrais
le placer moi-même. » »74

L’auteur nous a bien fait comprendre que c’était expérience


qui est importante autant que la pratique d’une langue s’il ne s’agit pas de notre
langue maternelle. C’est aussi pourquoi il est si important pour les étrangers
apprenant la langue française d’apprendre les mots dans leur contexte.

73
ROBERT, P. (éd.), Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008. Dictionnaires le Robert –
SEJER, Paris, 2007. ISBN 978-2-84902-321-1. p. 2346.
74
MOUNIN, G. Clefs pour la sémantique. Paris : Seghers, 1972. p. 18.

29
4 Analyse sémantique

Nous avons déjà abordé la définition de la sémantique selon Georges Mounin


dans son œuvre « Clefs pour la sémantique »: « la science ou la théorie
des significations. » C’est-à-dire des significations linguistiques seulement.
Nous avons donc considéré la sémantique tout simplement comme une étude
du langage qui s’intéressait au sens porté par les mots, les phrases, par tous
les énoncés.

« Le classement qui suit, surtout didactique, essaie de n’exclure aucun


des types d’analyse connus, tout en cherchant à mettre un certain ordre dans
les théories sur la structuration du lexique, c’est-à-dire à marquer les différences
réelles fondamentales entre ces analyses. »75

« Il existe d’abord des analyses sémantiques formelles : ce sont celles


qui, pour essayer de structurer le lexique, se basent sur l’existence de marques
formelles, c’est-à-dire repérables dans la forme des mots. Puis des analyses
sémantiques conceptuelles : elles se basent, pour structurer le lexique, sur des traits
caractéristiques des mots qui n’apparaissent pas dans la forme de ces mots : traits
qui sont liés à des concepts, notions extra-linguistiques, posées a priori. »76

« D’autre part, il existe des analyses sémantiques logiques qui essaient,


non pas d’analyser la structure des rapports entre les signifiés, mais la structure
du signifié isolé… Enfin, certaines analyses sémantiques peuvent être dites
artificielles parce qu’elles construisent des langues artificiellement extraites
des langues naturelles. Un cinquième type d’analyse sémantique doit être
mentionné : ce sont les analyses sémantiques statistiques. »77

Les analyses sémantiques formelles


75
MOUNIN, G. Clefs pour la sémantique. Paris : Seghers, 1972. p. 33.
76
ibid., p. 33.
77
ibid., p. 34.

30
Le premier modèle en a été donné par de Saussure. Il suppose que la langue
n’est pas une nomenclature, c’est-à-dire une liste de termes accolés à une série
de choses, comme nous en avons déjà parlé, ce qui supposerait des idées préexistant
aux mots.78

Il suppose que les vrais rapports entre signifiants et signifiés constituent


un système où la valeur de chaque terme est déterminée par la présence ou l’absence
des autres termes. Le problème majeur de la structuration formelle du lexique
est que rien, normalement, n’indique si les termes chat, lion, tigre, léopard, panthère,
etc., sont structurables dans un champ lexical des félins.79

Les analyses sémantiques conceptuelles

Le premier modèle en a été donné par de Saussure aussi. Il appelle « rapports


associatifs », entre les mots, à la fois des groupements tels que art, artiste, artistique,
artistement, etc. (analyse sémantique formelle) et des groupements du type :
instruction, éducation, enseignement, apprentissage, etc. (analyse sémantique
conceptuelle).80

La base de cette dernière est un concept, une idée, ce qui veut dire que c’est
en fait une décision relativement subjective du chercheur qui place plusieurs termes
dans le même champ conceptuel.81

Les analyses sémantiques « logiques »

78
à comparer, MOUNIN, G. Clefs pour la sémantique. Paris : Seghers, 1972, p. 34.
79
à comparer, ibid., pp. 34 - 35.
80
à comparer, ibid., p. 35.
81
à comparer, ibid., pp. 37 - 38.

31
« Les analyses sémantiques logiques… sont celles qui cherchent dans
les signifiants minima des unités plus petites encore, qui en seraient les constituants
élémentaires. »82

Hjelmslev appelle contenu d’un énoncé ce qu’il y a dans la tête du locuteur


et de l’auditeur de cet énoncé. Il appelle expression la manifestation, phonique
ou graphique, de cet énoncé. Puisqu’il y a une structure de l’expression d’une langue,
il suppose qu’il doit exister aussi une structure du contenu.83

« Par exemple : le mot (phonique) bas (/ba/) contient deux unités phoniques
minimales puisque, si l’on substitue la tranche de sonorité /b/, par /p/ par exemple,
on obtient un autre signe : pas (/pa/)… La même opération, dit Hjelmslev, prouve
que le signe jument contient au moins deux unités plus petites de contenu : « cheval »

+ « femelle »… Si l’on commute le second terme (femelle), on peut obtenir :


« cheval » + « mâle » = « étalon », etc. »84

Nous devons nous demander quelles sont les unités plus petites du contenu
du signe cheval. Puisque même si ce mot est considéré comme plus général
que jument ou étalon et il n’y a pas de mot pour exprimer la femelle du cheval,
ce mot est considéré plutôt comme masculin.

D’après Sörensen, la description sémantique ne peut être construite


que par substitution aux termes à décrire, de groupes de termes plus élémentaires :
ex. : père = parent mâle, mais parent = ascendant du premier degré, donc
père = ascendant du premier degré mâle, etc.85

Sörensen suggère qu’en procédant de la sorte, nous pourrons arriver


à un petit nombre de signes indispensables à la définition sémantique de tous
les autres et que nous pourrons structurer le contenu sémantique d’une langue à partir

du recensement de tous ses signes sémantiquement primitifs.86

82
MOUNIN, G. Clefs pour la sémantique. Paris : Seghers, 1972, p. 40.
83
à comparer, ibid., p. 40.
84
ibid., pp. 40 - 41.
85
à comparer, ibid., pp. 41 – 42.
86
à comparer, ibid., p. 42.

32
Les sémantiques artificielles

Les caractères visibles de cette analyse chez Eugen Wüster sont les suivants :
Elle élabore une sémantique « artificielle » en ce sens qu’elle ne part pas des termes
des langues naturelles ; mais, au contraire, elle construit son propre lexique.
Elle a besoin d’un système de classification des domaines auxquels les notions
appartiennent (chimie, physique, zoologie, botanique, etc.).87

Gardin s’est constitué un code pour désigner les objets par des symboles
susceptibles d’être manipulés mécanographiquement : chaque « trait descriptif »
de l’outil a été muni d’un symbole élémentaire. 88 « Les symboles de Gardin
correspondent à une langue dans laquelle chaque lettre du mot cheval, par exemple,
aurait une valeur descriptive ou définitoire, et classificatoire : C = vertébré,
H = mammifère, E = pachyderme, V = solipède, etc. »89

Les analyses sémantiques formelles apportent la justification théorique


de la vieille notion de famille étymologique de mots. Cette procédure compte
des unités linguistiques minimales, qui existent vraiment sous la diversité formelle
des « mots ». Mais cette procédure ne fournit ni instrument ni méthode d’analyse
sémantique complète.90

« Les analyses sémantiques conceptuelles apportent la justification théorique


de la vieille notion de famille sémantique de mots… Cette analyse ne résout
pas le problème méthodologique essentiel : le champ conceptuel est déterminé
d’avance, ou à part, empiriquement, par le sociologue. »91

Les analyses sémantiques logiques peuvent fournir des instruments


intéressants parce qu’elles fondent la sémantique nucléaire où les particules
sont les traits descriptifs, ou traits pertinents de sens, du type « cheval »
+ « femelle ». Mais les exemples de Hjelmslev et Sörensen sont presque toujours
choisis dans des domaines privilégiés du lexique, déjà connus comme tels

87
à comparer, MOUNIN, G. Clefs pour la sémantique. Paris : Seghers, 1972, pp. 42 - 43.
88
à comparer, ibid., p. 43.
89
ibid., p. 44.
90
à comparer, ibid., pp. 44 - 45.
91
ibid., p. 45.

33
où la structure du lexique est facile à construire parce qu’elle parallélise une structure
logique ou scientifique rigoureuse.92

« Les sémantiques artificielles… semblent efficaces dans les sciences


physiques et naturelles… Dans les sciences humaines… on se heurte à la difficulté
de recenser tous les objets et de construire un code pour la description sémantique
de toutes ces notions, variables avec l’auteur, l’école, le pays, l’époque. »93

4.1 Pottier et son analyse sémantique

L’analyse sémantique essaie de ramener les signifiés à des faisceaux


(sémèmes94) de traits élémentaires. Les sèmes sont des unités discrètes,
discontinues.95 « L’unité formellement indécomposable est décomposable
sémantiquement en unités de signification qu’on appelle sèmes, lesquels sont
commutables séparément. »96

« Ce type d’analyse sert surtout à l’étude de la synonymie : on définit


un champ notionnel (conceptuel) sur une base extra-linguistique… ou un champ
lexical sur une base linguistique… L’expression de champ sémantique suppose
une certaine coïncidence est souvent difficile à établir avec précision. »97

Cette méthode peut être bien illustrée sur l’exemple emprunté à Pottier,
le champ lexico-notionnel des noms du « siège » :98
92
à comparer, MOUNIN, G. Clefs pour la sémantique. Paris : Seghers, 1972, pp. 45 - 46.
93
ibid., p. 46.
94
SÉMÈME - Ensemble des sèmes d’un lexème constituant son sens ou l’un de ses sens. ( à
comparer, Le Trésor de la Langue Française Informatisé : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm ATILF-
CNRS/université de Nancy. [11/2/08] )
95
à comparer, BAYLON, CH – FABRE, P. Initiation à la linguistique avec travaux pratiques
d’application et leurs corrigés. Paris : NATHAN, 1977, p. 132.
96
ibid., p. 132.
97
ibid., p. 132.
98
à comparer, BAYLON, CH – FABRE, P. Initiation à la linguistique avec travaux pratiques
d’application et leurs corrigés. Paris : NATHAN, 1977, p. 133.

34
Pour Pour une Avec Avec Matériel
Sur pied
Lexème s’asseoir personne dossier bras rigide
S2
S1 S3 S4 S5 S6
siège + 0 0 0 0 0
chaise + + + + - +
fauteuil + + + + + +
tabouret + + + - - +
canapé + + - + 0 +
pouf + - + - - -

« Les sèmes sont positifs (+) ou négatifs (-) ou n’entrent pas en ligne
de compte (0).99 Prenons l’exemple du lexème fauteuil. Les sèmes pertinents sont:
« destiné à ce qu’on s’y assoie », « avec dossier », « pour une personne », « avec
bras », « sur pied(s) ».100 On a un sème commun à l’ensemble : S1 qui est le sémème
de siège et l’archisémème (ou noyau sémique) de l’ensemble. Quand l’archisémème
d’un champ est ainsi le sémème d’un signe, ce signe est l’archilexème
d’un champ. »101

⌐> l’archisémème

S1 S2 S3 S4 S5 S6

l’archilexème ← siège + 0 0 0 0 0 → sémème


chaise +
fauteuil +
tabouret +
canapé +
pouf +
« Une fois les signifiés analysés en sèmes, on a quatre types possibles
de rapports entre deux signifiés : de disjonction (aucun sème commun), d’inclusion
(tous les sèmes de l’un font partie de l’ensemble des sèmes de l’autre),

99
ibid., p. 133.
100
à comparer, B. POTTIER ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 2 n o 1 1963, p. 14., op. cit., Le Trésor
de la Langue Française Informatisé : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm ATILF-CNRS/université de Nancy.
[11/2/2008]
101
BAYLON, CH – FABRE, P. Initiation à la linguistique avec travaux pratiques d’application et
leurs corrigés. Paris : NATHAN, 1977, p. 133.

35
d’équipollence (une partie des sèmes d’un signifié appartient à l’autre), d’identité
(la dualité des deux signifiés disparaît alors.) »102

En ce qui concerne les rapports entre deux signifiants, nous nous


contenterons de distinguer un rapport de différence et un rapport d’identité. Dans
ce dernier cas, nous parlerons d’homonymie.103

102
BAYLON, CH – FABRE, P. Initiation à la linguistique avec travaux pratiques d’application et
leurs corrigés. Paris : NATHAN, 1977, p. 133.
103
à comparer, ibid., p. 133.

36
Pour voir une analyse sémique un peu plus complexe, nous pouvons prendre
l’exemple d’analyse sémique des mots : bicyclette, motocyclette, automobile,
autobus, trolleybus, tramway, métro, train, bateau, avion, fiacre, traîneau.104

Transport marchandises
Transport
Transport de par terre
Mouvement
personnes ou sous
terre

vapeur

autre
roues

rail

moteur

électr.
une qqs bcp
per pers. de
son pers.
ne
Bicyclette - - pieds
+ - - + - - - +
(+) (+)
Motocyclette + - -
- + - - + - -
(-) (+) (+)
Automobile - -
+ - + - - + - -
(+) (+)
Autobus -
- + - + - - + - -
(+)
Trolleybus -
- + - + - - - + -
(+)
Tramway -
- + - + + - - + -
(+)
Métro -
- + - + + - - + -
Train - + - - +
- - + + -
+ - + + -
Bateau (+) - + - + - rames
- - - +
- + - + - + voiles
Avion - - + -
- - - + - -
+ + - +
Fiacre - + - - chevaux
+ - - - - +
+ - (+) (+)
Traîneau chevaux
- + - - -
- - - - - ou
+ - + + +
chiens

Cette analyse est beaucoup plus complexe et il est difficile à récupérer


les résultats. En fait, il n’y a pas d’archilexème ni d’archisémème. S’il y avait

104
BAYLON, CH – FABRE, P. Initiation à la linguistique avec travaux pratiques d’application et
leurs corrigés. Paris : NATHAN, 1977, p. 133.

37
le sème « moyen de transport », celui-ci deviendrait l’archisémème, mais ce n’est pas
le cas.

Il nous reste à analyser seulement les rapports entre des signifiés ce qui est,
en plus, compliqué par le fait qu’il y a plusieurs sèmes positifs et négatifs en même
temps.

Nous pouvons dire que cette analyse est au fait une description du contenu
d’un mot, une décomposition de traits pertinents de son sens. Et puis, à partir
de ce tableau nous allons pouvoir non seulement formuler les définitions de ces mots
mais aussi savoir dans quel contexte les utiliser. Celui-ci est important surtout
au niveau des mots abstraits.

38
39
B. PARTIE PRATIQUE
Dans la partie théorique, nous nous sommes intéressés au signe qui unit
un concept et une image acoustique et au mot en tant que groupe de sons qui porte
une signification et surtout au sens qui joue le rôle principal dans la théorie
des significations, la sémantique. Nous avons constaté que la langue n’était
pas une nomenclature et qu’un mot était difficile à définir, mais que c’était toujours
le sens le plus important. Puisque ce qui nous intéresse dans la communication
c’est le contenu de notre message.

Dans la partie pratique, nous allons toujours nous intéresser au sens. Comme
nous avons découvert l’importance d’analyse sémantique et des synonymes, nous
allons étudier l’évolution des définitions dans les dictionnaires autant
que des interprétations des gens. Cela devrait nous montrer jusqu’à quel point
les dictionnaires reflètent l’état actuel d’une langue.

40
5 Pré-enquête

Puisque nous avons compris que la langue n’était pas une nomenclature
absolue, nous avons décidé de choisir un mot abstrait pour bien démontrer ce fait et
pour voir le nombre de définitions possibles indiquées par les gens. La recherche
devrait nous montrer qu’un mot ne porte pas qu’un seul sens mais beaucoup plus que
cela.

Il s’agit d’une pré-enquête. Nous avons donc demandé à un petit nombre


de gens de nous répondre à quelques questions simples concernant des contraires des
mots abstraits. Nous ne leur avons pas demandé leur sexe, leur âge ou leur éducation.
Il y a quand même, parmi les 21 répondeurs, les étudiants autant que des travailleurs.

Le thème de notre recherche est une analyse en forme d’une enquête


sur les contraires des mots proches au niveau du sens. Parmi les noms abstraits
fraternité, liberté, amitié, solidarité, amour, paix, tolérance et courage, c’est le mot
solidarité qui nous semblait être le plus intéressant. En effet, les contraires de ce mot
donné dans notre enquête étaient les plus variés.

Alors, la première étape de notre travail était basée sur la recherche


des contraires de mot solidarité. Deuxièmement, nous avons présenté ces résultats
dans une autre enquête pour obtenir des contraires de ceux-ci. Pour montrer
les résultats d’une manière plus claire, nous les avons illustrés à l’aide
de diagrammes.

Analyse des contraires du mot solidarité

En ce qui concerne les contraires du mot solidarité, nous avons obtenu


21 réponses. 23,8 % des personnes demandées nous ont proposés comme
un contraire le mot égoïsme ; 19,05 % nous ont indiqué le mot individualité ;
14,18 % nous ont donné le mot égocentrisme et 9,52 % nous ont indiqué le mot
indifférence. 4,76 % nous ont donné le mot avarice ; idem pour les mots
éloignement, individualité, personnel, concurrence, narcissisme et solitude.

41
Solidarité105
1. Caractère solidaire d’une obligation. Etat des débiteurs, des créanciers solidaires.
2. Le fait d’être solidaire ; relation entre personnes ayant conscience d’une
communauté d’intérêts, qui entraîne, pour les unes, l’obligation morale
de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance.
3. Le fait d’être solidaire.

En comparant nos résultats avec les contraires indiqués sous l’entrée du mot
solidarité dans les dictionnaires106, nous découvrons une vraie difficulté de ce mot.
Parmi les dictionnaires consultés, le Petit Larousse et le Lexis ne donnent pas
de contraires, seulement Le Petit Robert indique deux contraires : indépendance
et individualisme. Si nous considérons les mots individualisme et individualité
comme des mots très proches, nous pouvons donc dire que les personnes demandées
nous ont donnés un seul contraire qui est identique avec celui indiqué dans
le dictionnaire Le Petit Robert.

105
ROBERT, P. (éd.). Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.
106
ROBERT, P. (éd.) Le petit Robert. Dictionnaire de la langue française. Paris : Dictionnaires le
Robert, 2002.
DUBOIS, J. (éd.) Lexis Larousse de la langue française. Paris : Larousse / VUEF, 2002.
ROBERT, P. (éd.) Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.
BORDAS (éd.). Petit Larousse – grand format 1998 en couleurs. Paris : Larousse, 1997.

42
Le Dictionnaire de Synonymes et Contraires107 donne les contraires : liberté,
égoïsme. Ce dernier figure à la première place dans notre graphe. Nous pouvons donc
considérer que les résultats de notre recherche correspondent avec
ce qui est donné dans le Dictionnaire de Synonymes et Contraires.

Parmi tous les contraires que les personnes demandées nous ont donnés, nous
avons choisit trois mots les plus fréquents : égoïsme, individualité et égocentrisme
pour décrire leurs résultats en détail.

Analyse des contraires du mot égoïsme

Egoïsme108
1. Disposition à parler trop de soi, à rapporter tout à soi.
2. Attachement excessif à soi-même qui fait que l’on subordonne l’intérêt d’autrui
à son propre intérêt.

En ce qui concerne le mot égoïsme, nous avons obtenu 11 réponses.


27,3 % des personnes demandées nous ont indiqué le mot altruisme. Pour les mots

107
BERTAUD DU CHAZAUD, H. (éd.) Dictionnaire de Synonymes et Contraires. Paris :
Dictionnaire le Robert, 2001.
108
ROBERT, P. (éd.) Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.

43
générosité et ouvert, nous avons obtenu 18,2 % des réponses. Pour le reste des mots :
universalité, solidarité, partage et introvertie, nous avons obtenu 9 % des réponses.

En cherchant les contraires du mot égoïsme dans les dictionnaires 109, nous
avons trouvé les contraires suivants. Le Petit Robert indique les contraires :
abnégation, altruisme, désintéressement et générosité. Le Lexis donne
les contraires : altruisme et générosité. Le Dictionnaire de Synonymes
et Contraires110 donne comme un contraire seulement le mot altruisme.

Analyse des contraires du mot égocentrisme

Egocentrisme111
1. Tendance à être centré sur soi-même et à ne considérer le monde extérieur
qu’en fonction de l’intérêt qu’on se porte.
109
ROBERT, P. (éd.) Le petit Robert. Dictionnaire de la langue française. Paris : Dictionnaires le
Robert, 2002.
DUBOIS, J. (éd.) Lexis Larousse de la langue française. Paris : Larousse / VUEF, 2002.
ROBERT, P. (éd.) Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.
BORDAS (éd.). Petit Larousse – grand format 1998 en couleurs. Paris : Larousse, 1997.
110
BERTAUD DU CHAZAUD, H. (éd.) Dictionnaire de Synonymes et Contraires. Paris :
Dictionnaire le Robert, 2001.
111
ROBERT, P. (éd.) Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.

44
2. PSYCHOL. Caractère individuel, non social, de la pensée enfantine, se traduisant
par l’absence d’objectivité.

En ce qui concerne les contraires du mot égocentrisme, nous avons obtenu


7 réponses. 28,6 % des personnes demandées nous ont donnés comme un contraire
le mot ouvert/ure ; idem pour le mot altruisme. 14,3 % des personnes demandées
nous ont indiqué le mot générosité et nous avons obtenu les mêmes résultats pour
les mots amour et introvertie.

En cherchant les contraires du mot égocentrisme dans les dictionnaires112,


nous n’avons trouvé aucuns contraires. Le Petit Robert et le Lexis ne donnent
pas de contraires de ce mot. Dans le Dictionnaire de Synonymes et Contraires 113,
le mot égocentrisme ne figure pas.

Analyse des contraires du mot individualité

112
ROBERT, P. (éd.) Le petit Robert. Dictionnaire de la langue français. Paris : Dictionnaires le
Robert, 2002.
DUBOIS, J. (éd.) Lexis Larousse de la langue française. Paris : Larousse / VUEF, 2002.
ROBERT, P. (éd.) Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.
BORDAS (éd.). Petit Larousse – grand format 1998 en couleurs. Paris : Larousse, 1997.
113
BERTAUD DU CHAZAUD, H. (éd.) Dictionnaire de Synonymes et Contraires. Paris :
Dictionnaire le Robert, 2001.

45
Individualité
40
28,6
30
20 14,3 14,3 14,3 14,3 14,3

10
0
générosité solidarité groupe partage unité sociabilité

Individualité 114
1. DIDACT. Ce qui existe à l’état d’individu. Caractère d’un individu qui « diffère
d’un autre non pas seulement d’une façon numérique, mais dans ses caractères
et sa constitution » (Lalande) ; fait d’être un individu.
2. Caractère ou ensemble de caractères par lesquels une personne ou une chose
diffère des autres.
3. Individu, considéré dans ce qui le différencie des autres.

Concernant le mot individualité, nous avons obtenu 7 réponses.


28,6 % des personnes demandées nous ont donnés comme un contraire le mot
générosité. Pour tous les autres mots : solidarité, groupe, partage, unité
et sociabilité, nous avons obtenu 14,3 % des réponses.

En comparant les contraires du mot individualité avec les contraires de ce mot


indiqués dans les dictionnaires115, nous avons obtenu les résultats suivants. Le Petit
Robert et le Lexis n’indiquent aucuns contraires. Le Dictionnaire de Synonymes
et Contraires116 nous conseille de consulter l’entrée du mot personnalité. Sous cette
entrée, nous avons trouvé comme un contraire simple → habitant.

114
ROBERT, P. (éd.) Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.
115
ROBERT, P. (éd.) Le petit Robert. Dictionnaire de la langue français. Paris : Dictionnaires le
Robert, 2002.
DUBOIS, J. (éd.) Lexis Larousse de la langue française. Paris : Larousse / VUEF, 2002.
ROBERT, P. (éd.) Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.
BORDAS (éd.). Petit Larousse – grand format 1998 en couleurs. Paris : Larousse, 1997.

46
Comparaison des contraires du mot solidarité avec le Dictionnaire
des synonymes117

En comparant nos résultats, c’est-à-dire les contraires des contraires du mot


de départ - solidarité, avec le Dictionnaires des synonymes, nous découvrons que ces
contraires donnés par les personnes demandées ne correspondent pas aux synonymes
du mot solidarité indiqués dans ce dictionnaire.

Les contraires des contraires du mot Les synonymes du mot solidarité


solidarité donnés par les personnes indiqués dans le Dictionnaire des
demandées : Synonymes et Contraires118 :
générosité ; association ;
amour ; camaraderie ;
ouvert/ure ; coopération ;
altruisme ; dépendance ;
introvertie ; entraide ;
solidarité ; esprit de corps ;
groupe ; franc-maçonnerie ;
partage ; fraternité ;
unité ; interdépendance ;
sociabilité ; mutualité ;
universalité. réciprocité.

En ce qui concerne cette enquête, il en résulte qu’en général les contraires


donnés par les personnes demandées ne correspondent pas aux mots indiqués dans
des dictionnaires consultés119. Pourtant, nous découvrons que les contraires donnés
par les gens contiennent des sèmes identiques avec les contraires des mots étudiés
116
BERTAUD DU CHAZAUD, H. (éd.) Dictionnaire de Synonymes et Contraires. Paris :
Dictionnaire le Robert, 2001.
117
ibid.
118
BERTAUD DU CHAZAUD, H. (éd.) Dictionnaire de Synonymes et Contraires. Paris :
Dictionnaire le Robert, 2001.

47
figurant dans les dictionnaires. En effet, nous trouvons finalement le mot solidarité
à la fin de « la chaîne » des contraires demandés.

Nous avons l’impression que le niveau d’éducation joue un rôle important


dans les résultats de notre enquête parce que pour un certain nombre de personnes
il semblait difficile de donner un contraire à notre mot de départ très abstrait.

Les mots sont tellement abstraits que c’est à peu près clair que les résultats
de la deuxième enquête dans la plupart des cas ne correspondent pas au mot
de départ. Mais également nous y trouvons les cas où les contraires des contraires
sont identiques à mot de début, respectivement solidarité.

Nous pouvons constater que la compréhension de mot solidarité est différente


de ce qui est indiqué dans les dictionnaires.

119
ROBERT, P. (éd.) Le petit Robert. Dictionnaire de la langue français. Paris : Dictionnaires le
Robert, 2002.
DUBOIS, J. (éd.) Lexis Larousse de la langue française. Paris : Larousse / VUEF, 2002.
ROBERT, P. (éd.) Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.
BORDAS (éd.). Petit Larousse – grand format 1998 en couleurs. Paris : Larousse, 1997.

48
6 Recherche lexicologique synchronique
et diachronique

Le chapitre suivant est consacré à des définitions du mot solidarité dans


des divers dictionnaires. Le mot solidarité est un mot abstrait est sa compréhension
peut donc être assez différente, non seulement à travers des différentes cultures,
mais même des individus et bien sûr des dictionnaires aussi.

La méthode de cascade, autant que les recherches synchronique


et diachronique peuvent nous aider à mieux comprendre ce phénomène.

6.1 Exploration axiologique – méthode de cascade

Comme nous avons vu dans notre pré-enquête, nous utilisons parfois


les mots sans vraiment connaître leur sens, sans savoir expliquer ce qu’ils veulent
dire. Parfois, nous avons l’impression de bien comprendre et bien utiliser les mots,
parfois nous consultons les dictionnaires. Et parfois, nous nous apercevons que notre
propre « définition », comment nous comprenons un mot, ne correspond
pas à la définition d’un dictionnaire.

La méthode de cascade est basée sur le travail avec les synonymes. Nous
choisissons un mot et nous nous disons ses synonymes. Puis, les explications
de ces synonymes, etc. A partir de ces explications, nous essayons de construire notre
propre définition du mot de départ.

Prenons, par exemple, le mot racaille :

RACAILLE

rebut (inanimé) vil (animé)


↓ ↓
rejet méprisable

sans valeur

49
A partir de cette méthode de cascade, nous pouvons donc formuler notre
propre définition :
Racaille
- un objet sans valeur à rejeter
- une personne méprisable

La définition donnée par Le nouveau Petit Robert de la langue française


2008120 est la suivante :
Racaille
- populace méprisable
- ensemble de fripouilles

Nous voyons bien que notre propre définition est déjà plus large.
La définition donnée par le dictionnaire ne mentionne pas la racaille au niveau
inanimé.

Pour faire l’analyse du mot solidarité, nous allons utiliser les contraires
des contraires du mot solidarité les plus fréquents indiqués par les gens demandés
dans notre pré-enquête :

SOLIDARITÉ

aide groupe partage


↓ ↓ ↓
dans entre les fraternité ; groupe ;
la société individus camaraderie ; dépendance ;
↓ ↓ intérêts ; générosité ;
soutien ; entraide ; partage ; aide ;
responsabilité assistance ; communauté
dépendance

120
ROBERT, P. (éd.). Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008. Paris : Dictionnaires le
Robert – SEJER, 2007. p. 2097.

50
Normalement, la définition issue de la cascade d’un mot abstrait devrait être
plus large que la définition de dictionnaire. Notre définition devrait comporter tout ce
que nous avons mentionné ci-dessus. Il s’agit donc d’une définition assez large, mais
aussi complexe :

Solidarité
- aide en cadre la société qui se sent responsable envers les gens
en difficulté, sous forme d’un soutien (scolaire, financier,
en vieillissement, au logement, dans l’administration, …)
- aide entre les individus = entraide, le fait de leur porter assistance
ce qui fait les uns dépendants aux autres
- relation entre les personnes d’un groupe qui ont conscience
d’une communauté d’intérêts, qui vivent en fraternité et savent donc partager
- partage entre des membres d’un groupe issu de la générosité
des membres, pour aider les autres ; mais ceux-ci peuvent se sentir
dépendants

La définition donnée par Le nouveau Petit Robert de la langue française


2008121 est la suivante :
Solidarité
- (droit) caractère solidaire d’une obligation
- le fait d’être solidaire, relation entre personnes ayant conscience d’une
communauté d’intérêts, qui entraîne, pour les unes, l’obligation morale de ne
pas desservir les autres et de leur porter assistance → synonymes : entraide,
camaraderie, fraternité
- (choses) – le fait d’être solidaire → dépendance
renvoie aux contraires – indépendance, individualisme

121
ROBERT, P. (éd.). Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008. Paris : Dictionnaires
le Robert – SEJER, 2007. p. 2390.

51
En comparant les deux définitions, nous voyons bien qu’elles ne sont
pas finalement trop différentes. Elles comportent à peu près les mêmes termes. Notre
définition est plus large, mais elle ne traite pas du tout le mot solidarité au niveau
juridique. Par contre, nous n’avons pas pris en compte qu’un petit nombre
de contraires des contraires indiqués dans notre pré-enquête.

6.2 Recherche synchronique

Pour effectuer la recherche synchronique, nous avons décidé de consulter


les dictionnaires parus entre les années 2003 et 2007. La langue évolue assez
rapidement, nous avons donc l’impression que la période de 5 ans est convenable.

Il s’agit de comparer les définitions indiquées dans des différents


dictionnaires pour voir si la compréhension (au niveau des dictionnaires, c’est-à-dire
au niveau des définitions « universelles ») du mot solidarité est pareils même
si les éditeurs sont différents.

Dans cette recherche, nous allons analyser le mot solidarité du point


de vue lexical et sémantique dans les dictionnaires consultés.

En ce qui concerne le point de vue lexical, ce qui nous intéresse,


c’est si le dictionnaire mentionne la base du mot et ses autres dérivés (la familles
de mot) ou, au minimum, le mot duquel le mot solidarité est dérivé
(ceci est mentionné entre parenthèses à côté de l’entrée).

Au niveau lexical, nous allons souligner les mots principaux des définitions.
Ces mots sont d’ailleurs souvent utilisés en tant que synonymes du mot solidarité
et sont donc censés avoir des sèmes communs avec ce mot.

52
LAMBRECHTS, CH. Larousse pratique. Dictionnaire du français au quotidien.
Larousse IVUEF, 2003. p. 1380 :
Solidarité
- dépendance mutuelle entre des personnes
- sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle
renvoie à la fraternité

LAROUSSE. Petit Dictionnaire de Français. Paris : Larousse, 2004. p. 759 :


Solidarité
- dépendance mutuelle
- sentiment qui pousse les hommes à s’entraider

REY, A. Dictionnaire culturel en langue française. Tome IV Réal-Z. Paris :


Dictionnaires Le Robert - Sejers, 2005. p. 863 :
Solidarité (de solidaire)
- (droit) état des débiteurs, des créanciers solidaires
- caractère solidaire d’une obligation
- (couramment) le fait d’être solidaire, relation entre personnes ayant
conscience d’une communauté d’intérêts, qui entraîne, pour un élément
du groupe, l’obligation morale de ne pas desservir les autres et leur porter
assistance → fraternité, entraide
- le fait de faire contribuer les membres d’une communauté, d’une collectivité,
aux besoins d’autres membres, par redistribution de moyens financiers →
dépendance

53
REY, A. Le Robert Micro. Dictionnaire d’apprentissage de la langue française.
Dictionnaires Le Robert, 2006. p.1246 :
Solidaire
→ solidairement
→ solidariser
→ solidarité
- fait d’être solidaire
- relation entre personnes ayant conscience d’une communauté d’intérêts
qui entraîne une obligation morale d’assistance mutuelle
- interdépendance

ROBERT, P. (éd.). Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008. Paris :


Dictionnaires le Robert – SEJER, 2007 :
Solidarité
- (droit) caractère solidaire d’une obligation
- le fait d’être solidaire, relation entre personnes ayant conscience d’une
communauté d’intérêts, qui entraîne, pour les unes, l’obligation morale
de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance → entraide,
camaraderie, fraternité
- (choses) – le fait d’être solidaire → dépendance
renvoie aux contraires – indépendance, individualisme

Dans cette analyse, nous avons pu consulter cinq dictionnaires parmi lesquels
nous avons eu deux dictionnaires de l’édition « Larousse » et trois de l’édition
« Le Robert ». Les définitions dans les dictionnaires de l’édition « Larousse » sont
assez courtes. Par contre le Dictionnaire d’apprentissage de la langue française
de 2006122 est le seul qui mentionne bien l’aspect lexical. Sinon, les mots principaux
de la définition – dépendance, aide et entraide – se répètent toujours et la définition
ne change pas vraiment.

122
REY, A. Le Robert Micro. Dictionnaire d’apprentissage de la langue française. Dictionnaires Le
Robert, 2006.

54
6.3 Recherche diachronique

Pour effectuer la recherche diachronique, nous avons pu consulter


les dictionnaires parus entre les années 1873 et 2007.

Dans cette analyse, il s’agit de comparer les définitions indiquées dans


des différents dictionnaires pour voir si la compréhension (toujours au niveau
des dictionnaires, au niveau des définitions « universelles ») du mot solidarité
a évolué depuis 1873.

Pareille que dans la recherche synchronique, nous allons analyser le mot


solidarité du point de vue lexical et sémantique.

Dictionnaire de la langue française par E. Littré de L’Académie française. Tome


quatrième Q-Z. Paris : Librairie Hachette et CIE, 1873. p. 1968. :
Solidarité
- (terme de jurisprudence) engagement par lequel des personnes s’obligent
les unes pour les autres, et chacune pour tous.
- (langage ordinaire) – responsabilité mutuelle qui s’établit entre deux
ou plusieurs personnes

ANGÉ, P. Larousse du XXe siècle en six volumes. Tome sixième. Paris : Librairie
Larousse, 1933. p. 397. :
Solidarité (de solidaire)
- (droit) état de plusieurs personnes obligées les uns pour les autres
- dépendance mutuelle entre les hommes, qui fait que les uns ne peuvent être
heureux et se développer que si les autres le peuvent aussi
- (philosophie) dépendance mutuelle entre plusieurs personnes ou entre
les hommes, qui fait que les uns ne peuvent être heureux, se développer,
que si les autres peuvent aussi ; d’où résulte l’obligation de s’entr’aider
- (phil., sens général) – dépendance des hommes les uns à l’égard des autres,
dépendance qui fait des individus comme les parties d’un même tout

55
ROBERT, P. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Tome
sixième. Paris : S.A.F.O.R, 1958. p. 471. :
Solidarité (de solidaire)
- (droit) caractère solidaire d’une obligation
- le fait d’être solidaire, relation entre personnes ayant conscience
d’une communauté d’intérêts, qui entraîne, pour un élément du groupe,
l’obligation morale de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance
- le fait d’être solidaire
cette définition nous renvoie au mot dépendance

GOUGENHEIM, G. Dictionnaire fondamental de la langue française. Nouvelle


édition revue et augmentée. Paris : Librairie Marcel Didier, 1958. p. 250. :
Solidarité
- le fait que plusieurs personnes ont les mêmes intérêts

ANGÉ P. – ANGÉ, C. Nouveau Petit Larousse illustré, dictionnaire encyclopédique.


Paris : Librairie Larousse, 1959. p. 954. :
Solidarité (de solidaire)
- (droit) état de deux ou plusieurs personnes dont chacune est engagée
pour toutes et pour tous
- sentiment de la dépendance mutuelle entre les hommes, qui fait
que les uns ne peuvent être heureux, se développer, que si les autres peuvent
aussi

Dictionnaire de l’Académie Française. Tome second H-Z. Paris : Librairie Hachette,


1978. p. 595. :
Solidarité
- (jurisprudence) engagement par lequel deux ou plusieurs personnes s’obligent
les uns pour les autres, et chacune pour toutes
- (langage courant) responsabilité mutuelle qui s’établit entre deux ou plusieurs
personnes

56
DUBOIS, J. Dictionnaire du français au collège. Larousse, 1987. p. 963. :
Solidarité
- dépendance réciproque
- sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle

REY-DEBOVE, J. Le Petit Robert des enfants. Dictionnaire de la langue française.


Dictionnaires Le Robert, 1990. p. 987. :
Solidaire
→ solidarité - relation entre des personnes solidaires

REY, A. Dictionnaire historique de la langue française. Tome 2 M-Z. Paris :


Dictionnaires Le Robert, 1992. p. 1967. :
Solidaire
→ solidairement
→ solidarité
- le caractère solidaire d’une obligation
- (en parlant de choses) - dépendance réciproque
- (en parlant de personnes) - fait d’être solidaire et de s’entraider
→ solidariser
→ solidarisme

DUBOIS, J. Petit dictionnaire de la langue française. Larousse, 1993. p. 963. :


Solidarité
- dépendance réciproque
- sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle

REY-DEBOVE, J. Le Robert Méthodique. Dictionnaire méthodique du français


actuel. Paris : Dictionnaires Le Robert, 1996. p.1328. :
Solid-
→ solidaire
→ solidairement
→ solidariser

57
→ solidarité
- fait d’être solidaire
- relation entre personnes ayant conscience d’une communauté d’intérêts
qui entraîne une obligation morale d’assistance mutuelle
→ solide
→ solidement
→ solidité
→ solidifier
→ solidification

REY-DEBOVE, J. Dictionnaire du français. Clé internationale, 1999. p. 958. :


Solidarité
- relation entre des personnes solidaires, qui ont les mêmes intérêts
et qui s’aident mutuellement

Dictionnaire Hachette Langue Française. Paris : Hachette livre, 2000. p. 1093. :


Solidarité (de solidaire)
- (droit) nature de ce qui est solidaire, engagement solidaire
- sentiment de responsabilité mutuelle entre plusieurs personnes, plusieurs
groupes
- lien fraternel qui oblige tous les êtres humains les uns envers les autres

LAMBRECHTS, CH. Larousse pratique. Dictionnaire du français au quotidien.


Larousse IVUEF, 2003. p. 1380. :
Solidarité
- dépendance mutuelle entre des personnes
- sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle
renvoie à la fraternité

LAROUSSE. Petit Dictionnaire de Français. Paris : Larousse, 2004. p. 759 :


Solidarité
- dépendance mutuelle
- sentiment qui pousse les hommes à s’entraider

58
REY, A. Dictionnaire culturel en langue française. Tome IV Réal-Z. Paris :
Dictionnaires Le Robert - Sejers, 2005. p. 863. :
Solidarité (de solidaire)
- (droit) état des débiteurs, des créanciers solidaires
- caractère solidaire d’une obligation
- (couramment) le fait d’être solidaire, relation entre personnes ayant
conscience d’une communauté d’intérêts, qui entraîne, pour un élément
du groupe, l’obligation morale de ne pas desservir les autres et leur porter
assistance → fraternité, entraide
- le fait de faire contribuer les membres d’une communauté, d’une collectivité,
aux besoins d’autres membres, par redistribution de moyens financiers →
dépendance

REY, A. Le Robert Micro. Dictionnaire d’apprentissage de la langue française.


Dictionnaires Le Robert, 2006. p. 1246 :
Solidaire
→ solidairement
→ solidariser
→ solidarité
- fait d’être solidaire
- relation entre personnes ayant conscience d’une communauté d’intérêts
qui entraîne une obligation morale d’assistance mutuelle
- interdépendance

59
ROBERT, P. (éd.). Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008. Paris :
Dictionnaires le Robert – SEJER, 2007. p. 2390. :
Solidarité
- (droit) caractère solidaire d’une obligation
- le fait d’être solidaire, relation entre personnes ayant conscience
d’une communauté d’intérêts, qui entraîne, pour les unes, l’obligation morale
de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance → entraide,
camaraderie, fraternité
- (choses) – le fait d’être solidaire → dépendance
renvoie aux contraires – indépendance, individualisme

Dans cette recherche, nous avons pu consulter dix-huit dictionnaires, dont


deux dictionnaires de L’Académie française, six dictionnaires de l’édition
« Larousse », sept dictionnaires de l’édition « Le Robert ». Cette division est
importante parce que nous voyons que chaque éditeur tient à sa propre définition.

Commençant par les dictionnaires les plus anciens, nous voyons


que la définition n’a pas changé même si l’espace entre les deux éditions représente
plus que cent ans.

Regardant les dictionnaires de l’édition « Larousse », la définition de 1933


est assez large, du point de vue juridique ou philosophique. Par contre plusieurs
éléments se répètent. C’est d’ailleurs le seul dictionnaire qui nous propose
la définition du mot solidarité en sens général. La définition de 1959 est un peu plus
simple, mais elle garde ce qui est principal. Ces deux définitions mentionnent aussi le
point de vue lexical du mot. Par contre, toutes les éditions suivantes
(1987, 1993, 2003, 2004) tiennent à la même définition assez simple sans aucune
notion au niveau lexical.

En ce qui concerne les dictionnaires de l’édition « Le Robert », la plupart


des éditions mettent l’accent sur le point de vue lexical, surtout les dictionnaires
destinés aux enfants ou aux élèves, tandis que la définition elle-même, c’est-à-dire
au niveau sémantique, est assez simple. La définition du point de vue sémantique
de 1958 a été élargie un peu en 2005. Cette dernière est gardée aussi dans l’édition
de 2007.

60
Les mots les plus fréquents dans les définitions ci-dessus sont : l’obligation,
inter-dépendance et communauté (groupe). La définition universelle à partir
des dictionnaires étudiés pourrait donc être celle-là :

Solidarité
- dépendance mutuelle entre des personnes
- relation entre personnes ayant conscience d’une communauté qui entraîne
une obligation morale d’assistance mutuelle

A partir des recherches, nous pouvons constater que chaque édition tient
à sa propre définition qui reste plus ou moins la même depuis déjà un siècle.

Ceci ne porte pas de problème dans les éditions qui gardent la définition
plutôt large et qui nous assure de trouver toujours un sens qui nous convient plus
au moins, comme celui de « Le Robert ». Ce dernier est aussi le seul qui nous
propose plusieurs types de dictionnaires d’après le destinateur.

Le résultat est donc qu’il faut bien choisir le dictionnaire avec lequel nous
voulons travailler et d’après le but dans lequel nous allons l’utiliser.

61
7 Enquête synchronique associative

Le thème de notre recherche est une analyse en forme d’une enquête


sur la définition du mot solidarité. Nous avons choisit ce mot à partir de notre
pré-enquête parce que les contraires de ce mot étaient les plus variés.

Dans notre questionnaire nous avons demandé l’âge, le sexe et la langue


maternelle de répondeur, puis sa propre définition du mot solidarité. Nous avons
obtenu 185 réponses. Comme il y avait plusieurs questionnaires qui n’ont pas été
complets ou qui par contre ne répondaient pas à la question nous ne les avons
pas pris en compte pour notre recherche. Nous avons décidé de supprimer aussi
les réponses dont les répondeurs n’étaient pas de langue maternelle française, parce
qu’il y en avait très peu, et celles qui étaient très difficiles à lire. Le nombre final
des réponses pour notre recherche est donc 125.

Après avoir regardé les réponses, nous avons décidé de ne pas prendre
en compte le sexe des répondeurs, parce qu’il ne jouait pas un rôle important. Nous
les avons donc divisés en quatre groupes d’après leur âge : le premier groupe
de 17 à 25 ans, dont la plupart sont des étudiants, le deuxième groupe de 26 à 45 ans,
le troisième groupe des 46 à 65 ans et le quatrième groupe de 65 ans et plus.

Dans chaque groupe nous avons compté les mots clé des définitions données
et nous les avons exprimés en pourcentage pour voir comment le groupe donné
comprend le mot solidarité.

Pour montrer les résultats d’une manière plus claire, nous les avons illustrés
à l’aide de diagrammes.

62
Analyse du premier groupe

En ce qui concerne le groupe des répondeurs de 17 à 25 ans, nous avons


obtenu 58 réponses. Cela nous a donné 102 mots clés. 10,8 % (11 fois)
des personnes demandées ont mentionné dans leur définition l’idée de groupe
ou le fait de s’unir ; 46,1 % (47 fois) ont indiqué le mot aide, entre-aide ou aider ;
7,8 % (8 fois) ont indiqué le mot partage. 11,8 % (12 fois) comprenaient
la solidarité comme une forme de soutien et 4,9 % (5 fois) comme une forme
de lien. Nous n’avons obtenu que 2 % (2 fois) pour les mots compassion/compatir,
respect, compréhension/comprendre, responsabilité et agir/se mobiliser. L’idée
d’inter-dépendance n’est représentée que par 1 % (1 fois) de mots clés.

âge 17-25
46,1
50
40
30
20 10,8 7,8
11,8
4,9
10 2 2 2 2 1 2
0
partage/
entre-aide/ aider

partager

dépendance

lien
soutien/

respect
soutenir
groupe / s´unir

compréhension/

mobiliser
responsabilité
compassion/

se comprendre

agir/ se
compatir

inter-

Parmi tous les mots que les personnes demandées nous ont donnés, c’est
l’idée de l’aide qui nous apparaît comme la plus fréquente. Ceci démontrent les
questionnaires n° 1, 2, 3, 4 et 5 (voir les annexes).

63
Analyse du deuxième groupe

Quant au groupe des répondeurs de 26 à 45 ans, nous avons obtenu


26 réponses. A partir de leurs définitions, nous avons obtenu 44 mots clés.
20,5 % (9 fois) des personnes demandées ont mentionné dans leur définition l’idée
de groupe ou le fait de s’unir ; 34,1 % (15 fois) ont indiqué le mot aide, entre-aide
ou aider ; 13,6 % (6 fois) ont indiqué le mot partage. 18,2 % (8 fois) comprenaient
la solidarité comme une forme de soutien. Nous n’avons obtenu que 2,3 % (1 fois)
pour les mots compassion/compatir et respect.

âge 26 - 45
40 34,1
35
30 20,5
25 18,2
20 13,6
15
10 2,3 2,3
5
0
entre-aide/

compassion/

soutien/

respect
groupe /

partage/
partager

soutenir
s´unir

compatir
aider

Parmi tous les mots clés donnés, c’est de nouveau l’idée de l’aide
qui est la plus fréquente. Mais il y a aussi l’idée de groupe et de soutien qui apparaît
assez souvent. Pour le démontrer, nous avons choisit les questionnaires
n° 6, 7 et 8 (voir les annexes). En ce qui concerne le questionnaire n° 8, il faut
remarquer que le répondeur a mentionné aussi le fait qu’il s’agissait d’un nom
féminin.

64
Analyse du troisième groupe

En ce qui concerne le groupe des répondeurs de 46 à 65 ans, nous avons


obtenu 32 réponses, ce qui est représenté par 64 mots clés. 9,4 % (6 fois)
des personnes demandées ont mentionné dans leur définition l’idée de groupe
ou le fait de s’unir ; 34,4 % (22 fois) ont indiqué le mot aide, entre-aide ou aider ;
15,6 % (8 fois) ont indiqué le mot partage. 10,9 % (7 fois) comprenaient
la solidarité comme une forme de soutien. La solidarité pour laquelle
il est nécessaire d’agir, de se mobiliser est représentée par 6,3 % (4 fois) de mots
clés. Nous avons encore obtenu 4,7 % (3 fois) pour le mot compréhension/se
comprendre, 3,1 % pour la compassion/compatir et que 1,6 % (1 fois) pour les mots
inter-dépendance et lien.

âge 46 - 65
40 34,4
35
30
25
20 15,6
15 9,4 10,9
10 4,7 6,3
3,1 1,6 1,6
5
0
groupe / s´unir

mobiliser
partager

soutenir

dépendance

lien
entre-aide/

partage/

compassion/

soutien/

compréhension/
se comprendre

agir/ se
compatir
aider

inter-

Parmi tous les mots clés donnés, c’est encore une fois l’idée de l’aide
qui est la plus fréquente. La deuxième la plus fréquente, c’est l’idée
de partage/partager ce qui démontrent les questionnaires n° 9 et 10 (voir
les annexes).

Analyse du quatrième groupe

65
En ce qui concerne le groupe des répondeurs de 65 ans et plus, nous n’avons
obtenu que 9 réponses. Cela nous a donné 21 mots clés. 14,3 % (3 fois)
des personnes demandées ont mentionné dans leur définition l’idée de groupe
ou le fait de s’unir ; idem pour les mots aide, entre-aide ou aider. Par 9,5 % (2 fois)
sont représentés les mots partage, responsabilité, inter-dépendance, lien et agir/
se mobiliser. Les mots compassion/compatir et soutien/soutenir n’ont pas apparu
qu’une seule fois ce qui représente 4,8 % de tous les mots clés obtenus.

âge 65 +
16 14,3 14,3
14
12 9,5 9,5 9,5 9,5 9,5
10
8 4,8 4,8
6
4
2
0

dépendance
responsabilité

lien
groupe /

entre-aide/

partage/

compassion/

soutien/
partager

soutenir

mobiliser
agir/ se
s´unir

compatir
aider

inter-

Vu que le nombre de répondeurs de ce groupe n’est pas très grand,


les résultats ne sont pas très représentatifs. Toutefois, la solidarité est ici comprise
avant tout comme un groupe et une entre-aide. Parmi les 9 questionnaires, nous
avons choisit celui de n° 11 (voir les annexes) pour le démontrer.

Analyse de l’ensemble

66
Comme nous avons pu remarquer, les nombres de répondeurs dans chaque
groupe sont très variés. Avec 58 répondeurs, c’est le premier groupe de 17 à 25 ans
qui est le plus grand. Puis, c’est le groupe de 46 à 65 ans (32 répondeurs), après
le groupe de 26 à 45 ans (26 réponses) et le quatrième groupe de 65 ans et plus est
avec ses 9 répondeurs le plus petit.

En regardant nos résultats, nous découvrons que le deuxième groupe contient


moins de mots que les autres. Parmi les mots qui apparaissent dans tous les groupes,
nous en avons choisit trois les plus fréquents, groupe/s’unir, entre-aide/aider
et partage/partager, pour les analyses encore une fois sous forme des diagrammes

Analyse du mot groupe/s’unir


Quant au mot groupe/s’unir, c’est dans le deuxième groupe de 26 à 45 ans
qu’il était le plus fréquent (37,3 %). Après, c’est le quatrième groupe de 65 ans
et plus avec 26 %, puis le premier de 17 ans à 25 avec 19,6 % et dans le troisième
groupe de 46 à 65 ans, il a obtenu 17,1 %.

groupe/s´unir

40 37,3

30 26
19,6
20 17,1

10

0
1e groupe 2e groupe 3e groupe 4e groupe

Analyse du mot entre-aide/aider

67
En ce qui concerne le mot entre-aide/aider, c’est dans le premier groupe
de 17 à 25 ans qu’il était le plus fréquent (35,8 %). Après, c’est le troisième groupe
de 46 à 65 ans avec 26,7 %, puis le deuxième groupe de 26 à 45 ans avec
26,5 % et dans le quatrième groupe de 65 ans et plus, il a obtenu 17,1 %.

entre-aide/aider

40 35,8

30 26,5 26,7

20
11,1
10

0
1e groupe 2e groupe 3e groupe 4e groupe

Analyse du mot partage/partager


Quant au mot partage/partager, c’est dans le troisième groupe
de 46 à 65 ans qu’il était le plus fréquent (33,6 %). Après, c’est le deuxième groupe
de 26 à 45 ans avec 29,3 %, puis le quatrième groupe de 65 ans et plus avec
20,4 % et dans le premier groupe de 17 à 25 ans, il a obtenu 17,1 %.

partage/partager

40 33,6
29,3
30
20,4
20 16,8

10

0
1e groupe 2e groupe 3e groupe 4e groupe

68
Avant de conclure, il faut dire que nous avons supprimé quelques mots
qui ont apparu dans les questionnaires mais qui étaient plutôt rares, comme : respect,
amitié, entente, soulage ou sympathie. Nous devrions aussi dire que nous nous
sommes aperçus, malheureusement assez tard, que c’était l’éducation qui jouait le
rôle assez important dans la compréhension des mots abstraits comme celui de
solidarité.

Pour conclure, nous pouvons donc dire qu’en générale, les gens imaginent
sous le terme solidarité surtout l’entre-aide. Celle-ci a apparu dans tous les groupes
le plus souvent. Pour le deuxième et le quatrième groupe, c’est encore l’idée
de groupe, de s’unir et pour le troisième groupe, c’est le partage. Le quatrième mot
assez fréquent est le mot soutien/soutenir. Il faut bien mentionner que ce résultat
est absolument le même que celui de notre pré-enquête.

Nous pouvons donc constater que : ainsi que dans les dictionnaires, pour
les gens la compréhension du mot solidarité ne change pas. La question qui se pose
est : est-ce que la compréhension de ce mot correspond à la définition dans
les dictionnaires ?

En comparant les résultats avec nos recherches dans les dictionnaires, nous
découvrons que : tandis que dans les dictionnaires, la solidarité est définie comme
une dépendance mutuelle entre des personnes ; relation entre personnes ayant
conscience d’une communauté qui entraîne une obligation morale d’assistance
mutuelle, dans notre recherche associative, le même mot est compris comme
l’entre-aide et le partage entre les membres d’un groupe. L’idée commune est alors
seulement celle de groupe.

69
8 Recherche : relevés synchroniques médiatiques

Dans ce chapitre, nous allons nous intéresser encore une fois au mot
solidarité du point de vue sémantique. Dans les chapitres précédents nous avons
vu que la compréhension d’un mot ne devait pas toujours correspondre à la définition
indiquée dans les dictionnaires. Nous pensons alors que c’est le contexte dans lequel
nous l’avons entendu utiliser qui détermine notre compréhension de ce mot.

Pour notre recherche, nous avons choisi 333 articles de deux journaux
principaux français publiés en publication Internet à la Bibliothèque Centre
Pompidou : « Le Figaro », que nous pouvons considérer comme orienté vers la droite
au niveau politique et « Libération » qui par contre est considéré comme celui
de gauche. Nous nous sommes intéressés aux articles dans lesquels le mot solidarité
a apparu et nous nous sommes limités à l’espace de trois mois,
de mi-février à mi-mai 2007.

Parmi ces articles, il y en avait plusieurs qui se répétaient, une fois


en variation longue, une fois en variation courte ou la même variation apparue
quelques jours plus tard, et que nous avons donc supprimé. Parmi le reste, nous
avons choisit ceux où le mot solidarité est utilisé dans un sens assez précis. C’est la
raison pour laquelle, nous n’en avons finalement que 56, pour notre recherche.

Après avoir étudié ces 56 articles, nous avons pu les diviser en plusieurs
groupes d’après le sens du mot solidarité. Il y a quatre groupes les plus nombreux
et donc les plus importants.

Le premier groupe est composé d’articles où le mot solidarité est considéré


comme aide/entraide. Il s’agit des articles n° 232, 237, 245 et 259 (voir les annexes).
Parmi ces quatre, c’est l’article n° 245 où cet aide est présenté comme l’aide entre
les individus. Dans les autres articles (n°232, 237 et 259), il s’agit de l’aide au niveau
de la société. Dans les articles n° 232, 237 et 245, il est possible de comprendre
la solidarité comme un soutien aussi. En ce qui concerne les articles n° 232 et 237,
il s’agit des « mêmes » articles, n° 232 publié dans le journal « Le Figaro »,
n° 237 dans le journal « Libération », en fait.

70
En ce qui concerne ce premier groupe, il est aussi intéressant de regarder dans
le dictionnaire de Le nouveau Petit Robert123 qui nous indique le mot soutien comme
synonyme de l’aide et qui nous renvoie directement à la solidarité en tant
que synonyme de l’entraide.

En ce qui concerne le deuxième groupe, il s’agit des articles où le mot


solidarité exprime l’idée de groupe, ce qui est souvent exprimé par le fait d’avoir
les mêmes intérêts, les mêmes valeurs et les respecter. Nous avons classé dans
ce groupe les articles n° 207, 210, 214, 221 et 326 (voir les annexes).

Quant au troisième groupe, celui-ci est composé des articles où le mot


solidarité est utilisé en tant que synonyme du soutien. Il s’agit des articles
n° 1, 229, 270, 298, 304, 305, 314, 316 et 325 (voir les annexes). En regardant
la définition du mot soutien dans le dictionnaire Le nouveau Petit Robert 124, nous
découvrons qu’il est utilisé dans plusieurs contextes : politique, militaire, moral,
spirituel et social et qu’il nous renvoie à l’aide en tant que son synonyme,
c’est-à-dire au premier groupe. Nous ajouterions encore le soutien au niveau
financier.

Le troisième groupe peut encore être divisé en plusieurs groupes. Les articles
n° 1, 305 et 325 correspondent au soutien politique, les articles n° 229, 298, 304
et 316 au soutien moral, l’article n° 314 au soutien social et l’article n° 270
au soutien financier.

Dans les articles du quatrième groupe, la solidarité est utilisée dans


le contexte économique. Ce groupe est formé par les articles n° 202, 209, 213, 231,
261, 302, 321 et 333 (voir les annexes).

En ce qui concerne les articles n° 202 et 333, ici aussi, il s’agit en fait
des « mêmes » articles, n° 202 publié dans le journal « Le Figaro », n° 333 dans
le journal « Libération ».

123
ROBERT, P. (éd.). Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008. Paris : Dictionnaires
le Robert – SEJER, 2007.
124
ibid., p. 2415.

71
Quant aux autres contextes, nous allons les mentionner sans citer les articles
parce qu’il s’agit souvent d’un seul article représentatif. Parmi ces contextes,
la solidarité a été utilisée : comme un terme général, à côté de l’égalité
ou de la fraternité ; souvent dans un contexte de la solidarité européenne
ou internationale ; en tant que synonyme du respect ou de la compassion.
La solidarité est souvent utilisée dans des locutions figées ou des titres comme
par exemple revenu de solidarité active ou ministre du Travail, des Relations sociales
et de la Solidarité.

Nous voyons donc que la compréhension d’un mot abstrait, comme celui
de la solidarité varie en fait d’après son utilisation dans les contextes de la vie réelle.

72
C. PARTIE DIDACTIQUE

Suivant notre problématique, nos fiches pédagogiques développeront


les compétences linguistiques, les compétences de travailler avec un vocabulaire plus
large, les synonymes et divers types de dictionnaires. La fiche proposée sera destinée
aux apprenants qui ont atteint soit le niveaux A2, soit le niveau B1,
c’est-à-dire de l’utilisateur élémentaire à l’utilisateur indépendant. À ce propos, nous
allons citer les compétences sociolinguistiques à acquérir pour préciser davantage les
critères que nous avons adoptés pour les exercices proposés125:

B2 Peut comprendre le contenu essentiel de sujets concrets ou abstraits dans


un texte complexe, y compris une discussion technique dans sa spécialité.
Peut communiquer avec un degré de spontanéité et d’aisance tel qu’une
conversation avec un locuteur natif ne comportant de tension ni pour l’un
ni pour l’autre. Peut s’exprimer de façon claire et détaillée sur une grande
gamme de sujets, émettre un avis sur un sujet d’actualité et exposer les
avantages et les inconvénients de différentes possibilités.
B1 Peut comprendre les points essentiels quand un langage clair et standard est
utilisé et s’il s’agit de choses familières dans le travail, à l’école, dans les
loisirs, etc. Peut se débrouiller dans la plupart des situations
rencontrées en voyage dans une région ou la langue cible est parlée. Peut
produire un discours simple et cohérent sur des sujets familiers et dans ses
domaines d’intérêt. Peut raconter un événement, une expérience ou
un rêve, décrire un espoir ou un but et exposer brièvement des raisons ou
explications pour un projet ou une idée.
A2 Peut comprendre des phrases isolées et des expressions fréquemment
utilisées en relation avec des domaines immédiats de priorité (par exemple,
informations personnelles et familiales simples, achats, environnement
proche, travail). Peut communiquer lors de tâches simples et habituelles ne
demandant qu’un échange d’informations simple et direct sur des sujets
familiers et habituels. Peut décrire avec des moyens simples sa
formation, son environnement immédiat et évoquer des sujets qui
correspondent a des besoins immédiats.
A1 Peut comprendre et utiliser des expressions familières et quotidiennes ainsi
que des énoncés très simples qui visent a satisfaire des besoins concrets.
Peut se présenter ou présenter quelqu’un et poser a une personne des
questions la concernant – par exemple, sur son lieu d’habitation, ses
relations, ce qui lui appartient, etc. – et peut répondre au même type de
questions. Peut communiquer de façon simple si l’interlocuteur parle
lentement et distinctement et se montre coopératif.

125
à comparer, www.coe.int/T/DG4/Portfolio/documents/cadresommun.pdf [14/3/2008]

73
FICHE PEDAGOGIQUE 1
Fiche d’enseignant

Thème : « Pour éviter les répétitions du même mot »


Objectifs pédagogiques :
 apprendre à remplacer le verbe dire par un verbe plus précis dans
un dialogue.
 apprendre à travailler avec un dictionnaire des synonymes
 travail individuel et en couples
Niveau : A2
Public : enfants, jeunes
Durée : 20 minutes
Support, matériel :
 photocopies du dialogue d’après H. BOSCO, L’enfant et la rivière
 dictionnaires des synonymes
Disposition de la classe : normale
Démarche(s) :
 préparer les photocopies du dialogue
 expliquer la méthode de travail aux apprenants
 lire préalablement le texte à haute voix
 expliquer les mots inconnus
 distribuer le texte
 travail individuel
 corrigé en couples et en ensemble de classe
Texte :
Gatzo, plus confiant, me parlait un peu. L’ombre nous rapprochait.
- Il y a sûrement une loutre, tout près, me dit-il.
-Où ?
- Dans les aulnes. Elle vient boire. Je l’entends toutes les nuits, me dit-il.
- Tard ?
- Oui, très tard, me dit-il.
- Et tu es réveillé ? Dis-je.
- C’est elle qui m’éveille. Elle bat l’eau quand elle a bu.
- Je voudrais la voir, lui dis-je.
- Comment la voir ? Il n’y a pas de lune…
D’après H. BOSCO, l’enfant et la rivière.

74
Exemple du corrigé :
Gatzo, plus confiant, me parlait un peu. L’ombre nous rapprochait.
- Il y a sûrement une loutre, tout près, m’annonce-t-il.
- Où ?
- Dans les aulnes. Elle vient boire. Je l’entends toutes les nuits, me raconte-t-il.
- Tard ?
- Oui, très tard, me confirme-t-il.
- Et tu es réveillé ? Demande-je.
- C’est elle qui m’éveille. Elle bat l’eau quand elle a bu.
- Je voudrais la voir, lui réponds-je.
- Comment la voir ? Il n’y a pas de lune…
Webographie : http://www.cepec.org/primaire/reecrire/affiner.htm [6/3/2008]

75
Fiche d’apprenant

Consigne 1 :
Voici le texte dans lequel tu vas devoir remplacer le verbe dire par des verbes plus
précis. Souligne le verbe dire dans le texte puis remplace-le par un autre verbe.

Gatzo, plus confiant, me parlait un peu. L’ombre nous rapprochait.


- Il y a sûrement une loutre, tout près, me dit-il.
- Où ?
- Dans les aulnes. Elle vient boire. Je l’entends toutes les nuits, me dit-il.
- Tard ?
- Oui, très tard, me dit-il.
- Et tu es réveillé ? Dis-je.
- C’est elle qui m’éveille. Elle bat l’eau quand elle a bu.
- Je voudrais la voir, lui dis-je.
- Comment la voir ? Il n’y a pas de lune…

D’après H .BOSCO, l’enfant et la rivière.

Consigne 2 :
Compare ton texte avec un camarade. Avez-vous trouvé les mêmes solutions ? Sinon
repérez quel verbe convient mieux et expliquez pourquoi.

Consigne 3 :
Relis ton dialogue pour voir si tu n’as pas répété le verbe dire ou d’autres verbes peu
précis (demander, répondre,..) et améliore au cas de besoin.

76
FICHE PEDAGOGIQUE 2
Fiche d’enseignant

Thème : « Cherchez l’intrus »


Objectifs pédagogiques :
 apprendre à travailler avec le dictionnaire bilingue
 apprendre à utiliser des mots dans le contexte convenable
 enrichir le vocabulaire
 travail individuel et en couples
Niveau : A2
Public : enfants, jeunes
Durée : 30 minutes
Support, matériel : dictionnaires franco-tchèque, tchèque-français
Disposition de la classe : normale
Démarche(s) :
 expliquer la méthode de travail aux apprenants
 écrire les groupes de mots au tableau
 distribuer des dictionnaires franco-tchèques
 travail individuel
 corrigé en couples
 travail en couples
 corrigé en ensemble de classe
Texte :
1) élégant, beau, laid, plaisant, joli, chic, esthétique, mignon
2) énorme, vaste, immense, intéressant, géant, monumental, grand
3) original, légal, accepté, justifié, autorisé, toléré, permis
4) difficile, compliqué, dur, problématique, adéquat
5) foncé, sombre, obscur, ténébreux, liquide, ombreux

Corrigé (consigne 1) :
1) élégant, beau, laid , plaisant, joli, chic, esthétique, mignon
2) énorme, vaste, immense, intéressant, géant, monumental, grand

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3) original , légal, accepté, justifié, autorisé, toléré, permis
4) difficile, compliqué, dur, problématique, adéquat
5) foncé, sombre, obscur, ténébreux, liquide, ombreux

Exemple du corrigé (consigne 2) :


1) Notre professeur est une dame très élégante.
C’est un beau tableau.
C’était un spectacle plaisant.
C’est une jolie fille.
Ta robe est très chic.
Vous avez un appartement esthétique
Ce petit garçon est mignon.
2) J’ai envie d’un énorme gâteau.
C’est une vaste plaine.
Leurs champs représentent un espace immense.
Ce sont des montagnes géantes.
Elle habite dans un château monumental.
Ton frère est assez grand.
3) Vendre les drogues n’est pas légale.
La loi est acceptée par la plupart des députés.
Sa décision est justifiée.
La démonstration est autorisée par la mairie.
Le racisme ne peut plus être toléré.
Il n’est pas permis à tout le monde d’étudier à l’université.
4) C’est difficile à décider.
Le professeur nous a donné un devoir compliqué.
La vie est dure.
La situation dans sa famille est un peu problématique.
5) J’aime bien les couleurs foncées.
Il fait sombre.
J’ai des idées obscures.
Il faut passer par un bois ténébreux.
C’est un endroit ombreux.

78
Fiche d’apprenant

Consigne 1 :
Cherchez l’intrus et soulignez-le dans chaque groupe.
1) élégant, beau, laid, plaisant, joli, chic, esthétique, mignon
2) énorme, vaste, immense, intéressant, géant, monumental, grand
3) original, légal, accepté, justifié, autorisé, toléré, permis
4) difficile, compliqué, dur, problématique, adéquat
5) foncé, sombre, obscur, ténébreux, liquide, ombreux

Consigne 2 :
Compare ton choix avec un camarade. Avez-vous souligné les mêmes mots ? Sinon
expliquez pourquoi et choisissez en un.

Consigne 3 :
Créez des phrases en utilisant les mots qui vous ont restés. Vous pouvez utiliser
les dictionnaires.

79
FICHE PEDAGOGIQUE 3
Fiche d’enseignant

Thème : « Qu’est-ce que c’est un soutien ? »


Objectifs pédagogiques :
 apprendre à travailler avec le dictionnaire unilingue
 apprendre à utiliser des mots dans le contexte convenable
 enrichir le vocabulaire
 travail individuel et en couples
Niveau : B1
Public : jeunes
Durée : 45 minutes
Support, matériel : articles, dictionnaires bilingues et unilingues
Disposition de la classe : normale
Démarche(s) :
 préparer les photocopies des articles
 expliquer le mode de travail aux apprenants
 distribuer le texte
 expliquer les mots inconnus
 travail individuel
 corrigé en couples et en ensemble de classe
Exemple du corrigé:
Texte n°1 : soutien scolaire
Texte n°2 : soutien dans l’administration
Texte n°3 : soutien financier
Texte n°4 : soutien moral, social
Texte n°5 : soutien politique, militaire

80
Webographie :
http://www.espacerpa.com/ [6/3/2008]
http://www.gisti.org/spip.php?article170 [6/3/2008]
http://emploiquebec.net/francais/individus/msemploi/soutien.htm [6/3/2008]
http://www.tibet-info.net/cspt/ [6/3/2008]
http://blog.france2.fr/Liban/index.php/2007/06/05/53951-france--liban-soutien-
politique-et-cooperation-militaire [6/3/2008]

81
Fiche d’apprenant

Consigne 1 :
Lisez attentivement les extraits suivants et traduisez les mots que vous ne comprenez
pas en utilisant le dictionnaire.

Texte n° 1 :
ESPACERPA (Espace Rationnel de Psychopédagogie Alternative) : soutien scolaire
en ligne par des professeurs spécialisés, méthode personnalisée pour les élèves
en difficulté, suivi pédagogique très minutieux, cours et exercices en ligne, cours
de soutien scolaire [ maths, français ] avec révisions scolaires, préparation Diplôme
National du Brevet -DNB- des Collèges, soutien scolaire très personnalisé pour
les élèves en CM2, l’entrée en 6ème, des corrigés ciblés pour remonter la moyenne
en mathématiques & français, aide conseils orientation, un accompagnement scolaire
sérieux pour résoudre les difficultés scolaires pendant l’année et les vacances.
La psychopédagogie est utilisée par nos professeurs qualifiés afin d’optimiser
les résultats [ échec ]. Autres services: forum échanges entraide, messagerie
instantanée avec visioconférence, ressources éducatives enseignants, parents, famille,
éducateurs, associations ...

http://www.espacerpa.com/ [6/3/2008]

Texte n° 2 :
Le Gisti ?
Il était — et il est — une fois une association spécialiste du droit des étrangers,
le GISTI. Pour mettre son savoir à la disposition de ceux qui en ont besoin, il tient
des permanences juridiques gratuites, édite des publications et organise
des formations. A chaque compétence du GISTI correspond un contact particulier. En
dépit de son activité multiforme, le GISTI est une petite structure fragile, très
sollicitée par un public souvent sans grands moyens financiers. De ce fait, il a besoin
de l’aide de ceux qui l’estiment utile. Naturellement, le GISTI travaille en relation
et en collaboration avec d’autres organisations amies.

http://www.gisti.org/spip.php?article170 [6/3/2008]

Texte n° 3 :
Soutien au travail autonome
Du soutien pour créer votre emploi
Vous aimeriez créer votre propre entreprise ou devenir travailleur ou travailleuse
autonome? Si vous êtes admissible à la mesure Soutien au travail autonome, vous
pourriez obtenir une aide financière pour élaborer votre plan d’affaires et pour fonder
votre entreprise, ou pour créer votre emploi.

http://emploiquebec.net/francais/individus/msemploi/soutien.htm [6/3/2008]

82
Texte n° 4:
Le Comité de Soutien au Peuple Tibétain (C.S.P.T.) :
Fondé en 1987 à l’initiative d’Anne de la Celle et de Jean-Paul Ribes (journalistes),
le C.S.P.T. se propose d’informer l’opinion française, et d’agir auprès des
responsables politiques, des média...
Il souhaite rassembler tous ceux qui, respectant les méthodes d’action et les objectifs
des tibétains, veulent leur porter secours, défendre leur culture, le respect des Droits
de l’Homme et leur droit à l’autodétermination.
Depuis 1987, le Comité a organisé de nombreuses manifestations, conférences
politiques, réunions d’information. Il a oeuvré en faveur de la constitution
du 1er groupe d’études à l’Assemblée Nationale et de son renouvellement (1993)
et favorisé des rencontres entre gouvernement français et responsables tibétains.
Avec toutes les associations agissant dans le même sens, il poursuit son action
au niveau européen et en direction de l’O.N.U.
En 1991, le Comité participe activement à l’Année Internationale du Tibet.
A partir de 1992, le C.S.P.T. organise une campagne de parrainages de prisonniers
d’opinion tibétains auprès des municipalités ; (en déc. 1995 plus de 100
municipalités y ont répondu) et crée des groupes régionaux : …

http://www.tibet-info.net/cspt/ [6/3/2008]

Texte n° 5:
France- Liban: soutien politique et coopération militaire
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et européennes
a répondu aux questions suivantes au sujet du Liban et de la situation critique
traversée par le pays. Extraits du point presse disponible sur le site du Quai d’Orsay.
Vous avez dit que la France soutenait les efforts de l’armée libanaise pour
étendre son autorité sur l’ensemble du territoire national. Après ce qui vient de se
produire à Ain El Heloué et Nahr El-Bared, quelle forme concrète pourrait prendre
ce soutien ?
Le ministre s’est exprimé durant son voyage au Liban. En réalité, ce soutien
peut prendre deux formes. D’une part, une forme politique : nous soutenons l’armée
libanaise qui est l’armée qui agit au nom des autorités légitimes du Liban pour
rétablir l’ordre et l’autorité de l’Etat, notamment dans ce camp de Nahr El-Bared.
J’observe d’ailleurs que cette action est très largement soutenue, y compris par
de nombreux pays arabes et par de nombreux Palestiniens.
Par ailleurs, comme nous l’avons indiqué, il y a aussi une forme
de coopération militaire déjà assez ancienne avec l’armée libanaise. Récemment,
en effet, nous avons eu un certain nombre de demandes faites par les autorités
libanaises, auxquelles nous avons décidé de donner suite, essentiellement pour
la fourniture de munitions et d’équipements légers.

http://blog.france2.fr/Liban/index.php/2007/06/05/53951-france--liban-soutien-
politique-et-cooperation-militaire [6/3/2008]

83
Consigne 2 :
Repère les différents contextes dans lesquels le mot soutien a été utilisé
et compare-les avec un camarade. Choisissez entre : soutien politique, militaire,
moral, spirituel, social, financier,…

84
Conclusion

Le but de ce mémoire était d’étudier la problématique de la langue en tant


qu’un système complexe en se concentrant à la problématique de la signification
des mots. A partir de plusieurs analyses, nous avons essayé de repérer comment
les dictionnaires reflètent l’état actuel de langue.

Nous nous sommes posés des questions suivantes :

Est-ce que les dictionnaires reflètent l’état actuel de la langue ? Comment


l’apprentissage d’une langue est-elle influencée par le dictionnaire utilisé ?

Dans la partie théorique, une brève réflexion sur ce que c’est la langue
et le mot ainsi que des procédés sémantiques ont été décrits. L’accent a été mis
sur le sens.

Nous avons constaté que le mot est généralement considéré comme une unité
linguistique, une unité sémantique en même temps. Nous avons pu découvrir
qu’au niveau des mots concrets, la langue est une nomenclature. Mais au niveau
des mots abstraits, il n’y a pas de signifié commun or c’est la langue qui construit
notre compréhension de la réalité. Mais ce qui est pareil pour les mots concrets
autant que pour les mots abstraits, c’est que l’utilisation d’un mot dépend
de la convention d’une société.

Quant à la question d’apprentissage d’une langue, nous avons constaté


qu’il était nécessaire d’apprendre et surtout de comprendre d’abord le système,
même si c’est le sens et pas le système du langage qui nous intéresse pendant
que nous parlons.

Nous nous sommes intéressés aussi à l’analyse sémantique et nous avons


découvert que c’était au fait une description du contenu d’un mot, une décomposition
de traits pertinents de son sens. Mais ce qui est très important, c’est qu’à partir
de cette analyse nous allons pouvoir non seulement formuler les définitions des mots
mais aussi savoir dans quel contexte les utiliser. Celui-ci est important surtout
au niveau des mots abstraits.

85
Dans la partie pratique, nous nous sommes toujours intéressés au sens.
Comme nous avons découvert l’importance de l’analyse sémantique et des
synonymes dans la partie théorique, dans la partie pratique, nous avons étudié
l’évolution des définitions dans les dictionnaires autant que des interprétations des
gens. Cela nous a montré jusqu’à quel point les dictionnaires reflètent l’état actuel
d’une langue.

A partir de notre pré-enquête, nous avons choisi le mot solidarité. Nous avons
effectué une analyse diachronique et synchronique de ce mot dans divers
dictionnaires. La recherche devrait nous montrer qu’un mot ne porte pas qu’un seul
sens mais beaucoup plus que cela.

A partir des recherches, nous avons pu constater que chaque édition tenait
à sa propre définition qui restait plus ou moins la même depuis déjà un siècle. Ce fait
est au minimum intéressant, vu que la langue évolue très vite.

En comparant les résultats des nos enquêtes avec nos recherches dans
les dictionnaires, nous avons découvert que : tandis que dans les dictionnaires,
la solidarité est définie comme une dépendance mutuelle entre des personnes ;
relation entre personnes ayant conscience d’une communauté qui entraîne
une obligation morale d’assistance mutuelle, dans notre recherche associative,
le même mot est compris comme l’entre-aide et le partage entre les membres d’un
groupe. L’idée commune est alors seulement celle de groupe.

Nous voyons donc que la compréhension de ce mot abstrait ne correspond


pas tout à fait à des définitions indiquées dans les dictionnaires consultés. Ceci nous
paraît être une réponse assez claire à la question posée au départ :
Est-ce que les dictionnaires reflètent l’état actuel de la langue ?

Ceci démontre aussi notre recherche synchronique associative. Nous avons


découvert dans combien de contextes le mot solidarité peut être utilisé et donc
combien de sens possibles il peut avoir. Nous avons vu donc que la compréhension
d’un mot abstrait, comme celui de la solidarité variait en fait d’après son utilisation
dans les contextes de la vie réelle.

86
Dans la partie didactique, nous proposons quelques activités ayant un aspect
sémantique. L’accent a été mis sur l’étape de l’enrichissement du lexique
en apprenant des synonymes, antonymes etc., dans l’apprentissage d’une langue
étrangère. Pour le but communicatif, le vocabulaire nous semble préféré
à la grammaire parce que les éléments grammaticaux, phonétiques
ou orthographiques doivent être enseignés à la base lexicale. Pour nos activités, nous
avons donc décidé de travailler avec divers dictionnaires.

A partir de nos recherches et nos activités proposées dans la partie didactique,


nous pensons pouvoir répondre à la deuxième question de départ : Comment
l’apprentissage d’une langue est-elle influencée par le dictionnaire utilisé ?

Sachant que les dictionnaires ne reflètent pas dans certains cas l’état actuel
de langue et souvent ne reflètent pas assez le sens des mots dans différents contextes,
il nous en résulte qu’il faut bien choisir le dictionnaire avec lequel nous voulons
travailler et d’après le but dans lequel nous allons l’utiliser parce ce fait influence
beaucoup l’apprentissage d’une langue.

Nous espérons que ce travail saura retenir l’attention de ceux


qui s’intéressent à cette problématique, les futurs professeurs des langues étrangères,
mais aussi des amateurs du français, tous ceux qui s’appuient si souvent
sur ce qui est indiqué dans les dictionnaires.

87
Bibliographie
Bibliographie primaire :

BAYLON, CH – FABRE, P. Initiation à la linguistique avec travaux pratiques


d’application et leurs corrigés. Paris : NATHAN, 1977.
DE SAUSSURE, F. Cours de la linguistique générale. Paris : Payothèque, 1972.
ISBN 2-228-88942-3.
MARTINET, A. « Le mot », Diogène, n° 51, Paris : Gallimard, 1965.
MOUNIN, G. Clefs pour la sémantique. Paris : Seghers, 1972.

Bibliographie secondaire :

BERNSTEIN, R. “THINK TANK; As definitions Change, The Moral Turns


Trivial”. The New York Times. March 31, 2001.
DE SAUSSURE, F. (přeložil František Čermák) Kurs obecné lingvistiky. Praha:
ODEON, 1989. ISBN 80-207-0070-6.
FRIBOURG Jeannine, 1978, « Vers l’ethnolinguistique », La linguistique, vol. 14/2,
pp. 103 -116.
GREIMAS, A-J. Sémantique structurale. Recherche de méthode. Paris : Puf, 1986.
ISBN 2 13 039308.
GREPL, M. (et al.) Příruční mluvnice češtiny. Praha: Lidové noviny, 1995.
ISBN 80-7106-134-4.

Dictionnaires:

BARATIN-LORENZI,M. (éd.) Dictionnaire des synonymes. Paris : Hachette,


2003. ISBN 978-2-01-280536-1.
KOLÁŘ, V.; VLASÁK, V.; HOŘEJŠÍ, V. Velký francouzsko-český slovník. I. díl
A – K. 2. vyd. Praha: Academia, nakladatelství ČAV, 1992.
KOLÁŘ, V.; VLASÁK, V.; HOŘEJŠÍ, V. Velký francouzsko-český slovník. II. díl
L - Z. 2. vyd. Praha: Academia, nakladatelství ČAV, 1992.
ROBERT, P. (éd.), Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008.
Dictionnaires le Robert – SEJER, Paris, 2007. ISBN 978-2-84902-321-1.
VLASÁK, V. Francouzsko-český a česko-francouzský slovník. Voznice: LEDA,
2002. ISBN 80-85927-97-7.

88
Dictionnaires utilisés dans la pré-enquête :

BERTAUD DU CHAZAUD, H. (éd.) Dictionnaire de Synonymes et Contraires.


Paris : Dictionnaire le Robert, 2001.
BORDAS (éd.). Petit Larousse – grand format 1998 en couleurs. Paris : Larousse,
1997.
DUBOIS, J. (éd.) Lexis Larousse de la langue française. Paris : Larousse / VUEF,
2002.
ROBERT, P. (éd.) Le petit Robert. Dictionnaire de la langue français. Paris :
Dictionnaires le Robert, 2002.
ROBERT, P. (éd.) Le nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique
et analogique de la langue française. Paris : Dictionnaires le Robert, 2003.

Dictionnaires utilisés dans les recherches synchronique et diachronique :

ANGÉ, P. Larousse du XXe siècle en six volumes. Tome sixième. Paris : Librairie
Larousse, 1933.
ANGÉ P. – ANGÉ, C. Nouveau Petit Larousse illustré, dictionnaire encyclopédique.
Paris : Librairie Larousse, 1959.
Dictionnaire de la langue française par E. Littré de L’Académie française. Tome
quatrième Q-Z. Paris : Librairie Hachette et CIE, 1873.
Dictionnaire de l’Académie Française. Tome second H-Z. Paris : Librairie Hachette,
1978.
Dictionnaire Hachette Langue Française. Paris : Hachette livre, 2000.
DUBOIS, J. Dictionnaire du français au collège. Larousse, 1987.
DUBOIS, J. Petit dictionnaire de la langue française. Larousse, 1993.
GOUGENHEIM, G. Dictionnaire fondamental de la langue française. Nouvelle
édition revue et augmentée. Paris : Librairie Marcel Didier, 1958.
LAMBRECHTS, CH. Larousse pratique. Dictionnaire du français au quotidien.
Larousse IVUEF, 2003.
LAROUSSE. Petit Dictionnaire de Français. Paris : Larousse, 2004.
REY, A. Dictionnaire culturel en langue française. Tome IV Réal-Z. Paris :
Dictionnaires Le Robert - Sejers, 2005.
REY, A. Dictionnaire historique de la langue française. Tome 2 M-Z. Paris :
Dictionnaires Le Robert, 1992.
REY, A. Le Robert Micro. Dictionnaire d’apprentissage de la langue française.
Dictionnaires Le Robert, 2006.

89
REY-DEBOVE, J. Dictionnaire du français. Clé internationale, 1999.
REY-DEBOVE, J. Le Petit Robert des enfants. Dictionnaire de la langue française.
Dictionnaires Le Robert, 1990.
REY-DEBOVE, J. Le Robert Méthodique. Dictionnaire méthodique du français
actuel. Paris : Dictionnaires Le Robert, 1996.
ROBERT, P. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Tome
sixième. Paris : S.A.F.O.R, 1958.
ROBERT, P. (éd.). Le nouveau Petit Robert de la langue française 2008. Paris :
Dictionnaires le Robert – SEJER, 2007.

Webographie:

Agence gouvernementale Emploi-Québec:


http://emploiquebec.net/francais/individus/msemploi/soutien.htm
Centre d’Etudes Pédagogiques pour l’Expérimentation et le Conseil :
http://www.cepec.org/primaire/reecrire/affiner.htm
Espace Rationnel de Psychopédagogie Alternative: http://www.espacerpa.com/
Groupe d’information et de soutien des immigrés : http://www.gisti.org/spip.php?
article170
La Maison du Tibet, service la Maison du Tibet - Tibet Info:
http://www.tibet-info.net/cspt/
Les blogs de France Télévisions:
http://blog.france2.fr/Liban/index.php/2007/06/05/53951-france--liban-soutien-
politique-et-cooperation-militaire
Le Trésor de la Langue Française Informatisé : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm
ATILF-CNRS/université de Nancy.

90
Resumé
Tato práce se zabývá problematikou významu slov a jejich definic
ve výkladových slovnících, běžně používaných při studiu cizího jazyka.

V teoretické části práce je rozebrána problematika jazyka jako uceleného


systému a prostředku našeho myšlení a chápání světa a prostředku naší komunikace
a dále pak problematika slova jakožto běžně chápané jazykové jednotky. Jsou zde
rovněž shrnuty typy obsahové analýzy.

V praktické části jsou, na základě synchronického a diachronického


výzkumu předloženy definice slova solidarité a jejich analýza. Dále pak definice
stejného slova, získaného prostřednictvím ankety distribuované francouzským
přátelům a známým během studijního pobytu v Paříži. Praktickou část uzavírá
analýza kontextů, v nichž je slovo solidarité běžně používáno ve francouzském
denním tisku „Le Figaro“ a „Libération“.

V didaktické části je poukázáno na nezbytnost používání výkladových


slovníků a slovníků synonym při studiu cizího jazyka, zejména při rozšiřování slovní
zásoby. Rovněž jsou přiloženy didaktické listy pro využití tohoto tématu ve třídě.

91
Summary
The thesis deals with the issue of the meaning of words that are commonly
used in foreign language learning and their definitions in monolingual dictionaries.

In the theoretical part, there is analysed the issue of the language


as a complete system, as means of our thinking and understanding of the world,
and as means of our communication, as well as the issue of the word as a current
linguistic unit. There are also resumed the types of content analysis.

In the practical part, there are presented the definitions of the word
solidarité and their analysis on the grounds of a synchronic and diachronic research,
furthermore the definition of the same word gained through a survey distributed
to French friends and acquaintances during my study abroad in Paris. The practical
part is closed by analysis of the contexts in which the word solidarité is commonly
used in French daily press “Le Figaro” and “Libération.”

In the methodological part, there is pointed out the necessity


to use monolingual dictionaries and dictionaries of synonyms in foreign language
learning, primarily in the extension of vocabulary. Methodological sheets
for the application of this topic in teaching are also included.

92
Annexes

Questionnaires obtenus :
Questionnaire n° 1

93
94

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