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Préambule
La notion de types de phrases est fondée à la fois sur une approche énonciative
et sur une approche syntaxique.
L’approche énonciative, qui s’appuie sur l’analyse des actes de langage
d’Austin, associe une structure de phrase déterminée à l’un des quatre actes de
langage fondamentaux : constater, questionner, ordonner, s’exclamer.
L’approche syntaxique, qui est celle de la grammaire générative et
transformationnelle de Chomsky, fixe les caractéristiques morphologiques et
syntaxiques de ces types de phrases et ajoute à ces quatre types fondamentaux
dit obligatoires, trois types facultatifs : passif, négatif, emphatique.
Cette étude consistera à faire ressortir les principes qui président à la
construction de ces phrases pour mieux procéder à leur représentation en arbre.
"La semaine dernière, notre collègue n’avait-il pas été agressé par un voyou ?
"
Si l’on veut retrouver le matériau de cette phrase, on doit extraire tous les types
qui y sont contenus ; on doit commencer par retirer les marques du type
Interrogatif qui, dans cette phrase, sont l’inversion du sujet verbe et le point
d’interrogation ; il faut ensuite enlever les marques du type Passif qui sont
perceptibles grâce à la présence du sujet apparent : notre collègue et du
complément d’agent : un voyou ; il faut aussi éliminer les marques du type
Négatif qui sont signalés par l’adverbe de négation : ne…pas, et enfin
supprimer la trace du type Emphatique qui se manifeste, ici, par le
déplacement, en tête de phrase, du complément circonstanciel : la semaine
dernière. L’emphase se manifeste dans une phrase de différentes manières ;
nous expliquerons son fonctionnement lorsque nous aborderons les types
facultatifs.
C’est ainsi qu’en enlevant les types : Interrogatif, Négatif, Passif et Emphatique,
il nous reste le substrat suivant :
L’élément que nous avons dégagé est le matériau de la phrase. Le matériau sera
représenté simplement par les mots de la phrase, dans l’ordre qui permet de
distinguer les fonctions des différents mots. Précisons que le matériau ne
comporte ni majuscule – en début de phrase – ni point (en fin de phrase). Le
matériau ne représente qu’une partie de la phrase, voire un des éléments de la
phrase.
Le matériau est donc une abstraction qui permet essentiellement de définir les
relations fondamentales entre les mots de la phrase, relation de sujet, d’objet,
etc.
ont quelque chose en commun, c’est ce qui les distingue respectivement de Vous
fumez , et Tu traverses la rue calmement ; cet élément commun est
l’Interrogation.
Si l’on compare donc la phrase 1 et la phrase 3, on peut dégager ce qui les
distingue, c’est précisément cet élément Interrogatif, que la 1ère a et que la 3ème
n’a pas.
Interrogation +
De même pour les deux autres, qui ont en commun l’élément Déclaratif ; leur
formule commencera par :
Déclaration +
Si l’on veut représenter la phrase Est-ce que vous fumez ? par une formule, on
isole l’élément interrogatif, qui se marque dans cette phrase par la présence de
Est-ce que et le point d’interrogation ; on extrait en quelque sorte cet élément
Interrogation et le reste est vous fumez. La formule de cette phrase Est-ce que
vous fumez ? est : Interrogation + vous fumez,
En somme, si à "Est-ce que vous fumez ?", on soustrait ce qui est Interrogatif et
si à "Vous fumez.", on soustrait ce qui est Déclaratif, il reste ce qui est commun à
ces deux phrases. Il reste ce que nous appelons le Matériau de la phrase. Et les
éléments comme Interrogation et Déclaration sont les Types de la phrase.
A toutes nos phrases, nous avons donné une analyse sous forme de deux
éléments : le Type et le Matériau.
ou à un type Interrogatif :
ou à un type Impératif :
ou à un type Exclamatif :
On ne peut pas non plus ne choisir aucun mode d'expression : vous + écoutez +
la radio, sans intonation ni ponctuation qui marque son type n’est pas une
phrase, c’est seulement une suite de mots, qui peut devenir une phrase en
combinaison avec un type.
Ces quatre types que nous avons isolés sont appelés Types obligatoires parce
que l’un d’entre eux doit nécessairement être présent dans toute phrase et les
quatre types obligatoires s’excluent les uns les autres, c’est-à-dire qu’une même
phrase ne peut être à la fois Interrogative et Déclarative ou Impérative et
Interrogative.
Les types facultatifs
L’étude d’autres phrases va nous conduire à ajouter dans les types obligatoires
trois autres paires d’éléments qui ne sont pas obligatoires ; on les appellera les
types facultatifs. Il s’agit des types Actif (Act) ou Passif (Pas), Affirmatif (Af)
ou Négatif (Néf), et enfin Neutre (Neu) ou Emphatique (Emp) ; ces types
peuvent librement se combiner entre eux et avec les quatre types que nous avons
appelés "les types fondamentaux. "
Prenons par exemple, les phrases :
Un énoncé a un type neutre quand aucun de ses éléments n’est mis en relief
("emphatisé" ou "focalisé") ; c’est-à-dire lorsque l’on n’insiste pas sur un mot
(ou groupe de mots) de l’énoncé. Dans ce cas, "Neutre" signifie simple,
ordinaire, courant.
Un énoncé a un type emphatique quand l’un de ses éléments est mis en relief ;
c’est-à-dire lorsque l’on met en évidence un mot (ou groupe de mots) sur lequel
on veut insister. Dans ce cas, "Emphatique" signifie poétisé, recherché,
complexe.
La transformation emphatique
Exemple 1
Type neutre : Ta chemise est jolie.
sujet
Type emphatique : Elle est jolie, ta chemise
sujet
"Ta chemise", placé en fin d’énoncé, est remplacé en fonction sujet par le
pronom "elle".
Exemple 2
Type neutre : Je n’ai pas vu tes lunettes.
COD
Exemple 3
Type neutre : Il avait du courage.
COD
Type emphatique : Du courage, il en avait.
Pronom
COD
Le complément d’objet direct "du courage" est placé en tête, détaché de
l’énoncé par une pause et remplacé par le pronom personnel "en" complément
d’objet direct de "avait".
Exemple 4
Type neutre : Je n’ai pas touché à tes affaires.
COI
Type emphatique : A tes affaires, je n’ y ai pas touché.
Pronom
COI
Mise en relief par addition d’un pronom disjoint (moi, toi, lui, vous, eux,
etc.)
Exemple 1 :
Type neutre : J’ai toujours eu peur des araignées.
Type emphatique : Moi, j’ai toujours eu peur des araignées.
Exemple 2 :
Type neutre : Sortez de mon bureau immédiatement.
Type emphatique : Vous, sortez de mon bureau immédiatement.
Exemple 3 :
Type neutre : Mon père ne ment jamais.
Type emphatique : Mon père, lui, ne ment jamais.
Exemple 4 :
Type neutre : Nos voisins font du bruit tous les soirs.
Type emphatique : Nos voisins, eux, font du bruit tous les soirs.
Remarque : lorsque l’élément sur lequel porte l’emphase est sujet, le présentatif
est "c’est…. qui"
Exemple 1
Type neutre : J’ai toujours habité dans cet immeuble.
C.C. de lieu
Type emphatique : C’est dans cet immeuble que j’ai toujours habité.
Exemple 2
Type neutre : Mon appartement a été cambriolé pendant la nuit.
C.C. de temps
Type emphatique : C’est pendant la nuit que mon appartement a été cambriolé.
Exemple 3
Type neutre : Il a ouvert la porte avec une fausse clef.
C.C. de moyen
Type emphatique : C’est avec une fausse clef qu’il a ouvert la porte.
Exemple 4
Type neutre : A-t-il allumé le chauffage à cause du froid ?
C.C. de cause
Type emphatique : Est-ce à cause du froid qu’il a allumé le chauffage ?
L’utilisation de la mise en relief
J’achèterai cette
→ Ce sera cette moto que j’achèterai
moto
• Le présentatif peut varier en nombre selon que l’élément mis en relief est
singulier ou pluriel.
Les Types facultatifs que nous venons d’isoler peuvent se combiner entre eux et
avec chacun des types fondamentaux.
N’est-ce pas demain que ton frère sera reçu par le ministre ?
Toute phrase se définit par sa structure, c’est-à-dire par les éléments qui la
constituent. Mais comment déterminer ces éléments ? Prenons par exemple la
phrase suivante :
Mon voisin regarde la télévision.
Nous pouvons remplacer "regarde la télévision" par "répare sa voiture" et
obtenir une autre phrase française : Mon voisin répare sa voiture
Les deux éléments "regarde la télévision" et "répare sa voiture" peuvent se
substituer l’un à l’autre. De même, nous pouvons remplacer "répare sa voiture"
par "dort" et obtenir une autre phrase française "Mon voisin dort"
Les deux éléments "répare sa voiture" et "dort" peuvent se substituer l’un à
l’autre. En revanche, nous ne pouvons pas remplacer mon "Mon voisin" par
"dort". Ces deux éléments ne peuvent se substituer l’un à l’autre.
Cependant, nous pouvons remplacer "Mon voisin" par "Mon frère" et obtenir
une autre phrase française : Mon voisin regarde la télévision.
Ceci nous permet donc d’isoler deux blocs dans la phrase : Mon voisin regarde
la télévision. Un bloc composé de deux mots : mon et voisin qui vont ensemble,
qui constituent une unité syntaxique puis un autre bloc formé trois mots :
regarde, la puis télévision, qui vont ensemble, qui constituent une autre unité
syntaxique.
Ces deux unités que nous avons isolées s’appellent Syntagme et elles forment
les constituants immédiats de la phrase.
Les deux blocs que nous avons isolés grâce à la substitution s’appellent des
Syntagmes. Le 1er syntagme "Mon voisin" (de qui on parle : le thème) dont le
noyau est un nom "voisin" est le syntagme nominal et le 2ème syntagme
"regarde la télévision" (ce que l’on en dit : le propos) dont le noyau est un verbe
"regarde " s’appelle le syntagme verbal ; dans chaque phrase, nous avons un
syntagme nominal et un syntagme verbal. Le syntagme nominal est abrégé en
(SN) et le syntagme verbal en (SV).
Ainsi, beaucoup de phrases sont constituées d’un SN et d’un SV. Le syntagme
nominal (SN) et le syntagme verbal (SV) sont des constituants obligatoires.
Les syntagmes facultatifs (SP)
Si certaines phrases sont constituées de deux grands blocs que nous avons
appelés syntagme nominal (SN) et syntagme verbal (SV), d’autres, par contre
sont constitués de trois grands blocs. C’est le cas de la phrase : Mon voisin
regarde la télévision à vingt heures.
Le matériau de cette phrase est constitué :
Ce troisième bloc est constitué de deux éléments, "à", qui est une préposition et"
vingt heures", qui est un syntagme nominal. Il a deux particularités: il est
mobile, c’est-à-dire que nous pouvons le déplacer (A vingt heures,mon voisin
regarde la télévision) et il est facultatif, c’est-à-dire que nous pouvons l’effacer,
le supprimer sans que la phrase cesse d’être française).
prép SN
prép SN
prép SN
• Un adverbe
• Un groupe nominal
Les enfants ont écouté leur enseignant, les bras croisés
SP (prép = ø)
Dans certains cas, les phrases sont constituées d’un ou plusieurs SP.
Lorsque le syntagme nominal (ce dont on parle) est le 1er constituant essentiel de
la phrase, il a la fonction Sujet, en abrégé (SNS). Mais les SN n’ont pas tous la
fonction Sujet. En effet, nous pouvons trouver des SN dans le SV et dans ce cas,
ils font partie des éléments qui composent le SV et ils sont alors des syntagmes
nominaux compléments de verbe (SN.CV). Le SN est à son tour formé d’un ou
de plusieurs constituants.
Mahmoud il
N Pro
Le voisin
D N
son frère
D N
sa sœur
D N
- Un adjectif seul.
Ex : un voisin aimable
Adj
Ex : un
très aimable
voisin
Adv Adj
Ex : un
fier de ses enfants.
voisin
Adj c. de l’adj
• Un complément du nom :
Ex : un
de mon beau-père
voisin
c. du nom
Ex : un
qui habite au 1er étage.
voisin
Pro. relative
Le syntagme verbal (SV)
Le syntagme verbal est le 2ème constituant essentiel de la phrase.
Sa fonction est PREDICAT de la phrase ( ce que l’on dit du sujet). Il peut être à
son tour formé d’un ou de plusieurs constituants.
Selon que l’action demeure dans le verbe ou passe sur le complément, nous
pouvons avoir plusieurs cas de structures :
• SV → V (verbe intransitif )
Ex : Le bébé dort.
L’enfant pleure.
Les avocats chôment.
Le verbe d’état attribue une qualité au SNS. Nous pouvons avoir plusieurs cas
de structures :
Il arrive parfois que la préposition soit effacée (ensemble vide Ø), autrement dit
le constituant est appelé syntagme prépositionnel sans que la préposition soit
apparente ; il suffit que le constituant soit facultatif et mobile pour qu’il soit
considéré comme syntagme prépositionnel complément de phrase.
Ex : Le voyageur va à la gare.
Le chauffeur appuie sur l’accélérateur.
Le directeur est dans son bureau.
La mère a offert une montre à son fils.
Le SP comme élément du SN (SP.CN)
Dans les chapitres précédents, nous avons étudié la constitution d’un certain
nombre de phrases. Nous avons constaté que l’organisation des mots en phrases
obéit à des règles, que les mots ne se combinent pas n’importe comment.
Ainsi : "Mon père arrivera demain" est une phrase,
mais : * "Mon demain arrivera père" ne l’est pas.
L’ensemble des règles permettant d’assembler les mots d’une langue en phrases
constitue la Grammaire de cette langue :
Phrase
Mon frère est
arrivé
Type Matériau
Phrase →
Σ
Type → Matériau →
T P
Σ
Mon frère est arrivé
T P
mon frère est
Décl
arrivé
La phrase Σ, Mon frère est arrivé., est constitué du type (T) Déclaratif (D), et du
matériau, P, mon frère est arrivé.
De Σ partent deux traits, l’un qui aboutit à T, l’autre qui aboutit à P. C’est la
représentation : Σ T + P.
SN
D N
Nous avons vu également que le syntagme verbal a remis les copies est
constitué de deux éléments : a remis et les
copies.
A remis est un verbe (V) et les copies est un syntagme nominal (SN).
V SN
Le verbe est a remis, le SN est les copies, qui est lui-même constitué d’un
Déterminant, les, et d’un nom, copies ; c’est-à-dire que nous avons de nouveau
l’application de la règle SN D + N, « SN se réécrit D + N » :
SV
V SN
D N
Nous ajoutons cette dernière portion d’arbre à ce que nous avions, et l’arbre
complet représentant la structure syntagmatique de la phrase est le suivant :
Phrases complexes :
Les relatives
Lorsque nous avons abordé la notion de SN, nous avons vu que la Proposition
Relative (PR) comme le Syntagme Adjectival (SA) ou le complément de nom
(CN) est un Qualifiant (Q). Nous pouvons donc dire que la relative joue le
même rôle qu’un SA ou un CN. De ce fait, la relative fait partie du SN comme
le SA ou le CN, et on en voit la preuve dans le fait qu’au passif, c’est tout le SN,
avec la relative, le SA ou le CN, qui devient complément d’agent.
Mais la relative, qui est une des possibilités de constitution du qualifiant, est en
réalité issue d’une phrase tout entière.
"Le malade qui n’approuvait pas le traitement a-t-il été conseillé par le
médecin ? "
"Les médicaments ont-ils été pris par le malade qui n’approuvait pas le
traitement ? "
P → le malade qui approuvait le traitement a pris les médicaments
"Mon fils aurait-il prêté le livre que ma fille aînée n’a pas lu ? "
La première, la phrase matrice, est : "Mon fils aurait-il prêté le livre ? "
La deuxième, qui deviendra la relative, est : "Ma fille aîné n’a pas lu ce livre.
"
Cette représentation en arbre peut être utilisée avec toute une série de verbes
comme :
1. apprendre,
2. croire,
3. dire,
4. penser,
5. supposer,
6. savoir,
7. déclarer,
8. etc.
Dans ce cas, le fait que le sujet de la deuxième phrase soit identique au sujet de
la première phrase permet de supprimer le deuxième ce médecin. On doit alors
mettre le verbe à l’infinitif (travailler), ce qui entraîne la disparition de que :
On peut former une seule phrase en mettant : Aimes-tu ton frère ? à la place de
une chose et en substituant à l’interrogation directe (aimes-tu ?) , l’adverbe si.
On obtient alors la phrase suivante :
"Je me demande si tu aimes ton frère."
La phrase :
représente la réunion de la phrase : "Sofiane n’est pas parti avant une chose. "
Sofiane n’est pas parti avant une chose le film est fini
Σ T + P
T Décl
P SN + SV + SP
SN D + N
SV V + SN
SP Prép + SN
Et si on le lit de BAS EN HAUT ? ce que cet arbre montre, c’est que les mots
d’une phrase ne sont pas simplement les uns à la suite des autres, mais ils
entretiennent entre eux des relations syntagmatiques. Nous voyons que chaque
mot est inscrit sous un nœud, et que de ce nœud part une branche qui, avec une
autre branche, converge vers un même nœud supérieur. Les mots inscrits sous
des nœuds dominés par un même nœud forment un constituant, de nature
donnée par l’étiquette du nœud supérieur.