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Résumé

On choisit les séries de Fourier comme décor, et on présente, autour du


thème retenu, des méthodes d´analyse instructives et essentielles pour mener
à bien quelques problèmes classiques ou parfois originaux. La transforma-
tion d´Abel et le raisonnement par densité-fermeture sont, pour exemples,
maintes fois illustrés, voire décortiqués. Des techniques plus subtiles, comme
la ”découpe-variable” lorsqu´on estime certaines sommes, trouvent aussi leur
place.
On a tout au long du texte le souci d´illustrer, et afin de donner à
l´ensemble une certaine unité, on évite trop de dispersions dans le choix des
exemples. Ainsi un résultat est souvent
P réinvesti ou sert de tremplin pour
illustrer un autre outil ; l´égalité ∞ sin nt π−t
n=1 n = 2 valable pour 0 < t < 2π
est établie par la méthode de sommation d´Abel-Poisson et est réobtenue un
peu plus tard par le lemme de Riemann-Lebesgue. On retrouve cette série
de sinus (et sa convergence uniforme compacte sur ]0, 2π[) lorsqu´on justifie
P∞ sin n P∞ sin2 n
la curieuse égalité n=1 n = n=1 n2 , qui par ailleurs tombe après
une utilisation du théorème de Dirichlet. Cette Régalité est d´autantR +∞ sin2plus
+∞ sin t t
amusante qu´on rencontre sa ”version intégrale” 0 t dt = 0 t2
dt.
Autre objectif du texte, mettre en parallèle le discret et le continu. C´est
l´occasion de montrer quelquesP analogies entre les séries entières et les trans-
|sin n|
formées de Laplace, d´établir N n=1 n ∼+∞ π2 ln N (question posée dans
RX
RMS4-2002) avec en tête le très classique 1 |sint t| dt ∼+∞ π2 ln X...
Enfin, certains résultats importants sont approchés sous plusieurs angles ;
la densité des polynômes trigonométriques dans (C2Π (R, C), k k∞ ) est par
exemple prouvée par densité-fermeture, envisagée différemment en annexe
(point de vue de Korovkin), et établie de façon originale (page 22) grâce au
noyau de Gibbs.
Première partie
Vers le développement de Fourier
1 Des polynômes aux polynômes trigonométriques
A] coefficients d´un polynôme
P
On considère un polynôme P (X) de C[X] qui s´ecrit nk=0 ck X k .
La fonction t 7→ P (eit ) de R dans C est continue sur R et :
Z 2π n Z
X 2π n
X
it −ikt
∀0 6 k 6 n P (e )e dt = cl ei(l−k)t dt = 2πcl δk,l
0 l=0 0 l=0

donc chaque coefficient ck est donné par la relation :


Z 2π
1
P (eit )e−ikt dt = ck (0 6 k 6 n)
2π 0

En particulier, on a :
Z 2π
1
P (0) = P (eit )dt (= c0 )
2π 0

corollaire pour a ∈ C et ρ ∈ R∗+ ,


Z 2π
1
P (a) = P (a + ρeit )dt
2π 0

(appliquer l´égalité précédente au polynôme P (a + ρX))

Cette relation exprime que la valeur d´un polynôme P (X) au centre d´un
disque est égale à la valeur moyenne de P (X) sur le cercle-frontière.

On dit que les polynômes de C[X] possèdent la propriété de la moyenne.

Remarque : par linéarité de l´application ”partie réelle” Re, la fonction


Re(P ) (qui est à valeurs réelles) possède aussi la propriété de la moyenne.

application : principe du maximum Un polynôme de C[X] non constant


n´a pas de maximum local sur C.

Par l´absurde, ∃a ∈ C ∃r > 0 ∀z ∈ D(a, r) | P (a) |>| P (z) | avec


| P (a) | nécessairement non nul (Sinon, la fonction polynômiale P s´annule
sur D(a, r) et est donc identiquement nulle)

1
1
Quitte à remplacer P par |P (a)| P (a + rX),
on peut supposer : a = 0 ; r = 1 ; | P |6 1 =| P (0) | sur D̄ = D(0, 1).
Enfin, en multipliant au besoin P par un complexe de module 1, on se ra-
mène au cas où P (0) = 1

On envisage l´application g : z 7→ Re(1−P (z)) = 1−Re(P (z)) de D̄ dans R.

• g > 0 sur D̄ car g = 1 − Re(P ) > 1− | P |

• Pour z ∈ D̄, g(z) = 0 ⇔ Re(P (z)) = 1


⇔| P (z) |= Re(P (z)) = 1 car 1 >| P (z) |> Re(P (z))
⇔ P (z) = 1
Autrement dit, la fonction g détecte les endroits où P (X) prend la
valeur 1.

Puisque g possède la propriété de la moyenne,


Z 2π
1
g(eit )dt = g(0) = 0
2π 0

Par continuité et positivité de t 7→ g(eit ) sur [0, 2π], on a :

∀t ∈ [0, 2π] g(eit ) = 0 ie P (eit ) = 1

Le polynôme P −1 a donc une infinité de racines, donc P (X) est le polynôme


constant 1. Contradiction.

exercice Soit : a1 , a2 , ..., an n nombres complexes.


Montrer qu´il existe un complexe z0 de S 1 tel que la distance de z0 à l´origine
soit inférieure à la moyenne des distances de z0 aux ak .
Q P
a) On pose : P (X) = 16k6n (X − ak ). P (X) s´ecrit aussi nk=0 ck X k .
La fonction | P |, continue sur le compact S 1 , est bornée et atteint son
maximum M en un certain z0 deRS 1 .
1 2π it
Pour tout 0 6 k 6 n, | ck | 6 2π 0 | P (e ) | dt 6 M .
En particulier, cn = 1 6 M =| P (z0 ) |
1 Q 1
b) Par croissance de x 7→ x n sur [1, +∞[, on a : 1 6 16k6n | z0 − ak | n et
par l´inégalité arithmético-géométrique,
n
1X
1 =| z0 − 0 |6 | z0 − ak |
n
k=1

2
B ] formule de Parseval
P P
Pour θ dans R, on a : | P (eiθ ) |2 = P (eiθ )P (eiθ ) = nk=0 nj=0 ck cj ei(k−j)θ
R 2π P P P
donc : 0 | P (eiθ ) |2 dθ = 2π nk=0 nj=0 ck cj δk,j = 2π nk=0 | ck |2

d´où la formule de Parseval :


Z 2π n
X
1 2
| P (eiθ ) | dθ = | ck |2
2π 0 k=0

Pn k
exercice Soit : P (X) = k=0 ck X un polynôme unitaire de C[X] tel
1 ) ⊂ S 1 . Montrer que : P (X) = X n
que : P (S
Retrouver le principe du maximum pour les polynômes unitaires.

1
R 2π iθ 2 iθ 2
On a : 2π 0 | P (e ) | dθ = 1 car ∀θ ∈ [0, 2π] | P (e ) | = 1
Pn−1 2
donc : k=0 | ck | + 1 = 1. Ceci impose : ck = 0 pour 0 6 k 6 n − 1
ie P (X) = X n

Pourquoi ne peut-on pas avoir : | P |6| P (0) |= 1 sur D̄ ?


1
R 2π it
On raisonne par l´absurde. Il vient : 2π 0 | P (e )R |dt 6| P (0) |
1
R 2π it 2π it
Par ailleurs, l´égalité P (0) = 2π 0 P (e )dt donne 0 | P (e ) |dt >| P (0) |

On a alors : Z 2π
[1− | P (eit ) |] dt = 0
0 | {z }
intégrande nulle car continue positive
1) S 1,
donc : P (X) = X n .
donc : P (S ⊂
Impossible car | P (0) |= 1
Pn k
exercice Soit : P (X) = k=0 ak X ∈q
C[X] tel que P (0) = 1 et P (1) = 0.
1
Alors il existe ξ ∈ S1 tel que : | P (ξ) |> 1+ n

On a : a0 = 1 et 1 + a1 + ... + an = 0
Par Cauchy-Scharwz, 1 =| a1 + ... + an |2 6 n [| aR1 |2 +...+ | an |2 ]

d´où : 1 + n1 6| a0 |2 + | a1 |2 +...+ | an |2 = 2π 1 iθ 2
0 | P (e ) | dθ
Par la formule de la moyenne appliquée à la fonction réelle continue
θ 7→| P (eiθ ) |2 , on choisit θ0 ∈ [0, 2π] tel que :
Z 2π
1
| P (eiθ ) |2 dθ =| P (eiθ0 ) |2
2π 0
D´où le résultat.

3
remarque : cette formule de Parseval n´est pas équilibrée ; le membre
de droite est donné par les n + 1 coefficients c0 , ..., cn qui définissent P (X)
alors que le membre de gauche nécessite la connaissance ”continue” de P (X)
sur S 1 . On peut en fait discrétiser S 1 par les racines (n + 1)ème de 1 et
1
R 2π iθ 2 1 Pn l 2

i n+1
remplacer 2π 0 | P (e ) | dθ par n+1 l=0 | P (ωn ) | où ωn = e .
Pn Pn Pn Pn (k−j)l Pn Pn
( l=0 | P (ωnl ) |2 = k=0 j=0 ck cj l=0 ωn = (n+1) k=0 j=0 ck cj δk,j )

2 Des séries entières aux séries trigonométriques


A ] coefficients d´une série entière
P
Soit : an z n une série entière de rayon de convergence R
(R dans R∗+ ∪ {+∞}) et soit : P 0 < r < R.
On note f l´application z − 7 → ∞ n
n=0 an z de D(0, R) dans C (continue sur
le disque ouvert de convergence) et gr l´application θ − 7 → f (reiθ ) continue
sur R.

1] Egalités de Cauchy
Pour p fixé dans N, pour n > 0 et θ ∈ [0, 2π], on a :
X
| an r n ei(n−p)θ | 6 | an | r n et | an | rn converge

P
donc an rn ei(n−p)θ converge normalement en θ sur [0, 2π].

Il vient par interversion des signes de sommation :


Z 2π Z 2π ∞
X Z 2π
−ipθ iθ −ipθ n
gr (θ)e dθ = f (re )e dθ = an r ei(n−p)θ dθ = 2πap r p
0 0 n=0 0

c.a.d :
Z 2π
1
f (reiθ )e−ipθ dθ = ap rp (p > 0)
2π 0

exercice : théorème de LIOUVILLE On suppose : R = +∞


et f bornée sur C. Alors f est constante sur C.

Z 2π
1 1 k f k∞
∀n > 1 ∀r > 0 | an | 6 n k f k∞ dθ 6
r 2π 0 rn

On fait tendre r vers +∞ et on obtient :


∀n > 1 an = 0

4
exercice : contrôle polynômial de | f | On suppose : R = +∞
On suppose aussi :

∃(M, C) ∈ ]0, +∞[2 ) (∃k ∈ N) [ | z |> C =⇒| f (z) |6 M | z |k ]

Alors f est un polynôme.

Pour r > C et n ∈ N, on a :
Z 2π Z 2π
n iθ −inθ
2π | an | r =| f (re )e dθ |6 [M r k ]dθ = 2π M rk
0 0

Le membre de gauche est équivalent en +∞ à 2π | an | r n et le membre de


droite à 2πM rk . L´inégalité impose : an = 0 pour n > k.

2] Et la partie réelle s´en mêle


On note P la partie réelle de f . Pour R > r > 0 et θ ∈ R, on écrit :
+∞
X
2 P (reiθ ) = rp (ap eipθ + ap e−ipθ )
p=0

Par convergence normale en θ sur [0, 2π], on a :


Z 2π Z 2π
∗ 1 iθ −inθ 1
∀n ∈ N an = n P (re ) e dθ ; 2Re(a0 ) = P (reiθ )dθ
πr 0 π 0

exercice : contrôle polynômial discret de Re(f ) Donnée : R = +∞


On suppose qu´il existe une suite (rj )j∈N de réels positifs, croissante vers
+∞, et qu´il existe 2 réels strictement positifs C et k tels que :

(∀θ ∈ R) (∀j ∈ N) P (rj eiθ ) 6 C rjk

(Autrement dit, sur chaque cercle C(0, rj ), la partie réelle de f est dominée
par le monôme Cz k )
Alors f est un polynôme de degré inférieur à k.
R 2π
Pour n dans N∗ et pour j dans N, an = πr1n 0 [P (rj eiθ) ) − Crjk ]e−inθ dθ
j
donc :
Z 2π
1 1
| an |6 n [Crjk − P (rj eiθ) )]dθ = n [2πCrjk − 2πRe(a0 )].
πrj 0 πrj

Pour n fixé supérieur strictement à k, on obtient : an = 0 en faisant tendre


j vers +∞.

5
exercice On suppose : R > 1. Si P = Re(f ) est à valeurs positives,
alors : ∀n ∈ N∗ | an |6 2 Re(a0 ).
R 2π
Pour 0 < r < 1 et 1 6 n, on a : an = πr1n 0 P (reiθ ) e−inθ dθ
R 2π
donc πrn | an |6 0 P (reiθ )dθ = 2πRe(a0 ), d´où le résultat en faisant
tendre r vers 1.

remarque Si on note Q la partie imaginaire de f , on a Q = Re(−if )


donc :
Z 2π
∗ i
∀0 < r < R ∀n ∈ N an = n Q(reiθ )e−inθ dθ
πr 0

exercice On suppose que R est supérieur ou égal à 1, que (an ) est une
suite de réels avec a0 = 0, a1 = 1. Si f est injective, alors ∀n ∈ N | an |6 n.

Pour z ∈ D, les coefficients an étant réels, on a : f (z̄) = f (z).


z ∈ R ⇔ z = z̄ ⇔ f (z) = f (z̄) (f est injective)⇔ f (z) = f (z) ⇔ f (z) ∈ R.
Q = Im(f ), continue sur le connexe (convexe) Ω = D ∩ {Im(z) > 0}, ne
s´annulePpas sur Ω donc Q y garde un signe constant. Or, pour t > 0,
Q(it) = ∞ n
n=0 (−1) an t
2n+1
∼0+ t, donc pour t voisin de 0+ , Q(it) et t ont
le même signe, d´où : Q > 0 sur Ω.

Soit à présent r ∈]0, 1[.


On vérifie facilement que θ 7→R Q(re−iθ ) est impaire, donc pour n ∈ N∗ ,
π
le réel an s´écrit : R an = πr2n 0 Q(reiθ ) sin nθ dθ. Avec Q(reiθ ) > 0 sur
π
]0, π[, | an |6 πr2n 0 Q(reiθ ) | sin nθ | dθ. Enfin, par recurrence sur n :
| sin nθ |6 n sin θ, ce qui donne : | an |6 rna n
n−1 = r n−1 . D´où le résultat en
1

faisant tendre r vers 1.

3] Noyer le Poisson ?
• En multipliant au besoin f par un complexe de module 1,
on peut supposer a0 ∈ R.
Pour | z |< r et t ∈ [0, 2π] , on a :

z n |z| n
| P (reit ) ( ) |6 ( ) k t 7→| P (reit ) | k∞
reit r
donc, par convergence normale en t, on a :

X Z Z 2π ∞
X
1 2π P (reit ) n 1 it z
f (z) = a0 + [ dt]z = P (re )[1 + 2 ( it )n ]dt
π 0 (reit )n 2π 0 re
n=1 n=1
P∞ z n reit +z
Or : 1 + 2 n=1 ( reit ) = reit −z

6
d´où : Z 2π
1 reit + z
f (z) = P (reit )[ ]dt
2π 0 reit − z
En prenant la partie réelle des 2 membres, on obtient la formule de Poisson :
Z 2π
1 r 2 − | z |2
P (z) = P (reit ) dt (| z |< r < R)
2π 0 | reit − z |2
qui s´écrit aussi :
Z 2π
ix 1 r 2 − ρ2
∀x ∈ R ∀0 6 ρ < r P (ρe ) = P (rei(t−x) ) dt
2π 0 r 2 − 2rρ cos t + ρ2
| {z }
noyau de P oisson

Cette formule intégrale exprime la fonction P dans le disque D(0, r) à l´aide


de P sur le bord du disque .

• Diverses expressions du noyau de Poisson.

On pose :
r2 − ρ2
Pρ (θ) = (θ ∈ R)
r 2 − 2rρ cos θ + ρ2
A ρ fixé dans [0, r[, Pρ (.) est une fonction 2π-périodique continue et à va-
leurs positives sur R.
1+ ρ e−iθ P∞ P∞
Pρ (θ) = Re[ 1− ρr e−iθ ] = Re[(1+ ρr e−iθ ) n=0 ( ρr )n e−inθ ] = Re[1+2 ρ n −inθ
n=1 ( r ) e ]
r

donc :

X ρ
Pρ (θ) = 1 + 2 ( )n cos(nθ)
r
n=1

Voici un portrait intéressant du noyau de Poisson : cette fonction des 2 va-


riables ρ et θ est un objet hybride mi-série entière mi-série trigonométrique.
1
R 2π
Par convergence normale en θ sur [0, 2π], on a : 2π 0 Pρ (θ)dθ = 1

On a aussi :

X ∞
X ∞
ρ n −inθ ρ n −inθ X ρ n inθ
Pρ (θ) = 1 + 2Re[ ( ) e ]=1+ ( ) e + ( ) e
r r r
n=1 n=1 n=1

donc :

X ρ
Pρ (θ) = ( )|n| einθ
−∞
r

7
B ] formule de Parseval
P
Soit
P : 0n <−inθ
r < R. Pour θ dans R, les 2 séries numériques an r n einθ et
an r e sont absolument convergentes donc leur série produit converge
absolument et le théorème de Cauchy assure que :
∞ X
X X X
ap rp aq r q ei(p−q)θ = ap r p eipθ aq r q e−iqθ =| f (reiθ ) |2
n=0 p+q=n p>0 q>0
P p q i(p−q)θ
| p+q=n
P ap r aq r pe | est majoré P indépendemment de θ par
un = p+q=n | ap r || aq rq | et, puisque
P un converge (produit de Cauchy
de la sériePabsolument
P convergente | ap | r p par elle-même), la série de
p
fonctions n p+q=n ap r aq r e q i(p−q)θ converge normalement sur [0, 2π].

On écrit alors :
Z 2π X X ∞
X
iθ 2 n
| f (re ) | dθ = r ap aq 2π δp−q,0 = | an |2 r2n 2π
0 n>0 p+q=n n=0

ie :
Z 2π ∞
X
1 2

| f (re ) | dθ = | an |2 r2n (0 < r < R)
2π 0 n=0

exercice : principe du maximum Si f n´est pas constante, f ne peut


admettre un maximum local en 0.

On a : Z 2π
2 1 2 2
| f (0) | =| a0 | 6 | f (reiθ ) | dθ (0 < r < R)
2π 0

donc : | f (0) |2 6 Mr2 où Mr = M axθ∈[0,2π] | f (reiθ ) |.

Si f admet un maximum local en 0, on choisit r dans ]0, R[


tel que | f (0) |2 = Mr2 . Ceci impose : | an |2 r2n = 0 pour n > 1
d´où an = 0 dès que n > 1.

exercice comportement ”litigieux” d´une série entière au bord


On suppose : R > 1 P
a) Si f est bornée (par M ) sur D(0, 1), alors | an |2 converge.
(un théorème de Fejer)
b) Si on suppose de plus que (an ) est à valeurs dans Z, alors f est un
polynôme.
P einα n
c) application : on envisage la série entière nβ
z avec les conditions
0 < α < 1 ; 1 − α < β < 12 . On peut montrer que sa fonction somme f ,
continue sur le disque ouvert de convergence D(0, 1), est définie sur le disque

8
fermé D(0, 1) et possède donc des limites radiales en tout point de S 1 .
(cf annexe 1 p.67 et RMS-6 fevrier 1994). Et pourtant, a) assure que f n´est
pas bornée sur D(0, 1) ; Il en résulte que f n´est pas continue sur D(0, 1).

Pour a) et b)
Pour 0 < r < 1 et N > 1,
N
X Z 2π
1 2
| an |2 r 2n 6 | f (reiθ ) | dθ 6 M 2
2π 0
k=0
PN
On fait : r −→ 1− et on obtient P : 2
n=0 | an | 6 M
2
(pour tout N > 1)
2
donc la série à termes positifs | an | converge.
En particulier : | an |2 −→ 0. Si on suppose que (an ) est à valeurs dans Z,
nécessairement an est nul à partir d´un certain rang.

C ] la fonction balayage au créneau


P sin(nu)
On veut étudier la série trigonométrique . Pour u dans R et n ∈ N∗ ,
Pn sin ku n
on pose : Gn (u) = k=1 k (Gn est appelé noyau de Gibbs)

1) convergence simple sur R


P
/ 2πZ, k dans N∗ , on pose : σk (u) = kn=0 sin(nu)
Pour u ∈
P i(k+1)u
• σk (u) = Im [ kn=0 einu ] = Im [ 1−e1−eiu ]
i(k+1)u
donc : | σk (u) |6| 1−e1−eiu |6 2
|1−eiu |
.
On peut aussi calculer σk (u) :
ei(k+1) u −i(k+1) u u
2 −ei(k+1) 2 2i
2 e
σk (u) = Im [ iu −i u i u
2i ]
e 2 e 2 −e 2
u sin((k+1) u )
= Im [eik 2 sin( u )
2
]
2
sin((k+1) u ) sin(k u
)
= 2
sin( u )
2
2
et on obtient l´inégalité : | σk (u) |6 |sin(1 u )|
2

• On regarde, p 6 q dans N∗ , la tranche de Cauchy


Pqpoursin(nu)
Cp,q (u) = n=p n . Par transformation d’Abel :

sin(pu)
Cp,q (u) = p + ... + sin(qu)
q
σp (u)−σp−1 (u) σp+1 (u)−σp (u) σ (u)−σ (u) σ (u)−σq−1 (u)
= p + p+1 + ... + q−1 q−1 q−2 + q q
= ( p1 − p+1
1 1
)σp (u) + ... + ( q−1 − 1q )σq−1 (u) + 1q σq (u) − 1p σp−1 (u)

1
Chaque σk (u) est borné par |sin( u )| , d´où :
2

1 1 1 1 1 1 1 2
| Cp,q (u) |6 u [( − )+...+( − )+ + ] 6 ♣
| sin( 2 ) | p p + 1 q−1 q q p p | sin( u2 ) |

9
Pour ε > 0 fixé, on choisit N dans N (qui dépend de u) tel que :
2
p|sin( u )| 6 ε dès que p > N . Pour p, q > N , on a : | Cp,q (u) |6 ε.
2
P sin(nu)
La série n vérifie donc le critère de Cauchy dans R complet
donc converge.
P∞ sin(nt)
2) expression de n=1 (0 < t < 2π)
n
P sin(nu) n
Pour u ∈ R, on considère la série entière réelle n x .
sin(nu) n |x|n
(∀ u ∈ R) (∀ − 1 < x < 1) | n x |6 n donc, par comparaison,
P sin(nu) n
n x converge absolument et on note S(x, u) sa somme.

Pour déterminer une expression simple de S(x, u), on f ixe x dans [0, 1[ et
on regarde la fonction S(x, .) définiePsur R.
La convergence normale en u de cos(nu) xn assure la dérivabilité de
S(x, .) sur R et pour u ∈ R, on a :
P∞ P∞ xeiu
(S(x, .))´ (u) = n iu n
n=1 cos(nu)x = Re( n=1 (xe ) ) = Re( 1−xeiu )
cos(u))−x2 sin2 (u)
= x cos(u)(1−x
(1−x cos(u))2 +(x sin(u))2
1 x cos u(1−x cos u)−x2 sin2 u
donc : (S(x, .))´ (u) = x sin(u) 2 (1−x cos u)2
1+( 1−x cos(u) )
x sin(u)
On reconnait la dérivée de f : u 7→ arctan( 1−x sin(u)
),
d´où, avec S(x, 0) = f (0) = 0,

x sin(u)
S(x, u) = arctan( ) (−1 < x < 1 ; u ∈ R)
1 − x cos(u)

x sin(t)
En particulier, on a, pour 0 < t < 2π, S(x, t) = arctan( 1−x cos(t) )
P sin(nt)
A t f ixé dans ]0, 2π[, puisque la série numérique n converge, par le
théorème d´Abel radial (cf annexe 1 page 67), on a :

X sin(nt)
limx→1− S(x, t) =
n
n=1

On fait tendre x vers 1 dans l´egalité ci-dessus et on obtient :


P∞ sin(nt) sin(t) 2 sin( 2t ) cos( 2t )
n=1 n = arctan( 1−cos(t) ) = arctan( 2 sin2 ( t )
) = arctan(tan( π2 − 2t )).
2
Comme − π2 < π
2 − t
2 < π2 , on a l´egalité :


X sin(nt) π−t
= (0 < t < 2π)
n 2
n=1

10
remarque 1
On peut établir de même que pour 0 < t < 2π,

X cos(nt) t
= − ln(2 sin )
n 2
n=1

remarque 2 P∞ sin(nt)
La méthode utilisée
R ∞ sin v pour calculer n=1 n rappelle le calcul de l´intégrale
oscillante 0 v dv par la transformée de Laplace ( cf page 34) et illustre
les analogies entre la dite tranformée et les séries entières.

3) pas de convergence uniforme sur [0, 2π]


π
• Pour n ∈ N∗ , on pose : xn = 6n .
P2n sin kxn P
Pour n > 0, k=n k > 12 2n 1 1 1 1
k=n k > 2 2n n > 4 donc le critère de Cauchy
uniforme n´est pas satisfait et la convergence n´est pas uniforme sur [0, 2π].

• Autre vision de l´affaire ; on suppose que (Gn ) converge uniformément


vers b sur [0, 2π]. Par inégalités triangulaires,

k b k∞ − k b − Gn k∞ 6k Gn k∞ 6k Gn − b k∞ + k b k∞

et par le théorème des gendarmes, k Gn k∞ →k b k∞ = π2 = 1, 57..


P sin k π
Or : k Gn k∞ > Gn ( πn ) = πn nk=1 k π n avec, par sommes de Riemann de
n
l´application continûment prolongée t 7→ sint t sur [0, π],
Z π
π sin t
limn→+∞ Gn ( ) = = 1, 85..
dt |{z}
n 0 t
admis
π
En passant à la limite dans l´inégalité ci-dessus, il vient : 2 > 1, 85..
Contradiction.

4) convergence uniforme compacte sur ]0, 2π[


Soit : 0 < δ < π. L´inégalité ♣ donne :
2 2
∀u ∈ [δ, 2π − δ] ∀p 6 q | Cp,q (u) |6 u 6 .
p | sin( 2 ) | p | sin( 2δ ) |
2
Soit : ε > 0. On choisit N dans N tel que : p > N ⇒ p|sin( δ2 )|
6 ε.
On a alors : | Cp,q (u) |6 ε dès que : N 6 p 6 q et u ∈ [δ, 2π − δ]
donc la série de sinus est uniformément de Cauchy sur [δ, 2π − δ],
donc converge uniformément sur [δ, 2π − δ].

Ce résultat est obtenu d´une autre façon page 38.

11
Pn sin kx
5) Gn (x) = k=1 k bornée indépendemment de n et x
On veut majorer k Gn k∞ par une quantité indépendante de n. Gn étant 2π-
périodique, impaire, continue en 0 et en π, il suffit de trouver une constante
K telle que :
∀n ∈ N∗ ∀x ∈]0, π[ | Gn (x) |6 K
Soit n ∈ N∗ et x ∈]0, Pn π[.1 On découpe
PmGn (x) arbitrairement
Pn :
1 1
pour 1 6 m 6 n, k=1 k sin kx = k=1 k sin kx P+ k=m+1 k sin kx.
n 1
On gère ensuite la tranche de Cauchy Cm,n = k=m+1 k sin kx.
1 2
| Cm,n |6 m+1 |sin x2 | d´après ♣
P P
Par ailleurs, | m 1
k=1 k sin kxP |6 x m sin kx
k=1 | kx | 6 mx
n 1
Par inégalité triangulaire, | k=1 k sin kx |6 mx + (m+1)2 sin x
2
L´inégalité de Jordan sin u > π2 u (u ∈ [0, π2 ]) donne alors
n
X 1 2
| sin kx |6 mx +
k (m + 1) πx
k=1

On choisit m = min (E( πx ), n). (Découpe dépendant de la variable x)


Si m = E( πx ), mx 6 E( πx )x 6 πx x 6 π et (m + 1) πx > ( πx − 1 + 1) πx > 1
d´où :
Xn
1
| sin kx |6 π + 2
k
k=1
Pm 1
Si m = n, m = n 6 x et | k=1 k sin kx |6 πx x = π
π

bilan : k Gn k∞ 6 π + 2
P∞ cos nx
6) pour tester les techniques précédentes : n=2 n ln n ∼x→0 ln (− ln x)
Les vérifications sont laissées au lecteur.
PN 2 1
• Pour x ∈]0, 2π[ et N > 2, | n=2 cos nx |6 |1−eix | et ( ln n )n>2 decroit
P cos nx
vers 0, donc par transformation d’Abel, n ln n converge. On note f (x) sa
somme. P cos nx
• La série de fonctions n ln n converge uniformément sur tout segment du
type [α, 2π − α] (α arbitraire dans ]0, π[), ce qui assure la continuité de f
sur ]0, 2π[.
• Pour x ∈]0, 2π[ et N = E( x1 ), on écrit (selon une découpe variable) :
P PN 1−cos nx P∞
f (x) = N 1
n=2 n ln n − n=2 n ln n +
cos nx
n=N +1 n ln n .
Pp cos nx
Chaque tranche de Cauchy n=N +1 n ln n (p > N ) est majorée en
4 1 4 1 4 1
valeur absolue par |1−eix | (N +1) ln (N +1) où : |1−eix | (N +1) ln (N +1) ∼x→0 x 1 ln 1
−4 P ∞ cos nx
x x
∼ ln x donc le reste n=N +1 n ln n tend vers 0 quand x tend vers 0.

12
P PN sin2 nx PN ( nx )2 x 2 PN
On a : 0 6 N 1−cos nx
n=2 n ln n = 2 n=2 n ln n 6 2
2
n=2 n ln n = 2
2 n
n=2 ln n
2 P
6 x2 N lnNN . Comme 0 6 x2 N 2 6 1, la somme finie N 1−cos nx
n=2 n ln n tend vers
0 quand x tend vers 0.
PN 1
RN dt
Par comparaison ”série-intégrale”, n=2 n ln n ∼N →+∞ 2 t ln t ∼ ln (ln N )
∼ ln (− ln x).

En définitive, f (x) ∼0 ln (− ln x)

13
Deuxième partie
Le décor
On veut mettre des hypothèses de régularité sur f : R → C pour représenter
f comme somme de série trigonométrique.
P P
Si une série de fonction du type an cos(nx) + bn sin(nx) ou cn einx
converge simplement en x0 , elle converge aussi pour x0 + 2π et les sommes
sont égales. Il est donc nécessaire de choisir f 2π-périodique.

1 espace de Dirichlet
On appelle Espace de Dirichlet le C-espace vectoriel noté D des fonctions
de R dans C , 2π-périodiques, continues par morceaux et vérifiant pour tout
réel x , f (x) = 12 [f (x+) + f (x−)]
Pour f dans D, on pose :
Z 2π
1
k f k∞ = sup | f (x) | et k f k1 = | f (t) | dt
x∈R 2π 0
k k∞ et k k1 sont des normes sur D.

2 complétude de C2Π (R, C) muni de la norme k k∞


On pose : E = {f ∈ C([0, 2π], C)Áf (0) = f (2π)}.
On considère l´application δ de (C([0, 2π], C), k k∞ ) dans C qui à u
associe le complexe u(2π) − u(0).
δ est une forme linéaire continue (facile !) de noyau E donc E , sous-espace
fermé du Banach (C([0, 2π], C), k k∞ ), est complet.
L´ application u −→ u| [0,2π] de C2Π (R, C) dans E est une bijection linéaire
isométrique donc C2Π (R, C) est un Banach.

3 norme hermitienne sur D


R 2π
(f, g) − 1
7 → (f | g) = 2π ¯
0 f g est un produit scalaire hermitien sur D et on
note k k2 la norme associée.
Pour k dans Z, on note ek l´application x 7→ eikx de R dans C.
La famille (ek ) est orthonormale pour ( | ), et donc libre dans D.
• A-t-on : (ek ) base de D ?
Non ! Sinon tout élément de D, combinaison linéaire finie des ek , est
continue. Penser à une fonction créneau.
• A-t-on : (ek ) base de C2Π (R, C) ?
Non ! Sinon tout élément de C2Π (R, C) est de classe C 1 sur R. Penser
à une fonction dent de scie continue.

14
exercice : la boule unité fermée de (C2Π (R, C), k k2 ) n´est pas
compacte. On prouve le résultat sans évoquer la dimension de C2Π (R, C).
Pour p 6= q dans Z, pour x dans R, | ep (x) − eq (x) |2 = 2 − 2Re(ei(q−p)x ).
On a alors : k ep − eq k22 = 2. Si la boule unité fermée de (C2Π (R, C), k k2 )
est compacte, la suite (ek )k∈N admet une valeur d´adhérence donc une sous
suite de Cauchy. Ce qui n´est pas.

On veut à présent savoir si (C2Π (R, C), k kp ) (p = 1, 2) est complet.


Ce problème revient à étudier l´equivalence des normes k kp et k k∞ .
En effet, si k kp et k k∞ sont équivalentes, alors toute suite de Cau-
chy pour k kp l´est aussi pour k k∞ , converge donc dans le Banach
(C2Π (R, C), k k∞ ) et par inégalité des normes, converge vers la même limite
pour k kp . Réciproquement, si (C2Π (R, C), k kp ) est complet, l´application
id : (C2Π (R, C), k k∞ ) → (C2Π (R, C), k kp ) est une bijection linéaire
continue entre espaces de Banach et, d´après le théorème de l´application
ouverte (cf annexe 2 page 71), sa réciproque est aussi continue, ce qui donne
alors l´equivalence de normes.

exercice : (C2Π (R, C), k kp ) (p = 1, 2) n´est pas complet. Le but


est d´exhiber une suite de Cauchy de (C2Π (R, C), k kp ) qui n´y converge
pas. Pour n dans N, on définit la fonction fn sur R par :

1. fn est 2π-périodique.

2. fn est paire.

3. fn (x) = n si 0 6 x 6 ( n1 )p+1 .
1
4. fn (x) = ( x1 ) p+1 si ( n1 )p+1 6 x 6 π

• (fn ) est de Cauchy dans (C2Π (R, C), k kp ).

Pour n < m dans N,


R ( 1 )p+1
k fm − fn kpp = 2π 1
2 0n | fm (t) − fn (t) |p dt
Z ( 1 )p+1
n 1 1
6 π1 [( ) p+1 − n]p dt
t
| →0 {z }
convergente en 0
1
R ( n1 )p+1 −p
6 π →0 t p+1 dt
p+1
6 nπ .

D´où le résultat.

• (fn ) n´est pas convergente dans (C2Π (R, C), k kp ).

Si (fn ) converge vers f dans (C2Π (R, C), k kp ),

15

on a : ∀α > 0 α | fn (t) − f (t) |p dt → 0. (X)
Pour n tel que ( n1 )p+1 < α, fn (x) = 11 sur [α, π]
Rπ x p+1
donc, avec (X), α | 11 − f (t) |p dt = 0.
t p+1
Par continuité et positivité de l´intégrande,
on obtient : f ≡ 11 sur [α, π] et ce pour tout α > 0.
x p+1
1
f coincide donc−→
avec x 7 1 sur ]0, π].
x p+1
1
Impossible car x 7 1 n´est pas continue en 0.
x p+1

On a même vérifié que (fn ) ne converge pas dans (D, k kp ), ce qui assure
que (D, k kp ) n´est pas complet.

exercice : k kp (p = 1, 2) n´est pas équivalente à k k∞ dans


C2Π (R, C). Résultat acquis avec l´exercice précédent et la complétude de
(C2Π (R, C), k k∞ ). Voici toutefois une preuve directe.

On raisonne par l´absurde.


On suppose : ∃C > 0 ∀f ∈ C2Π (R, C) k f kp > C k f k∞ .
Pour n dans N∗ , on définit la fonction fn sur R par :

1. fn est 2π-périodique.

2. fn est paire.

3. la restriction de fn à [0, n1 ] est l´application affine (0 7→ 1, 1


n 7→ 0).
1
4. fn (x) = 0 si n 6x6π

• On a : k fn k∞ = 1

• On a : k fn kpp 6 2π
1
−π | fn (t) | dt car fn est à valeurs dans [0, 1]
p 1 1
donc : k fn kp 6 2π 2 2n
1
1 p √1
donc : k fn kp 6 ( 2πn ) 6 2πn

• L’hypothèse de départ donne : ∀n ∈ N∗ √1 > C. Absurde !


2πn

exercice : C2Π (R, C) est dense dans (D, k k2 )

4 sous-espace T des polynômes trigonométriques


On note T le sous-espace de D engendré par la famille orthonormale (ek )k∈Z
et, pour p dans N, on pose : Tp = V ect(ek , −p 6 k 6 p).

16
T fermé dans (C2Π (R, C), k k∞ ) ?
on suppose que T est fermé dans le Banach C2Π (R, C). T est donc complet
et vérifie la propriété de Baire (cf annexe 2 page 71) ; chaque S.e.v Tp étant
fermé (S.e.v de dimension finie) et d’intérieur vide dans T (sinon Tp contient
une boule ouverte, et donc T par invariance par homothétie), la réunion
∪p∈N Tp est d’intérieur vide dans T . Absurde car ∪p∈N Tp = T

coefficients de Fourier
P
Dans le préhilbertien complexe T , tout élément x s´ecrit qk=p xk ek
Pq
(p, q ∈ Z) avec xk = (ek | x). Si y dans T s´ecrit k=p yk ek , on a :
Pq
(x | y) = k=p xk yk . Ces relations simples dans un préhilbertien muni
d´une base orthonormée justifient, pour une tentative de généralisation,
l´intérêt d´introduire les coefficients (ek | f ) lorsque f appartient à D.
déf inition : pour f dans D et n dans Z, on pose :
Z 2π
1
cn (f ) = (en | f ) = f (u)e−inu du
2π 0
P
cn (f ) est appelé coefficient exponentiel de f et la série de fonction cn (f )en
série de Fourier complexe de f .
P
remarque 1 : cn (f )en est dite convergente (enPun sens à préciser) quand
la suite des sommes partielles centrées Sp (f ) = pk=−p ck (f )ek converge en
ce sens.
remarque 2 : pour t dans R et pour n dans N∗ , on peut écrire :
cn (f )en (t) + c−n (f )e−n (t) = an (f ) cos(nt) + bn (f ) sin(nt)
où on a posé :
Z 2π Z 2π
1 1
an (f ) = f (u) cos(nu)du ; bn (f ) = f (u) sin(nu)du
π0 π 0
R 2π
On pose aussi : a0 (f ) = π1 0 f (u)du.
Lorsque f est à valeurs réelles, les an (f ) (n > 0) et bn (f ) (n > 1) sont
réels.P
On les appelle coefficients de Fourier réels de f et la série de fonctions
a0
2 + an (f ) cos(n.) + bn (f ) sin(n.) est appelée série de Fourier réelle de f .
Le terme a1 cos t + b1 sin t, de même période que le signal f , porte le nom de
terme fondamental. Le terme an cos nt + bn sin nt n ∈ N∗ , de période 2π n ,
est appelé harmonique de rang n.
premierPexemple :
si a20 + n∈N∗ an cos nx + bn sin nx est une série trigonométrique uniformé-
ment convergente, de somme f , alors nécessairement
P f est dans C2Π (R, C),
a0
et sa série de Fourier coincide avec 2 + n∈N∗ an cos nx + bn sin nx.

17
exercice a) Montrer que :
p
X
R 2π R 2π Pp
∀p ∈ N∗ 1
Sp (f ) = 2π 0 f (. − t) eikt dt = 1
2π 0 f (t) k=−p eik(.−t) dt
k=−p
| {z }
noyau de Dirichlet D p
b) Montrer que Dp est pair, 2π-périodique et continue sur R avec :

sin(p + 12 )t
∀t ∈]0, π] Dp (t) = et Dp (0) = 2p + 1
sin 2t

1
R 2π
c) Vérifier que : 2π 0 Dp (t)dt = 1

5 unicité des développements...première...action


Soit f non nulle dans C2π (R, R).
Alors les coefficients de Fourier de f ne sont pas tous nuls.

preuve : on raisonne par l´absurde en supposant que : ∀n ∈ Z cn (f ) = 0

Quitte à remplacer f par −f , on choisit c ∈ R tel que : f (c) > 0. On


vérifie sans peine, que pour n ∈ Z, cn (f (. − c)) = e−inc cn (f ) (cf infra). En
remplaçant au besoin f par f (. − c), on fait : c = 0. Par continuité de f en
0, on choisit 0 < h < π2 ; a > 0 tels que : f > a > 0 sur ] − h, h[.

Pour n ∈ N∗ et x ∈ R, on pose : v(x) = 1 + cos x − cos h ; Pn (x) = (v(x))n .


Rπ Rh R
−π f (x)P n (x)dx = −h + [−π,π]\]−h,h[
Rh R
> 2a 0 Pn (x)dx− k f k∞ [−π,π] | Pn |
\]−h,h[

v est impaire, décroit sur [0, π], est bornée par 1 sur [h, π]
Rπ Rh
De là : −π f (x)Pn (x)dx > 2a 0 Pn (x)dx − 2π k f k∞

La fonction cosinus est concave sur [0, h] (0 < h < π2 )


donc, pour x ∈ [0, h], cos x > 1 − 1−cos
h
h
x>0
d´où :
Z h Z h
1 − cos h n h 1
Pn (x)dx > (2 − cos h − x) dx = [(2−cos h)n+1 −1]
0 0 h 1 − cos h n + 1
Rπ 2ah 1 n+1
Il vient : 0 = −π f (x)Pn (x)dx > 1−cos h n+1 [(2 − cos h) − 1] − 2π k f k∞
Or le membre de droite de l´inégalité tend vers +∞ quand n tend vers +∞.
Contradiction !

18
6 régularité des éléments de C2Π (R, C)
propriété : toute fonction f continue 2π-périodique de R dans C est unifor-
mément continue.

preuve : la justification repose sur le théorème de Heine et sur une technique


de débordement.

• f est uniformément continue sur le segment [0, 4π] (Heine)


u v
• Si 2 réels u, v (u < v) sont 2π-proches, u − 2πE( 2π ) et v − 2πE( 2π )
sont simultanément dans [0, 4π].

• Soit ε > 0. On choisit α dans ]0, 2π] tel que :


∀x, y ∈ [0, 4π] | y − x |6 α ⇒| f (y) − f (x) |6 ε.
Si 2 réels u et v (u < v) sont α-proches, ils sont 2π-proches et leurs
u v
translatés x = u − 2πE( 2π ), y = v − 2πE( 2π ) sont α-proches dans
[0, 4π] d´où, par périodicité de f , | f (v) − f (u) |=| f (y) − f (x) |6 ε

exercice : compacité de Kf = {f (.+τ )\τ ∈ R} Soit : Ψ : τ −


7 → f (.+τ )
de [0, 2π] dans Kf .

• Ψ est continue sur [0, 2π].


Soit τ0 dans [0, 2π] et (τn )n∈N une suite de réels de [0, 2π] qui converge
vers τ0 . Soit : ε > 0. Par uniforme continuité de f sur R, on choisit
α > 0 tel que : ∀u, v ∈ R | u − v |< α ⇒| f (u) − f (v) |6 ε.
On choisit N dans N tel que : ∀n > N | τn − τ0 |< α.
∀n > N ∀x ∈ R | f (x + τn ) − f (x + τ0 ) |6 ε
d´où ∀n > N k f (. + τn ) − f (. + τ0 ) k∞ 6 ε .cqfd.

• Ψ est surjective.
Soit : f˜ = f (. + τ ) ∈ Kf . On pose : τ̃ = τ − 2πE( 2π
τ
). On a f˜ = Ψ(τ̃ )
avec τ̃ ∈ [0, 2π].

• A-t-on Ψ injective ?
NON ! Ψ(0) = Ψ(2π) ! Il ne faut pas rêver : si tel était le cas, Kf
serait homéomorphe à [0, 2π].
P
exercice : convergence simple et uniforme de ( n1 n−1 2kπ
k=0 f (. + n ))
pour f ∈ C2Π (R, C)
Pn−1
• Soit : x ∈ R. 2π n
2kπ
k=0 f (x + n ) est la somme de Riemann de f
2(n−1)π
associée à la subdivision (x, x+ 2πn , ..., x+ n , x+2π) et au pointage
2(n−1)π P
((x, x+ n , ..., x + n ). Comme f est continue, n1 n−1
2π 2kπ
k=0 f (x + n )
1
R x+2π
tend vers 2π x f (t)dt = c0 (f )e0 (x) quand n → +∞.

19
• Soit : ε > 0.
Pour x ∈ R, n ∈ N∗ , on pose :
n−1
1X 2kπ
∆n (x) =| f (x + ) − c0 (f )e0 (x) |
n n
k=0

1 Pn−1 2kπ 1
R x+2π
∆n (x) =| n k=0 f (x + n ) − 2π x f (t)dt |

On compare facilement des objets de même allure d´où l´idée d´écrire :


R x+2π Pn−1 R x+ 2(k+1)π
x f (t)dt = k=0 x+ 2kπ
n
f (t)dt.
n
Il vient :
1 Pn−1 2π 2kπ
R x+ 2(k+1)π
∆n (x) 6 2π k=0 | n f (x + n ) − n
x+ 2kπ
f (t)dt |
n

1 Pn−1 R x+
2(k+1)π
2kπ
6 2π k=0 | x+ n2kπ
n
(f (x + n ) − f (t))dt |
1 Pn−1 R x+
2(k+1)π
2kπ
6 2π k=0 x+ 2kπ
n
| f (x + n ) − f (t) | dt
n

Soit α > 0 tel que ∀u, v ∈ R | u − v |6 α =⇒| f (u) − f (v) |6 ε


On choisit N0 ∈ N tel que ∀n > N0 2π n 6α
2(k+1)π
Pour n > N0 , | f (x + n ) − f (t) |6 ε dès que t ∈ [x + 2kπ
2kπ
n , x+ n ].
1 2π
Pour x ∈ R, ∆n (x) 6 2π n n ε 6 ε. D´où le résultat.

exercice : ∀x ∈ R Sn (f )(x) − f (x) = ◦(ln n) (f ∈ C2Π (R, C))

Quitte à remplacer f par f − f (x), on peut supposer : f (x) = 0.


1
R0 1

Sn (f )(x) = 2π f (x − t)Dn (t)dt + 2π 0 f (x − t)Dn (t)dt
1
Rπ −π
1

= 2π R0 f (u)Dn (x − u)du+ 2π R0 f (x − t)Dn (t)dt (changement de variable)
1 π 1 π
= 2π R 0 f (u)Dn (u − x)du + 2π R 0 f (x − t)Dn (t)dt (Dn pair)
1 π 1 π
= 2π 0 f (x + t)Dn (t)dt+ 2π 0 f (x − t)Dn (t)dt (changement de variable)

donc : Z π
1
Sn (f )(x) = [f (x + t) + f (x − t)]Dn (t)dt
2π 0
La seule difficulté dans le contrôle de cette intégrale se situe au voisinage
de 0. Y cohabitent en effet le noyau Dn proche de 2n + 1 et le crochet
uniformément (par rapport à t) proche de f (x) = 0.

Soit ε > 0. On choisit δ > 0 tel que :

∀u, v ∈ R | u − v |6 δ ⇒| f (u) − f (v) |6 ε

20
Z

Rδ 2 k f k∞ π 1
| Sn (f )(x) |6 2π 0 | Dn (t) | dt + t dt
2π δ | sin 2 |
| {z }
constante K
ε
Rπ|sin (n+ 12 )t|
6 π 0 sin 2t
dt + K
R
ε π |sin (n+ 2 )t|
1
6 π 0 π t dt + K (∀x ∈ [0, π2 ] sin x > π2 x)
R (n+ 12 )π |sin u|
6 ε 0 u du + K

R (n+ 12 )π |sin u| R (n+1)π |sin u|


Or : 0 u du 6 0 u du
Rπ |sin u| Pn R (k+1)π |sin u|
6 du + k=1 kπ du
R π |sinu u|
0
Pn 1
R (k+1)πu
6 du + k=1 kπ kπ | sin u | du
R0π |sinu u| 2 Pn 1
6 0 u du + π k=1 k

Pn Rπ |sin u|
d´où : | Sn (f )(x) |6 ε π2 1
k=1 k +ε 0 u du +K

D´où le résultat.

application : densité de C2Π 1 (R, C) dans C (R, C) Pour f dans C (R, C),
2Π 2Π
R x+ 1
considérer la suite de fonctions fn : x 7→ n x n f (t)dt et montrer grâce à
l´uniforme continuité de f que (fn ) converge uniformément vers f .
k (R, C) dans C (R, C)
Au passage, on obtient ”en cascade” la densité de C2π 2Π
pour 1 6 k < +∞.

On peut aussi noter que ce résultat n´est pas étranger à la convolution ;


si on pose, pour u ∈ R et n ∈ N∗ , ρn (u) = n χ[0,1] (nu), fn est la convolée
de f par ρn . Il est assez rare pour noter que f n´est que continue et que le
noyau ρn n´est même pas continu alors que fn = f ∗ ρn est C 1 sur R.

7 Densité de T dans C2Π (R, C)


• 1•
énoncé : la famille (ek )k∈Z a, en plus d´être orthonormale dans (D, |), une
autre qualité remarquable : le sous-espace T (des polynômes trigonomé-
triques) qu´elle engendre est dense dans (C2Π (R, C), k k∞ ).

remarque : les inégalités k k1 6 k k2 6 k k∞ donnent la densité de


T dans (C2Π (R, C), k ki ). Enfin, la densité de C2Π (R, C) dans (D, k k2 )
assure la densité de T dans (D, k k2 ).

preuve : voici une démonstration originale ( ?) du théorème ”trigono-


métrique” d´approximation de Weierstrass. Elle repose sur la densité de

21
1 (R, C) dans C (R, C) et sur les propriétés des G (noyau de Gibbs)
C2Π 2Π n

L´idée est de montrer qu´une fonction g de C2Π 1


(R, C) est limite uniforme
des sommes partielles de sa série de Fourier (cas particulier du théorème de
convergence uniforme de Dirichlet), et donc limite uniforme de polynômes
trigonométriques. Maintenant une fonction f de C2Π (R, C) peut être ap-
1
prochée uniformément par un élément g de C2Π (R, C) d´où, en 2 temps, la
densité de T dans C2Π (R, C).
1
R 2π
Quitte à remplacer g par g − c0 (g), on peut supposer 2π 0 g =0
Pour n ∈ N∗ et x ∈ R, on pose : ∆n (x) = Sn (g)(x) − g(x).
R 2π P
• on écrit : Sn (g)(x) = 2π 1
0 [1 + 2 nk=1 cos(k(x − t))]g(t)dt
1
R 2π Pn
= 2π 0 [2 k=1 cos(k(x −P t))]g(t)dt car c0 (g) = 0
Les fonctions g et t 7→ 2 nk=1 cos(k(x − t)) sont de classe C 1 , donc par
intégration par parties :
Xn
2 sin(k(x − t)) R 2π Pn 2
Sn (g)(x) = 2π 1
{ [− g(t)]2π
0 + 0
0
k=1 k sin(k(x − t)) g (t)dt }
k
| k=1 {z }
=0 parpériodicité
1
R 2π Pn 2 0
= 2π 0 k=1 k sin kt g (x − t)dt
0
= 2 g ∗ Gn (x)

• On rappelle que ∀n ∈ N∗ ∀t ∈ R | Gn (t) |6 M avec M = π + 2 et on


remarque que la fonction g 0 , élément de C2Π (R, C), est bornée.

Pour 0 < δ < π,


Z Z Z
R
1 2π 0 1 δ 1 2π 1 2π−δ
Sn (g)(x) = π 0 g (x − t)Gn (t)dt = + +
π 0 π 2π−δ π δ
| {z } | {z }
borné par 2 πδ kg 0 k∞ M noté rn (x)

g 0 ∈ C2Π (R, C) étant bornée et (Gn ) convergeant uniformément sur [δ, 2π −δ]
R 2π−δ 0
vers b : t 7→ π−t2 , la suite de fonctions rn : x 7→ π1 δ g (x − t)Gn (t)dt
1
R 2π−δ 0
converge simplement vers r : x 7→ 2π δ g (x − t)(π − t)dt.

La convergence de rn vers r est même uniforme ; en effet, ∀x ∈ [δ, 2π − δ]


∀n ∈ N∗ | rn (x) − r(x) |6 π1 k g 0 k∞ (2π − 2δ) supt∈[δ,2π−δ] | Gn (t) − b(t) |
et le membre de droite de l´inégalité, via la convergence uniforme de (Gn )
vers b sur [δ, 2π − δ], tend vers 0 quand n tend vers +∞ indépendemment
de la variable x.
2M kg 0 k∞
• Pour n ∈ N∗ et x ∈ R, | ∆n (x) |6 π δ+ | rn (x) − g(x) |
| {z }
δn (x)

1
R 2π
| δn (x) |6| rn (x) − r(x) | + | r(x) − 2π 0 g 0 (x − t)(π − t)dt | +

22
1
R 2π 0
| 2π 0 g (x − t)(π − t)dt − g(x) |
1
R 2π 0 (x − t)] t dt − g(x) | car
Le dernier terme de la somme vaut : | 2π 0 [−g
R 2π
avec la 2π-périodicité et le caractère C 1 de g, 0 g 0 (x − t)π dt = 0. Par
R 2π
intégration par parties, 0 [−g 0 (x − t)] t dt = 2πg(x) donc ce dernier terme
est nul.
Le terme médian est borné par 2π δ
k g 0 k∞ π + [2π−(2π−δ)]
2π k g 0 k∞ π ie
k g 0 k∞ δ

• Soit ε > 0. On choisit N0 ∈ N tel que :


∀x ∈ R ∀n ∈ N n > N0 ⇒| rn (x) − r(x) |6 2ε .
Avec δ choisi dans ]0, π[ tel que (1 + 2M 0 ε
π ) k g k∞ δ 6 2 , on a :

∀x ∈ R ∀n > N0 | ∆n (x) |6 ε

exercice Unicité des développements en série de Fourier dans C2Π (R, C).
Si un élément h de C2Π (R, C) a tous ses coefficients de Fourier nuls, alors
h est l´application nulle. Ce résultat est le point de vue trigonométrique
de la version élémentaire (version ”continue”) du théorème des moments. Il
signifie que l´orthogonal de T dans C2Π (R, C) est trivial.

preuve : on envisage une suite (Pk )k∈N de polynômes trigonométriques


qui converge uniformément vers h̄ ∈ C2Π (R, C). h est bornée donc (hPk )
converge uniformément
R 2π sur RR, vers | h |2 .

D´où limk→+∞ 0 hPk = 0 | h |2 .
R 2π
Or : ∀k ∈ N 0 hPk = 0 car ∀n ∈ Z cn (h) = (h | en ) = 0.
R 2π
Il vient 0 | h | = 0 et par continuité et positivité de | h |2 , h = 0.
2

P
application : pour f ∈ C2Π (R, C), si | cn (f ) | converge, alors la série de
Fourier de f converge uniformément sur R vers f .
P
La convergence uniforme sur R de la série de fonctions continues cn en est
assurée par convergence normale. Soit g sa somme, élément
R Pde C2Π (R, C).
Dans le cn (g) (n ∈ Z), on peut intervertir les signes et et obtenir :
∀n ∈ Z cn (g) = cn (f ).
h = f − g appartient à C2Π (R, C) et a ses coefficients de Fourier nuls donc h
est l´application nulle. cqfd.
P
exercice Pour f ∈ C2Π (R, C) et n ∈ N∗ , on pose : un (f ) = n1 n−1
k=0 f (k).
1
R 2π
montrer (P (f )) : (un (f ))n∈N∗ converge vers I(f ) = 2π 0 f (t)dt.
Autrement dit, la suite (f (n))n∈N converge en moyenne de Césaro vers la
valeur moyenne de f .
1
R 2π
• ∀n ∈ N∗ un (e0 ) = 1 = 2π 0 e0

23
1 Pn−1 in
• ∀n ∈ N∗ un (e1 ) = n eik = n1 1−e
k=0 i1 donc : | un (e1 ) |6
2
n |1−ei1 |
1
R 2π 1−e
donc (un (e1 )) converge vers 0 = 2π 0 e1 .

Lorsqu´on enroule N autour de S 1 , la répartition obtenue sur S 1 montre


une certaine symétrie par rapport à l´origine.
Y-a-t-il des zones de concentration ?

• On remplace e1 par ep (p ∈ Z∗ ) et on enroule pN autour de S 1 .


Ces changements d´echelle visent à faire exploser les zones de concentration
éventuelles.
ipn
∀p ∈ Z∗ ∀n ∈ N∗ | un (ep ) |= n1 | 1−e 1−eip
2
|6 n1 |1−e ip |
1
R 2π
donc (un (ep )) converge vers 0 = 2π 0 ep

Les changements d´echelle ne perturbent pas la symétrie par rapport à 0.


D´où une certaine uniformité de la répartition. Ce phénomène n´est pas
”trop” surprenant si on a en tête que N + 2πZ est proche du sous-groupe
additif Z + 2πZ de R, dense dans R.

• Par linéarité de un (.) (n ∈ N∗ ) et de I(.), (P (.)) est stable par combinai-


sons linéaires donc valable pour les polynômes de T .

• stabilité de (P(.)) par convergence uniforme.


Soit f ∈ C2Π (R, C). On considère une suite (Pn ) de polynômes trigonomé-
triques qui convergent uniformément vers f sur R.
Pour n ∈ N∗ et k ∈ N,

un (f ) − I(f ) = un (f − Pk ) + un (Pk ) − I(Pk ) + I(Pk − f )

donc : | un (f ) − I(f ) |6 2 k f − Pk k∞ + | un (Pk ) − I(Pk ) |


par continuité des formes linéaires un et I pour la norme k k∞

Soit ε > 0 et kε ∈ N tels que : k f − Pk k∞ 6 ε


On a alors : | un (f ) − I(f ) |6 Mn = 2ε+ | un (Pkε ) − I(Pkε ) |
ε et kε étant fixés, on a : Mn → 2ε.
On choisit alors N0 dans N tel que : ∀n > N0 Mn 6 3ε.
D´où le résultat.

Autre point de vue :


on considère le sous-espace de C2Π (R, C) : Ω = {f ∈ C2Π (R, C)\(P (f )) est vraie}
et on prouve par densité-fermeture que Ω est C2Π (R, C).

N
X N
| sin k | 2X1 2
application : ∼ ∼ ln N (en + ∞)
k π k π
k=1 k=1

24
Pour N ∈ N∗ , on évalue
N
X N
| sin k | 2X1
∆N = −
k π k
k=1 k=1
Pk
Pour 1 6 k 6 N , on pose : uk =| sin k | − π2 et σk = p=1 up

σN σ1 PN −1 σk
• ∆N = N − 2 + k=2 k(k+1) par transformation d´Abel
P
• Pour 1 6 k 6 N , σk = k [ k1 kp=1 | sin p | − π2 ] donc, d´après l´exercice
(avec f : t 7→| sin t |), σk est négligeable devant k.
σN
1. N → 0 (N → +∞)
σk
2. k(k+1)
= ◦( k1 )
La série harmonique est une série à P
termes positifs divergente
donc par sommation de la relation ◦, N −1 σk
k=2 k(k+1) = ◦(ln N )

On a prouvé que ∆N est négligeable devant ln N.


D´où le résultat.

remarque : on a montré que la suite αn = n(2π), dense dans [0, 2π], vérifie :
n−1 Z
1X 1 2π
∀f ∈ C2Π (R, C) f (αk ) −→n→∞ f (t)dt.
n 2π 0
k=0

Ce type de propriété est lié à la répartition des termes de la suite dans


l´intervalle mais n´est pas une conséquence de la densité. Pour s´en convaincre,
on considère la suite βn =| sin n |, dense dans [0, 1]. Si f est la
R 1fonction 1-
périodique définie sur [0, 1] par f (x) = x(1 − x), on a : 11 0 f = 16 et
P 1 Pn−1 1 Pn−1
pourtant, n1 n−1k=0 f (βk ) = n
1
k=0 | sin k | − 2 + 2n k=0 cos 2k tend vers
2 1 1
π − 2 =
6 6 .

exercice Soit : f ∈ C2Π (R, C). On rappelle : Kf = {f (. + τ ) \ τ ∈ R}.


On suppose : ∀p ∈ Z cp (f ) 6= 0. Alors Hf = V ect(Kf ) est dense dans
(C2Π (R, C), k k∞ ).

Il suffit de vérifier que : ∀p ∈ Z ep ∈ H¯f .


On pose : ϕ = f e−p . D´après l´exercice page 19, la suite de fonctions
P 1 Pn−1 −ip 2kπ
( n1 n−1 2kπ
k=0 ϕ(. + n ) = [ n k=0 e
n f (. +
2kπ
n )]e−p ) converge uniformé-
ment sur R vers c0 (ϕ)e0 = cp (f )e0 ie :
n−1
1 X −ip 2kπ 2kπ
∀ε > 0 ∃N > 0 ∀n > N ∀x ∈ R | e n f (x + )e−p (x)−cp (f )e0 (x) |6 ε
n n
k=0

25
Or P :
−ip 2kπ
| n1 n−1
k=0 e
n f (x +
2kπ
n )e−p (x) − cp (f )e0 (x) |
1 P n−1 −ip 2kπ 2kπ
= | e−p (x) | | n k=0 e n f (x +
n ) − cp (f )ep (x) |
| {z }
=1
On a alors : cp (f )ep ∈ H¯f . Puisque cp (f ) 6= 0 et H¯f S.e.v de C2Π (R, C), on
a enfin : ep ∈ H¯f .

• 2• théorème de Fejer : Pn
1
pour f dans C2Π (R, C), la suite de fonctions σn (f ) = n+1 k=0 Sk (f ) converge
uniformément sur R vers f .

outils pour la preuve ; exercice a) Montrer que :


n k
1
R 2π 1 X X ilt 1
R 2π
∀n ∈ N∗ σn (f ) = 2π 0 f (. − t) e dt = 2π 0 f (t)Fn (. − t)dt
n+1
k=0 l=−k
| {z }
noyau de F ejer F n
On écrit : σn (f ) = f ∗ FnP
1 n
b) Montrer que Fn = n+1 k=0 Dk est pair, 2π-périodique, positif et continu
sur R avec :

1 sin2 (n + 1) 2t
∀t ∈]0, π] Fn (t) = et Fn (0) = n + 1
n+1 sin2 2t

1
R 2π
c) Vérifier que : 2π 0 Fn (t)dt = 1
Pn |k| 1 Pn
d) Vérifier que : Fn = k=−n (1 − n+1 )ek = n+1 k=−n (n + 1− | k |)ek
1 2
puis que F2n+1 = 2n+1 Dn
e) Noyau de Fejer au service du noyau de Gibbs P
Pour x ∈ [0, 1[ et t ∈ R, on pose de façon licite : S(x, t) = ∞ sin nt n
n=1 n x
x sin t
et on rappelle que : S(x, t) = arctan( 1−x cos t )
P P
• Montrer : S(x, .) ∗ Fn (t) = nk=1 sinkkt xk − n1 nk=1 sin kt xk
P
• En déduire : | nk=1 sinkkt xk |6 π2 + 1
• conclure que (k Gn k∞ ) est bornée.

La preuve du théorème de Fejer est donnée en annexe 3 page 72.

application 1 On retrouve l´unicité des développements en séries de


Fourier dans C2Π (R, C).

Si f , g appartiennent à C2Π (R, C) et si ∀k ∈ Z ck (f ) = ck (g),


alors ∀n ∈ N σn (f ) = σn (g) et en passant à la limite dans

k f − g k∞ 6k f − σn (f ) k∞ + k σn (g) − g k∞ ,

on obtient k f − g k∞ 6 0 ie f = g.

26
application 2 Pour f ∈ C2Π (R, C) et x0 ∈ R, si (Sn (f )(x0 ))n∈N converge,
alors Sn (f )(x0 ) −→ f (x0 ).

utiliser le fait que la convergence ”usuelle” d´une suite numérique implique


la convergence en moyenne vers la même limite, puis le théorème de Fejer.

application 3 Soit B la partie de C2Π (R, C) formée des fonctions dont


tous les coefficients de Fourier complexes d´indices strictement négatifs sont
nuls.
• B n´est pas dense dans (C2Π (R, C), k k∞ ).

Par l´absurde, soit (Pk )k∈N une suite de B qui converge uniformément sur
R vers e−1 . Puisque eR1 est borné sur R,R(e1 Pk ) converge uniformément vers
2π 2π
x 7→ 1. Il vient 2π = 0 1 = limk→+∞ 0 e1 Pk = 0. Contradiction.
• B est fermée dans C2Π (R, C).

Soit (fp )p∈N une suite de points de B qui converge uniformément sur R vers
un élément f ∈ C2Π (R, C). Pour n < 0 dans Z, e−n étant bornée, (fp e−n )
converge uniformément vers f e−n d´où :
Z 2π
1
0 = limp→+∞ cn (fp ) = f e−n = cn (f )
| {z } 2π 0
=0

cad : f ∈ B.
• B est l´adhérence des fonctions polynômes en e1 .

B, fermée dans C2Π (R, C), contient les polynômes en e1 , donc contient
l´adhérence des polynômes en e1 . Réciproquement, pour f ∈ B et n ∈ N,
chaque Sk (f ) (0 6 k 6 n) se décompose sur (e0 , ..., en ) donc σn (f ) égal à
1 Pn
n+1 k=0 Sk (f ) est un polynôme trigonométrique en e1 . Reste à conclure
avec Fejer.

application 4 Soit f : R → R une fonction P continue, 2π-périodique et


impaire. On suppose que sa série de Fourier bn sin nx est à coefficients
positifs. Alors (Sn (f )) converge uniformément sur R vers f .

Le théorème de Fejer suggère d´écrire :

k Sn (f ) − f k∞ 6k Sn (f ) − σn (f ) k∞ + k σn (f ) − f k∞

et il s´agit alors d´évaluer k Sn (f ) − σn (f ) k∞ .

∀x ∈ R ∆n (x) = Sn (f )(x) − σn (f )(x)


1
= n+1 {(n + 1)(b1 sin x + ... + bn sin nx) −
[b1 sin x + (b1 sin x + b2 sin 2x) + ... + (b1 sin x + ... + bn sin nx)]}

27
1
= n+1 [b1 sin x + 2b2 sin 2x + ... + nbn sin nx]
1 Pn
donc : ∀x ∈ R ∆n (x) 6 n+1 k=0 kbk (bk > 0)

Il suffit à présent de prouver que (nbn )n∈N∗ converge en moyenne vers 0.


π
• première étape : σn (f )( 2(n+1) ) tend vers 0 en +∞.

Soit ε > 0. On écrit :


π π π π
∀n > 0 | σn (f )( ) |6| σn (f )( )−f ( ) | + | f( )|
2(n + 1) 2(n + 1) 2(n + 1) 2(n + 1)

On choisit N entier tel que :


π π ε
∀n > N | σn (f )( ) − f( ) |6k σn (f ) − f k∞ 6
2(n + 1) 2(n + 1) 2

Comme f est impaire et continue sur R, f est nulle et continue en 0.


π
On peut donc choisir N1 > N tel que : ∀n > N1 | f ( 2(n+1) ) |6 2ε
π
On a alors facilement : | σn (f )( 2(n+1) ) |6 ε si n > N1

1 Pn
• deuxième étape : (n+1)2 k=0 (n + 1 − k)kbk tend vers 0 en +∞.

π 1 Pn π
∀n > 0 σn (f )( 2(n+1) )= n+1 k=1 (n + 1 − k)bk sin k 2(n+1)
π 1 P n 2 π
donc σn (f )( 2(n+1) ) > n+1 k=1 (n + 1 − k)bk π k 2(n+1)
avec l´inégalité de convexité sin x > π2 x (x ∈ [0, π2 ])
π 1 Pn
d´où σn (f )( 2(n+1) ) > n+1 k=1 (n + 1 − k)kbk > 0
cqfd avec le théorème des gendarmes.
1 Pn
• troisième étape : n+1 k=0 kbk tend vers 0 en ∞.

1 P2n+1
(2n+2)2 k=1 (2n + 2 − k)kbk
1 Pn+1
> 4(n+1)2 k=1 (2n + 2 − k)kbk
1 Pn+1
> 4(n+1) 2 (n + 1) k=1 kbk
1 Pn
> 4(n+1) k=1 kbk
>0
et par le théorème des gendarmes on a le résultat voulu.

28
Troisième partie
coefficients de Fourier en modes
réel et complexe
L´écriture cn (f ) à 2 entrées n ∈ Z et f ∈ D suggère l´étude des 2 objets
cn (.) (n f ixé) et (cn (f ))n∈Z (f f ixée)

1-coefficients de Fourier de 2 transformées


Soit f dans D et n dans Z.

• coefficients de Fourier de f˜ : x 7→ f (−x) : cn (f˜) = c−n (f )

• coefficients de Fourier de τa f : x 7→ f (x + a) : cn (τa f ) = eina cn (f )

exercice On fixe a dans R.


f → τa f de D dans D est linéaire continue pour k k∞ , k k2 , k k1 .

exercice On fixe f dans D.


a 7→ τa f est continue pour k k2 , k k1

2- n fixé dans Z, application cn de D dans C


cn est clairement linéaire. R 2π
1
Pour f ∈ D, on a : | cn (f ) |6 2π 0 | f | = k f k1 6 k f k2 6 k f k∞
donc cn est continue de (C2Π (R, C), k kp ) dans C (p = 1, 2, ∞).
De plus, f = en réalise l´égalité dans les inégalités précédentes
d´où : |k cn k|p = 1.

exercice On démontre le résultat suivant :

si f dans C2Π (R, C) a un coefficient de Fourier nul, alors Hf = V ect(Kf ) =


V ect(f (. + τ ); τ ∈ R) n´est pas dense dans (C2Π (R, C), k k∞ ).

On choisit n dans Z tel que cn (f ) = 0.


On a : ∀τ ∈ R cn (fτ ) = einτ cn (f ) = 0 donc : ∀g ∈ Hf cn (g) = 0.
cn étant continue sur (C2Π (R, C), k k∞ ), il vient : ∀h ∈ H¯f cn (h) = 0.
Or : cn (en ) = 1, donc en n´appartient pas à H¯f .
D´où le résultat.

29
3- f fixée dans D, suite des coefficients de f dans l0∞ , l2 , l1
A] un lemme de Riemann-Lebesgue qu´on décline
Soit a < b dans R. Pour f continue par morceaux sur [a, b] et λ ∈ R, on
Rb
pose : Iλ = a f (t)eiλt dt.

proposition 1 Si f est C 1 sur [a, b], alors on a :

limλ→+∞ Iλ = 0

Pour λ > 0, après une intégration par parties Rjustifiée par le caractère C 1
b
de f , on écrit : Iλ = λi [−f (b)eiλb + f (a)eiλa + a f´(t)eiλt dt]
donc : | Iλ |6 λ1 [2 k f k∞ +(b − a) k f´ k∞ ]. D´où le résultat.

remarque (valable aussi pour les propositions suivantes)


Par utilisation de f˜ : x 7→ f (−x), on déduit : limλ→+∞ I−λ = 0,
puis par combinaisons linéaires,
Z b Z b
limλ→+∞ f (t) cos(λt)dt = 0 ; limλ→+∞ f (t) sin(λt)dt = 0.
a a

application Soit : α ∈ R \ Z. cα désigneP l´application 2π-périodique


définie sur [−π, π] par
P c α (x) = cos(αx)
P et ak cos kx sa série de Fourier.
La série numérique ak converge et ∞ k=1 k = 1 − πα
a sin πα

Pn
Pour x dans [0, π] et n dans N∗ , on pose : Cn (x) = k=0 cos(kx).

Pour x 6= 0,

sin( x2P
)Cn (x)
1 n 1 1
=2 k=0 [sin((k + 2 )x) − sin((k − 2 )x)]
1 1 x
= 2 [sin((n + 2 )x) + sin( 2 )] par télescopage
donc :
sin((n + 12 )x) 1
∀x ∈]0, π] Cn (x) = x +
2 sin( 2 ) 2
(On remarque que Cn est continue en 0.)

Pour n ∈ N∗ ,
P n
R πak
k=1 P Rπ P
= π1 −π (cos(αx) − 1) nk=1 cos kx dx car −π nk=1 cos kxdx = 0

= π2 0 (cos(αx) − 1)(Cn (x) − 1) dx par parité
R
2 π cos(αx)−1 1 12 π
R
= π →0 2 sin( x ) sin((n + 2 )x)dx − 2 π 0 (cos(αx) − 1)dx
Rπ 2

= π2 0 cos(αx)−1 1 1 2 sin πα
2 sin( ) sin((n + 2 )x)dx − 2 π [ α
x − π]
2

30
2
Rπ cos(αx)−1
= π 0 2 sin( x2 )
sin((n + 12 )x)dx + 1 − sin πα
πα

cos(αx)−1
On pose : Φ(x) = 2 sin( x2 ) pour x ∈]0, π]
Φ est C1 sur ]0, π] avec

−2α sin( x2 ) sin(αx) + (1 − cos(αx)) cos( x2 ) −α2


Φ0 (x) = ∼
4 sin2 ( x2 ) 2

Φ admet un (unique) prolongement continu sur [0, π] (Ecrire que Φ0 est bor-
née au voisinage de 0, puis avec l´inégalité des accroissements finis, établir
que Φ vérifie le critère de Cauchy en 0)
A présent, Φ est continue sur [0, π], dérivable sur ]0, π] donc pour x ∈]0, π],
Φ(x)−Φ(0)
x−0 = Φ0 (cx ) avec cx ∈]0, x[. Lorsque x → 0+ , cx → 0+ aussi et
2
Φ0 (cx ) → − α2 d´où la dérivabilité de Φ en 0 et la continuité de Φ0 en 0.

D´après la proposition 1, π2 0 cos(αx)−1 1
2 sin( x2 ) sin((n + 2 )x)dx tend vers 0 quand
n tend vers +∞. D´où les résultats.

proposition 2 Si f est continue sur [a, b] et C 1 sur ]a, b], alors on a :

limλ→+∞ Iλ = 0

On découpe, par Chasles, Iλ en 2 intégrales, l´une petite par le choix d´un


petit intervalle d´intégration (surlequel f continue est bornée), et l´autre
qu´on contrôle grâce à la version précédente de Riemann-Lebesgue.
R →+∞ sin t
application : cf →0 t dt

proposition 3 Si f est continue sur [a, b], alors on a :

limλ→+∞ Iλ = 0

remarque : quitte à séparer Re et Im, on suppose f à valeurs réelles.

lemme C 1 ([a, b], R) est dense dans (C([a, b], R), k k∞ )

Soit g dans (C([a, b], R). On veut construire une suite de fonctions C 1 sur
[a, b] qui converge uniformément vers g. On commence par prolonger g en
une fonction continue sur [a, b + 1] en posant, pour x > b, g(x) = g(b).
Soit G une primitive de g sur [a, b + 1].
Soit pour n ∈ N∗ , Gn : x 7→ n[G(x + n1 ) − G(x)]. Gn est C 1 sur [a, b] et, par
le théorème des accroissements finis appliqué à G (G à valeurs réelles), pour
x ∈ [a, b], | Gn (x) − g(x) | s´écrit : | g(xn ) − g(x) | avec xn ∈]x, x + n1 [.
On conclut à présent grâce à l´uniforme continuité de g sur [a, b + 1]

31
preuve Soit ε > 0. On a :
Z b Z b Z b
iλt iλt
| Iλ |6| f (t)e dt − g(t)e dt | + | g(t)eiλt dt |
a a a
1 ([a, b], R)
où g a été choisie dans C telle que k f − g k∞ 6 ε.
Rb
On a alors : | Iλ |6 (b − a) k f − g k∞ + | a g(t)eiλt dt | . D´où le résultat
Rb
puisque, avec la proposition 1, limλ→+∞ a g(t)eiλt dt = 0.

application 1 Soit f : D(0, P 1) → C une application continue. On sup-


pose qu´il existe une série entière Pan z n de rayon de convergence supérieur
à 1 telle que : ∀z ∈ D(0, 1) f (z) = ∞ n=0 an z
n

Alors (an ) converge vers 0.


1
R 2π
∀n ∈ N ∀r ∈]0, 1[ an r n = 2π iθ −inθ dθ
0 f (re )e
Le membre de gauche tend vers an quand r tend vers 1 ; Le membre de
droite est une intégrale dépendant du paramètre r. (r, θ) → f (reiθ )e−inθ est
globalement continue de [0, 1] × [0, 2π] dans C, donc :
Z 2π Z 2π
1 1
limr→1− f (reiθ )e−inθ dθ = f (eiθ )e−inθ dθ.
2π 0 2π 0
Puisque θ 7→ f (eiθ ) est continue sur [0, 2π], on a :
Z 2π
1
limn→+∞ f (eiθ )e−inθ dθ = 0
2π 0
D´où le résultat.

application 2 (vérifications laissées au lecteur) Soit (a, b) ∈]0, 2π[2 .


RbP P ikb P ika
La suite (In )n>1 définie par In = a nk=1 eikt dt = −i( nk=1 e k − nk=1 e k )
R b it Rb
converge par Riemann-Lebesgue, vers − a eite −1 dt = 2i a cotan( 2t ) dt − b−a
2 .
P einb
Pour b = π, la série converge (série harmonique alternée), donc pour
P eina n P sin na
tout a ∈]0, 2π[, n et donc n convergent. On retrouve par ailleurs
pour 0 < a < 2π,
X∞
sin na π−a
= .
n 2
n=1

proposition 4 Si f est continue par morceaux sur [a, b], alors on a :


limλ→+∞ Iλ = 0
P −1 R ak +1
Soit (ak )06k6N une subdivision adaptée à f . On écrit : Iλ = N k=0 ak f (t)eiλt dt.
R ak +1
On considère séparément chaque ak f (t)eiλt dt. On ne change pas la
valeur de cette intégrale en remplaçant f par sa prolongée continue sur
[ak , ak+1 ] et on peut conclure grâce à la proposition 3 sur chaque [ak , ak+1 ].

32
proposition 5

• ∀f ∈ D (cn (f ))n∈Z ∈ l0∞

• f → (cn (f )) est linéaire continue de (D, k k1 ) dans l0∞ muni de la


norme infinie.
R +∞ sin t
B] À propos de 0 t dt

énoncé R +∞ sin t
L´intégrale impropre 0 t dt converge et on a :
Z +∞
sin t π
dt = .
0 t 2

preuve R +∞ sin t
• L´intégrale oscillante 0 t dt est faussement impropre en 0
(borne 0 finie et prolongement
R u sin t par continuitéRde t 7→ sint t en 0) ;
u
• Pour u > 1, on a : 1 t dt = cos 1− cosu u − 1 cos t2
t
dt après une intégration
cos u 1 cos u
par parties ; On a : | u |6 u donc u tend vers R ∞ 0cosquand u → 0. Par
cos t 1 t
ailleurs, on a : | t2 |6 t2 donc, par comparaison, 1 t2 dt est absolument
Ru
convergente. 1 sint t dt possède donc une limite finie lorsque u tend vers +∞.

Pour n ∈ N∗ , on pose :
Z Z Z
π
π π sin((n + 12 )x) π
1 1 1
un = Cn (x)dx = + dx ; vn = [ − x ] sin((n + )x)dx
0 2 →0 2 sin( x2 ) →0 x 2 sin( 2 ) 2
| {z } | {z }
f aussement impropre en 0 f aussement impropre en 0

Rπ sin((n+ 12 )x) π
• un = π donc 0 2 sin( x2 ) dx = 2

• Soit Φ l´application de [0, π] dans R définie par

2 sin( x2 )−x
Φ(0) = 0 et Φ(x) = 2x sin( x2 ) (x 6= 0)

Φ est continue sur ]0, π].


2 sin( x2 )−x −x
On a : 2x sin( x
) ∼0 24 donc Φ est continue en 0.
2
De plus, Φ est dérivable sur ]0, π], avec pour x ∈]0, π],
cos x2
Φ0 (x) = −1
x 2 + 4 sin2 x
donc Φ est C 1 sur ]0, π].
2
Par Riemann-Lebesgue, on a : limn→+∞ vn = 0

33
R π sin((n+ 12 )x)
d´où : limn→+∞ 0 x dx = π2 .
R π sin((n+ 12 )x) R (n+ 12 )π sin t R∞ sin t π
Or : 0 x dx = 0 t dt d´où l´égalité : 0 t dt = 2
2
Voici une égalité amusante au passage ; t 7→ sint2 t est clairement intégrable
sur [0, +∞[ et, après intégration par parties sous forme propre et passage à
la limite, on obtient :
Z ∞ Z ∞ Z ∞
sin2 t sin 2t sin t
2
dt = dt = dt
0 t 0 t 0 t

R∞ sin t
Remarque 0 0 t dt et les transformées de Laplace (brève de preuve)

On appelle h l´application continue sur [0, +∞[ définie par :R h(t) = sint t si

t > 0, h(0) = 1. Pour > 0, on pose à bon droit : F (λ) = 0 e−λt sint t dt.
R n λ−λt
En posant Fn (λ) = 0 e h(t) dt, on R n a une fonction continue en λ, dérivable
sur [0, +∞[, de dérivée Fn0 (λ) = − 0 e−λt sin t dt.
R +∞ R +∞
• Pour 0 < a 6 λ, | F (λ) − Fn (λ) |=| n e−λt h(t)dt |6k h k∞ n e−ta dt
donc (Fn ) converge uniformément vers F sur [a, +∞[, d´où la continuité de
F sur l´intervalle
R +∞]0, −λt
+∞[.
• Pour 0 < λ, 0 e sin t dt converge et pour 0 < a 6 λ, on peut écrire :
R +∞ R +∞
| − 0 e−λt sin t dt − Fn0 (λ) |6 n e−ta dt donc Fn0 converge uniformément
R +∞
sur tout [a, +∞[ vers λ 7→ − 0 e−λt sin t dt. De là, F est dérivable sur
R +∞
]0, +∞[ avec F 0 (λ) = − 0 e−λt sin t dt.
1
Par deux intégrations par parties, on a : F 0 (λ) = − 1+λ 2 et de ce fait :
R +∞ −λt
F (λ) = C − arctan λ. Or : | F (λ) |6 0 e k h k∞ dt = khkλ ∞ , λ > 0
π
donc limλ→∞ F (λ) = 0 d´où : C = 2 .

Pour conclure, on peut utiliser l´équivalent d´Abel radial pour lesRtransfor-



mées de Laplace (cf agrégation
R∞interne session 2001) : on sait que 0 sint t dt
sin t +
converge
R ∞ sin t doncπ F (λ) tend vers 0 t dt quand λ tend vers 0 . D´où l´égalité :
0 t dt = 2 .

On peut aussi prouver ”à la main” queR F est continue en 0.



Pour λ > 0, on écrit : F (λ) =limn→∞ 0 e−λt h(t)dt (?)Z , puis
R nπ −λt Pn−1 R (k+1)π −λt Pn−1 π
sin u
0 e h(t)dt = k=0 kπ e h(t)dt = k=0 (−1) k e−(kπ+u)λ du
0 kπ + u
| {z }
06uk (λ)6 k1
P
Pour λ > 0, (−1)k u
k (λ) est une série alternée, convergente d´après
(?),donc on a la majoration uniforme en λ > 0 :
n−1
X 1
| F (λ) − (−1)k uk (λ) |6| (−1)n un (λ) |6 .
n
k=0

34
P
F , limite uniforme sur [0, +∞[ de la série de fonctions continues (−1)k uk ,
est elle-même continue sur [0, +∞[.

sin t
Remarque 1 t 7→ t n´est pas intégrable sur [1, +∞[.

Sinon, t 7→ sint t = 1−cos(2t)


2
2t l´est aussi par comparaison
sin2 t |sin t| R →∞ cos(2t)
(0 6 t 6 t ; t > 1). Puisque 1 dt converge
R →∞
t
dt
(intégration par parties), par différence, 1 t converge. Faux !

L´encadrement sint t 6 |sint t| 6 1t valable pour t > 1 et la convergence de


2

R →∞ cos(2t) RX
1 t dt assurent que 1 |sint t| dt est ”en ln X” au voisinage de +∞.

R 2n |sin t|
Remarque 2 comportement de la tranche de Cauchy Cn = n t dt

lemme : Soit E un Revn, A une partie dense de E, (ln ) une suite bornée
(par M ) de (E 0 , |k k|) qui converge simplement sur A.
Alors (ln ) converge simplement sur E.

Soit x ∈ E, (xn ) une suite de points de A qui converge vers x.


Il suffit de montrer que la suite réelle (ln (x)) est de Cauchy.
Pour p 6 q dans N∗ et n ∈ N,

| lq (x) − lp (x) |6 2M k xn − x k + | lq (xn ) − lp (xn ) | .

On choisit N ∈ N∗ tel que 2M k xN − x k6 2ε .


Puisque la suite convergente (ln (xN )))n∈N∗ est de Cauchy, on choisit n0 tel
que q > p > n0 ⇒| lq (xN ) − lp (xN ) |6 2ε . Dans les circonstances dites,
| lq (x) − lp (x) |6 ε cqfd

complements • la fonction limite simple notée l est une forme linéaire


• Puisque chaque ln ∈ E 0 est M -lipschitzienne, par convergence simple, l est
aussi M -lipschitzienne.
R2
retour au probleme : pour n ∈ N∗ , Cn = 1 |sin(nt)| dt.
R 2t
Pour f ∈ E = C([1, 2], R), on pose : ln (f ) = 1 f (t) | sin(nt) | dt

Via l´inégalité | ln (f ) |6k f k∞ valable pour n ∈ N∗ , (ln ) est une suite de


formes linéaires continues bornée par 1 dans (E 0 , |k k|).
Soit Ξ le sev dense de (E, k k∞ ) formé des fonctions en escalier sur [1, 2].
Pourquoi (ln ) converge-t-elle simplement sur Ξ ?

Par linéarité de ln , on se limite à une fonction caractéristique χ(a,b)


R b 1 6 a < b 6 2 1 R nb
où
1
R pn π R qn π R nb
a | sin(nx) | dx = n na | sin u | du = n na + pn π + qn π ] où on a posé :
[

35
pn = E( na nb
π ) + 1 et qn = E( π ) R p π R nb
Les termes bordants sont nuls à l´infini car les nombres positifs nan et qn π
2
sont majorés par ”l´aire sous
R arche” 1π2.
1 qn π
Le terme médian vaut : n pn π = n π [qn − pn ] où qn − pn représente un
nombre entier d´arches. Puisque n b−a b−a
π − 2 6 qn − pn 6 n π , ce terme
médian tend vers 2(b−a)
π quand n tend vers +∞. cqfd

En vertu du lemme, (ln ) converge simplement sur E vers une forme linéaire
continue notée l. Avec (E, k k∞ ) complet, la continuité de l peut aussi
être justifiée Rpar le théorème de Banach-Steinhaus (cf annexe 2 p.71). Or l
et ˜l : f 7→ π2 1 f , toutes les deux continues, coincident sur la partie dense
2

Ξ de E, donc l ≡ ˜l par le principe de prolongement des identités.


Z 2n
| sin t | 2
conséquence : Cn = dt −→n→+∞ ln 2
n t π

Le principe de prolongement des identités est un argument type ”densité-


fermeture”. Proposer une variante en posant
Z
2 2
Ω = {f ∈ E \ ln (f ) −→n→+∞ f}
π 1
et en montrant que Ω est un sev dense et séquentiellement fermé dans
(E, k k∞ ).
RX |sin t|
Remarque 3 Equivalent en +∞ de 1 t dt

L´idée est de montrer que :


Z X Z X
| sin t | µ
dt ∼ dt = µ ln X
1 t 1 t

où µ = π2 est la valeur moyenne de t 7→| sin t |.


L´application s : t 7→| sin t | −µ,
R x qui a un coefficient de Fourier c0 (s) nul,
admet une primitive G : x 7→ 0 s(t)dt 2π-périodique. En effet, pour x ∈ R,
R x+2π
G(x + 2π) − G(x) = x s(t)dt = 2πc0 (s) = 0

On a par intégration par parties :


Z X Z X Z X
s(t) | sin t | −µ G(X) G(t)
dt = dt = G(1) − 2
+ dt
1 t 1 t X 1 t2
RX
G continue et 2π-périodique est bornée donc G(X) X2
et 1 G(t) 2 dt ont une
R X |sintt| RX µ
limite finie quand X tend vers +∞. On a montré que 1 t dt − 1 t dt
a une limite finie en +∞ d´où l´équivalence souhaitée.
On pourra comparer ce résultat à l´exercice page 24.

36
Remarque 4 On retrouve le résultat classique relatif au noyau de
Gibbs : ∃M > 0 ∀n ∈ N∗ ∀t ∈ [0, π] | Gn (t) |6 M

Pour t ∈ P[0, π] et n ∈ NR∗ ,


t
Gn (t) = nk=1 sinkkt = 0 [Cn (x) − 1]dx
Rt R t sin(n+ 12 )x
= − 2t + →0 sin(n + 12 )x ( 2 sin
1
x −
1
x )dx + →0 x dx
2
Rπ R t sin(n+ )x
1
donc : | Gn (t) |6 π2 + 0 | Φ | + | 0 x
2
dx |

Dans le dernier terme, on ramène les 2 entrées


R X n et t aux bornes par le chan-
gement de variable ”u = (n+ 12 )x”. X 7→ 0 sinu u du est continue sur ]0, +∞[,
possède des limites finies en 0 et en +∞, donc est bornée sur [0, +∞[.
D´où le résultat.
R kπ
exercice 1 Pour k ∈ N∗ , on pose : Wk = 0 sint t dt.
Pk−1 R π sin u
1) Montrer que Wk = l=0 wl avec wl = (−1)l 0 u+lπ (0 6 l 6 k − 1).
2) Vérifier que : ∀l ∈ N wl 6= 0.
3) Montrer que les Wk sont alternativement strictement supérieurs et stric-
tement inférieurs à π2 .
R kπ Pk−1 R (l+1)π sin t Pk−1 R
l π sin u
1) Pour k ∈ N∗ , Wk = 0 sint t dt = l=0 lπ t dt = l=0 (−1) 0 u+lπ du
après le changement de variable ”t = u + lπ”.
sin u
2) Pour l ∈ N, u 7→ u+lπ de [0, π] dans R est continue, positive et non iden-
R π sin u
tiquement nulle donc 0 u+lπ du > 0.
R π sin u 1
3) Pour l ∈ N, on a : | wl |= 0 u+lπ du 6 lπ π donc | wl |→l→+∞ 0.
sin u sin u
Par ailleurs, ∀l ∈ N ∀u ∈]0, π[ u+(l+1)π < u+lπ donc par continuité de
sin u sin u
u 7→ u+(l+1)π et u 7→ u+lπ sur [0, π], wl+1 < wl . Par le théorème des séries
P
alternées (cf annexe 3 page 69), wl est convergente (de somme π2 ) et le
π
reste 2 − Wk (k ∈ N∗ ) est du signe de son premier terme, non nul, et donc
alternativement strictement positif et Rstrictement négatif. En particulier,
π
on retrouve l´inégalité π2 − W1 = π2 − 0 sint t dt < 0 (cf page 11)

exercice 2 On rappelle que :


P Rx sin(n+ 12 )t
• ∀n ∈ N∗ ∀x ∈ [0, π] Gn (x) = nk=1 sin kx
k = − x2 + 0 2 sin 2t
dt
π−x
• (Gn ) converge simplement sur ]0, π] vers b : x 7→ 2 .

On pose : Rn (x) = Gn (x) − b(x) (n ∈ N∗ ; x ∈]0, π]).


Pour n ∈ N∗ , étudier les variations de Rn .
sin(n+ 12 )t
Par continuité de t 7→ 2 sin 2t
sur ]0, π], Rn est dérivable sur ]0, π] avec
sin(n+ 12 )x kπ 2kπ
Rn0 (x) = 2 sin 12
. Les zéros de Rn0 sont donc les xk,n = n+ 12
= 2n+1 avec
1 6 k 6 n. Pour 0 < x 6 π, 2 sin x2 > 0 donc le signe de Rn0 (x) sur ]0, π] est

37
donné par celui de sin(n + 12 )x ; Rn est positif sur ]0, x1,n ], du signe de (−1)k
sur [xk,n , xk+1,n ] (1 6 k 6 n − 1), et du signe de (−1)n sur [xn,n , π].
Rn oscille donc sur ]0, π] entre des extréma atteints en xk,n , maxima locaux
aux x2p+1,n (0 6 p 6 E( n2 )) et minima en x2p,n (1 6 p 6 E( n2 )).

exercice 3 Soit k ∈ N∗ . Comparer, pour n ”grand”, le signe des ex-


tréma consécutifs Rn (xk,n ) et Rn (xk+1,n ) de Rn .
1
Soit Φ̃ = −Φ définie sur [0, π] par Φ̃(0) = 0, Φ̃(x) = 2 sin x − x1 . On rappelle
2
que Φ̃ est continue sur [0, π], C 1 sur ]0, π] et on peut vérifier que Φ̃ est C 1
sur [0, π]. Pour x ∈]0, π], on écrit :
Z x Z (n+ 12 )x
1 sin t π
Rn (x) = Φ̃(t) sin(n + )t dt + dt − .
2 t 2
|0 {z } 0
Jn (x)

On intègre à bon droit Jn (x) par parties :


Z x
1 1 1
Jn (x) = [−Φ̃(x) cos(n + )x + Φ̃0 (t) cos(n + )t dt].
n+1 2 0 2

Φ̃ et Φ̃0 , continues sur [0, π], sont bornées donc on peut choisir M > 0 tel que :
M ∗
∀x ∈]0, π] | Jn (x) |6 n+ 1 . Soit k fixé dans N . Avec la remarque ci-dessus,
2
R kπ
les suites (Rn (xk,n ))n>k et (Rn (xk+1,n ))n>k+1 convergent vers 0 sint t dt − π2
R (k+1)π sin t π
et 0 t dt− 2 , limites non nulles et de signes contraires. On peut donc
choisir un rang (”moralement grand”) au delà duquel les extréma consécutifs
Rn (xk,n ) et Rn (xk+1,n ) ont le même signe que leur limite respective.
R kπ sin t π
On appelle (Rn (xk,n ))n>k suite des kèmes bosses vraies et 0 t dt − 2
bosse idéale associée.

exercice 4 Soit x0 ∈]0, π2 [. Montrer que (Rn ) converge uniformément


vers 0 sur [x0 , π2 ].

Soit ε > 0 et x0 ∈]0, π2 [. L´idée est de ne garder sur [x0 , π2 ] que les bosses
idéales d´amplitudes inférieures à 2ε et les bosses vraies d´amplitudes infé-
rieures à ε.ROn commence par choisir k0 ∈ N∗ tel que :
kπ 2k0 π
k > k0 ⇒| 0 sint t dt − π2 |6 2ε , puis n0 ∈ N∗ tel que : xk0 ,n0 = 2n 0 +1
< x0 .
Ces manipulations visent à faire glisser les bosses contre l´axe des abscisses.
On canalise ensuite les bosses vraies (Rn (xk,n ))n∈N∗ ,16k6n dans un tube
d´épaisseur 2ε autour des bosses idéales. Quitte à remplacer n0 par un en-
tier qui lui est supérieur, on suppose que : n M+ 1 6 2ε .
0 2
que se passe -t-il à droite de x0 ?

38
Soit x ∈ [x0 , π2 ]. Pour n > n0 , xk0 ,n < xk0 ,n0 < x0 6 x. On choisit
k > k0 tel que : xk,n 6 x 6 xk+1,n . Par monotonie de Rn sur [xk,n , xk+1,n ],
| Rn (x) |6 M ax {| Rn (xk,n ) |; | Rn (xk+1,n ) |}
R kπ
6 M ax {| Jn (xk,n ) | + | 0 sint t dt − π2 |;
R (k+1)π sin t π M ε
| Jn (xk+1,n ) | + | 0 t dt − 2 |} 6 n+ 1 + 2 6 ε.
2
Puisque le rang n0 ne dépend pas de x, on a prouvé que (Rn ) converge
uniformément vers 0 sur [x0 , π2 ].

C] projection orthogonale de f sur Tp (p ∈ N)


Pour f élément de D,
• le vecteur Sp (f ) (pème somme de Fourier de f) appartient à Tp .
• pour −p 6 k 6 p,
(ek | f − Sp (f ))P = (ek | f ) − (ek | Sp (f ))
= ck (f ) − (ek | pj=−p cj (f )ej )
= ck (f ) − ck (f ) = 0
donc f − Sp (f ) appartient à Tp⊥ .
(La décomposition f = Sp (f ) + (f − Sp (f )) est unique car on a clairement
Tp ∩ Tp⊥ = {0})

Avec Pythagore, on a : k f k22 =k Sp (f ) k22 + k f − Sp (f ) k22


donc k Sp (f ) k22 6k f k22 . (égalité dans cette inégalité si f ∈ Tp )

Bilan : pour tout p dans N, Sp est l´opérateur de projection orthogonale


d´image Tp , continu pour la norme k k2 et on a |k Sp k|2 = 1.

remarque : pour q ∈ Tp , écrivant que f − q = f − Sp (f ) + Sp (f ) − q et


remarquant que Sp (f ) − q ∈ Tp , on a :
k f − q k22 =k f − Sp (f ) k22 + k Sp (f ) − q k22
et sans surprises : k f − q k22 >k f − Sp (f ) k22
Autrement dit, Sp (f ) est le polynôme trigonométrique de Tp le plus proche
de f pour la norme k k2 .

inégalité de Bessel-Parseval L´inégalité k Sp (f ) k22 6k f k22 s´écrit


P R 2π
aussi : | c0 |2 P+ pk=1 [| ck |2 + | c−k |2 ] 6 2π 1 2
0 | f (t) | dt. La série à
termes positifs [| ck |2 + | c−k |2 ] a ses sommes partielles majorées donc
converge, et on a l´inégalité de Bessel-Parseval :
X∞ Z 2π
2 2 2 1
| c0 | + [| ck | + | c−k | ] 6 | f (t) |2 dt
2π 0
k=1

la famille de réels positifs (|Rcn |2 ) est sommable et


Avec la dite inégalité ,P
P 2 2 ∞ 2 2 1 2π 2
n∈Z | cn | =| c0 | + k=1 [| ck | + | c−k | ] 6 2π 0 | f (t) | dt

39
remarque
P sin nx Série trigonométrique vs série de Fourier.
ln n est une série trigonométrique qui converge simplementP sur R par
sin nx
Abel. Existe-t-il un élément f de D dontP 1la série de Fourier est ln n ?
Si tel est le cas, la série de Bertrand ln2 n
converge. Faux !

théorème Φ : f 7→ (cn (f ))n∈Z est linéaire continue de (D, k k2 ) dans l2 .

exercice Montrer que la suite (Sp (f ))p∈N des projetés orthogonaux de f


sur Tp est de Cauchy dans (D, k k2 ).
P P
Pour p < q dans N, k Sq (f ) − Sp (f ) k22 =k q>|k|>p ck ek k22 = q>|k|>p | ck |2
P
Soit ε > 0. Avec | ck |2 convergente, on choisit N ∈ N tel que :
X
p>N ⇒ | c k |2 6 ε
|k|>p

Pour p, q > N , k Sq (f ) − Sp (f ) k22 6 ε d´où le résultat.

D] coefficients de Fourier d´une dérivée


k
définition Si k ∈ N ∪ {∞}, Cpm désigne le sev de D des fonctions de
classe C par morceaux ; f de R dans C est C k par morceaux si elle est C k
k

par morceaux sur chaque segment de R, et g de [a, b] dans R est C k par


morceaux lorsqu´il existe une subdivision S = {x0 = a, ..., xn = b} de [a, b]
et, pour chaque j dans {0, ..., n − 1}, gj dans C k ([xk , xk+1 ], C) de façon que
g|]xk ,xk+1 [ = gj|]x ,x [
k k+1

1
Pour f dans Cpm , on choisit S = {x0 = 0, ..., xp = 2π} et (gk )06k6p−1 dans
1
C ([xk , xk+1 ], C) adaptées à f sur le segment [0, 2π].

f est C 1 sur chaque ]xk , xk+1 [ et on pose :


1 0
f 0 (x0 ) = g00 (x0 ) ; f 0 (xp ) = gp−1
0
(xp ) ; f 0 (xk ) = (g (xk )+gk0 (xk )) (1 6 k 6 p−1)
2 k−1

lemme Soit f ∈ Cpm 1 ∩ C (R, C).



Pour n dans Z, on a :
Z 2π Z 2π
0 −int
f (t)e dt = in f (t)e−int dt ou cn (f 0 ) = incn (f )
0 0

Vite dit, la série de Fourier de la dérivée de f s´obtient en dérivant terme à


terme la série de Fourier de f .

remarque : la continuité de f est essentielle ; considérer un signal carré...

40
preuve : par Chasles et fonctions intégrandes differant sur des finis, on a :
Z 2π p−1 Z
X xk+1 p−1
X Z xk+1
0 −int x
f (t)e dt = gk0 (t)e−int dt = [gk (t)e−int ]xk+1
k + in gk (t)e−int dt
0 k=0 xk k=0 xk

Or : gkP
(xk ) = f (xk ) et gk (xk+1 ) = f (xk+1 ) car f est continue
−int xk+1
donc : R p−1
k=0 [gk (t)e ]xk = fR(2π) − f (0) = 0.
x x
Chaque xkk+1 gk (t)e−int dt vaut xkk+1 f (t)e−int dt et la preuve est complète.

exercice Pour f ∈ C2Π (R, C), montrer l´équivalence :


f est C ∞ ssi ∀k ∈ N cn (f ) = ◦( n1k ).

Si f est C ∞ , cn (f ) = ◦(1) par Riemann-Lebesgue ; Rpour k > 1, k intégrations


1 1 2π (k)
par parties successives donnent : cn (f ) = (in) k 2π 0 f (t)e−int dt. De là :
| nk cn (f ) |=| cn (f (k) ) | . Par Riemann-Lebesgue appliqué à f (k) , nk cn (f )
tend vers 0 quand n tend vers +∞. cette première étape montre que plus
le signal décrit par f est ”lisse”, plus les harmoniques de rang élevé sont
”négligeables”.
Réciproquement, si ∀k ∈ N cn (f ) = ◦( n1k ), alors pour toute valeur de p ∈ N
P
la série cn (f )(in) p inx
P e inx est normalement convergente (| np cn (f ) |= ◦( n12 )).
En particulier, cn (fP)e converge normalement ; on a alors, puisque f
+∞ inx
est continue, f (x) = −∞ cn (f )e pour tout réel x (cf page 23). Par
reccurence, on peut dériver terme à terme grâce aux convergences normales
et conclure que f est C ∞ .

propriété Si f est 2π-périodique, continue et C 1 par morceaux, alors


(cn (f ))n∈Z est un élément de l1 .
1
On écrit : ∀n ∈ Z∗ | cn (f ) |= 0
|n| | cn (f ) |
1 1 1
et on remarque : |n| | cn (f 0 ) |6 0 2
2 [ n2 + | cn (f ) | ]
1 0 2
avec : ( |n| ) et (cn (f )) éléments de l

41
Quatrième partie
Un théorème de Riemann
1-énoncé
P
Si la série de fonctions a20 + an cos nx + bn sin nx converge simplement sur
R vers une fonction f continue, alors la série de Fourier de f coincide avec
la série trigonométrique qui la définit, ie les coefficients de Fourier de f sont
donnés par (an )n>0 et (bn )n>1 .

2-preuve
a) stratégie : on résume en partie l´idée par ”intégrer
R 2π P pour dériver” ;
on ne peut intervertir directement les signes 0 et ∞ n=1 dans le calcul des
coefficients an (f ) et bn (f ), faute de convergence uniforme. On transite par
une primitive seconde de f dont on détermine facilement les coefficients de
Fourier, et on revient ensuite à f .
Rx
f est un Rélément de C2Π (R, C), donc φ : x 7→ 0 f est C1 sur R. Maintenant
x
Φ : x 7→ 0 φ est de classe C2 sur R et Φ00 = f.

Pour n ∈ N∗ et x ∈ R, on pose P :1 ρn (x) = an cos nx + bn sin nx, et on envisage


la série de fonction a40 x2 − ρ (x) obtenue en primitivant formellement
n2 n
deux fois la série qui définit f . A x fixé dans R, (ρP n (x)) a ses sommes
1 1
partielles bornées et ( n2 ) décroit
P∞ vers 0 donc par Abel, ρ (x) converge.
n2 n
a0 2 1
On pose : F (x) = 4 x − n=1 n2 ρn (x).

b) lemme de Cantor-Lebesgue : (an ) et (bn ) tendent vers 0


La preuve qui suit vient d´une note de B. Randé (RMS mai-juin 1998)
P P
ρn (0) ouP an , converge donc (an ) tend vers 0. Pour x ∈ R, (ρn (x)) tend
vers 0 car ρn (x) converge, et (an cos nx) tend aussi vers 0 car (an ) tend
vers 0 et (cos nx) est bornée , donc par différence, (bn sin nx) tend vers 0.
Si on suppose que la suite (bn ) ne converge pas vers 0, on choisit ε > 0 et
une suite extraite (bψ(n) ) de (bn ) tels que : ∀n ∈ N∗ | bψ(n) |> ε. Il vient :
∀n ∈ N∗ 0 6 ε | sin(ψ(n)x) |6| bψ(n) sin(ψ(n)x) | .
Par le théorème des gendarmes, (sin(ψ(n)x)) et (sin2 (ψ(n)x)) convergent
vers 0, et ce pour tout x ∈ R. La suite de fonctions continues x 7→ sin2 (ψ(n)x),
qui converge simplement vers l´application nulle, est dominée en valeur ab-
solue par l´application
R 2π constante 1, donc par le théorème de convergence
dominée, limn→∞ 0 sin2 (ψ(n)t)dt = 0.
R 2π R 2π
Absurde puisque ∀n ∈ N∗ 0 sin2 (ψ(n)t)dt = 0 21 [1 − cos(2ψ(n)t)]dt = π.

42
conséquence : (an ) et (bn ) sont bornées donc on peut choisir M > 0
tel que : ∀x ∈ R | n12 ρn (x) |6 nM2 . Ceci montre que la série de fonctions dé-
finissant F converge normalement sur R. De là, x 7→ F (x) − a40 x2 appartient
à C2Π (R, C) et ses coefficients de Fourier sont donnés par ( −a
n2
n
) et ( −b
n2
n
).

remarque : on ne peut affirmer que F est C 2 (avec F 00 = f ), on s´en


approche en introduisant la pseudo-dérivée seconde.

c) dérivée seconde au sens de Schwarz

lemme
Soit g ∈ C(R, R). On suppose que :
• pour tout réel x le quotient ∆2 g(h, x) = g(x+h)+g(x−h)−2g(x)
h2
possède une
(00 ) (x)) quand h tend vers 0.
limite réelle (notée g
00
• g( ) ≡ 0
Alors g est une application affine.
00
remarques : g ( ) est appelée dérivée seconde au sens de Schwarz ou pseudo-
dérivée seconde de g. On voit facilement que les fonctions deux fois pseudo-
dérivables sur R forment un sous-espace vectoriel de C(R, R) sur lequel
00
l´opérateur ( ) est linéaire. On vérifie aussi avec la formule de Taylor-Young
00
que toute fonction g C 2 sur R est pseudo-dérivable deux fois avec g ( ) = g 00 .

preuve du lemme : soit a < b dans R, γ l´application affine définie par


γ(a) = g(a) et γ(b) = g(b). On veut : γ = g sur [a, b]. On envisage pour
ε > 0 l´application P : x 7→ g(x) − γ(x) + ε(x − a)(x − b) (interpolation para-
00
bolique). P est comme g pseudo-dérivable deux fois sur [a, b] et P ( ) ≡ 2ε.
P est aussi, comme g, continue sur [a, b]. Soit c ∈ [a, b] tel que P (c) est
le maximum de P sur [a, b]. Si c ∈]a, b[, alors, pour tout h > 0 tel que
00
[c − h, c + h] ⊂ [a, b], on a : ∆2 P (h, c) 6 0 donc P ( ) (c) 6 0. Absurde !
Bilan : c = a ou c = b. Il vient : ∀x ∈ [a, b] P (x) 6 P (a) = P (b) = 0, ce
qui donne en faisant tendre ε vers 0+ g(x) 6 γ(x). Le même raisonnement
avec ε < 0 donne γ > g sur [a, b].
g, affine sur [a, b], est C 2 sur ]a, b[ avec g 00 = 0, et ce pour tout a < b dans
R, donc g est C 2 sur R avec g 00 = 0. g est bien une application affine.

lemme
00
F est deux fois pseudo-dérivable sur R avec : F ( ) = f.

preuve : Soit x fixé dans R. Pour h ∈ R∗ , on écrit :


a0 1 P∞ 1 1
∆2 F (h, x) = 2 − h2 n=1 n2 an Re(Zn,h,x ) + b Im(Zn,h,x )
n2 n
où :

nh
Zn,h,x = ein(x+h) + ein(x−h) − 2einx = einx [2 cos nh − 2] = −4 sin2 2 einx .

43
a0 P∞ sin2 nh
Il vient : ∆2 F (h, x) = 2 + 2
n=1 [ nh ]2 ρn (x)
2
On pose :
t
sin2
• u(t) = t2
2
pour t ∈ R∗ , u(0) = 1.
2

a0 Pn a0
• Sn (t) = 2 + k=1 ρk (t), S0 (t) = 2 , pour n ∈ N∗ , t ∈ R.
On vérifie que u est C 1 sur [0, +∞[ avec :
2t sin t − 4(1 − cos t)
u0 (t) = ; u0 (0) = 0.
t3
P
Pour p ∈ N∗ , par transformation d´Abel, on a : a20 + pn=1 u(nh)ρn (x)
P
= a20 − a20 u(h) + u(ph)Sp (x) + p−1
n=1 (u(nh) − u((n + 1)h)Sn (x)
Pp−1
= u(ph)Sp (x) + n=0 (u(nh) − u((n + 1)h)Sn (x)

(Sp (x))p∈N∗ converge vers f (x) et on a : 0 6 u(ph) 6 p24h2


P
donc limp→+∞ Sp (x)u(ph) = 0, et donc (u(nh) − u((n + 1)h)Sn (x) converge.
∆2 F (h, x) s´écrit alors :

X
∆2 F (h, x) = (u(nh) − u((n + 1)h)Sn (x)
n=0
P
et puisque (u(nh) − u((n + 1)h) converge de somme u(0) = 1, on a :

X
∆2 F (h, x) − f (x) = (u(nh) − u((n + 1)h)(Sn (x) − f (x))
n=0
P
On vérifie que (u(nh) − u((n + 1)h)(Sn (x) − f (x)) est absolument conver-
gente. Puisque (Sn (x) −f (x))n>0 est bornée,
P Il suffit de voir que (u(nh))n∈N
est à variation bornée, ie que la série | u(nh) − u((n + 1)h) | converge.
R (n+1)h 0
Pour n ∈ N,R | u(nh) − u((n + 1)h) |6 nh | u |. Or : | u0 (t) |= °( t12 ) en
→∞ 0
+∞,
P donc 0 | u | converge en +∞ et par comparaison :
| u(nh) − u((n + 1)h) | converge.

Soit ε > 0.

On choisit Pp ∈ N tel que : n > p + 1 ⇒| Sn (x) − f (x) |6 ε.


Il vient : | ∞n=p+1 (u(nh) − u((n + 1)h)(S (x) − f (x)) |
P∞ R ∞n 0
6 ε n=p+1 | u(nh) − u((n + 1)h) | 6 ε 0 | u |.

On gère à présent le ”terme à distance fini” ; pour n = 0, 1, .., p, et pour


h ∈ R, par accroissements finis : (u(nh) − u((n + 1)h)) = u0 (ch ) avec
nh 6 ch 6 (n + 1)h. On vérifie que : u0 (t) = °(t) en 0, ce qui donne :
limh→0 (u(nh) − u((n + 1)h))(Sn (x) − f (x)) = 0, et ce pour tout 0 6 n 6 p.

En définitive : limh→0 ∆2 F (h, x) = f (x).

44
d) conclusion On a montré que : F (,,) = f et : Φ(,,) = Φ00 = f donc :
(F − Φ)(,,) = 0 ce qui prouve que F − Φ est affine. Ceci permet de dire que
F est, comme Φ, de classe P C2 avec F 00 = f. A présent, la série de Fourier
a0 2 an
de x 7→ F (x) − 4 x est − n2
cos nx + nbn2 sin nx donc la série de Fourier
a0
de sa
Pdérivée seconde x 7→ f (x) − 2 , obtenue par dérivation terme à terme,
est an cos nx + bn sin nx. cqfd

45
Cinquième partie
Théorème de Poisson et
applications
Pour h ∈ C2π (R, C), ρ ∈ [0, 1[ et x ∈ R, on pose :
Z 2π Z 2π
1 1
h ∗ Pρ (x) = h(t)Pρ (x − t)dt = h(x − t)Pρ (t)dt
2π 0 2π 0
P
avec, pour t ∈ R, Pρ (t) = +∞ |n| int
−∞ ρ e
P
Puisque h est bornée sur R et n∈Z ρ|n| eint converge normalement en t sur
[0, 2π], on peut écrire après interversion des signes de sommation :
+∞
X
h ∗ Pρ (x) = ρ|n| cn (h)einx
−∞

1-théorème de Poisson
Enoncé : h ∗ Pρ (•) converge uniformément vers h quand ρ tend vers 1− .
Autrement dit : limρ→1− k h ∗ Pρ − h k∞ = 0
Démonstration : en annexe

2-approximation de Weierstrass
Le but est de construire un polynôme trigonométrique uniformément et ar-
bitrairement proche de h ∈ C2Π (R, C).

Soit ε > 0. On choisit 0 < ρ < 1 tel que


ε
∀x ∈ R | h(x) − h ∗ Pρ (x) |6
2

ρ étant
P fixé, ∀x ∈ R ∀n ∈ Z | ρ|n| cn (h)einx |6 ρ|n| kPh k∞
|n|
avec ρ convergente indépendemment de x, donc ρ|n| cn (h)einx converge
uniformément sur R et h ∗ Pρ est limite uniforme des sommes partielles cen-
trées. On choisit N ∈ N tel que
X X ε
∀x ∈ R | ρ|n| cn (h)einx − ρ|n| cn (h)einx |6
2
n∈Z |n|6N

P
Par inégalité triangulaire : ∀x ∈ R | h(x) − |n|6N ρ|n| cn (h)einx |6 ε
cqfd.

46
3-prolongement d´une fonction de C2π (R, R)
P roblème : on se donne une fonction réelle continue sur S 1 ou de façon équi-
valente une fonction h de C2π (R, R). Comment prolonger h en une fonction
continue sur D̄ ?

La formule de Poisson et son interprétation (page 7) suggèrent de poser :


Z 2π
1 1− | z |2
H(z) = h(t) it dt (| z |< 1)
2π 0 | e − z |2
1
R 2π P∞ −int n
H est la partie réelle de z 7→ 2π 0 h(t)(1 + 2 n=1 e z )dt
et comme on a : ∀t ∈ [0, 2π] | Rh(t)e−int z n |6k k | z | n
P∞ ∞1 R 2π , −int
h
1 2π
H est la partie réelle de z 7→ 2π 0 h(t)dt + n=1 [ π 0 h(t)e dt]z n ,
ce qui assure la continuité de H sur D.

Reste à voir pouquoi : ∀θ ∈ R H(z) → h(θ) quand (z → eiθ | z |< 1)

Soit : ε > 0 et θ ∈ R. Par continuité de h en θ, on choisit δ > 0 tel que :


ε
∀x ∈]θ − δ, θ + δ[ | h(x) − h(θ) |6
2
On utilise ensuite le théorème de Poisson.
On choisit en effet η > 0 tel que :
ε
∀ρ ∈]1 − η, 1[ ∀x ∈ R | h ∗ Pρ (x) − h(x) |6
2
Pour tout z = ρeix ∈ {z ∈ C \ θ − δ < Arg(z) < θ + δ et 1 − η <| z |< 1},
| H(z) − h(θ) |=| h ∗ Pρ (x) − h(θ) 6| h ∗ Pρ (x) − h(x) | + | h(x) − h(θ) |6 ε
d´où le résultat.

4-un résultat de convergence


P
Soit f ∈ C2π (R, R)
Pet an cos
P nx + bn sin nx sa série de Fourier.
On suppose
P que | a n | et | bn | convergent.
Alors an cos nx + bn sin nx converge uniformément sur R vers f .
P
preuve : ∀x ∈ R | an cos nx+bn sin nx |6| an | + | bn | et | a n | + | bn |
converge donc la convergence uniforme de la série de Fourier de f est assurée
par convergence normale. Reste à determiner la fonction-limite.
P sin nt
L´idée de la preuve, rencontrée pour l´étude de t , illustre ”la méthode
de sommation d´Abel-Poisson”. On regarde l´objet correctement défini :

X
Sρ,x = (an cos nx + bn sin nx)ρn (x ∈ R, ρ ∈ [0, 1])
n=0

47
A x fixé, on a : ∀ρ ∈ P[0, 1] | an cos nx + bn sin nx | ρn 6| an | + | bn |
donc la série entière (an cos nx + bn sin nx)ρn converge
P∞ normalement, et
par suite uniformément en ρ sur [0, 1], donc ρ 7→ Sρ,x = n=0 (an cos nx + bn sin nx)ρn ,
limite uniforme de fonctions continues, l´est aussi sur [0, 1].
(cas particulier du théorème d´Abel radial)
P∞
Bilan : Sρ,x tend vers S1,x = n=0 an cos nx + bn sin nx quand ρ → 1.

Par ailleurs, à x fixé dans R et pour ρ ∈ [0, 1[, on a :


Z 2π ∞
X Z
1 1 2π
Sρ,x = f (t)dt + f (t)ρn (cos nx cos nt + sin nx sin nt)dt
2π 0 π 0
n=1

On a : ∀t ∈ [0, 2π] | f (t)ρn cos n(x − t) |6 k f k∞ ρn


donc, par convergence normale en t sur [0, 2π], on peut écrire :
Z 2π ∞
X
1
Sρ,x = f (t)(1 + 2 ρn cos n(x − t))dt = f ∗ Pρ (x)
2π 0 n=1

Lorsque ρ tend vers 1− , Sρ,x tend vers f (x) (théorème de Poisson).


P∞
conclusion : pour tout réel x, n=0 an cos nx + bn sin nx = f (x)

5-Parseval dans C2Π (R, C)


enoncé Pour h ∈ C2Π (R, C), on a :
Z 2π ∞
X
1
| h |2 = | cn (h) |2
2π 0 −∞

preuve L´inégalité | | h ∗ Pρ (x) |2 − | h(x) |2 |= [| h ∗ Pρ (x) | − | h(x) |]


[| h∗Pρ (x) | + | h(x) |] 6 2 k h k∞ | h∗Pρ (x)−h(x) | valable pour tout réel x
et le théorème de Poisson assurent que | h ∗ Pρ (x) |2 converge uniformément
vers | h(x) |2 quand ρ tend vers 1− . Ainsi, à bon droit,
Z 2π Z 2π
2
limρ→1− | h ∗ Pρ | = | h |2
0 0
P |n| P |n|
Pour x ∈ R et 0 < ρ < 1, les séries ρ cn (h)einx et ρ cn (h)e−inx
indéxées sur Z convergent absolument donc leur série-produit de Cauchy
converge (absolument) aussi et :
+∞ X
X
ρ|p|+|q| cp (h)cq (h)ei(p−q)x =| h ∗ Pρ (x) |2
−∞ p+q=n

48
Pour
P x ∈ R et n ∈ Z, P
| p+q=n ρ|p|+|q| cp (h)cq (h)ei(p−q)x |6k h k2∞ p+q=n ρ|p|+|q|
P P |n|
et p+q=n ρ|p|+|q| , terme général de la série-produit de ρ par elle-même,
est le terme général d´une série convergente indépendante de la variable x.
Ainsi, par convergence normale en x,
Z 2π X X Z 2π X
1 2 |p|+|q| 1
| h ∗ Pρ | = ρ cp (h)cq (h) ei(p−q)x dx = ρ|2n| | cn (h) |2
2π 0 p+q=n
2π 0
n∈Z n∈Z

1
R 2π PN
Pour N ∈ N∗ , 2π 2
0 | h ∗ Pρ | > n=−N ρ
|2n| | c (h) |2 . Les 2 membres
n
ont une limite en 1− et par passage à la limite, il vient :
Z 2π N
X
1
| h |2 > | cn (h) |2
2π 0 n=−N

Ceci montre que (cn (h)) est un élément de l2 (inégalité de Bessel-Parseval).


Puisque ∀ρ ∈ [0, 1] ∀n ∈ Z ρ|2n| P | cn (h) |2 6| cn (h) |2 et (cn (h)) ∈ l2 , par
convergence normale en ρ, ρ 7→ ∞ −∞ ρ
|2n|
| cn (h) |2 est continue sur [0, 1]
d´où :

X ∞
X
limρ→1− ρ|2n| | cn (h) |2 = | cn (h) |2
−∞ −∞

Par unicité de la limite, on obtient l´egalité de Parseval pour h ∈ C2Π (R, C).

49
Sixième partie
convergence en moyenne
quadratique
théorème
Pour f ∈ D, (Sp (f ))p∈N converge dans (D, k k2 ) vers f
(en moyenne quadratique).
P
Soit ε > 0. T est dense dans (D, k k2 ) donc on choisit yε = N k=−N λk ek
tel que k f − yε k2 6 ε. La suite (Tp )p>1 est croissante pour l´inclusion donc
la suite (k f − Sp (f ) k2 ) des distances de f à Tp décroit.
Ainsi, ∀p > N k f − Sp (f ) k2 6 k f − SN (f ) k2 6 k f − yε k2 6 ε.

exercice Soit f ∈ C2Π (R, C) non constante et invariante par la translation


x 7→ x + h (cad ∀x ∈ R f (x + h) = f (x))
Alors nécessairement πh est rationnel.

τh (f ) = f donc ∀n ∈ Z (einh − 1)cn (f ) = 0.


Puisque f n´est pas constante, on peut choisir n0 ∈ Z∗ tel que cn0 (f ) 6= 0.
(Sinon la suite (Sp (f ))p∈N est la suite constante (c0 (f )) qui converge en
moyenne quadratique vers la fonction constante x 7→ c0 (f ).
Impossible : par unicité de la limite, f serait constante)
On a alors : ein0 h − 1 = 0 ; ce qui donne : n0 h = 0 (2π) cad h = 0 ( 2π
n0 ) d´où
h
π ∈Q

formule de Parseval
Avec la convergence de (Sp (f ))p∈N vers P f en moyenne quadratique et la
continuité de k k2 , k Sp (f ) k2 =| c0 | + pn=1 (| cn |2 + | c−n |2 ) tend vers
2 2 2
1
R 2π
k f k22 = 2π 2
0 | f (t) | dt quand p tend vers +∞.
D´où la formule de Parseval :

X Z 2π
2 2 2 1
| c0 | + (| cn | + | c−n | )= | f (t) |2 dt
2π 0
n=1

ou :
∞ Z
| a 0 |2 1 X 1 2π
+ (| an |2 + | bn |2 ) = | f (t) |2 dt
4 2 2π 0
n=1

Cette égalité exprime la façon dont l´énergie correspondant au signal pério-


dique f se répartit entre les différentes harmoniques.

50
application : unicité pour les développements en série de Fourier
Φ : f 7→ (cn (f ))n∈Z est R linéaire de D dans l2 . Si f est dans ker(Φ), d´après
1 2π 2
Parseval, on a : 2π 0 | f (t) | dt = 0. Soit (ak )06k6N une subdivision
adaptée à f , et pour chaque k dans {0, ..., R aN − 1}, gk continue sur [ak , ak+1 ]
telle que g|]ak ,ak+1 [ = f|]ak ,ak+1 [ . Chaque akk+1 | gk |2 est nulle, et avec | gk |2
continue positive, gk est nulle sur [ak , ak+1 ]. f est donc nulle sur [a, b] sauf
éventuellement en les ak . Comme f prend en chaque ak la valeur ”demi-
somme des limites à droite et à gauche”, f est identiquement nulle sur [a, b].
D´où l´injectivité de Φ et le résultat.
P
remarque Soit (cn )n∈Z ∈ l2 . La suite (Sp = pk=−p ck ek )p∈N∗ est de Cau-
P
chy dans (D, k k2 ) (écrire pour m < q, k Sq − Sm k22 = m<k6q | ck |2 ,..),
mais le caractère non complet de (D, k k2 ) ne permet pas d´affirmer que
(Sp ) converge. Ce qui laisse penser que Φ n´est pas surjective.


X 1 π2
exercice Une égalité ultra-classique : =
n2 6
n=1
On évalue les coefficients de Fourier de la fonction f : x 7→ x sur ] − π, π[, de
valeur 0 aux bornes et 2π-périodique. On remarque que c0 (f ) = 0 et pour
k
k 6= 0, ck (f ) = i (−1)
k (intégration par parties). L´égalité de Parseval donne
π2 P∞ 1
alors : 3 = 2 n=1 n2 d´où le résultat.

exercice Une inégalité classique - Wirtinger


enoncé : si f : R → C est 2π-périodique, continue, C 1 par morceaux et de
valeur moyenne nulle, alors on a :
Z 2π Z 2π
2
| f (x) | dx 6 | f 0 (x) |2 dx .
0 0

preuve : On 0
1
R 2π sait que cP
n (f ) = incn (f ) pour tout
1
R 2π n ∈ Z. Via
P l´égalité de Par-
seval, 2π 0 | f | = n∈Z∗ | cn (f ) |2 et 2π
2
0 | f 0 2
| = n∈Z∗ n 2
| cn (f ) |
2

d´où le résultat.

51
Septième partie
cn et la convolution dans C2Π(R, C)
1-définition
Pour f , g dans C2Π (R, C) et x ∈ R, on pose :
Z 2π
1
f ∗ g(x) = f (x − t)g(t)dt
2π 0
On définit ainsi correctement une application f ∗ g de R dans C
appelée ”convolée de f par g”.

2-premières propriétés
∗ est une loi de composition interne de C2Π (R, C), commutative par change-
ment de variable et intégrale de période, et bilinéaire continue pour la norme
k k∞ (On vérifie facilement que k f ∗ g k∞ 6k f k∞ k g k1 6k f k∞ k g k∞ )
On a aussi par changement de variables et intégrale de période,
k f ∗ g k1 6k f k1 k g k1 .

3-associativité de ∗
On peut démontrer l´associativité de ∗ avec Fubini puis, grâce au jeu d´écritures
cn (.) = . ∗ en (0) , en ∗ en = en , . ∗ en = cn (.)en et à la commutativité de ∗,
montrer que cn (f ∗ g) = cn (f )cn (g).
On procède ici différemment : on prouve par densité-fermeture que
cn (f ∗ g) = cn (f )cn (g) et on récupère en corollaire l´associativité de ∗.

Soit g fixé dans C2Π (R, C) et V = {f ∈ C2Π (R, C) \ c0 (f ∗ g) = c0 (f )c0 (g)}

•V est le noyau de la forme linéaire δ : f → c0 (f ∗ g) − c0 (f )c0 (g) donc V est


un sev de C2Π (R, C). V contient la famille (ek )k∈Z donc V est dense dans
(C2Π (R, C), k k∞ ).
•Pour f ∈ C2Π (R, C), | c0 (f ∗g)−c0 (f )c0 (g) |6| c0 (f ∗g) | + | c0 (f ) | | c0 (g) |
6|k c0 k| k f k∞ k g k∞ + |k c0 k| k f k∞ | c0 (g) |
6 [|k c0 k| k g k∞ + | c0 (g) |] k f k∞
donc la forme linéaire δ est continue, donc le sev dense V est fermé dans
(C2Π (R, C), k k∞ ), d´où V = C2Π (R, C).

On écrit : cn (.) = c0 (. ∗ e−n ) et f ∗ ge−n = f e−n ∗ ge−n donc


cn (f ∗ g) = c0 (f ∗ ge−n ) = c0 (f e−n )c0 (ge−n ) = cn (f )cn (g)

corollaire : pour f , g et h dans C2Π (R, C), (f ∗ g) ∗ h et f ∗ (g ∗ h) ont


les mêmes coefficients de Fourier complexes donc, d´après Parseval, on a
(f ∗ g) ∗ h = f ∗ (g ∗ h).

52
4-unité et idempotent dans (C2Π (R, C), ∗)
•Si µ est une unité de C2Π (R, C) pour ∗, pour tout n ∈ N, on a : en ∗ µ = en
donc cn (en )cn (µ) = cn (en ) = 1, donc cn (µ) = 1. Impossible car d´après
Riemann-Lebesgue, cn (µ) → 0 en +∞

•Si β est un idempotent de C2Π (R, C), la suite (cn (β) est à valeurs dans
{0, 1} donc toujours par Riemann-Lebesgue, Sp (β)p>0 est stationnaire. Par
unicité de la limite dans (D, k k2 ), β apparait comme un polynome trigo-
nométrique à coefficients dans {0, 1}. Réciproquement, toute somme finie
de ek est un idempotent.

5-convolution associée à un noyau


On se donne dans C2Π (R, C) une fonction paire à valeurs réelles notée k.
L´application K : f 7→ f ∗k est un endomorphisme de C2Π (R, C) et l´inégalité
k K(f ) k∞ 6 k k k1 k f k∞ valable pour tout f de C2Π (R, C) montre que
l´opérateur K est continu pour la norme uniforme avec : |k K k| 6 k k k1 .

On se propose de montrer : |k K k|=k k k1

On essaie d´exhiber un élément f0 de C2Π (R, C) pour lequel


k K(f0 ) k∞ = k k k1 k f0 k∞ . On a envi de poser : f0 = sg(k) où sg(k) est
l´application ”signe de k”. Le problème de la continuité se pose.
k
Pour n ∈ N∗ , on pose : fn = 1
|k|+ n
(fn ) est une suite de points de C2Π (R, C) qui converge simplement vers sg(k).

1
R 2π 1
R 2π k2 (t)
On a : K(fn )(0) = 2π 0 fn (−t)k(t)dt = 2π 0 |k(t)|+ n1 dt car k est paire
et K(fn )(0) 6 k K(fn ) k∞ 6 |k K k| k fn k∞ 6 |k K k|

On veut prouver que K(fn )(0) tend vers k k k1 en +∞.


On aura alors l´inégalité k k k1 6|k K k| et le résultat.
k2
Il suffit de vérifier que ( |k|+ 1 ) converge uniformément vers | k | sur [0, 2π].
n

Pour t ∈ [0, 2π] tel que k(t) 6= 0,


1 2
k2 (t) k2 (t) k2 (t) |− n k (t)|
∆n (t) =| |k(t)|+ n 1 − | k(t) ||=| |k(t)|+ n1 − |k(t)| |6 1
|k(t)|(|k(t)|+ n )
1 |k(t)| 1
6 n |k(t)|+ 1 6 n
n
1
L´inégalité ∆n (t) 6 n est aussi valable pour t zéro de k, d´où le résultat.

a) l´opérateur σn
|k σn k|=k Fn k1 = 1

53
Fejer par densité-fermeture On pose :

W = {f ∈ C2Π (R, C)\ k σn (f ) − f k∞ → 0}

• W est un sev de C2Π (R, C).

• Pour p ∈ Z, n ∈ N
1 Pn
σn (ep ) = ep ∗ Fn = n+1 k=0 ep ∗ Dk
1 Pn Pk
= n+1 k=0 m=−k δp,m em
P
σn (ep ) = n+1 ep |p|6k6n 1 = n−|p|+1
1
n+1 ep
|p|
donc k σn (ep ) − ep k∞ 6 n+1 , donc ep ∈ W
donc W contient T , donc W est dense dans C2Π (R, C).

• On considère une suite (fp ) de W qui converge uniformément sur R vers


un élément de C2Π (R, C) noté f . Pourquoi a-t-on : f ∈ W ?

On choisit p ∈ N∗ tel que k fp − f k∞ 6 3ε .


On choisit ensuite N ∈ N∗ tel que n > N ⇒k σn (fp ) − fp k∞ 6 3ε .
ε
On remarque que : k σn (fp ) − σn (f ) k∞ 6 |k σn k| k fp − f k∞ 6 3 et on
conlut enfin par une découpe en trois.

W est un sev de C2Π (R, C), dense et fermé dans C2Π (R, C)
donc W = C2Π (R, C).
remarque : un argument incontournable de cette preuve est le caractère
borné de (|k σn k|). On retrouve la même idée avec :

b) l´opérateur • ∗ Pρ

|k • ∗ Pρ k|=k Pρ k1 = 1

Poisson par densité-fermeture Remarquer que


∀p ∈ Z ep ∗Pρ = ρ|p| ep de sorte que ep ∗Pρ (x) tend vers ep (x) uniformément
par rapport à x quand ρ tend vers 1, puis reprendre la preuve ci-dessus.

c) l´opérateur Sn

4
|k Sn k|=k Dn k1 ∼ ln n
π2
• transformation d´ecritures
R π sin(2n+1) 2t ) R π2 sin(2n+1)u
2π k Dn k1 = −π | t
sin( )
| dt = 4 0 | sin u | du
2
par parité et changement de variable.

• enlever à l´intégrande sa partie principale.

54
Soit φ la fonction définie sur [0, π2 ] par φ(u) = sin1 u − u1 si u 6= 0 et φ(0) = 0.
φ est continue positive sur [0, π2 ].
Z π Z π
R π2 sin(2n+1)u 2 2 | sin(2n + 1)u |
0 | sin u | du = φ(u) | sin(2n + 1)u | du + du
u
|0 {z } |0 {z }
6 π2 kφk∞ =µn

R (n+ 12 )π |sin v|
• encadrer µn = 0 v dv pour en obtenir un équivalent.
R (n+1)π |sin v|
On écrit : µn 6 0 v dv
R nπ |sin v| R (n+1)π |sin v| R (n+1)π |sin v|
et : µn > 0 v dv = 0 v dv − nπ v dv
R (n+1)π
|sin v| Rπ Pn R (k+1)π |sin v|
On a : 0 v dv = 0 |sinv v| dv + k=1 kπ v dv
Rπ |sin v| Pn 1
R (k+1)π
6 v dv + k=1 kπ kπ | sin v | dv
Z0 π X n
| sin v | 2
6 dv +
0 v kπ
k=1
| {z }
∼ π2 ln n
R (n+1)π |sin v| Pn 1
R (k+1)π 2
et : 0 v dv > k=1 (k+1)π kπ | sin v | dv ∼ π ln n
R (n+1)π |sin v| 2
donc : 0 v dv ∼ π ln n
R (n+1)π |sin v| 2
R (n+1)π |sin v|
Avec 0 6 nπ v dv 6 nπ et donc avec nπ v dv = O( n1 ),
R nπ
on a aussi : 0 |sinv v| dv ∼ π2 ln n.
2 4
• bilan : µn ∼ π ln n (cf page 36) et k Dn k1 ∼ π2
ln n

un peu de Baire (cf annexe 2 page 71)

On se pose les deux questions suivantes ;

problème 1 : Φ : f 7→ (cn (f )) de (C2Π (R, C), k k∞ ) dans (l0∞ , N∞ ) est


linéaire, continue et injective (unicité des développements en série de Fourier
dans C2Π (R, C)). A-t-on Φ surjective ?
La réponse est NON ; Si tel est le cas, par le théorème de l´application
ouverte, Φ−1 est continue d´où : k k1 6k k∞ 6 c N∞ avec c ∈ R. En
particulier, pour n ∈ N∗ , avec Dn ∈ C2Π (R, C), k Dn k1 6 c. Contradiction !

problème 2 : pour f ∈ C2Π (R, C), la série de Fourier de f converge-t-elle


vers f (x) en tout point x ?
La réponse est NON ; Pour n ∈ N∗ , ln : f 7→ Sn (f )(0) est une forme linéaire
continue sur le Banach (C2Π (R, C), k k∞ ) et |k ln k|=k Dn k1 (cf page 53).
Par le théorème de Banach-Steinhaus, puisque (|k ln k|) est non bornée, on
peut trouver f ∈ C2Π (R, C) telle que : ∀M > 0 ∃n ∈ N∗ | Sn (f )(0) |> M.
(Sn (f )(0)) n´est pas bornée donc ne converge pas.

55
Huitième partie
convergence simple
A - un résultat de convergence, une jolie preuve
enoncé Soit f ∈ D et a ∈ R. Si f est dérivable en a, alors la suite
(Sn (f )(a) converge vers f (a).

preuve Quitte à remplacer f par τ−a f , puis f par f − f (a), on peut


supposer : f (a) = a = 0. On envisage la fonction g définie sur [−π, π] par
g(x) = eiixf (x)
−1
si x 6= 0, g(0) = f 0 (0). g est continue en 0 et continue par
morceaux sur [−π, 0[∪]0, π]. On prolonge g par 2π-périodicité, g est alors un
élément de D. Pour x ∈ [−π, π], i f (x) = g(x)eix − g(x) donc pour k ∈ Z,
ick (f ) = ck−1 (g) − ck (g). Pn 1 Pn
Pour n ∈ N∗ , Sn (f )(0) = k=−n ck (f ) = i −n ck−1 (g) − ck (g) donc :
Sn (f )(0) = 1i [c−n−1 (g) − cn (g)]. Par Riemann-Lebesgue, le second membre
tend vers f (0) = 0 quand n tend vers +∞.

La dérivabilité est, comme on vient de le voir, une condition suffisante pour


la convergence simple. Ce n´est pas une condition nécessaire.

B - une fonction non dérivable en 0 avec limn→∞ Sn (f )(0) = f (0)


P sin nx
La série de fonctions n2
converge normalement sur R. On en déduit :
• La fonction-somme notée f est continue sur R.
• f , par ailleurs 2π-périodique comme chaque somme partielle de la série, a
les coefficients de Fourier : bn = n12 n ∈ N∗
En vertu du résultat 4 page 27 ou de l´application 4 page 47, la série de
Fourier de f converge uniformément sur R vers f , ce qui assure largement :
limn→∞ Sn (f )(0) = f (0).

Reste à voir que f n´est pas dérivable en 0. La stratégie consiste à mino-


rer le quotient f (x) π
x pour x ∈]0, 2 [ par une quantité qui diverge vers +∞
lorsque x tend vers 0+ . La minoration repose sur une ”decoupe-variable”,
une transformation d´Abel, et une inégalité de convexité ultra-classique .
PN sin nx 1 1 P∞
Pour x ∈]0, π2 [ et N ∈ N∗ , on écrit : f (x)
x = n=1 nx n + x
sin nx
n=N +1 n2
Si on choisit N = E( 2x ), grâce à l´inégalité de Jordan sin u > π u sur [0, π2 ],
π 2
P 2 PN
le ”terme à distance finie” N sin nx 1
n=1 nx n est minoré par π n=1 n
1

Pour
P∞ la gestion duP
”reste”, une transformation d´Abel donne Pn:
sin nx ∞ 1 1
n=N +1 n2 = n=N +1 σn (x)[ n2 − (n+1)2 ] où σn (x) = k=0 sin kx est
1−ei(n+1)x 1
majoré en valeur absolue par | 1−eix
|, par sin x2 , et donc avec Jordan,

56
P
par πx . En définitive : f (x)
x > π2 N 1 π
n=1 n − N 2 x2 .
PN 1
n=1 n tend vers +∞ quand x tend vers 0, et l´encadrement
π 2
N 6 2x 6 N + 1 donne : N 2 x2 →0+ π4 , ce qui termine la preuve de la
non-dérivabilité de f en 0.

C - théorème de Dirichlet
enoncé Soit f 2π-périodique et C 1 par morceaux de R dans C.
Alors, pour x ∈ R, (Sn (f )(x))n>1 converge vers 12 [f (x + 0) + f (x − 0)]

1
Rπ R
1 π sin(n+ 2 )u
1
preuve On rappelle que : 2π −π Dn (u)du = π 0 sin u du = 1
2
1
Rπ 1
sin(n+ 2 )u
et : Sn (f )(x) = 2π 0 [f (x + u) + f (x − u)] sin u du ( n ∈ N∗ , x ∈ R)
2

Soit x ∈ R. Pour n ∈ N∗ ,

²n (x) = Sn (f )(x) − 12 [f (x + 0) + f (x − 0)]


1
R π [f (x+u)−f (x+0)+f (x−u)−f (x−0)]
= 2π 0 sin u sin(n + 12 )udu.
2

On définit l´application g de [0, π] dans C comme suit :


g(u) = [f (x+u)−f (x+0)+f
sin u
(x−u)−f (x−0)]
si u ∈]0, π] et, à bon droit puisque f
2
est C 1 par morceaux, g(0) = 2 [f 0 (x + 0) + f 0 (x − 0)]
g est comme f C 1 par morceaux sur ]0, π], donc en particulier continue par
morceaux sur ]0, π]. Par ailleurs, pour u 6= 0,
u
[f (x+u)−f (x+0)+f (x−u)−f (x−0)] f (x+u)−f (x+0) f (x−u)−f (x−0)
u
sin 2 = 2{ u + u } 2
sin u donc
2
0 0
g(u) tend vers 2 [f (x+0)+f (x−0)] quand u tend vers 0. g est donc continue
en 0, et par Riemann-Lebesgue d´emploi justifié puisque g est maintenant
continue par morceaux sur [0, π], ²n (x) tend vers 0 quand n tend vers +∞.

remarque 1 Lorsque f est un élément de C2π1 (R, C), la série de Fourier de

f converge uniformément sur R vers f (cf page 22).

remarque 2 On pourrait multiplier les exercices qui consistent à calculer,


pour une fonction C 1 par morceaux de D, les an , bn , cn afin d´obtenir avec
Dirichlet des égalités amusantes. En voici deux exemples.

exercice - formule d´Euler Pour α ∈ R\2πZ , cα désigne l´application


2π-périodique définie sur ] − π, π[ par cα (x) = cos(αx).
A l´aide du développement en série de Fourier de cα , montrer que :

X ∞
2 1 1
∀α ∈ R\Z cotan(πα) = α{ 2 + }
π 2α α − n2
2
n=1

57
puis que :

X
∀x ∈] − 1, 1[\{0} (πx)cotan(πx) = 1 − 2 ζ(2p + 2)x2p+2
p=0

Pour α ∈ R\2πZ , cα est paire. Ses coefficients de Fourier an (n ∈ N)


s´obtiennent soit par linéarisation des produits trigonométriques, soit par
1 2α(−1)n sin πα
double intégration par parties. En tout cas : an = π α2 −n2
pour
∗ 2 sin πα 1
n ∈ N et a0 = πα . cα est C par morceaux donc P la formule de Dirichlet
appliquée en π donne : cos πα = sinπαπα + 2α sinππα ∞ 1
n=1 α −n
2 2
P
donc : cotan(πα) = π2 α{ 2α1 2 + ∞ 1
n=1 α −n
2 2 }
P P∞ x2p
Pour x ∈] − 1, 1[, x 6= 0, cotan(πx) = π2 x{ 2x1 2 − ∞ 2p+2 }.

P∞ P∞ x2p P∞ Pk p=0Pn∞ P∞
n=1
Pour k ∈ N , on écrit : n=1 p=0 n2p+2 = n=1 p=0 + n=1 p=k+1
X∞ X ∞
Pk
= p=0 ζ(2p + 2)x2p +
n=1 p=k+1
| {z }
rk (x)
P∞ 1 P∞ 2p = ζ(2) x2k+2 donne :
L´inégalité | rk (x) |6
n=1 n2 p=k+1 x 1−x2
limk→+∞ rk (x) = 0. ParP ailleurs, pour p ∈ N, 0 6 ζ(2p + 2)x2p 6 ζ(2)x2p ,
donc par comparaison, ζ(2p + 2)x2p+2 converge. On fait tendre k vers
P∞ P∞ x2p P
+∞, on obtient : n=1 p=0 n2p+2 = ∞ p=0 ζ(2p + 2)x
2p+2 et la conclusion

est aisée.

remarque : par division suivant les puissances croissantes des développe-


ments limités en 0 de t 7→ t cos t et t 7→ sin t à l´ordre 9 (par exemple),
2 t4 2t6 2t8
on obtient : t cotan(t) = 1 − t3 − 45 − 945 − 9450 + ◦(t8 ) ce qui donne :
2 4 6 8
ζ(2) = π6 , ζ(4) = π90 , ζ(6) = 945
π π
, ζ(8) = 9450 .

exercice Soit g 2π-périodique, impaire définie sur [0, π] par


g(x) = π−1 π−x
2 x si x ∈ [0, 1], g(x) = 2 si x ∈ [1, π]. Etablir avec g :


X ∞
X
sin n sin2 n
=
n n2
n=1 n=1

Rπ R1 Rπ
Pour n ∈ N∗ , bn (g) = π2 0 g(t) sin nt dt = π1 0 (π − 1)t sin nt dt+ π1 1 (π − t) sin nt dt.
Par intégrations par parties, il vient :
bn (g) = π−1 cos n sin n 1 cos n
π {− n + n } + π {(π − 1) n + n2 } = n2P
sin n sin n
.
g étant C par morceaux, par Dirichlet : ∀x ∈ R g(x) = ∞
1 sin n
n=1 n2 sin nx.
P∞ sin n π−1
En particulier : g(1) = n=1 n2 = 2 cqfd.

remarque : voici pour le plaisir une autre façon d´obtenir l´égalité.

58
P∞ sin nx
On sait que : n=1 n = 12 (π − x) si 0 < x < 2π avec convergence uni-
forme compacte de la série de sinus
P∞ surcos]0, 2π[. (cf page 11)
nx
Si C désigne l´application x 7→ n=1 n2 de R dans C, C est paire,
2π-périodique et continue par convergence uniformeP(normale) sur R ; Par
dérivation terme à terme licite, on a : C 0 (x) = − ∞ n=1
sin nx
n = 12 (x − π)
2
sur ]0, 2π[. D´où l´existence de K ∈ R telle que : C(x) = K + x4 − π2 x si
2
0 < x < 2π. On a : K = C(0 + 0) = C(0) = ζ(2) = π6
2 2
d´où pour 0 < x < 2π, C(x) = π6 + x4 − π2 x.
P P∞ 1−2 sin2 n 2
En particulier, C(2) = ∞ cos 2n
n=1 n2 = n=1 n 2 = π6 + 1 − π
P sin2 n P+∞ sin n
donc +∞ n=1 n2 = 2 =
π−1
n=1 n

égalité dans l´inégalité de Wirtinger (cf p.51)


Pour f : R → C continue, 2π-périodique, C 1
R 2π R 2π par0 morceaux, de valeur
moyenne nulle, il y a égalité dans 0 | f | 6 0 | f |2
2

ssi ∃(a, b) ∈ C2 ∀x ∈ R f (x) = a cos x + b sin x.

preuve : l´inégalité de Wirtinger ne peut devenir une égalité que si cn (f )


est nul pour | n |> 2. Or, avec f C 1 parPmorceaux et donc avec le théo-
rème de Dirichlet, on a : ∀x ∈ R f (x) = ∞ −∞ cn (f )e
inx
, ce qui laisse ici :
2
f (x) = a cos x + b sin x, (a, b) ∈ R .

application : soit α : [0, 1] → R2 un arc géométrique (confusion entre α


et sa trace α([0, 1]) dans R2 ), fermé (α(0) = α(1)), simple (pas d’ auto-
intersection, 1 0
R 1 0 α injective), C et régulier (∀v ∈ [0, 1] α (v) 6= 0), de longueur
l = 0 | α (v) | dv.

Théorème des isopérimètres : si λ désigne l´aire du domaine intérieur, on


l2
a l´inégalité : λ 6 4π , avec égalité lorsque α est un cercle. Autrement dit,
à périmètre fixé et sous certaines hypothèses de régularité, le cercle est la
boucle délimitant l´aire maximale.
Rv
On définit s : v 7→ 0 | α0 (u) | du de [0, 1] dans [0, l] (s est une abscisse
curviligne sur α). s est dérivable de dérivée | α0 | (continuité de | α0 |),
strictement croissante de [0, 1] dans R (| α0 |> 0) et s0 ne s´annule pas sur
[0, 1] donc s est un C 1 -difféomorphisme strictement croissant de [0, 1] dans
[0, l] avec (s−1 )0 = s0 ◦s1 −1 = |α0 |◦s
1
−1 . Pour se ramener au segment [0, 2π], on

introduit un nouveau paramètre h 2π : s 7→ t = l s de [0, l] dans [0, 2π], de
l
−1
bijection réciproque h 2π = h l . A présent, pour le même arc, on dispose de
l 2π
−1
3 paramétrages α, β = α ◦ s , γ =β◦h l .

2
On munit R d´un repère orthonormé. Le point courant γ(t) (t ∈ [0, 2π])
de l´arc a pour coordonnées (x(t), y(t)). On admet que :
Z 2π
2λ =| (xy 0 − yx0 )(t)dt |
0

59
R 2π 1 R 2π 1
On a : 2λ 6 ( 0 x2 + y 2 ) 2 ( 0 x0 2 + y 0 2 ) 2 avec Cauchy-Scharwz. Quitte à
1
R 2π
effectuer une translation, précisément remplacer x par x − 2π 0 x et y par
1
R 2π
y − 2π 0 y, on ramène le centre de gravité de la surface délimitée par γ en
R 2π R 2π
l´origine du repère, ie on suppose que : 0 x = 0 y = 0. Grâce à Wirtin-
R 2π 0 2 R 2π R 2π
ger, 2λ 6 0 (x + y 0 2 )(t)dt avec 0 (x0 2 + y 0 2 )(t)dt = 0 | γ 0 (t) |2 dt
R 2π R 2π l 2
= 0 | β 0 [h l (t)] (h l )0 (t) |2 dt = 0 | α0 [s−1 (h l (t))](s−1 )0 [h l (t)] 2π | dt
l2
R 2π 2π
l2
2π 2π 2π

= 4π 2 0 dt = 2π

Si on veut une égalité, il faut : x = a cos t + b sin t ; y = α cos t + β sin t et


x 2 2 0 2 + y 0 2 ) (égalité dans Cauchy-Scharwz) avec µ = 1 afin que :
R 2π+ y2 = 2µ(x R 2π 02 02 2 2 2 2
0 x + y = 0 x + y . cela donne : a + α = b + β et ab + αβ = 0
et finalement : x2 + y 2 = C , C = a2 + α2 . cqfd.

60
Neuvième partie
convergence normale, uniforme
Quelles hypothèses de régularité raisonnables mettre sur f ∈ D pour que
(Sn (f ))n∈N converge uniformément versf sur R ?
• La convergence uniforme entrainant la convergence simple, on peut rai-
sonnablement imposer à f d´être C 1 par morceaux (cf Dirichlet)
• Les Sn (f ) étant continues, leur éventuelle limite uniforme l´est aussi, d´où
l´idée d´imposer à f d´être continue.

A]propriété
1-enoncé Si f : R → C est 2π-périodique, continue et de classe C 1 par
morceaux sur R, alors la série de Fourier de f converge normalement sur R
et a pour somme f .

preuve : on sait déjà que (cn (f )) est un élément de l1 , ce qui assure la conver-
gence normale de la série de Fourier de f sur R. Soit g la fonction somme.
g est 2π-périodique et continue sur R donc appartient à D. L´inégalité
k k2 6k k∞ montre que (Sp (f )) converge en moyenne quadratique vers g.
Par unicité de la limite dans (D, k k2 ), on a f = g.

2-condition
P∞ suffisante vs condition nécessaire
sin nx
f : x 7→ n=1 n2 (cf page 56) définit sur R une fonction 2π-périodique,
continue, mais non C 1 par morceaux et pour laquelle cependant la série de
Fourier de f converge normalement sur R vers f .
P cos nx
Justif ication rapide : la série de fonctions n converge uniformément
sur tout intervalle du type [δ, π] avec 0 < δ < π, donc P∞f est dérivable sur
0 (x) = cos nx
]0, π], sa Pdérivée en tout x de ]0, π] étant f n=1 n . Or pour
∞ cos nx x
x ∈]0, π], n=1 n = − ln(2 sin 2 ) (cf page 11). Il vient :
f 0 (x) ∼0+ − ln x. ce qui donne : limx→0+ f 0 (x) = +∞ et assure que f n´est
pas C 1 par morceaux sur R. On pourrait prouver l´équivalence
P ∞ cos nx
n=1 nP ∼0+ − ln x,Pcomme àP la page 12, en posant N = E( x1 ) et en
P
écrivant ∞ n=1
cos nx
n = N 1
n=1 n −
N
n=1
1−cos nx
n + ∞ n=N +1
cos nx
n .

3-quelques normes sur l´espace des fonctions de classe C 1 .


1 (R, C) des normes k k , k k , k k , avec les
On dispose déjà sur C2Π ∞ 1 2
inégalités : k k1 6k k2 6k k∞

Pour α ∈ {1, 2, ∞} et f ∈ C2π 1 (R, C), N (f ) désigne la norme de (c (f ))


α n
élément de lα . Les Nα sont des normes sur C2π
1
(R, C). En effet, par unicité
des développements de Fourier, la propriéte [ Nα (f ) = 0 ⇒ f = 0 ] est

61
vérifiée alors que l´homogénéité et l´inégalité triangulaire pour Nα reposent
sur la linéarité des cn .
•La formule de Parseval donne N2 =k k2
•Pour f ∈ C2π 1 (R, C) et n ∈ Z, on a : | c (f ) |6k f k donc : N
n P1 ∞ 6k k1
•Pour f ∈ C2π 1
(R, C) et n ∈ Z, on a k Sn (f ) k∞ 6 nk=−n | ck (f ) | 6 N1 (f ).
f étant continue et C 1 par morceaux, la série de Fourier de f converge
normalement, donc uniformément sur R et a pour somme f . On fait tendre
n vers +∞ et on obtient k k∞ 6 N1
1 (R, C), on pose : N (f ) =k f k + k f 0 k . N est clairement
Pour f ∈ C2Π 1 1
1 (R, C). On propose de montrer que k k 6 2(π + 2)N .
une norme sur C2Π ∞

L´inégalité souhaitée peut s´obtenir en contrôlant les sommes de Fourier,


puis en passant à la limite. Sa forme montre qu´il faut faire intervenir la
dérivée f 0 , élément de C2Π (R, C).
Pour n ∈ N∗ et x ∈ R, on a : Sn (f )(x) = c0 (f ) + 2 f 0 ∗ Gn (x) ( page 22)
donc | Sn (f )(x) |6k f k1 +2 k Gn k∞ k f 0 k1 6 2(π + 2)[ k f k1 + k f 0 k1 ]
Par convergence uniforme de Sn (f ) vers f sur R, on obtient en passant à la
limite :
k k∞ 6 2(π + 2)N

B]forme des ζ(2l), l ∈ N∗


P∞ cos(nx−2 π2 ) 2 2
lemme On a vu (page 59) : ∀x ∈ [0, π] n=1 n2
= − π6 + π2 x− x4 .
On veut :

X k
X
cos(nx − k π )
∀k ∈ N, k 6= 0, k 6= 1, ∀x ∈ [0, π] 2
= ai,k π k−i xi
nk
n=1 i=0

où les ai,k sont des nombres rationnels.

preuve On suppose la propriété vraie au rang k. Pour x ∈ [0, π], la série


P cos(nx−k π2 )
de fonctions continues k converge normalement, donc uniformé-
R x P∞ n cos(nt−k π2 ) P sin(nx−k π2 sin k π
ment sur [0, x] donc : 0 n=1 n k dt = ∞ n=1 [ n k+1 + nk+12 ]
P sin k π2 P∞ cos[nx−(k+1) π2 ]
= ∞ n=1 nk+1 + n=1 nk+1
R x P∞ cos(nt−k π
) P
Par ailleurs, 0 n=1 n k
2
dt = k+1 i=1 ai,k+1 π
k+1−i i
x
ai−1,k
avec : a1,k+1 = a0,k et ai,k+1 = i (2 6 i 6 k + 1).
P∞ cos[nx−(k+1) π2 ] Pk+1
De là : n=1 nk+1
= i=0 ai,k+1 π k+1−i xi
1 P ∞ sin k 2
π
où : a0,k+1 = − π k+1 n=1 nk+1 .
a
Pour 1 6 i 6 k + 1, ai,k+1 = i−1,k i ∈ Q.
Reste à voir que a0,k+1 est un rationnel.

Si k est pair, a0,k+1 = 0. On suppose k impair, k = 2l − 1.

62
P∞ sin k π2 P∞ cos[nx−(k+1) π2 ] P
Pour x ∈ [0, π], n=1 nk+1 + n=1 n k+1 = k+1
i=1 ai,k+1 π
k+1−i xi
P∞ sin k 2 P∞
π π
n cos(k+1) 2
donc en particulier pour x = π, n=1 nk+1 + n=1 (−1) nk+1
= π k+1 ς
P
avec : ς = k+1 i=1 ai,k+1 ∈ Q. En séparant dans la deuxième somme les indices
P∞ sin k π2 P∞ sin k π2 P∞ sin k π2 k+1
pairs et impairs : n=1 n k+1 − p=1 2 k+1 p k+1 + p=0 (2p+1)k+1 = π ς
P∞ sin k π2 P∞ π
sin k 2
donc : n=1 nk+1 − 2 p=1 2k+1 pk+1
P sin k π2 P∞ sin k π2
+ ∞ p=1 2k+1 pk+1 + p=0 (2p+1)k+1 = π
k+1 ς.

P sin k π2
De là : (2 − 2k+1 2
) ∞n=1 nk+1 = π
k+1
ς. Ainsi, a0,k+1 = 2−−ς2 ∈ Q.
2k+1

au passage En remplaçant k par 2l − 1, il vient : ζ(2l) = (−1)l a0,2l π 2l


| {z }
∈Q

63
Dixième partie
A propos des fonctions
harmoniques (cf RMS5-1995)
U désigne un ouvert non vide de C, identifié à R2 , H est une fonction C 2
de U dans R. Pour (x, y) ∈ U , on pose :
∂2H ∂2H
∆H (x, y) = (x, y) + (x, y)
∂2x ∂2y
∆H est appelé laplacien de H sur U .
On dit que H est harmonique sur U lorsque ∆H est nul sur U .

Pour a ∈ U et ρ > 0 tel que D(a, ρ) ⊂ U , on définit l´application G de


[0, ρ[×R dans R par : G(r, θ) = H(a + reiθ )

A] deux lemmes.
Laplacien en coordonnées polaires Pour (r, θ) ∈]0, ρ[,
2 1 ∂2G
∆H (a + reiθ ) = ∂∂ 2Gr (r, θ) + 1r ∂G
∂r (r, θ) + r2 ∂ 2 θ

On vérifie :
∂G ∂H iθ ∂H iθ
∂r (r, θ) = ∂x (a + re ) cos θ + ∂y (a + re ) sin θ
∂G ∂H iθ ∂H iθ
∂θ (r, θ) = r[− ∂x (a + re ) sin θ + ∂y (a + re ) cos θ]
2
∂ G 2 2 2
∂2r
(r, θ) = ∂∂ 2Hx
∂ H
(a+reiθ ) cos2 θ+2 ∂x∂y (a+reiθ ) cos θ sin θ+ ∂∂ 2Hy (a+reiθ ) sin2 θ
∂2G 2 ∂2H
∂2θ
(r, θ) = r2 [ ∂∂ 2H
x
(a + reiθ ) sin2 θ − 2 ∂x∂y (a + reiθ ) cos θ sin θ
2
+ ∂∂ 2Hy (a + reiθ ) cos2 θ] − r[ ∂H iθ ∂H iθ
∂x (a + re ) cos θ + ∂y (a + re ) sin θ]

d´où le résultat.

Equation différentielle d´Euler Soit α > 0, R > 0. (Eα ) désigne


l´equation différentielle r2 u00 (r) + ru0 (r) − α2 u(r) = 0, u ∈ C 2 (]0, R[, R).

Le plan des solutions de (Eα ) admet pour base (1, ln r) si α = 0, et (rα , r −α )


si α > 0

B] propriété de la moyenne
enoncé Si H est harmonique sur U , alors H vérifie la propriété de la
moyenne :
Z 2π
1
∀a ∈ U ∀r > 0 , D(a, r) ⊂ U H(a) = H(a + reiθ )dθ
2π 0

64
preuve Soit a ∈ U et ρ > 0 tel queRD(0, ρ) ⊂ U .
1 2π iθ
Pour 0 6 r < ρ, on pose : u(r) = 2π 0 H(a + re )dθ

(r, θ) 7→ H(a + reiθ ) est globalement continue sur [0, ρ[×[0, 2π], admet des
dérivées partielles d´ordre 1 et 2 par rapport à r continues du couple (r, θ)
sur [0, ρ[×[0, 2π]. u est donc C 2 sur [0, ρ[. Par dérivation sous le signe
intégral sur ]0, ρ[ et en utilisant l´expression du Laplacien en polaires, on
voit que u vérifie (E0 ). u continue sur [0, ρ[ est bornée au voisinage de 0,
donc u est constante sur ]0, ρ[, sur [0, ρ[ par continuité en 0. u est bien
constante de valeur u(0) = H(a)

C] problème de Dirichlet sur le disque unité


énoncé On se donne une fonction réelle continue sur S 1 , ie une fonction
h de C2π (R, R). Comment prolonger h en une fonction continue sur D(0, 1)
et harmonique sur D(0, 1) ?

analyse du problème Si H convient, on dispose pour 0 6 r < 1 de la


fonction C 2 , 2π-périodique
R 2π hr : θ 7→ H(reiθ ) dont les coefficients de Fourier
1 iθ −inθ
sont : cn (r) = 2π 0 H(re )e dθ (n ∈ Z).
Pour n ∈ Z, (r, θ) 7→ H(re )eiθ −inθ est globalement continue sur [0, 1]×[0, 2π],
admet des dérivées partielles d´ordre 1 et 2 par rapport à r continues du
couple (r, θ) sur [0, 1[×[0, 2π]. Par dérivation sous le signe intégral, compte
tenu de l´expression du Laplacien en coordonnées polaires et de la condition
∆H = 0, les cn vérifient sur ]0, 1[ la relation (En ).
Pour n 6= 0, cn continue sur [0, 1[ (et même sur [0, 1]), est bornée au voisinage
de 0, donc il existe une constante λn telle que :

∀r ∈ [0, 1[ cn (r) = λn r|n|

c0 est constante sur [0, 1[ de valeur λ0 = H(0) (cf B]).


hr de classe C 2 est somme deP sa série de FourierP(Dirichlet), ce qui donne :
∀r ∈ [0, 1[ ∀θ ∈ R hr (θ) = n>0 λn rn einθ + n>1 λ−n rn e−inθ .
Par continuité de (r, θ) 7→ H(reiθ )e−inθ sur [0, 1] × [0, 2π], cn est continue
en 1 et : limr→1− cn (r) = cn (h) d´où : λn = cn (h)
En définitive : ∀0 6 r < 1 hr = h ∗ Pr
ou : X X
∀z ∈ D(0, 1) H(z) = cn (h)z n + c−n (h)z̄ n
n>0 n>1

synthèse du problème On se donne h ∈ C2π (R, R).


L´inégalité | cn (h)z |n| |6k h k∞ | z ||n| valablePpour n ∈ Z, zP∈ C assure que
les rayons de convergence des séries entières cn (h)z n et c−n (h)z n sont
supérieurs à 1.

65
iθ ∈ S 1 , on pose :
Pour z ∈PD(0, 1) et w = eP
H(z) = n>0 cn (h)z + n>1 c−n (h)z̄ n et H(w) = h(θ).
n

• H est continue sur D(0, 1).(continuité des sommes de séries entières sur le
disque ouvert de convergence et continuité de z 7→ z̄)
• H est continue sur D(0, 1). (cf p.47)
• Soit (x0 , y0 ) ∈ D(0, 1)

On choisit α > 0, β > 0 tels que le rectangle [x0 − α, x0 + α] × [y0 − β, y0 + β]


soit contenu dans D(0, 1). [x0 − α, x0 + α] × [−(y0 + β), −(y0 − β)] est aussi
inclus dans D(0, 1). On envisage Hy0 correctement définie sur [x0 −α, x0 +α]
par :
X X
Hy0 (x) = cn (h)(x + iy0 )n + c−n (h)(x − iy0 )n .
n>0 n>1
P P
On rappelle que pour (an ) ∈ CN , les deux séries entières an z n et nan z n−1
ont le même rayon de convergence. Avec la convergence absolue des séries
de terme général

• cn (h)n(x0 + α + i(y0 + β))n−1


• cn (h)n(x0 + α − i(y0 + β))n−1
• cn (h)n(n − 1)(x0 + α + i(y0 + β))n−2

• cn (h)n(n − 1)(x0 + α − i(y0 + β))n−2


les séries de fonctions
P
• cn (h)n(x + iy0 )n−1
P
• cn (h)n(x − iy0 )n−1
P
• cn (h)n(n − 1)(x + iy0 )n−2
P
• cn (h)n(n − 1)(x − iy0 )n−1
convergent normalement sur [x0 − α, x0 + α] donc Hy0 est C 2 sur l´intervalle
[x0 − α, x0 + α] et, par dérivation terme à terme, on a :
X X
Hy000 (x0 ) = cn (h)n(n − 1)(x0 + iy0 )n + c−n (h)n(n − 1)(x0 − iy0 )n
n>2 n>2

On montre de même que :


∂ 2H X X
n
(x 0 , y 0 ) = − cn (h)n(n − 1)(x 0 + iy 0 ) − c−n (h)n(n − 1)(x0 − iy0 )n
∂2y
n>2 n>2

De là : ∆H (x0 , y0 ) = 0. H est bien harmonique sur D(0, 1).

66
Onzième partie
Annexes
1 Théorèmes d´Abel. Séries de Hardy
L´outil essentiel est la transformation d´Abel appelée aussi ”sommation par
parties”. On travaille par ailleurs dans K = R ou C complet, ce qui permet
d´évoquer constamment le critère de Cauchy.

A-Un théorème pour les séries numériques


a) Version ”variation bornée”
Si
P (λn )n∈N est une suite dans K telle que (λn ) tend vers 0 en +∞ et
| λn+1 − λn | converge, et si (un )n∈NPest une suite dans K à sommes par-
tielles bornées (par M ), alors la série λn un est convergente.
P
Lorsque la condition | λn+1 − λn | < +∞ est vérifiée, on dit que la suite
(λn ) est à variation bornée.
Pn+p Pn+p
preuve : pour n, p dans N∗ , k=n λk uk = k=n λk (Uk − Uk−1 ) où pour
P
k ∈ N∗ , Uk = kj=0 uj . De là :

n+p
X n+p−1
X
λk uk = −λn Un−1 + λn+p Un+p + (λk − λk+1 )Uk
k=n k=n
Pn+p Pn+p−1
et : | k=n λk uk |6 M [| λn | + | λn+p | + k=n | λk+1 − λk |].
∗ n0 ∀q ∈ N∗ | λn |6 ε et
Pn+qε > 0. On choisit n0 ∈ N tel que : ∀n >
Soit Pn+p
Pk=n | λk+1 − λk | 6 ε. Dans ces conditions, | k=n λk uk |6 3M ε ;
λn un vérifie le critère de Cauchy dans K donc converge.

b) Version usuelle
Si (λn ) est une suite réelle qui tend vers 0 en décroissant
P et si (un ) est une
suite dans K à sommes partielles bornées, alors λn un est convergente.
P P
(λn ) tend vers 0 et N = N
k=0 | λk+1 − λk |P k=0 λk − λk+1 = λ0 − λN +1
valable pour tout N ∈ N prouve que | λn+1 − λn | < +∞. On est ainsi
ramené au théorème d´Abel version ”variation bornée”.

application : étude des séries de Hardy La démarche retenue est


issue d´un article de J.M Exbrayat et A. Pommelet (RMS-6 fevrier 1994)
P ein
α
On étudie les séries trigonométriques du type nβ
où 0 6 α 6 1 et 0 < β.

67
• α = 0 : convergence ssi β > 1 (séries de Riemann)

• α = 1 : convergence par l´usuel Abel.

• 0 < α < 1P α
ein
Si β > 1, nβ
converge absolument.
Si 0 < β 6 1, convergence ssi β > 1 − α.

lemme
Si (un ) et (vn ) sont deux suites dans K telles que :
c1 cr 1
vn = un [1 + α
+ ... + α
+ °( α
)]
n 1 n r n r+1
où : α1 , ..., αr > 0 et αP
r+1 > 1, P
un vn
alors pour tout δ > 0, nδ
et nδ
sont de même nature.

preuve du lemme
P un P un 1
Soit δ > 0. Si converge, nδ n α k
(1 6 k 6 r) converge par
P un

1 P vn
l´usuel Abel et nδ
° ( nαr+1 ) converge (absolument). De là : nδ
converge.
P vn
Réciproquement, on suppose que nδ
converge.
c1 cr
On écrit : un = vn [1 + nα1 + ... + nαr + °( nα1r+1 )]−1 donc
c2
un = vn [1 − ncα11 − ... − ncαrr + °( nα1r+1 ) + n2α1 1 + ...] où on ne garde que les
puissances de n d´exposant strictement inférieur à αr+1 . un s´écrit alors :
e1 es 1
un = vP n [1 + nγ1 + ... + nγs + °( nαr+1 )] où : γ1 , ..., γs > 0. Par symétrie des
un
rôles, nδ
converge.

retour aux séries de Hardy


α α
Pour n ∈ N∗ , on pose : dn = ei(n+1) − ein .
α α α
On a : dn = ein [ei((n+1) −n ) − 1].
α(α−1)
Or : (n + 1)α − nα = nα [(1 + n1 )α − 1] = nα [1 + α
n + 2n2
+ °( n13 ) − 1]
ie : (n + 1)α − nα = α
n1−α
+ α(α−1)
2n2−α
1
+ °( n3−α ).
iα iα(α−1) 1
1−α + 2−α +°( 3−α )
α
De là : dn = ein [e n 2n n − 1]
inα iα iα(α−1) 1 −α2
= e [1 + n1−α + 2n2−α + °( n3−α ) + n2−2α + ... − 1] (on ne garde que les
exposants strictement inférieurs à 3 − α) donc

dn = einα [ n1−α + nkβ22 + ... + nkβrr + °( n3−α
1
)] avec β2 , ..., βr > 1 − α. Il vient :
α
iαein c2 cr 1
dn = 1−α
[1 + α + ... + αr + °( 2 )]
n n 2 n n
où : αk = βk − (1 − α) > 0 pour 2 6 k 6 r.

68
• premier cas : β > 1 − α ; β = 1 − α + δ (δ > 0)
inα P
On a : dnnδ = iαenβ [1 + ncα22 + ... + ncαrr + °( n12 )] avec dn n1δ convergente
P einα
(Abel usuel) donc nβ
converge en vertu du lemme.

• deuxième cas : β = 1 − α
P P einα P
Comme dn diverge, n β diverge aussi. On peut préciser : dn a ses
α P e inα P ein α
sommes partielles (ein −1)n∈N∗ bornées, chaque n1−α+αk
et n1−α
° ( n12 )
convergent donc ont aussi leurs sommes partielles bornées, de là on conclut
P einα
que la série divergente nβ
a ses sommes partielles bornées.

• troisième cas : β < 1 − α ; β = 1 − α − δ (δ > 0)


inα P
on a : nδ dn = iαenβ [1 + ncα22 + ... + ncαrr + °( n12 )]. Comme dn diverge,
P einα

diverge aussi. Pourquoi ses sommes partielles ne sont-elles pas bor-
nées ? P
(nδ dn ) a ses sommes partielles non bornées. (Sinon avec dn = nδ dn n1δ , dn
P einα
converge...). Maintenant, par l´absurde, si nβ
a ses sommes partielles
P einα 1
bornées, chaque n β nαk
converge et a ses sommes partielles bornées. De
P δ
là, n dn a ses sommes partielles bornées. Ce qui n´est pas.

c) Théorème des séries alternées-contrôle du reste


P
Soit un une série alternée (∀n ∈ N un un+1 < 0) telle P que (| un |) tend
vers 0 en décroissant et ce, dès le premier terme. P
Alors un converge et sa
somme est strictement du signe de u0 . Si Rn = ∞ k=n+1 k désigne le reste
u
d´ordre n, alors Rn est du signe de un+1 et : | Rn |6| un+1 | (reste majoré
par le premier terme négligé).

d) Un exemple d´utilisation de la version ”variation bornée”


P einα
On envisage la série de Hardy convergente nβ
(0 < α < 1, β > 1 − α),
P einα n
et la série entière associée nβ
z . Donner une condition suffisante pour
P einα n
que nβ
z converge simplement sur le cercle-unité S 1 .
P einα inθ
On est amené à étudier les séries nβ
e (θ ∈ R). Le cas θ = 0(2π)
ne pose pas de problème. Soit à présent θ ∈]0, 2π[. La suite (einθ ) est à
sommes partielles bornées. On cherche donc une condition suffisante pour
inα
que ( enβ ), qui tend vers 0, soit à variation bornée.
α
eix
Ψ : x 7→ xβ
de [1, +∞[ dans C est dérivable (et même C 1 ) sur [1, +∞[
α α
iαeix βeix
avec pour x > 1, Ψ0 (x) = x1−α+β
− x1+β
. Sur chaque [k, k + 1] (k ∈ N∗ ),

69
α β
| Ψ0 (x) |6 k1−α+β
+ k1+β
donc par accroissements finis :
α α
ei(k+1) eik α β
| β
− β
|6 1−α+β + 1+β .
(k + 1) k k k
inα
Pour avoir ( enβ ) à variation bornée, il suffit d´imposer :
1 − α + β > 2(1 − α) > 1 ie : 0 < α < 12 .

B-Un théorème pour les séries entières


enoncé d´Abel radial P P
Si (an ) est une suite dans K telle que an converge, alors an xn converge
uniformément sur [0, 1]. En particulier :

X ∞
X
limρ→1− ,ρ∈R an ρn = an .
n=0 n=0

preuve
C´est une application du critère de Cauchy qui repose de plus sur une trans-
formation d´Abel avec Preste. Soit ε > 0. On choisit n0 ∈ N∗ tel que :

∀n > n0 | Rn |=| k=n+1 ak |6 ε. Pour ρ ∈ [0, 1], n > n0 , p ∈ N,
Pn+p P n+p Pn+p−1
ρ = k=n (Rk − Rk+1 )ρk = Rn−1 ρn −Rn+p ρn+p + k=n
k=n akP
k Rk (ρk+1 − ρk )
n+p
donc : | k=n ak ρk |6 2ερ n
P 6n2ε et le critère de Cauchy uniforme est vérifié.
La fonction somme de an x est continue sur [0, 1] et donc en 1.
P
cas particulier
P : an série alternée convergente
APx fixé, n
an x est une série alternée convergente et son reste d´ordre n−1
( ∞k=n a k x k ) est majoré en module par le premier terme négligé. Delà :
P
∀x ∈ [0, 1] P | ∞ k n
k=n ak x |6| an x |6| an |, ce qui assure la convergence
uniforme de an xn sur [0, 1].

exercice Autre illustration de laP transformation d´Abel avec reste.


montrer que pour la série entière an z n , les énoncés (i) convergence uni-
forme sur D(0, 1), (ii) convergence uniforme sur D(0, 1) et (iii) convergence
uniforme sur S 1 sont équivalents.

70
2 Un peu de Baire
Cet appendice présente, sans démonstrations, la propriété de Baire et deux
résultats relatifs aux espaces de Banach (Théorème de l´application ouverte
et théorème de Banach-Steinhaus). Les preuves se trouvent par exemple
dans Analyse f onctionnelle de Brezis ou les maths en tête de Gourdon.

a-propriété de Baire
Dans un espace de Banach E, toute suite de fermés de E sans intérieur a une
réunion (en général non fermée) d´intérieur vide ; ou de façon équivalente :
toute suite d´ouverts denses dans E a une intersection encore dense dans E.

utilisation courante S
Si (Fn ) est une suite de fermés du Banach E telle que ∞ n=1 Fn = E, alors

il existe n0 ∈ N tel que Fn0 soit d´intérieur non vide dans E.
Par exemple, en considérant dans R[X] les sous-espaces (de dimension finie)
Fn = V ect(1, X, .., X n ), on montre qu´aucune norme ne rend R[X] complet.

b-théorème de l´application ouverte


Une application linéaire continue surjective entre espaces de Banach trans-
forme tout ouvert de la source en ouvert du But.

corollaire
Si E et F sont 2 espaces de Banach et si T est un opérateur linéaire continu
et bijectif de E sur F , alors T −1 est continu de F sur E.

c-théorème de Banach-steinhaus
Soit E un espace de Banach, F un espace vectoriel normé et (Ti )i∈I une
famille d´opérateurs linéaires continus de E dans F . Si, à chaque fois qu´on
fixe x dans E, la famille (Ti (x))i∈I est bornée dans F , alors (Ti (x))i∈I ) est
uniformément bornée sur B(0, 1)E .
Précisément avec E, F et (Ti ) comme ci dessus :
∀x ∈ E ∃Mx ∈ R ∀i ∈ I k Ti (x) kF 6 Mx
⇒ ∃M ∈ R ∀x ∈ B(0, 1)E ∀i ∈ I k Ti (x) kF 6 M.

Résultat
P faux si E n´est pas complet : envisager sur R[X] la norme
k ni=1 ai X i k= max16i6n | ai | et, pour n ∈ N∗ , Tn : P 7→ P (n) (0).

application
La limite simple d´une suite d´applications linéaires continues entre un es-
pace de Banach E et un espace vectoriel normé F est (linéaire) continue de
E dans F .

71
3 Trois en Un
objectif On peut obtenir le théorème de Bernstein sur I = [0, 1], le théo-
rème de Poisson et le théorème de Fejer à partir d´un même squelette de
démonstration. On étudie l´articulation commune de ces 3 preuves, puis on
démontre le théorème de Korovkin-Schaeffer qui unifie ces 3 résultats.

énoncés • Pour f : [0, 1] → R, le nemeP polynôme de Bernstein associé à f


est défini sur I = [0, 1] par Bn (f )(x) = nk=0 f ( nk )Cnk xk (1 − x)n−k

théorème de Bernstein : la suite de fonctions (Bn (f )) converge uniformé-


ment sur [0, 1] vers f dès que f est dans C([0, 1], R).
1 Pn+1 Pk
• théorème de F ejer : pour g dans C2π (R, R), σn (g) = n+1 k=0 p=−k cp (g)ep
converge uniformément sur R vers g.

• théorème de P oissonR : soit h ∈ C2π (R, R). Pour


R 2π ρ ∈ [0, 1[ et x ∈ R, on
1 2π 1
pose : h ∗ Pρ (x) = 2π 0 h(t)Pρ (x − t)dt = 2π 0 h(x − t)Pρ (t)dt.
Alors : limρ→1− k h ∗ Pρ − h k∞ = 0.

notations On considère les applications de R dans R : 1 : x 7→ 1, c : x 7→


cos x, s : x 7→ sin x, et pour i = 1, 2 fi : x 7→ xi .

A) les 3 preuves
Il s´agit de majorer | f (x) − Bn (f )(x) | pour x ∈ [0, 1], | σn (g)(x) − g(x) |
pour x ∈ R et | h ∗ Pρ (x) − h(x) | pour x ∈ R par des quantités qui peuvent
être rendues arbitrairement petites indépendemment de x. On compare fa-
cilement des objets de même allure ; il est donc naturel de commencer les
preuves par :
Pn k
• pour x ∈ [0, 1], n ∈ N, | Bn (f )(x)−f (x) |=| k=0 [f ( n ) − f (x)]Cnk xk (1 − x)n−k |
Pn
6 k=0 | f ( nk ) − f (x) | Cnk xk (1 − x)n−k
1

• pour x ∈ R, n ∈ N∗ , | σn (g)(x)−g(x) |=| [g(t) − g(x)]Fn (x − t)dt |
1
Rπ 2π −π
6 2π −π | g(t) − g(x) | Fn (x − t)dt

1

• pour x ∈ R, ρ ∈ [0, 1[, | h∗Pρ (x)−h(x) |=| 2π −π [h(t) − h(x)]Pρ (x − t)dt |

1

6 2π −π | h(t) − h(x) | Pρ (x − t)dt

Les membres de droite des inégalités ci-dessus vont être majorés en 2 temps.
On fait apparaitre un ”terme à distance finie” petit grâce à l´uniforme conti-
nuité de f, g, et h, puis un ”reste” sur lequel les fonctions n´ont pas de

72
contrôle. On utilise quand même le fait que f, g et h sont bornées pour
gérer ce reste.

Soit ε > 0. On choisit η > 0 tel que :

∀(x, x0 ) ∈ I × I | x − x0 |6 η ⇒| f (x) − f (x0 ) |6 ε


P
| Bn (f )(x) − f (x) |6 k\| k −x|6η | f ( nk ) − f (x) | Cnk xk (1 − x)n−k
P n
+ k\| k −x|>η | f ( nk ) − f (x) | Cnk xk (1 − x)n−k
n
P ( k −x)2
6 ε + 2 k f k∞ k\| k −x|>η n η2 Cnk xk (1 − x)n−k
n
2kf k∞
6ε+ η2
{Bn (f2 )(x) − 2xBn (f1 )(x) + x2 Bn (1)(x)}
6 ε + 2kfη2k∞ {[Bn (f2 )(x) − x2 ] − [2xBn (f1 )(x) − 2x2 ] + [x2 Bn (1)(x) − x2 ]}
6 ε + 2kfη2k∞ {| Bn (f2 )(x) − x2 | +2 | Bn (f1 )(x) −x | + | Bn (1)(x)− 1 |} ♠

Avec les mêmes notations pour g,


1
R
| σn (g)(x) − g(x) |6 2π |t−x|6η | g(t) − g(x) | Fn (x − t)dt
1
R
+ 2π |t−x|>η | g(t) − g(x) | Fn (x − t)dt
1
R
6 ε + 2 k g k∞ 2π |t−x|>η Fn (x − t)dt
1
R 1−cos(x−t)
6 ε + 2 k g k∞ 2π |t−x|>η 1−cos η Fn (x − t)dt
2
2kgk∞
6 ε+ 1−cos η {σn (1)(x)−1−cos(x)[σn (c)(x)−cos x]−sin(x)[σn (s)(x)−sin x]}
2
2kgk∞
6 ε+ 1−cos η2
{| σn (1)(x) − 1 | + | σn (c)(x) − cos x | + | σn (s)(x) − sin x |} ♠0

De même :

| h ∗ Pρ (x) − h(x) |
2khk∞ 00
6 ε + 1−cos η {| 1 ∗ Pρ (x) − 1 | + | c ∗ Pρ (x) − cos x | + | s ∗ Pρ (x) − sin x |} ♠
2

♠ prouve que la convergence uniforme sur I de Bn (f ) vers f pour les trois


fonctions 1, f1 et f2 implique la convergence uniforme de Bn (f ) vers f pour
f quelconque dans C(I, R). De même, avec ♠0 , la convergence uniforme sur
R de σn (f ) vers f pour les fonctions-test 1, c, s assure le théorème de Fejer.
Remarque analogue avec ♠00 .

exercice 1) Determiner les polynômes Bn (1), Bn (f1 ), Bn (f2 )


n n
2) Montrer que : ∀n ∈ N σn (1) = 1, σn (c) = n+1 c, σn (s) = n+1 s
3) Vérifier que : ∀ρ ∈ I c ∗ Pρ = ρc, s ∗ Pρ = ρs
4) Conclure.

73
B) théorème de Korovkin-Schaeffer
enoncé I désigne un intervalle compact de R. On note 1 l´application de
I dans R constante de valeur 1. Soit Q = {1, f1 , .., fk } une partie finie de
C(I, R) et p une application définie sur I × I,Pà valeurs positives, nulle sur
la diagonale de I × I et de la forme p(t, x) = kj=1 aj (t)fj (x) où chaque aj
est continue sur I. Le couple (Q, p) est appelé ensemble-test.

Pour h : I × I → R, on pose : Z(h) = {(t, x) ∈ I × I \ h(t, x) = 0}, pour


f : I → R, df : (t, x) 7→ f (x) − f (t).

Soit S ⊂ R, α ∈ S et (Ls )s∈S une famille d´endomorphismes monotones (ou


positifs) de C(I, R).

Si, pour f ∈ Q, lims→α k Ls (f ) − f k∞ = 0, alors lims→α k Ls (f ) − f k∞ = 0


pour tout f de C(I, R) vérifiant Z(p) ⊂ Z(df ).

preuve Voici le principe de la démonstration :


• on ramène le problème portant sur f à un problème portant sur df .
• on exploite Z(p) ⊂ Z(df ) pour se ramener à un problème sur p.
• on conclut grâce à la forme de p.

Soit f ∈ C(I, R) vérifiant Z(p) ⊂ Z(df ). Pour (t, x) ∈ I × I,


on a :f (x) = df (t, x) + f (t) donc Ls (f ) = Ls (df (t, •)) + f (t)Ls (1) pour tout
s ∈ S et tout t ∈ I.
En particulier : Ls (f )(t) − f (t) = Ls (df (t, •))(t) + f (t)[Ls (1) − 1(t)]. De là :

k Ls (f ) − f k∞ 6 supt∈I | Ls (df (t, •))(t) | + k f k∞ k Ls (f1 ) − f1 k∞ .

Puisque lims→α k Ls (f1 ) − f1 k∞ = 0, il suffit de montrer que


supt∈I | Ls (df (t, •))(t) | tend vers 0 quand s tend vers α.

Soit ε > 0. Par continuité de df sur I × I, on choisit un ouvert Ω de I × I


tel que : Z(df ) ⊂ Ω et ∀(t, x) ∈ Ω | df (t, x) |6 ε. On note K = I 2 \Ω (fermé
dans le compact I 2 ). p est continue et strictement positive sur le compact K
donc p atteint sa borne inférieure µ sur K et on a : µ > 0. Pour (t, x) ∈ Ω,
| df (t, x) |6 ε et pour (t, x) ∈ K, on a :
| df (t, x) |6k df k∞ p(t,x)
µ donc | df (t, x) |6 ε+ k df k∞ p(t,x)
µ sur I 2 .
Par monotonie des Ls , | Ls (df (t, •)) |6 Ls (| df (t, •) |) donc

k df k∞
supt∈I | Ls (df (t, •))(t) |6 ε k Ls (1) k∞ + supt∈I Ls (p(t, •))(t).
µ

Puisque (k Ls (1) k∞ ) est bornée, il suffit pour conclure d´avoir


lims→α supt∈I Ls (p(t, •))(t) = 0.

74
P
On peut écrire : ∀(t, x) ∈ I 2 p(t, x) = kj=1 aj (t)[fj (x) − fj (t)] donc :
P
∀t ∈ I Ls (p(t, •))(t) = kj=1 aj (t)[Ls (fj )(t) − fj (t) + fj (t) − fj (t)Ls (f1 )(t)]
Il vient pour s ∈ S :
k
X
0 6 supt∈I Ls (p(t, •))(t) 6 M {k Ls (fj ) − fj k∞ + k fj k∞ k Ls (1) − 1 k∞ }
j=1

où M = max16j6k k aj k∞ . Avec lims→α k Ls (fj ) − fj k∞ = 0 pour


1 6 j 6 k, on conclut que lims→α supt∈I Ls (p(t, •))(t) existe et vaut 0. D´où
le résultat.

exercice Retrouver les 3 théorèmes convoités en utilisant l´application


(t, x) 7→ (x − t)2 de [0, 1] × [0, 1] dans R et l´ application réelle définie sur
[−π, π] × [−π, π] par (t, x) 7→ 1 − cos(x − t).

75
Références
• Analyse réelle et complexe.
Rudin, Masson

• Cours d´analyse.
A. P ommelet, Ellipse

• Du fini à l´infini.
P. M eunier, IREM Montpellier

• Eléments d´analyse pour l´agrégation.


Zuilly, Quef f elec, Masson

• Fonctions analytiques.
H. Cartan, Hermann

• Les maths en tête.


X. Gourdon, Ellipse

• Revue de Mathématiques spéciales (RMS), Vuibert


RMS6-février1994, RMS5-janvier1995, RMS-mai-juin1998,
Epreuves orales parues dans divers numéros.

• Thèmes d´analyse pour l´agrégation.


J.M Exbrayat, M.Alessandri, Masson

76

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