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Institut de Coopération au Développement Economique et Social

Les BIOCARBURANTS
en AFRIQUE

ONG Sucre Ethique – NGO Ethical Sugar


6, allée de la Malletière 69600 Oullins-Lyon – France
www.sucre-ethique.org / www.ethical-sugar.org
INTRODUCTION
L’Afrique a besoin d’avoir davantage accès Département de la FAO pour un dévelop-
à des sources d’énergies propres et re- pement durable, les biocarburants four-
nouvelables. Sa lourde dépendance envers nirons, d’ici une vingtaine d’années, plus
les carburants fossiles, le bois de chauffe de 25 % des besoins mondiaux en énergie.
et le charbon de bois limite fortement son
potentiel de développement économique Enfin ajoutons que beaucoup d’experts
et social, et va jusqu’à affecter sa survie. s’accordent à dire que l’industrie africaine
des biocarburants pourra créer quantité
Alors que les besoins en énergie du conti- d’emplois, être un booster économique
nent continuent de croître très rapide- pour les pays producteurs et donc aider
ment sous la pression des facteurs dé- ces derniers à sortir de la pauvreté.
mographiques et de l’urbanisation, ses
ressources sont de plus en plus à la traî- La Commission européenne, consciente des
ne. Cela implique que l’Afrique passe des conséquences qu’entraînerait un énième «
sources traditionnelles d’énergie à de crash pétrolier » et souhaitant se mettre
nouvelles, améliore les économies d’éner- en conformité avec le Protocole de Kyoto, a
gie, exploite le potentiel peu exploré des adopté toute une série de mesures visant, à
énergies renouvelables et réduise sa dé- terme, à favoriser l’utilisation d’énergie re-
pendance envers les carburants fossiles. nouvelable, issus notamment de la biomasse.
Si nous reprenons les propos d’Alexander
En outre, la pénurie de pétrole commence Muller, assistant de directeur général du
à effrayer bon Bill Gates a lui-même inves-
tit plus de 84 millions de $ US dans
une société américaine de production
d’éthanol !

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Les ENERGIES RENOUVELABLES
3. la combustion en cogénération, soit un moteur qui pro-
Les « ENERGIES VERTES » :
duit à la fois de la chaleur et de l’électricité.
* L’énergie hydraulique ;
* L’énergie éolienne ; Le biogaz présente des avantages au niveau local : la
* L’énergie géothermique ; méthanisation représente un complément d’activité pour
* L’énergie solaire ; les agriculteurs, qui peuvent valoriser économiquement et
* Le biogaz. énergétiquement les déchets agricoles (de source végé-
* ... tale ou animale).
La méthanisation laisse place à l’autonomie économique
* Le biogaz est l’énergie renouve- pour les producteurs de biogaz.
lable issue de la fermentation des
déchets organiques. Il présente également des avantages au niveau envi-
Le processus est appelé méthanisa- ronnemental : en apportant une réponse énergétique et
tion. Il utilise la matière organique écologique au problème du traitement des déchets orga-
la plus facilement « digestible «, niques. La méthanisation est une activité de dépollution.
soit 30% à 80% de la matière sèche. Eolienne installée dans un village africain Elle constitue en effet une alternative à l’enfouissement
La partie restante après la méthani- ou au rejet de ces déchets, ainsi qu’à la consommation
sation (20% à 70%) peut être utilisée comme fertilisant en agri- des énergies fossiles ou fissiles. D’autre part, l’ensemble
culture. des déchets organiques produit naturellement, lors de sa
La composition du biogaz est similaire à celle des gaz naturels décomposition, d’énormes quantités de méthane et de gaz
bruts. C’est un mélange de méthane, de gaz carbonique, d’azote et carbonique.
de gaz traces. Selon la nature des déchets traités et les varia- Ces gaz gagnent les hautes couches atmosphériques et
tions climatiques la composition du biogaz peut différer en pro- contribuent à l’augmentation de l’effet de serre.
portion. En brûlant, le biogaz issu de la méthanisation réduit de 20
fois la pollution des gaz issus de la fermentation. La mé-
Le biogaz peut être utilisé soit en l’état, soit après épuration. thanisation des boues d’épuration, des déchets ménagers
Trois utilisations sont éprouvées industriellement : et industriels permet d’éliminer les odeurs liées à leur
1. la combustion dans une chaudière (chauffage) traitement habituel.
2. la combustion dans un moteur produisant de l’électricité

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Les BIOCARBURANTS : de colza ou de tournesol est donc triturée arachide, etc.) qui sont utilisées comme
(pressée) pour en extraire l’huile. Cette telles après avoir été pressées à froid.
Trois grandes catégories de biocarbu- huile est ensuite partiellement raffinée Elles peuvent être utilisées (jusque 100 %)
rants existent : l’alcool, les esters et les avant d’entrer en réaction avec de l’alcool comme biocarburant pour tous les moteurs
huiles végétales. méthylique (ou méthanol). diesel (inventé à l’origine pour ce type de
Cette réaction génère un esther appelé carburant), sous réserve de modifications
* L’alcool, dit « bioéthanol », est « diester » ou « biodiesel » et de la gly- mineures visant à réchauffer le carburant
produit par la fermentation des sucres cérine. Ce produit répond à la forte de- en question, ou, sans modification, en mé-
contenus dans les plantes riches en su- mande en produits d’origine végétale des lange avec du gazole ordinaire (30 % sur
cre (betteraves, topinambours, canne à secteurs de la cosmétique et de la phar- tous les véhicules, et jusqu’à 50 % selon
sucre...) ou en amidon (pomme de terre, macie. les cas).
maïs, manioc) ou encore dans les plantes Par ailleurs, le tourteau, la partie sèche Par rapport au biodiesel, les huiles vé-
ligneuses (bois, paille...). des graines qui ont fourni l’huile, est gétales possèdent une viscosité plus im-
Pour éliminer les difficultés techniques valorisé en alimentation animale pour sa portante (jusqu’à 10 fois plus), une indice
liées au stockage de l’éthanol, celui-ci est richesse en protéines végétales. cétane1 plus faible , et une température
généralement converti par une réaction Si les biocarburants sont théorique- de solidification plus élevée. Cependant, si
chimique en un éther dérivé de l’éthanol : ment capables d’être utilisés à 100 % en le biodiesel nécessite un apport énergéti-
l’ETBE (éthyl-tertio-butyl-éther). substitution aux carburants fossiles, ce que pour accélérer le processus d’estéri-
contexte législatif particulier en France fication et se doit d’être traité dans des
* Les esters sont issus du mélange a guidé le choix d’une incorporation des raffineries spécialisées avant d’être livré
avec un alcool d’huile de graines oléagineu- biocarburants Diester et éthanol dans les aux consommateurs, l’huile végétale peut
ses (soja et colza par exemple). Le Dies- carburants fossiles vendus à la pompe. En être utilisée comme tel par la population.
ter est en fait issu de la transformation 2005, on pouvait trouver en moyenne 1,5 En cela, elle est considérée comme étant
des huiles végétales en question, selon % de Diester dans les gazoles vendus à la considérablement un des « carburants
une réaction physico-chimique appelée pompe. verts » avec le plus de potentiel pour le
transestérification. Cette transformation Le Diester représente 80 % des biocar- continent africain.
chimique est l’étape indispensable pour burants mis actuellement sur le marché
obtenir un produit stable, homogène et de français. ----------------------------------------------
1 L’indice de cétane permet de mesurer la qualité de combus-
qualité régulière. tion d’un gazole. L’indice se rapporte au délai d’inflammation - la
période qui s’écoule entre le début de l’injection de carburant
Les pétroliers exigent, en effet, des et le début de la combustion. Plus l’indice de cétane est élevé,
garanties sur le produit qu’ils incorporent * Les huiles végétales carbu- plus le délai d’inflammation est court et meilleure est la qualité

dans leur gazole. Dans les usines, la graine rants (colza, tournesol, coprah, palme, de la combustion. Inversement, les carburants avec un faible
indice de cétane sont lents à s’enflammer puis ils brûlent trop
rapidement, entraînant des taux élevés d’augmentation de
pression.
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La BIOMASSE : une solution pour l’Afrique ?
Le secteur des biocarburants est, selon les à-dire d’énergies provenant de la dé- d’une part en transformant les déchets organi-
experts, directement impliqué dans le déve- gradation de la matière organique, une ques en biogaz et d’autre part, on produisant du
loppement et l’amélioration des infrastruc- stratégie d’accès aux services énergéti- carburant « vert ».
tures propres à la croissance économique, au ques modernes destinées à améliorer les
développement social et à la création d’em- conditions de vie des populations loca- A ce propos, deux types de biocarburants pour-
plois durables. les. Ils mettraient, également et dans le raient être produits en Afrique :
même temps, en valeur le traitement de - Les biocarburants « oléagineux » (huile) ;
L’Afrique pourrait intensifier, à côté de ce qui leurs déchets organiques. - Les biocarburants éthyliques (alcool) ;
est communément appelé l’agriculture
« alimentaire », son agriculture « énergé- Enfin et parce qu’il est démontré que les * Le méthane d’origine biologique ou biogaz
tique » pour sa production et consommation biocarburants rejettent deux fois moins carburant peut également être utilisé en rempla-
locale de biocarburants… voire, à long terme, de CO2 et de souffre dans l’atmosphère cement de l’essence dans les moteurs à explosion.
exporter, aussi bien sur le marché européen que les carburants « fossile », le déve- Le méthane, qui est le principal constituant du
qu’américain, les biocarburants qu’elle produi- loppement des biocarburants permet- biogaz issu de la fermentation de matières orga-
rait. trait aux pays africains de respecter niques animales ou végétales, est un biocarburant
les règlementations environnementales pouvant se substituer au gaz naturel (essentiel-
Le développement d’une industrie des biocar- internationales et serait dès lors très lement composé de plus de 95 % de méthane).
burants amélioreraient sans aucun doute la bénéfique pour la population et l’écosys- Il est fabriqué par des bactéries « méthanogè-
vie des populations rurales africaines : une tème africains. nes » qui vivent dans des milieux sans oxygène.
telle industrie étant pourvoyeuse de main Le méthane se dégage naturellement des zones
d’œuvre, elle créerait de nombreux nouveaux Le développement de l’utilisation de la humides peu oxygénées comme les marais et les
emplois, ce qui diminuerait considérablement biomasse lutterait positivement contre terres inondées. Il peut être utilisé soit dans des
la haut taux de chômage, épine économique la pauvreté en Afrique. moteurs à essence soit dans des moteurs dits «
importante des pays du Sud. dual-fuel » -moteurs diesel alimentés en majo-
rité par du méthane ou biogaz et pour lesquels
En outre, en vue d’atteindre les Objectifs du On pourrait utiliser la biomasse comme l’explosion étant assurée par un léger apport de
Millénaire pour le Développement, les gou- source d’énergie de différentes maniè- biodiesel/huile ou gazole.
vernements africains pourraient élaborer, à res sur le continent africain :
partir de leur production de biomasse c’est-

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* L’huile végétale carburant (HVC) (production centralisée, bilan énergétique produire entre 10 000 et 20 000 tonnes
est aussi connue sous les noms d’huile vé- nettement inférieur à la filière HVP). par an de biocarburant ;
gétale pure (HVP) ou huile végétale brute
(HVB) . Voilà un échantillon de quelques huiles qui • l’huile d’arachide est une huile
Elle peut être utilisée (à 100%) comme pourraient être produites en Afrique: claire très polyvalente, ne nécessitant pas
biocarburant pour tous les moteurs diesel de raffinage pour pouvoir être cuite sans
(inventé à l’origine pour ce type de car- • l’huile d’algues offre par ailleurs des risque cancérigène. Par contre, figeant à
burant), sous réserve de modifications perspectives très intéressantes vu la riche des températures trop hautes (son point
mineures visant à réchauffer le carbu- teneur en huile de certaines espèces de micro trouble serait à 13°C) elle ne pourrait être
rant en question, ou, sans modification, en algues (jusqu’à 50 % leur masse) et leur crois- utilisée sans précaution en tant que bio-
mélange avec du gazole ordinaire (30% sur sance rapide (Etudes de faisabilité en Chine) ; carburant ;
tous les véhicules, et jusqu’à 50% selon
les cas). • l’huile de coton • l’huile de
Le groupe français Dagris maïs est extraite
De façon générale, les lipides fournissent cherche à diversifier l’utilisa- des grains de maïs,
des carburants plus adaptés aux moteurs tion de sa production coton- elle est peu oné-
à cycle diesel qu’à ceux utilisant un cycle nière au Bukina. D’ici à mi-mai reuse à l’achat. Si
à allumage commandé (moteurs « essence 2007, l’entreprise compte le maïs ne contient
»). ouvrir – par l’intermédiaire qu’une petite pro-
Les tourteaux (la partie « non lipide » de de sa filiale SNCitec- un site portion de lipides,
la matière première utilisée) sont es- pilote spécialisé dans l’ex- bien trop peu pour
sentiellement utilisés dans l’alimentation périmentation bioénergéti- être cultivé spé-
animale. Leur valorisation en carburant que à Bbo-Dioulasso. L’unité cifiquement pour
pourrait se faire par décomposition et sera capable de produire 3 produire de l’huile,
récupération de biogaz. 000 tonnes par an de bio- Femmes africaines revenant de la récolte de coton celle-ci peut être
diesel, carburant mélangeant gazole et huile récupérée comme coproduit de l’extrac-
La filière « Huile Végétale Pure » (qui de graine de coton. Le projet, estimé à 2.6 tion de l’amidon - y compris pour la pro-
consiste en l’utilisation directe de l’huile milliards de C FA (4 millions d’euros) a reçu le duction d’éthanol. Les usines d’éthanol
de certaines plantes et qui peut être soutien de la Maison de l’entreprise du Burki- utilisant du maïs peuvent donc fournir
développée localement par les populations) na, via une subvention de 40 millions de F CFA aussi de l’huile pour la production de bio-
est de loin préférable à la filière biodiesel (61 000 euros). Si les résultats sont probants, diesel, ce qui améliore le rendement de la
qui nécessite des opérations plus techni- Dagris envisage de créer une usine capable de filière (plus de carburants sont produits à
ques comme nous allons le voir ci-dessous partir d’un kg de maïs) ;
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• l’huile de palme donne généralement un bon
rendement de culture (de 500 tonnes/km²sur l’an-
née)1. Le palmier à huile est largement cultivé au Ke-
nya et au Cameroun. On pourrait imaginer voir naître
dans ces deux pays notamment une production de bio-
diesel à partir d’une huile de palme « hybride »2 . Le
Nigeria a lancé un vaste projet de développement de la
culture du palmier à huile dans le but de produire du
biocarburant. La Nigerian National Petroleum Corpo-
ration est largement partie prenante d’un tel projet.

Le coco parfaitement seché peut alors être pressé. La pression mé-


REALISATION CONTEMPORAINE: canique, à froid se fait en trois passages. L’huile obtenue est ensuite
Opération de broyage des noix de
L’entreprise tanzanienne FELISA en pro- palmier à huile
décantée puis filtrée.

duit déjà du biocarburant issus d’huile de palme;


• l’huile de colza est extraite des graines de colza. C’est
une huile très pauvre en acides gras saturés. Elle est faci-
lement utilisable en tant que biocarburant et est peu chère
(elle est surtout cultivée dans le Nord à de fins de production
de biodiesel) ;

• l’huile de coprah appelée aussi huile de coco (produite


en quantité dans le pacifique notamment à Tahiti, Vanuatu et
aux Philippines). L’Afrique tropical et maritime pourrait pro-
duire son biocarburant à partir de cette huile de coco ;

Champs de jeunes palmiers à huile

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1 L’Indonésie et la Malaisie commencent à produire de petites quantités de biodiesel avec
cette matière première. Son inconvénient est d’exiger énormément de main-d’œuvre pour
la récolte, ce qui rend cette filière uniquement viable dans des pays à très bas salaires. La
culture d’huile palmiste pour le biocarburant est en ce moment massivement développée en
Asie du sud-Est (Malaisie surtout)
2 La FAO encourage depuis des années l’utilisation du palmier à huile de type dura, variété
obtenue après croisements L’épulpage consiste à présenter la demie noix sur une tête racleuse tournant très vite qui ré-
duit la pulpe en petits fragments

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• l’huile de tournesol, très utilisée comme biocarburant vu son La filière Jatropha est très prometteuse. Sa culture n’entre pas
excellent écobilan mais présentant la particularité de contenir plus en concurrence spatiale avec les cultures traditionnelles à objectif
de gomme que l’huile de colza par exemple, ce qui aura pour effet alimentaire ou les forêts tropicales – la plante de jatropha peut pous-
de boucher plus facilement les conduits d’alimentation en carbu- ser dans les zones arides -.
rant. Elle peut être une source d’énergie renouvelable (huile végétale car-
burant) pour la population locale, source d’énergie « commerciale »
REALISATION CONTEMPORRAINE : en exportant le biodiesel issus de son huile et peut également servir
Il existe en Afrique du Sud une plantation de tournesol (Wessels- pour la cuisine locale, en offrant une alternative au bois (qui est en
bron) destinée à produire en bout de course du biodiesel. La struc- général surexploité dans les pays du Sud)
ture a, à l’heure actuelle, une capacité de 5000 litres par jour. et au kérosène (qui devient comme vu plus
haut trop cher depuis l’envolé du prix du
pétrole). Huit kilos de fruits de l’arbuste
donnent 1,5 litre de biocarburant. Les
arbustes produisent des fruits pendant
50 ans pour une quantité allant de 10 à 50
kilos suivant l’entretien et la technique de
culture. Sa culture est donc très renta-
ble. Outre les applications énergétiques,
elle peut servir à la production de savon
Champ de tournesols sud africain
Pompe de jatropha au Mali ou comme lubrifiant.
Vu ces qualités, il n’est pas étonnant que des cultures de jatropha
• l’huile de soja qui a fait l’objet d’une étude de faisabilité apparaissent ces dernières années dans des pays aussi variés que
commandée par le Fond Central de l’Energie à la compagnie Sasol et l’Égypte, le Madagascar, le Zimbabwe, le Kenya, la Zambie, etc. De-
lancée en Afrique du Sud début 2006 ; puis la fin des années 30, les maliens reconnaissent la possibilité
d’utiliser l’huile de jatropha comme carburant.
• l’huile de jatropha issus des graines du jatropha1. A l’heure actuelle, elle est utilisée pour remplacer le mélange de «
gazoil » utilisé dans les moteurs diesel qui font tourner les moulins à
grains et les pompes à eau dans les régions rurales du Mali.
En Tanzanie également sont reconnues les propriétés du jatropha, D1
Oils l’exploite afin de commercialiser son huile sous forme de biocar-
burants.
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Grains de jatropha appelé « l’or vert du desert » Plants de jatropha dans le désert malien Enfin, le Kenya est très lui aussi avancé au niveau de la production de
Institut de Coopération au Développement Economique et Social 1 L’Inde, en particulier, a décidé de lancer à grande échelle la
culture de jatropha pour le biodiesel, des études sont aussi en
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biocarburant à base d’huile de jatropha tandis et du biodiesel, la filière «sucre» est de loin
ou par distillation de l’amidon du maïs.
que le Gouvernement Sud Africain a lancé, dans la plus développée dans le monde, principa-
Cet éthanol d’origine biologique n’est
le cadre de son initiative de développement des lement au Brésil, où le bioéthanol de canne
rien d’autre que de l’alcool éthyli-
biocarburants, une campagne axées sur la pro- à sucre couvre 22% des besoins nationaux
que, le même que celui que l’on trouve
duction de jatropha (Provinces du Zululand). en carburant, et aux États-Unis, où plus
dans toutes les boissons alcoolisées.
de 10% de l’essence contient du bioéthanol
Il peut être mélangé à l’essence en
(principalement de maïs) à hauteur de 10%.
des proportions allant de 5 à 85%.

L’Afrique pourrait devenir dans un fu-


Au-delà de 20% des adaptations aux
tur proche un gros producteur d’étha-
moteurs de voitures sont nécessaires.
nol produit à partir de la canne à su-
cre mais également à partir du sorgho
C’est la raison pour laquelle les pétroliers
à sucre, de la cassava ou du maïs.
européens préfèrent transformer l’étha-
Il existe actuellement beaucoup de
nol en ETBE (ethyl tertio butyl ether) qui
projets qui vont dans le sens du dévelop-
peut être incorporé à l’essence jusqu’à
pement de l’industrie des biocarburants.
hauteur de 15%. L’ETBE aurait l’avan-
tage d’être mieux adapté aux moteurs.
Il existe déjà une association des biocarbu-
rants en Afrique australe appelée la Southern
En effet, l’incorporation directe de l’étha-
Africa Biofuels Association (Saba) tandis
nol à l’essence pose certaines difficultés
qu’une African Biofuels Association (plus
Jeunes femmes maliennes pressant les graines de jatropha afin techniques : le mélange essence/éthanol
d’en faire leur huile globale) dont la création fut entérinée par
a une pression de vapeur plus élevée et
un accord signé fin juillet 2006 regroupe 13
* L’Afrique peut devenir un gros produc- tolère mal la présence de traces d’eau.
pays africains non producteurs de pétrole.
teur d’éthanol, obtenu à partir de biomasse.
On parle alors de « bioéthanol », commu- Cependant, ces difficultés peuvent
Le Gouvernement Sud Africain a lancé
nément destiné aux moteurs à essence. être surmontées en reformulant les
l’initiative visant à développer l’industrie
bases essence et en éliminant les tra-
des biofuels. Il a entériné l’été dernier,
Les végétaux contenant du saccharose - com- ces d’eau présentes dans les cuves.
dans le cadre de l’Initiative de la crois-
me la canne à sucre- ou de l’amidon - comme sance accélérée et partagée - Accelerated
le maïs, le sorgho ou le manioc (dit « cassa- and Shared Growth Initiative (Asgi-SA) -
va») - peuvent être transformés pour don- Par rapport à la filière «huile» permet-
la « National Biofuel Strategy ».
tant de produire de l’huile végétale brute
ner du bioéthanol, obtenu par fermenta- Ce projet semble être une des principa-
tion du sucre extrait de la plante sucrière
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les opportunités du pays pour stimuler la Bothaville (Free State) au coeur même Toujours en parlant de l’Afrique du Sud, les
croissance économique, combattre le chô- de la principale région de production experts en éthanol estiment que le pays de-
mage et la pauvreté. Il semble, d’après de mais du pays. Porteur d’espoir pour vrait investir plus dans l’industrie sucriè-
les experts, que le pays pourrait produire res, plus précisément dans la construction de
10% de ses besoins en carburant d’ici 2010. cinq raffineries supplémentaires car le sec-
A ce propos, l’Afrique du Sud a ouvert teur de l’éthanol est potentiellement créa-
une importante manufacture de pro- teur d’emplois et permettrait au pays de ré-
duction d’éthanol à partir de maïs. duire sa dépendance et la facture pétrolière.

REALISATION CONTEMPORAINE : Dans le contexte houleux de la réforme européen-


Ethanol Africa, entreprise créée par un ne du sucre, la filière sucrière africaine (principa-
groupement de producteurs de mais sou- lement celle de l’Afrique australe) investit tous
haitant destiner leur surplus de produc- Vendeur sud africain de maïs les jours un peu plus dans la production d’éthanol.
tion à la fabrication de biocarburant1, le pays, Energy Development Cor-
projette de construire un ensemble d’uni- poration (EDC), une filiale de l’éta- Si certaines grosses entreprises comme Tongaat
tés de conversion mais/éthanol pour un tique Central Energy Fund, a acquis Hulett (Zimbabwe), Alcodis (Maurice) ou enco-
total de plus de 800 millions d’euros. 25,1% des parts d’Ethanol Africa. re Royal Swaziland Sugar Corp. produisent déjà
EDC travaille aus- à l’heure actuelle de l’éthanol, d’autres promet-
si actuellement avec Sasol tent de les imiter dans les prochaines années.
sur une unité de conver-
sion du soja permettant de Tandis que la Compagnie produit de l’ étha-
produire 100 millions de li- nol à partir de mélasse depuis un certain
tres de bio gazole par an. temps déjà, les autorités Mauriciennes ont
Cette initiative prometteuse doit lancé en juillet 2006 un test grandeur na-
apporter 10 000 emplois à la ré- ture : pendant trois mois, 25 véhicules rou-
gion, d’ici à la fin des travaux, pré- leront avec 90 % d’essence et 10 % d’éthanol.
Processus de conversion du maïs en éthanol vue pour la fin de l’année 2007.
Cet investissement pourrait devenir extrê- Si le test s’avère concluant, l’utilisation du
Objectif : produire jusqu’à à 60 000
mement rentable si, comme il en est ques- mélange pourrait être généralisée à tous
litres par jour. Le premier hectolitre
tion, l’utilisation d’éthanol devenait obli-
est prévu entre mai et juillet 2007.
gatoire pour les carburants d’automobiles. 1 Ajoutons que la “South Africa’s Energy Development Corp.”, a
acheté, il y a peu, des parts dans “Ethanol Africa”. 3 millions de
La première unité, qui coûtera 94 mil- T de maïs seront destinés à la production de 1.26 milliards de
litres d’éthanol –ce qui représente 12% de la consommation sud
lions d’euros, est en construction à africaine-.
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les véhicules roulant à l’essence sur l’île. corporation de 10 % de biocarburant
dans l’essence, réduisant ainsi le coût Schéma de transformation de manioc en éthanol
Cette expérience sera suivie par le département de la facture pétrolière et la pollution.
d’ingénierie de l’université de Maurice et par
la Motor Vehicle Dealers Association (MVDA), S’il est importé, dans un premier temps
Farine de Manioc
association d’importateurs de voitures neuves. du Brésil1, il sera fabriqué ensuite loca-
Citons également un projet tanzanien mené lement à partir de l’amidon de manioc.
conjointement par le laboratoire national da- Faut-il également répéter que l’Afri-
que du Sud intensifie le développement
de son industrie des biocarburants. Liquéfaction (90- 95°C)

Selon la SABA, l’industrie des biocarbu-


rants sud africaine a le potentiel de couvrir
10 % des besoins en biocarburants d’ici 2010. Saccharification (55-85°C)

Refroidissement (39-33°C)
Cannes à sucre

nois Risoe et l’Unité de Microbiologie de l’Uni-


versité de Dar es Salaam qui vise faire des re-
Fermentation (Levure / CO2)
cherches sur la production d’éthanol à partir
de déchets de canne à sucre. Idem au Sénégal
où la Compagnie Sucrière Sénégalaise projette
de produire 600 000 litres d’éthanol par jour.
Distillation
Jeunes femmes africaines rassemblées autour d’un amas de manioc
L’Afrique pourrait également se tourner vers son in- -----------------------------------------------------------------------
tensive culture du manioc pour produire de l’éthanol. 1 La Nigerian National Petroleum Corporation a commencé
il y a quelques mois à importer en petites quantités de
l’éthanol afin de tester ses propres mélanges et ses infras-
Le Nigeria s’est d’ores et déjà engagée sur tructures de distribution qui seront ensuite utilisées pour
la production locale nigérienne d’éthanol
Ethanol
cette voie : début 2006, une loi a autorisé l’in-

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pecter au mieux l’environnement. de la partie comestible des végétaux.
Une coopération internationale pour-
L’Indonésie devrait selon l’accord four- En outre, les sous-produits végétaux
rait supporter les pays africains dans
nir une assistance technique à l’Afrique de la matière première végétale ser-
cette perspective de développe-
du Sud sur les questions de production vent à produire l’énergie requise pour
ment de l’industrie des biocarburants.
de biofuels tandis que ce dernier de- la fabrication de l’éthanol cellulosique.
(Exemple chinois dans ses provinces de
Shandong et Shaanxi pour le sorgho vrait conseiller le pays asiatique en ma-
tière d’énergies renouvelables telles que L’Afrique devrait également investir
ou du manioc dans la région du Guanxi
l’énergie solaire, hydraulique ou éolienne. dans la production d’éthanol cellulosi-
/ Exemple brésilien qui produit et uti-
Il existe enfin une importante coopé- que provenant du maïs ou du panic afin
lise la mélasse de canne à sucre comme
ration interuniversitaire en la matière. non seulement de produire de l’énergie
biocarburant depuis plus de 30 ans).
mais aussi des substances alimentaires.
REMARQUES : Le panic érigé (dit « switchgrass »
Aujourd’hui, nous pouvons relever la
L’éthanol cellulosique est un carburant en anglais) a diverses utilisations in-
coopération entre le Brésil et l’Afrique.
de transport fabriqué à partir de déchets dustrielles dont les plus prometteu-
Un Mémorundum of understanding a été
agricoles et ligneux, ainsi que d’arbres à ses sont la fabrication du papier et la
signé en septembre 2006 entre Pétro-
croissance rapide tels que la paille de blé, production d’éthanol, mais aussi, elle
bas et la South Africa’s State Owned
la canne de maïs, les déchets ligneux, le peut être utilisée pour nourrir le bétail
Central Energy Fund (CEF) concernant
et est pour finir, un bon combustible.
une étude de faisabilité sur l’introduc-
Cette plante vivace a de nom-
tion des biofuels en Afrique du Sud).
breux avantages d’un point de vue
De même a été signé un accord entre la
agronomique et environnemental.
National Automotive Vehicle Manufac-
D’abord, ses exigences en matiè-
turers’ Association (Brésil) et le Gou-
re de fertilisation sont minimes.
vernement Sud Africain afin d’inclure
Ensuite, sa culture peut du-
les véhicules fonctionnant au biocar-
rer entre 5 et 10 ans.
burant dans l’accord de libre échange
La panic érigé est présentement for-
entre l’Union Douanière Sud Africaine
tement cultivé dans le Sud des USA
et le marché sud américain (Mercosur).
Champs de panic érigé (switchgrass) en Ontario (Canada) (particulièrement pour nourrir le bé-
L’Afrique du Sud a également signé
tail) ainsi qu’au Canada (Québec et
pareil Mémorundum avec le Gouver- panic raide et le peuplier. Il est consi- Ontario) pour la fabrication du pa-
nement indonésien en août 2005 afin déré plus écologique car il s’obtient pier et d’éthanol. On pourrait ima-
de combattre les dépenses liées à la à partir de déchets agricoles et non giner sa culture en Afrique du Sud.
hausse du prix du pétrole et de res-
Cfr. Annexes : Travail de recherche Sucre Ethique juin 2006
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Quelques REFERENCES intéressantes ...

* http://www.itebe.org/accueil_portail_itebe/index-FR.html
* http://www.southafrica.info/ess_info/sa_glance/sustainable/ethanol-120905.htm
* http://www.bulletins-electroniques.com
* http://intsormil.org
* htp://www.afrik.com/article10162.html
* http://www.malango.net/info/article-ile_maurice__le_projet_essence_ethanol_lance_fin_juin-1380.htm
* http://biopact.com
* http://www.lumes.lu.se/database/alumni/04.05/theses/leah_wanambwa.pdf#search=%22ethanol%20%20kenya%22
* http://www.saba.za.org
* http://www.southafrica.info/ess_info/sa_glance/sustainable/ethanol-120905.htm
* http://www.parallaxonline.net/biofuel.html
* http://www.thenewstribune.com/opinion/story/5723533p-5124076c.html
* http://www.fao.org/docrep/007/y5548e/y5548e09.htm
* http://www.greencarcongress.com/2005/09/thai_oil_planni.html
* http://www.greencarcongress.com
* http://www.biodieselnow.com
* http://www.businessinafrica.net
* http://www.allafrica.com
* http:// lespore.cta.int
*…

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Un POTENTIEL énorme à développer ... SANS F A I L L E S ?
L’industrie africaine des biocarburants rants verts étudiés ci-dessus ne pourrait
se présente à l’heure actuelle comme une Dans un premier temps, s’il ne nous effectivement remplacer totalement les
des solutions aux problèmes de l’Afrique. évidemment pas possible de nier l’ef- biocarburants d’origine fossile, pour la
fet bénéfique de l’utilisation de car- simple et bonne raison que leur produc-
S’ils ne pourraient sans doute pas être burants verts sur l’environnement - il tion nécessite d’énormes surfaces culti-
synonymes d’indépendance énergéti- est certainement prouvé que ces car- vables. Or, les pays africains produc-
que, les biocarburants et l’industrie burants rejettent deux fois moins de teurs de carburants verts – tout comme
qui les produit et les commercialise gaz toxiques dans l’atmosphère que les n’importe quel autre pays européen, amé-
apporteraient certainement soulage- carburants d’origine fossile- , leur pro- ricain ou asiatique- se doivent d’assurer
ment et espoir aux économies afri- duction peut néanmoins se révéler pro- la sécurité alimentaire de leur population.
caines actuellement étranglées par la blématique au niveau environnemental.
hausse des prix des énergies fossiles. Nul ne peut ignorer, par exemple, la défo- En conclusion, s’il est bien entendu pré-
restation qui menace les pays du Sud-est conisé de développer durablement l’agri-
En outre, l’industrie des biocarbu- asiatique : afin de produire du carburant culture nationale énergétique, il faut
rants pourrait créer de multiples vert en quantité suffisante, de nombreux d’abord garder à l’esprit que cette in-
emplois et enrayer, en des propor- pays n’hésitent en effet pas à raser leur dustrie ne peut qu’être que complémen-
tions toute relatives, le chômage. forêt tropicale pour y planter ensuite taire à celle des biocarburants d’origine
Elle revaloriserait les campagnes, des champs d’arbres à palme ; Ce qui en- fossile, ensuite que cette industrie doit
stopperait l’afflux massif des popu- traîne des conséquences désastreuses impérativement être respectueuse de
lations rurales vers les centres ur- pour la faune et la flore qui avait coutu- l’environnement et enfin, que cette indus-
bains et lutterait donc efficacement me de vivre et se développer au son sein. trie doit conserver une place secondaire
contre la paupérisation de masse. par rapport à l’agriculture alimentaire.
Dans un second temps, s’il est évident que Il est donc important que les politiques
Enfin, en produisant des « carburants l’industrie du biocarburant peut partici- africaines nationales de l’Energie réflé-
verts » et en développant le marché de per grandement à la réduction de la fac- chissent à leur plan de développement
ces derniers, elle participerait à la di- ture énergétique de la plupart des pays de production de carburants verts en
minution des émissions de CO2 et par africains, il est cependant nécessaire fonction de leur propre environnement
là, lutterait contre l’effet de serre. de rester réaliste : aucun des biocarbu- et de leur propre agriculture existante.
Il va de soi qu’il est évidem-
Cependant, il est essentiel de nuan- ment de bon augure de privilégier
cer certains de ces points positifs.
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la production de carbu-
rants verts obtenus à CONCLUSION
partir de végétaux non
consommables comme le ja- Selon cer- mises en place avec le soutien des qui appauvrissent moins les sols.
tropha ou tout du moins, tains ex- institutions de Bretton Woods
non indispensables à la san- perts, la pro- et de l’ensemble des acteurs du Enfin, il est nécessaire de pro-
té comme la canne à sucre. développement international. mouvoir les énergies renou-
duction d’énergie renouvelable et
velables, de stimuler les par-
en particulier les biocarburants
Notons également qu’il est Ils devraient ensuite investir tenariats privé/public et
(canne à sucre jatropha, palmier
possible d’utiliser des « huile plus largement dans la biomasse de développer des marchés.
à huile, etc.) pourraient aider
déchets » (huiles de friture notamment en favorisant dans
l’Afrique à sortir de la pauvreté.
usagée, graisses d’abattoir, un premier temps sa préserva- ICDES souhaite participer à
huiles de poissonnerie) com- tion avant d’entamer son exploi- cette aventure… tout en obser-
Elle permettrait non seulement
me biocarburants. Leur utili- tation à des fins énergétiques. vant d’ores et déjà la démarche
de satisfaire les besoins éner-
sation est très intéressante Dans la plupart des pays d’Afrique, de nombreux pays, le plus avan-
gétiques des populations loca-
du point de vue de l’écobilan des années de dégradation du sol cés d’entre tous étant, comme à
les mais surtout d’ouvrir de fa-
notamment : elle n’ajoute pas et de déforestation ont en effet l’accoutumée, l’Afrique du Sud.
çon réelle et durable l’Afrique
de cultures supplémentaires, diminué la densité de la biomasse.
au marché économique mondial.
et évite de les jeter tout sim- Rares sont les pays qui se sont
plement. Même si les sources souciés de l’utiliser pour protéger
Elle pourrait aussi inciter certains
possibles d’ « huile déchet la biodiversité de façon durable.
pays à diversifier leur agriculture.
» sont assez restreintes, Il faudrait des investissements
Pour ce faire, les Etats africains
d’autant que la collecte ne qui permettent de planter da-
devrait d’abord développer une
peut être praticable partout, vantage d’arbres, de conserver
stratégie énergétique et commer-
il existe de nombreux petits les sols et l’eau et de promou-
ciale globale, durable, qui abor-
projets utilisant ces huiles. voir la rotation des cultures.
derait tous les sujets, y compris
la recherche et la production,
Des investissements supplémen-
l’utilisation et l’investissement. A la vue de ce schéma, l’on peut facilement s’apercevoir que
taires dans la technologie des la production mondiale de biodiesel augmente d’année en an-
née. L’Afrique se retrouve bien entendu dans cette moyenne.
biocarburants sont aussi néces-
Cela impliquerait, selon M. Tony
saires pour lancer la production
Blair, d’intégrer les énergies
de carburants à partir de cultu-
renouvelables dans les straté-
res non alimentaires et de plantes
gies de réduction de la pauvreté
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ANNEXES
Açúcar Ético – Ethical Sugar – Azúcar Ético

Situation de la filière Biomasse


« Canne à sucre » africaine
Travail de recherche (juin 2006)

Sucre Ethique - Ethical Sugar


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Situation de la filière « Ethanol » africaine

I. INTRODUCTION

II. ANALYSE DE CAS


1. Afrique du Sud
2. Angola
3. Kenya
4. Maurice
5. Madagascar
6. Malawi
7. Swaziland
8. Zambie
9. Zimbabwe

III. CONCLUSION

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I. I N T R O D U C T I O N

L’Afrique a davantage besoin d’accès à des sources d’éner- gie, exploite le potentiel peu exploré des énergies renouvela-
gies propres et renouvelables. Sa lourde dépendance envers bles et réduise sa dépendance envers les carburants fossiles.
les carburants fossiles 1 , le bois de chauffe et le charbon
de bois limite fortement son potentiel de développement Grâce à l’état d’avancement de la technologie, la bagasse de canne à
économique et social, et va jusqu’à affecter sa survie. sucre est considérée comme était vraisemblablement le produit
Alors que les besoins en énergie du continent conti- le plus rapidement utilisable pour produire de l’éthanol africain.
nuent de croître très rapidement sous la pression des
facteurs démographiques et de l’urbanisation, ses Voilà un panorama non exhaustif de ce qui est déjà réalisé ou
en cours de réalisation en matière de production de bioéthanol.

---------------------------------------------------------------------------
1 Selon une étude du WorlWatch Institute, 38 des 47 pays les plus pauvres - la
plupart sont en Afrique -sont des importateurs net de pétrole alors qu ces mê-
mes pays ont les capacités de développer une agriculture énergétique

ressources sont de plus en plus à la traîne. Cela impli-


que que l’Afrique passe des sources traditionnelles
d’énergie à de nouvelles, améliore les économies d’éner-

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II. ANALYSE DE CAS
1. AFRIQUE DU SUD Cependant, diverses personnes rant , projette de construire un ensemble
travaillent au niveau national sur la bioconversion d’unités de conversion mais/éthanol pour
Le bioéthanol est produit à partir de la canne de- de biomasse ligneuse en bioéthanol cellulosique. un total de plus de 800 millions d’euros.
puis les années 60 de manière assez discontinue. L’Afrique du Sud a en outre re-
Depuis la fin de l’apartheid, le pays ignore la joint tout récemment le Départe-
biomasse comme source potentielle de bio- ment Bioénergie de l’AIE afin d’intera-
carburant. Récemment, le Gouvernement gir avec la communauté des biocarburants. REMARQUE :
sud africain a publié un « livre blanc » qui Enfin, l’Industrial Development Corporation Une conférence de trois jours en novem-
aborde la stratégie nationale en matière (IDC) a annoncé à la mi-mai 2006 des inves- bre 2004 entre le Ministère de l’agriculture
d’énergie renouvelable et dans lequel est tissements dans 5 projets de production de et l’énergie et la Communauté de dévelop-
stimulé la production de biocarburant en ré- bioéthanol. Le plus avancé, d’un montant de pement de l’Afrique australe (SADC) s’est
duisant la taxe sur ceux-ci de 30%. Le Gou- 174 millions d’euros, prévoit la construction concentrée sur la promotion de l’utilisation
vernement souhaite atteindre, d’ici 2013, d’une unité de conversion dans le KwaZulu Na- d’énergie renouvelable dans le secteur agri-
que 4% de l’énergie nationale proviennent tal, province productrice de canne a sucre. Les cole. Selon le secrétaire exécutif de l’orga-
de ressources énergétiques renouvelables. unités suivantes seront établies dans le Free nisation régionale, les biocarburants ont la
La production commerciale de biodiesel à State, le Northern Cape, l’Eastern Cape et le capacité de créer de l’emploi dans les zones
partir du soja pouvant aller jusqu’à 80 000 T Mpumalanga. L’ensemble devrait produire 1,1 rurales et booster une agriculture diversifiée.
par années sera la plus importante bien que milliard de litres/an, soit 10% de la consomma- L’Afrique du Sud produit déjà de l’éthanol
d’autres cultures sont actuellement en voie tion en carburant du pays. Chaque unité devrait en proportion importante et souhaite inten-
d’être reconsidérées. Un intérêt considé- coûter entre 50 et 100 millions d’USD. Cette sifier sa production via la construction d’une
rable dans l’éthanol provenant de la canne à initiative fait suite a plusieurs opérations qui
sucre et du maïs a été exprimée par l’indus- pourraient modifier sensiblement la place des
trie bien que les processus économiques sont biocarburants dans l’économie sud africaine.
plutôt défavorables s’il n’y a pas de subsides
ou de stabilité dans les prix. La possibilité Notons qu’Ethanol Africa1, entreprise
de créer des emplois dans les aires rurales créée par un groupement de producteurs
en déclin à travers des « usines de biéner- de mais souhaitant destiner leur surplus
gie » aide bien évidemment à stimuler plus de production à la fabrication de biocarbu-
d’intérêt pour la production de bioé-
-----------------------------------------------------------------------
thanol. Aucun projet national en bioé-
1 Ajoutons que la “South Africa’s Energy Development Corp.”, a
nergie n’existe à l’heure actuelle. Sucre Ethique - Ethical Sugar acheté, il y a peu, des parts dans “Ethanol Africa”. 3 millions de T
de maïs seront destinés à la production de 1.26 milliards de litres
6, Allée de la Malletière - 69600 Oullins - Lyon - France d’éthanol –ce qui représente 12% de la consommation sud africaine
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nol, il faudrait utiliser les plantations de sucre
usine capable de produire 50 000 T d’éthanol. de canne de deux entreprises kényanes et cel-
les de deux entreprises de production de maïs.
Le Kenya souhaite produire dans un ave-
2. ANGOLA nir proche 55 000 litres d’éthanol à par-
tir de 350 tonnes métriques de molasses.
Le Brésil devrait investir 100 millions de $ dans Le Kenya est encouragé par les recherches
la construction d’une usine d’éthanol en Angola. brésiliennes en la matière pour investir
La collaboration au projet, localisé à Lunda, la dans la production d’éthanol et son expor-
capitale du pays, éperonnera l’ouverture d’une Outre la production d’électricité, la canne tation vers l’Union Européenne notamment.
succursale de la Banque du Brésil en Angola et peut produire de l’alcool éthylique (éthanol)
renforcera les connexions entre les deux pays. utilisé comme biocarburant dans les moteurs En mars 2005, la compagnie Energem, un
essence. L’industrie sucrière pourrait l’utili- groupe de prospection canadien en ressour-
ser pour transporter sa production de sucre. ces naturelles présent surtout en Afrique, a
L’expérience du Kenya avec l’éthanol commen- rapporté que l’usine de Kisumu produisant 30
3. KENYA ce en 1982 déjà. La capacité initiale de produc- 000 litres d’éthanol par jour souhaitait dou-
tion s’élevait à 60 000 litres d’éthanol par jour. bler sa production. Energem avoue que l’usi-
Selon une étude menée par M. Kefa V.O. Ra- Cependant, la production tournait plus aux ne a actuellement une capacité de produire
bah, si les industrie sucrières du pays utili- environs de 45 000 litres par jour. Les étu- 90 000 litres par jour sous la Phase une du
saient à leur compte la technologie existante des contemporaines indiquent que le Ke- Plan, donc cette objectif initial de l’entre-
de transformation de biomasse issue de la nya a une capacité de production de 18 mil- prise pourrait être augmentée une fois que
canne en énergie, elles seraient capables de lions de litres de bioéthanol par année. le marché serait plus ouvert et que l’usine
générer plus de 2.7 TWh/ année de puissance L’idée d’un fuel mix a été lancée il y a quel- aurait plus d’expérience. La compagnie a pu-
électrique, couvrant en excédent les besoins que temps par l’industrie pétrolière, les pro- blié l’information selon laquelle la phase deux
énergétiques de leur propre site industriel. ducteurs d’éthanol et le Gouvernement ke- du Plan de production pourrait amener à une
Actuellement, elles ne produisent que nyan comprendrait jusqu’à 10% d’éthanol. production de 250 000 litres par jour ! Cela
0.167 TWh/année via le système de tur- Actuellement, l’éthanol est fabri- dépendra en réalité des analyses du marché…
bine existant « black pressure » (BP). qué par Kisumu Molasses et par la so-
L’énergie excédentaire pourrait appro- ciété de l’agro chimique et alimentaire Energem possède 55 % des intérêts majori-
visionner le système publique qui ali- - Agro-Chemicals and Food Company -. taires dans Spectre International Ltd., une
compagnie kenyane qui a acquis l’usine de Ki-
Il est avancé que pour fournir le pays en étha-

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sumu en 1996, pour 2 millions de $US en 2003. gie, du nom de M. Peter Kagwaru, a dit Maurice, de fabrication d’éthanol à partir de
Depuis lors, Energem a financé -approxi- que celui-ci planifiait de commander une la mélasse. Des investissements de l’ordre de
mativement 6 millions $US- Spectre étude sur la viabilité du projet de pro- Rs 400 M avait alors été requis pour ce projet
qui souhaitait augmenter sa production. duction et utilisation de bioéthanol. issus du partenariat entre le groupe espagnol
Selon les statistiques d’Energem, la société Tradhol, Mauvilac et le groupe Roland Maurel.
productrice d’éthanol a atteint une moyenne + Etude universitaire sur l’éthanol dans le Déjà, le Ministre de l’Agriculture et de
de 20 000 litres d’éthanol par jour en 2005. cadre un développement durable du Kenya: la technologie alimentaire, Pravind Ju-
http://www.lumes.lu.se/database/alu- gnauth, avait estimé que seule la diver-
Depuis juin 2006, un groupe d’experts du mni/04.05/theses/leah_wanambwa.pdf sification intrasucre assurerait la viabi-
secteur privé 1- de l’industrie sucrière et de lité, à long terme, de l’industrie sucrière.
l’énergie - ainsi que des membres du Parlement + Pour plus d’informations sur l’utilisation mé-
kényan font pression sur le Gouvernement nagère de la bagasse (briquettes de bagasse) : L’usine de production d’éthanol a of-
pour introduire de nouvelles politiques en ma- * http://images.google.fr/imgres?imgurl= fert de l’emploi à 150 personnes.
tière de production et d’utilisation d’éthanol * http://www.formatkenya.org/orm- Maurice produit donc de l’éthanol depuis quel-
(alternative au diesel et à l’essence). Ce comi- book/images/Photo59.gif&imgrefurl= ques années déjà. Notons qu’une première car-
té d’experts développera un cadre politique * http://www.formatkenya.org/ormbook/ gaison de 3,5 millions de litres d’éthanol produit
qui guidera la réintroduction de 10% d’éthanol Chapters/chapter15.htm&h=217&w=172&sz= à Maurice avait quitté Port-Louis en septembre
dans la distribution nationale de carburant 19&hl=fr&start=138&tbnid=TqXfiYT4e-JtN 2004 à destination de l’Union européenne (UE).
d’ici décembre 2006. Ils souhaitent que les M:&tbnh=101&tbnw=80&prev=/images%3Fq
sociétés sucrières investissent dans la pro- %3Dbagasse%2B%26start%3D120%26ndsp Cet éthanol avait été produit par l’usi-
duction d’éthanol afin que les producteurs de %3D20%26svnum%3D10%26hl%3Dfr%26lr ne mauricienne Alcodis, qui souhaite-
cannes à sucre puisse maximiser leur culture. %3D%26client%3Dfirefox-a%26rls%3Dorg. rait à l’heure actuelle, exporter jus-
mozilla:fr:official%26sa%3DN qu’à 30 millions de litres chaque année.
Selon M. Kegode, diversifier la production Pour prospecter le marché international, l’usi-
issue de la canne est le meilleur moyen de ne s’appuie depuis, sur son partenariat avec le
sauver la filière qui devra supporter la concur- plus gros producteur et distributeur d’éthanol
rence du marché de la COMESA en 2008. sur le plan mondial, le groupe suisse Alcotra.
Selon l’éminent professeur Ruth Oniang’o 4. MAURICE
et le directeur de l’industrie agro chimi- Au niveau interne, Alcodis et Total Mauritius
que, O. P. Narang’, les agriculteurs ga- Le 1er août 2003, le Premier Ministre mau- ont annoncé le lancement d’un projet pilote
gneraient beaucoup en produisant de la ricien de l’époque, Sir Anerood Jugnauth, a concernant l’usage du mélange essence/étha-
canne destinée à la production d’éthanol. inauguré dans l’enceinte de l’usine sucrière nol dans les véhicules à Maurice d’ici fin juin-
-----------------------------------------------------------------------
Un fonctionnaire du Ministère de l’Ener- de Rose-Belle, Alcodis, la première unité, à 1 On peut compter dans ce comité les personnalités suivantes : M. Baringo,
Président du groupe parlementaire sur l’énergie et les travaux publics, M.
Sucre Ethique - Ethical Sugar Gideon Moi, président du comité fer de lance de la politique d’utilisation de
6, Allée de la Malletière - 69600 Oullins - Lyon - France l’éthanol et Peter Kegode, président de la « Sugar Campaign for Change »
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début juillet 2006. Une trentaine de véhicules préférentiel dont bénéficie le sucre mauricien. fait, des centrales thermiques, installées à
représentatifs du parc automobile mauricien proximité des usines, généreront l’électri-
participeront aux tests qui dureront deux cité, dont ont besoin les usines, à partir de
mois. Le mélange s’établira comme suit : es- la bagasse produite. Actuellement, seulement
sence à 90% et éthanol à 10%. Les moteurs 50 % de la bagasse est utilisée. L’objec-
ne nécessiteront alors aucune modification. tif est de doubler la production d’électrici-
Une pompe spécialement aménagée sera uti- té à partir de la bagasse, qui devrait pas-
lisée à la station-service Total Rainbow, sur ser de 300 à 600 gigawatts/heure (GW/h).
l’autoroute à Bell-Village. Le prix du nouveau Globalement, la production d’électricité à
biocarburant sera compétitif par rapport partir de la bagasse et du charbon devrait
aux carburants traditionnels. Un comité re- passer de 750 à 1 700 GW/h. L’augmenta-
groupant plusieurs ministères est en voie de tion de la production d’énergie électrique à
constitution ; le but étant de coordonner les partir de la bagasse produite localement per-
différents aspects du projet (réglementa- mettra ainsi de réduire l’importation d’huile
tion, taxation, environnement) et d’être prêt lourde qu’utilise le Central Electricity Board
Expliquons à ce propos, le plan stratégique de
pour la commercialisation du nouveau pro- mauricienne pour générer de l’électricité.
restructuration de la filière sucrière présen-
duit dès le feu vert obtenu du gouvernement. L’investissement est massif. Rien que
té par l’Etat mauricien à l’UE en avril dernier.
pour la centrale de Savannah, qui de-
Maurice souhaite augmenter sa produc- vrait être opérationnelle en 2007, les
L’Etat souhaite voir l’industrie locale se
tion de bioéthanol afin d’économiser sur promoteurs ont injecté Rs 5 milliards.
réformer afin de s’adapter au mieux à la
sa note de carburant importé pour les vé-
nouvelle conjoncture. Le plan de restruc-
hicules et de réduire par la force des cho- Afin de rentabiliser ces investissements,
turation prévoit la mise sur pied d’une nou-
ses sa dépendance aux produits pétroliers. des contrats sont signés entre les Indepen-
velle entité qui investira dans les nou-
Alcodis prospecte également d’autres seg- dent Power Producers (IPP) et le Central
veaux projets – éthanol et énergie –.
ments de marché qui utilisent de l’éthanol no- Electricity Board (CEB) pour la fourniture
Il prévoit également de centraliser son in-
tamment l’industrie pharmaceutique qui s’en d’une quantité d’électricité, à un prix fixe.
dustrie sucrière afin de ramener, à terme,
sert comme solvant, l’industrie de la cosmétique Les IPP, à ce jour, vendent à hauteur de
le nombre d’usines sucrières à quatre (ce
ou la parfumerie ainsi que les usines qui fabri- 45 % de la consommation annuelle du pays.
qui causera la fermeture de 7 autres) à sa-
quent des produits de nettoyage domestique. Le plan stratégique 2006-15 préconise
voir Belle-Vue, Savannah, Fuel et Médine qui
La production d’éthanol fait partie de la une hausse dans la production de ces IPP
broieront la récolte du pays et seront tou-
nouvelle stratégie des autorités mauri- pour s’établir à 600 GWh à partir de la ba-
tes des « felxi-factories » c’est-à-dire des
ciennes à un moment où la réforme euro- gasse et 1 100 GWh du charbon. Vu l’ur-
usines qui produiront leur propre énergie. En
péenne du sucre entre en vigueur avec gence de la réforme, ces centrales devront
pour conséquence la suppression du prix être installées avant 2010. Le Gouver-
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nement mauricien place ces projets en entreprises,) Le Gouvernement lui-même
matière énergétique en rang prioritaire. est très préoccupé : les taxes payées par
la filière vont diminuer si celle-ci périclite.
6. MALAWI
Ajoutons que le groupe indien Chandi Oil La production d’éthanol ouvre le pays à
a commencé la construction d’une aire de Les « déchets » de la production de sucre d’autres marchés.
production d’éthanol à Riche-Terre den de l’usine de Dwangwa sont réutilisés afin de John du Plessis, gérant de la Royal Swa-
début d’année 2006. Le chantier devrait produire de l’éthanol, destiné à être mélangé ziland Sugar Corporation (RSSC) est bien
prendre un peu plus de 9 mois. La produc- à hauteur de 10% à l’essence des voitures lo- conscient du potentiel de cette industrie.
tion d’éthanol devrait atteindre 100 000 cales. Cela permet de diminuer un tant soit Le Royal Swaziland Corporation peut déjà
litres par jour. La plupart de la produc- peu l’importation de pétrole dans le pays. distiller jusqu’à 14 millions de litres par an-
tion sera exportée sur le marché africain. née. Un projet d’expansion « Ethanol » est
L’Ethanol Company Ltd du Malawi est, com- attendu afin de booster la capacité jusqu’à 32
me son nom l’indique, très impliquée dans le millions de litres par année. La RSSC compte
renforcement de la filière nationale d’étha- également produire des véhicules pouvant
5. MADAGASCAR nol. L’association participe à de nombreu- fonctionner entièrement avec du bioéthanol.
ses conférences sur le sujet, la dernière en Elle a déjà importé deux voitures du Brésil…
La fabrication d’une unité de fabrication d’étha- date avait lieu à Rio au Brésil (ISAF XVI). Dans le même temps, la firme sud africaine
nol a été lancée début juin 2006 à Tamatave. Logichem travaille sur une installation de dis-
tillation depuis Septembre 2005 en vue d’ex-
Les porteurs de ce projet malgacho-mauricien porter l’éthanol swazi dans toute l’Afrique
sont la Banque Mondiale, la société GEAR et la 7. SWAZILAND australe et ailleurs.
Compagnie indienne Chandi Oil. Le projet vise
une production de 27 millions de litres par an. L’inquiète –depuis l’annonce de la réforme Une nouvelle législation est requise avant de
européenne du sucre- industrie sucrière swa- vendre de l éthanol au gouvernement et au
Six autres projets au total sont en cours de zi se tourne aujourd’hui vers la production grand public.
concrétisation dans la Grande Ile : 2 unités d’éthanol comme meilleure façon de fournir
seront implantées à Mahajanga : une à Nosy- bénéfices et emplois. La filière sucrière swazi
Be, une à Farafangana et une à Moramanga. était très bénéficiaire du Protocole sucre. 8. ZAMBIE
Le cartel Vertical, l’un des leaders mondiaux Sans lui, la filière menace de s’écrouler (per-
dans ce secteur, a prévu de racheter dès l’an- te de jobs, faillite des petites et grosses La société Zambia Sugar est prête à produire
née prochaine 80% de la production malgache. 18 millions de litres d’éthanol, destinés à être
transformés en carburant (principalement ve-
Sucre Ethique - Ethical Sugar
6, Allée de la Malletière - 69600 Oullins - Lyon - France
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nant de la canne à sucre cultivée dans sa plan- s’atteler au problème d’importation de pé- industriel à concurrence de 30 millions de litres.
tation de Mazabuka) ; ce qui représente envi- trole. Ce pays, assez enclavé et ne bénéfi- La société a répondu au Gouvernement en disant
ron 15% de la consommation annuelle du pays. ciant d’aucune richesse pétrolière ou gaziè- qu’il lui fallait modifier quelque peu son instal-
Le ministre zambien du Développement de re doit importer pour près de 120 millions lation afin de pouvoir produire du bioéthanol.
l’énergie et des eaux, Felix Mutati a annoncé $US en ressources énergétique par année. Le Gouvernement, qui souhaite diversi-
début juin 2006 que la production d’éthanol Le Zimbabwe était un pionnier en matière fier sa consommation énergétique, négo-
créerait un nombre non négligeable d’emplois de production et d’utilisation de biocarbu- cie en ce moment avec la société à ce sujet.
dans le pays et aiderait également à rédui- rant. Dès le début des années 80 (2e choc En outre, le Gouvernement se lance dans
re les prix du carburant. Les petits produc- pétrolier), Triangle Estate, une des socié- le soutien aux plus petites usines afin
teurs pourraient également être concernés. tés sucrières du pays, a produit de l’étha- qu’eux aussi soient capables de produi-
En fait, depuis que l’éthanol est devenu une nol dans le but de la mélanger à l’essence. re à terme de l’éthanol biocarburant.
source alternative de l’énergie, la société Initialement, un mélange de 15% d’éthanol
Zambia Sugar a accéléré le processus de dans l’essence était utilisé mais du à l’aug-
production alors que plusieurs autres com- mentation de la consommation, le mélange
pagnies souhaitent investir dans le secteur. est resté figé à 12 % d’alcool pendant la plus
La Kafue Sugar Company, qui a reçu le soutien grosse partie des années 80, période pen-
du Gouvernement zambien, vise à avoir une dant laquelle la production d’éthanol s’élevait
capacité de production de 4 millions de litres à 40 millions de litres par année (40 000 T
d’éthanol à partir de la molasse et de 100 mil- de cannes à sucre utilisées). L’éthanol pro-
lions à partir de la canne à sucre directement. duit était alors vendu à la National Oil Cor-
Pour cela, la société a besoin d’investisse- poration of Zimbabwe qui le revendait en-
ment à concurrence de 5 millions de $ US. suite à différentes compagnies pétrolières.

La Zambie est actuellement en train de re- A l’heure d’aujourd’hui, le Gouvernement


voir sa politique nationale de l’énergie pour zimbabwéen souhaite voir Triangle Es-
permettre le mélange du bioéthanol/essence. tate intensifier sa production d’éthanol.
En fait, cette société produisant de l’étha-
nol dans les années 80 mais avait arrêté
9. ZIMBABWE sa production en 1992 du fait de sa faible
capacité de production de canne à sucre.
Le Zimbabwe est un exemple de relative- Actuellement, la société exporte de l’éthanol
ment petit pays qui a commencé très tôt à

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III. CONCLUSION
trole de plus en plus cher2, investissent actuel- moyen en oeuvre afin de développer
lement beaucoup dans l’agriculture énergétique3. au mieux l’industrie des biocarbu-
En ce qui concerne la production de bioétha- rants, n’ en atteste les divers sché-
nol issus de la canne à sucre, seuls les pays de mas présentés ici. L’Afrique tout
entière devrait également lui em-

1 gallon = 3.785 liters


Country Million Gallons

Source: F.O. Licht, cited in Renewable Fuels Association, Homegrown


for the Homeland: Industry Outlook 2005, (Washington, DC: 2005),
boîter le pas dans un futur proche.
Brazil 3,989
United States 3,535
China 964
India 462
A la vue de ce schéma, l’on peut facilement s’apercevoir France 219
que la production de bioéthanol augmente d’année en année. Russia 198
Si l’on en croit, M. Gustafo Best, du Département South Africa 110


United Kingdom 106
Energie de la FAO, a déclaré : « le boom des biocar-
Thailand 74
burants pourrait donner un nouveau souffle de vie au Germany 71
secteur sucrier en proie à de grosses difficultés ». Canada 66
Il est vrai que grâce à l’état d’avancement de la Australia 33 ---------------------------------------------------
technologie, la bagasse de canne à sucre est pro- Sweden 26 1 La Banque mondiale estime que l’industrie du bio-
carburant requiert 100 fois plus de main d’oeuvre
bablement le produit le plus rapidement uti- Mauritius 6 par unite d’énergie produite que l’énergie fossile.
lisable pour produire de l’éthanol en Afrique. Zimbabwe 6 Exemple : l’industrie du bioéthanol est crédi-
tée de fournir plus de 200 000 jobs aux USA et
Cependant, il ne faut pas négliger les autres Kenya 3 plus d’un demi million d’emplois directs au Brésil.

cultures (coton, jatropha, palmier à huile, etc.). Swaziland 3 2 L’économie réalisée par le Brésil en produisant
son bioéthanol est considérable : entre 1975 et
1987, la production d’éthanol a permis au Brésil
La production d’énergie renouvelable dans sa globa- d’économiser 10.4 milliards $ alors qu’il n’a coûté à
lité pourrait, dit-on, sortir l’Afrique de la pauvreté. l’Afrique australe (à l’exception du Kenya) sont l’Etat que 9 milliards$. Cet investissement national
est toujours rentable : des études montrent que
fortement enclins à développer une filière bioé- de 1976 à 2004, la production brésilienne d’étha-
nol a remplacé les importations de pétrole valant
Ainsi, certains pays africains, conscients de l’im- thanol à côté de leur filière sucre de canne. Ils 60.7 milliards$ - équivalant à 121.3 milliards $ -vu
l’ajout des intérêts qui auraient du être payés sur
portance de soutenir leur agriculture, grosse bénéficient pour la plupart de l’expertise des pays la dette extérieure (basée précédemment sur la
dette contractée sur les importations de pétrole)-.
pourvoyeuse d’emplois durables1, de diversifier gros producteurs d’éthanol (Brésil notamment). 3 Des efforts sont faits pour accroître la produc-
leur consommation énergétique et surtout de la La Communauté internationale met énormément de tion de biocarburants au Bénin, Ethiopie, Ghana,
Guinée Bissau, Kenya, Malawi, Mozambique, Ni-
nécessité de devenir moins dépendant d’un pé- geria, Sénégal, Afrique du Sud, et Zimbabwe.

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