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PARIS : L’intervention de

Jean-Louis MASSON lors du


vote de la motion de rejet
relatif au renforcement de
l’organisation des
juridictions
PARIS : L’intervention de Jean-Louis MASSON, comme orateur de
groupe LR, lors du vote de la motion de rejet relatif au
renforcement de l’organisation des juridictions prononcé à
l’instant.

Motion de rejet PJLO relatif au renforcement de l’organisation


des juridictions
Merci Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Madame la Présidente de la Commission des lois,
Madame, Monsieur les rapporteurs,
Mes chers collègues,
Ce PJLO met en œuvre, au niveau statutaire, les réformes de
l’organisation judiciaire engagées dans la cadre du PJL
ordinaire, notamment sur la fusion des tribunaux d’instance
dans les tribunaux de grande instance, et sur la création, à
titre expérimental d’un tribunal criminel départemental.
Notre groupe s’oppose à ce projet de loi organique parce qu’il
s’oppose et je dirai même il s’oppose fermement à votre projet
global de réforme de la justice.
Avec ce projet, Madame la Ministre, quel objectif poursuivez-
vous ? Vous nous promettez, je vous cite : » de construire
une justice plus lisible, plus accessible, plus simple et plus
efficace « . Ces propos aux relents des plus technocratiques,
vous nous les avez martelés pendant des mois.
Pour ma part, je les trouve particulièrement flous et j’ai du
mal à en cerner le contenu. Alors, je me suis demandé ce
qu’attendaient nos concitoyens de leur justice. Après tout,
elle est là la vraie question, vous l’êtes-vous posée ? Depuis
que vous êtes garde des sceaux, vous êtes-vous demandée, une
seule fois, ce que souhaitaient les français dans ce domaine ?
Ah, suis-je bête, votre majorité est si intelligente, si
subtile et si technique, qu’elle n’a évidemment aucune utilité
à écouter des gens qui ne sont rien, des fainéants
alcooliques, des gaulois réfractaires à tout changement !
Je ne vous provoque pas, Madame la Ministre, je vous exprime
simplement ma plus grande réprobation face à de tels propos
tenus à l’endroit de certains de nos compatriotes.
Croyez-vous pouvoir encore longtemps gouverner la France en
méprisant à ce point les françaises et les français ?
Alors que veulent nos concitoyens ? Rien de plus simple en
vérité. Ils attendent que le droit soit dit rapidement quand
ils vivent un conflit et, s’ils sont victimes d’une infraction
pénale, ils espèrent que les sanctions soient rapides à défaut
d’être immédiates et que les peines prononcées soient
effectives.
Pensez-vous vraiment que votre projet de réforme de la justice
satisfasse nos concitoyens, satisfasse la Nation que nous
représentons ici, dans cet hémicycle ? Un hémicycle chargé
d’histoire, une assemblée nationale qui s’est tant battue pour
faire respecter notre idéal républicain. Nous pouvons être
fiers d’y siéger mais nous avons un devoir, un devoir sans
appel, celui de débattre et de dire les choses. Et aujourd’hui
le mien est de vous dire que les Républicains considèrent que
votre projet n’est pas bon pour les françaises et les
français.
Aujourd’hui, ces derniers ignorent ce projet mais quand ils
vont découvrir la justice de demain, ils n’auront pas de mots
suffisants pour vous exprimer leurs reproches. Et ils auront
raison. Mon collègue Antoine Savignat a parfaitement développé
le fonds et ses travers inacceptables dans la motion
précédente : éloignement du juge, déshumanisation des
procédures, justice algorithmique, effacement de la justice de
proximité, fusionnement des tribunaux, disparition des jurys
populaires pour un certain nombre de crimes, précarisation des
droits pour les plus faibles, renoncement à construire le
nombre de places de prison qui sont nécessaires, budget
insuffisant.
Or, je vous rappelle que l’éloignement crée la défiance. La
précarisation engendre le sentiment inégalitaire. Les
renoncements de moyens dans l’univers carcéral, galvanisent le
sentiment d’impunité pour les coupables et d’injustice pour
les victimes.
Autant d’ingrédients propices à donner du corps à la défiance
généralisée exprimée tant à travers la crise des » gilets
jaunes » que dans une innombrable littérature de sciences
politiques ou d’études d’opinion.
Dans sa vaine stratégie pour décrédibiliser ses
contradicteurs, historiens improvisés, certains membres de
gouvernement ont voulu comparer notre époque aux années 30.
Ils avaient raison ! Ils se sont juste trompés de siècle… Nous
revivons davantage juillet 1830 que 1930. Charles X était le
monarque, Polignac le 1er ministre, tous deux prisonniers de
l’immanence de leur supériorité théorique, aristocrates bien
nés et bien éduqués, oubliant la transcendance que représente
la souveraineté nationale. Au mépris du réel, alors que les
barricades envahissent Paris, le monarque et son ministre
jouent aux cartes au son du canon ! On connait la suite.
Madame la Ministre, votre projet de réforme peut satisfaire
Bercy, peut vous satisfaire car vous n’en mesurez pas la
portée politique, peut satisfaire les plus aisés, peut
satisfaire les voyous mais elle ne satisfera pas les français.
Voilà encore un sujet qui sera mis au passif de votre
gouvernement.
Mes chers collègues, le temps de la communication doit cesser.
Celui de l’aveuglement partisan aussi. Brisez le sectarisme
qui vous fait ignorer sans discernement les amendements et
propositions des oppositions ici présentes. Au point de finir
par alimenter des contestations populaires nous accusant de ne
point les écouter, les comprendre et les défendre. Notre
régime parlementaire a-t-il vécu ? Devons-nous changer de
république car nous n’avons plus suffisamment de courage pour
faire vivre la nôtre ?
Et puis, si tel doit être votre comportement, quelle
crédibilité peut avoir le grand débat lancé aujourd’hui ?
Celui de bluffer la Nation ?
Nos collègues du sénat ont fourni un travail remarquable sur
les projets de réforme de la justice. Allez-vous balayer d’un
vote obtus ce travail ? Vous l’avez fait pour leur proposition
de loi sur les » casseurs » avant de vous apprêter, sous
l’impulsion gouvernementale, à reprendre sinon l’intégralité
de leurs propositions du moins l’immense majorité d’entre
elles. Gagnons du temps, cessez de vous soumettre, votez en
votre âme et conscience de représentants du peuple, ce qui est
bon pour le pays plutôt que ce qui sert la néfaste stratégie
technocratique de l’exécutif.
Les présents textes constituent une occasion supplémentaire de
vous révéler dans le rôle que les institutions vous attribuent
chers collègues. Un rôle que vous avez, jusqu’à présent,
méconnu, ignoré ou méprisé pour l’écrasante majorité d’entre
vous. Vous êtes les représentants de la Nation et non les
supplétifs dociles du pouvoir exécutif. Les français vous
regardent et vous jugent et à travers vous ils jugent aussi la
représentation nationale et son rôle dans l’équilibre des
pouvoirs.
Je vous appelle à voter cette motion de rejet

Plus d’infos :
https://jlmasson.fr/motion-de-rejet-pjlo-relatif-au-renforceme
nt-de-lorganisation-des-juridictions

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