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La famille: les signes du

changement
Sociologie de la famille
2017/2018
Une famille en mouvement: Facteurs
de changements

• Bouleversements démographiques
– Déclin du mariage ou baisse de la nuptialité
– L’élévation de l’âge de mariage
– Evolution de la divortialité
– Baisse de fécondité
– Nouveaux modèles familiaux
Conceptions « sociologiques » des
mutations
• Certaines approches sont énoncées sur un ton
nostalgique:
– Evelyne Sullerot dans le grand remue-ménage/la crise
de la famille (1997) oppose deux périodes: L’âge d’or
de la famille (1945-1965) ou les trente glorieuses de la
famille et Les trente piteuses de la famille (1965-1995)
caractérisées par la crise et le déclin de la famille.
– Louis Roussel (1989) dans La famille incertaine,
évoque une “ double désinstitutionnalisation ”: les
familles ne s’identifient plus aux institutions, mais le
droit aussi se sociologise. Selon Roussel, la famille
serait devenue plus incertaine en raison de
l’affaiblissement des normes qui font d’elle une
institution qui s’impose à tous.
L’âge d’or de la nuptialité
• L’âge d’or de la nuptialité en Europe est
constitué par le mariage du début des années
1970. Le modèle matrimonial se caractérise
par:
• Son intensité
• Le jeune âge des conjoints,
• Le faible nombre es divorces
• Une fécondité élevée
Les tenants d’un individualisme « positif »
• Les tenants de ‘l’individualisme positif’ récusent l’idée de délitement du
lien familial et développent une approche nouvelle des enjeux
identitaires de la famille. Les mutations familiales = le primat de
l’affection et l’autonomisation des acteurs. (De singly). (Dans son livre
‘Le soi, le couple et la famille’, François de singly insiste sur les enjeux
identitaires de la famille moderne dotée, selon lui, d’une fonction
identitaire. )
• Le concept ‘du moi-conjugal’ ou ce que De singly appelle, à la suite de
Charles Taylor, le soi intime.
• De Singly fait allusion au passage de la « famille moderne un » à « la
famille moderne deux » traduit par les principes d’individualisation et
transformation des liens. « L’élément central ce n’est plus le groupe
réuni, ce sont les membres qui le composent. » (P.8, Etre soi parmi les
autres)

• Ces transformations de la famille sont aussi au centre de l’émergence


d’un autre modèle de couple le « couple duo défini : non pas en termes
« de deux ne fait qu’un » (principe holiste) mais en termes « de un et
un, fait deux » (principe individualiste) (Théry, 2005)
Déclin du mariage

• Les mariages célébrés atteignaient le nombre record de


416000 en 1972 et ne sont plus que 268000 en 2006.
• En Suède, plus de quatre personnes sur dix ne se marient pas
dans les nouvelles générations.
• C’est en Irlande et en Europe du Sud (Espagne, Italie, surtout
Grèce et Portugal) que le mariage demeure le plus fréquent
et continue à concerner plus de 85 ou 90 % des femmes.
• En 2000, la moitié seulement des ménages américains avaient
à leur tête un couple marié, contre 78 % en 1950 et 61 % en
1980. Parmi les familles ayant des enfants de moins de 18
ans, moins des trois quarts avaient à leur tête un couple
marié en 2000. Cette proportion était de 93 % en 1950 et de
81 % en 1980.
L’élévation de l’âge au premier mariage
• Cette désaffection pour le mariage s’accompagne
d’une élévation considérable de l’âge au mariage :
les femmes nées en 1945 se sont mariées en
moyenne à 22,3 ans ; celles de la génération
1970, en moyenne à 28 ans. entre 1975 et
2002,l’âge moyen est passé de 25 à 30 pour les
hommes et de 23 à 28 pour les femmes. (cas de
la France)
• L’âge moyen des célibataires au moment du
mariage dans le monde est passé de 25,4 à 27,2
pour les hommes et 21,5 à 23,2 pour les femmes.
• Cette évolution est plus prononcée chez les pays
développés où elle est passée de 25,2à 28,8 pour
les hommes et de 22 à 26,1 pour les femmes.
Le déclin du mariage : une perspective
sociologique
• Le mariage n’est plus « le fondement de la société toute
entière, la clé de voûte de l’édifice social » (Irène
Théry).
• « C’est au début des années 70, au moment même où
le mariage est profondément redéfini en accord avec
les valeurs de liberté individuelle et d’égalité des sexes,
que la nuptialité commence à décliner, cependant
qu’augmente le divorce. » (Irène Thèry). L’auteur de
cette citation forge le terme « démariage » pour
rendre compte de ce paradoxe : le mariage n’est pas
rejeté mais devient l’objet d’un choix personnel au sein
de la pluralité de choix proposée/un pacte privé.
Evolution de la divortialité
l’indicateur
conjoncturel de
divortialité en
France passe
rapidement de 11
divorces pour 100
mariages à la fin
des années 1960, à
plus de 30 dès
1985 ; il s’établit à
38 % de 1995 à
2001, puis grimpe à
nouveau jusqu’à
42,5 % en 2003.
Divorce et nuptialité
• Le taux de divorce a augmenté dans l’ensemble de l’union
européenne… prés d’un divorce pour trois mariages contre un pour
quinze mariages 40 ans auparavant. C’est en Italie et en Irlande que
ce taux est plus faible. En suède et en Belgique, plus d’un mariage
sur deux se termine par un divorce. L’exception de l’Italie, les pays
méditerranées connaissant une hausse très sensible des divorces.
(J.H Déchaux)

• D’après les dernières données disponibles pour l’ensemble de


l’Union européenne, en 2011, 2,1 millions de mariages ont été
célébrés et 986 000 divorces ont été prononcés dans l’UE ce qui
équivaut à 4,2 mariages pour 1 000 personnes et à 2,0 divorces
pour 1 000 personnes.
• Selon le rapport mondial de fertilité de 2003, dans les pays
développés le taux moyen de divorce est passé de 13 % dans les
années 70 à 27% dans les années 90.
Luttes féministes
• Certains sociologues (Jonas Nicolas,Irène
Théry) ont associé « la crise du mariage » à
l’évolution féminine. (mariage =
subordination/soumission). Ils ont expliqué
partiellement l’identification du mariage à une
réalité passéiste qui relègue la femme aux
tâches domestiques.
L’amour est-il responsable?
• Certains sociologues ont fait le lien entre la fragilité du lien de mariage
et l’amour. Denis. de Rougemont (1972) l’amour et l’occident précise
que le ver de l’amour est dans le fruit du mariage.
• Dans son livre, « la déliaison amoureuse, de la fusion romantique au
désir d’indépendance », Serge Chaumier (1999) montre que « la
fragilité des unions reflète le primat de la centration sur les
relations. ». Selon lui, on est passés du couple fusionnel au couple
« fissionnel », résultat d’une nouvelle équation : 1+1= 3.
• Certains auteurs (Bellah,1986) ‘stigmatise l’évolution de la
sentimentalité familiale qui se radicalise aujourd’hui sous la forme de
la recherche d’une ‘croissance’ ou d’un épanouissement personnel
dont la famille n’est que l’instrument’ (Bellah, 1986) Le danger est
alors que « les relations durables simplement ancrés dans des
préférences personnelles ne durent en fait guère ».(Ibid.)
– R.N.Bellah, R.Madsen, W.Sullivan, a.Swidler, S.Tipton, Habits of the Heart,
New York, Harper & Row, 1986.
Baisse de fécondité
• Selon le rapport mondial de fertilité de 2003, de 1970 à
2000, la population mondiale a connu une chute
considérable des taux de fécondité. Les taux moyens dans
les pays en développement ont chuté de 5,9 enfants par
femme dans les années 70 à environ 3,9 enfants par femme
dans les années 90. Le taux de fécondité dans les pays
développés qui ont connu une explosion de la natalité dans
50/60, a diminué depuis les années 70. A la fin des années
90, dans 14 pays développés, la fécondité était inférieure à
1,3 enfant par femme, du jamais vu dans l’histoire des
populations.
• En France, de 2,9 enfants par femme en 1964, l’indice
conjoncturel de fécondité (ICF) a chuté à 1,66 en 1993 et
1994. Il est remonté à 1,98 en 2006. Ce niveau de
fécondité place désormais la France parmi les pays
d’Europe les plus féconds avec l’Irlande. La moyenne
européenne est à 1,5.
Famille monoparentales et
recomposées
• En France, en 2011, on compte prés d’1,6 million de
familles monoparentales.
• En France, 15- 18% des jeunes de moins de 18 ans
vivent avec un seul parent. Cette proportion a doublé
entre 1982 et 2010. «80 % vivent avec un couple (leurs
père et mère ou un parent et un beau-parent) dont 58
% avec un couple marié et 22 % avec un couple non
marié.»
• Selon les estimations des démographes, environ une
femme sur trois se trouverait au moins une fois dans sa
vie en situation d’élever seule son ou ses enfants. C’est
donc devenu un épisode banal des trajectoires
familiales féminines.
Transformation des liens filiaux
Selon Irène Thery dans son livre « couple, filiation et parenté
aujourd'hui : le droit face aux mutations de la famille et de la vie
privée » en 1998, la transformation des liens filiaux peut être due
aux facteurs suivants ;

• La révolution démographique : baisse de la surmortalité infantile


• La révolution sociologique : l’enfant ouvrier devient l’enfant écolier
• La révolution intellectuelle et scientifique : découverte des lois du
développement infantil
• La révolution économique : développement du marché de
l’enfance

« L’enfant est devenu un bien rare et durable, voir un capital sur


lequel il faut investir avec un impératif de qualité ».
La nouvelle place de l’enfant
• L’enfant est désormais le « fondateur de la famille » selon
Martine Segalen. Il confère à ses parents le statut
d’adultes accomplis, et n‘est plus juste le fils de …
• Les représentations de l’enfance ont radicalement changé
depuis deux siècles. Selon, Philippe Ariés, dans son
classique (l’enfant et la vie familiale sous l’Ancien régime,
1960)l’une des caractéristiques de la modernité serait
l’irruption du « sentiment de l’enfance »
• L’enfant est roi comme sont rois tous les individus de
notre modernité, comme le souligne François De singly
• Pour la sociologue Laurence Gavarini dans son ouvrage
« la passion de l’enfant. Filiation, procréation et éducation
à l’aube du 21 siècle » (2001), la société est prise d’une
véritable « passion de l’enfant » devenu objet d’amour, de
culte et de désir.
Union libre

• La vie en couple sans mariage, encore marginale dans


les années 1960, s’est largement diffusée. En France, la
part des naissances hors mariage a plus que doublé en
14 ans. En 2002, on estime qu’un couple sur cinq vivent
en cohabitation hors mariage contre 1 sur 35 en 1968.
• Dans les pays méridionaux (Italie, Espagne, Portugal ou
la Pologne, la cohabitation hors mariage reste
marginale. La France ressemble davantage aux ays
scandinaves. (J.H Déchaux, socio de la famille)
Les familles homoparentales
• Depuis les années quatre-vingts, pour les
femmes, et les années quatre-vingt-dix, pour
les hommes, on assiste aux États-Unis à ce
qu’on a appelé un gayby boom, les gais et les
lesbiennes étant de plus en plus nombreux à
devenir parents.
Répartition des mineurs selon leurs types de famille (France
métropolitaine)
Un enfant sur quatre vivant en famille n’appartient
pas à une famille « classique ». (JH Déchaux)
Naissance hors mariage
• En France, Plus de 44 % des enfants naissent de
parents non mariés : c’est le cas de plus de la
moitiée des aînés (55 % environ des premières
naissances) et d’un tiers des deuxièmes
naissances. La majorité des mères ont donc leur
premier enfant en dehors du mariage.
• Cette proportion de 44 % de naissances hors
mariage est relativement élevée en Europe
occidentale et place la France aux premiers rangs
de la fréquence du phénomène, juste derrière la
Suède (56 % en 2002), la Norvège (50 %) et le
Danemark (45 %).
Du baby-boom au papy-boom
• Un quart de français sont en 2011 grands
parents/ le nombre de grands parents a
augmenté de 2,5 millions entre 1999 et
2011..les baby boomers deviennent les papy
boomers. En Europe , on estime qu’un 1/5 de
la population est composé de grands parents.
• Dans leur livre «Grands-parents. La famille à
travers les générations » publié en 2007,
Martine Segalen et Claudine Attias-Donfut
critique le fait que la sociologie de la famille
ait longtemps oublié l'analyse des liens de
parenté et donc les figures grand-parentaux.
La grand parentalité: Facteurs
• L’allongement de la durée de la vie,
l’amélioration des services de santé et donc le
recul de l’âge de la survenue des incapacités
expliquent sociologiquement le fait que
plusieurs générations vivent ensemble en
même temps.
• Les grands-parents du papy-boom (nés après
1945) sont en meilleure santé, plus sportifs et
ont une espérance de vie plus longue.
• ..\..\..\..\..\..\..\Searches\Downloads\Pourquoi
encore vivre à deux Attentes, nouveaux
modèles, espoirs déçus (France-Japon)
26.mp4
Diversité des familles: typologies
• A partir des années 70, nombre de sociologues
élaborent des typologies très diverses. Trois
variables principales autour desquelles se
structurent les diverses formes de
fonctionnement conjugal : la fusion ou le degré
d’autonomie entre les membres de la famille ;
celle de l’intégration; L’orientation instrumentale
ou expressive; mode de régulation ou de
l’importance que le couple accorde à la
négociation dans son fonctionnement quotidien
(Widemer, Kellerhals, Levy, 2004)
Bibliographie
• Ariés, Philippe, 1960, l’enfant et la vie familiale sous l’Ancien régim
• Attias-Donfut, C.; Segalen M., 2007, Grands-parents. La famille à travers les
générations.
• Chaumier, Serge, 1999, la déliaison amoureuse, de la fusion romantique au désir
d’indépendance
• De Singly, F., 1996, Le Soi, le couple et la famille, Éditions Nathan, Paris
• Déchaux, J.H (2007), sociologie de la famille, Repères, La découverte
• Gavarini, Laurence, 2001, la passion de l’enfant. Filiation, procréation et éducation
à l’aube du 21 siècle
• Irène Théry, Le Démariage, Paris, Odile Jacob, 1993
• Irène Théry, Couple, filiation et parenté aujourd’hui : Le droit face aux mutations de
la famille et de la vie privée. Rapport à la ministre de l’Emploi et de la Solidarité et
au garde des Sceaux ministre de la Justice, Paris, Éditions Odile Jacob, 1998
• Sullerot, Evelyne, 1997, le grand remue-ménage, la crise de la famille
• http://www.hcp.ma/
• Le rapport mondial sur la fertilité, 2003

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