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Nombres réels
Bernard Ycart
Vous savez déjà compter, et vous connaissez les propriétés des réels. Une seule
nouveauté dans ce chapitre, la notion de borne (supérieure ou inférieure) d’un en-
semble. Au-delà des définitions, vous allez commencer à vous habituer aux « epsilons
strictement positifs », à comprendre comme des quantités pouvant prendre des valeurs
arbitrairement petites. À part ça, pas grand chose de neuf ni de difficile dans ce chapitre
d’introduction à l’analyse.
2 Entraînement 13
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3 Compléments 24
3.1 Papier normalisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.2 La constante de Ramanujan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.3 Nombres incommensurables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.4 Les frères Banu-Musâ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.5 La numérisation des raisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.6 Les coupures de Dedekind . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.7 Point fixe d’une application croissante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
8 novembre 2011
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1 Cours
1.1 Opérations
Nous ne présenterons pas de construction axiomatique de l’ensemble R des nombres
réels. Cette section rappelle quelques notations, les propriétés des opérations (addition,
multiplication) et de la relation d’ordre.
Nous utilisons les notations classiques suivantes pour les ensembles emboîtés de
nombres N ⊂ Z ⊂ Q ⊂ R ⊂ C.
Notation Ensemble Exemples
N Entiers naturels 0, 1, 2, 3, . . .
Z Entiers relatifs −2, −1, 0, 1, 2, . . .
355
Q Rationnels 1.2,
√ 1/2, 0.0012, 113 , . . .
R Réels 2, π, e, . . . √
C Complexes 1 + 2i, 1 + i 3, 2eiπ/3 , . . .
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• Réflexivité : ∀x ∈ R , x 6 x
• Transitivité : ∀x, y, z ∈ R , (x 6 y et y 6 z) =⇒ x 6 z
• Antisymétrie : ∀x, y ∈ R , (x 6 y et y 6 x) =⇒ x = y
• Ordre total : ∀x, y ∈ R , x 6 y ou y 6 x
Les trois premières propriétés définissent une relation d’ordre. Ici l’ordre est total car
deux réels quelconques peuvent toujours être comparés.
Pour des raisons de commodité, on utilise aussi couramment les notations >, <, > :
Notation Définition
x>y y6x
x<y x 6 y et x 6= y
x>y x > y et x 6= y
La relation d’ordre est compatible avec l’addition par un réel quelconque, et avec la
multiplication entre réels positifs.
• ∀x, y, z ∈ R , x 6 y =⇒ x + z 6 y + z
• ∀x, y, z ∈ R , x < y =⇒ x + z < y + z
• ∀x, y ∈ R , ∀z ∈ R+ , x 6 y =⇒ x z 6 y z
• ∀x, y ∈ R+∗ , ∀z ∈ R+∗ , x < y =⇒ x z < y z
Comme conséquence de ces relations de compatibilité, on obtient les règles suivantes
qui permettent de combiner des inégalités.
∀x, y, z, t ∈ R , (x 6 y et z 6 t) =⇒ x + z 6 y + t
On peut donc ajouter deux inégalités de même sens (attention : on ne peut pas ajouter
deux inégalités de sens opposés ni soustraire deux inégalités de même sens).
∀x, y ∈ R , ∀z, t ∈ R+ , (x 6 y et z 6 t) =⇒ x z 6 y t
On peut multiplier deux inégalités de même sens, si elles concernent des réels positifs ou
nuls. (attention : on ne peut pas mutiplier deux inégalités de sens opposés, ni diviser des
inégalités de même sens, ni multiplier des inégalités qui concernent des réels négatifs).
Pour se ramener à des inégalités de même sens, ou à des réels positifs, il peut être utile
de changer de signe ou de passer à l’inverse.
• ∀x, y ∈ R , (x 6 y) =⇒ (−x > −y)
• ∀x, y ∈ R+∗ , (x 6 y) =⇒ (1/x > 1/y)
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1.2 Bornes
Définition 1. Soit A une partie de R et M un réel. On dit que M est un majorant de
A si :
∀x ∈ A , x 6 M .
De même, m ∈ R est un minorant de A si :
∀x ∈ A , m6x.
Non seulement N n’a pas de plus grand élément mais de plus aucun réel n’est plus grand
que tous les éléments de N. Par contre, les 5 derniers ensembles du tableau ci-dessus
sont bornés au sens suivant.
Définition 2. Soit A une partie de R (un ensemble de réels). On dit que A est :
• majorée s’il existe un majorant de A,
• minorée s’il existe un minorant de A,
• bornée si A est à la fois majorée et minorée.
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Du fait que l’ordre des réels est total, la borne supérieure et la borne inférieure, si
elles existent, sont nécessairement uniques. Lorsque A admet un plus grand élément,
la borne supérieure de A est ce plus grand élément. Lorsque A admet un plus petit
élément, la borne inférieure de A est ce plus petit élément. On étend la définition de
sup et inf aux ensembles non majorés et non minorés par la convention suivante.
1. Si A n’est pas majorée, sup(A) = +∞
2. Si A n’est pas minorée, inf(A) = −∞
Reprenons comme exemples les 6 ensembles du tableau précédent.
Ensemble Borne inférieure Borne supérieure
N 0 +∞
Z −∞ +∞
{1/n , n ∈ N∗ } 0 1
{(−1)n (1 − 1/n) , n ∈ N∗ } −1 1
{(−1)n (1 + 1/n) , n ∈ N∗ } −2 3/2
{(−1)n + 1/n , n ∈ N∗ } −1 3/2
{(−1)n − 1/n , n ∈ N∗ } −2 1
Dans le cas où A est majorée et n’admet pas de plus grand élément, alors sup(A)
n’appartient pas à A, mais on trouve néanmoins des éléments de A arbitrairement
proches de la borne supérieure.
Démonstration : Comme sup(A) est le plus petit des majorants, sup(A)−ε ne peut pas
être un majorant. Il existe donc un élément de A supérieur à sup(A)−ε. Comme sup(A)
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est un majorant, cet élément est inférieur à sup(A). Le raisonnement pour inf(A) est
analogue.
Nous allons souvent rencontrer dans ce cours des réels ε strictement positifs ar-
bitrairement petits. On peut s’en faire une idée concrète en pensant ε = 0.001, ou
bien ε = 10−6 . Prenons comme exemple A = {1/n2 , n ∈ N∗ }. La borne inférieure est
inf(A) = 0. La proposition 1 permet d’affirmer que pour tout ε > 0, il existe un élément
de l’ensemble inférieur à ε. Et d’ailleurs l’équivalence ci-dessous permet de l’exhiber.
q
2
1/n 6 ε ⇐⇒ n > 1/ε .
∀ε > 0 , ∃a ∈ A , x−ε6a,
alors x = sup(A).
2. Si x est un minorant de A tel que
∀ε > 0 , ∃a ∈ A , a6x+ε,
alors x = inf(A).
Démonstration : Si
∀ε > 0 , ∃a ∈ A , x−ε6a,
alors pour tout ε > 0, x − ε n’est pas un majorant de A, donc si x est un majorant,
c’est bien le plus petit.
Le raisonnement pour inf(A) est analogue.
La borne supérieure peut donc être caractérisée de deux manières différentes.
• sup(A) est le plus petit des majorants de A
• sup(A) est le seul majorant x de A tel que pour tout ε > 0, il existe un élément
de A entre x − ε et x.
De manière analogue,
• inf(A) est le plus grand des minorants de A
• inf(A) est le seul minorant x de A tel que pour tout ε > 0, il existe un élément
de A entre x et x + ε.
En liaison avec la proposition précédente, voici pour terminer cette section une ap-
plication simple des notions de borne supérieure et inférieure, que l’on retrouve dans
beaucoup de démonstrations.
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1.3 Intervalles
Définition 4. Une partie I de R est un intervalle si, dès qu’elle contient deux réels,
elle contient tous les réels intermédiaires :
∀c, d ∈ I , ∀x ∈ R , (c 6 x 6 d) =⇒ (x ∈ I) .
Par exemple, R+ est un intervalle, car tout réel compris entre deux réels positifs
est positif. Mais R∗ n’en est pas un, car il contient 1 et −1 sans contenir 0. L’ensemble
vide et les singletons sont des cas très particuliers d’intervalles. Nous allons utiliser
sup et inf pour caractériser tous les intervalles contenant au moins deux éléments. Ils
se répartissent en 9 types, décrits dans le tableau ci-dessous. Dans ce tableau, a et b
désignent deux réels tels que a < b.
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Voici la discussion pour les intervalles bornés. Si un intervalle I est borné et contient
deux éléments, il admet une borne inférieure et une borne supérieure distinctes. Notons
a = inf(I) et b = sup(I) .
Par définition de sup et inf, tout élément x de I est entre a et b :
∀x ∈ I , a6x6b.
Nous allons montrer que tout réel x tel que a < x < b appartient à I. En effet, si
a < x < b, x n’est ni un majorant, ni un minorant de I. Il existe donc deux éléments
y et z de I tels que y < x < z. Par la définition 4, x appartient à I. Selon que a et b
appartiennent ou non à I, on obtient les 4 premiers types du tableau.
Considérons maintenant un intervalle minoré mais non majoré. Soit a la borne
inférieure. Tout élément de I est supérieur ou égal à a. Montrons que I contient tous
les réels x strictement supérieurs à a. Comme x n’est pas un minorant, I contient un
élément y < x, et comme I n’est pas majoré, il contient un élément z > x. Donc x
appartient à I. Selon que a appartient ou non à I, on obtient 2 types d’intervalles non
majorés. Les deux types d’intervalles non minorés sont analogues.
Enfin, si un intervalle I n’est ni majoré, ni minoré, pour tout réel x, on peut trouver
deux réels y et z dans I tels que y < x < z, ce qui entraîne x ∈ I. Donc I = R.
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On en déduit :
x − 1 < bxc 6 x .
La partie entière de π est 3. Attention : la partie entière de −π est −4, et non −3. On
appelle partie décimale de x et on note D(x), la différence de x avec sa partie entière.
donc,
10−n b10n xc 6 x < 10−n b10n xc + 10−n ,
Le nombre décimal dn = 10−n b10n xc est l’approximation de x par défaut à 10−n près.
Observez que dn et dn+1 coïncident jusqu’à la dernière décimale de dn :
1 = 0.99999999 . . .
∃M ∈ R , ∀x ∈ A , x6M .
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{ b10n xc , x ∈ A } .
est un ensemble d’entiers, majoré par M . Il admet donc un plus grand élément. Divisons
chacun de ses éléments par 10−n :
Dn = { 10−n b10n xc , x ∈ A } .
L’ensemble Dn est l’ensemble des approximations par défaut à 10−n près des éléments
de A. Comme le précédent, il admet un plus grand élément, que nous noterons dn . Par
construction, pour tout n ∈ N, dn+1 > dn . Nous allons démontrer par l’absurde que
Mais alors b10n xc serait supérieur ou égal à 10n dn + 1, ce qui contredit la définition de
dn . La suite (dn )n∈N est donc bien une suite d’approximations décimales et détermine
un réel unique que nous notons b. Nous voulons montrer b est la borne supérieure de
A. Montrons d’abord que c’est un majorant de A. Toujours par l’absurde, supposons
qu’il existe x ∈ A tel que x > b. Fixons n tel que 10−n < x − b. Alors
ce qui contredit la définition de dn . Il nous reste à montrer que pour tout ε > 0, il
existe x ∈ A tel que b − ε < x. Fixons n tel que 10−n < ε. Par construction, il existe
x ∈ A tel que dn = 10−n b10n xc. Donc
b − ε < b − 10−n 6 dn 6 x .
Ne nous leurrons pas : la démonstration qui précède, si elle présente l’avantage
de construire explicitement la borne supérieure, n’est pas parfaitement étanche. Vous
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. Soit A une partie non vide de R. Parmi les affirmations suivantes les-
quelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. A possède une borne supérieure, finie ou infinie.
2. Si A est minorée, alors A possède une borne inférieure finie.
3. Si x 6 sup(A) alors x ∈ A.
4. Si A contient au moins 2 réels distincts, alors A contient un rationnel.
5. Si A est infinie, alors A contient une infinité d’irrationnels.
6. Si A contient un intervalle de R, contenant lui-même deux points distincts,
alors A contient une infinité d’irrationnels.
7. Si A contient un intervalle de R, alors A contient une infinité de rationnels.
Vrai-Faux 2. Soit A une partie non vide de R. On note |A| = {|x| , x ∈ A}. Parmi les
affirmations suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Si A est majorée, alors |A| possède une borne supérieure finie.
2. 0 est un minorant de |A|.
3. |A| possède toujours une borne inférieure finie.
4. |A| possède toujours une borne supérieure finie.
5. A est bornée si et seulement si |A| est majorée.
6. Si A est un intervalle, alors |A| est un intervalle.
7. Si |A| est un intervalle, alors A est un intervalle.
8. Si A est un intervalle ouvert, alors |A| est un intervalle ouvert.
9. Si A est un intervalle fermé, alors |A| est un intervalle fermé.
Vrai-Faux 3. Soit a un réel quelconque. Parmi les affirmations suivantes lesquelles sont
vraies, lesquelles sont fausses et pourquoi ?
1. Si (∀ε > 0 , a < ε), alors a < 0.
2. Si (∀ε > 0 , a > 1 − ε), alors a > 1.
3. Si (∀ε > 0 , a > 1 − ε2 ), alors (∀ε > 0 , a > 1 − 2ε).
4. Si (∀ε > 0 , a > 1 − ε), alors (∀ε > 0 , a > 1 − ε2 ).
√
5. Si (∀n ∈ N∗ , a > 1/ n), alors a > 1.
√
6. Si (∀n ∈ N∗ , a < 1/ n), alors a < 0.
√
7. Si (∀n ∈ N∗ , a > 1 − 1/ n), alors (∀ε > 0 , a > 1 − ε).
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2.2 Exercices
Exercice 1. Pour chacun des ensembles de réels suivants :
2n + (−1)n
( )
n+1 2n + 1
, n∈N , , n∈N , , n∈N ,
n+2 n+2 n+2
m+n 2m + n m−n
, m, n ∈ N∗ , , m, n ∈ N∗ , , m, n ∈ N∗ .
m + 2n m + 2n m + 2n
1. L’ensemble est-il majoré ? minoré ?
2. L’ensemble admet-il un plus grand élément ? un plus petit élément ?
3. Déterminer la borne supérieure et la borne inférieure de l’ensemble.
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3. Montrer que si l’intersection A ∩ B est non vide, alors elle admet une borne
supérieure et une borne inférieure finies. Montrer que
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2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
Question 1. Soient x et y deux réels quelconques.
A Si x < y alors x2 6 y 2 .
B Si 0 < x < y alors 0 < 1/y < 1/x.
C Si x < y alors 1 − x > 1 − y.
D Si x < y alors x2 < xy.
E Si 0 < x < y alors xy 2 < x2 y.
Question 2. On considère l’ensemble A suivant.
n o
A = (−2)n , n ∈ Z .
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2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : Soit A une partie non vide et majorée de R. Soit a un réel.
1. Quand dit-on que a est un majorant de A ?
2. Quand dit-on que a est le plus grand élément de A ?
3. Quand dit-on que a est la borne supérieure de A ?
4. Quand dit-on que A est un intervalle ?
5. Démontrer que si A est un intervalle majoré, non minoré, et si a est la borne
supérieure de A, alors A =] − ∞, a [ ou bien A =] − ∞, a ].
Exercice 1 : Soit A une partie non vide de R+ et B une partie non vide de R+∗ . On
note A : B l’ensemble des quotients d’un élément de A par un élément de B.
n o
A : B = a/b , a ∈ A , b ∈ B .
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∀ε > 0 , ∃x ∈ A : B , x<ε.
∀x ∈ A , x 6 a .
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3. On dit que a est la borne supérieure de A si c’est le plus petit des majorants de
A.
4. On dit que A est un intervalle si tout point entre deux points de A est aussi dans
A.
∀x, y ∈ A , ∀z ∈ R , (x 6 z 6 y) =⇒ z ∈ A .
5. Démontrer que A =] − ∞, a [ ou bien A =] − ∞, a ] équivaut à montrer les deux
inclusions suivantes.
A ⊂ [−∞, a ] et ] − ∞, a [ ⊂ A .
x ∈]
/ − ∞, a ] =⇒ x ∈
/A.
La contraposée est :
x ∈ A =⇒ x ∈] − ∞, a] ,
ce qui équivaut à la première inclusion.
Montrons la seconde inclusion. Soit x un réel strictement inférieur à a. Puisque
A n’est pas minoré, x n’est pas un minorant. Donc il existe c ∈ A tel que c < x.
Puisque a est le plus petit des majorants de A, x n’est pas un majorant. Donc il
existe d ∈ A tel que x < d. Les deux réels c et d appartiennent à A et sont tels
que c < x < d. Comme A est un intervalle, ceci entraîne que x appartient à A.
Au total nous avons montré que
x < a =⇒ x ∈ A ,
soit ] − ∞, a [ ⊂ A.
Exercice 1 :
1. Observons que M est strictement positif, car B ⊂ R+∗ . Si m < 0, alors m/M < 0
et la propriété annoncée est vraie puisque A : B ⊂ R+ . Supposons donc m > 0.
Pour tout y ∈ B, 0 < y 6 M , donc 0 < 1/M 6 1/y. Pour tout x ∈ A, 0 6 m 6 x.
Donc :
m x
∀x ∈ A , ∀y ∈ B , 6 .
M y
Donc m/M est un minorant de A : B.
2. Soit a un élément quelconque de A. Comme B n’est pas majoré, il existe y ∈ B
tel que y > a/ε > 0. Donc x = a/y < ε, or x ∈ A : B, d’où le résultat.
3. Par hypothèse, tout élément de A : B est positif ou nul. Donc 0 est un minorant de
A : B. D’après la question précédente, pour tout ε > 0, ε n’est pas un minorant de
A : B. Donc 0 est le plus grand des minorants de A : B ; c’est la borne inférieure.
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3 Compléments
3.1 Papier normalisé
Les dimensions des feuilles de papier que vous avez sous les yeux sont irrationnelles !
La norme internationale ISO 216 définit les formats utilisés dans la plupart des pays
aujourd’hui, dont le très connu format A4. À l’origine, le standard fut adopté par la
DIN (Deutsche Institut für Normung, organisme de normalisation et standardisation
allemand) en Allemagne en 1922. Certaines grandeurs avaient été définies en France
durant la Révolution, puis oubliées. La norme ISO 216 définit trois séries de format
de papier, A, B et C. La série C est principalement utilisée pour les enveloppes. Voici
comment est définie la série A.
Si on divise en deux une feuille, on souhaite que la plus grande et la plus petite
dimension des deux moitiés restent dans le même rapport que celles de la feuille entière.
Par exemple soient L et l la plus grande et la plus petite dimension d’une feuille A0.
Quand on la divise en deux, on obtient deux feuilles A1 dont la plus grande dimension
est l et la plus petite L/2. On doit avoir :
L l
= ,
l L/2
√
soit L2 /2 = l2 . Le rapport L/l vaut donc 2. Les dimensions de la feuille A0 sont
choisies de √
sorte que sa surface soit 1 mètre carré. Exprimée en mètres, L doit donc
vérifier L / 2 = 1, soit L = 21/4 . Voici les dimensions théoriques des feuilles de papier
2
de A0 à A4.
Papier L l
A0 21/4 2−1/4
A1 2−1/4 2−3/4
A2 2−3/4 2−5/4
A3 2−5/4 2−7/4
A4 2−7/4 2−9/4
Les approximations décimales à 10−3 près de 2−9/4 et 2−7/4 sont 0.210 et 0.297 ; ce sont
bien les dimensions de vos feuilles de papier, exprimées en mètres.
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√
Les trois nombres e, π et 163 sont irrationnels. Il n’est bien sûr pas exclu qu’en
combinant des irrationnels on tombe sur des rationnels ou même des entiers. L’exemple
le plus célèbre est celui de la formule d’Euler : eiπ = −1.
Il s’en faut de très peu que l’affirmation
√ supposée de Ramanujan soit vraie. Voici
π 163
les 30 premiers chiffres significatifs de e :
√
eπ 163
= 262537412640768743.999999999999 . . .
La partie entière a 18 chiffres, et les 12 premières décimales valent 9. Mais la treizième
décimale vaut 2 et le nombre n’est pas entier. Ce fait
√ était connu bien avant Ramanujan,
par Hermite en 1859. Pourquoi alors le nombre eπ 163 porte-t-il le nom de « constante
de Ramanujan » ? À cause d’un poisson d’avril monté par M. Gardner en 1975 : on ne
prête qu’aux riches !
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partie décimale de (k + 1)nx est (k + 1)δ − 1 < δ. Ceci entraîne que l’ensemble A ne
peut pas avoir de plus petit élément. Notons a sa borne inférieure. C’est aussi la borne
inférieure de An = {D(mx) , m > n}, puisque A n’a pas de plus petit élément.
Fixons ε > 0. Il existe n tel que a < D(nx) < a+ε. Mais aussi, il existe m > n tel que
a < D(mx) < a+D(nx), donc 0 < D(nx)−D(mx) < ε. Posons δ = D(nx)−D(mx) et
k = b1/δc. Toujours parce que x est irrationnel, 1/δ ne peut pas être entier. Ecrivons :
k(m − n)x = k(bmxc − bnxc) − 1 + (1 − kδ) .
Cette écriture montre que D(k(m − n)x) = 1 − kδ < δ < ε. Comme ε est quelconque,
nous avons montré que la borne inférieure de A est 0.
Soient a et b deux réels tels que 0 < a < b, et ε < b − a. Soit n un entier tel que
D(nx) = δ < ε. Soit k le plus petit entier tel que a < kδ < b. On a a < D(knx) < b,
ce qui montre que l’ensemble A est dense dans [0, 1].
Considérons maintenant deux réels x et y incommensurables. Si z est un réel, on
notera z mod y (« z modulo y »), le réel yD(z/y), qui appartient à l’intervalle [0, y[.
Si x et y sont incommensurables, alors l’ensemble {nx mod y , n ∈ N} est dense dans
[0, y]. Ceci découle de la proposition 6 appliquée à x/y.
Par exemple, puisque π est irrationnel, 2π et 1/(2π) le sont aussi. Donc 1 et 2π
sont incommensurables. D’après ce qui précède, {n mod 2π , n ∈ N} est dense dans
[0, 2π]. On déduit de la continuité des fonctions sin et cos que {sin(n) , n ∈ N} et
{cos(n) , n ∈ N} sont denses dans [−1, 1].
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le radical, car, comme la sphère autant que le cube et le cube autant que
la sphère, est cause de leur dissimilitude ; ainsi, de ces nombres. Mais pour
faire autre preuve par deux quantités d’un même genre de grandeur, pre-
nons le côté et diagonale d’un carré, qui sont les lignes entre elles (par la
dernière proposition du livre X d’Euclide) incommensurables, toutefois ni
diagonale, ni côté (abstrait de nombre) n’est ligne absurde ou irrationnelle,
l’incommensurance donc des quantités n’est pas l’absurdité d’icelles, mais
c’est plutôt leur naturelle mutuelle habitude.
√
Il me manque de lui expliquer quelle chose soit 8. Je lui réponds qu’il
m’explique quelle chose soit 3/4 (qui selon son dire est rationnel) et je la
lui expliquerai.
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Maths en Ligne Nombres réels UJF Grenoble
∃a ∈ [0, 1] , f (a) = a .
Démonstration : Soit A l’ensemble des réels x dans [0, 1] tels que l’image de x dépasse
x:
A = {x ∈ [0, 1] , f (x) > x} .
Par hypothèse l’ensemble A est non vide puisqu’il contient 0, et il est majoré par 1.
Notons a sa borne supérieure. Nous allons montrer d’abord f (a) > a, puis f (a) 6 a.
Par la proposition 1, pour tout ε > 0, il existe x ∈ A tel que a − ε 6 x 6 a. Comme
x est dans A, f (x) > x, et puisque f est croissante, f (x) 6 f (a). Donc :
B = {x ∈ [0, 1] , f (x) 6 x} ,
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