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N° d’ordre : 4033

THÈSE
PRÉSENTÉE A

L’UNIVERSITÉ BORDEAUX 1

ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES ET ENVIRONNEMENT

Par Marie CHRETIEN

POUR OBTENIR LE GRADE DE

DOCTEUR

SPÉCIALITÉ : GEORESSOURCES, PATRIMOINES ET ENVIRONNEMENTS

Compréhension des mécanismes de retrait-gonflement des sols


argileux : approche sur site expérimental et analyse de sinistres
sur constructions individuelles
Directeurs et co-directeurs de recherche :
Richard FABRE (professeur à l’Université Bordeaux 1)
Alain DENIS (professeur à l’Université Bordeaux 1)
Jean-François LATASTE (Maître de Conférences à l’Université Bordeaux 1)

Soutenue le : 28/05/2010 à 13h30

Devant la commission d’examen formée de :

Mme. MASROURI, Farimah INPL ENSG – LAEGO Professeur, Rapporteur


M.COJEAN, Roger Directeur de recherche, Mines ParisTech Professeur, Rapporteur
M. CUI, Yu Jun Ecole des Ponts ParisTech - CERMES Professeur, Président
Mme. PLAT, Emmanuelle BRGM Ingénieur, Invité
M. LAYRISSE, Philippe Directeur technique AIS GRAND SUD Ingénieur, Invité

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Les Sciences et les Technologies au service de l’Homme et de l’environnement
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REMERCIEMENTS

Le travail de recherche présenté ici a été réalisé en partie au sein du laboratoire de


Géosciences Hydrosciences et Matériaux de Construction (GHYMAC, anciennement CDGA) de
l’Université Bordeaux 1. Je remercie vivement Madame Joëlle RISS, directrice du GHYMAC, de
m’avoir accueilli dans leur équipe.
Une mention toute particulière à mon directeur de thèse Monsieur Richard FABRE pour sa
grande disponibilité, son écoute et son encadrement durant ces années. Son expérience et son aide
autant scientifique que physique sur le terrain m’ont été essentielles pour mener à bien ce projet de
recherche. Je remercie également mon co-directeur de thèse Monsieur Alain DENIS pour m’avoir
dirigé et encadré au cours de mon doctorat. J’ai pu ainsi profiter de leurs connaissances et de leurs
compétences dans des domaines variés.
Je remercie également Jean-François LATASTE, maître de conférences à l’Université
Bordeaux I et Fabien NAESSENS, technicien du laboratoire, pour avoir accepté de participer à cette
étude et d’avoir ainsi apporté un complément précieux et pluridisciplinaire à cette recherche.

Je tiens également à remercier toute le personnel du bureau d’études géotechniques AIS


GRAND SUD, basé à Mérignac, qui m’a rapidement intégré à l’équipe pendant ma thèse, m’a fait
partager son expérience professionnelle et qui rend ces années inoubliables, avec :
- le personnel permanent du bureau : Philippe LAYRISSE, Agnès DUPEYRAT, Christelle
LAVAL, Benoît TARIS, Cécile GROSSEMY, Cédric LUSSAC, Eric BRACHET, Arnaud
PRIGENT, Sandrine LAFFETA, Laurence PECORA, Eric CARTIGNY, Carine GOMES,
Pierre RIGAIL, Alexandra MOINARD, Isabelle MAS, Sylvie ROGUET, Agnès
DELACOUR …
- la direction : Paul BERNARD, Eric BARDET, Guillaume SEGUY, Annick GIGNOUX…
- les sondeurs toujours sur le terrain : Pascal, Emmanuel, Marc, Bekim, Gazman, Lionel et
tous les nouveaux…
J’associe ces remerciements à Mr Roger COJEAN, Mme Farimah MASROURI, Mr CUI, Mlle
PLAT et Mr Philippe LAYRISSE pour avoir accepté de rapporter ce travail et d’avoir participer à
mon jury.
Je tiens également à associer à ces remerciements les personnes que j’ai rencontré au cours de
mon doctorat et notamment :
- Anne PANTET, Claude FONTAINE et Dominique PROUST de l’équipe ESIP-Laboratoire
HYdrASA de l’Université de Poitiers, pour leur accueil, leur gentillesse et leur disponibilité
lors de ma formation au sein de leur laboratoire et lors de réunions ou congrès,
- Les participants au programme ANR-ARGIC, diligenté par Marc VINCENT, coordinateur
BRGM du programme, notamment Emmanuelle PLAT et Sylvestre LeRoy (BRGM).
Je remercie également mes amis de parcours, les anciens et actuels doctorants du laboratoire et
plus particulièrement Julien DUBOST, Benjamin LOPEZ, Nicolas PEYRAUBE, Mathilde
LARGET, Maxime FONTAN et Sophie DOMINIQUE.

Enfin et surtout, mes plus chaleureux remerciements à mes parents pour m’avoir offert leur
soutien, et je leur témoigne toute ma gratitude et ma profonde affection.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE______________________________________________________ 2

CHAPITRE I. Synthèse bibliographique_______________________________________ 5


1. Introduction________________________________________________________ 6
2. Les minéraux argileux et le système « argile-eau »__________________________ 6
2.1 Minéralogie des argiles____________________________________________ 7
2.1.1 Structure des minéraux argileux_______________________________ 7
2.2 Les différentes familles de minéraux argileux_________________________ 10
2.2.1 Famille de la kaolinite______________________________________ 10
2.2.2 Famille des smectites______________________________________ 11
2.2.3 Famille de l’illite__________________________________________ 12
2.2.4 Famille des chlorites_______________________________________ 12
2.2.5 Familles des interstratifiés___________________________________13
2.3 Interactions physico-chimiques entre l’eau et l’argile__________________ 13
2.3.1 Les mécanismes d’hydratation à l’échelle des particules argileuses__ 14
2.3.2 Théorie de la double couche________________________________ 16
2.3.3 Conclusions sur les caractéristiques physico-chimiques des argiles___16
2.4 La texture des sols argileux_______________________________________ 17
2.4.1 Origine des minéraux argileux_______________________________ 17
2.4.2 Définition de la texture____________________________________ 18
2.4.3 Modes d’association des feuillets en milieu aqueux______________ 19
2.5 Les sols argileux gonflants au sens géotechnique______________________ 21
3. Mécanismes de retrait-gonflement des argiles___________________________ 24
3.1 Le gonflement au sens physico-chimique____________________________ 24
3.1.1 Hydratation des espaces interfoliaires_________________________ 25
3.1.2 Répulsion entre les particules_______________________________ 25
3.1.3 Paramètres physico-chimiques influençant le gonflement des argiles_26
3.2 Le gonflement au sens mécanique__________________________________ 28
3.2.1 Introduction_____________________________________________ 28
3.2.2 Cinétique du gonflement___________________________________ 29
3.2.3 Influence de l’état initial du sol______________________________ 30
3.2.4 Influence de la composition minéralogique_____________________ 31
3.2.5 Influence saisonnière______________________________________ 32
3.2.6 Influence de la modification de la pression interstitielle___________ 33
3.3 Le mécanisme du retrait, une sollicitation hydrique____________________ 33
3.4 Evolution de la structure des argiles en fonction des différentes sollicitations 35
3.4.1 Evolution de la texture au cours du gonflement/humidification_____ 35
3.4.2 Influence d’une sollicitation mécanique_______________________ 38
3.4.3 Influence de la valence des cations compensateurs_______________ 38
3.5 Comportement hydromécanique des sols gonflants____________________ 39
3.5.1 Etat saturé (succion nulle)__________________________________ 39
3.5.2 Etat non saturé___________________________________________ 40
a) Courbe de rétention hydrique______________________________ 40
b) Comportement volumique de sols gonflants lors de cycles de
succion_______________________________________________ 40

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c) Influence des cycles de succion sur les propriétés de gonflement__ 42
d) Influence du chemin de contrainte__________________________ 44
3.6 Modélisation du comportement des sols non saturés___________________ 45
3.6.1 Modélisation du comportement de sols non saturés peu gonflants____ 45
3.7 Conclusions___________________________________________________ 47
4. Caractérisation directes ou indirectes de l’aptitude des sols argileux au retrait
et au gonflement__________________________________________________ 49
4.1 Méthodes indirectes de caractérisation________________________________
49
4.1.1 Par la mesure des limites d’Atterberg_________________________ 50
4.1.2 Par la mesure de la limite de retrait___________________________ 57
4.1.3 Par l’estimation de la surface spécifique des argiles______________ 58
4.1.4 Par la mesure de la teneur en eau et de la densité sèche du sol______ 62
4.1.5 Par la mesure de la capacité d’échange cationique (CEC)__________ 64
4.1.6 Par l’emploi de plusieurs paramètres___________________________65
4.1.7 Comparaison entre les différents potentiels de gonflement_________ 66
4.2 Définition des paramètres de gonflement et de retrait par méthodes directs__ 68
4.2.1 Méthode de gonflement libre________________________________ 69
4.2.2 Méthode de gonflement sous charges__________________________70
4.2.3 Méthode de gonflement à volume constant_____________________ 70
4.2.4 Autres méthodes__________________________________________ 71
4.2.5 Comparaison des différents essais de gonflement par méthodes
directes_________________________________________________ 72
4.2.6 Effets de structure et effets d’échelle__________________________ 72
4.2.7 Essais de retrait___________________________________________ 73
4.3 Conclusions____________________________________________________ 73

CHAPITRE II. Manifestations du phénomène de retrait-gonflement sur


le bâti___________________________________________________________________75
1. Introduction________________________________________________________76
2. Nature du phénomène________________________________________________ 77
2.1 Facteurs de prédisposition et de déclenchement_________________________78
2.2 Critères météorologiques actuels de reconnaissance en état de catastrophe
Naturelle_______________________________________________________ 78
3. Manifestations et prévention du phénomène_______________________________79
3.1 Manifestations des désordres sur les bâtiments fondés sans précautions sur
sols argileux_____________________________________________________80
3.2 Déformations des structures selon le type de mouvement de sol et le
mode de fondations_______________________________________________83
3.2.1 Forme et direction des fissures selon le type de mouvement du sol____83
3.2.2 Forme de la fissuration en fonction du mode de fondation__________ 84
3.2.3 Les mouvements différentiels admissibles_______________________ 85
3.3 Les mesures préventives___________________________________________ 87
4. Caractérisation du phénomène à l’échelle d’un quartier sinistré sur la commune
de Pessac_________________________________________________________ 90
4.1 Contexte géographique et climatique de la commune de Pessac____________ 90
4.2 Contexte géologique et hydrogéologique de la commune de Pessac_________ 92

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4.3 La sinistralité sur la commune de Pessac______________________________ 96
4.4 Etude sur l’origine et le type de sinistres à l’échelle de
la parcelle______________________________________________________ 98
4.4.1 Parcelle n°3______________________________________________ 98
4.4.2 Parcelle n°4_____________________________________________ 102
4.4.3 Parcelle n°5_____________________________________________ 105
4.4.4 Parcelle n°6_____________________________________________ 108
4.4.5 Parcelle n°7_____________________________________________ 109
4.4.6 Parcelle n°8_____________________________________________ 111
4.4.7 Parcelle n°11____________________________________________ 114
4.4.8 Parcelle n°12____________________________________________ 117
4.4.9 Parcelle n°13____________________________________________ 121
4.4.10 Parcelles n°14 et n°15_____________________________________ 123
5. Bilan de l’étude à l’échelle parcellaire sur le quartier Cap de Bos____________ 123
6. Synthèse des essais en laboratoire : approche minéralogique, géotechnique
et mécanique____________________________________________________ 126
6.1 Approche minéralogique de la formation de Brach_____________________ 126
6.2 Caractérisation en laboratoire du potentiel de retrait-gonflement__________ 131
6.2.1 Mode de prélèvement______________________________________ 131
6.2.2 Essais d’identification des paramètres géotechniques réalisés
sur les parcelles sinistrées__________________________________ 131
6.2.3 Approche texturale de la caractérisation géotechnique des sols_____ 134
6.2.4 Mesures des paramètres de gonflement et de retrait______________ 138
6.3 Pertinence des essais et étude des paramètres d’identification____________ 141
6.3.1 Influence de différents paramètres sur la sensibilité au retrait et
gonflement______________________________________________ 142
6.3.2 Etude statistique et corrélations entre paramètres géotechniques____ 142
6.3.3 Analyse statistique________________________________________ 146
6.3.4 Classification hiérarchique ascendante________________________ 150
6.4 Synthèse des essais mécaniques obtenus sur les parcelles étudiées_________ 152
6.4.1 Principe de fonctionnement du Panda®1 (Solsolution)____________ 153
6.4.2 Bilan des essais pressiométriques____________________________ 153
6.4.3 Bilan des essais au pénétromètre_____________________________ 154
7. Conclusions______________________________________________________ 157

CHAPITRE III. Etude expérimentale sur site_________________________________ 159

1. Introduction______________________________________________________ 160
2. Site et méthodes d’étude____________________________________________ 160
2.1 Localisation du site____________________________________________ 160
2.2 Investigations géophysiques_____________________________________ 162
2.2.1 Méthodes de prospection__________________________________ 162
2.2.2 Résultats de la prospection électromagnétique (EM31)___________ 164
2.3 Investigations géotechniques_____________________________________ 166
2.3.1 Sondages à la tarière______________________________________ 167
2.3.2 Sondages à la pelle________________________________________168
2.3.3 Sondages carottés________________________________________ 173

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2.4 Caractérisation géotechnique des sols étudiés________________________ 179
2.4.1 Caractérisation minéralogique______________________________ 179
2.4.2 Caractérisation géotechnique par méthodes indirectes____________ 179
2.4.3 Caractérisation directe du gonflement des sols étudiés____________190
2.4.3-1 Protocole des essais________________________________ 190
2.4.3-2 Résultats des essais de gonflement_____________________ 190
2.4.4 Caractérisation directe de la limite de retrait effective____________ 195
2.4.5 Conclusions_____________________________________________ 199
3. L’instrumentation utilisée sur site_____________________________________ 200
3.1 Implantation du site expérimental_________________________________ 200
3.2 Technologie des mesures de terrain________________________________ 202
3.2.1 Mesure des conditions météorologiques et de la température des
Sols____________________________________________________ 202
3.2.2 Mesure des teneurs en eau du sol____________________________ 204
3.2.2-1 Sondes capacitives type ECH20-EC5 (Décagon Devices)___ 204
3.2.2-2 Humidimètre de sol TDR modèle TRIME-FM3 (IMKO)____ 206
3.2.2-3 Humidimètre de sol FDR avec les sondes Thetaprobe
(Delta-T Devices)__________________________________ 210
3.2.3 Mesure des déplacements du sol_____________________________ 214
3.2.3-1 Dispositifs « colocalisés » à référence en surface et en
Profondeur________________________________________ 215
3.2.3-2 Dispositif individuel à référence en profondeur___________ 221
3.3 Mise au point du dispositif de surveillance géophysique________________ 223
3.3.1 Rappels du principe de la méthode géophysique________________ 224
3.3.2 Choix du dispositif électrique_______________________________ 227
3.3.3 Premiers résultats des séquences optimisées des panneaux________ 231
4. Conclusion________________________________________________________234

CHAPITRE IV. Données expérimentales du site___________________________ 236

1. Introduction_______________________________________________________237
2. Conditions météorologiques et de la température des sols sur le site
expérimental______________________________________________________ 237
2.1 Caractéristiques du climat de Pessac________________________________ 237
2.2 La température du sol___________________________________________ 240
2.3 Analyse des pluies d’hiver et d’été_________________________________ 244
3. Suivi hydrique des sols argileux_______________________________________ 248
3.1 Résultats expérimentaux des sondes capacitives_____________________248
3.2 Résultats expérimentaux des humidimètres TDR___________________ 251
3.3 Résultats expérimentaux des sondes Thetaprobe____________________ 256
3.4 Comparaison entre les mesures de teneur en eau____________________ 258
3.4.1 Comparaison entre les techniques TDR et Thetaprobe____________ 258
3.4.2 Comparaison entre les techniques capacitives et TDR____________ 261
3.4.3 Comparaison entre les techniques capacitives et Thetaprobe_______ 262
3.5 Conclusions___________________________________________________ 263
4. Suivi géophysique temporel__________________________________________ 265
4.1 Suivi électrique du dispositif géophysique___________________________ 265

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4.2 Suivi temporel géophysique______________________________________ 272
4.2.1 Suivi temporel du panneau A (72 électrodes)___________________ 272
4.2.2 Suivi temporel du panneau B (48 électrodes)___________________ 276
4.3 Comparaison entre suivi hydrique et suivi temporel___________________ 279
5. Suivi géotechnique des sols argileux : mesure des déplacements verticaux_____ 282
5.1 Suivi automatique des mouvements verticaux des sols (GLÖTZL)________282
5.1.1 Analyse comparée climat-déplacements de la période de Retrait1_ 286
5.1.2 Analyse comparée climat-déplacements de la période de
Gonflement 1____________________________________________ 287
5.1.3 Analyse comparée climat-déplacements de la période de Retrait 2__ 289
5.1.4 Analyse comparée climat-déplacements de la période de
Gonflement 2____________________________________________ 290
5.1.5 Cinétique de déplacement__________________________________ 291
5.2 Suivi hebdomadaire des mouvements verticaux des sols (TELEMAC)____ 292
5.3 Calcul des amplitudes de tassement à partir des essais de retrait,
de l’évolution des déplacements et des variations de teneur en eau________ 298
6. Conclusions______________________________________________________ 305

CONCLUSION GENERALE_____________________________________________ 308

ANNEXES_____________________________________________________________ 314

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LISTE DES FIGURES

Figure 1.1 : Structure d’un tétraèdre SiO4 a) et d’une couche tétraédrique b) (Eslinger et Peaver, 1988)_____ 7
Figure 1.2 : Structure d’un octaèdre Al(OH)6 a) et d’une couche octaédrique b) (Eslinger et Peaver, 1988)__ 8
Figure 1.3 : Représentation schématique de la structure des principaux minéraux argileux (Millot, 1964)____8
Figure 1.4 : Différents niveaux structuraux de sols argileux (Gens et Alonso, 1992)____________________ 9
Figure 1.5 : Structure de la particule de kaolinite (Si4 O10) Al4 (OH)8_______________________________11
Figure 1.6 : Structure des smectites (OH)4 Si8 (Al10/3 Mg2/3)O20, n H2O_____________________________ 11
Figure 1.7 : Structure de la particule d’illite (K, H2O)2 Si8 (Al, Fe, Mg)4,6 O20 (OH)4__________________ 12
Figure 1.8 : Structure d'une chlorite (OH)4 (Si Al)8 (Mg, Fe)6 020__________________________________12
Figure 1.9 a et b) : Minéraux interstratifiés (Velde, 1995)________________________________________ 13
Figure 1.10 : Liaisons possibles de l'eau interfoliaire (Morel, 1996)________________________________ 15
Figure 1.11 : Mécanisme d'adsorption de l'eau sur les surfaces argileuses :
a) Attraction par osmose, b) Attraction dipolaire (Mitchell, 1993)______________________15
Figure 1.12 : Schémas de la double couche selon le modèle de Stern (1924)_________________________ 16
Figure 1.13 : Arrangement des particules d’argiles en suspension (d’après Van Olphen, 1977,
modifié par Bultel, 2001)______________________________________________________ 19
Figure 1.14 : Réseau alvéolaire (Tessier, 1984)________________________________________________20
Figure 1.15 : Représentation schématique d'assemblage de particules argileuses
et de grains non argileux (d'après Collins et Mc Gown, 1974)_________________________ 21
Figure 1.16 : Classification de l’USCS (Holtz & Kovacs, 1981)___________________________________22
Figure 1.17 : Classification GTR pour les sols fins de type A (SETRA, 1992)________________________23
Figure 1.18 : Mécanismes des causes de gonflement (Gens et Alonso, 1992)_________________________24
Figure 1.19 : Courbe du taux de gonflement en fonction du temps_________________________________ 29
Figure 1.20-a : Influence de la densité sèche sur le gonflement (Sridharan et al.,1986)_________________ 30
Figure 1.20-b : Influence de la teneur en eau initiale sur la pression de gonflement mesurée
par la méthode de gonflement libre (d'après Guiras-Skandaji, 1996)____________________ 30
Figure 1.21 : Evolution de la pression de gonflement au cours de l’humidification (Alonso et al., 1999)___ 31
Figure 1.22 : Taux de gonflement en fonction du pourcentage de bentonite d’après Tabani (1999)_______ 32
Figure 1.23 : Variation du profil de teneur en eau dans le sol en fonction des saisons (James, 2004)______ 32
Figure 1.24 : Représentation schématique de l'évolution du volume apparent d'argiles au cours de la
première dessiccation en fonction de la succion (de 0,001 bar à 1000 bar) (Tessier, 1984)___ 34
Figure 1.25 : Représentation schématique de la courbe de retrait d’une argile (d’après Tessier, 1984)_____ 34
Figure 1.26 : Evolution de la texture des sols au cours du gonflement d’après Parceveaux (1980)________ 36
Figure 1.27 : Evolution des minéraux argileux durant la pédogénèse en relation avec les propriétés
hydriques du sol d'après Bigorre et al. (2000)______________________________________ 37
Figure 1.28 a et b : Observations au M.E.B d'une texture argileuse (Troalen et al, 1984)_______________ 37
Figure 1.29 : Destructuration d’un sol à cause du gonflement des argiles (La Nature, 1981 cité dans cours
Géologie des Argiles)________________________________________________________ 38
Figure 1.30 : Influence sur la courbe de rétention hydrique du poids volumique sec initial
(Romero et al. 1999)_________________________________________________________ 40
Figure 1.31 : Variation de l’indice des vides en fonction de la succion pour un échantillon
d’argile de Boom sous contrainte verticale de 5,5 MPa (Robinet et al. 1997)_____________ 41
Figure 1.32 : Comportement d’une pâte d’argile plastique FoCa lors d’un cycle de drainage-humidification
(Fleureau et al. 1983)_________________________________________________________41
Figure 1.33 : Variation de l’indice des vides avec la succion au cours d’un cycle de séchage-humidification
d’échantillons compactés sous différentes pressions de consolidation (Pakzad, 1995)______ 42
Figure 1.34 : Variation du potentiel de gonflement selon différents auteurs._________________________ 42
Figure 1.35 : Evolution des propriétés de gonflement avec le nombre de cycles hydriques sur six sols
argileux intacts (Al-Hamoud et al., 1995)_________________________________________ 43
Figure 1.36 : Essais de retrait-gonflement réalisés sur un silt argileux compacté du côté humide de
l’optimum Proctor modifié (Day, 1994)__________________________________________ 44
Figure 1.37 : Influence du chemin de contrainte sur les déformations : a) chemin suivis ; b) variations
de l’indice des vides (Villar, 1999)______________________________________________ 44
Figure 1.38 : Diagramme de plasticité d'après Casagrande (1953)_________________________________ 51
Figure 1.39 : Diagramme de Casagrande remanié en 1973 (Jones et Holtz)__________________________ 51
Figure 1.40 : Position des minéraux argileux dans le diagramme de Casagrande (d’après Mitchell, 1976)__ 52
Figure 1.41 : Potentiel de gonflement selon Dakshanamurphy et Raman (1973) et Chen (1988)_________ 53
Figure 1.42: Diagramme de classification du potentiel de gonflement (Seed et al., 1962)_______________54

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Figure 1.43 : Abaque du potentiel de gonflement d'après Williams et Donaldson (1980)_______________ 56
Figure 1.44 : Résultat d’essai de dessiccation avec détermination de la limite de retrait effective wRE et
du facteur Rl sur échantillon intact (Norme XP P 94-060-2)__________________________ 58
Figure 1.45 : Classification de la sensibilité à l’eau des sols argileux d’après Magnan et Youssefian (1989) 59
Figure 1.46 : Diagramme d'activité en fonction de la minéralogie d'après Lautrin (1989)_______________ 61
Figure 1.47 : Zonage des sols selon leur comportement et leur sensibilité à l'eau pour des sols d'origine
molassique (Bedin et Jacquard, 2004)___________________________________________ 62
Figure 1.48 : Corrélation entre VB et Cg d'après Bedin et Jacquard (2004 )_________________________ 62
Figure 1.49 : Classification des argiles suivant l’activité des argiles Ac et celle de la CEC,
d’après le Uniform Building Code (1997)________________________________________ 64
Figure 1.50 : Potentiel de gonflement des sols basé sur la CEC et la limite de liquidité
d'après Yilmaz (2006)________________________________________________________ 65
Figure 1.51 : Méthode de gonflement libre à l’appareil oedométrique et triaxial (Cuisinier, 2002)________ 69
Figure 1.52 : Méthode de gonflement sous différentes charges à l’appareil oedométrique et triaxial______ 70
Figure 1.53 : Méthode de gonflement à volume constant________________________________________ 71
Figure 2.1 : Schéma de principe du phénomène de retrait-gonflement des argiles (BRGM, site
www.argiles.fr)_____________________________________________________________77
Figure 2.2 : Schéma de principe du phénomène de retrait-gonflement du sol dans la zone active
(http://geoscape.nrcan.gc.ca/sask/cracks_f.php____________________________________ 80
Figure 2.3 : Désordres à l’ensemble du bâtiment et de l’ossature (CEBTP, 1991)_____________________ 81
Figure 2.4 : Désordres partiels dus : a) à la variation d’épaisseur du sol argileux sensible b) à
l’existence d’un sous-sol partiel (CEBTP, 1991)___________________________________81
Figure 2.5 : Exemples de désordres affectant : a) un appentis ; b) les dallages extérieurs (CEBTP, 1991)__ 82
Figure 2.6 : Désordres partiels dus à la présence d’un arbre trop proche d’angle du bâti (CEBTP, 1991)___ 82
Figure 2.6bis : Différents types de racines (ONF, 1999 cité par Tessier, 2006)_______________________ 83
Figure 2.7 : Formes et direction des fissures selon le type de déformation (Mouroux et al., 1988)________ 84
Figure 2.8-a : Formes et direction des fissures pour des semelles filantes (Mouroux et al., 1988)________ 84
Figure 2.8-b : Formes et directions des fissures pour des appuis isolés (Mouroux et al., 1988)__________ 85
Figure 2.8-c : Types de déformations pour un radier général (Mouroux et al., 1988)__________________ 85
Figure 2.9 : Communes françaises concernées par des arrêtés de catastrophe naturelle sécheresse
(données www.prim.net d’août 2006)___________________________________________ 87
Figure 2.10 : Portail d’accès du site www.argiles.fr (BRGM)____________________________________ 89
Figure 2.11 : Règles constructives préventives face au risque de retrait-gonflement de sols argileux
(Guide sécheresse et construction édité par l’Agence ualité Construction)______________ 89
Figure 2.12 : Localisation de la commune de Pessac et du quartier étudié au sein de la ville (source
Wikipédia).________________________________________________________________ 91
Figure 2.13 : Diagramme précipitations/températures annuelles relevés à la station de Mérignac de
1921-2008, avec une hauteur de pluie référence de 984 mm (période de 1971-2000)_______92
Figure 2.14 : Extrait de la carte géologique de Pessac à 1/50 000ème avec la localisation du quartier
étudié de Cap de Bos (Gayet et al., 1977).________________________________________93
Figure 2.15 : Succession lithostratigraphique synthétique des formations continentales des Landes de
Gascogne du Pliocène à l’actuel (Dubreuilh et al., 1995), modifié par Chrétien et al. (2007) _ 93
Figure 2.16 : Coupe des formations géologiques au travers du Médoc (Dubreuilh et al., 1995).__________ 94
Figure 2.17 : Contexte géologique de la commune de Pessac avec la position des formations concernées
(Thierry et al., 2006).________________________________________________________ 94
Figure 2.18 : Les sinistres déclarés en CATNAT sécheresse sur la commune de Pessac entre 1989 et
2003 (Données Commune de Pessac, 2005)_______________________________________95
Figure 2.19 : Analyses diffractométriques de la Formation de Brach (Source : Base ROMIAQ – Platel
et Astruc, 2000)_____________________________________________________________96
Figure 2.20 : Carte de l’aléa Retrait-Gonflement au niveau de la commune de Pessac avec la position
des formations géologiques locales (figure du haut) la carte d’aléa focalisée sur le quartier
Cap de Bos avec la localisation des parcelles sinistrées investiguées dans notre
étude (www.argiles.fr).________________________________________________________97
Figure 2.21 : Localisation de la parcelle n°3 ; vue de la façade avant avec fissure instrumentée N°2.______98
Figure 2.22 : Fissure N°1 oblique basse dans l’angle d’ouverture la même instrumentée ( auge N°1)
fissure haute sur la même ouverture instrumentée (Jauge N°2).________________________99
Figure 2.23 : Evolution de la largeur des trois fissures instrumentées de la maison (parcelle n°3) en
fonction de la pluviométrie locale (période d’observation du 25/06/07au 02/20/08)._______ 101
Figure 2.24 : Logs lithologiques issus des sondages 3/T1, 3/T2 et 3/T3, réalisés sur le site n°3 fin
novembre 2006._____________________________________________________________102

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Figure 2.25 : Localisation de la parcelle n°4 ; vue de la façade avant fissurée ; décollement de cloison lié
à un tassement du dallage intérieur._____________________________________________ 103
Figure 2.26 : Logs lithologiques issus des sondages A/T1 et 4/SP1, réalisés sur le site n°4 entre juillet
2006 et avril 2007.__________________________________________________________ 105
Figure 2.27 : Localisation de la parcelle n°5 ; décollement du plafond et fissures obliques sur cloison.____ 106
Figure 2.28 : Log lithologique issu du sondage 5/T1, réalisé autour de la maison du site n°5 courant
janvier 2007._______________________________________________________________107
Figure 2.29 : Localisation de la parcelle n°6 ; implantation du sondage 6/T1 sur une photo aérienne
(source : Google Maps).______________________________________________________108
Figure 2.30 : Log lithologique issu du sondage 6/T1, réalisé sur le site n°6 courant juillet 2006._________ 109
Figure 2.31 : Localisation de la parcelle n°7 sur photo aérienne du quartier (Google Maps) ; vue du
décollement entre le garage annexe et l’habitation._________________________________110
Figure 2.32 : Log lithologique issu du sondage 7/SP1, réalisé sur le site n°7 courant janvier 2007._______ 111
Figure 2.33 : Localisation de la parcelle n°8 ; tassement du soubassement et des fondations du pignon S-O.112
Figure 2.34 : Evolution cumulée de la largeur de la fissure N°1 instrumentée sur la parcelle n°8 en
fonction de la pluviométrie locale (période d’observation du 25/06/07au 02/10/08)._______113
Figure 2.35 : Logs lithologiques issus des sondages réalisés au niveau du site n°8 entre novembre 2006
et mai 2007._______________________________________________________________ 114
Figure 2.36 : Localisation de la parcelle n°11 vue de la façade avant avec l’agrafage des fissures après
reprise en sous-oeuvre._______________________________________________________115
Figure 2.37 : Schéma d’implantation des sondages réalisés sur la parcelle n°11
(Rapport AQUITERRA, 2005)________________________________________________ 115
Figure 2.38 : Logs lithologiques issus des sondages réalisés au niveau du site n°11 en juin 2006.________ 116
Figure 2.39 : Localisation de la parcelle n°12 ; vue générale de la parcelle vierge étudiée._____________ 117
Figure 2.40 : Schéma d’implantation des sondages, excavations et des essais mécaniques (Panda) réalisés
sur la parcelle n°12._________________________________________________________ 117
Figure 2.41 : Logs lithologiques issus des sondages réalisés sur le site n°12 entre avril et juin 2006._____ 118
Figure 2.42 : Coupe lithologique issue de la fosse 12/P1 sur la parcelle n°12 relevée en juillet 2007._____ 119
Figure 2.43 : Photo d’une des parois de la fosse 12/P2, orientée N-S, ouverte en juillet 2007 sur la
parcelle n°12.______________________________________________________________ 119
Figure 2.44 : Photo d’une passée sableuse au sein de l’argile bariolée A/BOG compacte à 1 m de prof.___ 120
Figure 2.45 : Photo de l’interface entre le faciès argileux A/BOG et le faciès sableux cimenté S vers
1,50 m de profondeur._______________________________________________________ 120
Figure 2.46 : (de gauche à droite) Localisation de la parcelle n°13 ; désordres affectant un angle de
mur ; une tête de micropieux sectionnée et non solidaire du plot relié à la fondation
existante ; une fissure oblique sur le même pignon.________________________________ 121
Figure 2.47 : Schéma d’implantation des sondages réalisés sur la parcelle n°13
(Rapport GEOTEC, 2007)_________________________________________________ 121
Figure 2.48 : Logs lithologiques issus des sondages réalisés sur le site n°13 en avril 2007._____________ 122
Figure 2.49 : Localisation des parcelles n°14 et n°15 ; photo de la façade avant de la parcelle n°14.______ 123
Figure 2.50 : a) Diffractogrammes juxtaposés de quatre échantillons argileux par la méthode des poudres
avec la position des réflections (001) des minéraux argileux principaux.
b) Détermination de la phase argileuse pour l’échantillon « CDGA 2 » par l’identification
des pics principaux et secondaires en fonction des angles 2θ (issus des fiches du logiciel de
dépouillement)._____________________________________________________________127
Figure 2.51 : Diffractogrammes après traitements des échantillons argileux tamisés à 50 μm pour
CDGA 2, CDGA 3, CDGA 4 et CDGA 5, avec la position des réflections (001)
des principaux minéraux._____________________________________________________128
Figure 2.52 : Composition minéralogique des différents faciès argileux de la formation de Brach._______ 129
Figure 2.53 : a) : vue d’un minéral de muscovite b) : vue d’un amas de minéraux de kaolinite en forme
d’« assiette » c et d) : vues de feuillets de smectites e et f) : vues d’un grain de quartz
arrondi, et d’un grain ayant subi un choc (flèche), confirmant son origine fluviatile._______130
Figure 2.54 : Diagramme de Casagrande avec juxtaposition des trente-huit échantillons prélevés au
droit des sites d’étude au niveau du quartier de Cap de Bos._________________________ 133
Figure 2.55 : Caractérisation géotechnique des différentes parcelles étudiées sur le quartier de Cap de
Bos avec : (a) valeur de bleu VBS, (b) % < 2 μm et (c) Indice de plasticité Ip (%).________ 135
Figure 2.56 : Diagramme de sensibilité à l’eau des sols argileux basé sur les valeurs de VBS et C2
appliqué aux échantillons argileux des parcelles étudiées (Magnan et Youssefian, 1989).___ 137
Figure 2.57 : Résultat d’un essai de gonflement à l’oedomètre sur un échantillon de sol argileux intact
issu de la parcelle n°12 prélevé à 0,70 m de profondeur (σg = 82,2 kPa) (faciès A/BOG).___ 139

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Figure 2.58 : Relation entre le taux de gonflement libre εs (%) et le potentiel de gonflement en
décharge εg (%) pour les différents faciès de la formation de Brach.___________________140
Figure 2.59 : Relation entre valeur de bleu totale du sol VBS (g/100g sol) et la capacité d’échange
cationique CEC (méq/100g) pour les échantillons prélevés au niveau des parcelles de la
formation de Brach._________________________________________________________144
Figure 2.60 : Relation entre la valeur de bleu totale du sol VBS (g/100g sol) et l’indice de plasticité Ip(%)
pour les échantillons prélevés au niveau des parcelles de la formation de Brach._________ 145
Figure 2.61 : Cercles corrélations a) F1-F2 et b) F2-F3, résultant de l’ACP sur l’ensemble des 25
échantillons._______________________________________________________________148
Figure 2.62 : Plan F1-F2 des individus résultant de l’ACP sur l’ensemble des 25 échantillons provenant
des sites étudiés.____________________________________________________________148
Figure 2.63 : Plan F1-F2 des individus résultant de l’ACP sur l’ensemble des 25 échantillons
distingués par leur faciès et provenant des sites étudiés._____________________________149
Figure 2.64 : Arbre hiérarchique des 25 individus provenant des parcelles du quartier Cap de Bos, avec
le diagramme des distances euclidiennes entre individus.____________________________151
Figure 2.65 : Représentation de la partition en 4 classes dans le plan F1-F2 de l’ACP, sur les 25
échantillons issus des parcelles du quartier Cap de Bos._____________________________151
Figure 2.66 : Arbre hiérarchique des 8 variables (Wnat, VBS, WL, Wp, CEC, <80μm, <2μm, %silt), avec
le diagramme des distances euclidiennes entre variables.____________________________152
Figure 2.67 : Principe de fonctionnement du PANDA et de son utilisation sur le terrain (exemple d’un
essai sur la parcelle n°12 (source schéma : Solsolution ; source photo : Chrétien, 2008).___ 153
Figure 2.68 : Emplacement et disposition du maillage d’essais réalisés au PANDA sur la parcelle n°12.__ 155
Figure 2.69 : Résultats des essais réalisés au PANDA sur la parcelle n°12, avec cinq essais regroupés
par ligne de mesure (10 essais au total selon 2 lignes de mesures).____________________ 156
Figure 3.1 : Localisation du site expérimental situé sur la commune de Pessac, à environ 1,5 km au Sud
du quartier Cap de Bos (source photo aérienne : Google Earth, 2006), avec le
positionnement du site expérimental sur la carte géologique de Pessac (Thierry et al., 2006) _161
Figure 3.2 : Exemple de levé électromagnétique à l’EM31.______________________________________ 162
Figure 3.3 : Localisation du périmètre d’étude avec les différentes zones investiguées lors des campagnes
de prospection géophysique sur le site expérimental (source photo: Google Earth, 2006).____ 163
Figure 3.4 : Positionnement cartographique des transects d’EM31 des cinq zones parcourues (A à F)
lors de la prospection géophysique électromagnétique en 2007 sur le site expérimental.____ 163
Figure 3.5 : Carte des résistivités électriques apparentes (en ohm.m) obtenue par méthode
électromagnétique (EM31) sur l’ensemble des zones investiguées du site expérimental
(commune de Pessac), avec l’interprétation lithologique.____________________________166
Figure 3.6 : Localisation des points de sondages (tarière manuelle T, tarière mécanique S, pelle mécanique
P et carotté (SC) réalisés sur le site expérimental de la commune de Pessac._____________167
Figure 3.7 : Paroi de la fosse pédologique P1 du site expérimental de Pessac, avec vue de la lithologie
détaillée sur toute la hauteur de la fosse. Voir localisation Figure 3.6 de la fosse P1._______169
Figure 3.8 : Paroi de la fosse pédologique P2 du site expérimental de Pessac, avec : a) vue de la partie
supérieure de la fosse et du lieu de prélèvement (entre 0,50 et 1,50 m de profondeur) ; b) vue
de la partie inférieure de la fosse et de la profondeur de prélèvement (entre 2 et 2,70 m de
prof.) c) fente de dessiccation ou « mécanique » apparue 1 h après l’ouverture de la fosse.
Voir localisation Figure 3.6 de la fosse P2._______________________________________169
Figure 3.9 : Illustration d’une passée sableuse verticale (avec petits graviers) présente à 3 m de profondeur
dans l’argile noirâtre plastique compacte de la formation de Brach, située dans la fosse P2
du site expérimental de Pessac. Voir localisation Figure 3.6 de la fosse P2.______________170
Figure 3.10 : Paroi de la fosse pédologique P4 du site expérimental de Pessac, avec une vue lithologique
de la partie supérieure et inférieure de la fosse (de 0,50 à 3,50 m de profondeur). Voir
localisation Figure 3.6 de la fosse P4.___________________________________________171
Figure 3.11 : Paroi de la fosse pédologique P4 du site expérimental de Pessac, avec des vues
lithologiques de la partie supérieure de la fosse, le détail de la transition entre argile et
passée sableuse, et la présence de racines dans l’argile entre 1 et 2,5 m de profondeur._____171
Figure 3.12 : Coupe lithologique de la fosse P4 du site expérimental de Pessac, avec le descriptif
lithologique des deux parois de la fosse._________________________________________172
Figure 3.13 : Paroi de la fosse pédologique P5 réalisée sur le site expérimental de Pessac, avec vue
lithologique de passées sablo-silteuses dans l’argile bariolée gris-noirâtre.______________ 173
Figure 3.14 : Effondrement d’une des parois de la fosse pédologique P5 après un mois d’ouverture
présence de trois plans de fracturation, dont les valeurs distinctes de pendage sont
reportées sur la figure._______________________________________________________173

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Figure 3.15 : Log lithologique du sondage carotté SC1 réalisé sur le site expérimental de Pessac, avec
descriptif détaillé des prélèvements.____________________________________________ 174
Figure 3.16 : Vue détaillée de la partie supérieure (entre 0 et 0,30 m de profondeur) de la lithologie du
sondage SC1, avec deux coupes transversales à 0,10 m et 0,20 m de hauteur.____________175
Figure 3.17 : Vue détaillée de la partie médiane (entre 1,80 et 2,20 m de profondeur) des faciès argileux
bariolés du sondage SC1, avec trois coupes transversales à 1,80 m, 1,90m et 2 m.________ 175
Figure 3.18 : Vue détaillée de trois échantillons d’argile bariolée grise à marbrures rouille prélevés à
4,20 m (1), 4,30 m (2) et 4,40 m (3) de profondeur, au droit du sondage carotté SC1.______176
Figure 3.19 : Log lithologique du sondage carotté SC2 réalisé sur le site expérimental de Pessac, avec
descriptif détaillé des prélèvements.____________________________________________ 177
Figure 3.20 : Localisation de la zone d’étude restreinte du site expérimental de Pessac, avec
positionnement des sondages lithologiques réalisés le long d’un transect orienté N100°,
passant par sept sondages.____________________________________________________178
Figure 3.21 : Limites de liquidité et indices de plasticité des sols étudiés du site expérimental de Pessac,
reportés dans le diagramme de Casagrande.______________________________________ 180
Figure 3.22 : Caractérisation géotechnique des échantillons de la formation argileuse de Brach,
provenant du site expérimental de Pessac : a) valeurs de bleu VBS et Vb (0/400μm) b)
limites d’Atterberg (WL et Ip) c) teneur en eau naturelle (%) et % < 2 μm.____________ 182
Figure 3.23 : Potentiel de gonflement d’après la classification de Seed et al. (1962), avec report des
échantillons correspondant au site expérimental de Pessac (Formation de Brach).________ 183
Figure 3.24 : Classification de Williams et Donaldson (1980) donnant le potentiel de gonflement des
échantillons du site expérimental de Pessac (Formation de Brach).____________________183
Figure 3.25 : Diagramme de sensibilité à l’eau des sols de Magnan et Youssefian (1989) modifié par
Chrétien (2010), basé sur les valeurs de VBS, Vb (0/400°μm), Vb (0/80°μm) et C2,
appliqué aux échantillons (50) de la formation de Brach prélevés sur le site expérimental.__ 184
Figure 3.26 : Courbe des fréquences cumulées des coefficients de variations entre les valeurs : (1) Vb
(400°μm) – VBS, (2) Vb (80°μm)-VBS, (3) Vb (80°μm) – Vb (400°μm), mesurées sur les
échantillons de sols argileux de la formation de Brach, avec les écart-types et les moyennes. 185
Figure 3.27 : Classification et sensibilité des sols fins à partir de la fraction à 80°μm et de la valeur de
bleu, appliquée aux échantillons de la formation de Brach.___________________________186
Figure 3.28 : Caractérisation géotechnique des échantillons de la formation argileuse de Brach suivant
les cinq faciès, provenant du site expérimental de Pessac : a) valeurs de bleu Vb (0/80°μm)
b) % < 2°μm c) limites de liquidités (WL).______________________________________188
Figure 3.29 : Caractérisation géotechnique des échantillons intacts prélevés au droit des sondages
carottés SC1 (a) et SC2 (b), provenant du site expérimental de Pessac, avec les valeurs de
bleu Vb sur la fraction 0/400μm (g/100g) et la teneur en eau naturelle (en %).___________ 189
Figure 3.30-a : Courbe de compressibilité d’un sol argileux moyennement compressible du faciès A/BOG
prélevé à 1,80m de profondeur, issu du sondage P2-C sur le site expérimental.__________ 191
Figure 3.30-b : Courbe de compressibilité d’un sol argileux très compressible du faciès A/N prélevé à
2,60m de profondeur, issu du sondage P2-B sur le site expérimental.__________________ 192
Figure 3.31 : Courbe de compressibilité avec deux cycles de déchargement d’un sol argileux
moyennement compressible du faciès A/B prélevé à 2 m de profondeur, issu du sondage
P4-A sur le site expérimental._________________________________________________ 193
Figure 3.32 : Evolution des déformations verticales en fonction du temps (cinétique du gonflement) des
sept échantillons intacts étudiés à partir de leur état naturel (contrainte du piston : 0,5 kPa)._193
Figure 3.33 : Résultats de l’essai de pression de gonflement selon la norme NF XP P94-091, réalisé sur
un échantillon du faciès A/N, prélevé à 2,60 m de profondeur (P2-B)._________________ 194
Figure 3.34 : Evolution des déformations verticales en fonction de la teneur en eau (courbe de séchage)
lors des essais de dessiccation à l’air libre sur quatre échantillons intacts de la formation
de Brach (norme XP-P 94-060-2).______________________________________________196
Figure 3.35 : Variation de l’indice des vides en fonction de la teneur en eau (courbes de retrait) de sols
argileux naturels surconsolidés issus du site expérimental (Formation de Brach)._________ 197
Figure 3.36 : Observation visuelle du réseau de fissures à la surface de deux échantillons : a) P2/B
(faciès A/N) ; b) P1/A (faciès A/BOG silteux) après un séchage de l’état naturel jusqu’à
leur limite de retrait effective respectivement de 12,5 % et 15 %._____________________ 198
Figure 3.37 : Observation visuelle de l’absence de fissures à la surface de deux échantillons : a) P3/B
(faciès A/BOG) b) P2/A (faciès A/BOG) après un séchage de l’état naturel jusqu’à leur
limite de retrait effective respectivement de 12 % et 10 %.__________________________ 199
Figure 3.38 : Localisation de la station expérimentale (rectangle rouge) au sein du site d’étude sur la
commune de Pessac, où est localisé l’ensemble des sondages de reconnaissance réalisés.___200

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Figure 3.39 : Plan schématique du dispositif expérimental mis en place dans la station expérimentale
(représentée en encadré rouge à la figure 3.38).___________________________________ 201
Figure 3.40 : Implantation de la station météorologique iMetos® (Pessl Instruments) et vue détaillée
du secteur de la station avec ses capteurs.________________________________________202
Figure 3.41 : Illustration des données émises par la station et transmises sur le serveur internet du
fabricant Pessl Instruments.___________________________________________________203
Figure 3.42 : Capteur ECH2O EC-5 (Decagon Devices)________________________________________ 204
Figure 3.43 : Mise en oeuvre et implantation des quatre sondes capacitives reliées à la station
météorologique.____________________________________________________________206
Figure 3.44 : a) Humidimètre TRIME-FM3 représenté avec sa sonde-tube T3 ; b) Implantation de la
sonde-tube en situation avec la sonde TRIME-T3 pour réaliser les mesures de teneur
en eau dans le tube-sonde en PVC de forage (IMKO, 2006)._________________________ 206
Figure 3.45 : a) Distribution des champs de forces électriques d’une sonde TRIME-T3 et sa zone de
mesure approximative b) méthode de mesure de l’impulsion TDR en fonction du temps de
transit (d’après Fundiger & hler, 1992 et Auzet A.V. et al., 1998).__________________207
Figure 3.46 : Corrélations spécifiques au site expérimental sur Pessac entre la teneur en eau massique et
la teneur en eau volumique (régression linéaire R2 = 0,74 et fonction polynomiale d’ordre
3 avec un coefficient de régression linéaire R2 de 0,81).____________________________ 209
Figure 3.47 : Sonde ThetaProbe ML2x, avec vue en plan du capteur, reliée à la centrale d’acquisition
DL6 (Thetaprobe user manual, 1999).___________________________________________210
Figure 3.48 : Illustration des données transmises par les sondes ThetaProbe au logiciel DeltaLink de la
centrale d’acquisition DL6.___________________________________________________ 211
Figure 3.49 : Figure donnant la relation entre l’indice de réfraction (équivalent à √ε) et la teneur en eau
volumique mesurée sur des échantillons argileux humides (en m3.m-3)________________ 212
Figure 3.50 : Implantation des sondes Thetaprobe reliées à la centrale d’acquisition, avec une vue
détaillée à la sortie du tube d’extension connecté à la sonde en profondeur._____________ 213
Figure 3.51 : Schéma de la tête mécanique de l’extensomètre type WR-FLEX (Doc. Fabricant TELEMAC)
a) vue de l’extensomètre livré en rouleau b) vue de la tête de l’extensomètre une fois installé. 215
Figure 3.52 : a) Lecture de déplacements de l’extensomètre Telemac à l’aide de la jauge de profondeur
LCD b) Vue de dessus de la tête mécanique de l’extensomètre.______________________216
Figure 3.53 : a) Réalisation du forage carotté de diamètre 63 mm jusqu’à 10 m de profondeur b) Mise
en place de l’extensomètre dans le forage ; c) schéma des ancrages et de la méthode de
scellement aux différentes profondeurs(C : coulis de scellement ; B : bentonite)___________ 218
Figure 3.54 : Schéma de l’extensomètre modèle G SE-12 (GLÖTZL France Géotechnique) ; a) vue de
l’extensomètre b) vue de la tête de l’extensomètre c) vue des têtes électriques installées
sur les capteurs.______________________________________________________________219
Figure 3.55 : Centrale d’acquisition CR200 des données de l’extensomètre modèle GKSE-12 (Campbell
Scientific).__________________________________________________________________220
Figure 3.56 : Schéma de principe des capteurs de l’extensomètre modèle GKSE-12 (GLÖTZL)_________ 220
Figure 3.57 : a) Mise en place des tiges de l’extensomètre modèle GKSE-12 (GLÖTZL) ; b) Pose des
têtes électriques ; c) Raccordement des capteurs à la centrale et protection de la tête de
l’extensomètre.______________________________________________________________ 221
Figure 3.58 : a) Schéma de principe du dispositif extensométrique individuel mis en place sur le site de
Pessac (Minaus SA, BRGM) b) vue de la tête de l’extensomètre protégée par un tube
PVC c) vue de la centrale reliée à l’extensomètre.__________________________________223
Figure 3.59 : Propriétés électriques des roches, sols et minéraux (d’après Loke, 2004).________________224
Figure 3.60 : Schéma de la profondeur d’investigation lors d’une prospection électrique en fonction de
la géométrie du dispositif retenu.________________________________________________ 225
Figure 3.61 : Schémas des dispositifs de mesure les plus couramment utilisés, avec un exemple de leur
profondeur d’investigation C1 et C2 sont les électrodes de courant et on mesure la
différence de potentiel entre les électrodes de mesure P1 et P2. Les coefficients a et n
représentent le choix de la distance entre électrodes, choisis de manière à rechercher soit
une bonne profondeur d’investigation, soit une résolution adéquate à l’étude du milieu
(Dalhin & Zhou, 2004)._______________________________________________________ 225
Figure 3.62 : Principe de construction d’une pseudo-section pour la configuration Wenner (d’après
Barker, 1992)._______________________________________________________________226
Figure 3.63 : Exemple de carte de pseudo-section.____________________________________________ 226
Figure 3.64 : Mise en place des deux panneaux composés de 120 électrodes scellées dans un plot en
PVC, légèrement excentrées et enfoncées de 10 cm._________________________________228
Figure 3.65 : Localisation des deux panneaux électriques à demeure par rapport à la station

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expérimentale, avec leur orientation.______________________________________________228
Figure 3.66 : Vue du dispositif électrique avec la tranchée drainante (à gauche) et d’une prise de mesure
(à droite).___________________________________________________________________ 229
Figure 3.67 : Description lithologique de la fosse pédologique P4, d’une longueur de 12 m, parallèle au
dispositif du panneau électrique A._______________________________________________ 230
Figure 3.68 : Tomographie électrique initiale (pôle-dipôle avec espacement de 0,50 m entre électrodes)
effectuée en septembre 2008, avec la délimitation de la zone étudiée par le dispositif de
mesures à 72 électrodes installé à demeure_________________________________________230
Figure 3.69 : Inversion du panneau B en configuration Dipôle-dipôle, avec les cartes de résistivités
apparentes calculées et mesurées du 18/12/2008.____________________________________ 231
Figure 3.70 : Inversion du panneau A en configuration Pôle-dipôle, avec les cartes de résistivités
apparentes re-calculées et mesurées du 18/12/2008.__________________________________232
Figure 3.71 : Présentation de la séquence de mesure et de la localisation des points de mesure le long du
profil A (72 électrodes) suivant la configuration dipôle-dipôle._________________________233
Figure 3.72 : Panneaux inversés assemblés (DD+PD) pour les profils A et B datant du 18/12/2008, avec
la lithologie observée dans la fosse pédologique P4 servant aux calages des mesures
géophysiques._______________________________________________________________ 233
Figure 4.1 : Comparaison des données pluviométriques mensuelles pour la période d’étude 2008-2009
des stations météorologiques de Pessac et de la station de Bordeaux-Mérignac (station
MétéoFrance), avec les moyennes statistiques mensuelles de la station MétéoFrance pour la
période 1971-2000. (Source : MétéoFrance).______________________________________238
Figure 4.2 : Variations mensuelles des températures de l’air et du sol, pour des profondeurs comprises
entre 0,50 m et 5 m, sur une période de mars 2008 à décembre 2009.___________________ 240
Figure 4.3 : Variations quotidiennes des températures du sol, pour des profondeurs comprises entre 0,50
m et 5 m, sur une période de mars 2008 à décembre 2009 en fonction de la pluviométrie.____241
Figure 4.4 : Evolution de la vitesse de pénétration de la sécheresse géotechnique dans les sols (rapport
Zsec/α en m/h) en fonction du temps et de la température des sols.____________________243
Figure 4.5 : Précipitations journalières cumulées et pressions barométriques enregistrées à la station
expérimentale de Pessac d’avril 2008 à décembre 2009._____________________________ 244
Figure 4.6 : Diagramme de l’intensité des pluies en fonction des précipitations journalières cumulées
(en mm) enregistrées depuis le 11/04/08 jusqu’au 31/12/09 sur la station de Pessac.________245
Figure 4.7 : L’eau du sol dans le cycle de l’eau : a) évapotranspiration potentielle et réelle (Beauchamp,
2006) et b) les différents types de pluie en hydrogéologie karstique (Lopez, 2009)__________246
Figure 4.8 : Pluies brutes enregistrées sur le site de Pessac, cumulées aux pluies efficaces calculées pour
la période du 11/04/08 au 31/12/09.____________________________________________ 246
Figure 4.9 : Diagramme des pluies d’été (a) et d’hiver (b) enregistrées depuis avril 2008 jusqu’à
décembre 2009 à la station de Pessac, comparées à celles de la station MétéoFrance de
Mérignac pour la période 2003 à 2009.__________________________________________ 247
Figure 4.10 : Dispositif in situ de mesures des teneurs en eau dans un sol argileux avec les sondes
capacitives EC et les humidimètres TDR._________________________________________248
Figure 4.11 : Suivi de la teneur en eau volumique des sondes capacitives EC à différentes profondeurs,
en fonction de la pluviométrie– Site de Pessac (période du 10/12/08 au 31/12/09)._________ 249
Figure 4.12 : Mesures des teneurs en eau volumique mensualisées (sondes capacitives), avec la
correspondance des teneurs en eau massique (densité sèche moyenne de 1,6) et de la
pluviométrie mensuelle enregistrées sur le site expérimental de Pessac.__________________ 250
Figure 4.13 : Profil hydrique des teneurs en eau volumique mesurées par la sonde TDR-H1, moyennées
sur les semestres d’été et d’hiver pour la période 2008-2009 sur le site de Pessac.__________ 251
Figure 4.14 : Profil hydrique des teneurs en eau volumique mesurées par la sonde TDR-H2, moyennées
sur les semestres d’été et d’hiver pour la période 2008-2009 sur le site de Pessac.__________ 253
Figure 4.15 : Profil hydrique des teneurs en eau volumique mesurées par la sonde TDR-H3, moyennées
sur les semestres d’été et d’hiver pour la période 2008-2009 sur le site de Pessac.__________ 253
Figure 4.16 : Mesures des teneurs en eau volumique mensualisées (humidimètres TDR), avec la
correspondance des teneurs en eau massiques (densité sèche moyenne de 1,6) et
pluviométrie (brute et efficace) mensuelle enregistrées sur le site expérimental de Pessac.____ 254
Figure 4.17 : Synthèse des deux types de propagation de la sécheresse dans les sols argileux mis en
évidence par les profils hydriques obtenus par les TDR sur le site.______________________ 255
Figure 4.18 : Suivi de la teneur en eau volumique des sondes Thetaprobe à différentes profondeurs, en
fonction de la pluviométrie (brute et efficace) – Site de Pessac (période du 22/02/09 au
31/12/09).________________________________________________________________ 256
Figure 4.19 : Mesures des teneurs en eau volumique mensualisées (sondes Thetaprobe), avec la

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correspondance des teneurs en eau massique (densité sèche moyenne de 1,6) et de la
pluviométrie mensuelle (brute et efficace) enregistrées sur le site expérimental de Pessac.____258
Figure 4.20 : Variations saisonnières des teneurs en eau volumique à différentes profondeurs (1 m, 2 m
et 3 m) sur la période de février à décembre 2009, mesurées par deux méthodes : TDR et
Thetaprobe. Les mesures sont superposées à la pluviométrie mensuelle enregistrée sur le
site de Pessac._____________________________________________________________259
Figure 4.21 : Régression linéaire, avec la fourchette d’erreur, entre les teneurs en eau volumique
mesurées avec les deux techniques : TDR et Thetaprobe.____________________________ 260
Figure 4.22 : Variations saisonnières des teneurs en eau volumique à différentes profondeurs sur la
période de décembre 2008 à décembre 2009, mesurées par deux méthodes : TDR-H1 et
sondes capacitives._________________________________________________________ 261
Figure 4.23 : Variations quotidiennes des teneurs en eau volumique à différentes profondeurs sur la
période de décembre 2008 à décembre 2009, mesurées par deux méthodes : Thetaprobe et
sondes capacitives._________________________________________________________262
Figure 4.24 : Pluviométrie cumulée journalière (en mm) enregistrée sur le site expérimental de Pessac,
avec le positionnement des profils de tomographie électrique effectués sur la période du
11/02/09 au 09/12/09.______________________________________________________ 266
Figure 4.25 : Présentation des profils temporaires de mai 2009 du panneau A avec celui perpendiculaire
du panneau B.____________________________________________________________ 270
Figure 4.26 : Fissure de retrait en surface apparue en septembre 2009.___________________________ 271
Figure 4.27 : Pseudo-sections des résistivités apparentes mesurées et recalculées, et tomographie des
résistivités vraies inversées du profil de référence du 13/02/2009, pour le panneau A._______272
Figure 4.28 : Pseudo-sections des résistivités apparentes mesurées et recalculées, et tomographie des
résistivités vraies inversées du profil de référence du 13/02/2009, panneau B.____________ 276
Figure 4.29 : Analyse comparative entre les variations mensualisées des teneurs en eau volumique
mesurées jusqu’à 3 m de profondeur dans de l’argile (sonde TDR-H1), et la variation de
résistivités dans le même sol argileux suivant deux profils inversés du panneau A._________ 280
Figure 4.30 : Evolution comparée des déplacements mesurés à 1 m, 2 m, 3 m et 15 m de profondeur, de
la pluviométrie brute et de la pression atmosphérique enregistrées sur le site de Pessac
entre le 29/08/08 et le 31/12/09._______________________________________________ 283
Figure 4.31 : Evolution des déplacements mesurés à 3 m de profondeur et des pluies efficaces
(incomplètes) enregistrées sur le site de Pessac entre le 29/08/08 et le 31/12/09.___________284
Figure 4.32 : Détermination de la durée des phases de gonflement et de retrait identifiées à partir des
déplacements relatifs mesurés à 3 m de profondeur entre le 29/08/08 et le 31/12/09._______ 285
Figure 4.33-a : Evolution comparée des déplacements mesurés (en tassement) pour la couche entre 0
et 3 m de profondeur et des pluies efficaces enregistrées sur le site de Pessac entre le 13/09
et le 26/10/08________________________________________________________________286
Figure 4.33-b : Evolution comparée des déplacements mesurés (en tassement) entre 0 et 3 m de profondeur
et de la pression atmosphérique enregistrée sur le site de Pessac entre le 13/09 et le 26/10/08._286
Figure 4.34-a : Evolution comparée des déplacements mesurés entre 0 et 3 m de profondeur et des pluies
efficaces enregistrées sur le site de Pessac entre le 26/10/08 et le 15/06/09________________287
Figure 4.34-b : Evolution comparée des déplacements mesurés entre 0 et 3 m de profondeur et de la
pression atmosphérique enregistrée sur le site de Pessac entre le 26/10/08 et le 15/06/09____ 287
Figure 4.35 : Evolution comparée des déplacements mesurés à 3 m de profondeur et de la pression
atmosphérique enregistrée sur le site de Pessac entre le 13/12/08 et le 14/12/08.__________ 288
Figure 4.36-a : Evolution comparée des déplacements mesurés entre 0 et 3 m de profondeur et des pluies
efficaces enregistrées sur le site de Pessac entre le 15/06/09 et le 18/10/09_______________289
Figure 4.36-b : Evolution comparée des déplacements mesurés entre 0 et 3 m de profondeur et de la
pression atmosphérique enregistrée sur le site de Pessac entre le 15/06/09 et le 18/10/09____ 289
Figure 4.37 : Evolution comparée des déplacements mesurés à 3 m de profondeur et de la pression
atmosphérique enregistrée sur le site de Pessac entre le 20/09/09 et le 24/09/09___________ 290
Figure 4.38-a : Evolution comparée des déplacements mesurés entre 0 et 3 m de profondeur et des pluies
efficaces enregistrées sur le site de Pessac entre le 18/10/09 et le 31/12/09_______________290
Figure 4.38-b : Evolution comparée des déplacements mesurés entre 0 et 3 m de profondeur et de la
pression atmosphérique enregistrée sur le site de Pessac entre le 18/10/09 et le 31/12/09____ 291
Figure 4.39 : Déplacements à 3 m de profondeur et vitesses de déplacement enregistrées sur le site de
Pessac entre le 29/08/08 et le 31/12/09._________________________________________ 292
Figure 4.40 : Evolution comparée des déplacements mesurés à 0,50 m, 1 m, 2 m, 3 m et 10 m de
profondeur, de la pluviométrie brute et de la pression atmosphérique enregistrées sur le
site de Pessac entre le 19/03/08 et le 16/12/09.____________________________________293

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Figure 4.41 :Déplacements relatifs mesurés entre le fond et les différentes profondeurs entre le 19/03/08
et le 16/12/09._____________________________________________________________ 294
Figure 4.42 : Détermination des phases de gonflement et de retrait identifiées à partir des déplacements
relatifs mesurés à différentes profondeurs entre le 19/03/08 et le 16/12/09._______________ 296
Figure 4.43 : Variation journalière sur la mesure des déplacements pour la période du 07/04 au
09/04/09 (TELEMAC).______________________________________________________ 297
Figure 4.44 : Facteurs déterminant l’amplitude des tassements sous une fondation (Magnan, 2009)._____ 299
Figure 4.45 : Relation entre les déplacements _H de la couche de sol 0-3 m et de la teneur en eau
volumique à 2 et 3 m de profondeur (%) sur le site de Pessac (mesures avec un pas de temps
de 3 h) ; Rl calculé à partir de la relation de Bigot et Zerhouni (2000) (Tableau 4.16)._______ 300
Figure 4.46 : Evolution comparée de _H (0-3m), de _Wvolumique à 3 m (%) et de Rl in situ calculé sur la
période du 15/06 au 20/10/09 sur le site expérimental.______________________________ 301
Figure 4.47 : Variations du facteur Rl en fonction de la variation de perte en eau massique du sol sur la
période de retrait en 2009, à partir de la relation de Bigot et Zerhouni (2000)._____________ 302
Figure 4.48 : Analyse comparative entre l’essai de dessiccation en laboratoire avec les valeurs de Rl
obtenues, et les valeurs du facteur Rl in situ mesurées entre 0,50 et 10 m (Tableau 4.17).____ 303

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1.1 : Classification des phyllosilicates (d'après Caillère et Hénin, 1959,


complété par Mitchell, 1993)__________________________________________________ 10
Tableau 1.2 : Caractéristiques physico-chimiques des minéraux argileux
(Bultel, 2001; Mitchell, 1993; Mrad, 2005)_______________________________________ 17
Tableau 1.3 : Résumé des méthodes indirectes d’identification qualitative du potentiel de gonflement. ___ 50
Tableau 1.4 : Relation entre Ip et potentiel de gonflement (d'après Snethen, 1980)____________________53
Tableau 1.5 : Classification des sols gonflants basé sur l'Ip selon Chen (1988)_______________________ 53
Tableau 1.6 : Classification des sols suivant leur activité Ac (Skempton, 1953)______________________ 54
Tableau 1.7 : Activité des principales familles d'argiles (Skempton, 1953)__________________________ 54
Tableau 1.8 : Relation entre le gonflement libre et l'indice de plasticité (Seed et al., 1962)_____________ 55
Tableau 1.9 : Potentiel de gonflement d'après le B.R.E (1980)____________________________________55
Tableau 1.10 : Sensibilité d’une argile au retrait-gonflement d’après Prian et al. (2000)________________ 56
Tableau 1.11 : Potentiel de gonflement d'après Altmeyer (1955)__________________________________57
Tableau 1.12 : Potentiel de gonflement d'après Ranganatham et Satyanarayana (1965)________________ 57
Tableau 1.13 : Sensibilité d'une argile au retrait-gonflement d'après Mastchenko (2001)_______________ 58
Tableau 1.14 : Surfaces spécifiques approximatives d'argiles sélectionnées d'après Van Olphen et Fripiat
(1979)____________________________________________________________________ 59
Tableau 1.15 : Activité au bleu Acb des argiles d'après Lautrin (1989)______________________________60
Tableau 1.16 : Sensibilité d’une argile au retrait-gonflement d'après Chassagneux et al. (1996)_________ 61
Tableau 1.17 : Risque de pathologie en fonction du coefficient de gonflement Cg d'après Chassagneux et
al. (1996)__________________________________________________________________62
Tableau 1.18 : Classification du potentiel de gonflement basée sur ESI d’après Kariuki et Van der Meer
(2004)____________________________________________________________________ 65
Tableau 1.19 : Potentiel de gonflement d'après Holtz et Gibbs (1956)______________________________65
Tableau 1.20 : Potentiel de gonflement d'après Holtz, Dakshanamurthy et Raman (1973)______________ 66
Tableau 1.21 : Potentiel de gonflement d'après Chen (1988)_____________________________________ 66
Tableau 1.22 : Potentiel de gonflement d'après Bigot et Zerhouni (2000)___________________________ 66
Tableau 1.23 : Comparaison entre certaines méthodes de classification du potentiel de gonflement d’après
Johnson et Snethen (19878) et Josa et al. (1988)___________________________________ 67
Tableau 2.1 : Données concernant les différentes espèces végétales dont le rapport avec des ouvrages
sinistrés a été démontré (Jarrault et Chevalier, 1991)_______________________________ 82
Tableau 2.2 : Ordre de grandeur des mouvements différentiels unitaires pour les bâtiments fondés
superficiellement (Mouroux et al., 1988)________________________________________ 86
Tableau 2.3 : Suivi des 3 jauges disposées sur des fissures de l‘habitation de la parcelle n°3.___________ 100
Tableau 2.4 : Suivi des 3 jauges disposées sur des fissures de l‘habitation de la parcelle n°4.___________ 104
Tableau 2.5 : Suivi des 2 jauges disposées sur des fissures de l‘habitation de la parcelle n°5.___________ 106
Tableau 2.6 : Suivi de la jauge N°1 disposée sur le pignon affecté par un tassement de l‘habitation de la
parcelle n°8._______________________________________________________________112
Tableau 2.7 : Synthèse des données de terrain acquises par parcelles étudiées sur le quartier Cap de Bos._ 125
Tableau 2.8 : Description de la dénomination utilisée pour décrire les faciès rencontrés.______________ 124
Tableau 2.9 : Résultats de l’analyse quantitative (en %) sur 24 échantillons argileux issus de la
formation de Brach, effectués en partie à l’Université de Lille 1 et au laboratoire HydrASA. 129
Tableau 2.10 : Propriétés géotechniques des échantillons prélevés par site d’étude.__________________ 132
Tableau 2.11 : Comparaison des potentiels de retrait-gonflement obtenus par des méthodes indirectes de
différents auteurs.__________________________________________________________ 133
Tableau 2.12 : Propriétés géotechniques des échantillons prélevés sur chacune des parcelles et regroupés
par faciès.________________________________________________________________ 134
Tableau 2.13 : Potentiels de gonflement obtenus à partir de différents critères géotechniques établis par
plusieurs auteurs issus de la bibliographie._______________________________________ 136
Tableau 2.14 : Valeurs des paramètres physiques (w, γ, e) et hydriques (k) des différents faciès argilosableux
de la formation de Brach, obtenus à partir de l’essai oedométrique classique.____________138
Tableau 2.15 : Valeurs des paramètres mécaniques (σg, σ’p, Cc, Cv et E) des différents faciès argilo-sableux
de la formation de Brach, obtenus à partir de l’essai oedométrique classique.___________ 138
Tableau 2.16 : Valeurs des paramètres mécaniques (εg , Cg) et les potentiels de gonflement issus de ces
valeurs en fonction des différents faciès argilo-sableux de la formation de Brach, valeurs
obtenues à partir de l’essai oedométrique classique._______________________________ 139
Tableau 2.17 : Valeurs des paramètres de retrait (WRe et Rl) des différents faciès argilo-sableux de la

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formation de Brach, obtenus à partir de l’essai de dessiccation.______________________ 141
Tableau 2.18 : Résultats de l’étude statistique effectuée sur les paramètres géotechniques de la formation
de Brach._________________________________________________________________ 143
Tableau 2.19 : Matrice des coefficients de corrélation (13 variables) obtenue sur les 25 échantillons
complets provenant des sites étudiés du quartier Cap de Bos.________________________ 146
Tableau 2.20 : Matrice des coefficients de corrélation (8 variables) obtenue sur les 25 échantillons
complets provenant des sites étudiés du quartier Cap de Bos.________________________ 147
Tableau 2.21 : Nombre de sondages avec essais pressiométriques, essais de pénétration dynamique et
essais au Panda effectués sur l’ensemble des parcelles étudiées sur le quartier Cap de Bos_ 153
Tableau 2.22 : Résultats des essais pressiométriques (pression limite Pl et module de déformation E en
MPa) distingués par faciès rencontrés sur les parcelles étudiées du quartier Cap de Bos.___ 154
Tableau 2.23 : Résultats des essais au pénétromètre dynamique (résistance en pointe Qd en MPa)
obtenus par faciès sur les différentes parcelles étudiées du quartier Cap de Bos._________ 154
Tableau 3.1 : Statistiques simples sur les données de résistivités électriques apparentes (Levées
électromagnétiques EM31) sur le site expérimental de la commune de Pessac.__________ 165
Tableau 3.2 : Synthèse des prélèvements effectués par sondages à la tarière, avec un descriptif
lithologique de chacun d’eux Echantillons provenant de la formation de Brach sur le site
expérimental de Pessac.___________________________________________________ 168
Tableau 3.3 : Prélèvements effectués dans les fosses pédologiques, avec un descriptif lithologique de
chacun d’eaux Echantillons provenant de la formation de Brach sur le site
expérimental de Pessac.___________________________________________________ 168
Tableau 3.4 : Analyse minéralogique des sols argileux du site expérimental situé sur la commune de
Pessac.________________________________________________________________ 179
Tableau 3.5 : Statistiques simples sur les paramètres de caractérisation géotechnique des échantillons de
sol du site expérimental de Pessac.___________________________________________ 180
Tableau 3.6 : Résultats des essais de compressibilité, de gonflement libre et de pression de gonflement
réalisés à l’œdomètre classique sur sept échantillons intacts issus des fosses du site
expérimental (Formation de Brach).__________________________________________ 191
Tableau 3.7 : Résultats des essais de dessiccation avec détermination de la limite de retrait effective et du
facteur de retrait linéaire, réalisés sur quatre échantillons intacts issus des fosses du site
expérimental (Formation de Brach).__________________________________________ 195
Tableau 3.8 : Valeurs des paramètres de retrait issus de la courbe de retrait e=f(w) pour les quatre
échantillons de différents faciès argileux du site expérimental de Pessac.______________ 198
Tableau 3.9 : Caractéristiques intrinsèques sur la qualité des instruments de mesure branchés à la
station iMetos® (Doc. Fabricant Pessl Instruments, 2008)._________________________ 203
Tableau 3.10 : Précision des mesures d’humidité volumique et des domaines d’application des sondes
capacitives ECH20 EC-5 (ECH20 Probe user manual, 2001)._______________________ 205
Tableau 3.11 : Spécifications techniques de mesure de la sonde TRIME-T3 (Doc. Fabricant IMKO).___ 208
Tableau 3.12 :Résultats de teneurs en eau massiques correspondant aux Vw et V0 mesurées._________ 212
Tableau 3.13 : Spécifications techniques de la sonde ThetaProbe ML 2x (Thetaprobe user manual,
1999)._______________________________________________________________ 213
Tableau 3.14 : Synthèse des caractéristiques techniques des trois techniques de mesure de la teneur en
eau volumique dans les sols naturels argileux.__________________________________ 214
Tableau 3.15 : Spécifications techniques de l’extensomètre de forage modèle WR-FLEX-5 (Doc.
Fabricant TELEMAC).____________________________________________________ 217
Tableau 3.16 : Spécifications techniques de l’extensomètre de forage modèle G SE-12 (Doc. Fabricant
GLÖTZL)._____________________________________________________________ 220
Tableau 3.17 : Paramètres des configurations pour le panneau électrique A (72 électrodes) et le
panneau électrique B (48 électrodes)._________________________________________ 229
Tableau 4.1 : Valeurs moyennes mensuelles et annuelles des paramètres météorologiques
(pluviométrie, température de l’air et humidité relative de l’air) pour la période d’avril
2008 à décembre 2009.____________________________________________________238
Tableau 4.2 : Chroniques des précipitations cumulées mensuelles de la station de Pessac pour la période
2008-2009 (à gauche) et des données pluviométriques cumulées mensuelles pour les
années 2007 à 2009 pour la station MétéoFrance de Bordeaux-Mérignac (à droite)
(Source : MétéoFrance).___________________________________________________ 239
Tableau 4.3 : Vitesse de pénétration des cycles de températures (pour l’année 2008) quotidiennes et
annuelles (en m) pour différentes profondeurs dans le sol, en fonction de la température
moyenne annuelle et de l’amplitude des températures de l’air et du sol._______________ 243
Tableau 4.4 : Synthèse des résultats du suivi hydrique à l’aide de trois techniques différentes sur le site

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expérimental pour la période d’étude de décembre 2008 à décembre 2009.____________ 264
Tableau 4.5 : Profils inversés du panneau A, réalisés sur la période de février à décembre 2009, avec la
pluviométrie cumulée entre chaque profil sur le site expérimental.____________________267
Tableau 4.6 : Profils inversés du panneau B, réalisés sur la période de février à décembre 2009, avec la
pluviométrie cumulée entre chaque profil sur le site expérimental.____________________268
Tableau 4.7 : Profils des variations de résistivités des panneaux A et B issus du suivi temporel (Time
Laps Inversion), réalisés entre le profil de référence et le profil du 21/09/2009, avec la
pluviométrie cumulée entre chaque profil sur le site expérimental.____________________271
Tableau 4.8 : Profils des variations de résistivités vraies inversées du panneau A issus du suivi temporel
(Time Laps Inversion), réalisés entre le profil de référence et les profils sur la période
mars à décembre 2009, avec la pluviométrie cumulée entre chaque profil sur le site
expérimental.___________________________________________________________ 273
Tableau 4.9 : Profils des variations de résistivités du panneau A issus du suivi temporel (Time Laps
Inversion), réalisés entre les profils n°3 et n°4 (a), et les profils n°5 et n°6 (b).___________ 275
Tableau 4.10 : Profils des variations de résistivités vraies inversées du panneau B issus du suivi temporel
(Time Laps Inversion), réalisés entre le profil de référence et les profils sur la période de mars
à décembre 2009, avec la pluviométrie cumulée entre chaque profil sur le site expérimental.277
Tableau 4.11 : Profils des variations de résistivités du panneau B issus du suivi temporel (Time Laps
Inversion), réalisés entre les profils n°3 et n°4 (a), et les profils n°5 et n°6 (b).___________278
Tableau 4.12 : Gammes de variation des résistivités des sols argileux de Brach comparées à leurs teneurs
en eau volumique mesurées à différentes profondeurs.____________________________ 280
Tableau 4.13 : Amplitude des déplacements mesurés _H (mm) aux différentes profondeurs, et les
variations d’épaisseur de couches de sol (mm) calculées suivant différentes périodes._____294
Tableau 4.14 : Variations d’épaisseur _H des différentes couches du sol (mm) sur différentes périodes.__ 297
Tableau 4.15 : Synthèse du principe de mesures, des caractéristiques et des résultats de déplacements
mesurés par les deux extensomètres de forage mis en place sur le site expérimental.______ 298
Tableau 4.16 : Détermination du facteur Rl in situ sur la période de retrait du 15/06/09 au 20/10/09, en
fonction des variations d’épaisseur _H (mm) et de teneur en eau massique _Wm (%).____ 301
Tableau 4.17 : Détermination du facteur Rl in situ à différentes profondeurs sur la période de retrait du
20/05/09 au 22/10/09, en fonction des variations d’épaisseur _H (mm) et de teneur en eau
massique Wm (%) mesurées sur le site expérimental._____________________________ 303

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INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION GENERALE

Tous les travaux de construction en Génie Civil entraînent une modification de


l’équilibre existant dans les sols. Les concepteurs tiennent compte de ces modifications dans
le dimensionnement des ouvrages, mais ces prévisions peuvent s’avérer insuffisantes en
raison de phénomènes non pris en compte ou dont les mécanismes sont mal connus au
moment de la construction. Ainsi depuis 1989, des cycles de sécheresse prolongée se sont
produites à de nombreuses reprises, agissant sur les paramètres contrôlant le comportement du
sol et entraînant de nombreux sinistres en particulier sur les constructions individuelles aussi
bien récentes que très anciennes. De 1989 à 2005, des indemnisations ont été versées au titre
de catastrophes naturelles atteignant plus de 4,7 milliards d’euros, et représentant la deuxième
cause de sinistre en France après les inondations. Les sols fins argileux sont principalement
mis en cause dans ce type de sinistres, liés à leur aptitude à une forte variation de leur volume
dès que les conditions d’équilibre (humidité, contrainte) sont modifiées.
Le phénomène de retrait-gonflement des formations superficielles argileuses provoque
ainsi des tassements différentiels qui se manifestent par l’apparition de désordres, tels que
des fissures, affectant principalement les ouvrages types maisons individuelles construites à
faible profondeur et sans précautions particulières. Les nombreux sinistres survenus après les
périodes de sécheresse de 1976, 1989, et surtout 2003, attribués aux mouvements de terrain
liés au retrait-gonflement des sols argileux, ont mis en évidence les difficultés à caractériser
le comportement des sols fins vis-à-vis des phénomènes de sécheresse exceptionnelle et de
réhumidification. En raison de la difficulté des pouvoirs publics à définir un critère objectif
de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle sécheresse et de l’enjeu économique
(construction individuelle forte et sinistralité très coûteuse), ce constat a motivé le lancement
en 2006 d’un programme de recherche national « ARGIC » cofinancé par l’Agence
Nationale de la Recherche (ANR) et coordonné par le BRGM. Ce programme a pour but
d’Analyser le phénomène de Retrait et Gonflement et de ses Incidences sur les Constructions
(ARGIC), d’identifier plus précisément les mécanismes de déclenchement de ce phénomène
naturel et de développer des méthodes de prédiction de son ampleur. L’aptitude au retrait-
gonflement des sols argileux résulte de facteurs de prédisposition tels que l’histoire
géologique de ces sols (mode de sédimentation, sollicitations mécaniques, thermiques et
hydriques au cours du temps), qui leur a donné une certaine prédisposition relative à leur
composition minéralogique et à leur texture. Ces processus, générateurs de tassements
différentiels et de dommages aux bâtis, trouvent leur origine également dans des facteurs
environnementaux : contexte climatique, cadre géomorphologique, hydrologique et
hydrogéologique, occupation du sol par le bâti et le type de végétation présent à proximité du
bâti. En effet, la pousse d’arbres engendre des modifications hydriques localisées importantes
en cas de sécheresse (ou stress hydrique), aggravant le phénomène de retrait et devenant la
principale cause du sinistre. D’autres facteurs peuvent être reconnus comme la conséquence
de l’activité anthropique (forte urbanisation, modification paysage géomorphologique,
modification du niveau de la nappe phréatique du fait de pompages intenses, etc…). Pour
limiter les sinistres, des normes françaises pour la construction couplées à des prédispositions
préventives lors de la construction sur sols sensibles ont été élaborées dans ce but. Toutefois,
dans la majorité des sinistres sur pavillons individuels, il a été vérifié les dommages ont été
occasionnés par un manquement aux règles de la construction. La gravité des désordres subis

2
INTRODUCTION GENERALE

par les constructions dépend donc principalement de la présence de sols argileux sensibles au
phénomène de retrait-gonflement, du climat, de l’intensité de la sécheresse et de la qualité de
la construction.
Dans le cadre du programme ARGIC et avec l’objectif de mieux décrire le
comportement des sols argileux à l’échelle départementale, la caractérisation de deux
formations géologiques localisées en Gironde a été réalisée afin de créer une base de données
de référence des essais de caractérisation de ces formations argileuses non étudiées jusqu’à
présent mais à l’origine d’importants sinistres suite à des tassements différentiels des sols.
Cette base de données comporte une carothèque pour inventorier les différents faciès
rencontrés de ces formations étudiées, et pour les caractériser plus finement du point de vue
minéralogique, lithologique, textural et géotechnique. En effet, la plupart des sols naturels
sont rarement homogènes et présentent des propriétés physiques et mécaniques très variables
spatialement et en profondeur. L’origine des tassements différentiels s’explique par des
hétérogénéités de sols pouvant être classées en deux principales catégories. La première est
liée à une hétérogénéité dans la succession lithologique des dépôts liée à l’histoire géologique
locale. Elle se traduit par une importante variation de faciès, au sein d’une même formation
géologique, selon la profondeur avec la présence de passées argileuses au sein d’un milieu
granulaire ou de lentilles silto-sableuses au sein d’une formation argileuse compacte
imperméable. Cette variabilité lithologique peut être la source d’une répartition non
homogène de la susceptibilité des sols argileux au retrait et gonflement, engendrant une
ampleur du phénomène différente suivant les couches de sol en profondeur. La seconde
source d’hétérogénéité peut être attribuée à une variation latérale et spatiale à la limite entre
deux formations géologiques. Cette variation est inhérente aux conditions géologiques et
climatiques lors du dépôt sédimentaire ou lors des processus d’érosion secondaires. Sur une
même parcelle, il est possible de rencontrer différents types de sols aux comportements
mécaniques et à la sensibilité aux variations hydriques totalement opposé. Dans ce cas de
figure propice aux tassements différentiels, des « points durs » pourront apparaître
latéralement sous les fondations superficielles à faible profondeur d’une habitation construite
sur un tel terrain, et provoquer des désordres.
La majorité des sols argileux est sensible au phénomène de retrait-gonflement, mais
cette sensibilité et son ampleur diffère en fonction de certaines propriétés à ne pas négliger
lors de recherches ou d’études géotechniques (avant-projet ou expertise), dépendant en
premier lieu de l’échelle d’étude à laquelle on se place. En effet, à l’échelle de la formation
géologique – au niveau d’une parcelle – la structure et le passé géologique vont contrôler
fortement la sensibilité au phénomène, favorisé l’accès de l’eau vers des zones moins
perméables, des intercalations de passées sableuses ou silteuses, la présence de fissures de
retrait pouvant être colmatées par des matériaux silteux favorisant ainsi les échanges
hydriques au sein de la formation à des profondeurs variables. En se plaçant à l’échelle de
l’échantillon prélevé en laboratoire, cette sensibilité dépendra de plusieurs facteurs comme
la nature et la proportion en minéraux argileux gonflants (smectites) dans les sols, de la
texture et du réseaux poreux contrôlant l’accès des molécules d’eau au sein de la structure du
sol, de l’état remanié ou intact lors du prélèvement, de la présence d’autres minéraux
(carbonates, quartz) pouvant perturber l’interaction eau-argile et la sensibilité au phénomène,

3
INTRODUCTION GENERALE

la teneur en eau initiale et sa plasticité donnant des indications sur les sollicitations hydriques
déjà subies, la densité initiale du matériau et la fissuration du matériau argileux. La
représentativité de l’échantillon par rapport à la couche de sol argileux étudiée et sensible est
également à prendre en compte. De plus, il ne faut pas négliger l’influence de
l’envahissement en profondeur par le système racinaire de la végétation (arbustes et arbres)
dans les sols argileux. La végétation est liée à des processus d’extraction in situ de l’eau
particulièrement efficace lors du retrait des sols, jusqu’à de grandes profondeurs suivant
l’essence d’arbre.

La première partie de ce travail a pour objet de présenter une synthèse bibliographique


de l’état actuel des connaissances internationales du phénomène de retrait-gonflement, en
passant en revue les facteurs (chimiques, physiques, hydriques et mécaniques) jouant un rôle
avéré sur les sols argileux, ainsi que les classifications de prédiction du phénomène existantes.
Dans une deuxième partie, nous détaillerons le contexte géologique, géographique et
climatique au droit des deux formations géologiques étudiées à l’échelle d’un quartier sur la
commune de Pessac (33), afin de caractériser le phénomène de retrait-gonflement à l’échelle
de la parcelle. La base de données de référence des deux formations est établie à partir de la
caractérisation lithologique, minéralogique, texturale et géotechnique menée sur des
échantillons prélevés au droit de maisons individuelles sinistrées lors de précédentes
sécheresses. Le diagnostic géotechnique mené lors de ce travail sur les maisons sinistrées
alimente la base de données, en apportant le mode de fondation, la profondeur d’ancrage, la
date d’apparition des désordres, l’âge de la construction et des données mécaniques du sous-
sol issues des essais géotechniques (pressiométriques et pénétrométriques). Après un rappel
des sollicitations pouvant être subies par les fondations, la cinétique des mouvements de
fondation de ces maisons a pu être collectée à l’aide de fissuromètres posés sur les façades
affectées sur une période d’un an, et corrélée à la pluviométrie locale. Cette analyse permettra
de déterminer les causes et les paramètres du sol responsables de ces sinistres au sein d’un
quartier, reposant sur une même formation géologique sous climat océanique bordelais.
Une troisième partie aura pour but de décrire les spécificités de mise en place d’un site
expérimental instrumenté sur la même formation géologique présente au droit du quartier
étudié sur la commune de Pessac avec des capteurs d’humidité et de déplacements des sols.
Cette instrumentation a pour objectif de mener un suivi en continu à différentes profondeurs
des variations de teneur en eau volumique du sol jusqu’à 3 m de profondeur, ainsi que par des
extensomètres, d’enregistrer l’évolution des déplacements verticaux jusqu’à 10 m de
profondeur en fonction de la température des sols et des variations climatiques. Le dispositif a
été complété par la mise en place d’une station météorologique à demeure, ainsi que d’un
suivi temporel géophysique par l’installation de panneaux de tomographie électrique fixes.
La quatrième partie présente les résultats de l’instrumentation en termes d’amplitudes
de déformations, de vitesse de déplacements, de profondeur et d’intensité de propagation de la
sécheresse dans les sols, de caractérisation géotechnique des sols, de l’évolution des teneurs
en eau des sols argileux en fonction des saisons, de la pluviométrie et de la répartition des
pluies efficaces sur une période allant de mars 2008 à décembre 2009.

4
CHAPITRE I.
SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE

L’aptitude des sols au « retrait et gonflement »


Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

1. INTRODUCTION

Les sols argileux sont reconnus comme des sols sensibles aux variations hydriques
subies au cours des cycles saisonniers, pouvant engendrer des désordres importants sur les
constructions en France et à travers le monde. Ce phénomène de retrait-gonflement ne
s’applique qu’aux sols argileux, mais l’amplitude du phénomène dépend de la nature
minéralogique, chimique et mécanique des constituants d’un sol argileux. De nombreux
travaux ont été réalisés afin d’étudier le problème de retrait-gonflement des sols argileux
(Skempton, 1962 ; Chen et Ma, 1987 ; Basma et al. 1996; Thomas et al. 2000 ; etc…).
L’objectif de ce chapitre bibliographique est d’analyser les différents critères jouant un rôle
dans les processus de retrait et de gonflement des sols argileux, et d’extraire des travaux
scientifiques les corrélations établies entre les différents paramètres géotechniques, hydriques,
physiques, chimiques et mécaniques, déterminés à partir d’essais de caractérisation directe et
indirecte, aussi bien en laboratoire qu’in situ.
L’amplitude des mouvements verticaux de sol dépend de facteurs de prédisposition
relatifs à la composition minéralogique, la proportion de minéraux argileux et la texture des
sols concernés. En effet, les sols à comportement gonflant sont ceux qui possèdent des
minéraux argileux sensibles à l’eau, responsables de leur capacité à gonfler et à se rétracter
après des cycles annuels de variations de teneur en eau. Plus les sols deviennent saturés en
eau, plus les minéraux argileux absorbent l’eau sur leur surface spécifique externe et plus ils
augmentent de volume. Au contraire, il est naturel de voir se développer à la surface des sols
argileux des fissures de retrait en période de déficit hydrique. La perte en eau des sols se
traduit par une augmentation de la succion, suivie d’une diminution de volume et enfin par la
création de fissures de retrait à la surface (Mouroux et al. 1988).
Pour une meilleure compréhension du comportement macroscopique des sols argileux,
nous redéfinissons au sens minéralogique les argiles en présentant leurs propriétés
structurelles, depuis le feuillet élémentaire jusqu’à l’échantillon et le système d’interactions
entre les particules argileuses et le fluide interstitiel. Après avoir défini les argiles d’un point
de vue minéralogique, les processus proprement dit de retrait et de gonflement sont analysés,
en considérant leurs origines (physiques, chimiques et mécaniques) et en précisant les facteurs
extérieurs pouvant les influencer. Les caractérisations directes et indirectes du potentiel de
retrait et de gonflement des sols argileux sont exposées, aussi bien en laboratoire qu’in situ,
par des mesures géotechniques, hydriques, thermiques et mécaniques. L’ensemble des
corrélations entre paramètres rassemblées dans ce travail fera l’objet d’une analyse critique.
Les principaux résultats bibliographiques existants sur les paramètres environnementaux
seront présentés, précisant leur rôle de facteur de préparation au retrait-gonflement des sols
argileux.

2. Les minéraux argileux et le système « argile – eau »


Il est important de prendre en compte la nature physico-chimique des argiles, du fait que
leur comportement rhéologique est gouverné par les interactions entre les feuillets argileux.
Cette nature physico-chimique ne peut se définir sans une caractérisation minéralogique des

6
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

différents niveaux d’organisation qui constituent les argiles. Cette partie décrit également les
interactions qui se produisent entre la phase solide et la phase liquide, liées à la nature
minéralogique des argiles, à la nature chimique du fluide interstitiel et à la taille des espaces
poreux. Par la suite, le mécanisme de gonflement lors de l’hydratation des argiles sera
brièvement abordé.

2.1 Minéralogie des argiles


2.1.1 Structure des minéraux argileux
Du point de vue du géologue, le terme « argile » désigne un groupe de minéraux
appartenant à la famille des alumino-silicates plus ou moins hydratés, contenant plus de 50 %
de particules fines de taille généralement inférieure à 2 µm, avec une texture phylliteuse ou
fibreuse, où peuvent s’ajouter d’autres minéraux (Foucault et Raoult, 2001).
Du point de vue du géotechnicien, nous retiendrons qu’un sol argileux est un sol
contenant plus de 30 % de particules fines inférieures à 2 µm et qui présente des variations de
consistance en fonction de sa teneur en eau (Mouroux et al. 1988). À l’échelle microscopique,
les minéraux argileux appartiennent à la famille des phyllosilicates et sont le produit de la
décomposition de roches siliceuses par désagrégation physique et chimique, puis par
altération chimique. Les phyllosilicates sont formés d’un assemblage de particules fines dont
les unités de base sont des feuillets bidimensionnels élémentaires et organisés en plusieurs
couches superposées (Caillère et Hénin, 1959). On distingue deux types de couches :
- la couche Tétraédrique (T), de formule générale SiO4, association de quatre
oxygènes formant les sommets d’un tétraèdre (Figure 1.1). Les tétraèdres, dont les bases sont
coplanaires, sont disposés suivant un réseau plan à maille hexagonale dont l’épaisseur est de 3
Ǻ (Mrad, 2005). Les quatre anions O2-, aux sommets de chaque tétraèdre, enserrent au centre
un cation Si4+ (Figure 1.1 a et b). Ce cation peut être substitué par un cation Al3+.

a) b)

Figure 1.1 : Structure d’un tétraèdre SiO4 a) et d’une couche tétraédrique b) (Eslinger et Peaver, 1988)

- la couche Octaédrique (O), de formule générale Al2(OH)6 ou Mg3(OH)6 et


d’épaisseur d’environ 4 Ǻ, est formée par deux plans d’anions oxygène O2- ou d’anions
oxydrile (OH-), disposés en assemblage hexagonal compact. Les six anions O2- ou (OH-), aux
sommets de chaque octaèdre, enserrent au centre un cation tel que Al3+, Fe3+, Mg2+ ou Fe2+
(Figure 1.2 a et b).

7
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

a) b)

Figure 1.2 : Structure d’un octaèdre Al(OH)6 a) et d’une couche octaédrique b) (Eslinger et Peaver,
1988)
Ce type de structure à très grande surface spécifique associée à des caractéristiques
physico-chimiques très particulières, explique la capacité des argiles à admettre de nombreux
échanges de cations et d'anions dans leur réseau. Les substitutions d’atomes peuvent être
fréquentes, désorganisant ainsi l’édifice cristallin. Elles ont pour origine des déséquilibres au
niveau des charges des feuillets. Ces feuillets sont alors compensés par adsorption de cations
(ions potassium, sodium et chlore) dans l’espace interfoliaire, qui représente la distance inter-
réticulaire séparant deux feuillets successifs. C’est cet espace qui est responsable du
gonflement ou non des argiles, suivant l’ordre d’empilement et d’assemblage des feuillets.

Plusieurs types d’assemblages des couches tétraédriques et octaédriques permettent de


définir différents feuillets élémentaires de phyllosilicates (Figure 1.3) :
- les feuillets de type kaolinite : constitués par une couche tétraédrique superposée à
une couche octaédrique (épaisseur du feuillet : 7,2 Ǻ),
- les feuillets type illite (ou mica) : constitués par une couche octaédrique disposée
entre deux couches tétraédriques (épaisseur du feuillet : 10 Ǻ),
- les feuillets de type smectite : constitués par deux feuillets type mica entre lesquels
vient se placer une couche d’eau libre (épaisseur d’environ 10 à 14 Ǻ).

Figure 1.3 : Représentation schématique de la structure des principaux minéraux argileux


(Millot, 1964)
Suivant les différentes structures des principaux minéraux argileux, la particule
(appelée cristallite ou tactoïde) correspond à un empilement (ou superposition) de feuillets
argileux, qui peut atteindre une taille maximale de 2 µm. La position des feuillets les uns par

8
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

rapport aux autres et le nombre de feuillets par particule, sont variables suivant le type
d’argile et son état hydrique (Ben Rhaeim et al. 1986; Saiyouri, 1996, cités par Mrad, 2005).
L’espace entre deux feuillets est appelé « espace interfoliaire » dont les dimensions peuvent
atteindre plusieurs nanomètres.
Lorsque l’on observe une particule argileuse, on peut différencier deux types de porosités :
- la porosité interfoliaire (ou intraparticulaire) définie entre deux surfaces internes de
feuillets d’une même particule,
- la porosité interparticulaire définie entre deux surfaces externes de deux particules.
Les feuillets d’une argile ne sont pas toujours électriquement neutres. Il arrive que certaines
substitutions, ou remplacement isomorphiques de Si4+ par Al3+ ou Fe3+ aient lieu dans les
couches tétraédriques, et de Al3+ par Mg2+ ou Fe2+ dans les couches octaédriques. Ces
substitutions sont dites isomorphes sans modification de la morphologie du minéral et les
dimensions du feuillet restent quasi-identiques. Un déséquilibre de charges au sein de la
particule argileuse peut également être dû à la neutralisation incomplète de charges des
atomes terminaux aux extrémités des couches des feuillets. Ainsi, les surfaces externes des
particules d’argiles pourront devenir négatives. Cette électronégativité des particules est une
des caractéristiques des argiles expliquant leur sensibilité. En effet, des cations présents dans
le milieu environnant viennent alors se positionner à proximité d’un feuillet, en particulier
dans l’espace interfoliaire, afin de compenser le déficit de charge. Ces cations ne font pas
partie intégrante de la structure des argiles, et peuvent à nouveau être échangés ou remplacés
par d’autres cations présents dans le fluide interstitiel. Pour mesurer la quantité de charges
négatives excédentaires, on utilise la notion de Capacité d’Échange Cationique (CEC). Ainsi,
les particules argileuses sont soumises à un ensemble de force d’attraction et de répulsion qui
varient en fonction de la teneur en eau et dépendent des substitutions isomorphes.

L’agrégat (aussi appelé grain) est un assemblage désordonné entre les particules
argileuses, dont la forme et les dimensions sont variables. À l’échelle de l’agrégat, Gens et
Alonso (1992) ont limité le nombre de niveaux structuraux à deux, comme représentée à la
figure 1.4 :
- la « microstructure », correspondant aux agrégats constitués par l’assemblage des
particules argileuses avec d’autres éléments du sol,
- la « macrostructure », définie comme l’assemblage macroscopique des agrégats.
C’est ce que ces auteurs qualifient de double structure.

Figure 1.4 : Différents niveaux structuraux de sols argileux (Gens et Alonso, 1992)

9
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

2.2. Les différentes familles de minéraux argileux


En se basant sur la combinaison des couches d’octaèdres (O) et de tétraèdres (T) dans
un feuillet élémentaire, la charge de la couche et la nature du matériel dans l’espace
interfoliaire, on peut distinguer différentes familles de minéraux argileux disposant de
caractéristiques structurales, morphologiques et microscopiques spécifiques (Brindley, 1951;
Caillère et Hénin, 1959). Selon la force des liens unissant les feuillets d’argiles, ceux-ci
autorisent ou non l’arrivée d’eau dans l’espace interfoliaire. Pour certaines argiles (kaolinites),
l’eau ne peut s’infiltrer entre les feuillets. Ces argiles sont dites faiblement « gonflantes »
(Caillère et Hénin, 1959). En revanche, dans les smectites, la faible liaison entre les feuillets
permet à chaque espace interfeuillet de s’hydrater ; les smectites font partie des argiles dites
« gonflantes ». L’amplitude du phénomène dépend de l’état initial et des contraintes
appliquées. En fonction du climat et des roches mères, d’autres minéraux intermédiaires
peuvent se former comme les illites et les interstratifiés (Tableau 1.1).

Nature du Nature des cations Nature de la couche


Groupe Exemples
feuillet interfoliaires octaédrique
1/1 Pas de cations ou seulement Kaolinite Dioctaédrique Kaolinite, halloysite,
de l’eau nacrite, dickite
2/1 Pas de cations Pyrophyllites Dioctaédrique Talc
Cations hydratés et Smectites Dioctaédrique Montmorillonite,
échangeables nontronite, beidellite,
saponite
Vermiculites Dioctaédrique Vermiculite dioctaédrique à
trioctaédrique
Cations monovalents non- Micas Dioctaédrique Muscovite, Illite,
hydratés Paragonite, biotite
Cations divalents non-hydratés Micas durs Dioctaédrique Margarite, clintonite
Hydroxyles Chlorites Dioctaédrique Donbassite, sudoite,
Clinochore
2/1 fibreux / Palygorskites, Dioctaédrique Sépiolite, Palygorskite
Sépiolites

Tableau 1.1 : Classification des phyllosilicates (d'après Caillère et Hénin, 1959, complété par Mitchell, 1993)

2.2.1 Famille de la kaolinite


Les kaolinites sont des argiles dioctaédriques de type 1:1 (ou T-O) avec une épaisseur
du feuillet de l’ordre de 7,2 Å (Figure 1.5). Quand deux feuillets de kaolinite sont superposés,
les O- présents sur la surface supérieure et les H+ de la surface inférieure développent entre
eux une liaison hydrogène 0-H forte, assurant avec les liaisons de Van der Waals une grande
stabilité à un empilement de feuillets vis-à-vis des actions de l’eau. Par conséquent, les
particules sont stables et leur structure élémentaire n’est pas affectée par l’eau. Les cristallites
(association de plusieurs feuillets ; Tessier, 1984) qui résultent de cet empilement, sont des
plaquettes rigides dont l’extension latérale est de quelques centaines de nm et qui ne
permettent pas la pénétration de l’eau au sein de l’espace interfoliaire et la substitution entre
les feuillets. La liaison hydrogène forte entre les feuillets explique l’importance du nombre de

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

feuillets par particule de kaolinite (de quelques dizaines à quelques centaines de feuillets
solidement liés l’un à l’autre) et la faible valeur de la surface spécifique qui ne dépasse pas
généralement 45 m2/g. Les substitutions isomorphes sont peu fréquentes dans ce type
d’argiles grâce à la stabilité physique de sa structure, et le pouvoir de fixation des cations ne
dépasse pas 15 méq/100g. La kaolinite se forme dans les sols bien drainés, par pH acide
surtout en climat subtropical et tropical. Suite à l’addition d’eau entre les feuillets, l’espace
interfeuillet augmente à 10 Å et un minéral d’halloysite se forme par altération de la kaolinite.

Al
Si

Al Distance interparticulaire:
7,2 Ǻ
Si

Al
Si

Figure 1.5 : Structure de la particule de kaolinite (Si4 O10) Al4 (OH)8

2.2.2 Famille des smectites


Le feuillet élémentaire (type 2:1 ou T-O-T) est constitué de deux couches tétraédriques
de silice encadrant une couche octaédrique d’alumine. L’empilement des feuillets est
désordonné : chaque feuillet est tourné dans son plan par rapport au précédent et a une
extension latérale extrêmement importante par rapport à son épaisseur qui est d’environ 9,6 Ǻ
(Figure 1.6). Ce désordre de feuillets et la constitution des faces inférieures/supérieures de ces
argiles ne permettent pas le développement d’une liaison hydrogène entre les feuillets, ce qui
facilitent leur écartement et l’adsorption des molécules variées (cations, eau, molécules
organiques) au niveau de l’espace interfoliaire qui s’écarte. Par conséquent, les smectites sont
très sensibles à l’eau et un important gonflement de la particule peut se produire par
adsorption de molécules d’eau entre les feuillets. L’épaisseur du feuillet peut alors varier de
9,6 Ǻ à 15 Ǻ voire plus selon la nature du cation compensateur et l’hydratation de l’espace
interfoliaire. Les smectites, ou montmorillonites, sont généralement calciques, plus rarement
sodiques suivant la nature du cation prédominant (calcium, sodium). Il est connu que le
sodium confère des propriétés de gonflement supérieures à celles permises par la présence de
calcium comme cation échangeable dans une argile (Saiyouri, 1996).

Si et Al
Al et Mg
Si et Al
Distance interparticulaire : Si et Al
9,6 Ǻ N couches de H2O et
Al et Mg
cations échangeables
Si et Al

Si et Al
Al et Mg
Si et Al

Figure 1.6 : Structure des smectites (OH)4 Si8 (Al10/3 Mg2/3)O20, n H2O

11
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Les smectites comportent un empilement de feuillets variant entre 1 à 10 unités, voire


plus pour une montmorillonite sodique. Les substitutions d’atomes sont importantes, la
capacité d’échange cationique de ces argiles est comprise entre 80 et 150 méq/100g. Les
feuillets de smectites peuvent s’organiser régulièrement ou irrégulièrement avec d’autres
feuillets argileux, souvent illitiques. L’ensemble forme alors des interstratifiés.

2.2.3 Famille de l’illite


Leur structure (type 2:1) est proche de celle des smectites mais elles possèdent un
déficit de charge plus élevée dû aux substitutions ioniques par des cations interfoliaires de
potassium K+ (Figure 1.7). Les cations K+ ont la particularité de posséder exactement la même
dimension que les cavités de surface où ils sont piégés. Cette liaison des feuillets par les ions
potassium anhydre est très forte et empêche que les molécules d’eau ne parviennent à entrer
entre les feuillets, rendant ces ions non échangeables et hydratables. Les illites ont des
feuillets d’équidistance fixe à 9,6 Ǻ. Ce caractère leur confère un plus faible potentiel de
gonflement que celui des smectites et la constitution de particules de grandes tailles. Les
particules sont généralement composées d’un empilement de 5 à 20 feuillets (Bolt, 1956) et le
pouvoir de fixation des cations d’illite est compris entre 10 et 40 méq/100g.
Si et Al
Al

Si et Al

Distance interparticulaire:
Si et Al
9,6 Ǻ
Al

Si et Al

Si et Al
Al

Si et Al

Figure 1.7 : Structure de la particule d’illite (K, H2O)2 Si8 (Al, Fe, Mg)4,6 O20 (OH)4

2.2.4 Famille des chlorites


Initialement, il s’agit d’une structure type 2:1 ou T-O-T dont l’espace interfoliaire est
totalement occupé par des Mg2+. Les ions hydroxyles interfeuillets des feuillets élémentaires
T-O-T arrivent à se regrouper pour former une couche octaédrique supplémentaire donnant
naissance à un assemblage de type TOT-O très stable, d’une épaisseur de 14 Å (Figure 1.8).

Distance interparticulaire:
Brucite 14 Ǻ

Figure 1.8 : Structure d'une chlorite (OH)4 (Si Al)8 (Mg, Fe)6 020

12
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

2.2.5 Famille des interstratifiés


Les minéraux interstratifiés se caractérisent par la superposition, selon un empilement
vertical, de plusieurs types de couches. L’interstratification est due :
- aux liaisons fortes dans les couches individuelles mais faibles entre les couches,
- à la configuration proche de toutes les couches avec l’oxygène pointant vers
l’extérieur.
Il s’agit de minéraux fréquents dans le milieu naturel et souvent négligés car difficiles à
détecter et à quantifier par des analyses de diffractométrie aux rayons X (DRX). Les feuillets
peuvent alors s’intercaler régulièrement ou irrégulièrement avec d’autres feuillets argileux,
souvent illitiques, et avec des espaces gonflants. Parmi ces interstratifiés, on peut citer :
- les interstratifiés réguliers (Figure 1.9-a) : ils sont représentés par un empilement
régulier de feuillets (structure A et B) qui se répètent de façon périodique,
- les interstratifiés irréguliers (Figure 1.9-b), représentés par un empilement aléatoire
des feuillets (structure A et B) et ne présentant aucune périodicité.

a) Interstatifiés réguliers

b) Interstatifiés irréguliers

Figure 1.9 a et b) : Minéraux interstratifiés (Velde, 1995)

Les propriétés bien particulières de ces différentes familles d’argiles sont conditionnées :
- par les propriétés structurales des minéraux tels que la charge des feuillets, le type et la
charge des ions compensateurs, la taille et la surface spécifique des particules,
- par les conditions environnantes telles que la température, le climat, la nature de la
roche mère, etc. (Tessier, 1984; Durand et al., 1995 ; Van Damme, 2002).

2.3 Interactions physico-chimiques entre l’eau et l’argile


Le comportement gonflant des argiles dépend des interactions possibles entre la phase
solide et la phase liquide. Ces interactions sont liées essentiellement à la nature minéralogique
de l’argile, à la nature chimique du fluide interstitiel, à la taille des espaces poreux et de la
présence de cations compensateurs dans le milieu.

13
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

2.3.1 Les mécanismes d’hydratation à l’échelle des particules argileuses


On distingue fréquemment trois types d’eau dans les matériaux argileux : l’eau libre,
l’eau liée et l’eau capillaire.

2.3.1- a) Types d’eau


On différencie trois formes d’eau dans les matériaux argileux :
 l’eau libre : comme pour tous les sols humides, on retrouve l’eau circulant dans les
macropores entre les agrégats. Cette eau est libre de circuler facilement dans le
milieu. Elle s’évapore complètement lorsqu’un échantillon de sol est placé en étuve à
une température constante de 105°C.
 l’eau capillaire : dans le cas des argiles non saturées, cette eau occupe les micropores
sous forme de ménisques au contact entre les grains et l’eau, créant ainsi entre ces
derniers des forces d’attraction. Son écoulement est produit par un gradient de
succion à l’échelle des pores et traduit la loi de Darcy (Richards, 1931).
 l’eau liée (ou adsorbée) : elle forme une fine pellicule sur la surface libre des
particules et représente 6 - 7 % de la teneur en eau totale. Selon Prost (1990),
l’origine de ce phénomène est due à l’existence d’un déficit de charge et à la présence
de sites hydrophiles sur les particules argileuses. La jonction de ces sites hydrophiles
hydratés forme un film d’eau continu, constitué de n couches monomoléculaires, sur
lequel apparaît le phénomène d’adsorption. Les molécules d’eau adsorbées peuvent
facilement se mouvoir le long de la surface du minéral et difficilement dans le sens
perpendiculaire. Pour une argile donnée, la rétention d’eau dépend essentiellement de
la taille des particules et de celles des agrégats, du type de porosité et de l’énergie
d’hydratation des cations compensateurs (Cojean et al. 2006). Cette couche d’eau
adsorbée conditionne également la constante diélectrique ainsi que la température du
milieu encaissant. Cette couche d’eau, dont l’épaisseur peut varier, ne peut être
évacuée qu’à température très élevée (entre 90 et 300°C) (Martin, 1960).

2.3.1- b) Interactions eau-argile


Au sein même d’une couche ou entre deux couches successives d’un même feuillet, les
liaisons inter-atomiques sont des liaisons de valence primaire très fortes. Entre deux feuillets
successifs, les liaisons sont en général 10 à 100 fois moins fortes que les précédentes en raison
des cations adsorbés. En effet, différents mécanismes d’interaction vont pouvoir s’établir dans
l’espace interfoliaire (ou au voisinage de la surface externe d’une particule), entre les feuillets
chargés négativement et l’eau. Ces mécanismes sont les suivants (Low, 1961; Mitchell, 1993):
 les liaisons hydrogènes (Figure 1.10) : entre les molécules d’eau et les oxygènes ou
hydroxyles situés à la surface du feuillet. En effet, les atomes d’oxygène sont
susceptibles d’attirer les pôles positifs de la molécule d’eau, de la même manière que
les groupements hydroxyles attirent le pôle négatif de l’eau ;
 les forces d’attraction de Van der Waals : du fait de la charge négative diffuse du
feuillet, des liaisons électrostatiques du type Van der Waals (attractives) peuvent

14
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

s’établir entre l’eau et les sites où les charges négatives manifestent leur action
attractive (Figure 1.10) ;

Figure 1.10 : Liaisons possibles de l'eau interfoliaire (Morel, 1996)

 l’hydratation des cations échangeables : les cations présents dans l’espace


interfoliaire deviennent des sites privilégiés dans lesquels viennent se fixer les
molécules d’eau (Figure 1.10), l’ensemble formant un polyèdre de coordination
(Fripiat et Gatineau, 1984). Une illustration schématique de ces trois modes de liaisons
possibles de l’eau interfoliaire est présentée à la figure 1.10 ;
 l’attraction par osmose : plus on se rapproche de la surface chargée négativement du
feuillet, plus la concentration en cations augmente ; afin d’annihiler ce gradient de
concentration, les molécules d’eau ont tendance à se diffuser vers la surface (Figure
1.11-a) ; notons que la concentration en cations adsorbés décroît exponentiellement au
fur et à mesure que la distance par rapport à la surface d’argile augmente ;
 l’attraction dipolaire (analogie avec un condensateur) : les surfaces argileuses peuvent
être considérées comme le pôle négatif d’un condensateur ; les molécules d’eau
orientent alors leurs pôles positifs en direction des surfaces négatives ; au milieu de
l’espace interfoliaire, les cations compensateurs vont s’interposer afin d’éviter d’avoir
des pôles négatifs de l’eau adjacents l’un à l’autre (Figure 1.11-b).

a) b)

Figure 1.11 : Mécanisme d'adsorption de l'eau sur les surfaces argileuses :


a) Attraction par osmose, b) Attraction dipolaire (Mitchell, 1993)

15
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

2.3.2 Théorie de la double couche


Nous avons vu précédemment que les argiles sont composées de particules chargées
négativement, contenant des cations que l’on peut qualifier d’échangeables et qui sont peu liés
à la structure de l’argile. Ils peuvent être échangés par d’autres cations. En présence d’eau, qui
contient toujours des ions chargés positivement, un déséquilibre de charge se produit entre le
fluide et les surfaces des particules argileuses. Il s’en suit alors un mouvement des cations
dans les deux sens, de la surface des particules vers la solution et inversement, appelé échange
cationique. Le résultat de ce phénomène se manifeste par la création d’une atmosphère de
cations échangeables dans une zone voisine de la surface de la particule qui prend le nom de
double couche diffuse (ou électrique) ou DDL (Diffuse Double Layer) (Gouy, 1910;
Chapman, 1913 ; Mitchell, 1993 ; Saiyouri, 1996 ; Lambe (1960). Cette théorie de la double
couche diffuse permet de prévoir la distribution des cations dissous à proximité de la surface
de la particule argileuse. Le modèle de la double couche de Gouy-Chapman, amélioré par
Stern (1924) (cité par Velde et Meunier, 2008), puis par Israelachvili (1992), repose sur
l’hypothèse que la population des cations attirés par la surface pour rétablir l’électro-neutralité
à son voisinage peut être séparée en deux couches. Une couche de cations immobiles liés à la
surface, appelée « couche de Stern », et une deuxième couche de cations mobiles au voisinage
de la surface appelée couche diffuse (Figure 1.12). La limite entre la couche de Stern et celle
diffuse est appelée « plan d’Helmotz » ou plan de cisaillement.

Couche diffuse Solution

Plan de cisaillement

Distance

Figure 1.12 : Schémas de la double couche selon le modèle de Stern (1924).

2.3.3 Conclusions sur les caractéristiques physico-chimiques des argiles


Pour l’ensemble des minéraux argileux gonflants (illite, smectite, interstratifiés), la
forme des particules argileuses leur donne une grande surface spécifique, plus importante que
tous les autres minéraux argileux, donc une capacité d’adsorption en eau et en ions très élevée
(Komornik et David, 1969). Le tableau 1.2 résume les différentes caractéristiques physico-
chimiques de chaque famille d’argile décrite précédemment (§2.2). Les argiles fixent l’eau
par adsorption à leur surface et augmentent de volume par gonflement. Toutefois, la présence

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

de minéraux non argileux dans un sol entraîne une dilution des minéraux argileux, induisant
une surface spécifique totale inférieure à celle de l’argile pure.

Argile Kaolinite Illite Smectite


Type de feuillet 1:1 2:1 2:1
Epaisseur de feuillet (Å) 7 10 9,6
Taille d’une particule (µm) 0,1 - 10 0,1 - 1 0,1
1 - 10 (montmorillonite sodique)
Nombre de feuillets par particule 10 - 150 5 - 20
10 - 40 (montmorillonite calcique)
Surface spécifique (m2.g-1) 10 - 45 65 - 100 700 - 900
*
CEC (méq/100g) 3 - 15 10 - 40 80 - 150
Charge (méq/100g) 5 - 15 20 - 40 80 - 100
+
Matériau interfoliaire - K H2O, Na+, Ca2+
Comportement dans l’eau Non gonflant Peu gonflant Gonflant

Tableau 1.2 : Caractéristiques physico-chimiques des minéraux argileux (Bultel, 2001; Mitchell, 1993; Mrad, 2005)
* La Capacité d’Echange Cationique (CEC) se définie comme le nombre de cations monovalents qu’il est possible de
substituer aux cations compensateurs pour compenser la charge électrique de 100 g de ce minéral calciné, soit la capacité
d’échange qui est liée à la charge négative du feuillet.

Dans le cas des illites et des smectites, la structure du feuillet est la même alors que les
CEC sont différentes. La différence provient du mode de formation des argiles. Dans le cas de
l’illite, les cations intégrés à l’intérieur de la structure sont différents de ceux d’une smectite :
le déficit de charge n’est pas le même et les CEC sont donc différentes. Si les kaolinites ont
une surface spécifique et un pouvoir d’échange cationique faibles, c’est parce que leur
constitution rend l’accès entre les couches minérales presque impossible à cause des fortes
liaisons qui sont établies entre elles. Au contraire, les smectites montrent une très grande
facilité de séparation de leurs couches, ce qui explique l’importance de leur surface spécifique
et du pouvoir d’échange cationique. Les illites constituent un cas intermédiaire où les surfaces
chargées sont seulement les surfaces latérales et basales externes alors que les autres sont
« soudées » par le biais du cation potassium. On note que la présence d’éléments non argileux
réduit considérablement la surface spécifique d’une argile (Saiyouri, 1996).

2.4 La texture des sols argileux


2.4.1 Origine des minéraux argileux
Les sols argileux se forment suivant un processus lent d’altération (désagrégation
physique ou chimique) de minéraux primaires sous l’action du climat, suivi de phénomènes
d’érosion, de transport et de sédimentation (Thorez, 2003). La transformation des minéraux
argileux consiste en une modification du minéral argileux tout en conservant son type de
structure (Millot, 1964). On distingue les transformations par dégradation (soustractions
d’ions) et par agradation (fixation d’ions supplémentaires). Ci-dessous un exemple de
processus de dégradation et d’agradation entre différents types d’argiles, montrant que le
stade ultime de dégradation d’une argile est la montmorillonite.

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Agradation

Illite  Interstratifié I/V  Vermiculite  Interstratifié V/I  Montmorillonite

Dégradation

Les propriétés mécaniques et hydrauliques des argiles sont largement contrôlées à la


fois par leur minéralogie, les interactions eau-argile et par leur texture.

2.4.2 Définition de la texture


Au sens pédologique, la texture est liée à la granulométrie, alors que la structure désigne
d’une part l’assemblage de plusieurs minéraux sous forme d’agrégats et d’autre part
l’arrangement de ces agrégats au sein du matériau (Audiguier, 1979). D’après le dictionnaire
de géologie (Foucault et Raoult, 2001) et l’étymologie du mot en français, la texture regroupe
ces deux notions. Nous utiliserons par la suite le mot texture comme désignant la forme, la
dimension et la disposition des minéraux visibles à l’œil nu et naturellement groupés en une
population au sein du matériau. Les sols argileux naturels, dans leur grande majorité, sont un
mélange de particules agrégées de tailles différentes.
D’après l’analyse faite par Tessier (1984), la constitution des argiles comprend plusieurs
niveaux d’échelle superposés avec (comme décrit au § 2.1.1) :
- les feuillets,
- la particule élémentaire, qui est un empilement de feuillets,
- l’unité morphologique, plus petite unité stable, qui peut être un empilement de
feuillets isolés sous forme de plaquettes (kaolinite) ou un microdomaine (cas des
illites) composé d’agrégats de particules par exemple,
- et l’association des unités morphologiques, soit en contact « bord-face » entre
particules d’argile et caractérisée par une porosité importante, soit en contact « face-
face » et caractérisée par une faible porosité et une forte anisotropie.
C’est donc l’organisation de ces diverses unités en association avec des éléments non
argileux, qui définit la texture d’un sol argileux. D’après Yong et Warkentin (1975), une
diminution des forces de répulsion entre feuillets peut entraîner la floculation des particules
argileuses, c’est le cas des sols gonflants en présence d’une concentration élevée en sel.
Abudullah et al. (1999) ont remarqué que dans le cas d’un sol compacté et pour une teneur en
eau supérieure à celle de l’optimum Proctor, un pH élevé et une faible concentration en
cations échangeables, favorisent une texture dispersée ou orientée. Ces mêmes auteurs,
travaillant sur une argile (Ip = 55 et wL = 107 %) saturée par différents cations, ont montré
que l’association des particules diffère en fonction du cation de saturation, ceci ayant pour
conséquence de modifier les propriétés géotechniques du sol (limites d’Atterberg, potentiel de
gonflement,…).

Ainsi, en fonction de l’évolution et de la transformation des argiles modifiant leur


teneur en eau, certaines sont dites tendres et déformables, on parle alors d’argiles
« plastiques ». D’autres sont peu déformables et présentent un comportement plus fragile et

18
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

au-delà de la limite d’élasticité. Ces argiles sont dites « raides ». D’une manière générale
(Rousset, 1988 cité par Gaombalet, 2004), les argiles dites plastiques présentent des teneurs
en eau importantes (smectites), alors que celles dites « raides » sont marquées par la présence
de carbonates et de quartz qui peuvent leur conférer ce type de comportement. Le caractère
déformable est lié à la minéralogie des argiles mais aussi à l’état de compaction du matériau.
En effet, à grande profondeur, les argiles sont souvent compactes avec une porosité et une
teneur en eau faibles. D’après ces travaux, Rousset (1988) indiquent que la transition entre le
matériau tendre et celui induré peut être caractérisé par le module d’Young, par la résistance
mécanique et par son caractère ductile ou fragile.

2.4.3 Modes d’association des feuillets en milieu aqueux


Partant de la texture des sols, plusieurs classifications texturales ont été élaborées par
différents auteurs (Le Roux, 1972 ; Collins et MacGrown, 1974 ; Gens et Alonso, 1992), dont
quelques exemples sont donnés ci-après. L‘étude systématique de matériaux argileux au
M.E.B (Microscope Electronique à Balayage) par d’autres auteurs (Delage, 1979 ; Audiguier
et Delage, 1987) a permis de cerner l’organisation des particules argileuses et de différencier
les textures entre elles. L’un des premiers auteurs à avoir élaboré, sur la base d’observations
indirectes, un modèle d’agrégation simple des particules argileuses en suspension est Van
Olpen (1977). Le modèle suppose que, dans les suspensions colloïdales trois modes
d’associations de particules peuvent être considérés avec des charges différentes entre les
bords et les faces des particules d’argile. Ces trois modes d’arrangement sont : bord-face (B-
F), bord-bord (B-B) et face-face (F-F) (Figure 1.13).

Figure 1.13 : Arrangement des particules d’argiles en suspension (d’après Van Olphen, 1977,
modifié par Bultel, 2001)

 Organisation bord-face et bord-bord (Figure 1.13)


Les bords des feuillets sont des liaisons rompues de silice et d’alumine. Ils présentent un
caractère amphotère, c’est-à-dire que selon le pH de la solution, ils peuvent être chargés
positivement ou négativement. Sous certaines conditions, les bords des feuillets et les faces
présentent des polarités opposées et développent des forces électrostatiques attractives.
Celles-ci permettraient une organisation des particules en « château de cartes » qui est
responsable d’un piégeage d’eau important et conduit à une structure continue similaire à un
gel. M’Ewan et Pratt (1957) proposent suivant cet arrangement, une structure en trois

19
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

dimensions, à base d’interactions bord-bord, sous forme de « rubans » de feuillets, ce qui


permet d’immobiliser de grandes quantités d’eau.
 Organisation face-face (Figure 1.13)
Elle est due aux interactions des doubles couches électriques de deux feuillets. Elle peut
entraîner l’agrégation des feuillets lorsque les deux doubles couches sont soudées et que les
feuillets ne sont plus séparés que par une couche médiane de cations positifs. Ce type
d’association peut conduire à l’obtention d’agrégats de feuillets parallèles distants de moins
de 20 Ǻ.

Différents autres modèles de texture pour les sols argileux sont proposés dans la
littérature. Ainsi Vali et Bachmann (1988) défendent le modèle de « bande ». Pour eux, les
agrégats seraient composés de feuillets agglomérés par des interactions face-face, mais avec
un recouvrement partiel de leurs surfaces respectives. Dans ce cas, la flexibilité des feuillets
permet d’obtenir un réseau tridimensionnel. D’autre part, Pons et al. (1981) et Tessier (1984)
(Figure 1.14), en utilisant la microscopie électronique, ont démenti la théorie des châteaux de
cartes de Van Olphen (1977). Ils ont suggéré que la structure du gel était une conséquence
d’un réseau alvéolaire de pores lenticulaires formé grâce à la flexibilité des feuillets.

Figure 1.14 : Réseau alvéolaire (Tessier, 1984)

Van Damme et al. (1987) ont proposé un modèle assez proche constitué d’un réseau
lenticulaire connecté et formé par agrégation aléatoire de feuillets. Collins et McGown
(1974), ont repris et complétée la classification de Van Olphen en étudiant des sols naturels
avec une concentration en particules non argileuses non négligeable et en introduisant une
classification des relations existant entre les particules argileuses et les autres grains sableux
ou silteux (Figure 1.15). Différents types d’assemblage sont établis suivant la nature de la
matrice et des agrégats. Dans les travaux de Le Roux (1972) sur des marnes étudiées au MEB,
Audiguier (1979) distingue trois classes de textures principales : une texture homogène (tous
les minéraux sont intimement mélangés sans direction particulière), une texture orientée (une
direction privilégiée apparait dans l’arrangement des grains) et une texture floconneuse ou en
microagrégats. Dans ce cas, la phase argileuse se présente sous forme de flocons
grossièrement sphériques, soit seule, soit associée aux carbonates.
Enfin, Gens et Alonso (1992), en se basant sur les travaux de Collins et McGown
(1974), proposent un autre schéma de texture pour les sols gonflants. Selon les auteurs, les
particules élémentaires sont composées de quelques feuillets sous forme de plaquettes et leur
assemblage donne des agrégats. Si la texture est dominée par l’arrangement de particules
élémentaires, on aura une texture « matricielle », si elle est composée d’agrégats en forme de
grains, on aura une texture « agrégée » (Figure 1.15). Trois niveaux texturaux sont alors

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

distingués : l’infra-texture, la micro-texture et la macro-texture correspondant respectivement


aux particules élémentaires, aux agrégats et à l’arrangement des agrégats entre eux.

Figure 1.15 : Représentation schématique d'assemblage de particules argileuses


et de grains non argileux (d'après Collins et Mc Gown, 1974)

2.5 Les sols argileux gonflants au sens géotechnique


Pour un géotechnicien ou un mécanicien des sols, un sol argileux est un matériau
meuble ou déformable avec une proportion importante en éléments de taille inférieure à 80
µm et 2 µm. Ces éléments sont constitués de minéraux argileux mais aussi d’autres minéraux
non argileux (quartz, feldspaths, carbonates, matière organique décomposée…). La nature et
la proportion des minéraux argileux sont principalement responsables des caractéristiques
géotechniques, du comportement hydrique et mécanique du matériau (plasticité,
compressibilité, retrait et gonflement…).
Les classifications géotechniques des sols utilisées par les acteurs du Génie Civil
permettent de classer les sols et de les positionner suivant des critères précis et différents,
avec :
- à l’échelle internationale, un exemple de classification.
 USCS « Unified Soil Classification System » développée par le « The Corps of
Engineers » (Holtz et Kovacs, 1981). Cette classification se base sur des critères
granulométriques et sur les limites d’Atterberg (Figure 1.16). Ces critères couplés à
ceux mécaniques et hydrauliques permettent de définir des domaines d’utilisation

21
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

pour leur emploi dans le Génie Civil. Les sols argileux correspondent aux « Fine
grained soils with 50 % or more passes n°200 sieve , soit un passant équivalent à un
diamètre de 74 µm en France. En fonction de la limite de liquidité (< ou > à 50 %),
des sous-classes se distinguent telles que ML, CL, OL (Silts and clays with wL ≤ 50
%) et MH, CH, OH (Silts and clays with wL ≥ 50 %).

Major divisions Symbol Group name

well graded gravel, fine to


GW coarse gravel
clean gravel <5% smaller
gravel > 50% of coarse than #200 Sieve
fraction retained on No.4 GP poorly graded gravel
(4.75 mm) sieve
GM silty gravel
gravel with >12% fines
Coarse grained soils GC clayey gravel
> 50% retained on
No200 (0.075 mm) sieve well graded sand, fine to
SW coarse sand
clean sand
sand ≥ 50% of coarse SP poorly-graded sand
fraction passes No.4 sieve
SM silty sand
sand with >12% fines
SC clayey sand

ML silt
silt and clay with liquid inorganic
limit < 50 %
CL clay
organic OL organic silt, organic clay
Fine grained soils
more than 50% passes silt of high plasticity,
MH
No.200 sieve elastic silt
silt and clay with liquid inorganic
clay of high plasticity, fat
limit ≥ 50 % CH clay
organic OH organic clay, organic silt

Highly organic soils Pt peat

Figure 1.16 : Classification de l’USCS (Holtz & Kovacs, 1981)

- en France, deux classifications existent.


 la classification LCPC (1985) : elle repose sur des critères granulométriques (classes
granulaires et critères géométriques de la courbe granulométrique), sur les limites
d’Atterberg et sur la teneur en matière organique (et degré d’humidification). Les
sols argileux correspondent à la classe des « sols fins : MO < 10 % et plus de 50 %
d’éléments fins de dimensions inférieures à 80 µm » avec les sous-classes At, Ap, Lt,
Lp (classification qui s’appuie sur le diagramme de Casagrande) pour des teneurs en
MO < 3 % ; et les sous-classes fO-At, fO-Ap, fO-Lt, fO-Lp pour des teneurs en MO
comprises entre 3 % et 10 %. Cette classification distingue également 8 catégories
pour les sols grenus.

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

 la classification GTR (SETRA-LCPC, 1992 et mis à jour en juillet 2000) (Figure 1.17)
: elle permet de classer les matériaux selon le guide technique « Réalisation des
remblais et couches de forme » et qui s’appuie sur un retour d’expérience de
chantiers sur la réutilisation des matériaux en place. Ce guide, initialement dédié aux
travaux de terrassements d’infrastructures routières, est actuellement largement
appliqué par l’ensemble de la profession (maîtrise d’œuvre, ingénierie, entreprises)
depuis la conception jusqu’à la construction d’ouvrages dans le domaine routier ou
dans le domaine de la construction. La classification des sols est basée à la fois sur
des paramètres de nature (granularité, plasticité et valeur de bleu) et sur des
paramètres d’état (teneur en eau, indice de consistance et poids volumique). Les sols
argileux correspondent aux sols de classe A (tamisât 80 µm > 35 %) avec des sous-
classes A1 à A4 suivant la plasticité croissante des argiles. Ce guide détermine les
modalités de mise en œuvre en fonction de la classe de sol (extraction, traitement,
compactage).

Figure 1.17 : Classification GTR pour les sols fins de type A (SETRA, 1992)

23
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

3. Mécanismes de retrait - gonflement des argiles


3.1 Le Gonflement au sens physico-chimique
Le processus de gonflement met en jeu séparément ou de façon combinée des
phénomènes physico-chimiques et mécaniques variés. Le gonflement d’un sol peut résulter de
la diminution des contraintes en place à la suite d’un déchargement, après une excavation, ou
par imbibition du sol. Il se traduit par une augmentation du volume du sol ou un
accroissement des pressions régnant dans le milieu selon que le matériau peut se déformer ou
non (Serratrice et Soyez, 1996). Il est à noter que l’augmentation de teneur en eau lors d’une
imbibition ne provoque pas toujours une augmentation de volume suivant la nature du
matériau. En effet, un sol sec essentiellement sableux ou silteux peut s’humidifier par
remplacement de l’air contenu dans les vides, sans augmentation conséquente de volume. Par
contre, dans le cas de sols argileux, le gonflement résulte de forces de répulsion qui s’exercent
entre les particules argileuses, entraînant une augmentation de volume à mesure que la teneur
en eau augmente. Le gonflement des particules argileuses, à l’échelle microscopique, est
directement lié à leurs propriétés minéralogiques, électrochimiques et à leurs surfaces
spécifiques qui varient d’une famille d’argiles à l’autre (§2.3.1). D’après Morel (1996) et
Mouroux et al. (1988), le phénomène de gonflement paraît relever de deux causes (Figure
1.18) :
- l’hydratation des espaces interfoliaires, entraînant une augmentation de la porosité
interfoliaire (gonflement interfoliaire ou gonflement cristallin),
- la répulsion entre les particules, soit l’augmentation de la porosité interfoliaire et
interparticulaire pouvant affecter toutes les argiles (gonflement interparticulaire ou
gonflement osmotique).

Figure 1.18 : Mécanismes des causes de gonflement (Gens et Alonso, 1992)

24
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

3.1.1 Hydratation des espaces interfoliaires


Lors de l’hydratation d’une éprouvette d’argile sèche, l’eau pénètre dans l’espace
interfoliaire et s’organise en couches monomoléculaires, puis interagit avec les feuillets et les
cations déjà présents. Cette hydratation favorise la création d’une pression, appelée pression
de disjonction, qui a pour conséquence une augmentation de la distance interfoliaire et donc
un gonflement de l’ensemble des deux feuillets : c’est le gonflement cristallin (Yong, 1999).
Ce gonflement n’est possible que lorsque les liaisons interfeuillets sont très faibles pour
laisser pénétrer l’eau dans l’espace interfoliaire. C’est le cas par exemple de la
montmorillonite. Le phénomène de gonflement est influencé par la nature des cations
interfoliaires. Ainsi la montmorillonite sodique (Na+) gonfle plus qu’une montmorillonite
calcique (Ca2+) (Dardaine et al., 1985; Saiyouri, 1996). En effet, le rayon ionique de Na+ est
plus proche de la taille de la molécule d’eau et son interaction avec cette dernière est plus
faible que pour le cation Ca2+. L’eau se répartit alors plus facilement à la surface du feuillet.
Dans les argiles illitiques, le gonflement cristallin est très faible et il est quasiment inexistant
dans les kaolinites.
D’après Tessier (1990), ce type de gonflement ne représente environ que le dixième du
gonflement macroscopique total d’une argile gonflante. Il est donc nécessaire selon lui
d’envisager un autre mécanisme de gonflement que celui relevant uniquement des seules
variations interfoliaires.

3.1.2 Répulsion entre les particules


Le gonflement osmotique se produit lorsque l’énergie d’hydratation est suffisante pour
franchir la barrière de potentiel due aux forces électrostatiques attractives entre feuillets.
L’adsorption des cations par les particules argileuses et la formation de la double couche
diffuse sont responsables de la répulsion des deux particules (Mitchell, 1993). En effet, dans
une argile sèche, les cations sont fortement adsorbés à la surface des feuillets argileux. Les
cations en excès, par rapport à ceux assurant l’électroneutralité des particules argileuses et des
anions associés, sont présents sous forme de sels. Si l’argile sèche est placée au contact de
l’eau, les sels se dissolvent dans la solution, mais les différents ions se répartissent de manière
non homogène : la concentration en cation devient plus forte au voisinage des surfaces
externes des argiles, tandis que les anions ont plutôt tendance à s’éloigner des surfaces
argileuses. La zone perturbée, ainsi créée par cette répartition non homogène des cations et
des anions, est appelée la double couche diffuse (Bolt, 1956) (cf. §2.3.2). Cette dernière
assure l’électroneutralité du système entre la particule d’argile et la double couche diffuse du
modèle de Stern. La théorie de la double couche diffuse a permis de démontrer
mathématiquement que le recouvrement de deux couches diffuses de même signe est
responsable de la répulsion de deux particules (Van Damme, 2002). Appliquée à la multitude
de particules constituant une éprouvette d’argile, cette théorie permet d’expliquer le
gonflement à l’échelle macroscopique.
Une autre approche plus fréquemment utilisée permet, selon Mitchell (1993),
d’expliquer le gonflement de manière plus pratique : c’est le concept de "pression
osmotique". Dans cette approche, du fait des différences de concentration au sein de la
couche diffuse, des pressions osmotiques sont développées à chaque fois que les doubles

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

couches de deux particules se chevauchent. La surface argileuse chargée négativement


jouerait un rôle comparable à celui d’une membrane semi-perméable, séparant deux solutions
de concentration en sel différentes (aucun cation ne vient cependant traverser la surface
argileuse) (Van Damme, 2002). La différence de pression osmotique créée entre les deux
particules et la solution à l’équilibre environnant les particules d’argile est appelée "pression
de répulsion interparticulaire". On peut alors imaginer qu’à l’échelle macroscopique, ce
phénomène d’origine microscopique, répété un très grand nombre de fois, se répercute par
l’apparition d’un gonflement observable. Rappelons également que le gonflement d’un sol
argileux dépend non seulement de la minéralogie des argiles mais aussi de la texture (Bauer-
Plaindoux et al., 1998) (cf. § 2.4.3), c’est-à-dire de l’agencement du squelette et du réseau
poreux de ces minéraux au sein des autres minéraux constituants le matériau. Sous certaines
conditions, les minéraux argileux gonflants peuvent se retrouver piéger au sein d’une matrice
siliceuse ou carbonatée, créant des complexes susceptibles d’empêcher ou d’annuler le
gonflement de ces minéraux.

En résumé, la pression osmotique joue un rôle prépondérant dans le gonflement des


argiles saturées. Une diminution de contraintes effectives dans le sol se traduit au niveau
macroscopique par le gonflement des argiles. La théorie de la double couche fournit une
interprétation intéressante des phénomènes physico-chimiques sur le plan qualitatif, mais
l’application quantitative de cette théorie aux minéraux argileux ne permet pas toutefois de
caractériser au mieux la texture réelle et complexe d’un matériau argileux. De plus, lorsque
les argiles ne sont plus saturées, suite à une dessiccation répétée par exemple, d’autres forces
deviennent prépondérantes dans l’hydratation des argiles, comme les forces d’attraction dues
aux charges électriques, les forces capillaires de Van der Waals et les forces dérivant de
l’énergie d’hydratation des cations échangeables (Tran Ngoc Lan, 1989). L’ensemble de ces
forces constitue la force de succion qui agit directement sur les molécules d’eau. Cette
succion est faible à nulle pour des sols saturés et très forte pour des sols secs.

3.1.3 Paramètres physico-chimiques influençant le gonflement des argiles

Les variations de volume des sols argileux ne sont pas directement proportionnelles au
pourcentage d’argile, elles dépendent également de leur composition et de leur nature
minéralogique, soit de leur composition physico-chimique (voir §2.3.3 et Tableau 1.1). À
l’échelle du feuillet, trois propriétés jouent un rôle important dans le phénomène de
gonflement. Ce sont la densité de la charge, la CEC et le pH de l’eau interstitielle (Cojean et
al., 2006).

 Influence de la densité de charge spécifique des particules argileuses


La densité de charge surfacique Ds (sans unité) n’est autre que le rapport de la capacité
d’échange cationique CEC (définie au §2.3.3) et de la surface spécifique active de la particule
(Sa). Ce rapport informe sur la capacité d’une particule à en repousser d’autres contenant des
charges de signes similaires.

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

L’augmentation de la densité de charge spécifique fait diminuer la pression de


gonflement (Lefevre et al., 1987 et Israelchvili, 1992). En effet, l’augmentation de la densité
de charge fait qu’elle va attirer beaucoup de cations, ce qui va provoquer une condensation de
la double couche, donc une diminution de son épaisseur. Ceci implique par la suite, une
répulsion moindre entre particules et un gonflement moins important que pour des particules
faiblement chargées.

 Influence de la capacité d’échange cationique et de la surface spécifique


La CEC évolue dans le même sens que la densité de charge spécifique (Ds), car elle lui
est proportionnelle (équation précédente) (Cojean et al., 2006). La CEC représente la capacité
maximale de cations échangeables qu’un sol peut retenir à un pH donné, correspondant à la
somme des sites d’échanges occupés par des cations. Elle exprime également la capacité
tampon du sol, soit sa résistance au changement de pH (Mrad, 2005). Elle est fortement reliée
aux teneurs en argile et en matière organique. Plus la valeur de CEC est élevée, plus les sols
sont riches en minéraux argileux mais les argiles ayant une valeur élevée de CEC auront aussi
tendance à moins gonfler (Lefevre et al., 1987). En effet, l’augmentation de la surface
spécifique active (Sa) entraîne une diminution de la densité de charge surfacique (Ds), et
favorise donc le gonflement des matériaux argileux.
Stucki et al. (2002) ont montré que la réduction du fer et sa substitution dans les sites
tétraédriques au lieu des sites octaédriques, influe directement sur la charge du feuillet et sur
la capacité d’échange cationique (CEC), entraînant une réduction du pouvoir gonflant des
argiles.

 Influence du pH sur la rétention d’eau


Benna et al. (2001) ont étudié l’influence du pH sur la rétention de l’eau d’une
montmorillonite sodique à une concentration massique fixe sous une pression de 1,5 à 5 bars.
Leurs résultats montrent que la rétention d’eau atteint un minimum vers un pH de 7,5. Les
auteurs expliquent que, à ce pH, la répulsion de la double couche diffuse empêche les feuillets
de se rapprocher et de former un réseau rigide. Vers les pH basiques, ce sont les répulsions
électrostatiques qui sont à l’origine de la faible rigidité de la montmorillonite sodique. En
effet, les surfaces et les bords des feuillets sont chargés négativement à ces pH et le système
sera à dominante répulsive. En-dessous, vers les pH acides, c’est plutôt l’interaction bord-face
qui domine, d’où la formation d’un réseau rigide avec par conséquent une rétention d’eau plus
forte.
Jerbi (2002) a étudié l’évolution de la rétention d’eau d’une argile purifiée (70 %
smectite, 28 % illite et 2 % kaolinite) en fonction du pH. Les résultats montrent que la
rétention d’eau atteint un maximum aux alentours de pH 6. L’auteur attribue cela à la
présence de contacts attractifs bord-face, qui entraînent une augmentation du volume occupé
par les particules argileuses, créent ainsi une nouvelle porosité qui retiendra une quantité
d’eau supplémentaire. Lorsque le pH diminue en-dessous de 5, la force ionique du milieu
augmente et entraîne l’effondrement des contacts bord-face, ce qui se traduit par une
compaction du mélange eau-argile.

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

3.2 Le Gonflement au sens mécanique


3.2.1 Introduction
Le phénomène de gonflement, de même que le tassement, peut provenir d’une
modification de l’état de contraintes dans le sol en présence d’eau. Un sol est constitué de 3
phases : une phase solide (les particules solides), une phase liquide (eau interstitielle en
général) et une phase gazeuse (bulles d’air). Le sol est saturé si la phase gazeuse disparait,
c’est-à-dire si tous les vides interparticulaires sont occupés par l’eau interstitielle.
Considérons ici un élément de sol saturé à l’équilibre. Dans un sol saturé soumis à une
contrainte totale σ (géostatique ou surcharge extérieure σe), cette dernière se décompose de la
façon suivante :
σe = σ = σ’+u (Théorie de Terzaghi, 1951)
où u désigne la pression interstitielle de l’eau des pores et σ’ la contrainte effective, c’est-à-dire la
contrainte exercée sur le squelette solide du sol.

Si l’élément de sol considéré est situé sous la nappe phréatique à une cote z, la pression
interstitielle est égale à la pression exercée par la colonne d’eau sus-jacente, soit u0 = γw.z. Si
l’on permet alors au sol de se drainer, un phénomène de consolidation va se développer,
correspondant à l’expulsion de l’eau en surplus. Un nouvel équilibre va alors s’établir pour
l’état de contraintes, avec :
u0 = 0
σ’ = σe
Dans un milieu poreux, l’existence conjointe d’une phase gazeuse et liquide provoque le
développement de ménisques capillaires air-eau. Le développement de ces ménisques dans la
structure du sol est la caractéristique principale d’un milieu non saturé (Delage et Cui, 2000),
et traduit une pression négative de l’eau appelée succion. Si la contrainte σe est alors
supprimée, le même phénomène se produit en sens inverse, et immédiatement :
u = -σe
σ’ = σe

La pression interstitielle u devient négative (succion négative) et opposée à la variation de


contrainte totale. Dans des conditions de libre circulation de l’eau, un phénomène de
gonflement va alors se développer, exprimant l’absorption de l’eau et le transfert d’une
contrainte négative de l’eau sur le squelette solide, jusqu’à l’état final où :
u=0
σ’ = 0
Il est donc possible d’affirmer que si la consolidation exprime une diminution de la pression
interstitielle jusqu’à u0, le gonflement exprime quant à lui la diminution de la succion (-u)
jusqu’à son annulation. La succion capillaire du terrain s’exprime alors par la relation
suivante :
S = ua - uw
où ua représente la pression de l’air dans le sol et uw, la pression interstitielle de l’eau dans le sol.

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

3.2.2 Cinétique du gonflement


Dans la synthèse bibliographique sur le gonflement des sols argileux de Cojean et al.
(2006), écrivent que le processus de gonflement des sols argileux est contrôlé par plusieurs
mécanismes superposés à différentes échelles et s’exprime de manière différée à l’échelle
macroscopique. Par conséquent, la cinétique du gonflement s’exprime par la relation existant
entre la déformation et le temps. Elle est en général très lente en raison de la faible
perméabilité des argiles. Serratrice et Soyez (1996) précisent que la cinématique du
gonflement dépend de la nature des argiles, de leur état hydrique et de leur état de
chargement. Suivant ces auteurs, la courbe de gonflement en fonction du logarithme du temps
(Figure 1.19) est obtenue, soit lors d’un essai de gonflement libre, soit lors d’un palier de
déchargement. La déformation peut se décomposer en deux phases : un gonflement primaire
et un gonflement secondaire (Alonso et al., 1989 ; Serratrice et Soyez, 1996 ; etc…).

Figure 1.19 : Courbe du taux de gonflement en fonction du temps

La figure 1.19 montre que l’évolution du taux de gonflement vertical (∆h/h0) en


fonction du temps suit une loi hyperbolique suivant la relation suivante (Dakshanamurthy,
1978 ; Vayssade, 1978 ; Parceveaux, 1980) :
∆h t avec G : taux de gonflement final pour un temps infini
= G. B : temps de demi-gonflement
h0 B+t
où G et B peuvent être déterminé graphiquement

Le gonflement primaire est une phase relativement rapide, qui est dû à la dissipation de
succion dans les macropores du sol par migration de l’eau dans l’éprouvette à partir de ses
extrémités. Cette phase est contrôlée par le gradient de charge hydraulique et la perméabilité
du sol. Elle dure en général quelques heures à quelques jours suivant le type et l’état de
consolidation initial du sol argileux. La phase de gonflement secondaire est quant à elle liée à
l’hydratation progressive des minéraux argileux de la structure et correspond à un processus
de cinétique très lent d’après Alonso et al. (1989, 1991). Ces faibles vitesses de déformation
sont en accord avec des observations faites dans des massifs de roche autour de tunnels
notamment, où le processus de gonflement peut se dérouler pendant plusieurs années, voire
plusieurs décennies (Steiner et al., 1993).

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

3.2.3 Influence de l’état initial du sol


Les paramètres géotechniques de base tels que la teneur en eau initiale et le poids
volumique sec, définis à l’échelle macroscopique lors de l’échantillonnage, jouent un rôle
important sur le processus de retrait et gonflement des sols argileux. Ces paramètres ont fait
l’objet de très nombreuses études notamment par Komornik et David (1969), Basma et al.
(1996), Chen (1975), Brackley (1973) et Komine & Ogata (1992) qui soutiennent l’idée que
la pression de gonflement est essentiellement une fonction de la densité sèche initiale du
matériau et qu’elle est indépendante de la teneur en eau initiale. Par contre Komornik et
David (1969) et Basma et al. (1996) ont noté que la pression de gonflement des sols augmente
avec la densité sèche initiale et lorsque la teneur en eau initiale diminue, mais sans obtenir de
bonnes corrélations entre les paramètres concernés. L’influence de la teneur en eau est donc
variable, et dépend des caractéristiques du sol comme des conditions d’essai, tandis que la
densité sèche est reconnue comme le facteur ayant le plus d’importance sur le potentiel de
gonflement (Figure 1.20-a). Par ailleurs, El-Sohby et Rabba (1981) ont remarqué que l’effet
de la teneur en eau initiale sur le taux et la pression de gonflement n’est pas significatif
lorsqu’elle est inférieure à la limite de retrait, mais que son effet devient important sur le
gonflement final lorsqu’elle est supérieure à la limite de retrait. Guiras-Skandaji (1996) a
montré que la teneur en eau initiale d’échantillons compactés à la même densité sèche a une
influence considérable sur les caractéristiques du gonflement. Il établit que la pression de
gonflement croit lorsque la teneur en eau initiale diminue (Figure 1.20-b).

Figure 1.20-a : Influence de la densité sèche sur Figure 1.20-b : Influence de la teneur en eau initiale
le gonflement (Sridharan et al., sur la pression de gonflement mesurée
1986) par la méthode de gonflement libre
(d'après Guiras-Skandaji, 1996)

D’autres auteurs ont travaillé en laboratoire sur des argiles plastiques compactées afin
de montrer que la hauteur des échantillons remaniés (Hachichi et Fleureau, 1999) a une
influence importante sur la succion et sur la pression de gonflement (Komine et Ogata, 2003).
Les résultats ont montré que plus l’échantillon est dense, plus le gonflement est important.
Alonso et al. (1999) ont pu observer que la pression de gonflement passe par un maximum
avant de décroître au cours de l’hydratation (Figure 1.21). Des essais à succion contrôlée sur
des échantillons d’argiles de Boom compactés ont donné les mêmes résultats (Romero, 2001).
En même temps que la succion diminue et que la pression de gonflement augmente (Lloret et
al., 2003), la résistance entre les agrégats du sol diminue et à partir d’un certain seuil, les
particules s’effondrent et provoquent la baisse de la pression de gonflement. Ceci indique que

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

la teneur en eau initiale et la densité sèche initiale d’un sol argileux ont un effet sur le taux et
la pression de gonflement. Comme la pression de gonflement et le taux de gonflement d’un
sol argileux dépendent du poids volumique sec initial et de la teneur en eau initiale, ils
dépendent aussi de la succion initiale. En effet, lorsque la succion initiale du sol diminue, sa
capacité d’absorption en eau diminue d’autant jusqu’à saturation du sol, ce qui réduit le taux
de gonflement du sol.

Figure 1.21 : Evolution de la pression de gonflement au cours de l’humidification (Alonso et al., 1999)

Cependant il ne faut pas négliger d’autres paramètres pouvant aussi influencer aussi le
processus de retrait-gonflement in situ et que l’on ne peut reproduire en laboratoire à cause de
l’effet d’échelle. Ces paramètres sont le micro-climat, la topographie, le type de végétation,
l’hydrogéologie et enfin la température de l’air et du sol du lieu d’étude.

3.2.4 Influence de la composition minéralogique


La quantité d’argile gonflante (type smectite) est l’un des premiers facteurs qui
conditionne le gonflement d’un sol argileux. En effet, les propriétés gonflantes du sol seront
d’autant plus marquées que le pourcentage de minéraux expansifs du type smectite sera élevé
(Komine et Ogata, 1994; Tabani, 1999 et Xu et al., 2003). Ainsi à partir d’un mélange de
limons de Xeuilley (Lx) et de bentonite calcique (B), Tabani (1999) montre que le taux de
gonflement passe (∆h/h0) de 6,3 % à 44,4 % lorsque le pourcentage massique de bentonite
augmente de 10 à 100 %. Dans le même temps, la pression de gonflement croît de 205 à 740
kPa (Figure 1.22).

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Figure 1.22 : Taux de gonflement en fonction du pourcentage de bentonite d’après Tabani (1999)

3.2.5 Influence saisonnière


La prise en compte dans les calculs des déformations d’une couche de sol dite
« active », engendrées par des variations saisonnières de teneur en eau (Figure 1.23), a
conduit quelques auteurs à procéder à des essais cycliques de séchage et d’humidification de
matériaux compactés (Day, 1994 ; Al Homoud et al., 1995). L’épaisseur de cette couche
active varie en fonction du milieu naturel et notamment de la présence d’une végétation
importante. En effet, certaines essences d’arbres ont besoin de beaucoup d’eau, et aggravent
l’exposition déjà importante d’un sol argileux en surface par les variations climatiques.

Figure 1.23 : Variation du profil de teneur en eau dans le sol en fonction des saisons (James, 2004)

Dans ces essais, les éprouvettes sont soumises alternativement à des phases d’imbibition
et de séchage par injection d’air dans les plaques poreuses ou par évaporation naturelle. Ceci
provoque dans certains cas, une fatigue du matériau testé avec une diminution de sa capacité à
gonfler ou au contraire, un accroissement du taux de gonflement. Al Homoud et al. (1995) ont
entrepris une étude systématique du gonflement de six argiles différentes et ont montré que
sous l’effet répété de cycles de séchage et d’imbibition les sols présentent des signes de
fatigue. Le premier cycle provoque la plus grande réduction du potentiel de gonflement ;
celui-ci diminue encore pendant les cycles suivants pour se stabiliser au bout de quatre ou
cinq cycles. L’observation des argiles au M.E.B montre un réarrangement progressif des
particules argileuses pendant les cycles qui, par agrégation, conduit à une disposition plus

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

stable des particules vis-à-vis de l’absorption de l’eau. Cependant, compte tenu des faibles
vitesses de gonflement observées en général, la question de la représentativité de ce type
d’essai, réalisé sur des périodes relativement courte, se pose.

3.2.6 Influence de la modification de la pression interstitielle u (succion du sol)


Un changement de l’état hydrique d’un sol conduit à une modification des pressions
interstitielles environnantes. Ces modifications, dans des sols non saturés, entraînent aussi une
modification de la succion (S = ua – uw) et donc de la contrainte effective (σ’) (voir §3.2.1).
Une augmentation de la pression interstitielle uw (ou une réduction de la succion) entraîne un
relâchement de la contrainte effective, ce qui provoque un gonflement ou une augmentation
de l’indice des vides du sol argileux. L’effet de cette pression uw sur le changement de volume
du sol dépend cependant de la contrainte externe appliquée au sol (Cui et al., 2002). Si la
contrainte externe est inférieure à cette pression, la différence se dissipe en entraînant un
écartement des particules argileuses et donc un gonflement macroscopique. À l’inverse, si la
contrainte externe est supérieure, la pression répulsive demeure et aucun gonflement
macroscopique ne se produit.
En revanche, lors d’une diminution de la pression interstitielle uw, une augmentation de
succion se produit, entraînant une augmentation de la contrainte effective σ’ et donc une
diminution du volume de sol (retrait). Ce retrait peut se traduire à la surface par un tassement.
Tant que le sol argileux reste saturé, cette diminution de volume équivaut au volume d’eau
extrait pour un sol saturé (Bigot et Zerhouni, 2000). Une augmentation de succion du sol
argileux peut être provoquée par tous les phénomènes conduisant à une diminution de la
teneur en eau, telle qu’une dessiccation liée à la sécheresse, une baisse du niveau de la nappe
phréatique, une absorption de l’eau du sol par les végétaux, une évaporation de surface due au
vent, etc…Dans le cas d’une dessiccation, l’augmentation de succion est généralement
concentrée dans la partie superficielle du sol et conduit à un retrait, parfois accompagné de
fissuration (Bigot et Zerhouni, 2000).

3.3 Le mécanisme du retrait, une sollicitation hydrique


Au cours de la dessiccation, les particules argileuses suivent en sens inverse le
processus d’humidification qui est réversible mais non symétrique pour un sol argileux. La
dessiccation tend à augmenter le nombre de feuillets par empilement élémentaire, au contraire
du gonflement qui les divisent. Cependant, la réorganisation de la phase solide dépend
fortement des niveaux de succion appliquée (Tessier, 1984 ; Wilding et Tessier, 1988). Ainsi,
d’après Tessier (1991), trois étapes successives peuvent être considérées au cours de la
dessiccation d’une montmorillonite calcique. Tout d’abord entre 0 et 1 MPa, l’augmentation
de succion provoque le départ d’eau située entre les empilements élémentaires, ce qui a pour
effet de diminuer la distance interfoliaire. Ce phénomène se poursuit entre 1 et 5 MPa environ
où l’eau de l’espace interfoliaire tend à être éliminée, la distance interfoliaire diminue et le
nombre de feuillets par particule augmente. Au-delà de 5 MPa, l’état d’hydratation de
l’espace interfoliaire change, l’eau interfoliaire tend à s’éliminer. Le nombre de feuillets par
empilement élémentaire continue de croître. Le départ progressif de l’eau provoque ainsi une
réduction de volume de la particule argileuse par diminution de la distance interfoliaire. Cette

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

réduction du volume des particules argileuses produit une contraction macroscopique du


matériau : c’est le phénomène de retrait (Figure 1.24).

Figure 1.24 : Représentation schématique de l'évolution du volume apparent d'argiles au cours de la


première dessiccation en fonction de la succion (de 0,001 bar à 1000 bar) (Tessier, 1984)

Cette contraction du matériau par dessiccation s’interrompt à partir d’un certain seuil de
succion où l’air occupe tous les espaces des macropores jusqu’à atteindre l’état de volume
constant. Dans ce cas, la teneur en eau correspondante atteint la limite de retrait. La courbe de
retrait qui lie l’indice des vides (e = Vv/Vs) à la teneur en eau volumique permet
de caractériser les variations de volume d’un matériau argileux au cours de la dessiccation et
ainsi comprendre le mécanisme de retrait (Figure 1.25). Il y a au cours de la dessiccation le
développement d’une macroporosité due à la contraction des agrégats.

e (-) = Vv/Vs

ω (%) = Vw/Vs

Figure 1.25 : Représentation schématique de la courbe de retrait d’une argile (d’après Tessier, 1984)

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Au cours du départ de l’eau des macropores, au début du processus de séchage, le


volume d’eau évaporé est compensé par une égale diminution du volume des vides internes,
ce qui est appelé le « retrait normal » (domaine A) (Sitharam et al, 1995). Lorsqu’une partie
de l’eau a été expulsée, l’air pénètre dans le réseau poreux au point entrée d’air. Ce domaine
correspond ainsi au domaine saturé, accompagné de variations des propriétés mécaniques du
sol. La cohésion devient telle que la dessiccation n’est plus suffisante pour provoquer une
variation significative du volume de l’échantillon. Le sol se dessèche, la teneur en eau
continue à décroître, la diminution de volume se poursuit à cause d’une réorganisation de la
matrice argileuse mais avec une amplitude qui devient de plus en plus faible. La diminution
de volume n’est plus alors proportionnelle à la variation de teneur en eau, jusqu’à devenir
quasi nulle. Le domaine B est appelé domaine de « retrait résiduel ». Le domaine C
commence à la limite de retrait, là où les points de contact entre les particules argileuses sont
maxima et où le volume ne varie plus malgré le départ de l’eau. Le domaine C (limite de
retrait) correspond à la teneur en eau pour laquelle le sol commence à se désaturer sans
déformation. Au-dessus de la limite de retrait, la déformation volumique est une fonction
linéaire de la teneur en eau. Cette linéarité est en général bien établie pour la plupart des
argiles (Sitharam et al., 1995 ; Cui et Delage, 1996).
Les observations réalisées au M.E.B par Tessier (1984) montrent que la première
dessiccation favorise une réorganisation de la microstructure du sol, allant vers une
orientation préférentielle des particules pour de faibles succions jusqu’à 0,1 MPa, suivie
ensuite d’une désorganisation. Dans le cas de smectites, on observe une réduction de la taille
des pores et une diminution de leur nombre. Pour les illites et kaolinites, on observe une
réorganisation des particules qui tendent à se disposer face à face. Cette étude montre que la
dessiccation change la configuration de la microstructure, l’orientation et la surface spécifique
des particules (Tessier, 1984).

3.4. Evolution de la structure des argiles en fonction des différentes


sollicitations
Il a été défini précédemment que les sols argileux s’organisent différemment suivant
l’échelle d’étude. À chaque échelle correspond un état d’organisation spécifique (voir §2.4.3),
correspondant aussi à une structure et à une texture d’un état d’équilibre dans des conditions
données. La modification des conditions hydriques et/ou mécaniques va provoquer une
modification de la structure et de la texture, comme l’a montré les travaux des auteurs par
l’étude de l’évolution de la texture lors de l’humidification et/ou retrait.

3.4.1 Evolution de la texture au cours du gonflement/humidification


La dessiccation et/ou l’humidification entraînent une réorganisation de la phase solide.
La variation de la texture des sols au cours du gonflement peut être étudiée à l’aide de deux
techniques complémentaires, la microscopie électronique à balayage (M.E.B) et la
porosimétrie par injection de mercure. Le M.E.B permet de visualiser la texture des sols avec
l’arrangement des particules, l’estimation des rayons de pores, la taille des particules et les
éléments non argileux. La porosimétrie à mercure permet de quantifier le réseau poreux des
sols argileux par la mesure des rayons de pores, terme indispensable à connaître étant donné

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

que la dilatation volumique est à l’origine du gonflement macroscopique. Grâce à ces deux
techniques, Vayssade (1978) et Parcevaux (1980) ont obtenu des résultats très significatifs sur
des argiles composées essentiellement de kaolinite, et des résultats moins probants sur un
interstratifié : illite-smectite de l’argile verte de Villejuif, de l’argile de Provins et de Fausses
glaises. Leurs observations au M.E.B ont montré que les sols étudiés ont à l’état naturel une
texture assez compacte, constituée d’agrégats argileux plus ou moins individualisés et tassés
les uns contre les autres. Au cours du gonflement, cette texture évolue vers une configuration
en agrégats séparés par des pores de géométrie plutôt bidimensionnelle. La taille des agrégats
diminue et l’épaisseur des pores augmente au fur et à mesure du gonflement comme cela est
illustré à la figure 1.26 (Parceveaux, 1980).

Figure 1.26 : Evolution de la texture des sols au cours du gonflement d’après Parceveaux (1980)

Par injection de mercure, deux classes de pores ont été mises en évidence pour la
plupart des sols étudiés avec des :
- pores intra-agrégats (rayon de pores < 0,05 mm),
- pores inter-agrégats (rayon de pores > 0,05 mm).

Il apparaît que la classe de pores intra-agrégats ne varie pas au cours du gonflement.


L’augmentation de la porosité est due uniquement à l’augmentation de la porosité inter-
agrégats et correspond à une croissance des rayons de pores au cours du gonflement
(Parceveaux, 1980). Cette étude montre que le gonflement des sols argileux saturés, ne
contenant pas de grande quantité de minéraux dits « gonflants » (smectites), se produit au
niveau des zones de faible résistance, comme des fissures dans le sol (pores bidimensionnels),
individualisant ainsi un réseau tridimensionnel d’agrégats.

Bigorre et al. (2000) confirment que l’évolution texturale et structurale des argiles a des
répercussions directes sur le comportement hydrique des sols. Elle est due à la redistribution
des argiles dans les profils pédogéniques. Ces auteurs ont ainsi mis en relation l’évolution des
propriétés de surface des sols argileux et leur comportement hydrique (Figure 1.27).

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Figure 1.27 : Evolution des minéraux argileux durant la pédogénèse en relation avec les propriétés
hydriques du sol d'après Bigorre et al. (2000)

Troalen et al. (1984) ont également utilisé le M.E.B pour analyser les mécanismes du
gonflement de matériaux argileux de la région du Caire. Il s’agissait d’argilites massives et
argilites litées dont la fraction argileuse était essentiellement composée de montmorillonite
(argiles gonflantes). Les résultats du gonflement sur un échantillon d’argilite massive ont
révélé une microtexture finale, après gonflement, serrée dans une direction et plus lâche dans
une autre, caractérisant un comportement anisotrope (Figure 1.28-b). Dans certains
échantillons s’observe un réarrangement des agrégats argileux avec une diminution de la taille
des particules et une fermeture plus ou moins marquée des discontinuités. Dans le cas des
argilites litées, pour lesquelles les paramètres physico-chimiques et minéralogiques sont
voisins, les microtextures finales après gonflement sont relativement serrées et denses
comparées à celles initiales (Figure 1.28-a).

Figure 1.28 a et b : Observations au M.E.B d'une texture argileuse (Troalen et al, 1984)

Ces expériences montrent que le gonflement se traduit par des ouvertures entre les
feuillets argileux, compensées par la fermeture partielle ou totale des discontinuités initiales,

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

soit des espaces inter-agrégats (Figure 1.28-b). Ces exemples confirment que pour les
smectites, le gonflement interfoliaire prend une ampleur considérable, et que les micro-
textures jouent un rôle essentiel lors du gonflement. L’évolution de la texture en est d’autant
plus nette et significative que le matériau est plus fin et plus riche en minéraux argileux. Sous
un climat tempéré, la présence de smectites va conduire à une déstructuration progressive du
sol. En été, les smectites se déshydratent avec la formation de fissures, et en hiver elles
gonflent refermant plus ou moins partiellement les fissures existantes (Figure 1.29).

Figure 1.29 : Destructuration d’un sol à cause du gonflement des argiles (La Nature, 1981 cité
dans cours Géologie des Argiles )

3.4.2 Influence d’une sollicitation mécanique


Les travaux de Delage et al. (1984) sur une argile de Québec, et de Qi Yun (1996) sur
une laponite sodique (Na) ont montré que la réduction d’indice des vides au cours d’une
sollicitation mécanique se traduisait par une réduction de la macroporosité, la microstructure
restant pratiquement inchangée. En effet, l’application de contraintes extérieures tend dans un
premier temps à rapprocher les agrégats, ensuite à les aplatir, puis à les souder si les
sollicitations deviennent importantes.

3.4.3 Influence de la valence des cations compensateurs


L’amplitude du gonflement d’un sol argileux varie suivant la nature des cations fixés
sur les minéraux argileux qu’il contient. En effet, la valence de ces cations est inversement
proportionnelle à l’épaisseur de la double couche diffuse (voir §2.3.2), ce qui tend à diminuer
la capacité du matériau à gonfler. Ceci peut expliquer les différences de comportement entre
les argiles sodiques (Na+) et les argiles calciques (Ca2+).
De la même manière, la valence des cations de l’eau d’hydratation du matériau doit être
faible pour provoquer un gonflement plus important (Dardaine et al., 1986). Lin (2000) a
confirmé que suivant la nature du cation contenu dans la solution interstitielle du sol, le
gonflement est différent. Si le cation a une valence élevée, le potentiel de gonflement est
moins important.

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

3.5 Comportement hydromécanique des sols gonflants


Les parties précédentes ont permis de montrer que la structure d’un sol gonflant-
rétractant est extrêmement sensible à toute modification de succion ou de contrainte
mécanique. La suite de cette partie va s’attacher à faire une synthèse bibliographique des
nombreux travaux réalisés à l’œdomètre et au triaxial à succion contrôlée, se consacrant aux
relations misent en évidence entre la modification de paramètres du sol et leur contrôle sur
son comportement hydromécanique. L’étude porte sur la variation des paramètres
hydromécaniques d’un sol en fonction de son état hydrique, soit la succion. Le cas d’un sol à
l’état saturé sera d’abord évoqué, avant de présenter celui d’un sol non saturé.

Il faut préciser que la succion est une grandeur physique difficile à mesurer autant en
laboratoire que sur le terrain. Elle nécessite diverses techniques de façon à couvrir toute la
gamme des succions rencontrées dans les sols, et pouvant atteindre plusieurs centaines de
méga pascals (Cui & Delage, 1996). On utilise souvent des pierres poreuses céramiques de
très fine porosité ou la tensiométrie (Mantho, 2005). Plusieurs techniques existent si l’on
cherche à imposer une succion constante telles que la méthode osmotique (Delage et Cui,
2000), la méthode par translation d’axe (Richards, 1935) et la méthode des solutions salines
(cité par Cuisinier, 2002).

3.5.1 Etat saturé (succion nulle)


La compressibilité d’un matériau argileux est très dépendante du type d’argile qu’il
contient. En effet, un sol à dominante kaolinite est moins compressible qu’un sol contenant de
la montmorillonite, de même qu’une montmorillonite sodique est plus compressible qu’une
montmorillonite calcique. Olson & Mesri (1971) et Shridharan et Rao (1986) ont montré
l’existence de deux phénomènes déterminant la compressibilité d’une argile à l’état saturé :
- un mécanisme contrôlé par les résistances au cisaillement entre les différents feuillets,
que l’on qualifiera de « modèle mécanique »,
- un modèle « physico-chimique » gouverné par les forces électrochimiques.
Les argiles type kaolinite sont plutôt gouvernées par les phénomènes mécaniques tandis que
les montmorillonites sont régies par les aspects physico-chimiques, ce qui explique que la
compressibilité d’une smectite sodique soit différente de celle d’une smectite calcique.

Mollins et al. (1996) montrent que lors du chargement mécanique d’un mélange sable-
bentonite, il existe deux zones distinctes en fonction de la contrainte appliquée. Sous faible
charge, le comportement est caractéristique de celui de la bentonite. À forte charge, une partie
de l’effort est repris par les grains de sable, et le comportement tend vers celui du sable.
Mollins et al. (1996) montrent que la limite entre ces deux zones est fonction de la teneur en
particules argileuses du mélange. Les hypothèses avancées par Graham et al. (1986), selon
lesquelles la distribution des contraintes dans le mélange combine une relation entre les grains
de sables peu compressibles et les argiles au comportement régi par la double couche, peuvent
expliquer le comportement mis en évidence par Mollins et al. (1996).

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

3.5.2 Etat non saturé


a) Courbe de rétention hydrique
La courbe de rétention hydrique d’un sol gonflant est très dépendante des conditions
initiales dans lesquelles s’effectue sa détermination. La figure 1.30 reproduit la courbe de
rétention hydrique d’une argile gonflante de Boom, provenant du Sud-Ouest de la France. Les
travaux de Romero et al. (1999) montrent que la densité influence la courbe de rétention
uniquement au-dessous d’une succion de 2 MPa. Partant du fait que la densité ne joue que sur
la quantité et la taille des macropores, les auteurs supposent qu’en deçà de 2 MPa, la courbe
de rétention hydrique est contrôlée par les macropores et qu’au-delà elle est contrôlée par les
micropores.

Figure 1.30 : Influence sur la courbe de rétention hydrique du poids volumique sec initial
(Romero et al. 1999)

b) Comportement volumique de sols gonflants lors de cycles de succion


Robinet et al. (1996) ont réalisé à l’œdomètre des essais cycliques de drainage-
humidification sous contrainte verticale constante de 5,5 MPa, sur un échantillon d’argile
consolidée de Boom. Les résultats obtenus sont représentés sur la figure 1.28 et montrent une
réponse de cette argile analogue à celle observée dans les mêmes conditions sur le limon de
Jossigny (sol non gonflant) (Vicol, 1990). L’évolution de l’indice des vides en fonction de la
succion fait apparaître trois zones :
- une première zone de faible variation de l’indice des vides, associée aux faibles
valeurs de succion (S ≤ 2 MPa), correspondant à un comportement de type
surconsolidé ;
- une seconde zone dont le comportement est de type normalement consolidé, avec des
variations de succion entre 2 et 20 MPa et une variation significative de l’indice des
vides ;

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

- une troisième zone, qui correspond aux valeurs de succions supérieures à 20 MPa,
pour laquelle la variation de l’indice des vides est faible et réversible. Dans cette
dernière phase, les déformations sont élastiques.
Ces résultats montrent également qu’un cycle de dessiccation-humidification entraîne
un retrait irréversible. Comme dans le cas de sols non gonflants (Vicol, 1990), on constate que
la pente de la partie en humidification (DE) est quasiment égale à celle de la partie
surconsolidée en séchage (AB) (Figure 1.31). Biarez et al. (1988) et Fleureau et al. (1993) ont
obtenu le même type de comportement à partir d’une montmorillonite Ca remaniée pour les
premiers auteurs, et à partir d’un interstratifié du type S/K provenant du Sud-Ouest de la
France pour les troisièmes auteurs (Figure 1.32).

Figure 1.31 : Variation de l’indice des vides en fonction de la succion pour un échantillon
d’argile de Boom sous contrainte verticale de 5,5 MPa (Robinet et al. 1997)

Figure 1.32 : Comportement d’une pâte d’argile plastique FoCa lors d’un cycle de drainage-
humidification (Fleureau et al. 1983)

Pour certains auteurs, l’apparition de déformations irréversibles au cours de cycle(s) de


succion est associée à la nature de l’argile et à la compacité du matériau testé (Tessier, 1984).
Pour examiner le rôle de la préconsolidation mécanique sur les irréversibilités sous cycle
hydrique, Pakzad (1995) a réalisé des essais de séchage-humidification sur des argiles
gonflantes (smectite) et non gonflante (kaolinite). Les échantillons utilisés sont initialement
saturés et fortement consolidés sous trois contraintes verticales différentes (respectivement 0,5
– 2 – 5 MPa). Ils sont ensuite soumis à un cycle de séchage-humidification à l’œdomètre entre
0 et 300 MPa de succion imposée sous contraintes verticales avec des consolidations égales et
constantes.

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Figure 1.33 : Variation de l’indice des vides avec la succion au cours d’un cycle de séchage-humidification
d’échantillons compactés sous différentes pressions de consolidation (Pakzad, 1995).

Les résultats, présentés à la figure 1.33, font apparaître une déformation irréversible qui
diminue lorsque la contrainte de consolidation augmente. Dans ces conditions, la dessiccation
d’une smectite provoque la coalescence irréversible de plusieurs unités cristallines, et ainsi la
création de particules de plus grande taille. Ceci modifie les propriétés de gonflement de ces
argiles affectées de manière irréversible par la dessiccation. Ces auteurs notent en même
temps que le comportement du sol au cours de l’humidification dépend du degré de
dessiccation subi par le matériau. Ainsi, plus le matériau aura été amené à une succion élevée,
plus les particules créées seront de grande taille. Ces conclusions sont appuyées par les
observations de Basma et al. (1996) qui constatent que le séchage tend à provoquer une
restructuration irréversible du sol, dépendante du degré de dessiccation atteint.

c) Influence des cycles de succion sur les propriétés de gonflement


Les observations précédentes peuvent être complétées par les résultats des auteurs qu
ont étudié l’évolution des propriétés du potentiel de gonflement ou la pression de gonflement
au cours de cycles hydriques successifs sur différents types de matériaux (Figure 1.34). Il
apparaît suivant ce type d’argile qu’une partie des résultats mettent en évidence une
« fatigue » ou diminution du potentiel de gonflement, alors que l’autre partie des résultats
dénote une augmentation de celui-ci au fil des cycles.

Figure 1.34 : Variation du potentiel de gonflement selon différents auteurs.

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Ainsi, les travaux d’Al-Hamoud et al. (1995) ont mis en évidence la diminution des
propriétés du gonflement avec le nombre de cycles à partir de six échantillons intacts de sols
argileux (Figures 1.34 et 1.35). Ils montrent un phénomène de fatigue du potentiel et de la
pression de gonflement avec le nombre de cycles d’humidification-séchage, dont le premier
cycle cause la réduction maximale du potentiel de gonflement. Un équilibre est atteint après 4
à 5 cycles. Les auteurs attribuent ce phénomène de fatigue au réarrangement continu des
particules de sol argileux durant les sollicitations hydriques, conduisant de plus en plus à la
destruction de la structure interne de l’argile qui se traduit par une baisse de sa capacité à
gonfler.

Figure 1.35 : Evolution des propriétés de gonflement avec le nombre de cycles hydriques sur six sols
argileux intacts (Al-Hamoud et al., 1995)

Des résultats concordants ont été trouvés par Dif et Bluemel (1991) (Figure 1.34) en
réalisant des essais d’humidification-séchage sur des sols intacts contenant entre 60 et 69 %
d’argiles. Toutefois, le phénomène inverse (augmentation du potentiel de gonflement au fil
des cycles) a été mis en évidence par d’autres auteurs tels que Osipov et al. (1987). Ils ont pu
observer, sur cinq types de sols argileux, que la pression et le potentiel de gonflement
augmentent avec le nombre de cycles en utilisant à la fois des échantillons intacts et remaniés
(Figure 1.34). Dans son étude sur un silt argileux compacté du côté humide de l’optimum
Proctor modifié, Day (1994) a observé que l’amplitude du retrait et gonflement augmente de
façon importante à partir du troisième cycle (Figure 1.34) et d’un cycle à l’autre (Figure 1.36).
L’auteur a expliqué ce phénomène par la destruction, suite aux cycles d’humidification-
séchage, de la structure argileuse après compactage à une teneur en eau située du côté humide
de l’optimum Proctor ; ce qui induit un gonflement plus important. Ce même auteur a constaté
en 1995, à partir d’une étude sur un mélange de 80 % de quartz et 20 % de montmorillonite
compacté à différentes teneurs en eau (w = 10 % : compactage du côté sec et w = 30 % :
compactage du côté humide), que la teneur en eau initiale de compactage jouait un rôle
important sur le potentiel de gonflement. Dans ce cas, le sol semble manifester un phénomène
de fatigue pour un compactage du côté sec (w = 10 %), et une augmentation du potentiel de
gonflement pour un compactage du côté humide (w = 30 %). Après un certain nombre de
cycles, l’amplitude du retrait-gonflement se stabilise (Figure 1.36).

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Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Figure 1.36 : Essais de retrait-gonflement réalisés sur un silt argileux compacté du côté humide de
l’optimum Proctor modifié (Day, 1994)

d) Influence du chemin de contrainte sur les déformations


Dans le cas d’un sol non saturé et non gonflant, il est admis que le résultat d’un essai est
indépendant du chemin de contrainte suivi si la succion n’est pas augmentée au cours de
l’essai (Mrad, 2005). Dans le cas des sols non saturés, les résultats de Villar (1999) puis de
Cuisinier (2002) obtenus sur une bentonite compactée à 1,7 g.cm-3 pour le premier et sur des
sols gonflants (mélange limon-bentonite compacté) pour le second montrent qu’une
humidification en cours d’essai sous une charge verticale variable modifie l’indice des vides
final suivant le chemin de contraintes suivi. La figure 1.37-a représente les chemins de
contrainte suivis et le figure 1.37-b la variation de l’indice des vides en fonction de la succion
(avec une succion initiale de 100 MPa).

Figure 1.37 : Influence du chemin de contrainte sur les déformations : a) chemin suivis ; b) variations
de l’indice des vides (Villar, 1999)

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Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Les essais EDS 1-5, EDS 5-5 et EDS 4-7 mènent à un indice des vides final
significativement différent avec la même variation de succion imposée. Le résultat de l’essai
EDS 3-9 est à mettre à part vu que la succion est augmentée au début de l’essai et induit donc
un indice des vides final très différent de ceux obtenus par les autres chemins de contraintes.
Ces essais indiquent que l’indice des vides dépend du chemin de contrainte qui a été suivi
pour des sols argileux gonflants. Les mêmes chemins réalisés avec des sols argileux non
gonflants auraient tous abouti au même indice des vides initial.

L’ensemble de ces études montre l’extrême sensibilité des propriétés hydromécaniques


des sols argileux gonflants à toute variation de succion et l’importance du nombre de cycles
d’humidification–séchage, entraînant soit une densification soit un gonflement du sol d’un
cycle à l’autre selon son état initial. Toutefois une stabilisation est atteinte à partir du
troisième ou quatrième cycle (Figure 1.35). Ces données permettent d’élaborer différents
modèles de comportements hydromécaniques des sols argileux non saturés et gonflants, dont
nous présenterons quelques exemples ci-après.

3.6 Modélisation du comportement des sols non saturés


Dans cette partie, les concepts généraux des modèles utilisés en milieu non saturé sont
présentés à partir des concepts de la mécanique des sols développés par Terzaghi (1951).

3.6.1 Modélisation du comportement de sols non saturés peu gonflants


Le concept de Terzaghi (1951), utilisant la notion des contraintes effectives dans la
prédiction du comportement des sols saturés, a été validé au cours des recherches et a conduit
de nombreux auteurs à étendre ce principe aux sols non saturés (Bishop, 1959 ; Lambe, 1960,
etc…). Les expressions proposées par ces auteurs ont montré une certaine concordance dans
la prise en compte de paramètres tels que les contraintes totales, la pression interstitielle
négative et les contraintes effectives. L’expression la plus répandue pour le calcul de la
contrainte effective est celle de Bishop (1959), faisant intervenir la pression de l’air ua et la
pression de l’eau uw :
σ’ = (σ-ua) + χ(ua-uw)

Dans cette relation, le paramètre χ est le coefficient pondérateur de Bishop, qui varie de
0 pour un sol sec à 1 pour un sol humide. Cependant, l’évaluation des variations volumiques
dans les sols non saturés à l’aide de cette équation a montré ses limites, notamment car :
- ce principe ne peut prévoir le phénomène « d’effondrement » d’un sol lorsque celui-ci
est réhumidifié sous charge constante. En effet, lorsqu’un sol non saturé est humidifié
sous charge verticale, on observe un léger gonflement et suivant la charge appliquée,
une réduction de l’indice des vides qui peut se produire lors de la mise en eau : c’est le
phénomène d’effondrement,
- la détermination du paramètre χ est difficile à obtenir expérimentalement car ce
paramètre dépend de nombreux facteurs tels que le degré de saturation et le chemin de
contraintes suivi.

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Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Parmi les modèles destinés aux sols non saturés et s’appuyant sur ce concept, le modèle
de Barcelone BBM (Barcelone Basic Model) pour les sols non saturés, présenté par Alonso et
al. (1989 et 1991) permet de rendre compte des caractéristiques du comportement des sols
non saturés. Ce modèle, basé sur la théorie de l’élasto-plasticité, est une extension du modèle
de Cam-Clay modifié dans le domaine des succions non nulles et s’applique aux sols
faiblement gonflants (sables, limons, argiles sableuses et peu plastiques). Il a été conçu et
formulé pour des états de contraintes isotropes et triaxiales. Nous ne décrirons pas le détail de
ce modèle dans ce paragraphe. Toutefois, il a été établi que ce modèle permet de décrire
correctement la plupart des phénomènes observés dans les sols non saturés, notamment
l’effondrement sous charge, l’augmentation de la pression de préconsolidation avec la succion
et la dépendance du résultat du chemin de contrainte. Cependant, les limites du modèle élasto-
plastique sont décelées pour décrire le comportement des sols fortement expansifs. Ceci est dû
principalement à la structure plus complexe des sols argileux, à l’influence de l’état initial et
du chemin de contraintes suivi lors du gonflement et des pressions de gonflement (Brackley,
1973 ; Justo et al., 1984, cité par Mrad, 2005). C’est pourquoi les auteurs du modèle BBM ont
proposé une évolution de celui-ci destiné aux sols fortement expansifs : il s’agit du modèle
BExM (Barcelona Expansive Model) (Gens et Alonso, 1992 ; Alonso et al., 1999). Pour
décrire les phénomènes constatés expérimentalement sur des sols gonflants, Gens et Alonso
(1992) et Alonso et al. (1999) considèrent une structure simple à deux échelles : la
microstructure qui correspond aux minéraux actifs de l’argile constituant les agrégats, et la
macrostructure qui tient compte du reste de la structure et de l’arrangement des agrégats.
L’élaboration de ce modèle repose sur un certain nombre d’hypothèses :
- la microstructure reste saturée quel que soit le niveau de succion ; le concept de
contrainte effective est considéré comme applicable à cette échelle,
- les déformations de la microstructure seront considérées élastiques et volumiques,
- les équilibres mécaniques, hydriques et chimiques sont réalisés entre la macro et la
microstructure,
- le couplage entre la microstructure et la macrostructure se traduit par la possibilité de
création de déformations plastiques macrostructurales à partir des déformations
microstructurales élastiques,
- le comportement de la microstructure est indépendant du comportement de la
macrostructure, l’inverse n’étant pas vrai.
Ces hypothèses imposent que les déformations microstructurales élastiques d’un sol
argileux affectent l’organisation de la macrostructure. Ce modèle définit un domaine élastique
limité par deux surfaces de charges (SD) d’un agrégat. La première de ces surfaces de charge
reproduit l’augmentation de la pression de préconsolidation avec la succion (surface de charge
SD pour « Suction Decrease »). La deuxième surface SD permet de rendre compte de
l’apparition des déformations plastiques au cours de la dessiccation d’un matériau argileux
au-delà d’un certain seuil de succion. Il s’agit de la SI (Suction Increase). Au-delà d’un
certain seuil de variation de la contrainte effective à l’échelle microstructurale, les
déformations macrostructurales plastiques apparaissent avec deux cas possibles :

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

- soit la contrainte effective diminue, la microstructure gonfle provoquant l’apparition


d’un gonflement irréversible à partir d’un certain seuil, ce qui permet de définir la
surface de charge SD,
- soit la contrainte effective augmente, la microstructure se rétracte créant une réduction
irréversible de volume à partir d’un certain seuil, ce qui permet de définir la surface de
charge SI.

L’introduction de la surface de charge SD dans le modèle BExM permet de reproduire le


gonflement irréversible lors d’une humidification. De même, ce modèle autorise la
modélisation des variations de volume enregistrées au cours des cycles de séchage-
humidification successifs en intégrant l’influence de la charge verticale. Il permet d’introduire
également un couplage entre le gonflement du sol et son comportement mécanique, mais
celui-ci reste difficile à déterminer expérimentalement. De plus, le modèle nécessite que la
microstructure reste saturée quelque soit le niveau de succion, ce qui n’est pas forcément
vérifié dans la gamme des très fortes succions. L’utilisation de ce modèle apparait donc
complexe en raison du nombre important d’essais nécessaires pour définir les surfaces de
charge qu’il propose.

Les études expérimentales réalisées par Cui et al. (1998) et Yahia-Aïssa (1999) ont mis
en évidence un seuil de densité au-dessus duquel l’effondrement n’est plus observé. Dans ce
cas, l’hydratation se traduit uniquement par un gonflement, même sous fortes contraintes.
L’aspect réversible au niveau microscopique semble ainsi s’étendre au niveau macroscopique
pour de fortes densités du fait de la disparition de la macroporosité. Cette réversibilité permet
aux auteurs d’aboutir à un modèle non linéaire de comportement élastique assez simple, vu
qu’il nécessite seulement six paramètres. Toutefois, ce modèle reste encore à être valider sur
d’autres matériaux gonflants fortement compactés.

3.7 CONCLUSION
Dans cette partie consacrée à la description des familles d’argiles et à leur
comportement au retrait et gonflement, nous avons utilisé différentes échelles d’observations.
L’analyse microscopique a permis de mettre en évidence plusieurs amplitudes de gonflement
suivant la nature minéralogique des argiles et l’état ionique de l’eau interstitielle. Ainsi,
lorsque le matériau est saturé, on constate qu’une interaction notable se produit entre les
particules argileuses, à l’échelle du feuillet, et les types de cations en solution dans l’eau
interstitielle. Cette affinité induit un taux de gonflement d’autant plus important que le sol
contiendra d’un nombre important de particules argileuses, comportant des minéraux argileux
dits « gonflants ». Cette combinaison donne un comportement plastique au squelette du sol.
Nous avons de même montré la complexité du système « eau-argile », avec notamment
les diverses interactions physico-chimiques possible entre la phase liquide et solide, et
reconnues à l’échelle microscopique. On a aussi constaté que l’analyse minéralogique et
chimique ne permettait pas d’interpréter toutes les manifestations macroscopiques du
gonflement et que l’arrangement des différentes particules d’un sol, c’est-à-dire la texture,

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

avait une influence importante sur l’évolution du gonflement. Les observations au M.E.B,
permettant d’analyser l’évolution de la texture d’un sol au cours du gonflement ou du retrait,
montrent que le gonflement de la kaolinite est uniquement de type inter-agrégats, alors que
pour les smectites, le gonflement est de type intra-agrégats. Le rôle de la texture des sols
argileux et de l’état de consolidation initial de ces sols sont des paramètres structuraux
majeurs dans la compréhension des mécanismes du phénomène de retrait-gonflement des sols
argileux.

À partir de cette synthèse bibliographique sur les mécanismes physico-chimiques du


gonflement des argiles, il apparaît que :
• la microstructure du feuillet argileux et la nature du fluide interstitiel sont les deux
éléments déterminants dans la caractérisation du comportement gonflant ou rétractant
d’une argile. Aussi, les caractérisations physico-chimiques telles que le type de feuillet
argileux, la capacité d’échange cationique, la surface spécifique, etc.…sont des
paramètres essentiels pour la compréhension des mécanismes microstructuraux
gouvernant le comportement macroscopique lors du retrait et/ou du gonflement d’une
argile ;
• le comportement hydromécanique des sols argileux, fonction de l’état hydrique, de la
densité initiale et du chemin de contrainte, obéit à un nombre considérable de
paramètres physico-chimiques, dont les caractéristiques se retrouvent dans : le
potentiel de gonflement, la pression de gonflement ou encore le retrait linéaire lors de
la dessiccation d’un sol. Il s’agit de paramètres mécaniques indispensables à établir
afin de quantifier l’amplitude du phénomène de retrait et de gonflement des sols
argileux, qui sont deux phénomènes aux mécanismes pas obligatoirement symétriques.
Ces paramètres sont nécessaires pour créer et faire évoluer les modèles de
déformations des sols argileux en milieu saturé ou non saturé.

Les modèles de comportement volumique des sols argileux non saturés gonflants et peu
gonflants sont actuellement peu répandus, du fait de la spécificité de ces matériaux et de la
difficulté des études expérimentales devant tenir compte des effets de changement de succion,
du degré de saturation et de contrainte. Les modèles les plus connus sont ceux développés par
l’équipe de Barcelone avec le modèle BBM pour les sols non saturés peu gonflants, intégrant
les aspects irréversibles des déformations, et le modèle BExM concernant les sols argileux
fortement expansifs non saturés incorporant les phénomènes d’effondrement-gonflement des
argiles liés à leur double structure.

Dans la partie qui suit, les différents types d’essais qui permettent de quantifier le
gonflement des sols argileux et les paramètres qui permettent de les caractériser, sont
présentés.

48
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

4. Caractérisations directes ou indirectes de l’aptitude des sols


argileux au retrait et au gonflement
La quantification du phénomène de gonflement et de retrait par des paramètres
macroscopiques est essentielle du point de vue du dimensionnement des ouvrages en Génie
Civil. Dans la suite, on énuméra de façon exhaustive l’ensemble des méthodes permettant de
caractériser le retrait-gonflement des sols argileux sensibles à partir de méthodes directes et
indirectes tirées de la littérature.
Ainsi, les méthodes indirectes, reliant le gonflement aux paramètres géotechniques,
permettent d’identifier qualitativement les sols sensibles à ce phénomène, alors que les
méthodes directes caractérisent et quantifient précisément le comportement gonflant et
rétractant d’un sol argileux à partir d’essais mécaniques en laboratoire sur échantillons intacts.

4.1 Méthodes indirectes de caractérisation


Une identification qualitative des sols sensibles au phénomène de retrait-gonflement, à
partir de résultats d’essais géotechniques simples et rapides, peut présenter un intérêt
considérable. Cette méthode consiste à déterminer indirectement (sans essais mécaniques) une
corrélation entre la pression de gonflement, le potentiel de gonflement ou le potentiel de
retrait et certains paramètres géotechniques. Les paramètres les plus fréquemment rencontrés
dans la littérature sont les limites d’Atterberg, la densité sèche, la limite de retrait et la teneur
en eau. Ces derniers semblent être les facteurs les plus influents pour qualifier le retrait et le
gonflement des sols argileux comme nous l’avons vu dans les paragraphes précédents. Après
avoir déterminé les paramètres géotechniques qualitatifs du matériau, la littérature fournie un
grand nombre d’approches empiriques, plus ou moins cohérentes entre elles, qui permettent
d’estimer rapidement le potentiel de gonflement d’un sol argileux sur le terrain, afin d’en
déduire si le phénomène de retrait-gonflement est à négliger ou non.
Chrétien (2006), Cojean et al. (2006) et Djedid et al. (2001) ont réalisé des synthèses de
ces différentes approches. Le tableau 1.3 récapitule les méthodes empiriques les plus
fréquemment utilisées dans la pratique et citées dans la littérature, avec les paramètres sur
lesquelles elles s’appuient. Ce tableau non exhaustif des méthodes indirectes d’identification
du potentiel de retrait-gonflement des sols argileux renvoie vers les différentes procédures et
diagrammes présentés ci-après.

Méthodes Paramètres en entrée Résultat

Altmeyer (1955) Limite de retrait wR Tableau 1.11


Gonflement libre εg
Seed et al. (1962) Tableau 1.8
Indice de plasticité Ip
Activité Ac
Seed et al. (1962) Figure 1.42
Fraction < 2 µm (C2)

49
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Ranganathan et
Indice de retrait IR (wL-wR) Tableau 1.12
Satyanarayana (1965)
Vijayvergiya et Ghazzaly Limite de liquidité wL
Figure 1.39
(1973) Indice de plasticité Ip
Indice de plasticité Ip
Jones et al. (1973) Limite de liquidité wL Tableau 1.19
Limite de retrait wRe
Dakshanamurthy et Raman
Limite de liquidité wL Figure 1.41
(1973)
Chen (1988) Limite de liquidité wL Tableau 1.5
Williams et Donaldson Indice de plasticité Ip
Figure 1.43
(1980) Fraction < 2 µm (C2)
Indice de plasticité IP
BRE (1980) Tableau 1.9
Fraction < 2 µm (C2)
Snethen (1980 & 1984) Indice de plasticité Ip Tableau 1.4
Limite de liquidité wL
Chen (1988) Fraction < 74 µm Tableau 1.21
Pression de gonflement σg
Magnan et Youssefian Valeur de bleu Vb (400 µm)
Figure 1.45
(1989) Fraction < 2 µm (C2)
Activité Acb Figure 1.46
Lautrin (1989)
Fraction < 2 µm (C2) Tableau 1.15

Chassagneux et al. (1996) Valeur de bleu VBS Tableau 1.16

Chassagneux et al. (1996) Coefficient de gonflement Cg Tableau 1.17

Uniform Building Code Activité Ac Figure 1.49


(1997) Activité de la CEC Tableau 1.18
Prian et al. (2000) Indice de plasticité IP Tableau 1.10
Indice de plasticité Ip
Bigot et Zerhouni (2000) Fraction < 80 µm Tableau 1.22
Valeur de bleu VBS
Matstchenko (2001) Facteur de retrait linéaire Rl Tableau 1.13

Tableau 1.3 : Résumé des méthodes indirectes d’identification qualitative du potentiel de gonflement.

4.1.1 Par la mesure des limites d’Atterberg


Pour illustrer l’importance du mécanisme d’interaction eau-minéral argileux et
notamment la complexité de l’hydratation des cations échangeables dans l’eau interstitielle à
l’échelle macroscopique, le comportement gonflant d’une argile est à rapprocher des limites
d’Atterberg. Ces dernières sont obtenues en suivant la norme NF P 94-051, dit essai à la
coupelle de Casagrande (wL) et au rouleau (wP). Cet essai permet de déterminer l’indice de
plasticité qui est l’étendue du domaine où le sol argileux est à l’état plastique
et contient une quantité d’eau suffisante pour ne pas passer à l’état « solide » (w < wP) et/ou

50
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

ne pas passer à l’état « liquide » (w > wL). Plus le sol possède de minéraux argileux actifs
dans l’interaction avec l’eau, plus il sera nécessaire d’ajouter de l’eau au sol pour qu’il
devienne liquide. En effet, une grande partie de cette eau sera adsorbée par la forte proportion
en particules argileuses, empêchant le sol de passer à l’état liquide et restera à l’état pâteux, ce
qui correspond à la phase plastique. Lorsque la capacité d’adsorption en eau sera atteinte pour
w > wL, toute l’eau en excès restera à l’état libre, c’est l’état « liquide ».

Casagrande (1953) a établi un diagramme de plasticité représentant l’évolution de


l’indice de plasticité Ip en fonction de la limite de liquidité wL. Ce graphique (Figure 1.38)
permet de distinguer et classer les sols fins argileux ou limoneux en fonction de leur plasticité.
100

DIAGRAMME DE PLASTICITE d'après CASAGRANDE (1953)


90

80
Ip (%)

70
Indice de plasticité Ip (%)

60
Indice de pasticité

50

At
40

30
Amp

20 Lp
Ap

10
Lmp
Lp
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110

Limite de liquidité WL (%)


Limite de liquidité WL (%)

Figure 1.38 : Diagramme de plasticité d'après Casagrande (1953)

Vijayvergiya et Ghazzali (1973) ont constaté que la « ligne A », définie par


Casagrande dans le diagramme de plasticité, et d’équation Ip = 0,73 x (wL-20), sépare les sols
gonflants (au-dessus de la ligne A) des sols non gonflants (situés en dessous de la ligne)
(Figure 1.38). Ces derniers se sont alors inspirés des travaux de Chen (1975), Jones et Holtz
(1973) afin d’estimer l’argilosité du sol en fonction de l’indice de plasticité. On obtient alors
le diagramme de Casagrande remanié à la figure 1.39. Cependant, dans ce diagramme, les
argiles se situant au-dessus de la ligne A ne sont pas toutes gonflantes, seul celles ayant une
limite de liquidité wL > 50 %, sont dites « gonflantes » et classées At.
Sols gonflants
60
Indice de plasticité Ip (%)

50 Très argileux
40 At Argileux
30
Amp Moyennement argileux
20
Ap Lt Faiblement argileux
10
Lmp
0 Lp
0 20 40 60 80 100 WL (%)
Limite de liquidité WL (%)
Figure 1.39 : Diagramme de Casagrande remanié en 1973 (Jones et Holtz)

51
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Dans son ouvrage, Philipponnat (1978 et 2002) a procédé à une série des mesures de
limites d’Atterberg sur des argiles prélevées en région parisienne. L’auteur situe les sols
gonflants dans la zone des argiles moyennement à très plastiques, au-dessus de la ligne A
(Figure 1.39). Cependant ce résultat n’est valable que pour le climat parisien et ne peut
s’appliquer aux autres régions sans étude spécifique locale. Des entretiens avec des
techniciens et ingénieurs de différentes régions de France indiquent que le domaine des
argiles gonflantes descendrait plus bas, vers des Ip de 30 %. D’après ma propre expérience,
des limons faibles à moyennement plastiques ont été à l’origine de sinistres sur habitation
suite à un retrait des sols argileux, en contradiction avec les résultats des modèles empiriques
indiquant un faible taux de gonflement.
Par conséquent, deux sols ayant le même Ip peuvent avoir un comportement très
différent suivant la proportion de la fraction argileuse, et sa nature minéralogique. C’est
pourquoi, Mitchell (1976) (cité par Mouroux et al., 1988) s’est inspiré du diagramme de
Casagrande afin de déterminer une corrélation entre le comportement plastique et la nature
minéralogique d’un sol argileux (Figure 1.40). Pour cela, ce dernier a incorporé au diagramme
de Casagrande une ligne U, d’équation Ip = 0,90 x (wL-8), pour déterminer un domaine
d’action pour chaque type de minéral argileux. Comme on peut le voir sur la figure 1.40, les
sols gonflants se situent dans une même zone au-dessus de la ligne A, dans le domaine des
smectites (montmorillonite) qui possède une wL > 90 %.
100

DIAGRAMME DE PLASTICITE d'après CASAGRANDE (1953)


90

Montmorillonite
80

70
Indice de plasticité Ip (%)

60

50 Illite
At
40

30
Amp

20
Ap
Kaolinite
Lp

Ligne A
10
Lmp
Lp
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Limite de liquidité WL (%)

Figure 1.40 : Position des minéraux argileux dans le diagramme de Casagrande


(d’après Mitchell, 1976)

Certains auteurs comme Snethen (1980 & 1984) pensent pouvoir relier le potentiel de
gonflement à un seul paramètre, soit l’indice de plasticité (Ip). Le caractère gonflant du sol est
alors estimé à partir des seuils retenus par Holtz et Gibbs (1956) au tableau 1.4. Ainsi, en deçà
d’une proportion de 50 % de particules fines argileuses et d’une valeur d’Ip de 18, le sol est
considéré comme faiblement argileux, pauvre en minéraux argileux et avec un potentiel de
gonflement faible.

52
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Ip (%) Potentiel de gonflement


< 18 Faible
22 - 32 Moyen
25 - 48 Elevé
> 35 Très élevé
Tableau 1.4 : Relation entre Ip et potentiel de gonflement (d'après Snethen, 1980)

Dakshanamurthy et Raman (1973) ainsi que Chen (1988) se sont inspirés du


diagramme de plasticité de Casagrande pour établir une classification du potentiel de
gonflement. Le diagramme (cité par Hachichi et al., 1999) à la figure 1.41 permet de classer
les sols gonflants soit suivant leur limite de liquidité (Dakshanamurphy et Raman, 1973), soit
suivant leur indice de plasticité (Chen, 1988).

Classification du potentiel de gonflement selon


Dakshanamurphy et Raman (1973)
et Chen (1988)
Potentiel de gonflement (Dak.et Raman)
80
Nul Faible Moyen Fort Très fort Critique
Indice de plasticité Ip (%)

70
Argiles plastiques
60 Ligne A
Très fort
50
40 Fort
30
Moyen Argiles très
20
plastiques
10
Faible
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2
Potentiel de
gonflement (Chen)
Limite de liquidité Wl

Figure 1.41 : Potentiel de gonflement selon Dakshanamurphy et Raman (1973) et Chen (1988)

D’après Dakshanamurphy et Raman (1973), il est possible d’apprécier le potentiel de


gonflement à partir de la limite de liquidité wL. Pour cela, les auteurs ont repris le diagramme
de Casagrande et ont procédé au découpage de la ligne A en six zones à la suite
d’observations en laboratoire. Ils ont pu ainsi constater que lorsque les échantillons
dépassaient une limite de liquidité de 45 %, les sols avaient tendance à prendre du volume et
donc à gonfler. Cité par Nelson et Miller (1992), Chen (1988) présente le degré de gonflement
comme une fonction de l’indice de plasticité, suite à une série de tests réalisés sur des sols
américains non remaniés. On obtient alors la classification suivante des sols gonflants
(Tableau 1.5).

Ip (%) Potentiel de gonflement


0 - 15 Faible
10 - 35 Moyen
20 - 55 Elevé
> 35 Très élevé

Tableau 1.5 : Classification des sols gonflants basé sur l'Ip selon Chen (1988)

53
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Skempton (1953) explique quant à lui qu’il est possible de combiner les limites
d’Atterberg et le pourcentage en particules fines argileuses avec un paramètre dit « activité
des argiles Ac ». Cet indice Ac défini la notion d’activité de Skempton qui rapporte
l’indice de plasticité du matériau à sa teneur en particules argileuses, notée C2 (en %) et qui
correspond à la teneur en particules de dimensions inférieures à 2 µm interagissant avec l’eau.
Skempton suggère une classification des argiles selon leur activité, comme le montre le
tableau 1.6. On peut alors estimer d’après l’activité Ac, trois principales familles d’argiles,
suivant le type de minéral argileux prépondérant dans la phase argileuse (Tableau 1.7).

Activité Ac Type sol


0,50 – 0,75 Sol inactif
0,75 – 1,25 Sol normal
1,25 – 2,00 Sol actif
>2 Sol très actif
Tableau 1.6 : Classification des sols suivant leur activité Ac (Skempton, 1953)

Minéral argileux Indice activité argiles Ac


Kaolinite 0,33 à 0,46
Illite 0,90
2+
Montmorillonite Ca 1,50
2+
Montmorillonite Na 7,20
Tableau 1.7 : Activité des principales familles d'argiles (Skempton, 1953)
Remarque : Les activités les plus basses sont obtenues pour la kaolinite, mais au-delà on peut avoir
des sols dits « inactifs ou normaux » possédant un indice Ac faible mais pouvant contenir de 30 à 80 %
de montmorillonite. Il est impossible de prétendre qu’un sol classé « inactif ou normal » ne présente
aucune tendance au gonflement.

Seed et al. (1962) ont proposé une méthode d’estimation du taux de gonflement, qui se
définit comme le pourcentage de gonflement libre d’un échantillon de sol argileux confiné
latéralement en présence d’eau et compacté à l’optimum Proctor avec une surcharge de 7 kPa
(norme américaine de l’essai de compactage AASHO). La figure 1.42 permet d’estimer le
taux de gonflement (en %) d’un sol en se référant à la teneur en argile C2 et à l’activité Ac du
sol.

Figure 1.42: Diagramme de classification du potentiel de gonflement (Seed et al., 1962)

54
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Le gonflement libre εg d’un échantillon peut alors être relié à l’indice de plasticité du sol
par l’expression suivante :
ε g (%) = 21,6.10 −5 ( Ip) 2,44
Cette relation, obtenue par une étude statistique des résultats expérimentaux sur des sols
anglais, s’applique aux matériaux contenant entre 8 % et 65 % d’argile. La comparaison de
cette formule avec les résultats expérimentaux a abouti à une fourchette d’erreur de ± 33 %
sur le gonflement libre. Le tableau 1.8 donne la correspondance entre le taux de gonflement
libre εg et l’indice de plasticité Ip.

Ip (%) εg (%) Potentiel de gonflement


0 - 10 0 - 1,5 Faible
10 - 20 1,5 - 5 Moyen
20 - 35 5 - 25 Elevé
> 35 > 25 Très élevé
Tableau 1.8 : Relation entre le gonflement libre et l'indice de plasticité (Seed et al., 1962)

Ces derniers ont remarqué que les nombreuses études réalisées afin de caractériser le
taux de gonflement à partir de critères géotechniques, sont pour la plupart fondées sur un
nombre de données expérimentales assez faibles et fournissent des corrélations
approximatives entre les propriétés géotechniques et le gonflement. De plus, il est important
de souligner que ces corrélations sont valables pour les sols étudiés et ne peuvent être
appliquées à l’ensemble des sols argileux, compte tenu de leur grande diversité en fonction du
climat et du pays.

Komornik et David (1969) ont travaillé plus particulièrement sur des sols non remaniés
provenant d’Israël, car la méthode de compactage est un facteur très influent sur les
paramètres de gonflement. Les nombreux essais ont montré qu’une corrélation linéaire simple
était possible entre le gonflement libre et l’indice de plasticité (avec une erreur ± 25 %) :
εg = 6,7 + 2,4 × Ip pour les marnes
εg = 0,9 + 2,1 × Ip pour l’argile

Le Building Research Establishment (B.R.E, 1980) propose de relier le potentiel de


retrait et de gonflement des sols argileux à partir de deux paramètres : l’indice de plasticité
(Ip) et la teneur en particules argileuses (C2) (Tableau 1.9).
Ip (%) % < 2 µm Potentiel de gonflement
< 18 < 30 Faible
18 – 22 30 - 60 Moyen
22 - 35 60 - 95 Elevé
> 35 > 95 Très élevé

Tableau 1.9 : Potentiel de gonflement d'après le B.R.E (1980)

55
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Afin d’estimer le gonflement, Backley (1980) (cité par Mantho, 2005) propose un
calcul simple qui requiert la connaissance de l’indice de plasticité (Ip) et de la succion du sol
de la façon suivante :

où : Ip, indice de plasticité (%)


S, la succion du sol (kPa)
σp : la contrainte verticale incluant le sol et les surcharges (kPa)

Williams et Donaldson (1980) (cités par Djedid, 2001 et 2003) permettent d’apprécier
le potentiel de gonflement à partir de la teneur en particules argileuses (C2) et de l’indice de
plasticité (Ip), mais en y introduisant en plus l’activité de l’argile Ac définie par Skempton, et
comme indiqué dans l’abaque de la figure 1.43 ci-dessous.

Figure 1.43 : Abaque du potentiel de gonflement d'après Williams et Donaldson (1980)

De cette classification, Van-Der-Marwe (TM-Army, 1983 et cité par Djedid, 2001)


déduit une formule de calcul du gonflement in situ en fonction des limites d’Atterberg et de la
profondeur de la couche concernée par les variations de teneur en eau :
∆H = DF ε g avec ∆H : gonflement total (m) et εg : taux de gonflement libre
D : épaisseur de la couche de sol concernée (m)
F : facteur réducteur pour les surcharges F = 10D/6,1

Plus récemment, Prian et al. (2000) ont affiné la relation estimant le potentiel de
gonflement à partir de l’indice de plasticité. Les seuils sont indiqués au tableau 1.10, et
reprennent ceux utilisés pour distinguer les sols fins de classe A dans la classification GTR
(voir §2.5).
Ip (%) Potentiel de gonflement
< 12 Faible
12 – 25 Moyen
25 – 40 Elevé
> 40 Très élevé

Tableau 1.10 : Sensibilité d’une argile au retrait-gonflement d’après Prian et al. (2000)

56
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

4.1.2 Par la mesure de la limite de retrait linéaire


Les sols argileux présentent un retrait volumique lors de l’évaporation de l’eau
interstitielle. Ce retrait évolue de façon linéaire en fonction de la teneur en eau initiale wnat
jusqu’à une teneur en eau, définie comme la limite de retrait wR ou wRE (si test sur échantillon
non remanié). À partir de cette limite, le sol peut continuer à perdre de l’eau sans engendrer
de perte de volume. La limite de retrait wR et l’indice de retrait IR = wL-wR sont deux
paramètres importants pour l’étude des variations de volume des sols. La limite de retrait est
obtenue d’après la norme expérimentale XP P 94-060-1 (pour sols remaniés) et XP P 94-060-
2 (pour les sols non remaniés). Plus la limite de retrait est faible, plus la variation de volume
peut être importante et plus le tassement induit en cas de dessiccation du sol sera grand.
Certains auteurs comme Altmeyer (1955), Ranganatham et Satyanarayana (1965) (cités
par Mouroux et al., 1988) pensent pouvoir relier le potentiel de gonflement à partir d’un seul
paramètre. Ces auteurs proposent respectivement des classifications du potentiel de
gonflement en fonction de la limite de retrait wR (Tableau 1.11) et de l’indice de retrait IR
(Tableau 1.12).
wR (%) Potentiel de gonflement
< 10 Fort
10 - 12 Critique
> 12 Faible
Tableau 1.11 : Potentiel de gonflement d'après Altmeyer (1955)

IR (%) Potentiel de gonflement


0 - 20 Faible
20 - 40 Moyen
40 - 60 Elevé
> 60 Très élevé

Tableau 1.12 : Potentiel de gonflement d'après Ranganatham et Satyanarayana (1965)

Ces auteurs se sont inspirés des travaux de Seed et al. (1962) et ont établi une équation
reliant l’indice de retrait et le taux de gonflement εg (en %) pour des sols compactés à
l’optimum Proctor et sous une charge de 7 kPa :

Le potentiel de retrait peut être également estimé par le facteur de retrait linéaire Rl, qui
correspond à la pente de la droite de l’essai de dessiccation (norme XP P 94-060-2 et Figure
1.44). Les coupures suivantes (Tableau 1.13) ont été proposées (Mastchenko, 2001) pour
caractériser le potentiel de retrait avec ce paramètre.

57
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Figure 1.44 : Résultat d’essai de


dessiccation avec détermination de la limite
de retrait effective wRE et du facteur Rl sur
échantillon intact (Norme XP P 94-060-2)

Rl (-) Sensibilité
< 0,40 Faible
0,40 - 0,65 Moyenne
0,65 - 0,75 Forte
> 0,75 Très forte

Tableau 1.13 : Sensibilité d'une argile au retrait-gonflement d'après Mastchenko (2001)

Par retour d’expérience des acteurs de la construction (B.E Géotechniques et experts en


construction) indiquent que le seuil de risque de ruine sur construction est avéré lorsque Rl >
0,3, associé à une large plage de retrait (wsat - wRE > 10 %).

Remarque : La limite de retrait linéaire comparée à la teneur en eau naturelle du sol, permet de
quantifier le tassement encore possible du sol sous la fondation en positionnant les deux points
expérimentaux sur la même courbe de dessiccation. Cependant, cet essai dépend de l’état hydrique
dans lequel se trouve l’échantillon au moment du prélèvement.

Une relation empirique proposée par Philipponnat (1991) (cité par Mantho, 2005 et
Bigot & Zerhouni, 2000) permet de calculer l’amplitude optimale du tassement d’un sol au
passage d’un état de teneur en eau wn (en %) à un état limite de teneur en eau wRE, avec :
dH/H (en mm) = Rl (wn - wRe) si la dessiccation est totale
où Rl = valeur de la pente de la courbe de retrait linéaire entre wn et wRE

4.1.3 Par l’estimation de la surface spécifique des argiles


Le géotechnicien peut être tenté avec l’activité de Skempton Ac (voir § 4.2.1) de
déduire qu’un sol dit « inactif » soit peu nocif pour la construction et dépourvu de minéraux
actifs gonflants. Or, cette notion d’activité par les limites d’Atterberg peut ne pas être
représentative de la minéralogie des argiles et de leur interaction avec le fluide interstitiel
d’où l’élaboration de l’essai au bleu de méthylène pour confronter les résultats (Tran Ngnoc
Lan, 1977). Il s’agit d’un essai simple, rapide à utiliser, peu onéreux et possédant une bonne
corrélation avec la surface spécifique des argiles (norme NF P 94-068). L’essai consiste à
injecter une certaine quantité de bleu de méthylène, qui est adsorbée préférentiellement par les
particules argileuses et par les matières organiques (non négligeables). Cet essai permet ainsi

58
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

de mesurer la capacité d’adsorption en eau de la surface spécifique des argiles. Plus un sol
absorbe de bleu, plus le sol contient des minéraux argileux actifs développant des surfaces
spécifiques internes (espace interfoliaire) et externes (espace interparticulaire) importantes.
Cette surface est très représentative du minéral argileux prépondérant dans la phase argileuse
(Tableau 1.14).

Surface spécifique (m2/g)


Argile Interne Externe Total
Smectite 750 50 800
Chlorite 0 15 15
Illite 5 25 30
Kaolinite 0 15 15

Tableau 1.14 : Surfaces spécifiques approximatives d'argiles sélectionnées d'après Van Olphen et Fripiat
(1979)

À partir de cet essai, on obtient la valeur de bleu du sol total « VBS », qui s’exprime en g
pour 100 g de sol sur la fraction 0/Dmax du sol, ou 0/50 mm. Les travaux de Magnan et
Youssefian (1989) suggèrent d’intégrer la valeur de bleu dans la classification des sols fins et
préconise la réalisation de l’essai au bleu sur la fraction granulométrique 0/400 µm du sol. On
obtient ainsi une valeur de bleu « Vb » (sur le passant 0/400 µm) et à partir de cette valeur et
de la teneur en particules argileuses C2 (teneur en particules de dimensions inférieures à 2
µm), on peut qualifier le degré d’argilosité du sol à l’aide du diagramme de sensibilité à l’eau
établit par ces auteurs (Figure 1.45). Ce diagramme permet alors de différencier les sols par
l’activité de leur phase argileuse vis-à-vis de leur sensibilité à l’eau.
C2 (% )
100 SENSIBILITE A L'EAU DES SOLS

90

80
Apa Ama Ata
D'après MAGNAN et YOUSSEFIAN
Bull. liaison Labo P et Ch n° 159 janv-
70
fév 1989

60

50
ARGILE
Apa : peu active
Ama : moyennement active
40
Ata : très active
Lpa
30 Lma LIMON
Lpa : peu actif
20 Lma : moyennement actif
Lta Lta : très actif
10

0
0 5 10 Vb (g/100g) 15

Figure 1.45 : Classification de la sensibilité à l’eau des sols argileux d’après Magnan et Youssefian (1989)

Puis, afin d’obtenir une valeur de VBS globalement représentative de l’échantillon, on


rapporte la valeur Vb à la fraction O/50 mm du sol total par une règle de proportionnalité.

59
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

On a alors : avec P (400 µm): passant au tamis 400 µm (%)

Une relation directe apparaît entre la surface spécifique totale « S.S.T » et la valeur de
bleu de méthylène absorbée de la fraction argileuse VBS, mise en évidence par Gaillabaud et
Cinot (1982) et cité par Bultel (2001) :

avec 20,93 = surface correspondant théoriquement à 1 cm3 de bleu de méthylène

Toutefois, la valeur de bleu Vb est obtenue pour la fraction 0/400 µm du sol, englobant
du point de vue granulométrique les argiles, les limons et les sables fins. Il est alors
intéressant de pouvoir obtenir la valeur de bleu sur la fraction argileuse C2. Pour estimer le
pouvoir colloïdal du sol, on calcule la valeur de bleu pour 100 g d’un sol argileux de la façon
suivante (avec VBS obtenu sur la fraction totale du sol 0/Dmax) :

Ainsi, on peut en déduire la surface spécifique active de la fraction argileuse telle que :

Remarque : Lors de mes recherches bibliographiques, j’ai rencontré une réelle difficulté à savoir si
les praticiens parlaient de la valeur de bleu VBS ou Vb. Ce problème vient du fait que la plupart des
articles traitant de la valeur de bleu sont parus avant la mise en place de la norme de l’essai en 1992, et
certains auteurs depuis ne précisent pas clairement sur quelle fraction l’essai est réalisé. D’où
l’importance de bien définir au départ cette valeur.

À partir de ces constatations, Lautrin (1989) s’intéresse aux travaux de Skempton sur
l’activité des argiles afin de justifier et développer l’utilisation de la valeur de bleu dans la
classification des sols. Avec la valeur de bleu du sol, il devient possible de vérifier la qualité
de la phase argileuse à partir de l’indice d’activité de bleu « Acb », et de le relier
qualitativement à la famille d’argile présente dans la fraction fine du sol, par l’expression :

avec C2 : teneur en éléments de dimensions < 2 µm (%) et VBS (0/D) en g/100g de sol

L’intérêt de cet indice, selon l’auteur, est de le relier directement à un taux approximatif
de minéraux argileux gonflants (montmorillonite) présents dans le sol. Cet indice Acb est un
bon marqueur de l’activité colloïdale. Il a été déterminé expérimentalement 7 catégories de
sols classés selon leur coefficient d’activité Acb (tableau 1.15).
Acb Type d’argile Classe
0à1 Sol non argileux 1
1à3 Argiles inactives 2
3à5 Argiles peu actives 3
5à8 Argiles normales 4
8 à 13 Argiles actives 5
13 à 18 Argiles très actives 6
> 18 Argiles nocives 7

Tableau 1.15 : Activité au bleu Acb des argiles d'après Lautrin (1989)

60
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

La figure 1.46 montre que cet indice augmente avec la teneur en smectites, et que les
plus faibles valeurs sont obtenues pour des fractions argileuses peu réactives composées
essentiellement de kaolinite.
% M Na+

Montmorillonite

Illite

Kaolinite
% M Ca2+

Figure 1.46 : Diagramme d'activité en fonction de la minéralogie d'après Lautrin (1989)

Chassagneux et al. (1996) ont établi des seuils de sensibilité des sols argileux à partir
de la valeur de bleu VBS (Tableau 1.16). Ces critères sont utilisés dans la classification
géotechnique GTR (voir §2.5), en complément de l’indice de plasticité, afin de classer les sols
fins suivant leur sensibilité à l’eau.

Valeur de bleu VBS Sensibilité


< 2,5 Faible
2,5 – 6 Moyen
6–8 Forte
>8 Très forte
Tableau 1.16 : Sensibilité d’une argile au retrait-gonflement d'après Chassagneux et al. (1996)

Bedin et Jacquard (2004) indiquent qu’il est possible de déterminer le comportement


gonflant des sols à partir du diagramme de sensibilité à l’eau de Magnan et Youssefian (1989)
et d’une étude statistique réalisée avec les paramètres géotechniques (pression de gonflement,
Rl, VB et C2) de sols molassiques de la région Midi-Pyrénées. Trois zones sont différenciées
suivant leur comportement gonflant et sont intégrées dans le diagramme de Magnan et
Youssefian (1989) (Figure 1.47). On distingue dans ce diagramme : les sols peu ou pas
rétractant (zone I), ceux essentiellement rétractant (zone II) et ceux à la fois rétractant et
gonflant (zone III).

61
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Figure 1.47 : Zonage des sols selon leur comportement et leur sensibilité à l'eau pour des sols d'origine
molassique (Bedin et Jacquard, 2004)

D’après les mêmes auteurs, une corrélation a été établie entre la valeur de bleu VB et le
coefficient de gonflement Cg, à partir d’une série d’essais de gonflement à l’œdomètre pour
les sols d’origine molassique. Comme on peut le voir à la figure 1.48, la valeur de bleu peut
renseigner, avec une certaine fourchette d’incertitude, sur le pouvoir gonflant d’un sol
molassique.

Figure 1.48 : Corrélation entre VB et Cg d'après Bedin et Jacquard (2004)

On peut ainsi relativement bien corréler la valeur de Cg vis-à-vis du risque pathologique


sur les fondations (Philipponat, 1978 ; Chassagneux et al., 1996), comme suit (Tableau 1.17) :

Coefficient de
Risque pathologique
gonflement Cg
≥ 0,09 Certain
0,05 – 0,09 Très grand
0,025 – 0,05 Grand
< 0,025 Peu probable

Tableau 1.17 : Risque de pathologie en fonction du coefficient de gonflement Cg d'après Chassagneux et


al. (1996)

4.1.4 Par la mesure de la teneur en eau et de la densité sèche du sol


Deux paramètres définissant l’état initial d’un sol semblent intéressant à analyser : la
teneur en eau naturelle w (en %) et la densité sèche γd (kN/m3). Sans être directement reliés
au potentiel de gonflement des sols, ces deux facteurs renseignent sur l’état initial du réseau

62
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

poreux, facteur influant sur l’apport d’eau dans la structure des minéraux argileux et donc sur
le gonflement.

Les travaux de Nayak et Christensen (1971) ont permis d’établir un modèle de


prévision du taux de gonflement, à partir de l’indice de plasticité, de la teneur en particules et
de la teneur en eau initiale :
C
ε g = 0,0229( Ip)1, 45 2 + 6,38
w0

David et Komornik (1969) ont proposé une estimation de la pression de gonflement σg


(en kPa), tenant compte de façon conjuguée de la masse volumique sèche ρd, de la teneur en
eau w et de la limite de liquidité wL :
Lg σ g = 0,0208 w L + 0,000665 γ d − 0,0269 w − 2,132

Vijayvergiya et Ghazzaly (1973) ont montré que, pour des sols remaniés, le
gonflement libre εg (en %) et la pression de gonflement σg (en kPa) d’un sol sont des
fonctions semi-logarithmiques linéaires décroissantes de la teneur en eau naturelle w (en %),
et linéairement croissantes de la masse volumique sèche ρd (en kg/m3) pour une limite de
liquidité wL (en %) donnée :
Lg ε g = 0,033 w L − 0,083 w + 0,458
Lg σ g = 0,033 w L + 0,083 w − 1,967
et
Lg ε g = 0,033 w L + 0,00321 ρ d − 6,692
Lg σ g = 0,033 w L + 0,00321 ρ d − 5,154

Brackley (1983), cité par Mouroux et al. (1988), a déterminé une relation générale entre
le gonflement libre εg (en %) et quelques caractéristiques des sols compactés :
147 ⋅ e
ε g = (5,3 − − lg σ g ) * (0,525 ⋅ Ip + 4,1 − 0,85 ⋅ w)
Ip

où e désigne l’indice des vides (-), w la teneur en eau initiale (%) et σ la surcharge appliquée (en kPa)

et pour une amplitude nulle (εg = 0), on a :

Guiras-Skandaji (1996) estime que le gonflement libre εg (en %) dépend


essentiellement de la teneur en eau initiale du sol wi (en %) :
ε g = −117,59 + 3,0571 × wi

De même Chen (1973), s’appuyant sur les travaux de Kassif et Baker (1971), a conclu
que la pression de gonflement n’est pas affectée par la teneur en eau, pourvu que le poids
volumique sec soit maintenu constant.

63
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

4.1.5 Par la mesure de la capacité d’échange cationique (CEC)


Une étude faite en 1979 par l’Université du Texas et intégrée au Uniform Building Code
américain (section 1817, 1997) a montré que l’on pouvait utiliser l’activité des argiles et la
capacité d’échange cationique afin d’estimer indirectement la nature minéralogique des
argiles présentes dans le matériau. Des équations empiriques ont été établies, à partir des
travaux de Pearring (1963) et Holt (1969), entre la limite de plasticité wL mesurée, la teneur
en particules argileuses C2 obtenue et la CEC calculée à partir des relations suivantes :
- CEC = (wL)1,17
- l’activité de la CEC : CEAC =

En fonction de l’activité de la CEC et de l’activité de Skempton Ac, il est alors possible


de relier indirectement l’activité des argiles avec la famille minéralogique susceptible d’être
prépondérante dans la fraction fine du matériau (Figure 1.49).

Figure 1.49 : Classification des argiles suivant l’activité des argiles Ac et celle de la CEC,
d’après le Uniform Building Code (1997)

À partir de cette étude, Kariuki et Van der Meer (2004) proposent de sélectionner les
indices géotechniques les plus pertinents afin de les inclure dans un coefficient d’estimation
du potentiel de gonflement des sols, appelé « ESI » (Expansive Soil Index). En utilisant les
concepts de Thomas et al. (2000) de sommation et de Hamberg (1985) pour la normalisation
sur une cinquantaine d’échantillons, trois classements du potentiel de gonflement unifié
(Tableau 1.18) ont été obtenus avec les équations suivantes :
- ESI-1 = Ac + CEAC + SSP + LEPC
- ESI-2 = Ac + CEAC + SSP
- ESI-3 = SSP
avec AC: activité de Skempton; CEAC, l’activité de la CEC; SSP, la teneur en eau saturée (en %) et LEPC,
le pourcentage d’extensibilité linéaire des argiles qui est un estimateur de la minéralogie des argiles (Brasher et
al., 1996; Nelson et Miller, 1992 et James, 2004).

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

ESI-1 ESI-2 ESI-3 Potentiel de gonflement Minéralogie


< 1,15 < 1,10 < 0,5 Faible Kaolinite
1,15 – 2,15 1,1 – 2,0 0,5 – 1,0 Moyen Illite, interstratifiés
> 2,15 > 2,0 > 1,0 Elevé Smectite
Tableau 1.18 : Classification du potentiel de gonflement basée sur ESI d’après Kariuki et Van der Meer
(2004)

Yilmaz (2006) propose que, pour des sols non intacts, le gonflement libre εg (en %) est
une fonction semi-logarithmique linéaire de la capacité d’échange cationique CEC
(méq/100g) (d’après norme ASTM D-4546) pour une limite de liquidité wL (en %) donnée :
R2 = 0,91
À la suite de cette étude, une classification du potentiel de gonflement est proposée,
basée sur une étude statistique sur 142 échantillons, afin d’obtenir une relation entre la CEC et
la limite de liquidité (Figure 1.50).

Figure 1.50 : Potentiel de gonflement des sols basé sur la CEC et la limite de liquidité d'après Yilmaz (2006)

4.1.6 Par l’emploi de plusieurs paramètres géotechniques


Certains auteurs pensent au contraire qu’au moins trois paramètres sont indispensables
pour pouvoir qualifier le potentiel de retrait et gonflement des sols. Dans cette catégorie, on
peut citer la classification de Holtz et Gibbs (1956) (Tableau 1.19), celle de Holtz,
Dakshanamurthy et Raman (1973) (Tableau 1.20), celle de Chen (1988) (Tableau 1.21) et
celle citée par Bigot et Zerhouni (2000) au Tableau 1.22.
Expansion probable en
Ip (%) C2 (%) WRE (%) % de la variation de Potentiel de retrait
volume totale
> 35 > 28 < 10 > 30 Très élevé
25 - 40 20- 31 7 - 10 20 - 30 Elevé
15 - 30 13 - 23 10 - 15 10 - 20 Moyen
< 18 < 15 > 15 < 10 Faible

Tableau 1.19 : Potentiel de gonflement d'après Holtz et Gibbs (1956)

65
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Ip (%) WRE (%) WL (%) Potentiel de gonflement


- - 0 - 20 Non gonflant
< 18 > 15 20 - 35 Faible
15 - 25 10 - 15 35 - 50 Moyen
25 - 35 7 - 12 50 - 70 Elevé
> 35 < 11 > 70 Très élevé
Tableau 1.20 : Potentiel de gonflement d'après Holtz, Dakshanamurthy et Raman (1973)

Pression de Potentiel de
P < 74 µm (%) wL (%)
gonflement (MPa) gonflement
> 95 > 60 10 Très élevé
60 - 95 40 - 60 2,5 – 5 Elevé
30 – 60 30 - 40 1,5 – 2,5 Moyen
< 30 < 30 < 0,5 Faible
Tableau 1.21 : Potentiel de gonflement d'après Chen (1988)

Paramètres d'identification
Pourcentage de Susceptibilité de
Indice de variation de volume
passant au tamis Valeur de bleu VBS
plasticité Ip de sol
de (g/100g de sol)
(%)
80 µm (%)
> 30 > 90 >6 Forte
15 < Ip < 30 > 50 2 < VBS < 6 Moyenne
< 15 < 50 <2 Faible
Tableau 1.22 : Potentiel de gonflement d'après Bigot et Zerhouni (2000)

4.1.7 Comparaison entre les différents potentiels de gonflement


La définition de l’indice de plasticité (Ip) montre qu’il est un paramètre important dans
les propriétés de rétention d’eau du sol et donc de gonflement, d’où le nombre important de
relations établies entre ce paramètre et le potentiel de gonflement dans la littérature.
Toutefois, il faut rappeler que la limite de l’essai permettant d’obtenir Ip dépend de
l’opérateur qui le réalise. En effet, suivant la personne, les limites de liquidité et de plasticité
peuvent être sous-estimées et inversement.
Si l’on prend l’essai au bleu de méthylène à la tâche, cet essai utilise un simple dosage
chimique et la fiabilité du résultat dépend de la façon dont l’opérateur prépare la solution de
bleu et voit apparaître l’auréole turquoise lors de la saturation du sol argileux par le bleu de
méthylène. L’incertitude se limite à ± 5 ml d’injection de bleu de méthylène au maximum.
L’exposé précédent, qui n’est pas exhaustif, montre le grand nombre de méthodes et de lois
empiriques différentes pour estimer le potentiel de retrait-gonflement de façon indirecte sans
essai de gonflement. Ainsi, afin de tester si ces différentes méthodes permettraient d’obtenir
des résultats compatibles entre eux et avec les données de terrain, Johnson et Snethen (1978)
les ont appliquées sur 20 sols différents et gonflants. Les résultats obtenus sont alors classés
en trois grandes catégories (Tableau 1.23) :

66
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

- les résultats où les prévisions coïncident avec les résultats observés,


- ceux où ils ne coïncident pas mais tendent dans le sens de la sécurité,
- ceux où ils ne coïncident pas avec des divergences trop importantes.

Tableau 1.23 : Comparaison entre certaines méthodes de classification du potentiel de gonflement d’après
Johnson et Snethen (19878) et Josa et al. (1988)

On s’aperçoit que la fiabilité des méthodes présentées varie beaucoup suivant le


paramètre pris en compte et les conditions initiales, mais qu’aucune ne donne de coïncidence
générale entre les échantillons testés. Par exemple, il semble que celle de Komornik & David
(1969) est à proscrire car elle sous-estime largement le gonflement à venir. Mais il apparaît
que celles basées sur l’indice de plasticité semblent donner les valeurs les moins incohérentes.
Suite à ces résultats contradictoires, un autre auteur a tenté d’appliquer les classifications
citées dans le tableau précédent pour caractériser et estimer le potentiel de retrait-gonflement
de l’argile de Bavent (Duc et al., 2008). Selon ces mêmes classifications utilisées, cette argile
est peu sensible à très sensible au retrait-gonflement. Cette variabilité des résultats, déjà notée
par de nombreux auteurs, indique que les classifications disponibles utilisant les paramètres
d’identification géotechniques ne permettent pas de prévoir de manière générale, correcte et
ciblée la sensibilité d’un sol argileux au phénomène de retrait-gonflement.
Il semble cependant qu’en utilisant au minimum les trois paramètres d’identification les
plus courants (à savoir Ip, VBS et C2), il soit possible d’appréhender au mieux la sensibilité et
l’activité de la fraction argileuse d’un sol argileux, à condition de réaliser l’essai au bleu de
méthylène sur le même passant granulométrique (Ø < 400 µm) que celui employé pour les
limites d’Atterberg. Ainsi les paramètres pourront être comparés entre eux. Dans la suite de
notre étude, nous appliquerons une partie de ces classifications du potentiel de retrait-
gonflement au cas d’une argile moyennement gonflante, afin de comparer les méthodes, d’en
écarter certaines et de valider le choix de critères géotechniques suffisamment fiables et
facilement mesurables pour être utilisés en bureaux d’études.

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Josa et al. (1988) et Duc et al. (2008) indiquent qu’il apparaît difficile de prétendre
classer les sols gonflants uniquement à partir d’une valeur d’un indice tiré d’une mesure
indirecte réalisée le plus souvent sur un échantillon remanié. La texture et la cimentation des
grains resteront ignorées alors qu’il s’agit de deux paramètres importants, non reproductibles
en laboratoire et intimement liés à l’histoire géologique du sol.
Il reste cependant indispensable de réaliser des essais mécaniques de retrait et/ou de
gonflement pour caractériser les sols sensibles de façon plus fiable (méthodes directes).

4.2 Définition des paramètres de gonflement et de retrait par méthodes


directes
La complexité des phénomènes physico-chimiques connus dans les sols argileux et
explicités dans les paragraphes précédents explique les difficultés de caractérisation des
paramètres de gonflement et de retrait. En effet, les types de paramètres mécaniques
déterminés pour caractériser les sols sensibles au phénomène retrait-gonflement ne sont pas
les mêmes suivant les procédures des essais. Le choix des essais à réaliser dépend de
l’objectif de l’étude, qui peut être : d’empêcher le retrait-gonflement, de réduire le phénomène
ou vérifier qu’il se produira progressivement, ou d’en évaluer le potentiel pour limiter les
effets néfastes avant la construction d’un ouvrage.
Dans la pratique, trois paramètres mécaniques sont adoptés pour caractériser les
propriétés des sols gonflants à l’échelle macroscopique : la pression de gonflement, le
gonflement libre, l’indice de gonflement et le potentiel de gonflement (Serratrice et Soyez,
1996). Ces paramètres mécaniques ne peuvent pas être considérés comme des caractéristiques
intrinsèques du matériau argileux car ils dépendent de l’état initial du matériau et des
conditions dans lesquelles se déroulent le gonflement et le retrait. Ils sont néanmoins très
largement utilisés pour caractériser l’aptitude d’un sol au gonflement et ont largement
influencés les procédures d’essais en laboratoire. Ces paramètres mécaniques sont définis à
partir d’essais normalisés à l’œdomètre, ce sont :
 la pression de gonflement σg (Norme X P 94-090) qui peut être définie comme la
pression générée par un sol argileux lors de son hydratation en milieu confiné et
dans un état physique initial connu (essai à volume constant, ∆V = 0). Elle est
plus généralement définie comme la contrainte à exercer pour maintenir constant
le volume d’un échantillon argileux pendant l’imbibition, et sans distorsion.

 le gonflement libre Cs d’un élément de sol, dont l’état physique initial est connu.
Il correspond à la déformation maximale que provoque l’hydratation d’un sol
soumis à un état de contraintes nulles ou quasi-nulles, ou après déchargement à
l’œdomètre (Norme NF P 94-090-1) sans avoir atteint la contrainte de
préconsolidation.
 le potentiel (ou taux) de gonflement εg est défini par une relation entre contraintes
et déformations de gonflement (Norme X P 94-090). Il correspond à la variation
relative de hauteur d’une éprouvette soumise à une surcharge nulle ou quasi-nulle
(poids du piston de l’œdomètre) lorsqu’elle est progressivement saturée en eau.

68
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

 l’indice de gonflement Cg qui traduit l’importance de la déformation de


gonflement induite par un déchargement par rapport à un état de contraintes donné
(Norme NF P 94-090-1) ; il est défini par la pente de la courbe
obtenue en déchargement lors d’un essai œdométrique classique (Philipponat,
2002). Cet indice est comparé à l’indice de compression Cc pour caractériser le
comportement global d’un sol argileux sans charge.

Ces méthodes de détermination des paramètres du gonflement se font en laboratoire sur


des échantillons intacts ou remaniés, à l’aide d’appareils classiques de laboratoire (essai à
l’œdomètre, Norme NF P 94-090), mais sont relativement coûteuses et restent souvent très
longues (2 à 10 jours). Les méthodes fréquemment utilisées reflètent la complexité du
phénomène, ce sont :
- la méthode de gonflement libre,
- la méthode de gonflement sous charges constantes,
- la méthode de gonflement à volume constant.
Le choix de la méthode dépend du problème posé et du but recherché. Nous présentons
succinctement dans la suite les principales méthodes utilisées.

4.2.1 Méthode de gonflement libre


Dans l’essai de gonflement libre, l’échantillon est soumis à une faible pression,
correspondant au poids du piston et de la pierre poreuse, et il est laissé en contact avec de
l’eau. Une fois le phénomène de gonflement stabilisé, l’échantillon quasi-saturé suit un
chemin de chargement par paliers avec stabilisation des déformations sous chaque palier. La
pression de gonflement correspond à la charge qu’il est nécessaire d’appliquer pour ramener
le volume de l’échantillon à sa valeur initiale. Cette méthode peut se faire dans un œdomètre
ou un appareil triaxial (Figure 1.51).

Figure 1.51 : Méthode de gonflement libre à l’appareil œdométrique et triaxial (Cuisinier, 2002)

Le mode de chargement influe sur la valeur de la pression de gonflement. En effet,


Guiras-Skandaji (1996) a montré que la pression de gonflement déterminée à partir des essais
de gonflement libre dépend de la vitesse de chargement. Un chargement rapide après 24
heures aboutit à une pression de gonflement plus importante qu’un chargement lent, après
stabilisation des déformations à la fin de la phase de consolidation primaire. Ce comportement

69
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

a déjà été constaté par Tisot (1984). L’avantage de cette méthode est qu’elle nécessite une
seule éprouvette et permet d’obtenir, outre la pression de gonflement et le gonflement libre, la
courbe de compressibilité du sol saturé après gonflement. Cependant, l’inconvénient est
qu’elle n’est pas représentative du chemin de contrainte suivi par le sol lorsqu’il subit un
gonflement sous confinement (Brackley, 1975 ; Justo et al., 1984 et El Sayed & Rabbaa,
1986).

4.2.2 Méthode de gonflement sous charges constantes


Pour éviter l’inconvénient de la stabilisation de chaque palier de la méthode précédente,
on peut utiliser une méthode dite « méthode de gonflement sous charges constantes » ou
« méthode de gonflement en parallèle ». Elle nécessite plusieurs échantillons identiques :
chaque échantillon est soumis à une humidification sous charge constante (pression verticale à
l’œdomètre ou contrainte isotrope à l’appareil triaxial). Selon la valeur de la charge, il se
produit alors soit un gonflement, soit un effondrement du sol. En traçant la courbe des
déformations volumiques en fonction des contraintes appliquées (lg σ) lors de
l’humidification, on peut déterminer la contrainte correspondant à une déformation nulle, qui
est la pression de gonflement (Figure 1.52). Selon Noble (1966), Sridharan et al. (1986),
Guiras-Skandaji (1996) et Yahia-Aïssa (1999), cette courbe se présente plutôt comme une
droite, tandis que Chu & Mou (1973) trouvent une courbe exponentielle et Philipponnat
(1991), une droite ou une hyperbole. Le potentiel de gonflement dans cette méthode est
variable, il correspond à la variation de hauteur de l’éprouvette sous une pression donnée.

Figure 1.52 : Méthode de gonflement sous différentes charges à l’appareil œdométrique et triaxial

L’avantage de cette méthode est qu’elle permet de s’approcher le plus des conditions in-
situ (Sridharan et al., 1986 ; El Sayed & Rabbaa, 1986). En effet, le gonflement vertical in-
situ se fait généralement sous charge verticale constante. En revanche, l’inconvénient est
qu’elle nécessite trois échantillons intacts identiques, ce qui peut parfois s’avérer difficile.
C’est pour cela qu’elle peut être utilisée pour des matériaux plus ou moins remaniés.

4.2.3 Méthode de gonflement à volume constant


Le principe de cette méthode est d’humidifier une éprouvette tout en maintenant son
volume constant. L’essai est poursuivi jusqu’à ce que l’échantillon ne présente plus de
tendance au gonflement. La pression nécessaire pour maintenir le volume constant est la
pression de gonflement. À l’œdomètre, ceci consiste à bloquer le piston sur un bâti de presse
afin d’empêcher la déformation de hauteur, et à mesurer l’évolution de la contrainte de

70
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

gonflement verticale σvg (Figure 1.53-a) à l’aide d’un capteur de force intercalé entre la
cellule et le bâti de presse. Pour l’appareil triaxial, la contrainte de gonflement latérale σrg
(Figure 1.53-b) est aussi mesurée à l’aide d’un contrôleur pression-volume.

Figure 1.53 : Méthode de gonflement à volume constant

Le mécanisme de gonflement à volume constant modifie et réorganise la structure


interne des minéraux argileux, l’éprouvette conserve son énergie potentielle et l’eau trouve
accès aux micro-vides internes. Mais comme l’a montré Yahia- Aïssa (1999) dans ses travaux,
la pression de gonflement induite lors de l’hydratation dépend de l’état initial de contrainte.
D’un point de vue pratique, deux méthodes expérimentales existent :
- des déformations totalement empêchées : l’essai consiste à bloquer totalement le
piston durant la saturation contre un capteur de force qui permet de lire directement la
pression de gonflement développée par l’échantillon, et pour un volume
rigoureusement constant ;
- un chargement suite à une faible déformation selon la norme ASTM D 4546-90 : une
contrainte initiale égale à la contrainte estimée in situ ou à la pression de gonflement
appliquée ; la lecture initiale est effectuée après 5 minutes puis l’éprouvette est
humidifiée ; la tendance de l’échantillon à gonfler est neutralisée par l’application
d’une charge croissante dès que le déplacement du comparateur atteint 1/100 mm ; la
valeur de la charge lorsque l’échantillon est stabilisé est la pression de gonflement.

En utilisant cette méthode, certains auteurs (Brackley, 1973 ; Alonso et al., 1999 et
Cuisinier, 2002) observent que la pression de gonflement passe par un maximum avant de
décroître au cours de l’hydratation. Ces auteurs expliquent ce phénomène par une
plastification de l’éprouvette au cours l’hydratation. En même temps que la succion diminue
et que la pression de gonflement augmente, la résistance entre les agrégats diminue et les
particules s’effondrent à partir d’un certain seuil.

4.2.4 Autres méthodes


Il existe une multitude de méthodes pour mesurer les paramètres caractérisant le
gonflement (σ’g, C’g, etc..). La plupart de ces méthodes sont basées sur celles déjà citées
précédemment en suivant leur protocole d’essai. Parmi ces méthodes, on peut citer : la
méthode de gonflement à l’œdomètre double (Jennings et Knight, 1957), la méthode d’Huder

71
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

et Amberg (1970 et décrit par Bultel, 2001), la méthode chinoise (Shuai, 1996) et la méthode
de Windal (2001).

4.2.5 Comparaison des différents essais de gonflement par méthodes directes


Ainsi que nous l’avons vu précédemment, trois techniques principales peuvent être
mises en œuvre pour déterminer la pression de gonflement d’un échantillon de sol. Les
chemins suivis et les valeurs obtenues dans ces méthodes sont très différents en fonction du
niveau de confinement. Selon les comparaisons réalisées par Gilchrist (1963), Sridharan et al.
(1986) et Guiras-Skandaji (1996), la méthode de gonflement libre donne toujours des valeurs
de pression de gonflement plus élevées que les autres, pouvant aller du simple au double. La
méthode de gonflement sous charges constantes donne des valeurs plus faibles et la méthode à
volume constant donne des valeurs moyennes qui se situent entre les deux précédentes
méthodes. La pression de gonflement n’est donc pas une grandeur intrinsèque au matériau
mais dépend fortement du chemin de chargement suivi.

Précisons que la méthode de gonflement libre reste un essai assez lent (4 à 8 jours
environ). La mesure du gonflement à volume constant est délicate à mettre en œuvre et
demande un appareillage particulier permettant le contrôle précis de la déformation de
l’échantillon. Toutefois, cette dernière semble plus avantageuse car l’essai peut se faire sur un
seul échantillon et reste rapide (quelques jours). Enfin, la méthode de gonflement sous
charges constantes, bien qu’elle nécessite plusieurs échantillons identiques plus ou moins
faciles à réaliser, est la plus rapide. Elle ne nécessite aucune augmentation de charge à exercer
sur les échantillons et permet de définir la pression de gonflement après avoir obtenu pour
chaque échantillon la limite de déformation ∆H.

En comparant les déformations de gonflement mesurées in situ et celles déterminées


avec les différentes procédures expérimentales, il semble que les valeurs de la pression de
gonflement estimées à volume constant soient les plus proches de celles effectivement
constatées sur le terrain (Erol et al., 1987), et soient donc les plus pertinentes. Khaddaj (1992)
est arrivé aux mêmes conclusions et a préconisé d’une part, l’utilisation systématique de la
méthode à volume constant, d’une part pour éviter les hétérogénéités inhérentes à l’utilisation
de différents échantillons, et d’autre part, pour limiter les problèmes de mesure dus
notamment aux frottements parasites survenant à l’intérieur des œdomètres lors d’essais à
gonflement libre.

4.2.6 Effets de structure et effets d’échelle


Les matériaux granulaires sont insensibles vis-à-vis du gonflement et seulement
déformables lorsqu’ils sont soumis à des sollicitations mécaniques ou de succion, avec un
cortège de propriétés mécaniques diverses. À l’inverse, les matériaux gonflants sont plus
facilement déformables, reliées à leurs propriétés physico-chimiques ainsi qu’à leur
hétérogénéité, à leur fissuration et à leur anisotropie de structure. Dans la description et la
caractérisation du gonflement ainsi que du retrait, de nombreux indices indiquent que la
variabilité dans les sols argileux associés à des effets de structure des sols, se superposent aux
mécanismes hydromécaniques évoqués ci-dessus. À titre d’exemple, on peut citer l’influence

72
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

de la fissuration préexistante du sol, de la cimentation, du comportement des matériaux


argileux contenant des éléments inertes ou des mélanges sable-argile, de l’évolution de
l’anisotropie pendant le gonflement (Kabbaj et al., 1981) et enfin de l’évolution du
gonflement au cours des cycles de séchage et d’humidification, suivis de réarrangement des
particules argileuses.

À cette variabilité de structure des sols argileux, il faut ajouter l’effet d’échelle, car la
différence de taille entre l’échantillon et le sol en place est importante. En effet, un échantillon
ne représentera jamais l’ensemble des couches géologiques et la complexité des contraintes
extérieures qu’elles subissent in situ. En outre, une couche de matériau cohérent non gonflant
située au-dessus d’un terrain gonflant joue le même rôle qu’une surcharge verticale.
Traditionnellement les essais de gonflement sont réalisés uniquement sur le matériau gonflant
en raison de la petite taille des échantillons et de la complexité du problème. Néanmoins, les
effets d’échelle et de structure expliquent les valeurs trop élevées obtenues pour les pressions
de gonflement par exemple, ou une sous-estimation du coefficient de perméabilité par rapport
aux résultats données par les mesures in situ (Steiner et al., 1993).

4.2.7 Essais de retrait

D’autres paramètres sont déterminés pour caractériser les propriétés de retrait des sols
argileux, notamment la détermination de la limite de retrait à partir de l’essai de dessiccation
sur sol remanié tamisé à 400 µm (Norme XP P 94-060-1), et la limite de retrait effective
effectuée à partir d’un échantillon intact (Norme XP P 94-060-2). Ces paramètres ont été
définis au paragraphe 4.1.2.

4.3 Conclusion
Ce chapitre montre la complexité du phénomène de gonflement et de retrait des sols
argileux. Ce phénomène fait intervenir plusieurs mécanismes physiques et chimiques
d’interaction du matériau argileux avec l’eau, et ceci à différentes échelles. Il apparait que la
structure du matériau (arrangement des particules, état de fissuration, etc…) conditionne le
processus de gonflement qui peut s’accompagner, dans certains cas, de modifications de
structure et de texture du sol avec un réarrangement des particules, une compensation de
vides, etc….
Les méthodes indirectes de caractérisation de la fraction argileuse des sols, inspirées des
essais d’identification des matériaux, sont très utiles pour l’évaluation du « potentiel » de
gonflement et de retrait, mais elles ne peuvent remplacer les essais en laboratoire sur des
échantillons intacts afin d’en déterminer les paramètres exacts de gonflement et de retrait.
L’exposé d’un grand nombre de modèles empiriques montre des lois comportementales
différentes en utilisant des paramètres estimés à partir d’échantillons remaniés. Ces modèles
empiriques deviennent significatifs lors d’études statistiques sur différents types de sols
homogènes. Ces relations doivent être utilisées avec beaucoup de précautions car elles ne
tiennent pas compte des différences minéralogiques, structurelles et granulométriques, et ont
été établies pour des sols régionaux très différents.

73
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

D’un point de vue expérimental, il parait difficile de caractériser véritablement le


comportement réel d’un matériau argileux (effet d’échelle). Toutefois, l’objectif des essais
directs en laboratoire est de déterminer les paramètres gonflants (pression et taux de
gonflement) et rétractants (limite de retrait) relativement représentatifs du comportement réel
du sol sur le terrain, ou du moins leurs valeurs limites. La mesure de ces paramètres en
laboratoire dépend du type de matériau et de la méthode utilisée, mais également et surtout de
l’état initial du matériau. Il est important que ces essais respectent le mieux possible les
chemins de contraintes (hydriques et mécaniques) réels in situ. L’essai de gonflement libre,
réalisé sur une éprouvette, surestime bien souvent la pression de gonflement, mais permet
toutefois d’en estimer le potentiel de gonflement optimal. Les essais à charges constantes bien
que rapides, restent plutôt applicables aux sols compactés ou reconstitués en laboratoire, et
non aux sols naturels.

Dans la suite du travail, nous exposerons quelques principes et exemples de


manifestations du phénomène de retrait-gonflement qui ont occasionné des désordres sur des
habitations d’une commune, avant de présenter les résultats d’investigations in situ et les
caractéristiques géotechniques des sols argileux impliqués dans les sinistres.

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Marie CHRETIEN (2010)
CHAPITRE II.
Manifestations du phénomène
de retrait-gonflement sur le
bâti

« La construction sur sols sensibles : compréhension des


mécanismes du phénomène à l’échelle parcellaire»
Chapitre II Manifestations sur le bâti

1. INTRODUCTION
Le gonflement ou le retrait des sols argileux sont à l’origine de nombreux dommages
sur des ouvrages superficiels ou souterrains, qui induisent des mouvements de sols et des
tassements différentiels plus ou moins importants sur les murs de soutènement et les
fondations des bâtiments par exemple. En Grande-Bretagne, le mécanisme a été observé dès
les années 1950 sur des casernes bâties sur les Argiles de Londres (Skempton, 1953). En
France, de tels sinistres ont été reconnus lors de la sécheresse de 1976 (Philipponnat, 1978),
principalement sur des habitations de la région parisienne. Dès cette époque, des premières
règles constructives préventives ont été définies par les géotechniciens suite à l’évidence
d’une corrélation entre l’occurrence de ces désordres et la présence de certaines formations
géologiques. Des recommandations constructives ont été également mises en place dans de
nombreux pays du monde connaissant cette problématique, notamment dès les années 1990
aux Etats-Unis suite à des sinistres importants liées à la sécheresse, dont le coût annuel est
estimé à deux milliards de dollars (Source NRCS, Naturel Ressources Conservation Service,
U.S. Department of Agriculture). Il en ressort que les dégradations liées à la sécheresse
viennent de l’absence d’une reconnaissance géotechnique des terrains associée à des défauts
de construction. En France, les sinistres sur habitations consécutifs au retrait-gonflement des
argiles ont été reconnus en état de catastrophe naturelle et indemnisés au titre du régime des
catastrophes naturelles de la loi de 1982. Le montant des indemnisations entre 1990 (première
sécheresse reconnue après 1982), 2003 (ayant occasionnée le plus de sinistres sur l’ensemble
du territoire) et 2008 a été évalué à environ 3,3 milliards d’euros, ce qui en fait la deuxième
cause d’indemnisation après les inondations. La sécheresse de l’été 2003, et ses nombreux
effets, a enclenché une remise en question des critères actuels de reconnaissance de l’état de
catastrophe naturelle sécheresse, qui se basaient pour l’essentiel sur l’évaluation de l’état
hydrique. Cette forte recrudescence des sinistres observée en 2003 a incité les pouvoirs
publics et les professionnels de la construction à envisager une accélération des politiques de
prévention face à ce risque, avec la mise en place de règles constructives préventives. Ces
règles nécessitent une justification de la pertinence de ces mesures, sur des bases scientifiques
cherchant une meilleure compréhension des mécanismes d’endommagement des
constructions sous l’effet du retrait-gonflement des sols argileux. Ces interrogations sont à
l’origine de programmes de recherche, tels que celui lancé par le RGCU sur le thème
« Vulnérabilité des infrastructures vis-à-vis du changement climatique » de 2004 à 2006, et le
programme ARGIC « Analyse du Retrait-Gonflement et de ses Incidences aux
Constructions » lancé par l’ANR en 2006. Ces recherches ont été réalisées conjointement par
le BRGM, des bureaux d’études géotechniques et des laboratoires universitaires en France.
On abordera dans cette partie les mécanismes à l’origine des désordres et la pathologie
des dommages sur constructions, en explorant les guides de synthèse ministériels de
prévention vis-à-vis du risque sécheresse géotechnique. On s’intéressera également aux
résultats d’enquêtes en vue de définir un exemple type de la construction sinistrée, ainsi
qu’aux principes de précautions constructives et moyens de préventions mis en place par les
pouvoirs publics et liées à la présence de sols argileux. La compréhension de cette
problématique sécheresse et de ses conséquences sur le bâti nous permettra de comprendre

76
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

dans une deuxième partie les causes de nombreux sinistres sur habitations d’un quartier
résidentiel, dit « Cap de Bos » situé sur la commune de Pessac (Gironde, France). Un aperçu
du type d’ouvrage touché par le phénomène et des facteurs environnementaux favorisant le
déclenchement de ce phénomène au niveau d’un quartier sera dressé, suite à une enquête de
quartier et à une campagne d’investigations réalisée chez des particuliers volontaires pour
participer à l’étude. Une caractérisation géotechnique associée à des essais en laboratoire
permettra d’établir les paramètres géotechniques détaillés de la formation argileuse à l’origine
des sinistres.

2. Nature du phénomène
Les effets du phénomène de retrait-gonflement se caractérisent par une modification de
la texture et une variation de volume reliées aux modifications de l’état hydrique des sols
argileux, se traduisant par l’apparition de fissures sur la structure. Cependant, un tassement
qui se produit sous l’effet de la dessiccation d’un sol argileux par exemple (de même pour un
gonflement) est rarement uniforme, d’une part en raison des hétérogénéités du sol à l’échelle
de la parcelle et d’autre part des variations spatiales d’humidité (différence d’expositions au
soleil, présence d’arbres et effet de la construction qui limite localement l’évapotranspiration).
En effet, sous une maison, le sol reste relativement épargné par les variations hydriques
saisonnières (Figure 2.1), tandis que sa périphérie est soumise en période sèche à une
évaporation en surface relativement superficielle accentuée par des racines d’arbres pouvant
assécher le sol jusqu’à plusieurs mètres de profondeur.

Légende du dessin
(1) Evapotranspiration
(2) Evaporation
(3) Absorption par les racines
(4) Couches argileuses
(5) Feuillets argileux
(6) Eau interstitielle

Figure 2.1 : Schéma de principe du phénomène de retrait-gonflement des argiles (BRGM, site
www.argiles.fr)

Si ce tassement (ou gonflement) se produit de manière uniforme, une construction


suffisamment rigide est capable de suivre le mouvement sans désordre. Mais la plupart du
temps, une maison se retrouve souvent dans un contexte regroupant des hétérogénéités locales
de comportement du sol et un niveau de dessiccation non uniforme, engendrant ainsi des
tassements différentiels sous les fondations dont l’amplitude peut dépasser la capacité
d’adaptation de la structure. Les dommages peuvent également touchés les réseaux de
drainage, d’évacuation des eaux pluviales qui peuvent, par exemple, subir des inversions de

77
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

pente ou des ruptures (par fatigue du matériau ou défaut lors de la mise place en phase
travaux) provoquant le débordement et l’infiltration d’eau au niveau des fondations et
alimentant les argiles en profondeur.

2.1 Facteurs de prédisposition et de déclenchement


Les facteurs de prédisposition sont ceux dont la présence induit le phénomène de retrait-
gonflement, mais ne suffit pas à le déclencher. Les principaux facteurs de prédisposition au
phénomène de retrait-gonflement au droit d’ouvrages superficiels, et que nous avons détaillé
au chapitre suivant, sont les suivants :
- les facteurs climatiques (précipitations, …),
- la nature lithologique du sous-sol et la présence de minéraux expansifs,
- l’hydrogéologie du terrain,
- le rôle prépondérant de la végétation en fonction des saisons,
- la topographie (pente, exposition au soleil des façades, …),
- les facteurs anthropiques (défauts lors de la construction, modification des
écoulements, fuite de réseaux, pompage intensif, imperméabilisation des sols,
plantation d’arbres, construction sur remblais argileux non traités…).

Il ne faut pas négliger les phénomènes météorologiques, qui n’ont d’effet significatif
dans le déclenchement du phénomène de retrait-gonflement que s’il existe des facteurs de
prédisposition préalables. Toutefois, ce facteur déclenchant permet de déterminer l’occurrence
du phénomène. En effet, le climat contrôle l’humidité des sols, les variations saisonnières de
l’état hydrique des sols, l’évaporation et l’absorption de l’eau par les arbres. L’expérience
montre que les sols sous climat tempéré et océanique présentent en moyenne un état hydrique
plus proche de la saturation que de la dessiccation. Leur potentiel de gonflement s’en trouve
ainsi amoindri, de sorte que les désordres observés sont plutôt liés au phénomène de retrait.

2.2 Critères météorologiques actuels de reconnaissance en état de


catastrophe naturelle
La reconnaissance de catastrophe naturelle liée aux mouvements différentiels des sols
argileux s’appuie jusqu’à aujourd’hui sur une approche en deux étapes (Soubeyroux et
Blanchard, 2008) :
- la première approche basée sur l’expertise géotechnique afin de lier les dégâts sur
habitations aux mouvements de sol suite à un retrait du sol,
- la deuxième basée sur une expertise climatique liant ce retrait aux paramètres
hydriques du sol.
La plupart des désordres constatés en France sont imputés à des périodes de sécheresse
dites « exceptionnelles » basées jusqu’en 1999 sur le seul critère d’un important déficit
pluviométrique par rapport aux moyennes de référence et sur une longue durée. Depuis 2000,
l’estimation du caractère exceptionnel et de l’intensité de la sécheresse s’appuient sur un
calcul du bilan hydrique du sol à partir d’un modèle agronomique à deux réservoirs (Jacquart

78
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

et Choisnel, 1995), permettant d’estimer le contenu en eau des sols. Plusieurs critères
empiriques ont été définis par la Commission Interministérielle CATNAT pour discriminer
les sécheresses intenses à partir d’un bilan hydrique (réserve R) appliqué à un sol de réserve
utile (RU) de 200 mm (grandeur caractéristique des sols argileux) :
- un critère hivernal, dit critère 2000, qui impose une sécheresse (rapport R/RU
inférieur à 1) établie sur quatre trimestres consécutifs et un choc en période de
recharge hivernale,
- plusieurs critères estivaux, dits critères 2003, basés sur la valeur du déficit hydrique
du seul troisième trimestre et sa durée de retour (fréquence de 25 ans).
Ces critères sont calculés par Météo France sur les stations de référence de métropole
disposant d’une climatologie suffisante de mesures de précipitations et d’évapotranspiration.
Chaque commune est ensuite rattachée à une station de référence la plus proche, via un
zonage climatologique des précipitations sur la France établi par Météo France en 1998.
Toutefois, le traitement de la sécheresse de 2003 a montré que les critères en vigueur pour
caractériser l’intensité des sécheresses géotechniques mériteraient quelques améliorations
(Magnan et Zadjaoui, 2008) et pourraient être combinées en deux facteurs : l’intensité
cumulée des pluies du semestre d’été et de celui d’hiver, et les températures au cours de
périodes de sécheresse influençant leur intensité. Le climat et les critères de variations locales
sont les seuls paramètres « aléatoires » à prendre en compte au cours du temps comme
facteurs responsables des dommages aux constructions.

3. Manifestations et prévention du phénomène


Les principales victimes du phénomène de la sécheresse géotechnique sont les maisons
individuelles de plain-pied, souvent construites en dallage sur terre-plein avec des fondations
sur semelles filantes continues ancrées peu profondément (de 0,40 m à 0,80 m) sur des sols
argileux, dépourvues de joints de structure et d’une bonne rigidification de la structure
(chaînages horizontaux) et le tout à proximité d’arbres isolés ou en haies (Rapport Ministère
de l’Environnement, 1993 et Vincent, 2005 & 2006). En effet, d’après Jacquard et al. (2004)
et Tessier et al. (2006), il apparait clairement que les habitations les plus touchées sont celles
dont les fondations sont situées en surface et jusqu’à 0,80 m de profondeur. La fondation
d’une construction est l’élément qui repose directement sur un sol d’assise et qui transmet
toutes les sollicitations auxquelles elle est soumise. Toutefois, il est à noter que des fondations
réalisées dans les règles de l’art et en suivant les recommandations préventives auraient pu,
dans la plupart des cas, suffire à éviter l’apparition de désordres.
Les guides de prévention fournissent une bonne synthèse des effets de la sécheresse sur
les constructions, des déformations de structures selon le type de mouvement du sol et des
mouvements différentiels admissibles dans certains cas. En effet, ces guides résultent
d’enquêtes réalisées par l’Agence Qualité Construction et le CEBTP (1991), respectivement
portées sur 356 et 412 bâtiments sinistrés considérés comme représentatifs. Ces résultats
indiquent que 72 % à 76,8 % des sinistres portaient sur des maisons en rez-de-chaussée avec
des fondations superficielles ancrées à une profondeur inférieure à 0,80 m. Les tassements
différentiels se traduisent par des défauts de portance localisés en certains points des

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Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

fondations (angles de la maison), ce qui induit des contraintes de traction dans le


soubassement et les pignons. Les fissures observées présentent une orientation variable, en
fonction du type de mouvement subi.

3.1 Manifestations des désordres sur les bâtiments fondés sans


précautions sur sols argileux
Au cours d’une période dite de « sécheresse », la présence d’un bâtiment fait office
d’écran à l’évapotranspiration et modifie les conditions hydriques d’équilibre initiales des sols
entre la partie centrale et la périphérie. Ainsi en l’absence de nappe bien individualisée, l’eau
de pluie aura tendance à migrer de la périphérie vers le centre du bâtiment après chaque
épisode pluvieux. Dans ces conditions, la teneur en eau deviendra progressivement maximale
au centre de l’édifice, tandis que la périphérie et surtout les angles de l’habitation resteront
soumis aux variations hydriques. De fait, les fondations subiront une alternance de tassements
et gonflements dans un mouvement continu et rapide au niveau d’une zone d’influence
localisée autour des fondations dite « zone active » (Figure 2.2), alors que le centre atteindra
un gonflement maximal selon un mouvement lent et continu (Site Ministère Ressources
Naturelles du Canada). Dans ces conditions, comme il n’y a pas de contraintes sans
déformations, l’apparition progressive de fissures est inévitable.

Figure 2.2 : Schéma de principe du phénomène de retrait-gonflement du sol dans la zone active
(http://geoscape.nrcan.gc.ca/sask/cracks_f.php)

Toutefois, la situation peut être inverse avec un retrait dans les angles de l’habitation
après une période sèche et si la construction a été réalisée en période sèche (cas le plus
favorable pour la traficabilité des engins). Dans ce cas, suivant le type de formation argileuse
présente, le retrait des sols peut localement supprimer le contact entre la fondation et le sol
d’assise, et entraîner l’apparition de vides, des concentrations de contraintes et création
d’efforts parasites. Face à ces tassements différentiels, le comportement de la structure dépend
de ses possibilités de supporter des déformations à court et long terme. En théorie, soit une
structure est très souple et déformable, soit elle est parfaitement rigide avec un chaînage
horizontal et vertical (haut et bas) pouvant résister aux mouvements du sol sans dommages
sur la structure. Le traitement du niveau bas avec un dallage porté par les fondations, et conçu
sur vide d’air, est une solution maintenant souvent associée au plancher porté afin de garantir
au maximum l’apparition de désordres sur le dallage. En effet, l’espace laissé libre entre le

80
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

dallage et le sol support permet au sol de subir des mouvements en retrait et/ou en gonflement
sans transmettre d’efforts au dallage.
Dans la majorité des sinistres recensés et rencontrés dans des dossiers d’expertises, la
structure n’est pas totalement, voire dépourvue, de rigidifications (poteaux en béton armé,
chaînages). La construction ne peut alors accepter des mouvements des sols d’assises de
fondations sans désordres. Des flexions parasites ne sont acceptées que jusqu’à des seuils
tolérables de l’ordre de 1/500ème environ, correspondant à une différence de mouvement de 1
cm entre deux points d’appuis distants de 500 cm) (Mouroux et al., 1988). Au retour des
précipitations, les sols se réhumidifient sans retrouver complètement leur volume initial et les
fissures des bâtiments peuvent se refermer quasi-complètement. Dans le cas de sols argileux
particulièrement gonflants, l’amplitude du gonflement peut être supérieure à celle du retrait
subit, et entraîner de nouveaux désordres. C’est pourquoi le suivi de l’évolution des fissures
sur un cycle annuel d’observation est indispensable pour tester l’aptitude des mouvements de
sols soit au retrait uniquement, soit au gonflement également.
Après une période de sécheresse ou de réhumidification des sols, on peut distinguer
principalement sur un bâtiment les désordres suivant :
 fissuration structurelle : fissures verticales, horizontales, obliques ou dites « en
marches d’escalier ». Ces fissurations recoupent systématiquement les points faibles
constitués par les ouvertures situées dans les murs, cloisons et plafonds (Figure 2.3).

Figure 2.3 : Désordres à l’ensemble du bâtiment et de l’ossature (CEBTP, 1991)

 fissuration liée à la présence d’une lentille argileuse sous le bâti (Figure 2.4)

 fissuration liée à l’existence d’un sous-sol partiel en milieu argileux (Figure 2.4)

Limite sol argileux a) Sous-sol partiel b)

Figure 2.4 : Désordres partiels dus : a) à la variation d’épaisseur du sol argileux sensible ; b) à
l’existence d’un sous-sol partiel (CEBTP, 1991)

 décollement des parties accolées aux parties principales : absence de joints de


structure entre la partie principale et les annexes (garage, perron, terrasse, etc..)

81
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

pouvant entraîner également des ruptures au niveau des raccords de canalisation


(réseau d’eau par exemple, très néfaste en milieu argileux) (Figure 2.5).

Large fissure par


décollement

a) b)

Figure 2.5 : Exemples de désordres affectant : a) un appentis ; b) les dallages extérieurs (CEBTP, 1991)

 fissuration liée à la présence d’une végétation trop proche d’un pignon (Figure 2.6) :

Figure 2.6 : Désordres partiels dus à la présence d’un arbre trop proche d’angle du bâti (CEBTP, 1991)

La zone d’influence de la racine dépend essentiellement de l’espèce végétale considérée


et son stade de développement des racines. Par exemple, si on construit un bâtiment en
conservant un arbre déjà présent et déjà développé, ce dernier n’aura que peu d’influence sur
la construction. À l’opposé, la plantation de jeunes arbres à proximité d’une nouvelle
construction va inciter ces derniers à chercher l’humidité la plus proche, soit au centre du
bâtiment et engendrer rapidement des désordres. (Il ne faut pas oublier les désordres
attribuables à la présence de remblais argileux mal compactés, ou l’effet néfaste d’un terrain
en pente, de réseaux percés, etc.). Une étude présentée dans le magazine Sycodès par Jarrault
et Chevalier (1991), a eu pour but de recenser les différentes essences végétales ayant eu un
rôle néfaste prouvé dans des sinistres liés à la dessiccation des sols. Le tableau 2.1 suivant
récapitule les différentes données récoltées pour chaque type de végétation.

Tableau 2.1 : Données concernant les différentes espèces végétales dont le rapport avec des
ouvrages sinistrés a été démontré (Jarrault et Chevalier, 1991)

82
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Le développement racinaire dépend de la nature du sol, de l’essence d’arbre et de l’eau


disponible. Chaque essence d’arbre génère un type de racine qui lui est propre (Tessier, 2006).
Néanmoins, la croissance racinaire se fait à partir de trois catégories initiales décrites à la
figure 2.6bis.

Figure 2.6bis : Différents types de racines (ONF, 1999 cité par Tessier, 2006)

Ainsi, l’identification de l’essence d’arbre peut être un indice sur le développement


racinaire et permettre de soupçonner la propagation des racines sous les fondations d’un
bâtiment.

3.2 Déformations des structures selon le type de mouvement de sol et le


mode de fondations
D’après Mouroux et al. (1988), en gonflement ou en tassement, la déformation d’un sol
d’assise de fondation, en fonction principalement de la rigidité de la structure supportée, peut
prendre deux aspects :
- déformation par flexion,
- déformation par cisaillement.
En effet, les différences de mouvements le long du périmètre de la construction
conduisent à des moments fléchissants parasites dans les fondations, qui amèneront eux-
mêmes des contraintes de cisaillement dans la structure aboutissant à sa fissuration. La forme
que prendra la fissuration résultante diffèrera principalement suivant le mode de fondation de
l’habitation et évoluera avec le temps.

3.2.1 Forme et direction des fissures selon le type de mouvement du sol


Dans le cas d’une déformation de type flexion supportée par une structure fondée sur
une fondation continue, une face va être comprimée et l’autre face sera tendue et parcourue de
fissures de traction subverticales, alors que les fissures de cisaillement apparaîtront de façon
générale dans toute la poutre et orientées à 45° (Figure 2.7) (Mouroux et al., 1988). Les

83
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

fissures de traction et de cisaillement passeront par les points de faiblesse de la structure,


telles que les angles des ouvertures (portes, fenêtres). La fissuration par cisaillement
apparaîtra dans une structure qui sera insuffisamment rigidifiée en général. On présente dans
la figure 2.7 quelques exemples de déformations et fissures pour un même type de structure.
Compression

Structure Traction Fissure de


traction

a) Sans mouvement, état initial b) Déformation de type flexion en tassement

Fissure de
Fissure de cisaillement orientée 45° Traction traction

Compression

c) Déformation de type cisaillement en tassement d) Déformation de type flexion en gonflement

Figure 2.7 : Formes et direction des fissures selon le type de déformation (Mouroux et al., 1988)

3.2.2 Forme de la fissuration en fonction du mode de fondation


On présente ici des exemples d’action de gonflement ou de tassement différentiel sur un
bâtiment de plain-pied (en l’absence de précautions constructives vis-à-vis du retrait-
gonflement des sols), selon les quatre types de fondations les plus préconisées (Mouroux et
al., 1988) :
 fondations sur semelles filantes continues sous murs porteurs (Figure 2.8-a)

Fissures diagonales de cisaillement dues


à un gonflement différentiel à la
périphérie du bâtiment (le gonflement
minimal étant aux angles, et le maxima
au centre et milieu de chaque côté)

Figure 2.8-a : Formes et direction des fissures pour des semelles filantes (Mouroux et al., 1988)
 fondations sur semelles isolées sous murs porteurs ou poteaux et fondations sur
plots/massifs de béton reliés en tête par des longrines sous poteaux (Figure 2.8-b)

Fissures diagonales de cisaillement Fissures diagonales et cisaillement


dues à un gonflement différentiel au dues à un gonflement différentiel à
milieu du pignon du bâtiment l’angle du bâtiment

84
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Fissures diagonales de cisaillement, puis


fissures horizontales de traction en pignon
dues à un tassement différentiel du pignon
Tassement différentiel à l’angle par rapport au reste du bâtiment

Figure 2.8-b : Formes et directions des fissures pour des appuis isolés (Mouroux et al., 1988)

 fondations sur radier général plus ou moins épais suivant les descentes de charges
appliquées, avec une structure portée de type murs porteurs (Figure 2.8-c).
Fissures horizontales de traction par flexion

Fissures
secondaires de
cisaillement

Figure 2.8-c : Types de déformations pour un radier général (Mouroux et al., 1988)

3.2.3 Les mouvements différentiels admissibles

Comme on l’a expliqué précédemment, les désordres sont le résultat de mouvements


différentiels du sol d’assise des fondations et dallage d’un point à l’autre du bâtiment. Si le
tassement ou le gonflement était répartit de façon homogène, théoriquement il n’y aurait pas
de désordres importants. Plusieurs facteurs peuvent alors être à l’origine de ces tassements à
caractère différentiel :
- les sols sont relativement toujours hétérogènes, même sous l’emprise d’une
habitation, du point de vue de leurs caractéristiques mécaniques, leur nature ou leur
épaisseur,
- l’action du bâtiment sur le sol n’est jamais homogène, que ce soit de part les
contraintes transmises au sol, du volume de sol concerné par ces contraintes ou des
perturbations hydriques liées à la présence du bâtiment,
- la répétition cyclique de phases de gonflement et de retrait : ces cycles annuels se
caractérisent par un gonflement en hiver et du retrait en été, et il en résulte des effets
cumulatifs des changements des propriétés des sols. Les variations de volume ont

85
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

tendance ainsi à s’amplifier à chaque nouveau cycle, aggravant potentiellement les


dégâts causés sur une habitation. Dans ce cas, les variations de volume tendent à se
rapprocher des variations de teneur en eau (Tessier, 2006).

Ces hétérogénéités perturbant l’interaction sol-structure ne sont pas correctement


quantifiables. Dans la pratique courante, les géotechniciens estiment les tassements
différentiels absolus qui peuvent déstabiliser la structure (Mouroux et al., 1988). Avant de
décrire les limites décrivant la sensibilité d’une structure aux mouvements de fondations, il est
important de bien différencier le mouvement absolu d’une fondation d’un mouvement
différentiel. Comme on peut le voir avec le schéma suivant :

- le mouvement absolu correspond à l’amplitude du mouvement en chaque point d’une


fondation (∆A ou ∆C) en millimètres ou centimètres,
- le mouvement différentiel représente la différence de mouvements entre deux appuis,
indépendamment de l’amplitude du mouvement en chaque point (∆A - ∆B par
exemple)
- le mouvement différentiel unitaire s’exprime comme le rapport de la différence de
mouvements entre deux appuis par rapport à la distance entre ces deux points
d’appuis.
Les seuils de mouvements différentiels admissibles s’appliquent pour des gonflements
différentiels toujours associés à un cycle de retrait-tassement en saison sèche (par principe
d’équivalence). Ces mouvements différentiels sont exprimés par l’usage en fraction, comme
étant le rapport du mouvement différentiel sur la distance entre deux points d’appuis où
s’appliquent les mouvements. Le tableau 2.2 présente les ordres de grandeur des mouvements
différentiels en fonction des désordres constatés pour des bâtiments fondés superficiellement.

Valeur du mouvement
Désordres constatés
différentiel unitaire
1/1000 Fissuration des plâtres
1/600 Seuil de fissuration dans les structures type portique en B.A.

1/500 Limite pour les bâtiments où une fissuration n’est pas admissible

Limite à partir de laquelle commence la fissuration des murs porteurs sur


1/300
semelles filantes
Fissuration des murs porteurs sur semelles continues, les poutres reposant
1/250
sur semelles isolées
Fissuration importante dans les murs porteurs et dans les murs de
remplissage en briques. Les poutres entre poteaux perdent de leur
1/150
portance. Limite à partir de laquelle les dommages de structure
deviennent très graves, pouvant parfois conduire à l’instabilité générale
du bâtiment par rupture d’éléments porteurs.
Tableau 2.2 : Ordre de grandeur des mouvements différentiels unitaires pour les bâtiments fondés
superficiellement (Mouroux et al., 1988)

86
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

3.3 Les mesures préventives


Au cours de la période sèche de 1989 à 1992 suivies de celles des étés de 2003 et de
2005, des vagues de sinistres ont été déclarés dans toute la France, ce qui a conduit les
pouvoirs publics à reconnaître l’état de catastrophe naturelle sécheresse pour plus de 7 300
communes. La répartition géographique de ces communes recoupe partiellement les 5 000
communes ayant déjà été plusieurs fois reconnues en « CAT NAT sécheresse », montrant
ainsi une nette progression du phénomène (Figure 2.9).

Figure 2.9 : Communes françaises concernées par des arrêtés de catastrophe naturelle sécheresse
(données www.prim.net d’août 2006)

Afin de mieux appréhender ce risque naturel, l’État a demandé au BRGM (Bureau de


Recherche Géologique Minière) de développer un outil méthodologique en vue de
cartographier l’aléa retrait-gonflement des sols argileux, d’abord à l’échelle départementale
puis à l’échelle communale, et cela à partir de 1997. Cette méthode, appliquée en premier lieu
dans le département des Deux-Sèvres (Vincent et al., 1998) est désormais formalisée
(Vincent, 2003) et appliquée, à la demande du Ministère de l’Ecologie et du Développement
Durable, dans les départements les plus touchés par le phénomène. La donnée de départ
utilisée est celle des cartes géologiques établies et publiées par le BRGM à l’échelle 1/50
000ème. Leur analyse permet d’identifier les formations argileuses (au sens large), affleurantes
ou sub-affleurantes, et d’en établir une cartographique numérique, homogène à l’échelle
départementale. Les formations argileuses ainsi identifiées font ensuite l’objet d’une
hiérarchisation en fonction de leur susceptibilité vis à vis du phénomène de retrait-
gonflement. Celle-ci est évaluée sur la base de trois critères qui se recoupent plus ou moins :
- leur nature lithologique (caractérisée par l’importance et la disposition des termes
argileux au sein de la formation),

87
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

- la composition minéralogique de leur phase argileuse (la proportion de minéraux


gonflants de type smectites ou interstratifiés étant estimée à partir de critères
paléogéographiques et d’essais de diffractométrie aux rayons X),
- leur comportement géotechnique (évalué par des essais de laboratoire parmi lesquels
la valeur de bleu, l’indice de plasticité, le retrait linéaire et le coefficient de
gonflement si disponible). La combinaison de ces différentes observations permet
d’établir une carte de susceptibilité au retrait-gonflement.
Les critères géotechniques utilisés pour la réalisation de cartes départementales à petite
échelle (1/25 000ème) utilisent les « valeurs seuils » admises dans la bibliographie et par les
praticiens. La sensibilité géotechnique des formations est évaluée à partir de quelques données
d’essais géotechniques courants, et énumérés précédemment, fournies par quelques bureaux
d’études de sol lors d’expertises de sécheresse (Vincent, 2003). Aussi l’estimation de l’aléa
consiste à distinguer quatre degrés de susceptibilité (faible, moyen, fort et très fort) affectés
d’une note, allant de 1 à 4 soit du plus faible au plus fort. Cette hiérarchisation des formations
argileuses permet d’établir une carte de susceptibilité vis-à-vis du retrait-gonflement à partir
de la note attribuée pour chaque critère à la formation étudiée.

La carte d’aléa Retrait-Gonflement est réalisée à partir de cette carte de susceptibilité


en intégrant de surcroît les sinistres enregistrés depuis 1989, afin d’obtenir une représentation
statistique réaliste des probabilités d’occurrence du phénomène. Le croisement avec la carte
géologique permet de calculer, pour chacune des formations argileuses identifiées, une densité
de sinistres qui est ramenée, pour faciliter les comparaisons, à 100 km2 de surface
d’affleurement réellement urbanisée. Il est en effet nécessaire de tenir compte du taux
d’urbanisation qui peut présenter des disparités importantes d’un point à l’autre du
département et fausser ainsi l’analyse. L’échelle de validité des cartes départementales d’aléa
ainsi établies est celle de la donnée de base utilisée pour leur réalisation, à savoir les cartes
géologiques à 1/50 000ème. Le degré de précision et de fiabilité des cartes d’aléa est limité en
partie par la qualité de l’interprétation qui a permis leur élaboration (identification et
hiérarchisation des formations à composante argileuse), mais surtout par la qualité des
observations qui ont permis la réalisation des cartes géologiques, point de départ de l’étude.
En particulier, les hétérogénéités lithologiques, qui caractérisent de nombreuses formations
géologiques superficielles, ne sont pas toujours bien identifiées sur les cartes actuellement
disponibles. De plus, l’affichage de cette carte à une plus petite échelle se fait sans étude
complémentaire, elle reste donc une donnée indicative.

Ainsi, d’ici à 2010, près de quatre-vingt cartes départementales d’aléa sont et seront
disponibles sur le site internet du BRGM www.argiles.fr (Figure 2.10). Certaines d’entre elles
ont déjà servi de support pour l’élaboration de plan de prévention des risques naturels
prévisibles (PPR) pour les départements français les plus touchés par le phénomène de retrait-
gonflement des sols argileux (exemples : Gers, Haute-Garonne, Région Parisienne, etc..).

88
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Figure 2.10 : Portail d’accès du site www.argiles.fr (BRGM)

La mise en place de ces PPR permet de rappeler et imposer des règles constructives
préventives relativement simples et peu onéreuses. Ces mesures préventives concernent à la
fois le mode de construction lui-même (obligation de mise en place de chaînages, joint de
rupture entre bâtiments accolés), la suggestion de réaliser une étude de sol préalable pour
optimiser et homogénéiser la profondeur d’ancrage des fondations (sinon des valeurs
minimum arbitraires sont données : 0,80 m en zone B2 avec argile moyennement sensible ;
1,20 m dans les zones argileuses très sensibles B1) et maîtriser l’environnement immédiat de
la maison (trottoir périphérique large, maîtrise des eaux de ruissellement, éviter les fuites de
canalisations, pas de pompage trop proche en été, raccords souples au niveau des canalisations
enterrées, éloignement des arbres d’une distance égale à 1,5 fois la taille adulte de l’arbre)
(Figure 2.11).

Figure 2.11 : Règles constructives préventives face au risque de retrait-gonflement de sols argileux
(Guide sécheresse et construction édité par l’Agence Qualité Construction)

89
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

4. Caractérisation du phénomène à l’échelle d’un quartier


sinistré sur la commune de Pessac (Gironde)

Un des premiers objectifs de la thèse est de caractériser la sensibilité des sols argileux
et de comprendre les mécanismes physiques engendrant les mouvements différentiels
consécutifs à la réhydratation et la dessiccation des sols fins sous habitations. La
problématique est de trouver les paramètres géotechniques simples, faciles à mettre en œuvre
et pertinents, associés à des seuils afin de détecter les sols à risque sécheresse. Pour cela, il a
été choisi de travailler à l’échelle d’un quartier sinistré suite à des épisodes de sécheresse puis
à l’échelle de la parcelle sinistrée afin de constituer une base de données géotechniques,
texturales et minéralogiques des sols sensibles ayant déjà subi le phénomène. Selon certains
cas, la base de données sera complétée par les résultats d’une expertise géotechnique réalisée
par un bureau d’études de sol, et diligentée par l’assureur à la suite d’une déclaration en
Catastrophe Naturelle Sécheresse.

La recherche est menée sur la commune de Pessac (Gironde, 33), en collaboration


avec la Mairie de Pessac et dans le cadre du programme de recherche national ANR-ARGIC
(Analyse du Retrait-Gonflement et ses Incidences sur les Constructions) (2006 – 2009). En
effet, la commune de Pessac est l’une des agglomérations en banlieue bordelaise la plus
touchée par le phénomène de retrait-gonflement avec près de 200 sinistres recensés depuis
1989, pour des périodes couvrant 1989 à 1996 puis les étés 2003 et 2005. Cette étude se
concentre sur un des quartiers de la commune, à savoir le quartier dit « Cap de Bos », un des
secteurs les plus sinistrés à l’Ouest de la commune. Nous présenterons dans un premier temps
le contexte géologique à l’échelle de la ville, en s’appuyant sur les cartes géologiques
existantes, puis au niveau du quartier Cap de Bos qui constituera notre secteur d’étude.
Compte tenu de la quasi-absence d’informations relatives au sous-sol dans cette partie de la
commune, nous détaillerons les reconnaissances de sites sinistrés que nous avons mené durant
toute une année, et qui nous ont permis d’établir une base de données géologiques,
minéralogiques et géotechniques relativement complètes à l’échelle de ce quartier. Cette base
de données géotechniques a été complétée tout au long de l’étude à la suite de dossiers
d’expertises effectuées par des bureaux d’études géotechniques, dont notamment le bureau
d’études AIS Grand Sud.

4.1 Contexte géographique et climatique de la commune de Pessac


L’étude est réalisée sur la commune de Pessac (Gironde, 33), située au sud de
l’agglomération bordelaise (Figure 2.12). Le secteur d’étude appartient à la région des Landes
de Gascogne montrant un relief monoclinal de plaine d’épandage deltaïque culminant à la
cote NGF 50 m à Pessac et incliné vers l’Ouest jusqu’au littoral maritime. En observant la
carte IGN de Pessac à 1/50 000ème, on s’aperçoit que le relief de la commune présente une
topographie pratiquement horizontale, liée à un comblement des dépressions par des dépôts
sableux éoliens. Les terrains sont très souvent drainés par des fossés et d’anciens canaux
creusés lors de la création des espaces urbains pour favoriser les écoulements. Ces anciens
canaux fonctionnent particulièrement en période hivernale. La commune est divisée en

90
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

plusieurs quartiers, avec notamment celui dit de « Cap de Bos » (localisé à la Figure 2.12)
situé à l’Ouest de la commune de Pessac. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le quartier de Cap de
Bos était une lande marécageuse épargnée par l’urbanisation. Sur le plan cadastral de 1813,
on remarque une lagune répertoriée appelée “Soudour” sur le site de l’actuel bassin de Cap de
Bos (Source Wikipédia).

Figure 2.12 : Localisation de la commune de Pessac et du quartier étudié au sein de la ville (source
Wikipédia).

Du point de vue hydrographique, notre secteur d’étude est encadré à ses extrémités
Nord et Sud par deux grands ruisseaux s’écoulant vers la Garonne : le Peugue et l’Eau
Bourde. Le premier s’écoule d’Ouest en Est, passe au Nord de notre zone d’étude (Magonty)
et traverse les alluvions pliocènes et quaternaires jusqu’au centre de Bordeaux. L’Eau Bourde,
le plus important des ruisseaux alimentant la Garonne, circule largement au Sud du quartier de
Cap de Bos, prend sa source vers le bourg de Cestas et draine d’Ouest en Est les terrains
tertiaires et quaternaires avant de se jeter dans la Garonne. Les vallées de ces deux cours
d’eau environnants incisent ce relief sur 2 à 8 m de profondeur et mettent à l’affleurement le
substratum Oligocène ou Miocène. Le sous-sol régional est essentiellement recouvert par les
sables des Landes holocènes et par des sols marécageux (podzols) dans les vallées encaissées
immergées lors de la dernière transgression majeure flandrienne.

Le climat de la Gironde est de type océanique, marqué par des hivers doux et des
températures estivales plutôt chaudes (Platel et al., 2004). Cependant, il existe un certain
contraste entre le littoral, l’arrière pays tempéré et les zones forestières aux amplitudes
thermiques plus marquées. Les vents océaniques, soufflant du nord-ouest au sud-ouest,
dominent largement. Les précipitations annuelles sont comprises entre 650 et 1000 mm, avec
une moyenne statistique observée à la station Météo-France de Bordeaux-Mérignac de 984
mm pour la période 1971-2000 (Source Météo-France).

91
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

1400 16

14
1200

12
1000
Hauteur de pluie de référence station = 984 mm
Cumul précipitations (mm)

10

Température (°C)
800

600
6

400
4

200
2

0 0

Figure 2.13 : Diagramme précipitations/températures annuelles relevés à la station de Mérignac de


1921-2008, avec une hauteur de pluie référence de 984 mm (période de 1971-2000)
(Source : Météo France).

Il pleut en moyenne 162 jours par an et les pluies sont réparties en toutes saisons. Les
températures moyennes sont de 6,4°C en janvier et de 21°C en août avec une moyenne
annuelle de 13,3°C (Platel et al., 2004). Bordeaux connaît en moyenne 15 à 20 jours en été où
les températures dépassent les 30°C. Des températures extrêmes peuvent aussi être observées
comme lors de l'été 2003 où la température a atteint 41°C. Ce même été, il y a eu 12 jours
consécutifs où les maximales ont atteint ou dépassé les 35°C. Bordeaux a connu des hivers
très froids en 1985 et en 1987, puis une sécheresse de 1989 à 1992 et plus récemment de 2002
à 2005. Les faibles précipitations notées en 1921, 1941, 1942-1945 et 1953 sont
principalement dues à un arrêt des relevés climatiques pendant quelques mois, voire des
années en raison de la guerre. On constate dans ce diagramme que l’épisode de sécheresse de
2003, peut être considéré comme l’une des plus importantes sécheresses du point de vue
« géotechnique ». En effet, cet épisode s’insère dans un cycle de pluviométrie entre 2001 et
2005 largement inférieure à la moyenne de référence (980 mm), avec des précipitations
annuelles comprises entre 600 mm (2005) et 800 mm (2001). De plus, il est à noter que les
températures moyennes annuelles ont tendance à augmenter de façon significative depuis le
début des années 90, avec une augmentation moyenne de 2°C. Depuis l’année 2005, la
pluviométrie annuelle a tendance à se rapprocher de la moyenne statistique, voire de la
dépasser (cas de l’année 2008 avec 1 009 mm de pluie cumulée).

4.2 Contexte géologique et hydrogéologique de la commune de Pessac


D’après la carte géologique de Pessac de 1977 à l’échelle 1/50 000ème (Figure 2.14), la
commune de Pessac se situe à la limite entre la grande région naturelle des Landes girondines,
à l’Ouest, et les terrasses alluviales de la Garonne, à l’Est. Ces deux domaines se distinguent
avec à l’Est les alluvions graveleuses à argilo-graveleuses de la Garonne notées terrasses
alluviales Fxa-b et Fx1b sur la carte géologique de Pessac (Thierry et al., 2006), et à l’Ouest les

92
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

dépôts plio-quaternaires argilo-sableux du complexe landais. Des colluvions issues des hautes
terrasses s’intercalent entre et sur les terrasses alluviales. À la faveur de l’érosion superficielle
des terrains par les affluents de la rive gauche de la Garonne, on peut observer l’affleurement
de formations tertiaires marno-calcaires datant du Miocène (Laroussi, 1969).

2 km.
ème
Figure 2.14 : Extrait de la carte géologique de Pessac à 1/50 000 avec la localisation du quartier
étudié de Cap de Bos (Gayet et al., 1977).

Après des travaux de recherche ayant contribué à la connaissance géologique de cette


région (Dubreuilh et al., 1995), une stratigraphie plus précise a été établie et organisée en cinq
séquences majeures montrant les avancées successives du delta Landais (Figure 2.15). Chaque
séquence présente une géométrie progradante, avec accumulations ligniteuses localement en
fin de séquence.
Formations Sables, argiles, graviers, limons
fluviatiles T : Débris Tourbeux

Sables des Landes Sables hydro-éoliens jaunâtres


s.s
150 m
Formation de
Castets

Formation de
Belin

Formation
d’Onesse

100 m Argiles silteuses blanchâtres,


Partie supérieure : kaoliniques
Mézos
Sables et graviers peu argileux
blanchâtres
Formation
d’Arengosse
Argiles gris-bleuté à marbrures
rouille
Partie inférieure :
Solférino
Sables et graviers roses

60 m
Figure 2.15 : Succession lithostratigraphique synthétique des formations continentales des Landes de
Gascogne du Pliocène à l’actuel (Dubreuilh et al., 1995), modifié par Chrétien et al. (2007)

93
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

La figure 2.16 présente une coupe en travers du Médoc (Dubreuilh et al., 1995),
montrant l’organisation de ces formations géologiques au droit de la commune de Pessac.

Figure 2.16 : Coupe des formations géologiques au travers du Médoc (Dubreuilh et al., 1995).

Des corrections sur les contours de formations géologiques ont été apportées par le
BRGM sur la carte géologique de Pessac de 1977, en s’appuyant sur l’examen des données de
forages existants et complétées par des données fournies par des bureaux d’études à
l’occasion de la réalisation de la cartographie de l’aléa retrait-gonflement des argiles dans le
département de la Gironde (Platel et al., 2004). Dans le cadre du projet RIVIERA (Risques en
Villes : Equipement, Réseaux, Archéologie), diligenté par le RGCU, l’ensemble des données
de forages ont été intégrées à l’échelle de la commune de Pessac, afin de construire un modèle
géologique en 3D. Cette recherche a permis d’affiner la carte géologique de Pessac en faisant
apparaître des formations intermédiaires, telles que les formations de Brach et de Belin, par
rapport à la carte géologique initiale de 1977 (Figure 2.17).

Secteur d’étude :
« quartier Cap de Bos »

Figure 2.17 : Contexte géologique de la commune de Pessac avec la position des formations concernées
(Thierry et al., 2006).

En observant la localisation de ces formations et la carte recensant les 187 sinistres sur
habitations déclarés sur la commune de Pessac à la Figure 2.18, il apparaît que les principaux

94
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

sinistres se concentrent au niveau du quartier de Cap de Bos et à proximité. D’après la carte


géologique, ce quartier repose donc principalement sur la formation de Brach, et en limite de
la formation de Belin. Ces deux formations recouvrent toute la partie Ouest de la commune de
Pessac (Figure 2.17) et représentent environ 40 % de la superficie totale de la commune
(Platel et al., 2004). L’occurrence des sinistres localisés sur ces deux formations représente
près de 45 % de ceux recensés sur l’ensemble de la commune.

Figure 2.18 : Les sinistres déclarés en CATNAT sécheresse sur la commune de Pessac entre 1989 et
2003 (Données Commune de Pessac, 2005)

Comme l’objectif de la thèse et du programme ANR-ARGIC est de caractériser, à partir


de paramètres simples et pertinents, la sensibilité et le comportement des sols argileux face au
phénomène de retrait-gonflement, notre analyse se focalise sur ces deux formations
géologiques responsables de nombreux sinistres très localisés : la formation de Brach et de
celle de Belin.

Dans le détail, la Formation de Brach se localise à l’affleurement du Médoc jusqu’au


Sud de Bordeaux (secteur de Cabanac-Cestas) (Figure 2.17). Cette formation d’âge
« Pléistocène supérieur » représente la partie sommitale de la formation des « Sables et
graviers de base » de la Formation de Belin, décrite par Dubreuilh et al. (1995) et Platel et al.
(2004) (Figure 2.15). Elle se caractérise par des sols à faciès argileux gris bleu à gris noir, à
marbrures ocres lorsqu’elle est peu altérée. Cette formation est un témoin des anciennes
nappes alluviales du Pléistocène, avec une puissance variant entre 2 et 10 m, voire 12 m à
Saucats (Platel et Astruc, 2000). La formation argileuse de Brach est l’équivalent latéral de la
formation de Sadirac située au Sud-Est de Bordeaux en rive droite de la Garonne. L’épaisseur
de cette formation argileuse varie entre 4,5 m à Cap-de-Bos à plus de 20 m à Château Haut
Bacalan (Sud de Pessac). Elle repose sur un substratum miocène le plus souvent représenté
par des marnes et sables verdâtres coquillers. Les dépôts de la formation de Brach sont
souvent sous forme de lentilles de sables argileux et d’argiles silteuses plastiques, dont la
teneur en argile peut atteindre entre 70 et 90 %. Les minéraux argileux sont essentiellement
composés de kaolinite (30 à 80 %) associée à de l’illite et des interstratifiés I/S (10 à 20 %)
(Platel et al., 2004) (Figure 2.19). Des débris ligniteux peuvent y être observés. Les

95
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

écoulements observés sont généralement favorisés dans les couches humifères de subsurface
et aux interfaces entre les formations argileuses et les lentilles sablo-graveleuses.

Figure 2.19 : Analyses diffractométriques de la Formation de Brach (Source : Base ROMIAQ – Platel
et Astruc, 2000)

La Formation de Belin est principalement constituée de graviers très arrondis


blanchâtres et de sables grossiers emballés dans une matrice argileuse kaolinique plus ou
moins abondante (5 à 20 %) (Dubreuilh et al., 1995). Le passage entre ces deux formations
n’est pas toujours bien identifiable à cause de changements de faciès liés aux fortes altérations
locales des horizons argileux de la formation de Brach, et à la présence de passées sableuses
réparties de façon aléatoire.

4.3 La sinistralité sur la commune de Pessac


La commune de Pessac a fait l’objet de six arrêtés de « Catastrophe Naturelle » liés aux
mouvements de terrain par tassements différentiels liés à la dessiccation-réhumidification des
sols argileux, suite aux différentes périodes de sécheresse survenues entre 1989 et 2005. Ces
sinistres mettent en cause plusieurs formations géologiques du Quaternaire sur l’ensemble de
la commune (terrasses alluviales, colluvions et formations de Brach/Belin).
Après l’établissement de la cartographie de l’aléa Retrait-Gonflement sur le
département de la Gironde (Platel et al., 2004), la carte de l’aléa Retrait-Gonflement au
niveau de la commune de Pessac (Figure 2.20) classe trois formations géologiques en aléa
« moyen » (Terrasse alluviale Fx1b, colluvions et formation de Brach). Les autres formations
(formation de Belin, Terrasse Fxa-b, Aquitanien) sont classées en aléa faible. Dans le détail, le
classement de la formation de Brach en aléa moyen repose sur le fait :
- qu’il s’agit d’une formation essentiellement argileuse d’au-moins 3 m d’épaisseur
(note lithologique de 4),
- que la fraction fine du sol présente un potentiel de gonflement moyen (note
géotechnique de 2),
- que la fraction argileuse est composée essentiellement de kaolinite et d’illite (note
minéralogique de 1),
- que la sinistralité constatée sur cette formation est de 2,33 soit une susceptibilité
moyenne.

96
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Au vu de ces résultats, nous avons focalisé notre étude au niveau du quartier de Cap de
Bos, qui repose essentiellement sur la formation de Brach afin d’établir l’origine des sinistres
et de comprendre les mécanismes du comportement d’argiles peu gonflantes mais quand
même moyennement sensibles au phénomène de retrait-gonflement. Pour cela, notre premier
objectif a été de trouver des particuliers sinistrés après une période de sécheresse, et qui nous
permettent de réaliser des sondages dans leurs parcelles (avec l’aide indispensable de Mr
Christophe Piette, directeur du service aménagement urbain de la Mairie de Pessac). Suite à
cette démarche, nous avons pu ainsi procéder à des investigations géologiques, décrire la
structure des bâtiments, relever les fissures observables et faire le suivi sur 11 parcelles
réparties sur l’ensemble du quartier. Les parcelles investiguées correspondent toutes à des
habitations ayant subies des désordres et sont numérotées de 3 à 15 sur la figure 2.20. Nous
détaillerons, dans le paragraphe suivant, pour chacune des parcelles les investigations
géotechniques réalisées, les relevés de fissures et leur suivi.

Limites de la
commune de
Pessac

1 km

4 Formation de Belin

13
8
11
12
4 5
15 7
3 6
14
Formation de Brach

10

Figure 2.20 : Carte de l’aléa Retrait-Gonflement au niveau de la commune de Pessac avec la position
des formations géologiques locales (figure du haut) ; la carte d’aléa focalisée sur le quartier Cap de Bos avec
la localisation des parcelles sinistrées investiguées dans notre étude (carte du bas) (www.argiles.fr).

97
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

4.4 Étude sur l’origine et le type de sinistres à l’échelle de la parcelle


Les phénomènes de tassements (ou gonflements) différentiels se manifestent par
l’apparition de désordres principalement sur les habitations individuelles. Les habitations
sinistrées au niveau du quartier Cap de Bos sont principalement des maisons en simple rez-de-
chaussée construites dans les années 1980. Elles reposent sur des fondations superficielles par
semelles filantes ou radier général, ancrées entre 0,50 m et 0,80 m de profondeur. Le
traitement des niveaux bas sont de type dallage sur terre-plein non solidarisé aux fondations.
Aucune des maisons visitées dans notre étude ne présente de dallage porté, et conçu sur vide
d’air. Des défauts structurels inhérents à la construction tendent à aggraver la prédisposition
aux désordres des bâtis : chaînages bas et haut absents, absence de joints de rupture entre les
différents corps de bâtiments, construction sur remblais sensibles, etc. Certaines de ces
habitations sont des maisons mitoyennes avec la même structure comme décrite
précédemment, solidaires entre elles par le garage, et présentant le même type de désordres.

Nous détaillerons ci-après les parcelles où nous avons pu mener notre étude et réaliser
des investigations géotechniques, ou sur lesquelles nous avons pu obtenir une copie du
rapport d’expertise géotechnique déjà réalisé, soit les parcelles n° 3, 4, 5, 6, 7, 8, 11, 12, 13,
14 et 15 (Figure 2.20). La parcelle n°10 sera mentionnée très brièvement dans cette partie car
elle ne correspond pas à un site sinistré mais à l’emplacement du site expérimental, et fera
l’objet en détail du chapitre suivant. Nous énumérons ainsi par parcelle investiguée le type de
structure de l’habitation, les désordres rencontrés, le suivi sur un cycle annuel des
déformations de certaines maisons, et les investigations géotechniques menées.

4.4.1 Parcelle n°3 (avenue de l’Ile de France)


Historique du site
L’habitation du site n°3 est une maison construite dans les années 1980 en forme de
« L », qui se décompose de la façon suivante (cf. photos à la Figure 2.21) :
- une partie principale en R+1, sans sous-sol et non sinistrée,
- une partie salon (côté Sud-Est) en simple RdC, sans sous-sol, et fortement sinistrée.

4
(Source : Chrétien, 2007)

Figure 2.21 : Localisation de la parcelle n°3 ; vue de la façade avant avec fissure instrumentée N°2.

Les fondations seraient superficielles, type semelles filantes ancrées à 0,60 m de


profondeur environ avec un dallage sur terre-plein. Les premières fissures sont apparues en
1989 après un épisode de sécheresse. Suite à la première déclaration en Catastrophe Naturelle

98
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

liée à la présence de sols fins sensibles aux phénomènes de retrait-gonflement en 1989, une
première expertise de cette habitation a été diligentée par l’assureur. À la lecture d’une copie
du rapport d’expertise (Fondatest), daté du 12 mars 1990, les désordres sont des fissures
horizontales évolutives et il apparaît que les fondations sont affectées de tassements par le
manque de portance du terrain d’assise à supporter les contraintes admissibles. La méthode de
réparation choisie à l’époque a été une reprise totale en sous-œuvre (fondations et dallage
intérieur) par micropieux. Ces micropieux, d’après les dires du propriétaire, seraient courts
(environ 5 m de profondeur), ancrés dans un niveau sablo-argileux et réalisés en 1990 par une
société spécialisée.
À la suite des épisodes de sécheresse de 2003 et 2005, de nombreuses fissures sont
réapparues sur la partie en simple RdC. Comme on peut l’observer sur les photos ci-dessous
(Figure 2.22), le pignon est affecté de fissures obliques ouvertes passant par les ouvertures et
partant du sol. Le trottoir en béton périphérique présente un tassement et un décollement très
important, malgré la présence des micropieux. À l’intérieur de l’habitation, les cloisons sont
traversées par des fissures horizontales et obliques très ouvertes, avec un décollement
important des cloisons par rapport au dallage. Ces nouvelles fissures mettent en évidence un
nouveau tassement de la partie en simple RdC par rapport au reste du bâtiment plus « rigide ».
La première reprise en sous-œuvre n’a donc pas permis de stabiliser les fondations. Une
deuxième expertise a eu lieu en 2007 ; une nouvelle reprise en sous-œuvre semble être
envisagée par l’expert par la mise en place de micropieux ancrés plus en profondeur.

(Source : Chrétien, 2007)


Jauge n°1
Zone tenue par
Jauge n°2
un micropieu

Figure 2.22 : Fissure N°1 oblique basse dans l’angle d’ouverture ; la même instrumentée (Jauge N°1) ;
fissure haute sur la même ouverture instrumentée (Jauge N°2).

Afin de mesurer l’évolution des désordres et des mouvements subies par la structure (en
accord avec les propriétaires), nous avons disposé fin juin 2007 deux jauges de mesures des
déformations type G1 (SAUGNAC®) perpendiculairement à deux fissures sur un pignon (cf.
figure 2.22 ci-dessus et schéma ci-dessous). Ces fissuromètres, numérotées 1 et 2, permettent
de mesurer les deux sens de cisaillement de la fissure oblique passant par l’ouverture (Figure
2.22) avec une précision de 1/10ème de mm. Un troisième fissuromètre a été placée sur une
fissure horizontale au milieu d’une cloison intérieure, séparant le salon du reste de
l’habitation, numéroté 3. Nous présentons dans le tableau 2.3 ci-dessous les relevés de jauges
effectués sur une année comprise entre juin 2007 et octobre 2008.

99
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Partie RdC
N°2
N°2

3/T1

N°1
N°1
3/T2

4m

Date Relevé Mesure (1/10 mm) Différence (mm) Evolution


25/06/07 N°1 10,00 0,00 Etat initial
31/07/07 N°1 11,50 + 1,50 Tassement
28/09/07 N°1 12,20 + 0,68 Tassement
13/11/07 N°1 12,70 + 0,50 Tassement
10/12/07 N°1 12,70 0,00 Stabilisation
25/02/08 N°1 10,80 - 1,90 Soulèvement
02/10/08 N°1 11,50 + 0,70 Tassement
25/06/07 N°2 10,00 0,00 Etat initial
31/07/07 N°2 10,50 + 0,50 Tassement
28/09/07 N°2 11,70 + 1,20 Tassement
13/11/07 N°2 11,00 - 0,70 Soulèvement
10/12/07 N°2 10,90 - 0,10 Soulèvement
25/02/08 N°2 10,60 - 0,30 Soulèvement
02/10/08 N°2 11,20 + 0,60 Tassement
25/06/07 N°3 10,00 0,00 Etat initial
31/07/07 N°3 10,80 + 0,80 Tassement
28/09/07 N°3 10,70 - 0,10 Soulèvement
13/11/07 N°3 10,70 0,00 Stabilisation
10/12/07 N°3 10,60 - 0,10 Soulèvement
25/02/08 N°3 10,60 0,00 Stabilisation
(Lecture positive : ouverture fissure ; lecture négative : fermeture fissure)

Tableau 2.3 : Suivi des 3 jauges disposées sur des fissures de l‘habitation de la parcelle n°3.

100
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

60 4

Cumul précipitations N°1 N°2 N°3

50

3
Cumul Précipitations journalières (mm)

2.70 2.70
40

Evolution largeur fissure (mm)


2.20

30 2

1.52 1.49

20
1.17 1.20
1.00 0.80 1
0.90

10 0.60
0.50

0
0 0.00 0

Figure 2.23 : Evolution de la largeur des trois fissures instrumentées de la maison (parcelle n°3) en
fonction de la pluviométrie locale (période d’observation du 25/06/07au 02/20/08).

La figure 2.23 ci-dessus et les résultats du tableau 2.3 montrent que ces fissures
évoluent en fonction des conditions climatiques, avec une tendance à l’ouverture (tassement)
de l’ordre du millimètre (1,20 à 2,70 mm en cumulé atteint en novembre 2007) jusqu’à la fin
de l’automne, puis une phase de stabilisation et de fermeture en période hivernale.

Investigations géotechniques

Nous avons réalisés les sondages suivants :


- en façade avant (zone de tassement) de la partie en RdC : deux sondages manuels à
la tarière à main en diamètre 63 mm jusqu’à 3,50 m de profondeur (3/T1 et 3/T2),
couplés à un pénétromètre dynamique (mouton de 30 kg) jusqu’à 5,00 m de
profondeur (LAZ/PD12) (cf. implantation sur schéma précédent) ;
- en partie arrière (zone non sinistrée) : un sondage à la tarière mécanique (Ø 63 mm)
(3/T3) à 4,00 m de profondeur couplé à un pénétromètre dynamique (LAZ/PD13).

Les résultats des trois sondages géologiques sont présentés sous forme de logs
lithologiques à la figure 2.24. Les résultats des essais en laboratoire et des essais mécaniques
seront exposés dans le paragraphe suivant relatif à la synthèse des données. Les logs
lithologiques montrent que la partie RdC en façade avant repose partiellement sur une lentille
argileuse relativement épaisse (sondage 3/T2) tandis que le reste de la maison est ancrée sur
des sols sablo-graveleux compacts. Cette variabilité lithologique est à l’origine des désordres
constatés et du tassement observé au niveau de la partie avant. En effet, lors de variations
hydriques les niveaux argileux en partie avant vont subir des mouvements (tassement et

101
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

gonflement), confirmés par les déplacements mesurés à l’aide des jauges, et créer ainsi des
tassements différentiels entre les corps du bâtiment.

Figure 2.24 : Logs lithologiques issus des sondages 3/T1, 3/T2 et 3/T3, réalisés sur le site n°3 fin
novembre 2006.

4.4.2 Parcelle n°4 (avenue de Californie)

Historique du site
Il s’agit d’un pavillon en simple RdC, construit en 1973, sans sous-sol avec un dallage
sur terre-plein. La façade avant de l’habitation (coté Nord) surplombe la rue d’environ 1 m,
laissant supposer que le dallage reposerait sur des remblais plus ou moins importants. La
maison est mitoyenne par le pignon Est et le garage coté Ouest. Suite à l’apparition de fissures
consécutives à l’été 2003, une expertise a été menée afin de vérifier les sols d’assise et les
caractéristiques des fondations pour affirmer ou infirmer la cause de la sécheresse dans le
sinistre. D’après le rapport d’expertise géotechnique (B.E. Optisol) daté de novembre 2007,
les fondations sont superficielles et ancrées à 1 m de profondeur dans une assise argileuse
sensible. L’expert préconise une reprise en sous-œuvre totale par micropieux ancrés dans le
substratum calcaire à environ 10 m de profondeur, ainsi que pour la maison mitoyenne
(pignon Est), afin d’éviter de créer des « points durs ».

102
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Les principaux désordres affectant la maison sont des fissures horizontales hautes et
basses reliant les ouvertures de la façade avant (cf. photos de la figure 2.25 et schéma ci-
dessous) et des fissures verticales de traction ouvertes dues à un gonflement différentiel avec
maxima au centre de la maison. Côté intérieur, on observe un décollement des cloisons et du
plafond lié à un tassement significatif du dallage intérieur et des fondations.

(Source : Chrétien, 2007)


4

Figure 2.25 : Localisation de la parcelle n°4 ; vue de la façade avant fissurée ; décollement de cloison lié
à un tassement du dallage intérieur.

D’après les dires des propriétaires, ces fissures ont tendance à s’ouvrir en été et à se
refermer en hiver. Pour suivre ces mouvements, nous avons disposé trois fissuromètres
(numérotés 1 à 3) comme indiqués sur le schéma ci-dessous afin de mesurer les déplacements
verticaux du soubassement. Deux fissuromètres sont positionnés sur la façade avant et un sur
la façade arrière.

Façade avant
(côté avenue)
N°1
N°1

N°2
N°2

3m

4/T1 et 4/PL1 GAC/PD1 4/SP1

N°3
N°3

Terrasse
Façade arrière
5m 4/PL2

103
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Date Relevé Mesure (1/10 mm) Différence (mm) Evolution


27/11/07 N°1 10,00 0,00 Etat initial
25/02/08 N°1 10,00 0,00 Stable
10/09/08 N°1 10,10 + 0,10 Tassement
27/11/07 N°2 10,00 0,00 Etat initial
25/02/08 N°2 9,50 - 0,50 Soulèvement
10/09/08 N°2 10,80 + 1,30 Tassement
27/11/07 N°3 10,00 0,00 Etat initial
25/02/08 N°3 10,20 + 0,20 Tassement
10/09/08 N°3 10,20 0,00 Stabilisation
Tableau 2.4 : Suivi des 3 jauges disposées sur des fissures de l‘habitation de la parcelle n°4.

D’après les résultats du tableau de relevés des fissures (Tableau 2.4), il semblerait que
les fissures instrumentées N°1 et N°3 sont quasiment stables avec un léger tassement de
l’ordre du dixième de millimètre. Au contraire, la jauge N°2 montre que le soubassement se
tasse de l’ordre du millimètre après l’été et se soulève en hiver d’un demi-millimètre. Ceci
confirme un phénomène de retrait et de gonflement subi par les fondations superficielles et le
dallage de la maison.

Investigations géotechniques

Nous avons réalisés les sondages suivants entre juillet 2006 et avril 2007 :
- en façade avant (zone de tassement et de remblais) : un sondage manuel à la tarière
(Ø 63 mm) jusqu’à 5,20 m de profondeur (4/T1), couplé à un pénétromètre
dynamique (mouton de 30 kg) jusqu’à 5,00 m de profondeur (GAC/PD1), un essai
pénétrométrique léger PANDA (4/PL1) et un sondage pressiométrique à 12,00 m
(4/SP1) ;
- en partie arrière (zone peu sinistrée et inaccessible pour un engin) : un essai
pénétrométrique type PANDA (4/PL2).

Les résultats des trois sondages géologiques sont présentés sous forme de logs
lithologiques à la figure 2.26 ci-dessous. Les résultats des essais en laboratoire et des essais
mécaniques seront exposés dans le paragraphe suivant concernant la synthèse des données.
De même que sur la parcelle précédente, on constate une variabilité lithologique entre les
deux sondages distants d’environ 8 m. En effet, on note la présence de remblais terreux de
hauteur importante (1,40 m environ), puis des niveaux argilo-graveleux contenant des débris
tourbeux eu droit de 4/SP1 entre 1,30 m et 1,70 m de profondeur, et une passée sableuse au
droit de 4/T1 entre 2,50 m et 3,00 m de profondeur (Figure 2.26). La frange altérée du
substratum local composée d’argiles silteuses grises à verdâtres est atteinte à partir de 4 m de
profondeur environ. C’est pourquoi, il semble que la présence à la fois de remblais importants
et de niveaux argileux de nature variable en profondeur (argile plus ou moins plastique en
4/SP1 et argile graveleuse en 4/T1) ont favorisé des tassements différentiels par consolidation
après des variations hydriques dans les niveaux de surface et argileux suite aux différents
épisodes de sécheresse plus ou moins sévères au cours des dix dernières années.

104
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Figure 2.26 : Logs lithologiques issus des sondages A/T1 et 4/SP1, réalisés sur le site n°4 entre juillet
2006 et avril 2007.

4.4.3 Parcelle n°5 (avenue de Californie)


Historique du site
Il s’agit de la maison mitoyenne de celle décrite précédemment, de structure identique,
et fût construite en même temps. Elle a subit des désordres après l’été 2005. Les principaux
désordres sont des fissures horizontales hautes au niveau des ouvertures et des fissures
horizontales basses soulignant le soubassement. De même que précédemment, les cloisons et
les plafonds se sont très fortement décollés (ouverture > 3 cm) (Figure 2.27). Ce phénomène
continuait de s’aggraver au moment de notre intervention.

105
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

(Source : Chrétien, 2007)


4

Figure 2.27 : Localisation de la parcelle n°5 ; décollement du plafond et fissures obliques sur cloison.

D’après les dires des propriétaires, ces fissures ont tendance à s’aggraver sans se
refermer en hiver. Pour suivre ces mouvements, nous avons disposé deux jauges pour mesurer
les déformations verticales du soubassement (numérotées 1 à 2) comme indiqué sur le schéma
ci-dessous. Les deux jauges sont disposées sur la façade arrière.

N°2

N°1
N°1

5/PL2
5m

Date Relevé Mesure (1/10 mm) Différence (mm) Evolution


27/11/07 N°1 10,00 0,00 Etat initial
25/02/08 N°1 10,00 0,00 Stable
10/09/08 N°1 10,00 + 0,10 Tassement
27/11/07 N°2 10,00 0,00 Etat initial
25/02/08 N°2 9,80 - 0,20 Soulèvement
10/09/08 N°2 10,80 + 1,00 Tassement
Tableau 2.5 : Suivi des 2 jauges disposées sur des fissures de l‘habitation de la parcelle n°5.

La fissure horizontale haute N°2 semble présenter les mêmes amplitudes de


déformations que celle de la maison mitoyenne décrite précédemment (voir Tableaux 2.4 &
2.5), confirmant le même phénomène de tassement global des fondations pour les deux
maisons mitoyennes par le garage.

Investigations géotechniques

Nous avons réalisés les sondages suivants entre juillet 2006 et janvier 2007 :

106
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

- en façade avant (zone de tassement et de remblais) : un sondage manuel à la tarière


hélicoïdale (Ø 63 mm) arrêté au refus à 2,30 m de profondeur (5/T1), couplé à un
pénétromètre léger type PANDA (5/PL1) ;
- en partie arrière (zone pas accessible à un engin, cf. schéma ci-dessus) : un essai
pénétrométrique léger type PANDA (5/PL2).

Le log lithologique du sondage 5/T1 est présenté ci-dessous à la figure 2.28. Les
résultats des essais en laboratoire et des essais mécaniques seront exposés dans le
paragraphe de synthèse des données. On remarque sur la figure 2.28 que l’on retrouve le
même contexte lithologique que sur la parcelle n°4, avec des remblais importants (1,20 m
d’épaisseur) et un niveau argileux silteux peu épais (< 1 m d’épaisseur) reposant sur une
passée sablo-graveleuse.

Figure 2.28 : Log lithologique issu du sondage 5/T1, réalisé autour de la maison du site n°5 courant
janvier 2007.

107
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

4.4.4 Parcelle n°6 (Stade A. Nègre)

Historique du site
Vu que deux habitations en RdC sont sinistrées en bordure des terrains du stade
A.Nègre, un sondage à la tarière manuelle a été réalisé dans le fond des terrains du stade
(Figure 2.29), à proximité des sites ayant subies des désordres.

4 Site n°3
6/T1

Stade A.Nègre
100 m

Figure 2.29 : Localisation de la parcelle n°6 ; implantation du sondage 6/T1 sur une photo aérienne
(source : Google Maps).

Investigations géotechniques

Il a été réalisé les sondages suivants en juillet 2006 au démarrage du programme ARGIC :
- un sondage manuel à la tarière (Ø 63 mm) jusqu’à 3,30 m de profondeur (6/T1) (cf.
implantation sur la figure 2.29) (Peyraube et Ferland, 2006).

Le log lithologique du sondage 6/T1 est présenté à la figure 2.30 ci-dessous. Les
résultats des essais en laboratoire et des essais mécaniques seront exposés dans le
paragraphe 5. Sous un mètre de sables terreux, on retrouve le même faciès argileux
relativement épais que précédemment, avec une passée sableuse vers 3 m de profondeur.

108
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Figure 2.30 : Log lithologique issu du sondage 6/T1, réalisé sur le site n°6 courant juillet 2006.

4.4.5 Parcelle n°7 (rue Gabrielle d’Annunzio)

Historique du site
Cette maison en simple rez-de-chaussée, construite dans les années 1980, présente le
même type de structure que les précédentes, à savoir des fondations superficielles et un niveau
bas traité avec un dallage sur terre-plein. D’après les dires du propriétaire actuel, la maison a
déjà subi des désordres avant 2002. Les désordres auraient nécessité une reprise en sous-
œuvre totale par micropieux.
Après l’été 2003, un décollement important apparaît au niveau de la liaison entre
l’habitation et le garage annexé (Figure 2.31). Cette large fissure (> 5 cm au maxima)
souligne, un tassement du garage par rapport au reste de l’habitation, et l’absence de joint de

109
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

rupture entre ces deux corps de bâtiments. D’autres petites fissures basses et une fissure haute
apparaissent à proximité de la zone de décollement car le basculement du garage tend à
exercer une traction sur le reste du bâtiment rigidifié. Aucune jauge de suivi des déformations
n’a été placée au vu du contexte.

(Source : Chrétien, 2007)


7

100 m

Figure 2.31 : Localisation de la parcelle n°7 sur photo aérienne du quartier (Google Maps) ; vue du
décollement entre le garage annexe et l’habitation.

7/PD11
et 7/SP1

5m 7/PD12
et 7/PL1

Investigations géotechniques

Nous avons réalisés les sondages suivants entre juillet 2006 et janvier 2007 (cf. schéma ci-
dessus) :
- un sondage pressiométrique à la tarière mécanique (Ø 63 mm) jusqu’à 4,70 m de
profondeur (7/SP1), couplé à un essai au pénétromètre dynamique (7/PD11),
- un essai au pénétromètre dynamique (7/PD12) à 5,00 m et un essai
pénétrométrique léger type PANDA (7/PL1).

Le log lithologique du sondage 7/SP1 est présenté ci-dessous à la figure 2.32. Les
résultats des essais en laboratoire et des essais mécaniques seront exposés dans le
paragraphe 5. Au niveau de cette parcelle proche la route principale, on constate que
sous le niveau argileux du faciès A/BOG (prépondérant dans ce quartier) le substratum
tertiaire (datant du Burdigalien) remonte vers 3,40 m de profondeur. En effet, la frange
altérée de ce substratum a été atteint au niveau de la parcelle n°4 à partir de 4,20 m et le
substratum sain n’a pas été atteint à 10 m de profondeur.

110
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Figure 2.32 : Log lithologique issu du sondage 7/SP1, réalisé sur le site n°7 courant janvier 2007.

4.4.6 Parcelle n°8 (rue de l’Oregon)


Historique du site
De même que les constructions précédentes, il s’agit d’une maison en RdC construite
dans les années 1980 avec un dallage sur terre-plein, et qui a subi, suite à l’été 2003, un
tassement d’un des angles de l’habitation. Le principal désordre affectant cette habitation est
un tassement important d’un des quatre pignons (angle Sud-Ouest), puis un gonflement en
période hivernale (Figure 2.33). Les observations faites par le propriétaire indiquent que la
fissure au niveau du soubassement de ce pignon s’ouvre et se referme complètement en

111
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

fonction des cycles saisonniers. Une expertise devait être réalisée courant mars 2009 car de
nouvelles fissures de traction apparaissent au niveau des ouvertures hautes au milieu du
pignon Sud-Ouest.

(Source : Chrétien, 2007)


8

Figure 2.33 : Localisation de la parcelle n°8 ; tassement du soubassement et des fondations du pignon S-O.

Le suivi des mouvements verticaux du pignon Sud-Ouest de la maison (coté jardin) est
assuré par la pose d’une jauge, numérotée N°1, placée comme sur le schéma ci-dessous.

N°1
N°1

N°1
N°1

8/SP1
8/T1
5m

Date Relevé Mesure (1/10) Différence (mm) Evolution


25/06/2007 N°1 0,00 0,00 Etat initial
24/07/2007 N°1 17,50 + 17,5 Tassement important
05/08/2007 N°1 20,00 + 2,50 Tassement
10/08/2007 N°1 21,00 + 1,00 Tassement
18/09/2007 N°1 28,00 + 7,00 Tassement
26/10/2007 N°1 29,00 + 1,00 Tassement
13/11/2007 N°1 30,00 + 1,00 Tassement
12/12/2007 N°1 28,00 - 2,00 Soulèvement
07/01/2008 N°1 26,00 - 2,00 Soulèvement
19/02/2008 N°1 21,00 - 5,00 Soulèvement
25/02/2008 N°1 21,00 0,00 Stabilisation
24/07/2008 N°1 17,50 - 3,50 Soulèvement
05/08/2008 N°1 20,00 + 2,50 Tassement
10/08/2008 N°1 21,00 + 1,00 Tassement
02/10/2008 N°1 26,00 + 5,00 Tassement

Tableau 2.6 : Suivi de la jauge N°1 disposée sur le pignon affecté par un tassement de l‘habitation de la
parcelle n°8.

112
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Les relevés, relativement fréquents et réguliers, de la jauge mettent en évidence des


mouvements importants de ce pignon par rapport au reste du bâtiment (Tableau 2.6). On note
un tassement initial de 2 cm en juillet 2007, puis des petits tassements de l’ordre de 2 mm en
moyenne jusqu’à fin novembre 2007. Des gonflements relativement non négligeables sont
identifiés, de 2 à 5 mm en période hivernale. Le tassement reprend dès les premières périodes
sèches estivales. On retrouve une variation cyclique coïncidant avec les saisons.
50 35

Pluviométrie cumulée (mm) N°1

30

40

25

Evolution cumulée largeur fissure (mm)


Pluviométrie cumulée (mm)

30
20

15
20

10

10

0 0

Figure 2.34 : Evolution cumulée de la largeur de la fissure N°1 instrumentée sur la parcelle n°8 en
fonction de la pluviométrie locale (période d’observation du 25/06/07au 02/10/08).

La figure 2.34 ci-dessus et les résultats du tableau 2.6 montrent que l’angle de ce pignon
subit des déformations importantes pour une structure légère sur terre-plein, avec des
tassements de l’ordre de 1 à 2 cm en période sèche par rapport à sa position initiale. Le
soubassement de cet angle connaît des phases de stabilisation en période humide puis des
phases de gonflement avec des amplitudes de 3 à 5 mm après des épisodes pluvieux intenses.

Investigations géotechniques
Nous avons réalisés les sondages suivants entre novembre 2006 et mai 2007 (cf. schéma) :
- un sondage pressiométrique à la tarière mécanique (Ø 63 mm) jusqu’à 6,00 m de
profondeur (8/SP1),
- un sondage géologique manuel à la tarière à main à 5,20 m de profondeur.

Les coupes lithologiques des sondages 8/T1 et 8/SP1 sont présentées ci-dessous à la
figure 2.35. Les résultats des essais en laboratoire et des essais mécaniques seront exposés
dans le paragraphe 5. On constate que sous l’angle sinistré de cette habitation, une lentille
argileuse plastique est présente entre 1,80 m et 3,00 m de profondeur alors que dans l’angle
opposé de la maison, les sols sont sablo-graveleux bien compacts. Il semble donc que cette

113
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

lentille argileuse soit très sensible aux variations hydriques pour expliquer les déformations
observées de la structure. Le tassement de cet angle de pignon crée un point faible par rapport
au reste de la maison assise sur des sols compacts et accentue le tassement différentiel du
pignon.

Figure 2.35 : Logs lithologiques issus des sondages réalisés au niveau du site n°8 entre novembre 2006
et mai 2007.

4.4.7 Parcelle n°11 (avenue de Californie)


Historique du site
Il s’agit d’une maison en simple rez-de-chaussée datant de 1986 avec un dallage sur
terre-plein, et reposant sur des fondations du type semelles filantes ancrées à 0,65 m de
profondeur (Figure 2.36).

114
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

(Source : Chrétien, 2007)


11

Figure 2.36 : Localisation de la parcelle n°11 ; vue de la façade avant avec l’agrafage des fissures après
reprise en sous-œuvre.

Suite à l’été 2003, des fissures extérieures obliques et verticales sont apparues sur les
façades avant et arrière de l’habitation. Une expertise géotechnique a été demandée par
l’assureur et réalisée en juin 2005 (B.E AQUITERRA). Les résultats des investigations
menées, que nous détaillerons ci-dessous, ont amenés à réaliser une reprise en sous-œuvre
totale de l’habitation par micropieux avec agrafage des fissures extérieures (Figure 2.36)

Investigations géotechniques
Les sondages suivants ont été réalisés lors de l’expertise géotechnique fin juin 2005
suivant le schéma d’implantation ci-après à la figure 2.37 :
- un sondage pressiométrique à la tarière mécanique (Ø 63 mm) jusqu’à 8 m de
profondeur (11/SP1),
- un sondage mécanique à la tarière à 4 m de profondeur (11/ST3),
- trois essais pénétrométriques à 10 / 12 m de prof. (11/PD1, 11/PD2 et 11/PD3),
- une fouille sur fondations (11/SM3).

Figure 2.37 : Schéma d’implantation des sondages réalisés sur la parcelle n°11 (Rapport
AQUITERRA, 2005)

115
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Les coupes lithologiques des sondages 11/ST3 et 11/SP1 sont présentées ci-dessous à la
figure 2.38. Les résultats des essais en laboratoire et des essais mécaniques seront exposés
dans le paragraphe 5. On peut noter que sous une couverture sablo-limoneuse superficielle, la
couche argileuse du faciès A/BOG (Argile Bariolée Ocre-Gris) est présente sur une épaisseur
d’au-moins 5 m à partir de 1 m de profondeur.

Figure 2.38 : Logs lithologiques issus des sondages réalisés au niveau du site n°11 en juin 2006.

116
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

4.4.8 Parcelle n°12 (avenue de Californie)


Historique du site
Sur cette parcelle, la maison présente en arrière de l’avenue n’a pas été affectée par des
désordres suite aux différents épisodes de sécheresse. En effet, le constructeur local a pris en
compte le risque de construire sur sol argileux dans le dimensionnement des fondations,
malgré une construction dans les années 1980. Toutefois, le garage annexé à la maison a subît
des dommages après la sécheresse de 1989 et a été repris par micropieux en 1990.
C’est pourquoi l’intérêt de cette parcelle réside dans le fait que le terrain restant à
l’arrière de la maison est vierge de toute construction et qu’il se situe entre des habitations
ayant subies des désordres et des travaux de confortement sur la même avenue (Figure 2.39).

(Source : Chrétien, 2007)


12

Figure 2.39 : Localisation de la parcelle n°12 ; vue générale de la parcelle vierge étudiée.

Ainsi, nous avons pu réaliser toutes les investigations géotechniques nécessaires à


l’étude, préalablement à une future construction que souhaitait réaliser le propriétaire du
terrain. Plusieurs phases de reconnaissance ont été menées sur ce terrain (Figure 2.40) :
- 2 sondages pressiométriques respectivement entre 6,0 m et 4,2 m de profondeur
(12/SP1 et 12/SP2) en mai 2007,
- une petite excavation à la pelle manuelle jusqu’à 0,7 m de profondeur (12/F1) en
mai 2007,
- 10 essais au pénétromètre léger PANDA, avec un essai tous les 2,0 m sur deux
lignes parallèles (12/PL1 à 12/PL10) au cours du mois de juin 2007,
- 2 fosses pédologiques jusqu’à 3,0 m de profondeur (12/P1 et 12/P2), perpendiculaires
entre elles d’environ 5 m de long sur 2 m de hauteur courant juillet 2007.

 MAISON DE
DEM.PARSI
Maison
MAISON
MaisonM.PARSI

≈≈8,50
8,50mm Figure 2.40 : Schéma d’implantation
des sondages, excavations et des
11 22 33 44 55
Forêt
Forêtde
de
essais mécaniques (Panda) réalisés
≈≈22m

pins
pinset
et sur la parcelle n°12.
12/F1 10 999 888 77 chênes
m

12/F1 10
10 666 chênes
12/SP1 12/SP2
12/SP2
12/SP1
12/P2
12/P2

12/P1
12/P1

Av.
Av.de
deCalifornie
Californie

117
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Les coupes lithologiques des sondages 12/SP1 et 12/SP2 sont présentées ci-dessous à la
figure 2.41. Les résultats des essais en laboratoire et essais mécaniques seront exposés dans
le paragraphe 5.

Figure 2.41 : Logs lithologiques issus des sondages réalisés sur le site n°12 entre avril et juin 2006.

À l’aide des deux fosses pédologiques de 2 m profondeur (12/P1 et 12/P2 à la figure


2.40), nous avons mis en évidence la géométrie des différentes couches de sols rencontrés
comme on peut l’observer à la figure 2.42. Cette coupe lithologique réalisée au droit de la
fosse 12/P1, orientée Ouest-Est, montre un approfondissement des niveaux argileux vers
l’Est, et des lentilles sableuses avec des passées plus cimentées (début aliotisation) à partir de

118
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

1 m de profondeur coté Ouest du profil. Cette coupe est cohérente avec les résultats trouvés
avec les sondages mécaniques.
Horizon sablo-humifère
W E
0m

SA Galets de quartz

A/BOG 1m

S A/B

2m
0 5

Argile bariolée ocre-


gris Sable argileux
marron
Sable gris avec une
Argile silteuse bleutée matrice limoneuse

Alios Sable blanc propre

Figure 2.42 : Coupe lithologique issue de la fosse 12/P1 sur la parcelle n°12 relevée en juillet 2007.

Dans ce site d’étude, la distinction de faciès au sein des couches argileuses est basée sur
la couleur des sols et par la différence de leur texture. En effet, le faciès d’argile bariolée ocre-
gris (A/BOG) reste plus silteux et très plastique voire « molle », tandis que le faciès dit A/B
est une argile raide bleutée (Figure 2.43). À la base de ces argiles (à 2 m de profondeur, voir
encadré de la figure 2.43), un niveau de sable fin induré ferrugineux/cimenté met en évidence
la présence d’anciens niveaux de battement d’une nappe au sein des sables sous-jacents.
N S
A/BOG
A/BOG
Figure 2.43 : Photo d’une des
parois de la fosse 12/P2, orientée
(Source : Chrétien, 2007)

N-S, ouverte en juillet 2007 sur la


parcelle n°12.

Prélèvements
Prélèvements non
nonremaniés
remaniés
1,10
1,10mm

A/B
A/B

Sable
Sablefin
finocre
ocreferrugineux
ferrugineux
ààblanchâtre
blanchâtreinduré
induré 2,00
(gréseux) 2,00mm
(gréseux)

Veine
Veinede
desable
sablefin
fininduré
induré

119
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

En réalisant des prélèvements intacts, nous avons pu observer dans un échantillon


argileux du faciès A/BOG prélevé vers 1 m de profondeur, une veine sableuse
intraformationnelle dans l’argile compacte avec une échelle centimétrique (Figure 2.44). Cette
veine sableuse peut jouer le rôle d’un chemin préférentiel de drainage au sein de l’argile,
favorisant l’humidification en hiver et à l’inverse une perte en eau en été. La présence de ce
sable peut s’expliquer par une ancienne fissure créée lors de période de sécheresse intense (ou
de période glaciaire), qui se serait combler lors des périodes hivernales avec du sable hydro-
éolien par exemple. Une petite racine a été notée dans cette même argile probablement due à
la préexistence d’une fissure ou à la compétence de la racine à chercher l’eau en profondeur
en cas de période de stress hydrique même dans de l’argile compacte.

A/BOG

Figure 2.44 : Photo d’une passée


sableuse au sein de l’argile
(Source : Chrétien, 2007)

bariolée A/BOG compacte à 1 m


de profondeur.

Passée
sableuse

Racine
Racine

00 25
25mm
mm

Nous avons pu également remarquer que le passage entre les niveaux argileux et
sableux se marque soit par la présence de galets de quartz (Figure 2.42), soit de façon
progressive avec une argile devenant de plus en plus sableuse, sur une échelle de 10 cm,
délimité par une interface noirâtre (1) à ocre comme on peut le voir à la figure 2.45 ci-
dessous. Ces marques de coloration d’oxydo-réduction laissent supposer que ces interfaces
sableuses ont été le siège de chemin de drainage.
1,00
1,00m
m
(Source : Chrétien, 2007)

Figure 2.45 : Photo de


A/BOG
A/BOG
l’interface entre le faciès
argileux A/BOG et le 11
faciès sableux cimenté S
vers 1,50 m de Sable
Sablegrossier
grossier
profondeur. ferrugineux
ferrugineux

11

11
2,00
2,00m
m

120
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

4.4.9 Parcelle n°13 (rue des Trembles)


Historique du site
Il s’agit d’une maison en RdC construite vers 1995 avec des fondations superficielles et
un niveau bas traité avec un dallage sur terre-plein. Cette habitation a subit des désordres
après un épisode de sécheresse en 1996 et une première expertise géotechnique a été réalisée
en 1996 (BE. AIS Grand Sud). Suite à cette étude, qui a identifiée la présence d’argiles
gonflantes et rétractantes très sensibles au phénomène de retrait-gonflement, une reprise en
sous-œuvre totale par micropieux a été réalisée. Suite à la sécheresse de 2003, des fissures
importantes sont réapparues, comme on peut le voir à la figure 2.46, avec un tassement
globale des pignons. Après une fouille de reconnaissance au niveau des têtes de micropieux, il
apparaît qu’au-moins une tête de micropieux (Figure 2.46) soit désolidarisée totalement du
plot béton le reliant à la fondation existante, montrant un déplacement relatif de 1,8 cm du
tube vers le bas et ne garantissant ainsi plus son rôle stabilisateur de la structure.

(Source : Chrétien, 2007)


4
13

Figure 2.46 : (de gauche à droite) Localisation de la parcelle n°13 ; désordres affectant un angle de
mur ; une tête de micropieux sectionnée et non solidaire du plot relié à la fondation
existante ; une fissure oblique sur le même pignon.
Suite à ces nouveaux désordres, une expertise judiciaire a été ouverte vu que les travaux
de reprise étaient encore couverts par la garantie décennale de l’entreprise de travaux
spécialisés. De nouvelles investigations ont été ainsi menées courant avril 2007
(B.E.GEOTEC), avec notamment la réalisation de deux sondages pressiométriques (13/SP1
et 13/SP2) et un sondage carotté (13/SC2) (voir implantation à la figure 2.47).

Figure 2.47 : Schéma d’implantation des sondages réalisés sur la parcelle n°13 (Rapport
GEOTEC, 2007)

121
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Les résultats des sondages 13/SP1 et 13/SC2 sont présentés sous forme de logs
lithologiques à la figure 2.48. Le log lithologique du sondage 13/SP3 étant identique à celui
du 13/SP1, seul le log du 13/SP1 est présenté.

Figure 2.48 : Logs lithologiques issus des sondages réalisés sur le site n°13 en avril 2007.

On constate toujours la présence de remblais superficiels importants (1 m environ) puis


la présence d’horizons argileux bariolées à verdâtres jusqu’à 4 m de profondeur relativement
homogènes, reposant sur un substratum marno-calcaire proche.

122
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

4.4.10 Parcelles n°14 et n°15 (allée du Berry et avenue de Champagne)

Suite à l’apparition récentes de fissures sur les murs extérieurs des habitations
respectives des parcelles n°14 et n°15 (Figure 2.49), nous avons procédé à un diagnostic des
habitations avec la réalisation de sondages à la tarière manuelle. Deux sondages géologiques
ont été réalisés au niveau des deux parcelles. Les résultats des sondages révèlent la présence
de sols essentiellement sableux constituants le sous-sol des habitations, avec la manifestation
d’une nappe superficielle vers 3 m de profondeur lors de nos investigations menées entre
février et juillet 2008.

(Source : Chrétien, 2008)


14

15

Figure 2.49 : Localisation des parcelles n°14 et n°15 ; photo de la façade avant de la parcelle n°14.
Les coupes des sondages réalisés sur chacune de ces parcelles ne sont pas présentées car
elles ne révèlent pas la présence de niveaux argileux potentiellement sensibles au phénomène
de retrait-gonflement. Cependant, ces sondages nous permettent de mieux localiser la limite
entre la formation géologique des Argiles de Brach et celle alluvionnaire de Belin. Ainsi, ces
investigations confirment la délimitation de la zone classée en aléa faible définit par la carte
de l’Aléa Retrait-Gonflement. Les parcelles étudiées sont donc bien situées en aléa faible
(Figure 2.49).

5. Bilan de l’étude à l’échelle parcellaire sur le quartier Cap


de Bos
Les sinistres rencontrés au niveau des parcelles que nous avons pu étudier sur le
quartier Cap de Bos touchent principalement des habitations individuelles en simple rez-de-
chaussée construites dans les années 1980. Elles reposent sur des fondations superficielles
type semelles filantes, ancrées à moins d’1 m de profondeur, sans sous-sol ni vide sanitaire,
avec un dallage sur terre-plein non solidaire des fondations. Les défauts structurels inhérents à
la construction (absence de joint de dilatation entre les corps de bâtiment, absence chaînages,
dallage sur terre-plein reposant sur un remblai terreux important, etc.…) tendent à aggraver la
prédisposition aux désordres des bâtis face à la sensibilité des sols argileux au phénomène de
retrait-gonflement.
Les principaux désordres observés (Tableau 2.7) sont typiques de tassements
différentiels de fondations (Mouroux et al, 1988), avec :

123
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

 Fissure verticale de traction par flexion en partie haute de l’habitation. Ce type de


fissure est dû à un gonflement différentiel avec une intensité maximum au centre du
bâtiment. Ces fissures ont tendance à s’ouvrir à la suite d’épisodes pluvieux ;
 Fissures horizontales de traction à hauteur des fenêtres, avec un décollement du
soubassement en pignon. Ces fissures résultent d’un tassement différentiel d’un
pignon par rapport au reste de la construction ;
 Fissures horizontales, obliques et verticales des cloisons intérieures. Ces fissures sont
provoquées par le décollement des cloisons par rapport au plafond et sont dues au
tassement central (ou au gonflement) du dallage ;
 Fissures de cisaillement, en diagonale ou en marches d’escalier, dues à un tassement
différentiel au coin du bâtiment. Le pignon est soumis, dans ce cas, alternativement au
gonflement et au tassement suivant les saisons. Cela se traduit par des cycles
d’ouverture et de fermeture visibles à des périodes régulières et saisonnières.
Comme on a pu le constater dans les descriptions des parcelles étudiées précédemment
et synthétisées dans le tableau 2.7, des malfaçons lors de la construction et lors des reprises en
sous-œuvre sont des facteurs aggravants, mais le facteur de prédisposition semble d’abord être
lié à une hétérogénéité du sous-sol argileux au sein de la Formation de Brach. La sensibilité
au retrait-gonflement des sols argileux vient aggraver ce problème de sol lors d’épisodes de
sécheresse ou de réhumidification intenses. La lithologie observée à chaque parcelle (Tableau
2.7) met en évidence la variation d’épaisseur des niveaux argileux du faciès A/BOG (Argile
Bariolée Ocre-Gris) à l’étude entre deux pignons d’une même habitation (à 5 m de distance),
avec des passées silto-sableuses relativement centimétriques à pluri-décimétriques à
différentes profondeurs au sein de la formation argileuse. Cette variation lithologique spatiale
des sols entraine une hétérogénéité de faciès ainsi qu’une répartition inégale (et mal répartie)
de la sensibilité des sols argileux face au phénomène de retrait-gonflement sous une même
façade et sous les fondations. Afin de définir la sensibilité des argiles rencontrées et le
comportement des niveaux plus silto-sableux, de nombreux essais en laboratoire ont été
effectués sur des échantillons intacts et remaniés. Les essais en laboratoire sont simplement
énumérés au tableau 2.7, mais les résultats seront détaillés dans le paragraphe suivant.
Je rappelle ici la dénomination des facies rencontrés lors des campagnes de
reconnaissance avec leur brève description énumérés dans le tableau 2.8. Cette dénomination
sera reprise lors de la présentation des résultats des essais en laboratoire, discutés dans le
prochain paragraphe.

Tv : Terre végétale ; R : Remblai et tout venant


A/BOG : Argile bariolée ocre-gris ; As : Argile sablo-silteuse
A/V : Argile verdâtre ; A/N : Argile plastique noirâtre
Ag : Argile graveleuse ; Ac : Argile carbonatée
SA : Sable argileux ; S : Sable voir sable silteux
SG : Sable graveleux ; Sc : Substratum marno-calcaire
Ga : Graves enrobées dans une matrice argileuse

Tableau 2.8 : Description de la dénomination utilisée pour décrire les faciès rencontrés.

124
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Le tableau 2.7 résume les informations acquises par parcelles étudiées, notamment sur
le type d’habitation sinistrée, les dates d’apparition et d’aggravation des fissures observées, la
réalisation éventuelle d’une reprise en sous-œuvre sur le bâti et si la réparation des désordres a
été efficace après de nouvelles périodes de sécheresse, les investigations géotechniques
menées ainsi que la nature des sols rencontrés en fonction de la profondeur.

Reprise en Sinistre
Type Apparition Lithologie
Parcelle sous- après Investigations
habitation Fissuration (Profondeur en m)
œuvre reprise
Oui, après - 3 sondages à la
- SG : 0,5 / 4,0
R+1 partiel, 1989, 2003 1ère en 1990 la 1ère tarière
3 salon en RdC et 2005 2ème en 2009 reprise en - 2 essais au
- SA : 1,5 / 3,0
- A/BOG : 0,5 / 2,6
2003 pénétromètre
- 1 sondage à la
tarière
- 1 sondage - SA : 0,2 / 1,4
4 RdC 2003 2009 - pressiométrique - A/BOG : 1,4 / 3,9
- 2 essais au - Ac : 3,7 / 12,0
pénétromètre
- 1 essai au Panda
- 1 sondage à la - Tv : 0,0 / 1,2
5 RdC 2003 2009 - tarière - A/BOG : 1,2 / 1,9
- 2 essais au Panda - SG : 1,9 / 2,3
- S : 0,30/ 1,0
- 1 sondage à la
6 - - - -
tarière
- A/BOG : 1,0 /3,0
- SA : 3,0 / 3,3
- 1 sondage
- Tv : 0,0 / 0,9
Oui mais pressiométrique
Avant 2000 - A/BOG : 0,9 / 2,5
7 RdC
puis 2003
date - - 2 essais au
- S : 2,5 / 3,4
inconnue pénétromètre
- Ac : 3,4 / 4,7
- 1 essai au Panda
- 1 sondage à la - SA : 0,4 / 2,0
tarière - Gs : 2,0 / 4,0
8 RdC 2003 non -
- 1 sondage - A/BOG : 1,8 / 3,8
pressiométrique - S : 3,8 / 6,0
- 1 sondage à la
tarière
- 1 sondage - SA : 0,5 / 1,0
11 RdC 2003 2006 non
pressiométrique - A/BOG : 1,0 / 5,4
- 3 essais au
pénétromètre
- 2 sondages
pressiométriques - A/BOG : 0,4 / 2,0
Parcelle
12 vierge
- - - - 2 fosses - SA : 1,9 / 3,1
pédologiques - Ac : 3,0 / 6,0
- 10 essais au Panda
- SG : 0,3 / 0,8
- 2 sondages
oui après - As : 0,8 / 1,5
13 RdC 1996, 2003 1996
2003
pressiométriques
- Av : 1,6 / 4,0
- 1 sondage carotté
- Sc : 4,0 / 12,0
- 2 sondages à la
14 R+1 partiel 2005 - -
tarière
- S : 0,0 / 2,0
- 1 sondage à la
15 RdC inconnu - -
tarière
- S : 0,0 / 2,0

Tableau 2.7 : Synthèse des données de terrain acquises par parcelles étudiées sur le quartier de Cap de Bos.

125
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

6. Synthèse des essais en laboratoire : approche


minéralogique, géotechnique et mécanique.

Sur les onze sites d’étude, plusieurs approches ont été menées et sont traitées afin
d’identifier les paramètres les plus sensibles au phénomène de retrait-gonflement des sols
argileux et les plus pertinents pour expliquer et prévoir le comportement rétractant et gonflant
de ces sols :
- Texturale à l’échelle de l’échantillon,
- Minéralogique sur des échantillons remaniés,
- Géotechnique par les essais d’identification en laboratoire sur sols remaniés et intacts,
- Mécanique par des essais in-situ (pénétrométriques et pressiométriques).
Le but de ce paragraphe est de faire la synthèse des essais mécaniques et des essais en
laboratoire réalisés sur des échantillons prélevés (remaniés et intacts) dans les différentes
parcelles que nous avons détaillées précédemment. L’ensemble des essais en laboratoire
menés à différentes échelles (minéral, échantillon, essais in-situ) sur l’ensemble des faciès
rencontrés sont réalisés ici afin d’obtenir une représentation de la sensibilité des sols argileux
et de leur potentiel de retrait et de gonflement en climat océanique sur la commune de Pessac.
Une analyse statistique en composantes principales (ACP) complètera cette synthèse afin de
voir si des corrélations entre paramètres géotechniques puis entre faciès lithologiques sont
possibles. Suivant la variabilité lithologique mise en évidence, l’intérêt est d’établir les
critères géotechniques les plus pertinents et discriminants pour caractériser la sensibilité des
argiles non seulement en cas de sécheresse mais surtout avant la construction.

6.1 Approche minéralogique de la formation de Brach


Une des premières informations que l’on a acquis est la composition minéralogique de
la phase argileuse des sols rencontrés au niveau de la formation de Brach. Quelques analyses
semi-quantitatives ont été menées sur cette formation par le BRGM (cf. §4.2) et indiquaient
que les minéraux argileux étaient composés principalement de kaolinite associée à de l’illite et
quelques interstratifiés. Suite à notre étude à l’échelle parcellaire, nous avons réalisés des
analyses minéralogiques qualitatives (méthode des poudres) et semi-quantitatives grâce à la
méthode DRX (la plus utilisée), en collaboration avec Claude Fontaine (laboratoire HydrASA
- Université de Poitiers 1) et l’unité CNRS de l’Université de Lille 1.

Les principes des méthodes utilisées pour faire les analyses sont présentées en Annexe
1. À la figure 2.50-a, les spectres juxtaposés des quatre échantillons réalisés sur des poudres
sont présentés, puis à la figure 2.50-b est illustrée une identification des pics principaux et
secondaires sur un des échantillons argileux du faciès A/BOG issus de la zone d’étude
(CDGA 2 : site n°10 ; CDGA 3 : site n°8 ; CDGA 4 & 5 : site n°3).

126
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Chapitre II Manifestations sur le bâti

Illite/Muscovite
(I/M) a)

Figure 2.50 : a) Diffractogrammes


juxtaposés de quatre échantillons argileux
Smectite Kaolinite par la méthode des poudres avec la
position des réflections (001) des
I/M minéraux argileux principaux.
b) Détermination de la phase argileuse
pour l’échantillon « CDGA 2 » par
l’identification des pics principaux et
secondaires en fonction des angles 2θ
(issus des fiches du logiciel de
dépouillement).

b)

La première phase de l’analyse qualitative semble indiquer que les quatre échantillons
argileux testés (CDGA 2 à 5) sont à dominante kaolinite, l’illite/muscovite (voire halloysite)
en second puis très faiblement pourvu en smectite. Une fois cette première analyse réalisée,
on cherche par des traitements sur lames orientées à observer l’ouverture puis la fermeture du
domaine interfoliaire des minéraux gonflants, voire la disparition de certains phyllosilicates
instables au-delà de leur température de stabilité. Pour cela, il est nécessaire d’examiner
plusieurs diffractogrammes de préparations différentes :
1) lame orientée séchée à l’air libre (LO Nat),
2) lame orientée saturée à l’éthylène-glycol (LO EG),
3) lame orientée chauffée à 550°C (LO H ou LO 550°).

127
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Les quatre échantillons précédents (CDGA 2 à 5) sont donc tamisés à la fraction 50 µm


afin d’éliminer les impuretés et les sables fins, matériaux non argileux. Une fois le tamisage
réalisé, les échantillons subissent les différents traitements énumérés ci-dessus. Les résultats
de ces traitements pour les échantillons CDGA 2 à 5 sont présentés à la figure 2.51, avec
l’identification des pics des principaux minéraux argileux (S : smectite ; I : illite ; K :
kaolinite ; Qz : Quartz).

Qz

I
S

I
Qz
K

Figure 2.51 : Diffractogrammes après traitements des échantillons argileux tamisés à 50 µm pour
CDGA 2, CDGA 3, CDGA 4 et CDGA 5, avec la position des réflections (001) des principaux
minéraux.

On constate bien la disparition de la kaolinite après la fermeture des feuillets concernés


après un chauffage intense à 550°C. On vérifie également que l’échantillon CDGA 5 ne
contient pas de smectites ou minéral argileux gonflant, au contraire de celui n°2 où un petit
pic réside vers 6,2 Å.

La dernière étape est la quantification. La surface des pics de diffraction dans le


diagramme (2θ,I) va nous donner une information sur la quantité de la phase présente.
Lorsque l'on a un mélange de phases, plus une phase est présente en proportion importante,
plus la surface de ses pics est grande. Lorsque l'on parle de surface, on parle de surface nette,

128
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Chapitre II Manifestations sur le bâti

c’est-à-dire la surface se trouvant entre la courbe et la ligne de fond continu. On parle aussi
d'«intensité intégrale» pour désigner cette surface nette (Klug et Alexander, 1974). On peut
donc, moyennant un étalonnage de l'appareil, faire une analyse quantitative, c’est-à-dire
calculer la composition de l'échantillon en % massique (1 % massique correspond à 10 mg de
phase pour 1 g d'échantillon). Pour quantifier au mieux les espèces minérales, 24 échantillons
représentatifs des différents faciès rencontrés lors de notre étude ont été envoyés à
l’Université de Lille 1. Les résultats sont présentés au tableau 2.9 et à la figure 2.52 sous
forme d’histogramme, classés en fonction de leur faciès (cf. description au tableau 2.8).

Site / Prof, Pourcentage en minéraux argileux (%)


Facies
N°sondage (m) Kaolinite Illite I/S Smectites Oxyhydroxydes Chlorite
7/T1 1,00 A/BOG 78 12 - 9 1 -
7/T1 1,50 A/BOG 83 6 - 10 1 -
7/T1 3,00 A/BOG 66 19 - 15 - -
7/T1 3,80 A/BOG 55 22 - 22 - 1
3/T1 1,00 A/BOG 58 20 4 18 - - Tableau 2.9 : Résultats de l’analyse
8/T1 2,00 A/BOG 65 12 3 20 - - quantitative (en %) sur 24
10/T1 1,20 A/BOG 85 7 2 5 - 1 échantillons argileux issus de la
10/T1 2,00 A/BOG 88 6 4 2 - -
10/S1 3,50 A/BOG 86 10 - 4 - - formation de Brach, effectués en
10/S3 1,00 A/BOG 85 9 - 6 - - partie à l’Université de Lille 1 et au
10/S3 2,00 A/BOG 82 13 - 5 - - laboratoire HydrASA.
10/T4 1,00 A/BOG 70 22 - 8 - -
10/S2 1,50 A/BB 83 7 - 10 - -
10/S2 3,80 A/BB 85 6 - 9 - -
10/S4 1,00 A/BOR 63 7 - 30 - -
10/S4 3,00 A/BOR 70 - 7 - -
10/T4 2,00 A/BOR 58 22 - 20 - -
3/T1 2,00 A/B 50 19 8 22 - 1
10/S4 4,50 A/B 65 20 - 15 - -
10/T4 3,00 A/B 60 20 - 20 - -
10/T3 2,00 A/N 69,5 3 - 27 - 0,5
10/T3 3,00 A/N 72 6 - 22 - -
10/T4 4,70 A/N 52 24 - 24 - -
10/S4 7,50 A/V 42 23 - 35 - -

Composition minéralogique des différents faciès argileux de la Formation de Brach

100%

90%

Figure 2.52 : 80%


Composition
minéralogique des
70%
différents faciès argileux
de la formation de
Brach. 60% Chlorite
Oxyhydroxydes
50% Smectites
I/S
40% Illite
Kaolinite
30%

20%

10%

0%

129
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Chapitre II Manifestations sur le bâti

Ces résultats confirment que la formation de Brach, représentée principalement par le


faciès A/BOG est à dominant kaolinite et mica type muscovite, et très peu abondant en
smectites. Les faciès A/B (argile bleue), A/N (argile noirâtre) et A/V (argile carbonatée
verdâtre) présentent les pourcentages en smectites les plus élevées, entre 22 % et 35 % dans la
phase totale. Ces taux élevés en minéraux gonflants peuvent présager un comportement plus
plastique, compressible et sensible au phénomène d’hydratation de ces faciès. On note ainsi
une première différence du point de vue minéralogique entre les faciès argileux au sein de la
même formation géologique de Brach. Afin de compléter cette analyse minéralogique, des
observations microscopiques au MEB ont été menées sur deux échantillons argilo-silteux
(CDGA 1 et 2), où des amas non dispersés ont été traités par ultrasons au préalable. Ci-
dessous sont présentées des photos prises au MEB, grâce à l’aimable collaboration de
Dominique Proust (Laboratoire HydrASA) à différentes échelles (Figure 2.53). On constate
que les grains de quartz contenus dans le complexe argilo-sableux des sols de cette formation
de Brach sont arrondis avec des traces d’impact (Figure 2.53 e et f), confirmant l’origine
fluviatile des dépôts.

a) b)

c) d)

e) f)
Figure 2.53 : a) : vue d’un minéral de muscovite ; b) : vue d’un amas de minéraux de kaolinite en forme
d’« assiette » ; c et d) : vues de feuillets de smectites ; e et f) : vues d’un grain de quartz arrondi, et d’un grain
ayant subi un choc (flèche), confirmant son origine fluviatile.

130
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

6.2 Caractérisation en laboratoire du potentiel de retrait-gonflement


Cette partie a pour objectif d’obtenir les paramètres géotechniques représentatifs de la
formation argileuse de Brach, à partir des essais d’identification en laboratoire sur l’ensemble
des cinquante échantillons remaniés ou intacts. Les échantillons ont été prélevés lors des
investigations menées sur les différentes parcelles sinistrées. Cette approche permettra de
préciser l’aptitude des sols, mis en cause dans les sinistres sur habitations étudiés, au
phénomène de retrait-gonflement. De plus, ces essais permettront de mettre en évidence
l’ampleur du phénomène de l’échelle macroscopique à celle de la parcelle puis du quartier, et
de quantifier les variations de volume des sols argileux susceptibles de se produire lors des
cycles saisonniers.

6.2.1 Mode de prélèvement


Suite à nos investigations géotechniques décrites au paragraphe 4 précédent, des
prélèvements d’échantillons de sols (62 échantillons) ont été menés lors des sondages à la
tarière manuelle ou mécanique avec une passe variant entre 0,20 m et 0,50 m, et lors
d’ouvertures de tranchées à la pelle mécanique tous les mètres. Cinquante échantillons sont
issus de sondages destructifs (remaniés) réalisés sur l’ensemble des sites étudiés sur le
quartier de Cap de Bos et ont été conservés dans des sacs plastiques étanches avant analyse.
L’information lithologique d’échelle centimétrique que l’on obtient avec des échantillons
remaniés peut être partiellement perdue, comme des passées silto-sableuses ou de rubéfaction
de 5 à 10 cm d’épaisseur. Onze échantillons intacts ont été prélevés au droit des parcelles
n°12 et n°13 afin d’obtenir le comportement mécanique des sols argileux rencontrés.

6.2.2 Essais d’identification des paramètres géotechniques réalisés sur les


parcelles sinistrées

Afin de préciser les paramètres géotechniques utilisés pour la détection du potentiel de


retrait et gonflement des sols argileux, les essais en laboratoire suivants ont été pratiqués sur
les prélèvements remaniés, en respectant les normes (cf. Lexique des Normes) :
- L’analyse granulométrique par tamisage (NF P 94-056) pour déterminer les teneurs
en particules supérieures à 80 µm (Classification GTR) et par sédimentométrie (NF P
94-057) pour déterminer les teneurs en silt, limons et particules argileuses inférieures
à 2 µm (en %)
- La teneur en eau pondérale des sols Wnat (en %) (NF P94-050)
- L’indice de plasticité par la détermination des limites d’Atterberg (WL, Wp et Ip) par
la coupelle de Casagrande (NF P 94-051)
- La valeur de bleu du sol VBS (g/100g de sol) réalisée sur la fraction totale à 2 mm
(NF P 94-068) et la valeur de bleu VB sur le passant à 400 µm avec le calcul de
l’activité des argiles Ac et Acb
- La teneur en carbonate total CaCO3 (NF P94-048)
- La teneur en matière organique MO (en %) (Norme XP P 94-047) : les tests ont été
réalisés au Laboratoire Central Aquitain (LCA) et au laboratoire LARA EUROFINS.

131
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

- La Capacité d’Echange Cationique CEC par la méthode Cobaltihexamine (NF


X31-130). (milliéquiv/100 g d’argile) : les tests ont été réalisés au Laboratoire Central
Aquitain (LCA) et au laboratoire LARA EUROFINS. L’activité de la CEC est
calculée par méthode indirecte issue de la valeur Ip (cf. chapitre 1).
- Le pH de l’eau contenue dans le sol.
Le tableau synthétique 2.10 ci-dessous présente les valeurs des principaux paramètres
d’identification géotechnique (plasticité, granulométrie, VBS, CEC, MO et CaCO3) avec leur
minimum et maximum, rencontrés au niveau de chaque parcelle étudiée (excepté les parcelles
n°14 & 15 vu la nature uniquement sableuse des terrains rencontrés). Les résultats complets
des essais figurent en annexe 2.
Plasticité Granulométrie Paramètres de nature
Site Prof. (m) VBS < 80 µm < 2 µm CEC MO CaCO3 GTR
WL (% ) WP (% ) Ip (-)
(% ) (% ) (cmole/kg) (% ) (% )
3 0,4 - 3,5 50 - 70 25 - 31 22 - 40 0,2 - 5,0 12 - 50 30 - 49 11 - 14 1,0 - 2,2 0,0 A1 / A3
4 1,5 - 3,8 48 - 103 9 - 36 39 - 67 3,5 - 8,4 70 - 89 23 - 40 9 - 17 0,1 - 0,4 0,01 - 0,16 A2 / A4
6 1,0 - 3,3 30 - 64 11 - 25 16 - 40 0,7 - 3,7 50 - 74 19 - 40 4,5 - 12 0,1 - 0,3 0,01 - 0,02 A1 / A3
7 1,3 - 4,0 46 - 81 16 - 22 38 - 59 3,8 - 9,0 59 - 73 24 - 48 10 - 22 0,2 - 1,0 0,04 - 1,51 A2 / A4
8 0,5 - 2,0 21 - 72 5,5 - 27 10 - 46 0,2 - 4,4 10 - 51 7 - 50 6 - 16 0,8 - 4,7 0,00 A1 / A3
11 0,5 - 2,5 30 - 45 14 - 21 16 - 24 -* -* -* -* -* -* A2
12 0,4 - 6,0 36 - 76 9,8 - 31 8 - 65 0,4 - 11,0 95 44 - 52 12 - 23 0,2 - 0,7 0,00 - 0,750 A1 / A4
13 1,5 100 50 50 18,3 -* -* -* -* -* A4
* Tests non réalisés dans le cadre des rapports d’expertises géotechniques.
Tableau 2.10 : Propriétés géotechniques des échantillons prélevés par site d’étude.

Il apparaît clairement que les paramètres de plasticité, VBS et de granulométrie


présentent des gammes de variation de leurs valeurs importantes au sein de la même parcelle,
ainsi qu’entre les différentes parcelles. La figure 2.54 illustre la plage étendue de la plasticité
de l’ensemble des échantillons étudiés au droit des parcelles du quartier, avec des sols
argileux peu à majoritairement très plastiques. On observe également que les échantillons
prélevés au sein de la même parcelle présentent une large variation de leur limite de plasticité
(exemples parcelles n°8 et 12). Ces sols argilo-silteux présentent des teneurs en matière
organique et en carbonates faibles, excepté la présence d’une argile carbonatée (CaCO3 de
1,51 %) au droit de la parcelle n°7. Cette variabilité de la plasticité et des valeurs de VBS des
sols peut être expliquée par la présence de sols argileux relativement silto-sableux (10 % < 80
µm < 89 %). À l’échelle des parcelles, les résultats des essais de plasticité et de granulométrie
confirment donc les variabilités lithologiques rencontrées sur le terrain, notamment les
passées sableuses entre les horizons argileux traduites par de faibles valeurs en particules
d’argile, diminuant ainsi globalement le potentiel de retrait-gonflement du sous-sol argileux
de moyen à faible. On remarque simplement, en observant la figure 2.54, qu’une distinction
des sols semble apparaître avec des sols silteux peu plastiques jusqu’à une limite de liquidité
de 35 % puis des sols argileux plastiques appartenant à la zone des argiles dites
« gonflantes », qui s’étend à l’échelle de la zone d’étude entre des limites de liquidité de 35 à
105 %.

132
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

100
Argile : Limon :
Ap : peu plastiques Lp : peu plastiques
90
Amp : moyennement plastiques Lmp : moyennement plastiques
At : très plastiques Lt : très plastiques Zone des Argiles
80 Gonflantes « Parisiennes »

70 Zones des argiles


sensibles At
Indice de plasticité Ip

60 Région Bordelaise

50

n°3
40 Amp
n°4
30 n°6
Lt n°7
20 Ap n°8
n°12
10
Lmp n°13
Lp
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Limite de liquidité WL (%)

Figure 2.54 : Diagramme de Casagrande avec juxtaposition des trente-huit échantillons prélevés au
droit des sites d’étude au niveau du quartier de Cap de Bos.

La majorité des échantillons argileux de la formation de Brach se situent dans le


domaine des argiles dites « gonflantes », défini par Philipponnat (1978). On s’aperçoit que ce
domaine, applicable aux sols parisiens à l’origine, peut être modifié pour s’adapter aux sols
argileux du climat bordelais, vu que les échantillons testés sont sensibles avec des limites de
liquidité supérieures à 35 % et sont à l’origine de sinistres à répétition. Vu que ces argiles ne
sont pas dites au sens strict « gonflantes », on nommera plutôt cette zone comme celle des
« argiles sensibles – Région Bordelaise » (Figure 2.54). Un classement des potentiels de
retrait-gonflement des sites étudiés est récapitulé au tableau 2.11 selon les différentes
méthodes décrites au chapitre I.
Potentiel de gonflement Potentiel de retrait
Classification de Classification de Classification
Site Classification de Classification du B.R.E
Dakshanamurphy et Williams & de Seed et al.
Chen (1988) (1980)
Raman (1973) Donaldson (1980) (1962)
3 Faible à moyen Moyen à fort Moyen à élevé Moyen à élevé Moyen à élevé
Moyen à très Elevé à très
4 Faible à très fort Fort à très fort Très élevé
élevé élevé
Fort à très
6 Faible à moyen Moyen à fort Faible à élevé Moyen à élevé
élevé
Moyen à très Elevé à très
7 Faible à fort Fort à très fort Très élevé
élevé élevé
Elevé à très
8 Faible à fort Faible à moyen Faible à élevé Faible à très élevé
élevé
11 Moyen Faible - - -
Moyen à très
12 Faible à très fort Faible à fort Moyen à élevé Moyen à très élevé
élevé
13 Très fort Très fort - - -

Tableau 2.11 : Comparaison des potentiels de retrait-gonflement obtenus par des méthodes indirectes de
différents auteurs.

133
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Ce classement met en évidence un rapprochement entre certaines parcelles en termes de


comportement géotechnique. En effet, on note par exemple que les sites n°3, 6 et 8 situés en
limite de la formation de Brach d’après les délimitations de la carte géologique du BRGM (cf.
Figure 2.20) ont des caractéristiques assez similaires, avec des indices de plasticité (Ip < 30
%) et des valeurs de bleu (VBS < 3) assez faibles. Ces valeurs sont similaires à celles fournies
au BRGM pour l’établissement de la carte d’aléa, avec des VBS moyennes de 2,6 g/100g sol
et un Ip moyen de 30 % (Platel et al., 2004). En effet, le site n°3 illustre la grande variabilité
des sols au sein d’une même parcelle à la limite entre deux formations car elle présente à la
fois une lentille très argileuse sensible (C2 de 49 % et VBS de 5) et des sols très sableux en
profondeur, engendrant des désordres de deuxième génération sur l’habitation sinistrée. À
l’inverse, les autres parcelles présentent des potentiels au retrait et au gonflement plus élevés
avec des sols plus argileux. Le facteur granulométrie semble donc être un des facteurs les plus
influant sur le comportement géotechnique des sols. Les résultats obtenus montrent que pour
une même formation géologique au sein d’un quartier, les propriétés des sols et leurs fractions
granulométriques peuvent être très différentes d’une parcelle à l’autre et une identification
globale du comportement mécanique de la formation géologique à partir de la seule
classification GTR trouve vite ses limites.

6.2.3 Approche texturale de la caractérisation géotechnique des sols


Au vu de la grande variabilité spatiale des paramètres géotechniques et des potentiels au
retrait-gonflement obtenus entre les parcelles, le facteur spatial semble donc peu pertinent.
Nous avons donc choisi de regrouper les sols argileux rencontrés par faciès lithologique
similaire (A/BOG, A/B, A/V, A/N et SA : description des faciès au tableau 2.8, § 4) afin
d’établir si des rapprochements en termes de comportement géotechnique sont observables à
l’échelle texturale. Cette approche nous a permis de distinguer cinq catégories de sols plus ou
moins argileux classés en fonction de leur lithologie (description des faciès dans le tableau
2.8). Le tableau 2.12 présente les variations des paramètres géotechniques des sols
rencontrés : teneur en eau, valeur de bleu, limites d’Atterberg, granulométrie complète, CEC
et pourcentage en matière organique. Les échantillons de sols argileux (48) ont été regroupés
par faciès similaire puis par tranche de profondeur (en mètre).
VBS (0/D VB CEC MO
FACIES Prof. (m) Wnat (%) Ip (%) WL (%) WP (%) < 80µm (%) % silt < 2µm (%) AC ACB CEAc GTR *
max) (0/400µm) meq/100g (%)
0.50 - 1.50 12,0 - 19,3 1,0 - 9,6 1,0 - 12 16 - 58 30,0 - 80,5 11,0 - 45,4 40,5 - 99,5 4,6 - 49,0 12,7 - 67,5 4,8 - 28,0 0,19 - 2,2 0,3 - 2 3,4 - 34,3 0,1 - 1,1 A1/A4

A/BOG 1.50 - 3.00 5,9 - 26,0 1,5 - 9,0 1,6 - 10,8 16 - 67 36,0 - 103,0 9,0 - 36,0 35,0 - 96,0 2,0 - 42,0 14,2 - 50,0 4,5 - 21,8 0,1 - 1,0 0,6 - 1,8 8 - 22,8 0,2 - 0,5 A2/A4

3.00 - 6.00 15,3 - 39,0 1,7 - 8,1 2,9 - 8,9 17 - 50 30,0 - 74,0 13,1 - 32,0 70,0 - 96,0 10,1 - 51,4 21,0 - 57,8 13,1 - 15,0 0,1 - 1,0 0,5 - 2,1 5 - 33,6 0,4 - 0,5 A2/A4

A/B 2.00 - 9.00 17,6 - 26,8 4,1 - 8,3 4,1 - 9,2 29 - 51 49,3 - 75,0 14,9 - 30,8 41,9 - 99,8 8,3 - 66,0 10,4 - 56,0 11,3 - 26,0 0,8 - 1,5 0,7 - 3,2 9 - 79,8 0,2 - 0,5 A2/A4

A/V 1.50 - 8.00 23,4 - 30,0 6,6 - 18,3 10,4 50 - 51 67,1 - 100 16,4 - 50,0 99,5 1,0 56,8 - - 0,9 11,6 1,0 A3/A4

A/N 4.00 - 4.50 26,8 - 41,0 3,1 - 8,2 3,1 - 14,0 24 - 65 49,9 - 86,4 15,0 - 38,2 44,6 - 98,6 3,0 - 64,0 9,0 - 83,0 19,5 0,50 0,6 - 4,2 5,8 - 82,2 0,23 A2/A4

SA 1.00 - 5.00 4,7 - 15,6 0,1 - 1,5 0,1 - 1,7 10 - 21 19,5 - 38,2 5,5 - 28,1 10,2 - 32,0 6,0 - 10,0 4,0 - 8,3 15,2 4,7 1,4 - 3,8 1,4 - 21,4 2,1 B2 / B6

(*) : classe GTR déterminée selon le Fascicule II du SETRA - LCPC " Réalisation des remblais et couches de forme" (1992).

Tableau 2.12 : Propriétés géotechniques des échantillons prélevés sur chacune des parcelles et regroupés
par faciès.

134
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Le tableau 2.12 montre que les échantillons de sols possèdent une plage de variations de
la teneur en particules argileuses (< 2 µm) très importante, allant de 9 à 83 % au sein des
différents faciès argileux rencontrés. L’ensemble des faciès argileux (A/BOG, A/B, A/V et
A/N) montre en moyenne des indices de plasticité de l’ordre de 35 %, des limites de liquidité
élevées (wL > 50 %), des valeurs de bleu élevées (VBS et Vb > 5) et l’absence de carbonates
et de faibles teneurs en matière organique. Ces résultats confirment une fraction argileuse
suffisamment importante pour donner un comportement sensible face aux variations
hydriques des sols argileux présents sous les habitations. Pour quantifier cela, des essais au
bleu de méthylène ont été réalisés également sur la fraction < 400 µm (Vb) de quelques
échantillons. On a pu constater que les valeurs de bleu augmentent systématiquement par
rapport à la valeur de bleu du sol total (VBS), confirmant une forte sensibilité de la fraction
fine et une sous-estimation du pouvoir gonflant-rétractant des sols argileux en effectuant les
essais sur une fraction grossière riche en éléments impropres (matière organique, sable), qui
ont tendance à diminuer la valeur de bleu réelle. Les valeurs de CEC varient entre 4,5 et 28
méq/100g, ce qui restent des valeurs moyennes et ne traduisent pas la présence d’une phase
argileuse importante, au contraire de la valeur de bleu. En effet, les sols présentant des limites
de liquidité et des VB élevées ont tendance à posséder des valeurs de CEC > 25 (méq/100g),
correspondant à des sols très argileux. Les résultats des limites d’Atterberg, la valeur de bleu
VBS et la teneur en particules argileuses C2 sont représentés sur les graphes de la figure 2.55.
L’analyse de ces caractéristiques géotechniques confirme l’hétérogénéité de faciès rencontrés
entre les différentes parcelles et au sein d’une même parcelle suivant la profondeur. Les
variations mesurées entre ces paramètres sont observées jusqu’à 4 m de profondeur.
VBS (g/100g sol)
% < 2 µm Indice de plasticité Ip (%)
0 5 10 15 20 0 10 20 30 40 50 0 20 40 60 80 100
0.0 0.0 0.0

0.5 0.5 0.5

1.0 1.0 1.0

1.5
Profondeur de prélèvement (m)

1.5 1.5
Profondeur de prélèvement (m)

Profondeur de prélèvement (m)

2.0 2.0 2.0

2.5 2.5 2.5

3.0 3.0 3.0

site 3
3.5 site 4 3.5 3.5
site 3
site 6 site 3
site 4
4.0 site 7 4.0 site 4 4.0 site 6
site 8 site 6
site 7
site 12 site 7
4.5 4.5 4.5 site 8
site 13 site 8
site 12
site 14 site 12
site 13
5.0 5.0 5.0
a) b) c)

Figure 2.55 : Caractérisation géotechnique des différentes parcelles étudiées sur le quartier de Cap de
Bos avec : (a) valeur de bleu VBS, (b) % < 2 µm et (c) Indice de plasticité Ip (%).

135
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

On constate que la teneur en argiles a tendance à augmenter avec la profondeur au sein


du faciès A/BOG (Argile bariolée ocre-gris) ainsi que la proportion en silts, allant de 5 à 51
%. La fraction silteuse de ces sols argileux est relativement importante à certaine profondeur
et semble donc être un paramètre influant sur le comportement plastique de la fraction fine.
En effet, la large plage de variations de tous les paramètres géotechniques peut s’expliquer par
des passés argileuses fortement silteuses, induisant une diminution de la plasticité et du
potentiel de retrait-gonflement des sols sur la base des critères géotechniques les plus
couramment employés. En utilisant les paramètres d’état obtenus avec les faciès A/BOG, A/B
et A/V rencontrés dans les parcelles avec les classifications donnant le potentiel de
gonflement des sols (Tableau 2.13), on vérifie la difficulté de pouvoir estimer la sensibilité
d’un échantillon qu’à partir d’un seul critère géotechnique (Classifications d’Altmeyer et de
Chen). Les classifications utilisant deux à trois critères ont tendance à coïncider avec un
potentiel assez élevé des sols argileux de la formation de Brach. Malgré des différences, les
différentes classifications vérifient le comportement plus sensible du faciès A/V par rapport
aux faciès A/BOG et A/B. La classification de Yalmiz (2006) donne un comportement
similaire aux trois faciès argileux et semble ne pas être adaptée pour les sols testés.
Classification Paramètres Faciès Potentiel de gonflement
A/BOG Sol normal à actif, riche en illite
Seed et al. (1962) Ac, Ip, C2 A/B Sol normal, riche en illite
A/V Sol normal, riche en illite

A/BOG Elevé
Chen (1988) WL A/B Très élevé
A/V Très élevé

A/BOG Très élevé


Holtz & Gibbs (1956) Ip, C2, WRe
A/V Très élevé

A/BOG Moyenne à forte


Bigot & Zerhouni % < 80 µm, Ip,
A/B Moyenne à forte
(2000) VBS
A/V Forte

A/BOG Elevé
Williams & Donaldson
Ip, C2 A/B Elevé
(1980)
A/V Elevé à très élevé

A/BOG Elevé
Classification B.R.E
Ip, C2 A/B Elevé à très élevé
(1980)
A/V Très élevé

A/BOG Moyen
Yalmiz (2006) WL, CEC
A/B & A/N Moyen

U.S. Uniform Building A/BOG & Interstratifiés


Ac, CEAc
Code (1997) A/N

Tableau 2.13 : Potentiels de gonflement obtenus à partir de différents critères géotechniques établis par
plusieurs auteurs issus de la bibliographie.

136
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Si l’on place les échantillons de sols argileux prélevés aux droits des différentes
parcelles sur le diagramme de sensibilité à l’eau VBS = f(C2) d’après Magnan et Youssefian
(1989) (Figure 2.56), il apparaît que les points sont dispersés et ont tendance à montrer des
comportements plutôt limoneux (fraction argileuse C2 < 50 %) moyennement actifs à très
actifs. Cette dispersion met encore en évidence la présence de sols hétérogènes sur les
parcelles étudiées, avec des sols peu argileux et donc peu sensibles au phénomène de retrait-
gonflement. Toutefois, ces échantillons prélevés au droit de pavillons sinistrés indiquent
que des limons ou argiles limoneuses possédant une valeur de bleu VBS supérieure à 3,
une fraction argileuse C2 comprise entre 25 % et 50 %, sont potentiellement sensibles à
des variations hydriques en cas d’épisodes d’humidification-hydratation. À partir de ces
observations, on peut tracer de nouvelles limites sur la figure 2.56 permettant de distinguer les
limons peu sensibles (domaine I), les argiles limoneuses moyennement sensibles (domaine II)
et les sols argileux très sensibles (domaine III).

III

II

Figure 2.56 : Diagramme de sensibilité à l’eau des sols argileux basé sur les valeurs de VBS et C2
appliqué aux échantillons argileux des parcelles étudiées (Magnan et Youssefian, 1989).

Par contre, ces passés silteuses peuvent provoquer des variations latérales dans la
perméabilité des sols argileux et favoriser le drainage ou la dessiccation en fonction des
cycles saisonniers (ce point sera abordé avec des exemples concrets dans le prochain
chapitre). Pour comprendre le comportement mécanique de ces sols, et affirmer ou non les
variations de comportements mis en évidence entre les différents faciès argileux, des essais à
l’œdomètre et de retrait linéaire ont été réalisés sur dix échantillons non remaniés prélevés au
droit des parcelles n°12 et 13.

137
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

6.2.4 Mesures des paramètres de gonflement et de retrait


Cette partie intègre l’ensemble des résultats issus des essais mécaniques qui permettent
d’observer le comportement mécanique d’un sol soumis à des sollicitations hydriques et/ou
mécaniques, se rapprochant ainsi des conditions de retrait-gonflement. Les essais suivants ont
été réalisés sur sept échantillons intacts prélevés au droit des parcelles n°12 et n°13 (Figure
2.20) :
‐ Essai œdométrique classique (sur échantillon saturé) (Norme NF P 94-090) : donne la
courbe de variation de l’indice des vides en fonction de la contrainte à saturation, et les
paramètres de compressibilité Cc, Cs, σ’p et de façon indirecte le coefficient de
perméabilité à saturation k0 (obtenu à chaque palier de chargement) et les poids
volumiques. Avec ces paramètres, le potentiel de gonflement libre sans charge (εg)
utilisé par Seed et al. (1962) et en décharge Cg (d’après Philipponnat, 1979) est déduit
afin de traduire le passage d’un état non saturé à saturé (Tableaux 2.14, 2.15 et 2.16) ;
‐ Essai de gonflement à l’œdomètre (Norme NF P 94-091) : détermine la pression σ’g
qu’il faut appliquer à un échantillon non saturé pour empêcher son gonflement
lorsqu’il est mis en présence d’eau et saturé (Tableaux 2.15 et 2.16) ;
‐ Essai de dessiccation par retrait linéaire (Norme XP P 94-060-2) : donne la limite de
retrait WRe et le facteur de retrait linéaire Rl (déformation jusqu’à la teneur en eau
limite après séchage progressif) (Tableau 2.7) ; le potentiel de retrait est déduit des
classifications de Holtz & Gibbs (1956) et Mastchenko (2001).

Teneur en Teneur en eau Coefficient de Densité Densité Indice des Indice des
ND : Tests non réalisés
eau initiale finale perméabilité sèche humide vides initial vides final

Site/
Prof. (m) Facies wi (%) wf (%) k0 (m/s) γ d/γ w γ h/γ w ei (-) ef (-)
N°sondage
-9
12/F1 0,70 A/BOG 28,96 26,30 3,50.10 1,44 1,88 0,77 0,76
-7
12/P1 1,00 A/BOG 22,60 22,35 1,09.10 1,61 1,97 0,58 0,50
-7
12/P2 1,00 A/B 28,10 24,14 4,49.10 1,56 2,00 0,63 0,52
13/S3 1,50 A/V 50,50 51,60 ND 1,10 1,65 1,46 1,51
-7
12/P1 2,00 SA 10,70 - 17,50 15,00 - 16,40 2,75.10 1,68 - 1,71 1,90 - 2,00 0,49 - 0,51 0,27 - 0,32

Tableau 2.14 : Valeurs des paramètres physiques (w, γ, e) et hydriques (k0) des différents faciès argilo-
sableux de la formation de Brach, obtenus à partir de l’essai œdométrique classique.

Contrainte
Pression de Contrainte de Indice de Module Coefficient de
ND : Tests non réalisés verticale
gonflement préconsolidation compressibilité oedométrique consolidation
théorique
Site/
σg ( kPa) σ'p(kPa) σ'z0 (kPa)
2
Prof. (m) Facies Cc (-) E (MPa) Cv (cm /s)
N°sondage
-3
12/F1 0,70 A/BOG 79,60 - 100,70 90 13,16 1,19 6,34 4,17.10
-3
12/P1 1,00 A/BOG 75,60 300 19,70 1,02 11,10 1,51.10
-3
12/P2 1,00 A/B 80,00 90 20,00 1,09 5,53 0,73.10
13/S3 1,50 A/V 50,00 ND ND ND ND ND
-3
12/P1 2,00 SA 117,00 110 - 120 39,00 0,38 - 0,71 13,87 - 14,24 3,48 - 3,85.10

Tableau 2.15 : Valeurs des paramètres mécaniques (σg, σ’p, Cc, Cv et E) des différents faciès argilo-sableux
de la formation de Brach, obtenus à partir de l’essai œdométrique classique.

138
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Potentiel de gonflement déduit à partir des paramètres oedométriques

Site/ Indice
Prof. (m) Facies εg (%) Potentiel * Cg (-) Potentiel**
N°sondage gonflement εs
12/F1 0,70 A/BOG 8,00 - 12,70 Elevé 0,70 1,15 Très fort
12/P1 1,00 A/BOG 6,50 Elevé 0,56 0,87 Très fort
12/P2 1,00 A/B 12,62 Elevé 0,69 5,12 Très fort
13/S3 1,50 A/V 7,00 Elevé ND ND Fort
12/P1 2,00 SA 1,73 - 1,78 Moyen 0,30 - 0,32 0,01 - 0,025 Faible
* D'après Seed et al. (1962)
** D'après Philipponat (1979)

Tableau 2.16 : Valeurs des paramètres mécaniques (εg , Cg) et les potentiels de gonflement issus de ces
valeurs en fonction des différents faciès argilo-sableux de la formation de Brach, valeurs
obtenues à partir de l’essai œdométrique classique.

0.30

y = -0.196ln(x) + 0.904
R² = 0.9987
0.25

0.20
Gonflement (en mm)

Pression de gonflement
σ g = 100,7 kPa
0.15

0.10

0.05

Parcelle n°12 _F1 à 0,70 m


Log. (Parcelle n°12 _F1 à 0,70 m)
0.00
1 10 100 1000
Contrainte exercée (kPa)

Figure 2.57 : Résultat d’un essai de gonflement à l’œdomètre sur un échantillon de sol argileux intact
issu de la parcelle n°12 prélevé à 0,70 m de profondeur (σg = 100,7 kPa) (faciès A/BOG).

Les sols testés présentent des teneurs en eau indiquant des sols moyennement hydratés
au moment du prélèvement entre fin 2006 et 2007, excepté l’échantillon de la parcelle n°13
avec une teneur en eau de 50,5 % (réhydratation forte de l’argile au niveau du pignon sinistré)
(Tableau 2.14). Les argiles du faciès A/BOG, caractéristiques de la formation de Brach,
possèdent une densité sèche apparente moyenne de 1,55. Les différents faciès argileux étudiés
(A/B à A/BOG) de la Formation de Brach ont une pression de gonflement comprise entre 75
et 117 kPa (Tableau 2.15). Un exemple de résultat d’un essai de gonflement à l’œdomètre
réalisé sur un échantillon provenant de la parcelle n°12 (prélevé intact à 0,70 m de
profondeur) montre trois point alignés (charges appliquées entre 1 et 2,5 kg) donnant une
pression de gonflement σg de 100,7 kPa (Figure 2.57). Ces valeurs sont toutes inférieures à
250 kPa et faibles selon la classification établie par Chen (1988). Ceci indique que le
caractère gonflant n’est pas la caractéristique prépondérante des argiles de Brach et qu’il ne
peut être l’unique paramètre responsable des sinistres vu les valeurs faibles rencontrées sur les

139
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

parcelles sinistrées. Ces faibles valeurs peuvent s’expliquer par la granulométrie des sols mais
également par la nature minéralogique des argiles présentes dans ces sols. En effet, quand la
fraction argileuse à dominante kaolinite-muscovite des sols subit des cycles répétés de
dessiccation plus ou moins intenses (dépendant de la teneur en eau initiale), une perte en eau
au niveau interfoliaire se produit ; au contraire un gonflement de cette structure après une
réhumidification ne peut garantir une récupération totale de l’eau liée perdue (ces cycles
répétitifs induisent une réorganisation de la structure des agrégats provoquant une baisse de la
pression de gonflement) (Alonso et al., 1999). Si on analyse les valeurs du coefficient de
gonflement en décharge (indice Cg), qui permet de caractériser les sols les plus gonflants du
secteur d’étude (Tableau 2.16), on constate que les faciès argileux de la formation de Brach
ont des valeurs de coefficient de gonflement Cg comprises entre 0,3 et 0,7. Il s’agit d’argiles à
gonflement faible pour les sables argileux SA (Cg ≥ 0,3) à très fort (Cg > 0,5) pour les sols
argileux suivant la classification de Philipponnat (1978). L’utilisation du potentiel de
gonflement libre sans charge (εs) décrit par Seed et al. (1962), (Tableau 2.16) confirme que
les faciès d’argile bleue A/B et d’argile bariolée ocre-gris A/BOG donnent les gonflements
libres les plus élevés, respectivement de 6 à 12,7 %.
Il semble que le faciès A/B corresponde au faciès le moins altéré au vu de son potentiel
de gonflement en décharge et de son gonflement libre, vu les valeurs plus élevés par rapport
aux autres faciès (Figure 2.60). Une tendance existe entre le paramètre de gonflement libre εs
(Seed et al., 1962) et celui du gonflement en décharge (εg) comme on peut l’observer sur la
figure 2.58. En effet, ces deux paramètres permettent de bien distinguer les différents faciès
argileux de la formation de Brach par des comportements mécaniques propres à chaque
faciès. On retrouve ainsi un faible pouvoir de gonflement des niveaux sablo-argileux (SA), un
caractère gonflant moyen du faciès A/BOG le plus représentatif de la formation de Brach, et
d’un caractère gonflant très élevé pour les argiles bleutées du faciès A/B.

εs
εg

A/BOG
εs (%) et εg (%)

A/BOG
A/BOG
A/BOG A/BOG

Nombre d’échantillons testés

Figure 2.58 : Relation entre le taux de gonflement libre εs (%) et le potentiel de gonflement en
décharge εg (%) pour les différents faciès de la formation de Brach.

140
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

En complément des essais œdométriques, les essais de dessiccation montrent le


caractère très rétractant du faciès argileux A/BOG, au contraire du faciès A/V. À partir des
valeurs du facteur de retrait linéaire Rl, on constate que (Tableau 2.17) :
- le faciès d’argile verte (A/V) a le facteur de retrait linéaire le plus faible (Rl = 0,2), mais
une différence wnat - wRe élevée (18,3 %), avec une teneur en eau initiale très élevée car
l’échantillon prélevé est constamment réhydraté sur la parcelle ;
- le faciès d’argile bariolée ocre-gris (A/BOG), le plus fréquent dans le quartier de Cap-
de-Bos et représentatif de la formation avec un facteur Rl très variable, faible à moyen
(0,17 < Rl < 0,58). Les valeurs de la différence wnat - wRe sont aussi très variables (12,1
à 17,4 %).
Teneur en Limite de retrait Facteur de
eau initiale effective retrait linéaire Potentiel de Potentiel de VB
retrait ** retrait * (0/400µm)
Site/N°sondage Prof. (m) Facies W i (%) W Re (%) Rl (-)
12/F1 0,70 A/BOG 19,80 10,00 0,50 Moyen/élevé Moyen 5,80
12/P2 0,80 A/BOG 24,62 11,00 0,56 Moyen/élevé Moyen 8,30
12/P1 1,00 A/BOG 25,10 13,00 0,17 Moyen Faible 12,00
12/P2 1,00 A/BOG 26,90 11,50 0,41 Moyen/élevé Moyen 8,30
12/P1 1,50 A/BOG 36,40 19,00 0,58 Faible Moyen 2,50
12/P2 1,50 A/BOG 20,18 12,00 0,30 Moyen/élevé Faible 8,50
13/S3 1,50 A/V 49,30 31,00 0,20 Faible Faible 18,00
* Potentiel de retrait à partir de Rl (Mastchenko, 2001).
** Potentiel de retrait à partir de W Re (Holtz & Gibbs ,1956 ; Altmeyer, 1955 ; Gromko, 1974).

Tableau 2.17 : Valeurs des paramètres de retrait (wRe et Rl) des différents faciès argilo-sableux de la
formation de Brach, obtenus à partir de l’essai de dessiccation.

Les valeurs du potentiel de retrait des argiles de Brach sont très variables pour un même
faciès argileux et montrent dans l’ensemble un caractère très rétractant comme l’indique le
tableau 2.18 du potentiel de retrait déterminé à partir du paramètre Rl (Mastchenko, 2001). En
comparant les valeurs des paramètres de retrait et de gonflement avec les valeurs de bleu Vb
réalisées sur la fraction à 400 µm des échantillons correspondants (Tableau 2.17), on constate
que la valeur de bleu Vb semble bien estimer le caractère rétractant à partir du potentiel de
retrait utilisant wRe des argiles de Brach, sauf pour le faciès d’argile verte (A/V) où les
données restent à vérifier (données fournies erronées). Ces résultats sur la sensibilité à l’eau
des sols argileux est à relier à la minéralogie des argiles, et sera synthétisé au paragraphe
suivant.

6.3 Pertinence des essais et étude des paramètres d’identification

Une étude statistique est menée à partir des résultats obtenus (Tableau 2.10 et annexe 2)
sur les sols argileux de la formation de Brach, afin de vérifier si des corrélations existent entre
les paramètres géotechniques d’une même formation géologique à l’échelle d’un quartier.
L’objectif de cette étude statistique consiste à voir si les critères d’identification géotechnique
des sols fins utilisés par la classification GTR (indice de plasticité et valeur de bleu VBS)

141
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

permettent d’apprécier réellement le caractère gonflant et rétractant des sols, compte tenu de
l’hétérogénéité des sols et des limites de ces essais.

6.3.1 Influence de différents paramètres sur la sensibilité au Retrait-


Gonflement

Les nombreux travaux menés dans le cadre du programme ARGIC s’accordent pour
valider la réalisation des essais hydromécaniques sur des échantillons intacts. Dans ces
conditions, les paramètres mesurés sont tous à relier directement au phénomène de retrait-
gonflement. Cependant ces paramètres sont fortement dépendants de l’état initial du sol, du
mode de prélèvement et de la période de prélèvement.
De même, le coefficient de perméabilité k déduit en laboratoire de l’essai œdométrique
n’est en rien représentatif du coefficient de perméabilité de fissure visible sur le terrain et
relevé à partir des tranchées à la pelle mécanique. En effet, lors de ces observations, des
fissures centimétriques à métriques sont apparentes au sein du massif argileux et à l’endroit
du prélèvement. Malgré cela, des variations importantes du coefficient de perméabilité
latéralement et en profondeur peuvent être constatées (3,5.10-9 < k < 1,1.10-7) à l’échelle de la
cellule œdométrique (Tableau 2.14). Une perméabilité de fracture remplie de sables ou une
passée sableuse peut être seule responsable de cette variation du coefficient de perméabilité
obtenue en laboratoire sur une cellule œdométrique de 39,3 à 72, 1 cm3. Ceci démontre ainsi
la nécessité d’une bonne analyse de terrain faite par l’ingénieur ou le géologue avant tout
essai géotechnique qui ne traduit qu’une information d’échelle centimétrique et non pluri-
centimétrique à métrique.

Par ailleurs, l’essai au bleu de méthylène mesure l’aptitude des sols à absorber de l’eau
avec une incertitude acceptable, de l’ordre de ± 5ml/100g. Après une reproductibilité des
mesures par un même opérateur, la valeur de bleu peut varier en fonction de la taille des
particules, par la présence de matière organique, de l’état d’hydratation initial de l’échantillon
et que si le mélange particules-bleu a été bien agité pendant 12 à 24 h. Pour s’affranchir des
éventuels biais de mesure, un nouveau mode opératoire a été mis en place en commençant
l’essai après que l’échantillon ait été tamisé à 400 µm puis séché à 105°C (élimination de la
matière organique), et enfin mis en saturation pendant 12 à 24 h.

Contrairement à l’essai au bleu de méthylène, l’essai permettant de déterminer les


limites d’Atterberg reste éprouvé depuis fort longtemps avec un retour d’expérience
satisfaisant, mais est très dépendant de l’opérateur et de son expérience pour déterminer la
limite de plasticité.

6.3.2 Etude statistique et corrélations entres paramètres géotechniques


L’étude porte sur l’ensemble des données de sols étudiés sur les parcelles investiguées
au travers de la formation de Brach (parcelles n°3, 4, 6, 7, 8, 11, 12 et 13). Il est fréquent de
commencer une étude statistique en cherchant à établir des relations entre les paramètres les
plus couramment employés (VBS, Ip) et de nouveaux tels que la CEC et la VBS. Afin de
réaliser une étude statistique fiable avec un poids d’échantillonnage relativement satisfaisant,

142
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

des recherches de corrélations entre paramètres géotechniques sont menées sur des
échantillons contenant 44 individus avec Ip et VBS, 33 individus avec VBS et CEC et enfin
25 échantillons avec des données complètes sur huit variables. Ces variables correspondent
aux propriétés influençant le comportement plastique du sol, avec : la teneur en eau naturelle
(Wnat), les limites d’Atterberg (Ip, WL et Wp), la valeur de bleu VBS (g/100g sol), les
passants à 80 µm et 2 µm (%), la teneur en silt (%), la CEC (méq/100g), les teneurs en
carbonates (Ca) et la matière organique (MO). Les détails des paramètres de position
(minimum, maximum et moyenne) et de dispersion (variance, étendue, coefficient de
variation) sont présentés au tableau 2.18.
CEC
Wnat (%) Ip (%) VBS % < 80 µm % < 2 µm Ca (%) MO (%)
(meq/100g)
Observations N 62 44 59 55 56 33 35 35
Paramètres de Min 4,7 8 0,1 10,2 4,0 4,5 0,0 0,09
position Max 46,7 67 18,3 98,2 62,4 28.0 151,0 4,72
Moyenne 20,2 35 4,2 52,3 30,1 15,3 9,9 0,70
Variance 62,1 220,1 12,2 575,1 204,5 32,1 921,7 0,70
Paramètres de Ecart-type 7,9 14,8 3,5 24,0 14,3 5,7 30,4 0,80
dispersion Etendue 42,0 59 18,2 88,0 58,4 23,5 151,0 4,63
Coef. Variation 39% 43% 82% 46% 47% 37% 307% 125%
Nombre d'individus complets N 33
Nombre de variables 8

Tableau 2.18 : Résultats de l’étude statistique effectuée sur les paramètres géotechniques de la formation
de Brach.

Les résultats du tableau 2.18 montrent que les sols rencontrés sont en moyenne argileux
(passant à 80 µm > 50 % et passant à 2 µm > 30 %) avec une plasticité moyenne de 35 % (Ip).
L’analyse de ce tableau indique que la teneur en carbonates est le paramètre le plus variable
parmi les 8 variables étudiées. On note un coefficient de variation en carbonates très élevé
(307 %), qui s’explique par la présence de deux échantillons du site n°7 vers 3 m de
profondeur qui se rapproche du substratum carbonaté sous-jacent. Dans la suite de l’étude, ces
échantillons seront éliminés puisqu’ils correspondent plus aux marnes du substratum
miocène, et non aux formations quaternaires étudiées ici. On constate également un
coefficient de variation élevé pour la matière organique (125 %), suggérant l’influence de ce
paramètre ou de quelques échantillons sur l’analyse. L’analyse de relations entre les
paramètres géotechniques classiques (Ip, VBS) et de nouveaux paramètres habituellement
utilisés par les agronomes (CEC) est recherchée pour améliorer la caractérisation des sols
sensibles au retrait-gonflement.

a) Régressions linéaires entre essais d’identification au laboratoire : VBS et CEC


Cette partie a pour objectif d’évaluer si une corrélation est possible entre la VBS et la
CEC, cette dernière n’étant actuellement employée que par les agronomes pour juger
chimiquement de l’argilosité des sols. Il est intéressant d’étudier si de nouvelles corrélations
autre que celles déjà connues entre les paramètres classiques d’identification des sols est
apparente dans la caractérisation de la susceptibilité des sols au retrait-gonflement. Pour cela,
nous avons utilisé une population de 33 échantillons avec détermination de la CEC sur les
soixante-deux échantillons de sols issus des différentes parcelles étudiées. La recherche de
corrélation entre ces paramètres est étudiée à différentes échelles.

143
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Etude à l’échelle d’un sondage


Pour chaque sondage, il apparaît qu’avec quatre échantillons argileux de la formation de
Brach, les deux paramètres (VBS et CEC) sont assez bien corrélés (coefficient de
détermination R2 > 0,9) sur 3 m de profondeur. Cependant ce résultat est, d’un point de vue
statistique, peu représentatif.

Etude à l’échelle de la formation et du quartier


À l’échelle du quartier et de la formation de Brach, on constate que la corrélation est
moins évidente (Figure 2.59) : il n’y a aucune corrélation apparente compte tenu d’un
coefficient de détermination faible R2 < 0,2. On note par ailleurs que les échantillons
provenant de la parcelle n°12 montre une importante dispersion, avec des individus plutôt très
argileux et d’autres plutôt sableux. Cette différence entre le passage d’une étude ponctuelle
(sondage vertical) à une analyse globale peut s’expliquer par l’hétérogénéité des faciès
rencontrés entre les différents sondages, qui sont localement homogènes, mais différents par
parcelles. Cette hétérogénéité spatiale des faciès peut s’accompagner également d’une
différence de nature des sols argileux du point de vue chimique (pH, teneur en matière
organique, présence de carbonates). Ces paramètres peuvent influencer la valeur de la CEC
(même si les argiles rencontrées ne contiennent pas de fortes teneurs en carbonates) par
rapport à celle de la VBS, qui elle est préférentiellement influencée par l’état d’hydratation et
par la granulométrie du sol.
40

N = 33
35
y = 1,0178x + 9,89
(P8) R = 0,117
30 y = 4.3438x + 4.7061
R2 = 0.8267

(P7)
25 y = 3.8798x - 14.141
2
R = 0.5461
CEC (meq/100g)

20
P4
(P4) P6
y = 1.6025x + 3.3231
15 2
R = 0.9501 P7
P8
10 P12
Linéaire (P4)
Linéaire (P7)
5
Linéaire (P8)
A1 A2 A3 A4 Linéaire (parcelles)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
VBS (g/100g sol)
Figure 2.59 : Relation entre valeur de bleu totale du sol VBS (g/100g sol) et la capacité d’échange
cationique CEC (méq/100g) pour les échantillons prélevés au niveau des parcelles de la
formation de Brach.

b) Régressions linéaires entre essais d’identification au laboratoire : VBS et Ip


Cette étude tente de vérifier si la corrélation connue entre l’indice de plasticité Ip et la
valeur de bleu VBS est applicable à la formation de Brach étudiée.

144
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Etude à l’échelle d’un sondage


À l’échelle d’un sondage, il apparaît qu’à partir de quatre échantillons argileux de la
formation de Brach les deux paramètres (VBS et Ip) sont bien corrélés (R2 > 0,98) de la même
façon qu’avec la CEC, et sur 3 m de profondeur.

Etude à l’échelle de la formation et du quartier


À l’échelle de la formation (Figure 2.60), on constate qu’à partir de quarante-quatre
échantillons de sols argileux issus des parcelles étudiées une corrélation significative est mise
en évidence entre Ip et VBS, avec un coefficient de détermination R2 de 0,72 ce qui confirme
une corrélation forte sur le plan linéaire entre ces paramètres.
80

N = 44
70

60 y = 4,6279x + 14,973
2
R = 0,7164
Indice de plasticité Ip (%)

50
P3

40 P4

P6
30
P7

20 P8

P12
10
Linéaire
A1 A2 A3 A4 (parcelles)
0
0 2 4 6 8 10 12 14
VBS (g/100g sol)
Figure 2.60 : Relation entre la valeur de bleu totale du sol VBS (g/100g sol) et l’indice de plasticité Ip(%)
pour les échantillons prélevés au niveau des parcelles de la formation de Brach.

Afin d’évaluer la susceptibilité au retrait-gonflement, il semble que la valeur de bleu


VBS reste l’essai le moins coûteux pour caractériser en premier lieu l’argilosité d’un sol et sa
sensibilité en cas de variation hydrique. En combinant les résultats de la figure 2.56
(Diagramme de sensibilité à l’eau : VBS = f(C2) à ceux de la figure 2.60, on peut confirmer
que les sols argilo-limoneux ayant engendré des sinistres sur habitations sur le quartier de Cap
de Bos possèdent une VBS > 3, un Ip > 30 % et une fraction argileuse C2 comprise entre 20 et
60 %. Cependant, afin d’améliorer les corrélations et la fiabilité de l’essai au bleu, il faudrait
réaliser l’essai au bleu sur la fraction à 400 µm (comprenant silt fin, limon et argile), couplé à
une analyse sédimentométrique. Cette méthodologie améliorée de l’essai au bleu sera mis en
place pour tester les échantillons de sols provenant du site expérimental (n°10 ; Figure 2.20) ;
les résultats seront exposés dans le prochain chapitre. À l’opposé, il ne semble pas
envisageable d’utiliser en première approximation la CEC pour des formations argileuses
hétérogènes, datant du Quaternaire telle que celle de Brach à Pessac, au vue des faibles
corrélations obtenues avec ce paramètre. Toutefois, il semble que pour d’autres formations

145
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

géologiques étudiées dans le cadre du programme ARGIC (Rapport module B, Vincent et al.
2009), de meilleures corrélations ont été trouvées entre CEC et Vb (400 µm) avec un
coefficient de détermination R2 de 0,6.

6.3.3 Analyse statistique


Pour compléter l’analyse statistique des données, une analyse en composantes
principales (ACP) est réalisée dans le but de caractériser six des huit sites étudiés (données
incomplètes pour les sites n°11 et 13), afin de mettre en évidence d’éventuelles corrélations
entre les différents paramètres et déterminer ceux qui sont discriminants pour identifier les
sols argileux pouvant induire un risque sécheresse aux habitations.
Afin de rechercher les propriétés du sol les plus influentes, une première analyse ACP a
été menée sur vingt-cinq échantillons avec des données complètes sur treize variables : la
profondeur (m), la teneur en eau naturelle (Wnat), les limites d’Atterberg (Ip, W L et Wp), la
valeur de bleu VBS (g/100g sol), les passants à 80 µm et 2 µm (%), la proportion en silt (%),
la CEC (méq/100g), les teneurs en carbonates (Ca), la matière organique (MO) et le pH de la
solution.
D’après la théorie des tests pour des observations suivant une distribution R gaussienne,
la matrice des corrélations (Tableau 2.19) laisse apparaître des corrélations significatives, au
risque 5 % sur un échantillon de 25 observations si ρ > 0,39, entre les paramètres suivants :
Wnat/Prof., Wnat/Ca, Wnat/VBS, Wnat/Ip et WL, Ip/VBS, Ip/WL, Ip/silt, Ip/2µm, Ip/CEC,
VBS/WL, VBS/80µm, VBS/silt, VBS/2µm, VBS/CEC, VBS/MO, VBS/Ca, Ca/pH, Ca/Prof.,
CEC/silt, CEC/2µm, 80µm/2µm, 80µm/MO, WL/Wp, WL/silt, WL/2µm et WL/CEC.
Prof. Wnat VBS Ip WL Wp < 80 µm % silt < 2 µm CEC pH Ca MO
Prof. 1 0,31 0,04 0,03 -0,08 -0,18 -0,19 0,16 -0,27 -0,23 0,27 0,63 -0,27
W nat 0,30 1,00 0,61 0,51 0,48 0,10 0,12 -0,38 0,32 0,28 0,19 0,66 -0,11
VBS 0,04 0,61 1,00 0,76 0,75 0,21 0,49 -0,57 0,59 0,59 0,23 0,44 -0,39
Ip 0,03 0,51 0,76 1,00 0,81 -0,02 0,17 -0,53 0,38 0,55 -0,04 0,29 -0,26
WL -0,08 0,48 0,75 0,82 1,00 0,56 0,12 -0,60 0,43 0,53 -0,07 0,21 -0,08
Wp -0,18 0,10 0,21 -0,02 0,56 1,00 0,10 -0,28 0,18 0,12 -0,07 -0,04 0,24
< 80µm -0,19 0,12 0,49 0,17 0,20 0,09 1,00 -0,08 0,68 0,23 0,03 0,01 -0,50
% silt 0,16 -0,38 -0,57 -0,53 -0,60 -0,28 -0,08 0,99 -0,60 -0,47 -0,24 -0,28 -0,05
< 2µm -0,27 0,32 0,59 0,38 0,43 0,18 0,68 -0,60 1,00 0,44 0,18 0,01 -0,35
CEC -0,22 0,28 0,59 0,55 0,53 0,12 0,23 -0,47 0,44 1,00 0,37 -0,01 -0,07
pH 0,27 0,19 0,22 -0,04 -0,07 -0,07 0,03 -0,24 0,18 0,37 1,00 0,41 0,08
Ca 0,63 0,66 0,44 0,29 0,20 -0,04 0,01 -0,28 0,01 -0,01 0,41 1,00 -0,19
MO -0,27 -0,11 -0,39 -0,26 -0,08 0,24 -0,50 -0,05 -0,35 -0,08 0,08 -0,19 1,00
Nombre d’individus : 25
Nombre de variables : 13
Tableau 2.19 : Matrice des coefficients de corrélation (13 variables) obtenue sur les 25 échantillons
complets provenant des sites étudiés du quartier Cap de Bos.

L’analyse en composantes principales sur l’ensemble des 25 échantillons montre qu’il


est nécessaire d’avoir quatre axes pour exprimer 77 % de la variance totale (5 axes pour 84,7
% de la variance totale). Ces résultats indiquent une grande variabilité des échantillons et un
nuage de points très dispersés ne permettant pas d’isoler des classes propres à un
comportement différent. Afin d’améliorer ces résultats et chercher les paramètres les plus
discriminants, une nouvelle analyse est menée sur huit des treize variables précédentes, qui

146
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

ont montré des corrélations plus fortes : Wnat, VBS, WL, Wp, 80 µm, % silt, < 2 µm et CEC.
La matrice des corrélations (Tableau 2.20), obtenue à partir d’une population de 25
échantillons, laisse apparaître des corrélations significatives, au risque 5 % sur un échantillon
de 25 observations si ρ > 0,39, entre les paramètres suivants : Wnat/VBS, Wnat/WL,
VBS/WL, VBS/80µm, VBS/silt, VBS/2µm, VBS/CEC, CEC/silt, CEC/2µm, 80µm/2µm, ,
WL/Wp, WL/silt, WL/2µm et WL/CEC. On remarque que les variables VBS et WL présentent
le coefficient de corrélation le plus important (R = 0,75).
Wnat VBS WL Wp < 80 µm % silt < 2 µm CEC
Wnat 1,00 0,61 0,48 0,10 0,12 -0,38 0,32 0,28
VBS 0,61 1,00 0,75 0,21 0,49 -0,57 0,59 0,59
WL 0,48 0,75 1,00 0,56 0,20 -0,60 0,43 0,53
Wp 0,10 0,21 0,56 1,00 0,09 -0,28 0,18 0,12
< 80µm 0,12 0,49 0,20 0,09 1,00 -0,08 0,68 0,23
% silt -0,38 -0,57 -0,60 -0,28 -0,078 1,00
0,99 -0,60 -0,47
< 2µm 0,35 0,59 0,43 0,18 0,68 -0,60 1,00 0,44
CEC 0,28 0,59 0,53 0,12 0,23 -0,47 0,44 1,00

Nombre d’individus : 25
Nombre de variables : 8

Tableau 2.20 : Matrice des coefficients de corrélation (8 variables) obtenue sur les 25 échantillons
complets provenant des sites étudiés du quartier Cap de Bos.

L’analyse en composantes principales sur l’ensemble des 25 échantillons montre qu’il


est nécessaire d’avoir trois axes pour exprimer 76,7 % de la variance totale. Les résultats de
l’ACP sont présentés au travers de deux figures (les individus sont identifiés sur les
graphiques par un premier numéro correspondant à la parcelle étudiée puis par un second,
donnant l’indication du sondage) :
- La projection des variables sur le plan F1-F2 (64,6 % de variance absorbée) et le plan
F2-F3 (28 % de variance absorbée) du cercle de corrélations (Figure 2.61 a et b), permet de
visualiser les corrélations entre les variables. On remarque sur la Figure 2.61-a que les
paramètres sont éloignés du centre du cercle, ce qui montre qu’ils s’expriment bien selon le
plan F1-F2. Les variables VBS, CEC, WL, 2 µm sont caractérisées par des fortes valeurs selon
F1 alors que 80µm et Wp par des valeurs fortes à la fois sur F1 et F2. On retrouve bien la
forte corrélation linéaire, déjà validée précédemment, entre les paramètres VBS et W L, et en
extrapolant avec Ip. Le paramètre % en silt s’exprime quant à lui selon F2 et est
diamétralement opposé aux autres, indiquant une forte corrélation négative et donc de faibles
corrélations avec les autres paramètres. Le paramètre Wnat s’exprime peu ici selon F1 et F2.
Plus un individu a des composantes négatives suivant l’axe F1, plus ce dernier aura tendance
à être moins sensible à l’eau (faible plasticité) et sa granulométrie sera plus grossière. L’étude
sur le plan F2-F3 (Figure 2.61-b) montre que les paramètres Wnat, CEC, VBS, silt, 2 µm et
WL s’expriment bien que selon F1 alors que les paramètres Wp et 80 µm présentent des
valeurs élevées selon F3.

147
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

1.0 1.0

0.8 0.8
< 80µm
Wp
0.6 0.6

< 2µm
0.4 0.4
< 80µm
% silt 0.2
F1 (49,02 %)

0.2
< 2µm

F2 (16 %)
VBS WL % silt
0.0 CEC 0.0
-1.0 -0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 -1.0 -0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
W nat
-0.2
-0.2
VBS
CEC

-0.4 WL
-0.4
Wp W nat
-0.6
-0.6

-0.8
-0.8
a) b)
-1.0
-1.0
F2 (16 %) F3 (13 %)

Figure 2.61 : Cercles corrélations a) F1-F2 et b) F2-F3, résultant de l’ACP sur l’ensemble des 25
échantillons.

- La projection des individus sur le plan des composantes F1-F2 (Figure 2.62), permet
d’identifier d’éventuels regroupements entre individus. On note un regroupement des
individus du site n°12, ce qui s’explique par des sols plus argileux que les autres, confirmé par
la position du paramètre 2 µm sur le cercle des corrélations à la figure 2.61-a. Il n’apparaît pas
clairement d’autres regroupements entre individus, confirmant l’hétérogénéité des sols
constatée du point de vue géotechnique. Cependant, on constate que certains individus du site
n°12 sont plus argileux que les autres, témoignant de la présence d’un niveau argileux à
comportement similaire au sein de ce site.
2.0
12/T1

6/T1 12/T1
1.5
12/T1

12/T1
1.0
12/T2

6/T1
0.5
7/T1

12/T1 F1 (49,02 %)
0.0
4/T1
-5.0 -4.0 8/T1 -3.0 -2.0 -1.0 0.0 1.0 7/T1 2.0 3.0 4.0
7/T1

-0.5
12/T1
6/T1 7/T1 4/T1
8/T1 3/T1
-1.0
3/T1 4/T1

3/T1 3/T1
-1.5
8/T1

-2.0

F2 (16 %)

Figure 2.62 : Plan F1-F2 des individus résultant de l’ACP sur l’ensemble des 25 échantillons provenant
des sites étudiés.

L’analyse plus détaillée des coordonnées des individus sur les nouveaux axes montrent
que deux à trois échantillons contribuent deux fois plus que les autres à la variance totale,

148
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

attirant les axes F1 et F2. Puis on constate que des sauts importants se produisent pour
certains individus entre les axes F3 et F4, confirmant la grande variabilité des individus.
Globalement, les sols argileux de la Formation de Brach présentent des corrélations
significatives mais pas suffisamment fortes entre les paramètres géotechniques, traduisant une
forte hétérogénéité spatiale de ces mêmes paramètres au sein d’une même formation
géologique, à l’échelle du quartier, à l’échelle de la parcelle et en fonction de la profondeur.
C’est pourquoi une nouvelle analyse ACP a été réalisée en identifiant les échantillons par
faciès distinct et non par parcelle, afin de tester si des regroupements par nature de sol sont
possibles. Deux faciès sont présents sur les 25 échantillons : le faciès argileux le plus commun
A/BOG et le faciès argileux A/B.
La matrice des corrélations (Tableau 2.20), obtenue à partir de 25 échantillons complets,
laisse apparaître les mêmes corrélations significatives que pour l’étude par parcelle. Les
résultats de l’ACP sont les mêmes que précédemment, vu qu’il est nécessaire d’avoir trois
axes pour exprimer 76,7 % de la variance totale et que la projection des variables sur les plans
F1-F2 et F2-F3 sont identiques. À l’opposé, la projection des individus sur le plan des
composantes F1-F2 (Figure 2.63), permet d’identifier au moins quatre regroupements entre
individus :
- un premier regroupement d’individus des faciès A/BOG et A/B avec des composantes
négatives sur le plan F2, ce qui s’explique par des sols argileux possédant des plasticités plus
élevées que les autres, confirmé par la position du paramètre Wp sur le cercle des corrélations
à la figure 2.61-a ;
- un deuxième regroupement d’individus du faciès A/BOG selon l’axe positif F1,
indique la présence de sols possédant de fortes valeurs sur les paramètres VBS et CEC ;
- un troisième regroupement de quatre échantillons du faciès A/BOG ont de fortes
valeurs à la fois selon l’axe F1 et F2, indiquant des échantillons plus argileux et plus
sensibles ;
- un dernier regroupement de quatre échantillons du faciès A/BOG montrant des sols
plus grossiers, moins argileux que les autres avec une plasticité faible de ces sols ; ces
échantillons correspondent aux sols des parcelles 6-7-12 les plus sableux (Figure 2.62).
2.0
A/BOG

A/BOG A/BOG
1.5
A/BOG

A/BOG
1.0
A/BOG

A/BOG
0.5
A/BOG

A/BOG
A/BOG F1 (49,02 %)
0.0
-5.0 -4.0 A/BOG-3.0 -2.0 -1.0 0.0 1.0 Ac 2.0 3.0 4.0
A/BOG

-0.5
A/BOG
A/BOG A/BOG A/B
A/B A/B-1.0
A/BOG A/BOG

A/BOG A/B
-1.5
A/B

-2.0
F2 (16 %)
Figure 2.63 : Plan F1-F2 des individus résultant de l’ACP sur l’ensemble des 25 échantillons
distingués par leur faciès et provenant des sites étudiés.
149
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Cette étude statistique à l’échelle d’un quartier et spécifique à la formation de Brach,


met en évidence des corrélations significatives avec certains paramètres géotechniques
classiques (VBS, Ip, WL, C2) et avec celui de la CEC. Ce dernier paramètre est indirectement
relié à la teneur en particules argileuses (< 2 µm), mais la CEC ne reste toutefois qu’un
indicateur complémentaire de la taille des particules. L’analyse par parcelle, puis par faciès,
traduit la forte influence de paramètres tels que la teneur en silt et en argiles, mais également
avec la matière organique. Ces paramètres peuvent jouer un rôle en sous-estimant le pouvoir
gonflant et rétractant des sols argileux (une granulométrie grossière tendra à donner un faible
pouvoir gonflant, cachant la sensibilité de la fraction argileuse lors d’un essai au bleu
classique). Ces résultats confirment l’importante variabilité spatiale des valeurs des
paramètres géotechniques des sols argileux hétérogènes du Quaternaire (système
alluvionnaire complexe), et la nécessité de préciser la variabilité de la sensibilité des sols au
retrait-gonflement à l’intérieure d’une même parcelle, voire à l’échelle de l’emprise de la
construction.

6.3.4 Classification hiérarchique ascendante


Le principe est de rechercher les individus le plus proches en termes de parenté (soit les
petits enfants de chaque branche) et on les relie entre eux par un "U" dont la hauteur décrit la
proximité entre ces individus en mesurant la distance (Girard, 2009). On applique cette
méthode à un nuage d’individus ou de variables, qui conduit à la construction « d’un arbre
hiérarchique de classification », représentation plane dite aussi "dendrogramme". Cet arbre
montre le passage des n individus au groupe total par une succession de regroupements. Dans
un nuage de n points, il faut donc mesurer les distances interindividuelles entre les centres de
gravité de chaque groupe d’individus différenciés (calcul des distances selon une métrique, ou
distance euclidienne). Dans notre étude, la méthode d’agrégation selon l’algorithme de calcul
de Ward est utilisée. La méthode de Ward consiste à choisir à chaque étape de l’analyse, le
regroupement de classes tel que l’augmentation de l’inertie intraclasse, utilisée comme indice
de niveau, soit minimum (Gletter et Pardoux, 2009). La méthode de Ward, facile à mettre en
œuvre après une analyse en données centrées réduites, constitue une bonne méthode de
classification hiérarchique sur données euclidiennes.
L’intérêt de cette analyse est de voir si des regroupements d’individus inattendus
apparaissent, non identifiés par les méthodes de régression linéaire et ACP, avec des classes
d’individus bien distinctes permettant d’obtenir une vue concise et structurée des données. La
classification est réalisée à l’aide du logiciel Minitab®, sur les données centrées réduites des
25 échantillons complets référencés par parcelles (et selon 8 variables) utilisées lors de l’ACP.
D’après l’histogramme des indices de niveaux et une première coupe arbitraire, on envisage 4
classes d’individus les plus homogènes possibles. La figure 2.64 présente la classification
hiérarchique directe des 25 individus provenant des différentes parcelles du quartier.

150
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

25

20

Distance euclidienne
15

10

0
0 5 10 15 20 25 30
Nombre d'échantillons

Figure 2.64 : Arbre hiérarchique des 25 individus provenant des parcelles du quartier Cap de Bos, avec
le diagramme des distances euclidiennes entre individus.

Si l’on représente la partition en 4 classes données par la classification dans le plan


principal F1-F2 de l’ACP (Figure 2.65), on peut voir qu’on différencie bien quatre
regroupements d’individus, comme envisagé lors de l’ACP.
2.0
12/T1

6/T1 12/T1
1.5
12/T1

12/T1
1.0
Classe 2 12/T2

6/T1
0.5
Classe 3
7/T1
12/T1
4/T1 F1 (49 %)
0.0
8/T1 -3.0
-5.0 -4.0 -2.0 -1.0 0.0 7/T1 1.0 7/T1 2.0 3.0 4.0

-0.5 Classe 4
12/T1
6/T1 7/T1 4/T1
8/T1 3/T1
-1.0
Classe 1 3/T1 4/T1

3/T1 3/T1
-1.5
8/T1

-2.0

F2 (16 %)
Figure 2.65 : Représentation de la partition en 4 classes dans le plan F1-F2 de l’ACP, sur les 25
échantillons issus des parcelles du quartier Cap de Bos.

La classification sur individus a permis de regrouper les individus selon des classes
représentatives. Après avoir transposé les données, on effectue une nouvelle classification sur
les 8 variables utilisées (Wnat, VBS, WL, Wp, CEC, < 80 µm, < 2 µm, % silt) afin de
déterminer les paramètres discriminants, voire leurs redondances. D’après l’histogramme des
indices de niveaux et une première coupe arbitraire, on envisage 4 classes de variables les
plus homogènes possibles. La figure 2.66 présente la classification hiérarchique directe des 8
variables utilisées

151
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

2.5

2.0

Distance euclidienne
1.5

1.0

0.5

0.0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Nombre de variables

Figure 2.66 : Arbre hiérarchique des 8 variables (Wnat, VBS, WL, Wp, CEC, <80µm, <2µm, %silt), avec
le diagramme des distances euclidiennes entre variables.

Cette hiérarchisation permet d’observer que la teneur en silt est un paramètre totalement
indépendant des autres, vu qu’il est compose un groupe, les paramètres de granulométrie sont
bien assemblés, et les paramètres de plasticité couramment utilisés en géotechnique sont bien
regroupés. On constate toutefois que le paramètre CEC est regroupé avec les paramètres de
sensibilité VBS et limite de liquidité WL (LL), alors que la limite de plasticité Wp est moins
liée à ces derniers. La teneur en eau est relativement liée aux paramètres VBS et W L (LL)
mais reste un paramètre très dépendant de l’état initial, qui diffère selon la date du
prélèvement et donc ne peut être un facteur déterminant.

D’après les résultats de l’analyse statistique et de la caractérisation géotechnique des


sols étudiés, il se confirme que les paramètres tels que la VBS, le passant à 80 µm et le
pourcentage en particules < 2 µm sont les paramètres déterminants et structurants pour
identifier la sensibilité des sols argileux de la formation de Brach au phénomène de retrait-
gonflement. On retrouve également l’intérêt d’utiliser le diagramme de sensibilité basé sur les
valeurs de VBS et C2 (% < 2 µm) (Figure 2.56) optimisé aux sols argileux de la région. Les
limites d’activité des sols argileux données par ce diagramme permettent alors de classer les
sols en limons peu actifs (domaine I : VBS < 3 et C2 < 25 %), des argiles limoneuses actives
(domaine II : 3 < VBS < 6 et 25 < C2 < 50 %) et des argiles très sensibles (domaine III :
VBS < 6 et C2 > 50 %).

6.4 Synthèse des essais mécaniques obtenus sur les parcelles étudiées
En complément des analyses en laboratoire et des sondages de reconnaissance qui ont
permis de mettre en évidence l’hétérogénéité des sols et de leur comportement entre les
parcelles au sein d’une même formation géologique, des essais mécaniques ont été réalisés sur
pratiquement chacune des parcelles. Ces sondages mécaniques ont permis d’établir une base
de données à partir d’essais pressiométriques et pénétrométriques (dynamique à 30 kg et
PANDA) avec l’acquisition des paramètres mécaniques du sol, notamment la résistance en
pointe Qd (MPa) et les modules pressiométriques E (MPa). Sur l’ensemble des parcelles, 8

152
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

sondages avec essais pressiométriques ont été effectués (Tableau 2.21) et 23 essais au
pénétromètre dynamique et au PANDA® version 1 (Pénétromètre dynamique léger à énergie
variable) (Tableau 2.21).

Pressiomètre Pénétromètre dynamique et Panda


Nombre de logs 8 23
Nombre de points 54 1265 (pas de 10 cm)

Tableau 2.21 : Nombre de sondages avec essais pressiométriques, essais de pénétration dynamique et
essais au Panda effectués sur l’ensemble des parcelles étudiées sur le quartier Cap de Bos
(formation de Brach).

6.4.1 Principe de fonctionnement du PANDA®1 (SolSolution)


L’essai consiste à enfoncer, jusqu’à la profondeur désirée ou au refus, un train de tiges
terminé par une pointe : pointe fixe en contrôle de compactage ou pointe perdue pour la
reconnaissance de sol (Figure 2.67). À chaque battage, le Panda va mesurer l’énergie variable
de frappe apportée au système par rapport à la profondeur, puis calculer instantanément la
résistance du sol Qd (MPa) (Norme NF XP P 94-105). Ces données, visualisables et stockées
en mémoire, sont ensuite transférées pour traitement au logiciel PANDA.

Figure 2.67 : Principe de fonctionnement du PANDA et de son utilisation sur le terrain (exemple d’un
essai sur la parcelle n°12 (source schéma : Solsolution ; source photo : Chrétien, 2008).

6.4.2 Bilan des essais pressiométriques

Les essais pressiométriques, réalisés à l’avancement des sondages et respectant des


paliers imposés selon la norme NF XP 94-110, permettent de déterminer dans les sols en
place :
- la pression limite Pl en MPa
- le module de déformation pressiométrique E en MPa.
Les valeurs obtenues sur les huit sondages pressiométriques réalisés sur quelques
parcelles étudiées sur le quartier Cap de Bos, renseignent sur la compacité des sols en place.
Les logs géologiques avec essais pressiométriques des huit sondages pressiométriques réalisés
(Tableau 2.21) sont présentés en annexe 3. Les données sont fournies par faciès lithologiques

153
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

rencontrés sur les parcelles (Sablo-Graveleux, Sable Argileux, Sable, Altérite, Argile Bariolée
Ocre-Gris, Argile Bleutée, Argile Verdâtre et Argile Carbonatée) et sont regroupées dans le
tableau 2.22 ci-dessous :

Pressiomètre Ménard
SG Sa S Altérite A/BOG A/BOG A/B A/V Ac
(1 à 3 m) (0,8 à 3 m) (1 à 4 m) (3 à 4 m) (1,5 à 3 m) (0,8 à 1,5 m) (2 à 4,5) (1,5 à 4 m) (4 à 12 m)
E (Mpa) 11,0 - 22,0 0,2 - 7,4 2,0 - 10,0 1,0 - 7,3 7,4 - 11,8 2,0 - 7,5 0,4 - 12,0 1,9 - 13,1 6,2 - 156,8
Pl (Mpa) 0,6 - 1,9 0,1 - 0,7 0,3 - 1,7 0,3 - 0,6 0,6 - 1,5 0,2 - 0,4 0,3 - 1,8 0,2 - 0,7 0,7 - 4,2
E/Pl 8,4 - 24,4 1,3 - 11,0 4,0 - 14,0 3,3 - 13,1 7,8 - 13,7 9,5 - 14,0 2,2 - 14,1 1,0 - 18,0 8,8 - 37,1
Nb valeurs 12 6 18 6 17 9 1 2

Tableau 2.22 : Résultats des essais pressiométriques (pression limite Pl et module de déformation E en
MPa) distingués par faciès rencontrés sur les parcelles étudiées du quartier Cap de Bos.

Il apparaît que les sols argileux sont moyennement compacts en surface puis deviennent
compacts à denses en profondeur (notamment le faciès Ac). Les sables (SG, Sa et S)
présentent des compacités globalement moyennes à élevées, variables suivant les parcelles.
Les tassements différentiels rencontrés sur l’ensemble des parcelles étudiées s’expliquent par
la présence de sols de nature différente entre deux pignons opposés. En effet si on prend
l’exemple de la parcelle n°8, on trouve un pignon sain reposant sur une assise sablo-
graveleuse (SG) présentant des compacités moyennes peu sensibles (0,7 < Pl < 1,8), alors que
le pignon sinistré est ancré sur une assise argileuse sensible du faciès A/BOG présentant des
pressions limites moyennes (0,3 < Pl < 1,0), inférieures à celles de l’autre pignon. La présence
d’assise non homogène au niveau des fondations entraînent des différences de compacité
entre les assises de l’habitation, aggravées en période de sécheresse (ou de réhydratation) par
la sensibilité de l’assise argileuse.

6.4.3 Bilan des essais au pénétromètre


Ils permettent d’évaluer la résistance en pointe Qd des sols en MPa. Les résultats
obtenus sur l’ensemble des parcelles étudiées avec un pas de mesure de 10 cm (Panda) ou de
20 cm (Pénétromètre dynamique avec un mouton de 30 kg ; Norme NF P 94-115) (Tableau
2.23) sont présentés en annexe sous forme de diagrammes. Les données sont aussi fournies
par faciès lithologiques rencontrés sur les parcelles (Sablo-Graveleux, Sable Argileux, Sable,
Altérite, Argile Bariolée Ocre-Gris, Argile Bleutée, Argile Verdâtre et Argile Carbonatée) et
sont regroupées dans le tableau 2.23 ci-dessous :

Pénétromètre dynamique (30 kg) et PANDA


SG Sa S Altérite A/BOG A/BOG A/B A/V Ac
(1 à 3 m) (0,8 à 3 m) (1 à 4 m) (3 à 4 m) (1,5 à 3 m) (0,8 à 1,5 m) (2 à 4,5) (1,5 à 4 m) (4 à 12 m)
Qd (Mpa) 0,4 - 21,8 0,3 - 17,9 0,6 - 22,1 - 0,9 - 20,0 0,4 - 13,1 - - 2,0 - 19,7

Tableau 2.23 : Résultats des essais au pénétromètre dynamique (résistance en pointe Qd en MPa)
obtenus par faciès sur les différentes parcelles étudiées du quartier Cap de Bos.

154
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Afin de visualiser l’impact de l’hétérogénéité d’un sol d’assise sur une habitation et
illustrer les tassements différentiels rencontrés au niveau des sinistres étudiés, des essais au
PANDA ont été réalisés sur la partie vierge du terrain de la parcelle n°12, selon une maille de
8,50 m (L) x 2 m (l) avec des essais espacés d’environ 2 m comme illustré à la figure 2.68.

 MAISON DE
DEM.PARSI
Maison
MAISON
MaisonM.PARSI

4
≈≈8,50
8,50mm
12
11 22 33 44 55
Forêt
Forêtde
de

≈≈22m
pins
pinset
et
12/F1 10 999 888 77 chênes

m
12/F1 10
10 7 666 chênes
12/SP1 12/SP2
12/SP2
12/SP1 12/P2
12/P2

12/P1
12/P1

Av.
Av.de
deCalifornie
Californie

Figure 2.68 : Emplacement et disposition du maillage d’essais réalisés au PANDA sur la parcelle n°12.

Les résultats des dix essais au pénétromètre PANDA sont présentés à la figure 2.69 ci-
dessous, regroupés par ligne (de 1 à 5 et de 6 à 10) afin de pouvoir les comparer tout en calant
les mesures sur la coupe lithologique du site (Figure 2.42). La première observation est que
des différences de résistance des sols sont visibles en allant d’Ouest à l’Est, mais également
entre les points des lignes Nord et Sud séparées de 2 m. En effet, si l’on observe les courbes
des pénétrogrammes PD1-PD2 comparées à celles de PD10-PD9 (situées 2 m au Sud, Figure
2.69), on s’aperçoit que des chutes de résistances en pointe sont notées à partir de 2 m de
profondeur au droit de PD10-PD9 (Qd moyen de 0,4 MPa) qui n’existent pas au droit de PD1-
PD2. Cette anomalie peut être associée à une variabilité lithologique, avec le passage d’un
niveau sablo-argileux relativement compact à un niveau sableux plus lâche (Figure 2.69).
Vers 1 m de profondeur, une passée très compacte est notée au droit de PD2, non visible à la
même profondeur au droit de PD9. Si on compare les données des essais PD5 et PD6, ils
présentent des compacités moyennes assez similaires (Qd moyen de 2 MPa) jusqu’à 1,80 m
de profondeur, puis les résistances en pointe ont tendance à fortement augmenter avec la
profondeur.

155
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

Figure 2.69 : Résultats des essais réalisés au PANDA sur la parcelle n°12, avec cinq essais regroupés
par ligne de mesure (10 essais au total selon 2 lignes de mesures).
Ces résultats mettent en évidence une variabilité dans la compacité des sols à l’échelle
des dimensions d’un mur de pavillon individuel. Cette analyse en vraie grandeur des
caractéristiques mécaniques in situ du sol a permis d’identifier de fortes différences de
résistances en pointe. Ces dernières peuvent apparaître à chaque extrémité des angles d’une
habitation comme ici dans l’angle Est relativement homogène avec des compacités moyennes,
alors que l’angle Ouest présentent des compacités plus faibles et plus variables. Les variations
se retrouvent également entre les deux extrémités. Cette variabilité de résistances en pointe
sur une distance aussi courte (8,50 m) peut engendrer des points de faiblesse du point de vue
de la portance du sol, ou au contraire créer l’apparition de points durs sous les fondations du
bâti. Ces variations de portance des sols pourront entraîner des tassements différentiels plus
ou moins importants, pouvant causer des désordres en fonction du type de fondations mises
en place, de la rigidification ou non de la structure et de la profondeur d’ancrage des
fondations. Les résultats de ces essais illustrent encore une fois la variabilité spatiale des sols
étudiés sur de faibles distances et la nécessité de mieux caractériser les sols à l’échelle de la
parcelle et de l’emprise du projet avant toute construction (même préventive).

156
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

7. CONCLUSIONS

Les travaux de recherche réalisés à l’échelle du quartier Cap de Bos (commune de


Pessac), fortement sinistré depuis 1989 à la suite de plusieurs épisodes de sécheresse, ont
permis d’établir les causes des sinistres observés sur les pavillons individuels étudiés et l’état
de susceptibilité des sols vis-à-vis du retrait-gonflement. Les résultats des diverses
investigations ont mis évidence une forte variabilité spatiale du point de vue textural,
géotechnique et mécanique des sols argileux à l’échelle de la parcelle et à l’échelle du
quartier. En effet, sur l’ensemble des parcelles étudiées, au moins deux angles diamétralement
opposés d’une habitation reposent sur un sol d’assise hétérogène. Le cas le plus couramment
observé est celui d’un pavillon en simple rez-de-chaussée, avec des fondations superficielles
ancrées d’un côté sur une lentille argileuse sensible à la sécheresse et de l’autre, sur un sol
sablo-argileux/graves. Ces différences d’assise au niveau des fondations sont à l’origine des
tassements différentiels importants rencontrés sur le quartier, et ayant engendré une
importante fissuration dans les bâtis.
Le facteur déclencheur des sinistres sur le quartier étudié est essentiellement la perte de
consistance des sols argileux dans un contexte géologique local hétérogène. Ainsi, le premier
facteur aggravant du phénomène est la présence de sols argileux à très argileux, sensibles aux
variations hydriques, mais également de sols argileux au comportement hydromécanique
différent au sein d’une même formation géologique, le tout aggravé par la présence de passés
silto-sableuses centimétriques au sein des argiles de Brach. Les analyses ont montré
l’importance de la granulométrie des sols (la texture), de la teneur en particules argileuses et
de la minéralogie des particules fines. Les paramètres géotechniques déterminants et
suffisants pour identifier la sensibilité à l’eau des sols argileux sont la valeur de bleu du sol
VBS, voire Vb (0/400 µm), le passant à 80 µm et la teneur en particules < 2 µm. En effet,
l’agencement local des couches lithologiques constituant la formation argileuse de Brach
étudiée dans notre cas d’étude, joue un rôle prépondérant car des circulations d’eau
temporaires peuvent apparaitre dans ces sols hétérogènes en période hivernale à la faveur de
passées plus perméables. À l’opposé en période estivale, le drainage des couches argileuses
adjacentes sera favorisé en surface et en profondeur. Ces alternances latérales et en
profondeur de passées silto-sableuses au sein de la formation argileuse de Brach influent sur
l’amplitude des variations saisonnières de teneur en eau en profondeur, et donc sur les
mouvements de sol qui seront plus ou moins admissibles par les fondations selon l’ampleur
des tassements différentiels engendrés. Ce contexte géologique local est propre à la formation
de Brach, mais se retrouve également au niveau des terrasses alluviales colluvionnées de la
commune de Pessac, avec les mêmes désordres constatés sur le bâti individuel.
Concernant la susceptibilité des sols argileux par rapport au phénomène de retrait-
gonflement, les essais en laboratoire ont montré que les sols argileux sont à dominante
muscovite-kaolinite avec selon les faciès la faible présence de smectite ou d’interstratifiés
Illite-Smectite. Au sein de cette formation argileuse, plusieurs faciès d’argiles ont été
distinguées avec notamment l’argile silteuse bariolée ocre-gris A/BOG, représentative de la
formation, une argile bleutée A/B et une argile carbonatée verdâtre notée Ac. Globalement,

157
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre II Manifestations sur le bâti

l’ensemble des faciès présentent des paramètres géotechniques moyens à très élevés pour
VBS, Ip, CEC, un potentiel de gonflement moyen et un potentiel de retrait important.
Des différences de comportement hydromécanique et de pouvoir gonflant-rétractant
sont observées en fonction de la proportion en fines et en silt des sols. Ainsi, le faciès A/BOG
présente des paramètres géotechniques très variables compte tenu de la présence de passées
plus silto-sableuse en profondeur alors que le faciès bleuté A/B comporte une teneur en
particules argileuses plus élevée avec des plasticités élevées. Il ressort de ces résultats que la
prédisposition au retrait-gonflement à l’échelle d’une parcelle doit être évaluée par une
approche géologique plus globale et plus fine de la parcelle, voire à l’échelle de l’emprise de
la construction, en complément d’analyses en laboratoire plus poussées pour évaluer la
sensibilité de la fraction fine des sols argileux.

Pour ce qui concerne les facteurs de déclenchement, suite à notre étude sur le quartier
Cap de Bos, un site expérimental a été mis en place et instrumenté sur cette formation
géologique, afin d’y acquérir des données sur l’évolution des cycles saisonniers en terme de
variations des teneurs en eau et des mouvement de sols, ceci depuis mars 2008 et pour une
période de 12 ans. Le dispositif, les capteurs et les mesures, qui se poursuivent, font l’objet du
prochain chapitre.

158
Marie CHRETIEN (2010)
CHAPITRE III.
Etude expérimentale sur site

« Présentation géophysique, lithologique et géotechnique


préalable à l’installation du dispositif expérimental : principe
et méthodes de mesures (2008-2009)»
Chapitre III Etude expérimentale sur site

1. INTRODUCTION
Le nombre de constructions touchées par le phénomène de retrait-gonflement en France
dépasse les 444 000 sinistres depuis 1989 (source : FFSA). Plus de 7 400 communes ont
demandé une reconnaissance en catastrophe naturelle, pour un montant total des
remboursements effectués à ce titre de l’ordre de 4,1 milliards d’euros fin 2007. Le montant
moyen d’indemnisation d’un sinistre (même si les sinistres sont variables) dû au phénomène
de retrait-gonflement a été évalué à plus de 10 000 € dans un cas simple, et pouvant atteindre
150 000 € en cas de reprise en sous-œuvre nécessaire (Rapport ministériel Prévention des
Risques du 06/08/07). Dans le cadre de la prévention face à ce risque, des règles constructives
et des plans de prévention des risques ont été mis en place afin de réduire la vulnérabilité des
bâtis neuf et existants. Cependant, les mécanismes de déclenchement du phénomène à
l’échelle d’un terrain sont peu connus, ainsi que la relation entre les conditions climatiques
localisées, la nature du sol, l’environnement et les tassements différentiels qui vont en
découler. De la même façon, il est difficile à l’heure actuelle de pouvoir prédire la profondeur
de propagation du front de dessiccation dans un sol argileux à un endroit donné. Les
indicateurs utilisés actuellement comme critères de reconnaissance en catastrophe naturelle
consécutive à une sécheresse géotechnique ont montré leurs limites après la sécheresse de
2003. Suite à cette sinistralité à répétition, les pouvoirs publics éprouvent une grande
difficulté à définir un critère objectif et relativement fiable pour la reconnaissance en
catastrophe naturelle sécheresse, vu la complexité et la variabilité du phénomène de retrait-
gonflement. L’objectif de ce chapitre est de décrire un exemple d’instrumentation in situ d’un
sol argileux, exposé à des conditions climatiques locales, afin de caractériser une formation
argileuse reconnue sensible au phénomène de retrait-gonflement par une approche
expérimentale hydromécanique et géophysique. La description de cette approche
expérimentale, ainsi que de ses premiers résultats, font l’objet de ce chapitre.

2. Site et méthodes d’études

2.1 Localisation du site


Le site retenu pour l’instrumentation d’un sol argileux se trouve sur la commune de
Pessac, au lieu-dit « Haut-Bacalan » situé à environ 1,5 km au Sud du quartier Cap de Bos
étudié précédemment (voir chapitre 2) (Figure 3.1). L’étude initiale est effectuée sur une
grande parcelle d’une superficie au sol d’environ 65 000 m2 (N°cadastral : HV), exposé à un
climat océanique humide. Le terrain appartenant à la Mairie de Pessac est alloué pour la durée
des travaux de recherche de 12 ans (convention depuis 2008). L’altitude du site est comprise
entre 52,9 m et 54,3 m en bordure du chemin (cotes NGF). Il s’agit d’un terrain relativement
horizontal, légèrement remanié en surface (passage de voiture/tracteur occasionnel), et
recouvert d’une végétation herbacée importante (herbes, ronces) et de quelques arbres épars
(un chêne adulte de grande taille, de jeunes chênes et quelques bouleaux). L’extrémité Ouest
de ce terrain d’étude appartient aux propriétaires du Château viticole Haut-Bacalan, qui nous
ont autorisés à réaliser nos recherches sur leur propriété.

160
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Quartier de Cap de Bos


> 12 parcelles étudiées avec
habitations ayant des désordres
> Formation de Brach
> Aléa R-G moyen

Site Expérimental
> Superficie ≈ 65 000 m2
> Formation de Brach
> Aléa R-G moyen

200 m

Zone
étudiée

Figure 3.1 : Localisation du site expérimental situé sur la commune de Pessac, à environ 1,5 km au Sud
du quartier Cap de Bos (source photo aérienne : Google Earth, 2006), avec le
positionnement du site expérimental sur la carte géologique de Pessac (Thierry et al., 2006)
D’après la carte géologique de Pessac à 1/50 000 (Thierry et al., 2006), l’ensemble des
terrains devrait reposer sur la formation géologique de Brach, que nous avons pu caractériser
et étudier à l’échelle du quartier Cap de Bos. À l’extrémité Est du site, les argiles de Brach
tendraient à disparaître, laissant apparaître à l’affleurement la formation sablo-graveleuse de
Belin. Avant la mise en place des dispositifs de mesures sur le site expérimental et avant les
campagnes préalables de reconnaissance géologiques, des prospections géophysiques ont été
menées entre juillet et septembre 2007 ; elles sont résumées au paragraphe suivant.

161
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

2.2 Investigations géophysiques


Des campagnes de prospection géophysique ont permis de reconnaître si le terrain
étudié se situait bien sur la formation identifiée comme étant l’argile de Brach. Elles ont de
plus permis d’y cartographier d’éventuelles variations lithologiques spatiales correspondant à
des changements de formations géologiques à grande échelle et sur de courtes distances.

2.2.1 Méthodes de prospection


Le travail a été réalisé en deux étapes. Deux méthodes géophysiques ont été utilisées :
- la méthode électromagnétique à l’aide de l’appareil EM31-MK2 (Geonics),
- la méthode électrique à l’aide d’un résistivimètre type SYSCAL (Iris Instruments).
Dans la première étape, une cartographie électromagnétique (EM31), couplée à un
sondage électrique, a été effectuée à la surface du sol (appareil de mesure à environ 1 m du
sol) en champ magnétique vertical et en mode horizontal. Les résultats du Sondage Electrique
Vertical (SEV), effectués courant décembre 2007, ne seront pas présentés car ils n’apportent
pas d’informations complémentaires pertinentes pour notre étude. La méthode de prospection
électromagnétique méthode fréquentielle en champ proche (Mc Neil, 1980) a été utilisée pour
sa rapidité de mise en œuvre sur de grands linéaires, et sa rapidité pour localiser des
anomalies électromagnétiques et cartographier les structures géologiques (méthode sans
contact). Les investigations ont été réalisées à l’aide d’un EM31 (Geonics). Le principe
réside dans la génération d’un champ électromagnétique primaire (à l’aide de la bobine
primaire Tx) qui engendrera des courants induits dans le sol. Les caractéristiques des courants
crées dans le sol sont fonctions des caractéristiques électriques des milieux traversés
(résistivité électrique). La circulation de ces courants induits, à leur tour, est à l’origine d’un
champ électromagnétique secondaire. La bobine de mesure Rx enregistre alors le champ
résultant (champ primaire + champ secondaire). L’information enregistrée en quadrature de
phase par rapport au champ primaire correspond à la conductivité apparente du terrain
(inverse de la résistivité apparente). L’information en phase avec le champ primaire nous
donne une indication qualitative sur la présence éventuelle de biais de mesure. L’orientation
du champ primaire permet d’investiguer à deux profondeurs distinctes : 3 et 6 m sous
l’appareil. L’appareil de mesure est porté à la taille (environ à 1 m) (Figure 3.2) et les
profondeurs d’investigation effectives sur notre terrain sont corrigées à 2 et 5 m. La fréquence
d’émission de la bobine émettrice (source du champ primaire) est de 9,8 kHz. Cette fréquence
permet de mesurer des gammes de conductivités allant de 10 à 1000 mS/m, avec une
résolution de l’ordre de 0,1 % et avec une incertitude de ± 5 %.

Figure 3.2 : Exemple de levé électromagnétique à l’EM31.

162
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Le périmètre total d’étude occupe une surface au sol d’environ 332 m x 122 m dans la
partie Est du site, et des dimensions d’environ 230 m x 70 m à l’extrémité Ouest du site (voir
Figure 3.3). Deux campagnes de mesures électromagnétiques se sont déroulées les 18/09/2007
et le 05/12/2007. Lors de ces campagnes, le secteur d’étude a été divisé en 5 zones (Zone A,
Zone B, Zone C, Zone E et Zone F) (Figure 3.3). La zone E, qui regroupe l’ensemble des
zones A et B, a été effectuée lors de la campagne complémentaire du 05/12/2007 car des
dépôts de bois et ronces empêchaient de réaliser les mesures géophysiques jusqu’à leur
enlèvement courant novembre 2007, laissant ainsi un espace dépourvu de mesures entre ces
deux zones.

Longueur totale ≈ 532 m


Zone F

Largeur (1) ≈ 122 m
Largeur (2) ≈ 70 m Zone B
(1)
Zone A

(2)
Zone C
Zone E
Ligne EDF
THT

100 m

Figure 3.3 : Localisation du périmètre d’étude avec les différentes zones investiguées lors des
campagnes de prospection géophysique sur le site expérimental (source photo aérienne :
Google Earth, 2006).

Sur chacune des cinq zones, les mesures sont réparties le long de transects, dont le
positionnement des différents points de mesures sont reportés à la figure 3.4. Les points sont
positionnés à l’aide d’un GPS en coordonnées (X, Y) U.T.M Nord fuseau 31 (utilisé en
France), avec un espacement de mesures de 5 m et une équidistance entre les transects
d’environ 20 m.

163
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Carte de positionnement des levés d'EM31 sur site Haut-Bacalan

4961700

4961650

4961600

4961550

4961500
Y (UTM)

4961450

4961400
ZONE A
4961350 ZONE B
Zone C
4961300 ZONE E
ZONE F
4961250
684000 684100 684200 684300 684400 684500 684600 684700
X (UTM)

Figure 3.4 : Positionnement cartographique des transects d’EM31 des cinq zones parcourues (A à F)
lors de la prospection géophysique électromagnétique en 2007 sur le site expérimental.

Pour chaque zone, les mesures de résistivités apparentes ont été effectuées le long de
transects, comme décrits ci-dessous :
 Zone A :
- 6 levés électromagnétiques parallèles entre eux (équidistance de 20 m environ, pas de
mesures de 5 m), partant du chemin et de longueurs variables (entre 100 et 200 m),
- 1 levé électromagnétique perpendiculaire aux 6 levés précédents vers l’extrémité Est
de la zone A.

 Zone B :
- 6 levés électromagnétiques parallèles (même caractéristiques que précédemment),
partant de l’extrémité Est du terrain,
- 1 levé électromagnétique perpendiculaire aux 6 levés précédents vers le milieu de la
zone B.

 Zone C :
- 3 levés électromagnétiques parallèles (même équidistance et pas de mesures),
- 1 levé électromagnétique recoupant perpendiculairement les 3 levés précédents vers
l’extrémité Est de la zone C (proche zone A).

 Zone E :
- 4 levés électromagnétiques parallèles (même équidistance et pas de mesures),
- 1 levé électromagnétique recoupant en diagonal l’ensemble des 4 levés précédents de
la zone E (et certains de la zone B).

 Zone F :
- 2 levés électromagnétiques longeant la bordure Nord du terrain.

164
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Remarque : Une ligne électrique EDF à Très Haute Tension passe dans le voisinage de notre secteur
d’étude, à une distance supérieure à 150 m. Malgré le fait que le secteur d’étude soit faiblement
urbanisé (château à proximité avec une clôture métallique à l’extrémité Ouest du terrain), nous avons
étudié la possibilité que la ligne EDF puisse engendrer un biais de mesure. En observant les résultats
des levés électromagnétiques partant au plus proche de la ligne et d’un profil spécifique partant de
sous la ligne en s’en écartant, nous n’avons pas noté de dérive dans les mesures de résistivités
électriques. Les résultats du profil spécifique avec l’analyse du signal en phase qui nous ont permis
d’écarter l’influence de la ligne électrique sur nos mesures.

2.2.2 Résultats de la prospection électromagnétique (EM31)


Les données expérimentales, obtenues à partir des levés électromagnétiques à l’EM31,
ont été traitées géostatistiquement. L’étude statistique sous Excel permet de filtrer les
quelques points de mesures erronés. Une estimation de la variabilité des résistivités
électriques apparentes donnant la variable régionalisée à l’échelle du site expérimental de
Pessac est effectuée par une technique d’interpolation en créant des grilles d’interpolation
sous le logiciel SURFER (SURFER©). Cette modélisation permet de distinguer les variations
d’épaisseurs proches de la surface des différentes couches de sols et surtout de caractériser
leurs changements de faciès à grande échelle, sur les premiers mètres.
En premier lieu, le tableau 3.1 regroupe les statistiques simples sur les données
électriques apparentes issues des levés électromagnétiques réalisés sur le site expérimental de
Pessac. En observant les paramètres des résistivités électriques apparentes, on constate que la
gamme de variation des résistivités électriques est significative de variations de la nature des
matériaux présents sur l’ensemble du terrain (11,4 < < 245,4 ohm.m) (Tableau 3.1).

Résistivité électrique
Paramètres
(ohm.m)
Moyenne 91,6
N mesure 706
Min 11,4
Max 245,4

Tableau 3.1 : Statistiques simples sur les données de résistivités électriques apparentes (Levées
électromagnétiques EM31) sur le site expérimental de la commune de Pessac.

Pour modéliser les variations lithologiques correspondantes à des variations de


résistivités, les mesures de terrain ont été traitées en employant la méthode d’interpolation par
triangulation linéaire. Cette technique de combinaison linéaire triangule les variations de
résistivité apparente mesurée entre deux points de mesure voisins. La figure 3.5 illustre les
résultats obtenus par interpolation linéaire des résistivités apparentes mesurées sur la parcelle
étudiée du site expérimental (Les coordonnés des points de mesures sont en UTM Nord). La
figure 3.5 montre la présence de plusieurs faciès de sol, caractérisées par des valeurs de
résistivités bien distinctes. On constate également une progressive transition latérale de faciès
entre une zone de faibles résistivités côté Sud-Ouest vers des résistivités élevées à l’extrémité
Nord-Est. La bande de résistivités constantes (d’environ 80 ohm.m), sur la bordure Sud de la
figure 3.5, est une extrapolation de l’interpolation linéaire compte-tenu de l’absence de points

165
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

de mesures au niveau du chemin. Les mesures de résistivités électriques apparentes mettent en


évidence une variation latérale de faciès des sols sous-jacents avec :
- une zone très conductrice côté Sud-Ouest, correspondant électriquement à un faciès
argileux avec des valeurs comprises entre 10 et 30 ohm.m (Zone C et Zone A
partielle). Dans cette zone, deux pointements plus résistants en surface apparaissent.
Lors de l’ouverture de fosses pédologiques dans ces zones, il apparaît qu’une couche
de remblai constituée de blocs calcaires concassés et compactés a été reconnue sur une
épaisseur d’environ 0,80 m, expliquant des résistivités plus élevées en surface.
- une zone de transition, avec une gamme de résistivités électriques de 80 à 90 ohm.m
correspondants à des sols devenant sableux : cette transition non rectiligne entre deux
zones de résistivités différentes prend une forme plutôt en forme de « V ».
- une zone de résistivités plus élevées dans la zone Nord-Est du terrain, avec des
résistivités moyennes de l’ordre de 130 à 150 ohm.m et où un pointement très résistant
> 220 ohm.m apparaît à l’extrémité Nord-Est de cette zone. Ces gammes de résistivité
laissent supposer la présence de sols sablo-graveleux plutôt secs en surface.
4961700 Ohm.m
 Zone avec des
résistivités élevées
240
230
220
210
200
4961600 Zone de 190
transition 180
170
160
Y (UTM Nord)

150
140
4961500 130
Zone 120
110
conductrice 100
Zone sablo-graveleuse 90
80
=> Formation de Belin 70
4961400
60
50
40
Zone argileuse 30
=> Formation de Brach 20
4961300
684000 684100 684200 684300 684400 684500 684600 684700
X (UTM Nord)
Figure 3.5 : Carte des résistivités électriques apparentes (en ohm.m) obtenue par méthode
électromagnétique (EM31) sur l’ensemble des zones investiguées du site expérimental
(commune de Pessac), avec l’interprétation lithologique.

Les résultats de cette prospection géophysique illustre à grande échelle le passage latéral
d’une formation géologique argileuse conductrice, la formation de Brach, vers une formation
alluvionnaire sablo-graveleuse (formation de Belin), ceci sur une distance de 500 m environ.
Ces résultats permettent de caractériser les limites des deux principales formations étudiées et
de définir une zone d’étude plus restreinte, argileuse, dans la partie conductrice. C’est dans
cette zone conductrice que les recherches vont se concentrer dans la suite de l’étude, afin
d’identifier une zone argileuse propice à l’installation de l’instrumentation in situ et à
demeure.

166
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

2.3 Investigations géotechniques


Une première série de campagnes de reconnaissance des sols a été réalisée entre juin
2007 (période sèche) et novembre 2007 (période humide) sur le site expérimental. Les
sondages (tarières, pelles) ont permis de disposer d’échantillons remaniés et intacts provenant
de la formation de Brach étudiée, dont les caractéristiques hydriques ont été conservées au
plus proche des conditions in situ au moment du prélèvement. Le conditionnement a consisté
à placer les matériaux prélevés dans des doubles poches étanches pour les échantillons
remaniés, et dans des tubages PVC triple enveloppe pour les échantillons intacts avec
paraffine pour obturer les gaines. Les échantillons ont été préservés dans une salle à
température maintenue à environ 20°C. Une deuxième campagne de prélèvements courant
2009 a complété les premières investigations par une série de sondages à la tarière, de
sondages à la pelle et de sondages carottés.
La figure 3.6 permet de localiser l’emplacement des différents sondages effectués entre
2007 et 2009 sur le site expérimental de Pessac.


Sondage à la pelle (P)

Sondage à la tarière manuelle (T)

Sondage à la tarière mécanique (S)

Sondage carotté (SC) S6

T2
S2

S3
P4
S4
T3
S10 S7
S9 S1
P5 SC2
SC1
T4
S8
S5
P2
P1

P3
T1
100 m

Figure 3.6 : Localisation des points de sondages (tarière manuelle T, tarière mécanique S, pelle
mécanique P et carotté (SC) réalisés sur le site expérimental de la commune de Pessac.

2.3.1 Sondages à la tarière


Une synthèse des sondages à la tarière est présentée dans le Tableau 3.2, précisant le
nombre d’échantillons prélevés sous le couvert végétal superficiel, la date et le type du
prélèvement, et la profondeur des prélèvements remaniés.
Type
N° prélèvements Nombre Profondeur Présence
Date Description faciès
sondage éch. (m) niveau d’eau
remanié intact

4 Argile bariolée ocre-gris 0,3 – 7,0


S1 23/11/07 x Graves enrobées dans matrice 14 m
2 7,0 – 15,0
sablo-limoneuse ocre

167
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

S2 23/11/07 x 3 Argile bariolée ocre-gris 0,2 – 6,0 non


3 Argile sableuse grise à jaunâtre 0,2 – 7,0
S3 23/11/07 x 7m
1 Argile bleutée 7,0 – 9,0
2 Argile bariolée ocre-rouille 0,3 – 4,6
1 Argile gris-bleutée 4,6 – 7,5
S4 23/11/07 x non
1 Argile verdâtre 7,5 – 8,0
1 Argile ocre 8,0 – 9,0
0 Argile sableuse jaunâtre 0,8 – 1,0
S5 23/11/07 x 1 Argile bariolée ocre-rouille 1,0 – 3,2 7m
3 Argile noirâtre 3,2 – 10,0
S6 23/11/07 x 0 Sable graveleux beige 0,4 – 1,4 non
2 Argile bariolée ocre-gris 0,9 – 4,0
Argile sableuse à petits
1 4,0 – 4,5
S7 07/01/08 x graviers 7m
Marne verdâtre à débris
5 4,5 – 21,0
coquillers
2 Argile sableuse grisâtre 0,8 – 2,0
3 Argile rubéfiée rouge lie de vin 2,0 – 6,0
S8 07/01/08 x Argile silteuse marron à petits 7,5 m
1 6,0 – 7,5
graviers
2 Argile rubéfiée rouge lie de vin 7,5 – 10,5
1 Argile silteuse ocre 1,0 – 2,0
2 Argile bariolée ocre-gris 2,0 – 4,5
S9 07/03/08 x 4,5 m
1 Passée sablo-graveleuse 4,5 – 4,7
3 Argile bariolée ocre-gris 4,7 – 10,5
1 Argile silteuse ocre 0,5 – 2,0
S10 21/04/09 x non
3 Argile bariolée ocre-gris 2,0 – 10,50
2 Argile silteuse ocre 0,5 – 1,0
T1 10/01/07 x 0,8 m
3 Argile bariolée ocre-gris 1,0 – 2,0
2 Argile bariolée ocre-gris 0,4 – 1,6
T2 05/07/07 x Argile silteuse bariolée ocre- 3,2 m
1 1,6 – 3,2
gris
1 Argile sableuse ocre 0,2 – 0,5
T3 17/07/07 x 3 Argile bariolée gris-rouille 0,5 – 1,7 4m
2 Argile noirâtre plastique 1,7 – 4,0
2 Argile bariolée ocre-gris 0,1 – 2,0
T4 29/11/07 x 1 Argile bleutée 2,0 – 4,7 non
1 Argile noirâtre 4,7 – 5,0
Tableau 3.2 : Synthèse des prélèvements effectués par sondages à la tarière, avec un descriptif
lithologique de chacun d’eux ; Echantillons provenant de la formation de Brach sur le site
expérimental de Pessac.

2.3.2 Sondages à la pelle


Une synthèse des prélèvements effectués dans les fosses pédologiques réalisées à l’aide
d’une pelle mécanique est présentée dans le Tableau 3.3. Ce tableau donne le nombre
d’échantillons prélevés, la date et le type du prélèvement, ainsi que la profondeur des
prélèvements. L’ensemble de ces fosses ont été rebouchées au maximum 1 à 2 mois après leur
ouverture, afin de perturber au minimum l’état hydrique et l’état de contraintes initiales dans
les sols en place à proximité.

168
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Type
N° prélèvements Profondeur Présence
Date Nombre Description faciès
sondage (m) niveau d’eau
remanié intact

x 1 Argile sableuse ocre 1,2


P1 01/08/07 non
x 1 Argile bariolée ocre-gris 2,7
x 1 Argile bariolée ocre-gris 1,2
P2 01/08/07 non
x 1 Argile noirâtre 2,6
x 1 Argile sableuse ocre 1,1
P3 01/08/07 x 1 Argile bariolée ocre-gris 1,4 2,5 m
x 1 Argile bariolée ocre-rouille 1,9
x 1 Argile sableuse ocre 1,0
P4 06/10/08 non
x 1 Argile bariolée ocre-gris 2,0
P5 06/10/08 x 1 Argile noirâtre plastique 3,0 non

Tableau 3.3 : Prélèvements effectués dans les fosses pédologiques, avec un descriptif lithologique de chacun
d’eaux ; Echantillons provenant de la formation de Brach sur le site expérimental de Pessac.

La partie suivante présente et détaille les logs lithologiques et l’analyse texturale


effectuée sur quatre des cinq fosses pédologiques (P1, P2, P4 et P5) énumérées au tableau 3.3.
FOSSE P1
Une fosse pédologique, d’une longueur d’environ 6 m pour 2,50 m de profondeur, a été
ouverte à l’extrémité Ouest de la parcelle étudiée (Figure de localisation 3.6), avec une
orientation Ouest-Est. Le log lithologique résultant est présenté à la figure 3.7 ci-dessous.

O E

Remblai
0,80 m
(Source : M. Chrétien, 2007)

Humus 1,20 m

Lentille sablo-argileuse 1,50 m

Argile
bariolée ocre-
gris

2,50 m

Figure 3.7 : Paroi de la fosse pédologique P1 du site expérimental de Pessac, avec vue de la lithologie
détaillée sur toute la hauteur de la fosse. Voir localisation Figure 3.6 de la fosse P1.

169
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

FOSSE P2
D’une longueur d’environ 6 m pour 3 m de profondeur, elle a été ouverte dans la partie
centrale de la parcelle étudiée (Figure 3.6), avec une orientation Ouest-Est. La lithologie de la
fosse est illustrée à la figure 3.8.
Argile bariolée gris
(Source : M. Chrétien, 2007)

foncé à marbrures Prélèvements


rouille, fracturée

Argile
noirâtre très
plastique
Fente de dessiccation 1 h
a) b) c) après l’ouverture

Figure 3.8 : Paroi de la fosse pédologique P2 du site expérimental de Pessac, avec : a) vue de la partie
supérieure de la fosse et du lieu de prélèvement (entre 0,50 et 1,50 m de profondeur) ; b) vue
de la partie inférieure de la fosse et de la profondeur de prélèvement (entre 2 et 2,70 m de
prof.) ; c) fente de dessiccation ou « mécanique » apparue 1 h après l’ouverture de la fosse.
Voir localisation Figure 3.6 de la fosse P2.
À la base des dépôts d’argiles noirâtres de la formation de Brach, on observe la présence
d’un sable propre très fin jaune-blanc (type Sables des Landes) à la faveur d’une fissure
verticale présente dans l’argile noirâtre jusqu’à 3 m de profondeur (Figure 3.9). Ce sable fin
très humide est probablement venu combler au cours du Quaternaire une fissure préexistante
au sein du dépôt argileux. Ce type de passées sableuses d’échelle décimétrique peut expliquer
la présence de variation latérale d’échelle plus importante en profondeur, et d’une variabilité
des propriétés géotechniques de la formation de Brach. Ce dépôt argileux de couleur noirâtre
indique la présence de conditions de sédimentation en milieu confiné calme et réducteur
souvent riche en fer, soufre et autres ions métalliques (Mg, Mn) (Source :
www.ecosociosystemes.fr). Des analyses chimiques ont montré que ces argiles sont pauvres
en matière organique (< 1 %) mais présentent un taux de manganèse important, indiquant que
le milieu est anaérobique acide, riche en bactéries provoquant l’oxydation des oxydes de fer et
de manganèse sous la forme d’ions Mn2+. Il est à noter que l’oxydation du manganèse ne
commence que lorsque tout le fer aura été dissous par les organismes bactériens. Ceci indique
que la totalité de la matière organique s’est dissoute dans ce milieu réducteur, libérant des
ions tels que le fer, l’alumine et la silice migrant en profondeur.
(Source : M. Chrétien, 2007)

Passée sableuse
avec petits graviers

Figure 3.9 : Illustration d’une passée sableuse verticale (avec petits graviers) présente à 3 m de
profondeur dans l’argile noirâtre plastique compacte de la formation de Brach, située dans la
fosse P2 du site expérimental de Pessac. Voir localisation Figure 3.6 de la fosse P2.

170
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

FOSSE P4
Cette fosse pédologique, de dimensions 12 m (L) x 3 m (H) et d’orientation Ouest-Est, a
été ouverte dans la partie centrale de la parcelle étudiée (Figure 3.6). L’intérêt de cette fosse
est de permettre de corréler les informations obtenues lors de la prospection géophysique avec
l’information lithologique. On peut ainsi visualiser la transition entre la formation argileuse
de Brach, les passées sableuses qui la traverse et la formation sablo-graveleuse de Belin qui
affleure près de la surface vers la partie Est du terrain d’étude. La lithologie de cette fosse est
illustrée sur les différentes vues des figures 3.10, 3.11 et 3.12. Sous un couvert humifère de
0,80 m d’épaisseur (Figure 3.10), une argile sableuse très « craquelée » est observée comme
un horizon d’altération. Ces « fissures » s’organisent selon un maillage de 10 cm environ,
traversées par de nombreuses racines de végétaux à la faveur de ces « fissures ». Nous avons
choisi d’utiliser le terme de « figures de dessiccation », plutôt que de « fissures » pour les
argiles, car il s’agit de sols ayant subi des cycles répétés de sollicitations hydriques
saisonnières avec un historique de milieu non rocheux. Ces figures de dessiccation sont des
fissures qui ont été comblées par des matériaux plus granulaires ou des racines, au contraire
des « fissures de retrait », qui apparaissent lors de forte dessiccation en surface et qui n’ont
pas le temps de se remplier d’autres éléments avant leur fermeture en hiver.
Argile bariolée
compacte
(Source : M. Chrétien, 2008)

Argile « fissurée » ou avec un


Sol humifère réseau de figures de dessiccation

Argile
Argile Sable
compacte
sableuse graveleux
aliotisé

Figure 3.10 : Paroi de la fosse pédologique P4 du site expérimental de


Pessac, avec une vue lithologique de la partie supérieure et inférieure de la fosse (de 0,50 à
3,50 m de profondeur). Voir localisation Figure 3.6 de la fosse P4.
Sur les figures 3.10 et 3.11, on peut noter que le passage entre le banc argileux compact
supérieur et le niveau sableux sous-jacent aliotisé n’apparaît pas comme une limite rectiligne
mais correspond à une surface inclinée. Cette transition entre les deux formations
s’accompagne d’un passage progressif d’une texture argilo-sableuse à sablo-argileuse sur une
dizaine de centimètres (Figure 3.11 centre).

171
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Argile
Transition
argile-sable
(Source : M. Chrétien, 2008)

Sable

Sable
graveleux
= « Alios »

Racines dans argile Racine dans


bariolée ocre-gris Argile bariolée
compacte compacte

Figure 3.11 : Paroi de la fosse pédologique P4 du site expérimental de Pessac, avec des vues
lithologiques de la partie supérieure de la fosse, le détail de la transition entre argile et passée
sableuse, et la présence de racines dans l’argile entre 1 et 2,50 m de profondeur.
L’argile bariolée gris-bleutée, riche en oxydes ferreux (FeO), est également teintée
d’une coloration orangée, marque d’un phénomène d’oxydation indiquant que le fer prend la
forme d’oxyde ferrique Fe2O3 de couleur rouille. Cette oxydation peut s’expliquer par la
présence d’une ancienne nappe temporaire dans ce matériau plus sablo-graveleux perméable.
La présence d’une circulation temporaire d’eau superficielle ancienne est confirmée par la
présence d’une couche sablo-graveleuse humoferrique indurée très compacte, typique des
niveaux aliotiques du Quaternaire récent et bien connue dans la région de la Grande Lande. Il
n’est pas possible de donner l’âge de formation de cet alios mais des travaux de recherche
indiquent des âges variables pour l’alios des Landes girondines entre 2800-3300 ans B.P.
(Delibrias et al., 1966 ; Duchaufour, 1968 ; Gelpe et al., 1981) jusqu’à des âges du
Quaternaire ancien dans le sud des Landes (âge post-glaciaire ; Evin et al. 1979). Les sols
aliotiques les plus anciens de la Gironde illustrent des périodes post-glaciaires très humides
correspondant à une oscillation climatique du Würm IV, s’étendant du stade Préboréal au
Sub-atlantique, ou à l’interstade Würm III-IV datant de 16 000 à 20 000 ans (Thibault, 1970 ;
Evin et al., 1979). Ces sols restent des témoins de conditions d’un milieu très acide, dans un
matériau appauvri et en présence d’une ancienne nappe acide véhiculant du fer à l’état
ferreux. L’oxydation interne des sols argileux se produit à la faveur de modification du
drainage interne lié à la porosité des sols et à l’influence du couvert végétal (Gelp et al.,
1981). La figure 3.12 correspond à la coupe lithologique de la fosse P4.

172
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Paroi Nord

Alios
Paroi Sud

Figure 3.12 : Coupe lithologique de la fosse P4 du site expérimental de Pessac, avec le descriptif
lithologique des deux parois de la fosse.

FOSSE P5
Cette fosse pédologique, de dimensions 5 m (L) x 3 m (H), a été ouverte dans la partie
centrale de la parcelle étudiée (Figure 3.6), à proximité de la fosse P2 et avec toujours la
même orientation Ouest-Est. Comme on peut le voir à la figure 3.13, on retrouve de l’argile
bariolée grise à marbrures rouille dans la partie supérieure (jusqu’à 2 m), puis l’argile devient
noirâtre très plastique à la base de la fosse. On peut également noter, sur l’illustration de
droite de la figure 3.13, qu’au niveau de la transition entre ces deux faciès, une texture plus
silteuse sur une épaisseur d’environ 5 à 10 cm est observée verticalement et latéralement. À la
base de l’argile noirâtre, vers 3,50 m de profondeur, une passée sableuse est clairement visible
(Figure 3.13 à gauche), comme constaté à la fosse P2. Cette passée sableuse est de l’ordre de
20 cm de largeur.

Texture
silteuse
(Source : M. Chrétien, 2008)

Figure 3.13 : Paroi de la fosse pédologique P5 réalisée sur le site expérimental de Pessac, avec vue
lithologique de passées sablo-silteuses dans l’argile bariolée gris-noirâtre.
Après avoir laissé ouvert cette fosse pendant un mois (sans épisode pluvieux
significatif), la décompression des sols a commencé à opérer et à engendrer l’effondrement
par blocs d’argile d’une des parois de la fosse (Figure 3.14). Après le basculement de ces

173
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

blocs, trois familles de fractures héritées apparaissent dans l’argile bariolée, avec trois plans
directionnels bien distincts que nous avons pu mesurer et notés sur la figure 3.14. Sur ces
plans de fracturation, on a pu constater le passage avec de nombreuses racines (ronces,
arbousiers, herbe) « tapissant » leur surface, avec un aspect luisant typique de mouvements
compressifs le long des fissures. De plus, on a noté un assèchement « prismatique » des
argiles noirâtres. Toutes ces figures de dessiccation anciennes sont remplies de sable et ont la
forme de fente en coins de 1 à 2 m de profondeur.
(Source : M. Chrétien, 2008)

1
2

1 N100 – 78° S 2 N172 – 87° W 3 N140 – 19° NE

Figure 3.14 : Effondrement d’une des parois de la fosse pédologique P5 après un mois d’ouverture ;
présence de trois plans de fracturation, dont les valeurs distinctes de pendage sont
reportées sur la figure.

2.3.3 Sondages carottés


Deux sondages carottés SC1 et SC2 (Figure 3.6) ont été réalisés durant le mois de juin
2009 (début de la période sèche) sur la partie centrale du site expérimental. Ces sondages
permettent de disposer d’échantillons intacts de la formation argileuse de Brach, prélevés dans
une zone relativement homogène du point de vue lithologique où domine le faciès argileux
caractéristique de la formation de Brach (Argile bariolée ocre-gris à marbrures rouille). La
figure 3.15 présente le log lithologique du sondage SC1 entre 0 et 5,50 m de profondeur, avec
un descriptif succinct des principales textures des sols argileux en s’appuyant sur les
photographies de la lithologie prises lors de l’ouverture des gaines de prélèvement in situ.

174
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

1,50 m 0m

Argile sableuse et terre végétale noirâtre

Argile sableuse gris-ocre

Argile silteuse bariolée


ocre-gris

1,50 m 3,00 m

Argile bariolée gris-


rouille à passées
ferrugineuses Profondeur (m)

4,50 m 3,00 m

Argile bariolée gris à


marbrures rouille

Effet de bord lié au fonçage


5,50 m 4,50 m
Argile bariolée ocre-gris

Arrêt volontaire du sondage à 5,50 m


Réalisé le 07/06/2009, sans fluide d’injection
Pas de présence d’eau en fin de sondage
Figure 3.15 : Log lithologique du sondage carotté SC1 réalisé sur le site expérimental de Pessac, avec
descriptif détaillé des prélèvements.

Le log du sondage SC1 décrit à la figure 3.15 montre une tranche superficielle à
dominante argilo-sableux grisâtre, marquée par la présence de racines sur les premiers 50 cm.
Pour mieux visualiser les variations texturales présentes dans la formation de Brach, on a
effectué des prélèvements (48) tous les 10 cm, de 0,10 m à 4,70 m de profondeur. À la figure
3.16, deux coupes transversales sur des prélèvements argileux pris à 0,10 m (A) et 0,20 m (B)
sont présentées. La coupe A montre que les racines, passant à la faveur de petites fissures
préexistantes dans l’argile, ne sont pas réparties de façon homogène dans un milieu argileux.
Sur la coupe B, on peut voir une passée sableuse au sein de l’argile bariolée compacte, qui
montre une forme en « L » et illustre l’importance des variations latérales de texture, donc de

175
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

perméabilité, à l’échelle centimétrique dans l’argile. Ceci confirme également le problème de


représentativité des essais réalisés en laboratoire sur des échantillons de petite taille, pouvant
passer à travers ce genre d’hétérogénéités fréquentes.

Fissure comblée par du A


sable fin ou ancien
passage racine
(Source : M. Chrétien, 2009)

Passée silto-
0,30 m B A 0m sableuse en
forme de « L »
Figure 3.16 : Vue détaillée de la partie supérieure (entre 0 et 0,30 m de profondeur) de la lithologie du
sondage SC1, avec deux coupes transversales à 0,10 m et 0,20 m de hauteur.
Dans le sondage SC1, on constate à partir de 1,50 m de profondeur que l’argile devient
bariolée grise avec des marbrures de couleur rouille. Ces marbrures, d’environ 5 cm
d’épaisseur, sont peu abondantes au début puis deviennent de plus en plus fréquentes et
importantes avec la profondeur entre 1,50 et 4,50 m. Elles sont les témoins d’un phénomène
d’oxydation important dans un milieu réducteur et expliquent le passage d’une argile grise
(oxyde de fer FeO en milieu réducteur) à bariolée ocre (présence d’oxyde ferrique Fe2O3
(2H2O) de couleur jaune formé sous climat humide), puis à une argile bariolée à marbrures
rouilles (hématite, Fe2O3, de couleur rouille). Trois exemples de différents stades d’oxydation
sont illustrés à la figure 3.17 à partir de trois coupes transversales d’échantillons prélevés à
2,00 m (A), 1,90 m (B) et 1,80 m (C).

1,80 m 2,20 m
(Source : M. Chrétien, 2009)

A A

C B
B C

Figure 3.17 : Vue détaillée de la partie médiane (entre 1,80 et 2,20 m de profondeur) des faciès argileux
bariolés du sondage SC1, avec trois coupes transversales à 1,80 m, 1,90m et 2 m.
En étudiant en détail les marbrures d’oxydation à la figure 3.17, on constate que la
progression de l’oxydation de l’étape B à A puis C, s’accompagne d’une modification de la
texture de l’argile qui devient très silteuse au stade final de l’oxydation. Cette évolution vers
une texture plus grossière est due au lessivage par l’eau des oxydes de fer et des particules

176
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

fines lors du drainage au sein des argiles (fissures). Ce lessivage engendre l’apparition
progressive de drains naturels dans l’argile à différentes profondeurs et selon une géométrie
très variable. La figure 3.18 permet de déterminer l’origine de l’apparition très localisée de
ces marbrures, que l’on continue d’observer avec une certaine régularité entre 3 m et 4,50 m
de profondeur (tous les 5 cm environ ; Figure 3.15), dans une argile grise homogène très
compacte. En effet, nous avons pu observer sur trois échantillons prélevés entre 4,20 m (1),
4,30 m (2) et 4,40 m (3), les différentes étapes du phénomène d’oxydation. Sur l’échantillon 1
(Figure 3.18), une petite fissure d’ordre millimétrique traverse en diagonale l’argile grise
homogène et compacte. Une coloration orange commence à apparaître au plus proche de la
fissure, vu que les ions ferriques peuvent être facilement lessivés et entraînés en profondeur
en se concrétionnant dans les fissures ou autour des racines. Au droit de la fissure, la texture
devient silteuse. Sur l’échantillon 2 (Figure 3.18), on remarque que l’oxydation s’est propagée
le long de la fissure jusqu’en profondeur et au sein de l’échantillon. On constate que la fissure
est le siège d’une zone d’oxydation progressive et intense de couleur rouge-rouille
(concentration des ions Fe2O3 de l’hématite), qui permet la propagation en profondeur de
l’oxydation. Sur l’échantillon 3 (Figure 3.18), l’oxydation s’est étendue sur l’ensemble de
l’échantillon, avec une zone d’oxydation active très lessivée sur la périphérie (zone
rougeâtre), avec une zone déjà lessivée de couleur ocre. L’évolution de couleur depuis le gris-
ocre, l’ocre à rouille traduit le passage d’une texture argileuse à une texture silto-argileuse à
granules d’oxydes de fer.
(Source : M. Chrétien, 2009)

1 2 3

Figure 3.18 : Vue détaillée de trois échantillons d’argile bariolée grise à marbrures rouille prélevés à
4,20 m (1), 4,30 m (2) et 4,40 m (3) de profondeur, au droit du sondage carotté SC1.

La figure 3.19 présente le log lithologique du sondage SC2, réalisé sur la partie centrale
du site expérimental et situé à environ 10 m de SC1. Un descriptif succinct des échantillons
est présenté en s’appuyant sur des photographies prises lors de l’ouverture des gaines de
prélèvement. On note comme précédemment la présence de nombreuses racines le long des
fissures au sein de l’argile sableuse ocre entre 0 m et 0,30 m de profondeur. Puis l’argile
devient plus compacte et de teinte bariolée grise à marbrures rouille jusqu’à 1,30 m de
profondeur, comme dans le sondage SC1. De 1,30 m jusqu’à 5,50 m de profondeur, une argile
grise à marbrures ocre visibles représente le faciès le plus commun de la formation argileuse
de Brach. Une analyse texturale détaillée ne peut être présentée car la technique de forage et
de prélèvement employée nécessitait l’absence de fluide d’injection afin de prélever des
échantillons intacts avec des conditions hydriques au plus proche de celles in situ. Lors du
fonçage, l’argile était tellement compacte que les matériaux mis sous gaines ont été fortement
compressés (effet de bord lié au fonçage ; Figure 3.15). Toutefois, des prélèvements ont été
effectués (21) pour réaliser quelques essais en laboratoire.

177
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

0m 2,20 m 0,30 m
Argile et terre végétale m

Argile bariolée gris-


rougeâtre, avec
passées ferrugineuses

1,50 m 0,30 m

Argile bariolée gris-


ocre-rouille, très
compacte 1,50 m 2,50 m

Profondeur (m)

2,50 m 3,50 m

Argile bariolée gris à


marbrures ocre, très
compacte

3,50 m 4,50 m

Arrêt volontaire du sondage à 5,50 m


Réalisé le 07/06/2009, sans fluide d’injection
Pas de présence d’eau en fin de sondage

Figure 3.19 : Log lithologique du sondage carotté SC2 réalisé sur le site expérimental de Pessac, avec
descriptif détaillé des prélèvements.

Par ailleurs, suite aux différents sondages géotechniques réalisés sur le site
expérimental, on a pu distinguer, comme lors de l’étude à l’échelle parcellaire sur le quartier
de Cap de Bos, six principaux faciès lithologiques au sein de la formation argileuse de Brach.
Afin de visualiser la variabilité lithologique de la formation de Brach à grande échelle, nous
avons établi un profil lithologique dans la partie centrale du terrain investigué (Figure 3.20).
Les sondages de cette zone ont été reportés sur la figure 3.20. Pour illustrer cette variabilité
lithologique et trouver une zone argileuse relativement homogène, on réalise un transect d’une
longueur d’environ 80 m, orienté N100°, passant par sept sondages dont les logs sont
présentés sous forme d’un profil synthétique (Figure 3.20).

178
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site
89 m

S2

T3

 89 m
S3

P4
96 m
S4 S2
S3
P3
S7
T03
S9

S8 P4
T4 96 m
P2
S4

Chêne
S10 SC2
P5
(H>5m) S1
SC1 S7
S9
Sondages à la pelle
Puits à la pelle
S8 T04
Sondages
Sondagesàgéologiques
la tarière à la tarière manuelle (T) et mécaniques (S)
P2

 Chêne (H>5m)
Transect
S1

P5 S8 T04 S4 S9 S7 S1
O m / TN
A/BOR
Sol humifère
A/BOG
1m
A/BOG
Frange
2m 2m
A/BOG
A/BOG A/BOG A/BOG
argileuse
A/B 3m altérée et
4m 4,m oxydée
4,7 m 4,5 m Gsa 4,5 m 4,5 m
Gsa
4,8m
A/BOR 5m
Argile gris-
A/B bleu peu
A/N A/B
A/N altérée
7,5 m 7m
9m
Graves
10 m enrobées
Gsa
dans matrice
A/V sablo-
argileuse
Eau

15 m
Faille 15 m

10 m
2O m / TN 21 m

(A/BOG : argile bariolée ocre-gris ; A/BOR : argile bariolée gris à marbrures rouille ; A/N : argile noirâtre ;
A/B : argile bleutée ; A/V : argile verdâtre : Gsa : Graves enrobées dans matrice sablo-argileuse)
Figure 3.20 : Localisation de la zone d’étude restreinte du site expérimental de Pessac, avec
positionnement des sondages lithologiques réalisés le long d’un transect orienté N100°,
passant par sept sondages.
La figure 3.20 indique la présence dans la partie Ouest du site d’une argile noirâtre sur
au-moins 10 m d’épaisseur, passant latéralement à une argile bariolée ocre-gris présentant des
marbrures de couleur rouille (décrits au droit des sondages SC1 et SC2, Figures 3.18 et 3.19).
Puis, entre les sondages T4 et S4, on observe une remontée du substratum Tertiaire,
représentée ici par une argile verdâtre d’altération voire localement par une marne à débris
coquillers. Cette frange d’altération est surmontée d’une couche graveleuse peu épaisse notée
Gsa. À l’extrémité Est du terrain et au-delà des sondages S1 et S2, l’épaisseur de la couche
d’argile bariolée A/BOG et A/B tendent à diminuer et reposent sur des sols sablo-graveleux
appartenant à la formation alluvionnaire de Belin. Les différents sondages confirment la
variabilité lithologique mise en évidence par les mesures électromagnétiques à l’EM31 (§2.2).

179
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

2.4 Caractérisation géotechnique des sols étudiés

2.4.1 Caractérisation minéralogique


La nature minéralogique a été déterminée à partir des spectres de diffraction des rayons
X effectués sur des échantillons représentatifs des différents faciès argileux rencontrés sur le
site expérimental de Pessac, et sur des lames d’argiles de la fraction inférieure à 80 µm. Les
résultats présentés au tableau 3.4 sont extraits des résultats d’analyse minéralogique présentés
au chapitre 2, §6.1.

Minéraux argileux de la Smectite et


fraction argileuse Kaolinite Illite
Interstratifiés I/S
T1- 1,20 m A/BOG +++ + traces
T1- 2,00 m A/BOG +++ + traces
S1– 3,50 m A/BOG +++ + traces
S3- 1,00 m A/BOG +++ + traces
S3- 2,00 m A/BOG +++ + traces
T4- 1,00 m A/BOG ++ ++ traces
S2- 1,50 m A/B +++ + traces
S2- 3,80 m A/B +++ + traces
S4- 1,00 m A/BOR ++ + ++
T4- 2,00 m A/BOR ++ + ++
T3- 2,00 m A/N ++ + ++
(+++ : très abondant ; ++ : abondant ; + : peu abondant)
Tableau 3.4 : Analyse minéralogique des sols argileux du site expérimental situé sur la commune de
Pessac.

Ces résultats indiquent que la phase argileuse du faciès A/BOG (argile bariolée ocre-
gris) est à dominante de kaolinite avec des traces de smectites, et ce malgré la profondeur de
prélèvement. La même composition minéralogique est constatée pour le faciès argileux A/B
(argile bleutée). Pour les faciès A/N (argile noirâtre) et A/BOR (argile bariolée ocre-gris à
marbrures rouilles), une composante smectitique existe de façon relativement importante
(environ 25 à 33 %) dans la phase argileuse encore à dominante kaolinique.

2.4.2 Caractérisation géotechnique par méthodes indirectes


De nombreux essais de caractérisation géotechnique ont été effectués suivant les normes
AFNOR sur des échantillons remaniés et intacts, prélevés à différentes profondeurs sur
l’ensemble des sondages menés sur le site expérimental de Pessac, afin d’identifier leur
potentiel gonflant et rétractant. La liste des essais réalisés est présentée dans le tableau 3.5,
avec les statistiques simples de chacun des paramètres.

180
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Coef.de
Paramètres N éch. Min Max Moyenne Médiane Variance Ecart-type
variation
W nat (%) 140 5.8 41.3 20.1 23.5 42.5 6.5 32.4%
% < 80 µm 62 42.8 99.9 88.7 95.3 257.8 16.1 18.1%
Argile (% < 2 µm) 49 9.0 86.0 48.9 50.0 325.8 18.0 36.9%
Silt (%) 51 2.0 66.0 20.1 14.8 263.7 16.2 80.8%
WL (%) 56 30.1 87.0 57.6 57.1 174.6 13.2 22.9%
WP (%) 56 12.2 38.2 19.6 17.8 33.3 5.8 29.5%
Ip (%) 56 16.0 65.0 37.8 38.0 128.2 11.3 30.0%
VBS (0/Dmax) 125 0.8 9.6 3.5 4.5 3.8 1.9 55.4%
Vb (400 µm) 52 0.8 14.0 6.3 6.2 6.2 2.5 39.6%
Vb (80 µm) 56 2.5 14.1 6.7 6.6 5.1 2.3 33.5%
CEC (meq/100g) 9 4.8 22.3 12.9 13.0 34.6 5.9 45.7%
Ca (%) 9 0.0 15.2 3.2 0.0 31.5 5.6 178.1%
MO (%) 9 0.5 1.4 0.8 0.7 0.1 0.3 38.6%
pH (H2O) 9 5.1 8.5 6.5 6.1 1.3 1.1 17.5%
Activité Ac 49 0.3 4.2 1.0 0.8 0.6 0.8 78.8%
CEAc 41 0.1 0.6 0.3 0.3 0.0 0.2 53.1%

Tableau 3.5 : Statistiques simples sur les paramètres de caractérisation géotechnique des échantillons de
sol du site expérimental de Pessac.

Des paramètres géotechniques simples sont déduits des valeurs des essais (rappel) :
- Indice de plasticité (Ip = WL – Wp)
- Activité de Skempton (Ac= Ip/C2)
- Activité de la Capacité d’Echange Cationique (CEAc = CEC/C2)

L’ensemble des résultats détaillés par sondages est regroupé dans le tableau de l’annexe 4.
Le diagramme de Casagrande est représenté sur la figure 3.21, où sont reportées les valeurs
des limites d’Atterberg des échantillons provenant de l’ensemble des sondages.
Ip (%)

100

90

80

70

60
At

50

40
Amp
30 Lt
20
Ap
10
Lmp
0
Lp
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110

Argile : Limon : WL (%)


Ap : peu plastiques Lp : peu plastiques
Amp : moyennement plastiques Lmp : moyennement plastiques
At : très plastiques Lt : très plastiques

Figure 3.21 : Limites de liquidité et indices de plasticité des sols étudiés du site expérimental de Pessac,
reportés dans le diagramme de Casagrande.

181
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Les résultats du tableau 3.5 et de la figure 3.21 permettent d’énoncer les caractéristiques
suivantes sur les sols argileux de la formation de Brach :
- Tous les sols sont des sols argileux plastiques à très plastiques, avec une granulométrie
à dominante argileuse (moyenne C2 de 49 %).
- Dans le diagramme de plasticité de Casagrande, tous les sols étudiés se placent
globalement au-dessus de la ligne A (Figure 3.21). Les sols se regroupent entre le
domaine des argiles moyennement plastiques à très plastiques. Quelques échantillons
sont classés dans le domaine des sols limoneux et argileux peu plastiques.
- Les valeurs fortes de l’essai au bleu de méthylène Vb sur les fractions 400 µm et 80
µm (plus fortes que celles de VBS) confirment la plasticité élevée des échantillons
(valeur moyenne de la Vb : 6,3).
- La teneur en matière organique des argiles de Brach est faible, avec des teneurs
inférieures ou égales à 1 %.
- La teneur en carbonates est en moyenne faible (3 %), mais certains échantillons
présentent des teneurs élevées liées à la proximité localisée du substratum marneux
tertiaire. Ces échantillons proviennent de l’altération du substratum et ne sont pas
représentatifs de la formation de Brach. L’analyse du tableau 3.5 confirme que la
teneur en carbonates est le paramètre qui varie le plus parmi l’ensemble des 16
paramètres étudiés, avec un coefficient de variation très élevé (178 %), du à la
contamination des sols argileux par les niveaux marneux sous-jacents.
- Les teneurs en eau naturelle sont très variables (comprises entre 5 et 40 %), et sont
dues en partie à l’hétérogénéité de la formation et à des prélèvements effectués à
différentes périodes saisonnières.
- Les valeurs de CEC sont faibles à moyennes et ne reflètent pas réellement le
comportement plastique des argiles. Ceci peut être lié au manque de précision de la
méthode à la cobaltihexamine (Norme NF X 31-130), ou à l’effet de la matière
organique même en faible proportion.
- On remarque également un coefficient de variation élevé pour les silts (80 %), qui
traduit la présence de passées silteuses au sein des argiles et d’une répartition en
profondeur très hétérogène. Enfin, de toutes les variables analysées, la fraction à 80µm
est celle qui présente le moins de dispersion.
- Globalement, on constate une grande dispersion des paramètres géotechniques des
échantillons liée à l’hétérogénéité de faciès mis en évidence lors des sondages et
confirmé par les essais en laboratoire.

Les limites d’Atterberg, les valeurs de bleu VBS et Vb (0/400 µm), la teneur en eau
naturelle et le % < 2 µm ont été déterminés sur 50 échantillons issus de l’ensemble des
sondages réalisés. Les résultats sont présentés sur les graphes de la figure 3.22, et placés dans
la charte du potentiel de gonflement de Seed et al. (1962) (Figure 3.23) ainsi que suivant la
classification de Williams et Donaldson (1980) (Figure 3.24).
L’analyse des principales caractéristiques géotechniques des sols de la formation de
Brach d’après de nombreux forages témoigne d’une importante hétérogénéité de ces
paramètres sur les cinq premiers mètres. La figure 3.22-a illustre la sous-estimation par la
VBS de la sensibilité des argiles à l’eau par rapport à la Vb sur la fraction 0/400 µm. En effet,
les valeurs de Vb sont comprises entre 3 et 14 pour les sols argileux de cette formation et

182
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

seulement comprises entre 2 et 9,6 pour la VBS. Ces valeurs augmentent particulièrement
entre 1 m et 1,50 m, puis entre 2,50 m et 5 m de profondeur. D’après la figure 3.22-c, cette
augmentation des valeurs coïncide avec les horizons les plus argileux entre 1 m et 1,50 m,
puis entre 2,50 m et 5 m, présentant des taux de particules < 2 µm élevés, passant de 40 % à
80 %. Les limites de liquidité (WL) varient entre 20 et 84 % avec de fortes fluctuations entre 1
m et 3 m de profondeur (Figure 3.22-b). Elles mettent en évidence deux horizons argileux,
entre 1 et 1,50 m puis entre 2,50 m et 5 m, qui ont des plasticités plus élevées que le reste des
échantillons, avec des Vb > 8 et des WL > 60 % vers 1 m et entre 2,50 m et 5 m de
profondeur. Cette tendance est confirmée par les résultats du couplage Vb-C2. La tranche de
sol comprise entre 0,50 m et 1,50 m de profondeur présente les plus grandes plages de
variation pour l’ensemble des paramètres, car liée au lessivage de l’horizon argileux de
surface par les eaux de pluie et à sa contamination par la terre végétale et les racines des
plantes (activité biologique).
g/100g Limites d'Atterberg % < 2 µm et Teneur en eau naturelle (%)
0 5 10 15 0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
0.0 0.0 0.0

1.0 1.0 1.0

2.0 2.0 2.0

3.0 3.0 3.0


Profondeur de prélèvement (m)
Profondeur de prélèvement (m)
Profondeur de prélèvement (m)

4.0 4.0 4.0

5.0 5.0 5.0

6.0 6.0 6.0

7.0 7.0 7.0

8.0 8.0 8.0

9.0 9.0 9.0


Valeur de bleu Vb (0/400µm) Indice de plasticité % < 2 µm
N = 56 Valeur de bleu du sol VBS N = 52 Limite de liquidité N = 49 et 72 Teneur en eau naturelle
10.0 10.0 10.0
a) b) c)
Figure 3.22 : Caractérisation géotechnique des échantillons de la formation argileuse de Brach,
provenant du site expérimental de Pessac : a) valeurs de bleu VBS et Vb (0/400µm) ; b)
limites d’Atterberg (WL et Ip) ; c) teneur en eau naturelle (%) et % < 2 µm.

Les matériaux argileux prélevés sur l’ensemble du site expérimental, correspondant à la


formation de Brach, se classent parmi les sols à moyen (voire à très fort) potentiel de
gonflement (Figures 3.23 et 3.24). L’ensemble des résultats par les méthodes indirectes tend à
conforter ceux de l’identification minéralogique. Les limites d’Atterberg et les valeurs de bleu
témoignent globalement de matériaux moyennement plastiques, avec des horizons à
comportement très plastiques, en relation avec une augmentation du taux de particules
argileuses < 2 µm et d’un changement de faciès localisé à différentes profondeurs.

183
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Activité de Skempton Ac = Ip / (C 2)

Très élevé
4 G > 25%

Elevé
5 < G < 25%

Moyen
1,5<G<5%
2

Faible
G < 1,5%

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Fraction argileuse C 2 (% < 2 µm)

Figure 3.23 : Potentiel de gonflement d’après la classification de Seed et al. (1962), avec report des
échantillons correspondant au site expérimental de Pessac (Formation de Brach).

80

Ac = 2
Ac = 1
Très élevé

60
Indice de plasticité Ip (%)

Elevé Ac = 0,5
40

formation de
Brach

20
Moyen

Faible
0
0 20 40 60 80

Teneur en argile C2 (% < 2 µm)

Figure 3.24 : Classification de Williams et Donaldson (1980) donnant le potentiel de gonflement des
échantillons du site expérimental de Pessac (Formation de Brach).

L’analyse statistique des paramètres géotechniques, effectuée sur les échantillons du


quartier de Cap de Bos (cf. chapitre 2, §6.3), a permis de déterminer que les seuls paramètres
VBS, passant à 80 µm ou/et % < 2 µm sont suffisamment discriminants pour caractériser la
sensibilité des sols argileux aux variations hydriques, et l’intérêt de travailler avec le
diagramme de sensibilité à l’eau optimisé, basé sur Vb (0/400 µm) et C2. La figure 3.25
regroupe les échantillons prélevés sur le site expérimental dans le diagramme de sensibilité
optimisé aux sols argileux de la formation de Brach, en se basant sur les valeurs de bleu VBS

184
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

sur la fraction totale, les valeurs Vb sur la fraction à 400 µm et les valeurs Vb sur la fraction à
80 µm en fonction de la teneur en particules argileuses < 2 µm.
C2 (%) SENSIBILITE A L'EAU DES SOLS
100

90

VBS
80 VB (0/400µm)

Apa Ata
VB (0/80µm)
Ama

70

60

50

ARGILE (DOMAINE III)


40 Alp Apa : peu active
Alm Ama : moyennement active
Ata : très active
30 Alt
ARGILE LIMONEUSE (Domaine II)
Alp : peu active
Lpa Alm : moyennement active
20 Alt : très active
Lma
Lta
LIMON (DOMAINE I)
10
Lpa : peu actif
Lma : moyennement actif
Lta : très actif
N = 50
0
0 5 10 15 20 25 30 Vb (g/100g) 35

Figure 3.25 : Diagramme de sensibilité à l’eau des sols de Magnan et Youssefian (1989) modifié par
Chrétien (2010), basé sur les valeurs de VBS, Vb (0/400 µm), Vb (0/80 µm) et C2, appliqué
aux échantillons (50) de la formation de Brach prélevés sur le site expérimental.

On remarque que l’on retrouve bien la majorité des échantillons dans le domaine des
argiles moyennement à très actives vis-à-vis de leur sensibilité à l’eau, que ce soit avec les
valeurs de bleu réalisée sur la fraction totale, à 400 et 80 µm. Les sols plus limoneux sont bien
différenciés avec ce diagramme par rapport aux sols argileux. L’intérêt de cette figure est de
mettre en évidence l’influence de la granulométrie (limon, argile) de l’échantillon testé. En
effet, l’utilisation d’une fraction granulométrique plus fine pour l’essai au bleu permet
d’affiner l’identification de la sensibilité à l’eau des sols. On peut observer que le nuage de
points se décale vers des valeurs de bleu plus élevées en allant des valeurs de VBS à celles de
Vb (400 à 80 µm), vers des sols moyennement à très actifs. L’amélioration significative est
notée entre VBS et Vb (0/400 µm).
Il reste à déterminer si l’écart mesuré entre les valeurs de bleu effectuées sur les trois
fractions granulométriques différentes est significatif, afin de préconiser la fraction de sol à
tester pour appréhender au mieux la sensibilité de la phase argileuse contenue dans un sol.
Pour cela, la différence entre les valeurs de bleu (coefficients de variation) a été effectuée : (1)

185
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

entre Vb (400 µm) et VBS, (2) entre Vb (80 µm) et VBS, (3) entre Vb (80 µm) et Vb
(400µm). La figure 3.26 présente la courbe des fréquences cumulées des coefficients de
variation obtenue entre les valeurs de bleu sur les trois fractions de sol. On constate la
présence de quelques valeurs négatives, indiquant que sur certaines mesures des valeurs de
Vb sont plus élevées sur la fraction à 400 µm que sur la fraction à 80 µm. Or plus on teste la
sensibilité d’une fraction de plus en plus fine, plus la valeur de bleu augmente vu que l’on
élimine les éléments grossiers restants dans l’échantillon. Ces différences négatives pourraient
être expliquées par une nature minéralogique différente ou par la présence de complexes
limono-silteux qui disparaîtraient dans la fraction à 80 µm, limitant les propriétés absorbantes
des surfaces spécifiques des feuillets argileux présents.
Fréquence
Courbecumulée (%) cumulée
de fréquence
100%

90%

80%

70%

60%

50%

Vb (400µm) - VBS

40%
Vb (80µm) - VBS

30% Vb (80µm) - Vb (400µm)

20% écart-type moyenne


Vb (400µm) - VBS 2,25 1,62
10% Vb (80µm) - VBS 1,99 1,90
Vb (80µm) - Vb (400µm) 1,89 0,31
0%
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12
Coefficient de variation (-)

Figure 3.26 : Courbe des fréquences cumulées des coefficients de variations entre les valeurs : (1) Vb
(400 µm) – VBS, (2) Vb (80 µm)-VBS, (3) Vb (80 µm) – Vb (400 µm), mesurées sur les
échantillons de sols argileux de la formation de Brach, avec les écart-types et les moyennes.

Cette figure montre également qu’il y a moins de différences négatives entre VBS-Vb
(80 µm), et que la courbe des fréquences est plus resserrée que celle entre VBS-Vb (400 µm).
Ceci semble indiquer que le test au bleu sur la fraction à 80 µm est plus déterminant dans la
caractérisation de la sensibilité de la fraction fine, qu’entre la VBS et la Vb (400 µm). L’écart-
type entre Vb (80 µm) et VBS est de l’ordre de 2, ce qui donne une incertitude moyenne sur
les valeurs de VBS de ± 1 g/100g sol. Il semble donc que la prise en compte de la VBS pour
estimer la susceptibilité d’un sol fin soit discutable avec une incertitude sur la mesure de
l’ordre de ± 1 g/100 g sol, ce qui peut faire passer un sol de peu actif à actif. D’où l’intérêt de
travailler dans la mesure du possible dès le départ avec une valeur de bleu effectuée sur la
fraction à 80 µm pour affiner l’analyse.

186
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Vu qu’il apparaît que la fraction à 80 µm semble suffisante pour caractériser l’activité


de la fraction fine d’un sol argileux, on peut tester si le couplage du passant à 80 µm (en %)
avec la valeur de bleu Vb (80 µm), voire VBS, peut devenir un premier niveau de
classification des sols relativement simple et rapide à effectuer en laboratoire, avant de passer
systématiquement à l’analyse sédimentométrique. Les mêmes échantillons sont alors
regroupés dans un nouveau diagramme illustré à la figure 3.27, en se basant sur la valeur de
bleu et sur le passant à 80 µm (au lieu du C2).
Passant < 80 µm (%)
100

90
A

80 VBS

VB (0/80µm)
70
As AL1

AL2 Classification et sensibilité des sols fins à partir


60
du passant à 80 µm et de la valeur de bleu

50

L1
ARGILE
40 A : Argile active à très active
L2 ARGILE LIMONEUSE
L3 AL 1 : moyennement active
30 AL 2 : très active

ARGILE SILTEUSE
As : moyennement active
20 Augmentation de la sensibilité
LIMON SILTEUX
Ls 1 : peu actif
10 Ls 2 : moyennement actif
Ls 3 : très actif
N = 50
0
0 5 10 15 20 25 30 Vb (g/100g) 35

Figure 3.27 : Classification et sensibilité des sols fins à partir de la fraction à 80°µm et de la valeur de
bleu, appliquée aux échantillons de la formation de Brach.

Une classification des sols fins (ayant un passant à 80 µm > 35%) a été réalisée en
établissant une distinction suivant les teneurs en particules du passant à 80 µm pour les sols
argileux de la formation de Brach. Les valeurs de bleu Vb sur la fraction à 80 µm ont été
placées sur le diagramme pour fixer les limites de sensibilité des sols, ainsi que les VBS avec
leur incertitude. Ce diagramme permet de distinguer plusieurs familles de sols :
- les limons silteux (Ls1, Ls2 et Ls3) : 35 < P (80 µm) < 50 %
3 < Vb (80 µm) < 10 ou 1 < VBS < 6
- les argiles silteuses (As) : 50 < P (80 µm) < 100 %
1,5 < Vb (80 µm) < 3 ou 1 < VBS < 3
- les argiles limoneuses (AL1, AL2) : 50 < P (80 µm) < 80 %
6 < Vb (80 µm) < 11 ou 2 < VBS < 7
- les argiles (A) : P (80 µm) > 80 %
3 < Vb (80 µm) < 14 ou 2 < VBS < 10

187
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

La sensibilité de la fraction fine augmente avec le numéro associé à la classe de sol fin,
et le diagramme de la figure 3.27 confirme que la VBS est suffisante dans un premier temps
pour caractériser la sensibilité du sol argileux dès que le passant à 80 µm est supérieur à 80 %,
mais que la VBS sous-estime le potentiel de gonflement de la phase argileuse contenue dans
un sol fin ayant un passant à 80 µm compris entre 35 et 80 %. Dans ce dernier cas, il semble
indispensable d’affiner l’analyse en effectuant le test au bleu sur la fraction à 80 µm obtenue
lors de l’analyse granulométrique préalable. Cette classification permet de distinguer la nature
de la fraction fine (limoneuse, argilo-limoneuse, argilo-silteuse ou argile) d’un échantillon à
partir du passant à 80 µm (Figure 3.27). À partir des tests de bleu menés sur trois fractions
différentes de sol (totale, 400 µm et 80 µm) et reportés sur les figures 3.26 et 3.27, on
confirme que plus l’essai au bleu est réalisé sur une fraction fine, plus sa sensibilité à l’eau est
mieux estimée. Cette nouvelle classification basée sur la fraction à 80 µm, relativement
proche de la classification GTR, montre que la sensibilité d’un sol argileux peut changer
largement suivant la fraction analysée.
On peut ainsi, à partir de la classification des sols fins établie ici (Figure 3.27) pour les
sols argileux de la formation de Brach, estimer indirectement la sensibilité et la nature de la
fraction fine (< 80 µm) présente dans le sol testé. Pour les sols fins dont le passant à 80 µm
est compris entre 35 et 80 %, il convient de réaliser l’essai au bleu sur la fraction à 80 µm
récupérée lors de l’analyse granulométrique. Dès que l’on a un sol argileux possédant une
fraction à 80 µm supérieure à 80 %, la valeur de bleu VBS peut suffire, et il convient
d’utiliser alors le diagramme de sensibilité à l’eau de la figure 3.25, couplée à la teneur en
particules < 2 µm, pour préciser l’activité de la fraction argileuse. Ceci permet de voir si
cette phase argileuse dirigera le comportement global du sol lors de sollicitations hydriques.

Puis, afin de vérifier l’hypothèse d’un comportement géotechnique distinct suivant les
faciès argileux rencontrés (ce qui avait été démontré au chapitre 2 pour les sols du quartier
Cap de Bos), les limites de liquidité WL (%), les valeurs de bleu Vb (0/80 µm) et le % < 2 µm
ont été reportés suivant les cinq principaux faciès argileux observés (Figure 3.28). Les
résultats de cette analyse par faciès argileux semble confirmer que les horizons argileux aux
paramètres géotechniques les plus élevés (Vb, % < 2 µm et WL), correspondant au domaine
des argiles très plastiques, et coïncident avec les faciès argileux dits A/BOR, A/N et quelques
échantillons du faciès A/BOG. Le faciès A/BOG, représentatif de la formation de Brach,
présente globalement des plasticités moyennes (20 < WL < 60 %), des teneurs < 2 µm et des
valeurs de bleu moyennes (1 < Vb < 6 et 15 < 2 µm < 50 %). La plasticité du faciès A/V tend
à augmenter à partir de 7,50 m de profondeur. Il apparaît donc que le couplage des paramètres
géotechniques Vb et % < 2 µm (voire WL) soit suffisant pour caractériser la sensibilité des
différents faciès argileux de la formation de Brach par rapport au phénomène de retrait-
gonflement.

188
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

a) b) c)
g/100g % < 2 µm Limites de Liquidité WL (%)
0 5 10 15 0 20 40 60 80 100 0.0 20.0 40.0 60.0 80.0 100.0
0.0 0.0 0.0

1.0 1.0 1.0

2.0 2.0 2.0

3.0 3.0 3.0

Profondeur de prélèvement (m)


Profondeur de prélèvement (m)
Profondeur de prélèvement (m)

4.0 4.0 4.0

5.0 5.0 5.0

6.0 6.0 6.0

7.0 7.0 7.0

8.0 A/B 8.0 A/B 8.0 A/B


A/BOG A/BOG A/BOG
A/BOR A/BOR A/BOR
9.0 9.0 9.0
A/N A/N A/N
A/V A/V A/V
10.0 10.0 10.0

(A/BOG : argile bariolée ocre-gris ; A/B : argile bleutée ; A/BOR : argile bariolée à marbrures rouille ;
A/N : argile noirâtre ; A/V : argile verdâtre)

Figure 3.28 : Caractérisation géotechnique des échantillons de la formation argileuse de Brach suivant
les cinq faciès, provenant du site expérimental de Pessac : a) valeurs de bleu Vb
(0/80 µm) ; b) % < 2 µm ; c) limites de liquidités (WL).

À l’aide des échantillons prélevés au droit des deux sondages carottés SC1 et SC2
(Figures 3.18 et 3.19) représentatifs du faciès A/BOG, une étude détaillée de la continuité (ou
non) de la plasticité de ce faciès est menée. Pour cela, les valeurs de bleu du sol VBS
associées à la teneur en eau naturelle (teneurs en eau massiques), mesurées sur 69
échantillons, sont présentées sur les profils de la figure 3.29. Les sols argileux étudiés ici sont
dépourvus de carbonates (teneurs en carbonates nulles). Les teneurs en eau mesurées sur les
échantillons du sondage SC1 (Figure 3.29-a) montrent des valeurs relativement faibles
jusqu’à 2 m de profondeur (12,5 % < Wnat < 14 %), qui augmentent ensuite progressivement
avec la profondeur. On observe la même tendance dans les fluctuations des teneurs en eau sur
le sondage SC2 (Figure 3.29-b), même si les teneurs en eau initiales sont supérieures à celles
de SC1.

189
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

0.0 2.0 4.0 6.0 8.0 10.0 12.0 14.0 16.0 18.0 20.0 0.0 5.0 10.0 15.0 20.0 25.0 30.0
0.0 0.0

1.0 1.0

2.0 2.0
Profondeur de prélèvement (m)

Profondeur de prélèvement (m)


Teneur en eau nature
3.0 3.0 Valeur de bleu VBS
Teneur en eau naturelle (%)

0.0 5.0 10.0 15.0 20.0 25.0 30.0


Valeur de bleu VBS (g/100g)
.0

4.0 4.0

.0

5.0 5.0

.0

6.0 6.0

a) SC1 Teneur en eau naturelle (%) b) SC2


.0 Valeur de bleu VBS

Figure 3.29 : Caractérisation géotechnique des échantillons intacts prélevés au droit des sondages
carottés SC1 (a) et SC2 (b), provenant du site expérimental de Pessac, avec les valeurs de
.0
bleu Vb sur la fraction 0/400 µm (g/100g) et la teneur en eau naturelle (en %).

Les valeurs de bleu VBS, réalisées pratiquement tous les 0,10 m le long du sondage
.0 SC1 (Figure 3.29-a), montre une certaine continuité des valeurs jusqu’à 2 m de profondeur,
avec des valeurs de VBS variant entre 1 et 2, qui augmentent en moyenne autour d’une valeur
de 3 entre 2,50 m et 4 m de profondeur. Ceci confirme qu’au sein du faciès A/BOG, la
.0 plasticité augmente avec la profondeur en même temps que la teneur en eau naturelle.
L’horizon superficiel reste relativement plus homogène à l’échelle d’un sondage. Toutefois,
les valeurs de VBS mesurées sur ce sondage SC1 sont inférieures à celles mesurées sur
l’ensemble des sondages du site (Figure 3.22), avec des valeurs variant entre 1 et 5. Cette
différence d’amplitude entre les valeurs de VBS mesurées entre les autres sondages et le
sondage SC1 peut s’expliquer soit par un problème d’opérateur lors des essais, soit par des
sols argileux moins sensibles au droit du sondage SC1. Si on observe les valeurs de bleu du
sondage SC2 (Figure 3.29-b), réalisées par le même opérateur, on constate que ces dernières
sont beaucoup plus élevées, avec des VBS variant entre 4 et 11. Elles confirment une
augmentation de la sensibilité à l’eau des argiles vers 2,50 m de profondeur. Ces résultats
restent donc à confirmer par de nouvelles mesures.

190
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

2.4.3 Caractérisation directe du gonflement des sols étudiés


Cette partie présente les résultats des essais en laboratoire réalisés sur des échantillons à
l’état naturel intact pour déterminer les paramètres de gonflement des sols argileux étudiés du
site expérimental de Pessac. Après avoir rappelé les protocoles d’essais utilisés dans cette
partie, les résultats des essais de compressibilité, de gonflement libre et de pression de
gonflement obtenus à l’aide de l’œdomètre classique sont présentés.

2.4.3-1 Protocoles des essais


Dans le cadre de cette thèse, et de la participation à la tâche 18 du programme ANR-
ARGIC (Plat et al., 2009), l’analyse de l’aptitude des sols argileux au gonflement et de leur
changement de comportement entre les différents faciès rencontrés n’a été possible qu’au
moyen de l’œdomètre classique. Les essais sont alors menés dans des cellules œdométriques
conventionnelles, de diamètres compris entre 50 et 70 mm et de hauteurs variant entre 19 et
20 mm (Tableau 3.6).
Les essais œdométriques classiques sont menés selon la norme NF P94-090, sur des
échantillons intacts taillés selon le diamètre de la cellule et mis en saturation (voir chapitre II.
§6.2.4). Le gonflement libre est déduit de cet essai, considérant qu’avant de commencer à
appliquer le chargement progressif, on laisse saturer et gonfler le sol étudié sans aucune
contrainte pendant 24 heures. L’évolution du gonflement axial est mesurée à l’aide de
capteurs de déplacement au 1/1000 de mm, avec enregistrement automatique à intervalles de
temps croissants. La mesure et/ou le contrôle de l’évolution de la teneur en eau (ou du degré
de saturation) dans la cellule œdométrique n’est pas réalisable à partir d’un essai œdométrique
classique (uniquement utilisé dans notre étude). C’est pourquoi l’évolution du gonflement
libre ne sera pas étudiée sur des cycles de 10 à 12 jours, comme préconisé dans ce type d’essai
et selon la norme ASTM (1997).
La pression de gonflement est menée à l’œdomètre classique selon la norme NF P94-
091 par la méthode du gonflement libre (à l’état saturé) sous différentes charges. La pression
de gonflement correspond à la charge nécessaire à appliquer sur l’échantillon pour empêcher
son gonflement et le ramener à sa hauteur initiale.

2.4.3-2 Résultats des essais de gonflement


Les essais à l’œdomètre classique ont été menés sur sept échantillons issus de matériaux
intacts prélevés dans les fosses pédologiques (P1, P2, P3 et P4) du site expérimental de
Pessac. Ces matériaux n’ont subi aucun remaniement préalable en laboratoire. Le tableau 3.6
résume les états initiaux et les paramètres obtenus lors des essais à l’œdomètre classique et
des essais de pression de gonflement.

191
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Indice des Degrè de Coefficient


Teneur en Teneur en Densité Densité
vides saturation de
eau initiale eau finale sèche humide
initial initial perméabilité

N°sondage Prof. (m) Facies wi (%) wf (%) d/ w h/ w ei (-) Sri (%) k0K (m/s)
P1/A 1,20 A/BOG 23,40 22,50 1,60 1,96 0,63 98,43 3,96.10-9
P2/A 1,20 A/BOG 22,40 25,70 1,62 2,01 0,60 98,93 3,03.10-9
P3/B 1,30 A/BOG 21,40 22,30 1,64 1,96 0,57 99,49 14,49.10-9
P2/C 1,80 A/BOG 28,80 35,40 1,52 1,98 0,80 95,60 24,90.10-9
P3/C 1,90 A/BOG 16,30 14,60 1,55 1,94 0,68 63,52 7,26.10-9
P4/A 2,00 A/B 21,20 25,07 1,64 1,99 0,59 95,22 17,46.10-9
P2/B 2,60 A/N 36,60 40,51 1,27 1,80 1,03 94,16 27,30.10-9
P1/B 2,70 A/BOG 22,50 24,14 1,61 1,91 0,62 96,20 3,36.10-9
Potentiel Taux de Contrainte
Pression de Contrainte de Indice de Hauteur Indice de
de gonflement verticale
gonflement préconsolidation compressibilité échantillon gonflement
gonflement libre théorique

N°sondage Prof. (m) Facies g ( kPa) εg (%) 'p(kPa) Cc (-) H0 (mm) Cg (-) εs (%) 'z 0 (kPa)

P1/A 1,20 A/BOG - - 125 0,15 19 0,04 0,24 21,60


P2/A 1,20 A/BOG - - 90 0,14 19 0,06 2,56 21,60
P3/B 1,30 A/BOG - - 70 0,13 19 0,04 0,13 23,40
P2/C 1,80 A/BOG - - 70 0,14 19 0,06 5,34 32,40
P3/C 1,90 A/BOG - - 210 0,16 20 0,06 0,01 34,20
P4/A 2,00 A/B - - 40 0,12 19 0,06 8,24 36,00
P2/B 2,60 A/N 207,90 15,00 280 0,31 20 0,12 0,21 46,80
P1/B 2,70 A/BOG 96,40 12,70 110 0,14 19 0,05 0,53 48,60

Tableau 3.6 : Résultats des essais de compressibilité, de gonflement libre et de pression de gonflement
réalisés à l’œdomètre classique sur sept échantillons intacts issus des fosses du site
expérimental (Formation de Brach).

Les courbes œdométriques de compressibilité d’un sol argileux du faciès A/BOG


(Argile bariolée ocre-gris) et d’un sol argileux du faciès A/N (Argile noirâtre, sans cycle de
déchargement intermédiaire) sont àdonnées
Essai oedométrique long termerespectivement aux
- Argile Noire- Bacalan - mfigures 3.30-a et 3.30-b.
de profondeur
Contrainte préconsolidation = kPa

0.85

0.80

0.75
Indice des vides e (-)

0.70 Cs= 0,04

Cc= 0,14
0.65

Cg =0,06

0.60
Faciès A/BOG
Contrainte apportée par le
0.55 piston = 0,5 kPa

0.50
0.10 1.00 10.00 σ'p = 70 kPa 100.00 1 000.00
Contrainte appliquée (kPa)

Figure 3.30-a : Courbe de compressibilité d’un sol argileux moyennement compressible du faciès A/BOG
prélevé à 1,80m de profondeur, issu du sondage P2-C sur le site expérimental.

192
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site
Courbe de compressibilité à l'oedomètre - Bacalan P2B
Contrainte de préconsolidation σ'c = 310 KPa

1.20

1.15

1.10

1.05

1.00
Indice des vides e (-)

0.95

0.90

0.85

0.80
Faciès A/N
Cg =0,06
0.75 Contrainte apportée par
le piston = 0,5 kPa
0.70

0.65
0 1 10 100 σ'p = 280 kPa 1000 10000
Contrainte appliquée (kPa)
Figure 3.30-b : Courbe de compressibilité d’un sol argileux très compressible du faciès A/N prélevé à
2,60m de profondeur, issu du sondage P2-B sur le site expérimental.

On observe que les matériaux testés du faciès A/BOG présentent des paramètres
similaires, avec des contraintes de préconsolidation élevées, comprises entre 70 et 125 kPa
(sols surconsolidés), et un indice des vides initial moyen de l’ordre de 0,60 (Figure 3.30-a et
Tableau 3.6). Seul un échantillon du faciès A/BOG présente une contrainte de consolidation
qui est supérieure à 200 kPa. Les indices de compressibilité Cc indiquent la présence de sols
argileux moyennement compressibles (car 0,1 < Cc < 0,2, d’après Philipponat, 1979) à très
compressibles pour le faciès A/N (Cc > 0,3). Les argiles du faciès A/BOG présentent des
indices de gonflement Cg (en décharge) élevées car 0,05 < Cg < 0,06. Les argiles noirâtres du
faciès A/N (P2-B à 2,60 m) sont des sols argileux fortement compressibles, fortement
surconsolidés (σ’p = 280 kPa) et typiques de sols gonflants (Figure 3.30-b et Tableau 3.6).
L’indice des vides initial des argiles noirâtres est très élevé (e = 1,03), ce qui indique que ces
sols ont une porosité plus importante que les autres faciès et donc un potentiel au gonflement
plus élevé. De plus, on remarque que les argiles noires présentent un coefficient de
perméabilité, à l’échelle de la cellule œdométrique, plus faible. Ces argiles sont plus
perméables que les autres et montrent un comportement différent de celui du faciès A/BOG,
le plus commun. Si l’on compare les valeurs des contraintes de préconsolidation des sols
argileux à celles verticales théoriques, on constate qu’ils correspondent à des sols
surconsolidés et montrent qu’il faudrait une érosion de cette formation géologique (datant du
Pléistocène inférieur) sur une épaisseur de 0,20 à 5 m pour le faciès A/BOG, et de 10 à 15 m
pour le faciès A/N, valeurs d’érosion pour atteindre les contraintes de préconsolidation
mesurées à l’œdomètre.
Un essai œdométrique avec deux cycles de charge-décharge, effectué sur un matériau
du faciès A/B (Argile bleutée) de la fosse P4, est présenté à la figure 3.31. On constate que ce
matériau est compressible, surconsolidé et typique d’un sol gonflant, alors que celui-ci
possède la contrainte de préconsolidation la plus faible (σ’p = 40 kPa). Cependant, il est à
noter que ces mesures à l’œdomètre sont menées sur des échantillons de faciès différents,
prélevés à différents endroits et à différentes profondeurs. On peut constater (Figure 3.31) que
la valeur de la pente Cs est relativement proche de celle de Cg malgré les nombreux paliers de
déchargement. Ce constat est confirmé par un autre essai cyclique sur un autre matériau de la

193
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

parcelle n°12 ; cf. chapitre 2).oedométrique-


Essai Cette observation traduit
Site de BACALAN lesbleucaractéristiques
- Argile - Faciès AB d’une argile peu
Contrainte de préconsolidation = 40 kPa à 2,0 m
gonflante du faciès A/B. Argile normalement consolidée.

0.75

0.73

0.71

0.69

0.67

0.65
Indice des vides e (-)

0.63

0.61 Cs= 0,046


0.59

0.57
Cc= 0,126
0.55

0.53 Cg =0,059

0.51 Faciès A/B


0.49 Contrainte apportée par le
0.47 piston = 0,5 kPa
0.45
0.10 1.00 10.00 σ'p = 40 kPa 100.00 1 000.00
Contrainte appliquée (kPa)

Figure 3.31 : Courbe de compressibilité avec deux cycles de déchargement d’un sol argileux
moyennement compressible du faciès A/B prélevé à 2 m de profondeur, issu du sondage
P4-A sur le site expérimental.

Le tableau 3.6 et la figure 3.32 présentent les résultats des essais de gonflement libre de
tous les faciès argileux. On observe des courbes de cinétiques classiques de gonflement avec :
un gonflement primaire relativement rapide suivi d’un gonflement secondaire de faible
amplitude avant d’atteindre un palier incomplet ici, car les paliers ont été faits sur 24 à 48
heures maximum. Il semble acceptable d’indiquer que l’essentiel du gonflement s’est réalisé à
la fin du gonflement primaire. Toutefois, on remarque une dispersion importante des taux de
gonflement mesurés sur l’ensemble des échantillons. En effet, les matériaux P4-A, P2-C et
P2-A, respectivement du faciès A/B (2 m) et A/BOG (1,80 m et 1,20 m), présentent les taux
de gonflement libre εs les plus élevés avec
Cinétique un εs respectivement
du gonflement libre de 8,2 %, 5,3 % et 2,6 %.
8.50

8.00 A/BOG-1,20m

7.50 A/BOG-1,20m
A/BOG-1,30m
7.00
A/BOG-1,80m
6.50
A/BOG-1,90m
6.00
A/B-2,00m
5.50 A/N-2,60m
Déformation ΔH/H0 (%)

5.00 A/BOG-2,70m
4.50

4.00

3.50

3.00

2.50

2.00

1.50

1.00

0.50

0.00
0.10 1.00 10.00 100.00 1000.00
Temps (minutes)
Figure 3.32 : Evolution des déformations verticales en fonction du temps (cinétique du gonflement) des
sept échantillons intacts étudiés à partir de leur état naturel (contrainte du piston : 0,5 kPa).
194
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

L’échantillon P4-A (faciès A/B à 2 m) présente le taux de gonflement libre le plus élevé
(8,2 %) alors que l’indice de gonflement Cg est faible (0,06) et que ce faciès contient peu de
smectites. Les échantillons P2-C et P2-A (faciès A/BOG à 1,80 m et 1,20 m) présentent des
taux de gonflement libre allant de 5,3 % à 2,6 %. Ces trois échantillons montrent que le taux
de gonflement a tendance à augmenter avec la profondeur, mais que cette aptitude au
gonflement sans charge n’est pas répartie de façon homogène et mesurée dans tous les autres
échantillons. En effet, les autres échantillons présentent des taux de gonflement libre très
restreints (εs < 0,5 %). Ces faibles taux de gonflement libre (εs < 0,5 %) coïncident bien avec
les faibles valeurs de Cg de la plupart des échantillons du faciès A/BOG. Pour le matériau P2-
B prélevé dans le faciès A/N, la valeur de Cg indique un fort potentiel de gonflement (Cg =
0,12), coïncidant avec un taux en smectites le plus élevé (environ 33 %) rencontré sur le site,
alors que le taux de gonflement libre sans charge n’est que de 0,2 %. Ceci indique qu’un autre
aspect à l’échelle microstructurale contrarie le gonflement libre des argiles du faciès A/N et
A/BOG, mais que le chargement de ces sols libère leur potentiel de gonflement (Tableau 3.6).
La différence de comportement peut être liée également en partie à la difficulté à contrôler le
degré de saturation initial (déduit à partir de la teneur en eau naturelle de l’échantillon). Pour
les sols intacts, les résultats obtenus traduisent l’importante influence des paramètres d’états
(teneur en eau naturelle, degré de saturation et densité sèche) sur le taux de gonflement libre,
qui varie fortement d’une argile à l’autre. Cette variabilité est également liée à la
microstructure et à la composition minéralogique des différents faciès argileux. De plus, il
semble également que le degré de consolidation in situ des échantillons testés joue un rôle sur
le gonflement libre et sur le gonflement sous charge des argiles. Ces résultats demandent à
être approfondis et validés par des essais complémentaires en laboratoires en analysant
l’influence de la microstructure des argiles (porosimétrie au mercure, cycles de drainage-
humidification, mesure de la succion).
Le tableau 3.6 regroupe les résultats des essais de pression de gonflement obtenus sur
deux échantillons des faciès A/N et A/BOG. Sur la figure 3.33, un exemple de mesure de
pression de gonflement pour le faciès A/N, par l’application de cinq charges croissantes à
l’état saturé, est présenté donnant une pression de gonflement proche de 200 kPa pour un
Norme XP 94-091- Argile noire- Pression de gonflement = 207,9 KPa
ΔH/H0 = 0.
3.00
P2B-2,60m y = -1.367ln(x) + 7.2966
Log. (P2B-2,60m)

2.50 28.04

49.96
2.00
Déformation ΔH/Hi

99.923839
1.50

1.00

0.50

149.9 189.8
0.00
1 10 100 1000
Contrainte appliquée (kPa)
Figure 3.33 : Résultats de l’essai de pression de gonflement selon la norme NF XP P94-091, réalisé sur
un échantillon du faciès A/N, prélevé à 2,60 m de profondeur (P2-B).

195
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Les résultats obtenus sur deux échantillons des faciès A/N et A/BOG montrent des
pressions de gonflement très différentes, avec respectivement σ g = 207,90 kPa et 96,40 kPa.
Ces résultats confirment le fort potentiel gonflant en décharge (Cg) du faciès A/N, comparé à
celui plus faible du faciès A/BOG le plus commun. Cette variabilité est donc à relier à la
nature minéralogique différente de ces deux types d’argiles et peut être due aussi à des effets
de texture (suspectés ici mais non identifiés par des essais plus poussés en laboratoire).

2.4.4 Caractérisation directe de la limite de retrait effective des sols étudiés


Le séchage d’un sol argileux, plus ou moins riche en minéraux gonflants, provoque une
réorganisation de la structure de ses particules. Il en résulte un retrait qui se manifeste par
l’apparition de fissures ou microfissures, et donc une modification de la porosité du sol
argileux. Les fissures que l’on observe à la surface d’un sol sont dues en général à la fois au
retrait et au gonflement, car les sols subissent au cours du temps de nombreux cycles de
dessiccation et d’humidification. Dans cette partie, sont présentés les résultats des mesures de
retrait sur différents échantillons intacts de la Formation de Brach pour identifier l’état de
dessiccation des différents faciès argileux (Tableau 3.7).
La mesure de la limite de retrait effective sur un échantillon intact (norme XP-P 94-060-
2) consiste à mesurer la variation de hauteur d’une éprouvette cylindrique, lors du séchage à
l’air libre au cours du temps, puis à l’étuve. La limite de retrait effective, ainsi que le facteur
de retrait linéaire, sont donc déterminés à partir de la courbe de retrait mesurée au centre de
l’éprouvette. Cette limite sépare conventionnellement un comportement avec variation
importante de volume, du comportement où la variation de volume est quasiment nulle. Or, il
a été remarqué que des biais de mesures peuvent apparaître suivant que la mesure soit faite au
centre ou plus près de la bordure de l’éprouvette. En effet, il a été constaté que le retrait sur
les bordures d’un échantillon est plus fort qu’en son centre (Yigzaw, 2009). Les résultats des
essais de retrait linéaire sur des matériaux des faciès A/BOG et A/N prélevés dans les fosses
du site expérimental sont résumés au tableau 3.7. Les échantillons sont taillés (diamètre 42,50
à 44,40 mm et hauteur environ 22 à 24 mm) et sont séchés à l’air libre dans l’environnement
du laboratoire (T ± 20°C). Après stabilisation des déformations mesurées, les échantillons
sont placés à l’étuve pour obtenir la teneur en eau finale. Les densités sèches et humides ont
été calculées à partir des caractéristiques de l’éprouvette (diamètre et hauteur) et de la teneur
en eau initiale.
Limite de
Teneur en Facteur de Diamètre Hauteur Densité Densité Valeur de
retrait
eau initiale retrait linéaire échantillon échantillon sèche humide bleu
effective

N°sondage Prof. (m) Facies wi (%) wRe (%) Rl (-) Ø (mm) H0 (mm) d/ w h/ w Vb (80µm)

P1/A 1,20 A/BOG 23,40 15,00 0,28 44,00 22,00 1,62 2,09 6,60
P2/A 1,20 A/BOG 22,40 10,00 0,47 42,50 21,00 1,66 2,03 10,00
P3/B 1,30 A/BOG 21,40 12,50 0,90 43,40 24,60 1,69 2,09 6,00
P2/B 2,60 A/N 36,70 12,00 0,47 44,40 21,20 1,31 1,78 11,20

Tableau 3.7 : Résultats des essais de dessiccation avec détermination de la limite de retrait effective et du
facteur de retrait linéaire, réalisés sur quatre échantillons intacts issus des fosses du site
expérimental (Formation de Brach).

196
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Une représentation sur un même graphique de la courbe de retrait linéaire effectif


« déformation axiale-teneur en eau » des quatre matériaux testés est illustrée à la figure 3.34.

10%

P1-A
9%
P2-A
P2-B
8%
P3-B

7%
Déformation ΔH/HO (%)

W Re
Rl
6%

5%

4%

3%

2%

1%

0%
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%
Teneur en eau w (%)
Figure 3.34 : Evolution des déformations verticales en fonction de la teneur en eau (courbe de séchage)
lors des essais de dessiccation à l’air libre sur quatre échantillons intacts de la formation de
Brach (norme XP-P 94-060-2).

À la figure 3.34 sont représentées les courbes de retrait (ou courbes de séchage) de
quatre échantillons intacts argileux naturellement surconsolidés, qui ont été desséchés
progressivement à l’air libre. La pente de la courbe de retrait permet de déterminer le facteur
de retrait linéaire Rl (Figure 3.34). L’intersection entre la pente du retrait linéaire et
l’asymptote horizontale de la courbe lorsque les variations de volume sont quasi-nulles
permet d’en déduire la valeur de la limite de retrait effective WRe (%). La limite de retrait
effective sur sol intact dépend fortement de l’état initial du sol et de son degré de
consolidation. La limite de retrait est liée à la plasticité du sol et croît avec la limite de
liquidité (B.R.E, 1980). La figure 3.34 montre que l’argile noirâtre du faciès A/N (P2-B)
présente un facteur linéaire beaucoup plus important que celui des trois échantillons du faciès
A/BOG, confirmant un caractère très rétractant de cette argile. Les sols argileux du faciès
A/BOG, commun à la formation de Brach, présentent des limites de retrait effectives
largement inférieures à leur teneur en eau naturelle, indiquant un potentiel de retrait moyen à
élevé. De même, les valeurs élevées de bleu sur la fraction < à 80 µm (Tableau 3.7) (Vb > 6)
indiquent globalement des valeurs élevées qui confirment un potentiel de retrait important.
Si l’on trace la variation de l’indice des vides en fonction de la teneur en eau (Figure
3.35), on retrouve des courbes analogues aux précédentes courbes de retrait par séchage, où
l’indice des vides remplace le taux de déformation, ou la variation du volume total de
l’échantillon. En effet, dans le domaine saturé, on considère que la variation de volume d’eau

197
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

dans l’échantillon est égale à la variation de volume du sol. Sur un chemin de séchage, les sols
argileux naturels non cimentés (et surconsolidés) suivent normalement, au début, la droite de
saturation d’équation : e = w (γs/γw) (Kheirbek-Saoud et al., 2007). Ensuite, lorsque la teneur
en eau décroît, l’indice des vides tend vers une valeur constante. La limite de retrait (WR) est
définie à l’intersection de la droite de saturation et de l’asymptote horizontale de la courbe
lorsque w tend vers 0.
1.2

1.1

Séchage à l'air libre


1.0

0.9
Indice des vides e (-)

Ligne de saturation
e R3 e=w(γs/γw)
0.8

WR3
0.7

+ Etat initial
0.6

eR2 P1/A
P2/A
0.5
e R1 WR2 P2/B
P3/B
WR1
0.4
0.0% 5.0% 10.0% 15.0% 20.0% 25.0% 30.0% 35.0% 40.0% 45.0%
Teneur en eau W (%)

Figure 3.35 : Variation de l’indice des vides en fonction de la teneur en eau (courbes de retrait) de sols
argileux naturels surconsolidés issus du site expérimental (Formation de Brach).

On peut caractériser le potentiel de retrait du sol R par la différence entre les indices des
vides des deux points extrêmes de la courbe de séchage (Kheirbek-Saoud et al., 2007).
L’avantage de cette définition pour ces auteurs est de prendre en compte un indicateur
directement lié à la déformation volumique du sol. Le point de séchage complet eR est bien
défini et relativement facile à obtenir, car il correspond à l’étape où l’on fait sécher
l’échantillon à l’étuve après la fin des déformations mesurées. Pour assurer la cohérence des
résultats, le point initial sera choisi suivant deux états :
- e0, l’indice des vides à la teneur en eau correspondant à la teneur en eau naturelle (cas
d’un sol réel normalement humide),
- eL, l’indice des vides à la teneur en eau correspondant à la limite de liquidité (état
saturé).
Pour quantifier le potentiel de retrait Rnat dans le cas d’un sol naturel et Rmax dans le cas
d’un sol saturé, on utilise les relations établies par Kheirbek-Saoud et al. (2007) :
Rnat = (e0-eR)/(1+e0)
Rmax = (eL-eR)/(1+eL)

198
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Cette méthode a été appliquée aux échantillons de la formation de Brach et les résultats
sont présentés à la figure 3.35, en considérant les deux cas de conditions initiales comme
définies précédemment. Les résultats sont résumés au tableau 3.8.
Indice des Indice des
Limite de Limite de Indice des Limite de
vides à W vides à état Potentiel de retrait
liquidité plasticité vides final retrait
naturel saturé (W L)
N°sondage Prof. (m) Facies e0 (-) eL (-) W L (%) W P (%) eR W R (%) Rnat Rmax
P1/A 1,20 A/BOG 0,63 1,73 64,40 15,90 0,55 (eR2) 20,50 (W R2) 0,05 0,43
P2/A 1,20 A/BOG 0,60 1,60 59,80 18,80 0,55 (eR2) 20,50 (W R2) 0,03 0,40
P3/B 1,30 A/BOG 0,57 1,47 54,00 15,00 0,50 (eR1) 18,50 (W R1) 0,05 0,39
P2/B 2,60 A/N 1,03 2,07 76,80 23,70 0,84 (eR3) 31,00 (W R3) 0,10 0,40

Tableau 3.8 : Valeurs des paramètres de retrait issus de la courbe de retrait e=f(w) pour les quatre
échantillons de différents faciès argileux du site expérimental de Pessac.
Les valeurs du potentiel de retrait Rnat à l’état humide initial du sol sont assez faibles
pour les matériaux du faciès A/BOG, et ces valeurs deviennent élevées pour le faciès A/N
(Rnat ≥ 0,10). Par ailleurs, si l’on considère la teneur en eau initiale proche de celle de la limite
de liquidité, on constate que les valeurs du potentiel de retrait maximum Rmax deviennent très
élevées à 0,40 pour l’ensemble des échantillons. On en déduit que le potentiel de retrait, déjà
important pour les argiles noirâtres à l’état naturel, ne s’exprime pour le faciès A/BOG qu’à
partir de teneurs en eau très élevées proche de la limite de liquidité (état de saturation). On
constate ainsi que les sols à fort risque de retrait ont des valeurs Rnat ≥ 0,10, et correspondent
à des sols naturels non cimentés et surconsolidés. De plus, les courbes de retrait établies pour
quatre types de sols argileux de deux faciès de la formation de Brach fournissent la possibilité
d’obtenir l’indice des vides et la teneur en eau de retrait d’un sol argileux, connaissant sa
limite de liquidité. En raison d’un nombre de points très insuffisants, la confirmation d’une
corrélation entre la limite de liquidité et la déformation volumique n’a pu être réalisée, mais
elle a été établie pour des sols argileux parisiens et du Sud de la France (Kheirbek-Saoud et
al., 2007).
Lors des essais de dessiccation sur des échantillons prélevés à l’état naturel, aucune
fissure n’est décelable à l’observation. Dès le début du séchage à l’air libre (sans
réhumidification antérieure), depuis l’état naturel jusqu’à la limite de retrait effective, le
retrait provoque la création d’un réseau de fissures fines sur les échantillons P2/B (faciès
A/N) et P1/A (faciès A/BOG silteux) (Figure 3.36).

a) b)

Figure 3.36 : Observation visuelle du réseau de fissures à la surface de deux échantillons : a) P2/B
(faciès A/N) ; b) P1/A (faciès A/BOG silteux) après un séchage de l’état naturel jusqu’à
leur limite de retrait effective respectivement de 12,5 % et 15 %.
199
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Pour les échantillons P2/A et P3/B du faciès A/BOG, aucune fissure n’a été relevée
visuellement à la surface de ces matériaux homogènes (Figure 3.37).

a) b)

Figure 3.37 : Observation visuelle de l’absence de fissures à la surface de deux échantillons : a) P3/B
(faciès A/BOG) ; b) P2/A (faciès A/BOG) après un séchage de l’état naturel jusqu’à leur
limite de retrait effective respectivement de 12 % et 10 %.

2.4.5 Conclusions
Cette partie regroupe l’ensemble des essais géotechniques en laboratoire réalisés sur des
échantillons remaniés, ainsi que les essais de compressibilité et de gonflement sur les
matériaux intacts issus du site expérimental de Pessac, situé sur la formation argileuse de
Brach. Les résultats de l’étude minéralogique montrent que les échantillons du faciès d’argile
bariolée ocre-gris (A/BOG) de la formation de Brach ont une composition minéralogique
voisine, composée essentiellement de kaolinite et de muscovite/halloysite et pauvre en
smectites. Les faciès A/N et A/BOR présentent une quantité de smectites et d’interstratifiés
illite-smectites plus élevées que ceux du faciès A/BOG (2 à 22 %). Les essais géotechniques
montrent que l’ensemble des matériaux prélevés ont globalement une granulométrie fine (C2
moyen de 50 %), contrariée par des passées sableuses à différentes profondeurs selon les
sondages. Les matériaux argileux sont plastiques voire très plastiques, moyennement denses,
dépourvus de carbonates, avec un potentiel de gonflement moyen à très fort. L’étude détaillée
de deux profils réalisés dans le faciès A/BOG met en évidence une continuité de ce faciès à
l’échelle des deux sondages, avec un enrichissement en particules fines s’accompagnant d’une
augmentation de la plasticité entre 1,50 m et 3,50 m de profondeur.
Les essais de compressibilité, de gonflement libre et de pression de gonflement ont
permis de déterminer le degré de consolidation, le potentiel de gonflement et la pression de
gonflement de ces sols argileux. Les variations de ces grandeurs sont fonction de
l’hétérogénéité de faciès rencontré au sein de cette formation argileuse et de l’état initial des
sols (teneur en eau, densité sèche). Une forte aptitude au gonflement et au retrait a été
observée pour les argiles noirâtres du faciès A/N et pour les argiles bleutées du faciès A/B
dans leur état naturel et intact. Par contre, malgré leur limite de plasticité élevée et une
pression de gonflement plus élevée que les argiles du faciès A/BOG caractéristique de la
formation de Brach, les argiles noires du faciès A/N présentent un taux de gonflement libre
très faible. La différence de comportement peut être liée à un degré de consolidation très élevé
des argiles noires et l’application d’une charge importante leur permet d’exprimer leurs
propriétés de gonflement pour des chargements importants qui efface l’état de
surconsolidation élevé.

200
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

3. L’instrumentation utilisée sur site

Cette partie présente l’implantation de la zone d’instrumentation, les différents types de


suivis mis en place et le choix des différents capteurs retenus avec les contraintes de mise en
place.

3.1 Implantation du site expérimental


Après la campagne de prospection géophysique, complétée par des essais géotechniques
menés sur les matériaux prélevés dans différents sondages réalisés sur l’ensemble du site
expérimental, il a été défini une zone d’étude plus restreinte dite « Station expérimentale »
(Figure 3.38). Le sol d’assise de cette petite zone d’étude, de dimensions 10 m x 10 m, est
essentiellement composée d’une argile bariolée ocre-gris du faciès A/BOG, voire A/BOR
avec des passées silteuses, présentant des propriétés géotechniques relativement homogènes
avec un potentiel de retrait et de gonflement moyen à élevé. Cette zone va servir à
l’instrumentation du sol argileux de la formation de Brach, constituant le sol d’assise du
quartier de Cap de Bos, à l’origine des sinistres recensés sur habitations. Une clôture
métallique, d’environ 2 m de hauteur, est installée autour de cette zone afin de garantir la
sécurité du matériel par rapport aux animaux et aux personnes.

 89 m

S2
S3

T03

P4
96 m
Station expérimentale
10 m S4
S10 SC2
P5
10 m

SC1 S7
S9
S8 T04
P2

 Chêne (H>5m)
S1

Figure 3.38 : Localisation de la station expérimentale (rectangle rouge) au sein du site d’étude sur la
commune de Pessac, où est localisé l’ensemble des sondages de reconnaissance réalisés.

Afin de comprendre les mécanismes de déclenchement du phénomène de retrait et de


gonflement, et de prédire l’amplitude des déplacements verticaux des sols argileux de la
région en fonction de la profondeur et des variations saisonnières de teneur en eau, un

201
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

dispositif d’instrumentation a été mis en place entre mars 2008 et février 2009, grâce à la
subvention d’accompagnement de la thèse par la région Aquitaine. L’emplacement de
l’ensemble des capteurs mis en place dans cette station est décrit à la figure 3.39.

Le dispositif installé, qui sera détaillée ultérieurement, comprend (cf. Figure 3.39) :
- une station météorologique, avec un pluviomètre à auget, des capteurs mesurant
l’humidité relative de l’air, la température de l’air et la pression atmosphérique ;
- une chaîne de capteurs mesurant la température du sol ;
- trois humidimètres type TDR-TRIME pour réaliser des profils de teneurs en eau
jusqu’à 3 m de profondeur ;
- quatre sondes capacitives type ECH20-EC5 pour mesurer la teneur en eau du sol à
différentes profondeurs : 0,50, 1, 2 et 3 m ;
- trois sondes d’humidité type THETAPROBE pour mesurer à différentes profondeurs
la teneur en eau : 1, 2 et 3 m ;
- trois systèmes extensométriques (1 manuel et 2 automatiques) afin de mesurer les
déplacements verticaux des sols entre 0,50 m et 10 m, voire 15 m de profondeur.

Sondes capacitives
d’humidité type ECH2O-5
Extensomètre Telemac
manuel (10m) Station I 0,50 m
II 1,00 m
H1 météorologique III 2,00 m
Extensomètre BRGM IV 3,00 m
automatique (10m)
II H3
I Chaîne température

H2 Sondes TDR TRIME-FM3

III IV
The2 Sondes FDR d’humidité
Ø cercle = 1,20 m type ThetaProbe ML2x
d capteur = 1,00 m
d capteur = 0,60 m
The1 3,00 m
The3 The1 The2 2,00 m
Centrale
The3 1,00 m
automatique

Limite de la station
expérimentale
Extensomètre Glotzl
automatique (15m)
Figure 3.39 : Plan schématique du dispositif expérimental mis en place dans la station expérimentale
(représentée en encadré rouge à la figure 3.38).

L’ensemble des techniques de mesures de ces différents capteurs est présenté en détail
au paragraphe suivant. En complément du suivi climatique local sont mesurés les
déplacements des sols en fonction de l’évolution de leur teneur en eau mesurée. Un dispositif
de tomographie de résistivité électrique est également installé à proximité de la station pour
tenter d’évaluer à grandeur réelle (sur une coupe en profondeur) l’évolution hydrique des sols
suivant les variations saisonnières. Ces résultats seront décrits au §.3.3.

202
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

3.2 Technologie des mesures de terrain

Un des objectifs de cette thèse est d’apporter des éléments de connaissance quant à la
manière dont un sol argileux peut se dessécher et se réhumidifier sous l’effet des variations
climatiques annuelles (et de la végétation). Des dispositifs de mesures ont été placés sur le site
expérimental de Pessac, avec l’objectif de caractériser le phénomène de retrait-gonflement en
termes de profondeur, d’amplitude et de cinétique. Le but est d’analyser le comportement de
la zone active du sous-sol argileux sous une fondation superficielle et jusqu’à 3 m de
profondeur. Cette partie décrit les techniques de mesures utilisées permettant le suivi des
profils hydriques, des déplacements verticaux et des propriétés électriques de sols argileux
reconnus comme sensibles vis-à-vis du phénomène de retrait-gonflement. L’expérience et les
données acquises à partir du site de Pessac font de celui-ci un des deux sites de référence
national de suivi et d’alerte vis-à-vis du phénomène de retrait-gonflement, afin de mieux
caractériser les périodes de sécheresse exceptionnelle. Cette étude expérimentale permettra de
fixer des critères plus précis sur la profondeur de la sécheresse pour des sols argileux du
quaternaire de la région bordelaise, et pour un climat de type océanique humide.

3.2.1 Mesure des conditions météorologiques et de la température des sols


Afin de recueillir les conditions météorologiques propres au site expérimental,
complémentaires de celles de la station Météo-France de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac
(située à vol d’oiseau à environ 6 km), une station météorologique a été mise en place à
proximité immédiate des capteurs de mesures (Figure 3.40). En effet, les précipitations ont la
particularité d’être très variables d’un point à un autre, suivant le climat, les vents et
l’environnement. L’implantation de cette station a consisté en premier lieu à s’éloigner au
maximum de l’unique gros chêne situé en bordure du chemin d’accès, afin d’avoir une
distance supérieure à la hauteur de l’obstacle pour la station. Le terrain est horizontal, entouré
d’une surface dégagée comme on peut le voir à la figure 3.40.
(Source : M. Chrétien, 2008)

Figure 3.40 : Implantation de la station météorologique iMetos® (Pessl Instruments) et vue détaillée
du secteur de la station avec ses capteurs.

La station iMetos®ag de Pessl Instruments GmbH est un système d'acquisition


universel, fixé sur un mât de 2 m de hauteur et muni de capteurs suffisamment précis pour
mesurer les paramètres météorologiques suivants : la température extérieure, la pression
atmosphérique, l’humidité relative de l’air, la pluviométrie et la température du sol (Figure

203
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

3.40). La station est autonome, sa batterie de 6V est rechargée par l’alimentation d’un
panneau solaire fixée sur celle-ci. Les données météorologiques sont enregistrées en continu
avec un pas de 5 minutes, ce qui donne une valeur moyenne par heure, puis les données sont
stockées (volume de stockage de 10 MB) et transmises automatiquement toutes les 3 heures
par le réseau GPRS à une base de données sur le serveur internet de Pessl Instruments (portail
d’accès : www.fieldclimate.com ; Figure 3.41).

Figure 3.41 : Illustration des données émises par la station et transmises sur le serveur internet du
fabricant Pessl Instruments.

La mesure des précipitations liquides et solides est effectuée à l’aide d’un pluviomètre à
augets, d’une capacité maximum de 12 mm/minute, permettant une simplicité et une
robustesse des mesures. Une chaîne de cinq sondes de température (Campbell Scientific) pour
une utilisation dans le sol est branchée directement à la station météorologique. Cette chaîne
se compose de capteurs type thermistance IMT 100, disposés le long de la chaîne de 5 m de
long à 0,50 m, 1 m, 2 m, 3 m et 5 m. Le dispositif de mesure a été installé en pied du mât de la
station. Les caractéristiques intrinsèques des instruments de mesure de la station sont données
au tableau 3.9 ci-dessous, qui seront déterminantes dans la qualité finale de nos données.

Paramètre Résolution Erreur tolérée


± 0,1°C pour l’air ± 0,5°C pour l’air
Température
± 0,1°C pour le sol (IMT 100) ± 1°C pour le sol
Humidité de l’air ± 1 % (capteur HC103) ±3%
± 0,2 mm pour les liquides ± 5 % pour les liquides
Précipitations
± 0,2 mm pour les solides ± 10 % pour les solides
Pression atmosphérique ± 1 mbar ± 0,5 %

Tableau 3.9 : Caractéristiques intrinsèques sur la qualité des instruments de mesure branchés à la
station iMetos® (Doc. Fabricant Pessl Instruments, 2008).

204
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Problèmes techniques : Au démarrage de l’acquisition, le nombre trop important de transmissions


des données par jour, couplé à l’alimentation des capteurs, a causé une surconsommation de la batterie
et une impossibilité du panneau solaire à recharger entièrement le déficit de la batterie. Ceci a eu pour
conséquence plusieurs interruptions de transmissions et de stockage des données, entraînant la perte de
données pendant quelques jours (qui seront visibles sur les graphiques des résultats fournis
ultérieurement). Il a donc fallu créer une boîte de dérivation pour brancher la chaîne de température et
les capteurs de teneurs en eau, alimentée par six piles (type LR06), afin de pouvoir soulager la batterie
principale et assurer une tension continue (2,5 V) aux capteurs connectés très sensibles aux variations
de tension.

3.2.2 Mesure des teneurs en eau du sol


Le choix des capteurs pour le suivi des teneurs en eau dans les sols a été déterminé en
fonction de l’aptitude des capteurs à mesurer des teneurs en eau dans les sols argileux, du
coût, de la fiabilité et de la capacité à pouvoir mettre en place des capteurs aux différentes
profondeurs (jusqu’à 3 m de profondeur). Compte tenu des défaillances de capteurs de mesure
d’humidité des sols constatées lors du programme ARGIC et de l’expérience de Météo-
France, nous avons choisi de tester trois systèmes de techniques différentes dans une même
argile afin d’obtenir un suivi des teneurs en eau, et de déterminer la fiabilité des capteurs mis
en œuvre. Nous avons utilisés des sondes capacitives ECH20 EC-5, des humidimètres TDR
TRIME-FM3 et FDR-ThetaProbe ML 2x.

3.2.2-1 Sondes capacitives type ECH2O EC-5 (Decagon Devices)

Description :
Les sondes ECH20 EC-5, du fournisseur anglais Decagon Devices, sont des sondes
capacitives mesurant la constante diélectrique ε des sols afin de la relier indirectement à la
teneur en eau volumique du matériau testé. Le nom de ces capteurs se base sur une
technologie dite « Frequency Domain » (FD) permettant de mesurer la capacitance
(directement liée à la constante diélectrique) du sol entre les électrodes du capteur (ECH20
Probe user manual, 2001). Il s’agit des sondes les moins onéreuses du marché pour ce type de
mesures, et qui sont fréquemment employées par les agronomes (Figure 3.42).

Figure 3.42 : Capteur ECH2O EC-5 (Decagon Devices)

Principe de la mesure :
Le principe des sondes capacitives consiste à émettre un pulse électromagnétique (EM)
d’une même fréquence (70 MHz) sur un temps de transit plus long (10 ms). Cette onde EM va
se propager le long des électrodes en forme de « broche » (Figure 3.42) et générer un champ
électrique dans l'environnement immédiat du capteur. Les caractéristiques de ce champ EM
sont fonction des propriétés du sol. On peut donc en déduire une mesure de la teneur en eau
volumique. Cependant, plus la fréquence est faible, plus les capteurs sont influencés par la

205
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

conductivité ionique et la salinité des différents types de sols. Compte-tenu de cette sensibilité
marquée en fonction de la nature chimique des sols, des calibrations en usine ont été établies
pour les sols organiques et les sols minéraux (la plupart des sols). Considérant l’impossibilité
d’entrer une calibration spécifique au site avec notre dispositif, nous utiliserons les équations
de calibration d’usine pour les sols minéraux.

Caractéristiques du matériel et calibration :


Les caractéristiques sur la précision des mesures d’humidité volumique, données par le
constructeur, sont précisées au tableau 3.10 suivant. Pour que les mesures soient correctes, il
convient de toujours s’assurer qu’une intensité continue de 10 mA soit délivrée au capteur.
Les données sont enregistrées en continu une fois toutes les 5 minutes, ce qui nous donne une
valeur moyenne par heure, puis les données sont stockées et envoyées de la même façon que
les données météorologiques par GPRS sur le serveur de Pessl. En effet, les sondes sont
directement reliées à la centrale d’acquisition de la station météorologique.

Paramètre Résolution Erreur tolérée Alimentation


± 0,1 % pour les sols ± 3 % pour les sols
Teneur en eau
minéraux minéraux Voltage d’entrée
volumique
± 0,25 % pour les sols ± 3 % pour les sols 2,5 V (10 mA)
Capteur ECH20-EC5
organiques organiques
Tableau 3.10 : Précision des mesures d’humidité volumique et des domaines d’application des sondes
capacitives ECH20 EC-5 (ECH20 Probe user manual, 2001).

La courbe de calibration générale donnant la teneur en eau volumique θv pour les sols
minéraux, et utilisée dans notre étude, est :

v 0,00085.X (mV ) 0,48


Cette équation est valable pour des sols possédant des conductivités électriques entre 1 et
10dS/m, pour une gamme de mesure de θv allant de 0 à 60 % avec une mesure en millivolt.

Mise en place :
Quatre sondes capacitives ont été installées à 0,50 m, 1 m, 2 m et 3 m de profondeur
(Figure 3.43). La mise en place a nécessité des pré-forages en diamètre 40 mm pour chacune
des profondeurs requises, avec un arrêt 5 cm avant la côte requise afin d’enfoncer les sondes
dans l’argile. Comme il s’agit de cartes avec des circuits imprimés solidaires du câble
d’alimentation, les sondes sont très fragiles et ne sont pas réparables. Les sondes ont été
enfoncées délicatement dans le sol à chacune des profondeurs afin de s’assurer d’un bon
contact avec le milieu étudié. Une fois les pré-forages et la pose des capteurs réalisés, les
forages ont été comblés avec un mélange d’argile prélevée sur place et de bentonite afin de
colmater le forage et éviter l’infiltration d’eau par gravité le long des câbles au droit de
chacun des capteurs.

206
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

(Source : M. Chrétien, 2008)


Chaîne de
température

EC-5 0,50m

EC-5 1m EC-5 3m
EC-5 2m

Figure 3.43 : Mise en œuvre et implantation des quatre sondes capacitives reliées à la station
météorologique.

Problèmes techniques : Après la résolution des soucis d’alimentations de la station météorologique,


des doutes sont apparus sur le fonctionnement de deux sondes placées à 1 m et 2 m de profondeur
(tension de sortie aberrante de l’ordre du million de mV). Après l’assistance technique du
constructeur, il s’est avéré que la sonde placée à 2 m était hors service (probablement dû à une
surtension du capteur), et que celle placée à 1 m fonctionnait par intermittence. Il a donc été donc
choisi d’en installer une seconde à 1 m de profondeur, à proximité immédiate de la première.

3.2.2-2 Humidimètre de sol type TDR, modèle TRIME-FM3® (IMKO)


Description :
Le TRIME-FM3 (Time domain Reflectometry with Intelligent MicroElements) est un
humidimètre de sol portable développé à partir des années 1980 autour de la technologie de
« la réflectance temporelle » (Time Domain Reflectometry ou TDR) (IMKO user manual,
2006). Cet appareil léger (~ 1,2 kg) mesure la constante diélectrique du matériau, reliée à la
teneur en eau volumique des sols (Figure 3.44-a&b). Les antennes, contenues dans la sonde,
constituent les guides d'ondes nécessaires à la transmission du signal du sol vers l'appareil.
Teneur en eau volumique Hv

0 20 40 60
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
1,1
1,2
1,3
1,4
Profondeur (m)

1,5
1,6
1,7

a) b) 1,8
1,9
2
Sonde –tube Trime FM 3 Nécessite un étalonnage 2,1
2,2
Figure 3.44 : a) Humidimètre
(Sdec France)TRIME-FM3 représenté avec sa sonde-tube
spécifique au terrainT3 ; b) Implantation de la
(réalisé) 2,3
sonde-tube en situation avec la sonde TRIME-T3 pour réaliser les mesures de teneur 2,4
2,5
en eau dans le tube-sonde en PVC de forage (IMKO, 2006). 2,6
2,7
2,8
2,9
-Traitement : passage wv (%) à wm (%) 3

Profil hydrique
 Wm = Wv × d sol
207
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Principe de la mesure :
Le principe TDR consiste à émettre un pulse de très haute fréquence (entre 600 MHz et
1,2 GHz) qui va se propager le long des électrodes et générer un champ électromagnétique
dans l'environnement immédiat de la sonde. La profondeur efficace de pénétration est à peu
près de 15 cm dans le voisinage immédiat du tube d’accès. La figure 3.45-a ci-après montre la
distribution du champ électrique de la sonde et le volume approximatif mesuré. Depuis
l'extrémité des électrodes, le pulse de fréquence va alors être réfléchi vers sa source. Le temps
mis par cette impulsion « retour » (de 3 à 10 picosecondes) sera fonction du taux d’humidité
du sol. L’appareil analyse le temps de transit de l’onde émise dans le câble, dans la sonde et le
tube d’accès, puis celui de l’impulsion retour réfléchie sur le sol (Figure 3.45-b). La teneur en
eau volumique est alors calculée dans le boîtier centralisateur, car la mesure volumique
elliptique (de par la forme du volume d’investigation) permet une grande exploration dans le
sol en calculant la moyenne arithmétique des valeurs obtenues (2 prises de mesures minimum
par point de mesure pour réduire la perturbation électromagnétique du sol).
V
Volume effectif de mesure

Lignes Plaques aluminium


équipotentielles
a) b)
Figure 3.45 : a) Distribution des champs de forces électriques d’une sonde TRIME-T3 et sa zone de
mesure approximative ; b) méthode de mesure de l’impulsion TDR en fonction du temps de
transit (d’après Fundiger & Köhler, 1992 et Auzet A.V. et al., 1998).

La relation entre la teneur en eau volumique et la teneur en eau massique est :

v Wm Ds

Avec θv : teneur en eau volumique (%) ; Wm : teneur en eau massique (%)


Ds : densité sèche apparente du matériau

Caractéristiques du matériel et calibration :


L’établissement de profils hydriques est réalisé avec cette méthode à l’aide de la mise
en place dans le sol de sonde-tubes d’accès pour la sonde de mesure TRIME-T3 (comme on le
voit à la figure 3.44-a et b). Le tube d’accès est de 44 mm de diamètre, en matériau plastique
PVC spécial type TECANAT et d’une longueur de 3 m. La sonde T3 mesure 17 cm de long et
est particulièrement adaptée pour mesurer les variations d’humidité dans les sols hétérogènes.
Les mesures et l’acquisition des données se font manuellement par l’opérateur, avec un pas de
mesure de 10 cm (on considère qu’il y a un léger recouvrement des mesures, et qu’elles sont
quasi-indépendantes entre elles). Les caractéristiques techniques intrinsèques de la sonde
humidimètre TRIME-T3 sont résumées dans le tableau 3.11 ci-après.

208
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Etendue mesure Conductivité du sol Précision


0 à 60 % teneur ± 2% dans la gamme 0 à 40 % θv
en eau volumique 0 à 10 dS/m
± 3% dans la gamme 40 à 60 % θv
(θv)
Tableau 3.11 : Spécifications techniques de mesure de la sonde TRIME-T3 (Doc. Fabricant IMKO).

La teneur en eau volumique est calculée par la mesure du temps de transit en 3 étapes :
- la compensation initiale : c’est la transformation du temps de transit « t » en un
« pseudo-temps de transit tp » dépendant des coefficients de calibration du câble
d’usine et de la sonde. La calibration de ces éléments est réalisée en usine dans un bac
en verre remplie de billes de verre. Le bac est soit complètement sec, soit saturé en
eau. Cette calibration donne les coefficients A et D, qui sont intégrés à l’appareil pour
réaliser les mesures.

tp (t A)
D
- la calibration universelle : cette calibration permet de déterminer la teneur en eau
volumique de la plupart des sols minéraux. Les coefficients de calibration c0 à c5 de la
fonction polynomiale ont été déterminés de façon empirique par le constructeur de
façon à couvrir une large gamme de variations applicable à tous les types de sols.

5
i
v ci t p
i 0

c0
Avec ci : c où c0 est la vélocité de la lumière (3.108m/s),
r
μr = 1 pour des matériaux non-magnétiques,
r
εr = la constante diélectrique du matériau.

On peut utiliser alors l’étalonnage « universel » de Topp et al. (1980) :


θv = -5,3.10-2 + 2,9.10-2 εr – 5,5.10-4 εr2 + 4,3.10-6 εr3

- la calibration spécifique : une nouvelle fonction de calibration peut être réalisée à


l’aide du programme TRIME-WinCal pour donner de nouveaux coefficients c0 à c5
spécifiques au sol étudié.

Cette calibration spécifique n’a pu être effectuée mais une corrélation a été établie entre
les teneurs en eau volumiques (mesurées tous les 0,50 m) et les teneurs en eau massiques,
obtenues sur des échantillons issus des trois forages de 3 m de profondeur sur le site
expérimental. Les matériaux ont été prélevés tous les 0,50 m le jour du forage en juin 2008.
Les résultats de l’étalonnage spécifique sont illustrés à la figure 3.46 ci-dessous.

209
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

50.0
(réalisé le 17/06/2008)
48.0 y = -0.0132x3 + 1.5899x2 - 43.54x + 378.25
46.0
R² = 0.6637

44.0

42.0

40.0
θv olumique obtenu au TDR (%)

38.0

36.0

34.0

32.0

30.0

28.0 y = -2.9311x + 82.44


26.0 R² = 0.5541
24.0

22.0

20.0

18.0

16.0

14.0

12.0
12.0 13.0 14.0 15.0 16.0 17.0 18.0 19.0 20.0

θ massique du sol (%)

Figure 3.46 : Corrélations spécifiques au site expérimental sur Pessac entre la teneur en eau massique et
la teneur en eau volumique (régression linéaire R2 = 0,74 et fonction polynomiale d’ordre
3 avec un coefficient de régression linéaire R2 de 0,81).

Mise en place :
La mise en place de ces tubes dans le sol est très délicate, car si la sonde-tube n’est pas
entièrement au contact de la paroi du sol, on mesurera soit la permittivité de l’air dans les
vides entre la paroi et le tube, soit la permittivité de l’eau qui, par gravité, s’infiltrera de la
surface dans les vides. De la bonne mise en place du tube d’accès dépendra la bonne
précision et représentativité dans les mesures. De plus, la mise en place du tube nécessite
un forage le plus vertical possible afin de ne pas perturber l’insertion du tube, ou de créer des
« coudes » qui pourraient déformer le tube et empêcher l’insertion de la sonde dans le tube
pour les mesures.
Compte tenu de ces contraintes, nous avons réalisés des forages verticaux à la tarière
manuelle type Edelman de 40 mm de diamètre et de 3 m de profondeur. En creusant en
diamètre légèrement inférieur à celle du tube, on s’assure que le sol argileux encaissant va se
refermer au cours de quelques semaines sur la paroi du tube, favorisant le contact entre le tube
et le sol. Une fois le forage réalisé et nettoyé, le tube d’accès est foncé manuellement dans le
sol à l’aide de la tarière jusqu’à 3 m de profondeur. Une fois le tube installé, il est scellé en
profondeur par un bouchon en caoutchouc que l’on pousse jusqu’au bout du tube, puis en
surface par un bouchon plastique pour le protéger de la pluie. Un collier en plastique est placé
en surface autour du tube afin d’éviter que l’eau ne s’écoule le long de la paroi du tube.
Avant de réaliser la première mesure, nous avons attendu deux semaines pour laisser le
temps à l’eau résiduelle de s’évacuer, et ainsi considérer que les mesures soient
représentatives, et ainsi laisser le temps à l’eau résiduelle de s’évacuer. En effet, lors du
forage en juin 2008, l’eau contenue dans la couche humifère superficielle (d’environ 0,50 m)
s’est déversée dans le forage, créant une succion importante sur la paroi du tube (espace

210
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

annulaire très réduit). Cette forte succion de surface empêche d’enfoncer totalement le tube
jusqu’à 3 m, lançant les tubes dépassés en surface de 5 à 10 cm.

3.2.2-3 Humidimètre de sol type FDR avec les sondes ThetaProbe (Delta-T Devices)

Définition :
Les sondes ThetaProbe ML2x (Delta-T Devices) mesurent la teneur en eau volumique
θv des sols, en se basant sur la mesure de la constante diélectrique des sols rencontrés. Cette
technique utilise la méthode « FDR » (Frequency Domain Reflectometry) qui applique une
onde haute fréquence de 100 MHz le long de la sonde (Thetaprobe user manual, 1999). La
différence de voltage entre l’onde émise par la sonde et l’onde réfléchie par le sol est fonction
des propriétés diélectriques du milieu, et donc de sa teneur en eau. Ces sondes ThetaProbe
(Figure 3.47) ont été développées en 1994 conjointement par l’Université de Cambridge
(Miller et Gaskin, 1994 et 1997) et Delta-T Devices UK.

Figure 3.47 : Sonde ThetaProbe ML2x, avec vue en plan du capteur, reliée à la centrale d’acquisition
DL6 (Thetaprobe user manual, 1999).

Principe de la mesure :
Le principe FDR est relativement semblable à celui du TDR précédemment décrit, et
consiste à émettre un pulse de haute fréquence (100 MHz) qui va se propager le long des
électrodes et générer un champ électromagnétique dans l'environnement immédiat de la
sonde. La fréquence de 100 MHz a été choisie de façon à minimiser au maximum les effets de
la conductivité ionique des sols, qui peut influer sur l’impédance du signal et changer la
constante diélectrique du sol ε. La profondeur efficace de pénétration du signal est à peu près
de 15 cm dans le voisinage immédiat du tube d’accès. Le signal est émis par la sonde, sort au
milieu des trois électrodes (Figure 3.47) et le pulse de fréquence va alors être réfléchi vers sa
source. Une seconde de préchauffage de la sonde est nécessaire, puis le temps de réponse de
l’impulsion est de cinq secondes, ce qui permet une stabilité de la mesure.

211
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

La teneur en eau volumique peut s’exprimer soit en pourcentage (%), soit comme un
ratio (m3.m-3). La figure 3.48 montre l’écran d’accueil du programme permettant de visualiser
les mesures de teneurs en eau volumique, exprimées ici en m3.m-3 en fonction du temps.

Figure 3.48 : Illustration des données transmises par les sondes ThetaProbe au logiciel DeltaLink de la
centrale d’acquisition DL6.

Caractéristiques du matériel et calibration :


Le corps de sonde est en PVC robuste de 20 cm de long, avec trois électrodes d’acier
inox (6 cm de long), et sont démontables. Les sondes sont montées sur des tubes d’extension
en PVC vissés de 1 m de long pour : (1) faciliter leur mise en place, (2) insérer les sondes au
contact du sol étudié et (3) les extraire des sols en cas de panne. Trois sondes ont été mises en
place sur le site à 1 m, 2 m et 3 m de profondeur. Les sondes sont reliées à une centrale
d’acquisition DL6 (Delta-T Devices), dédiées aux mesures de teneurs en eau avec 6 voies
analogiques. Cette centrale, optimisée pour les capteurs ThetaProbe, se trouve dans un boîtier
étanche à l’eau et possède un port RS232 externe pour extraire les données par ordinateur. La
centrale fonctionne avec six piles alcalines. Elle peut stocker jusqu’à 16 000 mesures et
effectue des mesures avec un pas de 3 h. Les données sont extraites à l’aide du logiciel du
fournisseur DeltaLink. Avec ce logiciel, il a été possible de définir un programme spécifique
au site avec un pas de mesure de 3 h pour les sondes ML2x et une calibration spécifique
(entrée des coefficients a0 et a1) ; voir relation (2) ci-après.
Le constructeur fournit les relations utilisées pour le calibrage (Thetaprobe manual, 1999) :
- une relation entre le signal de sortie du capteur (V) et la racine carrée de la constante
diélectrique (√ε) :

212
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

1,1 4,44V (R2=0,99) (1)


- une relation d’étalonnage générique et stable pour les sols de type minéraux (Gaskin et
Miller, 1996) :

a0 a1 avec a0 = 1,6 et a1 = 8,4 (2) Soit v 0,05 X (mV ) 5,95

Si l’on souhaite réaliser un calibrage spécifique au site, il suffit donc de déterminer les
coefficients a0 et a1 propres au site. Pour cela, il est d’abord nécessaire de prélever des
échantillons tous les 0,50 m le long des trois forages et d’y planter les électrodes de la sonde
pour en mesurer le signal de sortie à l’état humide en Volts (Vw), soit à un état hydrique
humide du sol (Tableau 3.12 et Figure 3.49). À l’aide de l’équation (1), il est possible de
calculer l’indice de réfraction du signal, qui est l’équivalent de la racine carrée de la constante
diélectrique mesurée dans le sol. La figure 3.49 montre la relation entre l’indice de réfraction
et la teneur en eau volumique mesurée in situ sur les échantillons humides du site au niveau
des forages du site. On obtient ainsi √εw à l’état humide. Sur la figure 3.49, la relation entre
les points est linéaire, vu que la droite est calée sur des points ayant des teneurs en eau
volumiques très proches. Cette calibration reste donc relative aux mesures faites le jour de
l’installation des sondes.
0.5
Teneur en eau volumique mesurée

Prof. (m) W nat (%) Vw (m3.m-3) V0 (m3.m-3)


0,5-1,0 14,40 0,358 0,102
0.4 1,0-1,5 14,87 0,358 0,102
TH3 (3m) 1,5-2,0 15,19 0,358 0,102
(m3.m-3)

y = 0,2273x - 0,25 2,0-2,5 16,28 0,360 0,104


R² = 1 2,5-3,0 16,52 0,466 0,115
0.3
0,5-1,0 14,18 0,358 0,102
TH2 (2m) 1,0-1,5 15,29 0,358 0,102
1,5-2,0 15,67 0,360 0,104
0.2
TH1 (1m) 0,5-1,0 13,86 0,355 0,100
2.6 2.8 3.0 3.2
Sondages réalisés le 24/02/2009, par temps sec
Racine carrée de la constante diélectrique calculée (√ε)

Figure 3.49 et Tableau 3.12 : a) Figure donnant la relation entre l’indice de réfraction (équivalent à √ε) et
la teneur en eau volumique mesurée sur des échantillons argileux humides (en m3.m-3) b)
Tableau des résultats de teneurs en eau massiques correspondant aux Vw et V0 mesurées.

On recommence la même opération en séchant en étuve les échantillons prélevés,


donnant la teneur en eau sèche des échantillons, et on réalise une mesure à l’aide d’une sonde
ThetaProbe. On obtient alors √ε0 à l’état sec, qui correspond à a0. Le calcul de a1 se compose
de la façon suivante :

w 0
a1 avec θw = mh-ms/Volume échantillon (3)
w

En insérant les données acquises et en les intégrant dans les formules (1) (2) (3), on
obtient les coefficients a1 de 7,4 et a0 de 1,2. Les coefficients obtenus sont relativement
proches de ceux obtenus par le constructeur, mais sont spécifiques au site expérimental. Ces
nouveaux coefficients sont donc introduits dans le programme des sondes ThetaProbe, afin

213
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

d’obtenir une erreur sur la mesure de l’ordre de ± 0,02 à 0,03 m3.m-3. Les caractéristiques sur
la précision des mesures et le domaine d’application des mesures, fournies par le constructeur,
sont énumérées au tableau 3.13 suivant. Ces sondes sont les plus onéreuses du marché.

Etendue mesure Erreur due à la Précision


Salinité du sol
± 1 à 2 % dans la gamme 0 à 40°C (t°C du sol)
0 à 100 % teneur en 0,0001 % pour une
après étalonnage spécifique
eau volumique (θv) salinité de 0 à 250
± 5 % dans la gamme 0 à 40°C (t°C du sol)
jusqu’à 5 m de prof. mS/m
avec calibrations fournies par le constructeur
Tableau 3.13 : Spécifications techniques de la sonde ThetaProbe ML 2x (Thetaprobe user manual,
1999).

Installation :
Les trois sondes ont été disposées dans des pré-forages en diamètre 40 mm, réalisés à 1
m, 2 m et 3 m de profondeur. Les trois sondages ont été effectués à une distance de 1 m entre
les capteurs (Figure 3.50). Les pré-forages sont très légèrement inclinés, afin de réduire les
risques d’effet d’infiltration d’eau de pluie le long des tubes d’extension en PVC et éviter
qu’elles arrivent au droit du capteur. L’espace annulaire restant libre entre le tube et la paroi a
été comblé par un mélange de bentonite et d’argile extraite lors du forage. De plus, les sondes
ont été protégées de la pluie par la mise en place de capuchons en PVC de diamètre 100 mm,
comme illustrés à la figure 3.50 ci-dessous.
(Source :: M. Chrétien, 2009)

Figure 3.50 : Implantation des sondes Thetaprobe reliées à la centrale d’acquisition, avec une vue
détaillée à la sortie du tube d’extension connecté à la sonde en profondeur.

Lors des forages, l’eau superficielle contenue dans la couche humifère superficielle s’est
déversée dans les sondages. C’est pourquoi, les premières séries de mesures obtenues entre
l’installation et les 2 premières semaines ne seront pas interprétées, vu qu’il est nécessaire
d’atteindre une période de stabilisation pour l’évacuation de l’eau excédentaire.

214
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Le tableau 3.14 synthétise les caractéristiques de mesures, de mise en place et


d’enregistrement des données spécifiques à chacune des trois méthodes de mesure de la teneur
en eau volumique dans les sols naturels décrites précédemment.

Capacitives Ech20-EC5 TRIME FM3 Thetaprobe ML2x


Time Domain
Frequency Domain (70 Frequency Domain
Type mesure Reflectometry (600 MHz à
MHz) Reflectometry (100 MHz)
1,2 GHz)
Nature de sol Sol argileux (non organique)
- Forage vertical légèrement
- Forage vertical de faible - Forage vertical de faible incliné, de faible diamètre
diamètre diamètre - Tube de guidage PVC pour
Mise en place
- Sonde très fragile et non - Nécessité d’un bon faciliter la mise en place
réparable contact sol-paroi - Sonde extractible pour
réparation
Gamme des
0 à 80 % (θv) 0 à 60 % (θv) 0 à 100 % (θv)
mesures
Fiabilité 3 à 10 % 2à3% 1à2%
Calibration d’usine,
Calibration d’usine et
Etalonnage Calibration d’usine possibilité de calibration
Calibration spécifique
spécifique en option
Temps de 1 mesure toute les 10 mn, 1 mesure hebdomadaire, 2
1 mesure par heure
mesure moyennée sur une heure mesures successives
Prise de mesure Automatique Manuelle Automatique
Logiciel d’acquisition des Logiciel d’acquisition des
Facilité Relevé manuel des
données, extraction sous données, extraction sous
d’exploitation données sous Excel
Excel Excel
Tableau 3.14 : Synthèse des caractéristiques techniques des trois techniques de mesure de la teneur en
eau volumique dans les sols naturels argileux.

3.2.3 Mesure des déplacements du sol


Le but des dispositifs de mesures des déplacements verticaux des sols est de déterminer
le comportement en terme d’amplitude et de cinétique de retrait -gonflement de la zone active
sous une fondation superficielle (relié à la pluviométrie du site), qui s’étend jusqu’à 3 m de
profondeur. Cette partie traite des différentes techniques de mesure des déformations
verticales installées sur le site, complémentaires au suivi hydrique précédemment décrit. La
mesure des déformations verticales s’effectue alors par la mise en place d’extensomètres en
forage. Trois types de dispositifs, tous mis en œuvre sur le site, sont distingués suivant leurs
niveaux de référence et la possibilité de « colocalisation » des capteurs.
Le principe de fonctionnement des extensomètres est, pour chaque capteur, la mesure du
déplacement vertical relatif cumulé ΔH entre la tête du capteur, qui est solidaire du sol en
surface, et la pointe du capteur ancrée à une profondeur plus importante. À ce dispositif, il est
nécessaire d’ajouter un capteur ancré à une profondeur suffisante où le sol est supposé être

215
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

stable (point fixe dans un substratum) afin de connaître le déplacement total de la tranche de
sol étudié.

3.2.3-1 Dispositifs « colocalisés » à référence en surface et en profondeur


Deux dispositifs différents, mais basés sur le même principe, ont été installés sur le site
de Pessac. Il s’agit d’une part d’un extensomètre de forage type WR-FLEX distribué par
TELEMAC (ROCTEST France), nécessitant un relevé manuel (hebdomadaire), et d’autre part
d’un système automatisé distribué par GLÖTZL France Géotechnique. Ils permettent des
mesures de déplacement entre une référence (la surface de référence de la tête de
l’extensomètre), et différentes profondeurs intermédiaires par rapport à l’ancrage fixe de
référence.

Extensomètre de forage type WR-FLEX (TELEMAC)

Description :
L’extensomètre à tiges modèle WR-FLEX se destine à la mesure des déplacements
verticaux dans les massifs rocheux et les sols. Il se constitue de trois principaux éléments
suivants (Figure 3.51) :
- la tête de mesure mécanique : elle est composée d’un tube en inox (1), un couvercle
de protection (2 a & b) et un tube de guidage des tiges (3). Les mesures se font à partir
de la surface supérieure du tube d’inox (surface de référence) (4 & b).
- les tiges et tube de protection : tiges en acier trempé (5) reliant les ancrages à la tête,
qui coulissent librement à l’intérieur de tubes en PEHD semi-rigides (6). Le tout est
protégé par un tube semi-rigide en polyéthylène PEHD (7 & a), qui sera au contact
permanent avec le coulis et permet un certain jeu en cisaillement dans le forage.
- les ancrages : il s’agit d’ancrages en acier rainuré pour faciliter la prise du coulis lors
de l’injection (8 & a), disposés aux profondeurs choisies pour les capteurs.
L’extensomètre WR-FLEX est livré assemblé en rouleau, prêt à installer et modulable
en fonction du besoin (longueur, diamètre de forage, nombre de capteurs). La mise en œuvre
de cet extensomètre a été réalisée entre le 07/03/2008 et le 10/03/2008.

(8)

a)
(Source : M. Chrétien, 2008)

b)

216
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Figure 3.51 : Schéma de la tête mécanique de l’extensomètre type WR-FLEX (Doc. Fabricant
TELEMAC) ; a) vue de l’extensomètre livré en rouleau ; b) vue de la tête de
l’extensomètre une fois installé.

Principe de la mesure :
Considérant que l’objectif est de caractériser le comportement de la zone active du sous-
sol argileux, nous avons choisi de placer des capteurs intermédiaires à 0,50 m, 1 m, 2 m et 3
m de profondeur. Étant donné que le substratum marno-calcaire local est atteint à partir de 35
m de profondeur, nous avons considéré, par rapport aux problèmes de mise en œuvre et de
coût, que le substratum argileux à 10 m de profondeur est suffisamment stable et doit subir
peu de déformations (< 0,01 mm hors d’eau). Ainsi, les capteurs ont été ancrés à des
profondeurs de 0,50 m, 1 m, 2 m et 3 m par rapport à un ancrage fixe situé à 10 m de
profondeur. Chaque capteur fonctionne indépendamment, et mesure la position du capteur à
l’instant « t » par rapport à l’ancrage fixe de référence.
Les lectures manuelles sont effectuées à un rythme hebdomadaire, ou suite à un épisode
pluvieux intense, à l’aide d’une jauge de profondeur LCD (Figure 3.52-a). On appuie
fermement la jauge sur la surface de référence de la tête d’extensomètre, on cale le zéro de la
jauge puis on réalise trois lectures par tête d’ancrage, soit jusqu’à ce que les lectures restent
stables. Puis on calcule la valeur moyenne. Chaque ancrage correspond à un orifice numéroté,
comme on peut le voir à la figure 3.52-b. Le chiffre 1 correspond à l’ancrage le plus profond
(10 m) alors que le chiffre le plus élevé (5) est celui le plus près de la surface (0,50 m).

(Source : M. Chrétien, 2008)


N°1

Figure 3.52 : a) Lecture de déplacements de l’extensomètre Telemac à l’aide de la jauge de profondeur


LCD ; b) Vue de dessus de la tête mécanique de l’extensomètre.

L’amplitude et la direction du mouvement sont dérivées de la différence algébrique


entre la lecture initiale lors de l’installation de l’extensomètre et la lecture prise à un instant
donné. Ceci permet de mesurer des déplacements relatifs aux différentes profondeurs. Une
lecture négative indique une ouverture (le sol s’éloigne du point d’ancrage, c’est du
gonflement), alors qu’une lecture positive montre une fermeture (la surface et le point
d’ancrage se rapprochent, c’est un tassement).

Caractéristiques :
Les spécifications du modèle WR-FLEX-5 (adapté pour un maximum de 5 ancrages)
avec tête mécanique et lecture par une jauge de profondeur type LCD sont résumées au
tableau 3.15 suivant :

217
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Etendue de
Résolution Caractéristiques du modèle
mesure
± 0,001 mm Diamètre des ancrages : 34 mm
Pour une température Diamètre extérieur extensomètre : 60 mm
0-150 mm.
extérieure comprise
entre +5°C et +40°C Nombre de points : 1 à 5 avec ancrages injectables

Tableau 3.15 : Spécifications techniques de l’extensomètre de forage modèle WR-FLEX-5 (Doc.


Fabricant TELEMAC).

Mise en œuvre :
La mise en œuvre de l’extensomètre nécessite de réaliser au préalable un forage en
diamètre 63 mm de 10 m de profondeur à l’aide d’un carottier (comme on peut le voir à la
Figure 3.53-a). Le passage à un diamètre supérieur de 90 mm aurait permis une mise en
œuvre plus aisée, cependant on éloignerait de trop les ancrages de la paroi, avec un risque
élevé de mauvais scellement et une sous-estimation des déplacements. On utilise ici un forage
de petit diamètre le plus rectiligne possible dans l’argile plastique (sans présence d’eau dans
le forage), avec un approfondissement supplémentaire d’environ 50 cm au-delà la position du
dernier ancrage. Pour préparer le scellement des ancrages, un premier tube d’injection (de
diamètre inférieur à 2 cm) est fixé avec un ruban adhésif juste au-dessus du premier ancrage
ensuite descendu à 10 m de profondeur. Puis, on fixe un deuxième tube d’injection sur
l’ancrage placé à 3 m de profondeur. Une tige métallique graduée de faible diamètre, d’une
longueur de 2 m, est utilisée pour effectuer l’injection au droit des 3 derniers ancrages.
L’extensomètre est alors mis en place à la main librement dans le forage (Figure 3.53-b) et la
tête d’extensomètre est maintenue de manière à être au niveau du sol. Le principe est alors
d’injecter un coulis de scellement (C) respectivement et successivement au droit des cinq
ancrages situés à 10 m, 3 m, 2 m, 1 m et 0,50 m de profondeur, comme indiqué sur le schéma
de principe à la figure 3.53-c. Le capteur à 0,50 m se situe dans une couche argilo-humifère
sableuse, les autres capteurs sont tous ancrés dans l’argile bariolée grise-rouille du faciès
A/BOG. La principale difficulté était de trouver un coulis d’injection permettant un
scellement relativement rapide au niveau des ancrages mais sans « rigidifier » le sol, ce qui
aurait limité fortement les déplacements mesurables.
Il a été sélectionné un coulis ‘Prestobent’ (conforme à la norme NF EN 197-1) qui est
utilisé spécifiquement en géothermie et offrant les avantages suivants :
- une prise relativement rapide entre 12 et 24 heures ;
- idéal en injection à haute pression en profondeur : bonne fluidité avec un dosage
Prestobent (mélange de ciment Clinker Portland et d’argile) et eau donnant une densité
d’environ 1,40 ;
- une bonne conductivité thermique.
De façon à légèrement accélérer la prise du coulis, une petite dose de ciment à prise très
rapide a été mélangée au coulis. Une fois le coulis préparé, il est injecté par le fond à haute
pression dans le tube d’injection du premier ancrage situé à 10 m. Après un temps de séchage
suffisant, de la bentonite est injectée entre 10 m et 3 m de profondeur dans le forage (après 3

218
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

heures d’expansion de la bentonite) afin de remplir l’espace annulaire entre la paroi du forage
et l’extensomètre et éviter tout risque d’éboulement dans le forage. La bentonite permet de
colmater d’éventuelles fissures et d’éventuelles venues d’eau en profondeur (« B » à la figure
3.53-c). La même opération est réalisée pour les autres ancrages. Une fois les opérations
d’ancrage terminées, la tête de l’extensomètre est scellée avec une plaque de ciment à la
surface du sol.

Tv
C 0,5 m
C 1m

(Source : M. Chrétien, 2008)


Argile C 2m
a)
C 3m

C 10 m
c) b)
Figure 3.53 : a) Réalisation du forage carotté de diamètre 63 mm jusqu’à 10 m de profondeur ; b) Mise
en place de l’extensomètre dans le forage ; c) schéma des ancrages et de la méthode de
scellement aux différentes profondeurs (C : coulis de scellement ; B : bentonite)
.
Extensomètre de forage type GKSE-12 (GLÖTZL France Géotechnique)

Description :
L’extensomètre à tige en fibre de verre modèle GKSE-12, distribué par GLÖTZL France
Géotechnique, permet de mesurer des déplacements verticaux de la même manière que celui
décrit précédemment. Il se compose de plusieurs éléments (Figure 3.54) :
- la tête de mesure électrique : elle est composée de tubes en inox, permettant le
guidage et l’accroche des tiges à la plaque de référence (a-1). Les mesures se font par
la pose de têtes électriques sur les capteurs (c), qui délivrent une tension
proportionnelle au déplacement du capteur (mesure potentiométrique). Les têtes
électriques sont reliées à une centrale d’acquisition Campbell CR200.
- les tiges et tube de protection : ce sont des tiges en fibre de verre (Ø 9 mm) reliant
les ancrages à la tête, qui coulissent librement à l’intérieur de tubes de plastique semi-
rigides. Le tout est protégé par un tube semi-rigide en polyéthylène PEHD (a-2), en
contact permanent avec le scellement et permet le jeu en cisaillement dans le forage.
- les ancrages : il s’agit d’ancrages en acier tore rainuré pour faciliter la prise du
scellement lors de l’injection, et sont disposés aux profondeurs choisies (a-3).

L’extensomètre modèle GKSE-12 est livré pré-monté avec 5 tiges indépendantes,


correspondant aux 5 capteurs qui seront placés à des profondeurs différentes (au contraire de

219
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

l’extensomètre TELEMAC qui regroupait les 5 tiges dans une même gaine PVC) (Figure
3.54-a). Les cinq tiges sont tenues en tête par une plaque de référence en acier, sur les tiges
sont fixés les capteurs et que l’on scellera au niveau du sol. La mise en œuvre de cet
extensomètre a été réalisée le 28/08/2008. Ce modèle a été choisi pour sa facilité de mise en
place dans un forage en diamètre 63 mm.
a) (3) capteur (2) (1)

a)

b) c)
Figure 3.54 : Schéma de l’extensomètre modèle GKSE-12 (GLÖTZL France Géotechnique) ; a) vue de
l’extensomètre; b) vue de la tête de l’extensomètre; c) vue des têtes électriques installées
sur les capteurs.

Principe de la mesure :
Comme précédemment, nous avons également choisi de placer des capteurs
intermédiaires à 0,50 m, 1 m, 2 m et 3 m de profondeur, afin de pouvoir comparer les mesures
obtenues avec celles de l’extensomètre manuel (WR-FLEX). Vu la présence d’un substratum
marno-calcaire trop profond, nous avons considéré, par rapport aux problèmes de mise en
œuvre et de coût, que le substratum argileux à 15 m de profondeur était suffisamment stable et
ne devait subir que peu de déformations. Ainsi, les capteurs ont été ancrés à des profondeurs
de 0,50 m, 1 m, 2 m et 3 m par rapport à un ancrage fixe situé à 15 m de profondeur. Chaque
capteur fonctionne indépendamment et mesure la position du capteur à l’instant « t » par
rapport à l’ancrage fixe de référence. Chaque mesure fournit, par capteur, la différence ΔH
relative entre la profondeur de référence (la surface du sol) et la profondeur de suivi de
mesure, et la différence absolue ΔHréf entre la profondeur de suivi des mesures et le capteur
situé à 15 m (ancrage fixe).
Suivant ce principe, la déformation maximale est enregistrée sur le capteur le plus
profond, qui cumule toutes les déformations subies sur la tranche de sol entre l’ancrage fixe et
le capteur de suivi en tête de forage. Les lectures sont automatiques, avec un relevé toutes les
trois heures, grâce à la connexion des capteurs à une centrale d’acquisition type CR200
(Campbell Scientific). Ce type de centrale CR200 (Figure 3.55) est une bonne alternative pour
une application en milieu extérieur, et permet un stockage de données d’une mémoire flash de
512 ko pour cinq voies analogiques. La CR200 mesure une tension analogique, sur la gamme
de variation de 0 à 2,5 V, et opère ensuite une conversion Analogique/Numérique en 12 bits.
Afin de réduire le bruit, dix mesures rapides (d’une durée d’environ 26 µs) sont effectuées et
moyennées pour créer le résultat final. Cette centrale est alimentée par une batterie de 12 V, et
possède un port RS-232 pour être connectée directement à un ordinateur. Elle consomme peu
lors de la prise de mesures afin d’assurer une bonne autonomie de la batterie.

220
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

(Source : M. Chrétien, 2008)

Figure 3.55 : Centrale d’acquisition CR200 des données de l’extensomètre modèle GKSE-12 (Campbell
Scientific).

Caractéristiques :
Les spécifications du modèle GKSE-12 (adapté pour un maximum de 5 ancrages) avec
tête électrique et lecture automatique sont résumées au tableau 3.16 suivant :

Etendue de
Résolution Caractéristiques du modèle
mesure
Diamètre des ancrages : 14 mm
± 0,01 mm
0-250 mm Diamètre extérieur de l’extensomètre : 32 mm
soit ± 0,6 mV après
(0 à 2,5 V) Gamme d’ajustage pour arrêt mesure : ± 25 mm
conversion A/N
Nombre de points : 1 à 5 avec ancrages injectables
Tableau 3.16 : Spécifications techniques de l’extensomètre de forage modèle GKSE-12 (Doc. Fabricant
GLÖTZL).
Les données sont collectées en branchant un ordinateur sur le port RS-232, et à l’aide du
logiciel LoggerNet, fourni par Campbell Scientific. Afin d’imposer une mesure toutes les 3
heures, un programme a été réalisé sous l’éditeur CRBasic contenu dans le logiciel et a été
chargé dans la centrale.

Mise en œuvre : La mise en œuvre de l’extensomètre nécessite de


réaliser au préalable un forage destructif en diamètre 63 mm de 15 m
de profondeur (réalisé le 28/08/2008). Le passage à un diamètre
supérieur de 90 mm aurait permis une mise en œuvre plus aisée,
cependant on éloignerait de trop les ancrages de la paroi, avec un
risque de mauvais scellement. On obtient un forage de petit diamètre le
coulis
plus rectiligne possible dans l’argile plastique de Brach (sans présence
d’eau dans le forage), avec un prolongement d’environ 0,50 m après la bentonite
position prévue de l’ancrage le plus profond.
Concernant le montage des tubes flexibles d’injection du coulis
de scellement, et préalablement à tout scellement, il a été nécessaire de
capteur
positionner et fixer ces tubes flexibles au droit de chacun des différents
ancrages en utilisant un ruban adhésif de fixation. Ces tubes sont fixés Figure 3.56 : Schéma de
principe des capteurs de
l’extensomètre modèle
GKSE-12 (GLÖTZL)

221
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

directement sur la tige, juste au-dessus des capteurs les plus profonds situés à 3 et 15 m.
Après cette installation en surface, la première tige correspondant à l’ancrage à 15 m de
profondeur est descendue à la main dans le forage, et la tête du capteur est maintenue au
niveau du sol. On procède ensuite au scellement de l’ancrage à 15 m en injectant le coulis
comme décrit dans le protocole de l’extensomètre manuel (Figure 3.56). Le même protocole
d’installation et de scellement est réalisé pour les autres capteurs. L’espace annulaire entre la
paroi et l’extensomètre est colmaté par l’injection de bentonite en remontant progressivement
jusqu’à 3 m avant de procéder à la nouvelle injection de coulis à 3 m. Pour les capteurs les
plus proches de la surface, nous avons adopté une technique de fixation différente, car les
flexibles sont tenus depuis la surface à la bonne côte juste au-dessus des capteurs en place. Le
capteur à 0,50 m se situe dans une couche argilo-humifère sableuse, puis les autres capteurs
sont ancrés dans l’argile bariolée grise-rouille du faciès A/BOG. Chaque ancrage correspond à
un orifice numéroté. Le chiffre 1 correspond à l’ancrage le plus profond (15 m) alors que le
chiffre le plus élevé (5) est celui le plus près de la surface (0,50 m) (Figure 3.57-a). Pour la
« mise à zéro » des capteurs, on a ajusté la position des capteurs de façon à ce qu’ils soient
placés au centre de leur gamme de mesure. Cette position permet de mesurer une longueur de
course identique tant en allongement qu’en raccourcissement.
Pour effectuer les mesures automatiques, les têtes électriques sont placées sur les têtes
des capteurs, après avoir fixé les capteurs sur la plaque de référence comme on peut le voir à
la figure 3.57-b. Une fois l’installation terminée, une protection en PVC est placée sur les
capteurs (Figure 3.57-c).
(Source : M. Chrétien, 2009)

a) b) c)
Figure 3.57 : a) Mise en place des tiges de l’extensomètre modèle GKSE-12 (GLÖTZL) ; b) Pose des
têtes électriques ; c) Raccordement des capteurs à la centrale et protection de la tête de
l’extensomètre.

3.2.3-2 Dispositif individuel à référence en profondeur

Description :
Ce dispositif, développé pour le BRGM, est basé sur un principe très similaire à ceux
présentés dans les paragraphes précédents sur les extensomètres. Il a été utilisé sur les sites de
Mormoiron (Vaucluse) et du Deffend (Poitiers) par le BRGM dans le cadre du programme
ANR-ARGIC. Conçu et assemblé par Minaus SA à partir de capteurs LVDT (Linear Variable
Differential Transformer), distribué par Sensorex, et de tubes PVC. Ce dispositif automatisé

222
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

permet des mesures de déplacement par rapport à un scellement profond de référence pour
une seule profondeur de suivi.

Principe de mesure :
Chaque mesure fournit cette fois la différence ΔH entre la profondeur de référence (le
fond du sondage, supposé fixe) et la profondeur instrumentée, par rapport à un instant initial
de référence correspondant à celui de l’installation (Figure 3.58). Une augmentation de cette
différence, de la même façon que les autres dispositifs, traduit un gonflement de la tranche de
sol comprise entre la surface et le capteur, alors qu’une diminution reflète un tassement. Les
mesures sont effectuées automatiquement toutes les 3 heures comme pour les dispositifs
précédents.

Mise en œuvre :
Le capteur est installé dans un forage de diamètre 63 mm, avec le premier mètre tubé en
diamètre 100 mm de manière à créer un épaulement (Figure 3.58-a). La canne
extensométrique est scellée au sol par le fond, puis au niveau de l’épaulement. Comme pour
les autres dispositifs, la course des capteurs est de plusieurs centimètres de façon à pouvoir
mesurer des déplacements dans les deux sens (gonflement et tassement). Une fois
l’installation du capteur terminée et la prise du scellement assurée, la tête est protégée par un
tube PVC (Figure 3.58-b), puis reliée à la centrale d’acquisition elle-même enfermée dans un
caisson étanche à l’eau (Figure 3.58-c).

Pour réaliser la conversion des valeurs d’un signal électrique en mA à une mesure de
déplacement en mm, on emploie la formule de calibrage suivante, fournie par le concepteur :
Y (mm) = 3,13.X (mA) – 37,59

Les données sont récupérées en connectant un ordinateur sur le port RS 232, puis en
téléchargeant les données via le logiciel OSIRIS (BRGM). Les résultats des premières
mesures ne seront pas présentés dans ce travail, en accord avec le BRGM. Cependant les
déplacements obtenus sont de la même gamme que ceux obtenus avec les deux extensomètres
précédents.

223
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

0.30 m

(Source :M. Chrétien, 2009)


0.70 m

Course maxi
de 150 mm estimation scellement 0.20 m

b)
9.43 m

2009)
(Source : M. Chrétien,
ancrage de fond 0.50 m c)
au coulis environ

0.50 m
a)

Figure 3.58 : a) Schéma de principe du dispositif extensométrique individuel mis en place sur le site de
Pessac (Minaus SA, BRGM) ; b) vue de la tête de l’extensomètre protégée par un tube
PVC ; c) vue de la centrale reliée à l’extensomètre.

3.3 Mise au point du dispositif expérimental de surveillance


géophysique

Dans cette troisième étape, des prospections électriques par tomographie de résistivité
électrique ont été entreprises à proximité immédiate de la zone d’instrumentation du site,
entre septembre et décembre 2008. Ces campagnes de mesure avaient pour but de tester la
réponse de panneaux électriques dans les sols argileux, dans l’optique de définir le
dimensionnement des panneaux électriques à demeure. L’utilisation de l’imagerie par
tomographie électrique sur le site a pour objectif la compréhension des processus hydriques
au cours d’une année. L’évolution des teneurs en eau saisonnières doit être observée dans les
formations argileuses. Les passées sableuses observées dans ces formations, et de dimensions
décimétriques, jouent certainement un rôle dans les processus hydriques au sein des argiles. Il
a été décidé de détecter ces hétérogénéités, ou au moins leurs zones d’influence, à l’aide de
cette technique géophysique. Il s’agit d’équiper le site avec un système d’électrodes qui
permettra par des mesures répétées dans le temps, de réaliser un suivi des variations hydriques
dans le sol argileux.

224
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

3.3.1 Rappels du principe de la méthode géophysique


La loi d’Archie relie empiriquement la résistivité électrique vraie d’un sol non saturé
et sans argile à la résistivité électrique w du fluide poral grâce à la porosité Φ, le degré de
saturation Sr et des constantes (a, m et n) propres au type de sol :
ρ = ρw.a.Φ-m.Sr-n
La résistivité vraie d’un sol ou d’une roche dépend essentiellement de sa teneur en eau
et de la qualité de cette eau. Le facteur a dépend de la lithologie et varie entre 0,6 et 2. Le
facteur de cimentation m dépend de la forme des pores, du compactage, et varie entre 1,3 pour
les sables non consolidés, à 2,2 pour les calcaires cimentés. Le degré de saturation Sr varie
entre 0 et 1. Le facteur n varie entre 2,1 et 2,2. Dans les sols argileux, la conduction électrique
se rencontre dans les pores ainsi qu’à la surface des particules argileuses chargées
électriquement, au niveau de l’interface liquide/solide, et à partir de la double couche diffuse
(Beck, 2004). C’est pourquoi la loi d’Archie ne s’applique pas sous sa forme simple à un sol
qui possède une proportion d’argile trop importante. L’ordre de grandeur des gammes de
résistivité électrique rencontrée pour les différents types de sols est présenté à la figure 3.59.
Résistivité (ohm.m)

Calcaire
Dolomite
Limons
Argiles
Alluvions
Sable
Nappe phréatique
Eau de mer

Figure 3.59 : Propriétés électriques des roches, sols et minéraux (d’après Loke, 2004).
La prospection électrique est une méthode d’exploration du sous-sol qui repose sur la
mesure de la résistivité électrique (en .m). Cela consiste à injecter un courant électrique
d’intensité I entre deux électrodes plantées dans le sol, en se basant sur le principe de
l’aptitude d’un courant à circuler dans un milieu naturel : sa connaissance permet
d’appréhender la nature, la structure et la lithologie du sous-sol. La différence de potentiel se
fait entre deux autres électrodes de mesures. À partir de la valeur du courant injecté, de la
mesure de la différence de potentiel ΔV mesurée entre électrodes et de l’écartement entre
elles, on peut déterminer la résistivité apparente a du sous-sol sur la base de la loi d’Ohm :
V
app K
I
Où K est un facteur dépendant de la géométrie du dispositif de mesure.
La combinaison de mesures pour différentes positions d’électrodes, et différents
écartements, permet d’investiguer différents volumes de sols. L’assemblage des résistivités
apparentes obtenues par ces combinaisons constitue une coupe du sol en résistivité apparente.
La tomographie permet donc d’avoir une « image électrique », soit une distribution des
résistivités apparentes en profondeur. La résistivité apparente d’un terrain est fonction de la
résistivité du sol, de la géométrie des diverses couches et de la disposition des électrodes. Il
existe plusieurs dispositifs d’électrodes utilisés en pratique : Schlumberger, Wenner, pôle-

225
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

pôle, dipôle-dipôle, etc... Suivant le type de configuration, le volume de la zone étudiée varie,
mais la profondeur de pénétration interprétable vaut généralement à peu près L/8 pour un
écartement de longueur L (Figure 3.60).

Figure 3.60 : Schéma de la profondeur d’investigation lors d’une prospection électrique en fonction des
dimensions du dispositif retenu.

La figure 3.61 présente les dispositifs de mesure les plus couramment utilisés,
notamment dans le cadre de notre étude, avec leur sensibilité et leur volume d’investigation
(Dahlin & Zhou, 2004).

Figure 3.61 : Schémas des dispositifs de mesure les plus couramment utilisés, avec un exemple de leur
profondeur d’investigation ; C1 et C2 sont les électrodes de courant et on mesure la
différence de potentiel entre les électrodes de mesure P1 et P2. Les coefficients a et n
représentent le choix de la distance entre électrodes, choisis de manière à rechercher soit
une bonne profondeur d’investigation, soit une résolution adéquate à l’étude du milieu
(Dalhin & Zhou, 2004).

La première étape dans l’interprétation des données en tomographie électrique consiste


à construire une « pseudo-section ». Celle-ci est obtenue en reportant la valeur de la
résistivité apparente mesurée au centre du dispositif et à une profondeur donnée, dépendant de
l’écartement entre les électrodes. Une pseudo-section est alors une carte de résultats,
présentant les valeurs de résistivités apparentes mesurées, déduite de la différence de potentiel
mesurée aux bornes des deux électrodes de mesure rapportée à l’intensité électrique injectée
entre les deux électrodes d’injection. La profondeur de ces points de mesures augmente avec
l’écartement des électrodes de mesures. La pseudo-position du point de mesure est arbitraire,
et elle ne dépend que de la distance entre électrodes pour une configuration donnée. La figure
3.62 illustre la construction de la pseudo-section pour un dispositif Wenner.

226
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Pseudo-
profondeur

Figure 3.62 : Principe de construction d’une pseudo-section pour la configuration Wenner (d’après
Barker, 1992).

Pour la configuration Wenner, la pseudo-profondeur d’investigation est estimée égale à


la moitié de l’écartement utilisé entre les deux électrodes d’injection, mais elle peut fluctuer
suivant la nature des terrains (qui joue un rôle prépondérant). La distance « a » entre deux
électrodes détermine la profondeur d’investigation ainsi que les résolutions horizontale et
verticale. Ainsi, il est possible de détecter un objet de dimensions correspondant à l’ordre de
grandeur de l’espacement entre électrodes. Les petits objets, comme des passées sableuses
d’épaisseur décimétrique, ne pourront pas être détectés mais on pourra détecter leur zone
d’influence. La figure 3.63 représente un exemple de carte de pseudo-section.
Prof. (m)
2,5
6,6

16,2

24,8

32,5
Résistivités apparentes (ohm.m)

Figure 3.63 : Exemple de carte de pseudo-section.

Une fois cette carte établie, une inversion des données va être réalisée pour déterminer
un modèle de résistivités vraies inversées, qui soit le plus en accord avec les mesures réelles.
Le principe est de comparer les mesures (pseudo-sections de résistivités apparentes) avec une
carte de résistivités apparentes recalculée sur la base du modèle proposé par l’inversion. Le
processus d’inversion consiste à trouver le meilleur modèle numérique, c’est-à-dire celui qui
minimise l’erreur entre la mesure et le panneau re-calculé. Cet ajustement du modèle le plus
satisfaisant se fait selon un processus itératif, où à chaque pas de calcul les deux pseudo-
sections sont comparées. Lors de la première itération, le modèle est arbitraire et ensuite,
selon le processus itératif, il s’améliore à chaque pas. Le logiciel améliore le modèle jusqu’à

227
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

trouver le meilleur modèle suivant une erreur numérique (le RMS ou Root Mean Square) qui
est donné à l’issue du calcul. Pour réaliser l’inversion, nous utiliserons le logiciel RESD2INV,
qui travaille en différence finie, ou éléments finis selon les options choisies. Plusieurs
paramètres d’inversion sont ajustables en fonction des conditions de mesures ou hypothèses
faites pour le calcul (inversion robuste, caractéristiques du maillage pour le modèle initial, …)
(Loke et Barker, 1996).

3.3.2 Choix du dispositif électrique


Une campagne de test, préalable à l’installation du dispositif électrique, a consisté à
étudier les influences des espacements entre électrodes, des configurations, du temps
d’injection du courant et la profondeur d’enfoncement des électrodes dans le sol (qui influe
sur le bruit de mesure). L’ensemble des différents tests de prospections électriques ont permis
d’affiner notre démarche dans le choix du dispositif en fonction de notre problématique, de la
résolution souhaitée pour l’inversion en fonction de la nature du sol et des cibles recherchées
(passées sableuses dans l’argile, interaction sols argileux-sol granulaire, etc.). Ces résultats
ont principalement mis en évidence :
 une faible influence du temps d’injection sur les mesures (niveau bruit de mesure
comparable avec un temps de 0,5 ms que 1 ms) : ce test devait aider à optimiser le
temps de mesure ;
 que le niveau de bruit est acceptable avec des électrodes plantées à 10 cm par rapport à
un enfoncement de 20 cm. Un enfoncement de 20 cm permettrait d’avoir des mesures
moins bruitées mais on s’éloigne (pour l’inversion) de l’hypothèse des contacts
ponctuels : ce test a validé le choix de déterminer l’enfoncement optimum pour
l’inversion des mesures ;
 que les cibles recherchées dans le sous-sol sont d’échelle décimétrique, et donc qu’un
écartement de 1 m entre les électrodes diminuait fortement la résolution : ce test a
validé le choix d’un espacement de 0,50 m entre les électrodes afin de visualiser au
mieux l’influence des objets décimétriques.

Suite à ces résultats, nous avons choisi le dispositif final suivant, qui a été mis en place
courant décembre 2008 :
- Les électrodes :
Afin d’assurer un bon contact entre le sol et les électrodes, les électrodes sont
enfoncées de 10 cm dans le sol, après un décapage de la zone sur 0,20 m environ. Les
électrodes sont ensuite plaquées d’une gaine en PVC simple puis elles sont scellées
légèrement excentrée dans un plot PVC de diamètre 100 mm. Ces plots sont enfoncés de 8 cm
dans le sol et sont cimentés (Figure 3.64). Le scellement se justifie pour avoir toujours le
même contact à chaque électrode avec le sol (reproduction des conditions de mesure).
Afin d’évaluer la géométrie et la variabilité lithologique au sein de la formation de
Brach, deux panneaux électriques sont installées avec 72 électrodes pour l’un (panneau A de
35,5 m de long) et de 48 électrodes pour l’autre, perpendiculaire au premier (panneau B de
23,5 m de longueur) (Figure 3.64).

228
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

(Source : M. Chrétien, 2008)

Figure 3.64 : Mise en place des deux panneaux composés de 120 électrodes scellées dans un plot en
PVC, légèrement excentrées et enfoncées de 10 cm.

- Le dispositif des électrodes :


L’espacement retenu entre les électrodes est de 0,50 m et les électrodes ont été
disposées selon deux panneaux, orientés comme illustrés à la figure 3.65. Le panneau A suit
un axe NO-SE et se compose de 72 électrodes. Le panneau B est orienté perpendiculairement
au panneau A (axe SO-NE), avec 48 électrodes, afin d’assurer une géométrie en « 3D » du
sous-sol. Le point de départ du panneau B (proche du sondage T4) a été décalé pour réduire
au maximum l’influence de la clôture métallique de la station expérimentale. Un troisième
panneau (C) a aussi été réalisé, recoupant les panneaux A et B, et qui s’éloignait de l’enclos
de la station expérimentale. Ce panneau C a permis de trancher sur la non influence de la
clôture métallique. Le panneau C n’est pas présenté, il n’a servit que pour la définition des
caractéristiques des deux autres panneaux à demeure (choix de leur implantation et de leur
orientation).

 89 m

S2
S3

T03

P4
96 m
Station expérimentale
S4
S10 SC2
P5
SC1 S7
S9 C
S8 B A
T04
P2

 Chêne (H>5m)
S1

Figure 3.65 : Localisation des deux panneaux électriques à demeure par rapport à la station
expérimentale, avec leur orientation.

Pour chacun des panneaux, les configurations pôle-dipôle (PD), dipôle-dipôle (DD) et
Wenner-Schlumberger (WS) seront utilisées. Au moment de la mesure, les électrodes sont
fixes, et sont reliées par des flûtes à un résistivimètre SYSCAL Pro (IRIS Instrument). Vu que
le terrain est argileux, et que l’on a un point bas au droit de l’intersection des deux panneaux,

229
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

une petite tranchée drainante a été réalisée le long des panneaux de façon à évacuer l’eau de
pluie vers un fossé drainant au fond du terrain (Figure 3.66).
(Source : M. Chrétien, 2008)

Figure 3.66 : Vue du dispositif électrique avec la tranchée drainante (à gauche) et d’une prise de
mesure (à droite).

La combinaison des configurations PD et DD nous permet de conjuguer la bonne


résolution de surface du dispositif DD et la bonne résolution du signal en profondeur du
dispositif PD. Cette combinaison permet d’investiguer le sous-sol jusqu’à 6 m de profondeur
environ. La configuration WS est celle qui est la moins bruitée, valide la géométrie de la
formation étudiée sur les autres configurations et va être utilisée pour le suivi géophysique
temporel. Afin de s’assurer de la qualité des mesures à une profondeur souhaitée d’environ
3 m, nous avons porté un soin particulier à employer de façon combinée différentes
configurations avec un espacement variable (de 0,50 à 1 m) pour aller plus en profondeur et
garantir une bonne résolution des mesures dans la zone active. Pour obtenir cette optimisation
des séquences de mesures, plusieurs mesures tests ont été nécessaires, avec un espacement de
1 m et de 0,50 m et dont les détails de chaque séquence sont présentés tableau 3.17, avec
comme principe de :
- garder une bonne résolution en surface avec un espacement a de 0,50 m sur 20
Niveaux pour PD et DD,
- garder une résolution suffisante en profondeur avec un espacement 2a = 1 m sur 11
Niveaux pour DD et 13 Niveaux pour PD. Pour chacun des dispositifs, il a été retenu
de faire deux lignes de recouvrement pour s’assurer de la qualité des mesures entre les
changements d’espacement et d’assurer une bonne résolution des mesures optimale
jusqu’à 4 m de profondeur au minimum.
Le changement d’espacement pour la construction d’un panneau permet d’enregistrer un
signal moins bruité en profondeur mais avec une résolution géométrique moins grande. Il
s’agit donc d’un compromis. Cette optimisation du nombre de niveaux de mesures en
profondeur a été conditionnée par l’étude de la zone active, d’où un moindre intérêt
d’investiguer le sous-sol au-delà de 6 m de profondeur. De plus, il apparaît que les sols de la
zone étudiée présente naturellement un bruit de surface très faible sur les mesures, lié au
faible remaniement anthropique du sol et d’un terrain non urbanisé.

230
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Nombre Nombre total Nombre Profondeur


Dispositif Espacement (m)
électrodes de Niveaux mesures investiguée (m)
DD-48 0,50 48 31 1043 4,15
DD-72 0,50 72 31 1907 4,15
PD-48 0,50 48 33 1066 5,96
PD-72 0,50 72 33 1930 5,96
Ws-48 0,50 48 23 529 4,30
Ws-72 0,50 72 27 1161 5,00

Tableau 3.17 : Paramètres des configurations pour le panneau électrique A (72 électrodes) et le
panneau électrique B (48 électrodes).

- Validation du dispositif expérimental :


Avant de chercher à relier les variations de résistivité électrique aux variations
saisonnières de teneur en eau des sols, une tomographie électrique initiale a été réalisée en
septembre 2008 lors de la phase de test, pratiquement sur l’emplacement actuel du panneau
électrique à 72 électrodes. Ce panneau était orienté Ouest-Est, et a été couplé à la fosse
pédologique P4 réalisée parallèlement au profil (Figure 3.67) afin de caler les mesures de
résistivités électriques avec la lithologie du site. La figure 3.68 illustre bien le passage d’un
milieu argileux compact à l’Ouest (faible résistivité) vers un milieu sablo-graveleux et aliotisé
vers l’Est (forte résistivité). Cette configuration correspond à des conditions propices aux
tassements différentiels soit surtout au sein de l’argile, soit à l’interaction argile-sol granulaire
compact que l’on souhaite dans les deux cas tester dans le temps du point de vue des
variations hydriques.
Terre végétale
O E
Alios

Argile bariolée
ocre-gris

Argile bleutée

Figure 3.67 : Description lithologique de la fosse pédologique P4, d’une longueur de 12 m, parallèle au
dispositif du panneau électrique A.

Dispositif à 72 électrodes du panneau A

Zone
étudiée
Espacement électrodes = 1 m
Figure 3.68 : Tomographie électrique initiale (pôle-dipôle avec espacement de 1 m entre électrodes)
effectuée en septembre 2008, avec la délimitation de la zone étudiée par le dispositif de
mesures à 48 électrodes installé à demeure.

231
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

Les variations de résistivités électriques observées à la figure 3.68 semblent bien


corrélées avec la géométrie des terrains rencontrés à la figure 3.67, (inversion réalisée avec un
affinage du maillage « model refinement ») avec un indicateur de la qualité de l’inversion
numérique : valeur de RMS = 8,8 %. Les mesures électriques montrent des gammes variables
de résistivités pour les argiles, avec des valeurs comprises entre 10 et 93 ohm.m confirmant
ainsi l’hétérogénéité lithologique au sein des argiles. Ces hétérogénéités (liées à des passées
plus silteuses), observées uniquement dans la fosse P4, peuvent jouer le rôle de drain au cours
des variations saisonnières, tantôt asséchant le sol, tantôt favorisant l’infiltration de l’eau en
profondeur. On constate un bon contraste des résultats (Figure 3.68) entre les argiles (couleur
bleu < 45 ohm.m), les sables indurés aliotisés et les graves, gammes supérieures à 300 ohm.m
avec des valeurs qui tendent vers 1800 ohm.m dans l’alios.

3.3.3 Premiers résultats des séquences optimisées des panneaux


Une inversion classique (paramètres par défaut du logiciel d’inversion) du panneau B en
configuration DD (dipôle-dipôle), et une inversion du profil A en configuration PD (pôle-
dipôle) sont présentées aux figures 3.69 et 3.70. Les données ont été inversées au moyen du
logiciel RES2DINV (Loke et Barker, 1996) ; elles ont été filtrées et inversées en mode
standard appelé « smoothness-constrained least-squares». L’image correspondant au panneau
électrique B (Figure 4.42) montre une limite sub-horizontale entre une zone très conductrice,
correspondant à une zone argileuse, au contact d’une zone avec des résistivités plus élevées
présente vers le Nord du panneau. On constate une bonne qualité des mesures avec un RMS
faible < 7 %. Toutefois, on note que lors de l’inversion, le logiciel semble modéliser une
augmentation des résistivités apparentes inversées en profondeur, correspondant aux derniers
niveaux de mesures, mais que l’on n’observe pas sur les pseudo-sections re-calculées. En
comparant les informations pour un même panneau des configurations DD et PD, il semble
que le nombre de niveaux en profondeur n’apporte pas d’informations pertinentes et
cohérentes entre elles. Le nombre de niveaux peut alors être réduit jusqu’à ce que les
informations soient cohérentes pour éviter d’engendrer des difficultés lors de l’inversion sans
perdre de l’information.
SO NE

Figure 3.69 : Inversion du panneau B en configuration Dipôle-dipôle, avec les cartes de résistivités
apparentes calculées et mesurées du 18/12/2008.

232
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

O E

Figure 3.70 : Inversion du panneau A en configuration Pôle-dipôle, avec les cartes de résistivités
apparentes re-calculées et mesurées du 18/12/2008.

Le panneau électrique du profil A (Figure 3.70) présente des horizons bien distincts
avec des milieux très conducteurs côté Ouest (zone argileuse) et en profondeur vers 16 m le
long du profil, puis une zone très résistante côté Est (alios) et des résistivités élevées en
surface vers 15 m le long du profil. L’image inversée donne une excellente image avec un
RMS très faible < 2 %, soit une bonne qualité des données et de l’inversion. Si l’on observe
les pseudo-sections des résistivités apparentes mesurées et re-calculées, on constate peu de
différences et de problèmes pour effectuer l’inversion. C’est pourquoi, suite à ces résultats, on
a pu en déduire :
- une bonne détection des limites entre des structures géologiques de différentes natures
lithologiques, induisant un bon contraste dans les gammes de résistivités entre les
zones conductrices et résistantes.
- la possibilité de visualiser des variations dans les résistivités au sein des zones
conductrices.
- une bonne corrélation entre le contexte géologique mis en évidence à l’aide de la fosse
pédologique P4, et les structures identifiées sur les panneaux, favorisant de bonnes
conditions lors de l’inversion (cf. coupe fosse P4, §3.3.3).
La figure 3.71 illustre la séquence optimisée pour la configuration dipôle-dipôle du
profil A, composées de 1907 points de mesures. La profondeur d’investigation finale est de
4,15 m et lors de l’optimisation de la séquence, des points de mesures supplémentaires sont
générés par le SYSCAL PRO, inutiles pour l’inversion et l’interprétation. Afin d’obtenir une
bonne résolution autant en surface qu’en profondeur, les données des panneaux des
configurations DD et PD sont assemblées en une configuration assemblée dite DD+PD. Les
TRE assemblés puis inversés pour les panneaux A et B pour le mois de décembre 2008 sont
illustrés à la figure 3.72, afin d’illustrer le résultat des panneaux assemblés, avec

233
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

l’interprétation géologique sommaire déduite de la lithologie observée à la fosse pédologique


P4.

Figure 3.71 : Présentation de la séquence de mesure et de la localisation des points de mesure le long du
profil A (72 électrodes) suivant la configuration dipôle-dipôle.

SO Section de recoupement
avec l’autre panneau NE

Zone
argileuse
PANNEAU B

O Petit fossé drainant E

Zone
argileuse Alios
PANNEAU A

Figure 3.72 : Panneaux inversés assemblés (DD+PD) pour les profils A et B datant du 18/12/2008, avec
la lithologie observée dans la fosse pédologique P4 servant aux calages des mesures
géophysiques.

234
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

4. CONCLUSION
Afin de caractériser les variations saisonnières climatiques, de teneur en eau et les
déplacements des sols argileux qu’elles engendrent, un site expérimental a été instrumenté
entre mars 2008 et février 2009 sur la commune de Pessac, et à proximité du quartier de Cap
de Bos. Ce site est depuis suivi régulièrement. Le choix de l’emplacement de la station
expérimentale a été déterminé à partir d’une cartographie très précise du sous-sol et de ses
variations lithologiques à l’aide d’une prospection électromagnétique (EM31). Les résultats
de cette prospection ont permis de reconnaître en surface des limites entre formations, à
l’échelle du site. Elle nous permet d’identifier une zone argileuse électriquement conductrice
plus restreinte. Cette zone argileuse a fait ensuite l’objet d’une campagne d’investigations
géotechniques importante, couplée à des essais complets en laboratoire. Les données
géotechniques recueillies sur les échantillons prélevés sur le site, issus de la formation de
Brach, font état de sols argileux sensibles au phénomène de retrait–gonflement et donc aux
variations hydriques. Des fiches géotechniques complètes ont été élaborées sur les principaux
faciès de la formation de Brach dans le cadre du programme ANR-ARGIC (Annexe B –
Recommandations d’essais en laboratoire adaptés à la caractérisation de l’aptitude d’un sol au
retrait-gonflement ; Plat et al. 2009).
On a pu constater l’intérêt de travailler d’abord avec les essais réalisés sur la fraction à
80 µm pour faire une première classification des sols fins et de leur sensibilité. Cette
classification permet :
- (1) de déterminer la nature de la fraction fine du sol testé (limoneux, silteux, argileux)
à partir du passant à 80 µm, puis de faire une première estimation de la sensibilité à
l’eau du sol fin en se basant sur la valeur de bleu obtenue sur cette même fraction à
80 µm, obtenue lors de l’analyse granulométrique préalable. Ce premier niveau
d’analyse montre que le couplage Vb (80 µm) – P (80 µm) est suffisant pour
caractériser la sensibilité des sols fins ayant un passant à 80 µm compris entre 35 et
80 %. Si les sols sont classés comme très actifs, une analyse sédimentométrique
complémentaire peut être envisagée pour affiner la susceptibilité et la prédominance
de la fraction argileuse.
- (2) pour les sols ayant un passant P (80 µm) > 80 % et Vb > 4, les sols seront déjà
considérés comme des sols argileux actifs suivant la VBS et/ou la Vb (80 µm), et cette
analyse semble suffisante. Il est recommandé de compléter cette première
classification par le diagramme de sensibilité pour les sols argileux ayant un passant à
80 µm supérieur à 80 %, couplant Vb (80 µm) et la fraction argileuse C2. Ce deuxième
niveau d’analyse permet de préciser si la fraction argileuse sera prédominante sur le
comportement global du squelette du sol.

Les résultats mettent aussi en évidence une certaine hétérogénéité des sols argileux de la
formation de Brach, avec des comportements géotechniques bien distincts par faciès
rencontrés et l’occurrence de lentilles silto-sableuses à différentes profondeurs. En effet, on
constate que les faciès les moins altérés et oxydés de la formation (faciès argile noirâtre A/N,
argile bleutée A/B, argile grise à marbrures rouille A/BOR, argile verdâtre A/V) présentent les

235
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre III Etude expérimentale sur site

plasticités, le pouvoir gonflant et le caractère rétractant les plus élevés par rapport au faciès
A/BOG commun de la formation de Brach, et ceux malgré la quasi-absence de minéraux
gonflants type smectites. En effet, le faciès A/BOG correspond aux argiles les plus lessivées
et les plus oxydées au cours du Quaternaire récent et lors des dernières variations climatiques
interglaciaires. Ces argiles sont aujourd’hui fortement craquelées et favorisent un remplissage
silto-sableux des fissures et un lessivage des sols de la surface vers la profondeur. L’ensemble
des échantillons montrent des sols argileux surconsolidés, alors qu’il s’agit de dépôts
relativement jeunes du point de vue géologique. Cette surconsolidation influence en partie la
réponse au gonflement libre des sols argileux soumis à des sollicitations hydriques. Les fortes
surcharges libèrent en déchargement le pouvoir gonflant de certains faciès des argiles de
Brach, notamment le faciès d’argile noirâtre A/N.
L’acquisition des mesures de teneurs en eau, de déplacements et de résistivités
électriques s’opère sur un site expérimental dans le faciès argileux bariolé ocre-gris à gris à
marbrures rouille (A/BOG ; A/BOR), à l’aide de trois systèmes de mesures différents in situ
permettant de comparer et valider les mesures. Le suivi des mesures et le traitement des
résultats fera l’objet du prochain chapitre. Il permettra de préciser à court terme les relations
existantes entre les conditions climatiques et les mouvements différentiels d’un sol argileux
sensible au phénomène de retrait-gonflement.

236
Marie CHRETIEN (2010)
CHAPITRE IV.
Données expérimentales du site

« Suivi expérimental des profils hydriques et des


déformations dans un sol argileux en fonction des cycles
saisonniers (2008‐2009) et analyse du comportement au
retrait‐gonflement»
Chapitre IV Données expérimentales

1. INTRODUCTION
Les effets de la sécheresse de 2003 et le traitement des sinistres qui en ont découlés ont
montré que les critères géotechniques, ainsi que les critères météorologiques utilisés jusque là
par les pouvoirs publics pour définir un arrêté de catastrophe naturelle, doivent être améliorés
et adaptés en fonction de facteurs géographiques, climatiques et anthropiques. La gravité des
désordres subis par les constructions en cas de sécheresse dépend principalement de quatre
facteurs :
- la présence de sols argileux sensibles au retrait-gonflement,
- le climat,
- l’intensité de la sécheresse,
- la qualité des constructions.
Dans cette partie, nous étudierons l’impact des facteurs climatiques et lithologiques sur
le comportement d’un sol argileux à partir des résultats de l’instrumentation mis en place à
grande échelle sur le site expérimental de Pessac, implanté sur une formation argileuse
moyennement sensible au phénomène de retrait-gonflement, peu remaniée en surface et avec
une maîtrise de la végétation environnant le site.

2. Conditions météorologiques et de température des sols


sur le site expérimental
En raison des cycles saisonniers, les sols sont sans cesse soumis à des cycles de
séchage-humidification. Ces cycles saisonniers sont le principal facteur déclenchant des
désordres survenant en période de sécheresse, mais aussi en période de réhumidification des
sols. Le site expérimental de la commune de Pessac est instrumenté, comme décrit au
Chapitre 3 §3.2.1, avec une station météorologique complétée par des sondes de mesure de
teneurs en eau et de température à différentes profondeurs dans le sol. Dans une première
partie, les données climatiques propres au site expérimental seront présentées, puis les
données des variations de température dans le sol en fonction des variations climatiques.

2.1 Caractéristiques du climat de Pessac


Les principales données météorologiques prises en considération sont : la température
de l’air, l’humidité relative, la pression barométrique et les précipitations. Ces données sont
acquises sur le site depuis le 11/04/2008, toutes les heures et représentées en moyenne par
journée (de 0h à 24h) pour chacun des paramètres. Les données de la plupart des paramètres
climatiques sont complètes pour la période allant d’avril 2008 à décembre 2009, à l’exception
de courtes périodes de coupures dans les mesures à intervalles irréguliers, liées à des
problèmes de transmission de la station. On a utilisé les valeurs moyennes mensuelles et
annuelles de ces paramètres afin de caractériser le climat de la période d’étude (Tableau 4.1),
sachant que l’année 2008 n’est pas complète.

237
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

avr.‐08 mai‐08 juin‐08 juil.‐08 août‐08 sept.‐08 oct.‐08 nov.‐08 déc.‐08 ANNUEL *
(* : L’année 2008 est Pluviométrie cumulée (mm) 77,40 76,00 56,00 19,60 80,40 41,20 91,80 135,60 59,40 637,40
incomplète) Température de l'air (°C) 11,18 15,46 15,78 19,73 19,19 15,32 11,78 8,22 4,94 13,51
Humidité relative de l'air (%) 78,83 79,12 81,54 73,23 77,86 80,44 86,56 90,19 91,18 82,11

janv.‐09 févr.‐09 mars‐09 avr.‐09 mai‐09 juin‐09 juil.‐09 août‐09 sept.‐09 oct.‐09 nov.‐09 déc.‐09 ANNUEL
Pluviométrie cumulée (mm) 154,80 35,00 32,60 119,40 70,80 58,20 36,80 42,00 51,80 40,40 240,40 126,20 1008,40
Température de l'air (°C) 4,01 6,02 8,97 11,09 16,21 19,17 19,86 20,78 17,27 13,74 10,78 6,29 12,85
Humidité relative de l'air (%) 90,45 78,37 72,57 81,35 78,58 73,59 75,29 75,68 75,66 81,53 90,66 86,88 80,05

Tableau 4.1 : Valeurs moyennes mensuelles et annuelles des paramètres météorologiques


(pluviométrie, température de l’air et humidité relative de l’air) pour la période d’avril 2008 à décembre 2009.

Le climat est océanique humide, au vu d’une humidité relative supérieure à 80 % et


d’une pluviométrie cumulée de 1008,40 mm en 2009. On remarque également que la saison
chaude commence à partir du mois de juin et que les températures moyennes mensuelles de
l’année 2009 sont supérieures à celles de l’année 2008. Ceci tend à confirmer une année 2009
plus chaude et aussi plus pluvieuse que celle de 2008. Afin de pouvoir comparer les
précipitations de cette période d’étude, les données pluviométriques de la station
météorologique sont comparées à celles de la station météorologique de MétéoFrance, située à
l’Aéroport de Bordeaux-Mérignac soit à environ 6 km à vol d’oiseau. La figure 4.1 présente
les précipitations cumulées mensuelles pour les années 2008 et 2009 de la station de Pessac,
comparées à celles de la station de Mérignac pour la même période d’étude. Les moyennes
statistiques mensuelles pour la période 1971-2000 de la station de référence de Mérignac sont
également juxtaposées, ainsi que les données pluviométriques de 2005 de cette même station.
Les valeurs sont regroupées par station de mesures au tableau 4.2.
250
2009 (Site expérimental)
2009 (Mérignac)
2008 (Site expérimental)

200 2008 (Mérignac)


Précipitation cumulée mensuelle ( en mm)

2005 (Mérignac)
Moyenne (Mérignac, 1971‐2000)

150

106.8 106.7

100 92.0 90.3


94.0
82.6 83.8
80.0
70.0
63.8
59.5
54.5
50

0
janvier février mars avril mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre

Figure 4.1 : Comparaison des données pluviométriques mensuelles pour la période d’étude 2008-2009
des stations météorologiques de Pessac et de la station de Bordeaux-Mérignac (station
MétéoFrance), avec les moyennes statistiques mensuelles de la station MétéoFrance pour la
période 1971-2000. (Source : MétéoFrance).

238
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

On remarque globalement que les précipitations sont plus importantes pour les années
2008 et 2009 par rapport aux années antérieures (Figure 4.1). Les précipitations annuelles
pour la période 2008-2009 (environ 1000 mm de pluie) sont supérieures à la moyenne
statistique (984 mm) de la station de référence pour Bordeaux, confirmant une période plus
pluvieuse dans la région (Tableau 4.2). Ces valeurs sont très éloignées de la situation
pluviométrique de l’année 2003, avec une pluviométrie cumulée annuelle de 691 mm pour
Bordeaux, qui est la valeur référence en terme d’année dite de « sécheresse géotechnique ».
Toutefois, l’année 2003 n’est pas l’année la plus marquée par un déficit pluviométrique. En
effet, d’après les données de la station MétéoFrance de Bordeaux-Mérignac, l’année 2005 a
été l’année la plus « sèche » avec une pluviométrie de seulement 596 mm.
De plus, on constate, en comparant les précipitations mensuelles entre les deux stations,
des différences de hauteur de précipitations plus ou moins importantes selon la saison. En
effet, on peut voir que globalement il pleut de façon plus abondante au niveau de la station de
Pessac qu’à celle de Mérignac, surtout en période hivernale et notamment en novembre 2009
(presque 40 mm de différence). Par contre, on note qu’entre avril et juin, les précipitations
sont au contraire plus importantes à Mérignac. Ces observations mettent en évidence la
disparité géographique de la répartition des précipitations mesurées entre deux stations sur
une petite zone géographique sans relief, distantes d’environ 6 km. Ceci confirme la
possibilité de phénomènes météorologiques très localisés, à petite échelle, non détectables
avec le maillage des stations de MétéoFrance, d’où l’importance d’un suivi climatique à
proximité du site de mesures. Sans ce suivi, les précipitations (voire la température de l’air)
seraient sous-estimées pour les sols étudiées de la commune de Pessac, vu que l’on a mesuré
une pluviométrie annuelle pour 2009 de 1008 mm, soit nettement supérieure à celle mesurée à
Mérignac (903 mm).

STATION EXPÉRIMENTALE PESSAC STATION MÉRIGNAC‐AÉROPORT (MétéoFrance)

2009 2008 2009 2008 2007 (1927‐2000)*


(1971-2000)
janvier 154,8 ‐ janvier 128,6 108,0 81,6 92,0
Pluviométrie cumulée mensuelle (mm)
Pluviométrie cumulée mensuelle (mm)

février 35,0 ‐ février 33,4 31,2 138,6 82,6


mars 32,6 ‐ mars 27,2 102,2 93,2 70,0
avril 119,4 54,4 (non complet) avril 115,8 77,4 35,4 80,0
mai 70,8 76,0 mai 78,4 148,8 141,8 83,8
juin 58,2 56,0 juin 75,2 78,8 57,4 63,8
690 mm

juillet 36,8 19,6 juillet 45,8 20,2 53,6 54,5


août 42,0 80,4 août 23,6 83,4 83,8 59,5
septembre 51,8 41,2 septembre 48,6 65,6 36,8 90,3
octobre 40,4 91,8 octobre 33,6 90,0 48,2 94,0
novembre 240,4 135,6 novembre 204,0 129,3 34,6 106,8
décembre 126,2 59,4 décembre 89,4 74,0 75,2 106,7
Cumul total (mm) 1008,4 614,4 Cumul total (mm) 903,6 1008,9 880,2 984,0

(‐) : Données manquantes car installation station début avril 2008 (*) : Moyenne mensuelle statistique pour la période (1971‐2000)

Tableau 4.2 : Chroniques des précipitations cumulées mensuelles de la station de Pessac pour la période
2008-2009 (à gauche) et des données pluviométriques cumulées mensuelles pour les
années 2007 à 2009 pour la station MétéoFrance de Bordeaux-Mérignac (à droite)
(Source : MétéoFrance).

239
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

2.2 La Température du sol

Les températures du sol sont mesurées quotidiennement sur le site expérimental pour un
sol type gazonné (toutes les heures) à des profondeurs différentes de : 0,50 m, 1 m, 2 m, 3 m
et 5 m. Les facteurs influant sur la température du sol sont principalement les variables
météorologiques tels que le rayonnement solaire, la température de l’air et les précipitations.
D’autres facteurs secondaires peuvent avoir une incidence, tels que la lithologie du sous-sol
avec des propriétés thermiques variables selon la nature des constituants des sols et les
caractéristiques de surface (la végétation, la topographie et l’exposition au soleil du terrain).
Les facteurs météorologiques, notamment le rayonnement solaire et la température de l’air,
influent sur la température du sol et sur celle du sous-sol en agissant sur le taux de
transmission des échanges de chaleur entre l’atmosphère et le sol. Une variation cyclique des
températures de l’air et du sous-sol (de 0,50 m à 5 m de profondeur) se produit à la suite des
changements saisonniers et quotidiens du rayonnement solaire absorbé par la surface du sol,
puis transmis en profondeur (Figure 4.2). On peut voir que la température de surface (0,50 m)
est légèrement déphasée avec celle de l’air. Les valeurs maximales, ou minimales, des
couches en profondeur au-delà de 1 m sont atteintes plus tard qu’en surface. Ce déphasage
varie entre 1 mois pour 1 m et jusqu’à 5 mois à 5 m de profondeur, augmentant
progressivement selon la profondeur.
25

20

15
Température °C

T°C air
T°C sol 0,50m
T°C sol 1 m
10 T°C sol 2 m
T°C sol 3 m
T°C sol 5 m

0
mars‐08 mai‐08 juil.‐08 août‐08 oct.‐08 nov.‐08 janv.‐09 mars‐09 avr.‐09 juin‐09 août‐09 sept.‐09 nov.‐09

Figure 4.2 : Variations mensuelles des températures de l’air et du sol, pour des profondeurs comprises
entre 0,50 m et 5 m, sur une période de mars 2008 à décembre 2009.

Les propriétés du sol conditionnent la réponse aux variations de température en surface


et dans le sous-sol en fonction des facteurs suivants : la diffusivité thermique (rapport de la
conductivité thermique K sur la capacité calorifique volumétrique Cp), la chaleur latente, et la
teneur en eau. La teneur en eau est le facteur faisant varier la capacité thermique et donc le

240
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

taux de transmission de chaleur dans le sol. De nombreux auteurs ont utilisé la loi générale de
la chaleur afin d’évaluer les limites de fluctuations des températures dans le sol (Chabet,
1980 ; Williams & Gold, 1977), avec des formules simplifiées mais que nous n’appliquerons
pas dans le cadre de cette étude. L’effet du gel-dégel et de la neige vient perturber et
complexifier les échanges thermiques qui se produisent dans le sol, et qui ne seront pas
abordés dans ce travail. D’autres facteurs météorologiques peuvent causer des variations
locales plus importantes tels que la pluie, le vent, voire la neige. La figure 4.3 présente les
variations des températures de l’air et du sol à différentes profondeurs, ainsi que la
pluviométrie du site expérimental situé sur la commune de Pessac, en fonction du temps.

50 25
Précipitations (mm) T°C sol 0,50m T°C sol 1m T°C sol 2m T°C sol 3m T°C sol 5m

45

40 20

35
Précipitation cumulée journalière (mm)

30 15

Température sol (°C)


25

20 10

15

10 5

0 0

Figure 4.3 : Variations quotidiennes des températures du sol, pour des profondeurs comprises entre 0,50
m et 5 m, sur une période de mars 2008 à décembre 2009 en fonction de la pluviométrie.

La température du sol subit non seulement un cycle quotidien et un cycle annuel, mais
également un cycle associé aux variations météorologiques. Les cycles quotidiens se font
ressentir jusqu’à une profondeur de pénétration de 0,50 m (courbes avec des fluctuations de
courte longueur d’onde) et l’influence de la pluie apparaît jusqu’à 1 m de profondeur. En
effet, on peut voir qu’après un épisode pluvieux, les sols se réchauffent rapidement (Figure
4.3), suivi d’un brusque refroidissement passager. Entre 2 et 3 m de profondeur, de légères
fluctuations sont observées après des épisodes pluvieux très importants en période hivernale.
À 5 m de profondeur, les faibles variations des températures du sol sont seulement liées au
cycle annuel.
Les facteurs qui conditionnent l’importance d’une sécheresse vis-à-vis des sols sous les
fondations de bâtiments sont : l’intensité et la répartition des pluies dans l’année, la
température, la vitesse d’évapotranspiration de l’eau du sol et la vitesse d’infiltration de l’eau
dans les sols pendant les périodes pluvieuses. Deux facteurs principaux peuvent être utilisés
pour caractériser l’intensité « d’une sécheresse géotechnique » (Magnan et Zadjaoui, 2008) :

241
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

- la température de l’air et du sol au cours des cycles saisonniers et des périodes de


sécheresse,
- l’intensité des pluies annuelles et celles cumulées aux semestres d’été et d’hiver.

La sécheresse de 2003 a prouvé l’influence de la température dans l’intensité de la


sécheresse. Cette influence passe non seulement par un besoin accru de la végétation, avec
l’augmentation de la température, mais également par une pénétration plus rapide de
l’assèchement des sols en profondeur. Il semble donc déterminant de pouvoir estimer la
« profondeur de sécheresse géotechnique ». On admet en première approximation que
l’épaisseur de la zone désaturée suite à l’évolution du front d’assèchement à partir de la
surface augmente comme la racine carrée du temps (Philipp, 1957 cité dans Magnan et
Zadjaoui, 2008). Pour représenter l’influence de la température sur la vitesse de pénétration de
la sécheresse à partir de la surface du sol, les auteurs ont retenu la formule (1) proposée par L.
Turc (1962), sur la base d’études expérimentales. Dans cette formule (1), l’influence de la
température sur l’évapotranspiration potentielle y est décrite sous la forme d’une fonction du
rayonnement solaire multipliée par une fonction de la température moyenne. La lenteur de
propagation de la sécheresse dans le sol est décrite par la relation suivante :
Z T °C
Rapport sec (théorique) = t * (1)
α T °C + 15

Où : Zsec est la profondeur de pénétration de la sécheresse (m) ; α désigne la diffusivité thermique (m2/h) du
sol (que l’on ne connaît pas ici) ; t est la durée d’un cycle (en jours) depuis le début de la sécheresse jusqu’à sa
resaturation et T représente la température moyenne sur une période comprenant au moins un cycle de variation.

Le tableau 4.3 indique les valeurs calculées, d’après cette équation (1), de la lenteur de
propagation de la sécheresse géotechnique par jour et pour l’année (en mètres/heure) pour un
cycle quasi-complet de l’année 2008 (avril à décembre), en fonction des variations de
températures mesurées aux différentes profondeurs. Nous prenons ici comme hypothèse
simplificatrice que α est égal à 1 m2/h. La température moyenne annuelle et l’amplitude des
variations de température correspondante ont été également calculées pour l’air et le sol aux
différentes profondeurs (0,50 m, 1 m, 2 m, 3 m et 5 m). L’amplitude des variations de
température est relativement importante en surface (14°C à 0,50 m), et jusqu’à 1 m de
profondeur (10°C). L’amplitude moyenne annuelle des températures pour la formation
argileuse de Brach est de 7,7°C en considérant les 5 premiers mètres. D’après les valeurs
calculées (Tableau 4.3), il constate que les sols argileux de la formation de Brach présente une
diffusivité thermique suffisante pour que les effets de la sécheresse se fassent ressentir en
profondeur. En effet, les variations de température engendrent une lenteur de pénétration de la
sécheresse moyenne jusqu’à 4,63 m pour l’année 2008, avec un front de propagation
quotidien moyen de l’ordre de 20 cm.

242
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Température
Amplitude des Vitesse de pénétration
Profondeur dedes
de pénétration la
moyenne annuelle
variations sécheresse (2008) (en(2008)
cycles de température m/h)
(2008‐2009)
(°C) (°C) Jour (m) Année (m)
Air 13,18 27,26 ‐ ‐

Sol à 0,50 m 13,93 14,04 0,01 3,05

Sol à 1 m 13,81 10,70 0,02 3,82

Sol à 2 m 13,46 6,41 0,02 4,85

Sol à 3 m 13,27 4,87 0,02 5,45

Sol à 5 m 12,93 2,5 0,03 5,97

Sol global 13,48 7,71 0,02 4,63

Tableau 4.3 : Lenteur de pénétration des cycles de températures (pour l’année 2008) quotidiennes et
annuelles (en m) pour différentes profondeurs dans le sol, en fonction de la température
moyenne annuelle et de l’amplitude des températures de l’air et du sol.

La température du sol est sensible à la profondeur et à la lithologie des sols, comme on


peut le voir à la figure 4.4 où est comparée l’évolution au cours du temps du rapport Zsec/α
pour :
- trois valeurs constantes de la température : 10°C, 20°C et 30°C,
- les données des variations de températures mesurées à 0,50 m, 1 m, 2 m, 3 m et 5 m de
profondeur.
Temps (jours)
0 50 100 150 200 250 300
3.0

Température 10°C
3.5 Température 20°C
Température 30°C
4.0 T°C mesurée à 0,50 m
T°C mesurée à 1 m
Rapport Zsec/alpha (en m/)

4.5 T°C mesurée à 2 m


T°C mesurée à 3 m
5.0 T°C mesurée à 5 m

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

Figure 4.4 : Evolution de la lenteur de pénétration de la sécheresse géotechnique dans les sols (rapport
Zsec/α en m) en fonction du temps et de la température des sols.

Ce type de loi permet de représenter les variations de température au cours du temps et à


différentes profondeurs, comme celles présentées à la figure 4.4. On constate que les
variations de température mesurées aux différentes profondeurs sont comprises entre les
courbes linéaires théoriques à 10°C et 20°C. Puis, au maximum de la période estivale, la

243
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

lenteur de propagation de la sécheresse atteint un pic de 6,80 m environ si on prend les


variations de température subies entre 0,50 m et 2 m de profondeur et pour un α de 1m2/h,
avant un brusque recul lié au refroidissement des sols. À partir de 3 à 5 m, les températures
sont constantes au cours de l’année. Ainsi, les variations de température dans ces sols argileux
peuvent atteindre encore en théorie des lenteurs annuelles de propagation de l’ordre de 6 à 7
m. La profondeur de pénétration de la sécheresse pourrait être déduite en prenant une
hypothèse sur α pour des sols argileux.

2.3 Analyse des pluies d’hiver et d’été


Dans un premier temps, nous avons analysé les pluies d’été et d’hiver enregistrées à la
station de Pessac, depuis le 11/04/2008 jusqu’au 31/12/2009. La figure 4.5 montre les
précipitations brutes cumulées enregistrées à la station de Pessac au cours de la période
d’étude, avec la pression barométrique.
60 1040
Précipitations cumulées journalières Pression barométrique
1035

Interruptions 1030

50 transmission 1025

1020

1015
Précipitation cumulée journalière (mm)

Pression barométrique (mbar)


40 1010

1005

1000

30 995

990

985

20 980

975

970

10 965

960

955

0 950

Figure 4.5 : Précipitations journalières cumulées et pressions barométriques enregistrées à la station


expérimentale de Pessac d’avril 2008 à décembre 2009.

D’après la figure 4.5, l’évolution de la pluviométrie nous permet de repérer


visuellement les périodes de pic et de déficit pluviométrique, tout en considérant qu’il n’y a
pas de resaturation totale des sols en hiver. On constate ainsi que la période de juillet-août à
début novembre correspond à une période sèche, et que le début de l’hiver 2009 semble plus
pluvieux que celui de 2008 avec des pluies intenses et prolongées jusqu’en décembre 2009.
Le diagramme de l’intensité des pluies, illustré à la figure 4.6 couvrant la période d’étude,
permet de mettre en évidence la diversité du climat dans la répartition des pluies au cours du
temps. Suivant cette figure, l’intensité des pluies est calculée à partir de la formule suivante,
fonction de la durée d’un épisode pluvieux (en h) et de la hauteur de pluie tombée (mm) :
H _ pluie(mm)
Intensité =
Durée _ pluie(h)

244
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

On retrouve les caractéristiques du climat océanique humide de la région bordelaise,


avec des pluies d’été intenses correspondant à des épisodes orageux brefs (entre mi-mai et
août). Les pluies d’hiver sont peu intenses (I < 2) mais prolongées et réparties sur plusieurs
mois, entrecoupées de petites périodes sans pluie (Figure 4.6).
12 0

10
10

20

8
Intensité des pluies cumulées

Pluviométrie cumulée
30

6 40
Intensité

Journalière
Pluie
50

(mm)(mm)
4

60

2
70

0 80

Figure 4.6 : Diagramme de l’intensité des pluies en fonction des précipitations journalières cumulées
(en mm) enregistrées depuis le 11/04/08 jusqu’au 31/12/09 sur la station de Pessac.

Toute l’eau des précipitations n’atteint pas le sol : une part est évaporée directement
pendant et après la pluie, une autre part est interceptée par les feuilles des végétaux, puis
évaporée par transpiration (Figure 4.7-a&b). L’eau qui atteint le sol ruisselle, s’infiltre et
réhumidifie les sols en profondeur. Une fraction réduite atteint finalement la nappe en
profondeur. Une partie de l’eau qui pénètre dans le sol est évaporée de nouveau dans
l’atmosphère, soit directement, soit par l’intermédiaire des racines. L’ensemble de ces pertes
constitue l’évapotranspiration. L’évapotranspiration réduit la quantité d’eau s’infiltrant en
profondeur. En été, elle reprend la quasi-totalité de l’eau qui a pénétré à la surface du sol ; la
nappe est alors essentiellement réalimentée durant les mois d’hiver. L’évapotranspiration se
calcule à partir de formules empiriques, telle que celle de Turc (1962). On distingue
l’évapotranspiration potentielle (ETP), qui est le pouvoir évaporant de l’atmosphère sur un sol
avec un couvert végétal disposant d’eau (Figure 4.7), et l’évapotranspiration réelle (ETR) qui
correspond à la perte en eau d’un sol quand l’eau vient à manquer (Figure 4.7). L’ETR est
fonction de l’ETP et de la quantité d’eau présente dans le sol. Un calcul de l’ETR est possible
à partir de la formule de Turc, en fonction de la température et de la pluie journalière :
P
ETR (mm / an) =
(0,9 + P 2 / L2 )1 / 2
Avec : L = 0,05T3 + 25 T + 300
P : précipitations (mm) ; T : température (°C)

245
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

a) b)

Figure 4.7 : L’eau du sol dans le cycle de l’eau : a) évapotranspiration potentielle et réelle (Beauchamp,
2006) et b) les différents types de pluie en hydrogéologie karstique (Lopez, 2009)

Les pluies efficaces sont définies comme les pluies brutes diminuées de
l’évapotranspiration réelle : c’est la quantité d’eau qui pénètre dans le sol et constitue la
réserve utile du sol. Afin d’estimer sommairement la quantité de pluies atteignant le sol en
profondeur, on prend les données d’ETP calculées à la station météorologique de
MétéoFrance à Mérignac, avec l’hypothèse simplificatrice que ETR = ETP pour un couvert
végétal bas alimenté en eau. La figure 4.8 montre les précipitations cumulées brutes
journalières enregistrées à la station de Pessac sur la période du 11/04/08 jusqu’au 31/12/09,
comparées aux pluies efficaces calculées à partir des données incomplètes d’ETP de Mérignac
du 11/04/08 au 29/11/09.

60 0

55 5

50
10
45
Pluie efficace journalière (mm)

15
40
Pluie brute journalière (mm)

20
35

30 25

25 30

20 35
Pluie efficace
15
40
10
45
5
50
0

‐5 55
Évapotranspiration
‐10 60
Pluie efficace Pluie brute
Figure 4.8 : Pluies brutes enregistrées sur le site de Pessac, et pluies efficaces calculées pour la période
du 11/04/08 au 31/12/09.

La figure 4.8 confirme des pluies suffisamment efficaces durant les semestres d’hiver,
avec une quasi-totale infiltration des premières pluies intenses de novembre dans le sol

246
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

associées à une faible évapotranspiration. À partir du mois de mai, l’évapotranspiration


devient progressivement importante et supérieure aux pluies d’été. On constate que certains
épisodes orageux entre juin et septembre permettent au sol de recevoir des pluies efficaces,
dès que la pluviométrie efficace cumulée journalière dépasse 15 mm (soit > 20 mm pour les
pluies brutes).
Les diagrammes des pluies brutes d’été et d’hiver enregistrées à la station de Pessac,
pour la période d’avril 2008 à décembre 2009, sont utilisés pour juger du caractère de
sécheresse ou non de cette période d’étude, et sont comparées aux données complètes de la
station MétéoFrance de Mérignac sur la période 2003-2009. Le diagramme des pluies
cumulées d’été (Figure 4.9-a) permet d’analyser les pluies tombées entre mai et octobre,
correspondant aux périodes de l’année où l’évapotranspiration réelle est supérieure aux
précipitations. Malgré un enregistrement non complet de l’année 2008 à la station de Pessac,
on confirme que l’été 2009 a été une des périodes estivales les plus sèches, intermédiaire entre
2003 et 2005. Le diagramme des pluies d’hiver (Figure 4.9-b) (novembre à mai) met en
évidence des hivers relativement pluvieux (P brute > 400 mm), excepté l’hiver très sec 2003-
2004 consécutif à la sécheresse estivale. Il apparaît que les étés soient plus secs à la station de
Pessac comparée à celle de MétéoFrance, et les hivers plus pluvieux.
800 800
Étés (mai à octobre) Hivers (novembre à avril)
700 700
Station Mérignac‐
600 MétéoFrance 600
Précipitations cumulées (mm)
Précipitations cumulées (mm)

Station de Pessac
500 500

400 400

300 300

200 200

100 100

0 0
a) 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 b) 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Figure 4.9 : Diagramme des pluies d’été (a) et d’hiver (b) enregistrées depuis avril 2008 jusqu’à
décembre 2009 à la station de Pessac, comparées à celles de la station MétéoFrance de
Mérignac pour la période 2003 à 2009.

Le suivi de la pluviométrie au droit du site expérimental montre que les pluies d’hiver
enregistrées sur la période 2008-2009 sont plus abondantes que celles enregistrées à la station
MétéoFrance de référence située à Bordeaux-Mérignac. Par ailleurs, on constate que les pluies
d’été enregistrées localement sur le site expérimental sont plus faibles que celles de Mérignac
(Figure 4.9-a). L’analyse des données climatiques mesurées sur le site expérimental,
notamment la pluviométrie, nous a permis d’établir que les mesures obtenues sur le site
expérimental sont caractéristiques d’années globalement pluvieuses (2008-2009), malgré un
été 2009 plutôt sec et proche des étés références de sécheresse (2003 et 2005). La
comparaison entre les données pluviométriques de deux stations relativement proches a
confirmé une distribution inégale de la pluviométrie sur de faibles distances et que la
pluviométrie est un facteur climatique ayant un rôle important dans l’intensité d’une
sécheresse. Associée à la pluviométrie, la variation de la température de l’air et des sols

247
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

argileux joue également un rôle dans la propagation du phénomène de retrait des sols
argileux, et qui peut se propager jusqu’à une profondeur de 5 m.

3. Suivi hydrique des sols argileux


L’humidité des sols est une variable clé dans les mécanismes de retrait et de gonflement
des sols argileux. Pour comprendre et analyser ces processus, il est nécessaire de caractériser
les variations d’humidité des sols à l’aide de mesures directes in situ obtenues par différentes
méthodes. Comme décrit au chapitre 3, §3.2.2, trois types de sondes de mesures de teneur en
eau volumique des sols ont été installées. Nous avons donc mis en place trois systèmes de
mesures et de suivi de l’humidité des sols à différentes profondeurs : les sondes capacitives
ECH20 EC-5, les humidimètres TDR TRIME-FM3 et les sondes FDR-ThetaProbe ML2x.

3.1 Résultats expérimentaux des sondes capacitives


Les sondes capacitives ECH20 EC-5 mesurent la constante diélectrique des sols après le
passage d’un courant électrique dans ceux-ci (§ 3.2.2-1). Après quelques problèmes
techniques, quatre sondes capacitives sont opérationnelles depuis décembre 2008 et sont
repérées à la figure 4.10. La sonde EC mise en place initialement à 2 m de profondeur, ne
fonctionnant pas, n’a pas été représentée sur la figure 4.10.

TDR-H1

EC5-1 m EC5-1 m
(postérieur)
T°C sol
(L =1,20 m)

EC5-3 m EC5-0,50 m
TDR-H2 (1,00 m)
TDR-H3

Figure 4.10 : Dispositif in situ de mesures des teneurs en eau dans un sol argileux avec les sondes
capacitives EC et les humidimètres TDR.

La figure 4.11 présente les mesures journalières d’humidité réalisées à 0,50 m, 1 m et


3°m de profondeur depuis début décembre 2008, superposées au cumul journalier des
précipitations enregistrées à la station météorologique sur le site. Cette figure montre des
teneurs en eau volumique stables en période hivernale (de décembre à mi-mai). Des
augmentations rapides et quasi immédiates de l’humidité se produisent en surface (0,50 m)
après des épisodes pluvieux bien marqués durant le printemps et l’été (pluies brutes du
08/06/09, 28/06/09, 08/08/09 par exemple). Puis, on constate des chutes importantes des
teneurs en eau volumique dès le début de l’été (à partir de juin jusqu’à mi-novembre) en
surface, puis avec un certain décalage à 1 m de profondeur dès lors que le front de
dessiccation gagne en profondeur. Le même décalage, plus tardif, s’observe à 3 m de
profondeur.

248
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Précipitations (mm) Pluie efficace (mm) sonde capacitive 0,50 m sonde capacitive 1m sonde capacitive 3m

50 110
105
45 100
95
40 90
Interruption 85
Pluviométrie cumulée (mm)

Teneur en eau volumique (%)


enregistrement 80
35
75
70
30
65
60
25
55
50
20
45
40
15 35
30
10 25
20
5 15
10
0 5

Figure 4.11 : Suivi de la teneur en eau volumique des sondes capacitives EC à différentes profondeurs,
en fonction de la pluviométrie– Site de Pessac (période du 10/12/08 au 31/12/09).

Dès les premières fortes pluies de fin novembre, des augmentations rapides et
instantanées des teneurs en eau se produisent de la surface jusqu’en profondeur, à 3 m. On
peut globalement repérer des gammes d’humidité distinctes par profondeur, avec notamment,
suivant la période de l’année considérée :
- à 0,50 m de profondeur :
ª 42 % < θv < 44 % en période hivernale, de décembre à mi-mai. Un palier des mesures est
bloqué à 44 % même en cas de forte pluie; ceci indiquerait une saturation du sol.
ª 15 % < θv < 8 % en période estivale, de mi-mai à mi-novembre, avec des brusques
augmentations suite à des épisodes pluvieux orageux, suivies de chutes brutales des
teneurs en eau volumique en surface. Ces fortes chutes s’expliquent a priori par un retrait
important du sol en surface autour du capteur, confirmé par les mesures de déplacement.
- à 1 m de profondeur :
ª 28 % < θv < 29 % en période hivernale, de décembre à mi-mai.
ª 28 % < θv < 11 % en période estivale, de mi-mai à mi-novembre, avec une chute
progressive des teneurs en eau environ 15 jours après celles de la surface, à partir de
début juillet.
- à 3 m de profondeur :
ª 33 % < θv < 35 % en période hivernale, de décembre à mi-mai.
ª 29 % < θv < 33 % en période estivale (sans l’anomalie de mesure à 110 %), avec un
début de baisse des teneurs en eau volumique à partir de début août, soit un décalage
d’environ 2 mois après le début de l’assèchement en surface.

249
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Toutefois, deux phénomènes viennent perturber ces mesures à partir des sondes
capacitives. Suite au début de l’assèchement des sols et après un petit épisode orageux le
08/09/09, le capteur à 3 m enregistre une brusque augmentation des valeurs, allant de 33 % à
95 %, balayant ainsi toute la gamme des mesures (Figure 4.11). Puis, les mesures sont restées
relativement élevées jusqu’à de nouvelles augmentations au début des pluies d’hiver, avec des
mesures volumiques plafonnant à 108 %. Ces mesures sont aberrantes et non représentatives
de sols argileux peu humides. En effet, de telles valeurs sont souvent rencontrées pour des
sols type vases ou argiles vasardes (teneur en eau massique >> 60 à 80 %) gorgées d’eau et
très riches en matière organique. Ces valeurs du capteur à 3 m peuvent être interprétées plutôt
comme une défaillance électronique du capteur et non à une saturation brusque du capteur, car
ce dernier réagit toujours aux épisodes pluvieux intenses comme les autres. Le deuxième
phénomène est la différence de comportement entre les deux capteurs installés à 1 m de
profondeur (Figure 4.10). En effet, on voit que le premier capteur installé à 1 m réagit moins
aux variations hydriques dans le sol, au contraire de celui installé postérieurement. Ce dernier
suit des variations hydriques comme on pourrait s’y attendre, à savoir un assèchement
relativement rapide et intense après la surface (Figure 4.12). Cette différence de
comportement pourrait s’expliquer par une différence des propriétés physiques du sol argileux
entre les deux points de mesures.
La figure 4.12 présente les variations mensuelles des teneurs en eau volumique du sol à
différentes profondeurs, reliées aux teneurs en eau massique (facteur de conversion γs = 1,6
kN/m3), ainsi que le cumul mensuel de la pluviométrie. On retrouve les valeurs aberrantes du
capteur à 3 m correspondant au premier phénomène énoncé précédemment.
Pluies mensuelles

Pluie efficace
0
(mm)

100 Mesures capacitives EC-5 mensualisées


200 Teneur en eau massique (%)
1m
0,50 m 1m 3m
120 (postérieur

110 déc.-08 26,26 16,16 18,48 21,76


janv.-09 26,79 16,08 18,31 21,40
100
Teneur en eau volumique (%)

févr.-09 26,86 16,28 18,27 21,18


90
mars-09 26,26 16,39 18,20 21,12
80
avr.-09 25,97 16,64 18,14 20,92
70 mai-09 24,37 16,74 18,03 20,84
60 juin-09 17,29 16,72 17,97 20,85
50 juil.-09 8,53 16,66 14,35 20,92
40 août-09 7,40 15,49 10,64 20,07

30 sept.-09 5,38 13,47 8,17 57,93 *


oct.-09 5,58 12,85 7,46 57,34 *
20
nov.-09 22,66 16,38 15,60 66,73 *
10
déc.-09 26,12 17,47 18,65 67,81 *
0
* : Valeurs aberrantes

Sonde capacitive‐0,50 m sonde capacitive‐1 m


Sonde capacitive‐1 m (postérieur) Sonde capacitive‐3 m

Figure 4.12 : Mesures des teneurs en eau volumique mensualisées (sondes capacitives), avec la
correspondance des teneurs en eau massique (densité sèche moyenne du sol 1,6) et de la
pluviométrie mensuelle enregistrées sur le site expérimental de Pessac.

250
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

La variation des teneurs en eau volumique entre 0,50 m et 1 m suivent une courbe de
forme sinusoïdale, excepté pour le capteur à 3 m, avec une amplitude différente en fonction de
la profondeur et du capteur, mais dont les valeurs hivernales sont comparables entre 2008 et
2009 (Figure 4.12). La couche de surface (0,50 m) subit les variations des plus importantes,
coïncidant bien avec une couche superficielle humifère très altérée, davantage exposée aux
précipitations et à l’évapotranspiration (fraction sableuse importante). Les courbes présentent
un déphasage entre 0,50 m et 1 m, avec un pic d’humidité atteint entre décembre 2008 et
février 2009 (fin de l’hiver 2009-2010 non représenté, Figure 4.12). Il n’y a pas de retard dans
l’humidification des sols, et les pluies semblent donc avoir suffisamment compensé le déficit
hydrique apparu au cours de l’été 2009. Quant au front de dessiccation, il nécessite entre 15
jours et 2 mois pour se propager en profondeur, du moins pour l’année 2009. Ces résultats
confirment la pertinence des mesures capacitives pour visualiser des cycles de variations
d’humidité des sols sur des périodes mensuelles et annuelles, mais la qualité et la fiabilité des
mesures sont vite limitées par des phénomènes perturbateurs liés aux capteurs d’humidité.

3.2 Résultats expérimentaux des humidimètres TDR


Les humidimètres TDR-FM3 mesurent la constante diélectrique des sols après le
passage d’un courant électromagnétique dans le sol (§ 3.2.2-2). Trois sondes-tubes ont été
installées courant juin 2008, et sont repérées à la figure 4.10. Les sondes-tubes permettent de
réaliser des profils hydriques sur 3 m de profondeur, avec un pas de mesure de 0,10 m pour
des mesures hebdomadaires. Lors de l’installation de la sonde TDR-H3 (Figure 4.10), une
succion importante couplée à un léger coude dans l’un des sondages n’a pas permis de
mesurer les teneurs en eau volumique au-delà de 1,85 m de profondeur.
sept.‐08

sept.‐09
mars‐09
janv.‐09
févr.‐09
août‐08

août‐09
nov.‐08

nov.‐09
déc.‐08

déc.‐09
oct.‐08

avr.‐09

juin‐09

oct.‐09
mai‐09

juil.‐09

TENEUR EN EAU VOLUMIQUE (%)


0.00 10.00 20.00 30.00 40.00 50.00 60.00 70.00 80.00
0
0.00

Sol organique 50
Pluviométrie cumulée (mm)

0.50
100

150
1.00
Pluie efficace
Sol argileux
avec figures de
PROFONDEUR (m)

200

1.50
dessiccation
250

Mis en place le 17/06/2008


Sondage Prof. (m) Wnat (%) θv (%)
2.00
Sol argileux H1 0,50-1,00 16,49 26,40
compact H1 H1 1,00-1,50 16,22 25,96
ÉTÉ 08 (Août‐Nov.) H1 1,50-2,00 16,67 26,67
2.50 HIVER 08‐09 (Déc.‐Mai) H1 2,00-2,50 16,13 25,81
PRINTEMPS 09 (Juin‐Juill.) H1 2,50-3,00 17,18 27,48
ÉTÉ 09 (Août‐Sept.)
H1 3,00 16,41 26,25
HIVER 09 (Nov.‐Déc.)
3.00

Figure 4.13 : Profil hydrique des teneurs en eau volumique mesurées par la sonde TDR-H1, moyennées
sur les semestres d’été et d’hiver pour la période 2008-2009 sur le site de Pessac.

251
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

La figure 4.13 présente les mesures de teneurs en eau quasi hebdomadaires (32 mesures)
réalisées au droit de l’humidimètre TDR-H1, moyennées sur des semestres afin de mieux
visualiser les variations d’humidité, et les superposer au cumul mensuel des précipitations
enregistrées (brutes et efficaces) à la station météorologique du site d’étude. Les teneurs en
eau massiques mesurées en laboratoire sur les échantillons prélevées lors de l’installation sont
présentées également à la figure 4.13, avec la correspondance en teneur en eau volumique
calculées en prenant une densité du sol de 1,6. Les mesures de teneur en eau volumique ont
été moyennées selon un semestre d’été (d’août à début novembre/fin octobre), un semestre
d’hiver (de décembre/fin novembre à mai, sauf pour l’hiver 2009 incomplet) et une période
intermédiaire correspondant à une période assimilée au « printemps » (juin-juillet). Ce
regroupement des données a été envisagé en raison de l’absence de variations significatives
entre les mesures des mois sur ces périodes. Sur la figure 4.13, on constate que les variations
des teneurs en eau sont les plus importantes sur le premier mètre entre la période sèche et la
période humide, passant par les limites de la gamme de mesures de la méthode. Ceci est
cohérent avec la nature du sol de surface, qui est constitué sur au moins 0,80 m d’un horizon
sablo-argileux humifère avec la présence de nombreuses racines de végétaux et donc de
matière organique. Le suivi hydrique du sol argileux compact commence réellement à partir
de 1 m de profondeur. Cette figure montre également que les teneurs en eau volumique
augmentent fortement après les premières pluies efficaces de novembre et se stabilisent autour
d’une moyenne de 36 %, avec un pic d’humidité vers 1,60 m à 42 %. La période intermédiaire
marque le début de l’assèchement des sols par la surface, avec des baisses des teneurs en eau
jusqu’à 1,80 m de profondeur. Le semestre d’été poursuit la chute brutale des teneurs en eau
volumique jusqu’à 1,80 m de prof., avec une amplitude maximum de 25 % si on compare la
courbe de l’été 2009 avec celle de l’hiver 2009. Au-delà de cette profondeur, les sols
présentent des teneurs en eau de l’ordre de 30 % quel que soit l’intensité des températures
estivales, avec une augmentation de l’ordre de 5 % de l’humidité en période hivernale. De
plus, ce profil confirme que l’été 2009 a été plus sec que l’année précédente, ce qui a permis
au front de dessiccation de se propager de la surface jusqu’à 1,80 m de profondeur.
La figure 4.14 présente les mesures de teneurs en eau quasi hebdomadaires (32 mesures)
réalisées au droit de l’humidimètre TDR-H2, moyennées sur les mêmes semestres décrits
précédemment (Figure 4.13) afin de mieux visualiser les variations d’humidité, et superposées
au cumul mensuel des précipitations (brutes et efficaces) enregistrées à la station
météorologique du site expérimental. Le même phénomène de limite des mesures par cette
méthode est noté sur 0,80 m de profondeur avec une teneur en eau volumique supérieure à
55 %. À partir de cette limite, on constate que l’amplitude des variations entre le semestre
d’été et d’hiver est relativement faible, de l’ordre de 5 à 8 % jusqu’à 1,70 m de profondeur,
contrastant avec les mesures de l’humidimètre TDR-H1. En effet, sur ce dernier on voyait
clairement le front de dessiccation se propageait de la surface en profondeur. Au droit de
l’humidimètre TDR-H2, distant d’environ 1,50 m de H1, des variations d’humidité
apparaissent aussi en profondeur au droit de deux anomalies situées vers 2 m et 2,50 m. En
effet, une chute brutale de l’humidité est enregistrée à ces deux profondeurs, avec des teneurs
en eau volumique d’environ 21 %. La figure 4.14 montre ensuite une augmentation nette de la
teneur en eau à ces mêmes profondeurs en semestre d’hiver, suite à des épisodes pluvieux

252
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

bien marqués en novembre 2008 et 2009. Ces chutes brutales de l’humidité mesurées à 2 m et
2,50 m de profondeur peuvent s’expliquer a priori par des hétérogénéités (niveaux plus silto-
sableux plus drainants) sur de faibles épaisseurs des propriétés géotechniques des argiles, et
notamment du coefficient de perméabilité.
TENEUR EN EAU VOLUMIQUE (%)

sept.‐08

sept.‐09
mars‐09
janv.‐09
févr.‐09
août‐08

août‐09
nov.‐08

nov.‐09
déc.‐08

déc.‐09
oct.‐08

avr.‐09

juin‐09

oct.‐09
mai‐09

juil.‐09
0.0 10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.0 70.0 80.0
0.00
0

Sol organique
50
0.50

Pluviométrie cumulée (mm)


100

1.00
150 Pluie efficace
Sol
PROFONDEUR (m)

avec des
1.50
figures de 200

250

2.00
H2 Mis en place le 17/06/2008
Sondage Prof. (m) Wnat (%) θv (%)
ÉTÉ 08 (Août‐Nov.)
H2 0,40-0,50 14,27 22,83
2.50 HIVER 08‐09 (Déc.‐Mai)
H2 1,00-1,50 14,16 22,66
PRINTEMPS 09 (Juin‐Juill.) H2 1,50-2,10 16,20 25,93
ÉTÉ 09 (Août‐Sept.) H2 2,10-2,40 16,65 26,64
HIVER 09 (Nov.‐Déc.) H2 2,40-3,00 16,24 25,98
3.00

Figure 4.14 : Profil hydrique des teneurs en eau volumique mesurées par la sonde TDR-H2, moyennées
sur les semestres d’été et d’hiver pour la période 2008-2009 sur le site de Pessac.

Ce phénomène est confirmé par la présence de lentilles décimétriques sablo/silto-


argileuse au sein de la formation argileuse étudiée, et rencontrées à de nombreuses reprises
lors des sondages à la pelle mais non identifiables lors des sondages à la tarière. Les fortes
pluies hivernales semblent efficaces pour compenser le déficit hydrique de l’été, vu que l’on
retrouve des teneurs en eau volumique proches de 40 % (soit en massique près de 28 %).
TENEUR EN EAU VOLUMIQUE (%)
sept.‐08

sept.‐09
mars‐09
janv.‐09
févr.‐09

0.00 10.00 20.00 30.00 40.00 50.00 60.00 70.00 80.00


août‐08

août‐09
nov.‐08

nov.‐09
déc.‐08

déc.‐09
oct.‐08

avr.‐09

oct.‐09
juin‐09
mai‐09

juil.‐09

0.00
0

Sol organique
50
0.50
Pluviométrie cumulée (mm)

100

1.00 Pluie efficace


Sol argileux 150
PROFONDEUR (m)

200
1.50

250

M is en place le 17/06/2008
2.00
H3 Sondage Prof. (m) Wnat (%) θv (%)
H3 0,40-0,50 15,40 24,65
ÉTÉ 08 (Août‐Nov.) H3 1,00-1,50 16,17 25,87
HIVER 08‐09 (Déc.‐Mai) H3 1,50-2,00 18,82 30,12
2.50 H3 2,00-2,50 17,48 27,97
PRINTEMPs 09 (Juin‐Juill.) H3 2,50-3,00 13,76 22,02
ÉTÉ 09 (Août‐Sept.) H3 3,00-3,20 16,93 27,09
HIVER 09 (Nov.‐Déc.)
3.00
Figure 4.15 : Profil hydrique des teneurs en eau volumique mesurées par la sonde TDR-H3,
moyennées sur les semestres d’été et d’hiver pour la période 2008-2009 sur le site.

253
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

On constate qu’en début d’hiver 2009, malgré une pluviométrie déjà très importante sur
seulement deux mois, le pic d’humidité n’est pas visible à 2,50 m de profondeur,
contrairement aux valeurs mesurées à 2 m. Ceci peut illustrer un retard de l’humidification
des couches profondes lié à la présence d’une zone drainante empêchant le retour de
l’humidification. Ce constat montre que le front d’humidification nécessite, à cette
profondeur, au minimum trois à quatre mois pour arriver à se propager à 2,50 m, du moins sur
la période 2008-2009.
La figure 4.15 présente les mesures de teneurs en eau quasi hebdomadaires (32 mesures)
réalisées au droit de l’humidimètre TDR-H3, moyennées sur les mêmes semestres décrits
précédemment afin de mieux visualiser les variations d’humidité, et superposées au cumul
mensuel des précipitations (brutes et efficaces) enregistrées à la station météorologique du site
expérimental. Compte-tenu du poinçonnement du tube-sonde lors de l’installation, les teneurs
en eau ne sont relevées que jusqu’à 1,85 m de profondeur. Sous le couvert organique, les
variations d’humidité sont beaucoup plus faibles que celles observées sur les deux autres
profils H1 et H2. On constate également un assèchement progressif des sols argileux jusqu’en
septembre 2009. Une chute brutale de l’humidité en profondeur est constatée durant le début
de l’hiver 2009, au-delà du seuil d’assèchement enregistré et malgré une forte pluviométrie
efficace. Ceci laisse suggérer une certaine influence du poinçonnement du tube sur les
mesures. On est ici en présence d’un artéfact lié à la courbure du tube.
La figure 4.16 présente les variations mensuelles des teneurs en eau volumique du sol,
aux profondeurs 0,50 m, 1 m, 2 m et 2,90 m, ainsi que le cumul mensuel de la pluviométrie.

Pluie efficace
Pluies mensuelles (mm)

0 Mesures TDR mensualisées


Teneur en eau massique (%)
100
0,50 m 1m 2m 2,90 m
200 août-08 13,83 28,23 29,87 31,10
sept.-08 13,20 25,15 28,55 28,33
65 oct.-08 12,14 25,20 27,67 28,90
nov.-08 15,823 25,19 27,25 28,86
55 déc.-08 54,40 35,23 34,56 32,81
janv.-09 54,74 36,09 35,81 35,27
Teneur en eau volumique (%)

févr.-09 61,73 35,83 34,86 34,33


45
mars-09 56,91 33,35 33,65 32,86
avr.-09 44,55 33,83 33,48 33,11
35
mai-09 56,73 33,40 32,26 33,70
juin-09 18,25 31,20 32,25 31,56
25 juil.-09 14,23 28,86 32,03 30,33
août-09 11,30 25,30 28,03 29,00
15 sept.-09 8,80 22,98 26,21 27,81
nov.-09 42,03 33,86 32,16 30,63
5
déc.-09 57,46 35,83 36,10 36,23

TDR‐0,50 m TDR‐1 m TDR‐2 m TDR‐3 m

Figure 4.16 : Mesures des teneurs en eau volumique mensualisées (humidimètres TDR), avec la
correspondance des teneurs en eau massiques (densité sèche moyenne de 1,6) et
pluviométrie (brute et efficace) mensuelle enregistrées sur le site expérimental de Pessac.

La variation des teneurs en eau volumique entre 0,50 m et 3 m suivent une courbe de
forme globalement sinusoïdale, avec une amplitude plus marquée pour les mesures de surface

254
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

à 0,50 m (Figure 4.16). Ceci reste cohérent avec une couche de surface sablo-argileuse riche
en matière organique et en racines subissant davantage les effets immédiats de l’interaction
sol-atmosphère suite aux précipitations, et au retrait, suite à l’évapotranspiration. Les courbes
ne présentent pas de déphasage apparent les unes par rapport aux autres. Vu que les mesures
de teneur en eau sont mensuelles, l’estimation de la vitesse d’humidification en hiver dans les
sols aux différentes profondeurs est de l’ordre du mois, avec un pic d’humidité atteint au bout
de 3 mois. Les pics d’humidité et les chutes de teneurs en eau volumique (de 0,50 m à 3 m)
sont atteints de façon simultanée sur les trois humidimètres. Cette figure montre aussi que les
teneurs en eau mesurées près de la surface (0,50 m) sont très faibles lors de l’été 2009 et que
le front de dessiccation s’est propagé plus en profondeur que durant l’été 2008, confirmant un
été plus sec. En effet, les effets de la sécheresse estivale se sont fait ressentir de 1 à 3 m de
profondeur au bout de quatre mois. Le processus de perte en eau présente une cinétique plus
longue que celle de l’humidification.
Ces résultats confirment la pertinence et l’intérêt de travailler avec des profils
hydriques mensuels, qui permettent non seulement de donner une tendance mais d’identifier
la manière dont le front de dessiccation se propage en profondeur dans les sols, et si des
anomalies lithologiques peuvent aggraver ou réduire les effets d’une sécheresse ou d’une
réhumidification des sols (Figure 4.17).
0,00 m 0,00 m
Sol organique terreux ∆Wv = 65 % Sol organique terreux ∆Wv = 60 %
(entre 0 et 0,90 m) (entre 0 et 0,90 m)
0,90 m 0,90 m
Front de dessiccation Sol argileux avec Front de dessiccation
Sol argileux avec jusqu’à 1,80 m
des figures de jusqu’à 1,30 m puis
des figures de dessiccation vers 2 à 2,50 m
∆Wv = 15 à 26 %
dessiccation (entre 1,20 et 1,70 m) Passées sableuses =
« drains » ∆Wv = 10 % à 1,30 m
2,00 m
Réagi peu à la sécheresse ∆Wv = 21 % à 2 et 2,50 m
Sol argileux compact (∆Wv = 5 à 8 %) 2,50 m Réagi peu à la sécheresse
2,90 m 2,90 m Sol argileux compact
(∆Wv ~ 5 %)
Cas 1 : Sol argileux relativement homogène : Cas 2 : Sol argileux hétérogène : propagation
propagation de la sécheresse dans les sols par de la sécheresse dans les sols par la surface et
la surface (TDR-H1) en profondeur (TDR-H2)
Figure 4.17 : Synthèse des deux types de propagation de la sécheresse dans les sols argileux mis en
évidence par les profils hydriques TDR-H1 et TDR-H2 du site expérimental.

En effet, l’exemple des mesures de la figure 4.14 comparées à celles de la figure 4.13
met bien en évidence que l’assèchement des sols argileux peut se faire à partir de la surface,
mais également en profondeur à la faveur de lentilles silto-sableuses au sein de l’argileuse.
Ces lentilles jouent alors un rôle « drainant » fonctionnant autant en été, en favorisant
l’assèchement, qu’en hiver, en alimentant en eau les couches en profondeur (Figure 4.17). Les
hétérogénéités dans ces sols argileux entraînent des vitesses variables d’arrivée ou de perte de
l’eau à différentes profondeurs. Le même phénomène peut apparaître si on installe le capteur à
proximité ou dans une fissure préexistante, non détectée à la tarière. Ces anomalies de terrain
ne sont détectables qu’en réalisant des mesures avec un pas resserré, et non avec des capteurs
ponctuels ou des mesures moyennées mensuelles qui lissent les résultats (Figure 4.16).

255
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

3.3 Résultats expérimentaux des sondes Thetaprobe


Les sondes Thetaprobe mesurent également la constante diélectrique des sols après le
passage d’une onde électromagnétique dans le sol (§ 3.2.2-3). Trois sondes ont été installées
fin février 2009 au sein de la station expérimentale, dans un rayon de 1 m les unes par rapport
aux autres. Les sondes permettent de réaliser un suivi des teneurs en eau volumique à trois
profondeurs : 1 m, 2 m et 3 m, avec un pas de mesure d’une heure. La figure 4.18 présente les
mesures journalières d’humidité réalisées à 1 m, 2 m et 3 m de profondeur depuis la mise en
place des sondes Thetaprobe fin février 2009, superposées au cumul journalier des
précipitations (brutes et efficaces) enregistrées à la station météorologique du site d’étude.
Un premier phénomène perturbateur apparaît au début des mesures, avec une chute des
teneurs en eau, et qui est lié au temps de stabilisation de l’humidité des sols suite à
l’installation des sondes (Figure 4.18). Cette stabilisation dure environ 3 mois (courbes droites
jusqu’à début juin 2009). Dès la première courte période sans précipitations de juin, associée
à une augmentation de la température de l’air (Figure 4.2), le sol commence à s’assécher à 1
m de profondeur avec une première chute de l’humidité volumique. Les courbes à 2 m et 3 m
de profondeur montrent également cette première chute des teneurs en eau volumique avec la
même amplitude, associée au début de la période estivale, mais avec un décalage de 10 jours
par rapport à la surface.
60 50

50 45

40 40
Temps de stabilisation

Teneur en eau volumique (%)


Pluviométrie (mm)

après installation

30 35

20 30

10 25

0 20

Pluviométrie (mm) Pluie efficace (mm) Thetaprobe ‐ 1 m Thetaprobe ‐ 2 m Thetaprobe ‐ 3 m

Figure 4.18 : Suivi de la teneur en eau volumique des sondes Thetaprobe à différentes profondeurs, en
fonction de la pluviométrie (brute et efficace) – Site de Pessac (période du 22/02/09 au
31/12/09).

Après cette première baisse d’humidité, les teneurs en eau diminuent progressivement
avec une baisse d’environ 1 % au-delà de 1 m de profondeur jusqu’à mi-août 2009, sans
l’influence des épisodes pluvieux d’été. À partir de la mi-août, une chute brutale des teneurs
en eau volumique est bien marquée, suite à une période sèche et faiblement pluvieuse,

256
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

ressentie en premier à 2 m de profondeur avec une baisse d’humidité de 4 %. L’explication de


ces brusques chutes de teneur en eau provient du mode de mesure. En effet, la mesure est
prise entre les trois électrodes de la sonde (chapitre 3, §3.2.2-3) ; un certain temps semble
donc nécessaire au sol pris entre les électrodes avant de se dessécher ou de s’humidifier,
engendrant une chute ou une augmentation brusque des valeurs de teneur en eau et non une
évolution progressive des mesures. Avec un décalage de 2 jours, le sol subit également à 3 m
de profondeur une chute de la teneur en eau de l’ordre de 5 %. La tranche superficielle du sol
est affectée à son tour par l’assèchement des sols 6 jours après les couches situées à 2 et 3 m
de profondeur, avec une forte baisse de 14 % en une semaine. Il a été étonnant de constater
que les sols à 2 et 3 m de profondeur se sont asséchés avant le capteur situé à 1 m de
profondeur. Ce déphasage de la couche superficielle par rapport aux autres couches en
profondeur peut être dû à une différence de nature de sol (sable organique en surface), ou à la
présence d’une anomalie perturbatrice telle qu’une fissure s’ouvrant brutalement en période
sèche et se saturant immédiatement après un épisode pluvieux à proximité du capteur.
Ensuite, les sols continuent à se rétracter aux différentes profondeurs jusqu’à début novembre
2009, avec une perte en eau relativement faible et constante (environ 2 %) entre 2 et 3 m de
profondeur, mais beaucoup plus marquée à 1 m (perte d’environ 5 %). La figure 4.18 montre
également une augmentation rapide des teneurs en eau à 2 m de profondeur, immédiatement
après un épisode pluvieux intense du 06/11/09, avant de retendre vers des valeurs plus basses.
Ce phénomène pourrait être interprété comme une saturation ponctuelle du capteur, favorisée
par une fissure ouverte dans le sol après le fort retrait subit lors de l’été 2009.
Consécutivement aux pluies d’hiver de mi-novembre, les capteurs à 2 m et 3 m enregistrent
des augmentations de teneur en eau volumique, montrant une bonne corrélation avec les
pluies les plus intenses (06/11/09 et 26-28/11/09). Le capteur proche de la surface à 1 m, qui
continuait à s’assécher, réagit immédiatement et sur la journée à la pluie du 26-28/11/09. Il est
accompagné d’une augmentation de teneur en eau du sol de 20 %. On constate que les teneurs
en eau sont aussi élevées, pour le capteur à 1 m, au début de l’hiver 2009 que celles de l’hiver
2008, indiquant que les pluies ont suffi à compenser le déficit hydrique important apparu au
cours de l’été 2009. Au contraire, les capteurs situés à 2 m et 3 m de profondeur montrent des
valeurs qui augmentent, mais les pluies n’ont pas été encore suffisamment efficaces pour
retrouver les teneurs en eau de juin 2009. Ces mesures indiquent un retard du front de
réhumidification dans les couches comprises entre 2 et 3 m de profondeur et que deux mois de
pluie ne sont pas suffisantes pour combler le déficit d’un été sec (2009).
La figure 4.19 présente les variations mensuelles des teneurs en eau volumique du sol,
mesurées à différentes profondeurs par les sondes Thetaprobe, depuis le bon fonctionnement
des capteurs, ainsi que le cumul mensuel de la pluviométrie. On retrouve les valeurs
« décalées » du capteur à 1 m correspondant au phénomène énoncé précédemment. La figure
montre aussi des courbes de forme sinusoïdale, caractéristiques des cycles saisonniers. On
remarque un même comportement des couches de sol comprises entre 2 et 3 m de profondeur,
avec des variations de teneur en eau progressives et constantes, marqué par un palier durant la
fin de l’hiver 2008-2009 et un pic de sécheresse des sols atteint fin octobre. Le front de
dessiccation met ainsi trois mois pour se propager à 3 m de profondeur sur la période étudiée.

257
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

La période d’observation n’est pas suffisante pour voir le nombre de mois nécessaire pour que
les sols soient réhumidifier en profondeur.
Pluies mensuelles

Pluie efficace
0
(mm)

Mesures Thetaprobe mensualisées


100
200 Teneur en eau massique (%)

50
1m 2m 3m
févr.-09 28,59 22,42 22,33
45
mars-09 27,13 22,25 22,13
Teneur en eau volumique (%)

40
avr.-09 27,06 22,25 22,12
35
mai-09 27,06 22,25 22,12
30
juin-09 26,26 22,06 21,74
25 juil.-09 25,92 21,83 21,35
20 août-09 23,90 20,34 19,90
15 sept.-09 15,07 16,68 16,91
10 oct.-09 13,92 16,02 16,26
5 nov.-09 13,64 16,31 17,05
0 déc.-09 26,36 19,48 18,52

Thetaprobe ‐ 1 m Thetaprobe ‐ 2 m Thetaprobe ‐ 3 m

Figure 4.19 : Mesures des teneurs en eau volumique mensualisées (sondes Thetaprobe), avec la
correspondance des teneurs en eau massique (densité sèche moyenne du sol de 1,6) et de la
pluviométrie mensuelle (brute et efficace) enregistrées sur le site expérimental de Pessac.

Ces résultats confirment la bonne qualité des mesures par les capteurs type Thetaprobe
dans des sols argileux malgré les difficultés de calibration et les phénomènes
« perturbateurs », tels que la mise en place d’un capteur dans un sol de lithologie ou de texture
légèrement différentes des couches profondes, ou dans une fissure non détectable à la tarière.
Les teneurs en eau massique correspondantes aux mesures volumiques semblent cohérentes
avec les valeurs usuelles des sols argileux étudiés en laboratoire et lors de nos précédentes
investigations géotechniques, contrairement à celles issues des mesures capacitives, qui
restent trop faibles tout au long de l’année et donc peu fiables.

3.4 Comparaison entre les mesures de teneurs en eau


3.4.1 Comparaison entre les techniques TDR et Thetaprobe
Le figure 4.20 présente les variations mensuelles des teneurs en eau volumique,
mesurées à différentes profondeurs par les capteurs Thetaprobe et les humidimètres TDR, sur
la période de février à décembre 2009, avec le cumul des précipitations (brutes et efficaces).

258
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Pluies mensuelles 0
(mm)
100
200

50

45
Teneur en eau volumique (%)

40
TDR ‐ 1 m
Thetaprobe ‐ 1 m
35
TDR ‐ 2 m
Thetaprobe ‐ 2 m
30
TDR ‐ 2,90 m
Thetaprobe ‐ 3 m
25

20

Figure 4.20 : Variations saisonnières des teneurs en eau volumique à différentes profondeurs (1 m, 2 m
et 3 m) sur la période de février à décembre 2009, mesurées par deux méthodes : TDR et
Thetaprobe. Les mesures sont superposées à la pluviométrie mensuelle enregistrée sur le
site de Pessac.

On voit clairement une variation saisonnière cyclique, même si les données ne sont pas
complètes pour avoir une vision annuelle des variations. Sur la figure 4.20, il est possible de
noter que les deux méthodes utilisant le domaine fréquentiel présentent la même cyclicité, et
la même différenciation d’un semestre dit « hiver » et un semestre dit « été ». La période
humide commence dès les premières pluies intenses de la fin novembre et se prolonge
jusqu’au mois de mai. La période sèche s’étend de la fin mai à la fin octobre, voire mi-
novembre. Les courbes présentent cependant un déphasage entre les méthodes. En effet, le pic
de l’intensité de la sécheresse a lieu fin septembre pour la méthode TDR, alors que pour les
sondes Thetaprobe il apparaît courant octobre. Ce décalage peut tenir du fait qu’il n’a pas été
possible de réaliser des mesures TDR au mois d’octobre. Mais dans l’ensemble, les périodes
de déclenchement pour les deux méthodes et aux différentes profondeurs sont quasi-
identiques, courtes et ont lieu en même temps. Si on compare les mesures selon la profondeur,
la même tendance des variations de teneurs en eau est observée entre les deux méthodes,
malgré des petites variations mensuelles plus marquées sur les données des humidimètres
TDR. La différence entre ces méthodes n’est donc pas à chercher par période ou par
profondeur, mais dans les différences d’amplitude des teneurs en eau volumique enregistrées.
Généralement, la teneur en eau augmente avec la profondeur dans les sols. Les sols de surface
sont les plus exposés aux variations climatiques et aux besoins en eau de la végétation. C’est
ce qui est confirmé, même si sur la durée du semestre d’hiver 2008, le capteur Thetaprobe
placé à 1 m était largement plus humide que les autres capteurs et que le capteur TDR placé à
la même profondeur. Sur le semestre d’hiver et au début de celui 2009-2010, on obtient un
écart de mesures de 10 % entre les deux méthodes sur les sondes à 1 m de profondeur. Ce

259
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

phénomène peut s’expliquer soit par une évapotranspiration plus faible lié à une différence de
végétation (plus herbacée au niveau des TDR), soit par une porosité du sol plus importante
(variation lithologique) ou encore par une différence de calibration et de précision entre les
deux méthodes. À part ce phénomène, on constate des différences peu significatives entre les
mesures pour le semestre d’hiver, de l’ordre de 2 à 3 %. À partir de mai et jusqu’à août,
l’amplitude entre les courbes reste constante et relativement faible. Pour les teneurs en eau les
plus faibles enregistrées lors de la période la plus sèche de l’été (en septembre), les valeurs
sont quasi-identiques. Dès que les teneurs en eau augmentent brusquement avec les pluies
intenses et soutenues de l’automne-hiver, les différences augmentent également avec une
amplitude pouvant atteindre en moyenne 5 %. Après une période estivale sèche et des pluies
soutenues, il y a deux possibilités d’humidification des sols : d’abord par la propagation du
front d’humidité par la surface vers la profondeur avec une vitesse dépendant de la
perméabilité, donc de l’hétérogénéité des sols, avec des vitesses d’arrivée d’eau variable
latéralement et en profondeur. Ces hétérogénéités sont liées à la présence de lentilles silto-
sableuses ou la présence de fissures, faiblesses du sol utilisées préférentiellement par les
racines ou pour un remplissage sableux. La qualité du couplage capteur-sol lors de la mise en
place peut également intervenir sur la précision des mesures et expliquer des anomalies de
comportement des capteurs.
La figure 4.21 présente la relation linéaire entre les teneurs en eau volumique mesurées
par les deux techniques. Cette figure montre un biais des mesures autour de la droite linéaire
1:1, confirmant l’absence de corrélation significative pour une gamme de variations des
teneurs en eau volumique entre 20 et 40 %, enregistrées par les sondes TDR et Thetaprobe à
différentes profondeurs (1 m, 2 m et 3 m). Ceci pourrait être lié à une calibration moins
adaptée pour des valeurs trop élevées, mais cela reste à confirmer sur une gamme plus
étendue de mesures des teneurs en eau. Une relation plus significative apparaît entre les
mesures volumiques des sondes à 2 m et 3 m de profondeur pour les deux techniques.
Certains auteurs trouvent au contraire que les meilleures corrélations sont obtenues entre ces
deux techniques pour les teneurs en eau volumique les plus élevées, mais pour des sols de
nature lithologique différente (Vicente et al., 2003).
50

45
Thetaprobe ‐ Teneur en eau volumique (%)

40
Linéaire 1:1
35

30

25

20

15

10

5 1m 2m 3m

0
0 10 20 30 40 50
TDR ‐ Teneur en eau volumique (%)

Figure 4.21 : Régression linéaire, avec la fourchette d’erreur, entre les teneurs en eau volumique
mesurées avec les deux techniques : TDR et Thetaprobe.

260
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

3.4.2 Comparaison entre les techniques capacitives et TDR


La figure 4.22 présente les variations mensuelles des teneurs en eau volumique,
mesurées à différentes profondeurs par les capteurs capacitifs et l’humidimètre TDR-H1, sur
la période de décembre 2008 à décembre 2009. Elle présente les variations saisonnières
mensualisées du profil TDR-H1, précédemment décrit et illustrant l’assèchement maximum
des sols depuis la surface pour la période d’étude (décembre 2008 à décembre 2009). Les
données ponctuelles des sondes capacitives situées en surface (0,50 m et 1 m) et en
profondeur (3 m) ont été reportées sur le profil hydrique au cours d’une période d’étude d’un
an (Figure 4.22).
On constate que la couche superficielle à 0,50 m est exposée aux plus importantes
variations d’amplitude de teneur en eau volumique, balayant toute la gamme de mesures
possibles pour les deux méthodes. Ceci confirme bien la limite de ces techniques pour réaliser
des mesures fiables dans un horizon sablo-argileux humifère superficiel, subissant un fort
retrait en été et une saturation brutale en hiver. Pour les sols situés à 1 m de profondeur, les
mesures des sondes capacitives donnent des valeurs plus faibles que celles mesurées avec
l’humidimètre TDR-H1 en semestre d’hiver (décembre à mai). Une corrélation des mesures
apparaît pour les valeurs les plus faibles de teneurs en eau volumique, enregistrées au pic de la
sécheresse dans les sols au cours du mois de septembre. L’amplitude des variations
saisonnières restent donc plutôt faible pour les sondes capacitives (d’environ 8 %), alors que
l’on observe une amplitude d’environ 17 % pour la technique TDR.

Teneur en eau volumique (%)


0 10 20 30 40 50 60 70 80
0.0

0.5

1.0
Profondeur (m)

1.5
Sonde capacitive 0,50 m
Sonde capacitive 1 m
Sonde capacitive 3 m
2.0 TDR-H1_DEC.08
TDR-H1_JAN.09
TDR-H1_MARS.09

2.5 TDR-H1_MAI.09
TDR-H1_JUILLET.09
TDR-H1_SEPT.09
TDR-H1_DEC.09
3.0
Figure 4.22 : Variations saisonnières des teneurs en eau volumique à différentes profondeurs sur la
période de décembre 2008 à décembre 2009, mesurées par deux méthodes : TDR-H1 et
sondes capacitives.

261
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Cependant, on constate bien qu’avec la mise en place de capteurs ponctuels dans les
sols, on ne peut détecter que le front de dessiccation qui atteint un maximum à 1,50 m de
profondeur, avec une amplitude des teneurs en eau de 26 % enregistrée à cette profondeur par
la technique TDR entre septembre et décembre 2009. À 3 m de profondeur, on retrouve le
phénomène aberrant des mesures par la sonde capacitive, avec des valeurs trop élevées. Si
l’on ne tient pas compte de ce phénomène, les gammes de variations d’humidité entre les
deux types de sondes sont relativement proches (de l’ordre de 6 à 8 %). Les difficultés de
mise en place des humidimètres TDR, comme les différences de calibration entre les deux
techniques sont à l’origine des différences importantes d’amplitudes des teneurs en eau
volumique mesurées aux différentes profondeurs. Les plus grandes amplitudes entre les deux
techniques sont observées dans la tranche superficielle du sol, qui est la plus exposée aux
fortes variations hydriques saisonnières surtout dans la gamme des teneurs en eau élevées. Les
mesures par les sondes capacitives peuvent donc renseigner grossièrement sur les cycles
saisonniers, mais l’étude de la propagation du front de dessiccation ou d’humidification doit
passer par l’établissement d’un profil hydrique utilisant la technique TDR. La calibration de
l’humidimètre TDR semble bien adaptée à ce type de sol argileux compact, à condition de ne
pas avoir de problème de contact entre la paroi du tube-sonde et le sol. On obtient des
variations de teneurs en eau massique proches de celles couramment enregistrées pour ce type
de sol en laboratoire aux différentes périodes de l’année.

3.4.3 Comparaison entre les techniques capacitives et Thetaprobe


La figure 4.23 présente les variations quotidiennes des teneurs en eau volumique,
mesurées à différentes profondeurs par les capteurs capacitifs et les sondes Thetaprobe, sur la
période de décembre 2008 à décembre 2009, avec le report de la pluviométrie (brute et
efficace). Les données des sondes Thetaprobe ne sont pas complètes ici, car elles ont été
installées seulement fin février 2009.
Précipitations (mm) Pluie efficace (mm) sonde capacitive 0,50 m sonde capacitive 1m
sonde capacitive 3m Thetaprobe 1m Thetaprobe 2m Thetaprobe 3m
50 110
105
45 100
95
40 90
85
Pluviométrie cumulée (mm)

Teneur en eau volumique (%)

35 80
75
70
30
Installation 65
Thetaprobe
60
25
55
50
20
45
40
15
35
30
10 25
20
5 15
10
0 5

Figure 4.23 : Variations quotidiennes des teneurs en eau volumique à différentes profondeurs sur la
période de décembre 2008 à décembre 2009, mesurées par deux méthodes : Thetaprobe et
sondes capacitives.
262
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

La figure 4.23 illustre des différences significatives entre les deux méthodes de mesures
lorsque les teneurs en eau sont élevées. Les mesures de teneurs en eau par les sondes
capacitives sont toujours inférieures à celles enregistrées par les sondes Thetaprobe, surtout
pour la période sèche où les teneurs en eau mesurées par les sondes capacitives en surface à
1 m, sont très faibles. Cette différence de comportement s’explique par une méthode de
mesure différente, associée à une calibration différente pour les deux techniques. Au contraire
des sondes capacitives, les sondes Thetaprobe ont bénéficié d’une calibration spécifique aux
sols argileux du site. On constate que la courbe de la sonde capacitive de surface (0,50 m) est
similaire à celle enregistrée par la sonde Thetaprobe à 1 m de profondeur au cours de l’hiver
jusqu’au début de la période sèche, courant mai. Cet élément semblerait confirmer que la
sonde Thetaprobe à 1 m serait installée dans un sol argileux plus ou moins sableux et
humifère comme en surface. Au vu du comportement identique des courbes à 1 m et 0,50 m
par la technique capacitive, cette hypothèse semble pertinente. Les sondes capacitives sont
relativement très sensibles et réagissent quasi-immédiatement après des épisodes pluvieux
intenses en surface à 0,50 m et en profondeur suite aux premières pluies d’hiver. Elles
enregistrent également des baisses d’humidité rapidement après le début d’une période sèche
et peu pluvieuse, avec un certain décalage en fonction de la profondeur et des amplitudes
assez marquées. Les sondes Thetaprobe réagissent lentement suite aux épisodes pluvieux du
printemps, et enregistrent un retard de la dessiccation dans les sols à 1 m de profondeur. Ce
retard est de un mois par rapport à la sonde capacitive. Toutefois, la figure montre que les
courbes des sondes des deux techniques à 3 m de profondeur présentent des teneurs en eau
très proches, avec très peu de différence, et un déclenchement de la période sèche sans aucun
temps de décalage. La confirmation de la bonne corrélation de ces méthodes en profondeur ne
peut être validée, vu que le capteur capacitif à 3 m présente une anomalie de mesure brutale à
partir d’août 2009.

3.5 Conclusions
Des différences significatives sur les teneurs en eau des sols ont été observées entre
l’ensemble des techniques testées, notamment pour les teneurs en eau volumique les plus
élevées. Les valeurs de teneur en eau mesurées par les sondes capacitives sont toujours
largement inférieures à celles mesurées par les techniques TDR et FDR. Le biais des mesures
d’humidité est relativement faible entre les techniques TDR et FDR, deux techniques assez
similaires utilisant la propagation d’une onde électromagnétique mais l’une réalise des
mesures dans le domaine temporel (TDR) et l’autre dans le domaine fréquentiel (FDR). La
différence entre ces deux techniques diminue avec la profondeur et dès que les teneurs en eau
varient peu à ces profondeurs. Ceci reflète l’influence de la taille des pores, de la
granulométrie et donc du coefficient de perméabilité des sols lors de la mesure. Ce facteur
explique ainsi les importantes variations de teneurs en eau mesurées en surface par chacune
des méthodes, et entre les techniques. Ces différences d’amplitude de variations entre les trois
techniques sont conditionnées par la calibration et la précision des mesures de chacune des
méthodes, mais également par la variabilité lithologique spatiale et en profondeur constatée
sur le site au sein d’une même formation argileuse et à quelques mètres de distance.

263
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Les sondes capacitives ne semblent donc pas adaptées pour réaliser un suivi hydrique
dans un sol argileux, vu leur sensibilité et la faible précision des mesures. Ces résultats
confirment la bonne qualité du suivi hydrique par les capteurs Thetaprobe dans des sols
argileux malgré les difficultés de calibration et les phénomènes « perturbateurs », tels que la
mise en place d’un capteur dans un sol légèrement différent et à proximité d’une fissure non
détectable à la tarière. Ils confirment également la pertinence et l’intérêt de travailler avec des
profils hydriques mensuels à l’aide des humidimètres TDR, qui permettent non seulement
d’identifier les différents cycles saisonniers, mais aussi de caractériser la manière dont le front
de dessiccation (et d’humidification) se propage en profondeur dans les sols. Les profils
hydriques permettent de mettre en évidence les anomalies lithologiques qui peuvent aggraver
ou réduire les effets d’une sécheresse ou d’une réhumidification en profondeur. Malgré les
difficultés de mise en place des humidimètres TDR, cette technique met en évidence que
l’assèchement des sols argileux peut se faire à partir de la surface, mais également en
profondeur à la faveur de zones plus perméables comme des lentilles silto-sableuses au sein
de l’argile et des faiblesses telles que des « fissures » ou figures de dessiccation, validant
l’influence de la porosité des sols sur les mesures. Or ces anomalies de terrain ne sont
détectables qu’en réalisant des mesures avec un pas resserré, et non avec des capteurs
ponctuels ou des mesures moyennées mensuelles qui lissent les résultats.
Le tableau 4.4 résume les éléments issus de l’interprétation des résultats du suivi
hydrique des sols argileux pour les trois différentes techniques.

Sonde capacitive ECH20-


Sonde TDR-TRIME FM3 Sonde FDR-THETAPROBE
EC5
Contact sol- Bon mais un capteur semble à
Bon Bon
capteur proximité d’une fissure (1 m)
- Interruption des mesures - Temps de stabilisation des
- Poinçonnement d’un tube
mesures de 3 mois
Anomalie de - Capteur à 2 m hors service TDR-H3
mesures - Assèchement et humification du
- Saturation du capteur à 0,50 m - Détection de passées
capteur à 1 m après ceux en
- Valeurs aberrantes capteur à 3 m sableuses en profondeur
profondeur
Prof. (m) Eté Hiver Prof. (m) Eté Hiver Prof. (m) Eté Hiver
Gamme des 0,50 30 33 0,50 10-48 15-49 0,50 - -
variations de 1 6-17 7-8 1 8-11 2-12 1 20-22 15
teneur en eau
2 - - 2 6 4-10 2 9-11 6
∆Wv (%)
3 1-2 16-17 3 3-6 5-8 3 9-10 5,5
Comparaison - Valeurs toujours inférieures aux - Peu de différence avec - Peu de différence avec TRIME
entre valeurs 2 autres Thetaprobe (~ 5 à 10 %) (~ 5 à 10 %)
- Bonne qualité mesures - Bonne qualité mesures
- Peu fiable - Profil hydrique sur 3 m - Mesures toutes les 3 heures
Suivi hydrique - Peu précis - Mesures hebdomadaires - Bonne corrélation pluie
dans l’argile - Visualisation des grands cycles - Visualisation propagation du efficace/variation teneur en eau
saisonniers front dessiccation - Sensible aux différences de
- Détection drains sableux et lithologie des sols ou de la
hétérogénéités du sol proximité d’une fissure

Tableau 4.4 : Synthèse des résultats du suivi hydrique à l’aide de trois techniques différentes sur le site
expérimental pour la période d’étude de décembre 2008 à décembre 2009.

264
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

4. Suivi géophysique temporel


La compréhension des mécanismes régissant le phénomène de retrait-gonflement est
limitée par le manque de données quantitatives fiables dans le temps. À travers l’expérience
du laboratoire GHYMAC et d’articles tirés de la bibliographie, nous avons cherché à utiliser
la tomographie de résistivité électrique comme un outil de surveillance des variations des
résistivités, et des variations de teneur en eau dans les sols à dominante argileuse. Ces
mesures pourraient devenir des outils de détection des zones de mouvements différentiels
suite à un phénomène de retrait dans les sols argileux, ainsi que des mesures des précurseurs
des tassements différentiels entre un sol argileux et un sol graveleux compact. L’outil « Time
Laps Inversion » (Loke, 1997) est donc utilisé dans le cadre de la thèse afin d’imager les
variations de résistivités au sein d’une formation argileuse hétérogène, à la limite entre une
formation argileuse et une formation graveleuse compacte, en fonction des cycles saisonniers.
L’intérêt de cette étude est de pouvoir caractériser qualitativement dans le temps les
principaux états hydriques de la formation argileuse de Brach. Les mesures réalisées seront
ensuite associées aux mesures du suivi hydrique réalisé dans la station expérimentale.
Pour mener à bien ce suivi géophysique, nous avons réalisé des mesures électriques
mensuelles entre décembre 2008 et décembre 2009, par temps sec et après des épisodes
pluvieux plus ou moins intenses en fonction de la saison. Afin de pouvoir utiliser l’outil
« Time Laps Inversion » à l’aide du logiciel RESD2INV, il est nécessaire d’employer les
levés électriques mensuels de la configuration Wenner-Schlumberger des panneaux A et B,
réputée la moins bruitée pour ce calcul. Le principe de cet outil est de faire une soustraction
entre les panneaux inversés, soit entre les valeurs initiales de référence et un panneau à un
instant t, soit entre deux panneaux à différentes dates.

4.1 Suivi électrique du dispositif géophysique


Afin de réaliser un suivi géophysique temporel, des profils électriques ont été réalisés
avec un intervalle de temps mensuel. Ils ont permis de caractériser au mieux les différents
événements climatiques au cours d’une année. Pour cela, sept profils de tomographie
électrique ont été réalisés au cours de l’année 2009, suivant les panneaux A et B avec les
séquences optimisées (et l’état d’humidité du terrain, déduit de la pluviométrie), ce sont :
- le profil de référence datant du 13/02/09 (terrain très humide)
- le profil n°1 du 17/03/09 (terrain humide)
- le profil n°2 du 05/05/09 (terrain relativement sec en surface)
- le profil n°3 du 23/06/09 (terrain sec)
- le profil n°4 du 21/09/09 (terrain très sec, avec des fissures de retrait en surface)
- le profil n°5 du 09/11/09 (terrain devenant humide)
- le profil n°6 du 09/12/09 (terrain très humide)

265
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Les dates des profils effectués conjointement sur les panneaux A et B sont positionnés
sur la figure 4.24 par rapport à la pluviométrie cumulée journalière enregistrée sur le site, sur
la période du 11/02/09 au 09/12/09.

40

35

30
Profil de
Pluviométrie journalière cumulée (mm)

référence Profil n°5 Profil n°6


Profil n°1 Profil n°2 Profil n°3 Profil n°4

25

20

15

10

Figure 4.24 : Pluviométrie cumulée journalière (en mm) enregistrée sur le site expérimental de Pessac,
avec le positionnement des profils de tomographie électrique effectués sur la période du
11/02/09 au 09/12/09.

Il est à noter que le profil de référence a été précédé d’une pluviométrie importante
courant janvier 2009, avec une pluviométrie mensuelle de 154 mm. Cette pluie a favorisé
l’humidification des sols et l’infiltration de l’eau en profondeur. Les figures du tableau 4.5
présentent les images inversées des sept profils électriques du panneau A, avec la
pluviométrie cumulée enregistrée entre chaque profil.
Les figures du tableau 4.6 présentent les images inversées des sept profils électriques du
panneau B, avec la pluviométrie cumulée enregistrée entre chaque profil.

266
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

O E

RMS = 2,6 %

RMS = 2,6 %

RMS = 3,3 %

RMS = 4,9 %

RMS =

RMS = 7,1 %

RMS = 3,2 %

250 250 250 250 250 250 250


Tableau 4.5 : Profils inversés du panneau A, réalisés
sur la période de février à décembre 200 200 200 200 200 200 200

2009, avec la pluviométrie cumulée 150 150 150 150 150 150 150
entre chaque profil sur le site
expérimental. 100 100 100 100 100 100 100

50 50 50 50 50 50 50

0 0 0 0 0 0 0

févr‐09 mars‐09 mai‐09 juin‐09 sept‐09 nov‐09 déc‐09

267
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

SO NE

RMS = 3,2

RMS = 2,6

RMS = 3,3

RMS = 4,9

RMS = 58,5 %

RMS = 5,8

RMS = 3,2

250 250 250 250 250 250 250

Tableau 4.6 : Profils inversés du panneau B, réalisés


200 200 200 200 200 200 200
sur la période de février à décembre
150 150 150 150 150 150 150
2009, avec la pluviométrie cumulée
entre chaque profil sur le site 100 100 100 100 100 100 100

expérimental.
50 50 50 50 50 50 50

0 0 0 0 0 0 0

févr‐09 mars‐09 mai‐09 juin‐09 sept‐09 nov‐09 déc‐09

268
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Les profils du tableau 4.5 du panneau A montrent des horizons bien distincts dont la
lithologie a été observée lors de l’ouverture de la fosse P4 (cf. chapitre 3, Figure 4.45) :
- un premier horizon, qui correspond à la tranche superficielle composée d’un complexe
sablo-argileux humifère, sur une épaisseur d’environ 0,80 m et possédant une gamme
de résistivité variant de 400 à 900 Ω.m au cours de l’année ;
- un deuxième horizon sous-jacent au premier, qui concorde avec un niveau argileux
très fissuré et altéré sur une épaisseur comprise entre 0,80 m et 1 m avec une
surépaisseur localisée entre 15 et 16 m à partir de l’origine le long du panneau A,
jusqu’à 1,50 m. Il possède une gamme de résistivité allant de 90 à 190 Ω.m ;
- un troisième horizon argileux compact constitue la couche de sol en profondeur
assimilée à un « substratum argileux » jusqu’à au moins 6 m de profondeur au droit du
site expérimental, avec une gamme de résistivité variant de 10 à 90 Ω.m ;
- un dernier horizon, visible uniquement à l’extrémité Est du panneau (à partir de 26 m
le long du panneau) vers 1,50 m de profondeur sous le deuxième horizon, correspond
aux sols sablo-graveleux aliotisés avec des résistivités allant de 400 à 1800 Ω.m.
Les mesures électriques montrent des gammes variables de résistivités dans les sols
argileux, avec des valeurs comprises entre 10 et 190 ohm.m confirmant ainsi l’hétérogénéité
texturale au sein des argiles. Ces hétérogénéités (liées à des passées plus silteuses) peuvent
jouer le rôle de drain au cours des variations saisonnières, tantôt asséchant le sol et tantôt
favorisant l’infiltration de l’eau en profondeur. On constate un bon contraste des résultats
(Tableau 4.5) entre les argiles, les sables graveleux aliotisés, avec des valeurs qui tendent vers
1800 ohm.m dans l’alios.

Les profils du tableau 4.6 du panneau B présente des horizons bien marqués, semblables
à ceux observés au tableau 4.5, et dont la lithologie a été observée lors de l’ouverture de la
fosse P4 (cf. chapitre 3, Figure 4.45) :
- un premier horizon, correspondant à la tranche superficielle composée d’un complexe
sablo-argileux humifère, sur une épaisseur d’environ 0,80 m et possédant une gamme
de résistivité allant de 400 à 900 Ω.m ;
- un deuxième horizon sous-jacent au premier, qui correspond à un niveau argileux très
fissuré et altéré sur une épaisseur comprise entre 0,80 m et 1 m avec une surépaisseur
localisée à l’extrémité NE du panneau B, allant jusqu’à 1,80 m. Il possède une gamme
de résistivité allant de 90 à 190 Ω.m ;
- un troisième horizon argileux compact assimilé à un « substratum argileux » jusqu’à
au moins 6 m de profondeur au droit du site expérimental, avec une gamme de
résistivité variant de 10 à 90 Ω.m.
Les deux panneaux se recoupent au droit du panneau A au point XA = 16,5 m et au droit
du panneau B au point XB = 18,5 m (cf. localisation à la Figure 4.45 du chapitre 3).

269
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

La figure 4.25 présente une image issue d’un montage des TRE obtenues lors de la
mesure de mai 2009. Cette composition, outre la confirmation de la cohérence des deux
panneaux au lieu de leur croisement, donne quelques éléments pour cerner les extensions
géométriques des différentes formations reconnues (Hernandez, 2009). Elle permet de
souligner l’hétérogénéité du site dans ces trois dimensions. Les deux profils inversés
permettent de retrouver les deux zones électriquement différentes dissociées auparavant, à
savoir :
- une zone conductrice située O-SO avec des résistivités comprises entre 10 et 100°Ω.m,
- une zone située à l’extrémité NE-E présentant une gamme de résistivités allant de 100
à 1800 Ω.m environ.
ESE

NNE

Profil du
panneau A
NNO (35,50 m)

SSO

Profil du
panneau B
(23,50 m)

Figure 4.25 : Présentation des profils temporaires de mai 2009 du panneau A avec celui perpendiculaire
du panneau B.

Aucun niveau électrique pouvant signaler la présence d’une nappe piézométrique n’est
apparente sur les TRE réalisées sur le site. Cela est cohérent avec les différentes campagnes
géotechniques pour lesquelles la présence d’une « nappe libre » dans ces sols argileux n’a pas
été relevée jusqu’à 6 m de profondeur. En effet, deux piézomètres ont été installés sur le site
et aucun niveau d’eau n’a été mesuré lors de nos relevés à différentes périodes sur une année.
Des venues d’eau sont toutefois possibles dans les passées sableuses plus perméables
rencontrées à différentes profondeurs.

Remarque:
Les mesures de septembre 2009 apparaissent bruitées, sur le critère de la carte des
résistivités apparentes mesurées qui reste très différente des mesures des autres dates, ainsi
que sur la qualité médiocre du modèle de résistivités inversées obtenues par le logiciel (valeur
du RMS = 39 % ; Tableau 4.7). Après avoir écartées toutes les causes possibles pour
expliquer ce bruit de mesures, l’hypothèse vraisemblable est un effet du terrain à cette date.
La forte variabilité des résistivités mesurées en surface est associée à la présence des fentes de
dessiccation visibles à la surface du terrain (Figure 4.26).

270
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Figure 4.26 : Fissure de retrait en surface apparue en septembre 2009.

Les filtrages successifs des données ne parviennent pas à améliorer la qualité des
résultats de manière satisfaisante, et, poussées à l’extrême, ces filtrages nous obligent à
raisonner sur un jeu de données réduit (suppression d’environ 38 % du nombre des valeurs
initiales) et limite donc la pertinence des résultats. La distribution des résistivités apparentes
est trop irrégulière et hétérogène dans tous les horizons identifiés. On ne retrouve pas ces
structures sur les profils précédents et les suivants.
Finalement, le tableau 4.7 présente les résultats pour cette série de mesures, mais la
faible qualité de ceux-ci limite donc l’intérêt des informations obtenues, si ce n’est que la
dessiccation a perturbé significativement le volume investigué par la méthode. Les résultats
restent globalement cohérents avec le contexte géologique du site expérimental, mais présente
trop de singularité lors de l’inversion pour qu’ils soient exploité dans la suite de notre étude,
et notamment pour le suivi temporel.

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°4 inversé (21/09/09)

250

200

150 Panneau B
100

50

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°4 inversé (21/09/09)


250

200

150

100

50

Panneau A
0

Tableau 4.7 : Profils des variations de résistivités des panneaux A et B issus du suivi temporel (Time
Laps Inversion), réalisés entre le profil de référence et le profil du 21/09/2009, avec la
pluviométrie cumulée entre chaque profil sur le site expérimental.

271
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

4.2 Suivi temporel géophysique

À l’aide du logiciel RESD2INV, on utilise l’outil « Time Laps Inversion », qui permet
de représenter les zones de variations de résistivités entre des profils obtenus sur le même
emplacement. Cette option est donc utilisée afin d’inverser et de comparer les différents
profils obtenus soit par rapport au profil de référence (février 2009), soit entre deux profils.
Les profils utilisés lors de l’inversion des deux panneaux sont les profils en configuration
Wenner-Schlumberger, réputés moins bruités donc susceptibles de mettre en lumière les très
faibles évolutions de résistivités. Sur notre site, cette configuration montre effectivement des
mesures de bonne qualité, et des inversions avec des valeurs du RMS faibles (1,85 < RMS <
2,5 %). Le suivi temporel est présenté en fonction de chacun des panneaux (A et B). Pour
cette étude, les données ont été traitées au moyen d’une inversion simultanée type « Least-
squares smoothness constraint » et le pourcentage de variation des résistivités est calculé
comme la différence entre le profil de référence (celui de février) et celui étudié (Resd2inv,
2009), rapportée à la valeur de référence du profil initial par point de mesures.

4.2.1 Suivi temporel du panneau A (72 électrodes)


Les profils exposés dans le tableau 4.8 représentent les variations de résistivités entre le
profil de référence (profil du 13/02/09, Figure 4.27) et les profils inversés n°1, 2, 3, 5 et 6. Les
pluviométries cumulées entre chaque profil (en mm) y sont également présentées.
O E

Figure 4.27 : Pseudo-sections des résistivités apparentes mesurées et recalculées, et tomographie des
résistivités vraies inversées du profil de référence du 13/02/2009, pour le panneau A.
L’image du profil de référence reste cohérente avec le contexte géologique reconnu du
site. Il présente aussi une bonne qualité de l’inversion numérique (RMS : 1,31 %).

L’échelle de couleur des figures du tableau 4.8 représente la variation en pourcentage des
résistivités entre les profils inversés n°1, n°2, n°3, n°6 et le profil inversé de référence :

272
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

- les valeurs inférieures à 0 (couleurs bleutées) représentent une augmentation des


résistivités par rapport au profil de référence (à la Figure 4.27),
- les valeurs supérieures à 0 (couleurs jaune à rougeâtre) représentent une diminution des
résistivités par rapport au profil de référence.
Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°1 inversé (17/03/09)
25 0

20 0

15 0

10 0
O
E
50

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°2 inversé (05/05/09)


2 50

2 00

1 50

1 00

50

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°3 inversé (23/06/09)


25 0

20 0

15 0

10 0

50

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°5 inversé (09/11/09)


250

200

150

100

50

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°6 inversé (09/12/09)


25 0

20 0

15 0

10 0

50

Tableau 4.8 : Profils des variations de résistivités vraies inversées du panneau A issus du suivi temporel
(Time Laps Inversion), réalisés entre le profil de référence et les profils sur la période
mars à décembre 2009, avec la pluviométrie cumulée entre chaque profil sur le site
expérimental.

273
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Une brève description des figures du tableau 4.8 permet de mettre en évidence plusieurs
éléments, avant de les interpréter. La comparaison entre le profil de référence (état humide) et
le profil n°1 (Tableau 4.8) met en évidence l’absence de changement significatif des
résistivités à la fin de la période hivernale, couplé à une faible pluviométrie. À l’inverse, la
comparaison entre le profil de référence et le profil n°2 (état peu humide) met en évidence une
augmentation importante des résistivités sur 1,50 m de profondeur, plus marquée dans la zone
argileuse asséchée en surface. La comparaison entre le profil de référence et le profil n°3 (état
sec) confirme la chute de la conductivité de la couche argileuse qui s’assèche jusqu’à 3 m de
profondeur et sur toute la longueur du profil. Cette augmentation progressive en profondeur
des résistivités entre mars et juin 2009 est associée à une diminution de la teneur en eau des
sols, avec une pluviométrie peu marquée liée au début de la période estivale sèche. Ces
résultats mettent en évidence la propagation du front de dessiccation (ou assèchement) de la
surface vers la profondeur, s’amorçant significativement dans la zone argileuse superficielle
puis sur toute la tranche superficielle et en profondeur jusqu’à 3 m. Ces variations ne sont
réparties de façon homogène au sein de l’argile, confirmant l’influence de l’hétérogénéité des
sols argileux avec des variations latérales marquées en profondeur (présence de lentilles
silteuses). Les sols argileux fissurés semblent donc être influencés rapidement par les
changements climatiques sur une épaisseur d’environ 2 m.
La comparaison entre le profil de référence et les profils n°5 et 6 (état très humide)
montre une diminution des résistivités sur l’ensemble de la zone argileuse, en raison
d’infiltration des eaux des premières pluies intenses de l’hiver 2009 (P > 240 mm). Il est
important de noter que cette chute des résistivités provient de la surface mais également en
profondeur. Nous avons vu précédemment (au §.3) que la vitesse de réhumidification était de
l’ordre de 3 mois dans les sols argileux qui pourtant ont une perméabilité mesurée en
laboratoire de 10-9 m.s, et que la vitesse d’assèchement des sols en profondeur prenait plutôt 4
mois environ, avec une aggravation du phénomène par la présence des drains sableux en
profondeur (dont la mesure de la perméabilité en laboratoire indique des valeurs de l’ordre de
10-7m.s). Cette comparaison montre également une modification des propriétés électriques au
sein de l’alios, avec un gain de résistivité traduisant une diminution de l’humidité.

Les profils exposés dans le tableau 4.9 représentent les variations de résistivités entre le
profil n°2 (05/05/09) et le profil n°3 (23/06/09) (Tableau 4.9-a), puis entre les profils n°5
(09/11/09) et n°6 (09/12/09) (Tableau 4.9-b). La comparaison entre le profil n°2 et le profil
n°3 illustre bien le passage d’un état humide à un état sec, avec une augmentation importante
des résistivités lors du début de l’assèchement des sols courant juin 2009 (Figure 4.9-a). Les
variations de résistivités les plus importantes, comprises entre -25 % et -10 %, se localisent
sur les deux premiers mètres de sol, correspondant à un horizon argileux plus ou moins fissuré
et hétérogène, sous un couvert humifère superficiel. Cette interface sol humifère-sol argileux
fissuré apparaît comme une interface favorisant l’infiltration rapide de l’eau (dans un sol
sablo-argileux plus perméable) depuis la surface dans la tranche superficielle du sol, à l’aide
de fissures et d’une plus grande perméabilité à grande échelle. De plus, cet horizon argileux
altéré situé entre 1 et 2 m de profondeur, semble être exposé plus ou moins rapidement aux
variations d’humidité des sols en fonction des hétérogénéités de l’argile en profondeur. Les

274
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

variations d’humidité semblent aussi favorisées par la présence de fissures ou d’une


hétérogénéité latérale de la perméabilité des sols.
a) Comparaison entre le profil inversé n°2 (05/05/09) et le profil inversé n°3 (23/06/09)

O E

b) Comparaison entre le profil inversé n°5 (09/11/09) et le profil inversé n°6 (09/12/09)

Tableau 4.9 : Profils des variations de résistivités du panneau A issus du suivi temporel (Time Laps
Inversion), réalisés entre les profils n°3 et n°4 (a), et les profils n°5 et n°6 (b).
L’hypothèse d’une perméabilité localement plus élevée et plus proche d’un sable
argileux ou d’une argile sableuse, déjà constatée à partir de l’analyse lithologique et
géotechnique en laboratoire des matériaux argileux du site, est qualitativement confirmée par
les mesures en tomographique électrique. Ceci nous indique que les argiles altérées sont le
siège d’une circulation d’eau gravitaire dans un milieu « semi-perméable ».
La comparaison entre le profil n°5 et n°6 illustre le front de réhumidification des sols en
décembre 2009 après les premières pluies importantes et intenses du mois de novembre 2009,
avec une pluie cumulée de 240 mm (Figure 4.13-b). Les augmentations de résistivités, de
l’ordre de 5 à 20 %, se localisent dans la même tranche de sol comprise entre 1 m et 2 m de
profondeur. On peut noter que la réhumidification des sols n’est pas répartie de façon
homogène le long du profil, et que la propagation des arrivées d’eau dépend de
l’hétérogénéité verticale et latérale au sein des sols argileux. On constate également un
contraste saisonnier bien marqué et progressif, avec un gain de 20 % ou une perte de
résistivités de 25 % au sein de la zone granulaire aliotisée. Les chutes de résistivités en
profondeur se situent dans des zones non localisées aux mêmes profondeurs, à proximité de
structures plus résistantes, et ne possédant pas la même morphologie. Ces différences peuvent
s’expliquer par des chemins différents d’écoulements de l’eau se propageant au sein d’une
argile hétérogène, marquée par de nombreuses fissures et un coefficient de perméabilité
latéralement variable. Ceci semble confirmer que les mesures de tomographie sont plus
sensibles à une perte d’humidité significative des sols, alors qu’elles mettent plus de temps à
réagir après des épisodes pluvieux intenses et récupérer leur humidité initiale.
Concernant les hétérogénéités dans le sol, les fissures peuvent atteindre 2 m de profondeur
lors du retrait maximum fin septembre 2009, avec une ouverture d’environ 2 cm en surface

275
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

(Figure 4.26) décroissant avec la profondeur (quelques mm). Un réseau de fissures espacées
de 10 cm a été observé dans la tranche supérieure altérée de l’argile (< 1 m de profondeur ;
Figure 4.45 au chapitre 3), passant à un espacement métrique en profondeur. Ceci met en
évidence un comportement non imperméable des argiles à l’échelle métrique. Ces
observations confirment que la démarche adoptée dans ce travail permet de visualiser le
comportement évolutif de structures argileuses hétérogènes du point de vue de la cinématique
d’humidification-séchage. On peut rapprocher cela de l’influence de la perméabilité (fissures,
lithologie). Le résultat de tomographie électrique du profil inversé du 21/09/2009 (Tableau
4.7) traduit donc un sol argileux très sec comportant de nombreuses fissures de retrait.

4.2.2 Suivi temporel du panneau B (48 électrodes)


Les profils exposés dans le tableau 4.10 représentent les variations de résistivités entre
le profil de référence (profil du 13/02/09, Figure 4.28) et les profils inversés n°1, 2, 3, 5 et 6.
SO NE

Figure 4.28 : Pseudo-sections des résistivités apparentes mesurées et recalculées, et tomographie des
résistivités vraies inversées du profil de référence du 13/02/2009, panneau B.

L’image du profil de référence reste cohérente avec le contexte géologique reconnu du


site. Il présente aussi une bonne qualité de l’inversion numérique (RMS : 1, 49 %). L’échelle
de couleur du Tableau 4.10 représente la variation en pourcentage des résistivités entre les
profils inversés n°1, n°2, n°3, n°6 et le profil inversé de référence :
- les valeurs inférieures à 0 (couleurs bleutées) représentent une augmentation des
résistivités par rapport au profil de référence (de la Figure 4.28),
- les valeurs supérieures à 0 (couleurs jaune à rougeâtre) représentent une diminution des
résistivités par rapport au profil de référence.
Les pluviométries cumulées entre chaque profil (en mm) sont également présentées au
Tableau 4.10.

276
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°1 inversé (17/03/09)


250

200

150

100
SO NE
50

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°2 inversé (05/05/09)


250

200

150

100

50

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°3 inversé (23/06/09)


250

200

150

100

50

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°5 inversé (09/11/09)


250

200

150

100

50

Comparaison entre le profil de référence inversé et le profil n°6 inversé (09/12/09)


250

200

150

100

50

Tableau 4.10 : Profils des variations de résistivités vraies inversées du panneau B issus du suivi temporel
(Time Laps Inversion), réalisés entre le profil de référence et les profils sur la période de mars
à décembre 2009, avec la pluviométrie cumulée entre chaque profil sur le site expérimental.

La comparaison entre le profil de référence (état humide) et le profil n°1 (Tableau 4.10)
ne montre que peu de variation de résistivités. La comparaison entre le profil de référence et
le profil n°2 (état peu humide) met en évidence une augmentation progressive et significative
des résistivités, entre -25 et -5 %, entre la surface et 2 m de profondeur. On note la présence
entre 0,60 m et 1,20 m de profondeur, des petites structures plus conductrices réparties de

277
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

façon hétérogène au sein de la zone argileuse, devenant plus résistante au cours de


l’assèchement des sols par la surface. Ces petites zones conductrices subsistent dans la
tranche superficielle lors d’un passage à un état encore plus sec au regard du profil n°3. La
partie argileuse présente une augmentation importante de ses résistivités (-30 à -25 %) jusqu’à
2,50 m de profondeur. La comparaison avec le profil n°5 voit subsister les petites structures
identifiées en surface, mais qui, affectées par les pluies importantes et intenses de novembre
2009, deviennent de plus en plus résistantes. Ces hétérogénéités au sein de la zone argileuse
fissurée vers 1 m de profondeur semblent favoriser l’apport gravitaire en eau dans les sols en
profondeur. La comparaison avec le profil n°6 montre peu de variations dans les résistivités
sur l’ensemble du volume de sol investigué, induisant une humidification relativement
homogène au sein de la zone conductrice après une pluviométrie importante. Ceci indique que
les sols n’ont pas encore récupéré leur état d’humidité du mois de février 2009.
Les profils exposés dans le tableau 4.11 représentent les variations de résistivités entre
le profil n°2 (05/05/09) et le profil n°3 (23/06/09) (Tableau 4.11-a), puis entre les profils n°5
(09/11/09) et n°6 (09/12/09) (Tableau 4.11-b).

RMS = 2,4 %

RMS = 2,4 %

Tableau 4.11 : Profils des variations de résistivités du panneau B issus du suivi temporel (Time Laps
Inversion), réalisés entre les profils n°3 et n°4 (a), et les profils n°5 et n°6 (b).

La comparaison entre le profil n°2 et le profil n°3 illustre de la même façon que pour le
panneau A, le passage d’un état humide à un état sec, avec une baisse importante des
résistivités entre 0,70 et 2 m de profondeur (Tableau 4.11-a). Les variations de résistivités les
plus importantes, comprises entre -25 % et -10 %, se localisent sur les deux premiers mètres
de sol, correspondant également à un horizon argileux plus ou moins fissuré et hétérogène,
sous un couvert humifère superficiel conducteur après des pluies peu intenses. Cette interface
sol humifère-sol argileux fissuré apparaît comme une interface favorisant l’infiltration rapide
de l’eau depuis la surface en période pluvieuse dans la tranche superficielle du sol. Cette
infiltration est favorisée par la présence de fissures et d’une plus grande perméabilité à grande

278
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

échelle. À l’opposé, cet horizon argileux altéré, situé entre 1 et 2 m de profondeur, semble
permettre en période sèche une perte rapide et importante de l’humidité des sols sur un pas de
temps relativement court, favorisée par la présence de fissures et/ou d’hétérogénéités latérales
de la perméabilité des sols argileux. L’hypothèse d’une perméabilité localement plus élevée et
plus proche d’un sable argileux ou d’une argile sableuse, déjà constatée sur le panneau A, est
également qualitativement confirmée ici par les mesures de tomographique électrique. Ceci
nous indique que les argiles altérées sont le siège d’une circulation d’eau gravitaire dans un
milieu « semi-perméable ».
La comparaison entre le profil n°5 et n°6 illustre le front de réhumidification des sols au
cours du mois de décembre 2009 après les premières pluies importantes et intenses du mois
de novembre 2009, avec une pluie cumulée de 240 mm (Tableau 4.11-b). Les augmentations
de résistivités, de l’ordre de 5 à 20 %, se localisent dans la tranche superficielle du sol
comprise entre 1 m et 2 m de profondeur. On peut noter que la réhumidification des sols n’est
pas répartie de façon homogène le long du profil, avec des structures distinctes à différentes
profondeurs et de formes variables. Cette image met en évidence l’influence de ces
hétérogénéités dans la distribution latérale des résistivités et leur rôle drainant ou asséchant en
profondeur dans un milieu argileux hétérogène. De plus, l’image de décembre 2009 indique
également que malgré une pluviométrie importante, les sols n’ont pas récupéré leur état
d’humidité maximum atteint en février 2009 et que le front d’humidification dans un sol
argileux hétérogène est nécessite plus de deux mois.

4.3 Comparaison entre suivi hydrique et suivi temporel


L’autre intérêt de cette étude est de réaliser une analyse comparative entre l’évolution
des teneurs en eau mesurées sur site par les humidimètres et l’évolution des résistivités
électriques mesurées par la tomographie électrique. Afin de pouvoir visualiser l’évolution de
ces paramètres entre les saisons, nous comparons les données hydriques et électriques :
- entre les mois de mai et juin 2009, marquant le début de l’assèchement des sols où la
végétation subit un important stress hydrique (évapotranspiration maximum) ;
- puis entre la fin d’octobre et décembre 2009, illustrant la réhumidification progressive
des sols après les premières pluies importantes et efficaces de la période hivernale.
La figure 4.29 présente les variations de résistivités obtenues par soustraction des
résistivités enregistrées entre les profils n°2-n°3 et n°5-n°6 du panneau A. Les teneurs en eau
sont obtenues à l’aide d’un tube-sonde TDR installé entre 0 et 3 m de profondeur dans le
même faciès argileux que celui présent à l’extrémité ouest du panneau A. Les teneurs en eau
volumique ont été mensualisées par semestre marquant des saisons différentes et entre
lesquelles les variations étaient faibles, afin de limiter l’incertitude et de préciser le
comportement à différentes périodes de l’année des sols en les comparant aux données
tomographiques. La figure 4.29 illustre l’évolution par semestres d’été et d’hiver des teneurs
en eau volumique mesurées le long d’un profil de 3 m de profondeur (sonde TDR) dans un sol
argileux (faciès A/BOG) avec des figures de retrait dans sa partie supérieure, sous un couvert
humifère superficiel, comparée aux variations de résistivités mesurées le long d’un transect de
3 m dans la même argile A/BOG.

279
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

TENEUR EN EAU VOLUMIQUE (%)


0 10 20 30 40 50 60 70 80 Comparaison entre le profil inversé n°2 (mai 09) et le profil inversé n°3 (juin 09)
0.00
Prof.
(m)
Sol humifère

0.50

1.00 O E
Sol argileux
avec des
PROFONDEUR (m)

figures de
1.50
retrait Comparaison entre le profil inversé n°5 (fin oct.09) et le profil inversé n°6 (déc.09)

Prof.
(m)
2.00
Sol argileux
compact
H1
ÉTÉ 08 (Août‐Nov.)
2.50 HIVER 08‐09 (Déc.‐Mai)
PRINTEMPS 09 (Juin‐Juill.)
ÉTÉ 09 (Août‐Sept.)

3.00
HIVER 09 (Nov.‐Déc.) Interface argile-alios

Figure 4.29 : Analyse comparative entre les variations mensualisées des teneurs en eau volumique
mesurées jusqu’à 3 m de profondeur dans de l’argile (sonde TDR-H1), et la variation de
résistivités dans le même sol argileux suivant deux profils inversés du panneau A.

Cette figure présente les importantes variations mensuelles de teneur en eau mesurées
dans les sols entre août 2008 et décembre 2009, entre 0,80 et 2,00 m dans les argiles fissurées.
Les amplitudes les plus importantes apparaissent dans la tranche superficielle exposée
directement aux variations climatiques, donnant ainsi des mesures recouvrant toute la gamme
de mesures des teneurs en eau volumique par la sonde TDR. On peut distinguer, sans tenir
compte des premiers 0,80 m de sol sableux humifère, que les teneurs en eau forment deux
populations bien distinctes suivant les saisons : sols secs entre août et début novembre
(semestre d’été), sols humides entre novembre et début mai (semestre d’hiver). À partir de
2 m de profondeur, les variations sont moins significatives, ce qui indique que les effets de
l’assèchement sont moindres par rapport à la surface lié à un état moins fissuré du sol argileux
en profondeur. En comparant les résultats de variations de résistivité avec celle de l’humidité,
on reconnaît des modifications bien marquées des propriétés électriques entre les trois
couches de sol distinguées, avec des gammes de variations reportées au tableau 4.12.
Variation de résistivité Variation de teneur en
Prof. (m) Faciès
∆ ρ (%) eau volumique ∆W (%)
0,00 – 0,80 Sol humifère -10 à 0 15 à 25
Comparaison de
0,80 – 2,00 Argile fissurée -25 à -10 5 à 12
mai à juin 09
2,00 – 3,00 Argile compacte -10 6à8
Comparaison 0,00 – 0,80 Sol humifère 5à0 20 à 50
d’octobre à 0,80 – 2,00 Argile fissurée 15 à 0 20 à 25
décembre 09 2,00 – 3,00 Argile compacte 0 à -10 8
Tableau 4.12 : Gammes de variation des résistivités des sols argileux de Brach comparées à leurs teneurs
en eau volumique mesurées à différentes profondeurs.
Ce tableau montre que les mesures de résistivités sont moins influencées en surface par
la présence d’un sol humifère, tantôt très sec tantôt saturé en eau, contrairement aux variations

280
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

de teneur en eau volumique obtenues par le suivi de la sonde TDR. À partir de 0,80 m, on
confirme que l’épaisseur de sol argileux comprise entre 0,80 m et 2,00 m subit les variations
de teneur en eau et de résistivités électriques les plus marquées et les plus importantes. Les
gammes de variations enregistrées sont :
- pour les résistivités de -25 à -10 %,
- pour les teneurs en eau de 5 à 12 %.
On constate que les variations de résistivité sont plus marquées au passage d’un état
humide à un état sec, pour un changement de teneur en eau faible (5 à 12 %), alors qu’après
les premières pluies hivernales (pluviométrie cumulée sur deux mois supérieure à 240 mm),
les variations de résistivité ne sont pas aussi élevées (Tableau 4.12). Pourtant d’octobre à
décembre, l’apport en eau dans les sols est souligné par une augmentation importante
d’humidité des sols de l’ordre de 20 %. Cette différence d’amplitude peut être due soit à
l’hétérogénéité présente au sein des argiles (nombreuses fissures), soit au fait du changement
d’échelle. En effet, la mesure de teneur en eau volumique se fait sur un petit échantillon de
sol, sur une portion de sol d’environ 15 cm autour de la sonde. Dans ce cas, la probabilité
d’inclure une fissure dans le volume d’influence de la mesure est plus faible qu’en résistivité.
En effet, étant donné l’espacement entre électrodes, le volume d’investigation en tomographie
est pluridécimétrique et peut comprendre des drains silto-sableux décimétriques, et permettre
de visualiser l’influence de ces hétérogénéités. Il est aussi possible que l’amplitude de
variation de résistivités électriques soit plus importante encore au mois de septembre, mois
correspondant au maximum d’intensité du front de dessiccation en profondeur dans les sols et
constaté sur l’ensemble des capteurs du suivi hydrique. Enfin, entre 2 et 3 m de profondeur,
les variations de résistivités et de teneur en eau présentent les mêmes amplitudes entre le
début de la période estivale, et le début de la période hivernale pluvieuse.
Dans les mécanismes de tassements sous fondation, la présence de sols argileux
hétérogènes tels que ceux du site expérimental est un facteur favorisant l’apparition de
tassements différentiels suite aux cycles saisonniers, avec des variations de teneurs en eau
relativement importantes malgré une année 2009 très pluvieuse. L’autre cas de figure
favorisant les tassements différentiels est la présence d’une interface entre sol argileux et sol
granulaire compact. Le panneau A recoupe deux formations propices à la création de
tassements différentiels ou points durs : la formation argileuse de Brach hétérogène côté
Ouest et l’alios à l’extrémité Est (Figure 4.29). Nous n’avons pas de mesures d’humidité dans
l’alios, mais on constate au cours de la phase d’assèchement entre mai et juin 2009, que
l’interface argile-alios est peu marquée en termes de variations de résistivités. Alors que lors
de la réhumidification des sols au début de la période hivernale, l’interface est nettement
visible avec des variations de résistivités de l’ordre de -25 %. Cette gamme de variations de
résistivités en hiver est équivalente à celle observée au sein de l’argile hétérogène, alors qu’on
aurait pu penser que les variations seraient plus importantes. L’interface argile-alios dans cette
étude semble à l’heure actuelle n’avoir pas plus d’effet néfaste que l’argile hétérogène, mais
ceci restera à confirmer dans la suite des travaux de thèse sur le site.
Il est donc avéré dans cette étude que la méthode TRE permet de caractériser
l’hétérogénéité en profondeur et spatiale des terrains, et notamment pour des terrains
argileux. Nous avons montré également que cette méthode est capable de détecter dans le

281
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

temps des variations significatives de résistivité en fonction de l’évolution temporelle de


paramètres tels que la teneur en eau, qui est le facteur prépondérant dans le phénomène de
retrait et gonflement des sols argileux, et à condition de dimensionner le dispositif de mesures
afin de pouvoir détecter des objets ou les effets de ces objets à l’origine des mécanismes
étudiés. Ce dispositif géophysique indique que les mesures de tomographie électrique sont
plus sensibles à une perte significative d’humidité des sols, alors qu’elles le sont moins lors
d’épisodes pluvieux car les sols mettent plus de temps à réagir et à récupérer leur teneur en
eau initiale. Ce constat permet d’expliquer les perturbations importantes de la propagation
du front d’humidification des sols par les hétérogénéités et les fissures présentes dans le sol à
différentes profondeurs. Ces hétérogénéités jouent sur la perméabilité des sols, et viennent
accélérer le phénomène de retrait dans les argiles en été. Ceci met en évidence un
comportement non imperméable des argiles et une importante infiltration de l’eau à la faveur
des fissures et des passées silteuses au sein de la formation argileuse. Ces fortes variations de
teneur en eau entre 1 et 2 m, constatées pour une année 2009 pluvieuse, coïncident avec des
variations de résistivités importantes (jusqu’à -25 %) observées grâce au suivi temporel. Le
suivi géophysique temporel semble donc être un bon indicateur de l’évolution temporelle et de
la distribution de l’humidité dans des sols argileux plus ou moins fissurés et hétérogènes,
sans avoir à faire un filtrage important des mesures. Les structures géologiques identifiées
préalablement se retrouvent sur les images des panneaux inversés avec une bonne qualité de
l’inversion (RMS faibles), donnant ainsi un résultat réaliste.

5. Suivi géotechnique des sols argileux : mesure des


déplacements verticaux
Cette partie présente les résultats enregistrés en terme de vitesse et d’amplitude de
mouvements verticaux des sols argileux du site de Pessac, sur la période allant de mars 2008 à
décembre 2009, pour différentes profondeurs.

5.1 Suivi automatique des mouvements verticaux des sols (GLÖTZL)


Concernant les capteurs extensométriques de type GLÖTZL mis en place pour suivre en
continu les mouvements verticaux des sols entre 0,50 m et 15 m de profondeur, la figure 4.30
présente l’évolution en fonction du temps (entre fin août 2008 et fin décembre 2009) des
déplacements relatifs mesurés et cumulés à 1 m, 2 m, 3 m et à la profondeur de référence
supposée fixe à 15 m de profondeur, corrélés aux précipitations brutes journalières. Chaque
mesure fournit, pour chacun des capteurs intermédiaires, la différence ∆H entre la profondeur
de référence (le fond du sondage à 15 m supposé fixe) et la profondeur intermédiaire
instrumentée par rapport à l’instant initial H0. Une augmentation de cette différence traduit
donc un gonflement de la couche comprise entre la surface et le capteur, alors qu’une
diminution reflète un tassement (Figure 4.30). Toutefois, il est important de rappeler que les
déplacements mesurés par les extensomètres restent des mesures relatives, car il est
impossible de connaître l’état de référence du sol, si le sol était en gonflement ou en retrait
lors de leur installation. Ces mesures relatives nous permettent ici d’évaluer les mouvements
globaux du sol suite à des épisodes climatiques.

282
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Pression atmosphérique (mbar)


Pression barométrique (mbar)
1040
1030
1020
1010
1000
990
980
970

60 2.0
Gonflement & phases Gonflement =
Phase Retrait = Phase Retrait = 2,3 mm
stationnaires =
1 mm (2 mois) 3,7 mm maximum (5 mois) (2 mois) 1.5
2,5 mm maxi (7 mois)
50
GONFLEMENT

1.0
Pluviométrie cumuleé journalière (mm)

Déplacements relatifs (mm)


40 0.5

0.0
30
RETRAIT

‐0.5

20 ‐1.0

‐1.5
10
‐2.0

0 ‐2.5

Pluviométie (mm) Ancrage fixe 15 m Capteur 3 m Capteur 2 m Capteur 1 m

Figure 4.30 : Evolution comparée des déplacements mesurés à 1 m, 2 m, 3 m et 15 m de profondeur, de


la pluviométrie brute et de la pression atmosphérique enregistrées sur le site de Pessac
entre le 29/08/08 et le 31/12/09.

Les résultats du capteur ancré à 0,50 m de profondeur ne sont pas présentés, ici en
raison du dysfonctionnement du capteur depuis son installation. Avec ce système, la
déformation maximale est cumulée sur le capteur situé en profondeur à 15 m. Or le graphique
de la figure 4.30 montre les déplacements enregistrés par le capteur à 15 m sont quasi nuls,
avec une amplitude inférieure au millimètre. Ceci nous incite à penser que lors du scellement
de ce capteur en profondeur, une dose trop importante de coulis a été injectée par le fond,
bloquant le capteur et empêchant toute mesure de déformation. C’est pourquoi, l’ensemble
des déformations cumulées sur les trois premiers mètres sont enregistrés par le capteur à 3 m
de profondeur. Les mouvements verticaux enregistrés entre 0 et 3 m de profondeur (capteur à
3 m) sont illustrés à la figure 4.31, cumulés aux précipitations efficaces calculées (données
incomplètes dû fin abonnement à Météo France au moment de la rédaction) afin de vérifier
que les déplacements enregistrés sont bien reliés aux pluies qui pénètrent dans le sol.
Les figures 4.30 et 4.31 montrent que les déplacements verticaux sont bien corrélés à
des précipitations intenses (P efficaces > 15 mm) et leur succèdent quasi-immédiatement,
depuis la surface jusqu’à 3 m de profondeur. Les courbes peuvent être décomposées en
différentes phases bien distinctes sur la période d’enregistrement acquise de fin août 2008 à
fin décembre 2009. À la suite de la mise en place de l’extensomètre, une courte phase en
retrait a été mesurée sur 2 mois avec une amplitude restreinte de 1 mm accumulée sur le
capteur à 3 m. On constate que les amplitudes de déplacements mesurées au niveau des

283
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

capteurs à 1 m et 2 m sont très faibles (Figure 4.30). Dès le premier épisode pluvieux intense
et important (24/11/08), les trois capteurs montrent une phase de gonflement s’amorçant
immédiatement après (dans les trois heures, ce qui correspond au pas de mesure) avec un
gonflement cumulé atteignant 0,50 mm (à 1 m) à 1 mm (à 3 m) en 4 jours. Cet épisode a été
suivi d’une courte phase de retrait, interrompue par un nouveau gonflement (0,2 mm) à la
suite d’une pluie intense, et suivi à nouveau d’un net retrait (0,6 mm) à 2 m de profondeur,
entre mi-décembre 2008 et fin janvier 2009, plus restreint en surface qu’en profondeur
(Figure 4.30). À la suite d’un important épisode pluvieux entre le 19/01 et le 26/01/09
(tempête Klaus : 140 mm en 7 jours), une phase de gonflement s’est produite provoquant des
déplacements de l’ordre de 0,5 mm uniquement mesurés sur le capteur à 3 m. Les capteurs à
1 m et 2 m de profondeur n’enregistrent que des mouvements très limités avant et après cet
épisode de tempête, peu corrélés aux épisodes pluvieux et inverses aux déplacements mesurés
sur le capteur à 3 m. Il semble donc que les capteurs à 0,50 m, 1 m et 2 m ne fonctionnent plus
correctement depuis cette date : les courbes présentent des paliers en gonflement ou ne
réagissent plus après un épisode pluvieux. C’est pourquoi une étude détaillée des
déplacements par couche ne sera pas effectuée avec ce dispositif (mais le sera avec
l’extensomètre TELEMAC). Dans ce travail seule l’interprétation de la courbe du capteur à
3 m sera analysée en intégrant les déplacements sur la tranche de 0 à 3 m (Figure 4.31). La
réponse du capteur à 3 m, en fonction des évènements climatiques, est cohérente avec les
déplacements mesurés à la même profondeur sur l’extensomètre TELEMAC. Ce capteur
cumule ainsi l’ensemble des mouvements sur la tranche de sol comprise entre 0 et 3 m (et non
entre 3 et 15 m vu que le capteur à 15 m est le point fixe), avec les mêmes ordres de grandeur
d’amplitudes de tassement et de gonflement que l’autre extensomètre. Cette analyse
comparative permet de valider les mesures du capteur et le choix de travailler ici sur les
mouvements globaux entre 0 et 3 m de profondeur.

50 2.5

2.0
GONFLEMENT

40
Pluie efficace (Pbrute‐ETP) journalière (mm)

1.5

30
Déplacements relatifs (mm)

1.0
RETRAIT

20 0.5

0.0
10

‐0.5

0
‐1.0

‐10 ‐1.5
Pluie efficace (mm) couche entre 0 et 3 m

Figure 4.31 : Evolution des déplacements mesurés à 3 m de profondeur et des pluies efficaces
(incomplètes) enregistrées sur le site de Pessac entre le 29/08/08 et le 31/12/09.

284
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Une longue période stationnaire a suivi cet important épisode pluvieux, marquée par
trois phases successives de gonflement produites après la forte pluie du 11/04/09, avec un
premier gonflement de 0,15 mm en 6 heures et un second gonflement de 0,80 mm au 11/05/09
(Figure 4.30). Sur la période allant du 26/10/08 au 15/06/09, le gonflement total mesuré est de
2,5 mm (Figures 4.30 et 4.31). À partir du 15/06/09, le début d’une phase de retrait
commence, avec une vitesse de tassement plus importante qu’en 2008, malgré trois
interruptions liées aux fortes pluies d’été. L’amplitude maximale mesurée du retrait est de 3,7
mm, atteinte le 25/10/09 pour la couche comprise entre 0 et 3 m de profondeur, et en relation
avec une faible pluviométrie. Après cette phase, le retrait s’est stabilisé jusqu’au 01/11/09,
date à laquelle ont eu lieu d’importantes précipitations responsables d’un gonflement du sol
marqué par un décalage d’un jour par rapport à la pluviométrie enregistrée à 3 m de
profondeur, soit près de 1 mm en 10 jours. Après cet évènement, le gonflement du sol
continue jusqu’à la fin de la période d’enregistrement fixée ici au 31/12/09, suite à
d’importantes précipitations régulières, avec une amplitude maximale de 2,25 mm jusqu’à
cette date. Précisons que les mouvements mesurés sont relatifs à un certain état initial lors de
l’installation de l’extensomètre qui n’est pas connu, et qu’il est donc seulement possible de
déterminer les périodes de mouvements relatifs de sol et leurs amplitudes correspondantes,
par leurs mouvements dans l’absolu.

‐10 5.5
Données
incomplètes
0 4.5

10 3.5
Pluie efficace journalière (mm)

20 2.5 ΔH sol (mm)

30 1.5

40 0.5

50 ‐0.5

60 ‐1.5
Pluviométie (mm) entre 0 et 3 m

Figure 4.32 : Détermination de la durée des phases de gonflement et de retrait identifiées à partir des
déplacements relatifs mesurés à 3 m de profondeur entre le 29/08/08 et le 31/12/09.

La courbe de la figure 4.31 montre également que fin décembre 2009, le sol n’a pas
retrouvé son état « initial » de fin décembre 2008 et qu’au final le retrait a été beaucoup plus
important que le gonflement sur un cycle annuel. Afin de faciliter la lecture et d’étudier
l’influence des facteurs climatiques sur les déplacements enregistrés, différentes périodes de
temps ont été individualisées (Figure 4.32) :

285
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

- Retrait 1 (2008) : du 13/09 au 26/10/08, soit 60 jours correspondant à la fin de l’été 2008 ;
- Gonflement 1 (2008-2009) : du 26/10/08 au 15/06/09, soit un gonflement alternant avec
des phases stationnaires sur 232 jours ;
- Retrait 2 (2009) : retrait maximal mesuré jusqu’à présent du 15/06 au 18/10/09 (135 j) ;
- Gonflement 2 (2009) : début du gonflement à partir du 29/10/09 jusqu’à la fin de la
période d’enregistrement (65 j). Le gonflement se poursuit en 2010.

5.1.1 Analyse comparée climat-déplacements de la période de Retrait 1


Les déplacements verticaux mesurés par le capteur situé à 3 m de profondeur (pour la
couche de sol comprise entre 0 et 3 m) et pour la période de Retrait 1 (du 13/09 au 26/10/08)
ont été reportés sur les deux graphiques de la figure 4.33, soit en fonction des pluies efficaces
(Figure 4.33-a), soit en fonction de la pression atmosphérique (Figure 4.33-b). Les données
pluviométriques sont journalières, alors que les pressions atmosphériques sont mesurées avec
un pas de mesures identiques à celles des déplacements (toutes les 3 heures).

‐10 1.5

0
Figure 4.33-a : Evolution
comparée des déplacements
mesurés (en tassement) pour
Pluie efficace journalière (mm)

10 1.0

la couche entre 0 et 3 m de
ΔH sol (mm)

20
profondeur et les pluies
efficaces enregistrées sur le
site de Pessac entre le 13/09
30 0.5
et le 26/10/08.

40

Pluie efficace (mm) Déplacements entre 0 et 3 m


50 0.0

Pression atmosphérique Déplacements entre 0 et 3 m


1030 1.5

1.4

1.3

1025 1.2

1.1
Pression atmosphérique (mbar)

1.0

Figure 4.33-b : Evolution 1020 0.9


ΔH sol (mm)

comparée des déplacements 0.8

mesurés (en tassement) entre 0.7

0 et 3 m de profondeur et la 1015 0.6

pression atmosphérique 0.5

enregistrée sur le site de 0.4

Pessac entre le 13/09 et le 1010 0.3

26/10/08. 0.2

0.1

1005 0.0

La figure 4.33-a montre que le retrait est associé à une faible pluviométrie et à une
évapotranspiration importante des sols. Toutefois, quatre épisodes de pluies efficaces
provoquent immédiatement une interruption brève du retrait (sur une journée). Ces courtes
phases de stabilisation coïncident parfaitement avec les pics de pluies efficaces. Ceci indique

286
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

également que des petites pluies efficaces (5 < P efficace < 10 mm) suffisent pour affecter le
sol en période estivale sur la tranche de sol comprise entre 0 et 3 m. La figure 4.33-b ne
permet pas de mettre en évidence clairement l’influence de la pression atmosphérique sur les
mesures de déplacements. Pourtant, la tranche superficielle d’un sol est autant exposée aux
variations de pression atmosphérique qu’aux variations de température. Toutefois on constate
que globalement la pression atmosphérique moyenne augmente et coïncide avec une phase de
tassement (Figure 4.33-b). Ceci indique qu’une augmentation de pression atmosphérique
induit une pression sur le sol avec une augmentation du tassement. À l’inverse, le passage
d’une dépression, associée à une chute brutale de la pression, devrait engendrer une
diminution du tassement. Or il apparaît ici que cette relation n’est pas si évidente dans le
détail. Les déplacements mesurés fluctuent trop pour être interpréter. De plus, l’influence des
cycles des marées pourrait éventuellement et également se faire ressentir, au vu de la situation
géographique du site (c’est-à-dire proche de la Garonne côté Est, et proche de l’Océan
Atlantique en allant vers l’Ouest), mais ce facteur supplémentaire n’est pas nettement visible.

5.1.2 Analyse comparée climat-déplacements de la période de Gonflement 1


Les déplacements verticaux mesurés par le capteur à 3 m de profondeur (couche de sol
entre 0 et 3 m) pour la période de Gonflement 1 (du 26/10/08 au 15/06/09) ont été reportés
sur les deux graphiques de la figure 4.34 juxtaposés soit en fonction des pluies efficaces
(Figure 4.34-a), soit en fonction de la pression atmosphérique (Figure 4.34-b).

‐10 3.0

2.5
0

2.0 Figure 4.34-a : Evolution


Pluie efficace journalière (mm)

10 comparée des déplacements


mesurés entre 0 et 3 m de
1.5
ΔH sol (mm)

profondeur et des pluies


20
efficaces enregistrées sur le
1.0 site de Pessac entre le
30
26/10/08 et le 15/06/09
1
0.5

40
0.0

Pluie efficace (mm) Déplacements entre 0 et 3 m


50 ‐0.5
Pression atmosphérique Déplacements entre 0 et 3 m
1040 3.0

1030 2.5

1020 2.0
Pression atmosphérique (mbar)

Figure 4.34-b : Evolution


1010 1.5
ΔH sol (mm)

comparée des déplacements


mesurés entre 0 et 3 m de
1000 1.0
profondeur et de la pression
atmosphérique enregistrée
0.5
sur le site de Pessac entre le 990

26/10/08 et le 15/06/09
980 0.0

970 ‐0.5

287
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

La figure 4.34-a montre que les phases successives de gonflement coïncident


parfaitement avec des pluies efficaces importantes et intenses (10 < P efficaces < 40 mm)
enregistrées sur cette période d’hiver, et que par conséquence l’eau pénètre quasi-
immédiatement dans le sol. Le gonflement se produit après les premières pluies, avec un
décalage d’une journée indépendamment de l’intensité de la pluie. Les phases de stabilisation
correspondent clairement à des périodes où la pluviométrie est très faible avec une légère
évapotranspiration non négligeable des sols, liée aux besoins en eau du couvert végétal en
hiver. Une brève phase de retrait a été observée après un gonflement le 19/05/09. Ceci peut
s’expliquer non seulement par un manque de pluviométrie mais également par une
évapotranspiration du sol plus importante qu’auparavant. Cela indique qu’à partir de mi-mai à
juin, on entre dans la période de « réveil » de la végétation, où le besoin en eau pour le
développement des plantes est très important et où les petites pluies sont absorbées par la
végétation. Pour que l’eau gagne en profondeur, il faut des épisodes pluvieux intenses et
suffisants, apportant des pluies efficaces > 20 mm. La figure 4.34-b montre que les phases de
gonflement sont précédées de chutes brutales de la pression barométrique, coïncidant avec le
passage de dépressions apportant de la pluie. Ceci confirme la relation entre les pluies et les
mouvements verticaux enregistrés, mais coïncide aussi avec des baisses de la pression
atmosphérique. Afin de voir si la pression atmosphérique influence les déplacements mesurés,
nous les avons comparés sur deux jours de mesures correspondant à une période de
stabilisation, localisé 1 sur la Figure 4.34-a. L’illustration de la figure 4.35 présente les
variations mesurées des déplacements et de la pression atmosphérique entre le 13/12 et le
14/12/08. À l’échelle d’une journée, on constate que la relation entre les déplacements
mesurés et la pression est peu évidente. La fluctuation mesurée de la courbe des
déplacements, de l’ordre de 0,02 mm en tassement, se juxtapose normalement à une
diminution progressive de la pression suivie d’une stabilisation. On peut donc en conclure que
l’influence de la pression atmosphérique existe, mais semble rester restreinte par rapport à
celle de la pluviométrie qui joue un rôle essentiel dans les mouvements verticaux du sol.
Pression atmosphérique Déplacements entre 0 et 3 m
1015 0.80
Pression atmosphérique (mbar)

1005
ΔH sol (mm)

995

985 0.75

Figure 4.35 : Evolution comparée des déplacements mesurés à 3 m de profondeur et de la pression


atmosphérique enregistrée sur le site de Pessac entre le 13/12/08 et le 14/12/08.

288
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

5.1.3 Analyse comparée climat-déplacements de la période de Retrait 2


Les déplacements verticaux mesurés par le capteur situé à 3 m de profondeur pour la
période de Retrait 2 (du 15/06 au 18/10/09) ont été reportés sur les deux graphiques de la
figure 4.36, soit en fonction des pluies efficaces (Figure 4.36-a), soit en fonction de la
pression atmosphérique (Figure 4.36-b).

‐10 3.0

2.5
0
2.0
Figure 4.36-a : Evolution
comparée des déplacements
Pluie efficace journalière (mm)

10 1.5
mesurés entre 0 et 3 m de
profondeur et des pluies

ΔH sol (mm)
1.0
20 efficaces enregistrées sur le
0.5 site de Pessac entre le
15/06/09 et le 18/10/09
30 0.0

‐0.5
40
‐1.0

Pluie efficace (mm) Déplacements entre 0 et 3 m


50 ‐1.5
Pression atmosphérique Déplacements entre 0 et 3 m
1030 2.5

2.0
1025

1.5

Figure 4.36-b : Evolution 1020


Pression atmosphérique (mbar)

comparée des déplacements 1.0

mesurés entre 0 et 3 m de 1015

ΔH sol (mm)
profondeur et de la pression 0.5

atmosphérique enregistrée 1010

0.0
sur le site de Pessac entre le
1005
15/06/09 et le 18/10/09 ‐0.5

1000
‐1.0

995 ‐1.5

La figure 4.36-a présente le retrait le plus important enregistré jusqu’à présent (3,7 mm
d’amplitude), associé à une évapotranspiration très intense des sols. On constate que le retrait
maximal du sol est atteint en 135 jours, le 18/10/09, soit deux fois plus vite que celui du
gonflement (265 jours). Il semble donc que les sols se rétractent avec une vitesse plus
importante que lorsqu’ils gonflent. Cette phase de retrait a été interrompue après cinq
épisodes pluvieux (type orages) ayant induits une importante infiltration d’eau dans les sols
en saison sèche. Les sols ont été particulièrement affectés par les pluies du 10/08 et du
19/09/09, vu qu’elles ont été suivies de phases stationnaires (Figure 4.36-a). Comme
précédemment (Figure 4.34-b), il est difficile d’observer l’influence de la pression
atmosphérique sur les déplacements mesurés puisque lorsqu’on observe des baisses de
pression, on n’assiste à aucune modification du tassement si aucune pluies efficaces ne se
manifestent. Comme pour la phase de gonflement 1, nous comparons les déplacements et la

289
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

pression atmosphérique mesurées sur quatre jours correspondant à une période de


stabilisation, localisée sur la Figure 4.36-a. La figure 4.37 présente les variations mesurées des
déplacements et de la pression atmosphérique entre le 20/09 et le 24/09/09. À l’échelle d’une
journée, on constate que la relation entre les déplacements mesurés et la pression est peu
évidente. La fluctuation mesurée de la courbe des déplacements, de l’ordre de 0,04 mm en
gonflement global sur la période considérée, se juxtapose à une augmentation progressive
globale de la pression suivie d’une diminution. Or l’augmentation de pression atmosphérique
aurait dû provoquer un tassement global et non un gonflement. Toutefois, à une échelle de
temps de quelques heures lorsque la pression augmente, on observe une reprise du tassement.
On peut donc en conclure que l’influence de la pression atmosphérique n’est pas toujours
nette, et reste restreinte par rapport à celle de la pluviométrie.
Pression atmosphérique Déplacements entre 0 et 3 m
1025 ‐0.6
Pression atmosphérique (mbar)

ΔH sol (mm)
1020

1015 ‐0.7

Figure 4.37 : Evolution comparée des déplacements mesurés à 3 m de profondeur et de la pression


atmosphérique enregistrée sur le site de Pessac entre le 20/09/09 et le 24/09/09

5.1.4 Analyse comparée climat-déplacements de la période de Gonflement 2


Les déplacements verticaux mesurés par le capteur à 3 m de profondeur (couche de sol
entre 0 et 3 m) pour la période de Gonflement 2 (du 29/10 au 31/12/09) ont été reportés sur
les deux graphiques de la figure 4.38, soit en fonction des pluies efficaces (Figure 4.38-a), soit
en fonction de la pression atmosphérique (Figure 4.38-b).

‐10 1.5

0 1.0

Figure 4.38-a : Evolution


Pluie efficace journalière (mm)

10 0.5 comparée des déplacements


mesurés entre 0 et 3 m de
ΔH sol (mm)

20 0.0
profondeur et des pluies
efficaces enregistrées sur le
site de Pessac entre le
30 ‐0.5
18/10/09 et le 31/12/09

40 ‐1.0

Pluie efficace (mm) Déplacements entre 0 et 3 m


50 ‐1.5

290
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Pression atmosphérique Déplacements entre 0 et 3 m


1030 1.5

1020 1.0

Figure 4.38-b : Evolution

Pression atmosphérique (mbar)


1010 0.5
comparée des déplacements
mesurés entre 0 et 3 m de

ΔH sol (mm)
1000 0.0
profondeur et de la pression
atmosphérique enregistrée
sur le site de Pessac entre le 990 ‐0.5

18/10/09 et le 31/12/09
980 ‐1.0

970 ‐1.5

La figure 4.38-a montre à nouveau que les phases successives de gonflement coïncident
parfaitement avec les pluies efficaces intenses enregistrées sur cette période d’hiver, et donc
que l’eau pénètre très rapidement à 3 m de profondeur en quelques heures. Le principal
gonflement se produit après les pluies du 01/11/09 au 08/11/09, avec un décalage d’une
journée, et une amplitude de 1,2 mm au bout de 8 jours pour une pluviométrie efficace
cumulée de 129 mm. Les phases de stabilisation correspondent clairement à des périodes où la
pluviométrie est très faible avec une évapotranspiration marquée du sol. La figure 4.38-b ne
permet pas, là encore, de mettre en évidence clairement l’influence de la pression
atmosphérique sur les mesures déplacements. Contrairement à la période de gonflement 1, les
phases de gonflement ne sont pas systématiquement précédées d’une chute de la pression
atmosphérique de façon aussi marquée.

5.1.5 Cinétique de déplacement


Les mesures extensométriques réalisées sur site donnent également des indications sur
les cinétiques de déplacement ou de déformation. La figure 4.39 présente les déplacements
enregistrés à 3 m de profondeur, superposés à la courbe des vitesses moyennes de ces
déplacements en mm/h, obtenus sur un pas de temps de 3 heures.
On constate que les phases de gonflement in situ sont très brèves et peuvent être 2 à 3
fois plus rapides que les phases de retrait qui sont progressives et sur de plus longues
périodes. Le gonflement peut atteindre des vitesses de l’ordre de 0,035 à 0,06 mm/h, tandis
que la vitesse de retrait est estimée au maximum de 0,02 mm/h. On peut en conclure que le
gonflement des sols est instantané, bref et très rapide après une pluie efficace. Le retrait
présente un comportement plus lent et progressif dans le temps, accumulant les déplacements
mesurés. Les vitesses de retrait s’accélèrent malgré tout sur la période la plus sèche de l’été,
associée aux pluies les plus faibles, entre août et septembre.
On peut donc déduire des données sur les cinétiques de déplacements et sur les
phénomènes relatifs aux mesures d’humidité dans le sol, que l’eau pénètre gravitairement par
les drains silto-sableux et par les fissures présents à différentes profondeurs dans les argiles,
expliquant une vitesse de gonflement plus rapide que celle du retrait. Puis, l’eau stagnerait

291
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

dans ces hétérogénéités semi-perméables et s’évacuerait plus lentement en raison d’un sol
environnant argileux plus imperméable qui, lui-même, perd de l’eau avec une cinétique très
lente. Ce mécanisme expliquerait que les tassements se produisent avec une vitesse de
déplacement beaucoup plus lente que le phénomène de gonflement. Les vitesses variables
entre gonflement et tassement sont liées à la présence de sols argileux imperméables, mais
également aux hétérogénéités (drains sableux et fissures) présentes dans les sols argileux à
différentes profondeurs.
5.5 0.04

0.03

4.5
0.02

0.01
3.5
0.00

Vitesse de déplacement (mm/h)


‐0.01
ΔH sol (mm)

2.5

‐0.02

1.5 ‐0.03

‐0.04
0.5
‐0.05

‐0.06
‐0.5

‐0.07
Déplacements à 3 m Vitesse de déplacement (mm/h)
‐1.5 ‐0.08
29/08/08 08/10/08 17/11/08 27/12/08 05/02/09 17/03/09 26/04/09 05/06/09 15/07/09 24/08/09 03/10/09 12/11/09 22/12/09

Figure 4.39 : Déplacements à 3 m de profondeur et vitesses de déplacement enregistrées sur le site de


Pessac entre le 29/08/08 et le 31/12/09.

Au final, ces mesures extensométriques automatiques ont permis de discuter et préciser


le paramètre climatique le plus influant sur les déformations du sol en profondeur, et de
donner des indications sur les cinétiques de déplacement en gonflement et en retrait. On a
ainsi pu confirmer que la pluviométrie est le facteur déterminant des mouvements des sols de
la formation de Brach, jusqu’à au moins 3 mètres de profondeur et soumis à un climat
océanique. Ces résultats vont être confrontés à ceux du deuxième système extensométrique,
qui apportera des précisions sur les variations d’épaisseur des couches de sol entre 0,50 m et 3
m de profondeur, et au-delà de 6 m de profondeur.

5.2 Suivi hebdomadaire des mouvements verticaux des sols (TELEMAC)


Concernant les capteurs extensométriques de type TELEMAC mis en place pour suivre
en continu les mouvements verticaux des sols entre 0,50 m et 10 m de profondeur, la figure
4.40 présente l’évolution en fonction du temps (entre le 19/03/2008 et le 16/12/2009) des
déplacements relatifs mesurés à 0,50 m, 1 m, 2 m, 3 m et à la profondeur de référence fixe

292
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

située à 10 m de profondeur, cumulée aux précipitations brutes journalières. La pression


atmosphérique est mesurée sur la même période et également juxtaposée à la figure 4.40, avec
un une période d’absence de mesures dû à l’installation postérieure de la station
météorologique. Chaque mesure fournit, pour chacun des capteurs intermédiaires, la
différence ∆H entre la profondeur de référence (le fond du sondage à 10 m supposé fixe) et la
profondeur intermédiaire instrumentée ; ceci par rapport à l’instant initial de la mesure H0.
Une augmentation de cette différence traduit donc un gonflement de la couche comprise entre
le fond et le capteur, alors qu’une diminution reflète un tassement. L’ensemble des résultats
sont exploités et jugés robustes, vu l’absence significative de dysfonctionnement des capteurs.

Pression atmosphérique (mbar)


1040
1030
1020
1010
1000
990
980
970

Pluie efficace Ancrage fixe 10 m Capteur 3 m Capteur 2 m Capteur 1 m Capteur 0,50 m


50 4
Gonflement & phases stationnaires =
2,7 mm maximum (7 mois)
45
3

40
GONFLEMENT

2
Pluviométrie cumulée journalière (mm)

Phase Retrait = Phase Retrait =


35
2,5 mm maximum (5 mois) 5 mm maximum (5 mois)

Déplacements relatifs (mm)


1
30

25 0

20
‐1
RETRAIT

15
‐2
10

‐3
5

0 ‐4

Figure 4.40 : Evolution comparée des déplacements mesurés à 0,50 m, 1 m, 2 m, 3 m et 10 m de


profondeur, de la pluviométrie brute et de la pression atmosphérique enregistrées sur le
site de Pessac entre le 19/03/08 et le 16/12/09.

Avec ce système, la déformation maximale est accumulée sur le capteur situé en


profondeur à 10 m. La figure 4.40 montre que les déplacements verticaux sont bien corrélés à
des précipitations intenses, et ceci malgré une prise de mesure hebdomadaire. Les
déformations leur succèdent quasi-immédiatement, de la surface jusqu’à 10 m de profondeur.
Les courbes peuvent être décomposées en différentes phases bien distinctes sur la période
d’enregistrement acquise de mi-mars 2008 à fin décembre 2009. Les amplitudes maximum
enregistrées pour chacun des capteurs figurent à la figure 4.41 et les valeurs sont regroupées
au tableau 4.13, suivant les phases différenciées à la figure 4.40. À la suite de la mise en place

293
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

de l’extensomètre, une phase stationnaire est observée, pouvant s’expliquer soit par des pluies
efficaces insuffisantes ou par la nécessité d’un temps de stabilisation du sol suite à
l’installation des capteurs et à l’essorage progressif du scellement. À partir du début juin
2008, la première phase de retrait est mesurée sur une période de 5 mois avec une amplitude
maximale atteignant 2,5 mm (Figure 4.40). Le pic de retrait est atteint le 29/10/08, coïncidant
avec les résultats précédents du suivi automatique et à une période où la pluviosité efficace est
faible avec une évapotranspiration importante des sols. Avant le retrait maximum, quatre
petites phases successives de stabilisation ont interrompu le retrait suite à des épisodes
pluvieux intenses. On constate déjà que le retrait se fait ressentir de la surface jusqu’en
profondeur, mais que les amplitudes sont différentes suivant les profondeurs : l’écart le plus
important se passe entre 1 m et 2 m de profondeur et au-delà de 3 m. Ainsi, la tranche
superficielle (comprise entre 0,50 et 1 m) et la couche comprise entre 2 et 3 m sont moins
affectées par le retrait (0,1 mm ; Tableau 4.13).

0 3.0

2.5
10
2.0

20 G 1.5
Figure 4.41 :
Précipitation journalière cumulée (mm)

Variation épaisseur cumulée du sol (mm)


1.0 Déplacements relatifs
30 mesurés entre le fond
0.5
et les différentes
40 0.0 profondeurs entre le
R 19/03/08 et le
‐0.5
50 16/12/09.
‐1.0

60 ‐1.5

‐2.0
70
‐2.5

80 ‐3.0
Pluviométrie entre 10 et 3 m entre 10 et 2 m entre 10 et 1 m entre 10 et 0,50 m

Variation épaisseur sol (Δépaisseur) (mm)


7m 8m 9m 9,50 m
Amplitude déplacements relatifs (mm) (entre 10 m (entre 10 m (entre 10 (entre 10 m
Période 10 m 3m 2 m 1 m 0,50 m et 3 m) et 2 m) m et 1 m) et 0,50 m)
Retrait (17/06/08‐29/10/08) ‐2,5 ‐1,3 ‐1,1 ‐0,4 ‐0,1 ‐1,14 ‐1,36 ‐2,00 ‐2,32
Gonflement & stationnaire (29/10/08‐20/05/09) 2,7 2,1 1,8 0,5 0,1 0,56 0,93 2,24 2,82
Retrait (20/05/09‐22/10/09) ‐4,9 ‐3,6 ‐3,4 ‐1,9 ‐0,7 ‐1,22 ‐1,46 ‐2,97 ‐4,19
Gonflement (22/10/09‐17/12/09) 1,2 0,6 0,4 0,1 0,0 0,52 0,75 1,05 1,20

Tableau 4.13 : Amplitude des déplacements mesurés ∆H (mm) aux différentes profondeurs, et les
variations d’épaisseur de couches de sol (mm) calculées suivant différentes périodes.

Les variations d’épaisseur des couches de sol comprises entre 10 et 3 m, 10 et 2 m, 10 et


1 m, 10 et 0,50 m sont obtenues par soustraction des déplacements mesurés aux deux
profondeurs (Figure 4.41 et Tableau 4.13). Dès le premier épisode pluvieux intense et
important (01/11/08), l’ensemble des capteurs montrent une phase de gonflement s’amorçant
immédiatement après, avec un gonflement atteignant 2,70 à 1,80 mm respectivement entre
10 m et 2 m, alors qu’il est plus restreint en surface (0,5 mm) (Figure 4.41). Cet épisode a été

294
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

suivi d’une courte phase de retrait, interrompue par un nouveau gonflement (1 mm) à la suite
de pluies intenses (fin novembre 2008), et suivi à nouveau d’un léger retrait (0,2 mm) qui n’a
pas eu lieu en profondeur. Avant l’important épisode pluvieux du 19/01 au 26/01/09 (tempête
Klaus : 140 mm en 7 jours), une phase de gonflement s’est produite provoquant des
déplacements importants de l’ordre de 1,5 mm mesurés sur tous les capteurs. Vu qu’il s’agit
de mesures hebdomadaires, ce « pic » de gonflement correspond à une mesure ponctuelle
réalisée durant une période sans pluviométrie notable. Ceci nous laisse penser qu’il s’agit
d’une erreur de mesure, vu que ce pic n’est pas visible sur les courbes de l’extensomètre
automatique GLÖTZL, et que jusqu’à présent l’allure des courbes avec des mesures
automatiques et hebdomadaires présentent des allures et des amplitudes similaires. Suite aux
pluies de cet évènement, un gonflement total de 2,2 mm et 2,8 mm est mesuré respectivement
à 0,50 m et 1 m de profondeur (Tableau 4.13 et Figure 4.41).
Une longue période stationnaire a suivi cet important épisode pluvieux, entrecoupée de
deux brèves périodes de retrait puis une phase de gonflement s’est produite après la forte pluie
du 11/04/09 (Figure 4.41), produisant un premier gonflement de 0,15 mm en 6 heures et un
gonflement de 0,60 mm ensuite. À partir du 15/06/09, le début d’une phase de retrait
commence, avec une vitesse plus importante qu’en 2008 malgré trois interruptions
correspondantes à de fortes pluies d’été. L’amplitude maximale du retrait est de 4,2 mm,
atteinte le 25/10/09 pour la couche comprise entre 0 et 10 m de profondeur (Figure 4.41). Le
retrait s’est arrêté au 01/11/09, date à laquelle ont eu lieu d’importantes précipitations. Le
gonflement du sol s’est poursuivi jusqu’à la fin de la période d’enregistrement du 16/12/09,
suite à d’importantes précipitations, donnant une amplitude maximale de gonflement de 1,2
mm (Figure 4.41). La figure 4.41 montre également que, fin décembre 2009, le sol n’a pas
retrouvé son état initial de fin décembre 2008 (notre référence) : le retrait de l’été 2009 a été
beaucoup plus important que le gonflement.

Afin d’étudier en détail le comportement du sol à différentes profondeurs (non


réalisable avec l’extensomètre GLÖTZL), nous avons calculé par tranche de sol (0,50-1 m, 1-
2 m, 2-3 m et 3-10 m) les déplacements des sols mesurés sur différentes périodes de temps
individualisées à la Figure 4.42 :
- Retrait (2008) : du 02/06 au 29/10/08, soit 161 jours correspondant à l’été 2008 ;
- Gonflement (2008) : du 29/10/08 au 26/01/09, soit un gonflement net sur 71 jours ;
- Phases stationnaires en gonflement (2009) : du 26/01 au 12/06/09 montrant une phase
stationnaire entrecoupée de retraits brefs (139 jours) ;
- Retrait (2009) : retrait maximal mesuré jusqu’à présent du 12/06 au 30/10/09 (137 jours) ;
- Gonflement (2009) : début du gonflement à partir du 30/10/09 jusqu’à la fin de la période
d’enregistrement.

295
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

0 3

10

2
20
Pluie efficace journalière (mm)

30

Δ H couche sol (mm)


1

40

0
50

60
‐1

70

80 ‐2
Pluie efficace Couche entre 10 et 3 m Couche entre 2 et 3 m Couche entre 1 et 2 m Couche entre 0,50 et 1 m

Figure 4.42 : Détermination des phases de gonflement et de retrait identifiées à partir des déplacements
relatifs mesurés à différentes profondeurs entre le 19/03/08 et le 16/12/09.

La figure 4.42 présente les variations d’épaisseurs des couches de sol comprises entre
10 et 3 m, 2 et 3 m, 1 et 2 m, 0,50 et 1 m, obtenues par soustraction des déplacements
enregistrés à ces deux profondeurs en fonction des pluies efficaces (valeurs regroupées au
Tableau 4.14). Globalement, toutes les courbes de déplacements présentent les mêmes cycles
de variations saisonniers, avec un certain décalage en fonction de la profondeur, confirmant la
fiabilité des mesures. La figure 4.41 indique que des déplacements non négligeables, de
l’ordre du millimètre, se produisent au-delà de 3 m de profondeur. En effet, la courbe noire
montre qu’une couche de 7 m d’épaisseur (entre 3 et 10 m) peut se tasser lors des épisodes de
retrait avec une amplitude de l’ordre de 1,2 mm, et peut ressentir un gonflement en période
hivernale de 0,5 mm. Il est probable que les déplacements ont lieu entre 3 et 6 m de
profondeur, vu que des variations hydriques et l’influence de la température se produisent
encore jusqu’à 6 m de profondeur, mais nous n’avons pas assez d’éléments pour le vérifier.
La courbe qui illustre les variations d’épaisseur de la couche comprise entre 1 et 2 m
présente les amplitudes en retrait et en gonflement les plus importantes (Figure 4.42). En
effet, les valeurs du tableau 4.14 confirment que la couche comprise entre 1 et 2 m de
profondeur subit un retrait marqué en 2008 (0,64 mm), et plus important en été 2009 avec un
retrait de 1,5 mm. Cette couche est également la plus affectée par le gonflement, avec une
amplitude maximum de 1,31 mm. Les mêmes intensités lors des phases de retrait et de
gonflement se font ressentir sur la tranche superficielle, entre 0,50 et 1 m, mais sont
inférieures à celle comprise entre 1 et 2 m. Des déplacements ont également lieu en
profondeur, pour la couche comprise entre 2 et 3 m, mais avec des amplitudes restreintes par

296
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

rapport à celles superficielles, de l’ordre de 0,2 à 0,3 mm (Tableau 4.14). En 2008, à la fin de
la phase de retrait, le gonflement s’amorce le 29/10/08 entre 0,50 et 2 m de profondeur, tandis
que l’on observe un décalage de 4 jours à 3 m de profondeur, avec un pic de retrait atteint à 10
m de profondeur le 02/12/08 (soit 35 jours après la fin du retrait en surface). Ces données sur
les variations d’épaisseur des différentes couches, décomposées en périodes, permettent
d’établir les taux de déformations ∆H/H0 (en %) par tranche de sol testée (Tableau 4.14). Les
faibles amplitudes millimétriques de 0,3 à 1,5 mm mesurées pour la couche comprise entre 1
et 2 m de profondeur, traduisent des taux de déformation sur une couche de 1 m d’épaisseur
respectivement de 0,03 à 0,15 %. Une couche de 1 m d’épaisseur peut donc subir une
amplitude de déformations de 0,03 à 0,15 % sur une période de 5 mois entre une phase de
retrait progressive et une phase de gonflement rapide. Ces variations d’épaisseur confirment
un comportement plus sensible de la couche comprise entre 1 et 2 m de profondeur par
rapport aux variations climatiques que la tranche superficielle mais aussi que la couche située
plus en profondeur.

Variation épaisseur couche (ΔH sol) (mm) ΔH/H0 (%)


entre 2 et 3 m entre 1 et 2 m entre 0,50 et 1 m entre 2 et entre 1 et entre 0,50 et
Période (1m) (1 m) (0,50 m) 3 m (1m) 2 m (1 m) 1 m (0,50 m)
Retrait (17/06/08‐29/10/08) 0,22 0,64 0,32 ‐0,02 ‐0,06 ‐0,03
Gonflement & stationnaire (29/10/08‐20/05/09) ‐0,36 ‐1,31 ‐0,58 0,04 0,13 0,06
Retrait (20/05/09‐22/10/09) 0,25 1,5 1,22 ‐0,02 ‐0,15 ‐0,12
Gonflement (22/10/09‐17/12/09) ‐0,22 ‐0,31 ‐0,15 0,02 0,03 0,01

Tableau 4.14 : Variations d’épaisseur ∆H des différentes couches du sol (mm) sur différentes périodes.

Un test sur la fiabilité des mesures hebdomadaires a été effectué. Il s’agissait de réaliser
une prise de mesures deux fois par jour (une le matin et une le soir) sur une période de trois
jours. La figure 4.43 présente l’amplitude entre deux mesures effectuées sur une journée et sur
trois jours successifs (du 07/04 au 09/04/09). La pluviométrie est juxtaposée à la figure pour
vérifier la stabilité des mesures après un épisode pluvieux produit le 07/04/09. La moyenne de
la différence entre deux lectures sur une journée est de ± 0,03 mm, même après un épisode
pluvieux. Ceci confirme une précision de l’ordre du centième de millimètre, soit une valeur
très satisfaisante pour ce type de mesures.
Différence entre 1 mesure prise le matin et 1 mesure prise le soir (en mm)
1.4

1.3
Amplitude des déplacements mesurés sur une journée (mm)

1.2
06/04/09 07/04/09 08/04/09 09/04/09
0.0
1.1
0.5

1.0 1.0

1.5 Comport
0.9 gonflem
2.0
Précipitations
2.5
0.8 (mm)
3.0

0.7 3.5

4.0
0.6

0.5

0.4
06/04/2009 07/04/2009 08/04/2009 09/04/2009 10/04/2009

Ancrage fixe 10 m Capteur 3 m Capteur 2 m Capteur 1 m Capteur 0,50 m

Figure 4.43 : Variation journalière sur la mesure des déplacements pour la période du 07/04 au
09/04/09 (TELEMAC).

297
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Le tableau 4.15 résume le principe des mesures de déplacements des deux


extensomètres, leur spécificité et les amplitudes de mouvements mesurés à différentes
profondeurs au cours de la période d’observation.

Extensomètre GLÖTZL Extensomètre TELEMAC

Type mesures Automatique (toutes les 3 h) Manuelle (hebdomadaire)

Période
19/03/2008 au 16/12/2009 29/08/2008 au 31/12/2009
d’observation
- Cumul des déformations par le capteur - Cumul des déformations par le capteur
d’ancrage fixe en profondeur d’ancrage fixe en profondeur
- Mesures absolues entre le fond (15 m) et - Mesures absolues entre le fond (10 m) et le
Principe le capteur en surface ∆Hréf capteur en surface ∆Hréf
Mesures - Mesures relatives entre la surface du sol - Mesures relatives entre la surface du sol et
et le capteur de suivi ∆Hsol le capteur de suivi ∆Hsol
Une augmentation de la différence ∆H entre le fond et le capteur intermédiaire traduit un
gonflement de la couche ; une diminution reflète un tassement.
- Capteur à 0,50 m et 15 m hors service
(problème lors scellement)
- Saturation des capteurs à 1 et 2 m en
gonflement et déphasage suite aux épisodes - Pic de gonflement du 26/01/09 non visible
Anomalie de
pluvieux chez GLÖTZL (problème d’une mesure
mesures
- Cumul des déplacements absolus de la hebdomadaire ponctuelle)
couche 3-15 m par le capteur à 3 m, avec
des valeurs cohérentes par rapport à
TELEMAC
Hiver Hiver
Prof. (m) Eté (Retrait) Prof. (m) Eté (Retrait)
Amplitude des (Gonflement) (Gonflement)
déplacements 0,50 - 1 0,32 à 1,22 0,15 à 0,58
relatifs mesurés 1-2 0,64 à 1,50 0,31 à 1,31
0-3 0,96 à 3,70 2,25 à 2,52
∆H (mm) 2-3 0,22 à 0,25 0,22 à 0,36
3 - 10 1,14 à 1,22 0,75 à 0,93
Comparaison - Amplitude comparable aux déplacements
- Peu de différence avec GLÖTZL
entre valeurs cumulés sur la tranche 0-3 m de Telemac
- Bonne qualité des mesures - Bonne qualité mesures
- Capteurs plus difficiles à mettre en place - Mise en place dans forage très simple et pas
dans un même forage que TELEMAC de problème de scellement sur les capteurs
Suivi - Bonne corrélation entre déplacements- - Bonne corrélation entre déplacements-
déplacement pluviométrie pluviométrie
dans l’argile - Cinétique de gonflement 2 à 3 fois plus - Etude des déplacements par tranches de
rapide que celle du retrait sol : couche de sol comprise entre 1 et 2 m de
profondeur (soit 1 m d’épaisseur) la plus
sensible au retrait et au gonflement
(amplitudes les plus importantes)

Tableau 4.15 : Synthèse du principe de mesures, des caractéristiques et des résultats de déplacements
mesurés par les deux extensomètres de forage mis en place sur le site expérimental.

5.3 Calcul des amplitudes de tassement à partir des essais de retrait, de


l’évolution des déplacements et des variations de teneur en eau

Trois facteurs déterminent l’amplitude du tassement des fondations superficielles d’une


maison individuelle (Figure 4.44) :

298
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

- l’amplitude maximale du retrait du sol au niveau de l’éprouvette utilisée lors de l’essai


de dessiccation en laboratoire (1),
- l’épaisseur de la couche de sol qui peut subir du retrait au-dessous de la semelle de
fondation (2),
- la variation de la teneur en eau dans cette couche, sous le niveau de fondation (3).

Figure 4.44 : Facteurs déterminant l’amplitude des tassements sous une fondation (Magnan, 2009).

Une des questions qui se pose à ce stade est de savoir comment peut-on passer de la
déformation à l’échelle de l’éprouvette en laboratoire à l’échelle de celle d’une couche de
sol non uniforme sur 3 ou 10 m par exemple. En utilisant la relation proposée par Bigot et
Zerhouni (2000), qui exprime que la déformation en retrait du sol est une relation fonction de
la perte en eau et du facteur de retrait linéaire Rl (norme XP P 94-060-2), nous pouvons
estimer le retrait théorique des sols argileux de la formation de Brach :
∆H/H0 = Rl.(Wn-Wperte d’eau en %)
Où ∆H est la variation d’épaisseur de la couche (en mm ou m) considérée d’une hauteur de sol initiale de
H0 (en mm ou m) ; Rl est le facteur de retrait linéaire obtenu en laboratoire (-) ; Wn est la teneur en eau massique
(en %) et Wperte d’eau est le % de perte en eau choisi (en %).

À partir de cette relation, pour une tranche de sol de 3 m (H0), nous obtenons des
valeurs de retrait estimés (∆H) comprises entre 1 et 30 cm pour des valeurs de Rl obtenues en
laboratoire allant de 0,2 à 0,5, et pour des pertes en eau mesurées sur le terrain de 1 à 20 % sur
3 m de profondeur. Ces valeurs de retrait ∆H sont nettement supérieures à celles mesurées par
les extensomètres sur le site expérimental (Figures 4.30 et 4.40). En effet, sur les deux
extensomètres, on obtient un retrait maximum de 4 mm sur une épaisseur de sol de 3 m
(Tableaux 4.13 et 4.14).

299
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Pour déterminer les raisons de ces écarts sur les valeurs de retrait entre celles obtenues
en laboratoire et in situ, nous nous sommes intéressés à la détermination du facteur Rl in situ
que l’on devrait obtenir en fonction du retrait maximum mesuré à différentes profondeurs en
prenant en compte les variations de teneur en eau mesurées sur site à différentes profondeurs,
sur une hauteur H0 de 3 m et 10 m dans le faciès A/BOG étudié. Une première estimation du
facteur Rl in situ est réalisée en comparant le déplacement en retrait mesuré en continu sur
une hauteur H0 de 3 m (extensomètre GLÖTZL, Figure 4.30) en fonction de l’évolution de la
teneur en eau mesurée par les sondes Thetaprobe à 2 m et 3 m de profondeur (mesures in situ
avec un pas de temps de 3 h) (Figure 4.45).

Teneur en eau volumique à 2 m Teneur en eau volumique à 3 m Déplacements à 3 m


40 2.5

Rl 1
38
= 0,09 2.0

36
1.5
34
Teneur en eau volumique (%)

1.0
32

ΔH sol (mm)
Rl 2
30 0.5
= 0,01

28 Rl in situ (0‐3 m)
= 0,02 0.0

26
‐0.5
24

Rl 3 ‐1.0
22 = 0,03

20 ‐1.5

Figure 4.45 : Relation entre les déplacements ∆H de la couche de sol 0-3 m et de la teneur en eau
volumique à 2 et 3 m de profondeur (%) sur le site de Pessac (mesures avec un pas de temps de
3 h) ; Rl calculé à partir de la relation de Bigot et Zerhouni (2000) (Tableau 4.16).

La période de retrait référence pour le site expérimental correspond à l’été 2009, plus
intense et important que celui de 2008, débutant au 15/06/09 et se terminant au 20/10/09. Sur
cette courte période (4 mois), on obtient une valeur de retrait ∆H relatif de 3,45 mm sur la
tranche 0-3 m (H0 de 3000 mm) pour une perte en eau massique d’environ 6 % (Tableau
4.16). Ces mesures de terrain nous donnent un facteur Rl in situ pour cette période de retrait
2009 équivalent à 0,02. Toutefois, on s’aperçoit que ce facteur Rl n’est pas constant dans le
temps au sein de cette période. En effet, comme décrit précédemment, cette période de retrait
se décompose en trois phases suite à deux interruptions dues à de fortes pluies efficaces (les
07/08 et 20/09), permettant de calculer des facteurs Rl propres à chacune de ces courtes
périodes (Rl 1, Rl 2 et Rl 3 ; Tableau 4.16 et Figure 4.45).

300
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Rl total (0‐3m) Rl1 Rl2 Rl3


(15/06/09 ‐ 20/10/09) (15/06‐07/08) (07/08‐20/09) (20/09‐20/10)
ΔH/H0 0,0011 0,0003 0,0007 0,0002
ΔH(mm) 3,45 0,88 1,99 0,58
ΔWv (%) à 3 m 8,70 0,50 7,30 0,90
ΔWm (%) à 3 m 5,61 0,32 4,71 0,58
ΔWv (%) à 2 m 9,70 0,40 8,30 1,00
ΔWm (%) à 2 m 6,26 0,26 5,35 0,64
Rl in situ (‐) 0,02 0,09 à 0,11 0,01 0,03
∆Wm : variation de teneur en eau massique (%) ; ∆Wv : variation de teneur en eau volumique (%)
Tableau 4.16 : Détermination du facteur Rl in situ sur la période de retrait du 15/06/09 au 20/10/09, en
fonction des variations d’épaisseur ∆H (mm) et de teneur en eau massique ∆Wm (%).
On constate que les pertes en eau et la valeur de retrait ∆H les plus importantes
correspondantes à la période du 07/08 au 20/09, où le retrait absolu est maximum (2 mm)
avec un facteur Rl 2 de 0,01. Les autres phases correspondent à des périodes de faibles
variations d’épaisseur de sol (< 1 mm) et à une très faible perte en eau (0,3 à 0,6 %), mais
donnant des facteurs Rl 1 et Rl 3 respectivement de 0,1 et de 0,03, soit plus forts que Rl 2.
Ces résultats indiquent que le facteur Rl augmente fortement pour de très faibles variations de
∆H et ∆W. Il a alors tendance à se rapprocher de valeurs de Rl obtenues en laboratoire. Ce
constat se confirme lorsque l’on calcule le Rl in situ en continu en fonction de ∆H et ∆W
(avec un pas de mesure de 3 h) sur la période de retrait 2009 (Figure 4.46).

Déplacements à 3 m (mm) Variation teneur en eau 3 m(%) Rl in situ calculé


3 0.09

0.08
2

0.07

1
0.06
ΔH sol (mm) ou ΔWv (%)

Rl in situ calculé (‐)

0
0.05

0.04
‐1

0.03
‐2

0.02

‐3
0.01

‐4 0

Figure 4.46 : Evolution comparée de ∆H (0-3m), de ∆Wvolumique à 3 m (%) et de Rl in situ calculé sur la
période du 15/06 au 20/10/09 sur le site expérimental.

301
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

À partir des gammes de variations de teneur en eau massique mesurées sur le terrain par
les sondes TDR et Thetaprobe à différentes profondeurs sur la période de retrait en 2009, nous
avons déterminé la variation du facteur Rl in situ pour une tranche de sol de 3 m et un retrait
absolu de 3,45 mm (Figure 4.47). On constate que pour une valeur de retrait du sol faible
millimétrique, une forte perte en eau diminue fortement le facteur Rl, qui est alors de l’ordre
de 0,04. Alors qu’une très faible perte en eau massique aura tendance à augmenter fortement
le facteur Rl.
Sur 3 m d'épaisseur de sol (15/06/09 ‐ 20/10/09) (20/05/09 ‐ 22/10/09)
ΔH (mm) = 3,45 Prof. ΔWv (%) ΔWv (%) ΔWv (%) ΔWv (%)
H0 (mm) = 3000 (m) (TDR) (Thetaprobe) (TDR) (Thetaprobe)
ΔH/H0 = 0,0011 0,50 9,45 ‐ 47,93 ‐
ΔWv (%) 47,93 19,90 9,70 8,70 6,00 3,75 1,00 8,22 19,90 10,42 21,40
ΔWm (%) 30,92 12,84 6,26 5,61 3,87 2,42 2,00 6,03 9,70 6,05 10,20
Rl in situ 0,004 0,009 0,018 0,020 0,030 0,047 3,00 3,75 8,70 5,88 9,60

0.050
0.045
0.040 y = 0.1782x‐1
R² = 1
Rl in situ calculé (‐)

0.035
0.030
0.025
0.020
0.015
0.010
0.005
0.000
0.00 10.00 20.00 30.00 40.00 50.00 60.00
ΔWm terrain (%)
Figure 4.47 : Variations du facteur Rl en fonction de la variation de perte en eau massique du sol sur la
période de retrait en 2009, à partir de la relation de Bigot et Zerhouni (2000).

On note donc que la valeur du facteur Rl en laboratoire varie entre 0,2 et 0,5 sur des
échantillons pris entre 1,20 et 2,60 m de profondeur, et que les valeurs équivalentes du facteur
Rl in situ sont d’environ 0,01 à 0,05 voire 0,10 suivant la période. Ce qui représente, pour une
hauteur de 3 m, un facteur Rl in situ 5 à 20 fois moins que la valeur mesurée en laboratoire
pour le même faciès argileux A/BOG étudié. Ceci peut être attribué à une forte variabilité
lithologique à l’échelle décimétrique entre les niveaux argileux de la formation de Brach, non
prise en compte en laboratoire. Compte tenu de cette variabilité du facteur Rl in situ en
fonction du temps par rapport au Rl obtenu en laboratoire, nous nous sommes intéressés à la
variabilité du facteur Rl sur une hauteur de 10 m de profondeur, à partir des mesures de
déplacements enregistrés par l’extensomètre TELEMAC et des teneurs en eau obtenues à
l’aide des sondes TDR. Sur la période de retrait de l’année 2009 déterminée d’après les
mesures de déplacements hebdomadaires, allant du 20/05/09 au 22/10/09, le facteur Rl in situ
a été calculé par tranche de sol de 0,50 m à 1 m de profondeur. Le calcul est fait en fonction
du déplacement absolu en retrait cumulé et de la perte en eau massique associée. Les résultats
sont présentés au tableau 4.17. On remarque que la valeur la plus forte du facteur Rl in situ
théorique est de 0,053 pour la couche située entre 1 et 2 m de profondeur, soit un retrait de
1,50 mm sur 1 m d’épaisseur pour une perte en eau de 2 %. Le facteur Rl pour la couche de

302
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

surface (0,50-1m) et entre 2-3m est de l’ordre de 0,01, autant que pour la couche entre 3 et 10
m de profondeur. Au-delà de 5 m de profondeur, nous considérons pour les calculs que les
mouvements du sol et les variations d’humidité devraient être minimes, compte tenu de la
profondeur, de l’atténuation de la diffusivité thermique et de l’influence de la température
dans les sols argileux.

20/05/09 ‐ 22/10/09
Rl Rl Rl Rl
(0,50 ‐ 1 m) (1 m ‐ 2 m) (2 m ‐ 3 m) (3 m ‐ 10 m)
ΔH/H0 0,0024 0,0015 0,0002 0,0002
ΔH (mm) 1,22 1,50 0,25 1,22
ΔWv (%) 37,52 4,36 3,03 2,00
ΔWm (%) 24,20 2,82 1,96 1,29
Rl in situ 0,010 0,053 0,013 0,013
Tableau 4.17 : Détermination du facteur Rl in situ à différentes profondeurs sur la période de retrait du
20/05/09 au 22/10/09, en fonction des variations d’épaisseur ∆H (mm) et de teneur en eau
massique ∆Wm (%) mesurées sur le site expérimental.
Cette différence entre les valeurs de retrait déduites de la mesure expérimentale sur site
et de celles théoriques en laboratoire est résumé à la figure 4.48.
ETAT INITAL RETRAIT

ΔH = 2 à 4 mm
40 mm
ΔWm = 1 à 20 %

35 mm
Essai de dessiccation sur sol intact
‐ Echantillon intact homogène (Norme XP P94‐060‐2)
‐ Temps séchage ± 4 jours (dernière mesure en étuve)

0,27 < Rl labo < 0,48 sur faciès A/BOG

Facteur d'échelle
Sol naturel argileux hétérogène (Formation de Brach)
Couvert végétal herbacé, sans arbre

0 m /TN
couche humifère
(terre végétale)
Rl = 0,010 0,50 m
sol de fondation argileux 1m Rl (0 ‐ 3 m) = 0,02
Rl = 0,053
(faciès A/BOG) 2m ΔH = 0,2 à 3,45 mm
Rl = 0,013 3m ΔWm = 0,3 à 24 %

substratum argileux Rl = 0,013


(faciès A/B à A/BOR) (ΔH = 1,1 mm)
(ΔWm = 2 %)

10 m

Période de retrait référence (juin à fin octobre 2009) = 4 mois

Figure 4.48 : Analyse comparative entre l’essai de dessiccation en laboratoire avec les valeurs de Rl
obtenues, et les valeurs du facteur Rl in situ mesurées entre 0,50 et 10 m (Tableau 4.17).

303
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

Cette différence peut être due au changement d’échelle lors du passage en laboratoire.
En effet, lors de la réalisation de l’essai de dessiccation, on a tendance à prélever un
échantillon intact homogène de très petite taille, que l’on dessèche à l’extrême sur un
minimum de temps. Lors de ce séchage, l’éprouvette de sol peut se déformer autant
verticalement qu’horizontalement, facilitant ainsi la perte en eau au sein de l’échantillon et ne
tient plus compte du poids des terres qui s’exerçait au-dessus de l’échantillon. En 4 jours, le
retrait peut atteindre 2 à 4 mm pour une perte en eau massique de 1 à 20 %. Les valeurs de Rl
varient entre 0,2 et 0,5. Lorsque l’on analyse le sol sur site, on constate qu’il est composé de
plusieurs couches de sols argileux non homogènes même au sein d’un même faciès. En effet,
le sol argileux est entrecoupé par des passées plus silto-sableuses, non prises en compte lors
de l’essai en laboratoire. Entre 0,50 m et 3 m de profondeur, le sol argileux présente un
facteur Rl in situ de 0,02, pour des déplacements millimétriques, avec une augmentation du Rl
entre 1 et 2 m de profondeur, coïncidant avec une couche plus sensible aux variations
hydriques. Le sol continue également à subir des mouvements au-delà de 3 m, certainement
fortement atténués après 5 m de profondeur. Toutefois, on remarque bien que les facteurs Rl
in situ, issus des mesures de terrain, sont 5 à 20 fois inférieurs à ceux mesurés en laboratoire
pour des variations de teneur en eau identiques. L’écart entre les mesures de laboratoire et in
situ pourraient s’expliquer aussi par un « facteur d’échelle » lié à l’hétérogénéité lithologique
des sols argileux de cette formation, qui expliquerait le facteur 10 constaté entre les mesures.
En faisant l’hypothèse que le faciès A/BOG ne serait présent qu’à hauteur de 10 à 20 % sur
toute la hauteur (5 m), les facteurs de retrait linéaire et les limites de retrait équivalentes
permettraient d’estimer des valeurs de retrait ∆H plus réalistes.
Une autre hypothèse serait que lors de l’essai de dessiccation, on mesurerait le
relâchement du sol argileux surconsolidé puis le retrait du sol. D’après les courbes de
compressibilité obtenues lors des essais œdométriques classiques (début de la pente), le
relâchement du sol pourrait atteindre 0,2 à 0,5 mm, ce qui représenterait au moins 10 à 25 %
du retrait mesuré en laboratoire. Il semble donc que les valeurs de Rl obtenues en laboratoire
ne sont pas représentatives du retrait réel affectant le sol, car ce dernier ne se déforme pas
autant sur site qu’en laboratoire. En effet, les sols de la formation de Brach sont naturellement
hétérogènes et ne peuvent se dessécher entièrement et de façon homogène (et inversement lors
de l’humification des sols). Les mécanismes sont donc plus complexes dans le sol, et l’essai
de dessiccation surestime très largement les amplitudes en vraie grandeur d’une couche de
sol, sans prendre en compte la variabilité lithologique. Pour avoir une idée plus réaliste des
valeurs de retrait, il semble donc nécessaire d’appliquer un facteur correcteur dépendant de la
lithologie et de la minéralogie des sols dans un premier temps. D’autres facteurs peuvent
perturber l’estimation du potentiel de retrait d’un sol argileux mais restent encore à déterminer
et pourraient varier suivant les régions. Il semble également que le protocole de l’essai de
dessiccation devrait être amélioré en réalisant l’essai sur un échantillon de même dimension
que celui de l’essai œdométrique (diamètre 70 mm).

Dans ce travail, les calculs de tassements ont été réalisés pour des déplacements
mesurés sur site et pour une année 2009 pluvieuse. Bien que le site ait été mis en place bien
après la période de sécheresse de 2003 ou de 2005 et que nous n’ayons pas d’éléments sur
l’amplitude des mouvements des sols et des variations hydriques sur ces périodes, il serait

304
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

intéressant d’extrapoler nos résultats acquis sur le site expérimental pour estimer les
déplacements des sols en cas d’une sécheresse intense en tenant compte des amplitudes
d’ouverture des fissures observées à cette période. En effet, suite à la sécheresse de 2003, en
prenant comme exemple une maison en RdC de structure classique, des ouvertures de 5 mm à
1 cm ont été relevées sur le quartier de Cap de Bos. On prend comme hypothèse que le facteur
de retrait linéaire Rl in situ serait plus élevé avec une valeur variant de 0,05 à 0,1 (soit plus
proche de celui mesuré en laboratoire) pour une variation de teneur en eau massique
largement supérieure à celle de 2009, ∆Wm de 15 % entre 1 et 3 m de profondeur. On
obtiendrait une variation d’épaisseur ∆H de l’ordre de 1,50 à 3,00 cm, soit largement
supérieure aux ∆H mesurés en 2009 d’amplitude maximum de 4 mm. Des tassements
différentiels de l’ordre de 3 cm semblent alors suffisants pour engendrer des fissurations
supérieures à 5 mm sur les façades d’habitation.

6. Conclusions
Afin de caractériser le comportement hydrique, mécanique et électrique sur un cycle
annuel de sols argilo-silteux sensibles au phénomène de retrait-gonflement, un site
expérimental a été instrumenté fin mars 2008 sur la commune de Pessac (Gironde). Le
couplage suivi géotechnique - suivi hydrique - suivi géophysique a mis en évidence la
pertinence de travailler avec des mesures hydriques et géophysiques mensuelles pour
visualiser l’évolution du front de dessiccation et d’humidification dans un sol argileux. Ce
travail a permis également d’établir et de quantifier en vraie grandeur les relations complexes
entre les déplacements mesurés in situ, les paramètres géotechniques obtenus en laboratoire et
les variations d’humidité in situ des sols argileux de la formation hétérogène de Brach.
L’analyse des données de la station météorologique installée à demeure sur le site a montré
que le climat de Pessac est humide et très pluvieux, avec une moyenne annuelle en 2009
supérieure à la moyenne statistique, mais elle montre aussi des différences avec les données
pluviométriques de la station référence MétéoFrance de Bordeaux-Mérignac. En effet, il est
apparu que sur le cycle 2008-2009 les pluies sont plus abondantes en hiver à Pessac et
inversement moindres en été qu’à la station de Mérignac, située à 6 km à vol d’oiseau. De
plus, les pluies enregistrées à la station de Pessac réparties en semestres d’hiver et d’été
indiquent que l’été 2009 a été un des semestres d’été les plus secs comparé à celui de 2003 et
de 2005.
Les mesures de teneur en eau acquises depuis 2008 permettent de mettre en évidence les
variations interannuelles de l’état d’hydratation des sols, mais aussi des variations en fonction
de la profondeur, associées à l’hétérogénéité des sols. Les résultats montrent la pertinence de
travailler avec des mesures mensuelles à l’aide des sondes TDR afin de quantifier l’évolution
annuelle du profil hydrique du sol, et de l’usage des sondes Thetaprobe pour mener un suivi
hydrique en continu fiable, malgré un petit écart des mesures lié à des méthodes différentes et
à l’hétérogénéité des sols sur de faibles distances.
Les résultats du suivi géophysique temporel semblent indiquer que les mesures de
tomographie sont plus sensibles à une perte de teneur en eau significative des sols, alors
qu’elles mettent plus de temps à réagir après des épisodes pluvieux intenses et récupérer leur

305
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

teneur en eau initiale. Ce constat peut s’expliquer par une perturbation de la propagation du
front d’humidification en liaison avec les hétérogénéités et les fissures présentes dans le sol,
jouant sur leur perméabilité. En effet, les hétérogénéités et les fissures présentent dans le sol
accélèrent le phénomène de retrait en été, alors qu’en hiver ils drainent l’eau en ralentissant
une progression homogène du front d’humidification. Ceci met en évidence un comportement
semi-perméable des argiles et une importante infiltration de l’eau à la faveur de fissures et de
passées plus silteuses au sein de la formation argileuse. Ces fortes variations de teneur en eau
des sols entre 1 m et 2 m, constatées pour une année pluvieuse, coïncident avec des variations
de résistivités importantes (jusqu’à -25 %) observées grâce au suivi temporel. Ces
observations confirment que la démarche adoptée dans ce travail permet de visualiser le
comportement évolutif de structures argileuses hétérogènes du point de vue hydrique et
électrique, directement influencée par les zones d’hétérogénéités (fissures, lithologie). Le
suivi géophysique temporel semble donc être un bon indicateur de l’évolution temporelle et
de la distribution de l’humidité dans des sols argileux plus ou moins fissurés et hétérogènes.
Les structures géologiques identifiées préalablement sont identifiables sur les images des
tomographies électriques en résistivités vraies et inversées, avec une bonne qualité de
l’inversion numérique (RMS faibles). Elles donnent un résultat cohérent, et concordant avec
les observations de terrain du site expérimental de Pessac.

Le couplage des mesures de teneurs en eau avec les mesures de déplacements verticaux des
sols a permis d’identifier les amplitudes relatives de mouvements des sols argileux de la
formation de Brach, pauvre en minéraux gonflants, ainsi que la cinétique des déplacements en
fonction de la pluviométrie et de l’humidité des sols. Ces mesures ont permis de montrer que
les déplacements relatifs dans ce type de sol argileux sont millimétriques, avec une amplitude
maximum de 4 mm en 2009 pour des variations de teneur en eau massique variant de 2 à
25 % suivant la profondeur. De plus, les mouvements en gonflement des sols coïncident
parfaitement avec les précipitations brutes et les pluies efficaces. Les cinétiques de
mouvement montrent que jusqu’à 3 m de profondeur, le retrait et le gonflement du sol sont
maximum, et que le gonflement est jusqu’à 3 fois plus rapide que le phénomène de retrait. Les
vitesses variables en gonflement et en retrait peuvent s’expliquer par la présence des
hétérogénéités (drains silto-sableux et fissures de retrait) à différentes profondeurs au sein de
la formation argileuse, aggravant ainsi le phénomène non seulement depuis la surface mais
également en profondeur. De plus, il apparaît clairement que la couche de sol comprise entre
1 m et 2 m de profondeur, correspondant à la couche de support des fondations superficielles,
est celle qui subit les déformations et les variations hydriques les plus importantes. Le front
de dessiccation ou d’assèchement des sols a atteint en 2009 la profondeur de 1,80 m dans les
sols argileux relativement homogènes. Dans le cas où des passées sableuses (drains) ont été
détectées vers 2 et 2,50 m de profondeur, on a constaté non seulement un assèchement des
sols depuis la surface jusqu’à environ 1,40 m mais aussi un assèchement plus important au
droit de ces drains. Il est important de rappeler que ces mesures ont été faites sur une période
2008-2009 relativement pluvieuse. Il est donc évident que lors de la sécheresse de 2003, où
des milliers de pavillons individuels ont subi des désordres (fissures d’ouverture d’environ 5
mm à 1 / 2 cm) suite à des tassements différentiels, le front de dessiccation dans les sols
argileux a été aussi sinon plus profond qu’en 2009, avec des variations de teneur en eau 2 à 3

306
Marie CHRETIEN (2010)
Chapitre IV Données expérimentales

fois supérieures à celles enregistrées sur le site pour une année 2009 dite normale. De telles
variations hydriques ont alors engendré des amplitudes de tassement probablement
supérieures à 3 cm, suffisantes pour fragiliser les structures de pavillons et voir apparaître des
fissures millimétriques à centimétriques sur les façades des habitations.
Toutefois, le calcul du retrait linéaire in situ reste largement inférieur à celui mesuré en
laboratoire, jusqu’à 5 à 20 fois moins important. Cette différence peut provenir des
hétérogénéités avérées du sol argileux, couplées au changement d’échelle en laboratoire, avec
des essais non représentatifs de la réalité de terrain.

307
Marie CHRETIEN (2010)
CONCLUSION GENERALE
CONCLUSION GENERALE

Etude bibliographique
Dans ce travail de recherche, la synthèse bibliographique a montré la complexité du
phénomène de gonflement et de retrait des sols argileux. Ainsi, ce phénomène fait intervenir
plusieurs mécanismes physiques et chimiques d’interaction du matériau argileux avec l’eau, et
ceci à différentes échelles. Il apparaît clairement que la structure et la microstructure du
matériau (arrangement des particules, état de fissuration, etc…) conditionne le processus de
gonflement qui peut s’accompagner, dans certains cas, de modifications de texture du sol avec
un réarrangement des particules, une compensation de vides, etc…. Les méthodes indirectes
de caractérisation de la fraction argileuse des sols, inspirées des essais d’identification des
matériaux, sont très utiles pour l’évaluation du « potentiel » de gonflement et de retrait, mais
elles ne peuvent remplacer les essais en laboratoire sur des échantillons intacts afin d’en
déterminer les paramètres exacts de gonflement et de retrait (méthodes directes). D’un point
de vue expérimental, il paraît difficile de caractériser véritablement le comportement réel d’un
matériau argileux (effet d’échelle). Par ailleurs le grand nombre de modèles empiriques
établis montre des lois comportementales différentes en fonction des paramètres estimés à
partir d’échantillons remaniés ou intacts, et en nombre suffisant. Pour cela, les relations
empiriques doivent être utilisées avec beaucoup de précautions car elles ne tiennent pas
compte des différences minéralogiques, structurelles et granulométriques des sols argileux, et
ont été établies pour des sols régionaux très différents. Ces lois empiriques ne sont pas
généralisables et restent limitées dans leur utilisation.

Etude géotechnique à l’échelle d’un quartier et à l’échelle parcellaire


Les travaux de recherche réalisés à l’échelle du quartier de Cap de Bos (commune de
Pessac), fortement sinistré depuis 1989 à la suite de plusieurs épisodes de sécheresse, ont
permis d’établir les causes des sinistres observés sur les pavillons individuels étudiés et l’état
de susceptibilité des sols vis-à-vis du retrait-gonflement. Les résultats des diverses
investigations ont mis en évidence une forte variabilité spatiale du point de vue textural,
géotechnique et mécanique des sols argileux à l’échelle de la parcelle et à l’échelle du
quartier. Le cas le plus couramment observé est celui d’un pavillon en simple rez-de-
chaussée, avec des fondations superficielles ancrées dans un sol d’assise hétérogène reposant,
d’un côté sur une lentille argileuse sensible à la sécheresse et de l’autre, sur un sol sablo-
graveleux. Le facteur déclencheur des sinistres sur le quartier étudié est essentiellement un
contexte géologique local hétérogène des sols Plio-quaternaires. Non seulement on a pu
constater une lithologie variable sur une même parcelle et sur de courtes distances, mais
également une forte hétérogénéité des sols argileux en profondeur et latéralement au sein
d’une même formation argileuse. Un autre facteur aggravant dans le cadre d’un projet est à la
fois la présence de sols argileux à très argileux, sensibles aux variations hydriques, mais aussi
des sols argileux hétérogènes en profondeur en raison de passés silto-sableuses centimétriques
à pluricentimétriques au sein des argiles de la formation de Brach. La présence de ces
hétérogénéités au sein des sols argileux à différentes profondeurs (passées silto-sableuses ou
fissures de retrait) joue un rôle prépondérant dans les cinétiques des mouvements verticaux et
des variations de la teneur en eau dans les sols. En effet, ces « drains » silto-sableux peuvent
engendrer et aggraver des phénomènes de tassement ou de gonflement sous une fondation et

310
Marie CHRETIEN (2010)
CONCLUSION GENERALE

créer un mouvement de sol non admissible par une structure, même si le sous-sol argileux
n’est pas très sensible aux sollicitations hydriques. Ce contexte géologique local est propre à
la formation de Brach, mais se retrouve également au niveau des terrasses alluviales
colluvionnées de la commune de Pessac, avec les mêmes désordres constatés sur le bâti
individuel. Dans cette étude, le facteur de sinistralité pour les constructions n’est pas
uniquement l’aléa retrait-gonflement des sols argileux mais plutôt l’aléa de tassements
différentiels liés à la présence de sols hétérogènes.

Caractérisation géotechnique des faciès de la formation de Brach


Concernant la susceptibilité des sols argileux par rapport au phénomène de retrait-
gonflement, les essais en laboratoire ont montré l’importance de la granulométrie des sols (la
texture), de la teneur en particules argileuses et de la minéralogie des particules fines. Les
paramètres géotechniques déterminants et suffisants pour identifier la sensibilité à l’eau des
sols argileux sont la valeur de bleu du sol VBS pour une première estimation, puis la Vb
(0/80 µm) couplée au passant à 80 µm et la teneur en particules < 2 µm pour caractériser
plus finement leur sensibilité. Des différences de comportement au retrait et au gonflement
ont été observées au sein de cette formation argileuse de Brach. Au moins huit faciès distincts
ont été relevés en fonction de la texture, de la couleur, de la proportion en fines et en silt des
sols, de leur minéralogie et de leurs caractéristiques géotechniques et mécaniques. Les
matériaux argileux sont plastiques voire très plastiques (Ip moyen > 50 %), moyennement
denses, dépourvu de carbonates, avec un potentiel de gonflement moyen à très fort. L’argile
bariolée ocre-gris (faciès A/BOG) est la plus représentative de la formation de Brach, avec
des plasticités relativement élevées et une granulométrie fine (C2 moyen de 50 %). Toutefois,
elle présente des paramètres géotechniques variables malgré une minéralogie riche en
kaolinite et très pauvre en smectites, avec des passées silto-sableuses en profondeur. Les
faciès d’argiles noirâtres (A/N) et d’argiles bariolées ocre-rouille (A/BOR) présentent une
quantité en smectites et interstratifiés I/S (Illite-Smectites) plus élevées que ceux du faciès
A/BOG. Il ressort de ces résultats que la prédisposition au retrait-gonflement à l’échelle d’une
parcelle doit être évaluée par une approche géologique plus détaillée de la parcelle, en passant
à l’échelle de l’emprise de la construction, en complément d’analyses en laboratoire plus
poussées pour évaluer la sensibilité de la fraction fine des sols argileux.
Les essais de compressibilité, de gonflement libre et de pression de gonflement, réalisés
sur des échantillons intacts en laboratoire, ont permis de déterminer le degré de consolidation,
le potentiel de gonflement et la pression de gonflement de ces sols argileux. Les variations de
ces grandeurs sont fonction de l’hétérogénéité de faciès rencontrée au sein de la formation
argileuse de Brach et de l’état initial des sols (teneur en eau, densité sèche). Une forte aptitude
au gonflement et au retrait a été observée pour les argiles noirâtres du faciès A/N et pour les
argiles bleutées du faciès A/B, dans leur état naturel et intact. Par contre, les argiles noires du
faciès A/N présentent un taux de gonflement libre très faible malgré leur limite de plasticité et
une pression de gonflement plus élevées que les argiles du faciès A/BOG caractéristique de la
formation de Brach. La différence de comportement peut être liée à un degré de consolidation
très élevé des argiles noires, et l’application d’une charge importante leur permet d’exprimer

311
Marie CHRETIEN (2010)
CONCLUSION GENERALE

leurs propriétés de gonflement pour des chargements importants qui efface l’état de
surconsolidation. On constate que les faciès les moins altérés et les moins oxydés de la
formation de Brach (argile noirâtre A/N, argile bleutée A/B, argile grise à marbrures rouille
A/BOR, argile verdâtre A/V) présentent les plasticités, le pouvoir gonflant et le caractère
rétractant les plus élevés par rapport au faciès A/BOG commun de la formation de Brach. Des
fiches géotechniques complètes ont été élaborées sur les principaux faciès de la formation de
Brach dans le cadre du programme ANR-ARGIC (Annexe B –Recommandations d’essais en
laboratoire adaptés à la caractérisation de l’aptitude d’un sol au retrait-gonflement ; Plat et al.
2009).
On a pu confirmer l’intérêt de travailler avec les essais en laboratoire réalisés sur la
fraction à 80 µm pour faire une première classification des sols fins et de leur sensibilité à
l’eau. Un premier niveau d’analyse utilisant le couplage Vb (80 µm) – P (80 µm) est suffisant
pour caractériser la sensibilité des sols fins ayant un passant à 80 µm compris entre 35 et
80 %. Si les sols sont classés comme très actifs, une analyse sédimentométrique
complémentaire est à envisager pour affiner la susceptibilité et la prédominance de la fraction
argileuse. Pour les sols ayant un passant P (80 µm) > 80 % et une Vb (80 µm) > 4. Ils doivent
être considérés comme des sols argileux actifs à très sensibles aux variations hydriques. Il est
alors recommandé de compléter l’analyse par le diagramme de sensibilité pour les sols
argileux ayant un passant à 80 µm supérieur à 80 %, couplant les paramètres Vb (80 µm) et la
fraction argileuse C2. Ce deuxième niveau d’analyse permet de préciser si la fraction argileuse
sera prédominante sur le comportement global du squelette du sol.

Mise en place et suivi d’un site expérimental


Afin de caractériser les variations saisonnières climatiques, de teneur en eau et les
déplacements des sols argileux qu’elles engendrent, un site expérimental a été instrumenté
entre mars 2008 et février 2009 sur la commune de Pessac, et à proximité du quartier étudié
de Cap de Bos. Ce site est depuis suivi régulièrement avec des enregistrements journaliers
automatisés. Le choix de l’emplacement de la station expérimentale a été déterminé à partir
d’une cartographie très précise du sous-sol et de ses variations lithologiques à l’aide d’une
prospection électromagnétique (EM31). Les résultats de cette prospection ont permis
d’identifier en surface des limites entre formations, à l’échelle du site. Elle a permis
d’identifier une zone argileuse conductrice plus restreinte, où a été installé le site
expérimental. Cette zone argileuse correspond au faciès A/BOG qui a fait l’objet d’une
importante campagne d’investigations géotechniques, couplée à des essais complets en
laboratoire. L’intérêt de ce travail repose sur une instrumentation géotechnique, climatique,
hydrique et géophysique continue et à demeure d’un site expérimental sur sol argileux. Ce
couplage a mis en évidence la pertinence de travailler avec des mesures hydriques et
géophysiques mensuelles pour visualiser l’évolution du front de dessiccation et
d’humidification dans un sol argileux sur 3 m de profondeur. Ce travail a permis également
d’établir et de quantifier en vraie grandeur les relations complexes entre les déplacements
mesurés in situ, les paramètres géotechniques obtenus en laboratoire et les variations
d’humidité in situ des sols argileux de la formation hétérogène de Brach.

312
Marie CHRETIEN (2010)
CONCLUSION GENERALE

Le suivi de la pluviométrie au droit du site expérimental montre que les pluies d’hiver
enregistrées sur la période 2008-2009 sont plus abondantes que celles enregistrées à la station
MétéoFrance de référence située à Bordeaux-Mérignac, soit à environ 6 km. De plus, on
constate que les pluies d’été enregistrées sur le site expérimental sont plus faibles que celles
de Mérignac. L’analyse des données climatiques mesurées sur le site expérimental,
notamment la pluviométrie, confirme la nécessité d’établir une station météorologique sur
site. En effet, les mesures obtenues sur le site expérimental sont notablement différentes de
celles obtenues à la station météorologique de Mérignac avec de fortes différences
pluviométriques surtout en période hivernale. Sur le site expérimental, le suivi pluviométrique
indique des années globalement pluvieuses (2008 et 2009), malgré un été 2009 plutôt sec et
proche des étés références de sécheresse (2003 et 2005).
Le suivi hydrique a mis en évidence des variations interannuelles de l’état
d’hydratation des sols, mais aussi de fortes variations hydriques en fonction de la profondeur
attribuables à l’hétérogénéité des sols jusqu’à 3 m de profondeur. Les résultats montrent la
pertinence de travailler avec des mesures mensuelles à l’aide des sondes TDR afin de
quantifier l’évolution annuelle du profil hydrique du sol, et de l’usage des sondes Thetaprobe
pour mener un suivi hydrique ponctuel en continu fiable, malgré un petit écart des mesures lié
à des méthodes différentes, un étalonnage différent et à la difficulté d’installation dans des
sols hétérogènes. Les profils hydriques mensuels obtenus par les sondes TDR semblent
pertinents pour identifier la manière dont le front de dessiccation se propage en profondeur
dans les sols argileux, et détecter les effets des anomalies lithologiques (drains silto-sableux,
fissures) non détectées à la tarière et pouvant aggraver les cinétiques de réhumidification-
séchage des sols. Le front de dessiccation a atteint, en 2009, la profondeur de 1,80 m dans les
sols argileux de la formation de Brach.
Les résultats du suivi géophysique temporel indiquent que la méthode TRE permet de
caractériser l’hétérogénéité dans les sols argileux, spatialement et en profondeur. On montre
également que cette méthode est capable de détecter dans le temps des variations
significatives de résistivité en fonction de l’évolution temporelle de la teneur en eau, à
condition de dimensionner correctement le dispositif de mesures afin de pouvoir discerner des
objets ou les effets de ces objets géologiques à l’origine des mécanismes étudiés (variations
de teneur en eau). Ceci semble aussi indiquer que les mesures de tomographie électrique sont
plus sensibles à une perte d’humidité significative des sols, qu’à une augmentation d’humidité
car elles mettent plus de temps à réagir après des épisodes pluvieux intenses et à récupérer
leur teneur en eau initiale. Ce constat peut s’expliquer par une perturbation de la propagation
du front d’humidification en liaison avec les hétérogénéités lithologiques et les fissures
présentes dans le sol, jouant sur la perméabilité des sols. En effet, les hétérogénéités silto-
sableuses présentent dans le sol accélèrent le phénomène de retrait en été, alors qu’en hiver
elles drainent l’eau en ralentissant une progression homogène du front d’humidification. Ceci
met en évidence un comportement semi-perméable des argiles et une importante infiltration
de l’eau à la faveur de fissures et de passées plus silteuses au sein de la formation argileuse.
Ces fortes variations de teneur en eau des sols entre 1 m et 2 m, constatées pour une année
pluvieuse, coïncident avec des variations de résistivités importantes observées grâce au suivi
temporel.

313
Marie CHRETIEN (2010)
CONCLUSION GENERALE

Le suivi géotechnique a permis de mesurer des déplacements verticaux relatifs d’ordre


millimétrique dans ce type de sol argileux, avec une amplitude maximum de 4 mm en 2009
sur la tranche de sol comprise entre 0 et 3 m de profondeur, pour des variations de teneur en
eau massique variant de 2 à 25 % suivant la profondeur. Les mouvements en gonflement des
sols coïncident parfaitement avec les précipitations brutes et les pluies efficaces, tandis que
les mouvements en retrait correspondent à des périodes où les pluies efficaces sont faibles.
Les cinétiques de mouvement montrent que le gonflement est 3 fois plus rapide que le
phénomène de retrait, et que les déplacements les plus importants affectent la tranche de sol
comprise entre 1 et 2 m de profondeur, soit la couche d’assise des fondations superficielles. À
partir des cinétiques de déplacements et des phénomènes analysés et décrits à partir des
mesures d’humidité. On constate que l’eau arrive gravitairement par les drains naturels silto-
sableux et par les fissures présentes à différentes profondeurs dans les argiles, expliquant une
vitesse de gonflement plus importante que celle du retrait. Puis, l’eau stagnerait dans ces
hétérogénéités semi-perméables et s’évacuerait plus lentement dans un sol argileux
environnant plus imperméable, qui lui-même absorbe de l’eau avec une cinétique très lente.
Ce mécanisme expliquerait que les tassements se produisent avec une vitesse de déplacement
beaucoup plus lente que le phénomène de gonflement. Ces observations expliquent le
fonctionnement des mécanismes du retrait-gonflement pour des sols argileux, très pauvres en
smectites et sous climat océanique. Par l’analyse des déformations, nous avons également
mis en évidence un écart important entre les facteurs de retrait linéaire Rl calculés d’après les
données sur site, et ceux obtenus en laboratoire. En effet, on a constaté que les facteurs Rl in
situ, issus des mesures de terrain, sont 5 à 20 fois inférieurs à ceux mesurés en laboratoire
pour des variations de teneur en eau identiques. L’écart important entre les mesures de
laboratoire et in situ pourraient s’expliquer par un « facteur d’échelle » lié à l’hétérogénéité
lithologique des sols argileux de cette formation, qui expliquerait le facteur 10 constaté entre
les mesures. Toutefois, d’autres facteurs sont à prendre en considération pour expliquer de tels
écarts. Il semblerait toutefois que le facteur « d’échelle » a un rôle prépondérant en passant
des essais en laboratoire à ceux mesurés sur site dans le cas de l’essai de dessiccation.
Cette démarche expérimentale mise au point tout au long de ce travail de recherche est
partie de l’analyse du risque géotechnique à l’échelle d’un quartier afin de comprendre les
mécanismes à l’origine des sinistres sur habitations, puis passer à l’échelle d’une parcelle
pour visualiser la complexité des phénomènes géologiques sur de courtes distances. En effet,
ce travail a montré que les sinistres aux habitations sont essentiellement liés à une
combinaison d’un aléa géotechnique retrait-gonflement et d’un aléa géotechnique type
tassement différentiel. Cette démarche a aussi permis de mieux caractériser le comportement
d’une formation argileuse (Formation de Brach) très hétérogène soumise aux différentes
sollicitations extérieures (climatiques, anthropiques, etc.). Ce travail de recherche avait pour
objectif de donner des outils d’analyse en laboratoire, une meilleure compréhension des
mécanismes et des cinétiques de retrait-gonflement dans les sols argileux et surtout de
préciser la profondeur « normale » du front de dessiccation dans des sols argileux hétérogènes
sous climat océanique. Ceci va permettre l’analyse géotechnique du potentiel au retrait-
gonflement des sols, effectuée à l’échelle de la parcelle et du sondage, lors d’études de sol
d’avant-projet et surtout dans le cadre d’expertises. Les résultats de l’analyse comparative

314
Marie CHRETIEN (2010)
CONCLUSION GENERALE

entre les données issues des essais en laboratoire et des mesures expérimentales sur site ont
montré l’écart important entre les données liées aux hétérogénéités dans les sols et au
changement d’échelle entre le terrain et le laboratoire. Ces écarts de mesures sont retrouvés en
bureau d’étude géotechnique au moment de l’analyse des coupes de terrain couplées aux
analyses en laboratoire.

Perspectives
Le suivi des mesures sur le site expérimental se poursuit en continu, avec le démarrage
fin 2009 d’une nouvelle thèse en bourse CIFRE (Thèse de Céline Andrieux), à la suite de mes
travaux. La continuité de ce suivi va permettre d’améliorer la connaissance de la profondeur
« normale » de pénétration de la sécheresse pour le climat océanique de la région bordelaise.
De même, le suivi géophysique temporel sera amplifié car il est un bon indicateur de
l’évolution temporelle de la distribution de l’humidité dans des sols argileux plus ou moins
fissurés et hétérogènes. L’acquisition des données va donc s’orienter vers une étude plus
détaillée en laboratoire de l’influence de la température du sol et de sa lithologie sur les
valeurs de résistivités à différentes profondeurs. Nous avons également souligné l’intérêt de la
prospection géophysique pour qualifier et identifier l’hétérogénéité des sols à l’échelle de la
parcelle, afin d’optimiser les campagnes de reconnaissance géotechnique.
Suite à l’analyse comparative entre les déformations mesurées sur site et les valeurs des
facteurs de retrait linéaire obtenues en laboratoire, il semble indispensable que l’essai de
dessiccation soit amélioré en le réalisant sur un échantillon au moins de même dimension que
celui de l’essai œdométrique (diamètre 70 mm), afin de se rapprocher des conditions réelles
du terrain. D’autres facteurs peuvent venir perturber l’estimation du potentiel de retrait d’un
sol argileux mais restent encore à préciser et pourraient varier suivant les régions.
L’ensemble de ces travaux de recherche devraient être complété par une étude du
comportement de fondations superficielles soumis à des cycles de retrait-gonflement, suite à
la mise en place de constructions en vraie grandeur sur le site expérimental de Pessac (Projet
en cours dans la thèse de Céline Andrieux). Cette étude expérimentale aura pour objectif de
mesurer les déplacements des sols et leurs variations hydriques sous des fondations
superficielles ancrées dans des sols d’assise différentes (argile, alios et graves sableuses), afin
de mieux appréhender l’interaction sol-structure dans des sols hétérogènes. Cette nouvelle
instrumentation permettra également d’étudier plus en détail les cinétiques de séchage et
d’humidification différentes sur site et en laboratoire, à relier à la vitesse de réaction d’une
structure reposant sur des fondations superficielles instrumentées sur site. Le couplage de
l’ensemble de ces méthodes et techniques semble être une approche pertinente pour
comprendre les mécanismes du phénomène de retrait-gonflement, et va donc se poursuivre.

315
Marie CHRETIEN (2010)
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AFNOR (1995). Sols : Reconnaissance et essais. Essai de dessiccation : Partie 2. Sol non remanié.
XF P 94-060-2

AFNOR (1995). Sols : Reconnaissance et essais. Essai de gonflement à l’œdomètre. XF P 94-091

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du calcimètre. NF P 94-048

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sec après lavage. NF P94-056

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

SITES INTERNET

www.argiles.fr
www.prim.net
www.ecosociosystemes.fr
www.geoscape.nrcan.gc.ca (site Ressources Naturelles du Canada)
ANNEXES

Sommaire :

ANNEXE 1. Approche minéralogique

ANNEXE 2 : Identification paramètres géotechniques,


Quartier Cap de Bos

A-1
ANNEXE 1 :

Approche minéralogique

A-2
Principe de l’identification rapide des minéraux
Une première série d’échantillons (4) a été analysée en mars 2007 au laboratoire
HydrASA afin d’identifier qualitativement la nature des minéraux argileux présents dans les
échantillons. L’identification des minéraux nécessite l’examen de deux types de
diffractogrammes. En premier lieu, on identifie les phases minérales autres que les
phyllosilicates par examen d’un diffractogramme de poudre désorientée représentatif de
l’échantillon, soit « la méthode des poudres ».

La méthode générale consiste à bombarder l'échantillon avec des rayons X, et à regarder


l'intensité de rayons X qui est diffusée selon l'orientation dans l'espace. Les rayons X diffusés
interfèrent entre eux, l'intensité présente donc des maxima dans certaines directions ; on parle
de phénomène de «diffraction». La condition pour que les radiations émises soient en phase
s’exprime par la loi de Bragg : nλ = 2dsinθ (Martin et George, 1998). On enregistre
l'intensité détectée en fonction de l'angle de déviation 2θ ("deux-thêta", Figure A-1.a) du
faisceau ; la courbe obtenue s'appelle le «diffractogramme». Chaque famille argileuse est
caractérisée par sa valeur de « d » (en Å), qui lui est propre. L'échantillon est une poudre
homogène isotrope, obtenue après avoir broyé un échantillon assez finement non tamisé au
préalable. Cette poudre est mise en solution avec de l’eau osmosée (eau distillée), que l’on
place sur une lame mince et que l’on laisse sécher pendant 24 h à l’air libre. Puis, la lame
mince est placée au centre de la caméra du diffractomètre Bragg-Brentano (Philipps, équipé
d’un monochromateur arrière et fonctionnant avec une anticathode de cuivre), montage le plus
courant et utilisé au laboratoire. Dans la configuration dite «θ-2θ» ("thêta-2thêta"),
l’échantillon et le détecteur sont couplés. La rotation de 2θ du détecteur s’accompagne d’une
rotation de θ de l’échantillon. Ceci permet donc de conserver un angle d’incidence et de
diffraction identique θ, équivalent à la moitié de l’angle de diffraction (2θ) (Figure A-1.b).
Ensuite les spectres de diffraction sont soit interprétés manuellement, soit via un logiciel
d’identification.
Intensité

a) b)
Angle de déviation 2θ

Figure A-1 :a) Diffractogramme : mesure de l’intensité en fonction de l’angle 2θ de déviation ; b)


définitions des angles dans le montage Bragg-Brentano.

A-3
Dans le spectre d’énergie obtenu, les valeurs angulaires peuvent être en espace basal d
(Å) en appliquant la loi de Bragg et en utilisant la longueur d’onde Kα de l’anticathode de
cuivre employée dans l’appareil pour produire le rayonnement incident (Brown & Brindley,
1980). Dans le laboratoire, la valeur de longueur d’onde Kα est de 1,5406 Å. Ainsi, une
famille d’argile se caractérise par une valeur de d pour les plans (001), avec pour l’illite d =
10 Å ; la kaolinite d = 7 Å et la smectite d = 15 Å. Cependant, il faut aussi considérer les
différents ordres de diffraction η. Dans un mélange argileux, le spectre de diffraction
enregistrera différents pics correspondants aux réflections principales des différentes familles
présentes mais aussi celles secondaires. Une même espèce argileuse aura ainsi plusieurs pics
de diffraction correspondants à des réflections d’ordre différents comme par exemple, pour la
réflection (001) de la kaolinite de 7 Å qui coïncide avec la réflection (002) de la chlorite
(Brown & Brindley, 1980). Pour chaque espèce, on peut ainsi constituer une « fiche », soit
une liste de pic (2θ,I) (position et hauteur des pics). La hauteur I est la hauteur relative par
rapport au pic le plus grand de la phase argileuse, en % (le pic le plus grand a alors pour
hauteur 100). Pour les distinguer, les pics d'une signature sont désignés par trois nombres
entier h, k et l placés entre parenthèse, appelés «indices de Miller». On a donc un pic (100)
("un-zéro-zéro"), un pic (110), un pic (101), etc. Il est préférable pour avoir la meilleure
interprétation des pics, de connaître l’histoire géologique et la nature de l’échantillon. Après
avoir mesuré les pics, on les compare à un catalogue de fiches dont on dispose, qui à l’heure
actuelle contient plus de 140 000 fiches de minéraux. Comme les sols argileux sont un
mélange de minéraux, on aura une superposition de différentes fiches avec l’attribution de
différentes espèces argileuses probables pour certains pics, d’où l’intérêt d’avoir une idée
initiale sur la nature de l’échantillon. Dans tous les cas, une vérification manuelle est
nécessaire car l’identification dépend de la pureté de l’échantillon (décalage des pics), du
réglage de l’appareil et de la ressemblance des signatures.

Une fois cette première analyse réalisée, on cherche par des traitements sur lames
orientées à observer l’ouverture puis la fermeture du domaine interfoliaire des minéraux
gonflants, voire la disparition de certains phyllosilicates instables au-delà de leur température
de stabilité. Pour cela, il est nécessaire d’examiner plusieurs diffractogrammes de préparations
différentes :
1) lame orientée séchée à l’air libre (LO Nat),
2) lame orientée saturée à l’éthylène-glycol (LO EG),
3) lame orientée chauffée à 550°C (LO H ou LO 550°).
Des traitements complémentaires (attaque à l’acide, hydrazine, …) peuvent être
envisagés ponctuellement pour compléter l’identification des espèces argileuses notamment
des smectites. Voici les exemples de spectres caractéristiques des principaux minéraux
argileux pris individuellement avec les effets des traitements N, EG et H (Figure A-2) et la
position des réflections (001) avec une synthèse de l’effet des traitements au tableau 1.

A-4
Figure A-2 : Diffractogrammes caractéristiques des trois principaux minéraux argileux (kaolinite, illite
et smectite) avec les effets des traitements N, EG et H (Thorez, 1986).

Kaolinite

Illite

Muscovite

Chlorite

Chlorite
gonflante

Vermiculite

Tableau A-1 : Effets des traitements sur la position des réfections (Thorez, 1986)

A-5
ANNEXE 2 :

Identification paramètres géotechniques


Quartier Cap de Bos

A-6
Parcelle/ VBS (0/D VB WL Wp < 80µm < 2µm CEC Ca MO % Minéraux
Prof. (m) Facies Wnat (%) Ip (%) % silt pH eau AC ACB CEAc % smectites % Illite % Chlorite
Sondage max) (0/400µm) (%) (%) (%) (%) meq/100g (%) (%) Kaolinite associés
10/S1 0.5-1.5 A/BOG 13.8 3.3 5.0 31 44.4 13.8 93.2 22.4 48.5 - - - - 0.8 6.8 -
10/T1 1.00-1.20 A/BOG 29.0 9.6 6.6 37 62.8 25.6 - - - - - - - - - -
10/T1 0.80-0.90 A/BOG 27.7 4.6 5.9 29 55.4 26.5 - - - - - - - - - -
10/T2 0.40-1.20 A/BOG 20.7 3.1 6.2 27 57.1 23.8 99.5 13.0 57.7 - - - - 0.4 4.7 -
10/T4 0.5-1.0 A/BOG 18.9 5.6 5.8 26 46.6 21.2 98.4 49.0 34.0 5.0 5.7 0.0 0.6 0.8 16.5 0.1 8 22 70 - Qz-Goethite
3/T1 0.45 A/BOG 18.1 1.4 1.4 22 50.0 28.2 40.5 14.0 14.6 14.0 8.0 0.0 2.2 0.7 4.7 0.5
6/T1 1.3 A/BOG 12.0 1.7 1.8 16 30.0 14.0 - - 20.0 - - - - 0.8 8.5 -
7/T1 1.3 A/BOG 16.0 3.8 3.8 38 46.0 16.0 - - 20.0 - - - - 1.9 19.0 -
8/T1 3.50 A/BOG 16.8 1.0 1.0 25 44.4 19.1 45.6 30.2 12.7 6.0 6.1 0.0 0.8 2.0 7.9 0.5
12/T1 0.5 A/BOG 22.7 6.6 6.6 39 69.2 30.7 92.5 4.6 67.5 12.7 5.5 0.0 0.6 0.8 12.7 0.2
12/T1 1.5 A/BOG 18.0 5.8 5.8 29 58.2 28.8 90.4 10.8 63.3 21.7 8.1 0.0 0.2 0.7 13.1 0.5
12/T1 1 A/BOG 23.3 8.2 8.3 40 71.8 31.5 86.4 24.0 23.9 27.3 5.6 0.0 0.5 1.7 34.3 1.1
10/S3 0.2-1.5 A/BOG 13.2 1.7 4.2 16 33.8 17.4 94.2 23.6 49.9 4.8 6.4 0.0 0.8 0.3 3.4 0.1 6 9 85 - Qz
6/T1 1.50 A/BOG 13.0 2.7 2.8 40 51.0 11.0 56.4 17.8 20.9 11.9 5.6 1.7 0.3 1.1 7.3 0.3
12/T1 0.5 A/BOG 17.1 5.7 5.8 35 80.5 45.4 88.6 21.0 30.9 12.3 5.1 0.0 0.7 1.1 18.4 0.4
10/T1 1.20-2.00 A/BOG 23.2 4.6 6.0 41 63.9 22.3 75.5 12.0 47.3 12.6 5.9 0.0 1.0 0.9 9.6 0.3
4/T1 1.8 A/BOG 21.0 3.5 3.5 39 48.0 9.0 89.1 25.0 20.6 8.9 4.6 1.0 0.2 1.7 15.1 0.4
7/T1 2 A/BOG 24.0 9.0 9.0 59 81.0 22.0 58.9 9.0 28.5 21.6 7.3 5.0 0.4 1.2 18.6 0.4
8/T1 2 A/BOG 18.3 3.3 3.3 37 63.3 27.1 50.7 23.8 17.0 16.7 5.8 0.0 0.8 1.1 9.8 0.5
6/T1 2.00 A/BOG 18.0 3.7 3.8 39 64.0 25.0 50.8 18.3 21.0 10.1 5.2 0.9 0.2 0.9 9.0 0.2
6/T1 2.50 A/BOG 16.0 1.6 1.6 22 38.0 15.0 - - 20.0 - - - - 1.1 8.0 -
6/T1 3.30 A/BOG 17.0 1.8 1.8 20 36.0 17.0 74.0 42.5 14.2 4.5 6.4 1.1 0.1 1.0 9.4 0.2
10/T2 1.50-3.20 A/BOG 10.7 3.2 7.5 34 57.3 23.5 45.9 14.0 27.0 - - - - 1.3 12.0 -
4/T1 2.4 A/BOG 24.0 8.0 8.0 67 103.0 36.0 76.6 12.5 42.3 17.3 4.6 2.1 0.4 1.6 18.9 0.4
4/T1 3.1 A/BOG 26.0 8.4 8.4 45 72.0 27.0 78.0 11.0 36.9 16.0 7.1 4.1 0.1 1.2 22.8 0.4
12/T1 1.7 A/BOG 20.4 7.9 8.7 48 69.8 22.1 63.5 17.1 35.3 - - - - 1.4 22.4 -
12/T1 1.8 A/BOG 18.1 5.2 10.8 44 73.9 29.6 37.5 2.0 25.0 - - - - 1.8 20.8 -
4/T1 3.8 A/BOG 39.0 7.5 7.5 42 74.0 32.0 70.0 11.0 39.9 15.0 8.1 15.8 0.1 1.1 18.8 0.4
10/S2 3.8-6.0 A/BOG 23.5 4.2 6.6 38 53.9 15.9 96.3 24.1 57.8 - - - - 0.7 7.3 -
7/T1 3.95 A/BOG 27.0 8.1 8.1 50 72.0 22.0 73.4 12.0 24.1 13.1 7.9 15.1 1.0 2.1 33.6 0.5 9 6 85 - Qz
10/S3 2.0-4.5 A/BOG 15.3 2.5 4.6 24 38.0 13.8 94.6 22.7 49.2 - - - - 0.5 5.0 -
10/S3 4.5-6.0 A/BOG 16.7 1.7 2.9 17 30.1 13.1 95.1 51.4 21.0 - - - - - - - 5 13 82 - Qz-Goethite
12/T1 3.50 A/BO 23.2 0.5 0.8 8 34.3 26.7 46.6 2.3 25.0 - - - - 0.3 2.0 -
10/S1 7-15 A/BO 16.5 1.7 1.7 29 45.1 16.4 45.7 8.2 26.0 - - - - 1.1 6.5 -
10/S2 0.2-1.5 A/BB 21.2 4.3 6.6 38 51.8 14.1 98.6 43.2 73.9 9.8 6.2 0.0 0.5 1.0 11.7 0.3
10/S2 1.5-3.8 A/BB 20.3 3.7 5.4 32 46.9 14.5 96.5 21.2 58.0 - - - - 0.6 6.4 - 10 7 83 - Qz
10/T1 0.25-0.50 A/BB 28.9 4.2 11.6 55 83.4 28.6 47.7 2.0 40.3 15.6 8.5 15.2 0.9 1.4 10.3 0.4
10/T1 0.50-0.80 A/BB 36.5 4.7 6.2 25 55.9 25.9 78.1 11.0 36.0 22.3 8.2 10.0 1.4 0.7 13.0 0.6
10/T3 0.5 A/BB 19.1 5.0 6.0 42 60.3 18.2 68.0 11.0 50.0 - - - - 0.8 10.0 -
10/S4 3.1-4.6 A/BR 20.9 5.0 5.8 44 59.1 15.1 94.8 36.0 42.7 - - - - 1.0 11.7 - 7 23 70 - Qz-Goethite
10/S4 1.-3.1 A/BOR 17.7 4.6 6.6 19 51.3 32.7 95.1 4.0 63.7 - - - - 0.3 7.2 - 30 7 63 - Qz-Goethite
10/S5 1.0-3.2 A/BOR 34.8 5.1 7.8 57 87.0 30.4 93.7 - - - - - - - - -
10/T3 1 A/BOR 20.4 4.9 5.4 37 56.6 19.5 92.8 15.8 53.8 - - - - 0.7 9.1 -
10/T3 1.10-1.7 A/BOR 32.3 6.2 6.2 40 64.7 25.1 94.8 14.2 61.6 - - - - 0.6 10.1 -
10/T4 2-4.5 A/BOR 26.8 8.2 7.5 51 74.9 23.6 99.8 12.0 52.8 13.4 5.7 0.0 0.6 1.0 15.8 0.3 20 22 58 - Qz-Goethite
10/S1 4.60-7 A/B 21.3 4.1 5.4 29 49.3 19.8 69.6 8.3 44.0 - - - - 0.7 9.3 -
10/S3 7.0-9.0 A/B 23.6 5.8 6.7 45 61.0 15.1 97.6 37.4 42.2 - - - - 1.1 13.7 -
10/S4 4.6-7.5 A/B 24.5 5.7 9.2 45 60.2 14.9 99.5 16.0 55.9 - - - - 0.8 10.2 - 15 20 65 - Qz
10/T4 2-4.5 A/B 26.8 8.2 7.5 51 74.9 23.6 99.8 12.0 52.8 - - - - 1.0 15.8 - 20 20 60 - Qz
10/T4 4.5-4.7 A/B 26.1 8.3 5.8 33 53.0 17.9 99.3 66.0 10.4 - - - - 3.2 79.8 -
3/T1 2.00 A/B 23.7 4.1 4.1 40 70.3 30.8 52.0 23.0 17.7 12.8 6.7 0.0 1.5 0.9 9.0 0.3
3/T1 2.50 A/B 24.0 5.0 5.0 37 64.3 26.9 50.3 21.0 22.6 11.3 5.4 0.0 1.0 0.8 10.2 0.2
8/T1 2.50 A/B 17.6 4.7 4.7 46 72.1 26.2 41.9 9.5 22.0 26.1 7.3 0.0 0.8 0.9 9.4 0.5
10/S4 7.5-8.0 A/V 30.1 6.6 10.4 51 67.1 16.4 99.5 17.9 56.8 - - - - 0.9 11.6 - 35 23 42 - Qz
13/T1 1.5 A/V 23.4 18.3 - 50 100.0 50.0 - - - - - - - - - -
3/T1 0.60 A/N 26.8 3.1 3.1 24 49.9 25.7 44.6 14.0 13.4 - - - - 0.8 10.3 -
10/S5 3.2-5.0 A/N 34.0 3.3 14.0 52 62.5 15.0 98.3 22.0 57.0 - - - - 0.9 5.8 -
10/S5 5.0-6.0 A/N 33.3 3.3 7.9 41 57.0 15.8 96.1 - - - - - - - - -
10/T3 1.7-2.5 A/N 40.1 8.2 8.2 44 82.5 38.2 94.9 61.7 10.4 19.5 5.1 0.0 0.5 4.2 79.0 0.2 27 3 70 traces Qz
10/T3 2.5-2.7 A/N 28.9 7.0 11.2 65 86.4 21.5 92.9 4.7 75.2 - - - - 0.9 9.3 -
10/T3 2.7-4.1 A/N 41.3 7.8 7.8 48 79.1 31.6 98.6 3.0 82.8 - - - - 0.6 9.4 - 22 6 72 Qz
10/T4 4.7-5.0 A/N 31.0 7.4 8.6 35 58.0 23.0 98.6 64.0 9.0 - - - - 3.9 82.2 - 24 24 52 - Qz
12/T2 2.70 SA 15.8 0.5 1.7 - - - 16.8 - - - - - - - - -
12/T1 2.00 SA 4.7 0.5 1.7 15 36.1 21.1 18.6 - - - - - - - - -
12/T2 3.00 SA 24.8 1.3 1.3 10 38.2 28.1 - - - - - - - - - -
12/T2 5.00 SA 46.7 0.4 0.4 - - - 22.2 9.0 8.3 - - - - - 4.8 -
14/T1 1.50 SA 9.6 0.8 - - - - - - - - - - - - - -
14/T1 2.20 SA 10.7 0.8 - - - - - - - - - - - - - -
8/T1 1.00 SA 7.8 0.2 0.2 14 19.5 14.0 32.0 - 8.0 - - - - 1.8 2.5 -
8/T1 1.50 SA 14.8 1.0 1.0 - - - 25.6 10.0 8.0 - - - - - 12.5 -
8/T1 3.00 SA 9.8 0.5 0.5 15 31.6 16.2 10.2 - 4.0 3.8 12.5 -
8/T1 4.20 SA 6.0 0.1 0.1 21 26.6 5.5 18.6 6.0 7.0 - - - - 3.0 1.4 -
8/T1 5.00 SA 24.7 1.4 1.4 - - - 27.3 8.0 7.1 15.2 3.2 0.0 4.7 - 19.7 2.1
ANNEXE 3 :

Résultats des Essais pressiométriques


Quartier Cap de Bos

A-8
SONDAGE PRESSIOMETRIQUE
CHANTIER: THESE MARIE CHRETIEN
ETUDE QUARTIER CAP DE BOS - PESSAC (33)

SP1
Parcelle n° : 3
Date chantier : 12/01/2007
Cote (m): 54.00

Coupe géologique
Sondage pressiométrique
Pression limite nette PL (MPa)

Niveau d'eau
Référence Module pressiométrique EM (MPa)
Description des faciès des faciès

0.00 m 0.1 1.0 10.0 100.0


0.00

Terre vegétale noire sableuse

0.80 m
0.39 1.4

1.00
Sable argileux gris à quelques galets de quartz

1.40 m
11.6
1.34

Argile sableuse grise à marbrure marron, compacte


2.00

2.30 m
Profondeur (m)

Argile grise
2.53 m
1.80 11.9

Sable jaunâtre, à nodules carbonatés, humide

3.00 m
3.00

Argile marron, très compacte

3.75 m

Argile bleue, très compacte


3.90 m

4.00

Argile grise à blanchâtre silteuse

5.00

5,00 m

Observations:
Arrêt volontaire du sondage à 5.00m de profondeur

Présence d'eau en cours et en fin de sondage à 3,10 m de profondeur


SONDAGE PRESSIOMETRIQUE
CHANTIER: THESE MARIE CHRETIEN
ETUDE QUARTIER CAP DE BOS - PESSAC (33)

SP1
Parcelle n° : 7
Date chantier : 12/01/2007
Cote (m): 50,98

Coupe géologique
Sondage pressiométrique
Pression limite nette PL (MPa)

Niveau d'eau
Référence Module pressiométrique EM (MPa)
Description des faciès des faciès

0.00 m 0.1 1.0 10.0 100.0


0.00

Terre végétale sableuse Tv

0.14 0.2
0.90 m

1.00

Argile bariolée marron-ocre

1.60 m 1.9
0.34
A

Argile bariolée ocre-bleu 2.00


Profondeur (m)

2.50 m
Sable ocre grossier 2.60 m S 0.45 10.3

Argile bariolée ocre-bleu A


3.00 m
3.00

Sable ocre grossier S


3.40 m

Argile silteuse carbonatée grise


4.00

4.20 m
Ac
4,40 m

Argile verdâtre carbonatée, saturée en eau

4,70 m
5.00

Observations:
Arrêt volontaire du sondage à 4.70m de profondeur

Présence d'eau en cours et en fin de sondage à 4,40 m de profondeur


SONDAGE PRESSIOMETRIQUE
CHANTIER: THESE MARIE CHRETIEN
ETUDE QUARTIER CAP DE BOS - PESSAC (33)

SP1
Parcelle n° : 8
Date chantier : 31/05/2007
Cote (m):

Coupe géologique
Sondage pressiométrique
Pression limite nette PL (MPa)

Niveau d'eau
Référence Module pressiométrique EM (MPa)
Description des faciès des faciès

0.00 m 0.1 1.0 10.0 100.0


0.00

Sable grossier à graviers grisâtre, sec


1.7
0.31
1.00

1,50 m
7.4
0.67

Sable ocre à graviers, humide


2,00 m SG 2.00

16.5
1.18
Profondeur (m)

Graves enrobées dans une matrice sableuse


3.00
importante marron

4,00 m
4.00

Argile légèrement sableuse noirâtre à quelques


graviers
A
4,50 m

5.00

Silt légèrement argileux micacé gris, humide S

6,00 m
6.00

Observations:
Arrêt volontaire du sondage à 6.00m de profondeur

Présence d'eau en cours et en fin de sondage à 5,00 m de profondeur


SONDAGE PRESSIOMETRIQUE
CHANTIER: THESE MARIE CHRETIEN
ETUDE QUARTIER CAP DE BOS - PESSAC (33)

SP1
Parcelle n° : 11
Date chantier : 01/06/2006
Cote (m): 99.85

Coupe géologique
Sondage pressiométrique
Pression limite nette PL (MPa)

Niveau d'eau
Référence Module pressiométrique EM (MPa)
Description des faciès des faciès

0.00 m 0.1 1.0 10.0 100.0


0.00
Remblais (terre sablo-graveleuse marron + débris
de terre cuite)
R
0.55 m

Sable très fin limoneux ocre, avec quelques


cailloux, moyennement dense
SL
1.00 m 1.00 0.69 8.20

Argile faiblement sableuse bariolée beige-ocre et


grisâtre, faiblement raide
1.60 m As
Argile faiblement sableuse beige à jaunâtre et
traces ocres, moyennement raide 2.00 m
2.00

Argile marron clair à traces vert clair à bleutées,


0.60 6.20
faiblement raide

3.00 m 3.00

Argile marron clair à jaunâtre, faiblement raide


A
Profondeur (m)

4.00 m 4.00 0.74 9.30

Argile bariolée beige et grisâtre, faiblement raide à


raide
5.00
5.40 m

Sable très fin argileux bleuté, dense


5.70 m
SL 1.54 19.80

Argile bariolée beige et grisâtre, moyennement 6.00


raide
A
6.50 m

7.00

Sable très fin limoneux, dense SL

8.00

8,00 m

Observations:
Arrêt volontaire du sondage à 8.00m de profondeur

Présence d'eau en cours et en fin de sondage à 5,70 m de profondeur


SONDAGE PRESSIOMETRIQUE
CHANTIER: THESE MARIE CHRETIEN
ETUDE QUARTIER CAP DE BOS - PESSAC (33)
Dossier :
SP1
Client : 12
Date chantier : 31/05/2007
Cote (m): 53.20

Coupe géologique
Sondage pressiométrique
Pression limite nette PL (MPa)

Niveau d'eau
Référence Module pressiométrique EM (MPa)
Description des faciès des faciès

0.00 m
0.1 1.0 10.0 100.0
0.00
Terre végétale Tv
0,40 m

2.0
0.21

1.00

Argile bariolée ocre-grise A

21.4
1.52

2,00 m
2.00
Profondeur (m)

Sable ocre grossier gréseux S 0.2


0.15

3,00 m
3.00

7.3
0.56
Altérite carbonatée ocre Ac

3,90 m
4.00

4,20 m

5.00

Observations:
Arrêt volontaire du sondage à 5.00m de profondeur

Présence d'eau en cours et en fin de sondage à 4,40 m de profondeur


SONDAGE PRESSIOMETRIQUE
CHANTIER: THESE MARIE CHRETIEN
ETUDE QUARTIER CAP DE BOS - PESSAC (33)

SP1
Parcelle n° : 10
Date chantier : 07/01/2008
Cote (m): 53.60

Coupe géologique
Sondage pressiométrique
Pression limite nette PL (MPa)

Niveau d'eau
Référence Module pressiométrique EM (MPa)
Description des faciès des faciès

0.00 m 0.1 1.0 10.0 100.0


0.00

Terre végétale noire Tv

0.46 6.5
0.90 m

1.00

7.4
0.66
Argile bariolée ocre-gris
2.00
Profondeur (m)

0.68 9.3

3.00 m
3.00

Argile grise plastique

9.1
0.64
4,00 m
4.00

Argile marron à petits graviers de quartz et noirs

4,50 m
Ag/Sc
Argile verdâtre à petits graviers et débris 21.2
1.33
coquilliers
5.00

5,00 m

Observations:
Arrêt volontaire du sondage à 21,00m de profondeur

Présence d'eau en cours et en fin de sondage à 5,00 m de profondeur


A-9
RESUME
Les maisons individuelles reposant sur une formation argileuse considérée à moyen risque
vis-à-vis des phénomènes de réhydratation et dessiccation des sols argileux, ont été
particulièrement touchées par les tassements différentiels provoqués par le phénomène depuis
les sécheresses de 2003 et 2005 en Gironde (33). Une première partie de la thèse a été de
mener une étude sur le comportement gonflant et rétractant de la formation argileuse de Brach
d’âge Plio-quaternaire, responsable de centaines de sinistres sur habitations à l’échelle d’un
quartier puis à celle de la parcelle, à l’aide des paramètres géotechniques et mécaniques. Elle
a mis en évidence l’hétérogénéité des faciès argileux et l’influence des passées sableuses à
l’échelle de la formation argileuse. L’autre intérêt de ce travail est la compréhension des
mécanismes et des cinétiques d’hydratation et de dessiccation des sols argileux jusqu’à 3 m de
profondeur, sur un cycle annuel. L’étude est basée sur une méthode associant les données
géophysiques aux valeurs des paramètres géotechniques obtenus in situ et en laboratoire. Ce
couplage repose sur une instrumentation géotechnique et géophysique continue sur un site
expérimental de la commune de Pessac (Gironde). L’intérêt de cette instrumentation est
d’établir des corrélations entre les sollicitations mécaniques enregistrées par le sol
(déplacements verticaux) en fonction de l’évolution de la teneur en eau volumique des sols
jusqu’à 3 m de profondeur, reliée aux variations de résistivités électriques. Les travaux
présentent les premiers résultats comparés entre les données géotechniques et les données
géophysiques issues d’un dispositif de tomographie de résistivité électrique installé à
demeure, aboutissant à l’obtention de gammes de résistivité électriques variables corrélées
aux faciès rencontrés et à la teneur en eau des sols.

Mot-clés : sols argileux, comportement gonflant-rétractant, caractérisation géotechnique, variabilité,


hétérogénéité, déplacements, tomographie électrique, variations hydriques.

ABSTRACT
Homes built on sensitive clayey soils, considered as medium risk, are showing cracks
evidencing differential movements occurring in their foundations after drought periods of
2003 and 2005. To address this problem in a first part of the thesis, the swell-shrinkage
behaviour has been investigated specifically to the Plio-quaternary clayey formation of Brach,
both at the scale of a district and a small land. The results reveal the variability of the clay
behaviour when sandy lenses occurred inside the formation. The present work aims to assess
geotechnical and compressibility parameters to analyse the variability of the swelling-
shrinkage parameters inside a same clayey formation. The aim of a second part of this study is
to identify the seasonal soil moisture variations occurring between wet period and dry
summer down to 3 meter depth, using a new method integrating geophysical and geotechnical
data obtained in situ and in laboratory. This research is based on the setting of an
experimental site on Pessac town (Gironde) in order to monitor clayey behavior, to establish
correlations between geotechnical properties, water content variations and electrical resistivity
on soils over time and every month. The purpose is to survey and evaluate kinetics of soil
water content evolution, temperature and vertical displacements down to 3 m depth. This
work presents the first results which compare geotechnical, volumetric and electrical
resistivity data by combining the field and laboratory measurements.

Keywords: geotechnical characterization, variability, electrical resistivity, in situ monitoring,


soil moisture, soil movements.

Université Bordeaux 1
Les Sciences et les Technologies au service de l’Homme et de l’environnement

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