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Mélanogenèse
T. Passeron, R. Ballotti, J.-P. Ortonne

Les mélanines sont produites par des cellules spécialisées, les mélanocytes, qui dérivent de la crête
neurale. Dans la peau, les mélanocytes se localisent dans l’assise basale de l’épiderme et dans le bulbe
pilaire et la paroi folliculaire. La mélanogenèse se déroule au sein d’un organite intracytoplasmique de la
famille des lysosomes sécrétoires, appelé mélanosome. Deux familles de mélanines sont produites, les
eumélanines de couleur brune ou noire et les phaéomélanines de couleur jaune ou rouge-orangé, qui sont
moins photoprotectrices. Trois enzymes principales de la mélanogenèse ont été identifiées : la tyrosinase
et les tyrosinases related proteins 1 et 2. Un nombre important de gènes contrôlent l’embryogenèse des
mélanocytes, la biogenèse des mélanosomes, leur transport dans les mélanocytes et leur transfert aux
kératinocytes. De nombreux facteurs de régulation de la mélanogenèse (ultraviolets, hormones
mélanotropes, cytokines, etc.) ont été identifiés. Les mécanismes de signalisation cellulaire impliqués
dans la mélanogenèse sont progressivement disséqués. Ces connaissances récentes permettront de mieux
connaître les bases génétiques de la photoprotection mélanique de la peau. Elles ont permis d’identifier de
nombreuses cibles potentielles pour de futures stratégies thérapeutiques des hypermélanoses et des
hypomélanoses cutanées.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Pigmentation ; Mélanocytes ; Mélanosomes ; Mélanine ; Tyrosinase

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 La couleur de la peau est le résultat d’un subtil mélange de
¶ Mélanines et leurs rôles 2 pigments. Ainsi, les dérivés de l’hémoglobine ou la présence
anormale de pigment d’origine endogène ou exogène modifient
¶ Mélanocytogenèse 3
la teinte du tissu cutané. L’épaississement de l’épiderme peut
¶ Mélanogenèse 3 également entraîner des variations de couleur. Cependant,
Tyrosinase 3 l’essentiel de la pigmentation de la peau, des poils et des yeux
« Tyrosinase-related protein 1 » 3 résulte des variations quantitatives et qualitatives du pigment
« Tyrosinase-related protein 2 » 4 mélanique. Cette mélanine est produite puis sécrétée par des
¶ Biogenèse des mélanosomes 4 cellules spécialisées appelées mélanocytes. Les mélanocytes sont
¶ Transport des mélanosomes 4 présents dans la peau et les follicules pileux mais se retrouvent
également dans certains organes sensoriels tels que la rétine ou
¶ Transfert kératinocytaire 5
l’oreille interne et dans le système nerveux central (leptoménin-
¶ Signalisation intracellulaire 5 ges). Dans la peau, ces cellules sont situées dans la couche
Événements moléculaires précoces 5 basale de l’épiderme ou dans la partie inférieure des follicules
Stimulation de l’activité de la tyrosinase et régulation pileux. Les mélanoblastes sont les précurseurs des cellules
de la transcription du gène de la tyrosinase 5 mélanocytaires. Ils migrent, durant la vie embryonnaire, des
¶ Principales différences ethniques 5 crêtes neurales jusqu’à leurs territoires distaux, puis se multi-
¶ Régulation de la mélanogenèse 6 plient et se différencient en mélanocytes. Ils acquièrent alors la
Rayons ultraviolets 6 capacité de synthétiser et de transporter la mélanine dans des
Facteurs de croissance 7 organelles spécifiques appelés mélanosomes. Finalement, ces
Action des fibroblastes 7 mélanosomes seront distribués aux kératinocytes adjacents afin
de jouer leur rôle physiologique (Fig. 1).
¶ Pathogénie des troubles pigmentaires 7
L’acquisition d’une pigmentation suffisante et homogène est
Troubles pigmentaires 7
donc un processus complexe, qui n’est possible que si la
Examen à la lampe de Wood 8
mélanocytogenèse (développement embryonnaire du système
Intérêt thérapeutique 8
pigmentaire) s’est déroulée correctement et que l’ensemble des
¶ Conclusion 8 éléments impliqués dans le processus de pigmentation (mélano-
genèse, biogenèse et transport des mélanosomes, et finalement

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MÉLANOSOMES ultraviolets (UV), ainsi que par de nombreux agents (hormones,


peptides, médiateurs chimiques) qui sont capables de stimuler
tyrosine ou d’inhiber la pigmentation cutanée.
Dendrite
dopa T Y ROS I N A S E
dopachrome
Tyrp1,DCT
■ Mélanines et leurs rôles
NOYAU MÉLANINE
Les mélanines produites sont de deux types : les eumélanines
et les phaéomélanines. En général, les mélanines correspondent
Appareil de Golgi et
KÉRATINOCYTE réseau transgolgien
chez l’homme à un mélange d’eumélanines et de phaéomélani-
nes en différentes proportions.
NOYAU
NOYA
M
MÉELLA
ANNO
OCCY
YTTE Les eumélanines sont des mélanines de couleur brune ou
Figure 1. Du mélanocyte au kératinocyte. Les pigments mélaniques noire, à haut poids moléculaire, insolubles dans la plupart des
sont synthétisés et transportés dans des organelles spécifiques appelés solvants. Formées par la polymérisation de plusieurs centaines
mélanosomes. Une fois à l’extrémité des dendrites, ils sont finalement de radicaux phénols oxydés en fonction quinone, elles se
transférés aux kératinocytes adjacents pour jouer leur rôle physiologique. cyclisent pour former un corps chimique absorbant totalement
la lumière, d’où leur couleur noire ou foncée. Les phaéomélani-
nes sont caractérisées par leur couleur jaune orangé, elles sont
transfert des mélanosomes aux kératinocytes) est fonctionnel. solubles dans les bases. Elles contiennent de l’azote et du soufre
Ce processus complexe est aujourd’hui mieux appréhendé, et proviennent de la polymérisation oxydative des
notamment grâce à la meilleure connaissance des mécanismes cystéinyldopas. [1]
physiopathologiques des hypomélanoses génétiques (Tableau 1). Les eumélanines et les phaéomélanines proviennent de la
La pigmentation mélanique est génétiquement prédétermi- transformation enzymatique de la tyrosinase en dihydroxyphé-
née. Cependant, elle peut être régulée par les rayonnements nylalanine (dopa), puis en dopaquinone sous l’action de la

Tableau 1.
Hypomélanoses génétiques.
Type Modèle murin Gène (fonctions) Chromosome
d’hypomélanose
Anomalies Piébaldisme White spotting KIT (prolifération et survie des mélanoblastes) 4q12
de développement SW1 Splotch PAX3 (régule MITF) 2q35-q37.3
embryologique
SW2 Microphthalmia MITF (active la transcription de la tyrosinase, affecte la survie des 3p14.1-p12.3
des mélanocytes
mélanocytes via la régulation de Bcl2)
SW3 Splotch PAX3 (régule MITF) 2q35-q37.3
SW4 Piebald- lethal EDNRB (développement embryologique des mélanocytes et des 13q22
neurones des ganglions du tractus digestif)
EDN3 (idem)
Lethal spotting Dom SOX10 (régule la transcription de MITF et intervient dans la survie 20q13.2 q13.3
des cellules de la crête neuronale) 22q13
Anomalies AOC1 Albino TYR (encode la tyrosinase) 11q14-q21
dans la mélanogenèse AOC2 Pink-eye dilution P (module le transport intracellulaire de la tyrosinase) 15q11.2-q12
AOC3 Brown TYRP1 (encode une enzyme de la mélanogenèse, la DHICA) 9q23
AOC4 Underwhite MATP (module le transport intracellulaire de la tyrosinase et de 5p
TYRP1)
Anomalies SHP1 Pale-ear HPS1 (encode BLOC3 qui est impliqué dans la biogenèse des lyso- 10q23.1
dans la biogenèse somes sécrétoires)
des mélanosomes SHP2 Pearl AP3B1 (impliqué dans la sécrétion des protéines par les lysosomes) 5q14.1
SHP3 Cocoa HPS3 (pourrait être impliqué dans les stades précoces de biogenèse 3q24
et de maturation des mélanosomes)
SHP4 Light-ear HPS4 (encode BLOC3) 22q11.2-q12.2
SHP5 Ruby eye 2 HPS5 (encode BLOC2 qui est impliqué dans la biogenèse des lyso- 11p15-p13
somes sécrétoires)
SHP6 Ruby eye HPS6 (encode BLOC2) 10q24.32
SHP7 Sandy DTNBP1 (encode la dysbindine qui est un composant de BLOC1) 6p22.3
SCH Beige LYST (pourrait être une protéine adaptatrice) 1q42.1-q42.2
Défaut de transport SG1 Dilute MYO5A (moteur moléculaire faisant partie d’un complexe qui per- 15q21
des mélanocytes met le transport des mélanosomes sur les fibres d’actine et leur ac-
crochage à l’extrémité des dendrites)
SG2 Ashen RAB27A (GTPase faisant partie d’un complexe qui permet le trans- 4p13
port des mélanosomes sur les fibres d’actine et leur accrochage à
l’extrémité des dendrites)
SG3 Leaden MLPH (fait partie d’un complexe qui permet le transport des méla- 2q37
nosomes sur les fibres d’actine et leur accrochage à l’extrémité des
dendrites)
Délétion de l’exon F de la MYO5A 15q21
SW : syndrome de Waardenburg ; AOC : albinisme oculocutané ; AO : albinisme oculaire ; SHP : syndrome de Hermansky-Pudlak ; SCH : syndrome de Chediak-Higashi ; SG :
syndrome de Griscelli ; MITF : Microphthalmia-associated transcription factor ; EDNRB : récepteur de l’endothéline ; GTPase : guanosine triphosphatase ; DHICA :
5,6-dihydroxyindole-2 carboxylique.

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dont les enzymes-clés de la mélanogenèse, tyrosinase et TRP1,


Tyrosinase Tyrosinase
et qui intervient dans la survie des mélanocytes par le biais de
la régulation de Bcl2. [2] Le gène PAX3 joue également un rôle
Tyrosinase Dopa Dopaquininone primordial dans la différenciation mélanocytaire. [3] De même,
SOX10 qui code pour un facteur de transcription qui, avec
Glutathion PAX3, régule la transcription de MITF, intervient dans la survie
ou des cellules issues de la crête neurale. [4] Plus en aval dans cette
Leucodopachrome Cystéine
cascade, le récepteur à la tyrosinase kinase situé à la surface des
mélanocytes, appelé c-kit et son ligand, le stem cell factor (SCF)
Dopachrome Dopachrome Cystéinyldopas produit par les kératinocytes, sont également impliqués dans la
Tautomérase
TRP2 prolifération et la survie des mélanoblastes. [5] Enfin, le produit
du gène SLUG (un facteur transcriptionnel exprimé par les
DHI DHIA DHICA cellules de la crête neurale, y compris par les mélanoblastes) [6]
oxydase/TRP1
mais aussi le récepteur de l’endothéline B (EDNRB), et son
ligand, l’endothéline 3 (EDN3), semblent également intervenir
Indole-5 Acide indole-5,6- 1,4-benzothiazinyl
6-quinine quinone carboxylique alanine dans la différenciation et la survie mélanocytaires au cours de
l’embryogenèse. Cliniquement, les mutations touchant les gènes
codant pour ces protéines sont responsables du piébaldisme et
DHI-mélanines DHICA-mélanines des syndromes de Waardenburg.

■ Mélanogenèse
EUMÉLANINES PHAEOMÉLANINES

Figure 2. Voie de synthèse des mélanines. Dopa : dihydroxyphénylala-


nine; DHI : 5,6-dihydroxyindole ; DHICA : 5,6-dihydroxyindole- La fonction principale des mélanocytes différenciés est la
2 carboxylique; TRP : tyrosinase-related protein. synthèse des mélanines ou mélanogenèse. Ce processus met en
jeu différentes enzymes qui catalysent chacune des réactions
conduisant à la formation des pigments mélaniques dans des
organites spécialisés appelés les mélanosomes. Les enzymes les
mieux caractérisées sont la tyrosinase, la TRP1 et la TRP2. Ces
trois enzymes possèdent environ 40 % d’homologie dans leur
tyrosinase. Par la suite, les voies de synthèse divergent, impli- séquence en acides aminés, en particulier dans des régions
quant soit les enzymes tyrosinase-related protein (TRP) 1 et importantes pour leur fonction. [7] La séquence dans les deux
TRP2 dans l’eumélanogenèse, soit l’incorporation de dérivés sites de liaison du cuivre, les deux régions riches en cystéine, le
soufrés pour la phaeomélanogenèse (Fig. 2). peptide signal et le domaine transmembranaire sont très
Sous l’effet des UV, la synthèse de mélanines augmente et conservés. Bien que ces enzymes possèdent des homologies de
leur transfert aux kératinocytes est accéléré. La production de structure et des caractéristiques communes, elles sont codées par
mélanines constitue une réponse adaptative de l’organisme à des gènes distincts et possèdent des activités catalytiques
des expositions prolongées au soleil. Ainsi, après stimulation par différentes.
les rayons UV, les mélanocytes produisent une pigmentation
facultative traduisant la capacité de chaque individu à dévelop-
per un bronzage, le mécanisme naturel de protection de la peau. Tyrosinase
La pigmentation mélanique est le système photoprotecteur le Elle est codée par le locus albino présent sur le chromosome
plus important. Il absorbe plus de 90 % des UV ayant franchi 7 chez la souris et sur le chromosome 11 chez l’homme
la couche cornée. Malgré les processus d’absorption, environ (11q14.21). La tyrosinase est initialement synthétisée sous forme
15 % des UVB parviennent encore jusqu’à la couche basale de d’une protéine de 55 kDa. Elle subit ensuite des modifications
l’épiderme et 50 % des UVA atteignent le derme. Les UVB post-traductionnelles avant d’être délivrée aux mélanosomes
induisent la formation de dimères dans les chaînes d’acide sous la forme d’une protéine mature, glycosylée, de 75 kDa. La
désoxyribonucléique (ADN), entraînant des défauts métaboli- tyrosinase est l’enzyme limitante de la mélanogenèse. Elle
ques (vieillissement), la mort cellulaire ou l’acquisition de catalyse les deux premières réactions de la voie de synthèse des
propriétés de multiplication désordonnées (cancers). On sait mélanines, l’hydroxylation de la tyrosine en 3,4-dopa et
aujourd’hui que les UVA jouent un rôle au moins aussi impor- l’oxydation de la dopa en dopaquinone. Une activité dihy-
tant que les UVB dans ces phénomènes, notamment par la droxyindole oxydase lui a également été associée. Aussi bien
production de radicaux libres. Les mélanines constituent un chez la souris que chez l’homme, de nombreuses mutations au
filtre pour les rayonnements visibles et UV. Lors d’une irradia- locus albino ont été identifiées. Chez l’homme, ces mutations
tion, les mélanosomes se rassemblent au-dessus du noyau conduisent au phénotype clinique de l’albinisme oculocutané
(phénomène de capping) et protègent ainsi le matériel génétique (AOC) de type 1. L’absence totale ou la diminution de la
des kératinocytes. Les eumélanines ont un pouvoir photopro- pigmentation mélanique reflète l’activité résiduelle de la
tecteur environ 1 000 fois supérieur à celui des phaeomélanines. tyrosinase mutée. Il est possible de restaurer le phénotype
Elles sont capables d’absorber les radicaux libres générés dans les sauvage chez des souris homozygotes pour la mutation albino
cellules par les radiations UV, empêchant que l’ADN soit par insertion transgénique du gène de la tyrosinase ou dans des
endommagé, et protègent ainsi la peau des effets nocifs des mélanocytes en culture homozygotes pour la mutation albino
radiations UV. par transfection d’un vecteur portant le gène de la tyrosinase.

« Tyrosinase-related protein 1 »
■ Mélanocytogenèse
Codée par le locus brown, la TRP1 a été cartographiée sur le
Les mélanocytes sont des cellules issues de la crête neurale. chromosome 4 chez la souris et sur le chromosome 9 (9p23)
Durant l’embryogenèse, les cellules de cette crête neurale chez l’homme. C’est une protéine glycosylée de 75 kDa dont
devront être soumises à une cascade de stimulations pour la fonction principale est d’oxyder l’acide 5,6-dihydroxyindole-
finalement devenir des mélanocytes fonctionnels. Les acteurs de 2-carboxylique (DHICA) en acide indole-5,6- quinone-2-
cette stimulation et leur rôle exact sont encore imparfaitement carboxylique.
connus ; cependant, l’importance de certaines molécules est La mutation brown résulte de la substitution d’un résidu
aujourd’hui clairement identifiée. Microphthalmia-associated cystéine par une tyrosine dans le premier domaine riche en
transcription factor (MITF) est un facteur transcriptionnel qui cystéine. Cette mutation entraîne une réduction de 40 % de
active la transcription de certaines protéines mélanocytaires l’activité enzymatique de TRP1 et la formation de mélanines

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marron plutôt que noires. Chez l’homme, ces mutations sont mélanosomes en microscopie électronique : « prémélanosomes »
responsables de l’AOC de type 3. Il est possible de restaurer le de stade I de forme sphérique et de stade II de forme ovalaire à
phénotype sauvage de mélanocytes en culture homozygotes matrice filamenteuse ; mélanosomes de stade III où des dépôts
pour la mutation brown par introduction rétrovirale de la matriciels opaques de mélanine denses aux électrons sont
séquence sauvage de TRP1. retrouvés (début de la synthèse) ; mélanosomes « matures » de
stade IV à matrice uniformément opaque.
« Tyrosinase-related protein 2 » Parmi les protéines qui sont impliquées dans la biogenèse des
mélanosomes, mais également des lysosomes et des granules
La TRP2 est codée par le locus slaty présent sur le chromo- denses des plaquettes, il faut citer la protéine LYST impliquée
some 14 chez la souris et sur le chromosome 13 chez l’homme dans la pathogénie du syndrome de Chediak-Higashi. Le
(13q31-q32). La TRP2, comme la tyrosinase et la TRP1, est syndrome d’Hermansky-Pudlak est également secondaire à des
d’abord produite sous la forme d’un précurseur de 55 kDa qui anomalies de la biogenèse des mélanosomes. Un complexe
est maturé par glycosylation pour donner une protéine d’envi- protéique hétérotétramérique appelé AP3 est impliqué dans le
ron 75 kDa. TRP2 possède la capacité d’isomériser la dopa- routage des protéines émanant de l’appareil de Golgi vers les
chrome en DHICA. En l’absence de TRP2, la dopachrome est vésicules de transport telles que les lysosomes et les mélanoso-
spontanément convertie en 5,6-dihydroxyindole (DHI). La mes. [13] Des complexes protéiques appelés biogenesis of lysosome-
séquence de TRP2 chez les souris slaty diffère de la protéine related organelles complex-1 (BLOC1), BLOC2 et BLOC3 sont
sauvage d’une simple base, entraînant la substitution d’une également impliqués dans la biogenèse des lysosomes sécrétoires
arginine par une glutamine dans un des sites putatifs de liaison par des mécanismes différents d’AP3. [14, 15] Des mutations dans
du cuivre de la protéine. Il en résulte une diminution de trois à certains des gènes qui encodent pour les protéines cytosoliques
quatre fois de l’activité de TRP2, conduisant à la formation de qui forment ces complexes sont aujourd’hui identifiées et
mélanines marron-gris plutôt que noires. À la différence du sont responsables des sept types décrits de syndrome
modèle murin, il n’a pas été mis en évidence chez l’homme de d’Hermansky-Pudlak.
phénotype clinique en rapport avec des mutations dans le gène
codant pour TRP2.
Les albinismes cutanés ont longtemps été considérés comme ■ Transport des mélanosomes
secondaires à une atteinte des fonctions catalytiques des
enzymes de la mélanogenèse ; il s’agit en fait de maladies Les mélanocytes possèdent des expansions cytoplasmiques
affectant le transport intracellulaire de la tyrosinase. Ainsi, des appelées « dendrites mélanocytaires », qui leur permettent de
mutations même mineures de TYR ou de TYRP1 induisent le rentrer en contact avec les kératinocytes des couches supraba-
même phénotype clinique que des mutations responsables des sales. Chaque mélanocyte est en relation avec environ 36 kéra-
pertes de fonction de la protéine. Toute protéine mutée est en tinocytes, formant ainsi une « unité épidermique de
fait reconnue comme anormale par le système de contrôle mélanisation ». En même temps que se déroule la synthèse des
qualitatif du réticulum endoplasmique et est ensuite dirigée vers mélanines, les mélanosomes sont transportés vers l’extrémité
le protéasome afin d’y être dégradée. [8, 9] Parallèlement, dans des dendrites mélanocytaires. Les mélanosomes sont transportés
les AOC 2 et 4, les mutations des gènes P et MATP empêchent le long des fibres d’actine et de tubuline (Fig. 4). Des protéines
le transfert de la tyrosinase (et de TYRP1 dans les AOC 4) du motrices sont associées aux microtubules et sont impliquées
réseau transgolgien vers les mélanosomes. [10-12] Seule une petite dans la migration des mélanosomes. Ainsi la kinésine permet le
proportion d’enzymes est correctement acheminée aux mélano- transport antérograde des mélanosomes tandis que la dynéine
somes et la quantité de mélanine ainsi produite est très faible. est impliquée dans le transport rétrograde. L’importance du
transport le long des fibres d’actine a récemment été mise en
évidence par la meilleure connaissance d’une autre hypoméla-
■ Biogenèse des mélanosomes nose génétique appelée le syndrome de Griscelli-Prunieras (SGP).
Le transport sur les fibres d’actine se fait grâce à un complexe
Les mélanosomes font partie de la famille des lysosomes moléculaire associant au minimum un moteur moléculaire, la
sécrétoires. Ils résultent de l’association de protéines de structure myosine Va (mutée dans les SG1), [16] une petite guanosine
membranaires et des différentes enzymes mélanogéniques triphosphatase (GTPase), Rab27a (mutée dans les SG2) [17] et la
(Fig. 3). Schématiquement, les protéines de structure sont mélanophiline (mutée dans les SG3) qui pourrait servir pour
synthétisées dans le réticulum endoplasmique et assemblées les l’encrage aux fibres d’actine aux extrémités des dendrites. [18]
premières pour former des « prémélanosomes ». Les enzymes, Plus récemment, il a été démontré qu’un phénotype de
contenues dans des vésicules en provenance du trans-Golgi,
viennent ensuite fusionner avec ces prémélanosomes et sont
activées, conduisant à la synthèse des mélanines. Plusieurs
stades de maturation peuvent être observés lors de l’étude des

Kératinocyte

Mélanocyte

Fibre d’actine

Myosine Va

Rab27a
Mélanosome Mélanophiline

Fibre
de tubuline
Dynéine Kinésine
Figure 4. Transport des mélanosomes. Le transport des mélanosomes
se fait conjointement sur les fibres d’actine par un complexe comprenant
Figure 3. Aspect ultrastructural d’un mélanocyte dans l’assise basale de au moins Rab27a, myosine Va et mélanophiline et sur le réseau de
l’épiderme. Noter la présence de nombreux mélanosomes dans le méla- microtubules avec la kinésine comme moteur antérograde et la dynéine
nocyte et dans les kératinocytes adjacents. comme moteur rétrograde.

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SG3 pouvait également être observé en cas de délétion dans


l’exon F de la myosine Va. [18] L’exon F est essentiellement SCF
exprimé par les mélanocytes, ce qui expliquerait l’expression bFGF
HGF
purement cutanée de cette mutation. ET-1 DENDRICITÉ MSH,
ACTH

■ Transfert kératinocytaire ROCK PI3K


cAMP
RHO
Après avoir atteint la pointe des dendrites, les mélanosomes S PK
ERK
P O L C
sont ensuite transférés aux kératinocytes. Les mécanismes A X E R
AKT X 1 F E
impliqués dans ce transfert sont encore inconnus. Plusieurs P70S6K GSK3 3 0 1 B MITF
hypothèses concernant cette translocation sont avancées, dont
celle la plus souvent retenue est une cytophagocytose directe CROISSANCE Tyrosinase
par les kératinocytes de l’extrémité des dendrites. La protéine TRP1
protease activated receptor-2 (PAR-2) ainsi que des lectines et des TRP2
glycoprotéines de surface encore non identifiées faciliteraient MÉLANOGENÈSE
ce transfert. [19] Les vacuoles une fois transférées subissent une
Figure 5. Signalisation intracellulaire. La mélanogenèse mais aussi la
dégradation, avec relargage cytoplasmique des mélanosomes,
croissance cellulaire et la dendricité sont contrôlées de façon très fine par
qui sont ensuite progressivement éliminés avec les kératino-
un réseau complexe de régulations positives et négatives. Le schéma
cytes lors de leur ascension vers la surface épidermique.
ci-dessus représente de façon simplifiée les principales interactions
connues (cf. détails dans le texte). MITF : Microphthalmia-associated trans-
■ Signalisation intracellulaire cription factor ; TRP : tyrosinase-related protein ; FGF : fibroblast growth
factor ; SCF : stem cell factor ; HGF : hepatocyte growth factor ; ET: endo-
théline ; PI3K : phosphatidylinositol-3-kinase ; aMSH : a-melanocyte sti-
Événements moléculaires précoces mulating hormone ; ACTH : adrenocorticotropic hormone ; PK : protéine
kinase ; AMPc : acide adénosine monophosphorique cyclique.
La principale voie de signalisation fait intervenir la protéine-
kinase dépendante de l’acide adénosine monophosphorique
cyclique (AMPc), et la protéine kinase (PK) A, qui serait activée
présente dans la cellule. Cette régulation post-traductionnelle
par l’augmentation intracellulaire en AMPc. En effet, les
peut faire intervenir des réactions de phosphorylation ou de
récepteurs de l’a-melanocyte stimulating hormone (aMSH) et de la
glycosylation de l’enzyme. De même, la synthèse d’un activa-
prostaglandine E2, deux agents kératinocytaires qui stimulent
teur ou le déplacement d’un inhibiteur de la mélanogenèse ont
fortement la mélanogenèse, sont couplés positivement à
été envisagés. L’augmentation de la mélanogenèse implique
l’adénylate cyclase par l’intermédiaire d’une protéine G de
aussi une synthèse de novo de la tyrosinase. Cette synthèse a
type as, entraînant une augmentation du taux intracellulaire
été corrélée à une augmentation de l’acide ribonucléique
en AMPc. De plus, les agents pouvant induire une augmenta-
messager de l’enzyme, qui est due à une activation de la
tion de la concentration intracellulaire en AMPc, tels que la
transcription du gène de la tyrosinase.
forskoline, l’IBMX ou la toxine cholérique, sont capables de
Enfin, il est important de noter que tous les agents mélano-
stimuler la mélanogenèse. L’AMPc interagit avec les voies de
géniques augmentent l’expression du gène de la tyrosinase, qui
signalisation impliquant les mitogen activated protein (MAP)
semble être le point de convergence de toutes les voies de
kinases et la phosphatidylinositol-3-kinase (PI3K). Les MAP
signalisation. L’augmentation du taux intracellulaire en AMPc
kinases sont des sérine/thréonine protéines kinases qui sont
entraînerait une stimulation de la transcription du gène de la
impliquées dans la régulation de l’expression de certains gènes
tyrosinase. Généralement, l’AMPc régule l’expression des gènes
par l’intermédiaire des facteurs de transcription, activating protein
par l’intermédiaire des facteurs de transcription de la famille de
(AP1) et SRE. Les MAP kinases interviennent également dans la
cAMP responsive element binding protein (CREB) qui se lient sur
régulation de la croissance et de la différenciation cellulaires.
des séquences spécifiques appelées cAMP responsive element
Enfin, elles sont impliquées dans le contrôle de la synthèse du
(CRE). Des délétions et des mutations dans le promoteur de la
glycogène et des prostaglandines. Lors de l’induction de la
tyrosinase ont montré que la sensibilité à l’AMPc n’était pas due
mélanogenèse par l’AMPc, il existe une activation des MAP
à des CRE classiques, mais à la présence de deux motifs
kinases et du facteur de transcription AP1, suggérant un rôle de
CATGTG entourant la boîte TATA. [20] La séquence CATGTG est
la voie des MAP kinases dans la régulation de la mélanogenèse.
une réminiscence de la séquence-clé CANNTG (boîte E) qui lie
La PI3K est un lipide kinase qui phosphoryle le noyau inositol
les facteurs de transcription de la famille hélice-boucle-hélice.
des phospho-inositides en position 3. Cette enzyme est impli-
Cette famille de facteurs de transcription comprend des protéi-
quée dans la régulation de certaines isoformes de la PKC, des
nes exprimées de façon ubiquiste telles que myc, max, upstream
petites protéines G de la famille de p21 Rho et de la
stimulator factor (USF), mais aussi des protéines qui s’expriment
p70S6 kinase qui phosphoryle la sous-unité S6 des protéines
de façon tissu-spécifique telles que les facteurs myogéniques.
ribosomales, contrôlant ainsi la traduction protéique. L’induc-
L’AMPc induit une augmentation de l’expression de MITF,
tion de la mélanogenèse par l’AMPc s’accompagne d’une
permettant ainsi une augmentation de la liaison de MITF aux
inhibition de la voie de la PI3K. De plus, dans des mélanomes
éléments de la liaison de MITF, permettant ainsi une augmen-
de souris, l’inhibition de la PI3K par un agent pharmaceutique
tation de la liaison de MITF aux éléments régulateurs CATGTG
mime les effets de l’AMPc, caractérisés par une augmentation de
et une stimulation de l’expression du gène de la tyrosinase. [21]
la dendricité et de la synthèse des mélanines, suggérant que la
MITF est nécessaire à la survie et à la migration des mélanoblas-
PI3K est également impliquée dans la régulation de la mélano-
tes lors du développement embryonnaire et semble jouer un
genèse par l’AMPc (Fig. 5).
rôle essentiel dans le processus de différenciation mélanocytaire.
Sa mutation est responsable du syndrome de Waardenburg de
Stimulation de l’activité de la tyrosinase type 2.
et régulation de la transcription du gène
de la tyrosinase
■ Principales différences ethniques
Dans tous les cas, lors de l’augmentation de la mélanogenèse,
on observe une augmentation de l’activité de la tyrosinase, qui Encore peu d’études sont disponibles sur les différences entre
contrôle l’étape limitante de la synthèse des mélanines, peaux blanches et peaux noires. Les différences de couleur sont
l’hydroxylation de la tyrosine en dopa. L’induction de l’activité dues à l’intensité de la pigmentation mélanique. Dans les
tyrosinase est due en partie à l’activation de l’enzyme déjà phénotypes les plus foncés, le pigment mélanique est retrouvé

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50-020-C-10 ¶ Mélanogenèse

tout le long de la membrane basale et persiste jusque dans le polypeptides générées par le clivage d’un précurseur de plus
stratum corneum. haut poids moléculaire, la pro-opiomélanocortine (POMC).
Si le nombre de mélanocytes est identique, ce sont le nombre L’hyperpigmentation cutanée associée aux maladies d’Addi-
et le type de mélanosomes qui vont varier en fonction du son et de Cushing semble être la conséquence d’une hypersé-
phototype. Dans les peaux blanches, les mélanosomes sont peu crétion d’ACTH. Dans la maladie d’Addison, l’absence de
nombreux et leur maturation souvent incomplète (stades I à III). rétrocontrôle négatif du cortisol sur l’hypophyse entraîne une
Ils sont par ailleurs rapidement dégradés. Dans les peaux noires, hyperproduction secondaire d’ACTH. Dans la maladie de
leur nombre augmente et surtout, ils sont majoritairement de Cushing, l’hypersécrétion d’ACTH est due à une hyperproliféra-
stade IV. La distribution des mélanosomes au sein des kératino- tion des cellules hypophysaires associée à un adénome hypo-
cytes joue également un rôle déterminant dans la couleur de la
physaire. Un cas d’hyperpigmentation cutanée due à une
peau. [22]
hypersécrétion d’aMSH a été également décrit. Ces données
Enfin, le type de mélanine est différent avec une proportion
montrent le rôle-clé de l’ aMSH et l’ACTH dans la régulation de
d’eumélanine beaucoup plus grande en peaux noires tandis que
la mélanogenèse.
les phototypes les plus clairs ont majoritairement des
phaeomélanines. Les effets de l’ aMSH et l’ACTH sont initiés par liaison de
De façon intéressante, il a récemment été montré que les l’hormone à un récepteur de type sept domaines transmembra-
dégâts sur l’ADN induits par les UV étaient plus corrélés à la naires localisés à la surface des mélanocytes. Le récepteur est
dose érythémateuse minimale (DEM) qu’au phototype ou à la couplé à une protéine G de type as qui active l’adénylate
race des personnes. Par ailleurs, les capacités de réparation de cyclase et augmente la concentration intracellulaire en AMPc.
l’ADN après exposition aux UV ne sont pas liées au phototype De nombreuses données obtenues in vitro ont illustré le rôle
et joueraient un rôle-clé dans la prédisposition aux cancers crucial de l’AMPc dans la régulation de la mélanogenèse. [26] De
cutanés photo-induits. [23] plus, des observations faites in vivo, notamment chez des
patients atteints du syndrome de McCune-Albright, confirment
l’importance de l’AMPc dans le contrôle de la pigmentation. Ces
■ Régulation de la mélanogenèse patients, qui montrent des taches d’hyperpigmentation, présen-
tent une mutation activatrice dans la protéine G as entraînant
une activation soutenue de l’adénylate cyclase et une augmen-
tation des taux intracellulaires en AMPc.
Rayons ultraviolets D’autres observations faites chez la souris montrent le rôle
In vivo, la mélanogenèse est régulée principalement par le important de l’ aMSH et de son récepteur dans la régulation de
rayonnement UVA et UVB de la lumière solaire. Les rayonne- la mélanogenèse. Des mutations au locus extension qui codent
ments UVA et UVB pénètrent jusqu’à la couche basale de pour le récepteur de l’ aMSH (MC1R) donnent des animaux au
l’épiderme ; ils peuvent donc agir sur les mélanocytes et les pelage jaune plutôt que marron. Ces mutations résultent en un
kératinocytes. Des arguments expérimentaux montrent que les récepteur non fonctionnel qui ne peut plus activer l’adénylate
UV, et plus particulièrement les UVB, peuvent agir directement cyclase sous l’action de son ligand. Par ailleurs, chez l’homme,
sur les mélanocytes pour stimuler la mélanogenèse. Par ailleurs, il semble que le phénotype roux soit associé à des mutations du
il est clair que l’exposition des kératinocytes aux UVB entraîne récepteur MC1R, certaines entraînant une diminution de
la production de nombreux agents qui régulent la croissance, la l’affinité pour l’ aMSH. [27]
différenciation et la mélanogenèse des mélanocytes épidermi- In vitro, l’addition d’aMSH et d’ACTH sur des mélanocytes en
ques. L’action coordonnée de ces différents facteurs ainsi que culture entraîne une stimulation importante de l’activité de la
l’effet direct des UV sur les mélanocytes aboutit aux effets tyrosinase et de la synthèse des eumélanines. Dans certains cas,
finaux des UV, à savoir la stimulation de la croissance des les peptides POMC ont également été décrits pour stimuler la
mélanocytes, de leur activité mélanogénique, aboutissant à une croissance des mélanocytes. Récemment, il a été montré que
augmentation de la pigmentation cutanée, c’est-à-dire au l’aMSH par l’intermédiaire de l’AMPc intervenait également
bronzage. dans la régulation du transport des mélanosomes. [28] L’AMPc
.1 induit une accumulation rapide des mélanosomes à l’extrémité
Effets directs des ultraviolets des dendrites. Ces mécanismes pourraient être impliqués dans
Les UVB induisent de nombreuses lésions dans l’ADN, parmi les phénomènes de réponse rapide aux UV (Fig. 6).
lesquelles la formation de dimères de pyrimidine est la plus
Monoxyde d’azote (NO)
fréquente. Des travaux récents ont montré que des agents
chimiques qui induisent des lésions de l’ADN sont capables de Le NO est un gaz diffusible dont la production est assurée par
stimuler la mélanogenèse. [24] De plus, l’addition de dimères de les NO-synthases à partir de l’arginine. Le NO est impliqué dans
thymine qui sont généralement excisés par des enzymes de de nombreux processus biologiques comme la réponse immuni-
réparation entraînait une augmentation de la synthèse de taire, l’inflammation et la vasodilatation. Dans l’épiderme, les
mélanines. Ces résultats suggèrent que l’excision des dimères de UV activent une NO-synthase de type neuronal et augmentent
la thymine est un événement essentiel dans la régulation de la la production de NO qui semble être impliqué dans l’apparition
mélanogenèse photo-induite. des érythèmes cutanés et également dans la transmission du
signal mélanogénique des UV. [29] Le NO, qui est produit par les
Effets indirects des ultraviolets kératinocytes et les mélanocytes, stimule la mélanogenèse des
Peptides pro-opiomélanocortiques mélanocytes en culture. D’autre part, la stimulation de la
mélanogenèse induite par les UV sur des monocultures mélano-
Chez les mammifères, deux hormones, l’aMSH et l’adrenocor-
cytaires ou sur des cocultures mélanocytes-kératinocytes, est
ticotropic hormone (ACTH), ont été largement impliquées dans la
régulation de la pigmentation. [25] En effet, dans les conditions bloquée par des inhibiteurs de NO-synthase. Les effets du NO
physiologiques, la mélanogenèse est principalement stimulée sont dus à l’activation d’une guanylate cyclase soluble mélano-
par les radiations UV du spectre solaire. Les UV qui pénètrent cytaire, entraînant une augmentation de la production d’acide
jusqu’à la couche basale de l’épiderme peuvent agir directement guanosine monophosphorique cyclique (GMPc) par les mélano-
sur les mélanocytes ou indirectement en stimulant la produc- cytes. En effet, la mélanogenèse est stimulée par un analogue du
tion d’agents mélanogéniques par les kératinocytes. Parmi les GMPc et les effets des UV et du NO sont bloqués par un
agents d’origine kératinocytaire dont la production est stimulée inhibiteur de la guanylate cyclase. Ces données montrent que
par les UV, l’aMSH et l’ACTH sont les plus puissants activateurs le NO sécrété à la fois par les mélanocytes et les kératinocytes
de la mélanogenèse. L’ aMSH et l’ACTH sont des hormones est impliqué dans une régulation autocrine et paracrine de la

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tyrosinase, suggérant que l’ET1 pourrait être, in vivo, un


stimulateur de la pigmentation. À la surface des mélanocytes,
l’ET1 interagit avec deux types de récepteurs de l’endothéline,
EDNRA et EDNRB. Ces deux récepteurs sont des protéines à sept
domaines transmembranaires couplés aux protéines G qui
activent la voie de la protéine kinase C (PKC) et augmentent les
taux intracellulaires de calcium.
Ces différents facteurs sont impliqués dans plusieurs troubles
pigmentaires (Cf., après références bibliographiques, « Pour en
savoir plus »). Par exemple, SCF/c-kit joue un rôle dans les
lentigos actiniques, les taches « café au lait » et le vitiligo, tandis
que ET1 est impliqué dans les lentigos actiniques et les kératoses
séborrhéiques. [31]

Action des fibroblastes


Le rôle des fibroblastes dans la mélanocytogenèse et la
mélanogenèse a très récemment été mis en évidence. Une étude
comparative des fibroblastes des zones palmoplantaires et des
fibroblastes du reste du corps a montré que les fibroblastes
Figure 6. Régulation de la dendricité et du transport par l’adénosine
palmoplantaires exprimaient de forts taux de dickkopf 1 (DKK1)
monophosphorique cyclique (AMPc). Mélanocytes murins (B16) en cul-
qui est un inhibiteur de la voie de signalisation Wnt. [32] Les
ture avec marquage par anticorps anti-TRP1 (marquage des mélanoso-
autres fibroblastes exprimaient majoritairement DKK3. Les
mes) à l’état basal (A) et après stimulation par forskoline (agent qui
auteurs ont ensuite montré que DKK1 diminuait la croissance et
augmente les taux intracellulaires d’AMPc) (B). Noter l’augmentation de
la différenciation mélanocytaire probablement en agissant sur
la dendricité et l’accumulation des mélanosomes au bout des dendrites.
MITF. Ces résultats montrent pour la première fois l’implication
Mélanocyte murin (B16) en culture observé en vidéomicroscopie en
contraste de phase à l’état basal (C), et 100 minutes après adjonction de
des fibroblastes dans la mélanogenèse et suggèrent une possible
forskoline (D). Noter l’accumulation des mélanosomes (ronds noirs) à explication de la plus faible pigmentation généralement obser-
l’extrémité des dendrites. vée sur les paumes et les plantes.

mélanogenèse, via une augmentation du contenu intramélano-


cytaire en GMPc. Comme pour l’AMPc, la cible moléculaire ■ Pathogénie des troubles
finale du NO et du GMPc est la tyrosinase dont ils augmentent
l’expression et l’activité. En revanche, ils n’ont pas d’effet sur la pigmentaires
croissance mélanocytaire.
Troubles pigmentaires
Facteurs de croissance Les troubles de la pigmentation peuvent se scinder en trois
Certains facteurs de croissance, tels que le basic fibroblast grands groupes : les hypopigmentations, les hyperpigmentations
growth factor (bFGF), le stem cell growth factor (SCF), l’hepatocyte et les colorations anormales de la peau. Ces troubles pigmentai-
growth factor (HGF) et l’endothéline-1 (ET1) présents dans la res résultent de mécanismes physiopathologiques divers
circulation ou sécrétés par les kératinocytes, stimulent fortement incluant des variations quantitatives ou qualitatives du pigment
la croissance mélanocytaire, mais induisent des effets divers sur mélanique, des anomalies de distribution de la mélanine ou des
l’activité mélanogénique des mélanocytes. dérivés de l’hémoglobine, la présence anormale de pigment
L’injection de SCF humain recombinant chez des volontaires d’origine endogène ou exogène ou un épaississement de
humains induit une hypermélanocytose et une augmentation l’épiderme. Ces troubles pigmentaires peuvent affecter la peau
de l’activité mélanocytaire. De même, la surexpression de SCF mais aussi les phanères.
par les kératinocytes de souris transgéniques conduit à une L’hyperpigmentation cutanée peut être due à la présence
hyperpigmentation épidermique. Les effets du SCF sont induits anormale dans la peau d’un pigment d’origine endogène ou
par la liaison à un récepteur transmembranaire (c-kit) possédant
exogène. Elle peut également résulter d’une accumulation ou
une activité tyrosinase kinase. Récemment, des hypopigmenta-
d’un trouble de répartition d’un pigment normal de la peau.
tions cutanées ont été rapportées avec les inhibiteurs de tyrosine
Lorsque l’hyperpigmentation est d’origine mélanique, on parle
kinase utilisés dans certaines pathologies tumorales, soulignant
d’hypermélanose.
encore l’importance de SCF et de c-kit dans la pigmentation
On distingue :
cutanée. [30]
In vitro, l’HGF qui se lie au proto-oncogène à activité • l’hypermélaninose épidermique : augmentation de mélanine
tyrosine kinase c-met est un puissant mitogène des mélanocytes dans l’épiderme sans augmentation du nombre de mélanocy-
humains normaux. L’injection d’HGF dans des greffes de peau tes ;
humaine transplantée sur des souris montre que l’HGF stimule • l’hypermélanocytose épidermique : augmentation du nombre
la prolifération des mélanocytes. L’HGF ne semble pas avoir de mélanocytes dans l’épiderme ;
d’effet sur l’activité mélanogénique des mélanocytes, son effet • l’hypermélaninose dermique : présence de mélanines dans le
pigmentogène est dû à une hypermélanocytose. derme. C’est l’incontinence pigmentaire ;
L’ET1 est un peptide de 21 acides aminés décrit initialement • l’hypermélanocytose dermique : présence anormale de
comme un puissant vasoconstricteur produit par les cellules mélanocytes dans le derme. Une couleur marron ou noire
endothéliales. Il est maintenant clairement établi que oriente vers une hyperpigmentation épidermique. Les hyper-
l’ET1 induit de nombreux autres effets, notamment en dehors pigmentations dermiques sont plutôt bleutées ou bleu-gris.
du système vasculaire. En effet, des études récentes montrent Cependant, la couleur bleu-gris s’observe plus fréquemment
que les kératinocytes produisent de l’ET1 qui peut agir sur les dans les hyperpigmentations médicamenteuses ou par
mélanocytes voisins. Des études réalisées uniquement in vitro métaux lourds. Une couleur ocre-marron sera plus évocatrice
sur des cultures de mélanocytes humains ont montré que d’une surcharge hématique. Enfin, le jaune des ictères ou le
l’ET1 stimule la croissance des mélanocytes et l’expression de la jaune orangé des caroténodermies sont caractéristiques.

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50-020-C-10 ¶ Mélanogenèse

Examen à la lampe de Wood


Il s’agit d’un examen très utile pour analyser les troubles de
la pigmentation. Il permet de déterminer si l’hyperpigmentation
“ Points forts
est épidermique ou dermique. Le spectre d’émission de la Processus de pigmentation cutanée.
lumière de Wood va de 320 à 400 nm. Le patient est examiné • La pigmentation cutanée est essentiellement le reflet de
dans une pièce sombre. La lumière visible et les UV pénètrent
la quantité, de la qualité et de la distribution du pigment
dans la peau et sont en partie absorbés par la mélanine norma-
mélanique.
lement présente dans l’épiderme. La couleur plus ou moins
• Il existe deux sortes de pigments mélaniques :
foncée de la peau dépend du rayonnement reflété par la peau.
Ainsi, chez un sujet noir où la mélanine est abondante et
l’eumélanine, pigment brun – noir, et la phaeomélanine
localisée dans des couches épidermiques plus superficielles, une qui est jaune orangé. Les eumélanines ont un pouvoir
grande quantité de lumière est absorbée et par conséquent seule photoprotecteur environ 1 000 fois supérieur à celui des
une petite partie est reflétée et parvient à nos yeux. La plus phaeomélanines. La proportion de ces pigments varie en
grande partie des rayons UV de la lampe de Wood sont absorbés fonction du phototype des personnes.
dans l’épiderme, seule une petite partie parvient jusqu’au • Le processus de pigmentation nécessite l’absence
derme. Lorsqu’il existe une hyperpigmentation d’origine d’anomalie dans le développement embryonnaire des
épidermique, l’ensemble de la lumière est absorbé par l’excès de mélanocytes puis la synthèse des mélanines dans des
mélanine, augmentant ainsi le contraste avec la peau non organelles spécifiques appelées mélanosomes et le
atteinte. Inversement, lorsque l’hyperpigmentation est dermi- transport de ces mélanosomes à l’extrémité des dendrites
que, il y a une absorption de la lumière de Wood dans l’épi- mélanocytaires. Finalement, les mélanines sont transférées
derme qui cache l’hyperpigmentation qui est seulement bien aux kératinocytes adjacents pour jouer leur rôle
visible en lumière normale. physiologique.
Au total : Régulation de la mélanogenèse.
• hyperpigmentation épidermique : contraste par rapport à la • Les rayonnements UVA et UVB sont les principaux
peau saine supérieur en Wood qu’en lumière normale ; facteurs capables d’augmenter la pigmentation cutanée
• hyperpigmentation dermique : contraste par rapport à la peau (bronzage).
saine plus atténué en Wood qu’en lumière normale ;
• Les UV ont une action directe sur les mélanocytes,
• hyperpigmentation épidermique et dermique : association de
notamment en créant des lésions sur l’ADN mélano-
zones plus ou moins contrastées par rapport à la peau saine
cytaire. L’excision des dimères de la thymine ainsi induits
au sein d’une même lésion. L’examen à la lampe de Wood
permet également de mieux visualiser les hypo- ou les est un phénomène essentiel dans la régulation de la
achromies chez des sujets à peau claire. Dans le vitiligo, il mélanogenèse photo-induite.
renseigne sur la présence d’une réserve mélanocytaire lorsque • Les peptides pro-opiomélanocortiques, aMSH et ACTH,
la plaque apparaît grisée et non blanc ivoire. Il donne enfin jouent également un rôle prépondérant dans la régulation
un argument diagnostique supplémentaire lorsque l’on de la pigmentation cutanée.
suspecte un pityriasis versicolor en montrant une fluores- • Après stimulation, le récepteur de l’aMSH (MC1R)
cence verte. induit une augmentation des taux intracellulaires d’AMPc.
Cette AMPc tient un rôle central en stimulant la
mélanogenèse mais aussi la dendricité et le transport des
Intérêt thérapeutique mélanosomes.

Reconnaître le type d’hypermélanose est très important pour


le choix du traitement. Ceci est particulièrement vrai dans le .

mélasma où la pigmentation peut être épidermique, dermique


ou mixte. Les crèmes dépigmentantes quelles qu’elles soient, ne ■ Références
sont actives que sur les pigmentations épidermiques et il est
[1] Slominski A, Tobin DJ, Shibahara S, Wortsman J. Melanin
inutile de les proposer par exemple pour un mélasma dermique
pigmentation in mammalian skin and its hormonal regulation. Physiol
pur (cf. fascicule 50-210-A-10). Dans le vitiligo, la présence
Rev 2004;84:1155-228.
d’une réserve mélanocytaire semble être un facteur de meilleure
[2] McGill GG, Horstmann M, Widlund HR, Du J, Motyckova G,
réponse aux traitements. Nishimura EK, et al. Bcl2 regulation by the melanocyte master
regulator Mitf modulates lineage survival and melanoma cell viability.
Cell 2002;109:707-18.
■ Conclusion [3] Lang D, Lu MM, Huang L, Engleka KA, Zhang M, Chu EY, et al. Pax3
functions at a nodal point in melanocyte stem cell differentiation.
Les progrès en cytogénétique et biologie moléculaire ont Nature 2005;433:884-7.
permis de mettre en évidence les mutations responsables de la [4] Paratore C, Goerich DE, Suter U, Wegner M, Sommer L. Survival and
plupart des hypomélanoses génétiques. Ces découvertes ont glial fate acquisition of neural crest cells are regulated by an interplay
permis de mieux appréhender les mécanismes complexes de la between the transcription factor Sox10 and extrinsic combinatorial
signaling. Development 2001;128:3949-61.
pigmentation cutanée. Il devient de plus en plus évident qu’il
[5] Nishimura EK, Jordan SA, Oshima H, Yoshida H, Osawa M,
existe un réseau complexe de régulations positives et négatives
Moriyama M, et al. Dominant role of the niche in melanocyte stem-cell
qui peuvent diriger les mélanocytes, soit vers un processus
fate determination. Nature 2002;416:854-60.
différenciateur aboutissant à la synthèse de mélanines, soit vers [6] Sanchez-Martin M, Rodriguez-Garcia A, Perez-Losada J, Sagrera A,
une croissance cellulaire permettant la survie et la multiplica- Read AP, Sanchez-Garcia I. SLUG (SNAI2) deletions in patients with
tion des mélanocytes. Dans un futur proche, l’étude des Waardenburg disease. Hum Mol Genet 2002;11:3231-6.
modifications d’expression des gènes mélanocytaires en réponse [7] Tsukamoto K, Jimenez M, Hearing VJ. The nature of tyrosinase
aux stimulations extérieures, notamment les UV, permettront isozymes. Pigment Cell Res 1992(suppl2):84-9.
probablement de mieux appréhender ces processus complexes et [8] Toyofuku K, Wada I, Spritz RA, Hearing VJ. The molecular basis of
définir de nouvelles stratégies thérapeutiques à la fois pour les oculocutaneous albinism type 1 (OCA1): sorting failure and
troubles pigmentaires mais également pour les processus degradation of mutant tyrosinases results in a lack of pigmentation.
tumoraux. Biochem J 2001;355(Pt2):259-69.

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Mélanogenèse ¶ 50-020-C-10

[9] Toyofuku K, Wada I, Valencia JC, Kushimoto T, Ferrans VJ, [23] Tadokoro T, Kobayashi N, Zmudzka BZ, Ito S, Wakamatsu K,
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[10] Toyofuku K, Valencia JC, Kushimoto T, Costin GE, Virador VM, [24] Eller MS, Ostrom K, Gilchrest BA. DNA damage enhances
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T. Passeron (t.passeron@free.fr).
Service de dermatologie, hôpital Archet 2, centre hospitalier universitaire de Nice, 151, route de Saint-Antoine-de-Ginestière, 06202 Nice cedex 3, France.
Institut national de la santé et de la recherche médicale U587, faculté de médecine, avenue de Vallombrose, 06107 Nice cedex 2, France.
R. Ballotti.
Institut national de la santé et de la recherche médicale U587, faculté de médecine, avenue de Vallombrose, 06107 Nice cedex 2, France.
J.-P. Ortonne.
Service de dermatologie, hôpital Archet 2, centre hospitalier universitaire de Nice, 151, route de Saint-Antoine-de-Ginestière, 06202 Nice cedex 3, France.
Institut national de la santé et de la recherche médicale U587, faculté de médecine, avenue de Vallombrose, 06107 Nice cedex 2, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Passeron T., Ballotti R., Ortonne J.-P. Mélanogenèse. EMC (Elsevier SAS, Paris), Cosmétologie et
Dermatologie esthétique, 50-020-C-10, 2005.

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