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Beaudet Gaston. À propos des croûtes et encroûtements calcaires . In: Annales de Géographie, t. 95, n°531, 1986. pp. 617-
627;
https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1986_num_95_531_20485
Les croûtes décrites par Vogt sont les formes les plus concentrées
et les plus indurées des accumulations calcaires mais ces dernières
comportent une gamme plus étendue de faciès
Très souvent dans les coupes les croûtes se superposent une
formation meuble et blanchâtre encroûtement aspect tuffeux torba ou
trab el abiod des paysans maghrébins) cette formation englobe toujours
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Accumulations calcaires
et variations paléoclimatiques
Après hiatus des savanes et des forêts tropicales les croûtes se manifestent
de nouveau au sud de Angola en Namibie et au nord de la province
du Cap Par référence la zonation bioclimatique actuelle ces formations
sont donc largement étalées dans le domaine méditerranéen elles éten
dent sur les étages subhumide semi-aride aride et saharien tels ils
ont été définis par Emberger correspondant des pluviosités annuelles
allant de 700 100 mm environ dans le domaine tropical elles se
tiennent dans les régions subdésertiques et sahéliennes En altitude les
croûtes ne dépassent pas quelques centaines de mètres dans le Midi
fran ais et ont été signalées aux environs de 000 dans le Haut
Atlas calcaire en Namibie centrale elles atteignent 200 mais se
développent pleinement vers 900-1 000
Les régions ainsi concernées présentent évidence des différences
climatiques considérables elles ont cependant en commun existence
une saison sèche marquée Par un raisonnement de type actualiste peut-
on penser il en allait de même durant le Quaternaire ancien et moyen
quelles aient été par ailleurs les variations des températures des
précipitations et du couvert végétal
la marge nord du domaine méditerranéen dans le Midi fran ais
Vogt signale une des causes de la précipitation de la calcite est la
congélation des eaux courantes durant les périodes froides Mais ce
phénomène est-il capable lui seul engendrer de véritables croûtes
calcaires Cela paraît douteux car sinon de telles formations existeraient
fortiori en Europe moyenne et en altitude
titre hypothèse il est donc possible envisager que les épisodes
quaternaires favorables encroûtement calcaire étaient caractérisés la
fois par des saisons sèches marquées et des températures moyennes
suffisantes même en période froide Reste cependant comprendre
pourquoi les accumulations calcaires massives ne paraissent plus être
formées dans ces mêmes régions depuis le Quaternaire moyen Question
de durée ou de successions paléoclimatiques différentes
En terme de bilan géochimique existence de croûtes et encroûte
ments signifie que des eaux suffisamment abondantes et agressives étaient
capables de mettre en solution une quantité importante de carbonates de
provenances diverses roches en place dépôts détritiques apports de
poussières éoliennes) mais aussi que les conditions bioclimatiques étaient
telles que la totalité de ces solutions était pas exportée extérieur des
paysages et au contraire une partie entre elles précipitait une
relative proximité de leur source Cette lapalissade étant admise il convient
donc éliminer de la gamme des climats quaternaires responsables de
ces accumulations les climats trop arides ou trop humides les premiers
ne permettant pas une mise en solution suffisante les seconds provoquant
exportation lointaine des solutions
Il convient également de prendre en compte dans ce bilan le rôle de
la végétation Dense son apport en Co; et en acides organiques favorise
la mise en solution tandis que le prélèvement eau par les racines
provoque en partie la précipitation des carbonates rare elle paraît jouer
un rôle effacé dans la dynamique du calcaire Par ailleurs fait bien
connu la végétation intervient dans les modalités des transferts hydriques
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