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Gilbert Castany

2e CYCLE

Hydrogéologie
. Principes
et méthodes

DUNOD
- - - -- - - _. )
SOMMAIRE

pages

INTRODUCTION· CONCEPTION DE L' HYDROGÉOLOGIE XV

Hydrogéologie, science de l'eau souterraine XV


Hydrogéologie, science pluridisciplinaire XV
Buts de d'ouvrage ' XVI

CHAPITRE 1 . CYCLES ET BILANS DE L'EAU


SYST~MES HYDROGÉOLOGIQUES

CYCLES DE L'EAU 2
Cycle global de l'eau à la surface de la Terre 2
- Les cinq grands réservoirs et leur rôle régulateur 4
- Cycle global de l'eau et quantités d 'eau en mouvement 4
- Eaux juvéniles, apports d'eau profonde 5
Cycle océanique et cycle continental de l'eau 6
Cycle global de l'énergie , moteur du cycle de l'eau 6
· Energiesolaire, moteur de l'ascension de la vapeur d'eau 7
· Energiede gravité, moteur des précipitations et de l'écoulement
~l~u 7

SYST~MES HYDROLOGIQUES 7
Identification des systèmes hydrologiques 7
· Identification spatiale d'un système hydrologique 7
· Identification temporelle d'un système hydrologique 8
- Modèle conceptuel du système hydrologique 8
Identification spatiale des systèmes hydrologiques 8
Identification temporelle. Période et fréquence des données ID
- Durées moyennes II
· Année hydrologique et année hydrologique moyenne II

DÉBITS D'APPORTS OU ALIMENTATION DES SYST~MES


HYDROLOGIQUES 12
Alimentation du bassin hydrologique. Précipitations efficaces 12
· Evaporation potentielle 12
· Ëvapotranspiration réelle 13
· Précipitations efficaces 14
IV Principes et méthodes de l'hydrogéologie Sommaire V

Alimentation du bassin hydrogéologique - Infiltration 14 Extension géographique des aquifères. Zones et provinces hydro-
- Partition des précipitations efficaces à la surface du sol 14 géologiques 32
- Index hydrogéologique 15 - Détermination du volume utile du réservoir 33
Alimentation de l'aquifère - Infiltration efficace 16
CAS CONCRETS D'IDENTIFICATION GEOLOGIQUE DE L'AQUIFERE 33
DEBITS DES ECOULEMENTS DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES 16
Structure hydrogéologique du bassin sédimentaire du Sahara septentrional
Débit de l'écoulement total du bassin hydrologique 16 (Algérie-Tunisie) 33
Débit de l'écoulement souterrain du bassin hydrogéologique et - Limites du bassin hydrogéologique 33
de l'aquifère 17 - Sous-bassins hydrogéologiques 34
- Types d'écoulement 17 - Grandes formations hydrogéologiques et aquifères '35
Structure hydrogéologique du bassin sédimentaire de Paris 36
BILANS D'EAU 17 - Limites du bassin hydrogéologique 36
- Structures et formations hydrogéologiques et aquifères 36
Concepts du bilan d'eau d'un système hydrologique 17 - Grands aquifères multicouches et zones hydrogéologiques 40
- Domaines d'espace et types de bilans. Données moyennes 18 Aquifère bicouche du calcaire de Champigny, en Brie 41
- Présentations du bilan 18 - Configuration de l'aquifère bicouche 41
- Utilité du bilan 19 - Structure du réservoir 43
- Dénomination du bilan 19
Etablissement du bilan 19 CONCLUSIONS 44
- Bilan moyen annuel du bassin hydrologique 19
- Bilan moyen annuel du bassin hydrogéologique 19 EAU SOUTERRAINE DES MASSIFS ANCIENS 44
- Bilan moyen annuel de l'aquifère 20
- Bilan global moyen annuel d'une grande région 22 CONCLUSIONS 45
- Bilan global moyen annuel des grands domaines 22
CONCLUSIONS - INTERDEpENDANCE DES SYSTÈMES CHAPITRE 3 - IDENTIFICATION HYDRODYNAMIQUE
HYDROLOGIQUES 23 DE L'AQUIFf:RE 46

CONCEPT D'AQUIFÈRE 46
CHAPITRE 2 -IDENTIFICATION GÉOLOGIQUE DE L'AQUIFÈRE 25
CONFIGURATION DE L'AQUIFÈRE - TYPES HYDRODYNAMIQUES 48
FORMATIONS LITHOSTRATIGRAPHIQUES ET
HYDROGEOLOGIQUES 26 Aquifère à nappe libre. Surface piézométrique 48
Aquifère à nappe captive 49
Identification des formations lithostratigraphiques 26 Aquifère à nappe semi-captive ou à drainance 51
- Surfaces limites du réservoir 26 Nature du substratum de l'aquifère 51
- Localisation dans le sous-sol 27
Identification des formations hydrogéologiques et des aquifères 27 STRUCTURE DE L'AQUIFÈRE - AQUIFÈRE MULTICOUCHE 52
- Formations hydrogéologiques perméables, gisements d'eau
souterraine, origines des aquifères 28 Aquifère complexe unique réservoir/eau souterraine 52
- Formations hydrogéologiques imperméables imposant les Aquifère multicouche 53
limites géologiques des aquifères 29
- Formations hydrogéologiques semi-perméables à l'origine de FONCTIONS DU RESERVOIR 53
l'aquifère multicouche 29
- Conclusions. Bassin hydrogéologique 29 COMPORTEMENTS DE L'AQUIFÈRE 54
EAUX SOUTERRAINES DES BASSINS SEDIMENTAIRES 29 Comportement hydrodynamique de l'aquifère 55
Comportement hydrochimique de l'aquifère 56
Localisation en profondeur des aquifères 30 Comportement hydrobiologique de l'aquifère 57
- Colonne hydrogéologique 30
- Limitation en profondeur des aquifères 30 GRANDES STRUCTURES HYDROGÉOLOGIQUES ET TYPES
- Intérêt des aquifères profonds pour la géothermie, basse énergie 32 D'AQUIFÈRES 57
VI Principes et méthodes de l'hydrogéologie
Sommaire VII
Aquifère continu à nappe libre étendue 57
- Aquifère à nappe libre des alluvions de la Crau 57 - Interprétation globale de la courbe granulométrique 76
- Configuration de l'aquifère 58 - Calcul des paramètres granulométriques 77
- Structure de l'aquifère 59 - Emploi et signification des paramètres granulométriques 77
Aquifère discontinu à nappe libre étendue 59 Paramètres des vides. Porosité et surface spécifique 78
Aquifère multicouche à nappe supérieure libre 59 - Porosité totale 78
Système global aquifère/rivière 59 - Surface spécifique des grains ou des fissures 78
- Système global aquifère/rivière du Val de Seine 61 Réservoirs favorables à la formation d'aquifères 79
- Configuration de l'aquifère 61 Conclusions 79
- Structure de l'aquifère 61 Milieu poreux et milieu fissuré. Volume représentatif élémentaire 79
- Comportement hydrodynamique du système 61 - Caractéristiques physiques du milieu perméable 79
Aquifère côtier affluant à la mer 61 - Continuité et discontinuité 79
Aquifère profond à nappe captive ou semi-captive 62 - Isotropie et anisotropie 79
- Aquifère à nappe captive du Continental intercalaire du . - Homogénéité et hétérogénéité 80
Sahara septentrional 62 - Echelles de grandeur du milieu. Volume représentatif élémentaire 80
- Configuration de l'aquifère 63
- Structure de l'aquifère 63 CARACTÉRISTIQUES ET TYPES D'EAU SOUTERRAINE 81
- Comportement hydrodynamique 63 Étude de l'eau du réservoir. Grandeurs du réservoir affectés par les
- Aquifère multicouche des sables albiens du bassin de Paris 64 mesures 82
- Configuration de l'aquifère 64 - Etude de l'eau d 'un échantillon au laboratoire 82
- Structure de l'aquifère 65 - Extraction de l'eau par égouttage. Action de la force de gravité.
Aquifères localisés 65 Type d'eau gravitaire 82
- Aquifère compartimenté 65 - Extraction de l'eau par centrifugation. Action de la force centri-
- Aquifère stratifié à strate conductrice 65 fuge. Deux types d'eau de rétention: pelliculaire et adsorbée 83
- Aquifères locaux des massifs anciens 65 - Extraction de l'eau par évaporation sous l'action de la chaleur 83
- Types d'eau souterraine: eau gravitaire et eau de rétention 83
IDENTIFICATION DES AQUIFERES ET MODÉLISATION 67 - Eau gravitaire ou eau mobilisable 83
- Eau de rétention ou eau non mobilisable. Structure moléculaire
CHAPITRE 4 - AQUIFÈRE RÉSERVOIR D'EAU SOUTERRAINE 67 de l'eau 84
Conclusions 86
CARACTERES PHYSICO-CHIMIQUES DU RÉSERVOIR 68
CARACTÉRISTIQUES HYDROGÉOLOGIQUES DU COMPLEXE
Morphologie et intercommunications des vides 68 EAU/RÉSERVOIR. POROSITÉ EFFICACE ET COEFFICIENT
- Morphologie des pores et milieu poreux 68 D'EMMAGASINEMENT 87
- Intercommunications des pores et milieu continu 68
- Morphologie des fissures et milieu fissuré 69 DéfiI}ition. d~s paramètres hydrodynamiques du complexe eau/réservoir,
- Microfissures 70 déterminés en laboratoire 87
- Macrofissures 70 - Porosité efficace 87
- Identification des fissures: gëométrie et genèse 71 - Teneur en eau volumique 88
Classification hydrologique des réservoirs 71 Valeurs et facteurs de la porosité efficace 89
- Roches meubles ou non consolidées 71 - Facteurs de la porosité efficace 89
- Roches compactes fissurées ou non consolidées et roches mixtes 72 - Diamètre efficace des grains 90
Méthodes d'étude des vides 73 - Arrangement des grains 91
- Méthodes d'étude des vides en laboratoire 73 - Surface spécifique des grains 91
- Méthode d'étude des vides sur le terrain 73 Définition. d~s paramètre~ hydrodynamiques du complexe eau/réservoir,
Étude granulométrique et caractéristique du milieu poreux 73 déterminés sur le terrain. Emmagasinement souterrain 91
Analyse granulométrique et paramètres granulométriques 73 CONCLUSIONS
- Intérêt et but de l'analyse granulométriques 74 92
- Phases et classification granulométrique 74
ZONALITÉ SOL-EAU SOUTERRAINE 92
- Courbe granulométrique cumulative 75
- Caractéristique de la courbe granulométrique cumulative 75
VIII Principes et méthodes de l'hydrogéologie Sommaire IX

CHAPITRE 5 - AQUIFERE CONDUITE D'EAU SOUTERRAINE 94 Types de conditions aux limites géologiques et hydrodynami9ues 115
Variations naturelles des conditions aux limites hydrodynamiques 118
LOI DE DARCY 95
CONCEPTION DE L'ÉCOULEMENT DE L'EAU SOUTERRAINE.
Dispositif expérimental de Darcy 95 MODBLESCONCEPTUELS 119
Énoncé de la loi de Darcy 95
97 Lignes de courants et lignes équipotentielles. Rés~aux d'écoulem~~t 119
Dispositif de laboratoire avec écoulement latéral Schématisation de l'écoulement de l'eau souterraine dans un aquifère
Généralisation de la loi de Darcy en laboratoire 97
de subsurface. Systèmes de flux 120
APPLICATIONS DE LA LOI DE DARCY SUR LE TERRAIN 98 Zonalité verticale des aquifères dans un bassin hydrogéologique 122
Zones hydrogéologiques des aquifères dans un bassin hydrogéologique 123
Niveau piézométrique, charge et potentiel hydrauliques 98 - Aquifère multicouche des sables albiens du bassin de Paris 123
- Mesure du niveau piézométrique 99 - Aquifère du continental intercalaire du Sahara septentrional 124
- Calcul du gradient hydraulique 100
- Pressionsde l'eau à l'intérieur de l'aquifère 100 CONCLUSIONS 126
Conditions de validité de la loi de Darcy 101
Paramètres hydrodynamiques 101
CHAPITRE 6 - ESSAIS DE PUITS ET POMPAGES D'ESSAI 128
PERMEABILITÉ - TRANSMISSIVITÉ - DIFFUSIVITÉ 101
ÉQUIPEMENT TECHNIQUE DES PUITS ET SONDAGES 128
Définition de la perméabilité. Coefficient de perméabilité et perméabilité
intrinsèque 101 DÉFINITIONS ET CONCEPTS DE BASE 130
Facteurs du coefficient de perméabilité 102
- Facteurs du coefficient de perméabilité propres au réservoir.
Effets du pompage sur l'aquifère. Cône de dépression 130
102 - Géométrie du cône de dépression. Rabattement et rayon
Perméabilité intrinsèque d'influence 131
- Facteurs du coefficient de perméabilité propres au liquide. 133
103 - Facteurs de la géométrie du cône de dépression
Coefficient du fluide - Rôle de la transmissivité et du coefficient d'emmagasinernent 133
- Conclusions 104
104 - Rôle du temps de pompage 133
Valeurs du coefficient de perméabilité - Régimes d'écoulement 133
Transmissivité 104
105 - Géométrie du cône de dépression avec surface piézométrique
Diffusivité inclinée 133
DÉBIT D'UNE NAPPE ET VITESSES D'ÉCOULEMENT 105 Méthodes d'expérimentation par pompage 134

Débit d'une nappe 105 ESSAI DE PUITS PAR PALIERS DE DÉBIT DE COURTE DURÉE 135
- Calcul du débit d'une nappe 106 Conditions de base
- Méthode de la carte piézométrique 106 135
106 Exécution de l'essai de puits. Paliers de débit 135
- Méthode de la section totale Signification du rabattement dans les ouvrages. Pertes de charge 137
- Méthode des sections élémentaires 107 - Perte de chargelinéaire
109 137
Vitesses d'écoulement - Perte de charge quadratique 138
- Hydrodynamique et hydrocinématique souterraines . 109 Vitesse critique et débit critique dans l'aquifère à nappe libre 138
- Vitesse de filtration et vitesse effective. Hydrodynamique Interprétation graphique des données de l'essai de puits 139
souterraine 109 - Relations debits/temps et rabattements/temps 139
- Vitesse de déplacement. Hydrocinématique souterraine. - Courbe débits/rabattements. Débit critique 139
Dispersion 110
110 - Droite debits spécifiques/rabattements. Débit spécifique relatif 140
- Mise en évidence de la dispersion. Traçages - Droite débits/rabattements spécifiques 142
- Explication du phénomène de dispersion . 112 Calcul des pertes de charge
- Détermination de la vitesse de déplacement sur le terrain 113 143
114 - Expression expérimentale de M. Gasselin 144
- Porosité cinématique Détermination de la productivité d'un puits. Débit d'exploitation
- Conclusions. Physique des écoulements 114 maximum 145
CONDITIONS AUX LIMITES 115 PoMPAGES D'ESSAI DE LONGUE DURÉE 145
x Principes et méthodes de l'hydrogéologie Sommaire XI
Buts du pompage d'essai 146 Interprétation des cartes piézométriques 177
Expressions d'hydrodynamique souterraine du régime transitoire 146 - Analyse morphologique de la surface piézomëtrique 177
Interprétation graphique des pompages d'essai 148 - Habillage de la carte piézométrique 177
- Relations entre les rabattements et les temps. Droite représentative 148 - Orientation et espacement des courbes hydroisohypses 177
- Calcul des paramètres hydrodynamiques 150 - Écoulements uniforme et non uniforme 179
- Relations entre les rabattements résiduels et temps de remontée - Grands types d'aquifères élémentaires 180
de niveaux 150 - Étude de la structure de l'aquifère 182
-Types hydrodynamiques d'aquifère et application de l'expression 182
- Module d'espacement et paramètres hydrodynamiques
d'approximation logarithmique 150 - Identification des anomalies structurales du réservoir 183
- Aquifère à nappe captive illimité. Pompage d'essai à Ivry-sur-Seine 151 - Étude de la distribution spatiale des paramètres hydrodynamiques 184
- Extension à l'aquifère à nappe libre illimité. Pompage d'essai à
153 - Étude du comportement hydrodynamique de l'aquifère 187
Istres 187
- Aquifère limité latéralement. Étude des conditions aux limites 156 . Étude de l'alimentation et des écoulements de l'aquifère
- Aquifère à nappe captive limité latéralement par une limite étanche
stratigraphique. Pompage d'essai au Niger 156 INTERPRÉTATION GLOBALE DE LA CARTOGRAPHIE DES
- Aquifère à nappe captive limité latéralement par une faille. Pompage AQUIFÈRES 187
d'essai de Manga à Madagascar 158 Principes généraux 187
- Aquifère à nappe libre limité latéralement par une limite à potentiel Analyse globale des cartes piézométriques 187
imposé. Pompage d'essai du Val de Seine 160 - Étude des variations de la transmissivitë 187
Conclusions - Interprétation des pompages d'essai 163 - Étude des variations du débit de la nappe 191
Programmation du pompage d'essai. Station de pompage d'essai 164
- Choix du site de station d'essai 164 ANALYSE DES FLUCTUATIONS DE LA SURFACE PIÉZOMÉTRIQUE 191
- Caractéristiques techniques de l'ouvrage de pompage 165
- Dispositif des piézomètres 165 Analyse des limnigrammes piézométriques 191
- Débit constant et durée du pompage 166 Établissement des cartes de fluctuations de la surface piézométrique
- Intervalles des mesures de rabattements 166 des aquifères à nappe libre 193
- Choix de l 'ëpoq ue de l'essai 167
CONCLUSIONS
CHAPITRE 7 - CARTOGRAPHIE DE L'AQUIF~RE
CARTES PIÉZOMÉTRIQUES 168 CHAPITRE 8 - RÉSERVES ET RESSOURCES 195
CARTES STRUCTURALES DE L'AQUIFÈRE 169 CONCEPTS DE BASE
196
Cartes de la configuration de l'aquifère. Dimensions de l'aquifère 169 Concepts de réserve et de ressource 196
- Cartes de la surface du substratum 169 Concept de confrontation offre et demande. Recherche d'un compromis 196
- Cartes de la limite supérieure de l'aquifère 169 Concept de contraintes de la planification 197
- Cartes de l'épaisseur de l'aquifère 169 Concept d'unicité d'espace et de temps 199
- Cartes des conditions aux limites latérales géologiques et - Domaine d'espace ou système de ressource en eau 199
hydrodynamiques 170 - Unité de temps Données moyennes et historiques 199
Cartes de la structure du réservoir. Caractéristiques physiques et - Adéquation des grandeurs des systèmes de ressource à celle des
paramètres hydrodynamiques 170 demandes 199
- Cartes des données sur les caractéristiques physiques du réservoir 172 Concept de variabilité dans l'espace et dans le temps 200
- Cartes des données sur les paramètres hydrodynamiques 173 Contraintes principales de 1" offre présentée par l'hydrogéologue 200
CARTES PIÉZOMÉTRIQUES 173 EVALUATION DE LA RÉSERVE EN EAU SOUTERRAINE 200
Établissement des cartes piézométriques 173 Catégories de réserves en eau souterraine 200
- Mesure des niveaux piézomëtriques 174 - Réserve totale de l aquifere 202
- Report des niveaux piëzométriques. Échelle de la carte 174 - Réserve régulatrice des aquifères à nappe libre 202
- Tracé des courbes hydroisohypses 175 - Réserve permanente des aqtdféres 202
- Choix de l'équidistance des courbes hydroisohypses 175 - Réserve en eau souterraine exploitable 202
- Tracé des courbes hydroisohypses 175
XII Principes et méthodes de l'hydrogéologie Sommaire XIII

Méthodes d'évaluation de la réserve en eau souterraine 202 PRINCIPALES SOURCES DE POLLUTION. FOYERS DE POLLUTION 226
- Principes d'évaluation 202
- Exemples d'évaluation de la réserve des aquifères à nappe libre 203 Pollutions d'origine domestique et urbaine 226
- Aquifère à nappe libre des alluvions de la Moselle 203 Pollutions d'origine agricole 227
- Aquifère à nappe libre de Ber Rechid 203 Pollutions d'origine industrielle 227
- Aquifère à nappe libre des alluvions de la Crau 204
- Aquifère à nappe libre de la Mamora 204 MÉCANISMES ET FACTEURS DE LA POLLUTION DE L'EAU
- Aquifère à nappe libre des alluvions de la plaine du Tafilalt 205 SOUTERRAINE 227
Renouvellement de la réserve en eau souterraine 205
Introduction du polluant dans le sol. Impacts et foyers de pollution 227
ÉVALUATION DE LA RESSOURCE EN EAU 209 Migration et évolution du polluant en zone non saturée. Mécanismes
de l'autoépuration naturelle 228
Systèmes hydrologiques et catégories de ressources 209 - Mécanismes de l'autoépuration naturelle du sol 229
Méthodes d'évaluation quantitative de la ressource 209 - Mécanismes physiques de l'autoépuration 229
- Bassin hydrologique et ressource en eau totale renouvelable - Mécanismes hydrodynamiques et hydrocinématique de
naturelle 210 l'autoépuration 229
- Bassin hydrogéologique et ressource en eau souterraine naturelle 211 - Mécanismes hydrochimiques de l'autoépuration 230
- Ressource en eau souterraine renouvelable naturelle 211 - Mécanismes hydrobiologiques de l'autoépuration 230
- Ressource en eau souterraine non renouvelable naturelle 212 - Mécanismes de l'adsorption et de la désorption 231
- Aquifère et ressource en eau souterraine exploitable. Offre - Conclusions 231
de l'hydrogéologue face à une demande d'utilisation 213 Propagation et évolution du polluant dans l'aquifère. Mécanismes
- Stratégie de l'exploitation 213 de la dilution 231
- Ressource d'exploitation de la réserve 214 Persistance de la pollution. Rémanence et techniques de décontami-
- Évaluation de la ressource en eau souterraine exploitable 214 nation 231
- Conclusions 214
- Application au bassin hydrogéologique du Sahara septentrional 215 VULNÉRABILITÉ DES NAPPES A LA POLLUTION. CARTOGRAPHIE 231
- Définition de l'objectif. Structure de la demande d'utilisation 215 Facteurs de la vulnérabilité 232
- Identification des aquifères. Modèles mathématiques 215 Cartes de la vulnérabilité 232
. Définition des contraintes 216
- Élaboration de programmes d'exploitation. Dispositifs des LUTTE CONTRE LA POLLUTION DE L'EAU SOUTERRAINE 232
sondages et rythme de pompage 217
- Prévisions et évaluations des effets des programmes d'exploitation 217 BIBLIOGRAPHIE 234
- Choix de deux hypothèses de planification et présentation de
deux scénarios 217 INDEX 237
CONCLUSIONS 221

CHAPITRE 9 - POLLUTION DE L'EAU SOUTERRAINE 222

CRITËRES DE L'APPRÉCIATION DE LA POLLUTION 223


Dose de polluant et fréquence des apports 224
PRINCIPAUX TYPES DE POLLUANTS. TOXICITÉ 224
Polluants physiques 224
Polluants chimiques 225
- Sels minéraux dissous 225
-Micropolluants : métaux lourds, pesticides et détergents 225
- Hydrocarbures 226
Polluants organiques Micro-organismes 226
INTRODUCTION

CONCEPTION DE L'HYDROGEOLOGIE

L 'hydrogéologie est la Science de l'eau souterraine à


caractère pluridisciplinaire. Ses objectifs sont l'acqui-
sition de données numériques par la prospection ou
l'expérimentation sur le terrain, le captage et la planifi-
cation de l'exploitation de l'eau souterraine.

Cet ouvrage est une initiation à l'hydrogéologie quantitative. Il


n'exige pas de connaissances approfondies de la géologie. La priorité
est donnée aux applications et expérimentations sur le terrain. Seules
les connaissances théoriques indispensables à la pratique de la pros
pection, de l'exploitation et de la gestion de l'eau souterraine sont
exposées. Les références bibliographiques, citant les ouvrages plus
spécialisés, permettront de les approfondir et de les compléter. Le texte
est volontairement orienté vers les méthodes et les techniques d'acqui-
sition, de traitement et de synthèse des données numériques, bases
de l'exécution d'une étude hydrogéologique. Les références à de nom-
breux cas concrets permettent de rester proche des faits observés.
Hydrogéologie, Science de l'eau souterraine
L'hydrogéologie est la Science de l'eau souterraine. C'est une disci-
pline des sciences de la Terre orientée vers les applications. Elle a pour
objectifs, l'étude du rôle des matériaux constituant le sous-sol et des
structures hydrogéologiques avec application des lois physiques et chi-
miques, dans l'origine, la distribution, les caractéristiques de gisement,
les modalités de l'écoulement et les propriétés physiques et chimiques
des eaux souterraines. Elle applique les connaissances acquises sur la
prospection, le captage, l'exploitation et la gestion de l'eau souterraine.

Hydrogéologie, Science pluridisciplinaire


L'hydrogéologie, dont la base fondamentale est la géologie, est une
pluridisciplinaire utilisant les méthodes et moyens de la pros-
XVI Principes et méthodes de l'hydrogéologie Introduction XVII

pection géophysique, des techniques de forage et de captage, de la L'emploi, sans cesse croissant, des ordinateurs pour le traitement des
géochimie des roches et des eaux, de l'hydrodynamique souterraine, informations et la réalisation de modèles mathématiques, nécessite
de la statistique et de l'emploi des ordinateurs au traitement des don- l'acquisition de données numériques nombreuses et précises. La modéli-
nées et aux modèles mathématiques. sation . repose sur la présentation par l'hydrogéologue de modèles
L'hydrogéologie contribue à la gestion de l'espace souterrain : conceptuels d'identification des systèmes hydrologiques et plus particu-
planification de l'exploitation et protection des ressources en eau, lièrement du système aquifère. C'est pourquoi une attention particulière
exploitation des aquifères profonds pour la géothermie basse énergie, sera portée aux données et concepts de base de leur établissement.
stockages souterrains et rejets dans le sous-sol. Le développement de
ces techniques récentes lui donne une dimension nouvelle en élargissant
son domaine d'investigation.
L'hydrodynamique souterraine est l'ensemble des aspects quantitatifs
de l'hydrogéologie. C'est la partie de l'hydrodynamique (ou de l'hy-
draulique) relative à l'écoulement de l'eau souterraine, aux lois qui le
régissent et à leurs applications.
L'hydrochimie est la connaissance des caractéristiques physiques
et chimiques ou physico-chimiques, des processus de leur acquisition
et de leur évolution, ainsi que des lois qui régissent les échanges entre
l'eau, le sol et le sous-sol, ou interactions eau/roche. Elle inclut la
géochimie des isotopes.
L'hydrobiologie est l'étude de l'action des mécanismes biologiques
sur la qualité de l'eau souterraine.

Buts de l'ouvrage
Cet ouvrage poursuit trois buts essentiels:
- exposé de concepts de base de l'hydrogéologie, en priorité. Un
concept est «une idée générale et abstraite construite par l'esprit,
soit à partir de l'expérience, soit à partir d'un contenu mental inné»
(dictionnaire P. Robert, 1953). Tout le texte est conçu pour guider
le lecteur dans l'acquisition d'une discipline de pensée et de travail
aboutissant à une conception dynamique des aquifères. Elle sera
concrétisée par des modèles conceptuels;
- acquisition de connaissances scientifiques et techniques de base,
indispensables à la pratique de l'hydrogéologie sur le terrain. Sont
donc exclus, délibérément, les développements théoriques qui n'abou-
tissent pas à des applications pratiques. Des références bibliographiques
permettront des compléments;
- acquisition d'un langage scientifique et technique rigoureux néces-
saire au dialogue entre les nombreux spécialistes de la Science de l'eau
et base de leur collaboration. Le lecteur pourra se reporter au Diction-
naire français d'hydrogéologie (G. Castany et J. Margat, 1977).
Chapitre 1

Cycles et bilans de l'eau


Systèmes hydrologiques

Le mouvement de l'eau dans le sol et le sous-sol est


une étape d'un grand circuit sur la Terre, le cycle global
de l'eau.
La source d'alimentation de l'eau souterraine est
l'infiltration, à la surface du sol, d'une fraction fixe de
l'eau qui y parvient ou précipitations efficaces.
L'infiltration renouvelle l'eau des réservoirs souterrains
et entretient, par son circuit dans les aquifères, le débit
de l'écoulement souterrain. Celui-ci alimente sources et
cours d'eau.
Toutes les études et évaluations en hydrogéologie
doivent respecter l'unité d'espace et de temps. C'est-à-
dire porter sur un des trois systèmes hydrologiques :
bassin hydrologique, bassin hydrogéologique ou aqui-
fère. Toutes les données sont rapportées à une durée
moyenne.
Le bilan d'eau est la balance comptable entre les débits
des apports et ceux des écoulements dans un système
hydrologique délimité et au cours d'une durée moyenne
déterminée.
L'évaluation de l'infiltration la plus précise est obtenue
par le mesure des écoulements.
Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 1] Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques 3
2
états, vapeur, solide et liquide, dans cinq grands réservoirs (tableau 1
CYCLES DE L'EAU
et fig. 1). La mince pellicule d'eau constitue l'hydrosphère (épaisseur
Dans le but de mieux comprendre l'origine de l'eau souterraine et moyenne: 2,72 m). Elle coïncide avec la biosphère, l'eau étant la condi-
les modalités de son écoulement dans le sous-sol il est utile de les situer tion primordiale de la présence et du développement de la vie.
dans le cadre de la répartition et de la circulation de l'eau sur la Terre.
C'est-à-dire d'analyser le cycle global de l'eau. Cette étude permet
également de définir les bilans d'eau. Le cycle de l'eau est ~t~oitement
lié à ceux de l'énergie et du transport des substances minérales (G.
Castany,1980).
Le cycle de l'eau est étudié dans des territoires emboîtés, de tailles Tableau 1 - Capacités des grands réservoirs d'eau à la surface
décroissantes: globe terrestre, continents ou océans et systèmes hydro- de la Terre. D'après les travaux soviétiques (UNESCO, 1978).
logiques (tableau 1). Dans chaque domaine deux aspects son~ consi.dé-
rés: la quantité d'eau stockée avec son rôle régulateur et la clrculatlOn
de l'eau assurant les échanges, c'est-à-dire le renouvellement. Volumes d'eau stockés

Grands Totaux Eau douce


Cycle global de l'eau à la surface de la Terre
réservoirs km 3 % km 3 %
La circulation de l'eau à la surface de la Terre ou cycle global de
l'eau, assure les échanges entre les quantités d'eau stockées sous trois OCEANS 1340000000 96,4
GLACES 24000000 1,72 24000000 60
Calottes glaciaires,
glaciers et neiges
éternelles

EAUX SOUTERRAINES
Aquifères:
tranche 0-200 m 10000000
tranche 0-2000 m 24000000 1,72 16000000 40
tranche 0-5 000 m 60000000
Humidité du sol 16500 0,001 16500 0,04
EAUX DE SURFACE
DES CONTINENTS
Lacs, grands réservoirs 176400 0,013 90000 0,22
Lits des cours d'eau 2120 0,00015 2120 0,005
ATMOSPHÈRE 13000 0,001 13000 0,03
BILAN GLOBAL, p: E EAU BIOLOGIQUE 1 120 a ,0001 1120 0,003
GLOBE
1390000000 40000000*
Figure 1 - Cycle de. l'eau et quantités d '~~u en mouve~en.t en krn ' fan. L~ cycle Hydrosphère
global (1) se subdivise en cycles de deuxième ordre, oceanique (2) et continental
(3). Des échanges de 47 000 km 3 fan équilibrent le bilan de ces deux cycles secon-
daires.
'" soit 2,9 pour cent de l'eau du globe.
4 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 1 J Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques 5

Les évaluations précises de la capacité des grands réservoirs et des l'évaporation, E. La vapeur d'eau s'élève dans l'atmosphère où elle se
principales composantes du cycle de l'eau, sont difficiles. C'est pour-- co~dense_ en nuages, lesquels engendrent les précipitations, P (pluie,
quoi les données varient avec les auteurs (tableau 9, p. 23). Les im- neise, grele). Leur volume, de 577 000 km 3/an, égal à celui de l'éva-
précisions les plus grandes concernent les eaux souterraines. Mais ce poration, équilibre le cycle global de l'eau.
sont surtout les ordres de grandeur des évaluations et leurs rapports
qui doivent être considérés. Les chiffres retenus sont ceux des travaux Tableau 2 - Volumes d'eau stockés dans le réservoir
récents des hydrologues soviétiques (UNESCO, 1978). souterrain des grands continents.
L'unité de volume utilisée, étant donné les quantités considérables D'après les travaux soviétiques (UNESCO, 1978).
en présence, est le kilomètre cube (km ' ) ou milliard de mètres cubes.
Un kilomètre cube équivaut à un débit régulier de 2,6 millions de
m 3/jour ou de 30 m 3/s, soit environ le dizième du débit moyen annuel Stocks d'eau
de la Seine à Paris. C'est la consommation annuelle en eau de l'agglomé- Surfaces 106 km '
ration parisienne (Ile de France). La retenue du barrage de Serre- Grands millions
Ponçon, sur la Durance, accumule 1,2 km". La capacité totale des continents de km? Oà 100 à 200 à
stockages d'eau de surface, en France, est de 8 km ' environ. Un sous- 100 m 200 2 000 Totaux
multiple réservé aux volumes plus petits est l'hectomètre cube, hm '
Europe 10,5 0,2 0,3 1,1 1,6
ou million de mètres cubes.
Asie 43,5 1,3 2,1 4,4 7,8
Les cinq grands réservoirs et leur rôle régulateur Afrique 30,1 1 1,5 3 5,5
Le stock d'eau de l'hydrosphère est de 1 390 000 000 km ". Il est Amérique du Nord 24,2 0,7 1,2 2,4 4,3
réparti inégalement en cinq grands réservoirs de grandeurs décrois- Amérique du Sud 17,8 0,3 0,9 1,8 3
santes. Leurs caractéristiques sont données dans le tableau 1. Australie 8,9 0,1 0,2 0,9 1,2
Les grands réservoirs, par leur quantité d'eau, jouent quatre rôles Totaux 135 3,6 6,2 13,6 23,4
régulateurs : physique (thermique en particulier) , hydrodynamique,
chimique et biologique. Le rôle principal revient au réservoir océan
de 1 340 000 000 krn ' réparti sur 361 000 000 km 2 de superficie : La définition des zones est donnée page 122.
circulation de l'eau, homogénisation de la température du globe et
puissance de l'évaporation, moteur du cycle de l'eau. Le réservoir Eaux juvéniles, apports d'eau profonde
des glaces des calottes glaciaires, glaciers et neiges éternelles, repré-
sente 60 % des eaux douces terrestres. La pré.senee d'eau souterraine jusqu'aux plus grandes profondeurs
Le réservoir souterrain, sur les continents, constitué des aquifères, est un fait reconnu. L'alimentation du cycle global par des eaux nais-
représenterait 40 % du volume des eaux douces. Dans l'état actuel des sant dans les c,ouches profondes du manteau, dites juvéniles, est admise
connaissances sa contenance en eau de qualité est difficile à évaluer. par les hydrogëologues. Toutefois leur faible apport à l'échelle humaine
de quel~ues km
3/an,
Les hydrologues soviétiques proposent 23 400 000 km ' avec les îles, est négligeable comparé aux quantités d'eau
dans une tranche de a à 2 000 m. Les estimations ont été ramenées à accu;mulees dans les grands réservoirs. Cependant il présente un intérêt
16 000 000 krn ' afin de tenir compte des structures hydrogéologiques. à .tr~s long terme. En effet, ce processus se poursuivant depuis quelques
Quelles que soient les évaluations le réservoir souterrain constitue une m~lh~rds d'années, le calcul aboutit au volume d'eau actuel. Deux
importante quantité d'eau douce bien distribuée géographiquement. pnnclpales sources d'eaux juvéniles sont généralement reconnues
(G. Castany, 1980).
Cycle global de l'eau et quantités d'eau en mouvement La production d'eau juvénile est importante pour les sources thermo-
Le déplacement des particules d'eau sous deux états principaux, minérales dont elle peut constituer une part importante de leur débit
vapeur et liquide, à la surface de la Terre, constitue le cycle global de (80 à 90 %). Citons par exemple le cas des aires thermominérales de
l'eau (fig. 1). Il débute par la transformation, chaque année hydro- La Bourboule et du Mont d'Or, dans le massif central français (J.C.
logique moyenne, de 577 000 km ' d'eau en vapeur sous l'action de Fontes et al., 1963).
6 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 1] Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques 7
Cycle océanique et cycle continental de l'eau Energie solaire, moteur de l'ascension de la vapeur d'eau
Le cycle global de l'eau se subdivise en deux grands cycles de deuxiè-
L'énergie solaire, distribuée sous forme de calories, transforme l'eau
me ordre, océanique et continental. Ils sont en déséquilibre, compensé
en vapeur et provoque l'ascension des particules dans les couches supé-
par des interconnections complexes (fig. 1).
rieures de l'atmosphère. La dépense d'énergie est d'environ 400 000 TW
Le cycle océanique a pour origine l'évaporation, E, de 505 000
(1 TW = 1 terawatt = 1 milliard de kWH). Elle représente le cinquième
km 3 jan. Le retour par les précipitations, P, de 458 000 km ' jan, accuse de l'énergie solaire qui irradie la haute atmosphère.
un excès de vapeur d'eau de 47 000 krn ' jan. Ce dernier, par transfert
Pour élever les particules d'eau à haute altitude il faut vaincre la
dans la haute atmosphère, gagne les continents (fig. 1).
force de la gravité. Ces particules accumulent ainsi de l'énergie dite
Le cycle continental est alimenté par Yévapotranspiration, ET (page énergie potentielle.
12), soit 72 000 km 3 jan et par l'apport des 47 000 krn' jan. Il engendre
une quantité équivalente de précipitations. L'équilibre, entre les deux Energie de la gravité, moteur des précipitations et de l'écoulement
grands domaines, est établi par l'écoulement total naturel moyen, QT, de l'eau
des cours d'eau de 43 800 km ' jan (tableau 3) et le déversement occulte Sous l'action de la force de la gravité les particules d'eau tombent
de 2 000 km 3 jan des eaux souterraines le long des rivages. A ce total en pluie ou en neige, à la surface du sol. Une fraction alimente les cours
de 45 8000 krn' jan il convient d'ajouter l'écoulement dans les îles. d'eau, l'autre pénètre dans le sous-sol et s'écoule dans les aquifères.
Quoiqu'il en soit, le volume de 47 000 krn ' jan, nécessaire à l'équilibre, L'écoulement total dépense une énergie, mesurée dans les cours d'eau,
est satisfait compte-tenu de la précision des mesures et de la complexité de 80 TW. Les usines hydroélectriques en récupèrent seulement 0,3 %.
des échanges.
SYSTÈMES HYDROLOGIQUES
Tableau 3 - Ecoulement total naturel moyen et écoulement
souterrain dans les grands continents. Le cycle de l'eau est planétaire et perpétuel. Pour l'exécution des
D'après les travaux soviétiques (UNESCO, 1978). études hydrogéologiques il est nécessaire de le fractionner, convention-
nellement, en domaines d'espace et en durées accessibles aux observa-
Ecoulement tions, expérimentations et mesures, donc en systèmes hydrologiques.
total naturel Ecoulement souterrain L'étude du cycle de l'eau situe les systèmes hydrologiques dans leur
Grands continents mOlen environnement et permet d'analyser leur comportement hydrodyna-
km jan % km' jan mique.
Europe 3210 35 1 120 Identification des systèmes hydrologiques
Asie 14410 26 3750 Les évaluations et les prévisions en hydrogéologie, se rapportent
Afrique 4570 35 1 600 obligatoirement à un système hydrologique. Un système hydrologique
Amérique du Nord 7450 29 2 160 est un système dynamique, séquence d'espace et de temps, fraction du
Amérique du Sud Il 760 35 4 120 cycle de l'eau. Il est donc identifié par des caractéristiques spatiales
Australie 2390 24 575 et temporelles.
Total 43790 13320 Identification spatiale d'un système hydrologique
Moyenne 30 L'identification spatiale d'un système repose sur quatre concepts
(voir figure 19 du système aquifère, p. 47).
Cycle global de l'énergie, moteur du cycle de l'eau - domaine d'espace physique, fini à trois dimensions, dont toutes
les parties sont en liaison hydrodynamique continue (milieu continu).
Le travail exigé par la mise en mouvement des particules d'eau A l'intérieur, les influences provoquées par des actions extérieures se
dans le cycle est fourni par deux sources d'énergie, la chaleur solaire propagent librement. Elles sont de deux types : transport de quantités
et la force de la gravité. Toutes deux assurent, par leur conservation, d'eau ou transmission (transfert) de différences de charges. Ce domaine
la régularité et l'équilibre du cycle global. est circonscrit par des limites nettement définies, soit faisant obstacle
8 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 1] Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques
9
à toutes propagations appréciables vers l'extérieur, soit permettant de.s A chaque système hydrologique correspond une fraction du cycle
échanges quantifiés. Ce sont les conditions aux limites (p. lIS},. expn- global de l'eau, un type de bilan et une catégorie de ressource (tableau
32, p. 208).
mées en termes de débits imposés, entrant ou sortant (conditions de
flux) ou de potentiels imposés (conditions de potentiel). Le bassin hydrologique est circonscrit par les lignes de crêtes topo-
-- siège de processus ou mécanismes internes, hydrodynamiques, graphiques, délimitant le bassin versant d'un cours d'eau et de ses
hydrochimiques ou hydrobiologiques. affluents (fig. 2 et 3). Il correspond donc, en surface, au bassin hydro-
graphique (fig. 2). Il est admis que ses limites se superposent, au mieux,
- séquence du cycle de l'eau, c'est-à-dire compo~tant, une entrée à celles du bassin hydrogéologique. Ces conditions sont en général
(impulsion), un circuit interne (transfert) et une sortie (reponse). Les réalisées pour les grandes unités, de l'ordre de quelques centaines au
limites recevant ou pouvant recevoir, des impulsions et émettant des millier de km 2 .
réponses.
- variabilité des données dans l'espace selon des lois de distributions
statistiques. OJ
»
Identification temporelle d'un système hydrologique CIl
CIl
Toutes identifications des caractéristiques d'espace se réfèrent à
une date donnée ou à une durée moyenne déterminée. Z

Modèle conceptuel du système hydrologique


IOJ
L'étude de ces caractéristiques aboutit à la présentation par l'hy- -<»
CIl
drogéologue d'un modèle conceptuel (sc~éma con~ept~el), base ~our CJ~
l'hydraulicien de l'établissement de modeles mathématiques de SImu- ;:oZ
lation des comportements du système considéré. Reposant ~ur un OI
r-<
concept ils sont dits déterministes. Etant d?nné .qu~ ~e, domaln~ "" O~
subdivisé en mailles ils sont qualifiés de modeles discrétisés ou mailles, ,,0
----..
par opposition aux modèles globaux (boîtes noires) (fig. 53, p. 106). -m
00 " A QUI FER E
....
",
Identification spatiale des systèmes hydrologiques
Trois domaines d'espaces interdépendants, emboîtés, peuvent être
Co
mG)
=:::
circonscrits. Ils identifient trois systèmes hydrologiques, dans l'ordre oC BILAN DU BASSIN HYDROLOGIOUE

de grandeur décroissant (fig. 2) : m P- ETR= PE PE = QT


(exprimés en débits)
- le bassin hydrologique;
!igure 2 - Troi~ do~aines d'espa~e identifient trois systèmes hydrologiques emboîtés
- le bassin hydrogéologique ou des eaux souterraines; / gr~n?e.urs. decrOlssantes.: bassin hydrologiqus bassin hydrogéologique et aquifère.
- l'aquifère avec sa nappe d'eau souterraine. dTPz;t~1J?ltatlO~~ ; ETR, evapotransplr~tI~m réell~ ; PE, .précipitations efficaces ;
b '. ébit de 1écoulement t?t~l mes~,re a la station de Jaugeage de l'exutoire du
Dans le but d'obtenir une plus grande précision et une meilleure . al~In ~Ydrol<.?glque ; QS, débit de 1ecoulement de surface . 1 infiltration . lE
distribution spatiale des données, les programmes de calcul automatique In 1 tratIOn efficace ; QW, débit de l'écoulement souterrain. " , ,
par ordinateurs, se rapportent à une maille, domaine de l'ordre de
grandeur du km 2 . Cet espace est dépourvu d'identité physique. ~e bassin hydrogéologique est la fraction de l'espace du bassin hydro-
lOgIque située sous la surface du sol (fig. 2 et 3). C'est le domaine des
Un système peut être comparé à un être humain caractérisé par son identité.' ~on envelo.PP? eaux souterraines. En général il correspond à un bassin sédimentaire.
extérieure pourvue d'organes d'échanges et d'informations sensorielles (con~JtI?ns aux, !I.ml'
tes). Son anatomie (structure) est à l'origine de mécanismes propres. Les exclta~lOnS exteneu- Ses limites sont imposées par la structure hydrogéologique.
res, détectées par les organes sensoriels, entrainent l'interventi5Jn des organe~ mter1!es, se!on
des circuits plus ou moins compliqués. Ceux-ci provoquent des reponses modulees e~ réfléchies. L'aquifère, identifié par la géologie, est l'unité de domaine d'étude
Chaque individu est un modèle conceptuel humain qui peut être identifié par de~ f.lches. Elles des eaux souterraines. Le bassin hydrogéologique est constitué d'un
sont établies par des moyens d'investigations externes et internes : examens médicaux, tests
psychologiques, intellectuels, etc. ou de plusieurs aquifères..
10 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
rChap. 1] Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques Il
PE PE ETR ETR
(niveau d'eau des cours d'eau ou hydrométrie, mesures des niveaux des

;1 ; ' " -~-l


t ..
nappes o~ piézométrie). Les enregistrements sont alors respectivement
des pluviogrammes, des thermogrammes, des limnigrammes hydro-
x
x
;1
1
"' "
lac
'><.
"-~
+ -
limite du bassin
versant
métriques ou piézométriques.

Alt~Î 1 -'\'<.
Durées moyennes

~~t~JrfÎtl't,
~ ,-t.. . . Q l ""-... Les mesures varient dans le temps, au cours d'une année (variation

D
1

1.-/ "
~
~

~
"\
\
l
l'
i \, -,
-~--
-c.,
\ ........

---------
---_
s tat ion annuelle) et d'une année à l'autre (variation pluriannuelle). D'où
la.néce~s!té de disp?s~r de vale,urs moye~nes. Par exemple la moyenne
arithmétique des débits mesures chaque Jour du mois de janvier à une
L ~ é;;;û fem-~--- station de jaugeage sur un cours d'eau, ou débit journalier donne le
~errai~nt .
débit mensuel de janvier de l'année considérée. La moyenn~ arithmé-
,'"'~
•• o 1 - -==2-~ tique des débits mensuels des douze mois de l'année, représente le débit
Figure 3 - Le domaine du bassin hydrologique, délimité, par le, bassin ve~~an! d'un annuel. La moyenne arithmétique des débits mensuels de janvier des
cours d'eau est l'unité de référence pour toutes les évaluations. Il coïncide au dix années consécutives (année hydrologique moyenne) est le débit
mieux avec' le bassin hydrogéologique, limité par les ligne~ ~e partage de~ eaux
souterraines (l). Le contact eau douce/eau salee (3) est decnt en détail, fig. 30. moyen mensuel de ce mois. Celle des débits annuels est le débit moyen
(2), surface piézométrique.
annuel.

Identification temporelle. Période et fréquence des données


Toutes les données relatives à un système considéré doivent être
rapportées, selon le but poursuivi, à une date donnée ou à une durée
moyenne déterminée unique. Par exemple, date donnée pour l'établis-
sement de la carte piézométrique pour le calage d'un modèle mathéma-
tique de simulation hydrodynamique en régime permanent ; durée
moyenne du débit de l'écoulement total naturel moyen d'un bassin
hydrologique pour l'évaluation de la ressource en eau totale renouve-
lable naturelle (p. 211).
Pour obtenir des résultats significatifs, fiables et extrapolables, 1966-1967 1967-1968 1968-1969
bases des évaluations et des prévisions à moyen et long termes, il est
nécessaire de disposer de valeurs moyennes, en général annuelles (année A N NÉE H Y 0 R 0 LOG 1 QU E MOY E N N E

hydrologique moyenne). Les mesures doivent se rapporter à un inter-


valle de temps (période) commun à tous les paramètres du système :iaure ~ - Séri~~ chronologiques ou historiques, des précipitations efficaces, PE, et
(ex. : année hydrologique moyenne 1950-70, fig. 4). es déblt.s de 1 e~oulement total, QT, du bassin hydrologique de l'Hallue, (NW de la
rrance~ a la station de Daours. Ces graphiques montrent la relation PE/QTdans le
Le traitement des données doit répondre à deux conditions impé- emps Identifiant l'année hydrologique (ex. : 1966-67) et l'année hydrologique
moyenne (ex. : 1966-70).
ratives :
- période hydrologique la plus longue possible, choisie en rapport
avec la durée de l'historique des mesures avec dix années au minimum; Année hydrologique et année hydrologique moyenne
- fréquence la plus courte possible compatible avec celle des mesu- Les variations des composantes hydrologiques au cours d'une année
res : journalière, hebdomadaire, mensuelle ou annuelle. ~alendaIr~, ne cor~espondent pas à cette période. Par exemple le bassin
Ces deux conditions sont satisfaites par l'acquisition de séries chrono- bYd~ologIqUe de 1 Hallue montre que les précipitations efficaces sur le
logiques continues, obtenues par des appareils enregistreurs : pluvio- '. aSSIn et les débits d: l'écoulement total mesurés à la station de jau-
graphes (précipitations), thermographes (températures), limnigraphes geage de Daours, subissent un cycle de variations annuel et un cycle
12 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
[Chapt 1] Cycles et bilans de l'eau Systèmes hydr l .
. 0 ogtques 13
pluriannuel (fig. 4 et 109 p. 192). Une séquence annuelle 1967, par
exemple, calculée entre deux minimums (étiage du cours d'eau ou biologique la transpiration. ~ 'é~aporation intervient dans l'atmosphère,
de la surface piézométrique), débute en novembre 1967 et s'achève en au cours des chutes de pluie a la surface des lacs et d d'
.' d l ' es cours eau
octobre 1968. Elle détermine l'année hydrologique 1967-68. Au amsi que ~ so nu. La .tra~spiration est le fait de la couverture végétale
cours d'années successives, les mininums et les maximums ne sont pas (fig. 5). L ~vapotransplratIon dans le sol atteint une profondeu d
identiques. D'où nécessité, pour obtenir des valeurs significatives, de quelques me.tr~s s,elon ses caractéristiques et le climat; r e
considérer la moyenne de plusieurs années, dix au minimum, dite La quantité d eau évaporée yar un stock d'eau libre (cours d'eau,
année hydrologique moyenne. lac, etc.), donc dans des conditions d'alimentation excëd t' t
. Il
l 'é vaporat'IOn potentie . en aires, es
e (fig. 5). Elle est détermine'e par le t' .
ti d l" fi s carac ens-
rques e air ixant le pouvoir évaporant de l'atmos hê t d 1
surface d'eau libre. pere e e a
DEBITS D'APPORTS OU ALIMENTATION DES SYSTÈMES
HYDROLOGIQUES
~es per~es d'eau d'un s?l sont déterminées par sa couverture végétale,
sa h~h?l?gIe et ses parametres hydrodynamiques, perméabilité verticale
L'alimentation renouvelle les stocks d'eau et entretient l'écoulement ~umldlte, profondeur de la surface piézométrique. Une car té t' '
dans les systèmes hydrologiques. Imp0;tant~ est la quantité d'eau contenue dans le sol suscep~~b~~~~~~:
transformée en vapeur C' t l ' .
Alimentation du bassin hydrologique - Précipitations efficaces , . es a reserve en eau facilement utilisable
Dotee ,RFU ou réserve en eau du sol, exprimée en millimètres de hau-
L'étude du bassin de l'Hallue (Somme) permet de préciser le concept teur ~ ~au, (valeur m?yen~e : 100 à 200 mm) )L. Turc, 1978). Cette
d'alimentation du bassin hydrologique (fig. 6). Ce bassin est dit repré- Q~antIte eau est d.epensee par le pouvoir évaporant de l'atmos hère
?
sentatif car les données obtenues dans ce domaine peuvent être extrapo- (evaporatlOn, ?otehtIelle) et l'activité biologique (transPiratiOn)~ soit
lées aux autres unités situées dans les mêmes conditions morphologiques au total par l evapotranspiration potentielle, notée ETP.
et géologiques du bassin de Paris. Il a été créé en 1965, par le Bureau Evapotranspiration réelle
de recherches géologiques et minières, dans le cadre de la Décennie
hydrologique internationale de l'UNESCO. Localisé à 15 km au nord Les pertes d'eau d'un 1 ttei "
si le stock d'eau de la R~U al eignent 1 ~~apotranspiration potentielle
d'Amiens, dans la formation hydrogéologique perméable de la craie
supérieure (Turonien supérieur et Sénonien), d'une superficie de d'insuffisance elles sont limit~~ses~ s~;:n~~:n~~éé~~?~~tfi~.E~e~t:
219 krn ", il est bien délimité. Son équipement en stations climatiques,
postes pluviométriques, stations de jaugeage et piézomètres, permet
d'obtenir des données nombreuses et précises. Elles représentent une
bonne base pour les évaluations des débits d'alimentation et des débits EVAPORATION
EVAPOTRANSPIRATION
d'écoulement (fig. 6). Potentielle paten-
Ce bassin est circonscrit par les lignes de crêtes topographiques. Il t ielle r e e Ile
se superpose au bassin hydrogéologique délimité par les lignes de
j
partage des eaux souterraines sur la carte piézométrique (fig. 3). 1 EP= ETP
La source unique d'alimentation du bassin hydrologique, supposé
1
clos, est procurée par les précipitations efficaces. Elles représentent la
quantité d'eau fournie par les précipitations qui reste disponible, à la
surface du sol, après soustraction des pertes par évapotranspiration
réelle. Cette dernière est liée à l'évapotranspiration potentielle. RÉSERVE EN EAU OU SOL
~TOCK ù'tALi LIGRE

Evapotranspiration potentielle ~:tq~;~::'~~n=~e:~ré~:p~::~


~~~~e~vaporant de l ' atmos_
L'émission de vapeur d'eau, ou évapotranspiration, considérée com-
me une perte par les hydrogéologues, s'effectue dans tous les milieux.
Elle résulte de deux phénomènes, l'un physique l'évaporation, l'autre
Figure 5 - Evaporation, évapotranspirations potentielle et réelle.
14 Principes et méthodes de l'hydrogéologie Ut'lllIU. 1] Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques 15
limite est Yëvapotranspiration réelle, notée ETR. taux d'infiltration est le rapport entre une hauteur d'infiltration
Des expressions empiriques, introduisant les paramètres climatiques, hauteur de précipitation efficace.
ont été établies pour l'évaluation de l'évapotranspiration potentielle L'alimentation spécifique ou module spécifique d'alimentation, est
ou réelle. Les plus utilisées sont celles de L. Turc (1954) et de c.w. ~ quotient des quantités d'eau globales, apportées en moyenne à une
Thornthwaite (1948). Leur application au bassin de l'Hallue a donné tUlPpe,' pendant une durée définie, par l'aire de l'aquifère considéré.
une évapotranspiration réelle moyenne annuelle de 514 mm, soit (;ette alimentation moyenne, par unité de surface, s'exprime en l/s.km 2 .
112 hm' fan (0,514 m x 219 000 000 m 2 ) .
Précipitations efficaces
Les précipitations efficaces, PE, sont égales à la différence entre les
précipitations et l'évapotranspiration réelle, ETR. Dans le bassin de ETR
p r é c ip a t i on s
ef f re ac es
ttt
l'Hallue, avec 740 mm de hauteur de précipitation moyenne annuelle, w PEr-:---,-. ~
soit 162 hm ' fan, les précipitations efficaces moyennes annuelles sont :::> 52 rôle répartiteur du sol

de 52 hm 3 fan.
cr
tS _.
INDEX HYDROGEOLOGIQUE
rivière
précipitations efficaces précipitations -- évapotranspiration réelle . ŒiIiiÇU?, 1lI~'a.. î'!
PE = P ETR (1) 3/
o

z
ur
o
162 112 0:: >
50 hm ' fan C w
rr
Les précipitations efficaces peuvent être calculées directement à > lE surface piezométriqUe ~
c
-c
J: w z

%
partir des paramètres climatiques et de la RFU, par des programmes
~.
~

QWI//
....... ....... .......
-c
20:: o
de calcul automatique. Le calcul automatique des précipitations effi- _W
//
(J)u-
caces, par maille, permet une distribution géographique ayant valeur (J)-
~:///////ij;4~7~
de potentiel d'alimentation. Elle est alors évaluée en débit de surface,
m ' fan.km 2 , par exemple.
<tg.
m<t w;;»;ï~e~~~/t;;~~,~~
Alimentation du bassin hydrogéologique - Infiltration
Partition des précipitations efficaces à la surface du sol
BI LAN
! PE = P-ETR
50 = 162-112 hmïan
or,
52 =
QS+QW
4 + 48

L'eau des précipitations efficaces est répartie, à la surface du sol, :~rel 6. - Composantes du bi~an, exprimées en termes de débits dans le bassin
.~ ra ogique de l'Hallue en hm fan (millions de m 3/an). '
en deux fractions fixes, conventionnelles, inégales (fig. 6) :
!!tdex hydrogéologique
- Le ruissellement, R, qui alimente l'écoulement de surface, QS,
direct, rapide (quelques heures à quelques jours), à la surface du sol. La partition conventionnelle, en ruissellement et en infiltration
Il est collecté par le réseau hydrographique. Dans le bassin hydrolo- est Commode pour l'évaluation de la ressource en eau souterraine renou-
gique de l'Hallue, QS = 4 hm ' fan. velable naturelle (p. 211). Elle est réglée par le pouvoir répartiteur du
- L'infiltration, J, quantité d'eau franchissant la surface du sol. sol, nurnérisë par l'index hydrogéologique (fig. 6). Cet index est régi
par CInq groupes de facteurs:
Elle renouvelle les stocks d'eau souterraine et entretient le débit de
l'écoulement souterrain des sorties après circulation dans les forma- hYd géomo~phologie : pente topographique et morphologie du réseau
tions hydrogéologiques perméables du sous-sol. Soit pour le bassin ro~raphique (hydrogéomorphologie) ;
de l'Hallue, J = 48 hm ' fan. L'écoulement souterrain est lent, différé - ~eologie de subsurface exprimée par la lithologie ;
et de longue durée (quelques années à des centaines de millénaires). - etat de la surface du sol: pédologie, couverture végétale, humidité'
L'infiltration est évaluée en terme de débit. - pro(ondeur de la surface piézométrique ; ,
La hauteur d'infiltration est la quantité d'eau infiltrée à travers la d'e- amena~eme~ts des eaux et des sols : barrages, dérivation de cours
praatiques
~ ' rectI~catIon de lit, drainage des zones inondées urbanisation
surface du sol pendant une durée déterminée. Elle est exprimée en
mm/an. C'est aussi la lame d'eau infiltrée. agncoles, etc. "
16 Principes et méthodes de l'hydrogéologie Chap. 1] Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques 17
<:es actions interfèrent de telle sorte qu'à l'échelle du bassin hydro- s débits d'étiage sont égaux au débit de l'écoulement souterrain des
logique, les deux facteurs déterminants sont la géomorphologie et la uifères. C'est donc le débit total des eaux souterraines dans les
lithostratigraphie. utoires compris dans le bassin hydrologique: sources, surfaces d'eau
La détermination de l'index hydrogéologique est basée sur une re, dépressions fermées et mer.
classification hydrogéologique des formations géologiques. Elle utilise En' équilibre naturel, sur une longue période, il est égal à l'infil-
~es d~nnées recuei.l1ies sur ,des sta.tions d 'essai, des bassins hydrologiques ation pour le bassin hydrogéologique et à l'infiltration efficace pour
Jauges et des baSSInS représentatifs, Cet Index est exprimé en pourcen- aquifère. En terme de système c'est donc le débit des apports, frac-
tage, par le rapport des précipitations efficaces à l'infiltration ou à 'on de l'écoulement total ou des précipitations efficaces qui, après
l'écoulement souterrain. Pour l'Hallue il est de 92 %. oir transité avec modulation dans l'espace considéré, alimente le
L'utilisation de cet index, rapporté à l'année moyenne et à des ébit des écoulements. Il ne doit pas être confondu avec le mouvement
échelles spatiales relativement grandes (millier de krn "), est acceptable e quantités d'eau dans les aquifères ou écoulement de l'eau souter-
pour la .cartographie des débits d'apports, donc de la ressource en eau ine ou flux souterrain qui est étudié par l'hydrodynamique souter-
souterraine renouvelable naturelle. 'ne (p. 95).
L'écoulement total est la somme de l'écoulement souterrain et de
Alimentation de l'aquifère - Infiltration efficace 'écoulement de surface (fig. 6).
L'aquifère est alimenté par l'infiltration efficace, lE (fig. 6). C'est Dans les évaluations de l'alimentation (infiltration et infiltration
la quantité d'eau qui parvient à la surface de la nappe. En effet, au fficace) la priorité doit être donnée à la mesure des écoulements,
c,ours ~.e ~on trajet ,e~tre la surface du sol et la surface de la nappe, quelle apporte la plus grande précision.
1 eau d infiltration SUbIt des pertes par évapotranspiration. ypes d'écoulement
Les types d'écoulement à la sortie des aquifères sont : les sources,
DEBITS DES ECOULEMENTS DES SYSTÈMES HYDROLOGIQUES
es surfaces d'eau libre, les dépressions fermées et la mer.
Il est possible de distinguer, selon leur origine, quatre types de
Débit de l'écoulement total du bassin hydrologique
Sources: émergence, déversement, débordement et artésienne (fig. 7).
La sortie du bassin hydrologique est mesurée, à son exutoire princi- Les aquifères, dans les vallées, sont en relations étroites avec les
pal, par. le débit de l'écoulement total naturel moyen, QT Le terme rivières ou les lacs, lesquels les drainent ou les alimentent.
natu~~l, Implique le fait que le débit des cours d'eau du bassin n'est pas Les exutoires peuvent être des dépressions fermées occupées par
modifié par des interventions humaines. Par simplification il sera des lacs ou sèches dans les zones arides (dépressions endoréïques).
nommé écoulement total. Les débits de l'Hallue mesurés à la station ,Le long du littoral les aquifères affluent vers la mer avec contact eau
~e jaugeage située à l'exutoire à Daours, permettent de calculer un douce / eau salée (p. 61).

_b- .
ecoulement total de 1,66 m ' fs ou de 52 hm 3/an.
En équilibre naturel, sur une longue période, l'écoulement total
est ég~l aux pré~ipitations effi~aces. L'évaluation de celles-ci permet ,'-ç~ "~~~"~b ,rt!J. bV',
donc 1extrapolation des donnees obtenues aux bassins non pourvus "/Y//'Ç~ ~
de station de Jaugeage, caractérisés par des dimensions analogues et
d~s fa~teurs conditionnels de l'écoulement comparables (index hydro- émergence déversement débordement artésienne
géologique). Figure 7 - Principaux types de sources. D'après J. Bodelle et J. Margat (1980).
a, aquifère; b, formation hydrogéologique imperméable.
Débit de l'écoulement souterrain du bassin hydrogéologique et de
l'aquifère
Le débit de l'écoulement souterrain naturel moyen représente les
sorties du bassin hydrogéologique ou de l'aquifère. C'est-à-dire son Concept de bilan d'eau d'un système hydrologique
drainage par les cours d'eau et l'alimentation des sources du bassin Le bilan d'eau d'un système hydrologique est la balance comptable
hydrologique. Il assure le débit des rivières en absence de précipitations. des entrées (recettes) égales au débit moyen des apports et des sorties
18 Principes et méthodes de l'hydrogéologie ):Y\(Chap. 1] Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques

(dépenses) représentées par le débit moyen des écoulements. Il se


réfère à un domaine délimité, le système hydrologique et à une durée .
, --
;0l1tilité du bilan
Le bilan est un moyen de contrôle de la cohérence des données,
moyenne précise. Il est éventuellement tenu compte de la variation du /;,~valuées de manière indépendante, relatives à l'alimentation et aux
stock d'eau ou différence de réserve, assimilable au solde du compte j'\écoulements des systèmes hydrologiques. En aucun cas il ne doit être
du bilan (fig. 6). Les composantes de cette balance, exprimées en ;~;;utilisépour calculer, par différence, l'une des composantes non déter-
débits moyens, respectent dans leur évaluation l'unité d'espace et ';!Jiinée séparément. L'égalité du bilan schématise la séquence hydrody-
l'unité de temps. ')1amique du système considéré (fig. 19, p. 47).
Le bilan présente les données sur les conditions aux limites de flux, '<Dénomination du bilan
j",t>:~
débits entrant et sortant. Celles-ci sont contrôlées et affinées par
simulation lors du calage des modèles mathématiques de simulation
,:1 La dénomination du bilan indique successivement: la durée moyenne
c, e référence, le domaine considéré et l'appellation géographique.
hydrodynamique (tableau 7).
xemples : bilan moyen annuel du bassin hydrologique de l'Hallue,
Domaines d'espace et types de bilans. Données moyennes 'lan moyen annuel de l'aquifère à nappe libre des alluvions de la Crau,
"lan global moyen annuel de la France.
Les méthodes d'établissement des bilans sont adaptées à la grandeur
du domaine d'espace auquel elles s'appliquent, donc à un système 'iltablissement du bilan
,-y~~,;,
hydrologique (tableau 32, p. 208). Les bilans globaux de territoires
i~; Han moyen annuel du bassin hydrologique
plus vastes (région, pays, continent) sont obtenus par sommation de
ceux des systèmes hydrologiques qui les constituent. L'établissement Dans le bassin hydrologique, d'ordre de grandeur de quelques cen-
du bilan, afin d'aboutir à des résultats valables et extrapolables, traite "nes à quelques milliers de km 2 , les apports sont fournis par les
uniquement de données moyennes. écipitations efficaces, PE et les sorties par le débit de l'écoulement
tal, QT.
Présentation du bilan ~;~~xemple : bilan moyen annuel du bassin hydrologique de l'Hallue
Le bilan est présenté sous deux formes: i;..(Somme). Superficie: 219 km 2 . Période 1966-70 (fig. 6).
- tableau des débits des apports et des écoulements, analogue à PE = QT (4)
un relevé de compte bancaire (tableaux 4 à 10). 50 hm 3/an >::::! 52 hm 3/an
- expression de l'équilibre hydrologique traduisant l'égalité, en
L'égalité est respectée, la différence de 2 hm 3/an étant du même
régime naturel, des débits des apports et des débits des écoulements.
ordre de grandeur que la précision des mesures (ordre de 10 à 15 %).
débits des apports = débits des écoulements Sur de courtes périodes il faut tenir compte de la différence de réser-
ve, positive ou négative, ~W.
Cette égalité découle de l'équilibre du cycle de l'eau. Elle schématise Exemple : bilan moyen annuel du bassin hydrologique de la Zorn
le comportement hydrodynamique du système considéré. Pour une (versant oriental des Vosges). Superficie: 682 km 2 . Période: 1959-62.
courte durée d'observations, la différence de réserve, positive ou néga- .D'après G. Grenet (1963).
tive, ~W, doit être prise en compte.
PE = QT + ~W (5)
débits des apports = débits des écoulements ± ~W (2) 373 hm 3 / an = 175 + 92
En régime influencé, c'est-à-dire avec des débits importés, QIM et En présence d'apports, autres que les précipitations efficaces, sur
des prélèvements, QEX, l'expression du bilan devient (tableau 4) : le domaine et de prélèvements augmentant les écoulements; le bilan
est plus complexe (tableau 4).
débits des apports naturels + QIM = débits des écoulements + QEX
(3)
!!Jlan moyen annuel du bassin hydrogéologique
Chaque membre de l'égalité est appelé composante du bi/an. Celle-ci
, Dans ~~ b.assin. hydrogéologique les débits des apports sont représen-
est exprimée exclusivement en termes de débits, m 3/s, multiples de
.'. tes par 1 infiltration , I, fraction des précipitations efficaces et les sorties
m 3/an (tableau 10).
l;~;.
20 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 1 ] Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques 21
par le débit de l'écoulement souterrain, QW. Tableau 6 - Bilan moyen annuel d'un aquifère à nappe semi-captive
Exemple : bilan moyen annuel du bassin hydrogéologique de l'Hallue. dans le système multicouche des sables éocènes et des réservoirs de
1 = QW (6) la base du Tertiaire du bassin d'Aquitaine occidental.
Superficie: 50 000 km 2 . D'après J. Bodelle et 1. Margat (1980).
48 hm 3/an = 48 hm' jan
En m 3/s.
Tableau 4 - Bilan moyen annuel du bassin hydrologique de
2
la plaine de la Mitidja (Algérie). Superficie: 1 300 km .
Débits des apports Débits des écoulements
Période 1945-60. D'après J. Trenous (1962). Données en hm ' jan.
Apports par les bordures 1,9 Emergences, drainage
Débits des apports Débits des écoulements Apports par les fuites par les cours d'eau
265 d'aquifères superposés ou Ecoulement occulte
Précipitations efficaces 248 Prélèvements
570 sous-jacents (drainance) 2,2 vers l'océan 0,5
Cours d'eau entrant 370 Cours d'eau sortant
Fuites à travers le toit
Ruissellement sur les (drainance) 1,45
versants 80
-- -- Prélèvements 1,15
Totaux 698 835
Totaux 4,1 4,1
130 hm ' jan
Bilan moyen annuel de l'aquifère
Dans l'aquifère le débit des apports est l'infiltration efficace, JE. La
sortie est représentée par le débit de l'écoulement souterrain, QW,
souvent augmenté des débits des prélèvements, QEX. Tableau 7 - Bilan annuel de l'aquifère à nappe captive du continental
Exemple : bilan moyen annuel de l'aquifère bicouche du calcaire de intercalaire du Sahara septentrional en m 3 /s. Superficie: 600000 km ".
Beauce. Superficie: 5 966 km ", Période 1955-74. D'après N. Desprez D'après l'UNESCO (1972). Voir figure 68, page
et Cl. Mégnien (1975).
JE = QW + QEX (7) Débits des apports Débits des écoulements
465 hm 3/an = 382 + 83
D'autres exemples sont présentés par les tableaux 5, 6 et 7. I(.;Olmt:)OS,mt1es du bilan 1956 1970 Composantes du bilan 1956 1970
Tableau 5 - Bilan moyen annuel de l'aquifère à nappe libre Atlas saharien 2,03 2,03 Exutoire tunisien 3,58 3,48
2
des alluvions de la Crau (sud de la France). Superficie: 520 km . Tinrhert 0,43 0,43 Foggaras : Gourara 1,80 1,80
3
D'après J. Bodelle et J. Margat (1980). Données en m /s. Lybie 0,49 0,49 Tidikelt 1,94 1,90
Dahar Sud tunisien 1,99 1,99 Percolation verticale
Débits des apports Débits des écoulements Grand Erg occidental 3,55 3,55 Chotts 0,30 0,29
(drainance) El Abiod 0,55 0,55
Infiltration efficace 1,5 Pertes souterraines -- -- -- --
Infiltration de l'eau des dont affluence à la mer 1 Totaux 8,49 8,49 8,17 8,02
irrigations 5,5 Emergences et drains 6 Prélèvements par
Apports des aquifères Prélèvements 1 sondages 0,32 3,05
voisins 1 ----
-- -- Totaux 8,49 Il,07
Totaux 8 8
252 hm 3 jan Prélèvements sur la réserve 2,58
N.B. _Cet exemple montre le cas d'un aquifère fortement alunente par des trrigations. - La baisse des débits des foggaras du Tidikelt et des pertes par
22 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 1] Cycles et bilans de l'eau. Systèmes hydrologiques 23
percolation verticale ainsi que des débits des sources artésiennes et des Tableau 9 - Bilan global moyen annuel des grands domaines du cycle
niveaux piézoinétriques, dans le Sud tunisien, est provoquée par l'ac- de l'eau : continents, océans et globe.
croissement des débits exploités par sondages. D'après les documents publiés depuis 1970 (UNESCO, 1978).
Des évaluations, pour la France, ont été obtenues par sommation des
données de 151 bassins hydrologiques, dont 114 jaugés (tableau 8)
(G. Castany, 1979). Volumes d'eau en milliers de km '
CONTINENTS Baumgartner Monographie Lvovich
Bilan global moyen annuel d'une grande région 1975 soviétique,1978 1974
Le bilan global moyen annuel d'une grande région ou d'un pays, P ET QT P ET QT P ET QT
d'ordre de grandeur de centaines de milliers de km", est obtenu par
la somme des bilans des bassins hydrologiques qui le constituent. .,t;urope 6,6 3,8 2,8 8,3 5,3 3,0 7,2 4,1 3,1
Asie 30,7 18,5 12,2 32,2 18,1 14,1 132,7 19,5 13,2
Mrique 20,7 17,3 3,4 22,3 17,7 4,6 20,8 16,6 4,2
Tableau 8 - Bilan global moyen annuel de la France C;~ustralie 7,1 4,7 2,4 7,1 5,6 2,5 6,4 4,4 2,0
Superficie: 551 000 km 2 . Données en km 3/an. >~érique du Nord 15,6 9,7 5,9 18,3 10,1 8,2 13,9 7,9 6,0
D'après J. Bodelle et J. Margat (1980) \~mérique du Sud 28,0 16,9 Il ,1 28,4 16,2 12,2 129,4 19,0 10,4
tlntarctique 2,4 0,4 2,0 2,3 2,3 -
'''',;1

~alPOUrles
° - -
Débits des apports Débits des écoulements ntinents III 71 40 119 72 47 113 72 41
année année année année ;cf)CEANS
Composantes Composantes ' ' >'.,'' .':~ 385 425 -40 458 505 -47 :H2 453 -41
moy. sèche moy. sèche
,~itONDE 496 496
Précipitations
efficaces 170 110
Ecoulement total 180 120 ° 577 577
° ~25 525
°
Ecoulement importé ~.B. - P, précipitations; ET, évaporation ou évapotranspiration poten-
(Rhône) 10 10 Ille; QT, écoulement total naturel moyen.
----
Totaux 180 120 •~ ~hiffres de Lvovich ont été surestimés afin d'inclure l'Antarctique.
.~ SIgne - apparaît dans le QT des océans car c'est un apport extérieur
.!1 domaine de référence de l'établissement du bilan dont l'équation
,téquilibre s'écrit: P =E - QT.
Année moyenne: PE =P - ETR = 440 - 270 = 170 km 3/an
Année sèche: PE =P - ETR = 330 - 220 = 110 km ' lan

I2NCLUSIONS - INTERDEPENDANCE DES SYSTÈMES


~I DROLOGIQUES

Bilan global moyen annuel des grands domaines


Le bilan global moyen annuel des grands domaines est établi essen-
icLe.oulent,
c-
domai~e unit~ire du cycle de l'eau et des évaluations qui en
bilans, reserves et ressources en eau, est le bassin hydro-
tiellement pour des buts scientifiques. Il correspond, soit au cycle qUe. Le volume d'eau stocké ou en circulation, constitue une unité
global, soit à chacun des cycles de deuxième ordre, continental ou doub!e point .de vue quantitatif et qualitatif. La partition en systèmes
océanique (p. 6). Les données obtenues diffèrent selon les auteurs. S petits, bassin hydrogéologique et aquifère, purement convention-
Les plus récentes sont données dans le tableau 9. le, ne doit pas faire oublier cette unicité. Les intercommunications
24
Principes et méthodes de l'hydrogéologie

Tableau 10 - Composantes des bilans. Données moyennes


exprimées en termes de débits. Pour la clarté du texte,
les dénominations ont été abrégées.

Débits des apports Débits des pertes et écoulements


Chapitre 2
BASSIN HYDROLOGIQUE Identification géologique
Précipitations P Evapotranspiration potentielle ETP
PE Evapotranspiration réelle ETR de l'aquifère
Précipitations efficaces
Ecoulement total QT
BASSIN
HYDROGEOLOGIQUE
QW La géologie, moyen d'étude de l'eau souterraine, est
Débit d'alimentation QA Ecoulement souterrain la base fondamentale de l'hydrogéologie.
Infiltration J Prélèvements QEX
La géologie identifie des formations lithostratigraphi-
AQUIFERE ques par les caractéristiques des matériaux et la structure
Infiltration efficace JE du sous-sol. Celles-ci déterminent, complétées par des
informations sur l'eau souterraine, les formations
Différence de réserve i:,W hydrogéologiques.
Les formations hydrogéologiques perméables consti-
entre les systèmes hydrologiques, embo.îtés, sont, sc?ématis~~ par les tuent les gisements d'eau souterraine ou aquifères,
bilans. Un exemple typique de ces relations est decnt avec 1 etude du dont elles identifient la configuration et la structure
système global aquifère/rivière (p. 59). du réservoir.
La localisation en profondeur et l'extension géogra-
phique des aquifères ou zones hydrogéologiques, sont
étroitement liées à celles des formations hydrogéolo-
giques.
Les caractéristiques géochimiques des réservoirs agis-
sent sur la qualité de l'eau souterraine.
L'identification d'un aquifère repose sur trois critères: géologiques,
l1yclrodynalmiclut:s et hydrochimiques. L'alimentation, le stockage et
coulement de l'eau souterraine sont imposés, en premier lieu, par
géologie, base fondamentale de l'hydrogéologie. La géologie identifie,
des études stratigraphiques et structurales, des formations lithostra-
raphiques.
Un aquifère est un système hydrologique (p. 7). Il est donc iden-
é, tout d'abord, par un domaine d'espace souterrain fini et continu,
elé réservoir. Le réservoir est caractérisé par trois ensembles de
nées:
- sa configuration ou enveloppe, décrivant son contour, ses dimen-
ns (volume) et la nature de ses limites géologiques;
Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 2] Identification géologique de l'aquifère 27
26
La morphologie des surfaces limites est représentée par des cartes
_ sa localisation dans le sous-sol par l'altitude et la profondeur des structurales en co~rbes isohypses (égale altitude) et l'épaisseur par des
limites géologiques; cartes en courbes isopaches (égale épaisseur). Elles sont décrites page
_ sa structure ou anatomie, déterminée par la lithologie et l'analyse 171.
structurale. Elle est identifiée par les caractéristiques physiques (pétro-
Localisation dans le sous-sol
logie, granulométrie, faciès, etc.), géochimiques (sels solubles) et struc-
turales (déformations, fissuration) des matériaux qui constituent le La géologie stratigraphique et structurale d'un bassin sédimentaire
réservoir. localise, à différentes échelles, les formations lithostratigraphiques
Les caractéristiques géologiques ont varié dans le temps. Leur étude dans le sous-sol. Exemples, dans l'ordre de grandeur décroissant: bassin
porte donc sur leur genèse et leur distribution dans l'espace (variabi- sédimentair~ ~u Sahara s.eptentrional (fig. Il et 12) et de Paris (fig. 13
et 14), Tertiaire du bassin de Paris et calcaire de Champigny (fig. 17).
lité spatiale).
Il en résulte que l'étude hydrogéologique, dont le but essentiel est Structure du réservoir
l'identification des aquifères, débute par celle des réservoirs. , La pétrologie , la sédimentologie, l'analyse structurale et la géochimie,
d~ter~m~nt les caractéristiques physiques et chimiques du réservoir.
FORMATIONS LITHOSTRATIGRAPHIQUES ET C est-a-dI~e ~a struc:ture.,Une importance particulière est apportée à la
HYDROGEOLOGIQUES granulometne et a la fissuration. La distribution des données dans
La configuration et la structure des réservoirs sont imposées par l'espace est exprimée par des coupes et des cartes structurales (fig. 12
les formations lithostratigraphiques , lesquelles déterminent les forma- et 14~. Ces documents sont utilisés comme trame de l'interpolation des
tions et les structures hydrogéologiques. Celles-ci sont la base de l'iden- do~n~es ponctuelles sur les paramètres hydrodynamiques et hydro-

tification géologique des aquifères. chimiques. Exemples : cartes des zones de granulométrie du réservoir
.d'alluvions de l'aquifère à nappe libre du Val de Seine (Cl. Mégnien,
1979) et carte des faciès du réservoir du calcaire de Champigny (fig. 16).
Identification des formations lithostratigraphiques
Une formation lithostratigraphique est constituée par un corps de
terrain de nature pétrographique homogène : sable, calcaire, grès, Identification des formations hydrogéologiques et des aquifères
granit, argile, gypse, etc. Elle est désignée par le nom de la région (ou Dans le but de progresser dans l'identification des aquifères, le
de la localité) où elle a été observée et décrite ou par un terme d'étage.
Exemples: calcaire de Champigny, alluvions de la Crau, sables albiens ~J: :~;~~é g:~;oJ~~u~on~eée:~:al~~~~s s~~~~~~~~~r~~h~i~e~~ c~~~t_ciê~:~
du bassin de Paris, etc. ':~,. toujours présente quelles que soient la nature des matériaux et la
Elle est identifiée par trois ensembles de données fixes : surfaces ~jt;;p:ofon.deur de gisement. L'ensemble des données géologiques, hydro-
limites, localisation dans le sous-sol et structure. ~l;g~ologIqueset hydrochimiques identifie une formation hydrogéolo-
Surfaces limites du réservoir
" gtque (hydrogeologie unit des auteurs anglo-saxons).
Les surfaces limites du réservoir, inférieure ou substratum, supérieure
ou toit et latérales (affleurements, passage latéral de faciès, failles)
;1~,: Phi~~~ ~~7e~:o~~~:~~~~~o~~~~~ ~~~ ~~:tf~::~~~~l~;t~?s~~~~;g~~
/f stockage et de l'écoulement de l'eau souterraine. Trois ordres de gran-
identifient les conditions aux limites géologiques. Ces limites fixes ne deurs sont à considérer:
correspondent pas nécessairement avec celles des subdivisions chrono-
- une formation hydrogéologique identifiant un aquifère, un toit
logiques basées sur la datation géologique ou unités chronostratigra-
o~ un. substratum ou un semi-perméable. Exemples: formation hydro-
phiques (étages, sous-étages, zones, etc.). La formation lithostrati-
. . A!~e,ologIq~e perméable des alluvions de la Crau (fig. 28), du continental
graphique est attribuée en totalité ou en partie, à cette unité, voire à
!"l~terca~aIre du, Sahara septentrional (fig. 12), formation hydrogéolo-
plusieurs d'entre elles. Exemples : le calcaire de Champigny (fig. 17)
8l~ue Impermeable des argiles du Gault et des marnes de Brienne
et la craie supérieure englobant les étages du Turonien moyen et supé-
.tOIt de l'aquifère multicouche des sables albiens du bassin de Paris
rieur et du Sénonien(Crétacé supérieur). Les données numériques sont . fig. 15).
la superficie et l'épaisseur permettant le calcul du volume du réservoir.
28 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 2] Identification géologique de l'aquifère 29
Formations hydrogéologiques imperméables imposant les limites
_ la combinaison de formations hY,drogéolo~iques perméables e~
~ologiques des aquifères
semi-perméables, identifiant un aquifère multl~ouche. ~xempl~s, .
aquifère multicouche des sables ~lbien~ du bassin de Pans, aquifère Les vitesses d'écoulement de l'eau souterraine, dans certains maté-
multicouche du calcaire de ChampIgny (fIg. 17). " .riaux, sont très faibles, pratiquement non mesurables (quelques mil-
_ la combinaison de nombreuses formations hydroge?logiques, .limètres par an). Qualifiés d'imperméables ils constituent les formations
constituant une structure hydrogéologique. Exemples : bassins h;dr?- hydrogéologiques imperméables imposant les limites géologiques des
géologiques du Sahara septentrional et de Paris, Tertaire du assm }lquifères. Les grandes quantités d'eau qu'elles renferment ne peuvent
être exploitées. Ce sont les silts, les argiles, les marnes, les schistes,
de P a r i s . . . h d 'logique te.
La caractéristique essentielle d'une ïormanon Y rogeo, .
est son degré de perméabilité. La perméabilité, aptitude d'un rese.rvolf ormations hydrogéologiques semi-perméables à l'origine de l'aquifère
à conduire l'écoulement de l'eau, dans des conditions h~drodynar~uques ulticouche
imposées, permet un classement en trois grandes catégones: permeables, Certains matériaux, comme les sables très fins, les sables argileux, de
imperméables et semi-perméables (fig. 8). . ès faible perméabilité permettent, dans des conditions hydrodyna-
Formations hYdr6g~ues perméables, gisements d'eau souterrame, iques favorables, les échanges verticaux ascendants ou descendants
origines des aquifères. , . tre aquifères superposés, par un phénomène naturel appelé la drai-
Les matériaux ayant la propriété de se laisser t.ra.verser Pa: 1 eau a ce (anglais: leakage). Ils constituent les formations hydrogéologiques
des vitesses appréciables (quelques mètres à des milliers de metres par mi-perméables (fig. 8). Les échanges d'eau peuvent atteindre des
an), sous l'impulsion de différences d'alti~udes o~ pente de la ~appe antités importantes à l'échelle d'un bassin hydrogéologique compte-
appelés gradients (p. 96), sont dits permeables (fig ..8). Ils con~tItu~n~ nu des surfaces (milliers de km 2 ) et des durées (siècles, millénaires)
les formations hydrogéologiques perméables, ongme exclus.Ive le ableau 6, p. 21). Une structure hydrogéologique, constituée d'une
gisements d'eau souterraine ou aquifères. Ce .sont .' les, graviers, es ternance de formations hydrogéologiques perméables et semi-permé-
alluvions, les sables gros et moyens, les calcaires fissurés, les roches les identifie un aquifère multicouche (Ex. : aquifère multicouche
calcaire de Champigny, tableau Il et figure 17).
volcaniques fissurées, etc.
nclusions. Bassin hydrogéologique
Contrairement à l'opinion courante les formations hydrogéologiques,
® tes imperméables, ne sont pas étanches. Elles constituent rarement des
CD ® rans isolant les aquifères. La frontière entre la perméabilité et l'im-
eau eau erméabilité est imprécise, le passage d'une propriété à l'autre étant
eau
ntinu avec des matériaux intermédiaires dits semi-perméables (tableau
-'=
Ul
7, p. 105). Des études récentes ont montré que les formations hydro-
.:"
œ ~ ologiques imperméables sont rares. Il en résulte que les aquifères
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'un bassin sédimentaire constituent un complexe unique, le bassin
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en Ul
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drogéologique où les circulations verticales sont importantes et
uvent prédominantes sur les écoulements latéraux (fig. 66, p. 124).
fi exemple sera décrit avec le bassin de Paris (p. 123).
IE C O U L E M E N T
conditIons
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protlquement
mesurable hydrodynamiques nul
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~RMATION HYDROGEOL01GIQUE
perméab le 1 semi perm. Imperm.
UX SOUTERRAINES DES BASSINS SEDIMENTAIRES
Les formations hydrogéologiques perméables ou les structures
drogéologiques, dans les bassins sédimentaires déterminent la loca-
. . . h d géologiques peuvent être
Figure 8 - Trois grandes categ(;mes de .for~~tlOnls Y {Ode l'eau ou perméabilité. tion en profondeur et l'extension géographique des aquifères.
distinguées par leur aptitude a conduire 1 ecou ernen
30 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 2] Identification géologique de l'aquifère 31
Localisation en profondeur des aquifères limitée en profondeur par des contraintes économiques et de qualité
Colonne hydrogéologique de l'eau.
La localisation en profondeur des aquifères est déterminée par la Les, co.ntraintes économiques portent sur le coût des sondages et de
succession verticale en alternance des formations hydrogéologiques le~r .equipement, .lequel croît rapidement avec la profondeur. Les
perméables, imperméables et semi-perméables (fig. 9). La représentation depenses .de fonctI~nneJ?ent, ~rovenant essentiellement du pompage,
graphique des formations, recoupées successivement par un sondage s~nt sensIb,lement identiques a celles des aquifères peu profonds, le
ou reconstituée par les études géologiques, accompagnée d'informations niveau de.l eau dans le captage se stabilisant au voisinage de la surface
sur l'eau souterraine, est la colonne hvdrogéologique (fig. la). Ce docu- du sol, voire au-dessus (p. 50).
ment doit obligatoirement accompagner toute étude hydrogéologique
régionale. Il figure essentiellement : la lithologie des formations (faciès,
granulométrie, fissuration), leur localisation en profondeur, les niveaux .n
w
Pormaticns 1 itho_ F"lgures Formations

stratigraphiques 1 i tholog iques hy drogéolog i q oe e


piézométriques, les paramètres hydrodynamiques (emmagasinement, "
-c
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perméabilité, transmissivité) et les caractéristiques géochimiques des z
'0 - - - niveaux p i è z cmé-.

roches réservoirs et de l'eau. ,<z 60 ,50


_ - _ - _ - triques ascendents

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perméable grès fissurés

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Firre 10 - Colonne hrdro~~ologique du Crétacé inférieur du bassin de Paris Locali-
Figure 9 - La localisation des aquifères, en profondeur, est imposée par la succession sa ion et structure de l aquifère multicouche des sables albiens.
des formations lithostratigraphiques, identifiant le type de formation hydrogéo-
logique.
l , aquifère à nappe libre (premier aquifère) ; 2 et 3, aquifères à nappe captive; La qualité de l'eau souterraine se dégrade en profondeur par augmen-
4, aquifère multicouche. tation de la minéralisation. Par exemple dans le bassin de Paris les eaux
profondes (aquifères du Jurassique) présentent des teneurs en sels
Limitation en profondeur des aquifères dissous (résidu sec) élevés. Au sondage pétrolier de Chailly-en-Brière,
leurs résidus secs augmentent successivement à 8 500 mg/I, dans le
Toutes les formations hydrogéologiques perméables d'un bassin Jurassique supérieur à 9 000 mg/I (1 690 m) et à Il 000 mg/l (1 710 m)
sédimentaire renferment des nappes d'eau souterraine. Toutefois leur dans le Jurassique moyen. Il atteint 10000 mg/I à Nangis (l 900 m)
exploitation, pour l'approvisionnement des divers utilisateurs, est 18 000 mg/I à Perthes (1 815 rn), 29 000 mg/I à Coulommes (1 890 m):
32 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 2] Identification géologique de l'aquifère 33
Quant aux eaux plus profondes leur teneur en sels dissous dépasse de l'eau souterraine, délimitent des zones hydrogéologiques (p. 123).
celle de l'eau de mer (moyenne de 35 000 rng/I) avec 80 000 mg/I Un exemple est donné par la zone hydrogéologique de la Brie (fig. 16).
à Nangis (2 265 rn), puis 90 000 mg/l (2320 m). A Château-Landon Détermination du volume utile du réservoir
elle croît à 110 000 mg/I à 2 240 m.
Il faut signaler également une modification physique réduisant la Le volume utile du réservoir, base de toutes les estimations, est
perméabilité par compression. Par exemple la formation hydrogéolo- déterminé par deux caractéristiques (Exemples : aquifère du continental
gique de la craie supérieure, aquifère dans les zones d'affleurements, intercalaire du Sahara septentrional, page 62 et aquifère multicouche du
devient peu productive vers le centre du bassin de Paris, sous recou- calcaire de Champigny, page 41) :
vrement tertiaire, les fissures favorisant l'écoulement de l'eau étant - L'épaisseur utile obtenue par sommation de celles des formations
closes (fig. 15). hydrogéologiques perméables, identifiées par l'interprétation des don-
Il résulte de ces faits que dans la région parisienne les captages d'eau nées de sondages présentées sur la colonne hydrogéologique (échantil-
souterraine sont limités aux huit premiers aquifères, vers 800 m de lons et diagraphies). Une teneur limite en argiles est fixée, 50 % par
profondeur. Dans certains bassins hydrogéologiques, plus favorables, exemple.
comme le Sahara septentrional, les sondages atteignent de plus grandes - La teneur limite tolérée en sels dissous de l'eau souterraine, 6 g/l ou
profondeurs avec 1 500 à 2 000 m. eaux séléniteuses par exemple.
Intérêt des aquifères profonds pour la géothermie basse énergie
Actuellement les aquifères profonds présentent un intérêt économi-
que par la présence d'eaux chaudes (60° C et plus) exploitables comme CAS CONCRETS D'IDENTIFICATION GEOLOGIQUE DES
source d'énergie géothermique basse énergie. L'élévation de la tempé- AQUIFÈRES
rature de l'eau est provoquée par l'échauffement des réservoirs dû
au gradient géothermique. Ce dernier, en moyenne de 1°C par tranche L'exposé précédent est illustré et précisé par la description de trois
de 30 m, caractérise l'augmentation de la température du sous-sol en cas concrets : les bassins hydrogéologiques du Sahara septentrional et
relation avec la profondeur. de Paris et l'aquifère multicouche du calcaire de Champigny.
Structure hydrogéologique du bassin sédimentaire du Sahara septen-
trional (Algérie-Tunisie)
Extension géographique des aquifères. Zones hydrogéologiques
Le Sahara septentrional est un des plus grands déserts du Monde.
L'extension géographique des aquifères est liée étroitement à celle Le bassin sédimentaire constitue un vaste bassin hydrogéologique d'une
des formations hydrogéologiques perméables. Un exemple est donné :&uperficie de 780 000 km", avec un maximum d'épaisseur de 4 000 à
par le bassin de Paris (fig. 13). Un aquifère est identifié géographique- i$ 000 m. L'hydrogéologie est bien connue par les études de synthèse
ment par une fraction, la totalité ou plusieurs formations hydrogéo- entreprises par l'UNESCO (1972).
logiques (p. 27). D'où l'importance de/ l'étude géologique détaillée
par toutes les méthodes modernes de la lithologie, de la sédimentologie, imites du bassin hydrogéologique
de la paléogéographie et de la géologie structurale. Les identifications Le bassin hydrogéologique est limité (fig. Il) :
dans l'espace sont obtenues par la synthèse des colonnes hydrogéolo-
- Au Nord par les piémonts de l'Atlas saharien. La limite est souvent
giques et de l'étude des affleurements, appuyées sur les prospections
Onstituée par une grande zone de fractures majeures, l'accident sud-
géophysiques.
atlasique, bien marqué dans le Sud tunisien.
Les caractéristiques géochimiques du réservoir (sels solubles) inter-
viennent dans la composition chimique de l'eau souterraine, déterminant - A l'Ouest par une dorsale subméridienne, Oued Saoura-Reggane.
leur qualité (fig. 16). Parfois la détérioration de la qualité de l'eau - Au Sud par un alignement, est-ouest, de plateaux (Hammadas)
limite, pour l'évaluation de la ressource, l'extension latérale de l'aqui- ,du Tinrhert et du Tademaït.
fère. Il est alors nécessaire de tenir compte du volume utile du réservoir. - Au N.-E., dans le sud tunisien, par la région de Gabès et les reliefs
Extension géographique des formations hydrogéologiques perméables, rétacés du Dahar. Par contre la limite politique orientale avec la Lybie
caractéristiques géochimiques du réservoir et régime de l'écoulement est purement conventionnelle.
34 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 2] Identification géologique de l'aquifère 35
Sous-bassins hydrogéologiques
Grandes formations hydrogéologiques et aquifères
Les caractéristiques morphologiques, avec les grandes dépressions
fermées des chotts (bassins endoréïques) et structurales, permettent La série sédimentaire débute par les formations marines paléozoïques
de distinguer trois sous-bassins hydrogéologiques. Ils sont délimités par renfermant de l'eau salée et des gisements de pétrole et de gaz, lesquelles
une dorsale subméridienne, Ghardaia-El Goléa-In Salah et la région se terminent par l'orogénèse hercynienne. Elles sont surmontées, en
côtière du golfe de Gabès (fig. 11). discordance sur plus de 2 000 mètres, par les formations lithostrati-
graphiques du Secondaire et du Tertiaire (fig. 12). Le Quaternaire est
essentiellement constitué de sables dunaires pouvant atteindre plusieurs
centaines de mètres d'épaisseur.
La structure générale est celle d'un grand bassin sédimentaire avec
des pendages en général faibles. La série est accidentée de grandes
failles subverticales qui affectent toute son épaisseur. Les plus impor-
tantes sont la zone de fracture sud-atlasique, au N.-E. et la dorsale
d'Amguid El Abiod au centre du sous-bassin oriental.

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'00 200 3 0 400 km

Figure Il - Aquifères du bassin hydrogéologique du Sahara septentrional. Cadre


général de l'aquifère à nappe captive du continental intercalaire (C.L). D'après
UNESCO (1972). iaure 12 - Coupe hydrogéologique schématique du bassin hydrogéologique du Sa-
l, affleurements de la formation hydrogéologique perméable du C.L ; 2, affleure- a septentrional. D'après UNESCO (1972). L'échelle des longueurs est deux cent
ments du C.L sous les sables du Grand Erg occidental (alimentation par drainance celle des profondeurs. La formation hydrogéologique perméable du continental
descendante) ; 3, zone d'émergence des foggaras ; 4, limite du bassin hydrologique; ercalaire (C.L), identifiant un aquifère à nappe captive, est figurée en hachures.
5, limite du bassin hydrologique ; 6, ligne de partage des eaux souterraines ; 7, • formation hydrogéologique imperméable du Miopliocène ; Ss, en pointillé,
grands axes de flux de l'écoulement de l'eau souterraine; AB, trace de la coupe fig. rm~tion hydrogéologique perméable carbonatée du complexe terminal (Sénonien
12. péneur) ; T, formation hydrogéologique perméable dolomitique du Turonien à
'AJ1a~pe d'eau salée ; Ci, formation hydrogéologique imperméable du Cénomanien
argileux ; J, Jurassique indéterminé. Noter les failles subverticales d'El Abiod.
- sous-bassin hydrogéologique occidental, de 280 000 km ", drainé
vers le Sud et recouvert partiellement par le Grand Erg occidental; Seule la série supérieure renferme des eaux souterraines de qualité
- sous-bassin hydrogéologique oriental, le plus étendu avec 500 000 tilisable. Les nappes profondes présentent des eaux salées. Elle est
km ", drainé vers le N.-E. (dépression des grands chotts) et occupé en e<>nstituée d'une alternance de sables, grès, sables argileux et, calcaires
grande partie par le Grand Erg oriental; Ou dolomies, d'argiles et d'évaporites (sel gemme, gypse). Trois grandes
- sous-bassin hydrogéologique de la Djeffara à l'Est dans la zone formations hydrogéologiques perméables sont identifiées (fig. 12) :
côtière du golfe de Gabès. -le continental intercalaire, à la base, formation la plus étendue
36 Principes et méthodes de l'hydrogéologie hap. 2] Identification géologique de l'aquifère 37
avec des matériaux meubles sablo-gréseux et argilo-sableux. D'âge N
crétacé inférieur, elle peut comprendre des séries plus anciennes du
Jurassique et du Trias;
- le complexe terminal, au sommet, avec dépôts sablo-gréseux du
Crétacé supérieur au Miocène;
1
~ la structure hydrogéologique de la Djeffara, au N.-E., dans le sud
tunisien, avec la région de Gabès et l'île de Djerba. Elle est constituée
d'un ensemble complexe de formations hydrogéologiques, dont les
réservoirs sont des passages latéraux de faciès des deux unités précé-
dentes.
Ces trois formations hydrogéologiques, avec leurs vastes réservoirs,
identifient trois grands aquifères.
~ aquifère à nappe captive ou localement libre, profond, du conti-
nental intercalaire, à la base. Il couvre toute la surface du bassin et
assure la liaison hydrodynamique entre les sous-systèmes. Dans le 5
4 [[[[]]JI} 9
sous-bassin occidental les interconnections, au sommet, ont conduit
à y incorporer l'aquifère du complexe terminal; 3 1 18
- aquifère à nappe libre ou localement captive, du complexe termi- 2 ~ 7
nal, subdivisé en trois sous-systèmes correspondant aux trois sous- 1 1 6
1
bassins hydrogéologiques, oriental, occidental et côtier;
- aquifère de la Djeffara, localisé au N.-E. dans la zone littorale du
golfe de Gabès. C'est l'exutoire principal des eaux souterraines du re 13 - Carte schématique des affleurements des formations hydrogéologiques
éables des aquifères du bassin de Paris.
sous-bassin hydrogéologique oriental. aquifère des grès du Trias (a, à nappe libre; b, à nappe captive) ; 2, aquifères du
; 3, aquifère multicouche du Jurassique moyen et supérieur; 4, aquifère multi-
Structure hydrogéologique du bassin sédimentaire de Paris che du Néocomien ; S, aquifère multicouche des sables albiens ; 6, aquifère de
craie supérieure (Turonien-Sénonien) ; 7, aquifère multicouche des sables du
La structure hydrogéologique du bassin de Paris est plus complexe ssonnais ; 8, aquifère multicouche du calcaire de Champigny; 9, aquifère multi-
que celle du Sahara septentrional. D'une superficie de 140 000 km ", che du calcaire de Beauce.
avec ses prolongements en Belgique et dans le bassin de Londres, c'est
un des plus vastes bassins hydrogéologiques d'Europe occidentale
(fig. 13). Le bassin hydrologique de la Seine en occupe la majeure partie. ulommes, compte de nombreuses formations lithostratigraphiques
Son hydrogéologie est bien connue depuis les travaux de P. Lemoine, erposées, du Trias au Miocène supérieur. Portées sur une coupe
R. Humery et R. Soyer (1939), G. Castany et Cl. Mégnien (1974), logique transversale, NW-SE, elles se présentent en «pile d'assiettes»
Cl. Mégnien (1979). uses, déformées par les plissements et cassées par les accidents
toniques (fig. 14). Les variations latérales de faciès fréquentes, les
Limites du bassin hydrogéologique unes et biseaux stratigraphiques, réduisent leur nombre à une qua-
Le bassin hydrogéologique est limité par les massifs cristallins anciens laine de formations hydrogéologiques (G. Castany et Cl. Mégnien,
des Ardennes au N.-E., des Vosges à l'Est, du Morvan-Massif central au 9). Mais les formations hydrogéologiques semi-perméables, assurant
Sud et du Massif armoricain à l'Ouest. La Manche, mince cicatrice s intercommunications par drainance, identifient six aquifères multi-
superficielle, ne constitue pas une limite hydrodynamique pour les uches et quatre monocouches. Soit au total un nombre d'aquifères
aquifères profonds (fig. 13). ité à dix (fig. 15).
La disposition des affleurements, schématiquement en auréoles
Structure, formations hydrogéologiques et aquifères centriques, des formations hydrogéologiques perméables et des
La série sédimentaire, puissante de plus de 3 000 m au centre vers ctures hydrogéologiques, triasiques, jurassiques et crétacées, autour
38 Principes et méthodes de l'hydrogéologie ap· 2] Identification géologique de l'aquifère 39

= ne zone centrale tertiaire d'une superficie de 25000 krn/', impose


w . grandes zones hydrogéologiques (fig. 15 et 16). Leur superficie
~C1l W [nue, de la périphérie vers Paris, avec leur élévation dans la sucees-
!Il-
e:: !Il
1 stratigraphique, de 90000 km 2 pour l'Albien à 10000 pour le
!Il
aire de Beauce.
Le plongement des formations hydrogéologiques perméables, avec
faibles pendages, vers le centre du bassin et leur recouvrement
cesif, ont des conséquences sur le régime des eaux souterraines.

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1
1
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rogeologlque du calcaire de Champigny. D'après Cl. Mégnien (1970).
aut.: la lithologie de la formation lithostratigraphique impose la qualité de l'eau
rraine. Les eaux carbonatées sont localisées dans le faciès calcaire en Brie les
1'7~léniteuses dans le faciès gypseux au nord de la Marne. A-B, trace de la co~pe
bas. : bloc diagramme schématique représentant, sous la Brie, la succession des
Figure 14 - Coupe géologique schématiqu~ d~ ?assin sédiment.aire de Pari~. Fo~ma­ at:ons hydrogéologiques, identifiant l'aquifère multicouche du calcaire de
tions lithostratigraphiques. Noter la contu."lUlte de l~ forma!l<:m hydr?geolopqu~ PIgny . Noter l'apparition des gypses, à gauche. Les numéros correspondent à
imperméable du Gault et des marnes de Bnenne (Albien supeneur), toit de 1aqui- d u tableau Il.
fère multicouche des sables albiens (voir fig. 10).
uction de l'ouverture des fissures de certains réservoirs carbonatés:
Figure 15 - Coupe hydrogéologique schématique du ~assin ~ydrogéolo.giquede Paris. le supérieure. Augmentation de la minéralisation : grès du Trias et
La présence de formations hydrogéologiques ~eml-1?ermeabl~s lUlI;lte le nombre aires du Jurassique moyen et supérieur. L'exploitation des eaux
d'aquifères par comparaison a celui des formations lithostrat1g!aphlque~.. Noter la terraines, pour l'approvisionnement, est ainsi limité à une faible
limitation des aquifères carbonatés du Jurassique et de la craie au voisinage des
affleurements. ance des affleurements pour les réservoirs carbonatés et à une
hap. 2] Identification géologique de l'aquifère 41
40 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
surface qu'ils alimentent en général, ils constituent des systèmes
profondeur maximum d'un millier de mètres pour les sables dans la obaux aquifère / rivière. Leur structure est souvent compartimentée
région parisienne. L'aquifère multicouche des sables néocom~en­ tg. 29, p. 60).
barrémiens est le plus profond atteint par les captages. Toutefois le
développement récent de la géothermie basse énergie (60-S00C) donne Les trois aquifères multicouches des formations du Tertiaire, loca-
un nouvel intérêt aux aquifères plus profonds. es dans le centre du bassin, en Ile de France, constituent un ensemble
drogéologique cohérent sur 21 500 km": Il a fait l'objet d'une
Grands aquifères multicouches et zones hydrogéologiques nthèse par Cl. Mégnien (1979).
Les formations et les structures hydrogéologiques identifient respec-
tivement, quatre aquifères monocouches et six aquifères multicouches. uifère multicouche du calcaire de Champigny, en Brie
Les aquifères en réservoir de roches compactes ne sont exploitables Un cas concret de combinaison de formations hydrogéologiques
qu'en zone d'affleurement et à quelques kilomètres. C'est également ur constituer un aquifère est présenté par l'aquifère multicouche
le cas de la craie supérieure dont les fissures sont obstruées sous cou- icouche) du calcaire de Champigny, de i'Eocène supérieur, de la zone
verture. Il en résulte que l'exploitation de chacun des dix aquifères .drogéologique de la Brie (Cl. Mégnien, 1979). C'est la principale
n'est possible que dans une zone hydrogéologique déterminée (fig. 13). source en eau souterraine de cette riche région agricole, vaste plateau
- Aquifère du Trias. Zone hydrogéologique de Lorrain~. Grès d~ 4000 km 2 de superficie, entre les vallées de la Marne au Nord et à
Trias inférieur du N.-E. de la Lorraine à nappe libre ou captIve. Calcai- st et de la Seine au Sud (fig. 16).
res du Muschelkalk supérieur avec les eaux minérales du bassin de nfiguration de l'aquifère bicouche
Contrexéville. La limite supérieure, toit de l'aquifère bicouche, est constituée par
- Aquifères du Lias. Zones hydrogéologiques de Basse-Bourgogne- formation hydrogéologique imperméable continue des marnes vertes
Barrois, de Lorraine et de Basse-Normandie. pra-gypseuses, épaisses d'une dizaine de mètres avec un maximum
- Aquifère multicouche, calcaire fissuré karstique à nappe supérieure . 23 m au N.-W. (tableau Il et fig. 17).
libre du Jurassique moyen et supérieur. Zones hydrogéologiques du
Berry, de Basse-Bourgogne, de Lorraine et de Basse-Normandie. C

- Aquifère multicouche des sables néocomiens et barrémiens (Cré- L


o w .n
:;; o c;
tacé inférieur). Zones hydrogéologiques de la région parisienne. Sa .>
ru co
-, UJ
profondeur atteint 1 000 m sous la Brie et SOO m à la verticale de
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Paris. <ï
w
- Aquifère multicouche des sables albiens. Zone hydrogéologique CI,

couvrant 90 000 km 2 .
- Aquifère à nappe libre de la craie supérieure (Turonien et Sé-
nonien). Zones hydrogéologiques du Sénonais, de Champagne, de
Picardie-Normandie, du Nord de la France. La superficie totale est
de SO 000 km 2 .
- Aquifère multicouche des sables de Bracheux, des sables du Sois-
sonnais et du Calcaire grossier (Eocène inférieur et moyen). Zone
laure 17 - Coupe hydrogéologique schématique de la Brie montrant la structure
hydrogéologique du Vexin-Parisis-Soissonnais. drogéologique complexe de l'aquifère multicouche du calcaire de Champigny (en
- Aquifère multicouche du calcaire de Champigny. Zone hydrogéo- chures). D'après Cl. Mégnien (1979). Le réservoir est constitué de plusieurs
rmations lithostratigraphiques incluant en totalité ou partiellement : 8a, calcaire
logique de la Brie. Champigny et 8b, calcaire de Saint-Ouen. La structure hydrogéologique est
- Aquifère multicouche du calcaire de Beauce. Zone hydrogéologique posée par les variations latérales de faciès : marnes gypseuses (M) et gypses (g)
de la Beauce. nord ; Lutétien marneux indifférencié au sud (CL). Le substratum de l'aquifère
constitué par des formations hydrogéologiques imperméables du Tertiaire de
- Aquifères à nappe libre des alluvions, développées. dans les vallées, us en plus anciennes vers le sud.
surtout celles des grands cours d'eau. En relation étrOIte avec les eaux
42 Principes et méthodes de l'hydrogéologie 2] Identification géologique de l'aquifère 43
Tableau Il - Formations lithostratigraphiques et hydrogéologiques puis disparaît par lacune stratigraphique, pour être relayée successive-
de l'aquifère multicouche du calcaire de Champigny (Brie). ment par les caillasses et marnes du Lutétien, les argiles sableuses et
D'après Cl. Mégnien, 1979. ma.rm~sdel'Yprésien(fig. 17).

Unités Formations hydrogéologiques Aquifère


chronostratigraphiques multicouche La structure hydrogéologique impose celle du réservoir. Elle est
lithostratigraphie perméabilité
complexe par suite des variations latérales de faciès, de la présence de
8d Marnes vertes imperméable Toit formations hydrogéologiques semi-perméables, de lacunes stratigra-
supragypseuses ,biques et de failles qui favorisent les interconnections. Il est constitué,
perméable par . centre de la Brie, par quatre formations hydrogéologiques, de haut
LUDIEN 8c Calcaire de fissures bas (tableau Il et fig. 17):
Champigny karstique - formation hydrogéologique perméable du calcaire de Champigny,
nstituée de bancs calcaires, épais et compacts, très fissurés par des
Marnes serni- clases et souvent karstifiés. Son épaisseur maximum, de 30 à 40 m
infragypseuses perméable Aquifère s le secteur occidental et S.-E. de la Brie, se réduit à 10 m vers
Sables de Monceau semi- uest et le Nord (vallée de la Marne) ;
perméable multicouche Cette formation subit des variations latérales de faciès, au Nord de la
ame avec des gypses et à l'Est de la Seine avec des marnes. Elles
8b Calcaire de perméable rovoquent la détérioration de la qualité des eaux souterraines (fig. 16).
BARTONIEN Saint-Ouen par fissures e réservoir utile est donc limité aux faciès calcaires.
karstique - formation hydrogéologique semi-perméable des marnes infra-
pseuses, disparaissant vers le S.-E ;
8a Sables de imperméable
Beauchamp - formation hydrogéologique semi-perméable des sables de Monceau,
s mince avec des sables très fins, d'une puissance de 1 à 2 m au Nord
Marnes et imperméable au N.-E. Elle manque au Sud et au S.-E ;
caillasses
- formation hydrogéologique perméable du calcaire de Saint-Ouen,
LUTÉTIEN perméable par vec des calcaires lacustres, fissurés, parfois karstifiés, couvrant l'en-
Calcaire grossier fissures Substratum mble de la Brie. Son épaisseur maximum est d'une dizaine de mètres.
karstique
Marnes sableuses imperméable onclusions
YPRESIEN et argiles
plastiques La colonne hydrogéologique, les études des sondages et des affleu-
,~ent~ permettent, par la lithologie, l'épaisseur et la profondeur,
CRETACE perméable par IdentIfier des formations lithostratigraphiques. Les caractéristiques
SUPERIEUR Craie fissurée fissures ydrodynamiques (principalement la perméabilité) subdivisent, iden-
len! ou r~groupent, ces unités en formations hydrogéologiques
rm~ables, Imperméables ou semi-perméables. Leur extension géo-
ph~que sur. la trame de celle des formations lithostratigraphiques
Le substratum varie du N .-E. au S.-W. Au N.-E. il est constitué par outIt parfois à des assemblages, les structures hydrogéologiques.
la formation hydrogéologique imperméable des sables argileux et s format.lOns hydrogéologiques identifient les aquifères et les aqui-
argiles sableuses, dite des sables de Beauchamp. Sa puissance maximum s multicouches, La géochimie des réservoirs, altérant la qualité
est d'une vingtaine de mètres. Cette formation s'amincit vers le S.-E., l'eau souterraine, limite l'extension des réservoirs utiles.
44 Principes et méthodes de l'hydrogéologie ap. 2] Identification géologique de l'aquifère 45

EAU SOUTERRAINE DES MASSIFS ANCIENS CLUSIONS


Dans les régions de massifs anciens la ressource en eau souterraine 'étude hydrogéologique régionale débute par l'identification des
est plus faible que dans les grands bassins sédimentaires. Elle est limitée ations et des structures hydrogéologiques, base de celle des aqui-
à des aquifères localisés. Toutefois des recherches bien conduites s. Cette identification applique toutes les méthodes et techniques
permettent d'implanter des ouvrages de captage donnant des débits la géologie stratigraphique et structurale. La régionalisation des
appréciables pour l'alimentation locale en eau. nées ponctuelles, recueillies sur les affleurements, dans les sondages
Les aquifères, de faible extension, sont localisés dans trois types par les prospections géophysiques, ~st .exprimée par des cartes .~t
de formations ou de structures hydrogéologiques (fig. 18) : coupes hydrogéologiques. En particulier par des cartes de faciès
- formations superficielles perméables : arènes granitiques, couches des cartes structurales en courbes isohypses (égale altitude) des
d'altération, alluvions, etc. (l, fig. 18) ; ts et des substratums et en courbes isopaches (égale épaisseur).
- zones de fractures et de broyages du socle (2, fig. 18). Ce sont des documents constituent la trame du réservoir sur laquelle peut être
structures hydrogéologiques perméables privilégiées lorsque les vides uée la distribution des caractéristiques hydrodynamiques et hydro-
ne sont pas oblitérés, soit par pénétration des argiles d'altération qui iques des aquifères. . , .
les surmontent, soit par des filons de minéraux; .e chapitre a dégagé l'importance de la géologie en hydrogéologie,
- formations hydrogéologiques perméables de roches compactes firmant la pratique d'une géologie de l'eau, laquelle n'a rien à envier
ou indurées, fissurées (3, fig. 18). a géologie du pétrole ou à la géologie minière.

CD ® ®

Figure 18 - Localisation des aquifères dans les massifs anciens.


l , formations superficielles perméables ; 2, zone de fractures du socle . 3 roches
compactes fracturées du socle. ' ,

La prospection des eaux souterraines exige des études géologiques


très détaillées. La géologie des formations superficielles et l'analyse
structurale y tiennent une place importante. Un appui efficace est
apporté par les prospections géophysiques électriques ou sismique-
réfraction.
II faut signaler que dans ces régions, contrairement à certaines
opinions, l'eau circule à de grandes profondeurs. Ce fait a été démontré
par l'étude des galeries et des tunnels (en particulier le tunnel sous le
Mont Blanc).
. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 47

Cf)
su:rface piézornétrlque .....
Chapitre 3 z
o -., 1
1

-
rn
z
w
:;: QJ
W
Identification hydrodynamique ...,
QJ

-
c,
~-+-_"-I..J c
<Ji

:::l 0
de l'aquifère ...,
.QJ
E
-
- ru 8
w'QJ
Cl.
s,

L'aquifère est un système dynamique caractérisé par


sa configuration et sa structure, les fonctions de son DE L'EAU
réservoir et ses comportements.
Sa configuration et sa structure permettent de distin-
guer trois types hydrodynamiques à nappe libre, à
nappe captive et à nappe semi-captive. Figure 19 - Schéma d'identification du système aquifère.
L'aquifère est constitué de deux phases principales
en interactions: le réservoir et l'eau souterraine.
Un réservoir (1), domaine d'espace fini, caractérisé par ses condi-
Le réservoir, par sa structure, remplit trois fonctions s aux limites et ses dimensions ou configuration (A) et par son
vis-à-vis de l'eau souterraine : réservoir, conduite et nisation interne ou structure (B). Il est identifié par une (ou une
milieu d'échanges géochimiques. binaison de) formation hydrogéologique.
L'aquifère présente, en réponse à des incitations exté- Des processus internes ou mécanismes (2) hydrodynamiques,
rieures, trois comportements: hydrodynamique, hydro- rochimiques et hydrobiologiques, entraînant trois fonctions du
chimique et hydrobiologique. rvoir vis-à-vis de l'eau souterraine : stockage, conduite (transfert
L'aquifère a été identifié précédemment par la formation hydrogéo- quantités d'eau ou d'énergie) et milieu d'échanges géochimiques
logique qui le constitue. Il convient maintenant d'envisager la présence ,26).
et l'écoulement de l'eau souterraine et les interactions eau / roche. _ Une séquence du cycle de l'eau, avec des interactions avec l'~nvi­
nement se traduisant par trois comportements, hydrodynamIque,
CONCEPT D'AQUIFÈRE drochimique et hydrobiologique. Elle est caractéris~e par le couple
Un aquifère (acque = eau ; fera = je porte) est une formation hydro- pulsion/réponse exprimé par une relation ou fonction de transfert
géologique perméable permettant l'écoulement significatif d'une nappe .27).
d'eau souterraine et le captage de quantités d'eau appréciables, par des - La variabilité dans l'espace de ces caractéristiques.
moyens économiques. Il est comparable à un gisement minier, dont le - Des conditions de temps, toutes les mesures des caractéristiques
minerai l'eau, est plus ou moins renouvelable. Si le synonyme de nappe ant rapportées à une date donnée (état initial) ou à une durée moyen-
d'eau souterraine est souvent utilisé dans la terminologie française celui, {variabilité des caractéristiques dans le temps). Ces dernières, basées
par contre, de nappe aquifère est à proscrire. r des historiques, permettent les prévisions (fig. 116).
L'aquifère est un système hydrologique, hydrodynamique. Il est La répartition spatiale des caractéristiques est représentée, à deux
donc identifié par cinq ensembles de caractéristiques quantifiables irnensions, par des cartes et des coupes hydrogéologiques et, à trois
(fig. 19) : irnensions, par des blocs diagrammes (fig. 16).
48 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 49
Le système aquifère peut être représenté par un modèle conceptuel La surface piézométrique constitue la limite supérieure de l'aquifère.
base de la modélisation. C'est une limite hydrodynamique. Cette surface peut s'élever ou s'abais-
ser librement dans la formation hydrogéologique perméable (fluctua-
CONFIGURATION DE L'AQUIFÈRE. TYPES HYDRODYNAMIQUES tions de la surface piézométrique, p. 191), d'où la dénomination
d'aquifère à nappe libre. L'ancien terme d'aquifère phréatique (phreos
La configuration ou enveloppe, de l'aquifère porte sur ses dimensions ::: puits), parfois utilisé, est déconseillé.
et les caractéristiques de ses limites géologiques et hydrodynamiques
ou conditions aux limites (p. 115).
La base de l'aquifère, appelée substratum, est constituée par une puits jnlll1ss",nt

formation hydrogéologique imperméable. Par contre sa limite supé- r',; "",,'1u


r -'ln..- 1",
d',"i'lU
son<.ü:rJf-:

rieure est de trois types :


- hydrodynamique avec fluctuations libres : aquifère à nappe libre; c url ',<:,
-----------
• l'·dJm.'tr1'lL,FC'

surface piezométrique
- géologique imperméable: aquifère à nappe captive;
- géologique semi-perméable: aquifère à nappe semi-captive. <Il
:J
tT
J
z H~
l
Aquifère à nappe libre. Surface piézométrique .Qj u
aq u i f êr e H E
Les puits et sondages du premier aquifère, rencontré sous la surface o
N
'<Il
du sol, présentent un niveau d'eau dont l'altitude (élévation au-dessus Cl.

de la cote 0) est appelé par convention, le niveau piézométrique, noté :J

H (fig. 20). Souvent ce niveau est mesuré dans des ouvrages de petit
'"
<Il

substratum "C
diamètre, appelés piézomètres. L'ensemble des niveaux piézométriques, o i '_' bel"''''' 'JL'Oê,raphique

mesurés en différents points à une date donnée, détermine la surface


piëzométrique. De même que les cotes du niveau du sol permettent de
tracer la surface topographique, elle est représentée sur des cartes igure 21 - Schéma de l'aquifère à nappe captive. Mesure du niveau piézométrique.
piézométriques par des courbes d'égal niveau piézométrique ou courbes
hydroisohypses (p. 176).
quifère à nappe captive
Dans les aquifères plus profonds les eaux souterraines sont empri-
niveau d'eau nnées dans la formation hydrogéologique perméable, entre deux
surface piézométrique dans le puits
rmations imperméables fixes : le substratum à la base et le toit au
mmet (fig. 21). Etant donné la situation en profondeur, l'aquifère
réservoir et eau) subit une pression, dirigée de haut en bas, égale au
oids de la colonne de terrains de densité moyenne 2,5 (soit 2,5 bar
ar tranche de la m) qui le surmonte jusqu'à la surface du sol (fig. 23).
:J
<Il
<Il
a pression atmosphérique étant négligeable, cette pression, dite géo-
<Il

'C"l.
atique, est équilibrée par la pression de couche ou de pore qui règne
'<Il l'intérieur de l'aquifère. Par exemple dans l'aquifère multicouche
es sables a1biens du bassin de Paris, dont la base du toit est à 600 m
o e profondeur sous la capitale, la pression de couche est de 150 bar.
rsqu'un sondage perce le toit de l'aquifère la substitution au poids
la colonne de terrain de celui d'une colonne d'eau (densité 1),
traîne une chute de pression dans l'aquifère. D'où décompression
Figure 20 - Schéma de l'aquifère à nappe libre. Mesure du niveau piézométrique. réservoir et de l'eau qui est expulsée. Son niveau se stabilise à une
50 Principes et méthodes de l'hydrogéologie . (Chap. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 51
altitude qui représente le niveau piézométrique, H, déterminée par la Aquifère à nappe semi-eaptive ou à drainance
différence de charge entre la zone d'alimentation et l'ouvrage considéré Le toit ou le substratum (ou les deux) de l'aquifère sont souvent
(fig. 22). Ce type est l'aquifère à nappe captive. constitués par une formation hydrogéologique semi-perméable. Celle-
ci permet, dans certaines conditions hydrodynamiques favorables
(différences de charge )des échanges d'eau (ou de pression) avec l'aqui-
fère superposé ou sous-jacent, appelé drainance (fig. 24). Ce phénomène
AQLJIFEAE
implique un aquifère à nappe semi-captive.
~"l.,;;.f!t BICUUCHE

Figure 22 - Types hydrodynamiques d'aquifères dans un bassin hydrogéologique.

b'=
Les eaux souterraines sont dites ascendantes. Si le niveau piézomé-
'DRAIN
trique se situe au-dessus de la surface du sol, l'eau jaillit naturellement.
C'est Yartësianisme (fig. 21). Donc, si le captage des aquifères profonds
exige des sondages coûteux, leur exploitation s'effectue souvent à
faible profondeur et parfois même sans pompage, l'artésianisme pro-
b~
duisant un débit naturel en surface. o substratum
o
Comme pour les aquifères à nappe libre, l'ensemble des niveaux niveau de base géographiquB

piézométriques permet de tracer la surface piézométrique. Mais celle-ci,


fictive, n'est pas matérialisée sur le terrain. Elle n'indique pas la pro- re 24 - Drainance et aquifère multicouche (bicouche). La drainance exige deux
fondeur de l'eau sous la surface du sol. nditions : présence d'une formation hydrogéologique semi-perméable et diffé-
ce de charge.à h.
pa

=~-Jl
ture du substratum de l'aquifère

rJ)
La nature des formations hydrogéologiques, constituant la base de
:::J
~ co quifère, permet de distinguer plusieurs types de substratums:
~
0 œ
0- ~
"'Ol
il
N' - formation hydrogéologique imperméable correspondant au schéma
ssique (fig. 20);
c 1
- formation hydrogéologique semi-perméable constituant un aqui-
o 1 à nappe serni-captive. La formation est alors incorporée à un
rJ)
rJ)
1 uifère multicouche (fig. 24) ;
~ 1 1
0-
formation hydrogéologique perméable constituant un aquifère
~
substratum
mpartimenté. Ce type est représenté par des alluvions reposant sur
réservoir calcaire (fig. 29) ;
de couche, 1'9 x 0,25 P
- changement des caractéristiques de la fissuration en profondeur
Figure 23 - Pressions dans l'aquifère à nappe captive. traînant une diminution importante de la perméabilité. C'est le cas
p masse volumique; g, accélération de la pesanteur; fih, baisse de charge provo-
q~ant l'expulsion de l'eau de l'aquifère Pa, pression atmosphérique. la craie supérieure (fig. 15) ;
52 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 53
- détérioration de la qualité de l'eau en profondeur. Contact eau multicouche (fig. 24). C'est un système hydrologique car chaque
douce / eau salée de l'aquifère côtier affluant à la mer (fig. 30). aquifère à nappe semi-captive ne peut être considéré de manière indé-
pendante. Il présente un comportement hydrodynamique propre,
lequel peut être simulé par un modèle mathématique. Il existe des
STRUCTURE DE L'AQUIFÈRE. AQUIFÈRE MULTICOUCHE aquifères bicouches comme celui du calcaire de Champigny (fig. 17) ou
tricouches avec les sables albiens du bassin de Paris (fig. 10).
Aquifère, complexe unique réservoir / eau souterraine Un aquifère multicouche de structure simple et de grand volume
est parfois assimilé à un monocouche équivalent. Il est identifié par
L'aquifère est un complexe physico-chimique unique de deux cons- l'épaisseur et le volume utile de son réservoir. Par exemple l'aquifère
tituants essentiels, ou phases, étroitement liés et en interactions (fig. ~u continental intercalaire du Sahara septentrional (p. 62).
25). A signaler parfois la présence d'une troisième phase avec les gaz,
air en particulier:
- le réservoir, phase solide, milieu poreux ou fissuré, constitue la ONCTIONS DU RESERVOIR
trame de la structure, squelette solide ou matrice. Exemples : grains
de sable d'une formation sableuse, roche fissurée de la craie, etc. ; Le réservoir de l'aquifère, alimenté par l'infiltration efficace ou par
- l'eau souterraine, phase liquide, dont la fraction mobilisable es nappes voisines affluentes, remplit trois fonctions vis-à-vis de l'eau
(eau gravitaire) constitue la nappe d'eau souterraine alimentant les uterraine qui le traverse. Elles sont la conséquence de mécanismes
sources, rivières et captages. posés par sa structure (fig. 26):
- fonction réservoir ou capacitive. Emmagasinement de l'eau (sto-
age ou libération). Variations de stock. Cette fonction est associée
concept de réserve;
w
- fonction conduite, conductrice ou de propagation d'influences.
}l 0
:::;
0
1Il
bnduite libre dans les aquifères à nappe libre et forcée dans ceux à
ppe captive. Cette fonction assure deux types de propagation d'in-
ences:
) ~~
<!JO
1Il
0..
Cl:
E 0
E o

eau souterraine mobile


NAPPE O' EAU SOUTERRAINE

Figure 25 - L'aquifère est un complexe physico-chimique unique de <.leux co!?'sti-


tuants ou phases: le réservoir et l'eau souterraine dont la fraction mobile constitue
la nappe d'eau souterraine.

Les interactions hydrodynamiques, hydrochimiques et hydrobiolo-


giques, entre les deux phases, roche et eau, sont à l'origine des fonc-
tions du réservoir et des comportements de l'aquifère. Elles provoquent
la régulation des débits de l'eau souterraine et déterminent sa qualité.
BILAN DE L'AQUIFÈRE:IE=QW±..1W
Aquifère multicouche
Une combinaison de formations hydrogéologiques semi-perméables ,re ~6 - Le réservoir de l'aquifère remplit trois fonctions vis-à-vis de l'eau
t~rnun~ : 1, réservoir (capacitive), 2, conduite (conductrice) et 3 échanges
intercalées entre des formations perméables, identifie un aquifère Slco-chimiques (interactions eau/roche). '
54 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 55

. le transport de quantités d'eau, de substances minérales ou orga- - hydrodynamiques affectant le stock et le flux. Apports de quanti-
niques en solution ou en suspension et de microorganismes, par l'écou- tés d'eau ou variations de pression ou de charge;
lement de l'eau souterraine des limites d'apports (alimentation) vers - hydrochimiques avec apports de chaleur, de substances minérales
celles de sorties (exutoires naturels ou artificiels), ou organiques;
.la transmission de différence de pression ou de charge (transfert - hydrobiologiques par les microorganismes.
, d'énergie). L'aquifère par sa configuration, exprimée par les conditions aux
Ainsi une fluctuation du niveau piézométrique ne correspond pas limites et par ses mécanismes internes dus à sa structure, présente une
nécessairement à un transport de quantité d'eau. Elle peut être provo- sensibilité aux impacts de son environnement. Celle-ci se traduit par
quée également par la transmission d'une onde de pression (ou de s trois comportements hydrodynamique, hydrochimique et hydro-
dépression). Par exemple les effets des séismes et les relations aqui- iologique.
fère 1 rivière (p. 106).
La fonction conductrice est associée au concept d'écoulement de omportement hydrodynamique de l'aquifère
l'eau souterraine (flux de l'eau souterraine). L'aquifère subit sur ses limites des impulsions hydrodynamiques
- fonction d'échanges ou d'interactions physico-chimiques perma- des apports de quantités d'eau (transfert de masse) ou de variations
nentes entre le réservoir et l'eau souterraine (interactions roche 1eau) :
chaleur, dissolution ou précipitation de sels, échanges d'ions, etc.
Dans certaines conditions, zone non saturée en particulier, le réservoir cornpott81 i MII1ts
du syslème
remplit également un rôle hydrobiologique par le pouvoir autoépura- mpuIsion (signal) de ressourœs
teur des sols. Cette fonction d'échanges est associée au concept de
qualité de l'eau souterraine.
Les réservoirs, suivant leur configuration et leur structure, peuvent
remplir l'une ou plusieurs de ces fonctions. Dans un aquifère d'allu-
vions, en relation avec une rivière, la fonction conductrice est prédo-
minante. Par contre, un grand aquifère à nappe captive remplit surtout
une fonction capacitive. Les grands aquifères à nappe libre, comme
PEl
~I
m -
fonction de

globale
ou
discrétisée

la craie supérieure et les alluvions (plaine d'Alsace) sont simultanément


réponse du débiI
capacitifs et conducteurs. Ces exemples montrent l'importance de impulsion par
PE d' une averse
loi de convolution
de la source
l'identification des fonctions du réservoir pour la planification de
l'exploitation de l'eau souterraine. CD COMPORTEMENT HYDRODYNAMIOUE

La mise en œuvre des trois fonctions du réservoir aboutit à une


régulation des écoulements et des échanges.

COMPORTEMENTS DE L'AQUIFÈRE
eau infiltration 1 intéractions
géochimiques
eau/milieu

L'aquifère est un système dynamique qui présente trois comporte-


o COMPORTEMENT HYDROGÉOCHIMIQUE

ments vis-à-vis de l'eau souterraine, résultant de l'intervention des


fonctions du réservoir en réponse à des incitations extérieures ou autoépuration
impulsions, imposées à ses limites (fig. 27). Impulsion, transfert et eau polluée 1 biologique 1 eau épurée

réponse constituent les comportements de l'aquifère. Ces comporte-


ments assurent une régulation des débits et des caractéristiques hydro- ® COMPORTEMENT HYDROBIOLOGIQUE

chimiques, voire hydrobiologiques, des écoulements à la sortie.


re 27 - L'aquifère, séquence de l'écoulement de l'eau dans le bassin hydrogéolo-
L'aquifère réagit à trois types d'impulsions, matérialisées par les apports e, présente trois comportements, en réponse aux influences de son environne-
aux limites : t : hydrodynamique, hydrochimique et hydrobiologique.
56 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 57
de pression ou de charge (transfert d'énergie). Habituellement elles créant des gisements géothermiques basse énergie: Jurassique moyen
sont de forte intensité et de courte durée. Exemples: apport d'eau du centre du bassin de Paris.
d'infiltration sous l'effet d'une averse, onde sismique, etc. En jouant
sur ses fonctions, réservoir et conduite, l'aquifère assure une régulation - Caractéristiques chimiques : dissolution de sels (eaux séléniteuses
naturelle (modulation) dans l'espace et dans le temps, de sa réponse ou du faciès gypseux du calcaire de Champigny (fig. 16, p. 39) ; précipita-
écoulement (fig. 27). Il remplit un rôle régulateur, appelé parfois tions de sels, échanges d'ions avec les minéraux argileux (montmoril-
fonction régulatrice, comparable à celui d'une retenue d'eau de surface lonite), modifiant la qualité chimique de l'eau souterraine. Le compor-
envers le régime des cours d'eau. Mais son action est beaucoup plus tement hydrochimique de l'aquifère est ainsi à l'origine de l'acquisition
importante étant donné le volume considérable de la réserve en eau et des modifications de la qualité physique et chimique et l'eau sou-
souterraine. Il joue sur de longues périodes, pluriannuelles, voir décen- terraine des écoulements.
nales. Une seule année d'alimentation excédentaire (année humide)
peut compenser les effets d'une série d'années déficitaires. Un exemple omportement hydrobiologique de l'aquifère
est donné par le comportement hydrodynamique des grands aquifères Ce comportement est surtout localisé dans la zone non saturée et à
français au cours de la sécheresse exceptionnelle de 1975 (G. Castany, n certain degré, dans la nappe, avec le pouvoir d'autoépuration natu-
1978). Les pluies abondantes d'hiver et de printemps 1974-75, avaient lIe des réservoirs. Il assure la protection naturelle de l'eau souterraine,
renouvelé les stocks d'eau souterraine de telle sorte que déficit pluvio- tale ou partielle, contre les pollutions accidentelles bactériennes ou
métrique de 1975-76 ne s'est pas traduit par une baisse exagérée des himiques (G. Castany, 1978 et 1980).
niveaux piézométriques des grands aquifères à nappe libre : aquifère
de la craie de l'Artois, de Picardie, de Haute-Normandie, de Champagne;
aquifère des calcaires du Jurassique supérieur de Basse-Normandie ; RANDES STRUCTURES HYDROGEOLOGIQUES ET TYPES
'AQUIFÈRES
aquifère du calcaire de Champigny en Brie, etc. (J. Forkasiewicz et
J. Margat, 1978).
Les grandes structures hydrogéologiques sont à l'origine de différents
Les facteurs du comportement hydrodynamique de l'aquifère sont :
pes d'aquifères. Les principaux sont décrits sur des cas concrets
- les conditions aux limites : types de limites, débits des apports et . Margat, 1980).
des écoulements, niveaux piézométriques ;
- les variations de stock d'eau souterraine ou réserve régulatrice uifêre continu à nappe libre étendue
(p. 202) ; Il est identifié par la formation hydrogéologique perméable affleu-
- le régime de l'écoulement de l'eau souterraine dans l'aquifère, nt, relativement homogène. Il est alimenté principalement par les
exprimé par le réseau d'écoulement (p. 119) ; récipitations efficaces. La fonction conductrice du réservoir domine
- l'état initial et les variations dans le temps des trois facteurs lIe capacitive, laquelle est cependant non négligeable. Les réservoirs
précédents : historiques des débits, des niveaux piézométriques et de nt constitués :
la réserve régulatrice. - de roches meubles, sables, grès, alluvions. Exemple : aquifère à
Le comportement hydrodynamique de l'aquifère s'exprime par un ppe libre des alluvions de la Crau (fig. 28) ;
modèle conceptuel et par l'équation d'équilibre du bilan. Il est régi . - de roches compactes fissurées, non ou faiblement karstifiées.
par les lois de l'hydrodynamique souterraine. , emple : aquifère à nappe libre de la craie supérieure du Nord de la
nee, du Soissonais, de Picardie-Normandie.
Comportement hydrochimique de l'aquifère uifère à nappe libre des alluvions de la Crau
L'eau souterraine, au cours de son séjour et de son écoulement dans Cet aquifère, d'une superficie de 540 km 2 , est situé dans le S.-E. de
la formation hydrogéologique perméable, subit des échanges géochimi- France, entre le Rhône et l'étang de Berre (fig. 28). Il a la forme d'un
ques avec le réservoir. Ces interactions eau / roche modifient les carac- ngle dont les sommets sont marqués par les villes d'Arles, de Lama-
téristiques de l'eau des écoulements. et de Fos-suc-Mer. Il est bordé au Nord par la chaîne des calcaires
- Caractéristiques physiques : température, pH, conductivité, etc. tacës des Alpilles,orientée E.-W., ouverte au N.-E. au col de Lamanon.
Par exemple la température du réservoir augmente avec la profondeur l'Est la limite est marquée par les collines mollassiques miocènes
58 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 59
d'Istres et de Miramar. La limite S.-E. passe approximativement par le (fig. 59). Au S.-E. le long d'une ligne passant approximativement par
canal d'Arles à Fos-sur-Mer, région marécageuse. le canal d'Arles à Fos-sur-Mer, la formation s'ennoie sous les limons
C'est une étendue sèche à maigre végétation naturelle qui ne serait récents imperméables de la Camargue. L'aquifère est alors de type
qu'un désert sans l'irrigation avec les eaux de dérivation de la Durance, à nappe captive.
amenées par des canaux franchissant le perthuis de Lamanon. Le Le substratum, antévillafranchien est constitué dans l'Est et le Nord,
premier ouvrage d'irrigation a été réalisé par Adam de Craponne au par les mollasses et argiles miocènes. Vers l'Ouest ce sont les marnes
XVIe siècle. Depuis les ouvrages se sont multipliés. plaisanciennes. Ce substratum est accidenté de failles. Il a été identifié
par des sondages et des prospections géophysiques électriques. Une
carte en courbes isohypses de sa surface a été dressée (fig. 28).
Structure de l'aquifère
La formation hydrogéologique perméable est constituée de sables
~et graviers, dont l'épaisseur varie de 20 à 50 m. Elle s'est formée par
les divagations, au Villafranchien et au Quaternaire, de l'ancienne
urance, laquelle se déversait alors dans la mer par le col de Lamanon.
'étude granulométrique permet de distinguer deux zones : la Crau
illafranchienne ou d'Arles, au N.-NW. et la Crau quaternaire ou de
N
iramas, au S.-E. Ces zones ont été utilisées comme trame de la dis-
ibution géographique des données ponctuelles sur les paramétres

t ydrodynamiques obtenus par des pompages d'essai (p. 155).


quifère discontinu à nappe libre étendue
Il est identifié par une formation hydrogéologique perméable, hété-
gène, de roches carbonatées fissurées et souvent karstifiées, de StTUC-
re tabulaire. Sur des volumes importants il peut être considéré comme
mogène. Il est alimenté principalement par les précipitations efficaces.
xemples : aquifères à nappe libre des calcaires karstifiés du Jura
bulaire, des Causses, de Basse-Normandie, etc.
quüère multicouche à nappe supérieure libre
Il se différencie des deux types précédents par la présence d'un
Figure 28 - Aquifère à nappe libre des alluvions de la Crau. Configuration de bstratum semi-perméable. Exemple : aquifère à nappe libre du cal-
l'aquifère. Limites géologiques. p'après B. D~llery (196S~.. ,,_ ore de Beauce.
1 éboulis du Quaternaire récent; 2, formation hydrogéologique permeable d altu
vions avec, au NW, les alluvions villafr~nchiennes de la Crau ~'Arl~s (1) et,au SEd:: stème global aquifêre / rivière
alluvions quaternaires de la Crau de M~ram~s (2) ; ~, formations imperméables e'
marnes sableuses de l'Astien ; 4, fo~atlons I~perm~ables des mollasses du Ml(~ce~e~ Les aquifères continus ou discontinus, à nappe libre, sont découpés
S, formation perméable des calcaires de. 1Urgonien ; 6, f?r~at~ons pe~ea~mi_ systèmes globaux aquifère / rivière, par le réseau hydrographique.
calcaires du Crétacé inférieur et du Jurassique supeneur ; 7, limite etan~he,.:.,11st
Le système global aquifère / rivière est constitué par un aquifère
te d'extension vers le Nord des limons récents de la Camargue, au SW 1 aqui ~rede .
à nappe captive ; 9, courbe isohypse de la surface ~u subst~atum et son altitu ee: nappe libre, généralement d'alluvions, en intercommunication avec
10, couche isohypse du toit des alluvions sous les limons recents de la Camargu cours d'eau (fig. 29 et 53). L'ensemble, aquifère et eau de surface,
un système hydrologique quantitatif et qualitatif, caractérisé par
comportements propres. En régime naturel, le sens d'écoulement
Configuration de l'aquifère l'eau souterraine dépend de la position de la surface piézométrique
La limite supérieure est constituée par la surface piézométrique rapport au niveau de l'eau dans la rivière. Celle-ci est drainante
60 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 61
ou in filtrante , le premier type étant habituel, le second apparaissant ~stème global aquifère / rivière du Val de Seine
en période de crue. Il contribue donc au débit des cours d'eau dont il
L'aquifère à nappe libre des alluvions du Val de Seine, en relation
assure seul le débit d'étiage. Ce système, très répandu, est une source
importante d'approvisionnement en eau potable. avec le fleuve, est un exemple de ce système global aquifère / rivière.
Il s'étend, dans la vaste plaine alluviale, sur plus de 40 km de long et
Il est délimité par les lignes de crêtes des coteaux et la surface d'eau
20 de large, de Nogent-sur-Seine à Montereau (Cl. Mégnien, 1979).
libre des rivières dont le lit est plus ou moins colmaté. Il est alimenté,
en régime naturel, par les précipitations efficaces du bassin hydrogéo- Configuration de l'aquifère
logique et souvent par affluence des aquifères sous-jacents. La fonction La limite supérieure est la surface piézornétrique de type libre.
conductrice du réservoir est très prédominante au dépens de la capacité 'bR base est constituée par la formation hydrogéologique de la craie
de stockage. A l'exception de grands aquifères comme celui de la Turonien moyen. Son sommet est perméable par la présence de
plaine d'Alsace. ures ouvertes. L'oblitération des fissures à une profondeur de
Il présente souvent une structure compartimentée en deux réservoirs: elques dizaines de mètres, constitue le substratum. Les limites
les alluvions et la formation hydrogéologique perméable sous-jacente térales sont formées par la craie affleurant dans les coteaux et par
(fig. 29). plan d'eau de la Seine dont les berges sont souvent colmatées (porn-
L'exploitation de l'eau du système global aquifère / rivière, par e d'essai).
captage dans l'aquifère, utilise deux fonctions du réservoir. Conduite
avec dérivation souterraine des eaux de surface inversant le sens de ructure de l'aquifère
l'écoulement de l'eau souterraine (fig. 29). Milieu d'échanges appor- Localement l'aquifère est du type compartimenté avec deux réser-
tant une amélioration des qualités physiques (température et pH), irs superposés : les alluvions et la craie perméable. Le réservoir
chimiques (dilution) et bactériologiques par l'autoépration naturelle. 'alluvions récentes, de sables et graviers a une épaisseur de 6 à 13
Ce mode d'exploitation est appelé réalimentation induite. ètres avec une moyenne de 7 m (fig. 88). L'analyse granulométrique
e 150 sondages a permi de dresser une carte de la répartition géogra-
bique des pourcentages de grains de diamètre supérieur à 2,5 mm.
is catégories ont été différenciées: plus de 75 %, de 65 à 75 % et
QEX = -"QW+_~QR ins de 65 %.
rivière
mportement hydrodynamique du système
Le relevé des caractéristiques de quelques 700 points d'eau, au cours
l'année 1965, a permi de sélectionner les ouvrages représentatifs.
3
CD ~ ont été étudiés par deux campagnes synchrones de relevés piézomé-
:::>
.ques (621 dont 184 piézomètres) du 18 au 20 mai (surface piézomé-
'que maximale) et (599 ouvrages) du 13 au 15 septembre (surface
o 'ézométrique minimale). Deux cartes piézométriques ont été dressées.
:::>
L'analyse de la morphologie de la surface piézométrique a précisé
s relations aquifère / rivière. L'écoulement de l'eau souterraine est
2 ~3 -- 4 'enté des versants vers la Seine, avec alimentation importante des
teaux. La Seine est donc une rivière drainante. Des pompages d'essai
t mesuré les paramètres hydrodynamiques (p. 160).
Figure 29 - Système global aquifère/rivière et aquifère compartimenté.
1, formation hydrogéologique perméable de la craie supérieure fissurée ; 2, forma- uifêre côtier affluant à la mer
tion hydrogéologique perméable des alluvions; 3, grands axes découlementde I:~au
souterraine dans l'aquifère, QW et de dérivation souterraine des eaux de la ~vl~r~, Les aquifères côtiers sont, en général, en communication avec la
QR ; 4, surface piézométrique avant pompage (rivi~~e dr~inante), en .pOlntl1l~, r (fig. 30). Ce sont des sytêrnes globaux aquifère / mer. L'eau souter-
après pompage. Les effets du pompage provoquent 1 mversion des relations aqui- e s'écoule vers le rivage ou leur progression est limitée par l'invasion,
fère/rivière. Le débit pompé est un mélange d'eau souterraine l::> QW et d'eau de
surface /:;. QR. urant inverse, de l'eau salée marine. Le contact est marqué par une
62 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 63
interface eau douce / eau salée dont la position est imposée par la Configuration de l'aquifère
différence d'altitude (différence de charge) entre le niveau piézomé- La limite supérieure ou toit est constituée, sur une majeure partie
trique et le niveau moyen de la mer (cote 0). Schématisée par une du territoire, par la formation hydrogéologique imperméable d'argile
surface courbe, elle est plus complexe dans la réalité. En effet le réser- avecévaporites du Crétacé supérieur. Dans le Grand Erg occidental
voir hétérogène présente des vitesses d'écoulement différentes provo- elle est recouverte par l'aquifère à nappe libre des sables de l'erg. Dans
quant des langues d'eau salée, pouvant atteindre plusieurs kilomètres. cette région la présence d'un toit semi-perméable permet des intercom-
L'interface est en équilibre naturel. Une exploitation intensive de munications par drainance (fig. Il).
l'eau souterraine, à des débits supérieurs à ceux de l'alimentation,
déprime la surface piézométrique. La différence de charge diminue Le substratum est constitué de formations hydrogéologiques imper-
et l'eau salée pénètre progressivement à l'intérieur de l'aquifère. C'est méables, argilo-sableuses, argileuses ou carbonatées d'âge de plus en
pourquoi la planification de l'exploitation des ressources, de ce type plus récent du Sud au Nord: Trias, Lias, Jurassique supérieur et loca-
d'aquifère, doit être effectuée avec précision. lement Néocomien.
Les affleurements ont une surface très réduite comparée à celle du
bassin (fig. Il , p. 34). Ils sont localisés au Nord vers Bechard, au S.-W.
avec le Gourara, au Sud dans les plateaux du Tademaït et du Tinrhert
et, au N.-E., dans le Dahar et la région des chotts Djerid et Fedjaj
du Sud tunisien. Ils couvrent une grande surface sous le Grand Erg
occidental où ils sont alimentés par drainance.
Structure de l'aquifère
La structure est connue par 615 forages de recherche d'eau et de
étrole et par d'importantes campagnes de prospections géophysiques.
e réservoir est constitué de dépôts continentaux sableux, sablo-argi-
ux et argilo-sableux du Crétacé inférieur. Il peut comprendre, à la
1NTERFACE
ase, des séries plus anciennes du Jurassique et du Trias. C'est un
EAU DOUCE-EAU SALÉE uifère multicouche qui a été schématisé en monocouche. Etant
nné la présence de formations imperméables ou semi-perméables,
a été nécessaire de considérer «l'épaisseur utile» du réservoir, calculée
Figure 30 - Aquifère côtier affluant à la mer. L'interface, limite d'intrusion des ar sommation des niveaux perméables (grès et grès argileux d'une
eaux salées marines.est localisée par la différence de charge.n h, de la surface piézo-
métrique au-dessus du niveau de la mer. eneur en argile inférieure à 50 %). Le volume utile du réservoir, base
de toutes les estimations, est limité, d'une part, par son épaisseur utile
et, d'autre part latéralement, à la nappe d'eau douce à l'Est avec une
teneur en sels dissous supérieure à 6 g/l.
De grandes fractures, au centre avec la dorsale subméridienne de
Aquifère profond à nappe captive ou semi-captive mguid El Abiod, provoquent des fuites importantes vers l'aquifère
L'aquifère profond à nappe captive ou semi-captive a ~ssentie~lem.er:t perposé du complexe terminal (fig. 12).
une fonction capacitive. Celle de conduite est très faible, vou diffi- Les dimensions du réservoir utile ont été exprimées par des cartes
cilement appréciable. ructurales à l'échelle de 1/2 000 000 en courbes isohypses du toit
t du substratum (avec carte géologique) et en courbes isopaches.
Aquifère à nappe captive du continental intercalaire du Sahara se ten-
tnona tnportement hydrodynamique
L'étude du grand bassin hydrogéologique du Sahara septentrional Le comportement hydrodynamique de l'aquifère est analysé par
a identifié l'aquifère profond à nappe captive ou localement libre, du tu de morphologique de la surface piézométrique et des conditions
continental intercalaire, d'une superficie de 600 000 km 2 (p. 35). x limites (fig. 68).
64 Principes et méthodes de l'hydrogéologie hap. 3] Identification hydrodynamique de l'aquifère 65
Aquifère multicouche des sables albiens du bassin de Paris Le substratum, complexe, base de la transgression albienne est la
Cet aquifère est le plus important des grands aquifères du bassin rmation hydrogéologique imperméable des argiles plastiques de
hydrogéologique de Paris (p. 36), par sa ressource en eau souterraine ptien (fig. la). La présence de formations hydrogéologiques perméa-
non renouvelable naturelle, de bonne qualité et par sa superficie de es dans le substratum, permet des intercommunications (fig. 91).
2
90 000 km . Il est bien connu depuis les travaux de G. Castany et n toit présente des altitudes de - 1 000 à - 400 au centre.
Cl. Mégnien (1974), de J. Lauverjat (1967), de P. Lemoine, R. Humery Les limites latérales sont constituées par les affleurements de surface
et R. Soyer (1939), de A. Melloul (1979) et de Cl. Sarocchi et H. duits. Ce sont : sur la bordure orientale, l'auréole de la Puisaye, de
Lévy- Lambert (1967). Connu depuis longtemps sous le terme de Champagne humide et de l'Argonne; sur la périphérie de l'anticlinal
nappe des sables verts c'est le premier aquifère profond capté par le mplexe du Pays de Bray et du Boulonnais, au N.-W. et sous le Crétacé
sondage de Grenelle en 1841. Depuis, 42 forages ont été exécutés dans l'W. en limite du Massif Armoricain. Dans cette zone l'aquifère est
la région parisienne, créant une vaste dépression piézométrique (fig. imenté par drainance des nappes supérieures.
lOI). ructure de l'aquifère
AQUIFÈRE DE L',nBfE.Y
L'aquifère est constitué par une alternance de trois formations
drogéologiques perméables de grès et de sables et de deux interca-
tions semi-perméables d'argiles sableuses. L'ensemble constitue un
uifère tricouche (fig. la). Son épaisseur, de 160 m au centre diminue
rs les limites (fig. 92).
Configuration et structure ont été représentées par des cartes structu-
les (p. 169).

quifères localisés
Des types d'aquifères, de volumes plus limités, peuvent être définis.
L'aquifère compartimenté constitué par une structure hydrogéologi-
ue à plusieurs réservoirs de nature lithologique différente, juxtaposés,
nfermant une nappe unique d'eau souterraine. Celle-ci est caractérisée
ar sa surface piézométrique. Exemple: aquifère formé par un réservoir
d'alluvions superposé, en communications libres, à un réservoir calcaire
fissuré (fig. 29). Ce type d'aquifère est fréquent dans les vallées des
cours d'eau avec le système global aquifère / rivière (fig. 29). Les aqui-
fères karstiques sont également souvent compartimentés.
L'aquifère stratifié à strate conductrice, dont l'exemple est l'aquifère
nappe libre d'alluvions, est constitué par une alternance de strates
e perméabilités différentes. Les niveaux de graviers, à fort coefficient
Figure 31 - Structure du. réservoir et carte piézométrique de l'aquifère multicouche e perméabilité, sont le siège d'un écoulement de l'eau souterraine
des sables albiens du bassin hydrogéologique de Paris. rivilëgië.
Les aquifères locaux des régions montagneuses. Dans ces zones les
fOrmations hydrogéologiques sont très morcelées par les déformations
Configuration de l'aquifère t accidents tectoniques. Celles-ci ne constituent, en général que des
La limite supérieure ou toit, est bien individualisée par la formation uifères locaux de petites dimensions. Toutefois elles sont à l'origine
hydrogéologique imperméable continue des argiles du Gault et des. e ressources appréciables.
marnes de Brienne, épaisses d'une quarantaine de mètres. Son altitude Les aquifères locaux des massifs anciens, localisés dans des structures
est de - 600 à - 400 au centre (fig. 92, p. 171). Ydrogéologiques particulières (p. 44).
66 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
IDENTIFICATION DES AQUIFÈRES ET MODELISATION

L'identification des aquifères.par leur configuration et leur structure,


les fonctions de leur réservoir et leurs comportements, est la base indis-
pensable de la gestion de l'eau. Celle-ci utilise comme moyen les modè-
Chapitre 4
les mathématiques de simulation hydrodynamique en régimes perma-
nent ou transitoire. Aquifère réservoir
Les comportements permettent d'élaborer un modèle conceptuel d'eau souterraine
(schéma conceptuel), base de la mise en œuvre des modèles mathéma-
tiques. A cet effet ils doivent être définis, non seulement à l'instant de
l'étude (calage des modèles mathématiques en régime permanent)
mais également dans leur évolution dans le temps (modèles mathéma-
tiques en régime transitoire). Ces derniers sont indispensables pour L'aquifère est un complexe de deux constituants
l'établissement de prévisions. en interactions: le réservoir et l'eau souterraine.
La première fonction du réservoir est l'emmagasi-
nement souterrain réglant le stockage et la libération
de l'eau gravitaire.
Le réservoir est identifié par les caractéristiques et
la genèse de ses vides, pores et fissures. Elles permet-
tent de distinguer le. milieu poreux et le milieu fissuré.
La granulométrie, technique de l'étude des roches
meubles, accède à la morphologie des vides par deux
paramètres des grains : le diamètre efficace et le coef-
ficient d'uniformité.
L'eau souterraine constitue un milieu continu dans
le réservoir dont seule une fraction, l'eau gravitaire,
est mobile dans l'aquifère.
Le complexe réservoir / eau souterraine ou aquifère,
est caractérisé, en laboratoire par la porosité efficace
et sur le terrain par le coefficient d'emmagasinement.

Pour former un aquifère la présence de deux constituants, ou phases,


est nécessaire : la formation hydrogéologique perméable ou réservoir
et l'eau souterraine. Le terme, eau souterraine, désigne toute l'eau
contenue ou circulant dans le réservoir. La fraction mobile est la
nappe d'eau souterraine. A signaler éventuellement des gaz avec essen-
tiellement de l'air.
La première fonction du réservoir est capacitive. Elle caractérise le
stockage ou la libération de l'eau souterraine. Ces deux actions sont
groupées sous le terme d'emmagasinement souterrain de l'eau. La
libération de l'eau du réservoir est provoquée par l'action de la force
68 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 69
de la gravité (aquifère à nappe libre) ou par expulsion par décompres- courant. Cet agencement caractérise la continuité du milieu poreux qui
sion (aquifère à nappe captive) (fig. 45). est une des conditions de base pour la validité des lois de l'hydrodyna-
Les deux phases principales, réservoir et eau souterraine, sont en mique souterraine. Par exemple la pierre ponce volcanique qui renferme
interactions permanentes. Toutefois pour faciliter l'analyse, elles seront un grand nombre de vides, mais sans interconnections, est imperméable.
étudiées séparément. Une synthèse définira les paramètres hydrodyna- C'est pourquoi il ne faut pas confondre porosité et perméabilité. La
miques de l'emmagasinement souterrain de l'eau du complexe réservoir/ porosité est la propriété du réservoir de stocker ou de libérer, de l'eau
eau souterraine, dénommé aquifère. souterraine. La perméabilité est son aptitude à conduire son écoule-
ment.
CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DU RESERVOIR Morphologie des fissures et milieu fissuré
Les fissures sont des fentes de forme allongée, à ouverture plus ou
Le réservoir représente la trame solide de la structure de l'aquifère. moins large (fig. 32). Leur ensemble constitue la fissuration, phéno-
L'eau souterraine mobile s'emmagasine et circule dans les vides du mène naturel dont l'origine est essentiellement mécanique. Les fissures
réservoir, d'où l'importance de leur étude. Celle-ci porte sur trois sont classées, suivant leur dimensions, en deux types: les microfissures
grandes caractéristiques des vides : morphologie, interconnections et et les macrofissures (tableau 12 et fig. 32).
genèse.
La qualité de l'eau souterraine est conditionnée par les caractéris-
tiques géochimiques du réservoir : température, sels solubles, argiles
échangeuses d'ions, complexons argilo-humiques, etc.
Notre attention portera sur les caractéristiques physiques.
Morphologie et interconnection des vides .,
Les fonctions, réservoir et conduite, sont déterminées essentielle- ë
o
ment par les dimensions et les interconnections des vides. Ces dernières
assurent la continuité du milieu aquifère.
L'étude morphologique des vides porte sur leur nature, leur forme
et leurs dimensions. Deux grands types de vides, pores et fissures,
caractérisent respectivement le milieu poreux et le milieu fissuré.
Morphologie des pores et milieu poreux
Les pores sont des vides de forme plus ou moins sphérique, de
petites dimensions (ordre de grandeur millimétrique), ménagés entre
les particules solides ou grains, constituant le réservoir (fig. 36). Les
grains ne sont jamais jointifs.
Les dimensions des vides sont étroitement liées à celles des grains, ®
dont la mesure est plus directement accessible. Les diamètres des grains
des roches meubles perméables s'étalent dans une gamme de 0,06 à / __ a
-__. ._ b
16 mm (fig. 34). 11 est plus petit, de 0,1 à 0,001 mm, soit d'ordre
de grandeur micrométrique, dans les argiles milieu dit imperméable.
Interconnection des pores et milieu continu
Les pores communiquent entre eux, dans le sens de l'écoulement
:ib
gur e .32 - Micr~fissu~es et macrofissures des roches compactes. Milieu fissuré.
or~atlOn hrdrogeologlque perméable carbonatée fissurée de la craie supérieure du
assm de Pans.
de l'eau souterraine, permettant le déplacement des particules d'eau 1., bloc diagramme d '~n grand volume d'aquifère ; 2, échantillon montrant trois
(eau gravitaire). Celles-ci suivent des trajets ou trajectoires, plus ou ~des famill~s d~ mlcrofIssure~ (diaclase~) identifiées par l'étude statistique des
moins compliqués (tortuosité des trajectoires), identifiant les lignes de a eurements. a, fissures subverticales ; b, fissures obliques aquifères.
70 Principes et méthodes de l'hydrogéologie {Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 71
Microfissures Identification des fissures: géométrie et genèse
Les microfissures sont caractérisées par une ouverture de quelques Les fissures sont identifiées par deux approches, l'une géométrique,
dixièmes de millimètres et une longueur de l'ordre métrique à déca- l'autre génétique ou morphocinématique.
métrique. Ce sont les diaclases et microjoints de stratification (lits La géométrie des fissures est étudiée par des mesures quantitatives
minces, feuilletés, intercalés entre les bancs), les plans de schistosité concernant trois paramètres:
et, éventuellement, les mailles cristallines. Elles découpent irrégulière-
- l'orientation avec classement, par des méthodes graphiques et sta-
ment le réservoir constituant un réseau de microfissures (fig. 33).
tistiques, en types de familles, en général trois. La confrontation avec
Son rôle hydrodynamique est comparable à celui des pores interconnec-
les circulations souterraines observées, grottes et galeries, permet de
tées du milieu poreux continu (milieu poreux équivalent). Un exemple
sélectionner celles qui favorisent l'écoulement de l'eau souterraine
typique est présenté par le réservoir de la craie supérieure du bassin
(J .-C. Grillot, 1977 et M. Razack, 1979). Elles sont représentées par
de Paris (fig. 32).
des diagrammes stéréographiques ou en rosaces (fig. 33).
- les dimensions, exprimées en longueurs moyennes.
- la densité quantifiée en nombre de fissures, en longueur cumulée
et en distance interfissurale.
L'étude de la genèse, ou morphocinématique, porte sur la succession
chronologique des fissures. Elle sélectionne les fissures ouvertes, aqui-
fères. Ces dernières sont souvent liées aux phases tectoniques de disten-
skm les plus récentes. Sa représentation la plus utilisée est le bloc
diagramme.

lassification hydrogéologique des réservoirs


Basée sur la lithologie et le (ou les) types de vides, elle est importante
.pour l'étude quantitative de l'infiltration (index hydrogéologique, page
15), des fonctions du réservoir et des comportements de l'aquifère.
Elle est à la base de l'établissement des colonnes, coupes et cartes
hydrogéologiques.
Les deux grands types de vides permettent de distinguer deux gran-
des catégories de réservoirs (tableau 12) :
- les roches meubles ou non consolidées;
- les roches compactes fissurées ou consolidées.
Figure 33 - l, réseau de microfissures découpant le milieu fissuré e~ petits blocs Toutefois les roches compactes présentent souvent des caractères
et constituant un milieu continu. 2, représentation d'un champ de fissuration en mixtes avec coexistence de pores et de fissures.
pourcentage de longueurs cumulées de fissures.
!Oches meubles ou non consolidées
Macrofissures Les roches meubles ou non consolidées, présentent uniquement des
Les macrofissures, d'une ouverture supérieure à quelques millimètres Pores. Elles caractérisent le milieu poreux, en général continu. Ce sont
(ordre de grandeur décimétrique à métrique), sont les zone~ de broyage, les graviers, graviers sableux, alluvions, sables, sables argileux, argiles
les failles et décrochements (fig. 32). Leur longueur .est d ordre hecto- bleuses, silts et argiles. Ces roches constituent un grand nombre de
métrique à kilométrique. Le milieu fissuré est discontmu. Ormations hydrogéologiq ues..
Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau sou terraine 73
72 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
Cette dualité explique ses caractéristiques aquifères. C'est, en effet,
Tableau 12 - Classification hydrogéologique des réservoirs. l'aquifère principal des grandes zones hydrogéologiques du bassin de
Echelles de référence. Paris (Sénonais, Champagne, Picardie, Normandie), du Nord de la
France, du S.-E. de la Belgique et du bassin de Londres.
Echelles de Types de vides Types de milieux
référence
éthodes d'étude des vides
intercristaux L'étude des vides, fondamentale pour l'identification de la structure
pores poreux
intergrains du réservoir, repose sur deux ensembles de techniques, en laboratoire et
Microscopique
ordre du 1/10 mi cro fissures CONTINU r le terrain.
diaclases
à 1 mm joints éthodes d'étude des vides en laboratoire
schistosité
L'étude en laboratoire, sur échantillons intacts prélevés par des
fissuré
Macroscopique macrofissures echniques appropriées, portant sur la granulométrie, l'analyse struc-
ordre supé- macrofissures chenauxi DISCONTINU rale, les mesures de porosité, etc.
àqqmm cavités karst éthodes d'étude des vides sur le terrain
Les études sur le terrain relèvent de la prospection géologique,
Roches compactes fissurées ou consolidées et roches mixtes ppuyée par des moyens comme la télédétection, la géomorphologie
Dans les roches compactes fissurées ou consolidées, les fissures domi- pliquée, l'analyse structurale, les prospections géophysiques et les
nent. Il est commode, en fonction de leur solubilité, de les classer en ndages.
deux grands types : les roches carbonatées, solubles et les roches cris- En résumé, les deux grandes méthodes d'étude des vides sont :
tallines, cristallophylliennes et volcaniques, pratiquement insolubles. - l'étude granulométrique pour les roches meubles, exécutée en
Les roches carbonatées, calcaires, calcaires dolomitiques ou dolomies, aboratoire ;
présentent à l'origine des fissures. L'action mécanique (corrosion) et - l'analyse structurale pour les roches compactes fissurées et mixtes,
chimique (dissolution des carbonates) des eaux souterraines aggrandis- éalisée en laboratoire et sur le terrain.
sent les fissures pour aboutir à des conduits, chenaux et cavités, pouvant
atteindre de grandes dimensions. C'est le phénomène de karstification, tude granulométrique et caractéristiques du milieu poreux
donnant naissance à des réseaux de chenaux (réseaux karstiques). L'étude granulométrique, ou granulométrie, est l'ensemble des
Le milieu fissuré est alors discontinu. Des exemples sont donnés par techniques de laboratoire, permettant de déterminer les caractéristi-
les massifs calcaires des Grands Causses, du Jura franco-suisse, du ques physiques, pétrographiques et géochimiques des roches meubles.
Vercors et de nombreuses autres régions. Les formations hydrogéolo-
Elle repose sur :
giques carbonatées perméables fissurées karstiques renferment, dans
toutes les zones du globe et plus particulièrement dans le bassin médi- -l'examen microscopique : géométrie, forme, dimensions et dispo-
terranéen, des aquifères importants, constituant la principale ressource sition dans l'espace (arrangement) des grains et des vides;
en eau. - l'étude pétrographique : nature des minéraux constituant les
Les roches cristallines et volcaniques, fissurées, sont aquifères. L'eau grains, argiles en particulier (échanges d'ions) ;
y est localisée dans les zones de discontinuités : fissures, plans de - l'analyse chimique des grains: sels solubles;
schistosité et dans les formations d'altération (fig. 49). Ce sont les - l'analyse granulométrique : dimensions des grains.
gneiss, granites, quartzites, basaltes, etc. Seule l'analyse granulométrique sera étudiée.
Les roches compactes fissurées peuvent renfermer, également, des
pores dont le rôle est loin d'être négligeable. Ce sont les roches mixtes: Analyse granulométrique et paramètres granulométriques
calcaires co lithiques ou détritiques, grès à ciment non consolidé, etc. Une roche meuble, milieu poreux, est constituée d'un assemblage
Un exemple typique est présenté par la formation hydrogéologique de particules solides ou grains. Leurs caractéristiques géométriques
perméable de la craie, laquelle présente des pores et des microfissures.
74 Principes et méthodes de l'hydrogéologie hap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 75
sont : le diamètre et la surface. Celles du réservoir sont leur répartition
et leur disposition. L'analyse granulométrique a pour but la mesure ~ ~~ taillou':ierre'blo~.~
des diamètres des grains par des paramètres granulométriques.
--
~~~
""ii'.
16 .:'.- ••'e::
o ••

Intérêt et buts de l'analyse granulométrique ••••••••••••


•••••••••••• .
I.&J
w
• • • • • • • • • • • • gravier
L'analyse granulométrique est une opération importante qui doit (J') •••••••••••• 0:::
:.:... ;::.~;::.~; - - - 2 ;;
être pratiquée systématiquement. Elle permet:
- d'accéder aux caractéristiques des vides par celles des grains
- de classer quantitativement les roches meubles et de dresser des ~ ~ff:\ll:\ll:\llf:jf::~:: ~tit~%~i ~
<t :.:::::::::::::::::: moyen
o.s
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._.='~._, i
cartes, trame de la distribution spatiale des paramètres hydrodyna-
miques;
- de calculer les paramètres granulométriques ; >-,;è";;i[J;"~;ë,,;,.;~~. ~ ~'., :" =
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o.as . .•.' ." •'.•;.•'..'.'•.• . '.:.;_:. . .• .• .•. . •. . .•. . '. :.:.-_.. :._•. • .•
_ .
-- de procéder à l'équipement technique des puits et sondages :
sable arg i leux
calcul de l'ouverture des parties captantes (crépines), calibrage du
gravier des massifs filtrants (p. 129). Figure 34 - Classification granulométrique.
Phases et classification granulométriques
urbe granulométrique cumulative
Les dimensions des grains des roches meubles s'étalent dans une
gamme, en général continue. L'analyse granulométrique a pour but Le traitement statistique des données de l'analyse granulométrique,
le tri, par des tamis standards, des grains en fourchettes de diamètres ilisé en hydrogéologie, est la courbe granulométrique cumulative
conventionnels (fig. 34). Ce sont les phases granulométriques. Une .35).
première opération est donc le classement des grains en gammes de
'l{,
diamètres déterminés. C'est-à-dire l'établissement d'une classification gravier
-
<Il
100
granulométrique. La plus couramment utilisée est donnée dans le
90
tableau 13 et la figure 34.
o~ 80
c 70
QJ

Tableau 13 - Classification granulométrique <Il


60
des roches meubles .QJ
-.
:J
50
E 40
:J

Désignations Diamètres des grains U


30

mm <Il
TI
20
;; 10
Q.
Caillou, pierre, bloc supérieur à 16
° 5 2 0,1 0,05
Gravier, gravillon 16 à 2 " des grains en mm

1d 6 0 = 0 ,5 5 1 d 10 ::.0.
14 8
.~
gros 2 à 0,5
E .laure 3S - Diagramme et courbe granulométrique cumulative. Gravier sableux à
«:l Sable moyen 0,5 à 0,25 anulométrie variée. Calcul du diamètre efficace, dl 0 et du diamètre d60·
t-
fin 0,25 à 0,06 tactërtstiques de la courbe granulométrique cumutative
Silt 0,06 à 0,002 Le couple de données granulométriques, concernant une phase
nulométrique, diamètre et poids, obtenu par tamisage, est porté
Argile plus petit que 0,02 r Un papier graphique serni-logarithmique (fig. 35) :
76 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 77
_ en abscisses logarithmiques les diamètres des grains, en mm, en La position de la courbe dans le diagramme permet, par référence
valeurs décroissantes (ou croissantes), déterminés par les dimensions à la classification granulométrique portée en haut, de classer l'échantil-
des mailles des tamis ; lon et de le désigner par un terme lithologique précis (fig. 36). Les
- en ordonnées linéaires les poids cumulés, en grammes, exprimés résultats sont utilisés pour identifier les familles granulométriques,
en pourcentage du poids de l'échantillon étudié. bases de l'établissement de coupes et de cartes de la distribution spatiale
Le graphique obtenu, en joignant les points, est la courbe granulo- des caractéristiques de la structure du réservoir.
métrique cumulative. Le sédiment est représenté par le secteur du La pente de la courbe donne une indication sur le type de granulo-
diagramme à gauche de la courbe. métrie :
Cette représentation graphique peut être établie sur sortie d'ordi- - Uniforme, ou homogène, si la pente est voisine de la verticale.
nateur (traceur de courbes) par un programme de calcul automatique. vLa gamme des diamètres est étroite. A l'extrème, avec une droite verti-
cale, tous les grains ont le même diamètre. Une formation de sables
Interprétation globale de la courbe granulométrique dunaires se rapproche de ce type.
Deux caractéristiques de la courbe sont considérées: sa position dans - Variée ou hétérogène, si la courbe s'étale dans le diagramme avec
le diagramme et sa pente (fig. 36). ne large gamme de diamètres.
a b 1 e 5
q r u vre r
5
-w lcul des paramètres granulométriques
% 9 ras ~oyen fin
100
-'\
'" La courbe granulométrique permet de calculer deux paramètres
90
\~ anulométriques principaux : le diamètre caractéristique, d x et le
~
c
Q)

.~
80
70
60
1'\ \
1
oefficient d'uniformité, U (fig. 36).
Le diamètre caractéristique, dx' en mm, est mesuré 'par la valeur
3\
:0
E
50
40
1 12\ 1
ue en abscisses, correspondant à un pourcentage en poids cumulés,
hoisi arbitrairement en ordonnées. Le plus utilisé est le diamètre

\~ 'ficace, d lO, obtenu par la valeur 10 % (exemple, figure 36 dlO =


:0
u 1
if>
30 \ ,14 mm). D'autres diamètres caractéristiques peuvent être calculés,
': 20 \
~ 10
omme le diamètre d 60.
o d oo r-, d oo
2 .r Le coefficient d'uniformité, U, sans dimension, attribue une valeur
aumértque à la pente de la courbe. Il est calculé par l'expression (fig.
36) :
U= d60 = 0,55 ~4 (8)
dlO 0,14

Emploi et signification des paramètres granulométriques


Le diamètre efficace représente conventionnellement le diamètre
d., = 3. 5 d oo = 4
moyen, représentatif des grains d'un échantillon de roche meuble,
de granulométrie variée. Il permet leur identification par une donnée
U=~=O.14 <2
d lO nU~érique plus précise que l'interprétation globale. Il exprime le
UNIFORME
poids de la phase granulométrique, égal à 10 % du poids potal de l'é-
Figure 36 - Qualification d'un matériau meuble par sa granulométrie.. ~ositi.on. e.t chantillon, inférieure à ce diamètre (en hachures, fig. 36). La valeur dlO
pente de la courbe granulométrique. Granulométrie uniforme et variee. Slgmf!- a été fixée conventionnellement par des études en laboratoire en
cation du diamètre efficace dl Q. o' • • •
Considérant que les grains fins, entraînés par l'eau en mouvement,
1, gravier à granulométrie uniforme ; 2, gravier sableux à granulometne variee ,
3, sable fin à granulométrie uniforme. Pbstruent les pores réduisant ainsi leurs dimensions (fig. 36). De même
78 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 79
dans les captages ils provoquent leur colmatage et leur ensablement, de sable couvrirait 32 hectares. Un échantillon de sable de 400 g ren-
d'où l'emploi de massifs filtrants pour en assurer le bon fonctionne- ferme 40 000 grains de 2 mm.
ment et la longévité (fig. 69, p. 129). La surface spécifique est mesurée par adsorption physique de gaz ou
Par convention, si le coefficient d'uniformité est compris entre 1 de liquides. Le procédé le mieux adapté est l'adsorption d'azote liquide.
et 2 (2,5 pour certains auteurs) la granulométrie est dite uniforme.
S'il est supérieur à 2 (ou 2,5) elle est variée (fig. 36). Réservoirs favorables à la formation des aquifères

Paramètres des vides. Porosité et surface spécifique Les principaux réservoirs constituant des aquifères sont, dans l'ordre
décroissant: les sables et graviers (alluvions), les roches compactes car-
Les deux paramètres principaux des vides sont la porosité, n, et la bonatées fissurées karstiques, les basaltes fissurés, les grès peu cimentés
surface spécifique, M. Tous sont exprimés en référence au volume .ou fissurés et les granites fissurés.
total de l'échantillon car la géologie évalue les volumes des formations
hydrogéologiques.
Porosité totale Les propriétés aquifères des réservoirs sont liées étroitement à la
ithologie, à la structure et à la genèse des formations hydrogéolo-
La porosité totale ou porosité, n, est la propriété d'un milieu poreux
iques perméables. C'est pourquoi les études géologiques sont la base
ou fissuré, de comporter des vides interconnectés ou non. Elle est
ondamentale des prospections hydrogéologiques.
exprimée, en pourcentage, par le rapport du volume des vides, V v ,
d'un milieu, au volume total, Vt , de l'échantillon. Son inverse est la ilieu poreux et milieu fissuré. Volume représentatif élémentaire
compacité.
Les études précédentes identifient, par des paramètres, deux types
e réservoirs : le milieu poreux et le milieu fissuré. Le milieu poreux
't'
porOSl e n = volume des vides =-V v en Of
/0 (9)
u matrice poreuse, est un milieu perméable comportant des pores
, volume total Vt '
interconnectés, Le milieu fissuré est un milieu perméable dans lequel
Exemple : un échantillon de sable albien du bassin de Paris (cube de
'eau s'écoule à travers un réseau de fissures ouvertes diversement
la cm d'arête), de volume total de 1 000 cm 3 renferme 280 cm 3 de
terconnectées.
vides, mesurés par un porosimètre.
Sa porosité est de 280 cm ' Il 000 cm ' = 28 %. aractéristiques physiques du milieu perméable
Ce paramètre, un réservoir n'étant jamais complètement dépourvu Le milieu perméable présente trois couples de caractéristiques
de son eau, est d'une utilisation pratique très limitée en hydrogéologie. hysiques :
C'est pourquoi les facteurs de la porosité seront étudiés avec la porosité - continuité ou discontinuité;
efficace.
- isotropie ou anisotropie ;
Surface spécifique des grains ou des fissures - homogénéité ou hétérogénéité.
La surface spécifique d'un milieu poreux ou fissuré notée M, est ~e
rapport de la surface totale des grains ou des parois des fissures, SOIt Ontinuité ou discontinuité
à l'unité de volume d'échantillon (surface volumique), soit à l'unité de Le milieu perméable, comportant des vides interconnectés dans le
masse (surface massi~ue) du solide (M. Alonso, 1965). Elle s'exprime ns de l'écoulement, est dit continu. Les roches meubles, pourvues
respectivement en cm /cm 3 ou en cm 2/g. e pores et les roches compactes, découpées par un réseau de micro-
C'est le facteur principal des actions physico-chimiques d'interface ssures, constituent des milieux continus. Par contre les roches com-
eau/roche, donc des phénomènes d'adsorption (p. 113). La surf~c~ actes à macrofissures et karstiques sont des milieux discontinus
spécifique croît fortement lorsque le diamètre des grains ou la densité tableau 12, p. 72).
des fissures, diminuent. De l'ordre de la cm? / cm-' pour les sables
moyens, de 50 cm? / cm ' pour les sables très fins, elle atteint son otropie ou anisotropie
2 3
maximum pour les argiles avec 500 à 800 cm /cm . Par exemple
surface spécifique des grains de dlO = 0,147 mm, contenue dans 1 m
1: Un milieu est dit isotrope lorsque ses caractéristiques physiques
anulométrie en particulier) sont constantes dans les trois directions
80 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 81

de l'espace (l, fig. 37). Dans le cas contraire, il est anisotrope (2, 3,4, avec !::De l'arête du cube et d 10 le diamètre efficace.
fig. 37). Les dimensions du VRE peuvent varier de l'échelle centimétrique
pour les limons à l'échelle kilométrique pour les roches compactes
Homogénéité ou hétérogénéité
fissurées.
Un milieu est homogène lorsqu'il présente, en tous points dans le Ainsi un aquifère d'alluvions peut être considéré comme homogène
sens de l'écoulement, des caractéristiques physiques constantes (2 et à l'échelle régionale. Découpé en volumes plus petits, de l'ordre de
3, fig. 37). Dans le cas contraire, le milieu est hétérogène (4, fig. 37). grandeur du VRE, il devient hétérogène car deux échantillons préle-
Un milieu homogène peut être isotrope ou anisotrope. Un milieu hété- Vés au hasard présentent des granulométries différentes. Par contre
rogène est toujours anisotrope. chaque VRE est homogène. Un volume d'étude plus petit, de l'ordre de
grandeur des pores ou des grains, est hétérogène car il peut intéresser
l'une ou l'autre de ces phases (fig. 38).
. En outre le VRE doit être observé pendant des intervalles de temps
ssez longs pour lisser les fluctuations dans le temps des vitesses de
'eau en écoulement.

~I
m
()
J:
m
r-
r-
m

hétérogène homogène
o
m
Figure 37 - Isotropie (1) et anisotropie (2, 3,4). Homogénéité (2 et 3) et hétéro- ()
::0
généité (4). o
Echelles de grandeur du milieu. Volume représentatif élémentaire (Il
(Il

Les lois de l'hydrodynamique souterraine ne s'appliquent qu'au l>


Z 2
milieu continu, isotrope ou homogène. En général les formations -i
m homogène èche Ile du VRE
hydrogéologiques sont anisotropes, voire hétérogènes (stratification,
passages latéraux de faciès, etc.). La stratigraphie implique obligatoi-
rement un réservoir anisotrope et souvent hétérogène. L'isotropie et
l'homogénéité sont liées à l'échelle du domaine de réservoir considéré
(fig. 38). Il est toujours possible, par l'étude lithologique, de délimiter gr ai n

un volume de réservoir, plus petit, homogène voire isotrope. Ce do-


maine d'espace est appelé le volume représentatif élémentaire ou VRE Figure 38 - Échelles de grandeurs du milieu poreux et homogénéité. Volume repré-
(fig. 37). La grandeur de ce volume unitaire, assimilé à un cube, est sentatif élémentaire VRE. Un réservoir alluvial homogène à l'échelle régionale, est
comprise entre deux limites extrêmes. Il doit être assez petit pour hétérogène à l'échelle locale (VRE de granulométries différentes, 1 et 2), homogène
à celle du VRE et hétérogène à celle microscopique des pores et des grains.
être isotrope ou homogène. Il doit être assez grand, par rapport aux
dimensions des vides, pour permettre la continuité de l'écoulement
et représenter les caractéristiques statistiques significatives des para-
mètres du réservoir. Pour les milieux poreux, S. Irmay (1964), donne CARACTERISTIQUES ET TYPES D'EAU SOUTERRAINE
les dimensions suivantes:
L'eau souterraine est toute l'eau présente dans toutes les formations
Isx ~ 50 à 100 d 10 (10) hydrogéologiques, quels que soient leurs types et leurs profondeurs.
82 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 83
Souvent s'y ajoutent des solutions de substances minérales ou orga- Tableau 14 - Types d'eau souterraine déterminés conventionnellement,
niques, dites solutés. par les moyens et les énergies mis en œuvre pour leur extraction
Des quantités d'eau, souvent importantes, sont retenues à la surface
des grains ou contre les parois des microfissures , par des interactions Types d'eau Moyens d'extraction Forces
eau/roche. Les forces mises en jeu, attraction moléculaire et tension souterraine exercées
superficielle, sont dues essentiellement à la structure particulière,
eau gravitaire égouttage gravité
bipolaire, de la molécule d'eau. Elles décroissent, d'une façon continue,
dessication à 108° C chaleur
de quelques dizaines de milliers de fois la force de la gravité,g à un g,
de la surface des grains vers le centre des vides (fig. 41). La classifica- eau
tion en types d'eau dans le réservoir et en particulier de l'eau gravitaire, eau de pelliculaire centrifugation attraction
correspond à des niveaux d'énergie croissants, mis en œuvre pour leur rétention eau néant moléculaire
extraction : force de la gravité, force centrifuge, chaleur, etc. Elle est
donc purement conventionnelle et abstraite. Les forces de liaisons, dans adsorbée
le complexe eau/réservoir, sont fonctions des caractéristiques des
champs qui y règnent : champ de la gravité, champs électriques, etc. traction de l'eau par centrifugation. Action de la force centrifuge.
ux types d'eau de rétention: pelliculaire et adsorbée
Etudes de l'eau du réservoir. Grandeurs du réservoir affectés par les
mesures L'échantillon, dit sec, placé dans une centrifugeuse, libère encore
certain volume d'eau, sous l'action de la force centrifuge. C'est le
L'étude de l'eau contenue dans un réservoir, s'effectue dans deux
pe d'eau pelliculaire. Le volume d'eau extrait n'est limité que par la
conditions, correspondant à deux ordres de grandeurs d'espace et de
issance des appareils actuels (50 000 tours par minute développant
temps:
forces de plusieurs dizaines de milliers de g). L'échantillon ren-
- au laboratoire sur échantillons de petites dimensions et pendant un e encore un certain volume d'eau. C'est le type d'eau adsorbée.
temps très court (mesures ponctuelles) ; s forces de l'ordre de 200 000 g, seraient nécessaires pour extraire
- sur le terrain affectant des volumes et des temps croissants : totalité de l'eau de l'échantillon.
stations d'essais (pompages d'essai, page 150), aquifères ou bassins Les deux types d'eau, eau pelliculaire et eau adsorbée, constituent
hydrogéologiques (fluctuations de la surface piézométrique). u de rétention.
Etudes de l'eau d'un échantillon en laboratoire traction de l'eau par évaporation sous l'action de la chaleur
Elles consistent à extraire l'eau d'un échantillon de dimensions Un échantillon, placé dans une étuve, perd progressivement son eau
réduites (ordre de grandeur décimétrique), prélevé dans l'aquifère, par s l'action de la chaleur. La température est limitée, par convention
des moyens d'énergies croissantes : égouttage (gravité), contrifugation 108° C, afin d'éviter la destruction des constituants solides. L'échan-
ou chaleur (tableau 14). Ion est dit sec après 24 heures.
es d'eau souterraine: eau gravitaire et eau de rétention
Extraction de l'eau par égouttage. Action de la force de la gravité. 1 convient de distinguer, pour définir les caractéristiques hydrogéo-
Type d'eau gravitaire iques des réservoirs, deux types d'eau souterraine : l'eau gravitaire
Un échantillon de réservoir saturé, de volume total V t , prélevé dans 'eau de rétention.
l'aquifère avec toutes les précautions pour éviter des modifications gravitaire ou eau mobilisable
(pertes d'eau en particulier), est placé sur une grille (fig. 39). Il libère
de l'eau par égouttage (drainage en milieu naturel), recueillie dans une L'eau gravitaire est la fraction de l'eau souterraine libérée par l'action
cuvette. Le volume d'eau, V e , libéré par la force de la gravité, est nom- la force de la gravité. C'est l'eau mobilisable. Elle seule circule dans
mé eau gravitaire. Après un certain temps d'égouttage, en général 24 aquifères, sous l'action de gradients et alimente les ouvrages de cap-
heures, l'échantillon est qualifié de sec, car il ne libère plus d'eau, en es et les sources. Le volume d'eau gravitaire libéré est fonction du
quantité appréciable. z ps d'égouttage (ou de drainage) et de la granulométrie (fig. 40).
84 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
;;[Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 85
Eau de rétention ou eau non mobilisable. Structure moléculaire de l'eau
~de 3 . 10- 8 cm ; 34 000 milliards de milliards de molécules dans
L'eau de rétention (eau pelliculaire et eau adsorbée) est la fraction 1 cm 3 ) . Elle est constituée de deux atomes d 'hydrogène chargés posi-
de l'eau souterraine, maintenue dans les vides à la surface des grains tivement et d'un atome d'oxygène chargé négativement. Le défaut de
ou des parois des microfissures, par des forces supérieures à celles de deux électrons de l'atome d'oxygène la dote d'un moment dipolaire
la gravité. Elle n'est donc pas mobilisable. Attirée fortement à la sur- élevé (constante diélectrique de l'eau). Ainsi polarisée elle se comporte
face du solide, elle fait corps avec lui et appartient physiquement et comme un minuscule aimant permanent ou dipôle (l, fig. 40). Au
mécaniquement à la même phase de l'aquifère, réservoir/eau de réten- contact des molécules polarisées se développent ainsi des forces d'at-
tion ou corps solide (fig. 39). traction moléculaire de plusieurs dizaines de milliers de fois la force
ela gravité (jusqu'à 200 000). Celles-ci s'exercent:
CORPS SOLIDE
- entre les molécules d'eau pour constituer des chaînes ou particu-
gradin
eau de
s, elles-mêmes polarisées (2, fig. 41) ;
rétent ion - entre molécules (ou particules) d'eau et la surface des grains du
servoir ou actions d'interface eau/roche (3, fig. 41).
6 ~1: ,v
'"
"0:":
v >
O,~
......... 0 2 ~

volume
/d'eau EGOUTTAGE
gravI t a i re

Figure 39 - Un échantillon d'aquifère, saturé en eau, de volume total Vt, libère par
égouttage sous l'action de la force de la gravité, un volume d'eau, V e , dit eau
gravitaire.

igure 41 - Structure complexe de la molécule d'eau.


40 3 , la molécule d'eau avec deux électrons libres de l'atome d'oxygène, est un minus-
%35 ule aimant perman~nt ou dipôle; 2, chaîne de molécules ou particule; 3, adhésion
ela molécule à la surface des grains polarisée par un champ électrique.
v
~ 25 2
0
:;: 20
v 15
La limite de séparation de deux phases ou interface eau/grain, est
'v e lieu de champs de force. Ceux-ci attirent, en les orientant perpendicu-
~ 10
~ 5
irement à la surface, les dipôles qui sont solidement fixés. La molécule
0
c, t adsorbée. Des échanges physico-chimiques et d'énergie s'exercent
10 15 20 25 30 vec le support.
temps jours Les forces d'attraction moléculaire décroissent, très rapidement,
Figure 40 - Le volume d'eau gravitaire, libéré d'un échantillon, est fonction de la e la surface des grains vers le centre des vides (fig. 42). Les liaisons
granulométrie et du temps d'égouttage, . eviennent de plus en plus lâches et l'eau peut être libérée du réservoir
l, sable fin de dl 0= 0,08 mm ; 2, sable moyen de d 10 =
0,47 mm ; 3, gravier de par des forces de plus en plus faibles. Les molécules devenues libres,
dlO = 2,5 mm.
à une distance très faible de la surface du grain (1 à 2 microns), peu-
Vent être déblacées par la force de la gravité. Cet état n'étant pas
Le phénomène de rétention de l'eau, à la surface des grains, est la constant, cette conception explique, en partie, l'accroissement en
conséquence de la structure moléculaire particulière de l'eau. La molé- fonction du temps, du volume d'eau gravitaire obtenu par égouttage.
cule d'eau est une très petite molécule angulaire (diamètre de l'ordre L'eau adsorbée constitue un film continu, mince pellicule d'une
86 Principes et méthodes de l'hydrogéologie . (Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 87
épaisseur de l'ordre du dixième de micron, soit l'empilement de quel- gravité, il est possible de distinguer deux grands types d'eau souter-
ques dizaines de molécules. Ce type d'eau ne peut être extrait par les rains : l'eau gravitaire et l'eau de rétention. Seule l'eau gravitaire
moyens actuels. En pourcentage du volume total, elle augmente en participe .à l'écoulement.
fonction de la granulométrie : 2 à 5 % dans les sables gros, la à 15
dans les sables fins et 40 à 50 dans les argiles.
CARACTERISTIQUES HYDROGEOLOGIQUES DU COMPLEXE
EAU/RESERVOIR. POROSITE EFFICACE ET COEFFICIENT
D'EMMAGASINEMENT

Les paramètres- de la fonction réservoir de l'aquifère peuvent être


mesurés en laboratoire et sur le terrain. En laboratoire le complexe
eau/réservoir ou aquifère, est caractérisé par un paramètre hydrodyna-
mique important, la porosité efficace. Sur le terrain, les pompages
d'essai l'étude des fluctuations de la surface piézométrique, déter-
minent les paramètres hydrodynamiques de l'emmagasinement souter-
rain, dont le principal est le coefficient d'emmagasinement.

Définition des paramètres hydrodynamiques du complexe eau/réservoir,


déterminés en laboratoire
eau
gravitaire Les trois états hydriques principaux du complexe eau/réservoir, ou
';k------l aquifère, selon leur position sous la surface du sol, sont schématisés
figure 43. Ils permettent de définir : le réservoir saturé (l) dont la
lU distances en ,H totalité des vides, Vv' est remplie d'eau ; le réservoir non saturé (2)
avec présence d'eau et d'air dans les vides et l'état, dit sec (3), où les
vides ne renferment que de l'eau de rétention et de l'air.
EAU RETENTION
Les deux paramètres hydrodynamiques des aquifères utilisés en
hydrogéologie, permettant de donner une valeur numérique à ces
Figure 42 - Schéma de la structure de l'eau souterraine au voisinage d'un grain. différents états et exprimant la fonction capacitive du réservoir, sont:
Interaction physique eau/roche. D'après Polubrina-Kochina (1962). la porosité efficace et la teneur en eau. La porosité cinématique sera
définie ultérieurement, page 114.
L'eau pelliculaire représente une pellicule de l'épaisseur de l'ordre du Porosité efficace
micron. Elle peut se déplacer à la surface des grains sous l'action de La porosité efficace (specifie yield), notée ne, sans dimension, expri-
l'attraction des molécules d'eau voisines. mée en pourcentage, est le rapport du volume d'eau gravitaire, Ve que
L'eau capillaire, soumise à la force de tension superficielle, avec le réservoir peut contenir à l'état saturé, puis libérer sous l'effet d'un
deux types : l'eau capillaire continue et l'eau capillaire suspendue égouttage complet, à son volume total, V t (fig. 43).
(tableau 14). L'eau capillaire continue, dont la présence est due à
l'ascension capillaire, est localisée dans la frange capillaire (fig. 46). ité ff
porosi e e rcace, ne =
volume d'eau gravitaire
1 Ve
-- -Ven 01
10
(1)
L'eau capillaire suspendue est présente dans la frange capillaire et la volume tota t
zone non saturée (fig. 46). Exemple : un échantillon de sable albien du bassin de Paris, saturé,
de 1 000 cm' libère, par égouttage de 24 heures en laboratoire, un
Conclusions volume d'eau gravitaire de 200 cm". Sa porosité efficace est de
Pratiquement, considérant la mobilité de l'eau sous l'action de la 200/1 000 = 20 %.
88
Principes et méthodes de l'hydrogéologie
"chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 89
Teneur en eau volumique
La teneur en eau volumique (water content), notée e, est la quantité .aleurs et facteurs de la porosité efficace
d'eau, exprimée en pourcentage, contenue dans un réservoir, saturé ou Les valeurs de la porosité efficace sont données dans les tableaux 15
non, rapportée au volume total, quel que soit le type d'eau considéré 16.
(fig. 43). Il s'agit d'un terme général s'appliquant à tous les milieux,
saturés ou non. Tableau 15 - Quelques caractéristiques de sédiments meubles.
Exemple : un échantillon de sable moyen saturé, d'un volume de D'après documents de l'U.S. Geological Survey.
1 000 cm", renfermant 280 cm ' d'eau. Le volume total d'eau contenu
dans les vides est égal à la porosité, mesurée par un porosimètre. La ~. Types de sédiments dlQ n ne K
teneur en eau volumique est: mm % % mis
teneur en eau volumique, fJ =
volume d'eau = 280 = 28 % /Gravier moyen 2,5 45 40 3.10- 1
volume total 1 000 CI 2) able gros 0,250 38 34 2.10~3
La teneur en eau volumique est donc égale à la porosité. iSable moyen 0,125 40 30 6.10- 4
"Sable fin 0,09 40 28 7.10- 4
L'humidité (moisture content), notée exprimée en pourcentage,
ô ;
Sable très fin 0,045 40 24 2.10- 5
est la teneur en eau d'un réservoir non saturé quel que soit le type "Sable silteux 0,005 32 5 1.10- 9
d'eau, exprimée en rapports de volumes ou, plus souvent de poids. ""i~ilt 0,003 \ 36 3 3.10- 8
*1.10- 9
CD ® ® ';Silt argileux
Argile
'i
0,001
0,0002
38
47 *5.10- 1 0
air
Valeurs calculées
W
Cl Tableau 16- Valeurs de la porosité efficace moyenne
..J
pour les principaux réservoirs
0
li) Types Porosité Types Porosité
saturé non saturé sec
de réservoirs efficace de réservoirs efficace
% %
Gravier gros 30 Sable gros + silt 5
Gravier moyen 25 SHt 2
Gravier fin 20 Vases 0,1
Gravier + sable 15 à 25 Calcaire fissuré 2 à 10
Alluvions 8 à 10 Craie 2à 5
Sable gros 20 Grès fissuré 2 à 15
Sable moyen 15 Granite fissuré 0,1 à 2
Sable fin 10 Basalte fissuré 8 à 10
Sable très fin 5 Schistes 0,1 à 2

Facteurs de la porosité efficace


Figure 43 - Schéma des trois états d'un échantillon de sous-sol montrant les types Il est utile de relier la porosité efficace aux caracté?st~que~ physiques
d'eau souterraine présents dans les vides du réservoir. Définition de la porosité
efficace, ne et de la teneur et eau e. Ve et ÀVe,volumes d'eau gravitaire; V volume des réservoirs. Celles-ci constituent la trame de la distribution spatiale
r,
d'eau de rétention; Vs, volume de la phase solide; Vt, volume total de l'échantillon. des données ponctuelles. Les trois principaux facteurs de la porosité
efficace sont :
90 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 91
- les diamètres respectifs des grains et, dans une certaine mesure les Surface spécifique des grains
diamètres ; , Les forces de liaison entre l'eau et le réservoir ont une intensité
- l'arrangement des grains; maximale à la surface des grains. La grandeur de cette surface est donc
- la surface spécifique des grains. importante. C'est pourquoi un paramètre granulométrique a été défini,
Diamètre efficace des grains la surface spécifique des grains (p. 78). La porosité efficace croît
avec la surface spécifique des grains.
L'examen des tableaux 15 et 16 dégage deux faits:
- la porosité efficace, la granulométrie étant uniforme diminue avec Définition des paramètres hydrodynamiques du complexe eau/réservoir,
le diamètre des grains; , déterminés sur le terrain. Emmagasinement souterrain
- la porosité efficace diminue lorsque la granulométrie est variée. Des études et expérimentations, sur le terrain, permettent de mesurer,
\our un sédiment mixte elle est, en général, plus faible que celle de en place et sur un volume important, les paramètres de l'emmagasine-
1un quelconque des constituants. D'où la prise en considération du ment de l'eau dans les réservoirs.
diamètre efficace d lO (tableau 15). Sous l'effet d'un abaissement unitaire de niveau piézométrique, en-
Arrangement des grains traînant une différence de charge unitaire, M, l'eau est libérée du
réservoir (fig. 45) :
L'arrangement dès grains exprime leur disposition dans l'espace - dans l'aquifère à nappe libre par l'action de la force de la gravité
(fig. 44). La porosité est fortement influencée par l'arrangement des (drainage) ;
g!"ams. ,Elle décroît de 47,6 % pour l'arrangement cubique, le plus
lache, a 25,9 % pour l'arrangement rhomboédrique le plus tassé. Une
conséquence est la diminution de la porosité avec la profondeur. Les AQUIFERE AQUIFERE
A NAPPE LIBRE
variations de la porosité entraînent celles de la porosité efficace. A NAPPE CAPTIVE

t:, (j 6 6 Q)

1 2 3
Cl
~

cu
s:
o

gravité

@-,
0 ------
-- - - - - - - -0-

4 5 6 DRAINAGE
-
quantrt
1ibérée
ve = ne
d eau

S
cW
~---=--~-

EXPULSION

Figure .44 - La porosité totale, donc la porosité efficace, dépend de l'arrangement


~es grains. D'après Graton et Fraser. Elle décroît de 47,6 % pour le type 1, cubique, Figure 4S - Signification de la libération de l'eau souterraine dans les aquifères.
a 25,9 % pour le type 6, rhomboédrique. Porosité efficace, ne et coefficient d'emmagasinement, S.
92 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 4] Aquifère, réservoir d'eau souterraine 93
- dans l'aquifère à nappe captive par expulsion de l'eau (p. 49) · zone d'évapotranspiration, interface sol/sous-sol, soumise à des
provoquée par des actions d'élasticité de l'eau et du solide (détente de variations de teneur en eau importantes provoquées par l'infiltration
l'eau et déformation du solide). Les modules d'élasticité étant faibles, et l'évapotranspiration. Sa profondeur est en relation avec le type de
le volume d'eau libéré est beaucoup plus petit, à caractéristiques égales sol et le climat;
que pour les nappes libres. · zone de transition où la teneur en eau est voisine de la capacité de
Soit un prisme vertical, découpé dans l'aquifère, de base unité un rétention (rapport du volume d'eau de rétention au volume total, en
mètre carré et de hauteur, déterminée à la base par le substratum et au pourcentage) ;
sommet par la surface piézométrique (fig. 45). Le coefficient d'emma- · zone ou frange capillaire, alimentée par l'eau de la zone saturée
gasinement (storage coefficient)', noté S, sans dimension, est le rapport remontant par ascension capillaire. La surface de la nappe passe au sein
du volume d'eau libéré ou emmagasiné, par unité.de surface de l'aquifère de cette tranche de terrain. Elle est, en général à une cote supérieure à
un m 2 à la variation de charge hydraulique, M, correspondante. la surface piézométrique. Mais elle n'est pas mesurable sur le terrain
L'emmagasinement spécifique (specifie storage) , noté Ss, exprimé en avec précision par des dispositifs opérationnels simples. C'est pourquoi
unité de volume d'eau libéré ou emmagasiné par unité de volume elle est mesurée par le niveau piézométrique, défini comme l'altitude du
d'aquifère un m 3 sous l'action d'une variation unitaire de charge plan d'eau dans un. ouv:age. Sa tranche. inféri~ure est. ra~tachée. à la
hydraulique, ~h. zone saturée car les VIdes hbres sont remphs par 1eau capillaire continue.
Dans l'aquifère à nappe libre, le coefficient d'emmagasinement est piézomèt re
égal, en pratique, à la porosité efficace. Par contre dans l'aquifère à
nappe captive, il est de 100 à 1 000 (voir 10000) fois plus petit. ~® ZONE D'EVAPÜ- w
TRANSPIRATION w
Ainsi pour l'aquifère multicouche des sables albiens du bassin de Paris,
il décroît brusquement de 0,2 dans la formation en affleurement (nappe o ZONE
DE
W~

Z~
œ

libre) à 0,0001 en profondeur (nappe captive). 0(1)


TRANSITION
Le coefficient d'emmagasinement varie de 0,2 à 0,01 pour les nappes 1---------1 N~
libres et de 0,001 à 0,0001 pour les nappes captives. en 2 surface FRANGE Z
~ de la
CONCLUSIONS on CAPILLAIRE w

La fonction capacitive du réservoir est déterminée par deux para-


mètres selon la méthode de leur mesure : 1~"'<O~K)()()(1 v, ~~~~---1-t-"':'7':-=-=77"::~::-I~~
a
su rfa ce

piézomét r ique
wW

1
AQUI FERE
A
-- la porosité efficace rapport du volume d'eau gravitaire libéré, par ~4 (1)
NAPPE LIBRE
égouttage d'un échantillon en laboratoire, au volume total; H =

- le coefficient d'emmagasinement, exprimant le rapport du volume 0 ..IL- 0 5 10 15 20 25 30 %


teneur en eau
d'eau libéré ou emmagasiné, par unité de surface de l'aquifère, à la
variation de charge hydraulique correspondante. Il est mesuré sur le • 2 E~ 3 : 06
terrain, principalement par des pompages d'essai (p. 150).
Figure 46 - Zonalité sol/eau souterraine.
1 eau de rétention' 2 eau gravitaire ; 3, eau capillaire; 4, surface piézométrique ou
ZONALITE SOL/EAU SOUTERRAINE s~rface libre ; 5, su'rf~ce de la nappe; 6, numéros des échantillons de la fig. 43. La
L'étude du premier aquifère, sous la surface du sol (aquifère à ?~ppe porosité totale est de 25 %, la porosité etticace de 20 % et la teneur en eau volu-
mique maximum de 25 %.
libre), montre la présence de haut en bas de deux zones caractensees
- La zone saturée, caractérisée par le complexe réservoir/eau de
par la teneur en eau du réservoir (fig. 46) :
rétention/eau gravitaire (l, fig. 43). Les deux types d'eau de rétention
- La zone non saturée ou d'aération, caractérisée par le complexe et eau gravitaire y sont présents. C'est le domaine de l'eau gravitaire et
réservoir/eau de rétention/air (2 et 3, fig. 43). L'eau de rétention in~lut de la nappe d'eau souterraine. La surface supérieure de cette zone est
l'eau capillaire suspendue. La quantité d'eau gravitaire est temp?ralf~' la surface de la nappe qui ne doit pas être confondue, théoriquement,
en transit souvent nulle. En fonction des teneurs en eau ou de 1humi- avec la surface piézométrique. Dans la pratique, sa limite supérieure
dité qui croissent vers le bas, elle est subdivisée en trois sous-zones: est la surface piézométrique.
(Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 95
Il faut préciser trois concepts du circuit de l'eau dans le sous-sol :
- L'écoulement souterrain ou débit moyen des aquifères, noté QW,
composante du cycle de l'eau et du bilan (p. 16). Fraction de l'écou-
lement total, c'est un concept conventionnel sans réalité physique.
Chapitre 5 - L'écoulement de l'eau souterraine ou flux souterrain, noté q,
phénomène physique avec le transport de quantités d'eau à travers
Aquifère l'aquifère. Il découle de la fonction conduite du réservoir, secteur de
conduite d'eau souterraine transit du comportement hydrodynamique de l'aquifère.
- Le débit d'une nappe à travers une section transversale d'aquifère
passant par une ligne équipotentielle. Il est calculé par application de
la loi de Darcy : Q = A. K. i.
La fonction conduite du réservoir permet le transport
de quantités d'eau et la transmission d'influences. Elle
est imposée par la structure de l'aquifère : paramètres 1 DE DARCY
géométriques et hydrodynamiques.
La base fondamentale du calcul de quantités d'eau souterraine ou
La loi de Darcy, établie expérimentalement, est la base ébit d'une nappe, par l'hydrodynamique souterraine, est la loi expé-
de l'hydrodynamique souterraine. Elle est applicable sur . entale de Darcy (H. Darcy, 1856).
le terrain dans des conditions bien définies.
L'écoulement de l'eau souterraine est déterminé par ispositif expérimental de Darcy
trois groupes de paramètres hydrodynamiques: coeffi- Le dispositif expérimental comportait des tubes verticaux de 2,50 m
cient de perméabilité et transmissivité, gradient et haut et de 0,35 m de diamètre intérieur, remplis de sable naturel. sur
charge hydrauliques, débit d'une nappe et vitesses de ne hauteur, 1 (fig. 47). La partie supérieure du tube est alimentée en
l'écoulement des eaux souterraines. u à un niveau maintenu à une altitude constante, H, au-dessus d'un
Le comportement hydrodynamique de l'aquifère est an fixe de référence. Le volume d'eau, recueilli à la base, est mesuré
imposé par les fonctions du réservoir et les conditions fonction du temps, en secondes ou en heures.
aux limites géologiques et hydrodynamiques. Le poids de la colonne d'eau, de hauteur équivalente à H, est la char-
e hydraulique, notée h, exprimée en mètres de hauteur d'eau.
L'identification des lignes de flux et équipotentielles
tracent le réseau d'écoulement, base des coupes et des noncé de la loi de Darcy
cartes hydrogéologiques.
Les études récentes des comportements hydrodyna- Avec ce dispositif, H. Darcy a montré que le volume d'eau, Q en
mique et hydrochimique du bassin hydrogéologique 3/s , filtrant de haut en bas dans la colonne de sable de hauteur, 1 en
aboutissent à un modèle conceptuel, base de la modé- , à travers la section totale, perpendiculaire à la direction verticale
lisation de l'espace souterrain. 'écoulement, A en m 2 , est fonction d'un coefficient de proportion-
ité, K en rn/s, caractéristique du sable et de la perte de charge
L'emmagasinement de l'eau souterraine gravitaire dans les vides du unité de longueur du cylindre de sable, hll sans dimension. D'où
réservoir est conditionné par le coefficient d 'emmagasinement, sa circu- xpression de la loi de Darcy :
lation par la perméabilité. La fonction conduite du réservoir assure le
transport de quantités d'eau ou flux souterrain et la transmission (13)
d'influences, différences de charge ou de pression, sous l'action de
gradients. Il est rappelé que seule l'eau souterraine gravitaire participe Le terme, K défini par H. Darcy comme un «coefficient, dépendant
à l'écoulement et est soumise aux lois de l'hydrodynamique souterraine. e la perméabilité de la couche», est appelé coefficient de perméabilité.
96 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 97
niveau constant
Q V(m/s) = Q/A = K . i =q (17)
La vitesse de filtration est ainsi la vitesse fictive d'un flux d'eau en
œ
:J (l)
-E écoulement uniforme, à travers un milieu aquifère saturé,déduite du
CT~
- C :J
œ
débit d'écoulement, Q, rapportée à la section totale de l'aquifère tra-
., -::; ro
L
ro ~
<f)
QJ L g; versé par ce flux. Elle est égale au débit unitaire (17).
1 -0 C CT
0>- 0 œ
se U :J -

§o ~ ~ Dispositif de laboratoire avec écoulement latéral


:J -0

3 ~ ~ Un dispositif de laboratoire, avec écoulement latéral, représente


œ
-0
ro 0>-
se (l)
mieux la circulation des eaux souterraines dans l'aquifère (fig. 48).
œ œ
œ
C
0>
L
-0 œ
0> C
Les résultats, obtenus par cette expérience, permettent d'écrire :
C
ro L L œ
o :J rn ~

q=_K.hl~h2
se Cl) se 0
o
u u .w
:J
U 0-
(18)
œ
se
o - h 2/1 est le gradient hydraulique, i.
pla n
- h 2 est la différence de charge, M.
~ 6.h .
q=-K.-=-K.z (19)
1
Le signe négatif est introduit devant le membre de droite de l'équa-
ion car la charge décroît dans le sens de l'écoulement et q ou V, ne
Figure 47· Expérience de Darcy. Schéma du dispositif expérimental. La vitesse de euvent être négatifs.
filtration est calculée avec la section totale intérieure du tube. manomètres

1/ ~
\2 piè z ome t rique
Le quotient de la charge, h, par la longueur de la colonne de sable, l,
ou perte de charge par unité de longueur, h/I, est défini comme le --

.
(l)--
- -
gradient hydraulique, noté i, sans dimension. D'où avec hll = i, l'expres-
sion ( 13) devient :
u
œ
I~
-
==='" ~
~ ----
CT

Q
Q=K.A.i (14)
Le débit unitaire, q, est le débit en m' /s traversant l'unité de section,
perpendiculaire à la direction d'écoulement en milieu saturé, dans
l'unité de temps en secondes. C'est aussi la quantité d'eau traversant le
milieu saturé par unité de surface. Etant le quotient d'un débit par une
surface, il a la dimension d'une vitesse et s'exprime en rn/s. pla n f 1 X e de reference

Q = KA h1-h2 = KA~
_ débit _Q (15) l l
q(m/s) - section totale - A
Figure 48 - Dispositif de laboratoire avec écoulement latéral représentatif de l'écou-
D'où en combinant les expressions (14) et (15) lement de l'eau souterraine dans l'aquifère.

q(m/s) = K(m/s) . i (16)


Généralisation de la loi de Darcy en laboratoire
La vitesse de filtration, V en rn/s, rapportée à la section totale, A, La loi de Darcy, établie sur des dispositifs particuliers, a été vérifiée
est: expérimentalement en laboratoire, dans toutes les conditions possibles.
',>. -...
98 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine\~i::::,:99 _~. /-
~>:''':-_. _ r.':)~,;.~:r:'
C'est-à-dire pour:
Comparons le dispositif de laboratoire et les conditions de terrai~';;;;::::;:;':'~'
- toutes les directions d'écoulement, (fig. 49) :
- tous liquides de différents poids volumiques et viscosités dyna-
miques, - l'ouvrage de mesure de niveau d'eau dans l'aquifère est assimilable
- tous milieux aquifères poreux continus, de toutes granulométries au tube manométrique, ouvert au point P dans le cylindre de sable,
et milieux fissurés à microfissures. mesurant la hauteur de la colonne d'eau, au-dessus du plan de référence;
Ces études ont permis d'établir deux expressions généralisées, appli- - le plan fixe de référence représenté par la table de laboratoire,
devient le niveau de base géographique, zéro;
cables dans tous les cas (K. Hubbert, 1969) :
- le niveau piézométrique, H, est assimilable à la charge hydraulique,
-+-+ 2 "1. h.
q =V =- Nd 10 . -. 1 (20)
li
-+ -+
q=V=-K.i (21 ) 1P7 ts d' Observetion\ 2

20' L=
N d 1 caractérise la granulométrie, avec N facteur de forme sans 1200 m

dimension et d lO le diamètre efficace, en cm. -lh


surface
Ji. est la viscosité dynamique. plezometrlque

"1 = pg est le poids volumique, incluant la force de la gravité, g,


considérée comme constante en un point donné.
Hr=h1112,90
=: 111,10

i est le gradient hydraulique. Il est assimilé au gradient de charge et o -'=~~ base ge.:='graPhlq~e_ _ • o
au gradient de potentiel.
Dans l'expression (21), K représente le coefficient de perméabilité
au sens large, tenant compte de toutes les caractéristiques du milieu
poreux (structure du réservoir) et de l'eau qui le traverse (viscosité
:i,Figure 49 - Application de la loi de Darcy sur le terrain. Calcul du gradient hydrau-
dynamique et poids volumique). Le coefficient de perméabilité, ainsi ;'lique, i, avec deux puits d'observation, l et 2.
défini, ne répond plus à la conception de H. Darcy. En effet il n'est
pas une constante physique du milieu poreux, car il varie avec les carac-
téristiques de l'eau en mouvement. Toutefois il reste valable pour les
JMesure du niveau piézométrique
eaux souterraines normales.
La mesure du niveau piézométrique est l'opération principale de
l'inventaire de la ressource en eau souterraine. Etant l'altitude du niveau
APPLICATIONS DE LA LOI DE DARCY SUR LE TERRAIN '"d'eau, en équilibre naturel, dans l'ouvrage, il est calculé par différence
Niveau piézométrique, charge et potentiel hydrauliques 'entre la cote du sol (repère sur l'ouvrage), z et la profondeur de l'eau,
JHp (H = z - Hp). Pour une source c'est l'altitude de l'émergence natu-
Les trois paramètres, niveau piézométrique, charge et pot~ntiel relle H = z. Dans le cas de sondages artésiens, H = z + élévation du
hydrauliques, n'ont pas la même signification physique. Le niveau ,c niveau d'eau au-dessus du sol (fig. 20 et 21, p. 48 et 49).
piézométrique est mesuré par une altitude de plan d'ea~. La cha,rg,e t La profondeur de l'eau, dans l'ouvrage, est mesurée par les sondes:
hydraulique est le poids de la colonne d'eau au-dessus du nIveau. de refe- ~•: ficelle ou ruban avec flotteur, sondes électriques. Leur précision est
rence, ou énergie par unité de poids. Le potentiel hydraul~que est {de l'ordre de plus ou moins 5 mm. Donc celle de H dépend surtout
l'énergie exigée pour porter l'unité de masse au-dessus du nIveau. de ;du nivellement. Souvent les niveaux sont enregistrés automatiquement,
référence. Mais seule la mesure du niveau piézométrique est accessible ~:en continu, par des limnigraphes qui donnent des limnigrammes piézo-
sur le terrain. Par convention, étant donné la précision des mesures, :Jmétriques.
ces trois paramètres sont identifiés à un seul, le niveau pi~zométrique. ," L'altitude du sol (repère sur l'ouvrage) est obtenue, soit par lecture
Les niveaux piézométriques permettent de calculer le gradient hydrau- 14e la carte topographique, soit lorsqu'une plus grande précision est
lique. (recherchée, par des opérations de nivellement.
Principes et méthodes de l'hydrogéologie Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 101
100
nditions de validité de la loi de Darcy
Calcul du gradient hydraulique
Par comparaison entre le dispositif de laboratoire et le terrain, le La loi de Darcy est établie par des expériences de laboratoire répon-
gradient hydraulique est la différence de niveau piézométrique entre ant à des conditions très strictes. Quatre conditions doivent être
deux points de la surface piézométrique , par unité de longueur, mesurée spectées : continuité, isotropie et homogénéité du réservoir et écou-
le long d'une ligne de courant. Il est assimilable à la pente de la surface ment laminaire.
L'écoulement laminaire est caractérisé par des lignes de flux conti-
piézométrique.
Dans la pratique, le gradient hydraulique est calculé sur le terrain, à es, rectilignes, individualisées et occupant entre elles la même position
l'aide des niveaux piézométriques mesurés dans deux ouvrages d'obser- lative. Les vitesses, constantes et parallèles, sont inférieures à la
vation, alignés sur une ligne de courant. L'un amont, Hl' l'autre aval esse critique, au-delà de laquelle l'écoulement devient turbulent.
H 2 , séparés d'une distance L (fig. 49) :
Ces conditions de validité peuvent paraître très restrictives si l'on
nsidère les nombreuses variations lithologiques des formations
H I-H2 = 112,90-111,10=00015 (22) ydrogéologiques (stratification, passage latéral de faciès, schistosité,
L 1200 ' .c.), Mais en réalité les cas où la loi de Darcy n'est pas applicable sont
ités aux formations très hétérogènes, aux réseaux karstiques et lors-
Mais la méthode recommandée est celle de l'utilisation des cartes e la vitesse d'écoulement est très élevée, comme au voisinage des
piézométriques (fig. 50, i = 0,0012). vrages de captages (p. 138).
Les valeurs des gradients hydrauliques, mesurées dans les conditions
naturelles, sont faibles, 0,001 à 0,00001. amètres hydrodynamiques
Pressions de l'eau à l'intérieur de l'aquifère L'expression généralisée de la loi de Darcy, dégage trois grands
Au point P, dans l'aquifère à la base d'un tube piézométrique, la oupes de paramètres de l'écoulement de l'eau souterraine dans les
pression totale, p, exercée par l'eau sur les parois des pores du réser- uifères (tableau 19) :
voir, est équilibrée par le poids de la colonne d'eau de hauteur hp et - coefficient de perméabilité, transmissivité et diffusivité ;
de la pression atmosphérique Pa' La pression totale augmente avec le - charge et gradient hydrauliques ;
profondeur. Par contre la charge, h, est constante. Il faut donc distin- - débit d'une nappe et vitesses d'écoulement.
guer nettement charge et pression à l'intérieur de l'aquifère. La charge et le gradient hydrauliques viennent d'être étudiés.

ERMEABILITE - TRANSMISSIVITE - DIFFUSIVITE

éfinition de la perméabilité. Coefficient de perméabilité et perméa-


ilité intrinsèque
, La perméabilité est l'aptitude d'un réservoir à se laisser traverser par
eau, sous l'effet d'un gradient hydraulique. Elle exprime la résistance
u milieu à l'écoulement de l'eau qui le traverse. Elle est mesurée par
eux paramètres : le coefficient de perméabilité et la perméabilité
intrinsèque.
Le coefficient de perméabilité, noté K, est défini par la loi de Darcy.
Hl -H 2 105-101 C'est le volume d'eau gravitaire en m 3 traversant en une unité de temps
L 3250 (u~e, seconde), sous l'effet d'une unité de gradient hydraulique, une
unité de section en m 2 orthogonale à la direction de l'écoulement, dans
les conditions de validité de la loi de Darcy (à la température de 20°C).
Figure SO - Calcul du gradient hydraulique par la carte piézométrique.
Il a la dimension d'une vitesse et s'exprime en rn/s.
102 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 103

La perméabilité intrinsèque, notée k, est le volume de liquide en m ' degré d'interconnection ou continuité. Cette résistance est exprimée
d'unité de viscosité cinématique (une centipoise) traversant en une par N dla, avec:
unité de temps (en s), sous l'effet d'une unité de gradient hydraulique, - cru. le diamètre efficace des grains, en cm
une unité de section (un m 2 ) orthogonale à la direction d'écoulement. - N, un facteur de forme, sans dimension, groupant les autres carac-
Elle s'exprime en m 2 ou en darcy. Elle est parfois appelée perméabilité téristiques granulométriques : forme et arrangement des grains.
géométrique. Le darcy est la perméabilité d'un milieu débitant 1 cm 3/s D'où trois facteurs principaux de la perméabilité intrinsèque:
à travers une surface de 1 cm 2 sous un gradient hydraulique, normal - en priorité la granulométrie avec le diamètre efficace, d 10' Le
à cette surface, de 1 atmosphère par centimètre. degré d'interconnection des vides et l'arrangement des grains, également
Facteurs du coefficient de perméabilité importants mais difficilement mesurables, sont estimés par le facteur N.
D'après les deux expressions généralisées de la loi de Darcy (20) et - la surface spécifique ;
(21) ,établies par expérimentations en laboratoire : - la porosité efficace.
Le diamètre efficace des grains est le facteur principal de la perméabi-
2 'Y lité intrinsèque qui décroît comme son carré k = N d 10' Avec des
K=N dIa. - (23)
Ji, aleurs de dIa inférieures à 0,00 1 mm, le réservoir devient imperméable.
Ce terme englobe les caractéristiques du réservoir et du liquide. ertains auteurs, par des expériences en laboratoire, ont proposé une
C'est l'expression du coefficient de perméabilité, K. Il est évident valeur moyenne de 100 pour N. D'où:
qu'il ne répond pas à la conception de Darcy (constante physique du
2
réservoir). En effet il comporte deux couples de résistance à l'écoule- K(cm 2 ) = 100 d lO (cm) (24)
ment, correspondant à deux groupes de facteurs: les caractéristiques
du réservoir, avec N dl
a et les caractéristiques du fluide en mouvement L'expression (24), même appliquée dans certaines limites U < 5 et
ou coefficient du fluide (fig. 51). Il est donc nécessaire de rechercher ,01 <vro < 0,3 mm, donne des résultats peu précis et dispersés. Elle
un paramètre sp~cifique du réservoir, appelé perméabilité intrinsèque, e peut être utilisée qu'à titre indicatif.
exprimé par N dIa. La perméabilité intrinsèque varie comme l'inverse de la surface
pécifique, M.
L'écoulement de l'eau souterraine s'effectuant dans les vides occupés
l'eau gravitaire et n'affectant que ce type d'eau, la porosité efficace
t aussi à considérer.
acteurs du coefficient de perméabilité, propres au liquide en mouve-
ent. Coefficient du fluide
Les deux facteurs principaux du coefficient du fluide qui incluent
température et la concentration sont :
-la viscosité dynamique, Ji" qui exprime la résistance du liquide à
écoulement ;
- le poids volumique, "1 = pg, exprimant la force motrice (action de
Figure SI - Signification du coefficient de perméabilité, K et de la perméabilité force de la gravité, g).
intrinsèque, k, dans un volume représentatif élémentaire (VRE).
Le facteur principal est la viscosité dynamique. Elle décroît rapide-
ent avec l'augmentation de la température. Le coefficient de perméa-
Facteurs du coefficient de perméabilité ,propres au réservoir. lité, fonction inverse (expression 24) croît avec la température
Perméabilité intrinsèque fig. 52). Une conséquence est l'accroissement de K avec la profondeur,
L'eau circulant dans les vides du réservoir rencontre une résistance, nséquence de l'effet du gradient géothermique (K est multiplié par
fonction de leurs dimensions, exprimée par la granulométrie et leur à 1 000 m et par 3 à 3000 m de profondeur).
hap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 105
104 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
n paramètre récent, la transmissivité, notée T, a été cree. Il régit le
'bit d'eau qui s'écoule, par unité de largeur, L, d'un aquifère, sous
Il effet d'une unité de gradient hydraulique, i. Il évalue la fonction
K
\ nduite de l'aquifère.
La transmissivité est égale au produit du coefficient de perméabilité,
\~ ,par l'épaisseur de l'aquifère, b. Elle s'exprime en m 2 /s.
\ Transmissivité, T(m 2/s) = K(m/s) . b(m) (25)
~
L'expression de la loi de Darcy, Q = K.A. i, devient avec A = b. L :

U, [JU5 '-----+---t-------+----;~ Q(m 3 /s) = T(m 2 /s) . L(m) . i (26)


Incluant l'épaisseur de l'aquifère, la transmissivité permet de repré-
nter sur des cartes, les zones de productivité. Elle est à la base de la
Figure 52 - La viscosité dynamique, u, décroît rapidement comme la température. iscrétisation du calcul par mailles des modèles mathématiques. Elle
En conséquence le coefficient de perméabilité, K, croît comme la température. mesurée, sur le terrain, par les pompages d'essai (p

Tableau 17 - Valeurs du coefficient de perméabilité.


Influence de la granulométrie: diamètres des grains
Le poids volumique varie en fonction de la pression, de la teneur en et diamètres respectifs
sels dissous et de la température. Toutefois l'influence de ce facteur
est faible comparée à celle de la viscosité. K(m/s) 101 1 10-110-21Ù310-410-51O-61O-710-81lr91O~o10-11

Conclusions homogène 1 Sable Sab le


Gravier pur pur t res fi n 1 Sflt Argile
GRANULOMETRIE
Cette étude montre que pour la prospection des eaux souterraines, variée Gravlerl Gravier etl Silble et argile-Limons
gros et sable
dites normales (faible profondeur, pression et température peu élevées, moyen
faibles teneurs en sels dissous), les effets de la viscosité et du poids DEGRES DE PERMEABILITE TRES BONNE BONNE MAUVAI S E NULLE
volumique peuvent être négligés. Il n'en est pas de même pour les TYPES DE fORMATIONS PERMEABLES
SEMI
IMPER.
PERMEABLES
aquifères profonds. L'utilisation du coefficient de perméabilité, K, est
valable pour caractériser les réservoirs jusqu'à une profondeur d'un "
1imites conventionnelles "-
millier de mètres.
Valeurs du coefficient de perméabilité Diffusivité
Les valeurs du coefficient de perméabilité sont faibles, de quelques La diffusivité, notée T/S, régit la propagation d'influences dans
millimètres par seconde pour les réservoirs perméables à 10 000 fois 'aquifère. Elle est égale au quotient de la transmissivité, T, par le
plus faibles pour les formations imperméables. C'est pourquoi elles coefficient d'emmagasinement, S. Elle s'exprime en m 2/s (fig. 53).
sont exprimées en puissance de dix afin d'éviter la manipulation de 2
chiffres décimaux. Ces valeurs s'échelonnent, dans une gamme continue, diffusivité = T(m2/s) / S, en m /s (27)
de 101 à 1 . 10- 1 1 mis (tableau 17). Tous les matériaux conduisant
l'eau à des degrés divers, la limite inférieure des réservoirs perméables DEBIT D'UNE NAPPE ET VITESSES D'ECOULEMENT
a été fixée, conventionnellement,à une valeur de 1 . 10- 9 m/ s.
"Débit d'une nappe
Transmissivité Le débit d'une nappe, Q, est le volume d'eau en m ' traversant par
La productivité d'un captage dans un aquifère est fonction de son Unité de temps (s) une section transversale en m 2 d'aquifère, sous
coefficient de perméabilité, K et de son épaisseur, b. C'est pourquoi
106 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 107
l'effet d'un gradient hydraulique déterminé. La section, perpendicu- Q(m 3/s) = K(m/s) . A(m 2 ) . i (14)
laire à la direction d'écoulement, passe par une ligne équipotentille, 0,27 m 3/s = 3.1 O~ 3 x 1 800 x 0,005
matérialisée par une courbe hydroisohypse. Parfois pour simplifier
les études sur le terrain, c'est le plan vertical perpendiculaire à la Il en est de même pour le débit à travers la section aval de la nappe
direction d'écoulement. Il est calculé par application des expressions d'alluvions du Nekor au Maroc (N. Chapon, 1962).
de la loi de Darcy (p. 95). Ce débit ne doit pas être confondu avec
le débit de l'écoulement souterrain, QW, p. 16 et 20. 0,10 m 3 /s = 2.10- 4 x 250 000 x 0,002
L'exemple de la nappe du bassin du Voltumo (Italie) montre une
rivière piézomètre
pplication de la transmissivité.

h, Q(m 3/s) = T(m 2 /s)· L(m) . i (26)


h,
0,4 m ' /s = 7.10- 2 x 4 000 x 0,0015

- - - surface plézométrlque à l'étiage H 1- hl


------ surface plézométrlque en crue H 2- h2
H,

CD

~----~l

~
K

Figure 53 - Système global aquifère/rivière. La propagation d'influence est régie


par la diffusivité T /S. Le calcul de la diffusivité peut être effectué par un modèle
mathématique de simulation hydrodynamique de type «boîte noire». Cette opéra-
tion qui consiste à retrouver le limnigramme piézométrique de sortie par itération
en introduisant des valeurs de T/S successives et par calage sur l'hydrogramme des
niveaux de la rivière est appelée déconvolution.
l
H,

o
b,
~.
------- --~-.
bi Hj
o!
Q _K~.L.LiH
(m"jS)- 2 Li x
®
Calcul du débit d'une nappe
L'étude de cas concrets, de complexités croissantes, permet d'exposer igure S4 - Calcul du débit d'une nappe par la méthode de la carte piézométrique.
les méthodes de calcul du débit d'une nappe. l , carte piézométrique ; 2, coupe verticale passant par une ligne de courant.
Méthode de la carte piézométrique
Le débit d'une nappe peut être calculé par interprétation de la carte éthode des sections élémentaires
piézométrique. L'exemple choisi est l'aquifère de Bou Hafna, en Tunisie
centrale, d'après M. Besbes, exposé figure 54. La méthode précédente est peu précise. C'est pourquoi il est préfé-
ble, lorsque les données sont suffisantes, de procéder au calcul des
Méthode de la section totale ections élémentaires (fig. 55). La section générale est subdivisée en
Le débit de la nappe d'alluvions de la Moselle, en aval de Metz, a été ction,de nombre égal à celui des sondages d'essai. L'exemple choisi
calculé par la section générale. ra la nappe alluviale de la Crau (sud de la France) (B. Dellery et al,
108 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 109
1965). L'expression de Darcy.appliquée par exemple à la section 9, est: Vitesses d'écoulement

Q(m 3 Is) = Km(m/s) . bm(m) . L. i (28) Hydrodynamique et hydrocinématique souterraines


L'écoulement des eaux souterraines peut être considéré comme
Km est la moyenne arithmétique des coefficients de perméabilité le déplacement de particules d'eau, dans l'espace et dans le temps, le
mesurés dans les sondages encadrant la section. Exemple pour la sec- long de trajectoires, appelées lignes de flux ou lignes de courant. Deux
tion 9 : méthodes de détermination des vitesses d'écoulement, correspondant à
. Kg + K9 _ 3 deux conceptions de leur mouvement, sont utilisées:
sectlOn9,Km= =5.10 mis (29)
2 - Application de la loi de Darcy, avec une correction introduisant
la porosité efficace, calculant la vitesse effective, notée Ve. C'est le
bm est l'épaisseur moyenne de l'aquifère dans les sondages 8 et 9
concept d'hydrodynamique souterraine.
section 9, bm =
bg + b9 . L = 26 500 m (30)
2 - Opérations de traçages, sur le terrain, mesurant la vitesse de dépla-
2 cement, notée Vd. C'est le concept de l'hydrocinématique souterraine.
i est le gradient hydraulique calculé sur une ligne de courant, tracée Vitesse de filtration et vitesse effective. Hydrodynamique souterraine
sur la carte piézométrique, soit i = 4.10- 3 .
L'hydrodynamique souterraine, dont la base est la loi de Darcy,
L'application de l'expression (14) à la section 9 donne:
considère que l'écoulement à travers un milieu, homogène et continu,
s'effectue selon des trajectoires théoriques rectilignes, indépendantes
Q=5.1O- 3 x26500x4.10- 3 = 0,540m 3/s
de la structure microscopique du réservoir. Le trajet de la droite moyen-
ne (ligne de courant) passe, indifféremment, à travers les grains ou les
Un calcul identique est effectué pour chaque section élémentaire. pores (fig. 57). C'est pourquoi la loi de Darcy n'est valable que pour
Le débit de la nappe est égal à la somme des débits traversant chaque une certaine grandeur de milieu, comprenant un nombre suffisant de
section, soit 3,6 m ' ls. . pores, donc d'échelle macroscopique (VRE).
Le calcul du débit de la nappe peut être effectué avec les transmis- La vitesse de filtration, V, calculée par la loi de Darcy, se rapporte
sivités moyennes, en appliquant l'expression (26). à la section totale A (fig. 56). Elle n'a pas de réalité physique. Par
exemple pour un débit d'une nappe, Q = 1 m 3 Is, traversant une section
totale, A = 200000 m 2 :

sondages et essa is vitesse de filtration =SL= 1 = 5.10- 6 mis = 150 mlan (31)
1 2 '3'4 5 6 7 8 9
A
A
200000

2 3 4 5 6 7

._...,..~
v

section section
ta tale e t t ica c e

v-KL
e- ne

.
Figure SS - Calcul du débit d'u!1e nappe par la méthode des sections eTerne ntaires . Figure S6 - Section totale et vitesse de filtration, V. Section efficace et vitesse
Aquifère à nappe libre des alluvions de la Crau. effective, V e . Expression de Darcy modifiée: ne, porosité efficace.
110 Principes et méthodes de l'hydrogéologie {Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine III

Mais seule l'eau gravitaire se déplace. La surface efficace d'écoule- Tableau 18 - Quelques valeurs de la vitesse
ment, ainsi réduite aux vides ménagés par le corps solide (grains + eau d'écoulement dans les aquifères
de rétention), dépend de la porosité efficace, ne. Elle est égale à A.n e
(fig. 56). L'expression de la loi de Darcy, corrigée, rapportée à la sec- Vitesses Vitesses de
tion efficace, pour le calcul de la vitesse effective, Ve, est donc: Types d'aquifères effectives déplacement Temps de
calculées (traceurs) séjour*
.
vitesse e fflec tiIve, Tf V.-i
ye = -V= - (32) m/an rn/an an/km
ne ne
Dans l'exemple précédent, avec ne =10% : Aquifères profonds
Sables paléocènes du bassin
vitesse effective, Ve = 1 = 5.10- 5 mis = 1 500 m/an (33) d'Aquitaine 2à3 300 à 500
20 000 Sables albiens du bassin de Paris 3 4 250 à 300
La vitesse effective est reliée à la vitesse de filtration par l'expres- Sables du continental intercalaire
sion: du Sahara septentrional 2à3 300 à 500
Grès de Nubie (Égypte) 15 66
Ve=ï (34) Bassin du Nord de l'Ukraine 33 à 55 30 à 300
ne Sables du littoral des Pays-Bas 5 250
La section efficace est plus petite que la section totale. Donc, à Aquifères à nappe libre
débit d'une nappe constant, la vitesse effective est plus grande (de Alluvions de la vallée du Rhin
l'ordre de dix fois) que la vitesse de filtration. Elle se rapproche de la à Kiel 1700 0,6
vitesse de déplacement, mesurée sur le terrain. Alluvions de la vallée du Rhin
à Bâle 100-2000 0,5 à 1
Alluvions de la vallée du Rhône 1800 0,5
Vitesse de déplacement. Hydrocinématique souterraine. Dispersion
L'hydrocinématique, branche de la cinématique, considère les dépla- * Temps écoulé pour parcourir un kilomètre, évalué en année. Un
cements réels des particules d'eau dans les vides continus. Elle étudie exemple, choisi dans l'aquifère multicouche des sables albiens du bassin
les trajectoires réelles dans les vides du milieu à l'échelle microscopique. de Paris, illustre ces faits. La distance séparant les affleurements de l'Est
Elle introduit le concept de dispersion 1 (fig. 57). du bassin (Argonne, Puisaye), des zones d'exploitation dans la région
parisienne est en moyenne de 140 000 m. Si l'aquifère n'était alimenté
que par les affleurements, avec une vitesse de déplacement de 4 m/an,
Mise en évidence de la dispersion. Traçages il faudrait, en régime permanent, environ 35 000 ans pour que l'eau des
L'expérience de Darcy est effectuée sur une colonne de sable, verti- bordures renouvelle celle extraite du sous-sol de la capitale. D'autres
cale, en introduisant au sommet de l'appareil, un traceur à une concen- méthodes, plus précises, comme la mesure du carbone 14, ont confirmé
tration Co (poids de traceur par unité de volume de solution). ces calculs.
Un traceur est une substance solidaire de la molécule d'eau permet-
tant de l'identifier (de la marquer) et de la suivre dans son déplacement. La concentration, C, est mesurée en bas de la colonne, à des in-
Le traceur peut être présent naturellement ou ajouté. D'où deux types tervalles de temps échelonnés ou en continu, par des enregistreurs
de traceurs, naturels et artificiels. L'opération, appelée traçage, permet automatiques. Le temps écoulé entre l'introduction du traceur et sa
de mesurer, sur le terrain, la vitesse de déplacement, la direction réelle détection à la sortie, est appelé temps de séjour.
de l'écoulement et les paramètres de la dispersion. Les données obtenues sont portées sur un graphique (3 et 4, fig. 57).
Deux méthodes d'introduction du traceur sont utilisées: injection En ordonnées les rapports des concentrations C/Co. En abscisses les
massive, ou bouffée, de courte durée ou continue à concentration temps de séjour. La courbe obtenue est la courbe de restitution du
constante de longue durée(3 et 4, fig. 57). traceur. Elle détermine les temps de séjour et la vitesse de déplacement.
112 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
{Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 113
point d' inj"ction P mécanique n'est pas la seule qui intervient. La dispersion est due à
trois groupes de facteurs:
- la structure physique du réservoir, cause de la dispersion méca-
nique étudiée précédemment, laquelle est prépondérante;
- la structure du fluide dont l'agitation thermique des molécules
provoque la diffusion moléculaire;
- les interactions eau/roche à l'origine de l'adsorption et de la
désorption (fig. 58).

% lin je ct ion continue de traceur


10or--,----__
adsorption désorption

50-t--"+---i
.Figure 58 - Adsorption et désorption. L'eau gravitaire en écoulement subit des
échanges avec l'eau de rétention, elle-même en interactions avec la surface des
grains.

de séjour

Les interactions entre la phase mobile en déplacement (eau gravi-


taire) et la phase immobile ou corps solide (solide + eau de rétention),
Figur~ 57. - H~drodynamiqu~ et hydrocinématique. Phénomène de dispersion.
l, trajectoires reelles des particules d'eau . 2 cône de disperslon ; 3 traçage par sont de deux types:
bouffées; 4, traçage par injection continue.' , , , - échanges dynamiques avec déplacement des molécules d'eau entre
l'eau gravitaire et l'eau de rétention, sous l'action des forces d'attraction
Explication du phénomène de dispersion moléculaire;
La c~urbe de restitution montre que les particules de traceur, donc - échanges géochimiques, sous forme d'ions, entre l'eau de rétention
le,s particules d:eau, injectées à un instant donné, au point de départ, et le solide, d'une part et entre l'eau de rétention et l'eau gravitaire,
n arnvent pas simultanément en bas de colonne. A la sortie elles sont d'autre part. Suivant le sens de ces échanges, il y a adsorption (eau
étalées dans le temps et dans un volume plus ou moins grand. Ce fait gravitaire vers le corps solide) ou désorption (corps solide vers eau
n:est p.as conforme à la loi de Darcy. Ce phénomène est appelé la gravitaire) (fig. 58).
dispersion.
Détermination de la vitesse de déplacement sur le terrain
L'étude à l'échelle microscopique montre que les particules d'eau
se déplacent dans les vides continus, alignés selon la direction moyenne, L'étude de l'écoulement de l'eau souterraine, véhicule de transport
générale, d'écoulement (L, fig. 57). Elles décrivent des trajets compli- de toutes substances minérales ou organiques, nécessaire pour la préven-
qués. C'est la tortuosité des trajectoires. Au cours de ces trajets, les tion contre la pollution de l'espace souterrain, doit considérer les
caractéristiques physiques du milieu entraînent des variations de la trajectoires réelles. D'où la mise en œuvre de méthodes de mesures,
vitesse des molécules, causes de la dispersion mécanique. Cette action Sur le terrain, des vitesses de déplacement et des paramètres de la dis-
persion. Elles reposent sur la technique des traçages.
114 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 115
Principes et méthodes de l'hYdrogéologie
Porosité cinématique Tableau 19 - Paramètres hydrodynamiques
~'es~ le rapport de la vitesse de déplacement à la vitesse de filtration
I! equIvau.t "" rapport du volume des vides réellement parcouru p~ Concepts Paramètres hydrod ynamiques Symboles Unités
1eau gravItaIre au .volume total du milieu (saturé ou non). C'est la
Porosité efficace ne %
te,n~u.r en eau mobile. Ce concept est proche de la porosité efficace Coefficient d'emmagasinement S %
défini comme un rapport de volumes. '
Coefficient de perméabilité K mis
Conclusions. Physique des écoulements Perméabilité intrinsèque k m2
T ransmissivité T m 2/s
Il ~onvient, ~out d '~bord de préciser deux notions essentielles de la Diffusivité TIS m 2/s
fonction conduite du reservoir :
- ': dé~lacement de quantités d'eau ou de substances, mesuré par Niveau piézométrique H
le débit d une nappe et les vitesses d'écoulement. Ces dernières sont Charge hydraulique h mètres
lentes; Potentiel hydraulique ~ d'eau
Gradient hydraulique sans
- la transmis~~on ~e différences de charge ou de pression, sans
transport de matières, a des vitesses beaucoup plus grandes. Débit unitaire q mis
. ~e dép~acem~nt des molécules d'eau dans les milieux aquifères obéit Débit d'une nappe Q m 3/s
a CInq phenomenes physico-chimiques : Vitesse de filtration V mis
Vitesse effective Ve mis
- La convection, régie par la loi de Darcy, laquelle résulte du dépla- Vitesse de déplacement mis
Vd
cement ~es particules d'e~~, obse;vé à l'échelle macroscopique, dans
un certain volume de milieu. C est d 'hydrodynamique souterraine.
NDITIONS AUX LIMITES
- La ~ispersion méc~nique, provoquée par le déplacement des parti-
~ules d ~a~ da~s les VIdes, observées à l'échelle microscopique. C'est ypes de conditions aux limites géologiques et hydrodynamiques
1 hydrocinérnatique souterraine.
L'identification du comportement hydrodynamique de l'aquifère
. ~ L~ ~iffusion moléculaire due à l'agitation thermique des molécules
al intérieur de la masse d'eau en mouvement. pose sur une définition rigoureuse des conditions aux limites. Leur
tude porte sur leur situation et sur leurs conditions. Elles sont déter-
- Les échanges ou interactions eau/roche avec l'adsorption et la inées par des points (sources) des lignes (berges des rivières) ou des
désorption. ' urfaces (aire d'alimentation). Deux cas concrets sont étudiés: l'aqui-
fère à nappe libre des alluvions de la Crau (fig. 59) et l'aquifère à nappe
- Les réactions chimiques et biochimiques.
captive du continental intercalaire du Sahara septentrional (fig. 68,
p. 126).
L'étude de la configuration de l'aquifère a dégagé deux grands types
Il en. résulte que pour l'étude pratique de l'écoulement de l'eau de limites (fig. 59) :
souterraine, deux méthodes seront utilisées selon le but poursuivi :
- Limites géologiques, closes, à position fixe ou limites étanches
- l'hydrodynamique pour le calcul des transports de quantités d'eau (flux nul), imposées par les structures hydrogéologiques. Ce sont: le
(débit d'une nappe) ou les transmissions de différences de charge ou substratum, le toit, les passages latéraux de faciès, les biseaux de trans-
de pression (vitesse effective et diffusivité) ; gression (fig. 85) et les failles (fig. 86).
- l'hydrocinématique pour le calcul des transports de substances, - Limites hydrodynamiques, ouvertes, à position variable dans
base de l'étude de la pollution des eaux souterraines (vitesse de dépla- l'espace et dans le temps, imposées par les conditions extérieures (en-
cement et dispersion). vironnement de l'aquifère). Elles sont identifiées à un instant donné
117
116 Principes et méthodes de l'hydrogéologie Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine
(calage des modèles mathématiques) ou au cours d'une durée moyenne . la surface piézométrique ou surface libre, laquelle répond à, ~eux
(prévisions). Elles sont classées en trois types: onditions particulières : pression égale à la p~esslOn. atmosphenqu~
r toute sa surface et flux nul. La drainance est Imposee pa~ des ~ondl­
. limites à flux imposé ou à conditions de débit. Les débits peuvent ions de flux (limite géologique semi-perméable) et de potentiel (fIg.24).
être nuls, entrant ou sortant. Les débits nuls sont imposés par les limites
géologiques étanches (fig. 60). Les débits entrant ou affluants, sont les
nappes affluentes (fig. 60), les aires d'alimentation par infiltration des
précipitations efficaces, les rivières infiltrantes, etc. Les débits sortants
sont les sources et lignes d'émergences, les cours d'eau drainants (fig. SW NE

53);
. limites à potentiel imposé ou à conditions de potentiel (fig. 61).
Elles sont identifiées par une courbe équipotentielle ou hydroisohypse
de la surface piézométrique. Ce sont les lignes de sources (fig. 62), les
plans d'eau de surface (rives des lacs et des rivières), les lignes de rivage
(fig. 30) ;
coupe AB

limite à flux nul = limite étanche

700 SE NW

coupe AB
1
2 limite à flux imposé entrant = limite d'affluence
~3
Figure 60 _ Conditions aux limites: débits imposés nuls (limite étanche), entrants
- q 4
ou sortants.
conditions de débit nul.èt ancho
sortant
ent rant Les conditions aux limites sont identifiées, sur le terrain, par les
condi t ions de otentiel . d' i ( 156) les mesures
structures hydrogéolog1ques, les pompages essa p. , d '1
de niveau piézométrique et de leurs fluctuations. Bas~s du mo, e ~
surface piézornétrique 50

conceptuel, elles sont précisées par le calage ~~s modeles mathe~a


Figure S9 - Conditions aux limites et carte des transmissivités de l'aquifère à nappe tiques de simulation hydrodynamique en regime permanent. es
libre des alluvions de la Crau. Comparer avec la figure 28, p. 58. données sont portées sur la carte piézométrique dont l'analyse morpho-
l, co~rbe d'isotransmissivité ; 2, limite de partage de l'eau souterraine; 3, courbe logique permet de préciser leur comportement (p. 188).
hydroisohypse et niveau piézométrique ; 4, débits entrants ou sortants.
Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 119
118
CONCEPTIONS DE L'ECOULEMENT DE L'EAU SOUTERRAINE.
rivière MODÈLES CONCEPTUELS

L'établissement de modèles conceptuels de l'écoulement des eaux


souterraines, base de la modélisation, est conçu à deux échelles de
o grandeur: l'aquifère et le bassin hydrogéologique. L'étude de l'aquifère
définit les lignes de flux ou de courant et les lignes équipotentielles,
RIVIERE DRAINANTE LIGNE DE RIVAGE
organisées en réseau d'écoulement.

1Igne de 1Igne de
Lignes de courant et lignes équipotentielles. Réseau d'écoulement
sources sources
La schématisation de l'écoulement de l'eau dans un aquifère est
nécessaire pour dresser des coupes et des cartes hydrogéologiques
(représentations bidimensionnelles). En hydrodynamique souterraine
l'écoulement est considéré comme le déplacement de particules le long
de trajectoires théoriques. Ces trajectoires sont matérialisées par les
o lignes de courant (fig. 62). Elles sont synonymes de lignes de flux et
de filets liquides. Une ligne de courant est donc une ligne idéale qui
SOURCE DE DEVERSEMENT DEBORDEMENT
représente la trajectoire d'une particule d'eau en mouvement dans
un aquifère.

AIRE D'ALIMENTATION SURFACE FILTRANTE

Figure 61 - Conditions aux limites: potentiels imposés. oA


COU PE VERT ICA L E

1 ignes
Variations naturelles des conditions aux limites hydrodynamiques
_..- • ~I---I-----"--+---+--I-----'~
En général les conditions aux limites hydrodynamiques, flux ou c
potentiel, subissent des variations dans l'espace et dans le temps. ~-----+--~
::J
.. :: 1

o A
Exemples : fluctuations de la surface piézométrique et du niveau des U
Il>
'tl
surfaces d'eau libre ; déplacement des lignes de partage des eaux souter- <ll
"0 _----II--+----"-1f-__ -+--+---'---+--..~( Il>
raines; variations des débits entrant et sortant. <Il
œ
c
Cl

Il est nécessaire de connaître ces fluctuations avec le maximum de .~~-----+---f-----+--+--+-____


précision car elles sont à la base du calage des modèles mathématiques
de simulation hydrodynamique en régime transitoire et de leur emploi
pour les prévisions. C'est pourquoi les enregistrements continus (limni-
grammes) des fluctuations, en particulier des niveaux piézométriques Figure 62 - Réseau d'écoulement. Aquifère à nappe libre alimentant une source de
et des débits des sources sont recommandés. déversement. Équidistance et module d'espacement des courbes hydroisohypses.
120 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 121
La perpendiculaire aux lignes de courant successives est la ligne Deux grands types de système de flux sont identifiés (fig. 66)
équipotentielle (fig. 62). C'est une ligne d'égal potentiel hydraulique - flux latéral des zones de recharge (alimentation) vers celles de
assimilée à une ligne d'égale charge et d'égal niveau piézométrique décharge (drainage et exutoires) (fig. 64 et 66) ;
(ligne hydroisohypse).
- flux de drainance de direction subverticale et de sens ascendant
Les modalités de l'écoulement souterrain, dans un aquifère, sont
ou descendant. Il est prépondérant sur le flux latéral dans les aquifères
schématisées, en coupe ou en plan, par un quadrillage de lignes de
profonds, par les vitesses et les échanges (fig. 22 et 66).
courant et de lignes équipotentielles. Celui-ci constitue un réseau
d'écoulement (fig. 30,62 et 63). Le flux latéral comporte trois branches (fig. 64) : descendante,
subverticale (a), latérale (b) et ascendante (c). Il est identifié par ana-
lyse de la surface piézométrique. Celle-ci permet de reconnaître les
zones d'alimentation et d'exutoires et les grands axes d'écoulement
(p. 176). Exemples: aquifère multicouche des sables albiens du bassin
de Paris (fig. 67) et aquifère à nappe captive du continental intercalaire
du Sahara septentrional (fig. 68).
Le phénomène de drainance étant général, les fuites d'un aquifère
profond ou les apports extérieurs, sont fréquents. Il en résulte que le
débit de la nappe décroît ou cro ît, dans le sens de l'écoulement général.
A la limite, dans les grands axes de drainage, il peut être nul. En consé-
quence les débits sortants ne sont qu'une fraction faible, voire nulle,
de ceux entrants par les affleurements (fig. 66).

Figure 63 - Réseau d'écoulement. Aquifère à nappe libre alimentant une source de


déversement. DRA 1NAGE
DECHARGE
L--I-++-If-+---,-----'---.L.-----j é vapo t ransp i ra t Ion ET R
Schématisation de l'écoulement de l'eau souterraine dans un aquifère débit d·écoutI5~elnt QT
de subsurface. Systèmes de flux ETRt tt tt
Dans un aquifère de subsurface, l'écoulement de l'eau souterraine
s'effectue des zones de recharge vers les zones de décharge (fig. 64 et
66) (K.H. Hubbert, 1940, 1969). Les zones de recharge ou aires d'ali
mentation, sont constituées par les reliefs, véritables châteaux d'eau. o
o b
g
Les eaux souterraines y sont alimentées par l'infiltration des précipi o
c
QW
o
tations efficaces, PE. Les zones de décharge ou de drainage, se localisent 8
c
ECOULEMENT SOUTE
RRAIN
dans les vallées généralement occupées par des cours d'eau, les surfaces g ligne de partage

d'eau libre (lacs, mers, océans) et les dépressions endoréïques des zones g des eaux suut e r r-ainas

o § o
arides. La faible profondeur de la surface piézométrique et la présence
d'eau de surface ou de marécages, favorisent l'évapotranspiration
réelle, ETR, dont l'effet accentue la décharge. Le moteur de l'écoule-
ment est la différence d'altitude, 6.H (différence de charge) engendrant
p1 ~NU_d~~.--,,--=--=--==-=.-,---=-==--=-
- - - - ---- - - - - - ---- - -

s
E R E
R D L D G 1 QUE
-+"'---4~

des gradients hydrauliques. Les limites hydrodynamiques des systèmes


sont constituées par les lignes de partage des eaux souterraines (crêtes
piézométriques) sous les reliefs et les zones ou axes de drainage de Figure 64 - Schéma de l'écoulement de l'eau souterraine dans un aquifère de subsur-
face. Système de flux latéral des zones d'alimentation ou de recharge, vers les zones
surface. L'unité, ainsi définie, constitue un système de flux. Elle corres- de drainage ou de décharge, avec ses trois branches, descendante (a), latérale (b) et
pond à un ou plusieurs aquifères. ascendante (c). Le moteur de l'écoulement est la différence de niveau ~H = Hl - H2.
122 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 123

Zonalité verticale des aquifères dans un bassin hydrogéologique hydrographiques, les grands lacs, les océans et mers intérieures et les
dépressions endoréïques des zones arides. Le rôle de la géologie structu-
Les hydrogéologues ont mis au point le schéma général de l'écoule-
rale est prépondérant. Les vitesses effectives sont de l'ordre de la rn/an.
ment de l'eau souterraine dans un bassin hydrogéologique (A. Chiarelli,
Sa profondeur atteint 200 à 300 m en fonction des structures hydro-
1973 ; R.A. Freeze, 1971 ; L. Kiraly, 1978 et J. Tàth, 1962, 1963 géologiques et des échanges avec les aquifères de la zone précédente.
1978). C'est le modèle conceptuel de bassin (fig. 65). '
Il est possible de distinguer, sur une coupe verticale transversale, - Zone des aquifères profonds à systèmes de flux globaux très longs.
passant par un grand axe d'écoulement, trois grandes zones de systèmes Les échanges verticaux dominent sur les flux latéraux. Le rôle de la
de flux. Soit de haut et bas (fig. 65) : géologie est prépondérant. Les zones climatiques, de faible influence,
cèdent la priorité aux paléoclimats. La profondeur d'exploitation des
aquifères, pour les usages humains est limitée par la minéralisation
croissante de l'eau souterraine (l 000 m dans le bassin de Paris, 2 000
dans celui du Sahara septentrional). Les vitesses effectives sont de l'or-
dre du mètre par an.
Les modèles conceptuels ne s'appliquent qu'à ces trois zones car
a
elles sont seules le siège de flux appréciables.
1500 Au-dessous, dans la zone des aquifères très profonds, les systèmes
de flux sont peu développés, voir nuls. Ils renferment des eaux fossiles.
3 3 Ce sont des eaux piégées dans les vides du réservoir lors de la sédimen-
tation. Elles ne doivent pas être confondues avec celles de la ressource
1
1
1 3 1
3 en eau non renouvelable naturelle.
1 1
1 1 1
1

JO 0
Zones hydrogéologiques des aquifères dans un bassin hydrogéologique
- a
4 - 1
4 -
d
4
----
5 Trois zones hydrogéologiques peuvent être reconnues en fonction
de la distance aux affleurements. Elles sont identifiées par les caracté-
Figure 65 - Schéma théorique de la zonalité verticale des aquifères dans un grand ristiques géologiques, hydrodynamiques et hydrochimiques avec apport
bassin sédimentaire. D'après J. Tèth (1963).
l, zone. d,es aquifères de subsu~face ; 2, zone des aquifères intermédiaires; 3, zone des isotopes du milieu (A. Melloul, 1979). Elles seront décrites sur deux
des aquifères profonds; 4, systemes de flux: a, branche ascendante, l, branche laté- cas concrets choisis, l'un en zone humide, l'autre en zone aride.
rale, d, branche descendante; 5, lignes équipotentielles.
Aquifère multicouche des sables albiens du bassin de Paris
- Zone des aquifères de subsurface à systèmes de flux locaux courts. Toutes les données, complétées par des modèles mathématiques, ont
C'est le domaine des aquifères à nappe libre et des premiers aquifères identifié les trois zones hydrogéologiques (fig. 66 et 67) :
multicouches qui y sont étroitement liés. Ils sont imposés par la topo- - Zones d'alimentation ou de recharge correspondant aux limites
graphie locale, le réseau hydrographique et les surfaces d'eau libre. Le géologiques que constituent les affleurements de l'aquifère et aux aires
rôle de la géologie structurale est faible. L'influence des zones clima- de drainance descendante qui les prolongent de quelques dizaines de
tiques actuelles est importante. Les vitesses effectives sont de l'ordre kilomètres vers le centre du bassin. Affleurements de la bordure est
du kilomètre par an pour les nappes libres et de 100 mètres pour les (ZR A et ZR B , fig. 67) et de la périphérie de l'anticlinal jurassique du
nappes captives. Cette zone atteint la profondeur de 50 à 100 m en pays de Bray (ZR c)' Dans le secteur ouest apparaît une importante zone
fonction des structures hydrogéologiques et de l'alimentation par la d'alimentation (ZR n) par drainance descendante sous une couverture
surface. crétacée. Les flux latéraux sont prédominants. Ils convergent, de la
- Zone des aquifères intermédiaires à systèmes de flux régionaux, périphérie vers le centre de la région parisienne. A noter des flux
longs. Les aquifères sont du type à nappe captive. Ils sont imposés locaux en bordure S.-E. Ces zones de recharges s'identifient à la zone
par la topographie régionale (grands axes de reliefs), les grands axes verticale des aquifères de subsurface. La teneur des eaux en carbone 14
124 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 125
est élevée et le tritium est souvent présent. Celles en oxygène 18 sont et sortant aux limites de l'aquifère (tableau 7, p. 21 et fig. Il).
voisines des eaux de surface qui les alimentent.
RECHARGE
DECHARGE

ZONE DE RECHARGE ZONE DE TRANSITION

Figure 66 - Coupe schématique montrant les systèmes de flux dans un aquifère


profond. Zones hydrogéologiques.
1 flux latéral' 2 flux de drainance ascendant (a) et descendant (d). Noter le flux
d~ drainance i~p~rtant provoqué par le drainage des aquifères de subsurface par la
rivière drainante. ~ o 5Dkm
t--------<
_______ 4
[]J]]]I] 1

- Zones d'exutoire ou de décharge de deux types. Une zone d'exu- I~"'I 2 5


___ 6
toires artificiels, au centre en Ile de France (ZE) due à l'exploitation c=J 3

intensive par sondages (fig. 101, page 180). Au cours des dernières
décennies une vaste dépression piézométrique de 50 kilomètres de
diamètre et de 80 mètres de rabattement dans l'axe, est apparue dans ce (Figure 67 - Zones hydrogéologiques de l'aquifère multicouche des sables albiens du
secteur. Une zone d'exutoires naturels, à basse altitude à la verticale 'bassin de Paris. D'après A. Melloul (1979).
de la basse vallée de la Seine, marquée par une gouttière piézornétrique ,p, zone d'alimentation ou de recharge: ZRA etZRB, zone d'alimentation par les
('affleurements de la bordure orientale; ZRC, zone d'alimentation par les affleure-
à l'emplacement du lit du fleuve (fig. 31). Elle est le «reflet», en ',ments de l'anticlinal du Pays de Bray ; ZRD, zone d'alimentation par drainance
profondeur, du grand axe de drainage imposé par le cours d'eau sur la descendante sous recouvrement crétacé.
surface piézométrique des aquifères de subsurface. Les différences de p, zone de transition ou de mélange: ZTA, ZTB et ZTC.
'3, zone d'exutoire ou de décharge: ZE de la région parisienne, sondages d'exploi-
potentiels, ainsi créées, provoquent une drainance ascendante active. r tation et drainance ascendante.
Les teneurs en carbone 14 sont faibles, voire nulles. 4, limites de zones; 5, faille de la basse Seine; 6, axes principaux d'écoulement.
- Zones de transition ou de mélange (Zn, marquant le passage
progressif des zones d'alimentation à celles d'exutoires. Le flux latéral
diminue progressivement pour devenir très faible dans les zones d'exu- - Zone hydrogéologique du Grand Erg occidental-Tademaït, à
toires. Le flux de drainance augmente, imposant des échanges verticaux :l'Ouest, avec deux zones d'alimentation. L'une au N.-W. (ZR A ) , aire
ascendants, rarement descendants. .,d'infiltration des eaux de ruissellement des piémonts de l'Atlas saharien
(2 m 3/s). L'autre, au centre (ZR D ) par drainance descendante de
Aquifère du continental intercalaire du Sahara septentrional ~l'aquifère à nappe libre des sables du Grand Erg occidental (3,55
Deux grands systèmes de flux identifient deux grandes zones hydro- {m 3/s). Les axes de flux, de direction N .-S. et NNN-SSW dans la zone
géologiques, imposées par les zones d'alimentation et d'exutoires i de transition centrale, traduisent un drainage vers les exutoires des
(fig. 68). le calage des modèles mathématiques en régime permanent . •. foggaras des bordures ouest (ZE A , 1,8 m 3/s) et sud (ZE B , 1,94 m 3/s)
vérifie la cohérence des données et précise ou calcule les débits entrant ; des affleurements de l'aquifère du plateau du Tademaït.
126 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 5] Aquifère, conduite d'eau souterraine 127
- Zone hydrogéologique du Grand Erg occidental-Tinrhert-chotts, flux de drainance, principale origine des écoulements de l'eau souter-
à l'Est, avec la grande zone d'exutoires de la dépression fermée, vaste raine. Les recherches géologiques, hydrodynamiques et hydrochimiques,
cuvette d'évaporation des grands chotts du Sud algérien et tunisien étroitement coordonnées, aboutissent à un modèle conceptuel de
(drainance et sources, ZEe' 0,3 m 3/s). Mais l'exutoire principal de bassin. Une contribution efficace est apportée par la géochimie des
l'ensemble de l'aquifère est l'écoulement de l'eau souterraine vers le isotopes du milieu.
golfe de Gabès (ZEn, 3,58 m 3/s). Les zones d'alimentation sont: au Le modèle conceptuel établi est à la base de la réalisation de mo-
Sud, les affleurements du Tinrhert (ZR E , 0,43 m 3/s), à l'Est, l'apport dèles mathématiques de simulation hydrodynamique, indispensables
latéral de l'aquifère de Lybie (ZR F , 0,49 m 3/s) et, au N.-E., l'alimen- à la planification de l'exploitation des ressources en eau.
tation par le Dahar (ZR G , 1,99 m j /s). Les grands axes de flux, dans
la zone de transition, sont orientés W.-E. dans la dépression des chotts,
au Nord et subméridiens, au Sud. Les failles subméridiennes d'El Abiod,
au centre, provoquent des fuites au toit de la formation (ZR H) évaluées
à 0,55 m 3/s.

100km
f----1

f
/1
0-
f 1 lJIIliI/1llIfli 4
2 000000 5
3 ~6

Figure 68 - Schéma du comportement hydrodynamique de l'aquifère à nappe cap-


tive du continental intercalaire du Sahara septentrional. D'après UNESCO (1972).
Schéma obtenu par les études hydrogéologiques affiné par calage du modèle mathé-
matique de simulation hydrodynamique en régime permanent. Zones hydrogéol o-
giques. Comparer avec le tableau 7, p. 21.
Conditions aux limites : 1, courbe hydroisohypse et son niveau piézométrique ;
2, limite à potentiel imposé; 3, limite à débit imposé entrant et sortant; 4, limit,e
à débit nul ; 5, ligne de partage des eaux souterraines ; 6, grands axes de flux d'e-
coulement.

CONCLUSIONS
Les études hydrogéologiques entreprises au cours des dernières
années, sur les grands bassins sédimentaires, montrent l'importance du
[Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 129
dans le toit de l'aquifère à nappe captive ou dans le substratum de la
nappe libre. Son diamètre est calculé pour le logement de la pompe et
en vue de limiter la perte de charge quadratique (p. 137).

Chapitre 6 -Q

Essais de puits
et pompages d'essai

~
f------
1

- - -- ---

Les expérimentations, par pompage à débit constant


sur les puits et sondages sont exécutées par des essais de
puits et des pompages d'essais. Elles consistent à mesu-
rer l'accroissement des rabattements du niveau piëzo-
métrique en relation avec le temps de pompage et leur
remontée après arrêt de l'opération.
P U 1 T 5
Les interprétations sont effectuées par résolution
graphique des expressions d 'hydrodynamique sou ter-
raine en régime transitoire.
Les essais de puits par paliers de débit, suivis d'arrêts
de durées égales et courtes évaluent les caractéristiques Figure 69 - Complexe aquifère/ouvrage de captage. Équipement technique des puits
du complexe aquifère/ouvrage de captage. Ce sont le et sondages. Signification des pertes de charge.
débit spécifique, les pertes de charge et la productivité.
Les pompages d'essais, de longue durée, mesurent la
transmissivité et le coefficient d'emmagasinement et -la partie captante comporte une crepine et, éventuellement, un
étudient qualitativement les caractéristiques. particu- massif filtrant. La crépine est un tube perforé d'ouvertures de formes
lières de l'aquifère comme les conditions aux limites, diverses, à travers lesquelles l'eau pénètre dans le sondage. Dans les
les hétérogénéités et la drainance. terrains meubles l'espace annulaire, entre la crépine et le terrain, est
rempli de gravier calibré. Son rôle est double : filtre retenant les élé-
ments fins et augmentant la perméabilité au voisinage du sondage et
EQUIPEMENT TECHNIQUE DES PUITS ET SONDAGES soutènement du terrain. Diamètres des ouvertures et granulométrie
du gravier sont calculés par des expressions empiriques introduisant le
L'équipement technique d'un sondage comporte deux éléments diamètre caractéristique des grains du réservoir.
essentiels : la colonne ascensionnelle et la partie captante (fig. 69) L'ensemble, partie captante et aquifère au voisinage immédiat du
(Mabillot , 1971) : SOndage,constitue un complexe aquifère/ouvrage de captage.
- la colonne ascensionnelle, constituée d'un tube unique ou d'élé- Les opérations techniques d'équipement d'un puits ou d'un sondage
ments téléscopiques, soutient la paroi du trou. L'espace annulaire, entre SOnt appelées complétion. La plus importante qui conditionne le débit
le tubage et le terrain, est obstrué par une colonne de ciment. Celle-ci et la longévité de l'ouvrage, est la réalisation de la partie filtrante nom-
joue un double rôle : consolidation de l'ouvrage et suppression des ée développement. Cette opération consiste à augmenter artificielle-
fuites et intercommunications entre aquifères. A sa base elle est ancrée ent la perméabilité du réservoir au voisinage de la paroi de l'ouvrage.
130 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 131
La principale est la mise en place du massif filtrant, surtout dans les
roch~s meubles à granulométrie fine. Deux procédés sont pratiqués : Géométrie du cône de dépression. Rabattement et rayon d'influence
le developpement naturel par pistonnage ou l'introduction artificielle La géométrie du cône de dépression est étudiée dans un aquifère à
de gravier calibré (Mabillot, 1971). nappe libre (fig. 70) et dans un aquifère à nappe captive (fig. 71). Le
l!n puits comporte également deux parties: le cuvelage en maçon- cône de dépression est délimité par le domaine où la surface piézomé-
nene ou en béton et la partie captante dont les ouvertures sont les trique est influencée. C'est-à-dire affectée de rabattements mesurables.
barbacanes. Ils sont souvent en éléments préfabriqués Il caractérise un écoulement à trois dimensions représenté en coupe et
en plan (fig. 70 et 71).
DEFINITIONS ET CONCEPTS DE BASE Les deux données géométriques du cône de dépression, à un instant
donné, t, sont:
Les expérimentations sur le terrain, par des puits et sondages, sont -- le rabattement, noté s, mesuré par l'abaissement du niveau piézo-
d~s tests portant sur les modifications du comportement hydrodyna- métrique dans le puits de pompage ou dans un piézomètre implanté
~l11que .du complexe aquifère/ouvrage de captage, en réponse à une à une distance, x, de l'axe de l'ouvrage. Le plan d'eau, dans l'ouvrage
impulsion creee par un pompage à débit constant. Leur exécution doit est le niveau dynamique. La profondeur du niveau dynamique, au des-
être .conduite avec la même rigueur scientifique qu'une expérience de sous du niveau piézométrique initial, en régime non influencé, est le
physique.
Les essais par pompage poursuivent quatre buts, dans l'ordre crois- Q constant
sant de complexité: puits d'essai
R
- détermination des caractéristiques du complexe aquifère/ouvrage x piézomètr
'14--"- /
de captage. C'est l'essai de puits, destiné à l'équipement technique de
l'ouvrage. =+="'"""+"".",..
- mesure sur le terrain des paramètres hydrodynamiques de l'aqui-
fère : transmissivité et coefficient d'emmagasinement.
- étude quantitative des caractéristiques particulières de l'aquifère :
test des conditions aux limites, structure, hétérogénéité, drainance,
etc. ne e courant

- observation directe, en«vraie grandeur», de l'effet de l'exploitation A B


sur l'aquifère. Prévisions de l'évolution des rabattements en fonction COUP AB
des débits pompés. Evaluation de la ressource en eau souterraine exploi- ligne
table. de courant

Les t.rois dernières opérations sont conduites par le pompage d'essai


sur station de pompage comportant au moins un piézomètre.
Effets du pompage sur l'aquifère. Cône de dépression ètre
A B
Le pompage dans un aquifère, dont la surface piézométrique initiale
est supposés horizontale, crée une dépression en forme d'entonnoir.
Son axe coïncide avec celui de l'ouvrage. C'est le cône de dépression
(fig. 70). Dans l'aquifère à nappe libre, il affecte le réservoir tandis
qu'il est fictif dans celui à nappe captive (fig. 71).
L'expérimentation a pour but de mesurer à débit constant les
PLAN
dimensions de ce cône à un instant donné et' leur évolution dans le
temps. Elle porte également sur son effacement après arrêt du pompage Figure 70 - Effets du pompage dans un aquifère à nappe libre, à un instant donné.
appelé remontée (fig. 81, p. 146). ' Cône de dépression.
l
132 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
[Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 133
puits d'essai
surface
~ .
complet
CO R
constant
----.-------------------...J
Facteurs de la géométrie du cône de dépression
pte zornet.r-rqun ! PIt:!zonlètnJ A débit constant les trois facteurs des dimensions du cône de dépres-
~"cit7",v""e",===."""jï1r x_~ / ' ' sion sont: les paramètres hydrodynamiques (transmissivité et coefficient
d'emmagasinement), le temps de pompage et le régime d'écoulement.
Rôle de la transmissivité et du coefficient d'emmagasinement
Le rayon d'influence est fonction directe de la transmissivité et

1".
indirecte du coefficient d 'emmagasinement. Le rabattement est fonc-
=t-+-:'~"."I==
~~ aquifère
. tion de la transmissivité et inverse du coefficient d'emmagasinement.
Ainsi dans deux stations de pompage d'essai, après le même temps de
A 8
pompage, R = 5 000 m et s = 6,70 m pour une transmissivité T =
1,5 . 10- 3 m 2/s et R = 12200 m avecs=0,76 m pour T= 1,5.10- 2
COUPEI A 8
m 2/s, soit dix fois plus grande. Il en résulte que ces deux paramètres
peuvent être mesurés par des expérimentations sur le terrain.
Rôle du temps de pompage
Les deux dimensions du cône. de dépression croissent avec le temps
de pompage. Toutefois, après une longue durée, une stabilisation peut
apparaître, l'aquifère rééquilibrant son bilan (régime quasi-permanent).
A
Régimes d'écoulement
A débit constant, deux concepts du régime d'écoulement de l'eau
souterraine vers un ouvrage de captage sont considérés par référence
à l'influence du temps de pompage.
- le régime permanent ou d'équilibre pour lequel, après un temps
PL AN de pompage court (ordre d'une heure), la géométrie du cône de dépres-
sion reste constante. C'est l'hypothèse de H. Dupuit (1863). C'est en
Figure 71 - Effets du pompage dans un aquifère à nappe captive,
quelque sorte un instantané, un flash, du comportement hydrodyna-
mique de l'aquifère;
rabattement, s . Le rabattement, mesuré au cours de la remontée est - le régime transitoire ou de non équilibre, tenant compte du fait
appelé rabattement résiduel, sr' ' observé que les dimensions du cône de dépression croissent en fonction
- le rayon d'influence, noté R, est la distance de l'axe du puits à du temps de pompage. C'est la base des expressions de C.V. Theis
l~quelle le rabattement est nul ou négligeable, Dans la pratique où il (1936) et de C.E. Jacob (1950). Par comparaison avec le régime penna-
n est plus mesurable. nent il s'agit d'un dessin animé de l'évolution du comportement hydro-
dynamique de l'aquifère.
La donnée mesurée, à un instant donné, sur le terrain, est donc le
rabattement ou la profondeur du niveau d'eau soit dans le puits soit Le régime permanent rigoureux n'existe pas, sauf dans des conditions
dans un piézomètre. " exceptionnelles. Dans la réalité il est possible d'admettre l'apparition
,Le c?ne de dépression est représenté en coupe par une courbe de d'un régime quasi-permanent.
d~pressl~n., En plan p~r de~ courbes d'égal rabattement, cercles concen- Géométrie du cône de dépression avec surface piézométrique initiale
triques a 1axe du PUIts (fig. 70 et 71). Ces courbes sont assimilables inclinée
~ des lignes. équipotentielles. Les lignes de courant convergent vers Les schémas figures 70 et 71 supposent que la surface piézométrique
1axe du .pUItS. Le réseau d'écoulement, ainsi tracé, caractérise une initiale est horizontale. Or en réalité, du fait de l'écoulement, elle est
nappe radiale convergente (p. 181). inclinée avec une très faible pente. Il en résulte que le cône de dépres-
134 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 135
sion est déformé et dissymétrique (fig. 72). La zone d'appel, c'est-à-dire n'est pas conseillée. La réalisation de paliers de débit, à débit et niveau
la partie de l'aire d'influence où l'eau aboutit au puits, est très étalée constants, de longues durées, expérimentalement délicate, demande
vers l'amont. Tout se passe comme si l'eau alimentant l'ouvrage prove- une attention soutenue. En outre le coût élevé de l'opération (fonc-
nait d'un front amont ou front d'appel, distant parfois de plusieurs tionnement et immobilisation du chantier) n'est pas justifié par les
kilomètres. résultats limités obtenus.
Pour l'acquisition de données quantitatives, destinées au calcul de Dans tous les cas les pompages seront exécutés à débit constant
transports de quantités d'eau, comme le débit d'une nappe, l'hypothèse avec mesure des rabattements croissants, ou palier de débit. Seuls le
simplificatrice d'une surface piézométrique horizontale est valable. dispositif d'essai et la durée diffèrent. Deux méthodes d'expérime~t~­
Elle est justifiée par le degré de précision des mesures et les faibles tion et d'interprétation sont préconisées en relation avec le but pOUrSUlVI.
gradients hydrauliques. Par contre pour le transport de substances,
- essai de puits par paliers de débit de courtes durées avec mesure du
donc la propagation de la pollùtion, une telle simplification n'est pas
niveau d'eau dans le puits (niveau dynamique). Détermination des
admissible. En particulier pour l'établissement des périmètres de pro-
caractéristiques du complexe aquifère/ouvrage de captage dans le but
tection des eaux souterraines captées pour l'alimentation humaine.
de l'équipement technique ou complétion, du sondage ou du puits.
front d'appel
- pompage d'essai à un seul palier de débit de longue durée avec
mesure des niveaux d'eau dans le puits et dans un (ou plusieurs) piézo-
I~ .,Iigne de
partage mètre. Détermination des caractéristiques de l'aquifère : paramètres
hydrodynamiques, test des conditions aux limites, drainance.
Dans tous les cas l'identification du type hydrodynamique d'aquifère
est nécessaire aux interprétations.

ESSAI DE PUITS PAR PALIERS DE DEBIT DE COURTES DUREES

L'essai de puits par paliers de débit de courtes durées évalue les carac-
téristiques du complexe aquifère/ouvrage de captage. Ce sont : le
débit critique, le débit spécifique, le débit spécifique relatif, les pertes
de charge dans l'ouvrage et son environnement immédiat et le débit
maximum d'exploitation ou productivité (E. Berkaloff, 1969 et J.
Forkasiewicz, 1978). Il permet d'établir le programme d'équipement
technique de l'ouvrage: tubage, crépine et massif filtrant, puissance de
la pompe, etc.
Conditions de base
Les conditions de base d'application des expressions d 'hydrodyna-
mique souterraine en régime transitoire, auxquelles doit satisfaire le
Figure 72 - Géométrie du cône de dépression avec surface piézométrique inclinée. complexe aquifère/ouvrage de captage sont:
- validité de la loi de Darcy : écoulement laminaire et milieu isotrope
ou homogène (p. 101) ;
Méthodes d'expérimentation par pompage - puits complet, c'est-à-dire captant toute l'épaisseur de l'aquifère,
Le régime permanent n'existe pas dans les conditions naturelles atteignant le substratum et crépiné sur toute sa hauteur (fig. 70) ;
d'écoulement. C'est pourquoi les expérimentations sont actuellement - puits correctement développé et équipé;
effectuées en régime transitoire. L'ancienne méthode du régime perm.a- - surface piézométrique subhorizontale ;
nent, basée sur l'interprétation des expressions d'équilibre de H. Dupuit , - débit de pompage constant ;
136 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 137
- rayon du puits le plus petit possible. Tableau 20 - Essai de puits par paliers de débit de courtes durées
dans un sondage captant l'aquifère à nappe libre de la craie.
Exécution de l'essai de puits. Paliers de débit D'après J. Forkasiewicz (1978).
L'essai de puits est effectué en réalisant des paliers de débit, à débit
constant pendant une courte durée déterminée, 1 à 3 heures (tableau Paliers Débits Rabattements Débits Rabattements
20 et fig. 73). Il mesure deux données : le rabattèment, en mètres, de débit pompés résiduels spécifiques spécifiques
mesuré en fin de palier et le débit constant, en m 3/h. Chaque palier m 3/h m m 3/h.m s/Q m/m th
de débit est suivi d'un arrêt de pompage d'une durée égale, permettant
la remontée du niveau d'eau et la mesure du rabattement résiduel 1 42 0,81 51,85 0,0156
(fig. 73). La première remontée doit être poursuivie jusqu'à atteindre 2 87 2,01 45 0,0231
approximativement le niveau piézométrique initial. En général le temps 3 132 3,53 37,4 0,0268
de pompage du premier palier est suffisant. Les durées égales de pom- 4 178 6,47 27,5 0,0364
pages et d'arrêts sont courtes, une à trois heures au maximum. Le
débit initial est égal à celui de la puissance minimum de la pompe. ;è L'exécution du premier palier de débit doit être précédée d'une durée
Ensuite les débits. croissent selon une progression de 2,3,4. Le nombre ~de pompage, te, suffisante pour l'effacer. Elle est fonction de la trans-
de paliers de débit est au minimum de quatre, le dernier étant à débit èrtlissivité, T, de l'aquifère et du volume d'eau contenue dans l'ouvrage,
élevé supérieur au débit critique (niveau dynamique < 0,75 b). Il est èdonc de son rayon, r (te = 25 r 2 /T). Lorsque la transmissivité n'est pas
préférable de choisir des durées courtes et d'en augmenter le nombre
jusqu'à un optimum de six. Pour les aquifères à nappe captive, trois 1968).
°
'connue, le volume d'eau minimum extrait sera de 1 r 2 . s (E. Berkaloff,

paliers de débit peuvent être suffisants. Il doit être supérieur pour les
aquifères à nappe libre. :Signification du rabattement dans les ouvrages. Pertes de charge
débits pompés
Le rabattement, mesuré dans l'ouvrage à un instant, t, est la somme

~2Q. 3 0 . 4 Q
constants en m~h 'Jde deux composantes, nommées pertes de charge, exprimées en mètres
~Q .de hauteur d'eau, caractérisant le complexe aquifère/ouvrage de cap-

-. ~
42 87 132 178 ;tage (fig. 69) :

<.:1---
~ 0,81
,;, ... -- /"
1
E / 52 / l - une perte de charge linéaire provoquée par l'écoulement laminaire
2 CIl 2,01 1 S3 1 ;idans l'aquifère au voisinage du puits (loi de Darcy), notée BQ.
~ 1 1
3 C 353 1
QJ 1
'-- 1 - une perte de charge quadratique, non linéaire, provoquée par
4 E s.
5
QJ
::;
(
1
~l'écoulement turbulent dans l'ouvrage, crépine et tubage, notée CQ2.
(
(
Le rabattement total, s, à l'instant t, est ainsi donné par l'expression
~~ 1 2 (
3
7
L-'
de C.E. Jacob (1946) :
'0 l,3D 3 4,30 6 7,30 9 10,30
mise en condition du puits temps en heures s =BQ + CQ2 (35)

Figure 73 - Essai de puits par pompage à paliers de débit de courtes durées dans un . Cette expression, la plus utilisée, établie pour l'aquifère à nappe
sondage captant l'aquifère à nappe libre de la craie. D'après J. Forkasiewicz (l978~. (captive, est étendue à l'aquifère à nappe libre sous condition que le
Graphiques débits/temps (en haut) et débits/rabattements résiduels (en bas). VoIr ; rabattement mesuré soit inférieur à 0,1 b.
tableau 20.
Perte de charge linéaire
Lors de la mise en route du pompage les premiers volumes d'eau La perte de charge linéaire, BQ, résulte de deux effets:
exhaurés correspondent à la vidange de l'ouvrage, donc à un écoule- - influence de l'aquifère où l'écoulement laminaire est de regime
ment quadratique non linéairé. L'aquifère n'est sollicité qu'après un transitoire. La perte de charge linéaire, imposée par les paramètres
certain délai. C'est l'effet de capacité du puits (M. Bonnet et al., 1967). hydrodynamiques de l'aquifère, au voisinage du puits, croît avec le
138 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 139
temps de pompage. Elle est caractéristique de l'aquifère. doit être inférieur au débit critique. Le débit critique est évalué par
- influence de la partie captante du puits: remaniement du réservoir, interprétation de la courbe débits/rabattements.
crépine et éventuellement massif filtrant. L'effet est positif si ce dispo-
sitif apporte une amélioration de l'écoulement, but recherché. Il est
négatif en présence de colmatage. Cette perte de charge est une cons-
tante, dépendant uniquement de la technique d'équipement de l'ouvrage.
Perte de charge quadratique
La perte de charge quadratique, CQ2, fonction uniquement du débit
pompé, est constante à débit constant. Elle est caractéristique de l'équi-
pement technique de l'ouvrage, diamètre du tubage et de la crépine.
Pour de faibles débits, impliquant une faible vitesse, les pertes de
charge dans le tubage et dans la crépine sont linéaires ou négligeables.
L'équation (35) se simplifie:

s=BQ (36)
Figure 74 - Schéma de l'évolution du cône de dépression en fonction du rabatte-
ment dans le puits au cours de l'essai de puits, fig. 73 et tableau 20. Vitesse critique
Lorsque la vitesse effective dans l'aquifère est supérieure à la vitesse et débit critique, rabattement maximum dans l'aquifère. Dénoyage du puits.
critique, l'équation (35) devient:
Interprétation graphique des données de l'essai de puits
(37)
Relations débits/temps et rabattements/temps
Le terme, CQ2 , inclut alors toutes les pertes de charge dans l'aquifère Sur un papier graphique à coordonnées linéaires sont portés, en
et dans l'ouvrage. ordonnées les débits ou les rabattements et les temps en abscisses.
Deux graphiques sont obtenus (fig. 73) :
Vitesse critique et débit critique dans l'aquifère à nappe libre - graphique débits/temps de pompage, figurant les durées et les
Au cours du pompage le niveau dynamique dans le puits est inférieur débits des paliers de débit, les durées et les arrêts de remontées (en
au niveau piézométrique dans l'aquifère au voisinage de l'ouvrage. haut de la fig. 73).
Cette différence est la hauteur de la surface de suintement, notée h' - courbe rabattements/temps de pompage et rabattements résiduels/
(fig. 74). Elle croît avec le rabattement pour atteindre une valeur temps de remontée.
maximale lorsque le rabattement dans l'aquifère est voisin de b/2. Ces graphiques permettent de contrôler le bon déroulement de l'ex-
Au-delà les rabattements, croissants dans le puits, n'entraînent plus périmentation d'essais de puits.
ceux dans l'aquifère au voisinage de l'ouvrage. Ils se stabilisent et le
débit ne croît plus en fonction du rabattement, seul le rayon d'influ- !;ourbe débits/rabattements. Débit critique
ence augmente. Le puits est dénoyé. Jusqu'à cette limite la courbe de Le couple de données de chaque palier de débit, débit constant,
dépression se creuse et le gradient hydraulique, au voisinage de l'oU- en m 3/h et rabattement résiduel en m, est porté sur un papier gra-
vrage augmente pour atteindre un maximum (fig. 74). D'après la loi phique linéaire. Les points obtenus tracent la courbe débits/rabatte-
de Darcy la vitesse effective croît. Au-delà d'une certaine limite, l'é- ments ou courbe caractéristique, représentant la fonction s = f(Q),
coulement laminaire fait place à un écoulement turbulent. La vitesse fig. 75. Sa forme apporte des informations sur le comportement hydro-
critique est atteinte (p. 101). Elle correspond à un débit critique, dynamique du complexe aquifère/ouvrage de captage à l'origine de la
Qc. Le régime turbulent augmente la perte de charge quadratique, perte de charge quadratique (fig. 76) : nulle ou négligeable avec une
donc diminue le rendement de l'ouvrage. En outre il provoque l'entraî- droite, importante avec une courbe convexe. Une courbe concave
nement des particules fines du terrain, d'où colmatage de la partie traduit un essai de puits non valable : mesure incorrecte ou apparition
captante et ensablement du puits. Dans la pratique le débit de pompage d'un développement au cours du pompage.
Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 141
140
débits maximums admissibles
La courbe débits/rabattements présente deux parties distinguées
débits ........... Q. Q;-""Q, mfh Q,
par le point critique, A, correspondant en abscisse au débit critique
Qc (140 m 3/h, fig. 75). Sa valeur, significative à la date de l'essai,
correspond à un état instantané de l'aquifère, position de la surface
piézométrique en particulier. Il ne peut donc être utilisé pour des 5 S ma X_._ _ ~t:--'"i<;-- -"'1::.-----_ ::::_
prévisions d'exploitation valables. admissible

Qmax.130 débits m 3/h


E 4
50 100'" Q~50 200
10
~
c
----..::. '" B Q _ 1 14 0 Q)

- T' --~Q-'Q' E
2 co' .$'';:'OQ lî---- Q;
~
~
CIl
s=
- - - - 2 /".~ \ i
.0 f(Q)
_ CIl
~

ax.--------- -v,debit
!Jl.....- ....3..:~rltlque
o,
~ rabattement max. A • Figure 76 - La courbe caractéristique du puits est la fiche d'identité de l'ouvrage.
5 E admissible, 5 m
D'après J. Forkasiewicz (1978).
Q)
l, puits idéal; 2, puits réel après acidification ayant amélioré sa caractéristique'
3, puits réel à l'état initial; 4, puits réel après vieillissement (colmatage). '
7L-_ _--+ -+-
4•
+--_....L------J
La relation débits spécifiques/rabattements est représentée par une
12J palier de pompage. point calculé
droite inclinée, représentative de la fonction, s = f(qs)' Cette droite
permet de calculer le débit spécifique relatif, ou débit constant pompé
Figure 75 - Courbe débits/rabattements ou courbe caractéristique du puits. Le déterminant un rabattement unitaire (l mètre) à la fin d'un palier de
débit critique, Qc :::0 140 m 3/h, est calculé par l'abscisse du point A déterminé par
l'augmentation de la pente de la courbe. Essai de puits, fig. 73 et tableau 20. Calcul débit ~E. Berkaloff, 1962). Sur la droite débits spécifiques/rabattements,
du débit maximum d'exploitation, Q max. = 130 m 3/h, correspondant à un rabat- l'abscisse correspondant à l'ordonnée 1 mètre, donne la valeur du débit
tement maximum, S max., en fonction du débit critique et du rabattement maxi- spécifique relatif. Par exemple 50 m 3 /h.m sur la figure 77.
mum admissible, 5 m.
débits spécifiques m 3fh.m
10 20 30 40 50

La courbe caractéristique est un document fondamental. Réalisée débit spécifique


lors de la réception du puits, elle est une véritable fiche d'identifica- relatif
tion qui doit figurer obligatoirement au dossier de l'ouvrage. Elle sera
utilisée, ultérieurement, pour détecter les améliorations (développe- 2
ment) ou les détériorations (colmatage), suites à l'exploitation de
l'ouvrage (vieillissement). Elle détermine le débit maximum d'exploi- 3
tation, fonction d'un rabattement maximum admissible (fig. 76).
E
Droite débits spécifiques/rabattements. Débit spécifique et débi! 4

spécifique relatif
Le débit spécifique d'un puits, noté qs' est le débit pompé, q,
rapporté au rabattement, s, dans le puits, dans des conditions d'essais
de puits définies (tableau 20).

q = Q = ~ = 51 85 m 3/h.m (38)
Figure 77 - Droite débits spécifiques/rabattements. Calcul du débit spécifique relatif.
s s 0,81 '
142 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 143
- droite à pente nulle, verticale parallèle à l'axe des ordonnées,
Les débits spécifiques relatifs, mesurés avec des paliers de débit
traduisant un écoulement laminaire, avec pertes de charge dans la
identiques (débits et durées) dans les ouvrages d'un aquifère, permet- crépine et le tubage nulles ou négligeables (s = BQ) ;
tent de dresser une carte de leur distribution spatiale (courbes d'égale
valeur). Ce document constitue la trame d'une interpolation spatiale - courbe concave vers le haut (s = BQ + CQn avec n = 3, 4, etc.).
des mesures ponctuelles de transmissivités.
Droite débits/rabattements spécifiques Calcul des pertes de charge
Le rabattement spécifique, s/Q, est la hauteur de rabattement mesu- La droite débits/rabattements spécifiques, permet de déterminer les
rée dans le puits rapportée au débit pompé dans des conditions d'essais coefficients B et C de l'équation (40), s/ Q = B + CQ (fig. 79).
de puits définies (paliers de débit). Il est exprimé en m/rn ' .h (tableau - le coefficient B est obtenu par l'intersection de la droite représen-
20). tative avec l'axe des rabattements spécifiques. Dans l'exemple retenu,
B=O,OI = 1.10- 2 .
~= 0,81 =0015 m/m 3.h (39) - le coefficient C est égal à la pente de la droite représentative.
Q 42 '
L'équation de C.E. Jacob (35) peut s'écrire: C=tgŒ=~=0,014= 14.10-4 (41 )
b 100 '
s/Q =B + CQ (40)
L'équation de la droite représentative est:
C'est l'équation d'une droite, sous réserve que les mesures de chacun
des débits soient effectuées au même instant (fig. 77). Cette droite met s = 1 . 10- 2 Q + 1,4 . 10- 4 Q2 (42)
en évidence certaines formulations simples de la relation débits/rabat-
tements. Quatre cas peuvent se présenter (fig. 78) : Le rabattement correspondant à chaque palier de débit est calculé
- droite passant par l'origine indiquant que le régime turbulent est par cette expression. Les valeurs obtenues, portées sur le graphique
fortement prédominant dans l'aquifère et dans le puits (s = CQ2) ; débits/rabattements, se superposent parfaitement à la courbe observée
- droite ne passant pas par l'origine (cas décrit fig. 79) s = BQ + CQ2 ; (fig. 75). L'essai de puits est correct.

0,04
C =tg (1~2..=0.014 = 1,4.10'
S;Q b 100
.J::
0,03
ME 3
---
E 2 1

0,02 0 • 1

1
~ la
• 1
1

i
____________ 1
0,01
b
B= 0,01
Q
O+----;----+------t-----l~
Figure 78 -Droites débits/rabattements spécifiques. D'après J. Forkasiewicz (1978). 50 100 150 Q m,/h
1, régime turbulent prédominant dans l'aquifère et dans le puits; 2, régimes turbu-
lent et laminaire ; 3, régime laminaire avec pertes de charge dans la crépine et le
tubage, nulles ou négligeables ; 4, perte de charge quadratique avec exposant, Figure 79 - Droite débits/rabattements spécifiques. Calcul des pertes de charge.
n = 3, 4, etc. D'après J. Forkasiewicz (1978).
144 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
[Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 145
Le rabattement, déterminé à l'instant t, imputable à la perte de
charge linéaire, conséquence de l'écoulement laminaire de l'aquifère, Le coefficient angulaire donne la valeur de a. Celle de Q, correspon-
BQ, imposée par ses paramètres hydrodynamiques, est donnée par dant au rabattement, s = 1, donne la valeur de la constante C. Si seules
l'expression: les pertes de charge linéaire interviennent (loi de Darcy respectée) la
pente. de la droite représentative est égale à tg 45° = 1. L'équation (44)
s = BQ = 1 . 10- 2 Q se réduit à Q = Cs.
(43)
Les débits sont proportionnels aux rabattements. Cette relation est
Les valeurs calculées donnent la droite représentative figure 75. vérifiée lorsque les rabattements sont faibles, comparés à la hauteur
Pour chaque débit, la différence entre le point de cette droite et celui d'eau, h, dans le sondage avant pompage, s ,;;;; 0,75 h).
de la courbe débits/rabattements, situé au-dessus, donne la valeur de
Détermination de la productivité d'un puits. Débit d'exploitation
la perte de charge quadratique, CQ2. Par exemple pour un débit de
maximum
100 m 3 /h la perte de charge linéaire est de 1 m de hauteur d'eau et la
perte de charge quadratique de 1,50 m. La productivité d'un puits, Pr, est le débit maximum qui peut être
Expression expérimentale de M. Gosselin pompé dans l'ouvrage, pendant une durée définie, sans q~e le rabat~e­
ment induit par le pompage ne dépasse le rabattement rnaximum admis-
L'expression expérimentale de M. Gosselin (1939), appliquée aux sible (J.F. Forkasiewicz, 1978).
sondages profonds en aquifères à nappe captive, s'écrit: Le rabattement maximum admissible est imposé par :
- des contraintes physiques et techniques du complexe aquifère/
(44) ouvrage de captage, exprimées par le débit critique, Qc et le rabatte-
ment critique, sc' correspondant, mes~rés par les essais de ?~its (fig.
a est un coefficient compris entre 0,5 et 1. 75). Par exemple fig. 75, Qc= 140 m /h et Sc = 4 m. Le débit max.l-
Elle est résolue graphiquement en portant les valeurs du débit, Q, mum Q max et le rabattement maximum, doivent être inférieurs, SOIt
et des rabattements correspondants, s, sur un papier graphique biloga- , 3 -
Q max = 130 m /h et smax - 3,50 m.
rithmique, à modules égaux (fig. 80). La droite représentative obtenue
a pour équation: - des contraintes socio-économiques, dont la principale est le coût
de production de l'eau, imposant la profondeur du niveau dynamique.
Par exemple 5 mètres, fig. 75.
Log Q = cx Log s + Log C (45)
Le rabattement maximum retenu doit donc être égal au rabattement
maximum mesuré sans dépasser le rabattement maximum admissible.
Dans l'exemple cité, il sera de 4 mètres.
4
10
Pr =qs x smax = Q max (46)
Q

A noter que le débit d'exploitation maximum peut être supérieur au


10
3
débit critique car il est possible d'admettre une perte de charge quadra-
tique à condition qu'elle ne soit pas trop élevée par rapport à la perte
de charge linéaire (Exemple: 5 m, fig. 75). Dans la pratique il est fonc-
2 tion de l'épaisseur de l'aquifère à nappe libre (smax = b/3) et de la
C=10 ------7f<"'---"------
hauteur d'eau, avant pompage, h, dans l'ouvrage en aquifère à nappe
captive (smax = 0,75 h).
10 ~--_t_-----+---+_ _
10-' 10
POMPAGES D'ESSAI DE LONGUE DUREE

Figure 80 - Calcul des pertes de charge par la méthode de M. Gosselin (1939). Les pompages d'essai de longue durée sont exécutés par un seul palier
de débit, à débit constant, prolongé durant au moins 42 heures, avec un
146 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 147
optimum de 72 heures. La remontée des niveaux doit être observée de l'écoulement de l'eau souterraine vers les ouvrages de captage, dites
pendant une durée égale (fig. 81). L'exécution et l'interprétation des en régime transitoire.
données mesurées, rabattements et temps, reposent sur l'emploi des Les conditions générales de base d'application de ces expressions sont
expressions d'hydrodynamique en régime transitoire, établies par celles de l'essai de puits (page 135). En outre le type hydrodynamique
C.V. Theis (1935) et ses successeurs (L.K. Wenzel, 1942 et C.E. Jacob d'aquifère, base des calculs, doit répondre aux trois caractéristiques
1950). ' suivantes : aquifère à nappe captive, illimité, à substratum et toit
imperméables.
72 temps heures 72
L'expression générale de C.V. Theis, applicable à tous les dispositifs
m de station d'essai, est:
E 00

-ud Q x 2S
~
Cl>
Ql

~
~
<n
ëQl
s
Q
s=--.
4 «r f u
e
u
u,où -
47TT
W(u),avecu=--
4Tt
(47)

Ql E
""0
C ~
Ql Le terme W(u) est une fonction exponentielle intégrale décroissante,
os ~
de type - Ei (-u). C'est la fonction du puits (Well function) donnée
'êa. .D
~ par des tables.
r=------:=-------)l~----_=_____1
POMPAGE Q=Cte u2 u3 u4
DESCENTE REMONTÉE W(u)=-05772l6 -Logu +u -- - + - - - + ... (48)
, 2.2! 3.3! 4.4!
temps de descente t 1 temps de remontée t'
S O,18 3 Q Lo 2,25Tt O,183Q t+t'
La signification des symboles est la suivante :
g 2 5 s Log - s, rabattement mesuré dans un piézomètre, en m.
T X T t'
Q, débit de pompage constant, en m ' /s.
T, transmissivité en m 2 /s.
Fi~~;e d 81d: EXéc~tion. du pompage d'essai et interprétation des données par la S, coefficient d'emmagasinement, sans dimension.
~e'd 0 e approximation logarithmique de C.E. Jacob (1950) S rabattement
reSI uel. . r- t, temps écoulé, à un instant donné, depuis le début du pompage, en
secondes.
Buts du pompage d'essai x, distance du piézomètre à l'axe du puits, en m.
Le pompage d'essai poursuit trois buts principaux:
. :- ,mesure s.ur le terrain des paramètres hydrodynamiques: transmis- Les termes du développement en série de la fonction exponentielle
sivité et coefftcient d'emmagasinement ; intégrale (47), deviennent négligeables comparés au premier terme
constant, lorsque le temps de pompage croît et que la valeur de x
- étude quantitative des caractéristiques particulières de l'aquifère :
décroît. D'où l'expression d'approximation logarithmique donnée par
conditions aux limites (confirmation de la distance du puits à la limite, C.E. Jacob (1950).
colmatage des berges d'une rivière), structure (hétérogénéité, drainance);
- observation directe, en «vraie grandeur» de l'effet de l'exploita-
tion sur l'aquifère. Prévision de l'évolution du' rabattement en fonction
s = /;T' (Log :;~ - 0,577216) (49)
des débits pompés. Evaluation de la ressource en eau souterraine exploi-
table.
Le pompage d'essai, intéressant un volume d'aquifère important, est s = JI.- . Log 2,25
2
Tt (50)
un test valable de son comportement hydrodynamique. 47TT x S
soit, après solution numérique et logarithmes décimaux:
Expressions d'hydrodynamique souterraine du régime transitoire
.Partant d'Une conception nouvelle du comportement hydrodyna- s = 0,183 Q 1 2,25 Tt (51 )
T . og x 2 S
rmque de l'aquifère, C.V. Theis (1935) établit le premier les expressions
148 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 149
Les rabattements sont obtenus, à 5 %, pour en fonction du logarithme du temps de pompage. Cette condition est
t> 10x
2S conforme au concept de régime transitoire.
(52) Les données du pompage sont reportées sur un papier graphique
4T
semi-logarithmique (fig. 82). Les rabattements ou les profondeurs du
En pratique le temps de pompage doit être d'au moins 42 heures et la niveau d'eau, exprimés en m, de haut en bas, en ordonnées linéaires
distance du puits au piézomètre inférieure à 150 mètres. Etant donné et les temps de pompage en abscisses logarithmiques. Le niveau piézo-
que le pompage d'essai est effectué sur des stations d'essai, comprenant métrique initial est indiqué en haut du graphique. Les échelles sont
le puits pompé et au moins un piézomètre,spécialement aménagé, cette choisies, dans chaque cas, en particulier celles des temps (secondes,
seconde condition n'est pas contraignante. minutes, heures) afin d'utiliser tout l'espace du graphique. Les points
L'équation de la remontée, après arrêt du pompage, est: obtenus tracent la droite moyenne représentative de l'expression de
_0,183Q 1 t+t' C.E. Jacob (51). La courbe observée, au début du pompage, traduit
sr - T . og t' (53) l'effet de capacité de l'ouvrage, provoquant un écoulement turbulent
non linéaire (p. 136). Le point d'intersection de la droite représentative
sr' est le rabattement résiduel mesuré à un instant donné pendant la avec le niveau piézométrique initial, mesure le temps fictif à l'origine,
remontée, en m. noté t o '
t, le temps écoulé depuis le début du pompage, en secondes.
t', le temps écoulé depuis l'arrêt du pompage (temps de remontée).
Le rayon fictif, Rf, est la distance à laquelle le rabattement, calculé
par l'expression de C.E. Jacob (51) est nul. Il est fonction de la trans-
missivité et du coefficient d'emmagasinement. Fait qui confirme
l'étude sur les facteurs des dimensions du cône de dépression (p. 133).
Il répond donc à ;
s = 0,183 Q . log 2,25 Tt
T x2S
° (54)

d'où,

Rf= 1,5 VT~ (55)

Interprétation graphique des pompages d'essai


La programmation des pompages d'essai, guidée par les interpréta-
tions, sera exposée en fin de chapitre, p. 164).
La résolution des expressions d'approximation logarithmique de
C.E. Jacob (51 et 53), est obtenue par le tracé et l'interprétation de
la droite représentative rabattements/logarithmes des temps de pomp~­
ge ou rabattements résiduels/logarithmes des temps de remontee
(G. Castany, 1967 ; J. Forkasiewicz, 1970 et 1972 ;C.E. Jacob, 1950;
0,1 10
G.P. Kruseman et alt., 1974 et Trupin, 1969 ; B. Genestier, 1984). temps pompage heures

Relations entre les rabattements et les temps. Droite représentati~


Dans les expressions d'approximation logarithmique de C.E. Jacob
Figure 82 - Pompage d'essai dans l'aquifère à nappe captive. illi!llité des sables .al-
(51) et (53), le premier terme est une constante, Q et T étant constants. biens du bassin de Paris, à Ivry-sur-Seine. D'après 1. Forkasiewicz (1972). Droite
Dans le second terme, seul le temps varie. Les rabattements croissent représentative profondeurs/temps de pompage en descente.
Char. 6] Essais de puits et pompages d'essai 151
ISO Principes et méthodes de l'hydrogéologie
_ aquifère à nappe captive limité latéralement par une limite étan-
Calcul des paramètres hydrodynamiques e : Niger;
La transmissivité est calculée par la pente de la droite représentative. _ aquifère à nappe captive limité latéralement par une faille étanche:
L'échelle des coordonnées n'étant pas homogène, la pente est déter- anja à Madagascar ;
minée par l'accroissement des rabattements (ou des profondeurs des _ aquifère à nappe libre limité latéralement par une limite à poten-
niveaux d'eau), au cours d'un module logarithmique, noté c. La trans- 'el imposé: val de Seine en région parisienne.
missivité est calculée par l'expression (56) :
uifère à nappe captive illimité : pompage d'essai à Ivry-sur-Seine
T= 0,183 Q (56) Un pompage d'essai a été réalisé dans l'aquifère à nappe captive .des
c bles albiens, à Ivry-sur-Seine, en région parisienne (J. Forkasiewick,
Le coefficient d'emmagasinement est obtenu par calcul numérique 972).
dans le deuxième terme de l'expression (51). Ou, plus simplement, avec dre hydrogéologique et données du pompage d'essai
t o ' lorsqu'il peut être déterminé, par l'expression (57) : Le sondage capte toute l'épaisseur de l'aquifère à nappe captive,
ntre 540 et 600 m de profondeur. C'est un ouvrage parfait. Les limites
s = 2,25 Tt o (57) térales de l'aquifère se situent à plus de 100 km de distance. Il e~t
x2 one d'extension latérale illimitée. Le toit et le substratum sont consti-
és par des formations hydrogéologiques imper:n~ables (fig. 1O~
Relations entre les rabattements résiduels et les temps de remontée de La durée du pompage a été de 71 heures a débit constant, Q -
niveaux 00 m 3 /h = 0,055 m 3/s. Un ancien forage, situé à 110 m du sondage
Les données de la remontée des niveaux, après arrêt du pompage, 'essai a été utilisé comme piézomètre. Le rabattement total est de
permettent d'établir le graphique traçant la droite représentative de 1 m dans le sondage et de 17 m dans le piézomètre. La remontée des
l'expression de C.E. Jacob (53). Les rabattements résiduels, exprimés iveaux, après arrêt du pompage, a été observée pendant 71 heures. Les
en m (ou les niveaux d'eau), sont portés en ordonnées linéaires, la sultats des essais sont donnés dans les tableaux 21 et 22.
valeur ~ en abscisses logarithmiques (fig. 83). Seule la transmissi- Interprétation des données du pompage d'essai
t'
vité peut être calculée, avec l'expression (53). Les données du tableau 21, profondeurs de l'eau en m et temps de
pompage en heures, reportées sur un papier graphique semi-logarith~
Types hydrodynamiques d'aquifères et application de l'expression mique, ont permis de tracer la droite représentative du pompage d'essai
d'approximation logarithmique (fig. 82). Le temps, t o ' de 0,09 heures (324 second~s).e~ ~a pente de
L'application de l'expression d'approximation logarithmique de la droite c = 5 8 m aboutissent au calcul de la transmissivité T (expres-
C.E. Jacob (51) est limitée au type hydrodynamique d'aquifère à sion 56) et du c~efficient d'emmagasinement, S (expression 57).
nappe captive illimité et à épontes (substratum et toit) imperméables
(absence de drainance). A l'exclusion de la drainance elle peut, toute- T=0,183Q_O,183 xO,055 1,7.1O- 3 m 2 /s (58)
fois, être étendue, sous certaines conditions, à l'aquifère à nappe libre c 5,8
3
illimité. Lorsque le type hydrodynamique d'aquifère, limité latérale- S=2,25 Tt o =2,25 x 1,7.10- x 324 1.10- 4 (59)
ment est reconnu sur le terrain, cette expression est valable pour x2 (110)2
l'interprétation de la première phase du pompage d'essai. En effet
celle-ci peut être considérée comme se déroulant en réservoir illimité Interprétation des données de la remontée des niveaux
jusqu'à l'apparition de l'effet des conditions aux limites. Les données du tableau 22, profondeurs et valeurs de t + t'ft',
donnent une droite représentative (fig. 83). Elle permet de calculer
L'étude de cas concrets portera donc, successivement, sur:
la transmissivité, avec c = 5,8 m.
- aquifère à nappe captive illimité : Ivry-sur-Seine en région pari-
sienne; T=0,183 Q =0,183 x 0,055 = 1,7.10- 3 m 2/s (60)
- aquifère à nappe libre illimité : Istres dans le sud de la France ; c 5,8
152 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 153

Tableau 21 - Pompage d'essai à Ivry-sur-Seine (région parisienne). Tableau 22 - Pompage d'essai à Ivry-sur-Seine (région parisienne).
Données obtenues par l'expérimentation de pompage. Données obtenues par l'expérimentation de pompage.
Remontée après arrêt du pompage. 28 au 31.10.65 Descente. Débit constant: 200 m ' Ih. 25 18 28.10.66

Horaire Profondeurs m Horaire Profondeurs m


Horaire Profondeurs m
t + t' Heures Temps Piézo- Heures Temps Piézo-
Heures et Temps, t: - -
t' Sondage Piézomètre et t Sondage mètre et t Sondage mètre
minutes heures min. heures min. heures
28 14,15
16
17
°0,017
0,033
°4,2. 10 3
2,17.10 3
49,43
27,90
24,85
24,85
25 15
15,01
15,02
°
0,017
0,033
8,62 8,08
8,10
8,13
25 20
21
22
5
6
7
43,00
43,30
43,70
18,00
18,50
18,95
24,51
18 0,050 1,42 . 10 3 24,13 15,03 0,05 25 8,27 24 9 44,90 19,63
19 0,067 1,02 . 10 3 23,72 23,78 15,04 0,07 27,10 8,56 26 2 Il 45,10 20,10
21 0,1 7,1 . 10 2 22,72 23,16 15,06 0,10 27,24 9,33 6 15 45,50 20,90
23 0,13 5,5 . 10 2 22,00 22,66 15,08 0,13 27,23 9,94 10 19 46,80 21,35
25 0,17 4,2. 10 2 21,68 22,30 15,10 0,17 27,23 10,42 16 25 47,70 22,50
27 0,20 3,6 . 10 2 21,28 21,95 15,12 0,20 10,?0 22 31 47,50 22,70
14,30 0,25 2,9. 10 2 20,81 21,91 15,15 0,25 Il,29 27 4 37 47,60 22,97
0,3 2,4. 10 2 20,16 21,90 15,18 0,30 Il,66 12 45 47,90 23,45
0,4 1,8 . 1o~ 19,57 20,76 15,24 0,40 12,21 20 53 49,50 24,20
0,5 1,4 . 10 2 19,07 20,18 15,30 0,50 12,66 28 4 61 49,10 24,90
0,67 1,1 . 10 2 18,42 19,68 15,40 0,67 13,23 12 69 49,70 24,75
0,83 8,7.10 1 18,03 19,08 15,40 0,83 13,77 14 71 24,80
15,15 1 7,2.10 1 17,63 18,68 16 1 14,17 14,15 71,15 24,85
1,33 5,5 . 101 16,90 18,02 16,20 1,33 14,83
1,84 4,0. 101 16,20 17,23 16,50 1,84 15,59 Arrêt du pompage
17 2,75 2,7 . 101 16,27 17,20 2,34 40,27 16,17 Durée : 71, 15 heures
18 3,75 2,0. 101 14,20 15,50 18 3 42,25 16,80 Rabattements en fin de pompage
20 5,75 1,34. 101 13,70 14,45 19 4 42,80 17,70 - sondage : 41 ,08 m
22 7,75 1,02 . 101 13,20 14,20 - piézomètre : 16,77 m
24 9,75 8,3 12,75 13,20
29 2 Il,75 7,1 12,25 12,60
4 13,75 6,2 Il,88 12,15 La droite représentative de la remontée dans le puits de pompage a
8 17,75 5 Il,83 Il,79 donné une transmissivité de 2 . 10- 3 m 2/s. La concordance des résul-
14 23,75 4 Il,15 Il,10 tats est bonne.
18 27,75 3,6 10,96 10,80
30 6 39,75 2,8 10,15 10,15 Extension à l'aquifère à nappe libre illimité. Pompage d'essai à Istres
14 47,75 2,5 9,90 9,90
22 55,75 2,3 La méthode du régime transitoire, établie pour les aquifères à nappe
9,85 9,50
31 6 63,75 2,1 captive, peut être appliquée à l'aquifère à nappe libre illimité et à subs-
9,55 9,25
14 71,75 2,0 tratum imperméable, sous réserve de certaines conditions. Le fait
9,58 9,25 important est la présence du cône de dépression à l'intérieur de l'aqui-
154 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 155
fère, dont le rabattement croît en fonction du temps (fig. 74). L'épais- puits d'essai et respectivement de 0,65 m, en Pl, 0,42 m en P2 et
seur de l'aquifère, b décroît. La transmissivité, T = Kb, n'est donc pas 0,33 m en P3. Ces rabattements, dans les piézomètres, sont dans la
constante. En outre la libération de l'eau souterraine par gravité n'est limite de tolérance d'application de l'expression d'approximation loga-
pas du même type que pour l'aquifère à nappe captive où, due à la rithmique aux aquifères à nappe libre.
décompression du réservoir et de l'eau, elle est pratiquement instan-
tanée (p. 49).
Etant donné la précision des mesures, une certaine marge d'erreur
peut être tolérée. Il est admis que l'expression d'approximation loga-
mYs 100m
rithmique (51) peut être appliquée à l'aquifère à nappe libre lorsque le
rabattement, s, est petit comparé à l'épaisseur, b, de l'aquifère. Les
conditions de validité sont fixées à s ~ 0,1 b avec une tolérance portée
às ~ 0,3 b.
Un pompage d'essai a été réalisé dans l'aquifère à nappe libre des E
alluvions de la Crau, à Istres, dans le sud de la France (fig. 28, p. 58). 2
profondeur Initiale 4
8 ,08 <,

'~.~ 6 surfaces piézométriques

15
E

~
f'\.,
C=5, m .~
~.
8
10
12
aqu ifère
20 "

~ ~~~
'ê "~'o . . 16m
25 Co "' ... ~....
3
1 10' 10' 10 G:.1' 10'
t'
Figure 84 - Pompage d'essai dans l'aquifère à nappe libre illimité des alluvions de la
Figure 83 - Pompage d'essai d'Ivry-sur-Seine. Droite représentative de la remontée. Crau à Istres. D'après J. Forkasiewicz (1972).

Cadre hydrogéologique et données du pompage d'essai Interprétation des données du pompage d'essai
L'aquifère, d'une épaisseur de 4 m, est constitué d'alluvions quater- Les données du pompage d'essai, rabattements en m et temps de
naires, reposant sur un substratum imperméable de formations miocè- pompage en minutes, reportées sur un papier graphique semi-logarith-
nes. Le puits d'essai, d'un diamètre de 400 mm, crépiné avec massif mique, donnent les droites représentatives figure 84. L'effet de capacité
filtrant, de 7,50 à 16 m de profondeur est parfait (fig. 84). La limite du puits, marqué en début d'essai par un alignement non-linéaire des
la plus proche est située à environ 3 km. L'aquifère peut être considéré points, s'atténue rapidement après 50 minutes pour Pl et 120 minutes
comme illimité latéralement, dans les conditions de durée de l'essai. pour P2 et P3. C'est dû au fait que le diamètre du puits d'essai est
La station de pompage comporte le puits d'essai et 3 piézomètres, relativement petit et que la transmissivité est élevée (8 . 10- 2 m 2/s).
disposés sur un rayon à des distances respectives de l'axe du puits de Les deux droites représentatives obtenues sont parallèles pour Pl
Pl = 20 m, P2 = 50 met P3 = 100 m (fig. 84). et P3 avec une pente de 0,22 m. Pour le P2 la pente est légèrement
La durée de pompage a été de 48 heures, à débit constant, Q = plus faible avec c = 0,20 m. Les temps à l'origine, t o ' sont: Pl = 138 se-
328 m 3/h = 0,09 m 3/s. Le rabattement total a été de 3,54 m dans le condes, P2 = 120 secondes et P3 = 390 secondes. Les valeurs de la
156 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 157
transmissivité, T et du coefficient d'emmagasinement, S, sont: Cette limite se situe à une distance de l'ordre de 100 à 200 m.
La durée du pompage a été de 18 jours (432 heures) à débit cons-
piézomètre Pl, T = 0,183 x 0,09 = 7 5 10- 2 m 2/s (61 ) tant, Q = 47,5 m 3/h = 0,013 m 3/s. La station de pompage d'essai
0,22 ,.
comporte 7 piézomètres. Seules les données du piézomètre P2, distant
" ètre P 2, T
piezorne = 0,183xO,09 8,3.l0- 2m 2/s (62) de 20 in de l'axe du puits d'essai, ont été retenues.
0,20

piézomètre P3, T = 0,183 x 0,09 = 7,5 . 10- 2 m 2/s (63) niveau pl Z mè tr ique
0,22
La concordance des résultats obtenus est bonne. La transmissivité 25
moyenne de l'aquifère est de 8 . 10- 2 m 2/s. Cette valeur sera retenue
pour le calcul du coefficient d'emmagasinement, S.
NE
Pl à 20 m, S = 2,25 x 8 . 10- 2 x 138 = 6 . 10- 2 (64) Q=O,013 m7s
(20)2 30 p 1 P(X=20m)

Pl à 50 m, S = 9 . 10- 2 ; P3 = 7 . 10- 2 E i H,,",===cmTTrm~

Le coefficient d'emmagasinement moyen est de 6 . 10- 2 et la c= 5 m


2
porosité efficace, 6 %.
La vérification par application de l'expression générale de C.V. 35
Theis (47) a donné une transmissivité moyenne de 8 . 10- 2 m 2/s et
un coefficient d'emmagasinement moyen de 7 . 10- 2 . D,Dl 0,1 10 100 1000
temps heures
Aquifère limité latéralement. Etude des conditions aux limites
L'aquifère peut être limité latéralement par deux types de condi- Figure 8S - Pompage d'essai dans l:aquif~re à nappe c:aptive',limi,té latéraleme?t I?ar
tions aux limites : une limite étanche (biseau stratigraphique), au NIger. D apres 1. Forkasiewicz
(1972). Droite représentative de la descente. Noter le doublement de la pente de
- limite à flux imposé, avec débit entrant ou sortant. Si la limite la droite.
est étanche le débit est nul. Cette frontière peut être provoquée, soit
par l'apparition d'une limite stratigraphique, soit par une faille étanche;
- limite à potentiel imposé, dont le type étudié est la limite d'ali- Interprétation des données du pompage d'essai
mentation du système global aquifère/rivière. Les données du pompage d'essai, profondeurs des niveaux d'eau en
Aquifère à nappe captive limité latéralement par une limite étanche mètres et temps de pompages en heures, ont permis de tracer la droite
stratigraphique. Pompage d'essai au Niger représentative, fig. 85. Les points alignés correctement jusqu'à un
temps de pompage de 40 heures permettent de tracer une droite repré-.
Un pompage d'essai, réalisé dans l'aquifère à nappe captive du
sentative de pente Cl = 2,10 m. Ensuite les rabatte~ents au~ment~nt
continental intercalaire du Niger, est un exemple type de l'influence
brusquement pour s'aligner selon une seconde droite representatIve
d'une limite étanche sur le déroulement du pompage d'essai (fig. 85).
de pente sensiblement double, c2 = 5 m. L'intersection des deux droi-
Conditions hydrogéologiques et données du pompage tes est le point d'intersection, i, dont l'abscisse donne le temps d'inter-
L'aquifère à nappe captive est constitué par la formation hydro- section ti = 36 heures = 129 600 secondes.
géologique perméable des grès du continental intercalaire. Le toit et Ces résultats ne sont pas conformes au cas général, lequel présente
le substratum sont constitués de couches de grès argileux et d'argiles une droite représentative à pente constante (fig. 82). Le graphique,
imperméables (fig. 85). Le substratum, rencontré par le sondage à 80 m dessinant une ligne brisée avec doublement de la pente, suggère l'hypo-
de profondeur, remonte rapidement vers le S.W. Il peut constituer une thèse d'un aquifère à limite latérale étanche. Elle est confirmée par
limite étanche par terminaison en biseau stratigraphique du réservoir. la géologie. L'anomalie du pompage d'essai est donc provoquée par
158 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 159

une structure hydrogéologique identifiée : aquifère à nappe captive à niveau piêzométrique

limite latérale imperméable. La première phase du pompage d'essai,


interprétée par la droite représentative de pente, cl' s'est donc dérou-
lée en aquifère illimité. Elle peut être interprétée par l'expression
d'approximation logarithmique de C.E. Jacob (51). "C,
T=0,183 x 0,013 = 1 . 10~3 m2/s (65) 0,1

2,10
Le coefficient d'emmagasinement, avec t o = 0,1 heure ou 360 se-
condes et x = 20 rn.est : E

0;2
.
c
..
S = 2,25 xl. 10- 3 x 360 = 2 . 10- 3
(20)2
(66) L--+---k----=t==t:-==.:l
10' 10 3 t en 5 10'
t; = 2,5.10'5
Calcul de la distance théorique à la limite
p .
Q = 0005 m Ys

La distance théorique à la limite est donnée par l'expression (67). x= 5,90 m

d=~ fi; = 10 129600 = 190 m (67)


E
N

2V ~
fail le Il)
360
x, est la distance du piézomètre à l'axe du puits, 10 m. ..
t i , est le temps d'intersection, 129600 secondes. r~~~:~~t~~: ", ..

Cette distance est compatible avec les données de la structure hydro-


géologique présentée fig. 85.
Aquifère à nappe captive limité latéralement par une faille. Figure 86 _ Pompage d'essai dans l'aquifère à nappe captive limité la~éra~ement par
Pompage d'essai de Manga à Madagascar une faille étanche à Manga (S.W. de Madagascar). D'après J. Forkaslewlcz (197.2).
Droite représentative de la descente. Noter le doublement de la pente de la droite.
Un pompage d'essai a été réalisé dans l'aquifère à nappe captive
des sables du Crétacé supérieur du bassin de Manga au S.w. de Mada-
gascar (J. Forkasiewicz, 1972).
C = 0046 m apparaît au cours d'une première phase de pompage de
Conditions hydrogéologiques et données du pompage d~rée 21 000 'secondes environ. Une augmentation brusque des rabat-
La formation hydrogéologique perméable est affectée de failles tements détermine une seconde droite de pente sensiblement double
avec compartiments effondrés pouvant constituer des limites étanches. c2 = 0,086 m. Le graphique de la remontée des niv~aux d'eau, après
Le toit, à 52 m de profondeur et le substratum de l'aquifère à nappe l'arrêt du pompage, est identique avec .pour le premI,er seg,ment, u,ne
captive sont imperméables (fig. 86). La station d'essai de pompage pente c = 0,044 m (fig. 87). Ces deux graphiques suggerent 1hypothese
comprend un puits d'essai, parfait, crépiné de - 88,16 m à - 93,80 m d'un aduifère limité latéralement par une limite étanch~, prob~ble­
avec massif filtrant et un piézomètre situé à 5,90 m. ment la faille du panneau effondré. La rupture de la droite represen-
La durée du pompage a été de 49 h 30, à débit constant, Q = 0,005 tative étant donc provoquée par une structure hydrogéologique c~nnue,
m 3/s. La remontée des niveaux d'eau a été observée pendant 47 heures. il est possible de calculer avec la première droite représentative les
paramètres hydrodynamiques.
Interprétation des données du pompage d'essai Les valeurs de la transmissivité sont :
Les données du pompage mesurées dans le piézomètre, rabattement
en mètres et temps de pompage en secondes, ont permis de tracer les
graphiques fig. 86 et 87. Une première droite représentative, à pente
d escen e,
t
,046 °
T=O,183 x 0,005 = 2.10- 2 m 2/s (68)
Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 161
160
Conditions hydrogéologiques et données du pompage
remon téee, T = 0,183 x 0,005 =2. 10- 2 m 2/ s (69) Le Val de Seine, entre Nogent-sur-Seine et Montereau, constitue un
0,044
vaste aquifère d'alluvions à nappe libre. La formation hydrogéologique
La valeur du coefficient d'emmagasinement, calculée uniquement perméable est constituée par des sables et graviers, reposant sur un
avec la descente, est, avec t 0 = 9,3 secondes et x = 5,90 m : substratum de craie compacte. C'est le type de système global aquifère/
rivière (p. 59). Le type hydrodynamique caractérise un aquifère à
S = 2,25 x 2 . 10- 2 X 9 1,2. 10- 2 (70) nappe libre limité latéralement par une limite à potentiel imposé (front
(5,90)2 d'alimentation) .
Le pompage d'essai poursuivait deux buts : mesure des paramètres
o niveau ie z o etrl ue
hydrodynamiques et estimation du colmatage des rives de la Seine.
.. La station de pompage d'essai comporte un puits de pompage parfait,
de 450 mm de diamètre et de 15 m de profondeur, crépiné entre
OOO
- 2,30 met - 15,3 m. L'épaisseur de l'aquifère est de 5 m. Ce puits a
0,1
été implanté à 13 m de la rive nord de la Seine. Trois piézomètres,
C2=0'008]I 00
Pl, P2 et P3 sont situés à des distances respectives de 5, Il et 13 m
1 •

E
i
1
---
~
~ ---}c=o 044m
(fig. 88).

0,21-- -1----- +-:-


" .
• l

+:----:---;-;---1
'

On L\(Bau 'Lézométrl ue

1 10' 10
3
J...:t..!:.
t'
o
Figure 87 - Pompage d'essai à Manga. Droite représentative de la remontée. Noter
le doublement de la pente de la droite. paliers 1\,_ _

Calcul de la distance théorique à la limite 10 2 10 3 105 t en s

Elle est obtenue par l'expression (67) :


4
d= 3 )2,5.10 = 153 m (71)
9,3
4
le temps d'intersection, lu sur le graphique fig. 86, est égal à 2,5 . 10
secondes.
Si le piézomètre était très éloigné de l'axe du puits d'essai, il faudrait 3
appliquer l'expression (72).

d =~ J~~ + ~ (72)

Aquifère à nappe libre limité latéralement par une limite à potenticl


imposé. Pompage d'essai du Val de Seine
Figur.e ~8 : Pompage .d'essai, d~n~ l'a~ui.fère à nappe libre limité latéralement par
Un pompage d'essai a été exécuté dans l'aquifère à nappe libre des Une limite a potentiel imposé (limite d alimentation), des alluvions du Val de Seine.
alluvions de la Seine, dans le Val de Seine à Port Montain dans l'est Test du système global aquifère/rivière. D'après Cl. Mégnien (1979). Droites repré-
sentatives de descente rabattements/temps de pompage.
de la région parisienne (Cl. Mégnien, 1979).
162 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 163

La durée de pompage a été de 48 heures avec deux régimes ~e dé?i~s: Le coefficient d'emmagasinement moyen de l'aquifère est 2 . 10- 2.
27 h à 295 m j /h (0,08 m 3/s) et 21 h à 400 m 3/h. Ce derme~ débit, La porosité efficace est égale au coefficient d'emmagasinement.
motivé par l'apparition rapide d'un palier de stabilisation, avaIt. ~our Calcul de la distance théorique à la limite
but d'obtenir un second palier permettant de confirmer les conditions
aux limites. La remontée, observée pendant 22 heures, n'a pas été La stabilisation confirme l'hypothèse de départ admettant que la
Seine constitue une limite à potentiel imposé par le niveau d'eau cons-
interprétée. tant de la rivière. La distance théorique, d, du puits de pompage à la
Interprétation des données du pompage limite d'alimentation est calculée par l'expression (72).
Les données du pompage, rabattements en mètres et temps de pom-
x fti x
page en secondes, ont permis d'établir le graphique fig. 88: Les r~?at­ d=2V~+2 (72)
tements montrent un accroissement normal au cours des trois premieres
heures de pompage. Ensuite ils marquent une stabilisation, avec palier x étant la distance du piézomètre à l'axe du puits et t i le temps d'inter-
de stabilisation après 12 heures qui persiste pendant 26 heures. Ce section (fig. 88).
phénomène peut être expliqué par l'étude de l'évolution du cône de
dépression. Avant pompage, les eaux souterraines s'écoulent ~ers la pour Pl, d = 2,50 /2500 + 2,5 = 82 m (77)
Seine laquelle joue le rôle de drain. Lors du pompage, le cone de 2,5
dépression se développe dans l'aquifère, en régime transitoire, jusqu'à pour P2 , d = 72 m et pour P3 , d = 60 m
la limite à niveau constant (potentiel imposé) que constitue le niveau
La distance 'théorique, comprise entre 60 et 82 m, est très supérieure
d'eau de la Seine le long de la berge. Ainsi limité il se stabilise. L'écou-
à la distance réelle, d = 13 m. Il existe donc une perte de charge au
lement dans ce secteur est alors inversé. Le puits est alimenté, en
niveau de la berge. Elle est due principalement à une baisse de la trans-
partie, par les eaux dérivées de la rivière, à travers l'aqu~f~re .(p. ,59). missivité provoquée par le colmatage des berges.
La structure hydrogéologique responsable de la stabilisation etant
identifiée l'expression d'approximation logarithmique peut être ap-
pliquée à' la droite représentative à pente constante. Les droites repré- Conclusions. Interprétation des pompages d'essai
sentatives des trois piézomètres sont sensiblement parallèles. Les pentes Pour interpréter un pompage d'essai, le couple de données recueilli
sont, pour Pl (5 m) c = 0,24 ru, pour P2 (Ll m) c = 0,22 m et pour est porté sur un papier graphique serni-logarithmique :
P3 (l3 m) c = 0,20 m. - les rabattements ou les profondeurs de l'eau, en m, en ordonnées
Les valeurs de la transmissivité sont: linéaires;
., , P l, T_ 0,183XO,08 6,3.1O- 2 m2 /s (73) - les temps de pompage ou ~' pour la remontée, en abscisses
piézomètre - 0 24 .h .
, 1ogant nuques.
t'
piézomètre P2, avec c = 0,22 m, T = 6,8 . 10- 2 m 2/s (74) L'essai est valable s'il est possible de tracer une droite moyenne
piézomètre P3, avec c = 0,20 m, T = 7,5 . 10- 2 m 2/s (75) représentative. Trois cas types peuvent être obtenus (fig. 89). Ils sont
interprétables si le type hydrodynamique d'aquifère est identifié par
Les valeurs obtenues sont cohérentes et la transmissivité moyenne de l'étude hydrogéologique.
l'aquifère est de 7 . 10- 2 m 2/s. - droite représentative à pente constante (1, fig. 89) : aquifère à
Les coefficients d'emmagasinement sont calculés: nappe captive ou libre (s inférieur à 0,1 b), illimité à épontes imper-
piézomètre Pl à 5 m, "t o = 2,5 secondes méables ;
2 - droite représentative brisée avec une pente doublée (2, fig. 89) :
S= 2,25 x 7 . 10- x 2,5 = 14.10- (76)
2 aquifère à nappe captive ou libre, limité latéralement par une limite
25 ' étanche: passage latéral de faciès ou faille;
piézomètre P2 à Il m, t o = 17 secondes, S = 2,2 . 10- 2 - droite représentative brisée avec palier de stabilisation (3, fig. 89),
piézomètre P3 à 13 m, t o = 30 secondes, S = 3 . 10- 2 indice de débit entrant aux limites. Deux cas :
164 Principes et méthodes de l'hydrogéologie

0 ...
to
[Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai
en exploitation à proximité, possibilités d'évacuation des eaux de
165

pompage, accès facile, éloignement des routes et voies ferrées à grande


circulation (effets sur la surface piézométrique).
2 Dans le test des conditions aux limites, il faut que le régime transi-
3 int toire soit observé sur une durée assez longue pour tracer la droite repré-
sentative du cas général. La distance du puits à la limite sera:
4
a» 22,4 r
5
VS
6 E
<JJ Caractéristiques techniques de l'ouvrage de pompage
7
0.1 10 ... t j 103 L'ouvrage de pompage doit être parfait, c'est-à-dire atteindre le
temps substratum et être crépiné sur toute l'épaisseur de l'aquifère. Les lignes
de courant sont, en nappe captive, horizontales et parallèles. Le maxi-
-
Figure ~? Interprétation graphique des pompages d'essai. mum de débit est capté pour un rabattement donné.
l, ~q-,"llfe,re. ll~lmlt~ .; 2, aquifère limité latéralement par une limite étanche 3 Le diamètre du tubage et de la crépine, doit permettre l'installation
aquifère a limite d alimentation ou avec drainance. ; ,
de la pompe et de ses accessoires (tube guide de mesure). En général
/:le l'ordre de 0,5 à 1 m. Un jeu de 25 mm est recommandé entre le
. aquifères, à nappe captive ou libre, limités latéralement par une corps de la pompe et le tubage. Il doit éviter la perte de charge quadra-
limite à potentiel imposé (limite d'alimentation) : cas du système tique qui limiterait artificiellement le débit exhauré.
global aquifère/rivière ; Dispositif des piézomètres
- aquifère à nappe semi-captive, impliquant la drainance par une ou Le nombre de piézomètres est imposé par le problème à résoudre,
deux épontes. mais surtout par les crédits disponibles. C'est-à-dire qu'il est générale-
Dans tous les cas, le type hydrodynamique d'aquifère étant identifié, ment limité au strict minimum, surtout pour les aquifères profonds. La
le premier segment de droite donne, à l'exception de la drainance, la précision des interprétations est fonction de leur nombre. Il peut être
solution numérique de l'expression d'approximation logarithmique de limité à un pour les aquifères homogènes illimités, à deux pour l'étude
C.E. Jacob (51). La transmissivité et le coefficient d'emmagasinement des caractéristiques particulières : conditions aux limites et drainance.
(descente seulement) peuvent être calculés. Pour l'étude du complexe aquifère/rivière, il est conseillé de placer un
troisième piézomètre à proximité de la rive opposée à la station d'essais.
Programmation du pompage d'essai. Station de pompage d'essai La distance, x, du (ou des) piézomètre à l'axe du puits est comprise
Les principales directives générales concernant la programmation entre deux limites extrêmes (fig. 90). Elle doit être supérieure à 5 m
d'un pompage d'essai portent sur (J. Forkasiewicz, 1970 et 1976) : pour éviter l'influence des pertes de charge au voisinage de l'ouvrage
et l'hétérogénéité du réservoir provoquée par l'exécution des travaux
- choix du site de station d'essai; de fonçage. Elle doit être au maximum de 150 m, afin d'obtenir des
- caractéristiques techniques de l'ouvrage de pompage; mesures de rabattement significatives et de rester dans la limite de vali-
- dispositif des piézomètres ; dité de l'expression de C.E. Jacob (51). Elle sera égale au tiers du rayon
- débit constant et durée de pompage ; d'influence à explorer. Pour le test des conditions aux limites, il est
- intervalle des mesures de rabattements; préférable de placer un ou deux piézomètres au plus près de la limite
- choix de l'époque de l'essai. sur un axe perpendiculaire, passant par le puits. La bonne distance,
avec un seul piézomètre est de l'ordre de 50 m.
Choix du site de station d'essai
La profondeur des piézomètres, en aquifère homogène est suffisante,
Le site doit remplir les conditions générales suivantes : homogé- à 0,50 - 1 m, sous la surface piézométrique déprimée. Dans le cas
néité du réservoir, faible graident hydraulique, absence de captages contraire un piézomètre complet est nécessaire.
166 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 6] Essais de puits et pompages d'essai 167

Tableau 23 - Intervalles entre les mesures de rabattements

n~~~==-j
~~ zone d'implantation
au cours du pompage d'essai

Espaces de temps Intervalles entre


minutes les mesures
Ir'
1
puits
1parfait
1 à 10
10 à 20
30 secondes
1 minute
1 Il
20 à 30 2 minutes
100 à 200 10 minutes
300 à 400 30 minutes
Figure 90 - Implantation des piézomètres, Distances de l'axe du puits et profon-
deurs, 600 1 heure

Choix de l'époque de l'essai


Débit constant et durée de pompage
Eviter les périodes de fortes variations barométriques et de précipi-
Le débit de pompage, constant, doit satisfaire deux conditions : tations intenses. Dans tous les cas, il est recommandé d'utiliser un
être le plus élevé possible, tout en restant compatible avec le rabatte- barographe. Pour l'étude des conditions aux limites aquifère/rivière,
ment maximum admissible jusqu'à la fin de l'essai et pouvoir être éviter les périodes de crue du cours d'eau.
maintenu avec une tolérance de 5 % pendant toute sa durée. Un essai
de puits doit donc précéder le pompage d'essai. Pour les aquifères à
nappe libre, respecter la condition de rabattement final C 0,1 b.
La durée du pompage t p doit être assez longue pour dépasser l'effet
de capacité du puits (p. 136) et permettre l'application de l'expression
de C.E. Jacob (51). Elle doit donc dépasser cet effet d'au moins deux
cycles logarithmiques. Or les valeurs approximatives de la durée de cet
effet, décroissent avec l'augmentation de la transmissivité (tc = 25 r 2 [T
et tp ~ 20 tc). Avec un rayon du puits classique de 1 m, elle est de 250
heures pour une très faible transmissivité (3 . 10- 5 m 2/s), de 25 heures
pour une faible transmissivité (3. 10- 4 m 2 /s), de 2,3 heures pour une
transmissivité moyenne (3 . 10- 3 m 2/s) et très courte, 1,30 minutes
pour une transmissivité élevée (3 , 10- 2 m 2/s). Le pompage d'essai
n'est donc pas possible dans les deux premiers cas. Son prix de revient
serait prohibitif.
Pour le test des conditions aux limites, l'influence se fait sentir au
2S
puits de pompage après un temps approximatif, t p = 0,5 d ,d étant
T
la distance de l'axe du puits à la limite. La durée de pompage est alo:s,
t P.. = 0,5 . d 2 SfT. Il faut éviter de placer le puits trop près d'une limite
afin que l'effet de celle-ci ne soit pas trop rapide.
Intervalles des mesures de rabattements
L'intervalle des mesures de rabattements doit être très court pendant
les 30 premières minutes du pompage, avec des mesures de rabattement
très précises, surtout en milieu fissuré (tableaux 21 et 23).
[Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 169

CARTES STRUCTURALES DE L'AQUIFÈRE

Les cartes structurales de l'aquifère représentent sa configuration


et sa structure. Elles sont établies par synthèse des données sur la
Chapitre 7 géologie, les conditions aux limites et les paramètres physiques et
Cartographie de l'aquifère hydrodynamiques des aquifères.
cartes piézométriques Cartes de la configuration de l'aquifère. Dimensions de l'aquifère
La cartographie de la configuration, ou enveloppe de l'aquifère,
représente les limites géologiques et hydrodynamiques. La carte de la
surface piézométrique des aquifères à nappe libre, de première impor-
tance, sera étudiée ultérieurement. Ces cartes permettent de déterminer
les dimensions et le volume de l'aquifère. L'interpolation spatiale des
La cartographie de l'aquifère a pour but de représenter données ponctuelles est figurée par trois types de cartes en courbes
sa configuration, sa structure et de schématiser les fonc- d'isovaleurs :
tions du réservoir et son comportement hydrodynami-
que. - cartes en courbes isohypses ou d'égale altitude, figurant la morpho-
logie de la surface considérée, au même titre que les cartes topogra-
Les cartes sont de deux types, structurales et piézo- phiques en courbes de niveau, représentent la surface du sol;
métriques. - cartes en courbes isobathes ou d'égale profondeur, par référence
Les cartes structurales, en courbes isohypses ou iso- à la surface du sol, situant dans le sous-sol la surface représentée;
bathes, représentent la morphologie et la position des - cartes en courbes isopaches ou d'égale épaisseur de l'aquifère, bases
surfaces limites. Les cartes en courbes isopaches don- du calcul du volume du réservoir.
nent les épaisseurs, bases du calcul des volumes. Cartes de la surface du substratum
Les cartes de la distribution spatiale des caractéristi- Les cartes de la surface du substratum sont établies en courbes iso-
ques physiques servent de trame à celle des paramètres hypses ou isobathes (fig. 91). Parfois la structure géologique du substra-
hydrodynamiques.
tum est complexe avec intercalations de formations hydrogéologiques
La carte piézométrique, en courbes hydroisohypses, perméables. L'alimentation de l'aquifère par des nappes sous-jacentes
synthèse essentielle de l'étude hydrogéologique, schéma- est alors possible. Une carte géologique de la surface du substratum
tise la fonction conduite du réservoir et le comportement doit être établie (fig. 91). Les cartes du substratum, bases du calcul des
hydrodynamique de l'aquifère avec figuration des courbes isopaches, donnent également la profondeur maximum des
conditions aux limites. puits et sondages.
Cartes de la limite supérieure de l'aquifère
La morphologie de la base du toit imperméable des aquifères à nappe
captive, est représentée par des cartes en courbes isohypses (fig. 92)
La synthèse et l'interpolation spatiale des données sur les paramètres et en courbes isobathes. La morphologie de la surface piézométrique
du réservoir, sont présentées par des cartes structurales. Celles des des aquifères à nappe libre est figurée par des cartes piézométriques.
niveaux piézométriques et des conditions aux limites par les cartes Celles-ci donnent la profondeur du niveau d'eau dans les puits et
piézornétriques. Elles schématisent les fonctions capacitive et conduc- forages.
trice du réservoir et le comportement hydrodynamique de l'aquifère. Cartes de l'épaisseur de l'aquifère
Elles sont indispensables à l'établissement des modèles physiques et
mathématiques. La surperposition de deux cartes en courbes isohypses, l'une de la
surface du substratum, l'autre de la base du toit imperméable ou de
170 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 171

<lllllI\\1Illli 1

----
~ 2
_ 200
3

50km
~

Figure 92 - Carte en courbes isohypses de la base du toit de l'aquifère multicouche


des sables albiens du bassin de Paris.
1, affleurements; 2, limite d'extension du réservoir; 3, courbe isohypse et son
altitude.

1
laPUM1ID" " !1!QIIII!IIl1 2
Figure 91 - Carte en courbes isohypses et de la structure géologique de la surface
du substratum de l'aquifère multicouche des sables du Crétacé inférieur du bassin
de Paris.
------ 100
3

la surface piézométrique des nappes libres, permet de tracer les courbes


isopaches de l'aquifère (fig. 93,94 et 113). Parfois c'est l'épaisseur du
réservoir utile qui est cartographiée.
Ces cartes permettent de calculer le volume de l'aquifère, base de
l'évaluation de la réserve en eau souterraine (p. 113).
Cartes des conditions aux limites latérales géologiques et hydrodyna-
miques
Les conditions aux limites latérales géologiques de l'aquifère sont
portées sur les cartes structurales. Celles aux limites hydrodynamiques
figurent sur les cartes piézométriques (fig. 59 et 68). Leur cartogra-
phie exacte, avec indication du type et de données numériques, est la 50 km
t----i
base de l'étude du comportement hydrodynamique de l'aquifère.
Cartes de la structure du réservoir. Caractéristiques physiques et para- Figure 93 - Carte en courbes isopaches de l'aquifère multicouche des sables albiens
du bassin de Paris.
mètres hydrodynamiques 1, affleu.r~ments ; 2, limite d'extension du réservoir; 3, courbe isopache et épaisseur
La représentation cartographique des caractéristiques physiques du de I'aquifère , en m.
Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 173
172
- la fissuration des roches compactes, étudiée par l'analyse structu-
réservoir est la trame, support permettant l'interpolation spatiale des
données ponctuelles sur les paramètres hydrodynamiques, en zones ou rale (fig. 95).
en courbes d'isovaleurs. Elles sont en effet plus nombreuses étant Cartes des données sur les paramètres hydrodynamiques
donné leur acquisition moins onéreuse. Les données sur le coefficient de perméabilité, la transmissivité, le
Cartes des données sur les caractéristiques physiques du réservoir coefficient d'emmagasinement, le débit spécifique relatif, sont en
Les données sur les caractéristiques physiques du réservoir permet- général peu nombreuses étant donné leur coût d'acquisiton. L'établis-
tent de dresser des cartes représentant la structure de l'aquifère. Les sement des cartes est facilité par le calage des modèles mathématiques
trois principales catégories d'informations portent sur: de simulation hydrodynamique (fig. 59 et 96).
- la lithologie (lithofaciès) exprimée par les symboles conventionnels
normalisés ;
- la granulométrie des roches meubles avec les classes granulorné-
triques et le diamètre efficace ;

II DOUAI
5

~lIllillJlllmriJl Il A

Figure 9S - Carte de la fissuration. Formation hydrogéologique perméable carbona-


tée fissurée du Crétacé inférieur. Site expérimental de Corconne (région montpél-
liéraine). D'après I.C. Grillot.
T ri

~."
.,. Ille'
CARTES pIEZOMETRIQUES

Les cartes de la surface piézométrique, dites piézométriques, établies


avec les données sur les niveaux piézométriques, représentent, à une
date donnée, la distribution spatiale des charges et des potentiels hy-
drauliques. Elles figurent également les conditions aux limites hydro-
5 km dynamiques. Des cartes des fluctuations de la surface piézométrique
des nappes libres, dans l'espace et dans le temps, sont également établies.
1 mTTrI\ 1 1
Les cartes piézométriques sont les documents de base de l'analyse
20 40 60 Mm et de la schématisation des fonctions capacitive et conductrice du réser-
1 rTTI 1I111 III IlB voir et du comportement hydrodynamique de l'aquifère. C'est la syn-
thèse la plus importante d'une étude hydrogéologique.
Figure 94 - Carte en courbes isopaches de l'aquifère à nappe libre de la craie du Etablissement des cartes piézométriques
Nord de la France, établie avec la surface piézométrique moyenne annuelle (réserve
totale moyenne annuelle). Noter l'anomalie piézométrique provoquée par une Il repose sur la mesure des niveaux piézométriques, leur report sur
faille.
174 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 175
des cartes topographiques en courbes de niveau et leur interprétation Pour les cartes à petites échelles ou poursuivant des objectifs particu-
par des courbes hydroisohypses. liers, comme l'évaluation de la réserve, les données moyennes sont
retenues.
Mesure des niveaux piézométriques
Tracé des courbes hydroisohypses
Elles doivent être effectuées dans des conditions de stabilisation et
pour l'ensemble de la région cartographiée au cours d'une période la La surface piézométrique est, comme la surface du sol, représentée
plus courte possible (p. 49). En effet ce document a une valeur de par des courbes d'égale altitude de niveau d'eau, soit d'égal niveau
référence à une date donnée. En cas de variations importantes au cours piézométrique, dites courbes hydroisohypses (fig. 97). Le dessin de
de la campagne de relevés, il faut effectuer des corrections en rappor- ces courbes comporte successivement le choix de leur équidistance et
tant les résultats à une cote de référence d'un (ou de plusieurs) ouvrage la technique de leur tracé.
représentatif en observation continue par enregistrement limnigra- Choix de l'équidistance des courbes hydroisohypses
phique. L'équidistance des courbes hydroisohypses est la distance constante
entre des plans horizontaux d'égal niveau piézométrique (fig. 62). Leur
intersection avec la surface piézométrique est l'espacement qui se
mesure sur la carte piézométrique entre deux courbes successives
(fig. 62 et 97). L'équidistance dépend de la précision et de la densité
des mesures, des valeurs du gradient hydraulique, de l'échelle de la carte
et cre la qualité du nivellement. En général elle est de l'ordre du mètre
(0,5, 1 ou 2 m) pour les cartes à 1/10 000 et 1/20 000 ; de 5 ou 10 m
pour celles à 1/5 a 000 et 1/100 000.
Tracé des courbes hydroisohypses
Il est effectué par trois méthodes d'interpolations, adaptées à la
précision et à la densité des données disponibles. Une carte dressée

;
N
avec des ajustements trop nombreux ne peut être utilisée pour des
études sérieuses car les conclusions découlent des hypothèses de travail.
L'interpolation approximative des niveaux piézométriques est
effectuée par une méthode visuelle. Les courbes sont tracées en tenant
compte, implicitement, des lois générales de la morphologie de la
o 50 km
surface piézométrique. Dans la plupart des cas cette méthode donne
des résultats satisfaisants. Mais elle doit être utilisée avec prudence
car il faut éviter, lors de l'analyse ultérieure, de confondre les hypo-
Figure 96 - Carte des transmissivités de l'aquifère multicouche des sables albiens du
bassin de Paris. D'après Cl. Sarocchi (1967).. , . . ... thèses de travail avec les faits observés.
1 affleurements· 2 limite d'extension du réservoir ; 3, courbe d isotransmissivitè Pour le tracé par la méthode d'interpolation du triangle, les données
et sa valeur en lO~5'm2/s .. sont groupées par trois aux sommets de triangles (fig. 97). Les côtés
du triangle sont tracés et divisés en segments proportionnels. L'équi-
Report des niveaux piézométriques. Echelle de la carte
distance retenue dans cet exemple est de 0,5 m. Les courbes hydroiso-
Les points d'eau, affectés de leur code de référence et de leur niveau hypses sont obtenues en joignant, par des segments de droite,les points
piézométrique, sont reportés sur une carte topographique en courbes d'égal niveau. Les tracés sont lissés pour obtenir des courbes régulières
de niveau à grande échelle, en général à 1/50 000. L'échelle de la carte (fig. 98). Dans les secteurs dépourvus de points de mesure, les courbes
est choisie en tenant compte de la densité des points de mesure et des en tiretés sont ajustées sur celles qui les encadrent en amont et en
fonds topographiques existants. La priorité est donnée à la précision du aval. Les courbes maîtresses, multiples de 5, la, 50 ou 100 ,sont souli-
nivellement. La date, à laquelle ont été effectuées les mesures, est gnées en traits forts. Cette méthode donne d'excellents résultats lors-
portée sur la carte. que les points de mesures sont suffisants.
176
Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 177
~es programmes de fraite"!ent des ~onnées piézométriques par
ordinateur permettent d obtenir une meilleure interpolation et av Interprétation des cartes piézométriques
table traçante, des cartes plus précises. ' ec L'interprétation des cartes piézométriques, appuyée sur les cartes
structurales du réservoir, aboutit à cinq opérations:
- analyse morphologique de la surface piézométrique ;
- étude de la structure de l'aquifère. Anomalies structurales du
réservoir. Distribution spatiale des paramètres hydrodynamiques ;
- étude des fonctions du réservoir : distribution spatiale des stocks
d'eau et régime de l'écoulement de l'eau souterraine;
- étude du comportement hydrodynamique de l'aquifère : débits
imposés entrant et sortant, potentiels imposés;
- analyse des fluctuations de la surface piézomëtrique des aquifères
à nappe libre. Prévision de l'évolution des niveaux piézométriques.
Les données obtenues sont valables à une date déterminée, celle du
recueil des informations portées sur la carte. Des cartes de données
F~gure 97,: T~a?é des courbes hydroisohypses par la méthode d'interpolation du moyennes sont également établies : étiage moyen annuel, surface
tnangle. L équidistance est de 0,50 m.
piézométrique moyenne annuelle, etc.
Analyse morphologique de la surface piézométrique
Habillage de la carte piézométrique
rivière drainante Pour faciliter l'interprétation d'une carte piézométrique il est utile,
en premier lieu, de procéder à deux opérations d'habillage (fig. 100) :
- tracé des lignes de courant de la surface piézométrique, donc
superficielles. Elles matérialisent la direction moyenne de l'écoulement.
Ce sont les droites de plus grande pente, donc la perpendiculaire élevée
sur chaque courbe hydroisohypse ;
- fléchage des lignes de courant indiquant le sens de l'écoulement
déduit des niveaux piézométriques.
Les axes principaux du flux, correspondant aux trajets les plus courts
et les plus simples, sont soulignés. Ce sont également les rayons de
1\-9 N
courbure des arcs élémentaires successifs. Les droites brisées, ainsi

3~0 m ~­
tracées, perpendiculairement à chaque courbe successive qu'elles
juillet 1963 o
1
100 200
1 1
484

1
~~
1
recoupent, sont lissées. Il est alors possible de schématiser les caracté-
ristiques principales de l'écoulement, donc de la fonction conduite du
.51 51 50
2 réservoir. Les types d'aquifères sont identifiés. Les lignes de partage
des eaux souterraines délimitent les bassins hydrogéologiques (fig. 99).
Orientation et espacement des courbes hydroisohypses
F~gure 98 - Tracé des courbes hydroisohypses par la méthode d'interpolation du
En général la surface piézométrique est représentée par des courbes
tnangle. hydroisohypses de tracé plus ou moins sinueux, succession d'arcs de
1, ouvrage d'observation; 2, courbe hydroisohypse et niveau piézométrique ·3 cercle de module d'espacement très variable (fig. 99). L'étude des
~ourbe maîtresse, équidistance de 10 m ; 4, courbe intermédiaire. Noter à
1 axe de drainage par la rivière.
hv courbes porte sur la courbure des arcs de cercle et le module d'espace-
ment (fig. 100).
178
Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 179
- la courbure d'un arc de cercle est identifiée par son orientation et
son rayon. L'orientation de la concavité, par rapport au sens de l'écou-
lement, distingue deux types d'arcs de cercle (fig. 100). L'orientation
aval avec concavité ouverte vers l'aval. Les lignes de courant conver-
gentes identifient un aquifère à nappe convergente. L'orientation
amont avec concavité ouverte vers l'amont. Les lignes de courant
divergentes identifient un aquifère à nappe divergente. Le rayon de
courbure est plus ou moins accentué, allant du tracé rectiligne, rare,
à des courbes fermées, cercles ou ellipses (fig. 99).
- le module d'espacement des courbes, dans le sens de l'écoulement
est constant, décroissant ou croissant. II caractérise, sur une coupe
o 5 km 5"'"
verticale passant par une ligne de courant, le profil piézométrique
'----
(fig. 62 et 105). II est numérisé par le gradient hydraulique (fig. 105).
110
1 OOClOClOO 2 Le module d'espacement identifie deux types d'écoulement, uniforme
et non uniforme, répartis en trois grands types d'aquifères élémen-
Figure 99 - Carte . , '. taires.
du bassi plezC?metnque de l'aquifère à na pe .
(I96J)sSIn hydrogeologIque de l'Ancre (Nord d 1'
de la, cra~e supérieure Ecoulements uniforme et non uniforme
1 . e a plibre
rance). D apres CI Roux
, courbe hYdroisophy t . . L'écoulement uniforme est caractérisé par des débits unitaires et
souterr ' . s~ e son lllveau piézométri .2 .
de drai~l~es 'N3, axe~ p,nncipaux d'écoulement de f~e, , ligne ~e partage des eaux une direction constante en tous points du domaine aquifère. II se
ge. oter a 1 W l'important axe d . eau souterraIne; 4 grands axes traduit, en coupe, par un profil piézométrique linéaire et, en plan, par
afuf·centre, le dôme piézométrique aire d' li~ draIna.ge de l'aquifère pa~ l'Ancre et
e lcaces. ' a mentatlOn par l'eau des p , ' . . '
reClpItatlOns un module d'espacement constant. Ce régime exige un aquifère homo-
gène à épaisseur constante (fig. 105).
L'écoulement non uniforme présente des débits unitaires et une
AVAL direction variable selon les points du domaine aquifère. Il se traduit
par deux types de profils piézométriques paraboliques avec module
d'espacement décroissant (fig. 62) et hyperbolique avec module d'espa-
1 cement croissant (fig. 107). Dans le premier type, les autres paramètres
étant constants, le débit de la nappe décroît dans le sens de l'écoule-
ment. Dans le second il croît (tableaux 24 et 26).
1
!
<Jl
al 1 Tableau 24 - Espacement des courbes hydroisohypses
-e
::J
1 et types de profils piézométriques. Types d'écoulement
o
Ü de l'eau souterraine.
ORIENTATION AVAL
aquifère à nappe ORIENTATION AMONT
aquifère à nappe
convergente divergente Modules Profils Types Débits Figures
d'espacement piézométriques d'écoulement unitaires
constant linéaire uniforme constants 105
~igure 100 - Tracé des axes . . décroissant parabolique non 62
tion de la concavité des courtfe~~cldPau.x d'écoulement de l'eau Souterraine 0 . variables
y rOlsohypses. . nenta- croissant hyperbolique uniforme 106
180
Principes et méthodes de l'hYdrogéologie
(Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 181
Grands types d'aquifère élémentaires
La courbure et le module d'es uniforme. Il apparaît, en plan, par des droites parallèles à module
identifient trois grands types d ?ac~~ent ~f~ cour~es hydroisohypses d'espacement variable. Deux modules d'espacement caractérisent
à nappe plate, les aquifères à na a~Ul ~res .e ementalres :. l,es aquifères deux profils piézométriques : décroissant pour le profil parabolique
radiale (fig. 101) Cha ue t pp cYhn~r~q~e et les aquifères à nappe (fig. 62) et croissant pour le profil hyperbolique (fig. 107). L'aquifère
courbes hYdrois;hYPs~s et ype est caractense, en plan, par le tracé des à nappe cylindrique est rare.
, en Coupe par son p of'l . , ,. Les aquifères à nappe radiale sont les plus fréquents. En général la
Les aquifères à na e " r 1 plezometnque.
plane, ,inclinée dans l/~n:~a:~'%:~~~~~:~t~~.e S~~?ce piézométrique surface piézométrique a une forme conique bombée (surface convexe)
apparan donc, Sur la carte iézomëtrt tg. et ~OS). Ce type ou déprimée (surface concave). Il en résulte que les lignes de courant
hypses parallèles et à mod f
d' ique, par des droites hydroiso-
courant sont rectili nes eue ,espacement. cO~,stant. Les lignes de
sont des rayons divergents ou convergents. D'où deux types:
- aquifère à nappe radiale divergente avec arcs de cercle à orienta-
aire (tableau 24 et gfig 16s)ar~lle~es. Le profil piezométrjqu- est Iiné- tion amont et lignes de courant divergentes (fig. 99 et 100). C'est le
un écoulement unifor~e e~t e iP~ de nappe, ~e, seul à caractériser type de nappe convexe. Il caractérise souvent les aires d'alimentation
épaisseur constante donc' prat" res reint aux aquifères homogènes à par infiltration des précipitations efficaces;
(fig. 105). ' iquernent aux aquifères à nappe captive
- aquifère à nappe radiale convergente avec arcs de cercle à orien-
tation aval et lignes de courant convergentes (fig. 100). Habituellement
il caractérise les zones de drainage général par les cours d'eau (fig. 98,
9get 108).
Fréquemment des courbes fermées, circulaires ou elliptiques, plus
ou moins régulières apparaissent. Elles traduisent des protubérances
ou des dépressions de la surface piézométrique. Les protubérances ou
dômes piézométriques, sont caractérisées par des courbes fermées et
des lignes de courant divergentes. Ce sont, en général, les aires d'ali-
mentation importante (fig. 99 et 106). Les dépressions, avec lignes de
courant convergentes, sont localisées principalement dans les zones de
captage (fig. 102).

CD
~igur.e. 101 - La courbure et le module d'
Identifient trois grands types d'aqu'f' Tespace!fient des courbes hydroisohypses
a, aquifère à nappe plate . b a I.~!es e.ementaues: .
radiale divergente à profil' p{éz qUI.~r.e a n~ppe cylindrique ; c, aquifère à nappe
e, aquifère à nappe radiale conve~g~~t~l~ue f~p~rbohqu~ ; d, profil.parabolique ;
pro 1 yperbohque; f, profil parabolique.

.,
Les aquifères
,.
à napp l' d .
' . e cy ln rtqu e sont caractérisés par une surface
rezom~tnque cylmdn~ue. C'est-à-dire dont les génératrices horizonta-
hvd o~t ogonales aux lignes de courant, se confondent avec les droites
y rolsohypses (fig. 62 et 101, b). Le régime d'écoulement est non Figure 102 - Dépression piézométrique dans l'aquifère multicouche des sables
albiens du bassin de Paris, en région parisienne. Courbes d'égal rabattement de
1935 à 1965. Effet de l'accroissement des sondages. D'après J. Lauverjat (966).
182
Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 183
L'aquifère à nappe elliptique est constitué de deux aquifères à
nappe cylindrique ou radiale. Il caractérise les aires d'alimentation par QI =Q2=A. KI . il =A. K 2 .i2 (79)
les précipitations efficaces et permet d'identifier les lignes de partage
des eaux souterraines, donc les limites des bassins hydrogéo!ogiques d'où,
(fig. 3 et 64).
KI _ i: (80)
Etude de la structure de l'aquifère
K2 il
L'analyse morphologique de la surface piézométrique, confrontée et, avec T, L étant la largeur constante de la section:
avec les caractéristiques géologiques du réservoir, permet à l'échelle
régionale:
(81 )
- d'identifier les hétérogénéités et les anomalies structurales du
réservoir;
d'où,
- d'évaluer la distribution spatiale des paramètres hydrodynami-
ques : coefficient de perméabilité ou transmissivité et débit de la Tl =i2 (82)
nappe.
T2 il
Le but poursuivi est l'établissement de cartes de transmissivités par
combinaison de l'étude de la structure du réservoir, de la surface piézo- Le module d'espacement E, à section constante, est fonction inverse
métrique et des données numériques ponctuelles obtenues par les essais du gradient hydraulique. D'où:
de puits (débit spécifique relatif) et les pompages d'essai (transmissi-
vité et coefficient d 'emmagasinement). El =.~ = Tl = .!.l.. (83)
E2 K2 T2 il
Module d'espacement et paramètres hydrodynamiques
Etant donné les faibles valeurs du gradient hydraulique mesurées, D'après l'expression (78) la pente du profil piézométrique, mesurée
il est possible d'identifier les lignes de courant et les lignes équipoten- par le gradient hydraulique, i, est:
tielles de la surface piézométrique à toutes celles d'une section verti- - à section constante fonction directe du débit de la nappe et fonc-
cale plane de l'aquifère, passant par une courbe hydroisohypse. Dans tion inverse du coefficient de perméabilité;
ces conditions la loi de Darcy est appliquée avec une approximation - à largeur constante fonction directe du débit de la nappe et fonc-
satisfaisante au calcul du débit de la nappe (p. 96). tion inverse de la transmissivité. , .
L'expression (83) montre que le module d'espaceme~t est, a section
Q = A.K.i (14) constante, fonction directe des paramètres hydrodynamiques (tab!eaux
avec K.b = T, la transmissivité 25 et 26 et fig. 105). L'utilisation de la transmissivité affranchit des
variations d'épaisseur de l'aquifère qu'elle inc1u~. A larg~u: constante ou
Q = TL.i (26) ses variations étant identifiées, l'interprétation ~hOlS1! entre deux
d'où, possibilités : variation de débit de la nappe. e~ relation d~recte ou de l~
transmissivité en fonction inverse. Les variations de section ou de .lar
i=JL=JL geur sont détectées par les études hydrogéologiques. Il est donc ~osslble
A.K TL
(78) d'accéder aux variations latérales de transmissivit~ et de débit de la
nappe, dans le sens de l'écoulement de l'eau souterraine.
La section sera considérée comme une constante, ses variations
pouvant être identifiées par l'étude hydrogéologique. Identification des anomalies structurales du réservoir
Les débits, QI et Q2, traversant deux sections constantes, ~ l et L'effet des variations latérales de faciès étant ide~tifiées pa~ la géolo-
A2, successives de l'aquifère dans le sens de l'écoulement, mais de gie les principales anomalies structurales du réservoir se tradu.ls~nt dans
coefficients de perméabilité, KI et K 2 ou de transmissivités, Tl et T2 la 'morphologie de la surface piézométrique, sont les variations de
différents, sont égaux. section, la surface du substratum et les accidents tectoniques.
184 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 185

Tableau 2S - Relations entre les variations du module d'espacement


des courbes hydroisohypses dans le sens de l'écoulement,
de la section et des paramètres hydrodynamiques

Module d' Gradient Section Débit de la K et T


espacement hydraulique A =L.b nappe; Q
décroît croît décroît croît décroissent
(resserrement)
croît décroît croît décroît croissent
(élargissement)

Les variations de la section portent sur l'épaisseur ou la largeur,


séparément ou conjointement. Elles se traduisent, les autres facteurs
étant constants, directement par une modification locale du module
d'espacement (tableau 25). Soit une diminution (resserrement) accom-
pagnant une réduction de section. Soit un accroissement lors d'une
augmentation. Ces anomalies sont reconnues, avant ou après l'étude
hydrogéologique, par la géologie structurale.
L'anomalie de la surface du substratum la plus importante est sa
déformation provoquant surtout une variation de puissance, donc de Figure 103 - Influence de la morphologie du substratuJ!l sur la s~rfa~e,pié~ométri­
que (étiage moyen). Extrait de la carte hydrogéologlq~e ~e 1 aquifère a nappe
section. Une dépression augmente le module d'espacement et une libre des alluvions de la plaine du Tafilalt (Maroc). D apres J. Margat (1962).
protubérance le diminue. Les accidents tectoniques, affectant le subs-
tratum, apparaissent dans la morphologie de la surface piézométrique
(fig. 103).
Les accidents tectoniques du réservoir se traduisent par des anomalies
de la surface piézométrique. C'est le cas de failles importantes (fig. 94).
D'ailleurs ils sont parfois décelés par l'hydrogéologie, laquelle apporte
ainsi sa contribution à la géologie structurale.
Un type particulier est représenté par les seuils hydrauliques (fig.
104). Ces structures sont identifiées sur les cartes hydrogéologiques
par une diminution brusque et anormale du module d'espacement et,
souvent, par des alignements de sources artésiennes. Elles sont localisées
sur des fractures profondes affectant toute la structure. La zone de
fractures joue le rôle de barrage souterrain naturel par la mise en
contact de formations hydrogéologiques de perméabilités différentes
et création de pertes de charge.

Etude de la distribution spatiale des paramètres hydrodynamiques


L'étude structurale du réservoir aboutit à une cartographie de la Figure 104 - Seuil hydraulique dans l'aquifère à nappe libre des sables miocènes
distribution spatiale de ses caractéristiques physiques : lithologie, du synclinal de Kasserine (Tunisie).
paramètres granulométriques, fissuration. Elle détermine également 1 grande fracture limite de l'effondrement du compartiment de la vallée de l'O. el
Hatab ; 2, anticlinaux antémiocènes ; 3, courbe hydroisohypse et son niveau piézo-
les variations d'épaisseur et de largeur de la section d'écoulement. métrique moyen annuel.
186 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 187
L'étude conjointe du module d'espacement des courbes hydroiso- Etude du comportement hydrodynamique de l'aquifère
hypses et des cartes structurales, donne des informations sur les varia- L'étude morphologique de la surface piézométrique, confrontée
tions locales, par rapport à la moyenne générale, du coefficient de avec l'analyse des conditions aux limites, permet de dresser un modèle
perméabilité ou de la transmissivité et du débit de la nappe. Ces para- conceptuel du comportement hydrodynamique de l'aquifère. Les
mètres peuvent varier séparément ou conjointement. Une option est conditions aux limites géologiques et hydrodynamiques, débits imposés
retenue par l'analyse de la fonction conduite du réservoir considéré entrant ou sortant ou potentiel imposé, étant portées sur la carte
(tableau 26).
piézométrique. Exemples : carte piézométrique de l'aquifère à nappe
Les variations du module d'espacement, dans le sens de l'écoule- libre des alluvions de la Crau (fig. 59, p. 116) et aquifère à nappe
ment, la section étant reconnue par la carte structurale en courbes captive du continental intercalaire du Sahara septentrional (fig. 68,
isopaches et des limites latérales, sont en rapport direct avec celles p. 126).
du coefficient de perméabilité et, à largeur constante, avec celles de
la transmissivité (expression 83). La mesure des espacements, El et Etude de l'alimentation et des écoulements de l'aquifère
E 2 , donne la valeur numérique des rapports KIIK 2 et TII T 2 (fig. 105). L'analyse morphologique de la surface piézornétrique confrontée
Les variations du module d'espacement sont en rapport inverse, à avec la géologie, dans les zones de limites de l'aquifère apporte des
transmissivité constante, de celles du débit de la nappe (tableau 26). informations qualitatives sur les conditions aux limites. Les condi-
tions de débit, alimentation ou écoulement, sont déterminées qualitati-
vement par trois cas (fig. 60, p. 117) :
- courbes hydroisohypses perpendiculaires à la bordure. Elles
7-"--+- ...........
profil Piézométri qu, _ *--.. identifient une limite étanche, à débit nul;
- courbes hydroisohypses obliques ou parallèles à la bordure. Deux
cas selon le sens de l'écoulement : dirigé vers l'intérieur pour une
limite à débit imposé entrant ou limite d'alimentation, dirigé vers
l'extérieur pour une limite à débit imposé sortant ou limite d'écoule-
o ment;
- courbes hydroisohypses fermées identifiant, selon le sens de
l'écoulement de l'eau souterraine, des aires d'alimentation (dôme
~ CIl
CIl
QI
piézométrique, fig. 106) ou de drainage (dépression piézométrique).
LA ~ Ei 14 B s:,.,
Q.

Les conditions de potentiel, à la limite, sont imposées par des cour-


a
CI
ca
QI
Il)
CIl
Il)
1 L
I~ CIl
.~
bes hydroisohypses sélectionnées (fig. 59, p. 116).
,.,
."
s:
L INTERPRETATION GLOBALE DE LA CARTOGRAPHIE DES
~ 1'" L2 ., lkm AQUIFÈRES
ECOULEMENT UNIFORME I-----l

L'interprétation globale des cartes structurales et piézométriques


aboutit à l'identification des zones privilégiées pour l'implantation des
stations d'essais et des ouvrages de captages. Elle contribue également
à la prescription des mesures de protection de la qualité des eaux sou-
terraines captées pour l'alimentation humaine. Elle porte sur les varia-
tions locales des paramètres étudiés par rapport au contexte général.
Figure lOS - Ecoulement uniforme dans un aquifère à nappe captive d'épaisseur
constante. Une diminution du coefficient de perméabilité,dû à une variation laté- Principes généraux
rale de faciès, entraîne un accroissement du gradient hydraulique et une diminution
du module d'espacement. Le rapport des modules d'espacement permet de calculer Deux principes généraux se dégagent des études et recherches sur
directement celui des coefficients de perméabilité. le terrain:
188 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 189
- les variations latérales de la transmissivité sont plus fréquentes
et plus rapides que celles du débit de la nappe. Les variations de débit .....
t:::
de la nappe, provoquées par des apports latéraux ou des pertes aux 0)
..... E
limites,peuvent être décelées par l'étude hydrogéologique ; ,-

-
0)
o t:::
.....
u o::l
.........
0)
o

.....
'(3
....

.....
..... '(3
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'km
'(3 o
//--

-~-- 1
....o '0)
"0
-- 2
3
12/3/60 @~4 .....
t:::
o::l
'"
'"
ë3
....
Figure 106 - Protubérance de la surface piézométrique due à l'alimentation de o
l'aquifère à nappe libre du lac d'Aleg (Mauritanie) par l'Oued temporaire Ketchi.
D'après H. Paloc.
l, courbe de niveau de la surface du sol ; 2, courbe hydroisohypse au 1. 7.19 60 ; .....t::: .....
3, courbe hydroisohypse au 12.3.1960 après recharge par les eaux du lac; 4, t:::
niveau du lac au 2.12.1958. o o
E E
o::l
o::l

- les limites aval des types d'aquifères à nappe radiale convergente


à surface piézométrique concave sont les plus favorables à l'implan-
tation d'ouvrages (fig. 107 et 108). Elles sont marquées par un accrois-
sement du débit de la nappe et une diminution du gradient hydraulique.
Analyse globale des cartes piézométriques
Elle dégage quatre grands types d'aquifères d'intérêt décroissant
(tableau 26) :
- type 1. Aquifère à nappe radiale convergente à profil hyperbolique;
- type II. Aquifère à nappe radiale divergente à profil hyperbolique;
- type Ill. Aquifère à nappe radiale convergente à profil parabolique;
- type IV. Aquifère à nappe radiale divergente à profil parabolique.

Etude des variations de la transmissivité


L'étude du tableau 26 montre que la transmissivité, en général,
sauf accidents particuliers décelés par la géologie :
- croît vers l'aval dans le cas de courbes hydroisohypses à module
d'espacement croissant, orientation aval et faible rayon de courbure.
Les lignes de courant sont convergentes (type 1). 1 - a 1
->
190 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 191
- décroît vers l'aval dans le cas de courbes à module d'espacement Étude des variations du débit de la nappe
décroissant, à orientation amont. Les lignes de courant sont divergentes Le débit de la nappe, à section constante, décroît vers l'aval pour
(type IV). les aquifères à nappe radiale divergente et croît pour ceux à nappe
radiale convergente. Pour les types II et III une alternative existe quant
à la variation de la transmissivité, liée à celle du débit de la nappe
confrontée avec le gradient hydraulique (tableau 26). La variation du
1 axe de drainage gradient hydraulique est facile à déterminer car elle est l'inverse de
espacement celle du module d'espacement (expression 83). Les modifications
2 croissant aval
locales du débit peuvent être analysées par deux observations:
3 orientation
aval - variations de la section d'écoulement que l'étude géologique
~-t-m-tt~:;::-_-I"
T 'Ide faible rayon
courbure
décèle par observation directe des modifications de largeur;
- conditions aux limites, alimentation et écoulement. Une alimen-
.-----15 lignes de courant
convergentes tation locale peut être déterminée par l'étude hydrogéologique : préci-
pitations efficaces, irrigation, relations aquifère/rivière, etc.
ZONE FAVORABLE A
L'IMPLANTATION
DE CAPTAGES
ANALYSE DES FLUCTUATIONS DE LA SURFACE
PIEZOMETRIQUE
Figure 107 - Localisation des zones favorables à l'implantation de captages par
analyse morphologique de la surface piézométrique. L'analyse de la surface piézométrique des aquifères à nappe libre
aboutit à l'étude de leur comportement hydrodynamique dans l'espace
à la date des mesures de niveaux piézométriques. Celle des fluctuations
introduit leur variabilité dans le temps. Elle conduit à trois ensembles
de données:
- évolution du comportement hydrodynamique dans le passé (histo-
rique), base des prévisions au cours d'étapes futures. Etude des varia-
tions dans le temps des conditions aux limites hydrodynamiques et
plus particulièrement sur l'alimentation par infiltration des précipita-
tions efficaces ;
- évaluation de la variation de la réserve en eau souterraine ou
réserve régulatrice et son évolution dans le temps;
- prévision des niveaux piézométriques d'étiage et des débits d'étiage
des cours d'eau drainants.
Analyse des limnigrammes piézométriques
780
2~3 L'analyse des fluctuations de la surface piézométrique repose sur
l'interprétation des limnigrammes piézométriques, obtenus par enre-
gistrement continu des niveaux (fig. 109). Celui-ci montre des fluctua-
Figure 108 - Exemple d'interprétation globale d'une carte piézométrique. Aquifère
à nappe libre des alluvions de la plaine du Talilalt (Maroc). D'après la carte hydro- tions caractérisées par leur amplitude et leur période.
géologique dressée par J. Margat (1962). La période définit l'année hydrologique et l'amplitude la hauteur de
l , courbe hydroisohypse maîtresse et son niveau piézométrique à l'étiage moyen fluctuation annuelle correspondante. Les valeurs de la hauteur de fluc-
(équidistance: 5 m) ; 2, courbe hydroisohypse et son niveau piézométrique (équi-
distance: 1 m) ; 3, zone favorable à l'implantation de captages. tuation annuelle, sont différentes selon l'année considérée. Pour les
192 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 7] Cartographie de l'aquifère 193

études statistiques, il est donc nécessaire de définir une année hydro- Les résultats sont portés sur des histogrammes piézométriques, avec
logique moyenne, assortie à une hauteur de fluctuation moyenne la hauteur de précipitation efficace (fig. 109) et sur des cartes piézo-
annuelle. Ces données sont calculées par une moyenne arithmétique métriques (fig. 110).
sur une série d'au moins dix années (p. Il) .

.
'Ë 3f.-----~.rl---+----jfc+-+_~1f_"''----__.Ar._--_l

--t-------
200

2m
année 1962

1501-----

1
Figure 110 - Carte en courbes d'égale hauteur de fluctuation annuelle de la surface
piézométrique de l'aquifère à nappe libre des alluvions de la Crau (mars et septem-
bre 1962). En cartouche, tranches d'égale épaisseur de la zone de fluctuation. Noter
au NE le maximum soulignant l'importance de l'alimentation par l'irrigation et les
massifs calcaires de bordure.

Etablissement des cartes des fluctuations de la surface piézométrique


des aquifères à nappe libre
Figure 109 - Limnigrammes piézométriques du système global aquifère/rivière dans
J'aquifère à nappe libre des alluvions de la plaine du Rhône à Avignon. L'influence La détermination des paramètres des fluctuations de la surface
du fleuve décroît dans les piézomètres l, 2 et 3, situés à des distances croissantes piézométrique, par les limnigrammes piézométriques, permet de dres-
de la berge. Noter les relations des fluctuations de hauteurs de précipitations
(hiétogramme en bas de la figure) avec celles du niveau piézométrique. Pour une ser quatre grands types de cartes:
meilleure corrélation il est préférable de porter les précipitations efficaces. _ carte de la surface piézométrique minimale annuelle, relative à
l'année hydrologique considérée ou carte d'étiage de la nappe ;
Il est possible d'identifier ainsi quatre couples de paramètres: - carte de la surface piézométrique maximale annuelle portant sur
- année hydrologique et année hydrologique moyenne; la même année hydrologique;
- niveaux piézométriques maximum annuel et maximum moyen - carte de la surface piézométrique moyenne (année hydrologique
annuel; considérée) ou moyenne annuelle (année hydrologique moyenne) ;
_ niveaux piézométriques minimum annuel ou étiage de la nappe et - carte en courbes d'égale hauteur de fluctuation annuelle (fig. 110)
minimum moyen annuel ; ou moyenne annuelle. Elles sont parfois appelées des cartes d'égale
- hauteur de fluctuation annuelle et hauteur de fluctuation moyenne recharge car, en régime naturel, elles représentent l'alimentation de
annuelle. l'aquifère ou recharge.
194 Principes et méthodes de l'hydrogéologie

CONCLUSIONS

Les cartes structurales et piézométriques de l'aquifère sont un moyen


efficace d'étude de sa configuration, de sa structure, de ses conditions
aux limites, des fonctions de son réservoir et de son comportement Chapitre 8
hydrodynamique. La carte piézométrique, figurant les conditions aux
limites géologiques et hydrodynamiques, est le document essentiel Réserves et ressources
de synthèse d'une étude hydrogéo1ogique. Elle est indispensable au
calage des modèles mathématiques de simulation hydrodynamique en
régime permanent.

La réserve en eau souterraine, quantité d'eau gravitaire


stockée dans l'aquifère, repose sur l'étude de la fonction
capacitive du réservoir.
La ressource, quantité d'eau pouvant être exploitée
dans un domaine circonscrit, en respectant un certain
nombre de contraintes, résulte des fonctions du réser-
voir et des comportements hydrodynamique et hydro-
chimique de l'aquifère.
L'évaluation de la réserve et de la ressource, offre de
l'hydrogéologue pour satisfaire une demande d'utilisa-
tion, repose sur cinq concepts de base.
L'évaluation des catégories de réserves est obtenue par
le calcul du volume de la tranche de réservoir considérée
à l'aide de cartes en courbes isopaches et par la porosité
efficace ou le coefficient d'emmagasinement.
La réserve est renouvelée par les apports à l'aquifère.
Ce renouvellement est numérisé par le taux et la durée
de renouvellement.
A chaque système hydrologique correspond une caté-
gorie de ressource.
L'évaluation de la ressource en eau soterraine exploi-
table, respectant un certain nombre de contraintes,
repose essentiellement sur la prévision de l'évolution des
rabattements en fonction des débits et sur le coût de
production de l'eau.
L 'hydrogéologue présente à l'utilisateur une offre sous
forme de plusieurs scénarios.
196 Principes et méthodes de l'hydrogéologie (Chap. 8] Réserves et ressources 197
La planification de l'exploitation de l'eau souterraine repose Sur - les possibilités d'une production d'eau, déterminées par les contrain-
l'évaluation de la réserve et de la ressource. Cette opération est la tes physiques et techniques de la ressource disponible dans le domaine
synthèse finale de toutes les données acquises par la prospection et les considéré. Par exemple choix entre le captage dans un aquifère alluvial
expérimentations sur le terrain. Elle repose sur la mise en œuvre de en relation avec une rivière (système global aquifère/rivière) ou la
méthodes dont les critères doivent être définis avec rigueur et normali- dérivation du cours d'eau ;
sés afin de présenter des résultats homogènes. -les exigences, en quantité et en qualité, d'une demande à satisfaire,
au moindre coût, imposées par l'utilisation : eau potable, eau agricole
CONCEPTS DE RASE ou eau industrielle. La structure de la demande est donc primordiale.

L'évaluation de la réserve et de la ressource repose sur cinq concepts


~PTAGE DES EAUX
de base (G. Castany, 1979) : UJ SOUTERRAINES
~g.!l§.:
Concept de réserve et de ressource •

bonne qualité constante
température constante
• régulation des débits
La distinction entre réserve et ressource ne doit prêter à aucune • coût de production modique
équivoque. i nconyénients: DEMANDE
La réserve est la quantité ou le volume, d'eau gravitaire jcontenue, à
• éloignement: longueur de
conduite
D'UTILISATION
• eau potable
• diminution débits d'étiage
une date donnée ou stockée au cours d'une période moyenne annuelle, .600000 m'/jour
• sécurité des
dans un système hydrologique. Elle est associée au concept de ressource approvisionnements
en eau non renouvelable. Elle résulte de la fonction capacitive du CAPTAGE DES EAUX
réservoir des aquifères. Evaluée en unités de volumes, elle est exprimée (!)DE RIVIERE
en hectomètre cube (millions de m ") ou en kilomètre cube (milliards ~ges:
• proximité de prélévement
de m' ). • accessibilité
La ressource est la quantité ou le volume, d'eau pouvant être extrait i nconvén ients ,
d'un domaine circonscrit pendant une période donnée, compte tenu • coût de production élevé:
traitement
de critères ou de contraintes techniques, socio-économiques et politi- • saveur précaire
• risques de pollution rapide
ques. L'expression ressource est toujours accompagnée d'un qualificatif
précisant sa catégorie. L'évaluation de la ressource repose sur les com-
portements hydrodynamique et hydrochimique de l'aquifère. Elle est DE
exprimée en terme de débit moyen : m 3/s, hm 3/an, km 3/an ou en TROIS SCENARIOS:
l/s.krrr", parfois par habitant. 1- eaux souterraines
2· eaux de rivière
Concept de confrontation offre et demande. Recherche d'un compromis 3- combinaison des deux
La ressource en eau doit satisfaire aux exigences d'une demande DECISION DE
d'utilisation, exprimée en quantité et en qualité. Par exemple alimenta- L'UTILISATEUR
tion en eau d'une agglomération de 2 millions d'habitants, soit 60 000
m' /jour d'eau potable, au moindre coût (fig. 111). Figure 111 - La ressource en eau est l'offre de l'hydrogéologue, confrontée avec une
Face aux conditions précises présentées, l'hydrogéologue présente demande d'utilisation, présentée sous forme de trois scénarios.
une offre qui se traduit par deux ou trois scénarios. Par exemple ~ec~urs
à des eaux de surface ou à des eaux souterraines, voire à la combinaison
des deux types de prélèvements (fig. 111). Un exemple est égale.ment Concept de contraintes de planification
présenté pour le bassin hydrogéologique du Sahara septentnonal. L'évaluation de la ressource est effectuée en respectant quatre
Ainsi l'évaluation de la ressource repose sur la recherche d'un com- ensembles de contraintes de planification, évolutives dans l'espace
promis entre : et dans le temps.
198 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 8] Réserves et ressources 199
- contraintes physiques et techniques. Localisation, en profondeur, Concept d'unicité d'espace et de temps
de l'aquifère et de sa surface piézométrique (structure hydrogéolo-
gique). Fonctions du réservoir et comportements de l'aquifère (para- L'évaluation de la réserve et de la ressource doit respecter l'unité
mètres hydrodynamiques et hydrochimiques, conditions aux limites). d'espace et l'unité de temps. Elle se réfère obligatoirement à un domai-
Caractéristiques du complexe aquifère/ouvrage de captage (évolution ne d'espace délimité et à une date ou à une moyenne définies'. C'est-
de la fonction débits/rabattements). à-dire à un système de ressource en eau.
- contraintes socio-économiques. Débit d'exploitation maximum
Domaine d'espace ou système de ressource en eau
pouvant être extrait du système à des coûts admissibles de produc-
tion, à une date ou au cours d'une période, données : coût de pro- Trois types de domaine d'espace sont identifiés, en rapport avec
duction de l'eau consenti par la demande, rabattement maximum les objectifs de la demande (tableau 32) :
admissible, productivité des ouvrages, coût des répercussions foncières, - systèmes hydrologiques : bassin hydrologique, bassin hydrogéo-
droits d'usage de l'eau, qualité de la vie, etc. logique ou aquifère (p. 8) ;
- contraintes d'environnement. Répercussions inacceptables sur le - circonscription administrative ou région économique : Ile de
milieu : réduction du débit d'étiage des cours d'eau, détérioration de France, France, etc. ;
la qualité de l'eau et des sols, rabattement inadmissible de la surface - zone d'utilisation de l'eau: alimentation en eau d'une agglomé-
piézométrique et ses conséquences sur l'agriculture, etc. ration, zone industrielle, périmètre d'irrigation, etc.
- contraintes politiques. Politique volontariste de l'eau et du déve- Chacun de ces domaines est caractérisé par une catégorie de réserve
loppement. Efforts financiers à consentir. Risques raisonnables à et de ressource en eau (tableau 32). Les évaluations relatives aux deux
accepter. derniers domaines sont obtenues par sommation des données relatives
Trois exemples illustreront ces contraintes. à chaque système hydrologique qui les constituent.
L'exploitation intensive du système global aquifère/rivière provoque La partition en eau de surface et en eau souterraine, nécessaire à
une dérivation souterraine de l'eau de surface (p. 60). D'où une dimi- leur évaluation, est purement conventionnelle. Elle ne doit pas masquer
nution des débits d'étiage. Celle-ci peut avoir des répercussions sur la l'unicité quantitative et qualitative du volume d'eau stocké ou en écou-
navigation, les prises d'eau à l'aval, l'évacuation des eaux usées des lement, dans le domaine considéré. Un exemple est donné par le sys-
agglomérations et sur l'écologie. Le prélèvement dans l'aquifère peut tème global aquifère/rivière.
également entraîner un abaissement de la surface piézométrique avec Unité de temps. Données moyennes et historiques
dépérissement des plantations arboricoles et des cultures.
L'exploitation intensive des aquifères côtiers, affluant à la mer, Dans le but d'obtenir des résultats fiables et extrapolables pour les
provoquent l'invasion des eaux salées dans la nappe d'eau douce (p. 62): prévisions, les évaluations reposent sur le traitement statistique des
D'où détérioration de la qualité de l'eau et nécessité d'emploi de données relatives à des séries chronologiques ou historiques. Elles
moyens de lutte onéreux : alimentation artificielle, barrière hydrau- sont exprimées, en général, en moyennes annuelles. Les informations
lique, etc. Exemple : littoral du Nord de la France, de la Belgique doivent répondre aux impératifs concernant la période hydrologique
et des Pays-Bas. et la fréquence des mesures énumérées page 59.
Dans les aquifères profonds dont la ressource en eau souterraine est Adéquation des grandeurs des systèmes de ressource à celle des deman-
non renouvelable, l'exploitation de l'eau, souvent la seule possibilité des
en zone aride est suivie inévitablement d'un abaissement des niveaux Les évaluations sont effectuées dans un domaine d'espace circons-
piézornétriques, croissant avec le temps et les débits soutirés (exploi- crit, adapté à celui imposé par la demande. L'ordre de grandeur du
tation minière de l'aquifère). Les conséquences sont une augmentation domaine spatial est lié au développement économique, agricole ou
des coûts de production de l'eau par pompage et des répercussions sur industriel du pays intéressé (ordre de grandeur de 1 000 à 100 000
l'environnement : tarissement des sources artésiennes, assèchement des 2
km ) . La durée retenue pour les prévisions, est identique à celle des
puits, intrusion d'eau de mauvaise qualité des nappes profondes, etc. étapes fixées pour la planification : projections à 5, 10, 15 ou 30 ans.
Exemple : aquifère à nappe captive du continental intercalaire du Celles-ci sont relativement précises pour les courtes durées. Elles de-
Sahara septentrional. viennent plus aléatoires à partir de 30 ans.
200 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 8] Réserves et ressources 201
Concept de variabilité dans l'espace et dans le temps Réserve totale de l'aquifère
La réserve et la ressource sont inégalement réparties géographique- C'est la quantité d'eau gravitaire, WT, contenue dans le volume
ment en fonction de la distribution spatiale des précipitations effi- d'aquifère délimité dans tous les cas à la base par le substratum. La
caces et des structures hydrogéologiques (index hydrogéologique, limi~e supérieure est le toit imperméable pour l'aquifère à nappe
p. 12). Elles sont également irrégulièrement distribuées. dans le temps. captive .et la surface piézométrique maximale moyenne pour celui à
Les exigences de la demande sont également variables, en quantité n~ppe h~re.( ~' fig. 112). La réserve totale moyenne, WM, parfois utili-
et en qualité. Par exemple : progrès techniques aboutissant à une éco- see, est limitée au sommet par la surface piézométrique moyenne an-
nomie de l'eau, augmentation de la population, développement indus- nuelle.
triel, évolution des pratiques agricoles.
L'évaluation de la ressource, effectuée à une date donnée sur la
base des techniques d'exploitation et des critères de l'utilisateur, évolue
comme ceux-ci dans l'espace et dans le temps. Elle n'est donc pas
immuable et doit être actualisée périodiquement.

Contraintes principales de l'offre présentée par l'hydrogéologue


Les nombreuses contraintes énumérées précédemment interfèrent
TOTALE
entre elles. Il est donc possible, en pratique, pour établir l'offre pré- REGULATRICE PERMANENTE
sentée par l'hydrogëologue , de sélectionner deux contraintes priori- CD ® ®
taires :
- évolution, à moyen et long termes dans l'espace et dans le temps,
Figure 112 - Catégories de réserves de l'aquifère à nappe libre.
des rabattements en fonction des débits (fonction débits/rabattements)
et éventuellement de la qualité de l'eau;
- coût de production de l'eau.
Ces deux contraintes sont exprimées par la productivité des ouvrages, Tableau 27 - Catégories de réserves en eau souterraine
basée sur le calcul du débit d'exploitation maximum en fonction du et volumes de tranches d'aquifère à nappe libre considérés
débit critique, fixé par les essais de puits et du rabattement maximum
admissible imposé par l'utilisateur (p. 145).
Cartes structurales de l'aquifère
Les paramètres hydrodynamiques, mesurés par les pompages d'essai, Catégories de
servent à l'établissement des modèles mathématiques de simulation, réserve en courbes isohypses
indispensables à l'établissement des prévisions. en courbes isopaches
ou hydroisohypses
Réserve substratum
totale surface piézométrique épaisseur moyenne de
EVALUATION DE LA RESERVE EN EAU SOUTERRAINE maximale moyenne l'aquifère
Réserve substratum
Catégories de réserves en eau souterraine permanente surface piézométrique épaisseur moyenne
La catégorie de réserve en eau souterraine est définie par le volume minimale moyenne
d'eau gravitaire stocké, à une date donnée ou, de préférence au cours surface piézométrique
d'une durée moyenne, dans une tranche d'aquifère délimitée (tableau Réserve épaisseur de la zone
maximale moyenne de fluctuation
27 et fig. 112). Quatre catégories sont définies : réserve totale, réserve régulatrice surface piézométrique
régulatrice, réserve permanente et réserve en eau souterraine exploi- hauteur de fluctuation
minimale moyenne moyenne annuelle
table.
202 Principes et méthodes de l'hydrogéologie
[Chap. 8] Réserves et ressources 203
Réserve régulatrice des aquifères à nappe libre b m , de la tranche aquifère :
C'est le volume d'eau gravitaire, WR, contenu dans la zone de fluc-
tuation de la surface piézométrique d'un aquifère à nappe libre (p. W=b m· A. ne (86)
191). Elle est calculée par référence à une période définie (hauteur de
fluctuation annuelle ou moyenne annuelle), (2, fig. 112). Elle peut Pour les aquifères à nappe libre il s'agit de la totalité de cette tranche.
être comparée, mais ne doit pas être assimilée au débit de l'écoulement Par contre pour les aquifères à nappe captive, profonds, il faut consi-
souterrain, QW, pour la même période de référence. Elle ne doit pas dérer des tranches successives de quelques dizaines de mètres (50, 100
être confondue avec la différence de réserve, ~W, solde du bilan (p. ou 200 m). Un exemple est donné par le tableau 2, page 5.
18). Lorsque le réservoir est hétérogène il est nécessaire de considérer des
Réserve permanente des aquifères zones hydrogéologiques de structure relativement homogène (tableau
28).
C'est la part, WP, de la réserve totale non renouvelée. Pour l'aquifère
à nappe libre elle est limitée, au sommet, par la surface piézométrique Exemples d'évaluation de la réserve des aquifères à nappe libre
minimale moyenne (3, fig. 112). Pratiquement dans les aquifères à
Aquifère à nappe libre des alluvions de la Moselle
nappe captive, réserve totale et réserve permanente ont des valeurs
identiques. La réserve totale, WT, des alluvions de la Moselle à l'aval de Metz,
calculée par l'expression (86), est égale à :
Réserve en eau souterraine exploitable
C'est la quantité ou le volume d'eau maximal, WEX, qu'il est possible, WT= 4 m x 200 . 106 m 2 x 0,2 = 160 hm 3 (87)
en pratique, d'extraire de la réserve totale d'un aquifère, temporaire-
ment ou définitivement, dans des conditions économiques acceptables. La réserve régulatrice, WR, est calculée par l'expression (86) avec
Elle est exprimée en m 3 ou en m 3 /km 2 . Elle est définie par les contrain- une hauteur moyenne de fluctuation moyenne de 2 m.
tes énoncées précédemment, p. 198. Elle est liée au concept de ressour-
ce d'exploitation de la réserve (p. 214). La modulation annuelle et WR = 2 m x 200.10 6 m 2 x 0,2 = 80 hm ' (88)
interannuelle du volume d'eau extrait de l'aquifère repose sur la connais-
sance de cette réserve (fig. 113).
Aquifère à nappe libre de Ber Rechid
Méthodes d'évaluation de la réserve en eau souterraine Cet aquifère, situé au sud de Casablanca (Maroc), présente un réser-
voir hétérogène constitué de calcaires marneux du Pliocène et de cal-
Principes d'évaluation caires gréseux dunaires ou marins, quaternaires, surmontés de limons
La réserve en eau souterraine, W, est évaluée par le traitement d'un récents (R. Hazan et M. Ferré, 1964). La surface piézométrique de
couple de données : référence est la moyenne des années 1956-58. La réserve totale, WT, a
- le volume , V , de la tranche d'aquifère considérée (réservoir saturé); été évaluée par le calcul du volume total du réservoir par planimétrage
- la porosité efficace des aquifères à nappe libre, ne ou le coefficient de la carte en courbes isopaches, Il 207 . 106 m ' et une porosité
d'ernmagasinement des aquifères à nappe captive, S. efficace moyenne de 5 % (expression 84) :

W= V. ne (84) WT= Il 207 . 10 6 m 3 x 0,05 = 5600 hm ' (89)


W=V. S (85)
L'évaluation de la réserve régulatrice, effectuée en tenant compte
Le calcul du volume de la tranche d'aquifère considérée est basé sur de l'hétérogénéité de la tranche de réservoir, obtenue par la hauteur
l'interprétation par planimétrage des cartes en courbes isopaches de fluctuation moyenne annuelle, est donnée dans le tableau 28. Elle
(tableau 29 et fig. 113). Parfois il est calculé avec l'épaisseur moyenne, est de 67,6 hm".
204 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 8] Réserves et ressources
205
Tableau 28 - Calcul de la réserve régulatrice de l'aquifère 29). La réserve permanente, WP, avec une porosité efficace moyenne
à nappe libre de Ber Rechid (Maroc). Période 1956-58. de 2 %, est de :
D'après R. Hazan et M. Ferré (1964)
WP=9700. 106 m 3 xO,02=194hm 3 (91 )
Dimensions par types lithologiques
Hauteurs dt Tableau 29 - Calcul du volume de la roche réservoir saturée de la
Surfaces fluctuation réserve permanente de l'aquifère à nappe libre de la Mamora (Maroc)
10 6m 2 moyennes Dimensions Calcaires Calcaifes Limons D'après J .P. Thauvin (1965)
m gréseux marneux
Courbes Puissances moyennes
A(106 m 2 ) 210 isopaches par tranches Surfaces Volumes
1 210 0,52 ------ ---- - - ---
V(Ï06 ~-3) 105 m m 106 m 2 10 6 m '
A(106 m 2 ) 333 135 54 Oà 10 5 44 220
II 522 2,15 \1(1-06 ~2)-
------- - - - - - - - -- 10 à 20 15 90 1 350
no 290 116 20 à 30 25 81 2025
A(106 m 2 ) 410 225 39 30 à 40 35 21 735
III 674 4,33 - -------
2
------- ------ ------ 40 à 50 45 18 810
V(106 m ) 1 815 975 169 50 à 60 55 8 440
Volumes par types lithologiques 2640 1 265 285 60 à 70 65 9 585
(l06 m 3 ) 70 à 80 75 19 1 425
80 à 90 85 17 1 445
50%:0,008 0,003 0,000006 90 à 100 95 7 685
Porosités efficaces 50%:0,05 plus de 100 105 - -
WR (1 06 m 3 = hm 3 ) 66,4 1,26 V///~ Total 9700
WR totale (hm") 67,6
Aquifère à nappe libre des alluvions de la plaine du Tafilalt
.Aouifere à nappe libre des alluvions de la Crau La réserve régulatrice, calculée par la carte en courbes d'égale hau-
La réserve régulatrice, WR, obtenue par planimétrage de la carte en teur de fluctuation, pour l'année hydrologique 1955-56, par J. Margat
courbes d'égale hauteur de fluctuation pour l'année 1966 (fig. 110), (1962) est:
est égale à :
WR = 1,84m x 300.106 m 2 x 0,05 =27 hm ' (92)
WR = 110 . 106 m 3 x 0,1 = Il hm ' (90)
Aquifère à nappe libre de la Mamora
Renouvellement de la réserve en eau souterraine
L'aquifère à nappe libre de la Mamora (Maroc), étudié par J .P. . ~a réserve en eau souterraine d'un aquifère est renouvelée par les
Thauvin (1965) est un exemple de calcul de la réserve permanente, debits des apports par l'infiltration efficace, lE (ou l'infiltration, l).
WP. Le volume de la roche réservoir est calculé par interprétation de En régime naturel, au cours d'une durée moyenne, cette alimentation
la carte en courbes isopaches établie en référence à la surface piézorné- :ompense ~es sortie~ par le débit de l'écoulement souterrain, QW,
trique moyenne (fig. 113). La surface comprise entre deux courbes et~nt donne q~e l.a dIfférence de réserve ~W, est constante. Deux para-
isopaches successives est calculée par planimétrage. Le volume corres- metres sont defims : le taux de renouvellement et la durée de renouvel-
nondant est obtenu par la puissance moyenne des deux courbes (tableau lement.
206 Principes et méthodes de l'hydrogéologie l ".U~I""· 8] Réserves et ressources 207
remplacement de la réserve totale moyenne au cours de cette période.
est exprimée en années.
WM WM ,
durée de renouvellement = lE = QW ' en annees (94)

Pour le Tafilalt elle est de 1,4 an.


Il ne faut pas confondre ce paramètre avec le temps de séjour, lequel
est la durée qui sépare l'instant d'introduction d'un traceur en un point
donné, de celui de sa détection en un autre point du circuit souterrain
(p. Ill).
Tableau 30 - Quelques valeurs des paramètres du renouvellement
de la réserve totale moyenne en eau souterraine.
D'après J. Bodelle et J. Margat (1980)
Taux de Durées de
Aquifères renouvellement renouvellement
% années
Aquifères à nappe libre
Calcaire de Champigny 7 14
Calcaire de Beauce 3 33
Alluvions de la plaine d'Alsace 2,8 35
Calcaire karstique de Lorraine 1,2 80
Alluvions de la plaine du Tafilalt 0,7 1,4
Figure 113 - Carte en courbes isopaches de l'aquifère à nappe libre de la Mamora
(Maroc). D'après J.P. Thauvin (1965). Calcul de la réserve permanente avec la Aquifères à nappe captive
surface piézométrique moyenne annuelle. Grès vosgiens de Lorraine 0,15 6300
Le taux de renouvellement est le rapport de l'alimentation moyenne Sables albiens du bassin de Paris 0,05 20000
annuelle de l'aquifère (JE ou J), exprimée en volume, à la réserve Continental intercalaire du
totale moyenne, WM. Il est donné en pourcentage. Sahara 0,01 70000
Bassin du Donetz-Dniepr 0,01 100000
taux de renouvellement
nw
=-lE = ~ en % (93)
WM WM Tableau 31 - Signification du taux de renouvellement
pour l'importance de la réserve totale moyenne
Par exemple pour l'aquifère à nappe libre des alluvions de la plaine et de la fonction régulatrice
de Tafilalt (Maroc), avec WM = 1 . 105 hm ' et QW = 7 . 10 4 hm ' fan,
pour la même période, le taux de renouvellement est de 0,7 %. Taux de renouvellement Importances de Fonctions
Le taux de renouvellement est en relation avec la grandeur de la Estimations Valeurs absolues la réserve régulatrices
réserve totale moyenne et la fonction régulatrice de l'aquifère (ta-
bleau 31). Élevé égal ou supérieur à 1 faible nulle
La durée de renouvellement est la durée théorique nécessaire pour Moyen voisin de 0,5 moyenne limitée
que le volume cumulé de l'alimentation de l'aquifère, soit égal à sa Petit voisin de 0,1 importante optimale
réserve totale moyenne, WM, équivalent à long terme du débit de Très petit plus petit que 0,1 alimentation actuelle très grande
l'écoulement souterrain, QW. Cette égalité n'a pas la signification d'un jusqu'à 0,001 nulle ou négligeable
208 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 8] Réserves et ressources 209

EVALUATION DE LA RESSOURCE EN EAU


"@
...... ...... Systèmes hydrologiques et catégories de ressources
o
...... ç:: ç::
(1) ......
......
ç:: S 1::
(1) _ (1)
<':1
(1) A chacun des trois systèmes hydrologiques considérés correspond
s
(1)
::s ......
o ::s
une catégorie de ressource (tableau 32 et fig. 114), (G. Castany, 1979) :
"5 u 0 - le bassin hydrologique est l'unité de domaine d'évaluation de la
* oo '(1) '"

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ressource en eau renouvelable naturelle.
.9 - le bassin hydrogéologique est celle de l'évaluation de la ressource
...... ~--+---+---------il---+----I '"
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...... en eau souterraine naturelle renouvelable ou non.
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...... Figure 114 - Les trois domaines de systèmes hydrologiques déterminent trois
o
CI) catégories de ressources. Alimentation et écoulements.

(1)
::s Méthodes d'évaluation quantitative de la ressource
cr
'o5D Le domaine de référence étant bien circonscrit par les conditions
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aux limites, l'évaluation quantitative de sa ressource repose sur l'acqui-
00
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(1)
...... sition et le traitement de données sur les fonctions capacitive et conduc-
::s
"0 o trice du réservoir et sur le comportement hydrodynamique du système
È < considéré (p. 55). Ce dernier est schématisé par le bilan dont les compo-
santes sont celles de la ressource. D'où quatre ensembles de données:
*
210 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 8] Réserves et ressources 211
~ conditions aux limites : débits des apports ou alimentation et Exemple de la France: La ressource en eau totale renouvelable natu-
débits des écoulements naturels et provoqués. La priorité est donnée relle d'un pays, comme la France, est égale à la sommation de celle
aux mesures ou évaluations des débits des écoulements. Elle est plus des bassins hydrologiques découpés dans son territoire (p. 22). La
conforme aux concepts de la ressource et plus précise. Toutefois, précision est satisfaisante (15 à 20 %). Il faut tenir compte du débit des
celles des débits des apports, basée sur les précipitations efficaces et importations d'eau, Qim (tableau 8).
leur partition par l'index hydrogéologique (p. 15), présente l'avantage
d'être d'emploi plus général. Elle aboutit, en outre, par le calcul auto- PE + Qim =QT (95)
matique par mailles, à une distribution géographique de la ressource
(p. 14).
170 km ' fan + 10 = 180 km ' jan
- paramètres hydrodynamiques : transmissivité et coefficient d'em- Cette ressource est donc estimée à 175-180 km 3/an, soit environ
magasinernent, bases de l'établissement des modèles mathématiques
5 700 m 3/s. Pour la gestion de l'eau, il faut insister sur sa variabilité
discrétisés de simulation hydrodynamique indispensables à la planifi-
dans l'espace (150000 à 1 500000 m 3/an . km 2 ) et dans le temps
cation de l'exploitation de la ressource. (120 à 180 krn ' jan), (G. Castany, 1980).
- caractéristiques du complexe aquifère/ouvrage de captage : fonc-
tion débits/rabattements, débit d'exploitation maximum et producti- PE
vité. 1 RESS OURCE EN EAU SOUTERRAINE EXPLOITABLE
- réserves en eau souterraine et plus particulièrement réserve régula- AQUI FERE

trice. w
:::l w
SURFACE CD ®
L'évaluation de la ressource repose sur les cinq concepts de base Cl -'
-'
énumérés en début de chapitre. Cl
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a:
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....
-t l El w
w
:::l
Q
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Bassin hydrologique et ressource en eau totale renouvelable naturelle a: « Z Cl


0 Z
>- renouvelable « 0
Z--'
La ressource en eau totale renouvelable naturelle est théoriquement :I: w
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a:
a:
-0
I/)w
....« 1/)
obtenue par le captage intégral du débit sortant du bas~in. hyd~ol~­
Cl
Z
1/) 0 1------- :::l
....w «0
1/) III a:
gique. En régime d'équilibre moyen, c'est-à-dire sans vanatlO~ slgn:- .... non 0 0
« renouvelable 1/)1 >- CAPTAGE
ficative à long terme de la réserve totale moyenne, elle est égale a III
1, :I:
PARTIEL
l'écoulement total, QT. Cette ressource correspondant à la dérivation ,
-

QW
du flux de l'écoulement total, a une signification physique de pote~­ QT
tiel. C'est pourquoi elle est parfois appelée potentielle. Elle est prati-
quement stable. Figure 115 - L'exploitation de la ressource en eau souterraine peut être effectuée
par captage dans l'aquifère selon trois stratégies. Le captage excédentaire porte sur
Comme les débits de l'écoulement total. en alimentation et en la consommation de la totalité de la ressource en eau souterraine renouvelable
régime naturels, sont sur une longue période en équilibre av~c les naturelle, la ressource d'exploitation de la réserve (fraction de la ressource non
renouvelable naturelle) et des eaux de surface.
débits des apports, cette ressource est égale aux précipitations efficaces
qui assurent leur renouvellement (FE = QT), (fig. 115).
Elle est donc évaluée, soit par mesure du débit de l'écoulement Bassin hydrogéologique et ressource en eau souterraine naturelle
total, méthode la plus précise, soit par estimation des précipitations Il est nécessaire de distinguer, en rapport avec leur alimentation,
efficaces. En zone aride elle est évaluée par sommation de bassins de la ressource en eau souterraine naturelle renouvelable et celle non
petites dimensions. renouvelable (fig. 115). Toutes deux sont étroitement liées (unicité
Exemple du bassin hydrologique de l'Hallue (p. 19) : de la ressource).
(4) Ressource en eau souterraine renouvelable naturelle
PE = QT
Elle est théoriquement obtenue par le captage intégral du débit de
50 hm 3f an ~ 52 hm ' fan l'écoulement souterrain, QW, sortant du bassin hydrogéologique ou de
212 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 8] Réserves et ressources 213
l'aquifère. C'est-à-dire sans diminution notable à long terme de la durée définie à fixer. Elle correspond à une exploitation définïe par le
r;,serve totale moyen~e. En régime d'équilibre moyen elle est égale à taux d'épuisement admis et la durée fixée conventionnellement. Son
1 ecoule,men~ souterram. C'est le débit moyen des aquifères du bassin exploitation est comparable à celle d'un gisement minier (exploitation
hydrogéologique vers les eaux de surface (sources, réseau hydrogra- minière de l'eau souterraine). Dans son évaluation il faut tenir compte
phique, lacs, mers, etc.). Elle représente la quantité d'eau souterraine de la drainance, laquelle apporte de l'eau extérieure au système (exern-
maximal~ disp~nible dans le bassin hydrogéologique ou dans l'aquifère. pie: tableau 6, p. 21). Elle est exprimée en termes de volume par unité
Ell~ est égale, a long .terme, à l'infiltration, fraction des précipitations de surface: m 3 /km L , l/s . km 2 .
:ffI~aces q~i a fra~chi la surface du sol, pour le bassin hydrologique et Aquifère et ressource en eau souterraine exploitable. Offre de l'hydro-
a 1infiltration efficace, pour l'aquifère. Elle est pratiquement stable. géologue face à une demande d'utilisation
Cette ressource est donc évaluée, soit par mesure de l'écoulement
souterrain, méthode la plus précise, soit par estimation plus difficile La ressource en eau souterraine naturelle, renouvelable ou non,
de l'infiltration ou de l'infiltration efficace. Dans ce c~s la méthod~ représente un avoir potentiel, ou quantité d'eau maximale dispo-
nible dans l'aquifère. La gestion de l'eau, basée sur une planification de
utilisée est la partition des précipitations efficaces ou de l'écoulement
total, par l'index hydrogéologique (p. 13). l'exploitation de la ressource, fait intervenir des contraintes multiples
Exemple du bassin de l'Hallue (p. 20) : (p. 113). Contrairement aux ressources naturelles stables, l'évolution
de ces contraintes dans le temps, entraîne leur variation, donc une réé-
valuation périodique.
1 = QW (6)
La ressource en eau souterraine exploitable représente le volume
3
48 hm /an = 48 hm 3/an d'eau, exprimé en quantité et en qualité, pouvant être effectivement
mobilisé dans l'aquifère en respectant les contraintes énumérées page
Exemple de la France (J. Bodelle et J. Margat, 1980 ; G. Castany,
1979). La ressource en eau souterraine renouvelable naturelle est de 113. Elle est égale à la fraction de la ressource en eau totale naturelle
100 km
3/an,
soit environ 3 400 m 3/s. Comme la ressource en eau renouvelable ou non qu'il est techniquement possible et économique-
totale renouvelable naturelle, dont elle découle, elle est variable dans ment avantageux de prélever par captage dans un aquifère, pendant une
l'espace et dans le temps (G. Castany, 1980). Une carte de la zonalité durée définie sans porter de préjudices inacceptables sur l'environ-
de cette ressource, exprimée par le module du débit moyen des nappes nement. Le volume d'eau exploité peut être inférieur, égal, voir supé-
d'eau souterraine, à l'échelle de 1/1 000 000 a été éditée (B.R.G.M .. rieur à la ressource en eau souterraine renouvelable naturelle (fig. 115).
1970). Elle a été obtenue par confrontation de la carte de classification
Stratégies de l'exploitation
hydrogéologique (six index hydrogéologiques) et de la carte de l'écou-
lement t.o~al. Ce document permet d'estimer, par bassin, par région ou Le volume d'eau mobilisable, à moyen et long termes, par captage
par aquifère, la valeur moyenne de l'alimentation naturelle moyenne dans l'aquifère, rapporté à la ressource en eau souterraine renouve-
des aquifères, assimilée à la ressource en eau souterraine renouvelable lable naturelle, est déterminé selon trois stratégies de l'exploitation
naturelle. Cette répartition est fonction des précipitations efficaces (fig. 115) :
et de la lihologie. L'alimentation spécifique, d'une moyenne nationale de En aquifère à nappe libre:
2 - captage plus ou moins continu d'une fraction de cette ressource
5 l/s . km dans les bassins sédimentaires, atteint 30 à 40 l/s . km 2 dans
les régions montagneuses de calcaires karstiques (Haut-Jura par exem- (l, fig. 115). Cette conception trop conservatrice ne correspond pas à
ple). Cette ressource subit des variations en cours d'année et sur une une utilisation rationnelle des aquifères. En effet elle n'utilise pas
série d'a'nnées, reliées, avec modulation due au comportement hydro- leur capacité de production maximale;
dynamique des aquifères, à celles des précipitations efficaces. Cette - captage intégral, à un débit moyen égal à cette ressource, utilisant
relation permet d'effectuer des prévisions sur leur évolution future le comportement hydrodynamique de l'aquifère, lequel assure une
à court terme. modulation interannuelle des débits d'écoulements (2, fig. 115).
Ressource en eau souterraine non renouvelable naturelle En aquifère à nappe libre ou captive:
Elle provient de la consommation de la réserve permanente de - captage excédentaire entraînant l'épuisement progressif de la res-
l'aquifère, principalement de l'aquifère à nappe captive, pendant une source en eau souterraine non renouvelable (réserve permanente),
214 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Cha p. 8] Réserves et ressources 215
(3, fig. 115). Il est, pour les aquifères profonds, la seule stratégie pos- tation entre l'offre présentée par l'hydrogéologue et la demande d'utili-
sible. Il en est de même en zone aride pour tous les aquifères. Les sation, compte tenu de contraintes physiques ou techniques et socio-
aquifères à nappe libre ou de subsurface, ont la possibilité de rééquili- économiques. L'hydrogéologue présente deux ou trois scénarios parmi
brer leur bilan, par paliers, à un niveau piézométrique abaissé ou par lesquels l'utilisateur décide en fonction de contraintes politiques.
augmentation de leur alimentation aux limites. C'est le cas du sys- La ressource en eau souterraine exploitable, dans une utilisation
tème global aquifère/rivière où l'exploitation provoque une réalimenta- rationnelle des aquifères, comporte trois origines :
tion induite (p. 60). - totalité de la ressource en eau souterraine renouvelable naturelle;
Ressources d'exploitation de la réserve - fraction de la ressource en eau souterraine non renouvelable
Le captage excédentaire utilise la ressource d'exploitation de la naturelle (fraction de la réserve permanente) ou ressource d'exploita-
réserve. C'est la ressource en eau souterraine non renouvelable procurée, tion de la réserve ;
pendant une durée interannuelle nécessairement limitée, par ponction - fraction de la ressource en eau de surface. Cette dernière peut être
sur la réserve permanente des aquifères. Au-delà des normes fixées il renforcée par la pratique de l'alimentation artificielle des nappes.
y a surexploitation de l'eau souterraine. Ce terme ne doit pas être Le domaine de prélèvement de la ressource en eau totale naturelle
confondu avec le captage excédentaire. est choisi en fonction des contraintes fixées. Soit directement dans les
Evaluation de la ressource en eau souterraine exploitable eaux de surface. Soit dans l'aquifère. Quelle que soit l'option retenue,
Cette évaluation comporte les phases suivantes : le prélèvement est toujours obtenu aux dépens de la ressource en eau
totale naturelle.
- définition d'un objectif : étude de la structure de la demande
d'utilisation à satisfaire, exprimée en quantité et en qualité; Application au bassin hydrogéologique du Sahara septentrional
- identification du système aquifère : fonctions du réservoir et L'évaluation de la ressource en eau souterraine exploitable du bassin
comportements hydrodynamique et hydrochimique. Elaboration d'un hydrogéologique du Sahara septentrional, par l'UNESCO (1972)
modèle conceptuel du comportement hydrodynamique de l'aquifère. présente un cas concret d'application.
Etablissement d'un modèle mathématique de simulation hydrodyna-
mique en régime permanent (modèle discrétisé) ;
Définition de l'objectif Structure de la demande d'utilisation
- définition des contraintes : physiques et techniques (évolution L'objectif était le développement agricole par extension ou création
de la fonction débits/rabattements), de la qualité de l'eau et socio- d'oasis par étapes de planification aux horizons 1975, 1980, 1985,
économiques (coût de production de l'eau) ; 1990, 1995, 2000. Le taux de croissance a été fixé à 2,8 % par an en
Algérie et à 2,58 % par an en Tunisie. La quantité d'eau doit satisfaire
- élaboration de programmes d'exploitation: dispositifs des captages
la mise en valeur moyenne de 1 800 ha/an en Algérie et de 740 ha/an
et rythmes de pompages ;
en Tunisie. Elle doit répondre en première urgence aux priorités régio-
< -prévision et évaluation des effets des programmes d'exploitation nales, y compris la résorption des déficits de 1970 (tableau 33). La
sur le système aquifère. Confrontation de ces effets avec les contraintes qualité de l'eau doit être conforme aux normes requises pour l'irri-
sur l'environnement. Elimination des programmes irréalisables. Toutes gation.
ces opérations sont effectuées sur modèle mathématique de simulation
hydrodynamique en régime transitoire; Identification des aquifères. Modèles mathématiques
- élaboration d'hypothèses de planification (2 ou 3) réalisables La seule ressource en eau est obtenue par les deux grands aquifères
techniquement et économiquement. Présentation par l'hydrogéologue du bassin hydrogéologique, dont le principal est celui du continental
des scénarios correspondants (fig. Ill). Ces opérations sont également intercalaire (p. 35 et 62). L'étude hydrogéologique détaillée aboutit
effectuées sur modèles de simulation hydrodynamique et technico- à l'établissement de cartes structurales et piézométriques (1956 et
économiques. Le décideur opte pour le scénario qui répond à sa politi- 1970) à 1/2 000 000 et à un modèle conceptuel du fonctionnement
que de l'eau. . hydrodynamique de l'aquifère (fig. 68). Les historiques des niveaux
piézométriques et des débits ont été reconstitués (fig. 116).
Conclusions Ces données sont la base d'un modèle mathématique discrétisé, de
La ressource en eau souterraine exploitable est obtenue par confron- simulation hydrodynamique en régime permanent, pour chacun des
216 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 8] Réserves et ressources 217
deux aquifères. Par exemple celui de l'aquifère du continental interca- Les contraintes socio-économiques sont fixées par la structure de la
laire comporte 1 379 mailles de 25 x 25 km. Son calage sur la carte demande et le comportement hydrodynamique de l'aquifère. Ce sont:
piézométrique de 1956, par une vingtaine d'itérations, a précisé les - la localisation des zones potentielles de développement, fixées en
conditions aux limites, débits entrant et sortant (tableau 7 et fig. 68) Tunisie, où les études pédologiques sont terminées, en accord avec le
et la distribution spatiale des transmissivités et des coefficients d'em- plan de développement. En Algérie, en priorité à proximité des pal-
magasinement. Dans les zones sensibles des études et des modèles à meraies actuelles et des grands axes de communication afin d'éviter
plus grandes échelles ont été réalisés. de lourdes charges d'infrastructure routière et dans les zones à condi-
Etant donné les conditions de zone aride, la ressource en eau souter- tions géomorphologiques favorables;
raine naturelle est essentiellement non renouvelable. Celle renouve- ~ le rabattement maximum admissible fixé â une profondeur de
lable naturelle, calculée par les débits des écoulements, est de 8,5 m 3/s, 60 m sous la surface du sol, à l'exception de la zone de Ghardaia où
soit 227. 10 6 m 3/an (tableau 7). Il s'agit donc d'une exploitation cette limite est déjà dépassée en 1970 ;
minière de l'eau souterraine
- coût de production de l'eau incluant l'ammortissement des équi-
8 pements et les dépenses de fonctionnement. Celles-ci croissent avec
Vl
1 la profondeur des sondages.
;;,... v-<...·r-·-./
E Les contraintes d'environnement sont d'éviter de mettre en cause
CJ "-,
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i---/ / l'artésianisme dans les zones sensibles: In Salah, Gourara, Ouargla, etc.
6 --.-../ Les contraintes politiques sont essentiellement les efforts financiers

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1'--. ~.- v/ à consentir par les gouvernements.
§. tt;.~-- ../'
-t(;~_s._ÇT Elaboration de programmes d'exploitation. Dispositifs de sondages et
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rythmes de pompage
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L'accroissement des débits exploités et la baisse du débit des sources
artésiennes, entraînent l'exécution de nombreux sondages (tableau 33) .
Les rythmes de pompage sont également programmés. Ces données sont
établies par les modèles mathématiques.
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ages artésiens
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ce C, C\
Prévisions et évaluations des effets des programmes d'exploitation
F-" !"'=-" sou rces ~~.?-'-P01'f\page Le modèle mathématique de simulation hydrodynamique en régime
o 1900 1925 transitoire, calé sur l'historique de l'évolution des niveaux piézométri-
1950 1925
ques de 1956 à 1970 et des débits (fig. 116), permet la prévision de la
fonction débits/rabattements. Des modèles technico-économiques,
Figure 116 . Historique des débits prélevés dans l'aquifère du continental interca-
laire, CI, en Algérie et en Tunisie et dans l'aquifère du complexe terminal, CT, en utilisés en association, calculent les dispositifs d'implantation des son-
Tunisie. Noter la décroissance des débits des sources artésiennes du Sud Tunisien. dages, les rythmes de pompages et le coût de production de l'eau. Ces
D'après UNESCO (1972). simulations exploratoires, éliminent les programmes physiques non
Définition des contraintes réalisables.
Les contraintes physiques et techniques sont essentiellement : Choix de deux hypothèses de planification et présentation de deux scé-
- la prévision de l'accroissement des rabattements en fonction des narios
débits exploités. Cette fonction a été établie par des essais de puits, A la suite des simulations exploratoires, deux hypothèses de planifi-
des pompages d'essai et des calculs numériques par ordinateur; cation réalisables techniquement, haute et basse, sont retenues (ta-
- les dispositifs d'implantation des sondages (nombre et distance) bleaux 34 et 35). Elles permettent à I'hydrogéologue de présenter une
et l'établissement du rythme des pompages. Ils sont imposés par la offre de deux scénarios. Le décideur optera ensuite pour celui qui
productivité des puits, leur nombre et leur profondeur. convient à sa politique de développement.
IV
00

Tableau 33 - Nombres de sondages nécessaires pour obtenir le débit d'exploitation


au continental intercalaire, exigés par les hypothèses de planification

1970 1980 1990 2000 Total à créer


sondagessondages Hypo- sondages sondages sondages sondages sondages sonda,ges sondages sondages
artésiens pompage thèses artésiens pompage artésiens pompage artésien pompage artésiens pompage
~
2 haute 57 427 79 613 144 937 280 1977
~
(,:) 26 25
basse 43 412 51 524 68 524 162 1460
l:;j
~
v.i haute 46 171 32 202 38 229 116 602
Z 34 54
12 basse 47 132 51 153 58 161 156 446
>< 103 598 III 815 182 1166 396 2975
~ haute
«
E-< 60 79
0 basse 90 504 102 677 126 685 318 1906
E-<

Tableau 34 - Hypothèses de planification du bassin hydrogéo1ogique du Sahara septentrional.


D'après UNESCO (1972)

Etat en 1970 Hypothèses


Surfaces de Hectares Total
Prélèvements irriguées Déficits planification nouveaux Demandes Demandé Débit
m 3/s ha m 3/s m 3/s m 3/s m 3/s
e:!
~ haute 45000 35 43,11 58,18
t3... 15,07 29890 7,11
~
basse 27000 21,54 28,65 43,72
~
v.i haute 12092 9,24 13,58 22,38
Z 8,80 15 520 3,94
~ basse 7490 5,71
E-< 9,99 18,79
~ haute 57092 45,24 56,69 80,56
«
E-< 23,87 45,410 Il,05
8 basse 34490 21,25 38,64 62,51
220 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 8] Réserves et ressources 221
Les scénarios ont été modulés dans l'espace et dans le temps. Les CONCLUSIONS
résultats sont exprimés par des graphiques dont un exemple est donné,
fig. 117.
L'évaluation de la ressource en eau souterraine exploitable, finalité
de l'étude hydrogéologique, met en œuvre des méthodes et des moyens
que l'hydrogéologue doit maîtriser. L'emploi des modèles mathéma-
7 10
tiques de simulation hydrodynamique, en régimes permanent et transi-
6 U1

i<t--
CD 1/ M
8 - --- -- ~ toire, est indispensable. C'est pourquoi, ainsi qu'il a été énoncé dans
l'introduction de cet ouvrage, l'hydrogéologie moderne doit être
5 a
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CD quantitative.
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1970 75 80 85 90 95 20001(l ...... ......


- -- - -
. .....
1cr;:-CT - - - CT - - C 1 È l------..L_---L-_L------..L_--'----l
2-- - ----

Figure 117 - Exemple d"évolution des débits simulés et de résultats économiques,


pour les hypothèses haute (1) et basse (2) dans la région d'Ouargla. Offre de l'hy-
drogéologue.
CT, aquifère du continental )ntercalaire ; CT, aquifère du complexe terminal;
l, évolution des débits en rn>/s ; 2, coût de production du mètre cube d'eau en
centimes de dinar algérien ; 3, coût des investissements en millions de dinars.

En Algérie, pour la période 1971-1980, les deux hypothèses com-


munes, ont pour objectif de résorber le déficit en eau de 1970 et de
réaliser un développement au rythme de 600 ha/an. Celui-ci augmente
au cours des années suivantes, respectivement à 900 ou 1 500 ha/an
(1981-90) et 1200 ou 2000 ha/an (1991-2000). Soit 27000 ou
45 000 hectares nouveaux en l'an 2000. Soit un doublement pour
l'hypothèse basse. Les débits supplémentaires nécessaires sont de 28
m' /s ou de 45 m 3/s.
En Tunisie, la création d 'hectares nouveaux est plus élevée à court
terme car les possibilités de financement existent ainsi que les moyens
disponibles. L'objectif 2000 est de 12000 hectares nouveaux pour
l'hypothèse haute, exigeant un débit supplémentaire de 13,7 m 3/s
et de 7000 pour l'hypothèse basse avec 10m 3 /s supplémentaires.
[Chap. 9] Pollution de l'eau souterraine 223

CRITERES D'APPRECIATION DE LA POLLUTION

Une eau est polluée lorsque, sous l'effet de l'activité humaine, elle
devient impropre à satisfaire la demande d'utilisation ou qu'elle présen-
Chapitre 9 te un danger pour l'environnement. Les causes naturelles de la dégrada-
tion de la qualité de l'eau souterraine sont donc exclues de ce concept.
Pollution Exemples : dissolution de sels minéraux du réservoir comme les eaux
de l'eau souterraine sulfatées de l'aquifère du calcaire de Champigny (fig. 16), l'invasion des
eaux salées marines dans les aquifères côtiers affluant à la mer (fig. 30),
etc. En effet si cette définition était généralisée, la plupart des eaux
minérales et thermales mériteraient le qualificatif de polluées.
Une eau souterraine renferme une teneur en substances minérales
La pollution de l'eau souterraine est le risque perma- dissoutes d'origine naturelle, géologique. C'est le bruit de fond des
nent de limitation de la ressource en eau dans un proche géochimistes. Le degré de pollution est apprécié par la mesure de
avenir. l'écart entre les caractéristiques physiques et chimiques de l'eau consi-
La pollution de l'eau résulte de l'activité humaine. Il dérée, par référence au bruit de fond, local ou régional. Celui-ci est
faut donc exclure la détérioration naturelle sous l'action difficile à apprécier dans les régions, objet de siècles d'activités agri-
des agents géologiques. coles ou de décennies de développement industriel.
Les normes de qualité de l'eau sont fixées en référence
avec les exigences d'une demande d'utilisation.
Le degré de pollution de l'eau est apprécié par l'écart Tableau 35 - Normes françaises de l'eau potable
avec un bruit de fond géochimique.
Teneurs limites
L'action polluante d'une substance est déterminée Substances maximums
par sa dose et le volume d'eau, véhicule de transport. mg/l
Le polluant, transporté et propagé par l'eau souterrai- Minéralisation totale 1 000
ne, subit une migration et une évolution dans l'espace Chlorures en Cl 250
souterrain. Les deux principales actions sont l'autoépu- Sulfates en S04 350
ration naturelle et la dilution. Nitrates en N 10
La vulnérabilité de l'eau souterraine à la pollution Nitrates en N0 3 44
s'exprime par des cartes de vulnérabilité dont l'échelle Magnésium 125
est adaptée aux problèmes à résoudre. Dureté : 30 degrés français
Micropolluants traces
La prévention est le seul moyen de lutte efficace Sélénium 0,05
contre la pollution de l'eau souterraine. Plomb 0,1
Fluorures en F 1
L'eau souterraine est le véhicule de transport des substances miné- Arsenic 0,5
rales ou organiques ou des bactéries pathogènes. Par son mouvement, Cuivre 1
dans toutes les zones du sol et du sous-sol, elle provoque la propagation Fer en Fe 0,2
des polluants, leur persistance ainsi que la pollution générale de l'espace Manganèse 5
Microorganismes pathogènes 0
souterrain.
224 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 9] Pollution de l'eau souterraine 225
La qualification de la qualité de l'eau est spécifiée par référence à surface, provoque des effets écologiques sur la vie aquatique (dévelop-
des normes de qualité, fixées par les exigences de la demande. Elle pement des microorganismes comme les algues). Elle diminue la solubi-
tient compte des caractéristiques spécifiques de l'utilisation, de critères lité de l'oxygène, déficit renforcé par l'accroissement de l'activité
économiques régionaux, etc. Par exemple une eau impropre à la boisson biologique qui en consomme.
peut convenir à l'industrie ou à l'agriculture; les exigences sur la teneur ~es matières solides en suspension sont introduites par les précipi-
en chlorures sont moins sévères en zone aride qu'en zone humide. Le tations et les eaux de surface. Certaines particules, très petites de
concept de qualité doit être pris en considération par l'offre de l'hydro- l'ordre du micron, peuvent ainsi transiter (particules d'albeste par
géologue pour l'évaluation de la ressource en eau souterraine exploita- exemple).
ble (p. 215). La radioactivité est potentiellement le plus dangereux des polluants
physiques. C'est pourquoi tous les rejets sont sévèrement réglementés
Dose de polluant et fréquence des apports et contrôlés.
Un polluant est un agent physique, une substance minérale ou biolo- Polluants chimiques
gique, issus de l'activité humaine provoquant, sous une intensité ou une
concentration anormales, une dégradation de la qualité de l'eau natu- L'eau, par son pouvoir dissolvant élevé, dissout les substances rejetées
relle. Exemples : accroissement de la température par des rejets, forte par l'activité humaine. Les polluants chimiques sont nombreux et
d'origines diverses : sels minéraux dissous, métaux lourds, pesticides,
teneur en nitrates dans les régions agricoles, métaux lourds dans les
eaux des cours d'eau. détergents et hydrocarbures. Métaux lourds, pesticides et détergents
constituent les micropolluants.
Le pouvoir polluant d'une substance est déterminé par deux facteurs
principaux : Sels minéraux dissous
- la dose d'introduction dans le milieu récepteur, déterminée par la Les plus nocifs sont les composés de l'azote: nitrates (N0 3 ) et nitri-
concentration dans l'eau et le volume d'eau en mouvement, véhicule tes (N0 2 ) · Iles provoquent des troubles graves chez les jeunes vertébrés
de transport ; par dégradation de l'hémoglobine du sang et production de méthaerno-
- la fréquence des apports, dont la répétition accroît les risques car globine toxique (méthaémoglobinaemie des nourrissons). Ils peuvent
les sédiments et les êtres vivants ont un effet cumulatif. provoquer l'hypertension et sont les précurseurs de nitrosamines
cancérigènes. Non présents dans les formations géologiques ou très
rares, les nitrates sont essentiellement d'origine agricole. Toutefois
PRINCIPAUX TYPES DE POLLUANTS. TOXICITE leur présence dans l'eau souterraine ancienne montre que cette pollu-
tion n'est pas toujours liée à des causes récentes. Leur accroissement
Le nombre des polluants est considérable. La Société américaine dans les eaux souterraines, au cours de la dernière décennie est préoc-
de chimie en dénombre 4 millions, dont 70000 suspects d'action cupante. Leur teneur maximum dans l'eau potable est fixée à 44 mg.l.
cancérigène, en 1977. Il est donc impossible de les énumérer tous, Les sulfates et les chlorures sont naturellement présents dans l'eau
d'autant plus que leur nombre croît sans cesse. souterraine (dissolution des sels minéraux des réservoirs). Les chlorures,
Les polluants peuvent être classés, selon leur nature, en quatre par leur persistance dans tous les milieux, constituent d'excellents
grandes catégories : physiques, chimiques, organiques et bactériolo- traceurs naturels. Mais la montée significative de leurs teneurs est
giques (G. Castany, 1978 et 1980). Il est nécessaire, en premier lieu, inquiétante. Ils sont introduits par l'eau des précipitations, les engrais
d'en dresser un catalogue fixant leur nature, leur dose néfaste et leur chimiques et les rejets industriels. Leur teneur maximum dans l'eau
toxicité. potable est fixée à 250 rng/l.
Polluants physiques Micropolluants : métaux lourds, pesticides et détergents
Les trois principaux agents physiques de la pollution sont : la Les micropolluants groupent des substances toxiques à très faible
chaleur, le transport de matières solides en suspension et la radioacti- te~eur dans l'eau, de l'ordre du millionième de gramme (microgramme),
vité. VOIre du ?ano~ra~me (milliardième de-gramme) par litre. Ils sont dange-
La chaleur, par élévation de la température de l'eau, surtout de reux, meme a 1etat de traces, car la chaîne alimentaire a un effet
226 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 9] Pollution de l'eau souterraine 227
cumulatif. L'ingestion répétée des métaux lourds par l'homme provo- des rues, arrosages). Les eaux pluviales et les eaux utilisées pour la
que des stockages nocifs dans le squelette (plomb), les reins et le foie climatisation des immeubles. Les dépôts d'ordures ménagères apportent
(cadmium) ou les cellules nerveuses (mercure). Les plus dangereux leur lot de charge polluante.
sont : les cyanures très toxiques (rejets interdits), le mercure sous sa
forme de composés solubles (dose mortelle: 1 à 2 g), le chrome cancé- Pollutions d'origine agricole
rigène sous sa forme polyvalente (chromates et bichromates), le plomb Les pollutions agricoles sont causées principalement par l'utilisation
(saturnisme), le sélénium, l'arsenic et le cadmium (2 g tuent un homme). irrationnelle des engrais chimiques et des pesticides. Mais ce sont sur-
Leur teneur, à l'état de traces, est sévèrement réglementée, même dans tout les pratiques de cultures modernes qui en sont la cause: labourages
les eaux brutes de rivière utilisées par les stations de traitement. profonds et violents favorisant l'infiltration directe dans le sous-sol sans
Le terme de pesticides groupe tous les produits de lutte contre les autoépuration, alternance des cultures sur une même parcelle dénudant
parasites des cultures et des animaux. Leur évolution dans le sol, abou- le sol ; excès des fertilisants à des périodes mal choisies, déficit en
tissant à des dérivés toxiques, est encore mal connue. Par suite du humus résultant d'un abus des engrais chimiques (R. Letolle, 1978).
pouvoir autoépurateur du sol, la plupart d'entre eux sont rapidement
éliminés, et les eaux souterraines en sont pratiquement dépourvues. Pollutions d'origine industrielle
L'usage des détergents, d'apparition récente, est en accroissement Elles sont provoquées par les rejets industriels, thermiques et chimi-
considérable. Ils inhibent les processus d'autoépuration, limitent le ques.
développement des microorganismes du sol, bloquent la réoxygénation. Il faut ajouter les effets des grands aménagements urbains, le dévelop-
La fabrication de détergents biodégradables devrait supprimer cette pement des autoroutes (S. Ramon et al., 1978).
source de pollution.
Hydrocarbures MECANISMES ET FACTEURS DE LA POLLUTION DE L'EAU
Les hydrocarbures, par suite de leur pouvoir de dilution, sont perni- SOUTERRAINE
cieux à des doses très faibles. Une teneur de 1/10 000 à 1/100 000 en
volume donne un goût désagréable à l'eau. Url litre d'essence suffit Le transport des polluants et leur évolution dans le sol et le sous-sol,
pour dégrader entre 1 000 et 5000 m ' d'eau. Une nourrice de 20 sont déterminés par les trois comportements de l'aquifère: hydrodyna-
litres pollue la consommation quotidienne d'une ville de 200 000 habi- mique, hydrochimique et hydrobiologique. Leur connaissance est
tants. essentielle. La protection de l'eau souterraine contre la pollution repose
sur des études et essais, en laboratoire et sur le terrain, des mécanismes
Polluants organiques. Microorganismes et des facteurs de contamination. La propagation et l'évolution des
L'eau souterraine est le vecteur des microorganismes, pathogènes ou polluants, de la surface du sol aux lieux d'utilisation, s'effectue en
non. Le pouvoir autoépurateur du sol est très efficace. Pratiquement quatre étapes (fig. 118) :
l'eau souterraine en est dépourvue dans les conditions naturelles. Un - introduction du polluant dans le sol: impacts et création de foyers
problème particulier est posé par les aquifères karstiques au sein des- de pollution (1, fig. 118) ;
quels l'autoépuration naturelle est faible, voire nulle. - migration et évolution du polluant en zone non saturée. Mécanis-
mes de l'autoépuration (2, fig. 118) ;
PRINCIPALES SOURCES DE POLLUTION. FOYERS DE POLLUTION - propagation et évolution du polluant dans l'aquifère. Mécanismes
de la dilution (3, fig. 118) ;
La pollution de l'eau souterraine est provoquée par les rejets des - persistance de la pollution. Rémanence et techniques de déconta-
activités domestiques et urbaines, agricoles ou industrielles, dont l'eau mination.
est le véhicule de transport et de dissémination idéal. D'où trois grandes
sources pollutions : domestique et urbaine, agricole et industrielle. Introduction du polluant dans le sol. Impacts et foyers de pollution
Pollutions d'origine domestique et urbaine La surface du sol est une zone d'échanges atmosphère/sol. L'intro-
Ce sont les rejets d'eaux usées domestiques et municipales (lavage duction de polluants crée des foyers de pollution par épandages à la
surface du sol ou enfouissement à des profondeurs plus ou moins
228 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 9] Pollution de l'eau souterraine 229
grandes dans le sous-sol (fosses, puisards et rejets en nappes profondes). Mécanismes de l'autoépuration naturelle du sol
Un cas particulièrement grave est celui des rejets sur ou dans, le karst. L'autoépuration naturelle est provoquée par cinq ensembles de
Les polluants sont mis en solution et constituent un soluté, fluide mécanismes principaux:
d'échanges et de transport, dont la vitesse de déplacement est souvent - physiques : miscibilité avec l'eau, densité, dilution et thennody-
différente de celle des particules d'eau souterraine. L'intensité de la namique;
pollution dépend du type de sol, de la dose de polluant et des condi- - hydrodynamiques et hydrocinématiques : vitesse effective, vitesse
tions climatiques (précipitations en particulier) qui apportent un de déplacement, temps de séjour et dispersion mécanique;
volume d'eau variable.
- hydrochimiques : stabilité chimique, dissolutions et précipitations
INTRODUCTION
AGGLOMERATIONS
de sels, échanges d'ions, interactions polaires, complexion;
FOYER POLLUTION
• catégorie
- hydrobiologiques : biodégradation;
. JINDUSTRIE 1 AGRICULTURE
• dose Impact ---- , - adsorption et désorption. Phénomènes physico-chimiques.
.volume d'eau Ce pouvoir autoépurateur de la zone non saturée doit être favorisé
au maximum. D'où:
MIGRATION
2 - pratiques culturales adaptées pour lutter contre la pollution par
ET les fertilisants et les pesticides ;
EVOLUTION - rejets, après épuration, par épandages à la surface du sol. Pratique
ur face piézométrique de l'épandage-irrigation;
PROPAGATION - utilisation de fossés et de bassins d'infiltration, peu profonds,
AQUIFERE
3 ET de préférence aux injections par sondages, Il se produit ainsi une
A NAPPE LIBRE double épuration par lagunage (storage) et par le sol.
EVOLUT ION
Mécanismes physiques de l'autoépuration
La miscibilité avec l'eau et la densité sont importantes. Une subs-
tance miscible devra vaincre les forces de la capillarité du sol. Par contre
elle s'intégrera facilement au soluté. Les différences de densité accé-
Figure 118 - Origine, transport et évolution des polluants, de la surface du sol aux lèrent le phénomène naturel de stratification de l'eau souterraine.
écoulements. La migration et l'évolution de la pollution s'effectuent en trois étapes: Les mélanges entre soluté et eau souterraine deviennent plus difficiles.
1, introduction et foyers de pollution ; 2, migration et évolution en zone non satu-
rée; 3, propagation et évolution dans l'aquifère. Les chlorures et les hydrocarbures sont très miscibles à l'eau.
La dilution du soluté avec l'eau souterraine diminue la concentration
Migration et évolution du polluant en zone non saturée. Mécanismes du polluant, donc sa nocivité. L'importance de ce phénomène est
de l'autoépuration naturelle prédominante dans l'aquifère. La dilution est fonction des apports
Le soluté, ayant franchi la surface du sol, se déplace selon une d'eau ou renouvellement, donc des infiltrations d'eau de surface :
direction subverticale jusqu'à la surface piézométrique (fig. 118 ~t précipitations efficaces, rivières, etc.
119). Il traverse la zone non saturée, caractérisée par la présence d'au L'apport d'eau à température plus élevée ou plus basse que celle de
(donc d'oxygène), de minéraux argileux, de matières organiques. (hu- la zone non saturée, entrave les mélanges et modifie le régime de l'eau
mus), d'acides humiques, etc. La zone non saturée joue un rôle pn~or­ souterraine.
dial par son pouvoir d'autoépuration naturel (analogue à celui du Mécanismes hydrodynamiques et hydrocinématiques de l'auto épuration
filtre lent des usines de traitement). Cette barrière franchie, la propa- L'entraînement par l'eau en écoulement, vecteur de la migration des
gation du polluant ne rencontre pratiquement plus d'obstac~e~. ~'est substances, est le mécanisme fondamental de la propagation de la pol-
dans cette zone que l'eau souterraine acquiert ses caractenstlques lution dans le milieu souterrain. Il faut tenir compte de la vitesse de
physico-chimiques et biologiques. La prévision repose sur l'étude de déplacement ou, à défaut, de la vitesse effective. Il existe une interdé-
l'autoépuration naturelle du sol. pendance entre les substances entraînées et les molécules d'eau, plus
230 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap. 9] Pollution de l'eau souterraine 231
ou moins grande. Souvent la vitesse de déplacement du soluté est Mécanismes de l'adsorption et de la désorption
différente de celle de l'écoulement de l'ea~ ~outerrallle, le polluant Echanges d'ions et interactions polaires, phénomènes d'attraction
ayant une vitesse spécifique (exemple des pesticides). moléculaire et diélectriques, sont caractérisés par l'adsorption prédomi-
m ICro or qarusrnes
nante sur la désorption (p. 113). Ces deux phénomènes sont favorisés
anions
calions par la présence d'argiles, d'oxydes ou d'hydroxydes, et par les consti-
C L+ NO++SO++
3 3
pest ICides impact tuants organiques.
Conclusions
z
o
ZLU
W
CI
",001
biodégrad.
complexion
Le transport dans la zone non saturée d'une substance dépend de
la concentration du soluté, d'où nécessité d'une évaluation précise de
LUo échanges
Z r-
o<!
d'Ions tous les facteurs de mise en solution et d'immobilisation. Le régime
absorption
N(J) de l'eau souterraine doit être également pris en considération, en parti-
culier le débit de la nappe et les fluctuations de la surface piézométri-
lJ.J
que. Enfin la structure du sol intervient, car si les actions d'autoépura-
CI
lJ.J
~ Q ~ tion sont importantes en milieu poreux et liées à la granulométrie,
LL
-------~ elles deviennent très faibles, voire nulles en milieu fissuré karstique.
o
cr DILUTION
<!
Propagation et évolution du polluant dans l'aquifère. Mécanisme de
la dilution
Fi ure 119 _ Mécanismes et facteurs de la pollution de l'ea~ souterraine; L'auto- Les mécanismes de transport du soluté dans l'aquifère sont com-
, ~ration naturelle agit essentiellement en zone non saturee sur les mlcroor.ga- plexes, conséquence de l'hétérogénéité du réservoir. La direction a
~1smes, les cations et les pesticides. Dans l'aquifère, pratiquement seule la dilution une composante latérale prédominante (fig. 118 et 119). Des études
a un effet d'épuration. sur modèles physiques et sur le terrain, ont mis en évidence une disper-
Mécanismes hydrochimiques de i'autoépuration sion à la verticale du foyer de contamination, puis un étalement latéral
dans le sens de l'écoulement de l'eau souterraine. Dans l'aquifère,
La stabilité chimique, liée à la vitesse de dégradation est peu connue.
en raison de l'absence d'oxygène, de matières organiques et de micro-
Les échanges d'ions ou échanges de base, essentIellement avec le.s
organismes, le rôle épurateur est très réduit. Pratiquement seule la dilu-
argiles jouent sur les cations. Les anions, comme le chlore, s~nt rapt-
tion agit (fig. 118 et 119). Celle-ci est d'autant plus importante que le
deme~t et totalement transférés par l'eau souterra.ine. En ce qUI co~cer~
débit de la nappe (ou la vitesse ou la transmissivité) est élevé. D'où
ne les pesticides la fréquence de c~tions orgamques ou susceptible
l'importance du renouvellement. Un fort renouvellement est favorable
d'être ionisés favorise les échanges (fig. 119). 1 . à l'élimination de la pollution.
Les intera~tions polaires, apparaissent surtout avec la cornp ex~~n
des substances métaux lourds en particulier, par les con:p!exes ar~ 0- Persistance de la pollution. Rémanence et techniques de décontami-
humiques. Pou'r les pesticides, avec ou sans apparition de liaisons h~d~~­ nation
gène, ces phénomènes sont importants (R. Calvet et J. ChausSI ,
Par suite du phénomène de désorption, les cations sont libérés pro-
1978). gressivement et la pollution persiste dans l'eau souterraine, après inter-
Mécanismes hydrobiologiques de l'autoépuration ruption de son introduction. Cette rémanence peut se manifester
Les mécanismes hydrobiologiques de l'autoépuration .résident s~~~out pendant des mois, voire des années. Ces faits expliquent les difficultés
en biodégradations. Le milieu, riche en matières organ;ques nutnl~v~:~ des opérations de décontamination.
favorise le développement des micr?~rganis~es: UneC~l~~~_~io~:ant les
s'engage dont sont victimes les bactenes pat ogenes: . 've- VULNERABILITE DES NAPPES A LA POLLUTION. CARTOGRA-
plus fragiles sont éliminées. Er: particulier les bactenopha?es se ~':ne PHIE
loppent. C'est le «filtre biologique». Apres un temps de seJou~.
trentaine de jours, les bactéries pathogènes ont totalement isparu La vulnérabilité des nappes à la pollution est leur sensibilité aux
232 Principes et méthodes de l'hydrogéologie [Chap, 9] Pollution de l'eau souterraine
233
différents facteurs physiques stables déterminant la mesure où elles
sont, dans les conditions naturelles, plus ou moins exposées à la pol- -.l~ déte,ction ou le contrôle par des réseaux de surveillance de la
quahte de 1eau souterraine',
lution à partir de la surface du sol. Elle étudie les possibilités de propa-
gation dans l'espace souterrain. Celle-ci est, en premier lieu, liée à . - la,pa~a~e 'par des moyens techniques appropriés et la décont. m' _
tion tres difficile dans l'état des techniques actuelles. a ma
l'autoépuration naturelle du sol, donc à la présence de conditions
indispensables à son action. En second lieu, elle est favorisée par la Ce~ trois actions nécessitent la prévision de la migration et de l'é-
circulation de l'eau. volution des polluants dans le sol et dans le sous-sol L'ét d d
porteme~t des pol~u~nts, au Cours de leur migrati~n da~s ele uci~~~;
Facteurs de la vulnérabilité atmosp?ere!sol/aqUlfere/ecoulement, permet de déceler l'ori ine des
Les facteurs de la vulnérabilité sont imposés par les recherches expo- contaminations et de prévoir leur évolution donc de mettre en ce
une pré ti L' '1 ~ . ' uvre
sées précédemment. Ce sont donc : t' ve~ IOn. outi de mieux adapté à la prévision, techniquement
- état et caractéristiques physiques et chimiques du sol et du sous- e eco~omIquement, e~t le modèle mathématique de simulation hydro-
d ynarmque et hydrochimique,
sol. Le facteur principal est la lithologie;
- profondeur de la surface piézométrique, laquelle impose le temps En. co.n~lusion, la, décontamination étant très difficile il faut a ir
de séjour en zone non saturée; en pnorité sur la prevention contre la pollution de l'eau souterraine.
- paramètres de l'écoulement de l'eau souterraine : coefficient de
perméabilité ou transmissivité, direction et vitesse de déplacement (à
défaut vitesse effective) ;
- conditions d'alimentation et d'écoulement, facteurs du renouvel-
lement de la réserve totale moyenne.
Cartes de la vulnérabilité
La vulnérabilité s'exprime par des cartes. Elles sont dressées, en
France, à différentes échelles, adaptées aux utilisations: 1Il 000 000,
1/250 000, 1/50 000, parfois plus grandes pour des problèmes spéci-
fiques (M. Albinet et J. Margat, 1970).
Ces cartes doivent répondre à deux préoccupations principales :
- la prévention par la localisation des zones sensibles dans lesquelles
une pollution peut affecter gravement l'eau souterraine, la définition
de la propagation des polluants et la situation des foyers de contamina-
tion actifs ou potentiels ;
- la protection par mise en place d'aménagements spéciaux (étan-
chéité des stockages et des canalisations de surface et souterrains,
collecte des effluents, etc.), de périmètres de protection des eaux
souterraines captées et des réseaux de qualité.

LUTTE CONTRE LA POLLUTION DE L'EAU SOUTERRAINE

La protection de l'eau souterraine contre la pollution, laquelle


s'intègre dans la préservation du milieu souterrain, poursuit trois
objectifs:
- la prévention, assurée en priorité par une réglementation, basée
sur des recherches et expérimentations;
BIBLIOGRAPIDE SOMMAIRE
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887. Cycle global, 3.
Cycle océanique, 6. Front d'appel, 134.
..
~:~,~-i/-~·c ·----~~'7-"-~"---·--'---·-~·-------"--~-- - -~~_ . -- .--,, ~_. -_. _ ,_. -

Gradient, 28. '~ __ " ~ ~abattement, 131.


Gradient géothermique, 32. ""-.;;;;;:z:;' Rabattement maximum admissible, 140,
Gradient hydraulique, 96. 145.
Granulométrie, 73. Rabattement maximum d'exploitation, 140.
Rabattement résiduel, 132, 136.
Hauteur d'infiltration, 14. . Rabattement spécifique, 1<:
Hauteur de la surface de suintement, 138. Rayon d'action, 148.
Hétérogénéité, 80. Réalimentation induite, 60, 214.
Histogramme piézométrique, 193. Régime permanent, 133.
Homogénéité, 80. Régime quasi-permanent, 133.
Humidité, 88. Régime transitoire, 133.
Hydrobiologie,lI. Rémanence, 231.
Hydrodynamique souterraine, Il, 109. Renouvellement, 2.
Hydrocinématique,109. Renouvellement de la réserve, 205.
Hydrochimie, lI. Réseau de chenaux, 72.
Hydrosphère,3. Réseau d'écoulement, 119.
Réservoir (de l'aquifère), 47, 52.
Index hydrogéologique, 15. Réserve, 196-200.
Infiltration, 14. Réserve en eau facilement utilisable, 13.
Infiltration efficace, 16. Réserve en eau souterraine exploitable, 202.
Interface eau douce/eau salée, 62. Réserve permanente, 202.
Isotropie, 79. Réserve régulatrice, 202.
Réserve totale, 201.
Ligne de courant, 119, 176. Réserve totale moyenne, 201.
Ligne équipotentielle, 120. Ressources, 196.
Limnigramme piézométrique, 99. Ressource d'exploitation de la réserve, 214.
Ressource en eau souterraine exploitable,
Macrofissure, 70. 213.
Maille, 8. Ressource en eau souterraine non renou-
Massif filtrant (sondage), 129. velable naturelle, 211.
Mécanismes de la pollution, 227. Ressource en eau souterraine renouvelable
Microfissure, 70. naturelle, 212.
Micropolluant, 225. Ressource totale renouvelable naturelle,
Milieu fissuré, 69, 79. 210.
Milieu poreux, 68, 79. Ruisellement, 14.
Modèle conceptuel, Ill, 8, 66, 119, 122.
Modèle global, 8. Seuil hydraulique,184.
Molécule d'eau, 84. Soluté, 82.
Sources (types), 17.
Nappe cylindrique (aquifère à),180. Structure de l'aquifère. 26, 27.
Nappe d'eau souterraine, 47,52, 68. Structure hydrogéologique , 28.
Nappe elliptique (aquifère à), 182. Substratum, 51.
Nappe plate (aquifère à), 180. Surexploitation, 214.
Nappe radiale (aquifère à), 181. Surface piézométrique, 48.
Niveau dynamique, 131. Surface spécifique des grains, 78, 91.
Niveau piézométrique, 48, 98, 174. Système global aquifère/rivière, 59.
Systèmes hydrologiques, 7.
Palier de débit, 135, 136. Système de ressource en eau, 199.
Paramètres granulométriques, 77. Taux d'infiltration,15.
Paramètres hydrodynamiques, 87,101,115. Taux de renouvellement, 206.
Perméabilité, 28, 101. Temps fictif (de pompage), 149.
Perméabilité intrinsèque, 102. Temps d'intersection, 157.
Perte de charge linéaire, 137. Temps de séjour, 111.
Perte de charge quadratique, 137. Teneur en eau, 88.
Piézométrie, 48, 165. Traceur, 110.
Point critique, 140. Transrnissivité , 104.
Précipitations efficaces, 12, 14.
Pression de couche, 49. Vitesse critique, 101, 138.
Pression de pore, 49,100. Vitesse de déplacement, 110.
Polluants (types), 224. Vitesse effective, 110.
Pollutions (types), 223. Vitesse de filtration, 96, 108.
Pompage d'essai, 130, 135. Volume représentatif élémentaire, 80.
Pore, 68. Volume utile du réservoir, 33.
Porosité cinématique, 114. Vulnérabilité des nappes, 231.
Porosité efficace, 87.
Potentiel hydraulique, 98. Zonalité sol/eau souterraine, 92.
Pouvoir d'autoépuration naturelle, 228. Zone capillaire, 93.
Pouvoir polluant, 224. Zone dévapotranspirarion, 93.
Pouvoir répartiteur du sol, 15. Zone non saturée, 92.
Productivité du puits,145. Zone saturée, 93.
Profil piézométrique,178.

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SCIENCES SUP

Gilbert Castany

HYDROGÉOLOGIE
Principes et méthodes

L'hydrogéol ogie, science de l' eau souterraine, a pour fina lité la GILBERT CASTANY
planification de l'expl oit ation de la ressource en eau. Sa base est professeur
d' hyd rogéol ogie
essentielle est l'i dentificatio n des aquifères ou nappes d'eau
à l'un iversité
souterraine. Celle-ci exige l'acq uisition, au meill eur coût, de Pierre et Mari e Curie
données numériques précises et nombr euses sur les carac- (Paris V I).
téristiques des aquifères. L'emp loi des ordi nateurs pour le
traitement des info rmations et la réalisation de modèles
mathémat ique s amènent l'h ydrogéologue à présenter des
modèles conceptuels d'i dentifica tio n des aquifères.
Cet ouvrage conduit le lecteur à une connaissance et à une
conception de l'h ydrogéol ogie adaptée aux techniqu es mo-
dernes. Il poursuit trois buts essentiels : l'exposé des méthodes de
base de l'id entifi cation géologique et hydrodyn amiqu e des
aquifères ; l' acqui sition de connaissances scientifiques et techni-
ques indispensables à la pratique de l'h ydrogéologie sur le
terrain ; l'usage d' un langage rigoureux nécessaire au dialogue
entre les nombreux spécialistes qui collaborent aux sciences de
l'eau.
Cette initiation à l' hydrogéologie, dont la lecture ne requiert pas PHYSIQ UE
de connaissances approfondies en géologie, s'adresse aussi bien
aux étudiants qu' aux techni ciens, ingénieurs et chercheurs
CHIM IE
confrontés aux probl èmes l'eau.

PHYSIQUE APPlIQUtE

INFORMATIQ UE

SCIENCESDE LANATURE
ET D~LA VIE

1 III
9 782100 041718
ISBN 2 10 00 4 17 1 1
Code 044 17 1 http://www.dunod.com

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