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TECHNIQUES DE

LA HAUTE TENSION

SOMMAIRE :
Chapitre I : Généralités sur la haute tension
Chapitre II : Phénomènes d’ionisation dans les gaz
Chapitre III : Claquage des isolants gazeux
Chapitre IV : Décharge couronne
Chapitre V : La foudre
Chapitre VI : Isolateurs des lignes aériennes haute tension
Chapitre VII : Diélectriques solides
Chapitre VIII : Diélectriques liquides
Chapitre IX : Générateurs de la haute tension
Chapitre X : Mesure en haute tension
Chapitre XI : Séparateurs électrostatiques
Chapitre XII : Précipitateurs électrostatiques
Chapitre XIII : Décharge à barrière diélectrique
CHAPITRE I
GENERALITES SUR LA HAUTE TENSION
I. UTILITE DE LA HAUTE TENSION
Question : Pourquoi utilise-t-on la haute tension pour le transport de l’énergie électrique ?

L’énergie électrique sort des alternateurs des centrales avec une tension de quelques kV (5 à 20
kV), le transport se fait avec une haute tension (220 kV et plus) pour minimiser les pertes Joule
dans la ligne (RI2) et de pouvoir transiter de grandes puissances.

Transformateur idéal (fig.1) :

D’après l’expression ci-dessus, l’élévation de la tension (U2 > U1) permet de limiter les pertes en
diminuant le courant (I2 < I1) et permet également de faire transiter de plus grandes puissances.

Exemple :
Pour évacuer l’énergie d’un groupe de 100 MVA, le courant sera de 260 A sous 220 kV mais de
4000 A sous 15 kV ! Le transport de 4000 A sous 15 kV entraînerait des coûts d’équipement et
surtout de pertes par effet Joule inadmissibles. Les courants de court-circuit et leurs effets
seraient aussi considérablement augmentés. Or, il existe maintenant des groupes de 1300 MVA !
Donc on est conduit à augmenter la tension des réseaux de transport. Evidemment, il y a une
limite supérieure principalement constituée par le coût des isolements.

Capacité de transport d’une ligne triphasée


Ce tableau donne les puissances couramment transitées en fonction de la tension composée
nominale.

Tension du réseau Capacité de transport d’une


(kV) ligne triphasée (MVA)

0,4 0,01
10 1
20 3
66 25
110 50
220 250
380 600
750 2000

Réseaux électriques HT
• Les réseaux de transport sont triphasés, sans conducteur de neutre.
Le domaine de ce qu’on appelle Très Haute Tension va de 60 à 800 kV (entre phases). II existe
des projets jusqu’à 1200 kV. Les laboratoires d’essai à THT peuvent étudier et tester des
ouvrages et matériels jusqu’à 12300 kV.
• Leurs fréquences sont 50 ou 60 Hz.
• Les courants transportés vont de 400 à 3000 A.
• Le tableau ci-dessous montre l’évolution de la tension composée des réseaux au cours du
temps.

Date approximative Tension nominale du réseau


d’apparition (kV)
3
6
10
20
30
1890 45
66
1910 110
132
150
1930 220
300
1950 380
525
1970 750

Problèmes liés à la haute tension


Claquage ; Isolation ; effet couronne ; contournement des isolateurs ; pertes diélectriques…
Claquage :
Le claquage est la dernière phase résultant d’une chaîne de phénomènes compliqués qui
peuvent durer des microsecondes (cas du claquage du gaz) ou des années (par exemple l’action
des décharges partielles sur un isolant solide). On l’appelle aussi « rupture du diélectrique »,
« décharge électrique » ou « disruption ». L’appellation « arc électrique » n’est valable que pour
des claquages de courant fort.
Après un claquage, l’état isolant peut se rétablir comme c’est le cas des isolants liquides
et gazeux ou non comme c’est le cas des solides.
C’est un phénomène qui apparaît brusquement, le temps de formation étant souvent
inférieur à la microseconde. La durée d’un claquage se développe dans les conditions normales
de l’ordre de plusieurs µsecondes et moins. Par conséquent, en tension alternative à des
fréquences allant jusqu’à 100 ou 1000 Hz, la tension de claquage est pratiquement égale à celle
qui survient en tension continue.

Danger de la Haute Tension


Les installations Haute Tension à courant fort, comme les réseaux électriques aériens par
exemple, génèrent des courants qui sont mortels. Certaines installations HT de laboratoire à
courant faible n’offrent pas de danger pour les personnes (I < 10 mA). On peut recevoir une
décharge électrique sans en mourir, comme le cas des décharges électrostatiques.

II. POUVOIR DE POINTE


On peut facilement démontrer à l’aide du théorème de Gauss
qu’une surface plane portant une densité de charge ρs, produit un
champ électrique E=s/0 (fig.2).

densité surfacique de charge :

Pour une surface pointue :


Exemples (fig.3) :

Conclusion : Sur les régions à faible rayon de courbure (pointe) le champ devient très intense. Cela
représente un danger en HT (risque de claquage) mais aussi un avantage (paratonnerre…). Le
pouvoir de pointe explique qu’en Haute Tension tous les appareils ont des formes arrondies et sont
munis d’anneaux pour une répartition du champ uniforme.

Quelques applications du pouvoir de pointe


a. Parafoudre : Le champ élevé de la pointe attire la foudre pour écouler le courant vers la terre
(fig.5).
b. Charger des particules : des flèches placées sur les ailes de l’avion neutralisent la charge se
trouvant sur la surface de l’avion acquise par frottement avec l’air (fig. 6).

a. Séparateurs électrostatiques ;
b. Filtres électrostatiques ;
c. Autres…

III. CAGE DE FARADAY


A l’intérieur d’un conducteur en équilibre (I=0), le champ électrique et nul.

On peut déduire à partir du théorème de Gauss : ,


que dans un conducteur en équilibre les charges se
répartissent à l’extérieur.
Si des charges sont injectées à l’intérieur d’un conducteur,
elles se « repoussent » sur la surface externe (fig.7).

Application : Cage de Faraday


Si jamais un accident (défaut d’isolation) survient à l’intérieur, la personne ainsi que le matériel
se trouvant à l’intérieur seront protégés, car les charges partent à l’extérieur (Fig.7).
Exemples :
Laboratoire HT ; tenue de travail sous tension ; carcasse métallique des habitations (contre la
foudre), voitures, avion…(voir figure 9).
IV. SURFACE EQUIPOTENTIELLE
Définition :
C’est une surface où le potentiel est constant et partout le même.
Exemple: charge ponctuelle q

Le potentiel est constant si on pose r = R = constante ; Chaque sphère de rayon R constant (R1, R2,
R3) représente donc une surface équipotentielle (fig.10).

Règle de base : le champ électrique est toujours perpendiculaire à la surface équipotentielle.


Démonstration :
Soit OPQR un plan uniformément chargé, c’est donc une surface équipotentielle située dans le
plan XOY (figure 18).

Comme donc
Le champ électrostatique est perpendiculaire à la surface équipotentielle.

V. CHAMP ELECTRIQUE
Dans un poste HT de 220 kV, le champ électrique à une distance de 6 m du conducteur central
d’une ligne en nappe atteint 2 kV/m, ce qui pour le champ électrique est une valeur élevée. Par
contre, le champ magnétique n’est que de 0,007 kA/m, ce qui pour le champ magnétique est une
valeur faible. En haute tension, le champ électrique est prépondérant par rapport au champ
magnétique.

Distance verticale par rapport au conducteur central (en m)


Champs 0,5 1 2 3 4 5 6 7
H (kA/m) 0,096 0,049 0,025 0,017 0,012 0,009 0,007 0,005
E (kV/m) 62,7 29,9 12,6 6,7 4,5 2,8 2,0 1,8

Tableau : Champs magnétique et électrique sous un jeu de barre triphasé 220 kV, en nappe. Distance entre phases de
4m - diamètre du conducteur 25 mm.

VI. Comparaison entre lignes aériennes et câbles souterrains HT


Inconvénients des câbles :
• Difficultés technologiques d’isolation des câbles qui ne permettent pas d’atteindre des
tensions très élevées ;
• Problème de l’évacuation de la chaleur ;
• Difficulté de connexion entre ligne aérienne et câble ;
• Limitation de puissance due à la capacité élevée des câbles ;
• Difficulté de maintenance en cas de défaut ;
• Les coûts relatifs qui sont élevés pour les câbles, environ 10 fois supérieurs aux coûts des
lignes.

Remarque : La pose des câbles se fait dans des situations bien particulières de technique,
d’environnement. Par exemple, la liaison entre les rives Nord et Sud de la méditerranée…
VII. RESEAUX HVDC
HVDC: High Voltage Direct Current
L’utilisation de la Haute Tension continue dans les réseaux peut être possible dans les cas
suivants :
• Lignes longues (> 1000 km) des réseaux UHT, où l’on gagne sur les distances
d’isolement entre les valeurs crête et efficace ;
• Longs câbles souterrains (dans les mers ou dans les villes), pour s’affranchir du problème
de transit de l’énergie réactive.
Il est cependant obligatoire de prévoir des convertisseurs statiques pour transformer l’énergie
alternative en continu et vice-versa, vu que la majorité des appareillages utilisent la tension
alternative.

VIII. ISOLEMENT DANS LES RESEAUX ELECTRIQUES


Du point de vue diélectrique, les longueurs d’isolation à prendre en importance sont :
• dm : distance d’air entre conducteurs et pylônes ;
• Dc : distance entre conducteurs ;
• Dg : distance entre conducteurs et câble de garde ;
• Lf : ligne de fuite des isolateurs.

D’autres distances « moins importantes » sont à considérer, il s’agit de :


• Hauteur des conducteurs par rapport au sol (portée) ;
• Hauteur au dessus des obstacles ;
• Proximité des constructions, habitations…

IX. RESEAUX HT DANS LE MONDE


- USA : tension maximale de transport : 765 kV.
- CANADA : 735 kV.
- EUROPE DE L’OUEST : 400 kV.
- JAPON: une ligne de 1000 kV a été construite.
- Dans la plupart des pays la tension varie entre 220 et 500 kV.

Classe de Réseau de :
Niveau de Tension tension (kV)

Moyenne tension MT 1 – 45 Distribution


Haute tension HT 45 – 300 Transport
Très haute tension THT 300 – 750 Transport – Interconnexion
Ultra haute tension UHT > 750 Interconnexion

Tableau : classe des tensions efficaces recommandées par la CEI pour les réseaux à 50 ou 60 Hz.
Ces normes sont valables pour les réseaux seulement. Ainsi, en électronique le tube cathodique à 25 kV
est appelé THT.

X. COORDINATION DE L’ISOLEMENT
Les appareillages des postes et des réseaux de distribution à haute tension sont soumis en
exploitation à des surtensions d'origine atmosphérique ou de service provenant de manœuvres, de
mises à la terre, de courts-circuits ou d'autres incidents conduisant à des phénomènes transitoires.
On entend par coordination de l’isolement, l'ensemble des mesures qui sont prises pour
éviter des décharges disruptives de perforation ou de contournement dans le matériel des
installations. Ces conditions sont obtenues en respectant des tensions de tenue minimales pour
les diverses parties des installations. Il s'est donc avéré nécessaire de fixer des règles
internationales et nationales (Commission Electrotechnique Internationale - CEI). Ces règles
définissent d'une part les tensions d'essais du matériel électrique et, d'autre part, les conditions
dans lesquelles ces essais doivent être effectués.

Les appareils dont la coordination de l'isolement est correcte, présentent les niveaux de tension
de la figure 12.

- Tension de perforation Up (isolation interne)


- Tension de contournement Uc (isolation externe)
- Tension d'essai fixée par les règles de coordination des isolements Ue (prescriptions CEI).
- Tension de service la plus élevée Um
XI. APPLICATIONS DE LA HAUTE TENSION
L'application de la haute tension dans le grand transport d'énergie électrique est la plus courante,
mais l'ingénieur utilise ce savoir-faire dans de nombreux autres domaines :

Principaux domaines d'application de la haute tension :

• Réseaux électriques (tension alternative & continue) :


- lignes aériennes
- câbles
- isolateurs
- transformateurs de mesure de tension
- transformateurs de mesure de courant
- sectionneurs
- disjoncteurs
- parafoudres
- mises à la terre
- condensateurs
- transformateurs de puissance
- alternateurs
- appareillage SF6
- compatibilité électromagnétique (CEM)
• Electricité statique (Electrostatique)
- séparateurs électrostatiques
- générateurs électrostatiques
- moteurs électrostatiques
- filtres électrostatiques
- xérocopie
- imprimante électrostatique
- peinture électrostatique
- danger d'explosion et d'incendie
- perturbations de l'électronique sensible
• Physique
- microscope électronique
- accélérateurs de particules
• Médecine
- effets biologiques des champs électriques
- diagnostique par rayons X
- thérapie par rayons X
- ozonothérapie
- diélectrophorèse
- chauffage
• Electronique
- tube cathodique
- générateurs piézo-électriques
- allumage électrique
- flash électronique
- lampe à décharge
- filtre bactériologique UV
• Foudre
- captage de la foudre
- protection contre la foudre (paratonnerre, éclateurs, parafoudre, câble de garde)
- aviation
• Impulsions électromagnétiques d'origines nucléaire (NEMP)
- protection des lignes de transmission
- protection des antennes
- protection des appareils électroniques
- cages blindées
• Traitement de l’eau et de l’air par l’ozone

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