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PORTRAIT
LUNA ET JAMES,
LOVELY PLANET
Par Quentin Girard photo Martin Colombet pour «Libération»
(https://www.liberation.fr/auteur/12249-quentin-girard)
— 18 mars 2019 à 18:36
Photo Martin Colombet pour «Libération»
Pas vraiment le profil habituel du cul, qu’ils ont, d’ailleurs, tout à fait
routinier et doux, sans partouze, BDSM, ondinisme ou même sodomie.
«C’est très important pour nous que les gens puissent s’identifier. Pas
de positions acrobatiques et tout, dit Lula. On veut plus présenter une
forme de réalité qu’une fiction.» Au départ, leur relation est une simple
amourette. Ils partent un week-end à Prague et lisent à l’aéroport un
article sur les webcams sexuelles en ligne. Peu consommateurs de porno
mais intrigués et tentés, après une longue discussion pour évaluer les
avantages et les inconvénients, ils essayent, sur Chaturbate. Ça leur plaît.
Au fil des mois, ils tournent une sextape pour un site indépendant, puis
ils vendent directement leurs vidéos sur ManyVids, et enfin se
retrouvent sur Pornhub, le roi du secteur. Chaque mois, le couple, très
heureux d’avoir découvert cet univers et d’échapper à l’oppressant
métro-boulot-dodo, gagne à peu près 5 000 euros par mois. Les deux
parlent business, plan de développement, investissement, comme des as
du marketing gourmands d’un marché à prendre plutôt que comme des
romantiques libertaires. Signe d’un changement de paradigme du milieu
ou initiative isolée difficilement reproductible ? Sans doute un peu des
deux.
Quand ils ne tournent pas, ils cuisinent asiat, regardent Breaking Bad,
préparent leurs prochains voyages et leurs futurs projets. Pour continuer
leur ascension et vendre, à leurs fans, un style de vie global, entre
conseils tofu et touffus topos sur du matériel vidéo. Le jour où Luna et
James se sépareront, «tout s’arrêtera». Mais ils ont l’air si amoureux,
pas lassés d’être l’un sur l’autre presque vingt-quatre heures sur vingt-
quatre, alors, qui sait ?