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Révisé le 23 juin!
1 Anneaux
Définition 1.1 Un anneau (A, +, .) est un groupe commutatif (dont la loi est noté + et
est applelée addition) muni d’une deuxième loi de composition interne (noté multiplica-
tivement et appelée multiplication) vérifiant les conditions suivantes.
0) Il existe un élément neutre pour la multiplication; il est noté 1 (si nécessaire 1A ).
1) a(bc) = (ab)c pour tous a, b, c ∈ A (la multiplication est associative).
2) a(b + c) = ab + ac et (b + c)a = ba + ca pour tous a, b, c ∈ A (la multiplication est
distributive par rapport à l’addition).
Si la multiplication est commutative, l’anneau est dit commutatif.
Il est important de bien comprendre pourquoi les éléments inversibles (pour la mul-
tipliation) forment un groupe.
1
Définition 1.5 Soit A un anneau. Si B ⊂ A est un sous-groupe pour +, tel que a, b ∈
B ⇒ ab ∈ B et tel que 1A ∈ B, alors B est un sous-anneau de A. Si A et B sont des
corps, alors on dit que B est un sous-corps de A.
Comme vous l’avez compris, un élément non nul d’un anneau n’est pas toujours
inversible. Par exemple, un polynôme P ∈ K[X], de degré > 0, n’est pas inversible.
Vous n’avez pas vu le pire! Dans un annea, un élément peut être diviseur de 0.
Exercice 1.8 Montrez que si A est un anneau intègre, alors A[T ] est un anneau intègre.
Plus précisément, montrer que si P et Q sont des polynômes non nuls, alors P Q #= 0 et
son degré est la somme des degrés de P et de Q.
Corrigé de l’exercice.
Soient P, Q ∈ A[T ]. Supposons les $= 0 et soient n et m leurs degrés respectifs. On a P = an T n +an−1 T n−1 +
..., avec an $= 0, et Q = bm T m + bm−1 T m−1 + ..., avec bm $= 0. On a alors
Attention à nouveau, si A n’est pas intègre, le degré de P Q peut être strictement inférieur à d0 P + d0 Q.
Je tiens beaucoup à cette convention, mais si vous n’en voulez à aucun prix, vous
pouvez continuer à penser que le degré du polynôme nul est −∞
Théorème 1.10 1) Dans le groupe quotient Z/nZ, si cl(m) = cl(m" ) et cl(r) = cl(r" ),
alors cl(mr) = cl(m" r" ).
2) La multiplication cl(m)cl(r) = cl(mr) est alors bien définie dans Z/nZ et donne
à ce groupe une structure d’anneau dont l’ élément unité est cl(1).
2
Preuve de 1) : Si m−m" ∈ nZ et r−r" ∈ nZ, alors mr−m" r" = m(r−r" )−r" (m−m" ) ∈
nZ.
Pour 2), je vous laisse le soin de montrer que ce produit bien défini est associatif et
distributif par rapport à l’addition.
Exemples 1.11 1) L’exemple le plus simple d’un anneau non intègre (donc ayant des
diviseurs de 0) est Z/4Z. Il est clair que cl(2) #= 0 et que cl(2)2 = 0, donc cl(2) est
nilpotent et diviseur de 0.
2) Plus généralement, si n n’est pas premier il existe une décomposition n = st,
avec 1 < s, t < n. Dans l’anneau Z/nZ, on a alors cl(s) #= 0 et cl(t) #= 0 mais bien
évidemment cl(s)cl(t) = cl(st) = 0.
Remarquons que dans les anneaux Z/nZ, les éléments non diviseurs de zéro et les
éléments inversibles sont les mêmes.
Proposition 1.12 Soit cl(m) ∈ Z/nZ. Les conditions suivantes sont équivalentes.
1) n et m sont premiers entre eux,
2) cl(m) est inversible,
3) cl(m) est non-diviseur de 0.
Supposons d’abord que n et m sont premiers entre eux. Alors, il existe une relation
am + bn = 1, avec a, b ∈ Z. On en déduit cl(a)cl(m) + 0 = cl(1) ∈ Z/nZ, ce qui montre
que cl(m) est un élément inversible. Un élément inversible est évidemment non diviseur
de zéro. Il reste à montrer que si cl(m) est non diviseur de zéro, alors (m, n) = 1.
Sinon, soit p un facteur commun à m et n. On a alors m(n/p) = (m/p)n ∈ nZ, donc
cl(m)cl(n/p) = 0 ∈ Z/nZ. Comme cl(n/p) #= 0 ∈ Z/nZ, on a montré que cl(m) est un
divieur de zéro dans Z/nZ (une contradiction).
Corollaire 1.13 L’indicatrice d’Euler φ(n) est le cardinal du groupe des unités U (Z/nZ).
C’est clair !
1) ⇒ 2) : en effet, si n est premier, alors (m, n) = 1 pour tout 0 < m < n, donc
cl(m) ∈ Z/nZ est inversible pour cl(m) #= 0.
2) ⇒ 3) car un corps est un anneau intègre.
3) ⇒ 1) : si 0 < m < n, alors 0 #= cl(m) ∈ Z/nZ, donc cl(m) est non diviseur de zéro
Z/nZ, ce qui implique (m, n) = 1.
Exercice 1.15 1) Décrire les éléments nilpotents de Z/pn Z (ici p est un nombre pre-
mier) et les compter.
2) Décrire les éléments nilpotents de Z/pn q m Z (ici p et q sont des nombres premiers
distincts) et les compter.
3) Décrire les éléments nilpotents de Z/pn1 1 ...pnr r Z et les compter.
3
Corrigé de l’exercice.
1) cl(a)r = 0 ⇔ ar ∈ pn Z, donc cl(a) ∈ Z/pn Z est nilpotent si et seulement s’il existe un entier r > 0 tel
que ar ∈ pn Z, c’est à dire si et seulement si p divise a. Donc les éléments nilpotents de Z/pn Z sont les éléments
cl(tp) ∈ Z/pn Z, avec 1 ≤ t ≤ pn−1 . Il y en a pn−1 (en comptant 0).
Il est intéressant de remarquer qu’un élément de l’anneau Z/pn Z est soit inversible, soit nilpotent. En
conséquenbce, l’anneau est la réunion disjoint de son groupe des éléments inversibles et de l’ensemble des ses
éléments nilpotents.
2) On voit immédiatement que cl(a) ∈ Z/pn q m Z est nilpotent si et seulement si pq divise m. Donc les
éléments nilpotents sont les éléments cl(tpq) ∈ Z/pn q m Z, avec 1 ≤ t et t ∈
/ pn−1 q m−1 Z. Il y en a pn−1 q m−1 .
n1 −1 r −1
3) Ce sont les éléments cl(tp1 ...pr ) ∈ Z/pn nr
1 ...pr Z. Leur nombre est p1
1
...pn
r .
Proposition 2.4 Soit I un idéal d’un anneau A. Le groupe quotient A/I est muni d’une
structure d’anneau telle que l’application classe cl : A → A/I est un homomorphisme
d’anneaux dont le noyau est I.
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Il suffit de vérifier que si a, b ∈ A alors cl(ab) ne dépend que de cl(a) et cl(b).
Autrement dit, si cl(a) = cl(a" ) et cl(b) = cl(b" ) alors cl(ab) = cl(a" b" ). Mais si a − a" ∈ I
et b − b" ∈ I, on a ab − a" b" = a(b − b" ) + b" (a − a" ) ∈ I. On a donc le droit de poser
cl(a)cl(b) = cl(ab). Muni de cette multiplication A/I est clairement un anneau dont
l’élément unité est cl(1). Il est évident que l’application classe est un homomorphisme
d’anneaux et nous savons déja que I = ker(cl).
La proposition qui suit est presque évidente, mais très importante. Il est utile d’y
réfléchir.
Proposition 2.6 Un sous-ensemble non vide I d’un anneau A est un idéal si et seule-
ment si I est stable par combinaison linéaire, autrement dit si et seulement si a, b ∈ I
implique ca + db ∈ I pour tous c, d ∈ A.
Définition 2.7 On dira qu’un ensemble d’éléments (ai ) d’un idéal I est un système de
générateurs de I (ou que les éléments ai engendrent I) si tout élément de I est une
combinaison linéaire (à coefficients dans l’anneau) des éléments ai .
Si un idéal I est engendré par un ensemble fini d’éléments, on dit que I est de type
fini.
Si un idéal I est engendré par un élément, on dit que I est principal.
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Définition 2.8 Un anneau intègre qui n’est pas un corps et dont tous les idéaux sont
principaux est un anneau principal.
Donc Z et l’anneau de polynômes K[X] sur un corps K sont des anneaux principaux.
Exercice 2.9 Montrez qu’un anneau A #= {0} est un corps si et seulement si les seuls
idéaux de A sont {0} et A.
Corrigé de l’exercice.
Soient A un corps et I un idéal tel que I $= (0). Soit 0 $= a ∈ I. Comme a a un inverse, on a I ⊇ aA = A.
Réciproquement, soit 0 $= a ∈ I. On a (0) $= aA, donc aA = A, autrement dit, il existe b ∈ A tel que ab = 1.
C’est l’inverse de a.
2) I + J = {a + b, a ∈ I, b ∈ J} est un idéal de A.
" Plus généralement, si Iα est une famille (éventuellement infinie) d’idéaux de A, alors
α Iα est l’idéal formé des combinaisons linéaires d’éléments des idéaux Iα .
3) Si P ⊂ A est une partie de A, l’idéal engendré par P est l’ensemble des combi-
naisons linéaires d’éléments de P .
4) IJ denote l’idéal engendré par les produits ab, a ∈ I, b ∈ J, autrement dit, c’est
l’idéal engendré par les produits d’un élément de I et d’un élément de J.
2) On en déduit que l’ensemble des éléments nilpotents de A est un sous-groupe de A. Mais si a est nilpotent,
il est clair que ba est aussi nilpotent pour tout b ∈ A, ce qui montre bien que les nilpotents forment un idéal de A.
3) Considérons dans l’anneau Z/6Z les éléments non nuls cl(2) et cl(3). Ils ont diviseurs de 0 car cl(2)cl(3) = 0.
Mais cl(2) + cl(3) = cl(5) = −1 n’est pas diviseur de 0.
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4), 5) C’est Bezout.
6) C’est la définition du ppcm.
7) Il est clair que nmZ ⊂ nZmZ. Réciproquement, si ai ∈ nZ et bi ∈ mZ), pour i = 1, ..., r, il est clair que
P
ai bi ∈ nmZ.
Nous terminons cette section avec un nouveau théorème de factorisation, auquel vous
avez déjà pensé (j’en suis sûr).
Pour conclure sur ce thème, vous devez comprendre le résultat suivant qui explique
en détails la relation entre les idéaux d’un anneau quotient de A et les idéaux de A.
Remarque 2.14 Si I " est un idéal de A, alors cl−1 (cl(I " )) = I + I " (où cl est encore
l’homomorphisme A → A/I). En particulier, si I ⊂ J, alors cl−1 (cl(J)) = I + J = J.
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Exercice 2.16 Décrivez tous les idéaux de Z/nZ en utilisant la décomposition de n en
facteurs premiers.
Corrigé de l’exercice.
r
Nous savons qu’ils sont en correspondance bijective avec les idéaux de Z contenant nZ. Soit n = pr11 ...pkk la
décomposition en facteurs premiers de n. Les idéaux de Z contenant nZ sont les idéaux
s
ps11 ...pkk Z, avec 0 ≤ si ≤ ri pour i = 1, ..., k,
s
ps11 ...pkk Z/nZ, avec 0 ≤ si ≤ ri pour i = 1, ..., k.
Exercice 2.17 Montrer que l’anneau Z/nZ a des éléments nilpotents différents de 0 si
et seulement si n a un facteur carré.
Corrigé de l’exercice.
Si n = p2 m, il est clair que cl(pm) ∈ Z/nZ est un élément non nul et nilpotent.
Réciproquement soit mZ/nZ $= (0) un idéal de Z/nZ (ou m divise n). Soit p un facteur premier de n/m. S’il
existe k tel que mk ∈ nZ, il est clair que p est un facteur premier de m, donc p2 est facteur de n.
φ(mn) = φ(m)φ(n).
Corrigé de l’exercice.
Il est clair que l’homomorphisme de groupes Z → Z/nZ × Z/mZ défini par a → (cln (a), clm (a)) est aussi un
homomotphisme d’anneaux. Le théorème de factorisation s’applique alors.
2) On en déduit l’isomorphisme
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3 Idéaux propres, idéaux premiers, idéaux maximaux
Un idéal I d’un anneau A est dit propre si I #= A. Donc l’anneau quotient d’un anneau
A par un idéal propre est différent de {0}
Définition 3.1 Un idéal I est dit maximal si l’anneau quotient A/I est un corps.
Un idéal I est dit premier si l’anneau quotient A/I est intègre.
Il est clair qu’un idéal maximal est premier et qu’un idéal premier est propre.
Il est tout aussi clair que l’idéal (0) est premier si et seulement si l’anneau est intègre
et qu’il est maximal si et seulement si l’anneau est un corps.
Remarques 3.2 Les idéaux maximaux de Z sont les idéaux pZ pour p premier.
Les idéaux premiers de Z sont les idéaux maximaux et (0).
Les idéaux maximaux de C[X] sont les idéaux (X − α)C[X] pour α ∈ C.
Les idéaux premiers de C[X] sont les idéaux maximaux et (0).
On utilisera souvent la caractérisation suivante des idéaux premiers
Proposition 3.3 Un idéal propre P d’un anneau A est premier si et seulement si
/ P et ab ∈ P ⇒ b ∈ P.
a∈
Pour tout a ∈ A, soit cl(a) ∈ A/P sa classe. Alors ab ∈ P ⇔ cl(ab) = cl(a)cl(b) = 0,
Si P est premier, l’anneau A/P est intègre et on cl(a) = 0 ou cl(b) = 0, soit a ∈ P ou
b ∈ P. Je vous laisse le soin de montrer la réciproque (il faut le faire !).
Corollaire 3.4 Soient I et J des idéaux de A et P un idéal premier de A. Si IJ ⊂ P
et I ! P, alors J ⊂ P.
Soit a ∈ I tel que a ∈
/ P. Comme ab ∈ P pour tout b ∈ J, on a b ∈ P pour tout
b ∈ J, donc J ⊂ P.
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Théorème 3.6 Tout idéal propre est contenu dans un idéal maximal.
Proposition 3.7 1) Un élément nilpotent de A est dans l’intersection des idéaux pre-
miers de A (la réciproque est vraie mais plus difficile à montrer).
2) Unn élément a ∈ A est inversible si et seulement si il n’est contenu dans aucun
idéal maximal.
3) Un élément a ∈ A est dans l’intersection des idéaux maximaux de A si et seulement
si 1 − ab est inversible pour tout b ∈ A.
1) Un anneau intègre n’a pas de nilpotents (sauf 0). L’image, par un homomorphisme,
d’un élément nilpotent a est nilpotent. on en déduit que pour tout idéal premierP, on a
cl(a) = 0 ∈ A/P, autrement dit a ∈ P.
2) a est inversible si et seulement si aA = A, autrement dit si et seulement si a ∈/M
pour tout idéal maximal M.
3) Si a ∈ M (pour tout idéal maximal M de A), alors 1 − ab ∈ / M (sinon on aurait
1 = 1 − ab + ab ∈ M), pour tout idéal maximal M de A, ce qui démontre que 1 − ab est
inversible (d’après 2)).
Réciproquement, s’il existe un idéal maximal M tel que a ∈ / M, alors il existe b ∈ A
tel que cl(a)cl(b) = 1 ∈ A/M. Il en résulte que 1 − ab ∈ M, donc que 1 − ab n’est pas
inversible.
clI (bx + ay) = clI (b)clI (x) = clI (x) et clJ (bx + ay) = clJ (a)clJ (y) = clJ (y),
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Corrigé de l’exercice. P
1) Raisonnons par l’absurde. Supposons qu’il existe un idéal maximal M tel que n k=1 Jk ⊂ M, autrement
dit tel que Jk ⊂ M pour tout k. Comme J1 = I2 ...In ⊂ M, il existe k > 1 tel que Ik ⊂ M. Comme Ik et Is
sont comaximaux pour tout s $= k, on en déduit que Is ! M pour tout s $= k. Il en résulte que Jk ! M, donc
une contradiction. P
2) Considérons Qune décomposition 1 = ai , avec ai ∈ Ji . On a clIi (aj ) = 0 pour i $= j et clIi (ai ) = 1.
n
Si (clIi (xi )) ∈ k=1 A/Ik , on a
X X n
Y
π( a i xi ) = π(ai xi ) = (clIi (xi )) ∈ A/Ik
k=1
Exercice 3.11 Soient I1 , ..., In des idéaux de A. On suppose qu’au plus deux de ces
idéaux ne$sont pas premiers. Soit J un idéal de A tel que J ! Is pour tout s. Montrez
que J ! Is .
Cette exercice est difficile ! Il est connu sous le nom de ”lemme d’évitement”.
Corrigé de l’exercice.
Remarquez d’abord que nous avons déjà résolu cette exercice dans le cas n = 2 à la fin de la section précédente
(dans ce cas les idéaux premiers ne sont pas concernés).
S On fait une récurrence sur n. Par hypothèse deSrécurrence,
il existe pour tout i un élémént ai ∈ J tel que ai ∈
/ s"=i Is . S’il existe i tel que ai ∈/ Ii , alors ai ∈
/ Is et c’est
terminé. On peut donc supposer ai ∈ Ii pour tout i. Si n > 2, on peut supposer que I1 est premier et considérer
l’élément a = a1 + a2 ...an .
Pour i > 1, on a a1 ∈
/ Ii et a2 ...an ∈ Ii , donc a ∈
/ Ii . D’autre part, on a a1 ∈ I1 et a2 ...an ∈
/ I1 donc a ∈
/ I1 .
S
Ceci prouve évidemment a ∈
/ Is .
4 Anneaux principaux
Définition 4.1 Un élément a #= 0 et non inversible d’un anneau intègre A est dit
irréductible si a = bc implique b ou c inversible.
Théorème 4.3 Dans un anneau principal tout élément non nul et non inversible est
produit d’éléments irréductibles.
Si a = ub1 ...bm = vc1 ...cn , où les éléments bi et cj sont irréductibles et les éléments
u et v sont inversibles, alors n = m et il existe σ ∈ Sn tel que bi A = cσ(i) A.
Soit a ∈ A un élément non nul et non inversible. Soit bA un idéal maximal tel que
a ∈ bA. On a a = ba2 . Si a n’est pas produit d’éléments irréductibles, alors a2 non plus
(car b est irréductible). Comme b n’est pas inversible, aA est strictement contenu dans
a2 A. On peut construire ainsi une suite strictement croissante d’idéaux ai A. Montrons
que c’est impossible. Posons I = ∪ai A; il est clair que I est un idéal de A. Comme A est
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principal, il existe d ∈ I tel que I = dA. Comme I = ∪ai A, il existe i tel que d ∈ ai A.
On a alors dA ⊂ ai A ⊂ ai+1 A ⊂ ... ⊂ an A ⊂ ... ⊂ dA, donc la suite n’est pas strictement
croissante; c’est une contradiction.
Pour la deuxième partie de l’énoncé, remarquons que si n = 1 c’est évident. Sup-
posons alors n ≤ m et faisons un récurrence sur n. Comme cn A est maximal (donc
premier), il existe i tel que bi ∈ cn A. Quitte à changer l’ordre des bj , on peut supposer
bm ∈ cn A, soit bm = cn u" . Comme bm est irréductible, u" est une unite et on a bm A = cn A.
Il reste (u" u)b1 ...bm−1 = vc1 ...cn−1 et on conclut par l’hypothèse de récurrence.
Corollaire 4.4 Dans un anneau principal tout idéal non nul a une décompostion unique
comme produit d’idéaux maximaux. En particulier, tout idéal premier non nul est max-
imal.
Il est important de comprendre qu’il n’y a pas unicité du pgcd ou du ppcm de a1 , ..., ak .
Mais deux pgcd de a1 , ..., ak diffèrent par une unité et deux ppcm aussi.
Il est tout aussi important de comprendre que le pgcd et le ppcm sont efectivement
le pgcd et le ppcm.
Plus précisément soir g un pgcd de a1 , ..., ak ∈ A. Il faut montrer qu’un élément
b ∈ A divise les éléments a1 , ..., ak si et seulement s’il divise leur pgcd.
"
Supposons d’abord" ai = " bi b, pour i = 1, ..., n. Comme gA = ai A, il existe une
décomposition g = ai ci = bbi ci qui montre que b divise g.
Réciproquement, comma ai ∈ gA pour tout i, il est clair qu’un diviseur de g divise
ai pour tout i.
Je vous laisse le soin de montrer qu’un élément c ∈ A est un multiple de ai pour tout
i si et seulement si c’est un multiple d’un ppcm des ai .
Remarquez que la notation est bienvenue puisque dire que a et b sont premiers entre
eux, c’est dire que l’idéal (a, b) est l’idéal unité 1A = A.
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Exercice 4.7 Montrez que l’anneau C[X, Y ] n’est pas principal.
Corrigé de l’exercice.
L’idéal (X, Y ) ⊂ C[X, Y ] est propre mais n’est pas principal. En effet, il contient X et Y et ces deux polynômes
n’ont pas de diviseurs communs autres que les éléments de C∗ .
Exercice 4.8 Soit p un nombre premier. Montrez que l’ensemble des fractions m/n ∈ Q
telles que n ∈
/ pZ est un anneau A tel que Z ⊂ A ⊂ Q. Montrez que A est un anneau
principal qui n’a qu’un seul idéal maximal.
Corrigé de l’exercice.
Il est clair que si m/n, m$ /n$ ∈ A, on a m/n + m$ /n$ = (mn$ + m$ n)/nn$ ∈ A et mm$ /nn$ ∈ A. On en déduit
que A est un anneau. La double inclusion Z ⊂ A ⊂ Q est évidente.
Remarquons ensuite que pour a ∈ A, il existe r ≥ 0 tel que a = (p/1)n u, où u est un élément inversible de
A. En effet, si m = pr l, avec (l, p) = 1, on a m/n = pr i/n = (p/1)r (l/n). Mais comme l/n est évidemment un
élément inversible de A car n/l ∈ A. Il reste à démontrer que pour tout idéal non nul I ⊂ A il existe r ≥ 0 tel
que I = (p/1)r A. Considérons pour cela le plus petit r tel que (p/1)r ∈ I; il est alors clair que I = (p/1)r A.
5 Anneaux noethériens
Définition 5.1 Un anneau dont tout idéal est de type fini est dit noethérrien
Un corps K est évidemment noethérien (les idéaux (0) et K sont évidemment de type
fini). Un anneau principal est noethérien.
Soit I un idéal de l’anneau noethérien A. Nous savons qu’un idéal J " de A/I est
l’image par l’application classe d’un idéal de A. Autrement dit, il est de la forme J/I où
J est idéal de Acontenant I. Si J = (a1 , ..., ak ), il est clair que J/I = (cl(a1 ), ..., cl(ak )).
Remarque 5.3 Je vous rappelle qu’une suite (xn )n est dite stationnaire s’il existe un
entier m tel que xn = xm pour n ≥ m.
Théorème 5.4 Un anneau est noethérien si et seulement si toute suite croissante d’idéaux
est stationnaire.
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Supposons d’abord A noethérien et soit I0 ⊂ I1 ⊂ .... ⊂ In ⊂ ... une suite croissante
d’idéaux. On vérifie facilement que I = ∪n In est un idéal. Soit (a1 , ..., ak ) un systèmme
de générateurs de I. Il est clair qu’i existe n tel que a1 , ..., ak ∈ In . On en déduit
I ⊂ In ⊂ In+1 ⊂ ... ⊂ I, donc In = Im pour m ≥ n.
Réciproquement soient I un idéal de A et a1 ∈ I. Si I n’est pas de type fini, il existe
a2 ∈ I avec a2 ∈ / a1 A, puis a3 ∈ I avec a3 ∈ / (a1 , a2 ), ..... On peut construire ainsi une
suite strictement croissante infini d’idéaux. Ceci contredit l’hypothèse.
Hilbert a montré qu’un anneau de polynômes (à plusieurs variables) sur un corps
est noethérien. C’est un Théorème fondamental de la géométrie. Il s’interprète en
remarquant que si E est un sous-ensemble de Cn , les polynômes P ∈ C[X1 , ..., Xn ] qui
s’annullent en tous les points de E sont les combinaisons linéaires d’un nombre fini de
polynômes. En effet, il est simple de montrer que ces polynômes forment un idéal et on
conclut par le Théorème de Hilbert (que nous énoncons et démontrons maintenant).
Théorème 5.5 Si A est un anneau noethérien, alors l’anneau de polynômes A[X] est
noethérien.
Soit I un idéal de A[X]. Pour tout n, soit Jn l’ensemble des coefficients dominants
des polynômes de degré n qui sont éléments de I (je vous rappelle que 0 a tous les degrés,
donc 0 ∈ Jn ).
On vérifie facilement que (Jn )n est une suite croissante d’idéaux de A. En effet, si
a ∈ Jn est le coefficient dominant d’un polynôme P ∈ I ⊂ A[X] de degré n, alors a est
le coefficient dominant du polynôme XP , dont le degré est n + 1, et a ∈ Jn+1 . Il existe
donc un entier m tel que Jn = Jm pour n ≥ m.
Pour i ≤ m, soit (ai,j ) un système fini de générateurs de Ji et soit Pi,j un polynôme
de degré i de I dont le coefficient dominant est ai,j . Soit I " l’idéal engendré par les
polynômes Pi,j . Montrons I = I " .
Soit Q ∈ I. Si Q est de degré 0, c’est une combinaison linéaire des éléments P0,j ,
donc Q ∈ I " . Faisons une récurence sur le degré d de Q et supposons que tout polynôme
de I de degré < d est dans
" I . Soit a le coefficient "
" dominant de Q. Si d ≤ m, il existe
une décomposition a = bj ad,j . Le polynôme Q − bj Pd,j est de degré < d. Comme " il
est dans I, il est dans"I " et Q aussi. Si d > m, il existe une décomposition a = bj am,j
et le polynôme Q − bj X d−m Pd,j est de degré < d. Il est dans I, donc dans I " et Q
aussi.
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2) On remarque d’abord que C[X, Y ]/(X − 1) / C[Y ]. On en déduit que tout polynôme P ∈ C[X, Y ] peut
s’écrire sous la forme P = (X − 1)Q + P1 (Y ), où P1 ∈ C[Y ]/. On a alors P (1, a) = (1 − 1)Q + P1 (a) = P1 (a). Il en
résulte que P (1, a) = 0 pour tout a ∈ C si et seulement si P1 = 0, c’est à dire si et seulement si P ∈ (X −1)C[X, Y ].
Exercice 5.7 Soient a, b ∈ C, avec a #= b. Montrez que tout polynôme P ∈ C[X] peut
s’écrire comme combinaison linéaire d’un polynôme ayant a pour racine et d’un polynôme
ayant b pour racine.
Corrigé de l’exercice.
On a évidemment 1 = (X − a)/(b − a) − (X − b)/(b − a), donc
Définition 5.8 Un anneau quotient d’un anneau de polynômes sur anneau A est appelé
A-algèbre de type fini.
Exercice 5.10 Montrez que Q n’est pas une Z-algèbre de type fini.
Corrigé de l’exercice.
Supposons Q = Z[a1 , ..., ak ], avec ai ∈ Q. Soit n un dénominateur commun des ai . Soit maintenant z ∈ Q.
Il existe un polynôme P ∈ Z[X1 , ..., Xk ] tel que z = P (a1 , ..., ak ). Si P est de degré ≤ d, on a alors nd z ∈ Z. Si
p est un nombre premier, il existe donc un entier d tel que nd /p ∈ Z. Finalement tout nombre premier divise n.
C’est idiot !
Remarque 5.11 Une algèbre de type fini sur un anneau noethérien est un anneau
noethérien; en particulier une algèbre de type fini sur un corps est un anneau noethérien.
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6 Anneaux de fractions d’un anneau intègre
Vous savez que dans Q on a n/m = a/b si et seulement si nb = am. C’est évident
mais il n’est pas inutile de le rappeler. Donc on pourrait définir Q comme l’ensemble
quotient de l’ensemble des couples (n, m) ∈ Z, avec m #= 0, par la relation d’équivalence
(n, m) ∼ (a, b) ⇔ nb = am.
Plus généralement, soit A un anneau intègre. On considère l’ensemble des couples
(a, s), avec a, s ∈ A et s #= 0 et son quotient par la relation d’équivalence (a, s) ∼
(a" , s" ) ⇔ as" = a" s; on note a/s la classe d’équivalence de (a, s) et K(A) l’ensemble de
ces classes. On démontre facilement (faites le!) l’énoncé suivant.
Proposition 6.1 Soit A un anneau intègre. L’ensemble K(A) muni des lois
(a/s) + (b/t) = (at + bs)/st et (a/s)(b/t) = ab/st
est un corps.
L’application A → K(A) définie par a → a/1 est un homomorphisme injectif d’anneau
qui identifie A à un sous-anneau du corps K(A).
On peut donc dire que le corps des fractions d’un anneaux intègre est le plus petit
corps contenant cet anneau.
Il est tout à fait important de comprendre que pour un anneau intègre A quel-
conque une fraction a/b n’a pas, comme dans Q, une forme réduite naturelle. L’existence
d’une forme réduite pour une fraction de Q se déduit de l’existence et de l’unicité de la
décomposition en facteur premier.
Si A est un anneau principal, on peut réduire une fraction (non nulle) et la representer
par a/b où a et b sont premiers entre eux.
Exercice 6.4 Soienr a/b et a" /b" deux fractions réduites du corps des fractions K(A)
d’un anneau principal A.
Montrez que a/b = a" /b" si et seulement si aA = a" A et bA = b" A.
Corrigé de l’exercice.
Supposons a/b = a$ /b$ . Ceci est équivalent à ab$ = a$ b. Comme a et b sont premiers entre eux (cela a
parfaitement un sens dans un anneau principal), alors a divise a$ . De même a$ divise b car a$ et b$ sont premiers
entre eux. Je vous laisse conclure ...
16
On a identifié (une fois pour toutes) un anneau intègre A à un sous-anneau de son
corps des fractions. Parmi les sous-anneau de K(A) contenant A on est particulièrement
intéressé par ceux correspondant à une famille autorisée de dénominateurs.
C’est tout à fait clair: a/s + b/t = (at + bs)/st et (a/s)(b/t) = at/bs; de plus
a/1 ∈ S −1 A pour tout a ∈ A et en particulier 0/1 ∈ S −1 A et 1/1 ∈ S −1 A.
Remarque 6.7 La partie T = A − {0} est multiplicativement stable (car A est intègre)
et T −1 A = K(A).
!
Théorème 6.10 Soit A un anneau intègre. On a A = M AM , l’intersection étant
prise sur l’ensemble des idéaux maximaux.
Notez bien qu’il s’agit d’une intersection de sous-anneaux du corps des fractiions
K(A) de A. !
Soit f ∈ M AM . Il est clair que l’ensemble A : f = {s ∈ A : sf ∈ A} est un idéal
de A. Soit M un idéal maximal de A. Comme f ∈ AM , il existe s ∈ / M tel que f = a/s,
donc sf = a ∈ A. Ceci montre que A : f n’est pas contenu dans M, donc A : f n’est
contenu dans aucun idéal maximal. Il en résulte A : f = A, donc f ∈ A.
17
Exercice 6.12 Soient A un anneau principal et s1 , ..., sk ∈ A. Soit g ∈ A un pgcd des
éléments si , autrement dit un élément tel que (s1 , ..., sk ) = gA..
Montrez que Ag = ∩i Asi .
Corrigé de l’exercice.
Comme si = gci , on a a/g n = acn n n n n
i /g ci = aci /si ∈ Asi , donc Ag ⊂ ∩i Asi .
n n
Réciproquement, soit b ∈ ∩i Asi . Alors, il existe ni tel que si i b ∈ A. Si f est un pgcd des éléments si i , alors
f b ∈ A, donc b ∈ Af . Il suffit maintenant de remarquer que f et g ont les mêmes facteurs irréductibles. On en
déduit qu’il existe m et n tels que f m ∈ gA et g n ∈ f A. On conclut alors.
18
tel que n/m = pr u. Si n/m n’est pas inversible, alors r > 0, ce qui montre que tout élément non inversible est
contenu dans l’idéal propre pZ(p) , qui est donc bien l’unique idéal maximal.
3) S est clairement une partie multiplicativement stable de Z (lemme de Gauss). Remarquons ensuite que
pi = pi /1 n’est pas inversible dans l’anneau S −1 Z. Soit alors n/m ∈ S −1 Z, avec m ∈ S. Il existe des entiers ri ≥ 0
r r
tel que n = pr11 ...pkk n$ , avec n$ ∈ S. Si u = n$ /m, c’est un élément inversible de S −1 Z tel que n/m = pr11 ...pkk u.
Si n/m n’est pas inversible, alors il existe i tel que ri > 0, ce qui montre que tout élément non inversible est
contenu un des idéaux propres pi S −1 Z.
On peut alors conclure par l’une des deux méthodes suivantes.
- Soit I est un idéal propre de S −1 Z et soit dZ = I ∩ Z. Il est immédiat de montrer que I = dS −1 Z. Comme
d n’est pas inversible, il existe i tel que d = d/1 ∈ pi Z, donc I ⊂ pi Z. Ceci montre que tout idéal propre est
contenu dans l’un des idéaux propres pi S −1 Z, donc que ceux-ci sont les idéaux maximaux de S −1 Z.
- Vous pouvez utiliser le lemme d’évitement, en montrant d’abord que les idéaux propres pi S −1 Z sont premiers.
Comme on a montré que tout élément non inversible est contenu dans la réunion (finie) de ces idéaux, il en résulte
que tout idéal propre est contenu dans la réunion de ces idéaux, donc dans l’un d’entre par le lemme d’évitement.
Supposons que S −1 Z est une Z-algèbre de type fini. Soient alors a − 1, ..., ar ∈ S −1 Z des éléments tels
que S −1 Z = Z[a1 , ..., ar ]. Autrement dit, pour tout n/m ∈ S −1 Z, il existe un polynôme P ∈ Z[X1 , ..., Xr ] tel
que n/m = P (a1 , ..., ar ). Soit s le produit des dénominateurs des ai . On en déduit que pour l assez grand
sl n/m = sl P (a1 , ..., ar ) ∈ Z. Ceci démontre que sl /p ∈ Z pour tout premier p et pour l assez grand, donc que
tout nombre premier p divise s. C’est impossible!
4) Il y a deux questions !
L’une est une conséquence immédiate de l’exercice suivant. Elle démontren que les idéaux Mi S −1 A =
{a/s, avec a ∈ Mi et s ∈ S} sont des idéaux maximaux de S −1 A.
L’autre dépend aussi de l’exercie suivant mais elle est plus difficile. Il faut utiliser le Lemme d’évitement.
Soit P $ un idéal premier de S −1 A. Posons P = P $ ∩ A. Il faut montrer qu’il existe i tel que P ⊂ Mi . Mais on
sait que P ∩ S = ∅, c’est à dire P ⊂ A − S = ∪Mi . Mais si un idéal est contenu dans la réunion d’un nombre fini
d’idéaux premier, on a vu qu’il était contenu dans l’un d’entre eux (c’est le Lemme d’évitement), donc il existe
bien i tel que P ⊂ Mi .
A → S −1 A → S −1 A/P $ .
Comme l’anneau S −1 A/P $ est intègre, on en déduit que A/P est intègre (théorème de factorisation) donc
que P est premier. Il est clair que P $ ∩ S = ∅, donc que P ∩ S = ∅.
3) Il faut démontrer PS −1 A ∩ A = P et (P $ ∩ A)S −1 A = P $ . Faites le!
19
7 Modules, sous-modules, homomorphismes, modules quo-
tients
Dans cette section A est toujours un anneau commmutatif.
Définition 7.1 Soit M, + un groupe commmutatif. On dit que M est un A-module s’il
existe une application A × M → M , où on note ax l’image de (a, x), telle que
1) a(x + y) = ax + ay pour a ∈ A et x, y ∈ M ,
2) (a + b)x = ax + bx pour a, b ∈ A et x ∈ M ,
3) 1x = x et a(bx) = (ab)x pour a, b ∈ A et x ∈ M ,
Si l’anneau A est un corps K, on dit que M est un K-espace vectoriel.
20
Définition 7.5 1) Soient x1 , ..., xn ∈ M . Les éléments de la forme a1 x1 + a2 x2 + ... +
an xn , avec ai ∈ A, sont les combinaisons linéaires des xi .
On note parfois cet ensemble Ax1 + ... + Axn . C’est le sous-module de M engendré
par les éléments x1 , ..., xn .
2) Si E ⊂ M , l’ensemble des combinaisons linéaires (d’un nombre fini) d’éléments de
E est le sous-module de M engendré par E. C’est évidemment le plus petit sous-module
de M contenant E.
Si cet ensemble est M , on dit que E engendre M .
Si M est engendré par un nombre fini d’éléments, on dit que M est un A-module de
type fini. "
3) Si (Ni )i∈I est une famille de sous-modules de M , on note i∈I Ni le sous-module
de M engendré par ∪i∈I Ni . C’est évidemment le plus petit sous-module de M contenant
tous les sous-modules Ni .
Si I = {1, ..., n}, on note aussi ce sous-module N1 + N2 + ... + Nn .
On a N1 + N2 + ... + Nn = {x1 + ... + xn }, avec xi ∈ Ni pour tout i.
Remarquez que le A-module A est engendré par 1. Remarquez aussi que si I est un
idéal, alors le A-module A/I est engendré par cl(1).
Notez enfin que An est engendré par les n éléments (1, 0, 0, .., 0), (0, 1, 0, .., 0),...,(0, 0, .., 0, 1).
21
On a alors la réciproque attendue.
M/K + N.
Vous connaissez déjà cette application du théorème de factorisation dans le cas des
groupes commutatifs. Comme N " → N " + N → (N " + N )/N est un homomorphisme de
A-modules, toutes les applications induites sont linéaires, ce qui démontre l’énoncé.
22
1) On suppose d’abord que x1 , ..., xn engendrent N et que cl(y1 ), ..., cl(ym ) engendrent
M/N . Montrons que x1 , ..., xn , y1 , ..., ym engendrent M . Soit z ∈ M . Il y a"dans M/N
une décomposition
" cl(z) = b1 cl(y1 ) + ... + bm cl(y
"m ). On"en déduit cl(z − bi yi ) = 0,
donc z − bi yi ∈ N et une décomposition z − bi yi = aj xj .
2)"Supposons maintenant que z1 , ...zk engendrent M ". Si z ∈ M , on a une relation
z = ci zi , donc, dans M/N , une relation cl(z) = ci cl(zi ). Ceci montre que les
éléments cl(z1 ), ...cl(zk ) engendrent M/N .
3) Supposons maintenant que A est noethérien et montrons que N est de type fini.
Faisons une récurrence sur le nombre de générateurs k de M . Si k = 1, alors l’application
f : A → M définie par f (a) = az1 est surjective; l’image inverse de N est un idéal I de
A tel que f (I) = N . Comme I est de type fini, N aussi d’après 2).
Pour k > 1, considérons le sous-module M " de M engendré par z1 , ...zk−1 . Remar-
quons d’abord que N ∩ M " est de type fini par hypothèse de récurrence. Notons ensuite
que N ∩ M " est le noyau de l’application linéaire composée N ⊂ M → M/M " . Par le
théorème de factorisation, on en déduit que N/(N ∩ M " ) est isomorphe à un sous-module
de M/M " , donc que N/(N ∩ M " ) est de type fini (hypothèse de récurrence). On conclut
alors avec 1).
Pour 1), on fait une récurrence sur n, le résultat étant déja démontré pour n ≤ 2.
Par hypothèse de récurrence Mn−1 est de type fini. Mais Mn /Mn−1 est de type fini, donc
M = Mn aussi.
Pour 2), Mi et Mi+1 sont de type fini pour i ≥ 0 , donc Mi+1 /Mi aussi.
Exercice 8.4 Donnez un exemple d’un anneau noethérien A et d’un A-module M en-
gendré par un élément tel qu’il existe un sous-module N de M qui n’est pas engendré par
1 élément.
Corrigé de l’exercice.
Prenez A = C[X, Y ] = M et N = (X, Y ) = AX + AY . Il est clair que A est monogène comme A-module et
que l’idéal (X, Y ) ne peut pas être engendré par un seul élément.
23
Cela doit vous faire réfléchir! En effet vous savez que si E est un K-espace vectoriel
engendré par n éléments, il est de dimension ≤ n, donc tout sous-espace vectoriel est de
dimension ≤ n et peut donc être en engendré par n éléments. Les choses se compliquent
donc pour les modules sur un anneau. On savait déjà que lorsque l’anneau n’est pas
noethérien, un sous-module d’un module de type fini n’est pas toujours de type fini. On
comprend maintenant que dans le cas noethérien, un sous-module d’un module engendré
par kéléments n’est pas nécessairement engendré par k éléments. A méditer!
fi = pi ◦ f pour tout i ∈ I.
#
Il est clair que f est un homomorphime. Si g : N → i∈I Mi est un homomorphisme
tel que fi = pi ◦ f , on a nécessairement g(x) = (fi (x))i , donc g = f .
#
Définition 9.2 # La somme directe ⊕i∈I Mi est le sous-ensemble de P = i Mi formé des
éléments (xi ) ∈ i Mi tels que xi = 0 sauf pour un nombre fini de i.
&
Il est
# clair que la SOMME DIRECTE i∈I Mi est un SOUS-MODULE DU PRO-
DUIT i∈I Mi .
En effet, si xi = yi = 0 sauf pour un nombre fini de i, alors axi + byi = 0 sauf pour
un nombre fini de i, pour tous a, b ∈ A.
Il est tout aussi clair que si I est fini, par exemple si I = {1, ..., n}, alors
n
' n
%
Mi = Mi
i=1 i=1
24
(
f : ⊕i Mi → N définie par f (xi ) = fi (xi )
i
"
(notez bien que i fi (xi ) a un sens car la somme est finie) est un homomorphisme,
et c’est l’unique homomorphisme tel que
fj = f ◦ aj pour tout j.
"
On pose f ((xi )i ) = fi (xi ). On a évidemment fj = f ◦ aj pour tout j. Je vous
laisse le soin de vérifier l’unicité.
et on conclut.
Remarquez que vous retrouvez la notion d’espace vectoriel somme directe de sous-
espaces vectoriels.
Définition 9.5 Soit M un A-module " et soient x1 , ..., xn ∈ M . On dit que ces éléments
sont linéairement indépendants si i ai xi = 0, avec ai ∈ A, est équivalent à ai = 0 pour
tout i.
Si (xi )i∈I est une famille (éventuellement infinie) d’éléments de M , on dit que les xi
sont linéairement indépendants si toute sous-famille finie est formée d’éléments linéairement
indépendants.
Bien entendu, si des éléments ne sont pas linéairement indépendants, nous dirons
qu’ils sont linéairement dépendants.
ATTENTION, une difficulté nouvelle apparaı̂t : un élément non nul x ∈ M n’est pas
nécessairement linéairement indépendant. En effet, il peut exister a ∈ A, avec a #= 0, tel
que ax = 0.
Considérez par exemple un idéal propre non nul I dans un annneau A qui n’est pas
un corps. Vous remarquez que A/I ne contient pas d’élément linéairement indépendant.
C’est clair car a ∈ I implique ax = 0 pour tout x ∈ A/I.
25
Définition 9.6 Si (ei )i∈I est une famille d’éléments de M linéairement indépendants et
engendrant M , on dit que c’est une base de M .
Je compte sur vous pour démontrer sans moi le résultat suivant (qui doit vous rappeler
quelque chose ...).
ATTENTION, il y a des modules (de type fini) qui ne sont pas libre. On vient de
voir que si I #= (0) est un idéal propre d’annneau A, alors A/I ne contient pas d’élément
linéairement indépendant. A fortiori A/I ne peut pas être un A-module libre.
C’est le moment de démontrer l’énoncé qui suit, que vous attendiez, et que vous
connaissez lorsque A est un corps.
C’est une conséquence du résultat plus fort suivant (que je vous demande de bien
noter). La démonstration est aussi importante. Elle montre bien que le calcul matriciel
(pour les matrices à coefficients dans un anneau) est un outil utile, que vous connaissez
bien. Notez bien que les opérations sommes et produits sont évidemment suffisantes pour
opérer la somme et le produit de deux matrices (lorsque ceux-ci sont possibles) et pour
calculer le déterminant d’une matrice carrée.
26
Soientt (x1 , ..., xn ) ∈ M et z1 , ..., zn+1 ∈ M des combinaisons linéaires des xi . Mon-
trons que les éléments zi sont linéairement dépendants.
Considérons
"nune matrice (à n + 1 lignes et n colonnes) (aij ), à coefficients dans A,
telle que zi = j=1 aij xj . Autrement dit, on a
z1 x1
z2 x2
. = (aij ) .
. .
zn+1 xn
Soit k le plus grand entier tel que la matrice (aij ) a un k-mineur non nul.
Si k = n, considérons Ti la matrice obtenue en supprimant la i-ème ligne de (aij ) et
posons Di = (−1)i det(Ti ) ∈ A. Si C est une colonne de (aij ), on a (D1 , ..., Dn+1 )C = 0,
car c’est le déterminant d’une matrice (n + 1) × (n + 1) ayant deux colonnes identiques
(développé le long d’une colonne). On en déduit (D1 , ..., Dn+1 )(aij ) = 0 et
z1 x1
z2 x2
(D1 , ..., Dn+1 )
. = (D1 , ..., Dn+1 )(aij )
. =0
. .
zn+1 xn
Autrement dit D1 z1 + .... + Dn+1 zn+1 = 0 (nous avons supposé que les Di n’étaient
pas tous nuls).
Si k < n, on peut supposer, quitte à changer l’ordre des xj et des zl , que le k-mineur
porté par les k premières lignes et les k premières colonnes est non nul.. Montrons alors
que les éléments z1 , ..., zk+1 sont linéairement dépendants.
soit Ti la matrice k × k obtenue en supprimant la i-ème ligne de la matrice extraite
N = (aij ) avec 1 ≤ i ≤ k + 1 et 1 ≤ j ≤ k.
Posons Di = (−1)i det(Ti ). On a
a1j
a2j
(D1 , ..., Dk+1 )
. =0
.
ak+1,j
Remarque
" 9.13 Remarquez qu’on a en fait montrer un résultat plus précis. Soient
zi = aij xj . Si tous les (k + 1)-mineurs de la matrice (aij ) sont nuls, il y a au plus k
éléments linéairement indépendants parmi les xi .
27
On aurait aussi pu montrer que toutes les bases d’un A-module libre ont même
cardinal en revenant au cas déjà connu des espaces vectoriels sur un corps.
En effet, soit (e1 , ..., en ) une base de M . Soit M un idéal maximal
" de A. Considérez
l’homomorphisme f : A → M/MM défini par f (a1 , ..., an ) =
n ai cl(ei ). Son noyau
est Mn et le théorème de factorisation induit un isomorphisme (A/M)n + M/MM . Il
reste à vérifier que l’existence d’un isomorphisme de A-modules (A/M)n + (A/M)m
implique m = n. Mais un tel isomorphisme est aussi un isomorphisme de A/M-espaces
vectoriels!
Corollaire 9.14 Si M est un A-module libre de rang n et si (z1 , ..., zn ) est un système
de générateurs de M , alors (z1 , ..., zn ) est une base de M .
"
Considérons pour chaque i la décomposition zi = aij ej .
Comme
" (z1 , ..., zn ) est un système de générateurs de M , il existe une des décompositions
ei = bij zj . On en déduit
e1 e1
e2 e2
. = (bij )(aij ) .
. .
en en
Ceci démontre (bij )(aij ) = In (où In la matrice identité à coefficients dans A), car
(
ei = cij ej ⇔ cii = 1 et cij = 0 pour j #= i.
"
Une relation αi zi = 0 implique alors (α1 , ..., αn )(aij ) = 0.
On en déduit (α1 , ..., αn )(aij )(bij ) = 0, donc (α1 , ..., αn )In = 0, c’est à dire αi = 0
pour tout i.
Exercice 9.15 Soit M un A–module libre de rang n et soit (e1 , ..., en ) une base"de M .
Considérez n éléments z1 , ..., zn ∈ M et pour chaque i la décomposition zi = aij ej .
Montrez que les conditions suivantes sont équivalentes :
1) (z1 , ..., zn ) est une base de M ,
2) la matrice (n × n, à coefficients dans l’anneau A) (aij ) est inversible,
3) le déterminant de la matrice (aij ) est un élément inversible de l’anneau A.
Corrigé de l’exercice. P
1) ⇒ 2). Si (z1 , ..., zn ) est une base, il existe une des décompositions ei = bij zj . On en déduit
0 1 0 1
e1 e1
B e2 C B e2 C
B C B C
B . C = (bij )(aij ) B . C
@ . A @ . A
en en
Ceci démontre (bij )(aij ) = In (où In la matrice identité à coefficients dans A), car
X
ei = cij ej ⇔ cii = 1 et cij = 0 pour j $= i.
28
10 Modules sur un anneau intègre, torsion, rang
Soient A un anneau intègre et M un A-module. On dit qu’un élément x ∈ M est de
torsion s’il existe a ∈ A, a #= 0 tel que ax = 0. Il est clair que x est de torsion si et
seulement si x n’est pas linéairement indépendant.
Proposition 10.2 Soit M un A-module de type fini de torsion (i.e. tel que M = T (M )).
Il existe a ∈ A, avec a #= 0, tel que aM = 0 (c’est à dire tel que ax = 0 pour tout x ∈ M ).
Nous introduisons maintenant la notion de rang d’un module de type fini sur un
anneau intègre, avec bien entendu le projet d’énoncer et de démontrer un ”théorème du
rang”, qui généralise celui que vous connaissez pour les espaces vectoriels sur un corps.
29
Notons que, par définition, un sous-module d’un module de rang fini est de rang fini
Notons aussi que si M est de type fini, engendré par k éléments, alors k + 1 éléments
de M ne peuvent pas être linéairement indépendants.
Remarquons d’abord que k ≤ r par définition du rang. Supposons qu’il n’existe pas
xk+1 ∈ M tel que x1 , ..., xk+1 sont linéairement indépendants. Soient alors y1 , ...,"
yr ∈ M
des éléments linéairement indépendants. Il existe bi #= 0 ∈ A tels que bi yi ∈ k1 Axi .
"
Posons b = b1 ...br . On remarque que les éléments by1 , ..., byr ∈ k1 Axi sont linéairement
indépendants. On en déduit r ≤ k, ce qui démontre l’énoncé.
30
"
Pour tout i, il existe ci #= 0 ∈ A tel que ci cl(yi ) ∈ l1 Acl(zj ). Si c = c1 ...cs , il existe
" "
une relation ccl(yi ) = l1 dij cl(zj ) pour tout i. On en déduit vi = cyi − l1 dij zj ∈ N . De
"
même, on trouve un élément α #= 0 ∈ A tel que αvi ∈ k1 Axi pour tout i = 1, ..., s. Il en
" "
résulte que (αc)yi ∈ k1 Axi + l1 Azj . Comme les s éléments (αc)yi sont linéairement
indépendants, on en déduit s ≤ k + l.
Supposons maintenant que N ou M/N est de rang infini et montrons que M est aussi
de rang infini.
Si N est de rang infini, il en est évidemment de même pour M . Si M/N est de
rang infini, pour tout r ≥ 0, on peut trouver r éléments linéairement indépendants
c(z1 ), ..., cl(zr ) ∈ M/N . "
On remarque que les"éléments z1 , ..., zr ∈ M sont linéairement
indépendants. En effet, ai zi = 0 implique ai cl(zi ) = 0, donc ai = 0 pour tout i.
Exercices 10.9 1) Si I = # (0) est un idéal d’un anneau intègre A, montrez que I est de
rang 1.
2) Soient A un anneau intègre, M un A-module de type fini et N un sous-module de
type fini de M . Montre que rg(M ) = rg(N ) si et seulement si M/N est un module de
torsion.
3) Soient A un anneau intègre et N et N " deux sous-modules d’un A-module de type
fini M . Montrez que rg(N + N " ) + rg(N ∩ N " ) = rg(N ) + rg(N " ).
4) Soient A un anneau intègre et t f : L → F un homomorphisme de A-modules libres
de type fini. Soient (ei ) (resp. (fj )) une base de L (resp. F ). Montrez que rg(f (L)) est
le rang de la matrice de f dans les bases (ei ) et (cj ); c’est à dire le plus grand entier k
tel que cet matrice ait un k-mineur non nul.
Corrigé des exercices.
1) D’après le théorème du rang, cette assertion est équivalente à rg(A/I) = 0. Mais si a ∈ I et a $= 0, il est
clair que acl(b) = 0 pour tout cl(b) ∈ A/I, donc A/I ne contient pas d’élément linéairement indépendant.
2) On a (théorème du rang) rg(M ) = rg(N ) ↔ rg(M/N ) = 0. Mais rg(M/N ) = 0 si et seulement si tout
élément de M/N est linéairement dépendant, c’est à dire de torsion.
3) Considérons l’homomorphisme surjectif s : N ⊕ N $ → N + N $ , défini par s(x, x$ ) = x − x$ . Soit K son
noyau. On a rg(N ) + rg(N $ ) = rg(N ⊕ N $ ) = rg(N + N $ ) + rg(K). Il nous reste à montrer rg(K) = rg(N ∩ N $ .
Montrons K / N ∩ N $ . Pour cela on remarque que l’homorphisme injectif d : N ∩ N $ → N ⊕ N $ défini par
d(x) = (x, x) a pour image K.
4) Cet exercice est plus difficile. Soit r = rg(f (L)). Les éléments f (e1 ), ..., f (en ) engendrent f (L). On sait
qu’on peut en extraire r éléments, par exemple f (e1 ), ..., f (ek ), linéairement indépendants. Montrons alors que les
k premières colonnes de la matrice de f sont linéairement indépendantes et que P les colonnes suivantes dépendent
de celles-ci, c’est à dire que le rang de cette matrice est r. Posons f (ej ) = ai,j ci . Considérons une relation
entre les éléments f (ej )
X X X X X
bj f (ej ) = bj ( aij ci ) = ( bj aij )ci
i i j
Autrement dit
0 1
a1j
X X B a2j C
B C
bj f (ej ) = 0 ⇔ bj B . C=0
@ . A
anj
Ceci montre, comme vous l’aviez déjà compris, que les relations entre entre les éléments f (ej ) sont les mêmes que
les relations entre les colonnes de la matrice de f .
Remarquez que la remarque 9.13 montre que si le rg(f (L)) = k, les k-mineurs de la matrice ne sont pas tous
nuls.
31
11 Modules de type fini sur un anneau principal
Proposition 11.1 Un sous-module d’un module libre de rang fini sur un anneau prin-
cipal est libre.
p(a1 , ..., an ) = an .
Corollaire 11.2 Un module de type fini sans torsion sur un anneau principal est libre.
Soit r le rang du A-module sans torsion M (l’anneau A est principal). " Soient
x1 , ..., xr ∈ M des éléments linéairement indépendants. Le A-module
" M/( Axi ) est
de torsion " et de type fini.
" Il existe donc a ∈ A tel que a(M/( Ax i ) = 0, soit
aM ⊂ Axi . Comme Axi = ⊕Axi est un A-module libre, il en résulte que aM
est libre. Mais, comme M est sans torsion, l’homomorphisme M → aM , défini par
x → ax est évidemment un isomorphisme, donc M est libre.
Corollaire 11.3 Soient A un anneau " principal et L un A-module libre de type fini.
Soient (fi ) une base de L et x = αi fi ∈ L un élément #= 0. Les conditions suivantes
sont équivalentes
1) Il existe un sous-module libre L" de L tel que L = Ax ⊕ L" (autrement dit x fait
partie d’une base de L).
2) x fait partie d’une base de L
3) x"∈ / aL pour tout élément irréductible a ∈ A.
4) αi A = A (autrement dit le pgcd des éléments αi est 1.
1) ⇒ 2)
Soit (x2 , ..., xt ) une base de L" . Il est clair que tout élément z ∈ L a une unique
décomposition z = ax + a2 x2 + ... + at xt , donc (x, x2 , ..., xt ) est une base de L (ce qui
implique évidemment t = n − 1).
32
2) ⇒ 3) "
xn ) une base de L. Supposons x = ay, avec y = αx + n2 αi xi .
Soit donc (x, x2 , ...,"
On a alors x = aαx + n2 aαi xi , ce qui prouve aα = 1 (et aαi = 0), donc a n’a pas de
facteurs irréductibles.
3) ⇒ 4)
Si les éléments α"
i ne sont pas de pgcd 1, ils ont un diviseur irréductoble commun a.
Ceci implique x = a (αi /a)fi ∈ L.
4) ⇒ 1) "
Considérons une relation αi βi = 1 et l’homomorphisme h : L → A défini par
h(fi ) = βi . On a h(x) = 1. Montrons que L = Ax ⊕ kerh. Soit z ∈ L et h(z) = b.
On a z = bx + (z − bx). Comme h(z − bx) = 0, on a montré z ∈ Ax + ker h, donc
L = Ax + ker h. Enfin si αx ∈ Ax ∩ ker h, on a 0 = h(αx) = α, ce qui montre bien que
la somme est directe, donc L = Ax ⊕ kerh. Comme kerh est libre, on a montré 1).
Voici enfin le résultat principal de cette section (le Théorème de la base adaptée).
33
Comme
aA ⊂ dA ⊂ (αg + βp)(F ),
il résulte du caractère maximal de aA = g(F ) que aA = dA = (αg + βp)(F ), donc que a
divise b.
Posons F " = L" ∩ F . Comme L" est de rang n − 1 et F " de rang k − 1, il existe, par
hypothèse de récurrence, une base (e2 , ..., en ) de L" et une suite décroissante d’idéaux
non nuls a2 A ⊇ .... ⊇ ak A telles que (a2 e2 , ..., ak ek ) est une base de F " .
Posons e1 = e et a1 = a. Il est clair que (a1 e1 , a2 e2 , ..., ak ek ) est une base de F . Il
nous reste à montrer que a1 divise a2 . Pour cela, considérons dans la base (e1 , ..., en ) les
projections pi : L → Aei + A. On a p1 (a1 e1 + a2 e2 ) = a1 et p2 (a1 e1 + a2 e2 ) = a2 . Si c
est le pgcd de a1 et a2 , il existe une relation c = ηa1 + θa2 . On a alors
Il reste
Ceci prouve que a1 A = aA = cA, donc que a1 est un pgcd de a1 et a2 , c’est à dire
que a1 divise a2 ..
L’existence annoncée dans le théorème est démontrée.
n
( n
(
αi cl(ei ) = 0 ⇔ αi ei ∈ F ⇔ αi ∈ ai A pour i ≤ k et αj = 0 pour j > k
1 1
c’est à dire
L/F + (⊕k1 A/ai 1) ⊕ (⊕nk+1 A).
34
Nous énonçons maintenant le ”Théorème de structure des modules de type fini et de
torsion sur un anneau principal”, que vous devez évidemment comparer au ”Théorème
de structure des groupes commutatifs finis”, en remarquant qu’un groupe commutatif
fini n’est rien d’autre qu’un Z-module de type fini et de torsion. L’unicité qu’il nous
reste à démontrer se déduit immédiatement du Théorème suivant.
Théorème 11.6 Soient T un module de type fini et de torsion sur un anneau principal
A. Il existe une unique suite décroissante A " c1 A ⊇ .... ⊇ ck A d’idéaux non nuls de A
telle que
T + ⊕k1 A/ci A
L’existence est déjà démontrée. En effet, comme T est de type fini, il existe n et un
homomorphisme An → T .
Soit F ⊂ L = An le noyau de cet homomorphisme. Notons que F est aussi de rang n
car L/F + T est de torsion, donc de rang 0. Soient (ei ) est une base adaptée de L et ai A
une suite décroissante d’idéaux telle que (ai ei ) est une base de F , nous venons de voir
que T (qui est son propre module de torsion) admet la décomposition T + ⊕n1 A/ai A.
Comme la suite ai A est décroissante, il existe l ≥ 0 tel que ai A #= A ⇔ i > l. On pose
alors ci = al+i . Comme A/ai A = (0) pour i ≤ l, on a bien T + ⊕k1 A/ci A, avec k = n − l.
Nous pouvons maintenant prouver l’unicité annoncée par récurrence sur le nombre
de facteurs irréductibles de a1 (par exemple).
Soit a un facteur irréductible de a1 (donc de ai pour tout i). D’après le lemme, on a
35
Comme A/aA est un corps, il est clair que ⊕k1 A/aA est un A/aA espace vectoriel de
rang k. D’autre part, on sait que
On a donc
⊕l1 A/(aA + bj A) = (A/aA)k
et il en résulte que a divise k éléments parmi les bj et donc que l ≥ k).
En procédant de façon identique avec un facteur irréductible b de b1 , on montre que
k ≥ l. On a donc prouvé que k = l et que a1 et b1 ont les mêmes facteurs irréductibles.
Si a est l’un d’entre eux, posons ai = aa"i et bi = ab"i . En utilisant à nouveau le Lemme
précédent, on trouve un isomorphisme
⊕k1 A/a"i A = ⊕k1 A/(ai /a)A + a(⊕k1 A/ai A) + a(⊕k1 A/bi A) + ⊕k1 A/(bi /a)A = ⊕k1 A/b"i A.
Les suites d’idéaux a"1 A ⊇ .... ⊇ a"k /aA et b"1 A ⊇ .... ⊇ b"k A sont décroissantes.
Comme a1 = aa"1 , par hypothèse de récurrence, on a
aA ⊂ an A ⊂ an−1 A ⊂ ... ⊂ a1 A ⊂ A
Comme a est irréductible, il existe k ∈ [0, n] tel que ai A = A pour i ≤ k et ai A = aA pour i > k. Il y a donc
n + 1 suites possibles.
2) Dans ce cas, il existe 0 ≤ k ≤ l ≤ n tels que ai A = A pour i ≤ k, puis ai A = aA pour k < i ≤ l et enfin
ai A = a2 A pour i > l. Il y a (n + 1)(n + 2)/2 solutions.
3) Dans ce cas la suite des (ai A) aura l’une des deux formes suivantes.
- Il existe 0 ≤ k ≤ l ≤ n tels que ai A = A pour i ≤ k, puis ai A = aA pour k < i ≤ l et enfin ai A = abA pour
i > l.
- Il existe 0 ≤ k < l ≤ n tels que ai A = A pour i ≤ k, puis ai A = bA pour k < i ≤ l et enfin ai A = baA pour
i > l. Notez bien qu’ici j’ai pris k < l pour éviter une redondance. En effet, si bA n’apparait pas explicitement
dans la suite, nous sommes dans un cas déjà décrit.
Il y a (n + 1)2 = (n + 1)(n + 2)/2 + n(n + 1)/2 solutions.
4) Les suites décroissantes d’idéaux seront de la forme A ⊇ aA ⊇ a2 A.... ⊇ a3 A.
Il existe donc 0 ≤ k ≤ l ≤ m ≤ n tels que
Si vous avez du courage, décrivez toutes les suites décroissantes possibles pour le cas
a2 bL ⊂ F . Si vous en avez plus encore, comptez le nombre de possibilités!
36
12 Matrices à coefficients dans un anneau principal
Je reviens d’abord sur la notion (que vous aviez l’air de bien mal connaı̂tre hier 19/5)
d’équivalence de matrices. Soient A un anneau, E et F des A-modules libres de rangs
respectifs m et n, (e1 , ..., em ) une base de E et (f1 , ..., fn ) une base de F . Si h : E → F
est un homomorphisme, vous savez qu’on appelle matrice de h par rapport aux bases
(f ) "
(ej ) et (fi ), la matrice M(eji) (u) = (ai,j ) ∈ Mn,m (A) définie par h(ej ) = ai,j fi .
Vous connaissez bien l’énoncé suivant lorsque A est un corps. La démonstration que
vous connaissez marche aussi bien lorsque A est un anneau.
Proposition 12.1 Soient M, M " ∈ Mn,m (A) deux matrices. Les conditions suivantes
sont équivalentes.
1) Il existe des bases (ej ) et (e"j ) de E, des base (fi ) et (fi" ) de F et un homomorphisme
(f ) (f $ )
g : E → F tels que M = M(eji) (g) et M " = M(e$i) (g).
j
2) Il existe des matrices inversibles C ∈ Mn,n (A) et D ∈ Mm,m (A) telles que M " =
CM D.
3) M et M " se déduisent l’une de l’autre par des opérations élémentaires sur les lignes
et les colonnes.
Définition 12.2 Lorsque ces conditions sont vérifiées, on dit que les matrices M et M "
sont équivalentes.
Je vous invite à admettre le résultat suivant. Vous pouvez aussi le démontrer assez
facilement. En effet, il suffit de montrer ce résultat quand N se déduit de M en rajoutant
à une colonne (resp. à une ligne) un multiple d’une autre colonne (resp. ligne). Dans ce
cas l’assertion est presque évidente.
Proposition 12.3 Soient A un anneau et M et N deux matrices équivalentes à coef-
ficients dans A. Alors les l-mineurs de M et les l-mineurs de N engendrent le même
idéal.
Je rappelle aussi que les k-mineurs d’une matrice M sont les déterminants des ma-
trices k × k extraites. Par exemple, les 1-mineurs sont les coefficients. Je vous signale
que le nombre de 2-mineurs d’un matrice M ∈ M3,3 (A) est 9 (vérifiez que voujs avez
compris).
37
avec a1 A ⊃ a2 A ⊃ ... ⊃ ak A. La suite des idéaux ai A est uniquement déterminée par
M.
38
Corrigé des exercices.
„ 1)«L’idéal des coefficients (1-mineurs) est 3Z et le déterminant est 45. Il existe une
a 0
matrice de la forme telle que a divise b et équivalente à la matrice. On a donc aZ = 3Z et abZ = 45Z,
0 b
donc bZ = 15Z.
2) X est un pgcd des coefficients (1-mineurs) et le déterminant de la patrice est X 3 − X − X 5 . Je vous laisse
le soin de conclure.
3) L’idéal des coefficients (1-mineurs) est 2Z; celui des 2-mineurs est 4Z et le déterminant est 0. Concluez !
Exercice 12.6 Soit L un Z-module libre de rang 2. Soit (e1 , e2 ) une base de L et soit
F le sous-module de L engendré par x1 = 2e1 + 6e2 et x2 = 10e1 + 4e2 . Donnez une base
de L adaptée pour F , et la base de F correspondante.
Corrigé de l’exercice. „ «
2 10
On considère la matrice L’idéal des 1-mineurs est 2Z et l’idéal déterminant (des 2-mineurs)
6 4
est 52Z. Donc il suffit de trouver une base (f1 , f2 ) de L telle que 2f1 , 26f2 ∈ F . Dans ce cas (2f1 , 26f2 ) est
nécessairement une base de F .
On remarque d’abord que x1 et x$2 = 5x1 − x2 = 26e2 engendrent encore F . On pose f1 = e1 + 3e2 et f2 = e2 .
Il est clair que (f1 , f2 ) est une base de L. On a x1 = 2f1 et x$2 = 26f2
Exercice 12.7 Soit L un Z-module libre de rang 2. Soit (e1 , e2 ) une base de L et soit
F le sous-module de L engendré par x1 = 3e1 + 6e2 , x2 = 9e1 + 12e2 et x3 = 6e1 + 3e2 .
Donnez une base de L adaptée pour F , et la base de F correspondante.
Corrigé de l’exercice. „ «
3 9 6
On considère la matrice L’idéal des 1-mineurs est 3Z et l’idéal des 2-mineurs est 9Z. Il en
6 12 3
„ «
3 0 0
résulte qu’elle est équivalente à la matrice . Donc il existe une base (f1 , f2 ) de L telle que 3(f1 , 3f2 )
0 3 0
est une base de F . Ceci montre que F = 3L, donc que toute base est adaptée.
A titre d’exercice, n’hésitez pas à vérifier 3e1 , 3e2 ∈ F .
Soit (ei ) une base de E comme K-espace vectoriel. Il est clair qu’elle engendre à
fortiori E comme K[T ]-module. Si P est le polynôme minimal de u, on a P (u) = 0, et
à fortiori P E = 0, ce qui prouve que E est de torsion.
Si M ⊂ E est un sous K[T ]-module, on a T M ⊂ M , donc u(M ) ⊂ M . Réciproquement,
si u(M ) ⊂ M , on a Q(u)(M ) ⊂ M , donc QM ⊂ M , pour tout Q ∈ K[T ].
39
Pour la réduction des endomorphismes d’un espace vectoriel de rang fini, le théorème
de classification des modules de torsion sur un anneau principal prend donc la forme
suivante
Théorème 13.2 Soient (E, u) un K-espace vectoriel de rang fini muni d’un endomor-
phisme. Soient Pi , avec 1 ≤ i ≤ s et Pi+1 ∈ Pi K[T ] les facteurs
&s invariants de u. Il existe
une décomposition en sous-espaces vectoriels u-stables E = i=1 Ei telle que
1) le polynôme minimal Pi est le polynôme minimal et le polynôme caractéristique de
la restriction ui de u à Ei et Ei + K[T ]/Pi K[T ].
2) Pi divise P" i+1 .
3) rgK (E) = i d0 Pi ,
4) Ps est le polynôme minimal de u,
5) Le produit P1 ...Ps est le polynôme caractéristique de u (au signe près).
6) La suite décroissante d’idéaux Pi K[T ] est uniquement déterminée par l’endomorphisme
u de E.
Définition 13.3 Les polynômes unitaires Pi sont les facteurs invariants de l’endomorphisme
u.
40
Corollaire 13.4 Le polynôme caractéristique et le polynôme minimal de u ont les mêmes
facteurs irréductibles.
Ea / (K[T ]/(T − a))3 , Ea / K[T ]/(T − a) × (K[T ]/(T − a))2 mboxetEa / K[T ]/(T − a)3 .
2) Il faut décrire toutes les suites décroissantes d’idéaux Pi K[T ] telles que le produit des polynômes unitaires
Pi soit (T − a)4 . Comme vous le savez, il y a 5 solutions que vous devez décrire.
s = 3, P1 = (T − a) et P2 = (T − a)(T − b) ; s = 2 et P1 = (T − a)2 (T − b) = Ps .
Exercice 13.8 Soit E est un C-espace vectoriel de rang 6. Soit u est un endomorphisme
de E dont le polynôme caractéristique a 2 racines distinctes a et b. On suppose que les
espaces propres Ea et Eb sont de rangs 3 et 2. Quels sont les facteurs invariants de u?
41
Corrigé de l’exercice.
P1 = (T − a), P2 = (T − a)(T − b) et P3 = (T − a)(T − b)2 .
Théorème 14.2 Soient (E, u) un K-espace vectoriel de rang fini muni d’un endomor-
phisme. Soit Pm son polynôme minimal et P = Qr11 ...Qrkk une décomposition de P en
produit de puissances de polynômes irréductibles. Soit Pc = Ql11 ...Qlkk le polynôme car-
actéristique de u.
ri
Soit E& i = {x ∈ E, Qi (u)(x) = 0}. Alors Ei est un sous-espace vectoriel stable pour
u et E = i Ei .
42
Le polynôme minimal de la restriction ui de u à Ei est Qri i et son polynôme car-
actéristique est Qlii .
Le rang de Ei est li deg(Qi ).
La décomposition se déduit immédiatement de la proposition précédente. Comme
Qri i Ei = 0, le polynôme minimal de ui est un facteur de Qri i . Comme le ppcm des
polynômes minimaux des ui est le polynôme minimal de u, il est clair que Qri i est le
polynôme minimal de ui .
D’après le corollaire précédent, le polynôme caractéristique de ui est une puissance
de Qi . Comme le produit des polynômes caractéristiques de ui est le polynôme car-
actéristique de u, le Théorème est démontré.
Cette énoncé peut-être plus précis. Précisons le dans cas d’un polynôme minimal
scindé.
Théorème 14.3 Soient (E, u) un C-espace vectoriel de rang fini muni d’un endomor-
phisme. Soit Pm son polynôme minimal et Pm = (T −a1 )r1 ...(T −ak )rk une décomposition
de P en produit de puissances de polynômes irréductibles. Soit Pc = (T −a1 )l1 ...(T −ak )lk
le polynôme caractéristique de u.
Soit Ei = {x &∈ E, (u − ai Id ) (x) = 0}. Alors Ei est un sous-espace vectoriel stable
ri
pour u et E = i Ei .
Le polynôme minimal de la restriction ui de u à Ei est (T − ai )ri et son polynôme
caractéristique est (T − ai )li et le rang de Ei est li .
Si les facteurs invariants de ui sont (T − ai )rij , avec ri1 ≤ ri2 ≤ ... ≤ risi = ri , alors
les facteurs invariants P1 , ..., Ps de u vérifient
43
Il existe un isomorphisme de K[T ]-modules E + K[T ]/(T − a)n . Montrons le résultat
pour K[T ]/(T − a)n . Les élément (T − a)l , avec 0 ≤ l < n engendrent le évidemment K-
espace vectoriel K[T ]/(T −a)n . On sait que celui-ci est de rang n, donc ((T −a)0 , ..., (T −
a)n−1 ) est une base. Posons el = (T − a)i . On a
Ceci prouve
En effet, il est clair que la matrice de u − aId dans la base (ei )i est de rang n − 1.
44
les matrices Mi étant de la forme
ai 0 . . . .
1 ai 0 . . .
0 1 ai 0 . .
. . . . . .
0 . 0 1 ai 0
0 . . 0 1 ai
où ai est une valeur propre de u.
Si λ est une valeur propre de u, alors le nombre des matrices Mi avec ai = λ est égal
au nombre de facteurs invariants de u dont λ est racine.
0 1 0 1 0 1
a 0 . . . . a 0 . . . . a 0 . . . .
B 0 a 0 . . . C B 0 a 0 . . . C B 1 a 0 . . . C
B C B C B C
B 0 0 a 0 . . C B 0 1 a 0 . . C B 0 1 a 0 . . C
B C, B C et B C
B 0 0 0 a 0 . C B . 0 0 a 0 . C B . 0 0 a 0 . C
@ 0 0 0 1 a 0 A @ 0 . 0 1 a 0 A @ 0 . 0 1 a 0 A
0 0 0 0 1 a 0 . . 0 1 a 0 . . 0 1 a
Il n’est pas inutile de noter que l’espace propre Ea est de rang 4 (resp. 3, resp. 2) dans les 3 cas considérés
45
Exercice 14.11 Soit E est un C-espace vectoriel de rang 6. Soit u est un endomor-
phisme de E dont le polynôme caractéristique a 2 racines distinctes a et b. On suppose
que les espaces propres Ea et Eb sont de rangs 3 et 2. Donnez une matrice de Jordan de
u.
Corrigé de l’exercice.
0 1
a 0 . . . .
B 0 a 0 . . . C
B C
B 0 0 a 0 . . C
B C
B . 0 0 b 0 . C
@ 0 . 0 0 b 0 A
0 . . 0 1 b
Exercice 14.12 Soit E est un C-espace vectoriel de rang 6. Soit u est un endomor-
phisme de E dont le polynôme caractéristique a 2 racines distinctes a et b. On suppose
que les espaces propres Ea et Eb sont de rang 1. Donnez une matrice de Jordan de u.
Corrigé de l’exercice.
0 1
a 0 . . . .
B 1 a 0 . . . C
B C
B 0 1 a 0 . . C
B C
B . 0 0 b 0 . C
@ 0 . 0 1 b 0 A
0 . . 0 1 b
Exercice 14.13 Soit E est un C-espace vectoriel de rang 10. Soit u est un endomor-
phisme de E ayant 3 valeurs propres distinctes a, b, c.
On suppose que les espaces propres de de a et b et c sont de rangs respectifs 3, 3 et 1.
On suppose de plus que c est une racine de multiplicité 4 du polynôme minimal de u.
Donnez les facteurs invariants, le polynôme minimal, le polynôme caractéristique et
une matrice de Jordan de u.
Corrigé de l’exercice. Les facteurs invariants sont P1 = (T − a)(T − b), P2 = (T − a)(T − b) et P3 =
(T − a)(T − b)(T − c)4 .
Le polynôme minimal est donc (T − a)(T − b)(T − c)4 et le polynôme caractéristique (T − a)3 (T − b)3 (T − c)4 .
Enfin, la matrice de Jordan de u est
0 1
M1 0 0
@ 0 M2 0 A
0 0 M3
0 1
0 1 0 1 c 0 0 0
a 0 0 b 0 0 B 1 c 0 0 C
avec M1 = @ 0 a 0 A, M2 = @ 0 b 0 A et M3 = B
@ 0
C
1 c 0 A
0 0 a 0 0 b
0 0 1 c
46