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SADI
DE VÉRITÉ
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L’ÉPREUVE DE VÉRITÉ
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Le déni
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Il est, en effet, assez rare d’entendre dire que le
naufrage qui arrive est la conséquence mécanique
et prévisible d’un système oligarchique qui a
confisqué, avant de les épuiser, les ressources
morales, humaines et physiques du pays.
Spasmes et calculs
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constitutionnel vacante et…un chef d’Etat major
qui jurait ne pas vouloir faire de politique
constituaient l’invraisemblable virtualité
politico-administrative du pays.
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Au delà, la classe politique est animée par
des bégaiements mimétiques où les
tergiversations fébriles spéculent sur un
renversement clanique de dernière minute qui
autoriserait un reclassement dans un moule
inamovible.
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des propositions qu’ils mettent sur la table.
Quelques bons sentiments, des caresses en
appelant au nif national et une ou deux idées
aussitôt contredites par une confession contraire
donnent la mesure de l’impréparation à
l’exercice d’une fonction aussi éminente que
celle dévolue à une présidence de la République.
La panne perpétuelle
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La roulette russe continue.
Outre que rien ne vient corroborer ces
allégations, il convient de redire, encore une fois,
que les tractations occultes dans les officines
militaires ne sont pas la solution mais la cause
du malheur national. Quand bien même ces
supposés soutiens seraient-ils réels et vérifiables,
celui qui en bénéficierait en serait
obligatoirement leur obligé, ce qui, en Algérie,
est la condition même du statu quo. On objecte
déjà qu’une fois au pouvoir, l’heureux adoubé
pourra toujours se libérer d’attaches
encombrantes et orienter le pays vers des
pratiques plus saines et plus transparentes. Si
l’on s’en tient aux expériences passées, le pari
est pour le moins risqué.
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allocation de 12 milliards de dollars au secteur
militaire dans une conjoncture économique aussi
atone que celle que vit l’Algérie est la preuve
que le pouvoir est toujours régi par une doxa
militaire hégémonique.
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prétendants qui ne veulent pas ou ne peuvent pas
assumer des choix institutionnels, sociétaux ou
géopolitiques qui sont la sève de toutes les
nations modernes. En aparté, les anciens
militants les plus vertueux déplorent cette
confusion et les abus qu’elle charrie mais ils sont
rares à exprimer publiquement leur
désenchantement et leur colère.
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système algérien. Ces idées qui ont parasité une
scène nationale stérilisée par le dirigisme
intellectuel sont maintenant toxiques en ce
qu’elles véhiculent une charge irrationnelle qui
préempte la raison et la liberté, seuls outils
permettant d’appréhender la réalité politique.
Pérenniser l’audace
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Dans ce climat délétère, la région qui fut
jusque là le meilleur laboratoire des initiatives et
projections politiques innovantes du pays se voit
assignée une mission à contre emploi. Figurée
par ses déchets, la Kabylie a servi de condiment
folklorique à la tambouille politique du pouvoir
et s’expose, présentement, comme le principe
actif d’une spoliation éhontée de la ressource
nationale, doublée d’une mission de pollution
d’un combat démocratique qu’elle a si souvent
amorcé. Boumediene a voulu museler la
Kabylie, Bouteflika s’est donné comme objectif
de la pervertir.
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Enfin, la diaspora algérienne affiche
encore une disponibilité que n’ont pas
découragée les stigmatisations revanchardes et
des retours au pays peu stimulants. Par quelque
angle que l’on appréhende la situation, force est
de constater que les promesses réformatrices
lancées de l’intérieur du système se sont toutes
avérées illusoires et qu’en la circonstance, elles
ne figurent même pas dans l’agenda du pouvoir.
Jusqu’à preuve du contraire, toutes les énergies
positives naissent, s’organisent et s’expriment
dans des espaces autogérés.
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difficultés qui pouvaient accompagner la
construction d’une jeune nation.
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Comme tout ce qui est consenti de
mauvaise foi, le traitement est généralement
artisanal voire, en certaines occasions, plus
dommageable que la répression. Il n’empêche,
grâce aux combats audacieux la nation évoque,
vaille que vaille, ce qui touche à son intimité
politique et sociétale. Ces avancées sont le fait
d’une militance autonome et offensive qu’il faut
savoir faire partager au plus grand nombre.
Dire aujourd’hui que la résurrection algérienne
doit se concevoir en dehors des carcans officiels
ne relève ni du dépit ni de la surenchère ni de la
radicalité.
Face au destin
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enseignements du passé, ont, malgré tout, voulu
s’y engager vérifient quotidiennement, et à leurs
dépends, la vanité de disputer dans son antre la
victoire à un spectre représenté par son image.
Qu’ils se retirent au dernier moment ou qu’ils
crient leur indignation le soir des résultats est, en
vérité, anecdotique. L’essentiel et l’urgence sont
ailleurs.
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L’ÉPREUVE
DE VÉRITÉ
Les Algériens n’ont pas gagné leur indépendance
parce qu’ils disposaient d’une force supérieure
à celle de l’armée française.
Ils se sont libérés le jour où ils ont compris
qu’il n’y avait rien à espérer de l’ordre colonial.
SAÏD SADI
13 02 2019