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ACIERS POUR TUBES RESISTANT A LA FISSURATION

INDUITE PAR L’HYDROGENE SULFURE

Cours rédigé par Monsieur JANSEN

3.2

e
3 partie

Intervenant : Monsieur Jean-Pierre JANSEN

Responsable Recherche-Développement Produits


Société EUROPIPE FRANCE

Ce document n’est diffusable qu’en accompagnement d’une action de formation TRAN.92.3.JANS


SOMMAIRE

1re PARTIE : HIC

1- INTRODUCTION
2- INFLUENCE DES PARAMETRES METALLURGIQUES
SUR LA FISSURATION INDUITE PAR L’HYDROGENE
2.1 - MECANISMES
2.2 - RAPPEL SUR LES CONDITIONS D’ESSAIS HIC
2.3 - INFLUENCE DE LA COMPOSITION CHIMIQUE
2.3.1 - Influence du cuivre
2.3.2 - Influence des ségrégations
2.3.3 - Influence de la microstructure
2.4 - INFLUENCE DE L’ETAT INCLUSIONNAIRE
2.4.1 - Inclusions d’oxydes
2.4.2 - Sulfures
2.5 - INFLUENCE DES TRAITEMENTS THERMIQUES ET THERMOMECANIQUES
2.5.1 - Influence de la température de fin de laminage
2.5.2 - Influence d’un traitement de revenu

2e PARTIE : S S C C (H S C C)

3- INFLUENCE DES PARAMETRES METALLURGIQUES


SUR LA TENUE SSCC
3.1 - MECANISMES
3.2 - RAPPELS SUR LES CONDITIONS D’ESSAIS SSCC

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3.3 - INFLUENCE DE LA COMPOSITION CHIMIQUE
3.3.1 - Influence du cuivre et du nickel
3.3.2 - Influence des ségrégations
3.3.3 - Influence de la microstructure
3.3.4 - Influence de la nuance d’acier
3.4 - INFLUENCE DE L’ETAT INCLUSIONNAIRE
3.5 - INFLUENCE DES TRAITEMENTS THERMIQUES ET THERMOMECANIQUES

3e PARTIE : BIBLIOGRAPHIE

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1re PARTIE : H I C

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1. INTRODUCTION
Les tubes travaillant dans un environnement de gaz acide peuvent être le siège de fissures
provoquées par l'entrée d'Hydrogène atomique dans l'acier.

La norme NACE définit un gaz acide ("Sour Gas") comme un gaz contenant de l'H2S avec
une pression partielle supérieure à 0,0035 atm (0,05 psi). Avec un tel gaz, en solution
aqueuse (condition essentielle pour que H2S soit corrosif), l'hydrogène atomique est
produit de la façon suivante :
- H2S en solution aqueuse est ionisé

H2S → 2 H+ + S--
- Fe de l'acier est ionisé et dissout dans la solution

Fe → Fe++ + 2e-
- les ions H se combinent avec les électrons pour former de l'hydrogène atomique :

H+ + e- → H.

Les atomes d'hydrogène ainsi libérés peuvent :


- former des molécules d'hydrogène et se dissiper sous forme gazeuse
- s'oxyder pour former de l'eau
- diffuser dans l'acier.

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Dans ce dernier cas, des fissures peuvent se produire et l'on distingue deux types de
fissuration :

La fissuration HIC (Hydrogen Induced Cracking) :


Elle est observée quel que soit le grade de l'acier et même en l'absence de contrainte
externe (fig.A) et elle apparaît la plupart du temps dans le métal de base, mais aussi dans
les zones affectées par la chaleur (ZAC) de faible dureté.

La fissuration SSCC (Sulfide Stress Corrosion Cracking) :


Elle est normalement observée lorsque l'acier est soumis à une contrainte externe (fig.B).

Nous étudierons successivement la fissuration HIC (chapitre 2 ) puis la fissuration SSCC


(chapitre 3), en particulier du point de vue de l'influence de la composition chimique, de
l'état inclusionnaire, des traitements thermiques et thermomécaniques.

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2. INFLUENCE DES PARAMETRES METALLURGIQUES
SUR LA FISSURATION INDUITE PAR L'HYDROGENE

2.1 MECANISMES
Le phénomène de fissuration induite par l'hydrogène : HIC (Hydrogen Induced Cracking)
est un cas typique de fragilisation par l'hydrogène en présence d'H2S qui se manifeste à la
fois par des cloques en surface (blistering) et par des fissures internes qui se propagent
parfois en escalier (Stepwise Cracking).
Il se produit en l'absence de contrainte externe ; il suffit pour cela que la concentration en
H2S - et donc la concentration en hydrogène introduit dans l'acier - soit suffisamment
grande.
Les paramètres métallurgiques qui déterminent le comportement des aciers pour tubes vis-
à-vis de HIC sont nombreux. Celui-ci peut cependant être expliqué simplement comme
indiqué par les Fig.1 et 2, en accord avec les synthèses récentes sur la fragilisation par
l'hydrogène (1,2).
L'hydrogène affecte à la fois les systèmes de contraintes et les forces de cohésion aux
extrémités des défauts qui piègent l'hydrogène (Fig.1). On considère alors que lorsque la
quantité d'hydrogène piègée autour du défaut, CH, atteint une valeur critique, CK, une
fissure pourra s'initier et se propager sous l'action des contraintes induites par l'hydrogène
(Fig.1).
La fig.2 reprend ces deux notions et fait apparaître les principaux facteurs qui contrôlent
les paramètres CH et CK.
La concentration en H2 piégé sur un défaut dépend principalement (Fig2) du milieu
corrosif (environnement) et de facteurs métallurgiques (structure : dislocations, et
composition chimique : CU par exemple).
La concentration critique pour l'initiation d'un défaut dépend principalement des facteurs
métallurgiques qui affectent CK et CH. L'aspect environnement ne sera pas examiné ici
puisque seuls les milieux d'essais tels que définis par les standards NACE TM-02-84 et
TM-01-77 seront considérés.

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2.2 RAPPELS SUR LES CONDITIONS D'ESSAIS HIC
Les échantillons, dont les dimensions sont rappelées sur la Fig.3, sont prélevés dans la tôle
ou dans le tube. L'épaisseur de l'échantillon est égale à celle du produit et son sens long est
parallèle à la direction de laminage.
Les barreaux sont ensuite immergés pendant 96 heures dans une solution, saturée en H2S,
contenant des chlorures, et telle que définie par le standard NACE TM-02-84 (pH compris
entre 4,8 et 5,4 ) ou par le standard NACE TM 01-77 (pH compris entre 2,7 et 4).
T°C = 24°C ± 3°C
Après test, les barreaux sont découpés comme cela est indiqué. sur la Fig.3 et la fissuration
interne est évaluée par voie micrographique à l'aide des paramètres C L R (Crack Length
Ratio), C T R (Crack Transverse Ratio) et C S R (Crack Sensitivity Ratio) définis sur la
Fig.4.

La fissuration peut également être évaluée par des méthodes ultra-sonores (7).

2.3 INFLUENCE DE LA COMPOSITION CHIMIQUE


La composition chimique peut agir sur la tenue HIC à plusieurs niveaux. Tout d'abord, elle
peut contrôler les mécanismes de corrosion à l'interface métal /solution et par conséquence
favoriser ou limiter l'entrée d'hydrogène dans l'acier. C'est par exemple le cas du cuivre
dont nous examinerons le rôle en combinaison avec d'autres éléments d'alliage.
Par ailleurs, la composition chimique va contrôler directement les ségrégations qui se
produiront lors du processus de solidification, d'une part, et les structures qui se formeront
lors du refroidissement après laminage à température contrôlée, d'autre part.

2.3.1 Influence du cuivre


Le cuivre est connu pour avoir une action bénéfique pour des teneurs supérieures à 0,25 %
lorsqu'il est utilisé dans des milieux de pH supérieur à 5. Dans ce cas il y a formation d'une
couche de sulfure FeS1-X avec du cuivre en insertion, cette couche fine et adhérente sert de
barrière de diffusion à l'hydrogène. Pour des pH inférieurs à 5 le cuivre est sans effet.

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Cet effet favorable du cuivre est mis en évidence par la Fig.5 qui décrit l'évolution au cours
du temps du flux d'hydrogène mesuré lors d'essais de perméation réalisés dans le milieu de
pH = 5 de la norme NACE TM-02-84 (2).

2.3.2 Influence des ségrégations


Il est maintenant bien établi que les structures brut de laminage peuvent présenter des
zones ségrégées qui conduisent lors du refroidissement de la tôle après laminage, à des
structures de transformation à basse température telles que martensite et bainite,
extrêmement sensibles à la fissuration par l'hydrogène (valeurs de Ck faibles).
La formation de ces bandes dures est due au fait que des éléments tels que le manganèse, le
phosphore et le carbone ont tendance à ségréger pendant le processus de solidification de la
brame de coulée continue.
Ce phénomène de ségrégation peut être quantifié directement par des mesures effectuées à
la micro-sonde comme le montre la Fig.6. Ces mesures effectuées sur un acier d'analyse :
C = 0,109 %, Mn = 1,070 %, P = 0,004 %, Si = 0,374 % et Mo = 0,193 %, montrent que
localement à l'intérieur des bandes ségrégées, il est possible d'atteindre des teneurs en
manganèse, phosphore et molybdène respectivement 1,7 fois, 7 fois et 2,2 fois plus élevées
que celles du métal de base. De telles observations ont été confirmées par de nombreux
auteurs (2 à 5).
Les taux de ségrégation sont largement dépendant de la composition chimique de l'acier.
Ceci est particulièrement vrai pour le manganèse dont le taux de ségrégation varie
fortement avec la teneur en manganèse et avec la teneur en carbone (Fig.7). On constate,
en effet, que le taux de ségrégation augmente de façon importante pour des teneurs en
manganèse supérieures à 1 % et des teneurs en carbone supérieures à 0,050 %.
Le même phénomène est également observé pour le phosphore dont le taux de ségrégation
peut atteindre des valeurs supérieures à 10 selon la teneur en carbone, en manganèse et en
phosphore.

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L'effet défavorable des ségrégations sur la tenue HIC a pu être mis directement en évidence
sur des échantillons laminés sur laminoir expérimental à partir de métal provenant de
lopins usinés en peau et à coeur de brames de coulée continue (Fig.8 ). Les résultats des
tests HIC font clairement apparaître un bien meilleur comportement pour les échantillons
issus de peau de brame.
Cette observation est à relier directement à la structure en bandes ségrégées plus
importante dans le cas des échantillons issus de coeur de brames.
L'accroissement de la ségrégation, lorsque les teneurs en éléments ségrégeants (Mn,P)
augmentent, se traduit par une augmentation de la dureté des zones ségrégées et par
conséquent, par une diminution du paramètre Ck qui entraîne une plus forte sensibilité à la
fissuration induite par l'hydrogène (Fig. 9 ).
La fig.9 qui met clairement en évidence l'effet bénéfique d'une diminution simultanée de la
teneur en manganèse et de la teneur en carbone sur la tenue HIC, indique, par ailleurs,
qu'un niveau de dureté inférieur à 300 Hv permet d'obtenir une résistance à HIC
satisfaisante.

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2.3.3 Influence de la microstructure (en-dehors des zones ségrégées)
La microstructure est conditionnée par l'analyse chimique de l'acier d'une part et par les
traitements thermomécaniques qui peuvent être mis en oeuvre d'autre part.
Il est maintenant bien établi que les structures sont d'autant plus résistantes à HIC qu'elles
sont homogènes et proches de l'équilibre thermomécanique. Ainsi dans l'ordre croissant de
résistance à la fissuration induite à l'hydrogène nous avons les structures suivantes :
Martensite


Bainite


Ferrite + perlite


Ferrite + perlite revenue


Martensite / bainite revenues

Dans le cas des aciers pour tubes produits par laminage à température contrôlée qui nous
intéresse ici les structures observées en-dehors des zones ségrégées martensitiques et / ou
bainitiques, sont du type ferrite - perlite.
Dans ce type de structure, les bandes de perlite sont des sites d'initiation et de propagation
des fissures. L'examen des zones fissurées montre que les fissures sont situées soit dans la
perlite elle-même, soit au voisinage de l'interface ferrite perlite (6) (Fig.10).
La réduction de la teneur en carbone qui, nous l'avons vu précédemment, permet de réduire
l'intensité des ségrégations, est également favorable pour l'amélioration de la tenue HIC par
diminution de la fraction volumique de perlite.
Des traitements thermiques de revenu qui permettent de globulariser la perlite sont
également favorables. Cet aspect sera présenté plus loin.

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2.4 INFLUENCE DE L'ETAT INCLUSIONNAIRE
Pour améliorer la résistance à la fissuration induite par l'hydrogène, il importe de limiter le
nombre de sites d'amorçage en diminuant les quantités d'inclusions (aciers propres) et de
diminuer le rôle des inclusions présentes en contrôlant leur forme par des traitements de
globularisation (augmentation de la valeur de CK).

2.4.1 Inclusions d'oxydes


Les inclusions d'alumines sont particulièrement nocives. Dans le produit laminé elles se
présentent sous la forme d'alignements. Ces inclusions de forme anguleuses sont des sites
privilégiés pour l'amorçage des fissures qui pourront se propager lorsqu'elles seront situées
dans des zones fragiles (ségrégations, bandes perlitiques).
La nocivité des alignements d'inclusions d'alumine est illustrée par la Fig.11 qui décrit la
relation existant entre le % de surface fissurée (TAS) mesuré par une méthode ultrasonore
et la longueur totale projetée des alignements de type B (oxydes).
Les amas d'alumine peuvent être éliminés par un traitement de l'acier liquide avec du
calcium. Pour que le traitement au calcium soit efficace, il faut que la quantité de calcium
introduite dans l'acier liquide soit suffisante pour former de l'aluminate de chaux
CaOA12O3 qui sera liquide au moment de la coulée.

2.4.2. Sulfures
De très nombreux travaux ont montré l'influence néfaste du soufre sur la tenue HIC des
aciers pour tubes. Cet effet est clairement illustré sur la Fig.12 qui indique que, pour
obtenir une bonne tenue HIC, il faut atteindre des niveaux de soufre inférieurs à 30 ppm
pour le milieu BP (pH ≈ 5), inférieurs à 15 ppm pour le milieu NACE (pH ≈ 3). Les
résultats présentés sur la Fig.12 indiquent également une très rapide dégradation des
résultats HIC dès que la teneur en soufre dépasse ces limites.

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L'effet bénéfique de la diminution de la teneur en soufre s'explique évidemment par la
diminution du nombre des inclusions, mais également par l'amélioration de leur forme
(Fig.13).
Cependant, si la désulfuration poussée est nécessaire, elle n'est cependant pas suffisante car
il faut que les sulfures soient globulaires pour éviter les amorces de fissures dues aux
concentrations de contraintes en extrémité des inclusions allongées.
De façon plus simple et plus facilement exploitable industriellement, de nombreux auteurs
ont cherché à relier la tenue HIC à la fissuration induite par l'hydrogène à la valeur du
simple rapport Ca/S. La Fig.14 décrit l'effet du rapport Ca/S sur la sensibilité à HIC.

2.5 INFLUENCE DES TRAITEMENTS THERMIQUES ET THERMOMECANIQUES

2.5.1 Influence de la température de fin de laminage


Pour améliorer les propriétés mécaniques il est nécessaire de réaliser des schémas de
laminage dont la température de fin de laminage se situe nettement en-dessous du point de
transformation d'austénite en ferrite Ar+3.
Ce type de laminage n'est cependant pas sans conséquences sur les propriétés de tenue HIC
comme le montre la Fig.15 qui fait apparaître une dégradation importante de la résistance à
HIC pour des températures de fin de laminage se situant aux environs de 700-720°C.
Cette augmentation de la sensibilité à HIC par le laminage intercritique doit être
recherchée dans l'augmentation de la densité de dislocation qui vient augmenter la teneur
en H2 piégé sur les défauts.

2.5.2 Influence d'un traitement de revenu


Les zones ségrégées, les bandes perlitiques et l'écrouissage sont des éléments défavorables
pour la tenue HIC, dont le rôle nocif peut être atténué par un traitement de revenu.
(Fig.16).

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2e PARTIE : SSCC (HSCC)

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3. INFLUENCE DES PARAMETRES METALLURGIQUES SUR LA TENUS SSCC

3.1 MECANISMES
Comme nous l'avons vu au paragraphe 2.1, l'hydrogène atomique engendré à la surface de
l'acier pénètre dans l'acier et précipite à l'interface entre la matrice et les défauts pré-
existants.
Une fissure s'amorce quand, à fond de défaut, la somme des contraintes internes et externes
et des contraintes induites par l'hydrogène devient supérieure à la force de cohésion qui a
été réduite par l'hydrogène absorbé (1).

La différence entre fissuration HIC et fissuration SSCC réside dans le fait que :
- c'est la contrainte induite par l'hydrogène (et donc la quantité d'hydrogène absorbé) qui
est le facteur prépondérant dans le premier cas
- c'est la diminution de ténacité du métal induite par l'hydrogène qui est le facteur
prépondérant dans le deuxième cas.

Il y a une contrainte critique en-dessous de laquelle la fissuration n'apparaît pas. Cette


contrainte critique dépend d'abord de la limite d'élasticité mais aussi de la température et
de l'état de contrainte (16).
Tout se passe comme si le facteur d'intensité de contrainte K était abaissé à une valeur
K ISSCC < KIC.

La fissuration SSCC peut finalement se résumer de la manière suivante (6) :


- Les sites d'amorçages sont en général des interfaces de faible cohésion : interface
inclusion / matrice, microstructure sensible à l'hydrogène. La direction du défaut initial
dépend de la nature du site d'amorçage. Si le site est une inclusion, la direction est imposée
par la forme sous laquelle se présente celle-ci : sulfure allongé ou alignement d'oxydes.

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En présence de contrainte externe, quand l'acier est exempt d'alignements inclusionnaires,
les sites d'amorçages se situent dans les bandes dures. Si la contrainte est parallèle à la
structure en bandes, la fissure s'amorce dans la bande, perpendiculairement à elle, puis se
propage dans la ferrite.
Si la contrainte appliquée est faible, on pourra observer une propagation mixte : dans le
sens de la bande (HIC) et perpendiculaire à celle-ci (SSCC).
Cette approche mécanique de l'amorçage et de la propagation des fissures permet
d'interpréter plus aisément les résultats obtenus :
- L'état inclusionnaire et particulièrement les alignements gouvernent essentiellement
l'amorçage des fissures.
- L'état de ségrégation joue de façon plus complexe, le plus souvent au niveau de la
propagation des fissures mais parfois également au stade de l'amorçage lorsque l'acier est
exempt d'inclusions alignées.
- Plus la température de fin de laminage diminue, plus des fractions volumiques
importantes de ferrite sont écrouies. L'augmentation de la densité des dislocations favorise
la pénétration et le piégeage de l'hydrogène dans le métal. En présence de contrainte, une
fois les fissures amorcées, leur propagation dépend du champ de contrainte environnant et
de la plasticité du matériau. C'est pour cette raison également que l'on observe une
augmentation de la résistance à la SSCC avec la limite d'élasticité (voir 3.3.4).
Enfin, il a été remarqué que les seuils de non rupture des échantillons prélevés dans le sens
travers long sont généralement plus faibles que ceux des échantillons prélevés dans le sens
long.

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3.2 RAPPELS SUR LES CONDITIONS D'ESSAIS SSCC
Des éprouvettes soumises à contrainte sont immergées dans la solution d'essais pendant
une durée déterminée.
Les essais diffèrent par le mode d'application de la contrainte (traction ou flexion), par la
nature de la solution et par le couple "contrainte-temps" appliqué.
Dans l'essai SHELL, qui est un essai de flexion en 3 points dans une solution à 0,5 %
d'acide acétique CH3COOH saturée en H2S (pH = 3,5-3,8), on recherche la contrainte
critique provoquant la rupture en 720 heures.
Les essais NACE TM-01-90 (17) et SNEAP (18) sont des essais de traction à charge
constante sur éprouvettes rondes (figure 1 ).
L'essai NACE utilise une solution à 5 NaCl et 0,5 % CH3 COOH, saturée en H2S et dont le
pH = 3 ne doit pas dépasser 4,5 en cours d'essai. On impose σ (l'usage est σ = 0,72 Re ) et
on note le temps à rupture qui ne doit pas être inférieur à 720 heures.
L'essai SNEA/P en diffère par :
- la nature de la solution : 5 % NaCl + CH3 COOH + Gaz de Lacq
(CH4 + 15 % H2 S + 9 % CO2 ) réglée à pH = 4

- le taux de contrainte : σ = 0,9 -1,05 ou 1,10 Re

- la durée de l'essai : 480 h.


Une autre méthode très utilisée est la méthode de traction lente déjà décrite dans la
littérature (19). L'exploitation des résultats est faite à partir des mesures simultanées de la
force, de l'allongement de l'éprouvette et du temps, en milieu corrosif et dans l'air pour
référence. Le critère définissant le mieux le comportement des tôles à tubes vis-à-vis de la
SSCC est la valeur normalisée de l'allongement uniforme.
Dans ce qui suit, la plupart des résultats expérimentaux proviennent d'essais selon NACE
TM-01-90 et d'essais selon la méthode de traction lente.

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3.3 INFLUENCE DE LA COMPOSITION CHIMIQUE

3.3.1 Influence du Cuivre et du Nickel


L'ajout de Cuivre n'a pas d'effet sur le comportement SSCC des aciers pour tubes, en
milieu acide de PH < 5 (voir paragraphe 2.3.1).

3.3.2 influence des ségrégations


Nous avons vu au paragraphe 3.1 l’importance des ségrégations en ce qui concerne
l’amorçage et la propagation des fissures.
Cette influence est cependant plus difficile (Fig.2) à caractériser (20) expérimentalement
que dans le cas de la fissuration HIC.
Toutefois, l’effet nocif du Phosphore a pu être mis en évidence sur des coulées
expérimentales, au moyen d’essais de traction lente.
De même on observe une légère tendance (20) à obtenir une meilleure résistance SSCC
quand la teneur en carbone diminue ; ceci s’explique par le fait que la structure en bande
s’atténue lorsque la teneur en Carbone décroît.
Enfin, il faut remarquer que cette influence assez faible des ségrégations ne concerne que
les tôles sollicitées parallèlement au plan de laminage.

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3.3.3 Influence de la microstructure (hors zones ségrégées)
Les remarques faites au paragraphe 2.3.3 sont applicables à la fissuration SSCC.
On notera, en particulier, que les structures trempées-revenues ont un meilleur
comportement (vis-à-vis de la fissuration SSCC) que les structures brutes de laminage
contrôlé (21).
Des études sur joints soudés (21) ont montré que la fragilité relative de la ZAC (zone
affectée par la chaleur) vis-à-vis de la fissuration SSCC est due à la fois à l'adoucissement
et à la microstructure de cette zone.
Cette même étude a confirmé la nécessité de viser une dureté maxi de HV 250 environ
(HRC 22 environ) sur métal de base, ce qui en accord avec les recommandations de la
NACE MR-01-75.
Le respect de cette valeur de dureté peut toutefois s'avérer être une précaution insuffisante
au voisinage du joint soudé, en raison des structures présentes. D'où l'importance
d'optimiser à la fois la composition chimique (basses teneurs en C) et les conditions de
soudage.
De ce point de vue, les aciers trempés-revenus ont un meilleur comportement que les aciers
obtenus par laminage contrôlé, parce qu'ils procurent une microstructure plus homogène et
parce qu'ils permettent d'obtenir des ZAC douces.

3.3.4 Influence de la nuance d'acier


La résistance SSCC des tôles à tubes augmente avec la limite d'élasticité, lorsque celle-ci
reste comprise entre 400 et 600 MPa (20) (Fig. 3 ).
Selon d'autres auteurs (22), cette augmentation se poursuit jusqu'à 700 MPa, ce qui notons-
le correspond sensiblement à la dureté critique HRC 22. Notons que la valeur 22 HRC est
controversée par certains auteurs. Cette limite s'appliquerait surtout à la ZAC (et non au
métal de base).

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3.4 INFLUENCE DE L'ETAT INCLUSIONNAIRE
La susceptibilité à la fissuration SSCC augmente avec la teneur en inclusions, et
particulièrement avec la longueur totale projetée des alignements d'oxydes (20) (Fig.4) de
type B.
Il est également important de réduire au maximum le nombre des sulfures et de les limiter
à des formes globulaires (voir paragraphe 2.4.2).
Ce point semble toutefois avoir été assez peu quantifié.

3.5 INFLUENCE DES TRAITEMENTS THERMIQUES ET THERMOMECANIQUES


La température de fin de laminage intervient différemment en HIC et en SSCC. Plus elle
est basse, plus des fractions volumiques de ferrite sont écrouies et plus des quantités
importantes d'hydrogène sont piégées. On observe dans ce cas une augmentation de la
susceptibilité à La HIC; par contre, la résistance à SSCC est meilleure. Dans ce dernier cas,
l'état de durcissement local par écrouissage ralentit le phénomène de SSCC (6) (20)
Ce dernier résultat est cohérent avec le fait que la résistance à la SSCC des tôles à tubes
augmente avec la limite d'élasticité, comme nous l'avons vu au paragraphe 3.3.4

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3e PARTIE : Bibliographie

36
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21 - "Resistance of welded line-pipes to sulfide stress cracking", Y.KOBAYASHI,
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22 - "Current solutions to H2S problems in steels for line-pipe and OCTG" R.HABU,
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CORROSION 84.

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