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Thèse
présentée devant
L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon
pour obtenir
le grade de docteur
par
Hatem HAIDAR
Jury
AD-Ré-A: Aide à la Décision pour la Réhabilitation des réseaux d’Alimentation en eau potable
EI : External Information
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Résumé
Résumé
La thèse constitue un prolongement des recherches menées dans le cadre du projet européen CARE-W (Computer
Aided REhabilitation for Water networks) concernant l’aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable.
Au sein de la suite de logiciels CARE-W, le module CARE-W_ARP (Annual REhabilitation Programmes) propose une
aide multicritère à la construction des programmes annuels de réhabilitation. Deux composantes principales peuvent
être distinguées : a) une représentation multicritère des conduites (critères exprimant plusieurs types d’impacts de
l’état de santé des conduites), et b) une procédure de hiérarchisation des priorités de réhabilitation, reposant sur la
méthode de surclassement ELECTRE TRI. Les travaux de la thèse portent sur l’évaluation et le consolidation des
éléments méthodologiques (critères et procédure de constitution d’un programme) proposés dans l’outil CARE-
W_ARP. Ils visent également à produire de la connaissance sur l’efficacité des programmes de réhabilitation, au
moyen d’expérimentations numériques associés à des données réelles.
Un premier volet de la recherche concerne la représentation du processus d’élaboration d’un programme annuel de
réhabilitation et l’amélioration du modèle multicritère. Deux ensembles de critères sont proposés.
Le premier ensemble est une reformulation des critères existants. Il permet de représenter et comparer les conduites
en tenant compte conjointement des impacts estimés de leur état de santé et du coût de renouvellement. Chaque
critère associé à un type de conséquences de la casse d’une conduite est exprimé comme une efficience : impacts
évités par K€ consacré au renouvellement de la conduite.
Le second ensemble permet de comparer des variantes de programmes de réhabilitation. Chaque critère proposé est
une mesure de l’efficience d’un programme de réhabilitation (impacts évités en fonction du linéaire renouvelé ou du
budget de renouvellement).
Le second volet de la recherche porte sur l’évaluation des bénéfices de l’utilisation de la chaîne d’outils d’aide à la
décision (outils de prédiction des casses + modèle multicritère + procédure de hiérarchisation) en fonction du
contexte de disponibilité des données élémentaires. Les résultas sont obtenus par une démarche d’expérimentation
numérique qui repose sur l’utilisation des données réelles fournies par le gestionnaire du réseau Reggio Emilia (huit
années d’historique des casses de conduites + données sur l’environnement urbain). Dans le cadre des simulations
réalisées, nous distinguons l’efficience escomptée d’un programme de renouvellement (estimation des impacts des
casses qui vont être évités) et l’efficience réelle, évaluée en simulant la mise en œuvre de programmes de
réhabilitation fictifs.
Les expérimentations réalisées fournissent des enseignements originaux sur l’apport des outils. Elles permettent de
mesurer :
- l’apport des outils de prédiction des casses (introduction d’un volet préventif dans les programmes de
réhabilitation), en fonction de différents aspects : taille de l’historique des casses disponibles, données utilisables pour
la prédiction des casses, modèle utilisé pour la prédiction des casses ;
- l’apport d’un raisonnement en termes d’impacts des casses par rapport à un raisonnement limité aux taux de casse ;
- les conséquences de diverses hypothèses relatives aux incertitudes attachées au calcul des critères sur la capacité de
discrimination de la procédure multicritère et sur l’efficience d’un programme.
Les expérimentations réalisées permettent également de fournir et d’illustrer des propositions méthodologiques vis-à-
vis du problème du paramétrage de la méthode multicritère ELECTRE TRI. Une démarche d’analyse multicritère est
proposée à l’utilisateur de l’outil CARE-W_ARP pour l’aider à générer une variante de programme conforme à ses
préférences.
Mots clés :
Réseau d’eau potable - Réhabilitation - Aide à la décision multicritère - ELECTRE TRI - Préventif - Efficience
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Abstract
Abstract
This research provides some extensions of the studies realised within the European project CARE-W: Computer Aided
REhabilitaion for Water networks. Within the CARE-W suite of software tools, CARE-W_ARP is a module dedicated
to the definition of Annual Rehabilitation Programmes. Two components may be distinguished: a) a multi-criteria
representation of pipes (criteria measuring the impacts of the pipe condition), and b) a procedure, based on the
ELECTRE TRI method, for the prioritization of rehabilitation needs.
Research works aim at assessing and improving the decision support provided by CARE-W_ARP (criteria and
procedure). Another objective is to assess the efficiency of rehabilitation Programmes, by means of numerical
experiments associated with the real data.
A first part of the research is dedicated to the representation of the decision process leading to an annual
rehabilitation programme. Two sets of criteria have been elaborated:
The first set of criteria allows assessing and comparing water pipes, in taking account of both the impacts of the pipe
condition and replacement cost. Each criterion is expressed as efficiency: avoided impacts per K€ dedicated to
replacement.
The second set of criteria allows assessing and comparing rehabilitation Programmes. Each criterion is expressed as
efficiency: expected avoided impacts as a function of the rehabilitation length or as a function of total cost.
The second part deals with the assessment of the benefits of using the suite of tools (failure prediction tools +
multicriteria model + ranking procedure) depending on the available data. The results have been derived from
numerical experiments using real data provided by AGAC, operating the water supply system of Reggio Emilia (eight
years of failure data, data on the urban environment). Within the numerical simulations we assess the expected
efficiency of a rehabilitation program and the real efficiency, evaluated in identifying the benefits that could have
been obtained in implementing a fictitious program. The experiments provide original results relating to the suite of
tools:
- benefits of using failure prediction tools (providing a preventive part of the rehabilitation programme) as a function
of several aspects: available failure data, available data on failure factors, failure prediction model;
- consequences of various hypotheses regarding the uncertainty in the calculation of criteria on the discriminatory
capacity of the multicriteria procedure and on the efficiency of a rehabilitation Programme.
The experiments also provide and illustrate methodological proposals relating to the parameterization of ELECTRE
TRI. A multicriteria analysis procedure is proposed to support CARE-W_ARP users in generating a rehabilitation
Programme in accordance with their preferences.
Key-words:
Water drinking network - Rehabilitation - Multicriteria decision support - ELECTRE TRI - Preventive - Efficiency
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Remerciments
Remerciements
Ce travail a été effectué au sein de l’Unité de Recherche en Génie civil de l’INSA de Lyon. Quelques lignes
ne pourront jamais exprimer la reconnaissance que j’éprouve envers tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué par leurs conseils, leurs encouragements ou leur amitié à l’aboutissement de cette thèse.
Je tiens à remercier en premier lieu, le professeur Bernard CHOCAT pour m'avoir accueilli dans le
laboratoire et avoir permis que ce travail se déroule dans les meilleures conditions.
Je remercie tout particulièrement mon directeur de thèse, Dr Pascal LE GAUFFRE, qui a accepté
d’encadrer cette thèse et qui m’a témoigné son soutien et sa confiance. Il a su me faire bénéficier de son
expérience et de sa compétence. Je le remercie pour la confiance et la qualité de son encadrement. Qu’il
trouve ici l’expression de mes sincères gratitudes.
J'exprime ma gratitude au Prof xxx qui me fait l'honneur de présider ce jury. J’exprime ma sincère
reconnaissance aux membres du jury, Prof Daniel BOISSIER et M. Bernard BREMOND (Directeur de
recherche) rapporteurs, Prof Youssef DIAB et Prof Marcel MIRAMOND examinateurs.
Je remercie tous les chercheurs, enseignants et membres du personnel du laboratoire. Ce travail n’aurait
jamais pu aboutir sans leur aide précieuse et leur gentillesse : Sylvie, Jean-Luc, Jean Pascal, Francine,
Hervé, Christian, Dominique, Valérie et Renée.
Je ne saurais oublier mes camarades et collègues de laboratoire pour leur cordialité grâce à laquelle cette
thèse s'est déroulée dans un climat stimulant et sympathique. Je tiens à remercier : David, Mohamed mon
compatriote, Jérôme, Antoine, Stéphanie, Andreas, Damien, Mazen, Erwan, Yvan, Emilie, Adrien, Miguel,
Jad, Seb, Li, Priscilla, Leonardo et Anis.
J’aimerais remercier tout autant mes amis qui ont contribué à leur manière à l'aboutissement de cette thèse.
Enfin je ne voudrais, non plus, oublier le rôle de ma famille (mon père, ma mère, mes frères et ma soeur)
qui a été capital tout au long de ces années.
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Sommaire
Sommaire
Résumé ....................................................................................................................... 3
Abstract....................................................................................................................... 5
Remerciements ........................................................................................................... 7
Sommaire .................................................................................................................... 9
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Sommaire
3.6 Proposition de nouveaux critères : critères pour évaluer des programmes ...........................101
3.6.1 Comment évaluer les bénéfices d’un programme annuel de réhabilitation ?................................. 101
3.6.2 Construction d’une méthode d’évaluation des efficiences et des bénéfices réels ........................... 104
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Sommaire
10 Annexes............................................................................................................ 187
10.1 Annexe 1 : Facteurs de défaillances et modélisation des défaillances...................................187
10.1.1 Facteurs des défaillances .................................................................................................... 187
10.2 Annexe 2 : pratique de gestion patrimoniale - cas du réseau AGAC, ville Reggio
Emilia (Italie) ...............................................................................................................200
10.2.1 Etude historique et caractéristiques du patrimoine physique ..................................................... 200
10.2.2 Contexte .......................................................................................................................... 202
10.2.3 Système de collecte et sources des données .......................................................................... 203
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Introduction générale
Introduction générale……………………………………………………………………………………..14
1. Généralités…………………………………………………………………………………………………………………………………….14
2. Contexte de la thèse……………………………………………………………………………...................................15
3. Problématique et objectifs de la thèse…………………………………………………………………………………………16
4. Plan de la thèse…………………………………………………………………………………………………………………………….18
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Introduction
Introduction générale
1. Généralités
Le réseau d’eau potable constitue un élément important dans la vie des sociétés. La fonction de base
d’un réseau de distribution d’eau est de satisfaire les besoins des usagers en eau. Cette eau doit être de
bonne qualité respectant les normes de potabilité et à une pression et en quantité suffisantes.
L’eau potable est transportée dans des canalisations, généralement enterrées. Elles sont en fonte grise
ou ductile, en amiante-ciment, en PVC, etc. Avec le temps, les canalisations commencent à vieillir, les
performances hydrauliques diminuent et la qualité de l’eau se dégrade, les pertes d’eau et les casses
augmentent. Les casses peuvent provoquer des dégâts spectaculaires et sont généralement enregistrées
dans des bases de données. Leur augmentation est un bon critère de vieillissement, lié aux
caractéristiques des canalisations et de leur environnement.
Le vieillissement des réseaux urbains d’eau potable constitue depuis plusieurs années une
préoccupation majeure des gestionnaires publics et privés (AGHTM, 2003). Les réseaux d’eau potable
constituent une partie du patrimoine urbain qui s’inscrit dans un processus de longue durée. Par
conséquent, leur renouvellement devrait se rattacher à des considérations liées au « vieillissement », en
d’autres termes à la dégradation dans le temps de leurs caractéristiques d’origine.
Mettre à niveau l’état et le fonctionnement des réseaux d’eau potable demande des gestionnaires qu’ils
interviennent face au vieillissement : en rénovant des conduites existantes, en remplaçant certaines par
des nouvelles, ou encore en installant de nouvelles conduites pour satisfaire la demande des nouveaux
consommateurs ou pour renforcer la fiabilité d’un réseau.
Les objectifs de la gestion des réseaux sont multiples : éviter toute rupture du service (arrêts d’eau et
nuisances engendrées, etc.), assurer la qualité du service rendu, limiter les pertes, maîtriser les coûts
d’exploitation (Charrat, 1995).
La maintenance et la réhabilitation des réseaux deviennent indispensables. Nous nous trouvons donc
devant une problématique de gestion technique dont les enjeux sont très variés, ils peuvent être
d’ordre économique, social, ou et environnemental. Par exemple : le coût de réhabilitation,
l’interruption du service et la sensibilité à cette interruption, les fuites, la qualité de l’eau.
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Introduction
2. Contexte de la thèse
La gestion d’un réseau d’eau potable, qu’elle soit à court terme ou à long terme, s’appuie sur des
modèles et des outils d’aide à la décision. Le développement des outils d’aide à la décision en matière
de réhabilitation des réseaux d’eau potable vise à constituer un support de négociation et d’arbitrage
s’appuyant sur de multiples points de vue :
− la continuité du service ;
Par ailleurs, l’aide à la décision constitue une aide extérieure pour le gestionnaire confronté à une
situation de décision. Les spécialistes du domaine, les analystes, peuvent conseiller le gestionnaire
pour formuler le problème et pour conduire le processus décisionnel pour obtenir une décision finale.
Le problème de décision auquel nous nous intéressons ici concerne la réhabilitation d’un réseau d’eau
potable. La mise en place d’une gestion patrimoniale pour planifier la réhabilitation de ces réseaux
repose sur la constitution d’une base de données et sur la définition et l’évaluation d’indicateurs de
performance. Cette base sert à l’analyse prédictive et la hiérarchisation des besoins en construisant des
modèles de vieillissement qui estiment la probabilité de casse d’un tuyau en fonction de son âge et de
certains facteurs.
L’objectif principal des recherches menées dans le domaine des réseaux d’eau potable concerne d’une
part le vieillissement des réseaux, et d’autre part la réalisation de diagnostic et la construction des
programmes de maintenance/réhabilitation.
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Introduction
Plusieurs projets de recherche ou systèmes ont été lancés dans ce domaine dans le monde. Des outils
et des modèles d’aide à la décision sont proposés dans ces projets. Parmi lesquels, nous trouvons : en
Australie, le système PARMS (Pipeline Asset and Risk Management System) (Burn et al., 2003), au Canada,
le système WARP (Water main Renewal Planner) (Rajani & Kleiner, 2001, 2002), en Grande Bretagne, le
système WiLCO (Whole Life Costing for water distribution network management) (Skipworth et al., 2002) et en
Europe, le système CARE-W (Computer Aided Rehabilitation of Water networks).
CARE_W, est un projet financé par l’union européenne, qui visait la conception et le test d’un
ensemble de modèles et d’outils destinés à aider les gestionnaires des réseaux d’eau potable dans
l’établissement et la mise en œuvre de stratégies de réhabilitation.
Le problème de décision auquel nous nous intéressons dans cette thèse concerne la construction des
programmes annuels de réhabilitation des réseaux d’eau potable. Dans cette thèse, nous essayons de
développer une approche multicritère de décision. La thèse s’inscrit dans la suite du projet CARE-W
(Computer Aided REhabilitation of Water networks). Les travaux de la thèse se focalisent sur le module
CARE-W_ARP (Annual Rehabilitation Programmes). Le module CARE-W_ARP permet de définir un
programme de réhabilitation annuel selon une démarche multicritère.
Données :
1- historique de casses
2- données / fonctionnement du réseau
3- données / environnement du réseau
4- données / constitution du réseau
CARE-W_ARP
2 1- calcul des critères pour évaluer chaque conduite (critères)
2- comparaison et classement des conduites pour la constitution d’un programme (procédure)
Dans CARE-W_ARP, deux étapes sont définies pour construire un programme de réhabilitation :
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Introduction
− la première étape consiste à calculer les différents critères : à partir des données d’un réseau
d’eau nous pouvons calculer des indicateurs de performance, des taux de casses en utilisant
un modèle de prédiction des casses et des indices de criticité en utilisant un modèle
hydraulique pour chaque conduite. Les indicateurs de performance, les modèles des casses et
le modèle hydraulique vont alimenter le modèle CARE-W_ARP ;
L’objectif principal de cette thèse est de compléter l’outil CARE-W_ARP et d’évaluer les bénéfices
d’un programme de réhabilitation. Pour compléter l’outil nous proposons une approche critique de la
démarche CARE-W_ARP. L’approche critique comprend les tâches suivantes qui correspondent
chacune à un chapitre de la thèse :
− analyse critique des critères à l’échelle des conduites (reformulation, prise en compte des
coûts de réhabilitation) ;
− définition de critères à l’échelle des réseaux pour évaluer une alternative de programmation
de réhabilitation.
− impact des données disponibles sur l’efficacité d’un programme de réhabilitation : il s’agit de
tester l’impact de la qualité et de la quantité de données sur les efficiences ;
− apport d’une réhabilitation basée sur une évaluation des impacts de l’état de santé des
conduites ;
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Introduction
− comparaison des résultats de la méthode multicritère avec une méthode d’agrégation pour
justifier l’utilisation et pour montrer l’intérêt de la procédure multicritère utilisée ELECTRE
TRI dans la démarche CARE-W_ARP. Mais en contrepartie, dans ELECTRE TRI, plusieurs
paramètres doivent être fixés pour pouvoir définir les priorités pour la réhabilitation, cela
nous amène à définir la sous-tâche suivante ;
− analyse de robustesse des résultats vis-à-vis les paramètres internes de la procédure ELECTRE
TRI et impact des incertitudes sur un programme de réhabilitation;
− intégration des préférences du gestionnaire par analyse des résultats et aide à la définition de
paramètres internes de la méthode.
En résumé, l’objectif principal de la recherche présentée dans ce rapport est de proposer une
approche critique qui permettrait l’évaluation, l’amélioration de l’ensemble de modèles (CARE-
W_FAIL1 et CARE-W_ARP), proposés dans CARE-W, pour la construction des programmes annuels
de réhabilitation et l’évaluation de leur efficience. En outre, les contributions apportées par notre
travail de recherche pourront constituer un guide pour le gestionnaire dans sa démarche de
construction d’un programme de réhabilitation en fournissant des règles et des procédures pour
faciliter l’utilisation du module CARE-W_ARP.
4. Plan de la thèse
Le premier chapitre présente une étude bibliographique générale sur l’aide à la décision pour la
réhabilitation des réseaux d’eau potable. Dans ce chapitre, nous présentons la théorie de la
maintenance ainsi que les différents types de gestion utilisés par les gestionnaires.
Nous examinons ensuite les deux approches utilisées pour organiser et optimiser la gestion des
réseaux d’eau potable. Nous discutons en détail l’approche retenue dans le projet CARE-W pour la
construction des programmes de réhabilitation. Le projet CARE-W constitue le cadre théorique de la
thèse. Une présentation générale du système CARE-W, ses différents modules, les limites ainsi que les
développements proposés dans le cadre du projet AD-Ré-A et la situation de la thèse par rapport à ce
projet de recherche. Ensuite, nous présentons une synthèse bibliographique des modèles et des outils
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Introduction
élaborés dans CARE-W pour aider les gestionnaires à définir un programme annuel de réhabilitation.
Les trois outils utilisés dans cette thèse parmi les différents outils proposés par le système CARE-W
sont :
2- CARE-W_FAIL (Failure Prediction) : les modèles de défaillance, deux modèles sont disponibles
CARE-W_Poisson et CARE-W_PHM ;
3- CARE-W_ARP (Annual Rehabilitation Programmes) : modèle de classement des conduites par ordre
de priorité.
Le deuxième chapitre présente d’une façon détaillée l’outil CARE-W_ARP et les différentes tâches
effectuées dans cette thèse. Dans CARE-W_ARP, la détermination des priorités annuelles est basée
sur l’évaluation et la construction d’un profil multicritère des tronçons de réseau candidats à une
réhabilitation. Nous présentons les critères de décision définis dans CARE-W_ARP et la méthode
utilisée pour convertir les données brutes en données utilisables pour les critères. Ensuite, nous
présentons la procédure multicritère ELECTRE TRI de classement des conduites. Puis nous présentons
les différentes étapes de calcul dans l’outil et un exemple de calcul utilisant les données issues de la
ville de Reggio Emilia (Italie).
Les objectifs de la thèse sont de compléter l’outil multicritère de construction des programmes
annuels de réhabilitation « CARE-W_ARP », d’évaluer les bénéfices de l’utilisation de cet outil et de
définir des règles et des procédures pour faciliter son utilisation. A partir de ces objectifs nous avons
pu définir les différentes tâches de travail qui seront étudiées dans les chapitres suivants.
Les critères définis dans CARE-W_ARP sont à l’échelle des conduites. L’approche critique propose
de nouveaux critères à l’échelle des programmes. Ces critères sont basés sur la notion d’impacts évités
ou de bénéfices. L’optimisation de ces critères est conduite par une méthode d’évaluation
rétrospective des bénéfices ou des impacts.
Le chapitre quatre s’appuie sur le troisième chapitre. Nous discutons dans ce chapitre l’influence des
éléments d’entrée sur les bénéfices d’un programme de réhabilitation. Nous comparons d’abord les
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Introduction
résultats obtenus avec les deux modèles de prédiction de défaillance. Nous étudions aussi l’influence
de la qualité et de la quantité des données sur un programme de réhabilitation. Ensuite nous discutons
l’apport d’une réhabilitation basée sur une évaluation des impacts des casses par rapport à une
réhabilitation basée sur les taux de casse. Pour ce faire, nous menons une comparaison de deux
programmes de réhabilitation l’un défini par CARE-W_ARP, l’autre sans CARE-W_ARP basé sur les
taux de casse. A la fin de ce chapitre, nous proposons des nouveaux indicateurs de performance à
l’échelle du réseau.
Le chapitre cinq propose une analyse critique de la méthode multicritère et une aide à son utilisation.
Les données de Reggio Emilia sont réutilisées avec un modèle compensatoire et comparées avec ceux
de la procédure de Tri multicritère « ELECTRE TRI ». Ensuite, nous menons une étude de robustesse
et nous testons l’influence des incertitudes dans les données urbaines sur un programme de
réhabilitation et son efficience.
Dans ce chapitre nous proposons une démarche pour intégrer les préférences du gestionnaire. Cette
démarche consiste à évaluer une variante d’un programme de réhabilitation et à générer plusieurs
variantes. A partir de l’intégration des préférences nous allons aborder la question de la fixation des
poids et des profils de référence.
A la fin de ce chapitre nous présentons les différentes considérations à prendre en compte avant de
mettre en œuvre un programme de réhabilitation.
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Chapitre 1. Aide à la décision pour la réhabilitation des
réseaux d’eau potable
21
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
1.1 Introduction
La fonction de base d’un réseau d’eau potable est de délivrer l’eau en quantité suffisante et en qualité
respectant les normes de potabilité issues, par exemple, des directives de l'Union européenne ou de
l’OMS2. Le réseau d’eau potable est considéré comme patrimoine3 dans la mesure où il fournit un service,
et ceci de manière fiable et pérenne.
La gestion de la réhabilitation des infrastructures techniques urbaines et plus particulièrement les réseaux
constitue une nouvelle dynamique qui s'impose. Les gestionnaires doivent déterminer quand et comment
entretenir, réparer et renouveler les installations existantes, de la façon la plus efficace et la plus
économique possible.
Le chapitre 1 constitue une bibliographie générale sur l’aide à la décision pour la gestion des réseaux d’eau
potable. Nous menons une étude sur la maintenance et la réhabilitation des réseaux. Ensuite nous
présentons les approches décisionnelles pour l’organisation de la réhabilitation et nous nous focalisons sur
l’approche CARE-W. Nous présentons les différents outils définis pour la gestion à court terme :
conception de programmes annuels de réhabilitation.
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Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Réhabilitation : La norme EN 752-1 (AFNOR, 1996) définit la réhabilitation comme « toute mesure
entreprise pour restaurer ou améliorer les performances d’un réseau d’évacuation et d’assainissement
urbain ». Cette définition peut être transposée pour le cas des réseaux d’eau potable. En effet, la
réhabilitation d’un système peut être réalisée par une action ou une combinaison d’actions telles que
remplacement, rénovation ou réparation de composants ou ouvrages, voire par des actions sur le système
(nouveaux ouvrages ou équipements). Il est important d’expliquer les frontières entre les différents
concepts ou actions de réhabilitation. En effet les actions de réparation sont souvent exclues des travaux
de réhabilitation et sont considérées comme des travaux de maintenance. De même les termes de
réhabilitation et de rénovation sont souvent utilisés comme synonymes et ce dernier est parfois confondu
avec le remplacement.
La figure suivante présente les différents concepts ainsi que leurs relations.
d’infrastructure
Actions
Nouveaux
travaux
Remplacement
Réhabilitation
Rénovation
Infrastructure
Réparation
existante
Maintenance
Opérationnelle Actions
Nettoyage légères
Figure 2 : terminologie utilisée dans la réhabilitation (norme EN 752) et relations avec les
autres opérations, par exemple la maintenance, des réseaux d’assainissement
Ces différents concepts sont définis dans la norme EN 752-1 (AFNOR, 1996) :
Maintenance : La norme NF X 60-100 (AFNOR, 1981) définit la maintenance comme l’ensemble des
activités destinées à maintenir ou à rétablir un bien dans un état ou dans des conditions de
23
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
fonctionnement sûres pour assurer un service donné. Ici le terme de maintenance englobe la notion de
réhabilitation.
La maintenance peut prendre plusieurs formes. Elle est corrective lorsqu’on exécute un ensemble
d’activités de maintenance après détection d’une défaillance, pour remettre un bien dans un état dans
lequel il peut accomplir une fonction requise. Les activités de cette maintenance sont à dominante
technique, elles comportent la localisation des défaillances et le diagnostic, la remise en état, le contrôle de
bon fonctionnement. Elle est palliative si elle est à caractère provisoire et elle est curative si elle est à
caractère permanent.
La maintenance est préventive lorsque les activités de maintenance ont un but de réduire des situations à
risque d’un bien ou d’un service rendu. Les activités correspondantes sont déclenchées selon un
échéancier établi à partir d’un nombre prédéterminé d’usage (maintenance systématique) ou de critères
prédéterminés significatifs de l’état de dégradation du bien ou du service (maintenance conditionnelle).
La maintenance conditionnelle comprend toutes les tâches de restauration de matériels ou de composants
non défaillants, entreprises en application d’une évaluation d’état et de la comparaison avec un critère
d’acceptation fixé par les normes.
La maintenance Basée sur la Fiabilité 4 (MBF) consiste à rechercher les matériels critiques5 dont les
modes de défaillance ont un impact significatif sur la sûreté, la disponibilité, la qualité, l’environnement,
etc. Fondée sur la connaissance des taux de fiabilité des matériels, elle implique une maintenance
4 Aptitude d’une entité à accomplir une fonction requise, dans des conditions données, pendant un intervalle de temps donné.
5 Dans la théorie de la MBF, la criticité est une notion centrale pour l’organisation de la maintenance. La criticité prend en compte
le couple de variables gravité (ou sévérité) des effets de la défaillance et probabilité d’apparition de la défaillance si aucune
maintenance préventive n’est réalisée.
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Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
préventive ou une modification de conception uniquement pour les matériels critiques. La maintenance
corrective est la seule alternative proposée pour les matériels jugés non critiques. (Zwingelstein, 1996)
L’organisation de la réhabilitation des infrastructures urbaines s’appuie sur ces différents types de
maintenance. L’adaptation de la théorie de la maintenance NF X 60-010 à la gestion des infrastructures et
plus particulièrement la gestion des réseaux d’eau potable permet de distinguer deux composantes ou deux
volets de la réhabilitation :
− corrective ;
− et préventive.
La réhabilitation corrective est la part de la réhabilitation qui se base sur le constat de défaillances, nous
distinguons deux cas :
− indicateurs relatifs à la gravité des impacts possibles (impacts sur les milieux urbain ou
naturel, et impacts sur les usagers du service).
En d’autres termes, cette réhabilitation consiste à hiérarchiser les conduites par classe de criticité et
conduit à focaliser les efforts sur les conduites les plus critiques c'est-à-dire à la fois les plus exposées au
risque de défaillance et pour lesquelles les conséquences de la défaillance sont les plus préjudiciables pour
le réseau et son environnement.
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Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
c) probabilité de casse ;
d) évolution de la demande ;
i) travaux de voirie.
Un troisième volet peut également être rajouté au programme de réhabilitation pour des raisons liées à la
coordination avec les autres services : motifs h et i.
− en Australie, le système PARMS (Pipeline BAsset and Risk Management System) élaboré par le CSIRO
(Burn et al., 2003) ;
− au Canada, le système WARP (Water main Renewal Planner), élaboré au CNRC (Rajani & Kleiner,
2001, 2002) ;
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Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
− en Grande Bretagne, le système WiLCO (Whole Life Costing for water distribution network management),
élaboré par un groupement d’équipes universitaires (Skipworth et al., 2002) ;
− le système CARE-W (Computer Aided Rehabilitation of Water networks), conçu dans le cadre du
projet de recherche européen du même nom, par un consortium de 10 centres de recherche.
T T T
Échelle : Structure Dysfonctionnements Impacts sociaux Sensibilité de
Zone ou & - dégradation de la - qualité de l’eau l’environnement
Réseau Composition qualité de l’eau, insatisfaisante, &
- pression insuffisante, - pression insatisfaisante, Exigences
- etc. - etc.
Avant d’examiner les principes de ces outils d’aide à la décision, rappelons brièvement quelques
caractéristiques des problèmes de gestion étudiés (Le Gauffre et Eisenbeis, 2004) (Figure 3) :
− gérer implique en premier lieu d’acquérir de l’information sur le système et sur ses relations avec
son environnement ;
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Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
les informations relatives au réseau ou à un tronçon portent sur son état, ses
dysfonctionnements, et sur les impacts sociaux (conséquences des
dysfonctionnements compte tenu de la sensibilité de l’environnement) ;
l’évaluation des impacts nécessite donc de représenter, qualifier voire quantifier
les différentes formes de sensibilité de l’environnement urbain de
l’infrastructure : nombre de personnes affectées par une interruption, présence
de clients sensibles, caractère stratégique on non d’une voie de circulation, ... ;
− gérer implique de sauvegarder et d’analyser l’information sur les activités de gestion : évaluation
des coûts internes liés à l’exploitation, à l’entretien, aux réparations, … mais aussi coûts liés à la
gestion des plaintes (en relation avec l’état de l’infrastructure) et aux éventuelles compensations et
pénalités induites par des performances insuffisantes ;
− établir une stratégie de gestion nécessite de prévoir (par extrapolation ou par des modèles plus
élaborés) l’évolution d’indicateurs relatifs aux performances et aux coûts, sur un horizon de temps
choisi (T T+n années) ;
Les outils d’aide à la décision, pour l’organisation de la réhabilitation préventive, évoqués plus haut
considèrent ces différents aspects selon deux grands types d’approches:
− les systèmes PARMS, WiLCO et WARP s’inscrivent dans une approche globale d’optimisation
économique sur le long terme (voir 1.3.2) ;
− le système CARE-W propose une assistance à la gestion décomposée en deux niveaux : un niveau
stratégique (politique à long terme) et un niveau opérationnel (programmes annuels) (voir 1.3.3).
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Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
gestion des patrimoines. Dans le domaine des réseaux d’eau potable plusieurs modèles ont été proposés
(Shamir & Howard, 1977 ; Andreou, 1987 ; Herz, 1996a ; 1996b, 1998 ; Werey, 2000).
Dans cette approche, on recherche une date optimale de réhabilitation pour minimiser le coût global
d’un équipement. Tout équipement engendre des coûts d’exploitation et d’entretien qui augmentent avec
son âge. Le coût actualisé de son renouvellement est une fonction décroissante dans le temps. L’objectif
est d’optimiser le coût de remplacement des canalisations en décidant de remplacer l’équipement l’année
où son coût total actualisé est minimum comme le montre le schéma ci-dessous (Alexandre, 1994).
Montants actualisés
Coût actualisé du
maintien de service
Coût actualisé
du renouvellement
Année de remplacement
Les travaux de (Werey, 2000) s’appuient sur la programmation dynamique pour proposer une méthode
d’optimisation des échéances de renouvellement au niveau de la conduite, tenant compte de l’approche
probabiliste du vieillissement, des coûts d’intervention (réparation/renouvellement), de la sensibilité des
consommateurs à l’interruption de service.
Pour schématiser, le principe de cette approche revient toujours plus au moins à comparer, pour un
tronçon donné, les coûts actualisés de non renouvellement d’une part et de renouvellement d’autre part.
La comparaison des différentes actions (travaux neufs, réparations) se fait en rajoutant aux dépenses
directes de chacune de ces actions, les coûts indirects qui représentent les « coûts sociaux », c’est un
chiffrage des dommages et des gênes causés par exemple : par une interruption du service, gênes crées par
les travaux (bruit, encombrement, etc.).
L’approche « coût global du cycle de vie » a été mise en application dans les deux systèmes WiLCO (Whole
life costing) (Skipworth et al., 2002) & PARMS (Pipeline Asset and Risk Management System) (Burn et al., 2003) :
« For the development of our models we consider Whole-of-life costing (WLC) to cover all of those costs included in
Life Cycle Costing (LCC), plus those costs associated with customer disruption as well as externalities such as the
cost of traffic disruption. » (Burn et al., 2003)
29
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
La logique suivie dans cette approche consiste à intégrer en tant que « coût global du cycle de vie », sur
un horizon de temps choisi, l’ensemble des coûts des interventions et l’ensemble des coûts induits par les
performances de l’infrastructure, Figure 5.
£ EFFECT
Ici, l’aide à la décision consiste à trouver une combinaison d’interventions qui puissent minimiser le coût
global sur l’horizon de temps choisi. Les différents impacts de l’état de santé doivent être monétarisés
(quantifiés) en une unité telle que toutes les unités soient interchangeables.
A titre d’illustration, nous pouvons examiner les propositions de (Skipworth et al., 2002) concernant
l’évaluation du coût global des casses : (équation 1).
Crepair est le coût des réparations, CindB la somme des coûts indirects assumés par le gestionnaire,
C extB la somme des coûts externes liés aux casses. Les coûts indirects sont explicités par l’équation
2:
C regB est le coût annuel lié aux activités de régulation, C compensation le coût annuel des
compensations versées aux usagers et aux tiers du fait des casses, C complaints le coût de traitement
30
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
des plaintes, C imageB le coût d’une perte d’image de marque de l’organisme gestionnaire et C penB le
coût des éventuelles pénalités infligées par l’autorité de régulation en cas de taux de casse non
conforme.
C disrup est le coût total des perturbations induites par les casses et CWTP le consentement à payer
D’après (Le Gauffre et Eisenbeis, 2004) ces méthodes sont utilisables lorsque les coûts des différents
impacts sont « connus » de façon suffisamment précise. C’est le cas notamment lorsque, dans le cadre d’un
système privatisé comme au Royaume-Uni, un organisme de régulation (tel que l’OFWAT) contrôle les
services des eaux. Celui-ci définit de façon pluriannuelle, lors de dysfonctionnements ou de défauts, des
coûts de pénalités.
Néanmoins, il faut garder en mémoire les limites de l’approche par optimisation économique :
− certains coûts vont forcement être monétarisés avec une précision très grossière et il faudra donc
s’en souvenir pour ne pas, à la fin du processus, arbitrer au centime près entre deux options
concurrentes ;
− la projection sur la longue durée des coûts sociaux est liée à des hypothèses fortes sur l’évolution
(ou la non évolution) des usages, des attentes, de l’activité économique, etc. ;
− l’évaluation des coûts sociaux sera toujours lourde à faire au niveau de chaque tronçon ou de
chaque rue, alors même que c’est apparemment à cette échelle que ces coûts sont discriminants si
l’on suit (Alexandre, 1994).
Une telle optimisation nécessite de tout exprimer en unité monétaire, de supposer que les normes
n’évolueront pas dans les dix ans prochaines : lourdes hypothèses…
Un recensement de l’American Water Works Association (AWWA, 1986) concernant des simulations
économiques faites sur des services d’eau américains montre que les conclusions obtenues sont très
fragiles et pas assez fiables dans tous les cas.
31
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
risques, améliorer le service rendu, préserver l’environnement, réduire les coûts, etc.). La prise en compte
explicite de plusieurs critères introduit une difficulté qui n’existe pas dans le cas du critère unique, du fait
que dans la plupart des cas les critères se trouvent en conflit, et il n’existe pas une solution unique qui
s’impose d’elle-même et l’élaboration d’une prescription unique en devient plus complexe (Mousseau,
1993).
L'apparition et l'utilisation depuis quelques décennies (Roy, 1972) de méthodes d'analyse multicritère pour
l'étude de systèmes complexes ont intéressé les différents corps concernés par la gestion des réseaux d’eau
potable.
L’utilisation d’une approche multicritère a remis en cause les deux hypothèses de l’optimisation
économique :
− les conséquences multiples de cet état de santé conduit à la construction de « coûts sociaux »
autorisant le principe d’agrégation au sein d’une fonction coût global dont la minimisation permet
de définir une date optimale d’intervention.
L’approche multicritère est une critique de ces hypothèses et propose une alternative à cette vision
additive autorisant l’utilisation d’un système d’indicateurs exprimés dans leurs unités propres et non
agrégés (approche non compensatoire). Elle autorise ainsi la vision « tableau de bord », l’évaluation en
continu et l’adaptation des politiques de gestion par rétroaction sur les hypothèses de ces politiques.
Dans le cadre du projet CARE-W un système du même nom a été proposé comme une alternative à
l’approche dominante du « Whole Life Costing ». Ce système est basé sur une approche à double échelle
temporelle. Cette approche consiste à distinguer deux problématiques de décision complémentaires :
Une troisième problématique peut également être définie, concernant les interventions non programmées
(décision à prendre en urgence, par exemple du fait d’une intervention sur la voirie) (cf. encadré 1 - extrait
de (Le Gauffre et Torterotot, 2005))
32
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Encadré -1-
Defining a conceptual model of decision-making for rehabilitation
When considering any organisation, decision making processes can be divided into three types (Mintzberg, 1982):
− operational decisions ;
− management decisions (co-ordination of operational decisions) ;
− strategic decisions (with an impact on organisations themselves).
They are bound to the structure, stakes and objectives of the organisation, as well as to existing information flows
and decision making tools. These processes can be analysed in terms of centralisation, formalisation, information
(number of alternatives considered, data needed…) and confrontation (Koopman and Pool, 1990). Water
networks rehabilitation decisions can be considered in this general framework, and are concerned by the three
types introduced above.
The study of real world decisions in organisations has led to questioning the implicit assumption of “optimisation”.
In practice, a decision within an organisation has to deal with several limitations and constraints:
− contradictory stakes and objectives (such as restricting rehabilitation expenses and restricting the impacts
of coming network failures, for instance) ;
− level of available and manageable information (especially concerning forecasts and their intrinsic
difficulty) ;
− time and resources ;
− strength of habits ;
− uncertainties ;
− number of involved parties ;
− decision criteria which cannot be compared directly (such as works costs, reduction of pipe burst
probability, traffic disruptions…).
For taking into account such limitations and constraints, was defined the “bounded rationality” decision model
(Simon 1977, Simon 1983, Friedberg 1997). It accounts for facts like most decisions being taken without reviewing
all alternatives and without checking whether optimal or not. The decision maker may make his decision as soon as
identifying a choice which “satisfies him enough”, given the objectives. By the way, spending too much time and
resources for looking for a “better” option may not be optimal either, when considering both the decision process
and the decision itself. This “bounded rationality” decision model focuses on a systemic description, with
constraints, relations between involved parties, information flows…
Coming back to the case of water networks rehabilitation, a model of decision processes should include
components such as (see D6 report): problem identification and diagnosis, development / design of courses of
action, selection / choice, review / approval. On the other hand, we have distinguished three different types of
decision situations, which can be encountered for rehabilitation:
- long term planning, in order to set for instance 1° generic goals to be pursued, 2° an interannual policy (levels
of priority among techniques for intervention, among groups of pipes…), 3° orders of magnitude for annual
budgets, and/or 4° priorities among areas of the networks; long term planning concerns the whole network; the
time scale is typically 5 to 20 years;
- short term programming, such decisions will refer either to goals set for rehabilitation at a long term planning
stage, or to goals defined for this given year; short term programming concerns either the whole network, or may
be done on each area inside the network; the time scale is typically 6 months to 5 years;
- “urgent rehabilitation” or “non programmed” interventions, typically when new information reveals that a
rehabilitation intervention may be necessary without waiting until the next programming period, or when a road is
unexpectably opened (repairing is not meant here); such a decision refers to long term or to short term goals, and
concerns a single pipe or a part of a street.
33
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
− CARE-W_FAIL (Failure Prediction) : des modèles statistiques et probabilistes ont été proposés
dans ce module pour l’analyse et la prédiction des défaillances (casses et fuites) des conduites.
Pour ce module, deux logiciels ont été développés par le Cemagref (CARE-W_PHM) et par
l’INSA de Lyon (CARE-W_Poisson) ;
− CARE-W_LTP (Long Term Planning) : ce module est constitué d’un ensemble de logiciels consacré
à l’aide à la construction et à la comparaison de stratégies de réhabilitation sur le long terme (10 –
15 ans) ;
− CARE_ARP (Annual Rehabilitation Programmes) : est un logiciel qui propose une aide à la décision
multicritère pour évaluer les tronçons et les classer par niveau de priorité pour la construction des
programmes annuels de réhabilitation.
Ces modules doivent être alimentés par une base de données (DB), concernant les éléments propres de
chaque conduite (matériau, diamètre, date de pose, etc.), les données relatives à l’environnement qui
constitue un facteur de défaillance (nature du sol environnant, localisation par rapport à la chaussée, etc.)
ainsi que l’enregistrement des différentes interventions sur le réseau.
6 SINTEF (coord., Norvège), LNEC (coord. WP1, Portugal), Cemagref (Bordeaux - coord. WP2; Strasbourg, France), INSA
Lyon (coord. WP3, France), T.U. Dresden (coord. WP4, Allemagne), WRc (coord. WP5, GB), NTNU Trondheim (Norvège),
T.U. Brno (Rép. Tchèque), Univ. Bologna, Univ. Ferrara, AGAC (Italie). Site WEB http://www.unife.it/care-w/
7 Bristol (GB), Brno (Rép. Tchèque), Codigoro (Italie), Dresden (Allemagne), Ferrara (Italie), Grand Lyon (France), Lausanne
(Suisse), Oeras-Amadora (Portugal), Oslo (Norvège), Stuttgart (Allemagne), Trondheim (Norvège), Reggio-Emilia (Italie),
Roubaix-Tourcoing (France).
34
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
L’ensemble de tous ces outils et logiciels est intégré au sein du prototype informatique CARE-W qui, à
son tour, permettrait de les relier autour d’une base de données centrale et à des outils de gestion des
données.
Notre travail de recherche entre dans le cadre du projet AD-Ré-A8 (Aide à la Décision pour la Réhabilitation
des réseaux d’Alimentation en eau potable) qui consiste à poursuivre et approfondir les travaux effectués dans le
projet CARE-W afin de répondre à plusieurs limites. Dans le projet CARE-W les outils et les modèles
sont autonomes mais ils pourront être utilisés d’une façon conjointe. Donc le premier et le principal
objectif du projet AD-Ré-A est la définition des procédures et des démarches permettant d’articuler les
différentes composantes ou outils (voir Figure 6) du projet CARE-W. Un autre objectif est de faire une
étude critique de l’indicateur de performance « nombre annuel de casses » et le développement d’un
modèle du vieillissement du patrimoine (Poinard, 2006).
8 Le projet AD-Ré-A a été financé par le RGC&U dans le cadre de l’appel à propositions « les technologies des infrastructures
urbaines »
35
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Tronçon
Bases de données urbaines
Échelles d’espace
Figure 7 : analyse sur deux échelles de temps et d’espace à l’aide du système CARE-W (Le
Gauffre et al., 2004)
La Figure 7 présente le rôle des différents modules du système CARE-W vis-à-vis des deux niveaux
d’analyse (court terme, long terme) portant également sur deux échelles d’espace :
− les indicateurs de performance sont associés au réseau dans son ensemble ou à des zones, la
modélisation hydraulique et l’évaluation de la fiabilité hydraulique porte sur un réseau ou un sous-
réseau, les modèles de prédiction des casses et les fonctions de survie « approche KANEW »
(Herz, 1996, 1998) sont associées à des catégories de conduites, la comparaison de stratégies de
gestion porte sur l’ensemble du patrimoine d’un gestionnaire ;
− les indicateurs de performance associés à des zones, la prédiction des casses, la modélisation de la
fiabilité hydraulique et les bases de données urbaines alimentent un modèle multicritère relatif aux
tronçons et une procédure de hiérarchisation des priorités de réhabilitation.
Ainsi, l’analyse sur le long terme est associée à l’échelle du patrimoine, tandis que la construction d’un
programme annuel nécessite de travailler à l’échelle du tronçon, sur la base d’informations actualisées :
indicateurs de performance, résultats de modélisations, mais aussi informations sur les programmes
d’intervention des autres services urbains (assainissement, gaz, voirie).
Comme on peut le voir sur la Figure 7, le tableau de bord (indicateurs de performance) a une double
fonction :
36
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
− à court terme, les indicateurs évalués sur un ensemble de zones du système à gérer permettent de
discriminer ces zones vis-à-vis de tel ou tel objectif de réhabilitation ; par exemple, la constatation
de taux de perte ou de taux de plaintes très différents d’une zone à une autre constitue un élément
de décision important pour la construction des programmes de réhabilitation (flèche [1]);
− sur le long terme, le tableau de bord constitue un moyen de contrôle des effets de la stratégie
adoptée ; c’est également un support nécessaire pour une éventuelle correction (flèche [7]) des
hypothèses formulées dans le module CARE-W_LTP : hypothèses sur l’évolution « naturelle »
des indicateurs de performance et sur l’efficacité des programmes de réhabilitation.
Les outils de prédiction des défaillances permettent de compléter les observations alimentant le tableau de
bord. Fondés sur des méthodes d’analyse statistique, ils fournissent, pour chaque conduite, une prédiction
du taux de défaillance, utilisée pour le calcul de la fiabilité hydraulique des réseaux et de la criticité des
conduites (flèche [3]) et pour le calcul des critères correspondant aux impacts des casses d’un tronçon
(flèche [2]).
L’objectif du projet CARE-W est de fournir aux gestionnaires de réseaux d’eau potable « une boîte à
outils » permettant d’aborder les cinq sous-problèmes suivants :
− prioriser les actions pour une meilleure utilisation des budgets annuels.
Cette boîte à outils présente des limites, elle constitue un outil de recherche qui nécessite d’approfondir les
propositions méthodologiques relatives à son utilisation ou encore pour améliorer les outils proposés :
− les modèles et les outils développés pour CARE-W sont autonomes mais sont destinés à être
utilisés de manière conjointe selon des démarches et des procédures qui restent à concevoir ;
− les outils de modélisation pour l’évaluation des performances des tronçons proposés dans le cadre
du projet CARE-W sont limités à deux aspects techniques : la prévision des casses et l’évaluation
de la fiabilité hydraulique d’un réseau. Une enquête menée auprès de 13 gestionnaires européens
fait clairement apparaître que ces deux aspects techniques constituent des éléments d’appréciation
essentiels pour la définition des priorités de réhabilitation. Cependant, et selon les sites, d’autres
aspects techniques et économiques peuvent s’avérer plus déterminants encore. La réduction des
37
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
pertes en eau (et des coûts associés) et la réhabilitation des conduites contribuant à une
dégradation de la qualité de l’eau en réseau s’avèrent deux objectifs prépondérants pour une part
importante des gestionnaires ;
− les critères d’évaluation et de comparaison des tronçons de canalisations, utilisés dans le module
ARP, ont été définis selon deux grandes familles de points de vue : des points de vue internes au
gestionnaire (coûts de réparation, pertes en eau et coûts associés, coûts de réhabilitation, etc.) et
des points de vue externes correspondant aux impacts subis par les usagers du réseau, par les
riverains, par les usagers de la voirie, etc. lors d’incidents. Dans le cadre du projet CARE-W ces
critères ont été formulés en vue de pouvoir comparer et hiérarchiser les tronçons. Aucune
évaluation économique des coûts externes n’est proposée.
Ces limites ont fait l’objet du projet AD-Ré-A (Aide à la Décision pour la Réhabilitation des réseaux
d’Alimentation d’eau potable).
− le premier objectif du projet AD-Ré-A est de relier les quatre composantes : PI (indicateurs de
performance), FAIL (outils d’évaluation de la fiabilité des tronçons), LTP (stratégie de gestion du
patrimoine) et ARP (élaboration des programmes annuels de réhabilitation). En outre, la mise en
œuvre de ces outils et la pertinence de leurs résultats sont largement dépendantes de la
disponibilité et de la qualité des informations disponibles dans les bases de données urbaines
(BDU) utilisées et/ou développées par les gestionnaires de réseaux. Il nous a semblé également
important d’étudier ces relations BDU Outils de gestion, en vue de produire des
préconisations sur l’acquisition et le traitement des données les plus utiles à la gestion des réseaux.
Cet objectif est traité dans le volet n°1 du projet (voir au titre 1.4.2.1) ;
− le second objectif du projet AD-Ré-A est donc de fournir des outils complémentaires
concernant l’évaluation des tronçons de réseau vis à vis de ces deux aspects : pertes en eau et
dégradation de la qualité de l’eau distribuée. Il s’agit d’approfondir l’approche de ces deux aspects,
qui ne sont abordés que par des indicateurs globaux (taux de plaintes par zone, taux de perte par
zone instrumentée) dans le projet CARE-W. Cet objectif est traité dans le volet n°2 du projet, par
le Cemagref de Bordeaux (voir rapport AD-Ré-A (Le Gauffre et al., 2005) : chapitre 3, annexe B ;
(Bremond et Renaud, 2005) ;
38
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Le projet est constitué de 3 volets basés sur les 5 modules du projet CARE-W :
− volet n° 1 : articulation des modèles et des outils pour une approche intégrée de la réhabilitation
des réseaux d’eau potable ;
− volet n°2 : modèles et outils complémentaires pour l’évaluation des performances d’un réseau
d’eau potable ;
− volet n°3 : modèles économiques pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable.
Les travaux de recherche effectués dans cette thèse s’inscrivent dans le volet n° 1. L’objectif de ce volet est
d’étudier et de concevoir les procédures associées aux interfaces entre les différents outils proposés par
CARE-W.
Cinq interfaces ont été étudiés représentent chacune une tâche de recherche donnée :
Tronçon
Bases de données urbaines
Échelles d’espace
Figure 8 : les interfaces entre différents outils d’aide à la décision élaborés dans CARE-W
39
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Interface 1 (flèche [1]): étude de l’interface entre les bases de données urbaines (DB : la représentation de
l’infrastructure et de son environnement urbain) et la programmation annuelle de réhabilitation (CARE-
W_ARP : évaluation multicritère des conduites et de la définition de priorités de réhabilitation) ;
L’objet de cette tâche est d’expérimenter la mise en œuvre du modèle multicritère élaboré dans le
cadre du projet CARE-W. Il s’agit en particulier d’étudier la disponibilité des données urbaines
nécessaires à l’évaluation des critères représentant les impacts des dysfonctionnements des réseaux
d’eau potable : interruptions de service, dommages dus aux casses, perturbations des activités
urbaines, etc. Il convient de définir des méthodes d’évaluation adaptées à différents niveaux de
développement des bases de données urbaines : évaluation à l’échelle du tronçon dans le cas
favorable, évaluation par zones géographiques dans les cas moins favorables, application de règles
expertes pour remplacer les données manquantes, etc.
Interface 2 (flèche [2]) : étude de l’interface entre CARE-W_ARP et CARE-W_PI : construction d’une
méthode d’évaluation des bénéfices d’un programme de réhabilitation et d’une méthode d’optimisation de
ces bénéfices ;
Cette étude constitue également une analyse critique des indicateurs de performance proposés par
l’IWA et/ou par le projet CARE-W et propose une extension de la liste des indicateurs de
performance relatifs au fonctionnement d’un réseau).
Interface 3 (flèche [3]): étude de l’interface entre CARE-W_FAIL et CARE_ARP : étude de la sensibilité
des résultats du module ARP vis-à-vis des outils de prédiction des défaillances et de l’historique
disponible ;
Les bénéfices d’un programme de réhabilitation dépendent de la capacité à prédire les impacts qui
vont être générés par les casses futures, et donc de la capacité à prédire ces casses. Cette étude
propose une comparaison des bénéfices obtenus selon le modèle utilisé.
Interface 4 (flèche [4]): étude de l’interface entre CARE-W_FAIL et les données disponibles : étude de la
sensibilité des résultats des outils de prédiction des défaillances vis-à-vis de l’historique et des variables
disponibles ;
La qualité de prédiction dépend directement de la qualité des données disponibles (fiabilité des
données) ainsi de leur quantité (longueur de l’historique, nombre des variables disponible). Une
étude de sensibilité des modèles de défaillance vis-à-vis des données propose une comparaison de
plusieurs contextes.
40
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Interface 5 (flèche [5]): étude de l’interface entre CARE-W_ARP et CARE-W_LTP : proposition d’une
méthode de construction des fonctions de survie utilisées pour la prévision des besoins en réhabilitation,
prenant en compte les critères de réhabilitations utilisés dans le module ARP ;
Dans le module LTP de CARE-W, la construction d’une stratégie de gestion à long terme repose
sur une procédure d’estimation des besoins futurs en réhabilitation à partir d’hypothèses de
fonctions de survie – durée de fonctionnement jusqu’à réhabilitation - associées aux différentes
catégories de conduites qu’un gestionnaire souhaite distinguer au sein de son patrimoine. Pour
assurer une cohérence entre, d’une part, les pratiques de décision qui peuvent être mises en œuvre
avec l’outil de construction des programmes annuels de réhabilitation et, d’autre part, les
estimations réalisées quant aux besoins en investissement de réhabilitation sur le long terme, il
convient de proposer un protocole permettant de segmenter le patrimoine en catégories de
tronçons et de définir les fonctions de survie associées.
Bien que toutes ces interfaces soient traitées et étudiées plus au moins dans les travaux de recherche
effectués, la thèse porte sur les interfaces 2, 3 et 4. L’étude de ces interfaces constitue une étude critique de
la méthode multicritère pour la programmation annuelle de réhabilitation CARE-W_ARP. Les interfaces 1
et 5 ont été étudiées par (Poinard, 2006).
41
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
La définition des indicateurs de performance permet de développer la notion de « tableau de bord » pour
la gestion, à la fois gestion réactive (fondée sur le suivi de l’évolution des IP) et gestion préventive voire
prévisionnelle (fondée alors sur l’utilisation d’IP associés à des modèles de risques ou à des modèles
d’évolution).
Les indicateurs de performance ou « le tableau de bord » constituent donc un élément primordial dans la
gestion du réseau et plus particulièrement dans la définition des programmes annuels de réhabilitation.
(Guérin-Schneider, 2001) distingue quatre étapes clefs d’utilisation des indicateurs de performance :
1 Définition 2 Pilotage
Formuler les Suivre les résultats du
objectifs du service service et leur évolution
4 Communication 3 Incitation
Informer les Comparer les services pour
consommateurs compenser la dissymétrie
d’information
La première étape concerne la définition d’une liste d’indicateurs qui permettent de traduire et de chiffrer
les différents objectifs annoncés et attendus par la collectivité.
42
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Après avoir fixé les indicateurs, la collectivité est en mesure de suivre l’évolution annuelle du service (étape
de pilotage). Les dérives sont repérées et les progrès mis en évidence. Cela permet d’avoir un dialogue
objectif entre la collectivité et l’exploitant du réseau pour déboucher sur des décisions visant l’amélioration
du service.
Les indicateurs sont aussi des outils de communication et d’information des consommateurs. Ils révèlent
des améliorations qui étaient difficilement perçues par les usagers (taux de renouvellement, pertes par
kilomètre et taux d’interruption de service). Cette nouvelle forme de transparence renforce le désir de
l’exploitant d’améliorer la qualité du service.
Enfin les indicateurs constituent un terrain de langage commun, les définitions doivent être partagées
entre les différents services. Cela rend possible des comparaisons qui vont apporter à chaque collectivité
des informations qui éclairent leurs propres résultats. Ces comparaisons créent une émulation qui incite à
la performance (étape d’incitation).
Pour que l’ensemble d’indicateurs mis au point puisse être utilisé correctement par tous les acteurs
impliqués dans le domaine de l’eau, les exigences suivantes sont fixées par l’IWA (Alegre et al., 2002) (Le
Gauffre et al., 2002a) :
− le groupe d’IP doit représenter tous les aspects significatifs de la performance d’une compagnie
(permettant une représentation globale du système par un nombre réduit d’indicateurs) ;
− le matériel de mesure requis pour l’évaluation des IP doit pouvoir être acquis par toutes les
compagnies (le matériel sophistiqué et cher doit être évité) ;
− le système d’IP doit être vérifiable (cette condition est spécialement importante quand les IP sont
utilisés par les régulateurs, ces derniers pouvant avoir besoin de vérifier les résultats donnés par
les compagnies) ;
− les IP doivent être faciles à comprendre, même par des non-spécialistes (les consommateurs) ;
− ils doivent se référer à une période de temps bien définie (l’année étant la période recommandée),
ainsi qu’à une zone géographique bien délimitée ;
43
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
− l’ensemble des IP doit être applicables à des compagnies avec des caractéristiques différentes et à
différentes étapes de développement ;
− les IP doivent être en nombre aussi restreint que possible, évitant l’inclusion d’aspects non
essentiels.
L’échelle d’évaluation à associer à ces indicateurs est intimement liée au type de décision de réhabilitation,
notamment à la période de planification. Ainsi, des indicateurs évalués à l’échelle d’un réseau ne
permettront pas de fixer un programme annuel de renouvellement mais seront utiles dans le cadre de la
définition d’une politique à long terme. Ils doivent permettre de mesurer (rétrospectivement, ou mieux,
par simulation lorsque les modèles sont disponibles) l’impact d’un scénario de réhabilitation, défini
principalement par un taux annuel de réhabilitation ou une enveloppe financière destinée à
l’investissement.
L’anticipation des problèmes à venir est actuellement abordée par l’évaluation d’un indicateur d’état des
conduites : par exemple, le taux de casse. La modélisation prévisionnelle des taux de défaillance sera
présentée dans 1.5.2. En complément de ce volet, l’aide à la gestion de la réhabilitation nécessite la
construction de modèles pour l’élaboration des programmes annuels.
L’IWA (International Water Association) définit 133 indicateurs, classés en six groupes :
44
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
L’évaluation simultanée de tous les IP serait trop difficile pour un service d’eau, une évaluation progressive
est plus conseillée et judicieuse. L’IWA définit trois niveaux de priorité descendante :
Si un indicateur est difficilement évaluable, il est classé avec un niveau d’importance plus faible que son
niveau réel. Compte tenu de cette hiérarchisation, 26 indicateurs proposés par l’IWA sont de niveau 1, 56
de niveau 2 et 51 de niveau 3.
Le module CARE-W_PI a été élaboré par le LNEC (Laboratoire National de Génie civil, Portugal), dans
le cadre du projet CARE-W. Le LNEC et les autres partenaires du projet ont sélectionné les indicateurs de
performance pertinents parmi ceux proposés par l’IWA pour la problématique spécifique de la
réhabilitation des réseaux d’eau potable.
La démarche a consisté à identifier, parmi les indicateurs IWA, ceux qui étaient pertinents et nécessaires
pour la problématique spécifique de la réhabilitation des réseaux d’eau potable. Puis, cette première liste
(voir annexe 6 au titre 10.6) a été discutée par les différents partenaires scientifiques du projet et a été
complétée pour mieux cerner le problème et répondre aux besoins des modèles qu’il est prévu d’utiliser
dans le projet, en considérant selon les cas les échelles du réseau, de la zone, de la catégorie de conduites
ou du tronçon.
Une phase de validation auprès des gestionnaires partenaires a ensuite été engagée pour juger la
disponibilité des données et la pertinence des facteurs envisagés (Baptista et Alegre, 2001a, 2001b).
Nous présentons quelques résultats obtenus dans le projet CARE-W, 35 réseaux et sous réseaux ont été
évalués (chaque service est représenté par un numéro d’étude de cas). L’indicateur pertes en eau par
branchement (Op22) (Alegre et al., 2003) est calculé à partir de l’information concernant les pertes en eau
« A20 – Water losses » (voir encadré 2).
45
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Encadré - 2 -
Quartiles
O p22 (m3 per
200.00
0.00
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Case study
Comments: The mean value of the results collected is 153 m3 /connection/year and 50% of the case studies are situated
in the range from 75 to 172. Some case studies present relatively higher results.
Difficulties: A few end-users had difficulties with A20 (Water losses) and one with C32 (Number of service connections),
informing that this information is not recorded. Two end-users recommend abandoning this indicator.
Relevance: This PI is considered essential or important by almost all end-users.
PI guidance range: The tentative recommended guidance range was set between 20 to 175 m3/connection/year.
20m3/connection/year corresponds to a system with very little apparent losses and real losses of 40
l/connection/day. 175 m3/connection/year corresponds to a network with 300 l/connection/day of real losses
and 60% of this value for apparent losses (see Op24). These values were partially based on IWA (2000) –
“Blue pages on losses from water supply systems”, ed. A. Lambert e W.Hirner, International Water
Association.
La variable «Pertes en eau, A20 » est définie comme une différence de deux volumes (Production –
Consommation). L’encadré 2 montre l’hétérogénéité des résultats d’un site à l’autre.
Les indicateurs de performance constituent des outils de gestion permettant d’aider les ingénieurs à
analyser et à suivre l’évolution de la performance de différents services et à comparer ces services entre
eux.
Les programmes annuels définis par le modèle multicritère, permettant de hiérarchiser l’ensemble des
actions envisagées, peuvent être construits à partir de deux types d’indicateurs de performances :
46
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Tronçon
Bases de données urbaines
Échelles d’espace
− des indicateurs directement issus des données d’exploitation et des campagnes de mesures
(résultats des analyses de la qualité de l’eau, taux de plaintes enregistrés, indice linéaire de perte,
coûts de maintenance...) ;
La modélisation des phénomènes de défaillance (voir annexe 1 au titre : 10.1.1.9) permet de prévoir
l’évolution de l’état de santé de ces conduites pour pouvoir décider des actions sur le réseau et pour
anticiper les futurs besoins en financement.
47
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Dans la littérature sur la modélisation du comportement des réseaux d’eau potable, nous retrouvons deux
voies de modélisation : par les dégradations et par les dysfonctionnements. Plusieurs modèles ont été
développés et utilisés, ils sont classés selon deux approches par (Rajani et Kleiner, 2001) :
− approche physique (Kuraoka et al., 1996 ; O’Day, 1989) ; deux types de modèles sont distingués : les
modèles physiques déterministes (Doleac, 1979 ; 1980 ; Rossum, 1969), les modèles physiques
probabilistes (Ahammed et Melchers, 1994 ; Hong, 1997, 1998 ; Panday et al., 1998 ; Linkens et al.,
1998) ;
− approche statistique ; nous pouvons distinguer trois types de modèles : les études statistiques
descriptives (Sundhal, 1997 ; Svensson, 1990 ; GUP, 1994 ; O’Day, 1989 ; Andreou et al., 1987), les
modèles prédictifs déterministes (Shamir & Howard, 1979 ; Walski et al., 1982 ; Clark et al., 1982 ;
Kettler et al., 1985 ; Mc Mullen, 1982 ; Jacobs et al., 1994 ), les modèles prédictifs probabilistes
(Marks et al., 1985 ; Andreou et al., 1987 ; Marks et al., 1987 ; Brémond, 1997 ; Constantine et al., 1993 ;
Miller, 1993 ; Constantine et al., 1996 ; Lei, 1997 ; Eisenbeis et al., 1994 ).
Le lecteur trouvera dans l’annexe 1 au titre 10.1 une synthèse des modèles mentionnés ci-dessus.
Les modèles et les approches de prédiction de défaillances proposés précédemment présentent chacun des
contraintes qui rendent leur application ainsi que l’exploitation de leurs résultats difficile et compliquée. La
prédiction des taux de défaillance est fonction de la quantité, de la qualité des données disponibles sur le
réseau. La modélisation du taux de casse par tronçon nécessite un historique important de données de
maintenance associé à des données sur l’environnement. Par contre, l’approche au plan de l’ensemble du
parc est insuffisante dans une préoccupation de sélection des actions à mener à court terme. A partir de
ces remarques, la conception de modèles, fiables et pertinents, doit s’adapter au mieux aux données
disponibles et l’analyse doit se faire à une échelle intermédiaire entre les tronçons et l’ensemble du parc.
Cette échelle correspond à un regroupement des conduites selon plusieurs caractéristiques : matériaux,
diamètres, voirie, etc. Deux modèles sont proposés dans le module CARE-W_FAIL :
Ces deux modèles sont basés sur la connaissance des défaillances passées, observées et enregistrées. Une
défaillance est définie comme une casse ou une fuite détectée qui a entraîné une réparation de la conduite.
Ces outils de prédiction requièrent l’existence d’une base de données, suffisamment précise, caractérisant
les tronçons de canalisations du réseau et listant les défaillances et leur date d’occurrence. Ils permettent
de définir l’influence des variables (caractéristiques et environnement des tronçons) sur le taux de casse et
ils calculent le taux de défaillance par tronçon ou par catégorie.
48
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
1.5.2.1 CARE-W_Poisson
Ce modèle a été développé au laboratoire URGC10 de l’INSA Lyon. Il calcule un taux de casse moyen par
catégorie de tronçons. Les catégories sont définies en combinant plusieurs modalités des caractéristiques
des tronçons (diamètre, matériau, sol, trafic, etc.), statistiquement significatives. Ce modèle repose sur le
principe suivant : pour une conduite ayant déjà connu un taux de défaillance supérieur à celui de sa
catégorie, son taux individuel est conservé. Ainsi, le taux de défaillance prédit d'un tronçon i, PFR(i), est le
maximum entre le taux de défaillance de la catégorie j, FR(Cj), à laquelle appartient le tronçon i, et le taux
individuel observé du même tronçon, FR(i) (Failure Rate du tronçon i).
PFR(i) = Max {FR(i), FR(Cj)} Équation 4
L’analyse statistique des variables est basée sur la régression de Poisson qui constitue une technique
d’analyse très répandue dans les études épidémiologiques (Selvin, 1996). Ce modèle mesure l’influence des
variables, indépendantes, explicatives sur le taux de casse (nombre d’événements observé). La variable
dépendante est un nombre dont la distribution suit la loi de Poisson. Analytiquement, il permet de
modéliser le logarithme du nombre ou du taux (T) (la variable dépendante) comme la somme pondérée de
l’influence des variables de groupe X1, X2, etc. (type matériau, classes de diamètre, etc.) et le taux peut être
interprété comme le produit de l’influence de chacune de ces variables :
log(T ) = a + ∑b X
i
i i Équation 5
Avec :
Les différentes caractéristiques des individus et de leur environnement sont généralement représentées par
des variables X i binaires. Dans ce cas la constante a de la régression est telle que exp(a ) représente le
taux de défaillance observé sur la catégorie prise en référence dans le modèle ( X i = 0 , pour tout i ). On
peut en outre interpréter chaque terme exp(bi ) comme étant le risque relatif RR ou IRR (ou rapport des
taux) entre la catégorie de référence et la catégorie qui diffère de celle-ci uniquement vis-à-vis de la
caractéristique X i . Par exemple, IRR (fonte grise / fonte ductile) = 4 signifie que les catégories de
conduites en fonte grise connaissent en moyenne 4 fois plus de casses que les catégories analogues en
fonte ductile.
49
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
En déterminant les variables significatives par des tests statistiques et les intervalles de confiance des IRR,
nous pouvons diviser le parc des conduites en plusieurs catégories définies en combinant plusieurs
variables statistiquement significatives par la régression de Poisson. Nous calculons le taux de défaillance
de chaque catégorie de la façon suivante :
∑ i∈C j
Ni
FR(C j ) = : nombre de défaillances /1000 m /an Équation 7
⎛ Li ⎞
∑ ⎜
i∈C j ⎝ 1000
× ∆Ti ⎟
⎠
Avec :
La définition de catégories peut être réalisée en combinant plusieurs classes ou modalités significatives
déterminées par la régression de Poisson. L’influence d’une modalité ou d’une variable sur les taux de
casse peut être déterminé en calculant l’indice (IRR) (Incidence Rate Ratio) par la régression de Poisson. Par
exemple l'IRR (road2 / road 1&4)=3.9 signifie que le taux de casse des conduites posées dans la chaussée
avec un type de trafic « road 2 » est 3.9 fois plus élevé que le taux de casse des conduites ayant un type de
trafic « road 1&4 ». Un intervalle de confiance à 95% autour de l’estimateur ponctuel (IRR) est construit
pour chaque modalité ou variable. Si la valeur 1 est incluse dans cet intervalle, cela signifie que la variable
ou la modalité n’est pas significative, c'est-à-dire que la modalité est difficilement distinguée dans le
modèle et son taux de casse est identique à celui de la référence, il est donc préférable de la regrouper avec
la modalité de référence.
L’efficience et la pertinence d’un modèle peuvent être testées par l’utilisation de l’erreur standard, calculée
par le logiciel, obtenue par comparaison du nombre de casses observé et du nombre de casses estimé.
Cette erreur standard permet de calculer une statistique du Z qui donne une quantité sans unité avec :
Notons que (Malandain, 1999) a montré que les incertitudes liées aux données conduisent à sous-estimer le
risque relatif lié à chaque groupe. Une approche Bayesienne a été proposée pour quantifier l’effet des
incertitudes liées aux données sur le modèle.
50
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Dans le cas de Reggio Emilia (Italie), 18 catégories de conduites ont été définies en combinant 3 variables :
(diamètre)*(matériau)*(trafic). Nous pouvons distinguer : 3 classes de diamètre, 2 classes de matériau, 3
classes de trafic.
Le choix de ces classes ou modalités est validé par la régression de Poisson à l’aide du progiciel STATA
(Stata, 1997) lors de l’analyse des taux observés de 1994 à 2001, après élimination de la quasi-totalité des
variables statistiquement non significatives et le regroupement des conduites en 18 catégories.
Le tableau suivant montre les résultas obtenus de l’analyse par régression de Poisson. La catégorie de
référence est ici composée des tronçons de matériau (PE-PVC), de diamètre [25, 63] et de trafic (Road
1&4).
L’analyse du Tableau 4 montre : que notre modèle de 18 catégories est valide parce que les intervalles de
confiance ne contiennent pas la valeur d’unité 1 ; que par exemple : les conduites posées dans la chaussée
avec un type de trafic « Road 2 » sont de 3,9 fois plus cassantes que les conduites ayant un type de trafic
« Road 1&4 ».
Après avoir déterminé les catégories nous allons calculer le taux de défaillance de chaque catégorie en
utilisant l’équation 7.
51
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Le Tableau 5 présente les taux de casse observés et les taux de casse calculés par régression de Poisson
pour les 18 catégories définies. Les catégories sont classées par ordre décroissant selon le linéaire observé
(km.an). Pour les 7 premières catégories les estimations présentent une légère différence par rapport aux
observations. Par contre pour les catégories qui ont un linéaire inférieur à 151(km.an) nous remarquons
une différence entre les taux de casse observés et les taux de casse calculés. Cette différence est due à des
faibles linéaires ou nombre de casses observés par catégorie. Par exemple, les conduites de la catégorie
(diamètre : « [25-63] », matériau : « PE-PVC », trafic : « Road2 ») représente un linéaire de 21 km.an sur
lesquels 11 casses ont été observées depuis 1994. On déduit un taux observé élevé (0.514 casse/(km.an))
alors que, par régression de Poisson le taux de casse est relativement faible (0.21 casse/(km.an)).
1.5.2.2 CARE-W_PHM
Le modèle PHM (Proportionnal Hazard Model) a été utilisé et promu par (Andreou, 1987) et (Eisenbeis, 1994).
L’outil CARE-W_PHM est développé par le Cemagref - Unité ORH11 Bordeaux. Il est basé sur l’analyse
statistique des fonctions de survie, ces fonctions sont construites à partir des données de défaillances
observées.
L’analyse de survie, très répandue en épidémiologie, permet d’évaluer l’influence des facteurs de risque
propres à la canalisation (diamètre, longueur, etc.) et à son environnement (type de sol, type de trafic, etc.).
52
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
L’étude de la variable aléatoire « temps séparent deux défaillances successives » peut être menée en
utilisant le modèle de Weibull.
Fenêtre d’observation
t1 t2 tn+1 Temps
Date de pose
La détermination des intervalles de temps (t1, t2, tn+1) entre les défaillances utilise la théorie « Time Dependent
Renewal Process » qui étudie seulement les défaillances qui sont à l’intérieur de la fenêtre d’observation (Cox
et Isham, 1980). Pour chaque défaillance observée nous obtenons un temps t qui représente la réalisation
d’une variable aléatoire t n . Chaque variable t n est caractérisée par une fonction de survie S (t ) ou par une
fonction de risque instantané de défaillance h(t ) :
⎛ ⎞
h(t ) = h0 (t ). exp⎜⎜
⎝
∑ β z ⎟⎟⎠
i
i i Équation 8
La fonction h(t ) est basée sur le modèle de Cox qui a été construit pour lier l’intervalle de temps entre
deux défaillances avec les variables explicatives. Le modèle de Cox est formé de deux composantes.
La première composante constitue une fonction de risque de base, décrite, par exemple, par un modèle de
Weibull :
h0 (t ) = λp(λt )
p −1
Équation 9
Où λ, p sont des paramètres de la loi qui seront estimés par une régression sur données de survie ;
La deuxième composante est une fonction exprimant l’effet des variables explicatives z i , où les β i sont
les paramètres du modèle à déterminer.
53
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Avec le logiciel CARE-W_PHM la détermination du taux de défaillance de chaque tronçon passe par
plusieurs étapes :
Intervalle de
Données sur temps entre 2 Fonction de Prévision du
chaque défaillances + survie Monte nombre de
tronçon i Variables paramétrée Carlo défaillance
Ni explicatives sur un horizon de
Xi, j temps choisi :
E(Ni)
− la première étape consiste à diviser le parc des conduites en plusieurs strates. La stratification est
fonction de l’ordre de casse observé. (Le Gat et et Eisenbeis, 2000) préconise l’utilisation d’une
deuxième variable le matériau pour la stratification. Ceci est vérifiée par le fait que le processus de
vieillissement n’est pas le même pour tous les matériaux. Par exemple, le paramètre β
correspondant au trafic ou à la corrosivité du sol n’est pas le même pour des conduites en fonte
grise et des conduites en PVC ;
− après avoir déterminé les strates, nous faisons une analyse statistique de survie pour déterminer
les fonctions de probabilité de chaque strate ;
− une fois les modèles calés en optimisant les 2 paramètres de la fonction de probabilité, l’efficacité
de ces modèles doit être validée. Compte tenu de la stratification (modèles distincts selon le rang
de la défaillance), la prévision du comportement d’un tronçon passe par une simulation
stochastique, dite Monte Carlo, fournissant, pour un horizon de temps choisi (Pallois, 1998), une
estimation de l’espérance mathématique du nombre de défaillances.
Dans le cas de Reggio Emilia, les variables retenues pour le calcul sont celles utilisées avec le modèle
Poisson plus deux autres variables : LnLength et Ln(Nbdef+1). Les variables du modèle Poisson sont :
diamètre (3 classes : [25, 63] ; ]63, 90] ; ]90, 500]), matériau (2 classes : PE-PVC ; GCI-ASB-Steel-
inconnu), trafic (3 classes : road 1&4 ; road 2 ; road3).
Les variables mentionnées ci-dessus sont retenues sans prendre en compte les consignes de CARE-
W_PHM concernant la significativité statistique des variables. La raison de ces choix est justifiée par le
souci de cohérence entre les deux modèles pour pouvoir comparer leur résultat et les classements CARE-
W_ARP obtenus avec les deux modèles. Cette comparaison est présentée au titre 4.3.
54
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
Les outils de prédiction des défaillances nécessitent l'existence d'une base de données suffisamment
précise caractérisant les tronçons de canalisation du réseau et répertoriant les défaillances et leur date
d’observation.
Les deux modèles utilisent deux fichiers d’entrée : le fichier SDF (Segment Data File) qui contient des
données relatives à chaque conduite (caractéristiques du tronçon et de son environnement). Le fichier
MDF (Maintenance Data File) qui concerne la liste des interventions qui ont été effectuées sur les conduites,
A chaque intervention, est associé : l’identifiant de la conduite réparée, la date d’intervention, le type de
casse.
Le Tableau 6 présente les données disponibles sur trois sites d’expérimentations du projet CARE-W
Reggio Emilia (Italie), Lausanne (Suisse) et Lyon (France). Ce tableau présente toutes les caractéristiques
des tronçons qui peuvent être utilisées par les deux logiciels :
− des caractéristiques propres : localisation (nom de rue, lieu dit), diamètre, matériau, date de pose,
longueur, protections internes et externes ;
55
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
− des caractéristiques décrivant les environnements interne et externe : sol (corrosivité, risque de
mouvement), trafic dans la rue, emplacement sous chaussée sous trottoir, qualité de l'eau, etc.
Le tableau présente d'autres données : le type de défaillance (fuite, casse, …), le type de réparation.
Dans le projet CARE-W le format et la structure de deux fichiers (SDF et MDF) ont été définis par
(Eisenbeis et al., 2002).
L'information minimale relative à un tronçon est son identifiant et sa longueur. L'information minimale
relative aux défaillances est leur identification spatiale et temporelle, à savoir : le tronçon concerné et la
date de l'observation de cet événement. Il est cependant important de d'assurer de la fiabilité de ces
données. Les études effectuées dans le cadre de CARE-W (Eisenbeis et al., 2003) ont en effet montré qu'il
était préférable d'utiliser un historique fiable de défaillances assez court (5 ans), plutôt qu'un historique
plus long, mais dont les données sont moins normalisées et peu fiables.
Lors du projet CARE-W, les modèles décrits ci-dessus ont été testés avec les données fournies par
plusieurs services d’eau européens (Trondheim, Stuttgart, Lausanne, Reggio Emilia, ...). Ces tests ont eu
pour objectif d’estimer le bénéfice apporté par ces modèles. Ce bénéfice a été mesuré à l’aide d’un indice
comparant les défaillances prévues et les défaillances observées sur une même période. Avec cet indice il
est ainsi possible de calculer le nombre de défaillances qui auraient été évitées en fonction du nombre de
tronçons de canalisation (les plus à risque) réhabilités.
La Figure 13 montre un exemple de courbe représentant cet indice avec les modèles de CARE-W_Poisson
et CARE-W_PHM sur le réseau de Trondheim (Norvège). Dans le cas présenté il est montré que, si 5 %
des canalisations classées comme les plus défaillantes selon le modèle avaient été remplacées, environ 40%
des casses auraient pu être évitées, ce qui est un résultat réellement satisfaisant. Dans le cas étudié, les 2
modèles donnent des résultats très proches.
56
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
100%
100,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00% 80,00% 90,00% 100,00%
0 Pourcentage
% de canalisations avec la de conduites
plus forte réhabilitées
probabilité de défaillance (calculée)
100%
W ithout model PHM Poisson
Figure 13: indice de « bénéfice » des modèles de prediction de défaillances (Service des
Eaux de Trondheim, Norvège - Conduites en Fonte ductile, modèles calés sur la période
1988-1999, comparaison en 2000) (Le Gauffre et Eisenbeis, 2004)
Pourcentage de défaillances évitées sur 1996- 2000
100%
100.00%
90.00%
80.00%
Poisson
70.00% PHM
% de défaillances évitées en 2000
60.00%
Sans modèle
50.00%
(historique individuel)
40.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
0.00% 10.00% 20.00% 30.00% 40.00% 50.00% 60.00% 70.00% 80.00% 90.00% 100.00%
0 Pourcentage de conduites réhabilitées
% de canalisations avec la plus forte probabilité de défaillance (calculée) 100%
Without model PHM Poisson
Figure 14: indice de « bénéfice » des modèles de prédiction de défaillance (Service des Eaux
de Trondheim, Norvège - Conduites en fonte ductile, modèles calés sur la période
d’observation 1994-1995, prévision pour 1996-2000) (Le Gauffre et Eisenbeis, 2004)
La Figure 13 montre également qu’un simple classement des canalisations en fonction de leur taux de
casse passé peut donner un très bon résultat. Ceci est vrai lorsque la durée d’observation est assez longue
(10 ans pour le cas présenté). Ceci n’est plus le cas lorsque la période d’observation est très réduite,
comme le montre la Figure 14, pour un historique de 2 ans.
Les modèles de CARE-W_FAIL ont un autre intérêt par rapport à un simple classement en fonction du
taux de défaillance individuel. Ils permettent de classer les conduites, même celles qui ont le plus bas
57
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
risque de casse, ce que ne permet pas l’utilisation pure et simple des historiques individuels : en moyenne,
80% des conduites n’ont pas connu de casses durant la période d’observation mémorisée, leur taux de
casse particulier est alors égal à 0. En exploitant les résultats des études statistiques, ces conduites héritent
d’un taux de casse déduit du comportement de conduites considérées comme analogues. Cet aspect est
essentiel dans le cadre de l’évaluation multicritère réalisée dans le module CARE-W_ARP, comme le
montre la figure ci-dessous.
PWI = PBR.EDI.NPS
100000
1000
100
10000
1000
EDI.NPS
100
10
1
0.001 0.01 0.1 1 10
PBR (burst/100m/year)
Figure 15 : contribution des deux composantes du critère PWI (Reggio Emilia, 2729
conduites)
Cette figure présente, sur le cas des 2729 conduites du réseau de Reggio Emilia, la valeur du critère PWI
(Predicted Water Interruptions) en fonction de la valeur de ses deux composantes :
− l'aléa : PBR, taux de casse prévu (dans ce cas, PBR est calculé avec le module CARE-W_Poisson) ;
− la vulnérabilité (conséquences en cas de casse) correspondant au produit des termes EDI (nombre
d’heures d’interruption en cas de casse) et NPS (nombre de personnes touchées).
On constate que, compte tenu de la distribution des valeurs de vulnérabilité, une conduite ayant un très
faible taux de casse (non nul) pourra cependant faire partie des conduites prioritaires pour une
réhabilitation, vis-à-vis du critère PWI (arrêts d’eau).
58
Chapitre 1 – Aide à la décision pour la réhabilitation des réseaux d’eau potable
du service (Utility Information, UI), l'information externe (External Information, EI), les indicateurs de
performance (Performance Indicators, PI) et les mesures de performance fournies par les modules spécialisés
(CARE-W_FAIL, CARE-W_REL).
La détermination des priorités annuelles est basée sur l’évaluation et la construction du profil multicritère
des tronçons de réseau candidats à une réhabilitation. La construction des critères de décision repose sur
la combinaison d’au moins deux composants qui sont: l’aléa et la vulnérabilité. Dans le module CARE-
W_ARP, la méthode proposée, de surclassement multicritère, est ELECTRE Tri.
Dans le chapitre 2, le module CARE-W_ARP sera présenté d’une façon détaillée. Nous allons voir les
critères définis, le principe de construction de ces critères, la conversion des données brutes en données
utilisables dans l’outil, le modèle de classement utilisé, les différentes étapes de calcul dans CARE-W_ARP
et une application sur Reggio Emilia (Italie).
1.6 Conclusion
Les réseaux de distribution d’eau potable constituent un patrimoine très spécifique. Leur gestion se heurte
à de nombreux obstacles qui la rendent difficile et qui sont abordés par les gestionnaires : méconnaissance
du milieu urbain et méconnaissance partielle des réseaux eux-mêmes, faible disponibilité des données
historiques des interventions, échelle de travail des gestionnaires (3000 km à Lyon), enfin complexité des
phénomènes (corrosion, fatigue mécanique, etc.). L’aide à la décision pour organiser la gestion de la
réhabilitation peut être conduite par l’une de ces deux approches : une approche économique et une
approche multicritère. Le système CARE-W utilise la deuxième approche avec deux échelles de temps
(court et long terme) et d’espace différentes (réseau et tronçon). Les travaux de la thèse se focalisent sur la
gestion à court terme qui renvoie à la conception de programmes annuels d’investigation et de
réhabilitation à partir d’une représentation multicritère des opérations candidates.
Le système d’aide à la décision pour la construction d’un programme de réhabilitation annuel CARE-W
utilise essentiellement trois outils :
− l’outil CARE-W_PI : pour définir des indicateurs de performance pour surveiller la performance
du réseau ;
− l’outil CARE-W_FAIL : pour prédire la défaillance, deux modèles sont proposés CARE-
W_Poisson et CARE-W_PHM ;
− l’outil CARE-W_ARP : pour classer les conduites par ordre de priorité. Ce modèle sera présenté
en détail dans le chapitre suivant.
59
60
Chapitre 2. Construction des programmes annuels de
réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche
en suspens
61
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
2.1 Introduction
Le chapitre 2 présente la démarche suivie dans CARE-W_ARP (Annual Rehabilitation Programmes) pour
construire un programme de réhabilitation. Ce chapitre est constitué de deux parties :
1- la première partie de ce chapitre constitue une bibliographie sur l’outil CARE-W_ARP. Nous discutons
des critères définis dans CARE-W_ARP : le principe de construction, les points de vue correspondants,
les données pour les évaluer et la méthode de conversion de données brutes en données utilisables. Puis,
nous présentons les principes de la procédure multicritère ELECTRE Tri, la démarche de calcul dans le
logiciel et à la fin de cette partie une application de l’outil sur les données issues de Reggio Emilia (Italie).
2- dans la deuxième partie de ce chapitre, nous formulons les différents objectifs et tâches de la thèse.
− la première étape concerne la définition et le calcul des critères (point D) caractérisant les
différents points de vue. Les critères sont évalués en utilisant trois types de données : le taux de
casse calculé par l’un des deux modèles du module CARE-W_Fail (point C traité dans le chapitre
1), les indices de vulnérabilité (point B : sera traité au titre 2.2.1.2) et les indicateurs de
performance (point traité dans le chapitre 1) ;
62
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Conduites classées
Conduite
G1: Seuils
Utilisateur G2: Profils de référence
G3: Poids Profil multicritère de
chaque conduite
Taux de casses
(PBR)
CARE-W_Fail Données A
B
- Poisson C
- PHM Indicateurs
- Historique de casses Indices de de
- Facteurs de casse vulnérabilité performance
Figure 16 : la démarche CARE-W_ARP pour classer les conduites d’un réseau d’eau potable
par ordre de priorité
L’évaluation multicritère et le classement des conduites pour la réhabilitation reposent sur les principes
suivants (Le Gauffre et al., 2002a,b) :
− chaque critère est la mesure d’un impact particulier de l’état de santé du tronçon de réseau
considéré : impact sur l’environnement local de la conduite (dommages dus aux casses, etc.) ou
contribution à des non qualités du système (dégradation de la qualité de l’eau, par exemple) ;
− l’évaluation des impacts peut prendre deux formes possibles : prévisionnelle (pour favoriser une
gestion préventive) en tirant profit des outils de prédiction des défaillances (CARE-W_FAIL), ou
a posteriori (gestion corrective) en tirant profit des indicateurs de performances (CARE-W_PI)
mesurés sur le système, par exemple les pertes en eau évaluées par secteur ou encore des taux de
plaintes ;
63
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
− les critères élaborés (Tableau 7) portent sur des points de vue multiples : points de vue internes au
gestionnaire (coûts de réparation, pertes en eau et coûts associés, etc.) et points de vue externes
correspondant aux divers dommages et perturbations en cas de casse ;
− la formulation des critères permet à chaque gestionnaire de paramétrer le calcul des critères pour
l’adapter au contexte local (règles définies sur chaque site). Le Tableau 8 présente l’exemple de
règles utilisées pour fixer le paramètre EDI (Expected Duration of Interruption, utilisé pour le calcul
des critères PWI et PCWI) en fonction du diamètre et du matériau de la conduite.
Tableau 8 : règles utilisées pour le paramètre EDI (Expected Duration of Interruption) sur
le cas de Reggio Emilia
Code of category Hours Description
1 4 Diameter <= 110 & FIB
2 7 Diameter <=200 & FIB
3 10 Diameter >200 & FIB
4 3 Diameter <= 110 & other material
5 6 Diameter <=200 o& ther material
6 8 Diameter>200 & other material
Les critères permettant d’évaluer les impacts des fuites et des casses sur les conduites combinent au moins
deux composantes : une mesure de l'aléa (PFR, Predicted Failure Rate, ou PBR, Predicted Burst Rate, fournis
par le module CARE-W_FAIL) et une mesure de la vulnérabilité des abonnés ou du milieu urbain. Le
Tableau 9 indique les indices de vulnérabilité utilisés pour chacun de ces critères (pour plus de détails voir
au titre 2.2.1.2). L’objectif du module CARE-W_ARP est de faciliter la comparaison et le classement des
conduites par niveau de priorité, la plupart des indices sont définis sur l’intervalle [0,1]. Ils permettent
donc de discriminer les conduites par une évaluation relative des impacts, mais ne visent pas à évaluer des
64
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
conséquences monétarisées par exemple. Seuls les paramètres UCRp (Unit Cost of Repair €) et NPS
(personnes) autorisent une évaluation absolue des critères correspondants (ARC et PWI).
Par exemple, le critère DFH (Dommages dus aux inondations en zone résidentielle) est construit comme le
produit de plusieurs sous critères représentant respectivement :
− l’aléa, lié à l’état de santé du tronçon i : sous critère PBR(i) - Taux de casse prédit ;
− des facteurs aggravants liés au tronçon i : P(i) - pression de service et D(i) - Diamètre ;
− des facteurs de vulnérabilité liés à l’environnement urbain : le sous critère VFH(i) - Vulnérabilité
aux inondations est un indice compris entre 0 et 1 permettant d’exprimer, de manière relative,
l’importance des valeurs exposées à une inondation en cas de casse sur le tronçon de réseau.
Certains critères par exemple WLI ou WQD peuvent être évalués à partir des indicateurs de performance
évalués par zones : pertes en eau évaluées par district, plaintes relatives à la qualité de l’eau, etc.
L’évaluation du critère HCI nécessite l’utilisation d’un logiciel de simulation hydraulique tel que CARE-
W_FAILnet (Cemagref), CARE-W_Aquarel (SINTEF) ou CARE-W_Relnet (Univ. Brno), permettant
d’évaluer les conséquences d’une casse sur le fonctionnement hydraulique du réseau et de quantifier la
criticité de chaque conduite (Eisenbeis, 2003).
Les critères qui représentent les impacts des casses ou fuites sont évalués en utilisant le taux de casse
(PBR) ou le taux de défaillance (PFR), et des informations concernant la vulnérabilité de l’environnement
de la conduite : SC « présence des clients sensibles », NPS « nombre des personnes alimentés par la conduite », etc.
L’évaluation de ces indices est possible à partir des données présentes dans les bases de données urbaines
(service des eaux, voirie, urbanisme, etc.).
65
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Le Tableau 10 présente les critères disponibles sur certains réseaux européens. Comme on peut le voir,
certains critères ne posent pas de problèmes quant à la récupération des données nécessaires à leur
évaluation : ARC, PWI, DT. D’autres critères nécessitent des mesures et / ou des études préalables non
disponibles parfois : WLI, DDI, HCI. Certains autres n’intéressent pas tous les sites par contre peuvent
être déterminants pour un site donné : par exemple DSM (risque de glissement de terrains).
66
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Les critères qui permettent d’exprimer les impacts des défaillances des conduites sur les différents
environnements exposés (clients, riverains, usagers de la voirie, infrastructures, etc.) ne peuvent être
évalués que si les gestionnaires de réseaux construisent une représentation de ces environnements.
Nous présentons ici le cas du réseau de la ville de Reggio Emilia (voir annexe 1 au titre 10.1). Nous
distinguons quatre sources d’information principales (Le Gauffre et al., 2003) :
− système d’information géographique (SIG) : les données concernant les caractéristiques des
conduites (ID, diamètre, matériau, longueur, rue, etc.) ont été enregistrées dans une base de
données cartographique (GIS12) ;
− système de mesure des débits et des fuites : ce système permet de fournir une évaluation des
pertes en eau (voir au titre : 2.2.1.2.7) ;
− centre d’appels : ce centre permet d’enregistrer les appels concernant les casses ainsi que les
appels concernant les plaintes à cause d’une carence de pression ou de qualité d’eau ;
67
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Après avoir stocké les données dans une base de données, il est indispensable de procéder à une
codification pour pouvoir utiliser ces données dans le calcul des critères.
Dans le cas de Reggio Emilia (Italie), trois catégories de sensibilité ont été établies.
nb conduites
0 500 1000 1500 2000 2500
1 98 SC=1
cat.
2 611 SC=0.5
3 2020 SC=0
Figure 17 : distribution des valeurs de l’indice SC, Reggio Emilia, 2729 conduites
La première catégorie (SC=1) correspond aux clients qui sont très sensibles à un arrêt d’eau. Pour
déterminer ces clients, il a été réalisé un découpage d’occupation du territoire et plus étroitement
d’occupation de rues. Les hôpitaux, les maisons de retraite, etc. font partie de cette catégorie.
L’information concernant l’occupation du territoire peut être extraite de la base de données
cartographique.
La deuxième catégorie (SC=0.5) concerne les clients particuliers où l’interruption du service peut entraîner
des gènes ou des pertes commerciales et économiques majeures, par exemple : les dentistes, les hôtels, les
crèches, les centres de beauté. L’identification de ces clients peut être faite à partir de la base de données
de pages jaunes. La troisième catégorie (SC=0) correspond aux autres clients.
Le nombre de personnes desservies (NPS) par une conduite est dynamique (mobilité des personnes,
opération d’urbanisme, etc.), sa mise à jour est nécessaire chaque année avant l’établissement du
programme de renouvellement. Donc il convient de le calculer automatiquement en utilisant la
consommation annuelle des clients dans chaque rue.
68
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
0-200 72.22%
200-400 14.88%
Catégorie
400-600 3.88%
600-800 3.55%
800-1200 3.08%
Figure 18 : répartition de nombre des personnes desservies sur 5 catégories des conduites,
Reggio Emilia, 2729 conduites
La consommation par personne est 242 litres par jour. Cela permet de calculer le nombre de personnes
par rue en rapportant la consommation par rue sur la consommation par personne.
La durée d’interruption dépend du diamètre et du matériau de la conduite. Cette durée s’élève à 8 heures
pour les conduites de diamètre supérieur à 200 mm. En outre, pour les conduites en Amiante Ciment (FIB)
les durées d’intervention sont majorées d’une heure à deux heures, du fait des précautions particulières
prises pour ces travaux.
Tableau 11 : durées d’interruption de service liées aux casses sur conduites, Reggio Emilia,
2729 conduites
Cat. Durée EDI – durée d’interruption Répartition / cat.
en Critères associés : PWI = PBR*EDI*NPS
heures PCWI = PBR*EDI*SC
1 4 Diamètre <= 110 & FIB 26.93%
2 7 Diamètre <=200 & FIB 10.08%
3 10 Diamètre >200 & FIB 1.72%
4 3 Diamètre <= 110 & autre matériau 54.09%
5 6 Diamètre <=200 & autre matériau 5.09%
6 8 Diamètre >200 & autre matériau 2.09%
69
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Le Tableau 12 présente les coûts unitaires de réparation identifiés par le service des eaux de Reggio Emilia.
Seul le diamètre est pris en compte pour distinguer 3 catégories.
Les données sont régulièrement enregistrées à partir du centre d’appels. Elles contiennent les adresses des
clients déposants les plaintes. Notons que l’utilisation du critère WQD, évalué de cette manière, est
discutable : les plaintes enregistrées dans une rue ne signifie pas que les conduites en cause sont les
conduites de cette rue.
nb conduites
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
1 WQD=0
cat
2 WQD=1
Figure 19 : répartition des plaintes pour des problèmes de qualité, Reggio Emilia, 2729
conduites
La classification du type de trafic de chaque rue est basée sur l’importance de l’intensité du trafic dans
cette rue. En d’autres termes, elle dépend de la zone alimentée, habitation, commerciale ou industrielle. A
partir du SIG (Système d’Information Géographique), qui permet de fournir les données nécessaires pour toutes
les rues et les voies, nous pouvons déterminer le type de trafic correspondant à chaque tronçon.
70
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
La classification comprend, par ordre décroissant d’importance, les rues des services publics essentiels par
exemple : les hôpitaux et les centres de santé, les voies avec trafic intense d’entrée et de sortie de la ville,
les rues du centre ville et en dernier toutes les autres rues.
Afin d’évaluer et de réduire les pertes en eau, le réseau de Reggio Emilia a été sectorisé et équipé de
compteurs. L’exploitation des données acquises a été réalisée par l’AGAC, gestionnaire du réseau, à l’aide
de deux indicateurs :
− « Specific Minimum Night Flow » est un indicateur exprimant la consommation minimale de nuit de
chaque district par km de réseau (m3/(km.h)) ;
Le Tableau 14 présente les données fournies par l’AGAC, pour les années 2000 et 2002.
71
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Tableau 14 : consommation minimale de nuit sur le réseau de Reggio Emilia, pour les années
2000 et 2002
DISTRICT Données 2000 Données 2002 Données 1994-2001
n° Longueur MNF Specific MNF MNF Specific MNF Maxi Min / Max Taux de def. Taux /
(km) (l/s) (m3/h.km) (l/s) (m3/h.km) (l/s) Def. / (km.an) Taux global
060 8.69 7.40 3.07 7.4 3.07 26.09 28% 0.40 2.8
030 9.41 7.30 2.79 8.1 3.10 28.82 28% 0.35 2.5
150 8.69 6.50 2.69 13.87 5.74 38.76 36% 0.28 2.0
050 9.98 7.00 2.53 6.06 2.19 28.38 21% 0.15 1.1
040 5.12 3.50 2.46 3.22 2.26 13.09 25% 0.32 2.3
270 5.75 3.00 1.88 0.28 2.0
070 7.55 3.20 1.53 4.04 1.93 39.76 10% 0.19 1.4
210 15.69 6.50 1.49 14.48 3.32 60.62 24% 0.12 0.9
120 10.93 4.50 1.48 6.99 2.30 31.51 22% 0.28 2.0
230 6.37 2.60 1.47 1.93 1.09 14.62 13% 0.39 2.8
151 9.97 4.00 1.44 0.04 0.01 0.32 13% 0.16 1.2
190 24.73 9.72 1.41 0.13 0.9
100 7.84 2.40 1.10 5.01 2.30 19.87 25% 0.16 1.2
290 8.68 2.30 0.95 0.06 0.5
140 9.97 2.60 0.94 0.7 0.25 9.09 8% 0.02 0.1
020 11.39 2.70 0.85 6.52 2.06 22.2 29% 0.38 2.7
220 25.42 6.00 0.85 11.29 1.60 30.86 37% 0.15 1.1
200 21.44 4.60 0.77 11.76 1.97 33.53 35% 0.16 1.1
160 38.95 8.30 0.77 8.29 0.77 35.78 23% 0.08 0.6
250 16.42 3.20 0.70 5.13 1.12 25.59 20% 0.32 2.3
110 11.48 2.20 0.69 1.19 0.37 16.3 7% 0.07 0.5
130 6.44 1.20 0.67 0.18 0.10 19.73 1% 0.14 1.0
260 16.65 2.80 0.61 0.18 1.3
080 27.59 3.80 0.50 10.37 1.35 29.97 35% 0.16 1.1
090 13.92 1.50 0.39 0.75 0.19 14.63 5% 0.14 1.0
240 12.26 1.30 0.38 6.51 1.91 27.74 23% 0.27 1.9
280 12.08 1.20 0.36 0.17 1.2
300 13.41 1.20 0.32 0.09 0.7
010 20.18 1.70 0.30 5.08 0.91 27.27 19% 0.13 0.9
310 17.53 0.90 0.18 0.01 0.1
091 1.11 0.00 0.00 0 0.00 91.28 0% 0.37 2.7
72
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
4 50%
Specific MNF - 2002
40% R2 = 0.45
0 0%
0 1 2 3 4 0 1 2 3 4
Specific MNF - 2000 Specific MNF - 2002
Figure 20 : étude de corrélation entre les valeurs de Figure 21 : étude de corrélation entre les valeurs de
l’année 2002 et les valeurs de l’année 2000 de l’indicateur l’indicateur « Specific Minimum Night Flow » de l’année
« Specific Minimum Night Flow » 2002 et les valeurs de l’indicateur « Min/Max » de l’année
2002
Taux de def. / Taux global (94-01)
3.0 3.0
Taux de def. / Taux global (94-01)
230
091
2.5 2.5
250
2.0 2.0
1.5 2 1.5
R = 0.19 R2 = 0.12
1.0 1.0
0.5 0.5
0.0 0.0
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5
Figure 22 : étude de corrélation entre les valeurs de Figure 23 : étude de corrélation entre les valeurs de l’année
l’année 2000 de l’indicateur « Specific Minimum Night 2002 de l’indicateur « Specific Minimum Night Flow » et les
Flow » et les taux de défaillance pour la période 1994- taux de défaillance pour la période 1994-2001
2001
− pour l’indicateur « Specific Minimum Night Flow », les valeurs obtenues sur l’année 2000 et sur
l’année 2002 (Figure 20) s’avèrent faiblement corrélées (R2 = 0.49) ;
− les deux indicateurs évalués par l’AGAC pour l’année 2002 (Figure 21) apparaissent également
faiblement corrélés (R2 = 0.45) ;
73
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Ce sont les données de l’année 2000, pour l’indicateur « Specific Minimum Night Flow », qui ont été utilisées
lors du projet CARE-W pour l’expérimentation de CARE-W_ARP, et ce sont ces mêmes données qui ont
été retenues pour nos expérimentations numériques (Tableau 15)
Concernant une éventuelle corrélation entre les indicateurs « taux de défaillance » et « Specific Minimum
Night Flow » :
− la comparaison de ces deux indicateurs (Figure 22 et Figure 23), sur les 31 secteurs définis,
montre qu’il n’existe pas de corrélation entre ces deux approches de l’état de santé des réseaux ;
− sur la Figure 23, on peut distinguer 3 secteurs (091, 230 et 250) pour lesquels le taux de défaillance
est très élevé alors que l’indicateur « specific MNF » est inférieur à la moyenne des observations ; ce
taux de défaillance élevé est expliqué par quelques tronçons multirécidivistes : par exemple, pour
le district 250, 16 défaillances (parmi 39) sont advenues sur 4 tronçons (850 m parmi 16 km) ;
La coordination des travaux des différents réseaux (eau potable, assainissement, routes) est indispensable
et nécessaire pour éviter d’ouvrir les voiries à chaque intervention des services gérant les différents
réseaux. Les valeurs du critère COS sont comprises entre +1 (en faveur d’une réhabilitation) et -1 (en
défaveur d’une réhabilitation) et correspondent aux situations présentées dans le tableau 16.
Tableau 16 : évaluation du critère COS (Co-Ordination Score), Reggio Emilia, 2729 conduites
Cat. index COS – Coordination avec d’autres services de travaux
1 COS = +1 Travaux prévus dans l’année sur les réseaux de gaz ou d’assainissement
2 COS = + 0.5 Travaux de réfection de la chaussée prévus dans l’année.
3 COS = -1 Une réfection de chaussée a été réalisée durant les 5 dernières années
4 COS = 0 Autres cas
74
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
2.2.2.1 Introduction
Le classement et la hiérarchisation des conduites pour une réhabilitation s’appuient sur le principe des
méthodes de surclassement proposées en alternative à l’utilisation d’un critère unique de synthèse (Voir
approche économique au titre 1.3.2).
Les méthodes de surclassement ont connu beaucoup de développements ces dernières 30 années surtout
dans les universités francophones (Roy, 1996). ELECTRE TRI (voir annexe 7 au titre 10.7) est la méthode
retenue dans le module CARE-W_ARP. C'est une méthode multicritère basée sur l’approche du
surclassement. Elle fait partie de la famille des méthodes de type ELECTRE. Elle est spécialement conçue
pour résoudre des problèmes de Tri.
Elle affecte les actions ou les différentes alternatives évaluées sur une famille de critères quantitatifs et/ou
qualitatifs à des catégories prédéfinies (Yu, 1992a ; Mousseau et al., 2001). La méthode ELECTRE TRI
propose aux utilisateurs deux procédures différentes (l'une pessimiste et l'autre optimiste) qui permettent
d'affecter toutes les actions à ces catégories. Contrairement à certains modèles classiques, ces deux
procédures refusent la possibilité de compensation totale entre les performances de l'action selon les
différents critères. Les deux procédures diffèrent par leur comportement vis-à-vis de la situation
d'incomparabilité.
La relation de surclassement suivie dans ELECTRE TRI est fondée sur le principe suivant : « lorsqu’une
action a est jugée au moins aussi bonne qu’une action b selon une majorité suffisante de critères et que,
de plus, il n’existe pas de critère selon lequel a est beaucoup plus mauvaise que b , alors il y a de fortes
chances que, globalement, a surclasse b ( a S b ) », (Roy et al., 1991 ; Yu, 1992 a et b).
Afin de mesurer l’accord et le désaccord de chacun des critères vis-à-vis de la proposition mentionnée ci-
dessus les indices de concordance et de discordance sont introduits. En outre, ELECTRE TRI permet
d’utiliser des pseudo critères : pour chaque critère g l’indice de concordance ou de discordance prend une
valeur sur [0,1] selon la valeur de l’écart [g(a) – g(b)] et selon les seuils d’indifférence, de préférence, et de
veto permettant de prendre en compte les incertitudes liées au calcul du critère g et de représenter le
raisonnement du décideur portant ce critère.
Pour caractériser les différentes catégories, on fait intervenir des actions de référence. L’affection des
actions, ici les conduites candidates pour une réhabilitation, ne se fait pas en comparant les actions deux à
75
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
deux, mais chaque action est comparée avec les actions de référence. La pertinence de cette méthode
réside dans le nombre des projets qui peuvent être classés (environ 3000 conduites dans le cas de Reggio
Emilia, 50000 à Lyon). Les conduites sont affectées à trois catégories de niveau de priorité ascendante
(notés : C1, C2, C3) par comparaison avec deux profils de référence (g(b1) et g(b2)).
Criteria:
Critère: g1 g2 g3 g4
a3
C3 a4
b2 2)
g(b
a5
C2
g(b
b1 1)
C1 a8
Figure 24 : affectation des tronçons (a3, a4, a5, a8) aux catégories de priorité (C1, C2, C3)
L’utilisation conjointe des deux procédures (optimiste et pessimiste) permet d’affecter les conduites en six
catégories hiérarchisées (Figure 25). Les conduites affectées dans la catégorie C33 (priorité la plus élevée)
sont les plus déficientes et sont les plus prioritaires pour une réhabilitation. La majorité des critères utilisés
sont en accord pour affecter ces conduites en niveau de priorité 3. Ce consensus conduit donc à une
affectation identique par les deux procédures optimiste et pessimiste. De même les conduites en C11
(priorité la plus faible) sont classées en niveau 1 par les deux procédures.
Les conduites classées en C32 correspondent à des conduites pour lesquelles il n’y a pas de consensus
entre les critères. La différence d’affectation entre les deux procédures traduit une incomparabilité : par
exemple, sur la Figure 24, le profil a4 n’est jugé ni meilleur ni pire que le profil de référence g(b2). La
réhabilitation de ces conduites est à considérer.
ELECTRE TRI permet ainsi de synthétiser l’information tout en conservant les informations singulières les
plus utiles. La notion d’incomparabilité permet de distinguer, dans le résultat final, des tronçons ayant un
profil multicritère « plat et moyen » (C22) et des tronçons aux profils plus contrastés (C32, C31, C21).
76
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Tri pessimiste
C33
Rang médian
C3 C33 C32
C22 C31
C2 C22 C32
C21
C1 C11 C21 C31
C11
C1 C2 C3
Tri optimiste incomparabilité
Figure 25 : les six catégories de priorité définies suite à deux procédures de classements et
l’incomparabilité de ces catégories
Notons enfin que l’utilisation couplée de profils de référence et de seuils de veto permet d’obtenir un
classement des conduites à la fois contingent et non contingent :
− contingent, car le profil de référence supérieur g(b2) peut être fixé avec pour objectif de limiter
l’effectif de la catégorie C33 à quelques pourcents de l’effectif de la population (l’affectation d’une
conduite dépend donc des conduites avec lesquelles elle est comparée) ;
− non contingent, car, pour chaque critère, le seuil de veto permet de prendre en compte un seuil
d’inacceptabilité de l’impact. Le profil multicritère d’une conduite a correspond aux impacts
générés par celle-ci. Si, sur le critère g, l’impact est supérieur au seuil d’acceptabilité : g exprime un
veto quant à la proposition (g(b2) S a). Si tous les autres critères sont nuls pour cette conduite a, le
veto émis par g amène une situation d’incomparabilité entre a et les deux références g(b1) et g(b2).
La conduite a est alors affectée en C31.
77
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
− fixation du poids de chaque critère, représentant l’importance relative du vote de ce critère dans le
résultat final (plusieurs jeux de poids peuvent être comparés dans une étude de sensibilité) ;
− validation (ou modification) des profils de référence et des seuils proposés par CARE-W_ARP
compte tenu de la distribution des valeurs obtenues sur chaque critère ;
− modification itérative des profils de référence afin de limiter l’effectif des catégories prioritaires.
Plusieurs expérimentations, pour tester l’outil, ont été réalisées avec les gestionnaires de réseaux
partenaires du projet européen CARE-W : Brno (CZ), Lauzanne (CH), Trondheim (N), Reggio Emilia (I)
(Le Gauffre et al., 2003). Les recherches menées dans cette thèse, s’appuient sur les données issues du site
de Reggio Emilia (Italie). Nous présentons dans la suite l’expérimentation du module CARE-W_ARP
menée avec les gestionnaires du réseau de Reggio Emilia (Schiatti et al., 2003).
Les résultats présentés de cette première phase d’expérimentation permettent d’illustrer la démarche de
calcul. La préparation de données, par les gestionnaires est présentée dans 2.2.1.2 (Le Gauffre et al., 2003).
Le tableau suivant présente les deux jeux de poids (W1 et W2) et les deux profils de références g (b2 ) et
Tableau 17 : jeux de paramètres utilisés avec ELECTRE TRI sur le cas de Reggio Emilia
Critères : COS ARC WLI PWI PCWI PFWI DT
Jeu de Poids W1 / 0.20 0.20 0.12 0.18 / 0.30
Jeu de Poids W2 / 0.20 0 0.20 0.30 / 0.30
95e percentile / 166 0.90 111 0.110 / 0.039
g(b2), jeu R1 (par défaut) / 102 0.64 68 0.066 / 0.024
g(b2), jeu R2 / 170 0.80 110 0.100 / 0.040
Les résultats quantitatifs obtenus avec les quatre simulations correspondantes sont présentés dans le
Tableau 18.
78
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Les valeurs de référence fournies par défaut (jeu R1) permettent d’affecter environ 10% des conduites en
catégorie C33. En haussant le profil de la référence g(b2) (jeu R2) l’effectif de C33 est ramené à 2% de
l’effectif total.
L’option (Sensitivity analysis) du menu (Prioritization) du logiciel CARE-W_ARP permet de comparer les
résultats des deux simulations différentes. La Figure 26 et le Tableau 19 montrent les résultats des deux
simulations (S2 et S4) obtenus avec les deux jeux de poids utilisés.
Simulation 2 : ReggioS2 Simulation 4 : ReggioS4
Poids : ReggioW1 ; Références : Poids : ReggioW2 ; Références :
ReggioR2 ReggioR2
Le Tableau 19 montre peu de changements de classement des conduites : parmi les 49 conduites en C33
avec la simulation S2, 45 restent en C33 avec la simulation S4, 3 passent en C32 et 1 conduite est déclassée
79
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
en C22. De même, parmi les 56 conduites affectées en C33 avec la simulation S4, 45 étaient en C33 avec la
simulation S2 et 11 étaient en C32.
Le Tableau 20 est le résultat du croisement des résultats de la simulation S2 avec le critère COS. Parmi les
49 conduites affectées en C33, 2 conduites correspondent à un avis négatif du critère COS, 37 à une
situation neutre, et 10 opérations sont susceptibles d’une coordination avec des travaux de voirie, de gaz
ou d’assainissement.
Tableau 20 : croisement des résultats obtenus par ELECTRE TRI avec le critère COS
COS
Simulation S2 -1 0 +0.5 +1 Total
C33 2 37 6 4 49
C32 2 95 5 3 105
C31 28 2 30
C22 3 122 9 2 136
C21 30 1 3 34
C11 274 2009 42 50 2375
Total 281 2321 65 62 2729
Notons que 10 autres conduites, 8 affectées en C32 et 2 en C31, sont également susceptibles de travaux
coordonnés. Ces conduites apparaissent donc comme des candidates pertinentes pour le programme
annuel recherché.
Le Tableau 21 présente les objectifs d’ordre opérationnel correspondant aux objectifs scientifiques
mentionnés ci-avant.
Tableau 21 : objectifs scientifiques et opérationnels de la thèse
80
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
Pour atteindre ces objectifs nous avons définis plusieurs tâches à partir du schéma suivant :
Complément de CARE-W_ARP
Réseau ou zone
J Sélection d’une variante
Classement /
Six catégories Note de
synthèse
Conduite
d’agrégation
G Tri des conduites
Saisie
G1: Seuils
Utilisateur G2: Profils de référence
G3: Poids Profil multicritère de
chaque conduite
Taux de casses
(PBR)
CARE-W_Fail Données A
- Poisson B
C
- PHM Indicateurs
- Historique de casses Indices de de
- Facteurs de casse vulnérabilité performance
1- Tâche n°1. retour sur les critères d’aide à la construction des programmes annuels (chapitre 3)
− critique et reformulation des critères d’évaluation des conduites (retour sur la formulation des
critères et intégration du coût de renouvellement) (point D) : la modélisation d’un programme de
réhabilitation à partir de l’outil CARE-W_ARP ne prend pas en compte les coûts de
81
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
renouvellement. Deux approches sont proposées pour intégrer les coûts de renouvellement : la
première approche consiste à utiliser le critère UCR (Unit Cost of Rehabilitation). La deuxième
approche propose de calculer les impacts évités par K€ consacré au renouvellement de la
conduite k ;
2- Tâche n°2. connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL et CARE-
W_ARP (voir chapitre 4)
− impact du choix du modèle de prédiction des casses (C) (H) : il s’agit de tester l’influence du
choix du modèle de prédiction de défaillance (CARE-W_Poisson ou CARE-W_PHM) sur les
efficiences d’un programme de réhabilitation ;
− impact des données disponibles sur l’efficience d’un programme de réhabilitation (A) (C)
(H) : il s’agit de tester l’impact de la quantité des données (longueur de la période d’observation
des casses) et de la qualité des données (nombre de variables pour la modélisation statistique de
prédiction des défaillances) sur les efficiences d’un programme de réhabilitation ;
− intérêt d’utiliser un modèle de prédiction de défaillance pour calculer le taux de défaillance (A)
(H) ;
− impact de la prise en compte des coûts de renouvellement (D) (H) : il s’agit de tester
l’influence de l’intégration du coût de réhabilitation sur l’efficacité d’un programme de
réhabilitation ;
− variabilité des conclusions en fonction du découpage calage / évaluation (A) (H) : il s’agit de
voir la variation des résultats des efficiences en variant la longueur de la période d’observation
pour le calage des modèles ;
− apport d’une réhabilitation basée sur une évaluation des différents impacts de l’état de santé des
conduites par rapport à une réhabilitation basée sur le taux de défaillance ;
82
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
3- Tâche n°3. analyse critique d’ELECTRE TRI et aide à l’utilisation (voir chapitre 5)
− comparaison de la procédure ELECTRE TRI avec une méthode d’agrégation (E) (F) : il s’agit
de démontrer l’intérêt d’utiliser une méthode de surclassemnt multicritère par rapport à une
méthode d’agrégation ;
− analyse de robustesse de la méthode multicritère ELECTRE TRI vis-à-vis des paramètres internes
et impact des incertitudes attachées aux critères sur un programme de réhabilitation (G1) (H) :
les incertitudes sur les données sont représentées par les seuils d’indifférence et de préférence de
la méthode multicritère. La tâche consiste à voir l’influence d’une augmentation des incertitudes
sur les efficiences d’un programme de réhabilitation ;
− intégration des préférences du gestionnaire et aide au réglage des paramètres de préférences par
analyse des résultats (H) (G1, G2) - - -> (H) : cette démarche itérative permet d’une part
d’injecter les préférences du gestionnaire et d’autre part d’aider à utiliser la méthode multicritère
(fixer les paramètres internes) a posteriori en s’appuyant sur les efficiences calculées. A partir,
d’une solution référence (paramètres de départ), que l’on appelle variante initiale d’un programme
de réhabilitation, et en fonction des préférences du gestionnaire (cela correspond à privilégier
certains critères par optimisation de leur efficience) nous pouvons déterminer les paramètres
internes du modèle multicritère.
2.4 Conclusion
Ce chapitre a été consacré à la présentation de l’outil multicritère CARE-W_ARP, outil pour la
programmation des renouvellements. Deux étapes ont été identifiées dans cet outil pour construire un
programme de réhabilitation :
− la première étape concerne la définition et le calcul des critères de décision. La plupart des critères
expriment un impact et sont composés d’un facteur d’alea (taux de casse issu des outils
statistiques de CARE-W_FAIL) et d’un facteur de vulnérabilité. La construction de ces critères
repose sur certains principes qui permettent au gestionnaire d’adapter l’outil CARE-W_ARP au
contexte local. Des règles ont été définies permettant de convertir les données brutes en données
utilisables pour l’évaluation des critères dans CARE-W_ARP ;
83
Chapitre 2 – Construction des programmes annuels de réhabilitation (CARE-W_ARP) et questions de recherche en
suspens
− la deuxième étape a pour objectif de classer les conduites par ordre de priorité. La méthode de
surclassement utilisée est la méthode ELECTRE TRI. Cette méthode permet de classer et de
hiérarchiser les conduites par une évaluation multicritère, basée sur le calcul des critères
disponibles de chaque conduite. Chaque conduite est ainsi affectée à l’une des six catégories de
priorité selon un tri optimiste et un tri pessimiste.
Ensuite ce chapitre a présenté la démarche de calcul dans l’outil CARE-W_ARP et les résultats des
simulations sur le réseau de Reggio Emilia (Italie).
Sur la base de cette présentation de l’outil CARE-W_ARP élaboré lors du projet CARE-W, nous avons
énoncé plusieurs limites et plusieurs questions de recherche en suspens. Les chapitres suivants sont
consacrés à 3 objectifs scientifiques :
− une évaluation des bénéfices que l’on peut escompter d’un programme de réhabilitation, en
fonction du contexte (données et modèles utilisés, etc.) ;
− une évaluation de la robustesse des résultats fournis par CARE-W_ARP et une aide à l’utilisation
de l’outil.
84
Chapitre 3. Approche critique de la démarche « CARE-
W_ARP » d’aide à la construction des programmes de
réhabilitation : retour sur les critères
3.6 Proposition de nouveaux critères : critères pour évaluer des programmes ........................... 101
3.6.1 Comment évaluer les bénéfices d’un programme annuel de réhabilitation ? .................................101
3.6.2 Construction d’une méthode d’évaluation des efficiences et des bénéfices réels............................104
85
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Avant de présenter cette démarche d’aide à la décision nous revenons sur quelques principes et définitions
d’aide à la décision. Selon (Roy et al., 1993) : « l’aide à la décision est l’activité de celui qui, prenant appui
sur des modèles clairement explicités mais non nécessairement complètement formalisés, aide à obtenir
des éléments de réponses aux questions que se pose un intervenant dans un processus de décision,
éléments concourant à éclairer la décision et normalement à prescrire, ou simplement à favoriser, un
comportement de nature à accroître la cohérence entre l’évolution du processus d’une part, les objectifs et
le système de valeurs au service desquels cet intervenant se trouve placé d’autre part ».
En général, c’est la définition la plus utilisée dans de nombreux ouvrages. Dans la même optique (Scharlig,
1985) indique que nous devons prendre appui sur des modèles de réponse et non sur une réponse
définitive et catégorique, nous voulons éclairer la décision et non pas trouver la meilleure solution, nous
voulons prendre en compte le système de valeurs des différents acteurs.
Dans un premier temps, la résolution d’un problème d’aide à la décision passe par la définition des
différents points de vue nécessaires pour l’élaboration d’une décision. Ces points de vue correspondent à
des aspects techniques, financiers, sociaux, etc. qui peuvent avoir un poids différent selon le contexte et les
problèmes rencontrés sur un réseau particulier. La modélisation et l’évaluation de ces points de vue sont
possibles par la construction des fonctions critères.
Pour mener à bien une étude d’aide à la décision, il faut suivre au préalable une démarche d’aide à la
décision. Au cours de cette démarche plusieurs étapes interviennent :
86
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Une phase très importante de la modélisation consiste à choisir la formulation d’un problème de décision,
c’est-à-dire l’homme d’étude doit préciser en quels termes il pose le problème. (Roy, 1985) détermine
quatre problématiques de référence qui donnent une typologie des visions différentes de formulation d’un
problème de décision : la problématique de description P.δ , la problématique du rangement P.γ , la
problématique du tri P.β et la problématique du choix P.α (voir annexe 7 au titre 10.7).
Remarquons que le choix ou l’adoption d’une problématique est évidemment propre à l’état d’avancement
de l’analyse du processus de décision (étape préliminaire de présélection d’actions acceptables ou phase
finale). Il dépend aussi des facteurs liés à la modélisation des actions et de l’ensemble des actions
potentielles. Par exemple, le problème de recrutement des candidats sur plusieurs postes peut
correspondre à une problématique de choix si l’ensemble des actions potentielles est globalisé (une action
représentant une combinaison des candidats) ou bien à une problématique de rangement si l’ensemble des
actions potentielles est fragmenté (une action étant un candidat).
Notons que la problématique adoptée peut correspondre à une combinaison de deux ou plusieurs
problématiques. Face à un problème complexe, il est possible de le découper en sous problèmes, chacun
d’eux pouvant être traité par une des problématiques mentionnées ci-dessus.
Le problème de décision posé dans CARE-W_ARP consiste à classer les conduites d’un réseau par ordre
de priorité pour une réhabilitation. La méthode ELECTRE TRI est utilisée pour ranger les conduites au sein
de six catégories de priorité.
Le présent chapitre consiste d’une part à retourner sur les principes de formulation des critères, d’autre
part, de définir des nouveaux critères à l’échelle du réseau pour évaluer les bénéfices d’un programme de
réhabilitation.
Selon (Malandain, 1999), l’aide à la décision dans le domaine de la réhabilitation a un double but :
− à court terme : il s’agit de déterminer les conduites à réhabiliter en se basant sur les indicateurs de
performance qui sont des instruments d’aide à la décision ;
87
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
− à moyen et à long terme : l’objectif principal est de définir une stratégie de pilotage du système qui
prend en compte les évolutions structurantes du réseau et le contexte de sa gestion par des
indicateurs de performance.
Le cadre décisionnel de gestion technique de l’infrastructure (Lemoigne, 1991) est inspiré du « système
phénoménologique du processus décisionnel » du H.A. Simon. Selon (Simon, 1977) « le processus d’aide à
la décision est formé de 3 phases » nécessaires pour décider et choisir les actions d’interventions sur le
réseau.
Phase d’intelligence :
Diagnostic de l’état des conduites,
sur les conduites du réseau de
du réseau
distribution d’eau
Action
Phase de conception :
Formulation, élaboration, évaluation des
solutions possibles
Phase de sélection :
Choix d’une solution
13 Modèle multicritère utilisé pour le classement par ordre de priorité des conduites d’eau potable
88
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
A cela se rajoute, une phase de concertation ou d’arbitrage et de coordination entre les différentes phases :
correspond à l’évaluation d’un programme annuel de réhabilitation. L’aide à la décision doit comprendre
des arguments et des preuves pour justifier le programme annuel adopté.
Selon la formulation adoptée dans CARE-W_ARP, un critère constitue une mesure d’un impact
particulier de l’état de santé du tronçon de réseau considéré : impact sur l’environnement urbain de la
conduite (dommages dus aux fuites, etc.), ou contribution à une non qualité du système (dégradation de la
qualité de l’eau, etc.) etc.
La construction des critères associés à chacun des points de vue présentés dans le Tableau 23 a été menée
selon les deux principes généraux suivants :
Principe 1 : chaque critère vise à mesurer l’intérêt d’une réhabilitation du tronçon i soit pour corriger une
situation de déficience soit pour éviter l’occurrence (ou l’augmentation de probabilité / de fréquence)
d’événements indésirables. Chaque critère s’inscrit donc dans l’une des deux logiques suivantes :
89
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
− logique préventive : réduction des risques liés à l’état de santé des tronçons (par exemple : risque
de dommages sur l’environnement bâti, etc.) ;
Principe 2 : chaque critère correspond à la mesure d’un impact - constaté, potentiel, ou présumé - induit
par l’état et les dysfonctionnements d’un tronçon.
Dans le cas des réseaux d’eau potable et dans le cadre du projet CARE-W (Computer Aided REhabilitation for
Water networks), une enquête (Le Gauffre et al., 2002) a été faite auprès de douze gestionnaires européens
partenaires du projet de recherche CARE-W. Cette enquête montre les objectifs généraux des
programmes de réhabilitation, puis les indicateurs ou les critères de décision pris en compte pour le
classement et l’hiérarchisation des actions.
(Nombre de réponses selon l’importance ; « A-Déterminant », « B-Important », « C-Peu important », « D-Pas important » pour la
priorisation des actions de réhabilitation)
Chaque gestionnaire a accordé une note d’importance relative pour les objectifs proposés. Le Tableau 22
montre que l’amélioration de la qualité de l’eau distribuée et la maîtrise des taux de casses et impacts
(interruption du service, dégâts, perturbation des activités urbaines) constituent deux objectifs
prédominants. Il met également en évidence les besoins en données et en outils pour traiter correctement
ces objectifs dans le processus de décision.
Un deuxième niveau de l’enquête concerne les critères utilisables pour sélectionner les conduites
candidates pour une réhabilitation (voir annexe 6 au titre 10.6).
Trois groupes de critères ont été distingués. Les critères du groupe 1 sont associées à des problèmes
concernant l’ensemble des sites et des gestionnaires et sont considérés comme importants dans le
90
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
processus de décision. Ces critères concernent les fréquences des interruptions, présence de clients
sensibles desservis par la conduite, perturbation du trafic en cas de casse, etc.
Les critères du groupe 2 sont associés également à des problèmes qui concernent tous les services mais
avec quelques avis contrastés : fréquence et nombre de plaintes des clients, coordination avec les autres
services, etc.
Enfin les critères du groupe 3 qui ne concernent pas tous les services. L’importance de ces critères est très
variée selon le cas. Cette variation d’un site à l’autre est due à des situations différentes concernant la
structure du réseau (matériaux et ancienneté des conduites), la ressource en eau (qualité et quantité) et le
contexte de gestion de chaque patrimoine : exigences de coordination avec les autres services.
Suite à cette enquête, treize critères ont été formalisés par les partenaires du projet CARE-W (Tableau 23)
(Le Gauffre et al., 2002).
91
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Plusieurs critères expriment les possibles impacts des défaillances des tronçons de réseaux. Pour
présenter ces critères nous utilisons la formulation proposée par (Varnes, 1984) et reprise par (Tira, 1997)
pour l’expression des risques. Les critères sont calculés suivant un principe commun exprimé par
C = P × I × V× E Équation 10
Où :
− P représente la probabilité (ou le taux) d’un type de défaillance du tronçon ; nous distinguons
deux taux de défaillance : PBR, le taux de casse14, prédit par modèle (Predicted Burst Rate), et PFR,
le taux de défaillance, prédit par modèle (Predicted Failure Rate) ;
14 Une casse correspond à une rupture de conduite induisant une interruption du service et nécessitant une réparation immédiate.
Les défaillances comprennent les casses ainsi que les fuites sur conduites. Ces dernières n’induisent pas forcément une
interruption de service et peuvent faire l’objet d’une réparation différée.
92
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
− E représente la quantité et/ou la valeur des éléments exposés ; par exemple, SC est un indice
permettant de quantifier la sensibilité des clients touchés par l’interruption de service ; de même
SR est un indice exprimant le caractère plus ou moins stratégique d’une voie de circulation, enfin
VFH représente la valeur des biens exposés à une possible inondation.
− le critère HCI (Hydraulic Criticality Index) doit être calculé à l’aide de l’un des modèles du module
CARE-W_REL et mesure la criticité du tronçon considéré vis-à-vis du fonctionnement
hydraulique du réseau (prévision des consommations non satisfaites sur l’ensemble du réseau, du
fait des défaillances de ce tronçon) ;
− le critère WLI (Water Losses Index) évalue la contribution du tronçon à un problème de pertes
d’eau, et découle d’un suivi des indicateurs de performance correspondants ;
− le critère WQD (Water Quality Deficiency index) évalue la contribution du tronçon à un problème de
dégradation de la qualité de l’eau due à l’état interne des conduites, et découle d’un suivi des
indicateurs de performance correspondants ;
− le critère COS (Co-Ordination Score) exprime une opportunité de coordination avec un autre service
(renouvellement de la conduite et réfection de la voirie par exemple), ou exprime au contraire une
contrainte sur les travaux de réhabilitation (réfection de voirie réalisée depuis moins de 5 ans, par
exemple, incitant à ne pas intervenir sur le tronçon considéré).
Plusieurs critères (Tableau 24) sont exprimés en fonction du sous critère PBR - Predicted Burst Rate ou PFR
(Predicted Failure Rate). L’évaluation de ce sous critère est fonction de l’outil de modélisation (CARE-
93
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
W_Poisson ou CARE-W_PHM15) utilisé pour la prédiction du taux de casse (Le Gauffre et al., 2001b).
L’étude comparative de plusieurs modèles, réalisée dans le cadre de CARE-W (voir au titre 4.3), est donc
particulièrement importante pour définir les conditions de fiabilité de cette évaluation.
Les coûts de la réhabilitation (rénovation ou remplacement) dépendent de différents facteurs tels que le
diamètre, la longueur, le matériau de la conduite, l’accès à la conduite, le nettoyage avant l’application d’un
revêtement interne dans le cas de la rénovation, etc.
D’après (Clark et al., 2002), il y a différentes façons d’estimer les coûts selon le niveau de précision que l’on
cherche à obtenir. On peut chercher :
− une estimation pour une étude : les différentes méthodes et technologies utilisées peuvent être
précisées ;
− une estimation définitive : cette méthode nécessite des informations détaillées et tient compte de
l’aspect du projet, c’est la méthode qui nécessite le plus de préparation ;
− une estimation détaillée : cette méthode doit spécifier tous les détails ainsi que le schéma
d’exécution. Le but est de contrôler le coût du projet à construire et cette méthode est applicable
à une installation bien spécifique.
15 Modèles de prévision de taux de défaillance élaborés dans le cadre du projet CARE-W, CARE-W_Poisson développé par
INSA-Lyon, CARE-W_PHM développé par le Cemagref
94
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
(Clark et al., 2002) ont présenté un méthode qui permet une précision entre le deuxième et le troisième
niveau présenté ci-avant. Ce modèle prend en considération le coût de base pour l’achat et l’installation de
la conduite et les coûts des différents éléments qui peuvent s’ajouter au coût de base.
Une fonction coût pour chaque composante particulière (y), a été définie comme suit :
Où :
u : variable utilisée pour montrer la différence de coût entre deux conduites de même diamètre mais avec
des épaisseurs de paroi différentes ;
(Zhao et Rajani, 2002) présentent des coûts de remplacement dans le rapport de recherche (construction and
rehabilitation costs for buried pipe with a focus on trenchless technologies, 2002). Ce rapport fournit une information
sur les coûts des différentes techniques sans tranchée pour les conduites d’égout et d’eau potable. Les
données collectées montrent en général que le coût de réhabilitation augmente avec le diamètre de la
conduite.
− les coûts présentés sont difficilement transposables vu la spécificité de chaque projet, et les coûts
réels dépendent de plusieurs facteurs ;
95
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Dans la littérature, les coûts sont en fonction de la profondeur de la tranchée et des caractéristiques de la
conduite (diamètre, matériau). Dans le cas de Reggio Emilia, les prix sont seulement fonction du diamètre
de la conduite.
Dans le cas de Reggio Emilia le diamètre le plus large est 500 mm, les coûts présentés sont pour la tranche
de diamètre [25, 500]. Les données collectées sur le réseau AGAC (Reggio Emilia, Italie) montrent que le
coût de réhabilitation est beaucoup plus bas que le coût moyen que nous pouvons constater sur d’autres
réseaux et dans d’autres pays du monde (Hirner, 1994 ; Dandy et Engelhardt, 2001 ; Kennel, 1992) (voir
annexe 5 au titre 10.5).
Après une analyse des coûts de réhabilitation provenant des différents réseaux et ceux d’AGAC, nous
avons pu déterminer la fonction présentée dans l’équation 12. Cette fonction sera utilisée pour le calcul de
critères ainsi que pour l’évaluation des impacts et des bénéfices d’un programme de réhabilitation :
D : diamètre en (mm)
Pour intégrer les coûts de réhabilitation dans le processus de calcul nous proposons deux approches :
− approche (a) : en utilisant le critère UCR (Unit Cost of Rehabilitation) déjà défini dans CARE-
W_ARP ;
96
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
− approche (b) : propose de calculer les critères CARE-W_ARP en considérant les impacts évités
par K€ consacré au remplacement de la conduite k.
Nous nous sommes basés sur la simulation S2 (titre : 2.2.3), pour le poids nous avons pris 0.2 et nous
avons diminué le poids des autres critères d’une façon proportionnelle.
La détermination des deux seuils d’indifférence et de préférence, du seuil de veto et des profils de
référence est basée sur un principe que le nombre des conduites prioritaires (en C33) selon le critère UCR
soit proche du nombre des conduites obtenu sur les autres critères avec la simulation S2. Pour les autres
critères nous avons essayé de garder un effectif à peu près identique en C33 (catégorie la plus prioritaire)
obtenu avec la simulation S2 sur chaque critère.
Tableau 27 : jeux de paramètres utilisés avec ELECTRE TRI sur le cas de Reggio Emilia,
1994-1998
Critères : COS ARC WLI PWI PCWI PFWI DT UCR
Jeu de Poids W1 / 0.20 0.20 0.12 0.18 / 0.30 /
Jeu de Poids (W1+UCR) / 0.16 0.16 0.096 0.144 / 0.24 0.2
95e percentile / 162 0.90 130 0.122 / 0.041 15
g(b2), jeu R2 / 170 0.80 110 0.100 / 0.040 /
g(b2), jeu (R2+UCR) / 170 0.80 110 0.100 / 0.040 16
Les résultats obtenus après intégration du critère « coût de réparation » dans le processus de construction
d’un programme de réhabilitation sont présentés dans le tableau suivant :
Tableau 28 : résultats de deux simulations : K1 (critères utilisés dans S2) et (K1+ UCR :
« coût de remplacement »)
Simulation K1 Simulation (K1+ UCR)
Profils de référence : Jeu R2 Profils de référence : Jeu (R2+ UCR)
Poids : jeu W1 Poids : jeu (W1+ UCR)
Effectif de C33 : 50 34
Effectif de C32 : 122 96
Effectif de C31 : 24 72
Effectif de C33+C32+C31 : 196 202
Nous remarquons que le nombre des conduites dans les trois catégories C33, C32 est à peu prés identique
avec les deux contextes K1 et K1+UCR. L’utilisation du critère UCR a réduit le nombre des conduites
classées en (C33 et C32). Parmi 50 conduites classées en C33 avec le contexte K1, 32 conduites sont
toujours en C33 et 13 conduites sont en C32 avec le contexte K1+UCR. Par ailleurs 72 conduites sont
classées en C31 avec le contexte K1+UCR par rapport à 24 conduites en C31 avec le contexte K1. Ceci
permet de constater que l’utilisation du critère UCR a augmenté l’incomparabilité.
97
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
− impact des casses, par an et par unité de longueur de la conduite (100 m), exemple :
PWI ( a k ) = PBR( a k ).EDI ( a k ).NPS (a k ) ;
− indice (∈ [0,1]) représentant la contribution à des impacts tels que : pertes en eau, problèmes de
qualité de l’eau, exemple : WLI (Water Losses Index).
Avec des coûts unitaires de réhabilitation différents, nous proposons de calculer les critères de la façon
suivante. Pour un critère donné, g i* (ak ) les impacts évités par K€ consacré au remplacement de la
conduite k sont calculés comme suit :
Avec UCR (voir équation 13) le coût unitaire de remplacement en (K€ /100 m).
On a ajusté le profil de référence g(b2) afin de conserver un effectif à peu près identique pour la catégorie
C33.
Tableau 29 : jeu de paramètres utilisés dans le cas de reformulation des critères ARP,
Reggio Emilia, 1994-1998
Critères : COS ARC* WLI* PWI* PCWI* PFWI* DT* UCR
Jeu de Poids W1 / 0.20 0.20 0.12 0.18 / 0.30 /
95e percentile / 18.2 0.90 11 0.0098 / 0.00046 /
g(b2), jeu (R2/UCR) / 16 0.80 11 0.008 / 0.0037 /
La prise en compte des coûts de réhabilitation dans le calcul des impacts de différents critères va entraîner
des modifications au niveau de classement des conduites. Le résultat de classement des conduites dans les
catégories C33, C32, C31 est présenté dans le tableau suivant :
98
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Supposons que les conduites classées en C33 seront sélectionnées pour mener un programme de
réhabilitation. Le passage d’une évaluation à coûts identiques à une évaluation à coûts différents va
reclasser 15 conduites et déclasser 11 conduites (Tableau 31). L’étude de ces conduites montre que les
conduites reclassées (de C22 et C32 à C33) sont des conduites de petit diamètre. Par contre, les conduites
déclassées (de C33 à C32 et C22) sont des conduites de gros diamètre.
Le Tableau 31 montre que la moyenne de diamètre des conduites classées en C33 avec une évaluation à
coûts identiques est supérieure à la moyenne des diamètres des conduites classées en C33 si les coûts sont
différents.
Nous pouvons constater qu’avec une évaluation basée sur les coûts, le programme étant défini à partir des
conduites classées en C33, nous privilégions des conduites de petit diamètre.
99
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
100
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Tableau 32 : comparaison des résultats des approches (a) et (b) pour intégrer les coûts de
réhabilitation (remplacement)
Approche (a) / approche (b) Simulation : k1/UCR, CARE-W_Poisson, jeu de poids :
W1/UCR, Profils : R2/UCR
C33 C32 C31 C22 C21 C11
Simulation : K1+UCR, Total 54 120 24 119 29 2383
Jeu de poids : W1+UCR, C33 34 24 8 0 2 0 0
Profils : R2+UCR C32 96 17 56 2 18 0 3
C31 64 8 33 18 0 3 2
C22 72 5 11 0 45 1 10
C21 97 0 12 4 21 16 44
C11 2366 0 0 0 33 9 2324
L’approche (b) classe 24 conduites en C33 parmi 34 conduites classées en C33 avec l’approche (a). Elle
reclasse successivement 17, 8, 5 conduites de C32, C31, C22 à C33 et elle déclasse 10 conduites.
L’efficacité d’une approche ou d’une autre ne peut être jugée qu’à travers une étude des efficiences des
résultats des deux approches. Pour cette raison, nous renvoyons le lecteur au titre 4.6 qui présente une
comparaison des efficiences de ces deux approches.
Pour ce faire, dans un premier temps nous allons évaluer les bénéfices attendus d’un programme de
réhabilitation construit à l’aide de l’outil CARE-W_ARP. Dans un second temps, nous tentons d’optimiser
ces bénéfices en évaluant leurs valeurs réelles.
101
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Les critères utilisés dans le module CARE-W_ARP correspondent à des impacts, en particulier les impacts
induits par les casses des conduites. Plus exactement il s’agit de densités d’impact, puisque ces critères sont
évalués à partir du taux de casse prédit, exprimé en (casse / an / 100 m) de conduite.
Parmi un patrimoine (AS, Asset Stock) de 2729 conduites (650 652 m), 49 (10 349 m) sont affectées en C33
(Simulation : S2, 1994-2001), représentant 1.59% du linéaire total du réseau. La réhabilitation des
conduites affectées en C33 (ou C33+C32, etc.) devrait permettre d’éviter un certain nombre de casses
ainsi que les impacts induits.
On note EI i (ak ) les impacts annuels moyens (Expected Impacts) dus à la conduite a k et relatifs au critère gi
E i ( a k ) = g i ( a k ) × Lk Équation 14
Les bénéfices escomptés (attendus) d’un programme de réhabilitation peuvent être définis comme le
pourcentage des impacts que l’on estime pouvoir éviter compte tenu du pourcentage de linéaire réhabilité.
Ces bénéfices escomptés (EB, Expected Benefits) d’un programme de réhabilitation (RP) sont évalués à l’aide
des indices notés EB(RP, gi) (équation 16) ; le linéaire réhabilité étant noté LR(RP) (équation 15).
EB( RP, g i ) =
∑ k∈RP ∑
EI i (a k )
= k∈RP
g i (a k ) × Lk
Équation 15
∑ k∈AS
EI (a ) ∑
i k g (a k ) × Lk
k∈AS i
LR ( RP) =
∑ k∈RP
Lk
Équation 16
∑ L
k∈AS k
EB( RP, g i )
EE ( RP, g i ) = Équation 17
LR ( RP)
Pour notre exemple, le rendement attendu sur le critère PWI est d’environ 14 (22% / 1.59%), (Tableau
33). De manière analogue, nous pouvons définir les valeurs optimales OEB(RPgi, gi) et OEE(RPgi, gi)
bénéfices escomptés et efficience escomptée pour un programme de réhabilitation noté RPgi pour lequel gi
est le seul critère pris en compte (poids égal à 1, dans la procédure ELECTRE TRI) pour le classement des
conduites, et pour lequel LR(RPgi) = LR(RP). Il s’agit donc des valeurs optimales envisageables pour le
critère gi. Ces indices sont utilisés comme références, et nous définissons REE (Ratio of the Expected
Efficiencies) avec l’équation 18.
102
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
EE ( RP, g i ) EB ( RP, g i )
REE ( RP, g i ) = = Équation 18
OEE ( RPgi , g i ) OEB( RPgi , g i )
Longueur cumulée (m) 10 349 36 084 46 684 70 367 77 797 650 652
-… … … … … … …
La Figure 30 présente, pour le critère PWI, l’exemple des courbes EB(RP, PWI) et OEB(RPPWI, PWI) en
fonction du linéaire réhabilité LR(RP).
Impacts évités
100%
60%
Conduites affectées en C33 + C32
40%
Conduites affectées en C33
20%
Figure 30 : impacts annuels évités en fonction du linéaire réhabilité, critère PWI (Predicted
Water Interruption), Reggio Emilia (Italie), période d’observation 1994-2001.
Pour les conduites affectées en C33 (RP=C33) : EB(RP, PWI)=22.13%, OEB(RPPWI, PWI)=40.02%. Ceci
donne : REE(C33, PWI)=0.55.
L’ensemble des résultats obtenus sur le cas de Reggio Emilia (Schiatti et al., 2003)16 est proposé dans le
rapport (AD-Ré-A, Annexe D) (Le Gauffre et al., 2005)17.
16 Schiatti M., Laffréchine K., Le Gauffre P. (2003) CARE-W_ARP. Case study: AGAC Reggio Emilia. Lyon: INSA – URGC, 32
p. July 2003.
17 Rapport AD-Ré-A
103
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Les différents indices définis ci-dessus permettent d’avoir une évaluation globale a priori d’un programme
de réhabilitation sur chaque critère. A partir de critères globaux nous pouvons schématiser un programme
de réhabilitation par un profil multicritère (EE par exemple). L’étape suivante consiste à évaluer la
pertinence de cette évaluation. Il convient donc d’évaluer les efficiences réelles.
Efficience escomptée
ARC PWI PCWI WLI DT
Critères
conduites programme
échelle
La démarche suivie a pour objectif d’évaluer réellement, critère par critère, le pourcentage des impacts qui
aurait pu être évité grâce à la réalisation d’un programme de réhabilitation (les bénéfices réels d’un
programme de réhabilitation). L’évaluation des bénéfices est conduite par étude rétrospective. L’étude est
réalisée avec les données relatives au site de Reggio Emilia et selon la démarche présentée dans le tableau
ci-dessous.
Tableau 34 : données utilisées et démarche d’évaluation des bénéfices réels d’un programme
Données utilisées et démarche de l’expérimentation numérique
Site d’étude et gestionnaire : Reggio Emilia (Italie) – AGAC
Linéaire étudié et nombre de tronçons : 650 652 m – 2729 tronçons
Historique utilisé : 8 ans (1994-2001)
Objectif de l’expérimentation numérique : Évaluer, critère par critère, le pourcentage des impacts qui aurait pu être évité grâce à la
réalisation d’un programme de réhabilitation
Démarche : – 5 ans d’historique (1994-1998) utilisés pour le calage d’un modèle de prédiction des
casses (CARE-W_Poisson) et pour le tri des conduites par CARE-W_ARP ;
– 3 ans (1999-2001) utilisés pour l’évaluation des bénéfices réels d’un programme de
réhabilitation mis en oeuvre en fin d’année 1998.
104
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Dans cette expérimentation numérique, les défaillances enregistrées sur la période 1994-1998 sont utilisées
pour caler un modèle de prédiction et pour affecter les conduites au sein des 6 groupes de priorité. Les
défaillances enregistrées sur la période 1999-2001 servent à évaluer les impacts réels des défaillances sur
cette période de trois ans (les critères pris en compte dans CARE-W_ARP sont ici calculés avec les taux
de défaillance observés). Les résultats obtenus sont résumés dans le Tableau 35.
Tableau 35 : évaluation des bénéfices réels et des efficiences réelles pour une hypothèse de
programme
LR (%) EB (%) OEB (%) REE RB (%) ORB (%) RE RRE
Criterion Length Expected Optimal Ratio of Real Optimal Real Ratio of
Rehab. Benefit Expected Expected Benefit Real Efficiency Real
Benefit Efficiencies Benefit RB / LR Efficiencies
(w = 1 ) EB / OEB RB / ORB
PWI 2.08 34.2 48.8 0.70 21.5 77.6 10.3 0.28
PCWI 2.08 38.3 42.8 0.90 35.4 92.7 17.0 0.38
ARC 2.08 15.3 23.9 0.64 9.7 62.6 4.8 0.16
DT 2.08 18.4 25.8 0.72 16.2 65.7 7.8 0.25
Les conduites affectées en catégorie C33, sur la base des observations de la période 1994-1998, constituent
le programme de réhabilitation fictif réalisé fin 1998 (2,08 % du linéaire du réseau).
Les valeurs de la colonne RB correspondent aux impacts générés par ces conduites sur la période 1999-
2001. Les valeurs de la colonne RE correspondent aux rendements du renouvellement de ces conduites.
Par exemple, pour le critère PCWI (Interruptions Critiques) la réhabilitation de 2,08 % du linéaire aurait
permis d’éviter 35 % des impacts, soit un rendement de 17.
Pour les quatre critères considérés, on peut noter des efficiences réelles largement supérieures à 1 (4,8 à
17).
Pour chaque critère, la grandeur ORB (Optimal Real Benefit) est évaluée à titre de référence : il s’agit du
bénéfice optimum obtenu avec une prédiction parfaite des défaillances et avec un classement monocritère
des conduites. Le ratio RRE (RB / ORB) évalue l’efficience réelle obtenue par rapport à cette efficience
optimale.
3.7 Conclusion
La construction d’un programme de réhabilitation à partir du modèle CARE-W_ARP ne prend pas en
compte les coûts de renouvellement. Deux approches ont été proposées dans ce chapitre pour intégrer les
coûts de renouvellement : la première approche consiste à utiliser le critère UCR (Unit Cost of
Rehabilitation). La deuxième approche propose de re-évaluer les critères CARE-W_ARP en considérant les
impacts évités par K€ consacré au remplacement d’une conduite.
105
Chapitre 3 - Approche critique de la démarche CARE-W_ARP : retour sur les critères
Dans CARE-W_ARP, le problème de décision est de classer les conduites selon certaines conditions (jeu
de paramètres, préférences des gestionnaires, etc.) par ordre de priorité. Les conduites correspondent à
des actions potentielles. La problématique de décision est une problématique de tri P.β., la méthode
choisie pour classer les conduites est la méthode ELECTRE TRI.
L’extension et l’amélioration de l’outil CARE-W_ARP relève d’un nouveau problème de décision qui
consiste à générer des variantes de programme de réhabilitation correspondant chacune à un jeu des
paramètres et à en choisir une. Dans ce cas chaque programme de réhabilitation correspond à une action
potentielle. La problématique de décision devient une problématique de choix P.α., il s’agit de choisir une
alternative parmi plusieurs alternatives d’un programme de réhabilitation obtenues par le changement des
conditions d’application de la méthode ELECTRE TRI.
Pour ce faire, l’approche critique propose de nouveaux critères évaluant les bénéfices et les efficiences
d’un programme de réhabilitation sur chaque critère. Ces nouveaux critères permettent d’évaluer puis
comparer les différentes variantes de programmes de réhabilitation à l’échelle du réseau.
106
Chapitre 4. Connaissances sur l’apport des données et
des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
107
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
4.1 Introduction
Le chapitre quatre constitue une évaluation des bénéfices apportés par les données et les modèles CARE-
W_FAIL & CARE-W_ARP. L’évaluation des données et des modèles est conduite par une démarche
basée sur une analyse de sensibilité. L’analyse de sensibilité permet de voir l’impact du changement des
paramètres d’entrée sur le résultat final du modèle (Harold et Marshall, 1999). Ici, l’étude de sensibilité vise
à mesurer l’impact du changement des éléments d’entrée (données : historique de défaillance, variables :
diamètre, matériau, trafic, modèle de calcul du taux de défaillance) sur un programme annuel de
réhabilitation.
CARE-W_ARP
1- calcul des critères pour évaluer chaque conduite i en utilisant le terme PFR(i)
Seuils q, p, v
Profils de référence
Poids
2- affectation des conduites au sein de six catégories
- composition des catégories
- efficience d’un programme
Figure 32 : les différents facteurs qui influencent la définition d’un programme de réhabilitation
L’affectation des conduites au sein de six catégories pour définir un programme de réhabilitation dépend
des éléments suivants :
− calcul des critères : nous avons vu précédemment que les critères relatifs aux impacts des casses
sont formés de deux composantes : l’aléa et la vulnérabilité. L’aléa est représenté par le taux de
défaillance (PFR : Predicted Failure Rate) qui dépend du modèle utilisé et de la quantité et/ou de la
qualité des données urbaines sur la conduite et son environnement (chapitre 4) ;
108
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
− seuils de préférence p, d’indifférence q et du seuil de veto v ainsi que des poids des critères de
décision (chapitre 5).
La qualité des données utilisées est ici représentée par deux aspects :
− (1), l’historique disponible concernant les défaillances passées (nombre d’années durant lesquelles
une mémorisation des défaillances a été réalisée) ;
− (2), les variables disponibles pour la construction de modèles statistiques de prédiction des
défaillances futures.
Longueur de la période 1
d’observation de
défaillances
Affectation des
Taux de défaillance
conduites dans six
PFR
catégories de priorité
L’étude de sensibilité concernant les deux aspects (1 et 2) consiste à examiner la stabilité de résultats
fournis par la procédure multicritère ELECTRE TRI (Haidar et Le Gauffre, 2004). Nous distinguons les
contextes suivants :
109
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
L’impact du changement du contexte ou d’un élément d’entrée sur le résultat de classement CARE-
W_ARP doit être mesuré sur deux niveaux :
− sur la composition des catégories de priorité (effectifs des conduites dans chaque catégorie) ;
L’influence d’un contexte peut être mesurée par le nombre total de changements d’affectation des
conduites à partir d’un classement initial obtenu pour un contexte de référence (Contexte 1, par exemple).
C33 +
C32
1
Sens de changement
C31 C22
1
C21
1
-
C11
Ce schéma permet de codifier et de construire une matrice de changement de classement entre 2 contextes
différents.
Cette matrice donne le degré et le sens des différents changements possibles du classement d’une
conduite. Par exemple, une conduite classée en C33 (catégorie la plus prioritaire) selon un contexte Cn1
(contexte initial ou référence) pourrait être reclassée avec un nouveau contexte Cn2 dans les catégories
110
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
suivantes : C32 ou C31 ou C22 ou C21 ou C11. Le signe négatif exprime le passage d’un classement plus
prioritaire à un classement moins prioritaire. Le signe positif exprime le passage dans le sens de priorité
inverse.
L’option (Sensitivity Analysis) du menu (Prioritization) de l’outil informatique CARE-W_ARP fournit une
matrice que l’on appelle M2 de différents changements d’affectations entre deux contextes.
Le degré et le sens des changements peuvent être calculé en multipliant la matrice M1 par la matrice M2.
Cela nous donne une troisième matrice appelée D :
On peut concentrer l’étude sur les premières lignes du tableau en examinant les conduites prioritaires avec
le contexte de référence (données les plus riches) qui ne sont plus identifiées comme prioritaires avec un
contexte de données dégradées.
Sur le cas du réseau de Reggio Emilia, l’historique des défaillances porte sur 8 ans (1994-2001). Ici, les
modèles de prédiction des casses sont appliqués avec n (≤ 5) années d’historique (… 1998) pour fournir
les taux de défaillance servant à calculer les critères et à hiérarchiser les conduites pour un programme de
réhabilitation fictif réalisé à l’issue de ces n années. Les impacts et bénéfices réels, évalués sur les 3
dernières années (1999-2001), sont comparés aux impacts et bénéfices attendus, et ceci pour différents
contextes de données disponibles.
De nouveaux critères ont été définis basés sur la notion d’efficience (impacts évités/coût de
réhabilitation). A partir de ces nouveaux critères, nous pouvons définir un profil multicritère de chaque
variante d’un programme de réhabilitation et cela permet de comparer à l’échelle des réseaux les
différentes variantes correspondent à différents contextes de données.
111
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Contexte 1
Indice d’efficience
Contexte 2
Contexte 3
112
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
0.8 0.8
Taux de défaillance-PHM
Taux de défaillance-PHM
R2=0.712 R2 = 0.2968
(Def/100m/an)
(Def/100m/an)
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
0 0.3 0.6 0.9 1.2 1.5 1.8 0.3 0.6 0.9 1.2 1.5 1.8
Taux de défaillance-Poisson (Def/100m/an) Taux de défaillance-Poisson (Def/100m/an)
Figure 36 : distribution de taux de défaillance (PFR : Predicted Failure Rate) calculé avec le
modèle CARE-W_PHM en fonction du PFR calculé avec CARE-W_Poisson, à droite
distribution des points à taux de défaillance élevé avec CARE-W_Poisson
Pour les taux supérieurs à 0.3 (def / 100 m /an) avec CARE-W_Poisson, les points sont beaucoup plus
dispersés et la corrélation est très faible.
Parmi les 49 conduites en C33 avec CARE-W_Poisson, 34 conduites sont toujours en C33 avec CARE-
W_PHM., un pourcentage de 70 % (50 % en terme de linéaire). Le Tableau 40 fourni par l’outil
informatique CARE-W_ARP montre les différents changements ainsi que les différentes catégories de
113
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
destination des conduites. 9 conduites seront classées en C32, 5 conduites sont en C22, une conduite est
en C21.
2% 5%
2000 conduites
1500
1000 S+
S-
500 S0
0 6 58 84 24 27 3 0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 S0
Degré de changement (PHM) 93%
nombre et degré des changements dans le classement CARE- S+ : changement vers une catégorie plus prioritaire
W_ARP lors de l’utilisation du modèle CARE-W_PHM (le classement S- : changement vers une catégorie moins prioritaire
avec le modèle Poisson est utilisé comme référence) S0 : pas de changement de priorité.
Figure 37 : bilan des changements d’affectation lors d’un changement de contexte relatif au
modèle de défaillance
Les changements d’affectation d’un modèle à l’autre sont expliqués par la modification des taux de
défaillance. Lors du passage du modèle CARE-W_Poisson au modèle CARE-W_PHM, des conduites
passent à des catégories inférieures (142 conduites : S-2 « 58 conduites », S-1 « 84 conduites ») (Figure 37).
Ces déclassements sont expliqués par le fait que le taux de défaillance de ces conduites (conduites ayant
connus beaucoup de défaillance) est supérieur avec CARE-W_Poisson qu’avec CARE-W_PHM (Figure
38).
1.40
1.20 Poisson
Taux de défaillance
PHM
1.00
(def/100m/an)
0.80
0.60
0.40
0.20
0.00
0
10
20
30
40
50
Par contre, les changements vers des catégories supérieures avec CARE-W_PHM. (51 conduites : S+1
« 24 conduites », S+2 « 27 conduites ») ne concernent que des conduites avec des taux de casse faibles et
principalement rangées dans les catégories non prioritaires.
114
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Nous allons étudier plus en détail les 34 conduites classées en C33 avec les deux modèles. La Figure 39
donne la longueur de ces conduites. La longueur moyenne de ces conduites est aux alentours de 150 m. La
même figure montre le taux de défaillance de chaque conduite, nous remarquons que pour des taux
inférieur à 0.3 (def /100m/an) les deux modèles donnent des résultats très proches.
800 1.6
Longueur en
(m) Poisson 1.4
PHM
Taux de défaillance en
600 1.2
(Def/100m/an)
1.0
400 0.8
0.6
200 0.4
0.2
0 0.0
1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33
Numéro du tronçon
Figure 39 : longueur des conduites affectées en C33 avec les deux modèles
La chute du linéaire total à réhabiliter de 1.6 % avec CARE-W_Poisson à 0.8% avec CARE-W_PHM est
expliquée par le passage des conduites de C33 avec CARE-W_Poisson à C32 avec le modèle CARE-
W_PHM. Ces conduites sont la 413, 1188, 2152 et 2410 et elles sont relativement longues, de longueur
respectives (560, 1810, 750, 700). Ces conduites seules représentent 0.58 % du linéaire total.
Parmi les conduites en C33 (catégorie la plus prioritaire dans CARE-W_ARP) un certain nombre des
conduites sont classées à titre préventif (6 conduites sur 49) en utilisant le taux de défaillance du modèle
CARE-W_Poisson. Cette propriété est confirmée par l’utilisation du taux de défaillance du modèle
CARE-W_PHM.
Avec CARE-W_Poisson, six conduites n’ont pas connu de casses pendant toute la période d’observation
1994-2001, elles sont classées en C33. Avec CARE-W_PHM, cinq conduites n’ont pas cassé et sont
affectées en C33. Quatre de ces conduites sont affectées en C33 et une conduite est en C22 avec CARE-
W_Poisson.
115
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Conclusion : On peut conclure que l’affectation des conduites à titre préventif est quasi-stable
quel que soit le modèle utilisé pour la prévision de défaillances (PFR : Predicted Failure Rate).
Les deux rapports EE=EB/LR et RE=RB/LR représentent les rendements qu’on peut avoir sur un
critère donné. Ils sont calculés successivement à partir des bénéfices escomptés (EB) et des bénéfices réels
(RB).
Tableau 42 : comparaison des résultas des bénéfices et des efficiences obtenus avec les
deux modèles CARE-W_Poisson et CARE-W_PHM, conduites en C33, 1994-1998
Contexte K1 Criterion LR (%) EB (%) EE RE
Jeu de paramètres : W1 Length Expected Expected Real
Profils : ReggioR2 rehabilated Benefit Efficiency Efficiency
CARE-W_PHM PWI 2.2 31.63 14.4 9.33
PCWI 2.2 32.93 15.0 13.65
ARC 2.2 12.38 5.6 3.36
DT 2.2 17.76 8.1 6.26
CARE-W_Poisson PWI 2.08 34.2 16.4 10.3
PCWI 2.08 38.36 18.4 17
ARC 2.08 15.35 7.4 4.8
DT 2.08 18.46 8.9 7.8
18 Dans le cas de Reggio Emilia les conduites sont des matériaux différents, nous trouvons : 40% des conduites d’Asbestos ciment
(FIB), 35% de Poléthylène (PE), 20% de Poly Vinyl Chloride-Plastic (PVC), 3% de Grey Cast Iron (GH ou GCI), 2% d’Acier
(ACC)
116
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
A partir du Tableau 42 nous concluons que les résultats des deux modèles sont proches pour les deux
indices (EE, RE) mais légèrement meilleurs avec le modèle CARE-W_Poisson. Ces résultats confirment
les conclusions obtenues lors de la comparaison des effectifs des conduites classées en C33.
2000 conduites
1500
1000
S+
500 S-
S0
0
S0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 89%
Degré de changement (C2)
S+ : changement vers une catégorie plus prioritaire
passage du contexte 1 au contexte 2
S- : changement vers une catégorie moins prioritaire
(perte de 4 années d’historique),
S0 : pas de changement de priorité
Figure 40 : bilan des changements d’affectation lors d’un changement de contexte relatif à la
période d’observation de casses
On note des changements d’affectation de -4 (C33 C11) (Tableau 44) à +3 (C11 C32 ou C21 C33)
précisés sur la Figure 40. Ces changements sont expliqués par la modification des taux de défaillance
observés. La réduction de la période d’observation de 8 années à 4 années induit une augmentation du
taux de casse observé pour les conduites ayant connu plus de défaillances sur les 4 dernières années, et
117
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
induit au contraire une réduction du taux de défaillance observé pour les conduites ayant connu plus de
défaillances sur les 4 premières années.
Comme on peut le voir sur le Tableau 43, parmi les 49 conduites affectées en C33 avec le contexte C1, 26
demeurent en C33 avec le contexte C2, 7 sont déclassées en C32, …, et 7 sont déclassées en C11. Les 26
conduites en C33 représentent une stabilité de 53 % par rapport à C1. 6 conduites passent de C32 à C33,
ce qui fait qu’on a aux alentours de 32 conduites qui sont toujours prioritaires.
118
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
2000 conduites
1500
1000
S+
500 S-
S0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 S0; 97.10%
Degré de changement (C3)
S+ : changement vers une catégorie plus prioritaire
passage du contexte C1 au contexte C3
S- : changement vers une catégorie moins prioritaire
(perte d’une variable pour la prédiction des défaillances).
S0 : pas de changement de priorité
Figure 41 : bilan des changements d’affectation lors d’un changement de contexte relatif aux
variables (trafic)
42 conduites (C3) de 49 (C1) restent en C33, soit une stabilité de l’ordre de 85 % au niveau des conduites
classées comme les plus prioritaires. 2650 conduites (C1) de 2729 gardent le même niveau de priorité, soit
une stabilité de classement de l’ordre de 97.1% au niveau de toute la population.
En examinant les 7 conduites déclassées, on constate que six conduites n’ont pas connu de défaillance sur
la période d’observation et une conduite a connu une seule défaillance. Ceci implique que leur taux de
défaillance est le taux de défaillance de la catégorie à laquelle elles peuvent être rattachées compte tenu des
données disponibles :
119
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Dans le contexte C1, 18 catégories de conduites sont distinguées, le taux de défaillance de la catégorie la
plus cassante est voisin de 1.3 casse/(km.an). Dans le contexte C3, seulement 6 catégories de conduites sont
distinguées, le taux de défaillance de la catégorie la plus cassante est voisin de 0.3 casse/(km.an).
d6390-PE-PVC-road2-
d6390-PE-PVC-
ds90-PE-PVC-road1&4-
Taux de défaillance (fail./km/year) Taux de défaillance (fail./ km / year)
di63-PE-PVC-road1&4- 18 catégories
ds90-PE-PVC- 6 catégories
di63-Other mat-road3-
di63-PE-PVC-
d6390-Other mat-road1&4-
di63-Other mat-road1&4- d6390-Other mat-
Une réduction du nombre de variables disponibles pour la prédiction des casses implique que la
discrimination des conduites est plus faible et que les taux de défaillance prédits sont moins
contrastés. Ceci induit une réduction de la capacité prédictive du modèle.
Dans le cas de Reggio Emilia, parmi les 49 conduites affectées en C33, nous pouvons considérer que 42 le
sont à titre correctif (défaillances et impacts avérés sur les 8 années d’observation), tandis que 7 conduites
sont identifiées à titre préventif. Ce volet préventif disparaît dans le contexte C3.
120
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Les résultats de l’évaluation sont présentés dans le Tableau 47. La prédiction des taux de défaillance est
réalisée avec CARE-W_Poisson, avec 5 années d’historique (1994-1998), avec ou sans connaissance du
trafic (contextes K1 et K2). L’affectation des conduites est réalisée avec les mêmes références et seuils
pour les 2 contextes (voir : Tableau 47). Les bénéfices réels d’un programme de réhabilitation sont évalués
à partir des défaillances observées sur la période 1999-2001.
Le rapport RB / EB permet de juger de la qualité des estimations réalisées a priori. Sur le cas présent, le
rapport RB / EB varie de 0.57 à 0.85 dans le contexte K2, et varie de 0.63 à 0.92 dans le contexte K1.
On peut donc noter que la qualité des prévisions réalisées est systématiquement améliorée lorsque l’on
passe du contexte K2 (6 catégories de conduites) au contexte K1 (18 catégories).
Pour les critères PCWI, ARC et DT, l’efficience réelle du programme de réhabilitation est améliorée
lorsque l’on passe du contexte K2 au contexte K1. Les conduites qui sont ainsi ajoutées au programme de
réhabilitation (+0.13% du linéaire) correspondent à des conduites qui n’ont pas connu de défaillances
durant la période 1 (1994-1998) mais qui sont classées « à risque » avec le contexte K1 (voir 4.4.2).
Cette composante préventive du programme de réhabilitation s’avère pertinente, comme l’indique les
efficiences obtenues pour ces conduites durant la période 2 (22.3 pour le critère PCWI ; 16.3 pour le
critère DT ; 10.4 pour le critère ARC). Pour ces trois critères, l’efficience d’une réhabilitation de ce linéaire
s’avère supérieure à l’efficience moyenne obtenue pour le reste du programme de réhabilitation
121
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Il s’agit de voir si la disponibilité de la variable « trafic » (contexte C2) permet de compenser en partie la
perte occasionnée par la réduction de l’historique (contexte C3 contexte C4).
Conclusion : La modélisation statistique permet donc - sur cette étude de cas – de compenser
très partiellement la perte d’information due à une réduction de l’historique des défaillances.
122
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Les résultats présentés dans le Tableau 48 peuvent être comparés aux résultats obtenus avec le modèle
CARE-W_Poisson et présentés dans le Tableau 47. On constate ainsi que les valeurs de l’indice RE
(efficience réelle) obtenues avec ces deux modèles sont très voisines.
Ces conduites représentent 0.17 % du linéaire du réseau, et ont engendré sur la période 2 : 2.44 % des
impacts mesurés par le critère PCWI, 0.99 % des impacts mesurés par le critère ARC, et 1.38 % des
impacts mesurés par le critère DT, ce qui conduit à des efficiences réelles élevées (14.3 ; 5.8 et 8.1) du
renouvellement de ces conduites.
Le Tableau 49 présente les conduites renouvelées à titre préventif avec les deux modèles de prédiction des
défaillances. Ce tableau liste les conduites non défaillantes sur la période 1994-1998 et affectées en
catégorie C33 (renouvellements préventifs) selon le modèle de prédiction utilisé.
123
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Tableau 49 : conduites affectée en C33 à titre préventif (aucune casse sur la période 1994-
1998)avec l’un ou l’autre des deux modèles de prédiction des défaillances, et observations
sur 1999-2001
ID Conduite Diamètre Matériau19 Longueur Nombre de Nombre de Affectation Affectation
(mm) (m) casses sur casses sur ARP avec ARP avec
1994-1998 1999-2001 PBR Poisson PBR PHM
299 Boiardi_1 140 GH 50 0 2 C33 C22
709 Dante Alighieri_1 100 FIB 125 0 0 C33 C33
850 Emilia S.Pietro_3 80 FIB 200 0 0 C33 C33
851 Emilia S.Pietro_4 35 FIB 50 0 0 C33 C32
979 Fornaciari L._1 220 GH 110 0 0 C33 C22
1197 Gramsci A. _10 170 FIB 200 0 0 C32 C33
1249 Guido da Castel_3 60 FIB 100 0 0 C22 C33
1604 Migliorati_1 50 GH 200 0 0 C33 C33
1605 Migliorati_2 90 FIB 200 0 0 C33 C33
1611 Mille (Viale)_3 150 FIB 500 0 0 C32 C33
1654 Monte Grappa (V_5 40 FIB 100 0 0 C33 C33
1725 Nacchi_1 50 FIB 150 0 1 C33 C33
1927 Piave (Viale)_5 90 FIB 200 0 0 C22 C33
2135 Roma _4 16 GH 160 0 0 C33 C33
2361 Squadroni_1 30 FIB 100 0 0 C22 C33
2464 Timavo (Viale)_9 80 GH 250 0 0 C32 C33
2468 Timavo (Viale)_13 80 FIB 200 0 0 C32 C33
2560 Turri G._4 20 ACC 150 0 0 C21 C33
On peut constater que le modèle CARE-W_Poisson identifie 10 conduites, tandis que le modèle CARE-
W_PHM en identifie 15 ; 7 conduites sont communes à ces deux ensembles.
Deux conduites ont effectivement connu une défaillance sur la période 1999-2001 :
− la première approche (approche a) consiste à utiliser le critère UCR (Unit Cost of Rehabilitation)
dans la définition d’un programme de réhabilitation ;
19 Dans le cas de Reggio Emilia les conduites sont des matériaux différents, nous trouvons : 40% des conduites d’Asbestos ciment
(FIB), 35% de Poléthylène (PE), 20% de Poly Vinyl Chloride-Plastic (PVC), 3% de Grey Cast Iron (GH ou GCI), 2% d’Acier
(ACC)
124
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
L’objectif de cette partie est de voir l’effet de la prise en compte des coûts de réhabilitation
(remplacement) sur l’évaluation des bénéfices et des efficiences
Dans le module CARE-W_ARP les impacts sont évalués en fonction du linéaire réhabilité. Nous allons
voir l’impact de l’évaluation des impacts en fonction du coût (en K euro) consacré au remplacement des
conduites.
Pour completer l’analyse faite au ( § 3.5) pour l’integration des couts de rehabilitation, nous suivons la
même démarche définie dans (voir 3.6.2.1) pour définir un programme de réhabilitation. Nous définissons
trois programmes de réhabilitation qui correspondent successivement :
Programme 1 : il s’agit d’utiliser cinq critères CARE-W_ARP (PCWI : arrêts d’eau critiques; PWI : arrêts
d’eau ; WLI : pertes en eau ; DT : perturbations du trafic ; ARC : coût annuel de réparation) en
considérant que les coûts de remplacement sont identiques ;
Programme 2 : basé sur l’approche (a), il s’agit d’utiliser le critère UCR (Unit Cost of Rehabilitation) en
complément des cinq critères précédents ;
Programme 3 : basé sur l’approche (b), il s’agit d’utiliser de nouveaux critères calculés en considérant que
les coûts de remplacement sont différents.
C ( RP ) = ∑ k∈RP
Lk × ucr (a k ) Équation 19
Avec RP (Rehabilitation Program) représente les conduites sélectionnées pour une réhabilitation et AS (Asset
Stock) ensemble du patrimoine.
EI * ( RP, g i ) =
*
∑ k∈RP
g i (a k ) × ucr ( ak ) × ( Lk / 100)
*
Équation 21
125
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
EB * ( RP, g i ) = EI * ( RP, g i ) / EI * ( AS , g i )
* * *
Équation 22
Dans les Tableau 50, Tableau 51, Tableau 52 nous comparons le rendement des trois programmes de
réhabilitation mentionnés ci-avant (Prog.1, Prog.2, Prog.3) de même coût (2.15 % du coût total de
réhabilitation du réseau).
La comparaison des résultats de deux programmes 2 et 3 avec le programme 1 montre une amélioration
sur 3 critères avec le programme 3. Lors du passage du programme 1 au programme 3 les efficiences
escomptées (EE*) augmentent de 17.84 à 21.40 sur le critètre PCWI, de 7.14 à 9.63 sur le critère ARC et
de 8.59 à 12.60 sur critères DT. Par contre lors du passage du programme 1 au programme 2 les bénéfices
et les efficiences diminuent d’une façon importante. Nous constatons de ces résultats l’efficacité de
l’approche (b) par rapport à l’approche (a) pour intégrer les coûts de réhabilitation.
126
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Nous concluons que la prise en compte des coûts de réhabilitation permet d’améliorer l’efficience d’un
programme de réhabilitation. Dès à présent, l’application du modèle CARE-W_ARP permet de considérer
les coûts de réhabilitation dans l’évaluation d’un programme de réhabilitation.
Tableau 53 : trois variantes de l’étude des bénéfices réels d’un programme de réhabilitation
Simulation Linéaire % Historique disponible : 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
K5 : 2.12 Découpage 1 Calage Évaluation
K1 : 2.25 Découpage 2 Calage Évaluation
K9 : 2.06 Découpage 3 Calage Évaluation
20 0.45
18
RE: Real Efficiency 0.40
RRE: Ratio of Real Efficiencies
16 4+4 5+3 6+2 0.35 4+4 5+3 6+2
14 0.30
12 0.25
10 0.20
8 0.15
6 0.10
4 0.05
2 0.00
0 PWI PCWI ARC DT
PWI PCWI ARC DT Critères
Critères
Nous constatons une bonne stabilité des conclusions tirées à partir de l’indice RRE. Par exemple, pour le
critère PWI, la réhabilitation des conduites affectées en catégorie C33 permet d’éviter entre 28 % et 32 %
des impacts qui auraient pu être évités en situation optimale pour ce critère (prédiction parfaite des
défaillances et classement monocritère des conduites).
Nous pouvons conclure aussi que la hiérarchie dans les résultats est conservée. Nous avons toujours des
efficiences importantes sur les deux critères PCWI et PWI et des efficiences plus modestes sur les deux
autres critères ARC (coût de réparation) et DT (perturbations du trafic).
127
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
4.8 Apport d’une réhabilitation basée sur une évaluation des impacts
La construction, par les gestionnaires d’un réseau, des programmes annuels de réhabilitation peut reposer
sur des principes ou objectifs d’expressions diverses :
L’objectif ici est de montrer l’importance d’une réhabilitation multicritère basée sur l’évaluation des
différents impacts de l’état de santé des conduites par rapport à une réhabilitation basée sur le taux de
défaillance. Pour ce faire, nous comparons le rendement de deux programmes de réhabilitation de même
volume (2 % du linéaire du réseau), l’un établi à partir d’un classement des conduites suivant leur taux de
défaillance prédit (CARE-W_Poisson), l’autre établi avec la procédure CARE-W_ARP compte tenu de
différents critères de décision utilisés pour définir les priorités de réhabilitation. Les résultats obtenus sont
présentés dans les deux tableaux ci-dessous.
La colonne RE (Real Efficiency) indique le rendement de chaque programme vis-à-vis de chaque critère.
L’observation des résultats fournit des conclusions variables selon le critère considéré :
128
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
− pour les critères PWI et PCWI, le rendement d’un programme fondé uniquement sur les taux de
défaillance est très faible (respectivement 1,4 et 1,2) comparé au rendement obtenu avec un
programme fondé sur la procédure CARE-W_ARP (10.3 et 17) ;
− pour les critères ARC et DT, les rendements obtenus avec les deux programmes sont quant à eux
très proches.
Ces résultats montrent l’efficacité d’un programme basé sur plusieurs points de vue. En d’autres termes,
les priorités sont définies non pas en référence (Poinard, 2006) à l’âge des conduites (qui constitue un facteur
de risque, mais pas un critère pertinent), ni en référence au taux de casse, mais en utilisant une évaluation
des différents impacts de l’état de santé des conduites.
Raisonner en termes d’impacts, c’est-à-dire en considérant les conséquences finales des défaillances des
conduites, implique de suivre le patrimoine en référence à ces conséquences. Nous avons vu au titre
2.2.1.2 que la sensibilité des environnements exposés (clients, riverains, bâti, etc.) est un élément
d’appréciation essentiel. Le suivi des performances du patrimoine, au fil des années, et l’évaluation de
l’efficacité des programmes de réhabilitation, doivent être réalisés en adéquation avec ce principe de
construction des programmes. En d’autres termes, il convient d’utiliser des indicateurs de performance
pertinents, construits en référence aux critères de décision utilisés pour définir les priorités de
réhabilitation.
129
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Les indicateurs proposés dans le Tableau 56 permettent d’évaluer l’efficacité des programmes de
réhabilitation réalisés en recensant les défaillances survenues en environnement sensible.
Ces deux programmes fictifs, représentant chacun 4% du linéaire total et réalisés à la fin de l’année 1998,
sont évalués en examinant les défaillances survenues dans la période 1999-2001 sur les conduites inclues
dans ces deux programmes de renouvellement.
-4%
-8%
Prog. déf
-12%
Prog. ARP
-16%
− sur l’indicateur « nombre de défaillances évitées » nous obtenons des résultats plus favorables avec
un programme fondé sur le « taux de défaillance » (prog. 2) qu’avec un programme défini avec
130
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
− sur l’indicateur « nombre d’interruptions » ayant affecté des clients sensibles nous évitons : 67
interruptions (9%) avec un programme réalisé avec CARE-W_ARP contre 41 interruptions (5%)
avec un programme basé sur le « taux de défaillance » ;
− sur l’indicateur « nombre d’incidents sur des voies sensibles », avec un programme fondé sur une
analyse multicritère réalisée avec CARE-W_ARP nous évitons 17 incidents contre 9 incidents
avec un programme basé sur le taux de défaillance ;
− sur l’indicateur « nombre de personnes privées d’eau par une interruption de service », avec un
programme fondé sur le résultat de CARE-W_ARP 44561 personnes ne seront pas touchés par
une interruption de service contre 30357 personnes avec un programme prenant compte du taux
de défaillance.
Ces observations montrent l’importance d’accorder les indicateurs de performance utilisés pour le suivi de
l’efficacité des programmes de réhabilitation avec les critères utilisés pour construire ces programmes de
réhabilitations.
4.10 Conclusion
Ce chapitre présente l’ensemble des connaissances tirées de l’étude des données, de différents modèles et
outils utilisés dans l’aide à la définition d’un programme de réhabilitation. Les modèles de prédiction des
taux de défaillance CARE-W_Poisson et CARE-W_PHM fournissent des résultats quasiment identiques
lors de l’utilisation de leur taux pour la construction d’un programme de réhabilitation.
L’utilisation d’un modèle de défaillance permet d’identifier un volet préventif dans un programme de
réhabilitation. Les bénéfices apportés par cette partie préventive d’un programme de réhabilitation
paraissent importants par rapport aux bénéfices apportés par la partie corrective. En outre l’utilisation
d’un modèle de défaillance permet de compenser très partiellement la perte d’information due à une
réduction de l’historique des défaillances.
131
Chapitre 4 – Connaissances sur l’apport des données et des modèles CARE-W_FAIL & CARE-W_ARP
Les résultats de comparaison d’un programme de réhabilitation basée sur le taux de casse avec un
programme basé sur CARE-W_ARP montre l’intérêt d’une réhabilitation basée sur une approche
multicritère. L’approche proposée par CARE-W_ARP est une approche préventive recherchant la sécurité
des environnements exposées (clients, riverains, bâti, etc.) et non plus la diminution du nombre de casse
(approche curative).
A la fin de ce chapitre nous avons pu définir des indicateurs complémentaires en adéquation avec les
critères de décision des réhabilitations pour le suivi des performances du patrimoine et pour l’évaluation
de l’efficacité des actions envisagées.
132
Chapitre 5. Analyse critique de la méthode ELECTRE TRI
et aide à l’utilisation
133
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
5.1 Introduction
L’objectif de ce chapitre est de mener une étude critique de la méthode d’aide à la décision ELECTRE TRI
utilisée dans CARE-W_ARP et d’aider à son utilisation.
Classement /
Affectations des conduites au sein Note de
de six catégories synthèse
G1: Seuils
G2: Profils de référence
G3: Poids D Profil multicritère de
chaque conduite
La Figure 45 présente les différentes tâches étudiées dans ce chapitre. La première tâche consiste à
montrer l’apport d’une méthode de surclassement par rapport à une méthode d’agrégation (E) (F).
Mais les résultas finaux de cette méthode dépendent de plusieurs éléments d’entrée. Cela induit la
deuxième tâche qui étudie la stabilité des résultats fournis par la méthode ELECTRE TRI (G1) (H).
134
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
La troisième tâche consiste à intégrer les préférences du gestionnaire dans l’utilisation d’ ELECTRE TRI.
L’objectif de cette tâche est d’aider le gestionnaire à élaborer un programme de réhabilitation conforme à
ses préférences. Pour ce faire, nous avons défini les sous-tâches suivantes :
− comment évaluer une variante de programme ? (H). Cette sous-tâche consiste à déterminer les
critères pour l’évaluation d’un programme ;
− comment générer des variantes de programmes ? (H) (G2, G3). Plusieurs points sont étudiés
ici : tout d’abord nous présentons un exemple support. Ensuite nous présentons la démarche
suivie pour générer et évaluer 5 variantes. Le dernier point montre des analyses complémentaires
des résultats obtenus.
Par ailleurs l’intégration des préférences va permettre d’aborder la question de la fixation des poids et des
profils de référence à partir les objectifs du gestionnaire.
A la fin de cette tâche nous présentons les différentes considérations à prendre en compte avant de mettre
en œuvre un programme de réhabilitation.
La démonstration proposée ici ne fait pas référence aux atouts théoriques de la méthode ELECTRE TRI,
mais porte exclusivement sur les avantages pragmatiques. Nous comparons, pour les 2729 tronçons de
Reggio Emilia, les affectations réalisées avec la méthode ELECTRE TRI et les valeurs d’un critère de
synthèse calculé après normalisation des critères (par rapport au centile d’ordre p) et somme pondérée.
⎛ g ⎞
∑ Min⎜1, i ⎟ × wi
5
g synthèse = Équation 24
i =1 ⎜ C p, i ⎟
⎝ ⎠
Avec
gi : le critère de décision utilisé pour classer les conduites avec ELECTRE TRI ;
135
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
C32
C33 à C11
C31
C22
C21
C11
Figure 46 : comparaison des affectations avec ELECTRE TRI et des valeurs d’un critère de
synthèse calculé par une somme pondérée des valeurs normalisées par rapport au maximum
Normalisation de tous les critères par rapport aux centiles d'ordre p = 0.90
Catégories de priorité descendante de
Conduite
C33
C32
C33 à C11
C31
C22
C21
C11
Figure 47 : comparaison des affectations avec ELECTRE TRI et des valeurs d’un critère de
synthèse calculé par une somme pondérée des valeurs normalisées par rapport 90e centile
Normalisation de tous les critères par rapport aux centiles d'ordre p = 0.97
Catégories de priorité descendante de
Conduite
C33
C32
C33 à C11
C31
C22
C21
C11
Figure 48 : comparaison des affectations avec ELECTRE TRI et des valeurs d’un critère de
synthèse calculé par une somme pondérée des valeurs normalisées par rapport 97e centile
136
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
On constate avec la Figure 46 que la normalisation des critères par rapport au maximum conduit à une
indifférenciation des tronçons affectés en C33, C32 …… et C11 (Catégories de priorité descendante).
Seuls quelques tronçons affectés en C33 et C32 sont également distingués par le critère de synthèse. Avec
la Figure 47 on constate que la normalisation par rapport au 90e centile ne permet pas d’obtenir des
résultats beaucoup plus pertinents. On note cette fois une indifférenciation des tronçons affectés en C33,
C32 et C22.
Enfin la Figure 48 présente la meilleure corrélation entre affectation par ELECTRE TRI et agrégation. La
normalisation des critères par rapports aux 97e centiles permet de différencier- en partie - les 4 groupes
suivants : C33, C32, C22+C31+C21, C11.
Ces trois exemples montrent combien les résultats d’une méthode d’agrégation sont sensibles au
choix effectué pour la normalisation des critères.
En outre, on constate bien l’incapacité de cette approche à distinguer des profils multicritères « moyens »
(C22) avec des profils « contrastés » (C31). A l’inverse, la méthode ELECTRE TRI permet de synthétiser les
informations sans perdre les informations singulières significatives.
Mais en contrepartie la mise en oeuvre d’une méthode multicritère telle que la méthode ELECTRE TRI
nécessite un travail de formation des utilisateurs souvent peu accoutumés aux concepts de surclassement,
de flou, etc.
La difficulté de la méthode multicritère vient du fait que le résultat final obtenu avec CARE-W_ARP
dépend :
− du seuil de coupe (λ) utilisé pour la comparaison finale de deux actions a et b (Figure 49) ;
Cela nécessite d’étudier la stabilité et les intervalles de variations des résultats obtenus avec CARE-
W_ARP.
137
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Chaque comparaison repose sur le calcul de deux degrés de crédibilité σ (a, b), σ (b, a ) relatifs aux deux
assertions « a surclasse b » et « b surclasse a ». Le degré σ (a, b) , par exemple, est calculé à partir des
des indices de discordance d j (a, b) (mesure du désaccord du critère j vis-à-vis de l’assertion « a surclasse
138
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Concordance
Concordance indices indices Discordance
Discordance indices
indices
ccj(a,
j(a, b
b k)
k ) and
and c
c j(b ,a)
j(bkk,a)
ddj(a,
j(a, b
bkk
)) and
and d
d j(b ,a)
j(bkk,a)
Global
Global concordance
concordance indices
indices
C(a,b
C(a,bkk)) and
and C(b
C(bkk,a)
,a)
σσ(a,b
(a,bkk),), degree
degree of
of credibility
credibility of
of the
the assertion:
assertion: aSb
aSbkk (a
(a outranks
outranks bbkk))
σσ(b
(bkk,a), degree of credibility of the assertion: bkkSa (bkk outranks
,a), degree of credibility of the assertion: b Sa (b outranks a)
a)
λ: cutting level
Four cases :
a ; bk : a is preferred to bk
bk ; a : bk is preferred to a
aIbk : a is indifferen t to bk
aRbk : a is incomparable to bk
Optimistic Pessimistic
procedure procedure
Assignment
Assignment of
of aa
Les indices c j (a, b) et d j (a, b) sont calculés en comparant les valeurs du critère j pour les deux solutions
a et b, et en tenant compte des trois seuils q j , p j , v j (seuils d’indifférence, de préférence, de veto, associés
dj(a,b) cj(a,b)
1
0
gj(b) - vj gj(b) - pj gj(b) - qj gj(b) gj(a)
Figure 50 : utilisation des seuils d’indifférence, de préférence et de veto pour le calcul des
indices de concordance et de discordance.
139
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
La détermination de ces seuils n’est pas une tâche facile. Dans la bibliographie, la plupart des auteurs
considère que l’estimation des ces seuils est un élément subjectif et flexible qui dépend du contexte étudié
(Roy et al., 1986).
Selon (Maystre, 1994) « Fixer les seuils relève autant d’une appréciation subjective que d’un calcul d’erreur
au sens de la physique. Ces seuils ne sont pas des grandeurs expérimentales dont il faut rechercher la
valeur exacte ; ce sont, au contraire des grandeurs d’opportunité qu’il est commode, voire nécessaire,
d’introduire pour refléter ce qu’il y a d’approximatif ou d’arbitraire dans les données. Le choix d’un seuil
recèle par conséquent une part inévitable d’arbitraire ».
La question étudiée ici concerne l’influence des valeurs des seuils q j , p j sur les résultats de la procédure.
En d’autres termes, puisque les seuils d’indifférence et de préférence permettent de représenter les
incertitudes associées au calcul des critères, quelles sont les conséquences d’une incertitude faible ou forte
sur les résultats finaux de la procédure d’affectation ? Cette question est étudiée au titre 5.3.4.
L’annexe 7 (voir titre 10.7) présente en détail la méthode ELECTRE TRI, ses différents principes et
l’algorithme de calcul.
5.3.3.1 Généralités
Afin d’étudier la stabilité ou la fragilité des résultats d’affectation, il est nécessaire d’élaborer une analyse de
robustesse qui consiste à étudier l’impact sur les résultats d’affectation obtenus en faisant varier les valeurs
attribuées aux divers paramètres préférentiels (seuils de discrimination, poids des critères, niveau de
coupe). L’analyse de robustesse cherche à élaborer des recommandations aussi synthétiques que possible,
acceptables pour une vaste gamme de valeurs des paramètres. C’est en effectuant une telle analyse qu’il est
possible de vaincre les réticences, aussi bien du décideur que de l’homme d’étude, quant aux valeurs
initiales des paramètres.
Si, en faisant varier les paramètres autour de la valeur initiale, les résultats ne sont pas modifiés de manière
importante, la recommandation ou l’affectation est dite stable. En d’autres termes, on cherche à
déterminer le domaine de variation de certains paramètres dans lequel l’affectation reste stable. (Maystre et
al, 1994) considère que l’analyse de robustesse sert à fournir au décideur une recommandation stable et
robuste, qui l’informe quant à la capacité de la solution proposée à résister à des variations entre la réalité
et le modèle censé la représenter.
140
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
La solution de base est la solution obtenue avec les valeurs des paramètres qui paraissent les plus crédibles
et réalistes et dont il faudra tester la robustesse.
Les résultats de ce jeu de valeurs constituent la simulation de référence (W1-R2=S2). Selon cette
simulation 49 conduites sont en C33 (catégorie la plus prioritaire).
Dans ELECTRE TRI, l’analyse de robustesse comprend, par rapport aux autres méthodes multicritères, un
élément supplémentaire à examiner : les profils de référence.
Ici, l’analyse de robustesse ne traite pas les 2 points suivants : les actions de référence et les poids des
critères. Ces derniers sont définis de manière volontariste par l’homme d’étude. Notons que nous avons
définis une méthode pour faciliter la détermination et la fixation des actions de référence et des poids de
critères (voir au titre 5.4) (Le Gauffre et al., 2004).
Le niveau de coupe est considéré comme la plus petite valeur de σ (a, b) à partir de laquelle la proposition
« a surclasse b » est valide. (Yu, 1992) propose une valeur appartenant à [0.5, 1]. Dans notre cas afin de
déterminer l’intervalle de variation de ce paramètre, on a fait varier ce paramètre entre 0.5 et 0.8. Le
Tableau 59 présente les résultats de classements des conduites dans six catégories de priorité descendante
(C33, C32, C31, C22, C21 et C11) correspondant à six jeux de valeurs de niveau de coupe sur les critères,
PCWI, PWI, ARC, DT et WLI.
141
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Le tableau montre que les résultats de l’intervalle des valeurs [0.65 ; 0.75] sont bien stables en C33
(catégorie la plus prioritaire) ce qui montre en fin de compte la robustesse des nos affectations.
Les expérimentations effectuées montrent que la solution de base (W1-R2=S2) présente une très faible
sensibilité vis-à-vis de ce paramètre. Nous proposons de choisir une valeur de niveau de coupe
appartenant à [0.65; 0.75].
Dans le logiciel les valeurs par défaut des deux seuils d’indifférence q et de préférence p sont liées par un
ratio égal à 2. Avant de déterminer l’intervalle de variation de chaque seuil nous avons testé l’influence
d’un changement du ratio p/q sur les résultats finaux de CARE-W_ARP.
Le Tableau 60 présente les résultats correspondant à un ratio de 1.5 entre pi et qi sur le critère i. Le
changement du ratio entre p et q est fait critère par critère. Cela permet d’avoir 5 nouvelles simulations
correspondant chacune au changement du ratio sur un critère. Nous remarquons qu’avec le nouveau ratio
nous avons quasiment toujours le même classement obtenu avec un ratio de 2 (voir simulation W1-R2=S2
au titre 2.2.3). Nous pouvons constater que nos résultats restent robustes pour le ratio p=1.5.q.
Une série des simulations que nous ne présentons pas ici montre que le ratio entre les seuils p et q n’a pas
beaucoup d’influence sur l’affectation des conduites au sein des six catégories de priorité.
L’étude de variation de seuils p et q s’appuie sur des simulations correspondant aux caractéristiques
suivantes :
142
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
− le changement des seuils se fait critère par critère tout en gardant les mêmes seuils sur les autres
critères.;
Le tableau suivant présente les résultats de 11 simulations : W1-R2=S2 c’est la simulation de référence où
nous avons des incertitudes fortes (R2) sur tous les critères. Sur chaque critère de cinq critères utilisés
(PCWI : arrêts d’eau critiques ; PWI : arrêts d’eau ; DT : perturbations du trafic ; WLI : pertes en eau) deux
simulations ont été réalisées correspondant à deux valeurs d’incertitudes moyennes (R5) et d’incertitudes
faibles (R6).
L’augmentation des incertitudes (pi,qi) sur les critères (PWI, DT, ARC) montre une légère modification du
nombre des conduites classées en C33. Des conduites en C32 passent à C33 en augmentant les seuils, cela
vient du fait d’une réduction des situations d’incomparabilté entre le profil multicritère des conduites et le
profil de référence g(b2).
Les résultats de ces simulations montre la robustesse de nos résultats d’affectation sur chaque critère.
143
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Le rôle du seuil de veto revient à modifier l’importance d’un critère vis-à-vis des autres critères. Si ce seuil
est atteint les 2 actions considérées peuvent être incomparables selon la procédure ELECTRE TRI. C’est le
cas, par exemple, lorsqu’une conduite (a) ne peut plus être classée comme meilleure que la conduite (b)
bien que les performances sur tous les critères soient meilleures car pour au moins un critère le seuil de
veto est atteint.
L’étude des relations entre les critères utilisés semble indispensable pour comprendre l’effet du
changement du seuil de veto d’un critère sur les autres critères. Le tableau de la Figure 51 montre la
matrice de corrélation entre les cinq critères utilisés dans l’expérimentation de Reggio Emilia. Les critères
ARC, PWI, PCWI et DT (fonctions du taux de défaillance) sont corrélés entre eux par contre ils sont
indépendants avec le critère WLI (Water Losses Index).
ARC 1
WLI 0.17 1
Plus que la matrice de corrélation, une mesure non symétrique entre deux critères serait intéressante. Elle
se focalise sur les grandes valeurs. Nous définissons l’indice de pénalisation de la façon suivante : le
critère g i pénalise le critère g k si de nombreux candidats présentant de grandes valeurs sur le critère g k
⎛ g < PC β ,i
Peα , β ( g i → g k ) = P⎜ i
{
⎞ P ( g i < PC β ,i ) ∩ ( g k ≥ PCα ,k ) }
≥ ⎟=
⎝ g k PCα ,k ⎠ P ( g k ≥ PCα ,k )
Équation 25
PC β ,i est le βème centile du critère gi, PCa ,k est le αème centile du critère gk.
Peα ,β ( g i → g k ) = P ( g i < PC β ,i ) = β
Équation 26
144
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
En prenant α = 0.95 et en examinant différentes valeurs de β, nous obtenons les courbes présentées dans
les figures suivantes.
0.75 0.75
0.5 0.5
0.25 0.25
0 0
0.5 0.75 beta 1 0.5 0.75 beta 1
La Figure 52 montre que les deux courbes Pe(WLI → PWI ) et Pe( PWI → WLI ) sont très proches de
la courbe pointillée (cas d’indépendance).
Malgré la corrélation entre les deux critères PCWI et ARC (ρ=0.66) le critère PCWI pénalise le critère
ARC pour des valeurs β ≥ 0.75 (Figure 53). Près de 75% des conduites qui ont des grandes valeurs
ARC ≥ PC0.95 sont éliminées des priorités (C33) du fait que les valeurs de PCWI de ces conduites sont
nulles : PCWI < PC0.75 . Ceci peut être expliqué par la nature du critère PCWI (Predicted Critical Water
Interruptions) : 75% des conduites ne desservent pas des clients sensibles. Cela signifie que la définition des
valeurs de PCWI (b2 ) et du seuil de veto v( PCWI ) va pénaliser le critère ARC.
145
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
5.3.4.1 Impact sur la composition des conduites dans les six catégories de priorité
L’idée ici est de pouvoir voir le comportement de la méthode multicritère face aux changements de seuils
p et q. Trois simulations ont été réalisées correspondant aux caractéristiques suivantes :
− jeux de poids identiques pour les trois simulations (noté w1 : voir 5.3.3.2) ;
− les profils de référence g(b2) et g(b1) ont été modifiés, lors d’une modification des seuils, afin de
conserver un effectif à peu près identique en C33.
Tableau 62 : valeurs des seuils de préférence, d’indifférence de veto et des profils de référence de trois jeux de paramètres
R2, R6, R7
Incertitudes faibles : R6
Critère g(b1) g(b2) v q p
PCWI 0.050 0.100 0.100 0.0075 0.015
PWI 65 102 100 7.5 15.00
DT 0.020 0.039 0.030 0.0025 0.0050
ARC 100 152 150 12.500 25.00
WLI 0.400 0.800 1.000 0.075 0.150
Incertitudes moyennes R2
Critère g(b1) g(b2) v q p
PCWI 0.050 0.100 0.100 0.015 0.030
PWI 65 110 100 15 30
DT 0.020 0.040 0.030 0.005 0.010
ARC 100 170 150 25 50
WLI 0.40 0.80 1.00 0.15 0.30
Incertitudes fortes : R7
Critère g(b1) g(b2) v q p
PCWI 0.040 0.120 0.100 0.030 0.060
PWI 30 60 100 50 130
DT 0.010 0.020 0.030 0.020 0.047
ARC 70 200 150 50 100
WLI 0.30 1.10 1.000 0.30 0.60
146
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Les résultats correspondant aux trois simulations W1-R6, W1-R2, W1-R7 sont présentés dans le tableau
suivant :
L’effectif du groupe C33 reste à peu près stable. Ce premier phénomène (effectif quasi constant en C33)
vient de la procédure utilisée : les profils de référence g(b2) et g(b1) ont été modifiés afin de conserver un
effectif identique en C33.
L’effectif du groupe C22 augmente très fortement, au détriment des effectifs des groupes C32, C31, C21
et C11. Ce phénomène de concentration s’explique par une réduction du nombre de situations
d’incomparabilité (Tableau 63). La Figure 54 présente l’exemple de la conduite 78 : le profil multicritère de
cette conduite est incomparable avec le profil de référence g(b1) dans le cas des incertitudes faibles
(contexte W1-R6). L’augmentation des incertitudes en passant du contexte W1-R6 au contexte W1-R7
rend le profil multicritère de cette conduite indifférent avec le profil de référence g(b1).
g(b2)
g(b1)
g(b2)
g(b1)
147
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Tableau 64 : comparaison des efficiences escomptées pour trois jeux de valeurs des seuils p
et q (R6, R2 et R7)
Hypothèse 1 : H1 Simulation Simulation Simulation
W1-R6 W1-R2 W1-R7
LR EE LR EE LR EE
Critère DT 1.45 10.3 1.59 9.8 1.27 9.7
Critère PWI 1.45 15.0 1.59 13.9 1.27 16.4
Critère PCWI 1.45 20.5 1.59 19.9 1.27 19.3
Critère ARC 1.45 7.7 1.59 7.6 1.27 7.4
Hypothèse 2 : H2 Simulation Simulation Simulation
W1-R6 W1-R2 W1-R7
LR EE LR EE LR EE
Critère DT 4.96 6.6 5.55 6.2 5.53 6.0
Critère PWI 4.96 10.1 5.55 9.9 5.53 10.9
Critère PCWI 4.96 10.6 5.55 10.4 5.53 10.9
Critère ARC 4.96 5.7 5.55 5.8 5.53 5.8
Hypothèse 3 : H3 Simulation Simulation Simulation
W1-R6 W1-R2 W1-R7
LR EE LR EE LR EE
Critère DT 9.82 5.0 10.81 4.9 54.08 1.7
Critère PWI 9.82 7.2 10.81 6.6 54.08 1.8
Critère PCWI 9.82 7.2 10.81 6.6 54.08 1.8
Critère ARC 9.82 4.6 10.81 4.4 54.08 1.7
148
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
L’examen des résultats regroupés dans le Tableau 64 nous permet de faire les trois observations suivantes :
− dans le cas de l’hypothèse H2 (conduites sélectionnées au hasard au sein des groupes C33+C32),
les efficiences escomptées demeurent inchangées ou augmentent lorsque l’on passe du contexte
W1-R6 au contexte W1-R7 (de 10.1 à 10.9 pour le critère PWI par exemple) ; on peut interpréter
ce résultat de la manière suivante : un certain nombre de conduites passent de la catégorie C32
vers la catégorie C22 mais en contrepartie des conduites de C31 passent à C32. Ces conduites et
celles qui demeurent en C32 concentrent davantage d’impacts que celles qui sont réaffectées en
C22 ;
− dans le cas de l’hypothèse H3 (conduites sélectionnées au hasard au sein des groupes C33 + C32
+ C31 + C22), les efficiences escomptées diminuent fortement : comme nous pouvons le voir au
Tableau 64, l’augmentation des seuils d’indifférence et de préférence produit une augmentation de
l’effectif de C22, ce qui traduit l’affaiblissement de la capacité de discrimination des conduites
lorsque les incertitudes augmentent ; cette diminution de la capacité de discrimination induit la
diminution de l’efficience d’un programme de réhabilitation.
En conclusion, l’augmentation des seuils d’indifférence et de préférence n’a pas d’effets négatifs sur
l’efficience d’un programme de réhabilitation si celui-ci est élaboré à partir de conduites affectées en
catégories C33 ou C32.
149
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
− ratio des efficiences réelles (RRE : Ratio of Real Efficiencies) ou ratio des efficiences escomptées
(REE : Ratio of Expected Efficiencies) ;
− efficience escomptée (EE : Expected Efficiency) ou efficience réelle (RE : Real Efficiency).
Notons que l’évaluation des indices réels (RE : Real Efficiency ; RRE : Ratio of Real Efficiencies) d’un
programme de réhabilitation ne peut évidemment être réalisée que sur des programmes fictifs. Dans la
plupart des cas, nous nous intéressons à pouvoir évaluer les indices escomptés (EE : Expected Efficiency ;
REE : Ratio of Expected Efficiencies) d’un programme de réhabilitation sur les années à venir. Dans la suite
nous examinons la relation entre indices escomptés et indices réels d’un programme de réhabilitation. La
démarche d’étude est présentée dans le tableau ci-dessous.
Pour chaque indice, nous avons examiné la relation entre la valeur escomptée et la valeur réelle. Nous
avons gardé l’indice qui donne la meilleure corrélation entre l’escompté et le réel. Pour le ratio des
efficiences nous avons calculé la corrélation et ceci pour les deux modèles de prédiction de défaillances.
0.0 0.0
0.60 0.65 0.70 0.75 0.80 0.85 0.90 0.95 0.60 0.65 0.70 0.75 0.80 0.85 0.90 0.95
REE: Ratio of Expected Efficiencies (pipes in C33) REE: Ratio of Expected Efficiencies (pipes in C33)
150
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
La Figure 55 montre une bonne corrélation entre l’escompté et le réel pour le modèle CARE-W_Poisson
à l’inverse du modèle CARE-W_PHM. Nous concluons que cet indice ne pourrait pas être pris pour la
comparaison de variantes de programmes de réhabilitation. Le comportement de cet indice change avec le
changement du modèle de prédiction de défaillance. Ce comportement met en question la pertinence de
cet indice.
Par ailleurs nous avons une bonne corrélation entre l’efficience escomptée et l’efficience réelle avec les
deux modèles CARE-W_Poisson et CARE-W_PHM.
10 DT 10 DT
PWI PWI
5 5
ARC ARC
0 0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
EE: Expected Efficiency (pipes in C33) EE: Expected Efficiency (pipes in C33)
Compte tenu de la corrélation importante entre les valeurs des indices EE et RE, et ceci pour les deux
modèles de prédiction utilisables, l’indice EE (calculé pour chaque critère de décision) sera utilisé par la
suite pour comparer des variantes de programmes de réhabilitation.
Une variante de programme notée P0 est obtenue en considérant cinq critères avec CARE-W_ARP (Le
Gauffre et al., 2004; 2005) :
− WLI : Water Losses Index, index compris entre 0 et 1, en fonction du taux de perte évalué dans le
secteur auquel appartient chaque tronçon ;
− DT : Trafic Disruptions.
151
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Ces 5 critères sont ici considérés avec des poids identiques (w = 0.20) dans la procédure ELECTRE TRI.
Les résultats obtenus sont synthétisés dans la colonne P0 du Tableau 67. Le programme de réhabilitation
envisagé correspond à l’ensemble des conduites affectées en C33 (55 conduites, 1.87 % du linaire du
réseau).
Les efficiences escomptées varient de 18.4 pour le critère PCWI à 7.2 pour le critère ARC. Concernant
l’efficacité de ce programme de réhabilitation vis-à-vis de la réduction des pertes en eau, on utilise le
critère WLI_moyen, moyenne des valeurs du critère WLI, pour les conduites affectées en C33.
Les variantes qui vont être générées en modifiant les paramètres utilisés dans le procédure ELECTRE TRI
(poids des 5 critères, et valeurs de référence g(b2)) sont comparées selon 5 critères : EE(ARC), EE(PCWI),
EE(PWI), EE(DT) et WLI_moyen.
Chaque variante est générée en privilégiant un critère parmi les cinq critères utilisés :
Compte tenu des corrélations entre les cinq critères (Figure 51) la génération des variantes est organisée de
la manière suivante :
152
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
153
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
20 1
P0
18 P1 0.9
16 P2 0.8
P3
14 0.7
P4
12 P5 0.6
10 0.5
8 0.4
6 0.3
EE(PCWI) EE(PWI) EE(DT) EE(ARC) WLI_moy
Comme l’indique le coefficient de corrélation (+ 0.88) entre les critères ARC et DT, les variantes P2 et P3,
qui privilégient respectivement EE(ARC) puis EE(DT), conduisent, pour chaque critère, à des efficiences
similaires.
La variante P1, privilégiant WLI_moyen, permet d’augmenter sensiblement ce critère (0.74 au lieu de 0.64
pour P0) sans induire une baisse trop importante sur les critère EE(PWI) et EE(PCWI). Par contre la
variante P5, qui permet d’obtenir une forte augmentation de WLI_moyen (0.87 ; ce qui veut dire que les
réhabilitations vont être concentrées dans les secteurs où les taux de perte sont les plus élevés), induit en
contrepartie une baisse importante des efficiences escomptées : EE(PCWI) = 10.8 (au lieu de 18 avec P0)
et EE(PWI) = 6.6 (au lieu de 12.6 avec P0).
Les variantes P2, P3 et P4, visant respectivement à améliorer les critères EE(ARC), EE(DT) et EE(PWI),
conduisent toutes les trois à une perte sur le critère WLI_Moyen (0.50 à 0.53 ; au lieu de 0.64 avec P0).
Pour une analyse plus fine des résultats obtenus nous sélectionnons ici trois variantes contrastées, Figure
58 :
− la variante P4 privilégie les critères EE(PCWI) et EE(PWI), au détriment des autres critères ;
154
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
20 1
P2
18 0.9
P4
16 0.8
P5
14 0.7
12 0.6
10 0.5
8 0.4
6 0.3
EE(PCWI) EE(PWI) EE(DT) EE(ARC) WLI_moy
On peut cependant noter que les efficiences escomptées sur les critères ARC et DT restent faibles en
comparaison de ce qui peut être obtenu pour les critères PCWI et PWI.
Suite à ces résultats nous nous sommes posés la question suivante : est ce qu’on peut viser des efficiences
plus importantes sur les deux critères ARC et DT ?
La réponse à cette question est fournie par l’examen des résultats obtenus avec la variante P2 : Tableau 68.
Les conduites affectées en catégorie C33 représentent un linéaire de 9.3 km soit 1.43% du linéaire total.
Les impacts escomptés sur ces conduites sont évalués à 14.6 % pour ARC et 15.6 % pour DT, ce qui
donne des valeurs d’efficience escomptée : 10.2 et 11.0. Les valeurs de OEE (Optimal Expexted Efficiency)
indiquent l’efficience maximale obtenue par un tri monocritère. On constate alors que OEE(ARC) = 11.8
et OEE(DT) = 14.1 sont peu supérieures aux efficiences EE. Le ratio REE(ARC) = 0.87 indique que la
variante P2 permet d’escompter une efficience proche de l’efficience optimale sur le critère ARC.
155
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Compte tenu de la distribution étalée des critères ARC et DT, il n’est donc pas possible d’obtenir des
rendements plus élevés sur ces deux critères. La distribution du critère PCWI (Figure 60a) permet au
contraire d’obtenir un rendement beaucoup plus élevé.
100%
40%
20%
0%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
100%
OEB : Optimal of Expected Benefits
80%
EB : Expected Benefits
60%
40%
20%
0%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Une autre question concerne la fixation des poids et des profils de référence. Dans une situation
décisionnelle réelle, connaître les préférences du gestionnaire et déterminer les poids des critères est bien
souvent une tâche très délicate. Avec les méthodes de surclassement, les poids (Wi) ne sont pas employés
dans le but d’agréger les valeurs des critères en une unique valeur, mais pour le calcul de l’indice de
concordance global (voir annexe 7 au titre 10.7) qui représente le degré de consensus concernant
l’assertion « a surclasse b ».
156
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Dans notre approche, nous avons abordé le problème de la fixation des poids (Wi) et des profils de
référence (gi(b1), gi(b2)) d’ ELECTRE TRI en raisonnant à partir des objectifs du gestionnaire : élaborer un
programme privilégiant les efficiences relatives à certains enjeux (pertes en eau, arrêts d’eau critiques …
et/ou perturbations du trafic). Dans cette approche, les (Wi) et (gi(b1), gi(b2)) ne sont que des paramètres de
réglage permettent de générer et comparer des variantes contrastées.
Dans la littérature plusieurs méthodes peuvent être envisageables pour donner une valeur appropriée aux
poids des critères. (Rogers et al., 2000) citent plusieurs méthodes (Hokkanen et Salminen, 1994 ; Mousseau,
1993 ; Simos, 1990 ; Roy et Figuera, 1998 ; Rogers et Bruen, 1996) pour déterminer les poids des critères dans
des méthodes ELECTRE. L’application de ces méthodes restent plutôt complexe.
D’autres méthodes sont proposées pour fixer les poids des critères et paraissent plus facile à appliquer. La
plupart de ces méthodes supposent que les critères sont indépendants. Parmi ces méthodes, on trouve la
méthode de l’entropie. On se propose ici de comparer cette méthode avec notre approche.
La méthode est proposée par (Zeleny, 1982). Nous partons des évaluations aij originales pour chaque
∑
n
critère j , elles sont ensuite normalisées par la somme a
i =1 ij
.
aij
aij' = Équation 27
∑
n
a
i =1 ij
E j = −k ⋅ ∑a
i
' '
ij . ln aij Équation 28
k est une constante que nous ajusterons de telle sorte que, pour tout j on ait 0 ≤ Ej ≤ 1 . On peut prendre,
1
par exemple, k = , avec n le nombre des conduites.
ln(n)
L’entropie E j d’un critère est d’autant plus grande que les valeurs aij sont proches les unes des autres.
Mais nous voulons mesurer le pouvoir de discrimination. Nous prenons donc l’opposé que nous appelons
« mesure de dispersion ».
Dj = 1− E j Équation 29
Dj
wj = Équation 30
∑ j
Dj
157
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
Le Tableau 69 compare les résultats de la méthode de l’entropie avec notre approche privilégiant
l’efficience relative à l’enjeu « pertes en eau » (WLI) sur les données de Reggio Emilia.
Tableau 69 : comparaison des poids calculés par la méthode de l’entropie et par l’approche
analyse multicritère
Critères wj : méthode de wj : approche analyse
l’entropie multicritère
PCWI : arrêts d’eau critiques 0.19 0.15
PWI : arrêts d’eau 0.32 0.15
DT : perturbations du trafic 0.22 0.15
ARC : coût de réparation 0.19 0.15
WLI : pertes en eau 0.08 0.4
Le tableau montre que la fixation des poids avec notre approche permet d’intégrer la subjectivité du
gestionnaire en privilégiant un ou plusieurs enjeux, ici les pertes en eau.
− la méthode de l’entropie suppose que les critères sont indépendants, or l’étude des relations entre
les critères montre des corrélations entre certains critères ;
La même approche sera simultanément utilisée pour déterminer les profils de référence. Dans la
bibliographie la détermination des profils de référence (Colson, 2000) peut se baser sur des références
(points de vue externes et internes) aux données observées. L’intégration des références externes est une
tâche ardue et difficile. C’est pourquoi il est plus simple d’établir des références internes pour que les
données soient représentatives du contexte étudié.
Les profils de référence pour chaque critère sont déterminés de la façon suivante :
La référence supérieure g i (b2 ) = x(i ) + σ (i ) avec i un critère donné, x la moyenne et σ l’écart type ;
Dans le module CARE-W_ARP (Le Gauffre et al., 2002), deux profils de référence sont utilisés pour
définir trois catégories (Figure 61). Par défaut, la référence inférieure gi(b1) et la référence supérieure gi(b2)
sont définies tels que, pour chaque critère g i : F [g i (a ) ≤ g i (b1 )] = 33% et F [g i (a) ≤ g i (b2 )] = 66%
158
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
g(b2) Ca3
Reference Ca2
Profiles
g(b1)
Ca1
1 2 3 4 5
Criteria
Figure 61 : les deux profils de référence qui délimitent trois catégories de priorité
Les deux profils de référence déterminent le nombre de conduites affectées à chacune des six catégories
de priorité. Pour isoler un nombre restreint de conduites prioritaires, affectées en C33, C32 voire C31,
(par exemple 2 à 3% du parc), la méthode ELECTRE TRI peut être utilisée de manière itérative. A partir
d’un premier jeu de références (profils g(b2) et g(b1)) une simulation fournit les effectifs des 6 catégories
C33 à C11. Si l’on souhaite réduire le nombre de conduites affectées en C33 il suffit de remonter le profil
de référence g(b2) en augmentant les valeurs g(b2). Si l'on souhaite augmenter le nombre de conduites
affectées à la catégorie la plus prioritaire il suffit de descendre le profil de référence g(b2).
Dans notre approche les modifications des profils de référence par rapport aux valeurs définies par défaut
se font dans l’objectif de garder un certain nombre des conduites dans les catégories prioritaires.
Notons que l’approche « analyse multicritère » n’est pas une méthode analytique. Cette approche est basée
sur l’analyse des relations entre les différents critères utilisés et sur l’analyse des résultats obtenus, « les
efficiences ». En fonction des efficiences relatives à certains enjeux représentant les préférences du
gestionnaire nous pouvons déterminer de façon itérative les paramètres et les profils de référence
appropriés.
− la coordination avec d’autres services par exemple une rénovation de la chaussée et/ou une
réhabilitation d’autres réseaux (assainissement, gaz, etc.) ;
159
Chapitre 5 – Analyse critique de la méthode ELECTRE Tri et aide à l’utilisation
− etc.
5.5 Conclusion
Dans ce chapitre nous avons vu l’intérêt de l’utilisation de la méthode ELECTRE TRI par rapport à une
méthode d’agrégation. A partir d’une analyse de robustesse de la méthode ELECTRE TRI nous avons pu
savoir pour chaque paramètre la marge de variation où les résultats restent stables et robustes.
L’augmentation des incertitudes représentées par les seuils de préférence p et d’indifférence q entraîne une
réduction des situations d’incomparabilité. Ceci se traduit par une augmentation du nombre de conduites
affectées dans la catégorie de priorité moyenne C22 et par une diminution des efficiences dans le cas où le
programme comporte une part des conduites classées dans C22. Nous concluons que la capacité
discriminatoire du modèle s’affaiblit lorsque les incertitudes augmentent.
Ce chapitre offre au gestionnaire une méthode que l’on nomme « méthode d’analyse multicritère »
permettant d’intégrer les préférences du gestionnaire dans le processus de construction d’un programme
de réhabilitation conforme à ses objectifs. En étudiant les relations entre les critères (corrélation et
pénalisation), et en fonction des efficiences relatives à certains critères, cette approche permet de fixer les
poids et les profils de référence. Elle constitue une méthode non analytique permettant de fixer a
posteriori de façon itérative les poids et les profils de référence en privilégiant certaines préférences du
gestionnaire.
160
Conclusions
161
Conclusions
6 Conclusions
L’approche retenue par le projet CARE-W pour organiser les renouvellements annuels est l’approche
multicritère. L’outil d’aide à la décision multicritère développé pour organiser les renouvellements annuels
est l’outil CARE-W_ARP. Dans cet outil, deux composantes principales peuvent être distinguées :
a) une représentation multicritère des conduites (critères exprimant plusieurs types d’impacts de l’état de
santé des conduites) ;
La mise en œuvre de l’outil CARE-W_ARP nécessite de proposer des démarches méthodologiques pour
évaluer l’efficience des renouvellements et pour générer plusieurs variantes de réhabilitation.
L’objectif principal de la recherche était de compléter et d’améliorer l’outil CARE-W_ARP. Pour ce faire,
nous avons définis trois sous-objectifs qui sont étroitement liés aux limites de l’outil CARE-W_ARP :
− définition des procédures et des règles d’aide à la fixation de paramètres internes de la méthode
multicritère.
Le premier volet concerne l’étude critique des critères de décision. Dans ce volet deux points ont été
traités. Le premier point revient sur la formulation des critères existants. Nous proposons une
reformulation des critères permettant d’intégrer les coûts de renouvellement dans le processus de
définition d’un programme de réhabilitation. Les critères de comparaison des conduites seront calculés en
considérant les impacts évités par K€ consacré au renouvellement de la conduite.
Le deuxième point porte sur la définition de nouveaux critères, à l’échelle du réseau, permettant de
comparer des variantes de programmes de réhabilitation. Ces critères constituent une mesure de
l’efficience d’un programme de réhabilitation. Cette efficience représente les impacts évités en fonction du
linéaire renouvelé ou du budget de renouvellement. A partir de ces nouveaux critères nous avons pu
162
Conclusions
définir pour chaque variante de réhabilitation un profil multicritère. Ceci permet de comparer les
différentes variantes de réhabilitation correspondant chacune à un contexte donné.
Le deuxième volet de la recherche porte sur l’évaluation des différents outils utilisés dans la démarche de
définition d’un programme de réhabilitation. Ce volet est basé sur une série d’expérimentations
numériques reposant sur l’utilisation des données réelles fournies par le gestionnaire (AGAC) du réseau de
la ville de Reggio Emilia (Italie) : huit ans d’historique des données de casses des conduites, des
informations sur les interventions sur le réseau et des données sur l’environnement urbain.
Les expérimentations numériques ont permis de produire divers enseignements originaux concernant les
différents outils et donnés :
− les modèles de prédiction des défaillances permettent d’introduire une partie préventive dans les
programmes annuels de réhabilitation. Cette partie a un rendement supérieur à celui de la partie
corrective du programme de réhabilitation. En outre l’utilisation d’un modèle de prédiction des
défaillances permet de compenser partiellement la perte d’information due à une réduction de
l’historique des défaillances.
− l’utilisation des données statistiquement significatives permet : d’une part d’augmenter la qualité
de prédiction des défaillances (en d’autres termes la capacité discriminatoire du modèle de
défaillance : les taux de défaillances prédits sont plus contrastées) en augmentant le nombre des
variables disponibles pour la prédiction des défaillances. D’autre part elle permet d’augmenter
l’efficience d’un programme de réhabilitation.
− une réhabilitation basée sur une évaluation des impacts de l’état de santé des conduites semble
être plus efficace qu’une réhabilitation basée sur le taux de défaillance (approche curative). En
d’autres termes les priorités sont définies non pas en référence au taux de casse mais en
considération des conséquences finales des défaillances des conduites.
− l’approche CARE-W_ARP est une approche préventive recherchant la réduction des impacts des
défaillances et non plus la diminution du taux des défaillances. Ceci implique de suivre le
patrimoine en référence aux conséquences des défaillances. Le suivi des performances du
patrimoine peut être réalisé par de nouveaux indicateurs de performance en adéquation avec les
critères de décision des réhabilitations.
163
Conclusions
Le troisième volet de la recherche constitue une étude critique de la méthode multicritère ELECTRE TRI.
Cette étude critique permet de faire les constats suivants :
Un programme de réhabilitation basé sur l’approche CARE-W_ARP (basée sur la méthode ELECTRE TRI)
semble être plus efficace qu’un programme de réhabilitation basé sur une méthode d’agrégation qui
apparaît trop sensible aux changements des paramètres de normalisation.
Mais, en contrepartie, dans CARE-W_ARP, plusieurs paramètres doivent être fixés pour pouvoir définir
les priorités pour la réhabilitation. Une analyse de robustesse a montré la marge de variation de chaque
paramètre où les résultats restent stables et robustes.
L’augmentation des incertitudes attachées au calcul des critères entraîne une réduction des situations
d’incomparabilité. Ceci permet de constater que la capacité discriminatoire de la méthode multicritère
s’affaiblit. Par contre l’effet sur les efficiences dépend de l’hypothèse de sélection des conduites pour la
réhabilitation, l’augmentation des incertitudes peut être pénalisant sur un programme de réhabilitation qui
contient des conduites ayant des profils multicritères moyens.
Les nouveaux critères relatifs à l’échelle du réseau ont constitué des outils de réglage permettant de fixer
les paramètres et les poids des critères par une analyse itérative. Cette façon de procéder va permettre aussi
d’intégrer les préférences du gestionnaire dans le processus de construction d’un programme de
réhabilitation conforme à ses objectifs.
Les contributions scientifiques apportées par notre travail de recherche constituent des éléments de
réponses à des objectifs opérationnels. Les procédures et les démarches définies pour l’utilisation du
logiciel CARE-W_ARP peuvent constituer un guide pour l’utilisateur dans sa démarche de construction
d’un programme de réhabilitation. L’évaluation des bénéfices d’un programme de réhabilitation fourni par
CARE-W_ARP peut aider le gestionnaire à l’argumentation des programmes de réhabilitation. La nouvelle
formulation du processus de décision constitue une aide à la génération et à la comparaison de variantes
de programme de réhabilitation.
164
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178
Tables des figures et des tableaux
179
Table des figures
Figure 1 : formulation des différentes étapes conduisant à la sélection d’un programme annuel de
réhabilitation ............................................................................................................................................................ 16
Figure 2 : terminologie utilisée dans la réhabilitation (norme EN 752) et relations avec les autres
opérations, par exemple la maintenance, des réseaux d’assainissement........................................................... 23
Figure 3 : état, dysfonctionnements et impacts étudiés à l’échelle du réseau ou du tronçon ........................................... 27
Figure 4 : optimum de coût de remplacement d’une conduite (Alexandre, 1994)............................................................. 29
Figure 5 : principe du système WiLCO, d’après (Skipworth et al., 2002) ........................................................................... 30
Figure 6 : module du système CARE-W ................................................................................................................................. 35
Figure 7 : analyse sur deux échelles de temps et d’espace à l’aide du système CARE-W (Le Gauffre et
al., 2004).................................................................................................................................................................... 36
Figure 8 : les interfaces entre différents outils d’aide à la décision élaborés dans CARE-W............................................ 39
Figure 9 : les différentes étapes d’utilisation des indicateurs de performance.................................................................... 42
Figure 10 : situation du module CARE-W_PI au sein du projet CARE-W ....................................................................... 47
Figure 11 : définition de temps de défaillance pour une conduite donnée......................................................................... 53
Figure 12 : prévision du taux de défaillance de chaque tronçon par simulation stochastique. ........................................ 54
Figure 13: indice de « bénéfice » des modèles de prediction de défaillances (Service des Eaux de
Trondheim, Norvège - Conduites en Fonte ductile, modèles calés sur la période 1988-1999,
comparaison en 2000) (Le Gauffre et Eisenbeis, 2004) ..................................................................................... 57
Figure 14: indice de « bénéfice » des modèles de prédiction de défaillance (Service des Eaux de
Trondheim, Norvège - Conduites en fonte ductile, modèles calés sur la période
d’observation 1994-1995, prévision pour 1996-2000) (Le Gauffre et Eisenbeis, 2004) ................................ 57
Figure 15 : contribution des deux composantes du critère PWI (Reggio Emilia, 2729 conduites)................................. 58
Figure 16 : la démarche CARE-W_ARP pour classer les conduites d’un réseau d’eau potable par ordre
de priorité ................................................................................................................................................................. 63
Figure 17 : distribution des valeurs de l’indice SC, Reggio Emilia, 2729 conduites .......................................................... 68
Figure 18 : répartition de nombre des personnes desservies sur 5 catégories des conduites, Reggio
Emilia, 2729 conduites............................................................................................................................................ 69
Figure 19 : répartition des plaintes pour des problèmes de qualité, Reggio Emilia, 2729 conduites .............................. 70
Figure 24 : affectation des tronçons (a3, a4, a5, a8) aux catégories de priorité (C1, C2, C3) ........................................... 76
Figure 25 : les six catégories de priorité définies suite à deux procédures de classements et
l’incomparabilité de ces catégories ........................................................................................................................ 77
Figure 26 : résultats de deux simulations correspondants à deux jeux de poids ................................................................ 79
Figure 27 : les différentes tâches de l’approche critique de CARE-W_ARP...................................................................... 81
Figure 28 : processus de décision pour la gestion technique du réseau .............................................................................. 88
Figure 30 : impacts annuels évités en fonction du linéaire réhabilité, critère PWI (Predicted Water
Interruption), Reggio Emilia (Italie), période d’observation 1994-2001. ....................................................... 103
Figure 31 : représentation multicritère d’un programme de réhabilitation, changement d’échelle
(conduites réseau) ............................................................................................................................................ 104
Figure 33 : influence de la qualité des données disponibles pour la prédiction des défaillances sur les
résultats du module CARE-W_ARP .................................................................................................................. 109
Figure 34 : sens et degré de changement lors du changement de contexte. ..................................................................... 110
Figure 35 : comparaison des efficiences des plusieurs contextes de données .................................................................. 112
Figure 36 : distribution de taux de défaillance (PFR : Predicted Failure Rate) calculé avec le modèle
CARE-W_PHM en fonction du PFR calculé avec CARE-W_Poisson, à droite distribution
des points à taux de défaillance élevé avec CARE-W_Poisson ...................................................................... 113
180
Table des figures
Figure 37 : bilan des changements d’affectation lors d’un changement de contexte relatif au modèle de
défaillance ............................................................................................................................................................... 114
Figure 38 : comparaison des taux de défaillance conduites ayant un taux de défaillance prévu très
élevé avec CARE-W_Poisson avec ceux obtenus avec CARE-W_PHM..................................................... 114
Figure 39 : longueur des conduites affectées en C33 avec les deux modèles ................................................................... 115
Figure 40 : bilan des changements d’affectation lors d’un changement de contexte relatif à la période
d’observation de casses......................................................................................................................................... 117
Figure 41 : bilan des changements d’affectation lors d’un changement de contexte relatif aux variables
(trafic)...................................................................................................................................................................... 119
Figure 42 : taux de défaillance calculé par CARE-W_Poisson pour 18 et 6 catégories de conduites
(défaillances / km / an) ........................................................................................................................................ 120
Figure 43 : évaluation des efficiences réelles d’un programme de réhabilitation, selon trois contextes ....................... 127
Figure 44 : réduction du nombre de défaillances et réduction des impacts pour 2 programmes
alternatifs représentant 4% du linéaire total - Reggio Emilia, 1999-2001...................................................... 130
Figure 46 : comparaison des affectations avec ELECTRE TRI et des valeurs d’un critère de synthèse
calculé par une somme pondérée des valeurs normalisées par rapport au maximum.................................. 136
Figure 47 : comparaison des affectations avec ELECTRE TRI et des valeurs d’un critère de synthèse
calculé par une somme pondérée des valeurs normalisées par rapport 90e centile...................................... 136
Figure 48 : comparaison des affectations avec ELECTRE TRI et des valeurs d’un critère de synthèse
calculé par une somme pondérée des valeurs normalisées par rapport 97e centile...................................... 136
Figure 49 : schéma de principe de la méthode ELECTRE TRI ........................................................................................ 139
Figure 50 : utilisation des seuils d’indifférence, de préférence et de veto pour le calcul des indices de
concordance et de discordance............................................................................................................................ 139
Figure 51 : matrice de corrélation........................................................................................................................................... 144
Figure 52 : conflits entre le critère WLI et le critère PWI................................................................................................... 145
Figure 53 : conflits entre le critère PCWI et le critère ARC ............................................................................................... 145
Figure 54 : profil multicritère de la conduite 78 comparé aux profils de référence associées à deux jeux
de seuils q et p........................................................................................................................................................ 147
Figure 55 : relation entre ratio des efficiences réelles et ratio des efficiences escomptées, selon le
modèle de prédiction utilisé ................................................................................................................................. 150
Figure 56 : relation entre efficience réelle et efficience escomptée, selon le modèle de prédiction utilisé ................... 151
Figure 57 : comparaison de six variantes de programmes de réhabilitation ..................................................................... 154
Figure 58 : trois variantes contrastées d’un programme de réhabilitation ........................................................................ 155
Figure 61 : les deux profils de référence qui délimitent trois catégories de priorité ........................................................ 159
Figure 62 : paramètres influençant la durée de vie de la conduite (Eisenbeis et al, 2002) .............................................. 188
Figure 63 : évolution du taux de casse en fonction de l’âge, selon le modèle de la courbe en baignoire ..................... 189
Figure 64 : réduction du nombre de défaillances et réduction des impacts pour 2 programmes
alternatifs représentant 3% du linéaire total – Grand Lyon, années 2002-2004 ........................................... 190
Figure 65 : taux de casses par type de matériau, Reggio Emilia, 1994-2002..................................................................... 191
Figure 66 : taux de casses par type de diamètre, Reggio Emilia, 1994-2002..................................................................... 192
Figure 67 : le réseau réacteur (Levi, 1995)............................................................................................................................. 193
Figure 68 : fonctions de survie associées à une catégorie de conduites ............................................................................ 199
Figure 69 : répartition des conduites par classes de longueur et par classes de diamètre, Reggio Emilia
(Italie) ...................................................................................................................................................................... 201
Figure 70 : pourcentage de conduites par type de matériau................................................................................................ 202
Figure 71 : schéma et sources de collection de données, CARE-W, Reggio Emilia, Italie. ........................................... 203
Figure 72: variation du nombre de casses par type de matériau, 1994 – 1999, Reggio Emilia (Schiatti,
2003)........................................................................................................................................................................ 205
Figure 73 : coûts de réhabilitation (remplacement) en fonction du diamètre, Hirner (1994)......................................... 215
Figure 74: coûts de réhabilitation (remplacement) en fonction du diamètre, Dandy, Engelhardt (2001). ................... 215
181
Table des figures
182
Table des tableaux
183
Table des tableaux
Tableau 33 : affectation de 2729 conduites au sein de 6 groupes de priorité, (données de Reggio Emilia
– Italie, 1994-2001)................................................................................................................................................ 103
Tableau 34 : données utilisées et démarche d’évaluation des bénéfices réels d’un programme..................................... 104
Tableau 35 : évaluation des bénéfices réels et des efficiences réelles pour une hypothèse de programme.................. 105
Tableau 36 : contextes obtenus par combinaison (historique, variables).......................................................................... 109
Tableau 37 : codification des changements d’affectation induits par le changement de contexte,
matrice M1.............................................................................................................................................................. 110
Tableau 38 : D, matrice de déplacements ou des changements lors du changement du contexte............................... 111
Tableau 39 : questions étudiées dans le chapitre 4............................................................................................................... 112
Tableau 40 : comparaison de deux affectations ARP, en utilisant les deux modèles de prévision de
défaillances, 1999-2001 ......................................................................................................................................... 113
Tableau 41 : conduites classées en C33 à titre préventif en utilisant le taux de défaillance de l’un ou de
l’autre de deux modèles de défaillance................................................................................................................ 116
Tableau 42 : comparaison des résultas des bénéfices et des efficiences obtenus avec les deux modèles
CARE-W_Poisson et CARE-W_PHM, conduites en C33, 1994-1998 ......................................................... 116
Tableau 43 : changements d’affectation entre le contexte C1 et le contexte C2.............................................................. 117
Tableau 44 : changement de classement, de C33 avec le contexte C1 à C11 avec le contexte C2 ................................ 118
Tableau 45 : changements d’affectation entre le contexte C1 et le contexte C3.............................................................. 119
Tableau 46 : conduites classées en C33, à titre préventif, avec contexte C1 .................................................................... 120
Tableau 47 : évaluation des bénéfices réels et de l’efficience d’un programme de réhabilitation
correspondant aux conduites affectées en catégorie C33 par la procédure CARE-W_ARP, à
partir d’une prédiction des défaillances réalisée avec le modèle CARE-W_Poisson ................................... 121
Tableau 48 : évaluation des bénéfices réels et de l’efficience d’un programme de réhabilitation
correspondant aux conduites affectées en catégorie C33 par la procédure CARE-W_ARP, à
partir d’une prédiction des défaillances réalisée avec le modèle CARE-W_PHM ....................................... 123
Tableau 49 : conduites affectée en C33 à titre préventif (aucune casse sur la période 1994-1998)avec
l’un ou l’autre des deux modèles de prédiction des défaillances, et observations sur 1999-
2001 ......................................................................................................................................................................... 124
Tableau 50 : bénéfices et efficiences du programme 1, programme basé sur les conduites classées en
C33, période d’observation 1994-2001............................................................................................................... 126
Tableau 51 : bénéfices et efficiences du programme 2, programme basé sur les conduites classées en
C33 + neuf conduites en C32, période d’observation 1994-2001 .................................................................. 126
Tableau 52 : bénéfices et efficiences du programme 3, programme basé sur les conduites classées en
C33 + deux conduites en C32, période d’observation 1994-2001.................................................................. 126
Tableau 53 : trois variantes de l’étude des bénéfices réels d’un programme de réhabilitation....................................... 127
Tableau 54 : évaluation d’un programme de réhabilitation comprenant 2 % du linéaire correspondant
aux conduites ayant les plus forts taux de défaillance ...................................................................................... 128
Tableau 55 : évaluation d’un programme de réhabilitation sur 2 % du linéaire correspondant aux
conduites affectées en catégorie C33 par CARE-W_ARP avec un jeu de paramètres
privilégiant le critère PCWI.................................................................................................................................. 128
Tableau 56 : indicateurs proposés pour un suivi du patrimoine, en adéquation avec les critères de
décision des réhabilitations, Reggio Emilia (Italie) ........................................................................................... 129
Tableau 57 : évaluation de 2 programmes de réhabilitation alternatifs, représentant 4 % du linéaire -
Reggio Emilia, années 1999 – 2001 .................................................................................................................... 130
Tableau 58 : valeurs de profils de référence, de seuils p, q et v, de poids utilisées dans la simulation de
référence W1-R2=S2 ........................................................................................................................................... 141
Tableau 59 : classements des conduites correspondants à différentes valeurs de niveau de coupe (λ) ........................ 142
Tableau 60 : classement des conduites correspondant au changement du ratio entre p et q sur chaque
critère, PCWI, PWI, ARC, DT et WLI. ............................................................................................................. 142
Tableau 61 : résultats des simulations correspondant à l’étude de robustesse des seuils d’indifférence q
et de préférence p.................................................................................................................................................. 143
184
Table des tableaux
Tableau 62 : valeurs des seuils de préférence, d’indifférence de veto et des profils de référence de trois
jeux de paramètres R2, R6, R7............................................................................................................................. 146
Tableau 63 : résultats de trois simulations correspondant à des seuils q et p croissant .................................................. 147
Tableau 64 : comparaison des efficiences escomptées pour trois jeux de valeurs des seuils p et q (R6,
R2 et R7)................................................................................................................................................................. 148
Tableau 65 : données utilisées et démarche de comparaison des efficiences escomptées et réelles.............................. 150
Tableau 66 : tableau résumant la démarche de génération de cinq variantes .................................................................. 153
Tableau 67 : six variantes d’un programme de réhabilitation (AGAC – 8 ans d’historique).......................................... 153
Tableau 68 : efficience escomptée et efficience optimale pour les critères ARC et DT (variante P2).......................... 155
Tableau 69 : comparaison des poids calculés par la méthode de l’entropie et par l’approche analyse
multicritère ............................................................................................................................................................. 158
Tableau 70 : facteurs influençant les taux de casses (Kleiner et Rajani, 2002).......................................................... 187
Tableau 71 : indicateurs proposés pour un suivi du patrimoine, en adéquation avec les critères de
décision des réhabilitations, Grand Lyon, années 2002-2004 ......................................................................... 189
Tableau 72 : modèle stratifié utilisé sur le cas de Bordeaux (Eisenbeis, 1994) ............................................................ 192
Tableau 73 : exemple de données, Reggio Emilia............................................................................................................... 204
Tableau 74 : tableau donnant les coûts de remplacement, Reggio Emilia ........................................................................ 206
Tableau 75 : extrait du fichier SDF (Segment Data File) .................................................................................................... 207
Tableau 76 : extrait du fichier MDF (Maintenance Data File) ........................................................................................... 208
Tableau 77 : extrait d’un résultat de Poisson ........................................................................................................................ 209
Tableau 78 : extrait d’un résultat PHM.................................................................................................................................. 210
Tableau 79 : Fichier d’entrée CARE-W_ARP ...................................................................................................................... 211
Tableau 80 : résultat de l’enquête menée sur 12 sites concernant les critères utilisables ................................................ 217
Tableau 81 : établissement de la relation de surclassement ................................................................................................ 226
Tableau 82 : caractéristiques des procédures d’affectation ................................................................................................. 226
185
Annexes
186
Annexes
10 Annexes
(Kleiner et Rajani, 2002) classent les facteurs de casses selon trois grandes catégories : la première catégorie
concerne les facteurs que l’on appelle statiques, la deuxième catégorie détermine les facteurs dynamiques
et la troisième catégorie concerne les conditions d’exploitation du réseau que l’on nomme opérationnels
(voir Tableau 70).
20 D’après la norme NF X60-100 (AFNOR, 1981), c’est « l’altération ou la cessation de l’aptitude d’un ensemble à accomplir sa
ou (ses) fonction(s) requise(s) avec les performances définies dans les spécifications techniques » (on utilise également le terme de
« défaillance fonctionnelle»).
187
Annexes
Type de l’eau,
Pression Charge de la terre
Donc, de nombreux facteurs peuvent contribuer à l’apparition des défaillances sur le réseau. Dans la suite
nous présentons une liste de ces facteurs qui ont fait chacun l’objet de recherches. Les résultats de
recherches (Lackington et Large, 1980; Newport, 1981 ; Walski and Pellicia, 1982) citées par (Kleiner et Rajani,
2002) montrent la nécessité et la pertinence de coupler plusieurs facteurs pour pouvoir décider une action
de réhabilitation sur une conduite.
Renouveler les canalisations au-delà d’un certain âge n’est pas pertinent. L’âge d’une conduite ne peut pas
constituer un indicateur fiable pour mesurer l’état structurel de la conduite (O’Day et al., 1989 ; O’Day, 1980
et Newport, 1981). Une étude faite par (Sundahl, 1997), parmi plusieurs, sur des conduites de différents âges
dans certaines zones, montre que des conduites posées cinquante ans après certaines autres ont un taux de
casse plus élevé. Cela peut être expliqué par les différents matériaux, la faible qualité de fabrication et les
différentes techniques de pose. Certains auteurs, comme (Kottmann, 1988), se demandent si l’âge est un
facteur fiable pour le renouvellement des conduites de fonte grise (CI : Cast Iron). Des conduites de
mêmes matériaux, qui ont été fabriquées et posées pendant des périodes différentes, n’ont pas la même
fiabilité car les méthodes de fabrication s’améliorent à travers le temps ainsi que les techniques de pose
(O’Day, 1982).
La courbe représentant le taux de casses en fonction du temps est souvent représentée par une forme en
baignoire constituée de trois périodes (Eisenbeis, 1994 ; Rostum, 2000).
188
Annexes
Taux de casse
Jeunesse Vie utile Vieillissement
Temps
Figure 63 : évolution du taux de casse en fonction de l’âge, selon le modèle de la courbe en
baignoire
La première période, représente « la jeunesse », est marquée par des défaillances dues à de mauvaises
conditions de pose ou à des défauts de fabrication. La deuxième période est appelée la période de « vie
utile » pendant laquelle le taux de défaillance est sensiblement constant, les défaillances sont de type
accidentel. Pendant la troisième période les conduites sont sujettes à un vieillissement dû à l’usure et à
l’accumulation de perturbations. Le vieillissement est classiquement modélisé par une fonction de Weibull.
Une étude récente réalisée dans le cadre de la thèse de (Poinard, 2006) montre qu’un programme de
réhabilitation fondé seulement sur l’âge n’est pas assez pertinent. Les indicateurs proposés dans le Tableau
71 permettent d’évaluer l’efficacité des programmes de réhabilitation réalisés en recensant les défaillances
survenues en environnement sensible.
Deux programmes de réhabilitation fictifs, représentant chacun 3% du linéaire total et réalisés à la fin de
l’année 2001, sont évalués en examinant les défaillances survenues dans la période 2002-2004 sur les
conduites inclues dans ces 2 programmes de renouvellement.
189
Annexes
défaillances
pour SC = 1
pour SR = 1
pour ES = 1
pour LS = 1
Nb de pers.
Nb de déf.
Nb de déf.
Nb de déf.
Nb de déf.
(x1000)
privées
Nb de
d’eau
0%
-5%
-10%
-15%
-20%
Programme fondé sur l'âge
-25%
Programme fondé sur le taux de
-30% défaillance
1- le programme de réhabilitation fondé sur le critère « âge » conduit à des résultats très modestes : une
réduction de 6 % du nombre total de défaillances sur 2002-2004 et une réduction de 6 % du nombre
d’évènements en environnement sensible ;
2- le programme fondé sur le critère « taux de défaillance » (qui prend en compte d’autres facteurs de
défaillance en plus de l’âge) permet d’obtenir des résultats beaucoup plus favorables : - 21 % sur le
nombre total d’évènements et - 14 % sur le nombre d’incidents en environnement sensible.
10.1.1.2 Le matériau
En France, le décret 32 « eau potable » du 21 décembre 2001 prévoit que : « les matériaux utilisés dans les
systèmes de production et de distribution, au contact de l’eau destinée à la consommation humaine, ne
doivent pas être susceptibles d’altérer la qualité d’eau. Leur utilisation est soumise à une autorisation du
ministre chargé de la santé, donné après avis de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments. Les
conditions de cette autorisation sont précisées par un arrêté des ministres chargé de la santé, de l’industrie
et de la consommation, pris après avis de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments ».
Plusieurs matériaux sont disponibles pour fabriquer une conduite d’eau potable : fonte grise, fonte ductile,
acier, béton, Polyéthylène (PE), Polychlorure de Vinyle (PVC), etc. (OIEau, 2005). Le choix du matériau de
la canalisation est gouverné par son coût et ses caractéristiques physiques tout en respectant les normes,
les réglementations concernant la qualité de l’eau à consommer et les spécifications techniques et
environnementales. Chaque matériau a des caractéristiques propres (voir annexe 4 au titre 10.4) qui
peuvent accélérer et faciliter certains phénomènes de défaillances (corrosion par exemple). Nous pouvons
classer les conduites selon trois grandes catégories :
− les métaux : fonte grise, fonte ductile, acier (Doherty, 1990 ; Green et al., 1992 ; Makkar et Rajani,
2000) ;
190
Annexes
Notons que les processus de corrosion interne (AWWA, 1987 ; Peabody, 2001) et de corrosion externe sont
fonction non seulement du matériau de la conduite mais aussi de l’eau véhiculée et du sol environnant.
A partir des données d’observation enregistrées sur la période 1994-2002 de la ville de Reggio Emilia
(Schiatti, 2003), nous remarquons que l’amiante ciment (FIB, 40 % des conduites) a le nombre de casse le
plus élevé.
Le polyéthylène (PE, 35% des conduites) a été posé récemment, il montre un taux de casse un peu élevé
qui revient peut être aux défauts dans la fabrication ou dans les conditions de pose des conduites.
Le Polychlorure de Vinyle (PVC, 20% des conduites) montre un taux de casse un peu moins élevé que
celui du PE. Ce matériau n’est plus utilisé par AGAC (gestionnaire du réseau) non pas à cause de son prix
élevé mais parce que son impact sur l’eau n’est pas encore prouvé. A la place du PVC, AGAC préfère les
conduites de polyéthylène pour le remplacement des anciennes conduites (longueur des conduites
remplacées par an est de l’ordre de 9 km).
Le graphique suivant montre que le taux de casse de la fonte grise (GH, 3% des conduites) est le plus
élevé. L’acier (ACC, 2% des conduites) montre un taux de casse très bas.
0.50 300
0.45
linéaire 250
0.40
taux de casse
0.35
Taux de cassse
(casses/km/an)
200
Linéaire (km)
0.30
0.25 150
0.20
100
0.15
0.10
50
0.05
0.00 0
FIB ACC GH PE PVC PVC/PE Unknown
Matériau
Notons que le taux de casse de chaque matériau est lié plus ou moins avec d’autres facteurs ou
caractéristiques de la conduite par exemple le diamètre. Le Polychlorure de Vinyle (PVC) et l’amiante
ciment (FIB) ont le taux de casse le plus élevé sur les conduites de diamètre moyen 100-150 mm. Le
polyéthylène (PE) a plus de casses sur les conduites de gros diamètre par contre la fonte grise montre un
taux élevé sur les conduites de petit diamètre.
191
Annexes
10.1.1.3 Le diamètre
Le diamètre peut jouer un rôle important dans le mécanisme des défaillances. Les conduites de petit
diamètre sont plus sensibles à l’application des charges externes. Les conduites de diamètre inférieur à 100
mm ont presque toujours des ruptures transversales (O’Day et al., 1989). Plusieurs études, (O’Day et al.,
1987 ; Andreou et al., 1987 ; Male et al., 1990), ont montré que le taux de casse des conduites de petits
diamètres est plus élevé que le taux de casse de conduites de gros diamètres.
0.3 345
340 taux de
0.25 335 casse
Taux de casses
(casses/km/an)
330
linéaire (km)
0.2 325 linéaire
320
0.15
315
0.1 310
305
0.05 300
295
0 290
[25, 90] >90
Diamètre (mm)
Le parc des conduites de la ville Reggio Emilia (Italie) a été divisé en deux catégories des conduites : les
conduites de diamètre inférieur à 90 mm et les conduites de diamètre supérieur à 90 mm. L’enregistrement
de casses sur la période 1994-2002 montre que le taux de casse des conduites inférieurs à 90 mm (310 km)
est plus important que celui des conduites supérieures à 90 mm (340.6 km). Ce taux est bien sûr fonction
des autres facteurs des défaillances.
Les études réalisées par Eisenbeis en 1994 avec le modèle de Cox (Cox, 1972) ont montré l’influence du
numéro d’ordre de la défaillance sur le vecteur des paramètres β et sur la fonction de base h0(t). Ceci
conduit, dans le cas de Bordeaux, à établir un modèle stratifié représenté par le tableau suivant :
192
Annexes
La nature de l’eau distribuée peut être considérée comme un facteur important et déterminant de l’état
interne de la conduite. Le réseau de distribution de l'eau potable peut être décrit comme un véritable
réacteur où l'eau et son contenant (conduite) sont le siège d'interactions physico-chimiques et biologiques
(Levi, 1995).
Plusieurs interactions, entre la conduite et l’eau, de natures très différentes : chimiques, physiques,
électrochimiques et biologiques, peuvent être à l’origine de dégradations et de corrosions internes.
Les effets sur la qualité de l’eau sont très différents (Sadiq et al., 2003a et b). Le processus de corrosion
peut donner à l’eau une coloration jaune à rouge. L’arrachement de substances visqueuses appelées
biofilms peut provoquer de l’eau brune ou de l’eau rouge. Certaines études (Piriou et al., 1998) portent sur
la perte de l’effet désinfectant du chlore.
Contamination
Retour d'eau
Saveurs
Odeurs
Polluants
Tartre Micro-organismes
Particules
Couleur
Corrosions
Contaminationdue
Contamination dueaux
au
cassescasse
Biomasse Perméabilité
bactérienne
Dépôts
Matière organique
Désinfectant Biomasse
bactérienne fixée
La prise en compte des modifications que l’eau subit au cours de son transport dans le réseau conduit à
modifier les caractéristiques de l’eau distribuée (Godet et Leroy, 1998 ; Besner et al., 2001 ; Chung, 2001 ;
Loiseau et al., 2002) et à augmenter les coûts de production.
Une autre caractéristique importante concerne la température de l’eau qui peut, lors d’une diminution
rapide, entraîner une contraction de la conduite et une augmentation des contraintes longitudinales de
traction ce qui rend les conduites fragiles (Habibian, 1994).
Le sol environnant a un effet important sur l’état structurel de la conduite selon ses caractéristiques
physiques, mécaniques et chimiques.
193
Annexes
− le matériau du sol (argile, sable, etc.) (Baracos et al., 1955 ; Clark, 1971) cités par (Kleiner et Rajani,
2002) ;
− les mouvements du sol : il peut y avoir des mouvements géotechniques dus au dégel (terrain
argileux), mouvements sismiques, etc. ;
− les conditions de pose : le matériau et le soin apporté pendant la pose ont des effets directs sur la
dégradation et le vieillissement des conduites.
− l’effet chimique du sol sur les conduites métalliques (fonte, acier) est un effet corrosif ;
− l’influence des facteurs climatiques sur le taux de casse des réseaux d’eau potable a été montrée
par différents auteurs (Lackington et Large, 1980 ; Baracos et al., 1955 ; Babovic et al., 2002). Ils
considèrent que le gel est la cause la plus probable de casse car un sol gelé transmet plus
rapidement et directement la surcharge des terres et des véhicules ;
− l’humidité du sol peut affecter le taux de casse en deux manières. Pendant les saisons sèches, la
diminution de l’humidité de sol contribue au retrait. Par contre pendant les saisons froides elle
facilite la pénétration du gel.
L’existence de courants vagabonds : les courants vagabonds proches de différentes sources électriques
(tramway, trains) peuvent déclencher des corrosions ponctuelles. Récemment, des protections ont été
proposées, qui sont adaptées pour chaque type de matériau (Gummow, 1998 ; Doherty, 1990 ; Green et al.,
1992).
D’autres facteurs peuvent être sources de casses, par exemple : la défaillance des conduites adjacentes
(Sundahl, 1997), les travaux de réhabilitation sur le réseau lui-même et sur les autres réseaux (routes, gaz,
etc.).
194
Annexes
La pression et les coups de bélier 21 constituent des facteurs entraînant une fatigue mécanique de la
conduite. Des surpressions supérieures à la pression maximale ou plutôt des variations de pression
affaiblissent mécaniquement la conduite et peuvent déclencher un mouvement mécanique, surtout au
niveau des joints, ce qui aura des effets directs sur les fuites (May, 1994).
Par contre, une pression très faible augmente le risque d’écrasement de la conduite et peut également
détériorer le joint. (Kottmann, 1995) a remarqué que des bulles d’air apparaissent lorsque la pression est peu
élevée ce qui entraîne des désordres au niveau des points hauts de la canalisation.
Le type d’alimentation a une influence importante sur le risque de casses. Un réseau alimenté par une
pompe est sujet à des manœuvres pouvant entraîner un coup de bélier, et aura un risque de casses plus
important qu’un réseau alimenté en gravitaire par un réservoir (Eisenbeis, 1999).
Dans la littérature sur la modélisation du comportement des réseaux d’eau potable, nous retrouvons deux
voies de modélisation : par les dégradations et par les dysfonctionnements. Plusieurs modèles ont été
développés et utilisés, ils sont classés selon deux approches (Rajani et Kleiner, 2001) :
− approche physique ;
− approche statistique.
Les modèles de cette approche consistent à mesurer l’évolution des paramètres physiques de la conduite
en fonction du temps ou de quelques variables de détérioration. La durée de vie des conduites est estimée
en comparant les valeurs des paramètres à des valeurs d’origine et à des valeurs requises.
21 Un coup de bélier : propagation d’ondes de dépression ou de surpression suite à une ouverture / fermeture d’une vanne ou la
mise en route / arrêt d’une pompe
195
Annexes
Une étape préliminaire et commune dans la plupart des modèles cités en bibliographie consiste à recueillir
des données de certaines conduites prises lors des réparations et arbitrairement sur le réseau. Une
description détaillée de chaque conduite et de son environnement sont indispensables : caractéristiques
physiques de la conduite (diamètre, matériau, etc.), date et conditions de pose, corrosivité et agressivité du
sol, pression interne, etc. Puis, par exemple, on mesure en laboratoire la profondeur de corrosion et on la
met en relation avec les données recueillies. Des modèles ou des abaques présentent l’épaisseur corrodée
en fonction du temps et permettent d’évaluer le risque de défaillances des conduites inspectées (Kuraoka et
al., 1996 ; O’Day, 1989).
Dans la bibliographie, plusieurs modèles sont cités, par exemple : dans le domaine des réseaux d’eau
potable (conduites en fonte), le modèle de Vancouver (Canada) (O’Day et al., 1989). Ce modèle décrit la
profondeur maximale de corrosion externe en fonction du temps. Dans le domaine de distribution de gaz,
nous trouvons le modèle CERL (Construction Engineering Research Laboratory) (O’Day et al., 1989). Ce modèle
calcule un index de corrosion (CSI) qui permet d’estimer l’influence de la corrosion externe sur l’épaisseur
de la conduite.
− les modèles physiques déterministes, par exemple le modèle proposé par (Doleac, 1979 ; 1980)
utilise la fonction proposée par (Rossum, 1969) qui permet de lier la profondeur de la corrosion
avec l’âge pour pouvoir prévoir l’épaisseur de la paroi restante des conduites de fonte ;
− et les modèles physiques probabilistes (Ahammed et Melchers, 1994 ; Hong, 1997, 1998 ; Panday et
al., 1998 ; Linkens et al., 1998) définissent un modèle pour estimer la probabilité d’une défaillance
des conduites d’acier.
L’approche physique apparaît très théorique, difficile à mettre en œuvre en pratique. Tout d’abord, le
problème d’échelle : les résultats constatés sur une conduite ou une catégorie de conduites homogènes ne
sont pas extrapolables à l’échelle du réseau. Par contre, (Evins et al., 1990) montre que les abaques ou le
modèles de corrosion sont difficilement applicables vu les incertitudes qu’elles présentent sur la prévision
des épaisseurs de corrosion. Une autre difficulté à appliquer ce type de modèles concerne la disponibilité
des données nécessaires comme la date de pose, l’épaisseur initiale de chaque conduite, les données sur le
sol.
Cette approche consiste, en traitant l’information disponible sur le passé concernant les réparations et les
défaillances, à estimer et à prévoir la probabilité ou la fréquence de défaillances dans le futur d’une
conduite ou d’un ensemble des conduites homogènes. Pour cette approche, nous distinguons trois types
de modèles :
196
Annexes
Elles ont été utilisées à plusieurs reprises pour analyser les défaillances des conduites. Les plus connues
sont celles de O’Day (O’Day, 1989) pour la ville de Philadelphie et de l’US Army Corps of Engineers pour
les villes de Buffalo et New york. Elles visent à fournir une représentation globale à l’échelle d’une
catégorie de l’apparition des défaillances et elles consistent à établir des relations simples entre le taux de
défaillance et les variables de détérioration (diamètre, matériau, etc.). (Sundhal, 1997 ; GUP, 1994 ; O’Day,
1989) et bien d’autres ont remarqué que plus le diamètre des conduites est petit, plus les conduites cassent
et que les conduites en fonte grise sont plus fragiles que les conduites en fonte ductile. L’intérêt d’une
classification des conduites n’est pas seulement descriptif mais consiste à focaliser les travaux de
maintenance sur certaines catégories de conduites qui concentrent une majorité des défaillances. Même si
ces études fournissent plusieurs indications sur le processus de défaillance et sur les variables explicatives
potentielles, elles présentent selon (Andreou et al., 1987) plusieurs inconvénients : elles ne donnent pas des
indications sur le comportement individuel des conduites et elles ne montrent pas les interactions entre les
différentes variables explicatives.
Ces modèles utilisent les données de casses observées pour prédire des taux de défaillance. La technique
statistique la plus utilisée est la régression. Ces modèles sont principalement appliqués sur des conduites de
caractéristiques homogènes. Plusieurs facteurs opérationnels et environnementaux permettent de
rassembler les conduites par catégories homogènes : le matériau, la période d’installation, les conditions
d’opération, les pressions, etc. Les plus connus de ces modèles sont les modèles exponentiels (Shamir &
Howard, 1979 ; Walski et al., 1982 ; Clark et al., 1982) et les modèles linéaires (Kettler et al., 1985 ; Mc Mullen,
1982 ; Jacobs et al., 1993 ; 1994). Ces modèles sont faciles à mettre en place même s’ils demandent certaines
précautions lors de la définition des catégories.
Les modèles probabilistes multi-variables (Marks et al., 1985 ; Andreou et al., 1987 ; Marks et al., 1987 ;
Brémond, 1997 ; Constantine et al., 1993 ; Miller, 1993 ; Constantine et al., 1996 ; Lei, 1997 ; Eisenbeis et al.,
1994) sont souvent basés sur un modèle des risques proportionnels ou modèle de Cox (Cox, 1972). Ces
modèles reposent sur le formalisme des fonctions de survie pour modéliser le vieillissement des conduites
et la fréquence des casses. Dans le cas des réseaux d’eau potable de Bordeaux (Eisenbeis, 1994) utilise le
197
Annexes
modèle de Cox qui permet de donner une fonction de survie ainsi qu’une fonction de risque en fonctions
des différents facteurs recueillis. Les problèmes principaux de ces modèles reste le nombre important des
données nécessaires pour atteindre une précision suffisante et la nécessité d’une très bonne expérience
technique.
Le module CARE-W_Fail (voir au titre 1.5.2) propose deux outils pour la prédiction des défaillances
(Eisenbeis et al., 2002) :
Cette approche est utilisée pour l’élaboration d’une stratégie de réhabilitation (Herz, 94, 96a, 96b) à long
terme. La définition d’une stratégie de réhabilitation permet de programmer les interventions annuelles qui
conduisent à déterminer les conduites ou les zones à risque avec des orientations cohérentes à moyen et à
long terme. Cela se traduit par un budget annuel de réhabilitation par catégories de conduites.
Cette approche sert de base au module CARE-W_LTP (Long Term Planning) (Cf. Figure 68) du projet
CARE-W. Ce module est destiné à élaborer une stratégie de réhabilitation à l’horizon de 10 à 20 ans en
prenant compte des considérations et des conséquences à long terme de cette politique de réhabilitation.
C’est une approche prédictive empirique développée par (Herz, 94, 96a, 96b) qui est basée sur la
construction des fonctions de survie. Les fonctions de survie permettent de modéliser la durée de vie des
conduites. Cette approche peut ainsi apparaître comme une projection dans l’avenir des pratiques de
gestion « expertes » suivies par les exploitants de réseau.
Le modèle Kanew proposé par (Herz, 1996, 1998) s’appuie sur le modèle de « Cohorte » qui permet de
définir un stratégie de réhabilitation basée sur la prise en compte de dire d’expert sur l’état du réseau et de
son évolution.
La construction des fonctions de survie repose sur la formulation, par les gestionnaires et les experts du
réseau, d’hypothèses optimistes et pessimistes sur la durée de vie atteinte par 100%, 50% et 10% des
conduites d’une même catégorie.
198
Annexes
Survival Curves
1.00
0.50
0.00
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
age 120
L’exploitation de cette approche nécessite la connaissance de la date de pose des conduites ainsi que la
connaissance d’un certain nombre de variables de contextes permettant de définir des catégories. Par
contre, et c’est probablement ce point qui fait son succès, elle ne nécessite pas de données historiques
pour construire les fonctions de survie. Seule l’approche experte des gestionnaires, basée sur des
hypothèses optimistes et pessimistes, est ici suffisante.
199
Annexes
Le premier réseau à Reggio Emilia a été construit dans le XΙX siècle. La ville est alimentée par
l’intermédiaire d’une conduite de fonte grise (GCI), la distribution de l’eau au centre ville se fait par un
réseau maillé. Entre 1890 et 1960 les conduites de fonte grise sont utilisées. Quelques conduites de fonte
grise sont encore en service. Au début des années soixante les conduites en amiante ciment ont été
utilisées d’une façon très intensive. La longueur maximale des conduites de ce matériau a atteint environ
45% de la longueur d’extension totale du réseau. En 1980, l’amiante ciment a été mis hors du marché et
d’utilisation, ceci a marqué la fin de sa période d’utilisation. Après 1980, un nouveau matériau, le PVC
(Poly Vinyl Chloride) a été mis en utilisation, il a été utilisé jusqu’au 1992. Actuellement, le PE
(polyéthylène) est utilisé pour les conduites de distribution, par contre la fonte ductile est utilisée pour les
conduites d’alimentation.
Le linéaire de canalisation du réseau est estimé à environ 654 812 km. Le nombre des conduites est de
l’ordre de 2825 conduites. Les statistiques et les données qui seront utilisées dans la suite correspondent à
650 652 km (2729 conduites). 96 conduites sont exclues du calcul et de la base de données à cause du
manque d’information (diamètre inconnu : 75 conduites, longueur inconnue : 21 conduites).
Une étude statistique descriptive du réseau présenterait les caractéristiques des conduites, elle permet de
comprendre et d’analyser les résultats obtenus par les modèles et outils.
200
Annexes
700 100%
600
80%
500
Fréquence
%Cumulé
400 60%
300 40%
200
20%
100
0 0%
[0-50]
]100-150]
]200-250]
]300-350]
]400-450]
]500-600]
]700-800]
]900-1000]
]1500-2000]
]2500-3000]
>3500
Longueur (m)
60% 100%
80%
Fréquence
40%
%Cumulé
60%
40%
20%
20%
0% 0%
> 500 mm
[0-50]
]50-100]
]100-150]
]150-200]
]200-250]
]250-300]
]300-350]
]350-400]
]400-450]
]450-500]
Diamètre (mm)
Figure 69 : répartition des conduites par classes de longueur et par classes de diamètre,
Reggio Emilia (Italie)
La longueur des conduites varie entre 10 m et 3670 m, 51% des conduites ou des tronçons22 (1382) sont
de longueur entre 0 et 150 m. 40% des conduites sont de diamètre entre 25 mm et 100 mm.
22 Un tronçon est une unité homogène d’une certaine longueur. Le diamètre, le matériau, l’année de pose, la position sous
chaussée et toutes les autres caractéristiques sont constantes sur le tronçon. Toute variation dans une des caractéristiques, la
présence d’une vanne de section, la jonction avec une autre conduite…amène le passage d’un tronçon à un autre.
201
Annexes
ACC
2%
PVC
20%
FIB
40%
PE
35%
GH
3%
Les conduites sont des différents matériaux, nous trouvons : 40 % en amiante ciment (FIB), 35 % en
Polyéthylène (PE), 20% en Poly Vinyl Chloride- Plastic (PVC), 3% en fonte grise (GH ou GCI) et 2% en
acier (ACC). (Figure 70)
10.2.2 Contexte
La régie AGAC qui a la charge de gestion du réseau de la ville Reggio Emilia ,comme tous les
gestionnaires des réseaux, a pour but d’améliorer le servie rendu et de réduire les coûts de production. En
1992, AGAC avait comme but la réduction des pertes en eau dans les conduites de distribution d’eau.
Les données recueillies montrent que les fuites d’eau sont les causes principales des interventions et des
réparations sur le réseau. La prise en compte des aspects techniques, économiques et sécuritaires a été
décidée pour établir un système de surveillance des fuites à la place d’une approche systématique de
détection des fuites. L’utilisation de ce système de surveillance des fuites a permis de faciliter l’analyse de
données et d’évaluer d’une façon plus correcte le fonctionnement du réseau. Un système spécifique de
maintenance a été développé et a été appliqué d’une façon rentable. Des avantages indirects très
remarquables ont été tirés lors de l’application de ce système : les données et les informations recueillis sur
les réseau sont utilisées et sont mises à jour pour réduire le temps de travail des personnels du service
d’eau, la surveillance du réseau et le service rendu aux utilisateurs sont améliorés.
Pour réduire les coûts de réhabilitation, un système de coordination avec les services des autres réseaux a
été établi. Chaque année, la ville de Reggio Emilia détermine un budget pour la maintenance et la
réhabilitation des routes et des chaussées. La coordination entre les besoins de la ville et le budget fixé
d’une part et l’AGAC avec son budget annuel d’une autre part demande un effort très important de la part
d’AGAC et du conseil de la ville. Une partie très importante du programme annuel de réhabilitation du
réseau de distribution d’eau potable doit suivre le programme de réhabilitation des routes. Cela implique
23 PVC : Poly Vinyl Chloride- Plastic ; PE: Polyéthylène ; FIB : Eternit ; ACC : Steel, acier ; GH, GCI : Grey Cast Iron
202
Annexes
une réduction de budget déterminé pour la réhabilitation du réseau. Une autre partie du budget de
réhabilitation doit être consacré au développement urbain de la ville de Reggio Emilia. Le reste est destiné
seulement aux besoins de réhabilitation.
Autre les besoins d’optimiser le budget et l’extension d’un programme annuel de réhabilitation à un
horizon à moyen terme, un effort très important a été mis, pour investir les connaissances et l’expérience
acquises dans la gestion des réseaux d’eau, pour mettre en pratique la procédure annuelle de réhabilitation.
Kindergartens Sensitive
YELLOW Dentists customers
PAGES (4) Hotels CUSTOMER
Restaurants CONSUMPTION (4)
Beauty Centers Number of people
supplied by link
203
Annexes
Les données concernant les caractéristiques des conduites (ID, diamètre, matériau, longueur, rue, etc.) ont
été enregistrées dans une base de données cartographique (GIS24). Chaque conduite est identifiée par le
nom de la rue ou de la place attribué à cette conduite lors de la pose.
Le réseau de Reggio Emilia a été sectorisé et équipé de capteurs pour pouvoir évaluer et réduire les pertes
en eau. Les informations nécessaires qui seront utilisées pour le calcul du critère WLI (Water Losses
Index) sont le rapport débit min/max ou / et le débit « Specific Minimum Night Flow ». Ce dernier
exprime la consommation minimale de nuit de chaque district par km de réseau (m3/(km.h)). Les
incertitudes sur les données dépendent des incertitudes sur les mesures du débit et des incertitudes sur les
données de la longueur. La longueur est fournie automatiquement par le SIG (système d’information
géographique). Par ailleurs, les informations concernant les pertes en eau peuvent être contrôlées par les
informations obtenues sur les plaintes concernant la pression avec la pression calculée.
204
Annexes
Les données ici sont fournies à partir les appels concernant les casses. A la fin de chaque année une
analyse des appels reçus, concernant les casses, se fait. Cela implique plus de temps pour élaborer ces
données et pour les vérifier avec les experts sur le terrain. Comme les casses sont fournies par rue, leur
précision dépend de la longueur de la rue. Le graphe suivant fourni les casses enregistrées par type de
matériau sur huit ans. Les conduites de FIB apparaissent les plus cassantes.
140
FIB GH PE PVC ACC Total Inconnu
120
100
Nombre de casses
80
60
40
20
0
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Figure 72: variation du nombre de casses par type de matériau25, 1994 – 1999, Reggio
Emilia (Schiatti, 2003)
Les données sont régulièrement enregistrées à partir du centre d’appels. Elles contiennent les adresses des
clients déposants les plaintes.
Les informations concernant le contexte peuvent constituer des sources importantes pour la base de
données, nous distinguons par exemple :
Le coût unitaire de réparation et le coût unitaire de réhabilitation : Les coûts de réhabilitation sont les
coûts pour le remplacement des anciennes conduites par des conduites du PE (polyéthylène). Les autres
techniques de réhabilitation comme (Microtunneling, Tunneling, slip lining, swage lining, etc.) (Zhao, 2002)
ne sont pas utilisés dans le cas de Reggio Emilia.
25 PVC : Poly Vinyl Chloride- Plastic ; PE: Polyéthylène ; FIB : Eternit ; ACC : Steel, acier ; GH, GCI : Grey Cast Iron
205
Annexes
Le coût de remplacement est fonction du diamètre de la conduite, du lieu de pose et du type de la route.
Le remplacement des conduites de diamètre supérieur à 200 mm coûte le plus environ 251 (€/m). Ces prix
apparaissent en dessous des prix de remplacement dans d’autres pays (Australie, France, etc.) (Hirner,
1994 ; Kennel, 1992).
Clients particuliers et sensibles : dans chaque rue, on recense les clients sensibles : par exemple, les
crèches, les dentistes, hôtels, etc. ou l’interruption du service peut entraîner de perte commerciales et
économiques majeures.
Type de rue ou de trafic : la classification du trafic dépend de la zone desservie, habitation, commerciale
ou industrielle.
206
Annexes
AGAC
I1 C1 C2 C3 C4 E2
Identifiant longueur diamètre matériau date de pose trafic
1 315 250 Asb inconnu 1
2 72 63 PE inconnu 1
3 84 90 PVC inconnu 1
4 78 90 PVC inconnu 1
5 78 110 PVC inconnu 1
6 36 280 PE inconnu 1
7 100 90 PVC inconnu 1
8 50 100 Asb inconnu 1
9 270 200 Asb inconnu 1
10 90 150 Asb inconnu 1
11 90 60 GCI inconnu 1
12 190 110 PVC inconnu 1
13 110 200 Asb inconnu 3
14 30 90 PE inconnu 2
15 20 63 PE inconnu 2
16 15 63 PE inconnu 2
17 10 110 PE inconnu 2
18 320 150 Asb inconnu 1
19 30 100 Asb inconnu 1
20 20 110 PVC inconnu 1
21 160 100 Asb inconnu 1
22 20 100 GCI inconnu 1
23 260 160 PVC inconnu 1
24 120 63 PE inconnu 1
25 130 90 PVC inconnu 2
26 450 80 Asb inconnu 1
27 180 110 PE inconnu 1
28 120 90 PE inconnu 1
29 190 110 PE inconnu 2
30 286 90 PVC inconnu 1
31 28 63 PE inconnu 1
32 330 80 Asb inconnu 1
33 190 100 Asb inconnu 1
34 90 60 Asb inconnu 1
35 360 110 PVC inconnu 1
36 140 110 PE inconnu 1
37 810 125 GCI inconnu 1
38 450 125 Asb inconnu 1
207
Annexes
208
Annexes
209
Annexes
210
Annexes
211
Annexes
ID identifiant
L longueur
M matériau
D diamètre
NPS nombre des personnes desservies
SC clients sensibles
C-COS code coordination avec les autres services
C-UCRp code coût de réparation annuel
C-WLI code pertes en eau
C-WQD code qualité de l'eau
C-EDI code durée d'interruption de service
C-SR code trafic et voies sensibles
Info1
PBR taux des casses
PFR taux des défaillances
212
Annexes
depuis, 1990 :
polyéthylène tri-
couches
polypropylène tri-
couches
Fonte grise La fonte grise n’est ce type de fonte est moins - rigidité entraînant des risques de cassures dans
aujourd’hui sensible à la corrosion que la un contexte de fort trafic, de travaux au voisinage
plus utilisée. fonte ductile des conduites, ou de mouvement des sols
Plomb Pose de conduite en plomb dorénavant interdite. Pour les - Risque de dissolution du plomb dans l’eau lorsque
conduites existantes, les temps de contact avec l’eau de l’eau est agressive
consommation doivent être réduits au minimum et le potentiel
de dissolution du plomb doit être limité afin de respecter la
norme de potabilité (1).
Amiante- Utilisation dorénavant interdite - fragilité mécanique
BASE DE CIMENT
ciment (décret n° 96-1133 du 24 décembre 1996) - dissolution du liant hydraulique en cas d’eau
MATERIAUX A
MO PVC - présente les mêmes atouts que le PVC « classique » mais est caractérisé par une durée de vie plus élevée et une
(molecularly meilleure résistance aux fortes pressions
oriented
PVC)
PEBD premiers types de - résiste à la corrosion, - nécessite un savoir-faire spécifique pour la
(polyéthylène conduites en - flexible, réalisation des raccords électrosoudés ;
basse PE posé. Ce matériau - légèreté facilitant la pose, - dans les sous-sols pollués, risques, à terme, de
densité) n’est plus - pas de joints (électrosoudure perméation (hydrocarbures)
fabriqué aujourd’hui + tourets) - mauvaise tenue dans le temps.
PEHD nouvelle génération - résiste à la corrosion, - nécessite un savoir-faire spécifique pour la
(polyéthylène bénéficiant - flexible, réalisation des raccords
haute des retours d’expérience - légèreté facilitant la pose - dans les sous-sols pollués, risques, à terme, de
densité) relatif au perméation (hydrocarbures)
PEBD
Ce tableau est pris du rapport technique : Réhabilitation / remplacement des réseaux d’eau potable en
zone rurale (AGHTM, 2004).
213
Annexes
1) Jusqu'en décembre 2003, la norme limitant la teneur en plomb de l'eau du robinet était fixée à 50 µg/l.
Un décret du 20 décembre 2001 prescrit, en application de la directive européenne du 3 novembre 1998,
que cette norme soit abaissée progressivement : 25 µg/l. depuis le 25 décembre 2003, puis 10 µg/l. en
décembre 2013.
2) L’amiante ne pose pas de problèmes pour la consommation d’eau mais plutôt des problèmes de sécurité
du travail lors d’interventions sur le patrimoine. Elle impose de prendre des précautions particulières pour
la protection des agents intervenants sur les chantiers (nettoyage de réservoir, réparation, remplacement
des canalisations…).
214
Annexes
600 Replacement
cost without
400 roadworks
200 cement-
mortar lining
0
50 100 150 200 250 300
(Dandy et Engelhardt, 2001) déterminent la relation coût diamètre en se basant sur les données de SA Water
(South Australian Water Corporation). Les conduites de petit diamètre ont été remplacées par des
conduites de DICL pipes (ductile iron-cement lined), les autres ont été remplacées par des conduites
MSCL pipes (mild steel-cement lined). Pour ces deux types de réhabilitation (remplacement), le coût de
remplacement apparaît comme une fonction linéaire du diamètre.
600
500
400
300
200
100
0
0 200 400 600 800 1000
D’autres paramètres doivent être pris dans les fonctions de coût. (Kennel, 1992) a étudié le coût de
remplacement et de réparation de quatre régions (areas) de la communauté urbaine de Strasbourg:
215
Annexes
A partir de ces tableaux et des coûts de réhabilitation issus de Reggio Emilia, nous avons pu calé une
fonction de coûts (coût réhabilitation = 0.5*diamètre (mm) + 50 (€/m) que nous avons utilisé dans nos
expérimentations.
216
Annexes
10.6 Annexe 6 : enquête sur les critères utilisables pour la construction des
programmes annuels de réhabilitation
Tableau 80 : résultat de l’enquête menée sur 12 sites concernant les critères utilisables
Acque
DRESDEN (Drewag)
ACOSEA (Ferrara)
BRISTOL WATER
WATER UTILITIES
TOURCOING
TRONDHEIM
Delta Ferrase
STUTTGART
LYON - SLA
LAUSANNE
KOMMUNE
VAV (Oslo)
Criteria
ROUBAIX
Consorzio
BRNO
AGAC
Inadequate minimum system pressure with 0 0
consequent customer complaints
Water quality standards not fulfilled (owing to 0 0 0
network condition)
Restrictions on water uses due to water quality 0 0 0 0
(owing to network condition)
Frequent and increasing number of relevant 0 0
customer complaints
Failure rate
Pipe condition :
Badly encrusted pipe 0 0
Pipe prone to bursting
External corrosion 0
Leaking joints 0
Pipes susceptible to
Ground movement 0 0 0
Stray current 0 0 0 0
Heavy traffic loading 0
Frequency of water interruptions 0
Consequences of interruptions:
Number of people supplied by the link 0
Sensitive or key customers supplied by 0
he link
Risk of severe damage or major street disruption 0
from bursts
High level of water losses in the area 0
High costs of flushing or repair 0 0 0 0
Rehabilitation in conjunction with service 0 0 0
connection replacement programme
Hydraulic capacity problems 0
Work of other utilities in the same location 0
Roadway rehabilitation:
rebuilding 0
resurfacing 0 0 0
Unusual diameter 0 0 0 0 0 0 0 0
Unusual pipe material 0 0 0 0 0 0 0 0
Limited or restricted access to pipe(s) 0 0 0 0 0
217
Annexes
Les critères du groupe 1 sont associées à des problèmes concernant l’ensemble des sites et des
gestionnaires et sont considérés comme importants dans le processus de décision. Ces critères concernent
les fréquences des interruptions, présence de clients sensibles desservis par la conduite, perturbation du
trafic en cas de casse, etc.
Les critères du groupe 2 sont associés également à des problèmes qui concernent tous les services mais
avec quelques avis contrastés : fréquence et nombre de plaintes des clients, coordination avec les autres
services, etc.
Enfin les critères du groupe 3 qui ne concernent pas tous les services. L’importance de ces critères est très
variée selon le cas. Cette variation d’un site à l’autre due à des situations différentes concernant la structure
du réseau (matériaux et ancienneté des conduites), la ressource en eau (qualité et quantité) et le contexte de
gestion de chaque patrimoine : les mouvement du sol, les problèmes hydrauliques.
218
Annexes
L'aide à la décision contribue, donc, à construire, à asseoir et à faire partager des convictions. C'est la
description d'un système de préférences, souvent réalisée au moyen d'une représentation numérique, qui
conduit alors à l'établissement d'une recommandation.
Notion de problématique de décision : la problématique peut être perçue comme étant une orientation
de l’investigation qu’on adopte pour un problème décisionnel donné. Les différentes problématiques
d’aide à la décision multicritère :
La problématique du choix P.α : aide à choisir une meilleure action ou à élaborer une procédure de
sélection. En d’autres termes, elle cherche à déterminer un sous-ensemble aussi restreint que possible
d’actions préférées aux autres. Les méthodes ELECTRE Ι et ELECTRE ΙS sont spécialement conçues
pour traiter les problèmes de choix.
La problématique du tri P.β : consiste à affecter les actions à des catégories prédéfinies. La procédure
d’investigation est une procédure de segmentation. La méthode ELECTRE TRI est spécialement conçue
pour traiter les problèmes de tri.
La problématique du rangement P.γ : aide à classer les actions selon un ordre de préférence décroissante
ou à élaborer une procédure de classement. La recherche d’un tel rangement peut se révéler important et
utile pour sélectionner des étudiants à un concours, choisir des projets de recherche dans le cas d’un
financement limité. Les méthodes ELECTRE ΙΙ, ELECTRE ΙΙΙ et ELECTRE ΙV sont spécialement
conçues pour traiter les problèmes de rangement.
La problématique de description P.δ : aide à décrire les actions et /ou leurs conséquences de façon
systématique et formalisée ou à élaborer une procédure cognitive. Il arrive très souvent qu’un intervenant
n’attende pas autre chose d’une étude qu’une description aussi complète et rigoureuse que possible des
actions envisagées ainsi que leurs conséquences.
219
Annexes
Les méthodes d’aide à la décision (par exemple les méthodes ELECTRE) ont été développées depuis la
fin des années 30 par « l’Université Paris Dauphine » (Roy, 1996).
Relation de surclassement : une relation de surclassement est une relation binaire définie sur l’ensemble
A des actions dont la signification est la suivante : une action ai surclasse ak s’il est possible d’affirmer, avec
des arguments convaincants, que pour le décideur ai est au moins aussi bonne (ou pas pire) que ak.
Concordance : si l’hypothèse « ai surclasse ak » a été émise, il est dit du critère j qu’il concorde avec
l’hypothèse si l’action ai est au moins aussi bonne que l’action ak en ce qui concerne le critère j ; ceci se
traduit par gj(ai) ≥ gj(ak)
La méthode ELECTRE TRI (Roy et Bouyssou, 1991 ; Yu, 1992a et b) relève de la problématique β (procédure
d'affectation) pose le problème en termes d'attribution de chaque action à une catégorie pré définie. Elle
est conçue pour attribuer les actions potentielles a en tenant compte de leurs caractéristiques spécifiques, à
une de k catégories prédéfinies, qui sont définies dans un ordre hiérarchique. Il n’existe pas de distinction
entre actions affectées à une même catégorie.
+ Ca1
g(b2) aq
g(b1) Ca2
ar
- Cak
C1 C2 Cj Cm
Figure 76 : définition de trois catégories de priorité selon les deux profils de référence
g(b1) et g(b2)
Les actions de référence sont utilisées pour segmenter l'espace des critères en catégories. Chaque catégorie
est bornée inférieurement et supérieurement par deux actions référence et chaque action de référence sert
donc de borne à deux catégories, l'une supérieure et l'autre inférieure. Cette méthode présente trois
intérêts principaux qui sont :
− de juger une action potentielle pour elle-même, indépendamment des autres actions potentielles.
En ce sens, cette méthode juge chaque action potentielle sur sa valeur absolue (bien que
relativement aux actions de référence pré définies) ;
220
Annexes
− de fixer une ou plusieurs valeurs de référence, par exemple des normes légales ou des résultats
minimaux pour l'acceptation de candidats ;
− de pouvoir considérer un nombre d'actions potentielles plus important que pour les autres
méthodes ELECTRE.
Cette méthode suit la même démarche que la méthode ELECTRE III jusqu'aux degrés de crédibilité.
L'affectation des actions à une catégorie est, bien entendu, spécifique. Pour déceler l'incomparabilité, deux
procédures d'affectation distinctes, appelées optimiste et pessimiste, sont nécessaires. Elles consistent à
comparer chaque action potentielle avec les actions de référence en commençant par la plus contraignante
puis la moins contraignante. Si les deux procédures affectent l'action potentielle à la même catégorie, elle
est alors parfaitement comparable avec les actions de référence, sinon, en fonction de la différence entre
les deux catégories auxquelles elle est attribuée, elle est plus ou moins incomparable. On adopte une
segmentation multicritère simple, c'est-à-dire que les actions de référence sont parfaitement comparables
entre elles.
221
Annexes
Problème
Objectifs
ELECTRE Tri
Famille cohérente
de pseudo-criteres
Hypothèse de surclassement
Poids Indice de
concordance global
Degrés de crédibilité
Niveau de coupe
Relation de surclassement
222
Annexes
cj(a,b) et Indices de concordance pour le critère Ils varient entre 0 et 1 et ils mesurent la force de l’accord avec
cj(b,a) gj l’assertion « aSb », sur le critère j.
wj Poids du critère gj
c(a,b) et Indices de concordance globale Ils varient entre 0 et 1 et ils mesurent la force de l’accord avec
c(b,a) l’assertion « aSb » sur tous les critères. Ils sont calculés à
partir des indices de concordance partiels et des poids
dj(a,b) et Indices de discordance gj Varient entre 0 et 1, ils mesurent l’importance du désaccord à
dj(b,a) « aSb » sur le critère j
aSb a surclasse b a surclasse b signifie qu’il est possible d’affirmer, avec des
arguments convaincants, que pour le décideur a est au moins
aussi bonne (ou pas pire) que b.
σs(a,b) Degré de crédibilité Calculé à partir des indices de concordance et des indices de
discordance. Il permet aussi de quantifier le rapport aSb
λ Niveau de coupe
a>b a est préféré à b Si aSb et non (bSa) alors a > b
b>a b est préféré à a Si bSa et non (aSb) alors b > a
aIb a et b sont indifférents Si aSb et bSa alors a I b
aRb a et b sont incomparables Si non (aSb) et non (bSa) alors aRb
223
Annexes
1 ⎛ n ⎞
c(a, b ) = ⋅ ⎜ ∑ w j ⋅ c j (a, b )⎟
n ⎜ ⎟
∑ w j ⎝ j =1
j =1
⎠
et cj(a,bi): indice de concordance du critère j. les indices de concordance partiels cj(a,bi) sont calculés
selon :
cj(a,bj)
1
gj(ai)
0
gj(bi)-pj gj(bi)-qj gj(bi)
224
Annexes
dj(a,bj)
1
gj(ai)
0
gj(bi)-vj gj(bi)-pj
S’il n’y a aucun critère discordant vis-à-vis de la proposition « a surclasse b » (aSb) le degré de crédibilité est
égal à l’indice de concordance global c(a,b). Si un veto est exprimé par n’importe quel critère, alors le
degré de crédibilité est zéro.
Pour tout autre cas, le degré de crédibilité est calculé selon l’équation :
1 − d j (a, b )
σ S (a, b ) = c (a, b ) ⋅ ∏
j∈F 1 − c (a, b )
{
avec F (a, b ) = j ∈ F d j (a, b ) > c(a, b ) , w j ≠ 0 }
225
Annexes
226
227
FOLIO ADMINISTRATIF
Prénoms : Hatem
TITRE :
Réhabilitation des réseaux d’eau potable : méthodologie d’analyse multicritère
des patrimoines et des programmes de réhabilitation
RESUME : La thèse constitue un prolongement des recherches menées dans le cadre du projet européen CARE-W (Computer Aided
REhabilitation for Water networks). Au sein de la suite de logiciels CARE-W, le module CARE-W_ARP (Annual REhabilitation
Programmes) propose une aide multicritère à la construction des programmes annuels de réhabilitation des réseaux d’eau potable.
Deux composantes principales peuvent être distinguées : a) une représentation multicritère des conduites (critères exprimant
plusieurs types d’impacts de l’état de santé des conduites), et b) une procédure de hiérarchisation des priorités de réhabilitation,
reposant sur la méthode de surclassement ELECTRE TRI. Les travaux de la thèse portent sur l’évaluation et le consolidation des
éléments méthodologiques (critères et procédure de constitution d’un programme) proposés dans l’outil CARE-W_ARP. Ils visent
également à produire de la connaissance sur l’efficacité des programmes de réhabilitation, au moyen d’expérimentations numériques
associés à des données réelles.
Un premier volet de la recherche concerne la représentation du processus d’élaboration d’un programme annuel de réhabilitation et
l’amélioration du modèle multicritère. Deux ensembles de critères sont proposés.
Le premier ensemble est une formulation des critères existants. Il permet de représenter et comparer les conduites en tenant
compte conjointement des impacts estimés de leur état de santé et du coût de renouvellement. Chaque critère associé à un type de
conséquences de la casse d’une conduite est exprimé comme une efficience : impacts évités par K€ consacré au renouvellement de
la conduite.
Le second ensemble permet de comparer des variantes de programmes de réhabilitation. Chaque critère proposé est une mesure de
l’efficience d’un programme de réhabilitation (impacts évités en fonction du linéaire renouvelé ou du budget de renouvellement).
Le second volet de la recherche porte sur l’évaluation des bénéfices de l’utilisation de la chaîne d’outils d’aide à la décision (outils de
prédiction des casses + modèle multicritère + procédure de hiérarchisation) en fonction du contexte de disponibilité des données
élémentaires. Les résultas sont obtenus par une démarche d’expérimentation numérique qui repose sur l’utilisation des données
réelles fournies par le gestionnaire du réseau Reggio Emilia (huit années d’historique des casses de conduites+données sur
l’environnement urbain). Dans le cadre des simulations réalisées, nous distinguons l’efficience escomptée d’un programme de
renouvellement (estimation des impacts des casses qui vont être évités) et l’efficience réelle, évaluée en simulant la mise en œuvre de
programmes de réhabilitation fictifs. Les expérimentations réalisées fournissent des enseignements originaux sur l’apport des outils.
Elles permettent de mesurer :
- l’apport des outils de prédiction des casses (introduction d’un volet préventif dans les programmes de réhabilitation), en fonction
de différents aspects : taille de l’historique des casses disponibles, données utilisables pour la prédiction des casses, modèle utilisé
pour la prédiction des casses ;
- l’apport d’un raisonnement en termes d’impacts des casses par rapport à un raisonnement limité aux taux de casses ;
- les conséquences de diverses hypothèses relatives aux incertitudes attachées au calcul des critères sur la capacité de discrimination
de la procédure multicritère et sur l’efficience d’un programme.
Les expérimentations réalisées permettent également de fournir et d’illustrer des propositions méthodologiques vis-à-vis du
problème du paramétrage de la méthode multicritère ELECTRE TRI. Une démarche d’analyse multicritère est proposée à
l’utilisateur de l’outil CARE-W_ARP pour l’aider à générer une variante de programme conforme à ses préférences.
Mots clés : Réseau d’eau potable - Réhabilitation - Aide à la décision multicritère - ELECTRE TRI - Préventif - Efficience
Laboratoire (s) de recherches : Unité de Recherche en Génie Civil - Hydrologie Urbaine
Directeur de thèse : M. Pascal LE GAUFFRE (Maître des conférences - HDR)
Président de jury : M. MIRAMOND
Composition du jury : D. BOISSIER, D. BREMOND, Y. DIAB, M. MIRAMOND