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STRUCTURES DU FRANÇAIS

CONTEMPORAIN

II. Les difficultés prosodiques

A. LA SYLLABE :

C'est la plus petite unité de combinaison de sons de l'énoncé. La syllabe est


ainsi l'unité minimale d'unités segmentales (morphème) et supra-segmentales
plus grandes les mots : les groupes rythmiques.

a) Syllabe ouverte et syllabe fermée:

On dit qu'une syllabe est ouverte quand elle se termine par une voyelle
prononcée. La syllabe française est fondée sur le vocalisme; cela signifie que la
syllabe française s'articule sur la voyelle, de sorte qu'en français il y autant de
syllabes qu'il y a de voyelles (exception faite des semi-voyelles).

BOU-TON / FON-DA-MEN-TAL

En anglais, au contraire le syllabisme s'articule sur les consonnes. Le vocalisme


des syllabes explique le fait que la tendance du français consiste à multiplier les
syllabes ouvertes. La syllabe fermée est une syllabe terminée par une
consonne prononcée : DOC-TEUR

b) La tension syllabique

En français la tension syllabique est maintenue durant l'articulation complète et


se renforce même à la fin lorsque la syllabe est ouverte, du fait de la tension
articulatoire impliquée par la voyelle.

c) Division syllabique :

Du fait de la tendance à la syllabisation ouverte, le français possède une


tendance à couper la syllabe après la voyelle et à placer la consonne qui suit
dans la syllabe suivante. FON- DA-MEN-TAL : cv-cv-cv-cvc

Certaines règles organisent la division


Formation de syllabes ouvertes

Une consonne entre deux voyelles appartient à la syllabe qui suit

A-LLER / 0-TER / TE-LE /

Même si celle-ci est redoublée. Attention lorsque l'on a une voyelle nasale (an,
on, en ; etc.), la consonne appartient à la syllabe précédente puisqu'elle n'est
pas prononcée :

LAM-PA-DAIRE / POM-PEUX

- Lorsque l'on a un groupe de 2 consonnes dans lequel la seconde consonne est


un R ou un L, les deux consonnes appartiennent à la syllabe suivante :

PA-TRON / E-CLAT

Formation des syllabes fermées

- Lorsque deux consonnes se suivent (sauf R et L) elles se séparent.

FAC-TEUR [fak-t R]

B. PROSODIE

a) GROUPES

Le rythme du français parlé est essentiellement déterminé par ce procédé


prosodique grâce auquel la chaîne sonore est divisée en morceaux dont chacun
correspond, si la division est faite correctement, à une unité de contenu
indépendante (syntagme). Si l'on mettait un tel accent sur chaque mot de notre
exemple: Monsieur Duval est son fils, ceci donnerait l'impression d'une
énumération de vocables sans rapport les uns avec les autres (une liste de mots
dans un dictionnaire). Certains phénomènes phonologiques — la liaison,
l’enchaînement, le hiatus — n'ont lieu qu'à l'intérieur du groupe rythmique et qu'il
y a par conséquent entre les groupes des frontières à franchir qui n'existent pas
à l'intérieur de ceux-ci.

L'étranger doit observer que le Français réunit les mots en groupes beaucoup
plus que dans la plupart des autres langues européennes. Il doit surtout penser
aux combinaisons substantif+attribut(s). On dit en un seul groupe un enfant, un
petit enfant; un petit enfant français; et un petit enfant français génial (avec un
seul accent sur la dernière syllabe), de même un grand verre; un verre rouge; un
grand verre rouge, etc. Dans la phrase courante, le français n'a pas la possibilité
d'opposition qui existe par exemple dans les langues germaniques entre un
adjectif accentué et le même adjectif inaccentué.

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b) GROUPE RYTHMIQUE Un groupe rythmique est essentiellement un groupe
de mots terminé par un accent et une pause. Cette pause marque une
délimitation importante pour le sens, indiquée par un signe de ponctuation
(virgule, point, etc.) ou imposée par la longueur des groupes prononcés. Les
mots se groupent entre eux pour former ce qu'on appelle un « groupe rythmique
». Un groupe rythmique est un groupe de mots qui représente une idée
(constitue un ensemble sémantique), correspond à une fonction grammaticale
dans la phrase, et est caractérisé par un ensemble de phénomènes
phonologiques souvent rencontrés exclusivement en français.

Il n’y a pas de groupe rythmique s’il n’y a pas d’abord une unité de sens (ou une
unité sémantique distincte). Un mot simple constitue rarement un groupe
rythmique. La plupart du temps selon la dimension des unités syntaxiques, le
sujet (thème) et le prédicat (rhème) constituent chacun un groupe rythmique.

Il mange. 1 groupe

Le cousin de ma sœur // a acheté une nouvelle volvo 2 groupes

Sans le train / et sans avion/ il est difficile de se déplacer/ ; il reste la voiture. 4


groupes

Le groupe peut être très court ou très long, selon le nombre de syllabes des mots
employés. Il ne faut pas confondre le groupe rythmique qui est un ensemble
sémantique et phonologique avec le groupe de souffle qui est lié à la
physiologie du locuteur.

Les aspects phonologiques suivants servent à renforcer le rôle du groupe


rythmique :

1. INTONATION

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2. ACCENT RYTHMIQUE (DE GROUPE)

L'accent tonique est l'accent normal du français, lorsqu'on parle sans émotion,
sans affectation, sans insistance expressive. La voyelle qui reçoit l'accent est
appelée accentuée. Les autres voyelles sont dites inaccentuées. L'accent
tonique est toujours placé sur la dernière voyelle prononcée. Lorsqu'un mot
entre dans un groupe, il perd son accent au profit du groupe. Comparez

Monsieur Monsieur Jean Monsieur Jean Dupont

Dormez Dormez bien Dormez bien vite

Approchez Approchez-vous Approchez-vous de moi

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Un groupe rythmique peut s'allonger par adjonction d'un ou plusieurs mots.
L'accent tonique se déplace alors et l'intonation devient presque plate à
l'intérieur du groupe, car, en devenant inaccentués, les mots précédemment
accentués perdent leur intonation montante ou descendante.

3. ENCHAINEMENT

L'enchaînement vocalique

Est le fait de lier la voyelle finale prononcée d'un mot à la voyelle qui débute le
mot suivant. Les mots sont enchaînés en un seul groupe de souffle, sans qu'il y
ait de coupure de voix entre eux. L'enchaînement vocalique se fait naturellement
et la structure syllabique reste intacte, comme le suggère les exemples suivants:

Tu as vu Paul [tyavyp] l] tu iras au paradis [ tyiRaopaRadi]

Dans cette séquence, [y] est enchaîné avec[a] dans un même groupe de souffle
(il n'y a pas de pause de la voix entre les sons). Il se produit un hiatus qui est
surmonté dans le sens de la continuité contrastive.

Il faut donc notez que l'enchaînement vocalique diffère du phénomène de


transition articulatoire que l'on remarque lors de la transformation d’une voyelle
en semi-voyelle lorsqu’elle est suivie d’une voyelle. En effet, l'enchaînement
vocalique conserve la netteté articulatoire (contraste) et la valeur de syllabe des
deux voyelles enchaînées tout en produisant l'impression d'un son continu,

La transition articulatoire, quant à elle, faite en sorte que le contact entre la semi-
voyelle et la voyelle qui suit ne produise qu'une seule et même syllabe :

lui [lɥ i]

Dans le second cas, il s'agit d'une transition articulatoire; la semi-voyelle [ɥ ] et la


voyelle [i] dans "lui" ne forment qu'une seule et même syllabe.

Toutefois, dans le parler très familier et populaire le locuteur affaiblit l'articulation


et le son entendu est une semi-voyelle : [tɥ avyp] l].

L'enchaînement consonantique

L'enchaînement consonantique est le fait de lier la consonne finale normalement


prononcée d'un mot à la voyelle qui débute le mot suivant.

L'enchaînement à pour effet de modifier la structure syllabique des deux mots qui
se suivent, lesquels sont désormais prononcés en un seul groupe, c'est-à-dire
sans qu'il y ait de pause entre eux deux :

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Car il faut donc elle viendra

L'enchaînement vocalique peut aussi impliquer la non prononciation de la voyelle


e-sourd (muet/caduc) qui suit la consonne et lui donne son articulation :

tête arrondie [te taRôdi]. Monde en folie [môdãf] li]

Contrairement à ce qui se passe dans le cas de la liaison, il n’y a pas de


formation de son parasitaire.

4. LIAISONS

La liaison est un phénomène phonologique qui produit l’apparition d’une


consonne parasitaire afin de faciliter la cohérence phonologique dans un
groupe rythmique. La liaison est un élément très important de la prosodie de la
phrase française. Ce sont les liaisons qui permettent de maintenir la distribution
des groupes rythmiques et donc le placement de l'accent. Il faut donc insister
auprès des étudiants pour qu'ils respectent au moins les liaisons obligatoires. La
liaison n'est pas ornementale, elle est constitutive du système de la phrase
française

Les consonnes finales, c’est-à-dire à la fin d’une syllabe accentuée ne se


prononcent plus dans la langue de la cour depuis le XIVe siècle. Il y a liaison
lorsque la consonne finale d'un mot (écrite, mais non prononcée, devant
consonne ou h aspiré) se prononce devant voyelle ou h muet. Par exemple le
mot petit se prononce de deux manières selon sa distribution dans la séquence :

Un petit train. Un petit ami Les petits suppléments


Les petits enfants

A) Consonnes de liaison.

Les seules consonnes de liaison fréquentes sont [z], [t], [n].

La liaison avec [R] n'est fréquente qu'avec quelques adjectifs comme : léger,
dernier, premier (les seuls couramment employés). La liaison la plus fréquente
est avec [z].

Remarques.

Dans les terminaisons - RS ou - RT on ne fait pas la liaison avec S ou T mais on


fait l'enchaînement avec le R :

Je dors encore [ ] il part à pied [ ]

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-- Mais on fait toujours la liaison avec le pronom personnel : dort-il [ ] sort-elle [ ]

-- On peut faire la liaison ou l'enchaînement avec fort et toujours :

fort agréable [ ] toujours utile [ ]

-- La consonne [p] n'existe, dans la liaison, qu'avec les mots trop et beaucoup ;
mais cette liaison disparaît de plus en plus dans la langue familière.

trop aimable [ ] beaucoup aimé [ ]

-- La consonne [k] n'existe que dans l'expression consacrée sang impur [ ] de La


Marseillaise. La liaison avec le mot long peut être [k] ou [g]. Elle est très rare.

-- Les liaisons avec [z] peuvent représenter les graphies s, x et z, les liaisons
avec [t) peuvent représenter la graphies T et D. (voir schéma suivant).

La prononciation correspond toujours aux graphies pour [n] et [R].

B) Les type de liaisons.

En français il y a trois types de liaisons :

Obligatoires : On les fait toujours quel que soit le style parlé.

Interdites : On ne les fait jamais dans la langue quel que soit le style parlé.

Facultatives : On peut les faire ou non, elles dépendent du niveau de langue


pratiqué.

1. Liaisons obligatoires et équivalences graphiques.

Toutes les liaisons obligatoires peuvent être résumées ainsi :

Liaison obligatoire entre :

1. Un déterminant + un substantif

Article, Adjectif, Auxiliaires, Nom, Pronom, Formes pleines du Verbe

Grand enfant, des enfants

Pronoms (mots inaccentués) (mots accentués)

on a / tout arrive / nous avons

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2. Après le verbe "être" :

c'est un enfant / c'était étrange / c’était une surprise

4. Entre le verbe et le pronom personnels lorsque celui-ci suit :

dit-il / écrivait-il

5. Après la plupart des termes monosyllabiques invariables (prep.,adv.,con) :

sous un train / chez eux / trop aimable

6. En forme figée

tout à coup / dos à dos

Le tableau suivant montre les consonnes de liaison habituelles, avec la


distribution: graphique correspondante:

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Effets de la liaison

1° En général la liaison n'a pas d'effet sur la voyelle précédente.

Comparez : les — les amis; vient — vient-il; dernier — dernier étage

un — un ami en — en été on — on a dit

2° Mais la liaison entraîne la dénasalisation des voyelles suivantes [: e ] devient


[e ] dans la liaison avec tous les adjectifs. Comparez :

moyen moyen âge moyenne

certain certain âge certaine

[ô] se dénasalise toujours dans la liaison du mot bon. Comparez :

bon ami [ ] — bonne amie [bonami]

[ô] peut se dénasaliser ou rester nasal dans la liaison avec les seuls mots : mon,
ton, son. Comparez :

ton ami [tonami] ou [tônami]

30 Remarques.

* Dans le cas de la liaison avec [R] précédé de [e], comme dans dernier étage, si
l'on peut entendre [dernjereta¥ ], avec un [e ] final, c'est parce que la voyelle [e]
inaccentuée est moins fermée qu'en position accentuée et non à cause de la
liaison.

* Noter la dénasalisation exceptionnelle : Divin Enfant [divinãfã].

3. La plupart des liaisons se font avec le son [z]et servent à marquer le pluriel.
Les cas où l'opposition singulier/pluriel repose uniquement sur ta liaison sont
rares. Dans la plupart des cas le pluriel est déjà marqué par le changement de
forme de l'article. Comparez :

il entre – ils entrent [z] une seule marque du pluriel.

l'ami – les amis [ez] deux marques du pluriel

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un ami – des amis [dez] trois marques du pluriel

4. L'opposition [t] – [d] peut marquer la différence entre le masculin et le féminin


(liaison/enchainement)

grand enfant [grãtãfã] – grande enfant [grãdãfã]

5. Par contre la liaison en provoquant la dénasalisation neutralise certaines


oppositions :

certain ami [ ] – certaine amie [ ]

Un autre rôle de la liaison semble celui d'assurer l'intelligibilité. Elle apparaît

souvent dans des mots très courts, inaccentués, avant le verbe ou le nom :

est-elle [ ] vient-il [ ] grand enfant [ ] on a rit [ ]

2. Liaisons interdites.

1. A la limite de deux groupes rythmiques : j'ai vu les nouveaux / avec Paul

2. Lorsque le mot est suivi d'un signe de ponctuation : femmes, enfants.

3. Lorsque le mot suivant commence par 'h' aspiré : de beaux haricots

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4. Après 'cent' : cent un

5. Entre un substantif singulier et l'adjectif qui le suit : une nation importante

6. Entre un nom singulier et le verbe qui suit : le bruit enlève.

7. Entre un nom singulier et un invariable qui suit : le tricot avec le chapeau

8. Après la conjonction 'et' : Paul et Auguste /

9. Après les adverbes interrogatifs : Quand arrive le train ?

3. Liaisons facultatives : (de moins en moins en usage)

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1. Entre un substantif pluriel et un adjectif, un verbe ou un invariable :

des soldats anglais / des pommes et des pêches/

2. Entre une préposition polysyllabique et le groupe nominal :

depuis un an / après avoir fait cela

3, Entre un verbe conjugué et un adjectif (ou pp), un adverbe ou un autre verbe

je suis amusé / tu ris aimablement / je vais aboutir

Link: http://www.ieeff.org/212phonology.htm

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