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I L’excès de pouvoir
I Définition
Ce magistrat a conservé jusqu’à présent cette prérogative, qui lui est actuellement
dévolue par l’article 18 de la loi du 3 juillet 1967, qui lui permet de former un pourvoi
en cassation qui échappe à de nombreuses causes d'irrecevabilité et dans des
affaires dans lesquelles il n’est pas partie. Il peut en effet être formé contre tous les
actes judiciaires même normalement insusceptibles de recours de la part des parties,
comme, par exemple, une simple mesure d'administration judiciaire. C'est un pourvoi
exceptionnel, qui doit être ordonné par le Garde des Sceaux (il n'y a pas d'exemples
récents). A la différence du pourvoi dans l'intérêt de la loi, l'annulation pour excès de
pouvoir s'impose aux parties, comme si elles avaient elles-mêmes formé le pourvoi.
Elle permet ainsi lorsque le juge a méconnu gravement son office ou l’étendue de
ses pouvoirs, de déclarer recevable un pourvoi en cassation normalement interdit ou
prématuré.
L’excès de pouvoir en matière judiciaire peut être qualifié comme une voie de fait
commise par le juge quand celui-ci sort gravement des limites de ses attributions,
spécialement lorsqu’il enfreint une règle d’ordre public relatif à son office.
B Applications
C’est le cas dans l’arrêt Bidalou (Cass 1ere civ, 15 janvier 1980, Bull Civ n° 25) :
Il y a aussi excès de pouvoir lorsque le juge commet un acte incompatible avec ses
fonctions juridictionnelles ou viole l’un des devoirs professionnels généraux qu
doivent gouvernent d’une façon permanente la conduite d’un magistrat.
Cette hypothèse est également très rare, la décision la plus récente remontant à
1967, un jugement s’étant, sans utilité pour la décision du litige, livré à une critique
irrespectueuse d’un texte réglementaire (Cass 1ere civ 30 mai 1967, bull n° 188).
Commet aussi un excès de pouvoir le juge qui, dans ses motifs, formule, sans utilité
pour la solution du litige, en dehors de tout débat contradictoire avec les intéressés,
des appréciations d'un caractère général et outrageant pour les personnes qui y sont
visées (Req 14 février 1911, bull 1911, I p 224).
Ainsi, l’excès de pouvoir peut être aussi bien positif que négatif.
a) L’excès de pouvoir est positif lorsque le juge rend une décision qui ne lui est
pas légalement permis de prononcer.
Mais elle peut se trouver aussi en toute matière, que ce soit en matière procédurale,
par exemple lorsqu’une cour d’appel, malgré l’effet dévolutif de l’appel, renvoie au
tribunal le soin de se prononcer sur tout ou partie du litige (Cass 2eme civ, 7
novembre 1994, bull civ n° 220, Cass 2eme civ 22 mai 1996, bull civ n° 99), ou au
fond, par exemple en matière d’indemnisation du préjudice, lorsque le juge s’interdit
d’allouer une indemnité sous forme de rente (2eme civ 21 novembre 1973, bull n°
304) ou se croit lié par des critères légaux pour accorder des délais de paiement
alors que l’article 1244 du Code civile lui laisse le pouvoir d’apprécier
souverainement si ces délais peuvent être accordés (Cass com 21 janvier 1953, D
1953, 197)
Ainsi, méconnaît son office le juge qui délègue ses pouvoirs à un notaire (Cass 1ere
civ, 2 avril 1996, bull civ n° 162) ou à un expert (2eme civ 16 octobre 2003, bull n°
305), ou qui refuse de prêter son concours à la constitution d’un tribunal arbitral au
motif de l’existence d’une difficulté sérieuse (2eme civ 8 avril 1998, bull n° 121)
C’est ainsi que la 2eme chambre civile vient de rappeler qu’« aucun excès de
pouvoir ne peut résulter de la violation d’une règle de procédure » (2eme civ 29
janvier 2004, bull n° 21) après que la première chambre civile a jugé que ne
constituait pas un excès de pouvoir la méconnaissance du principe de la
contradiction (cass 1ere civ 28 avril 1998, bull n° 151, 10 mai 1995, bull n° 193 ) et
la chambre sociale l’absence de motivation (Cass soc 21 novembre 1990, bull n°
579, 7 juin 1995, bull n° 187).
Mais ont doit préciser que cette jurisprudence n’est cependant pas partagée par la
chambre commerciale qui considère pour sa part, en matière de droit des procédures
collectives qui soumet l’exercice des voies de recours à un régime particulièrement
rigoureux, que constitue une l’excès de pouvoir la « violation d’un principe
fondamental de procédure » (Cass com 3 mars 1992, bull n° 193 ; 26 avril 1994, bull
n° 154), tel que, notamment l’impartialité du juge (cass com 9 janvier 1996, n° 93-
21.356) et l’obligation de motivation des jugements (Cass com 30 mars 1993, bull n°
132).
D Mise en oeuvre
Vu l’article … ;
Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a excédé ses pouvoirs et violé le texte susvisé ;
Casse et annule.
II L’incompétence
En effet, si une décision est critiquée devant la Cour de cassation au motif que
la juridiction qui l’a prononcée, soit en premier et dernier ressort, soit qu’il s’agit d’une
cour d’appel statuant sur contredit, ou, à la fois sur la compétence et au fond, aurait
été incompétente – comme, inversement, s’il lui est reproché d’avoir refusé de
connaître l’affaire – le demandeur au pourvoi fera état du texte qu’il prétendra avoir
été mal appliqué ; il mettra ainsi en oeuvre un moyen pris d’une violation de la loi ou
d’un manque de base légale.
Ainsi se posera posé un problème non d’incompétence, mais d’interprétation
d’une règle relative à la compétence.
Une décision ne tombe sous le coup d’une censure pour incompétence que
lorsqu’elle émane d’une juridiction qui ne pouvait pas la rendre, sans que celle-ci ait
été saisie d’une exception d’incompétence.
Or, il a été jugé par une chambre mixte (24 mai 1975, bull n° 4) « qu’aux
termes de l’article 14 du décret du 20 juillet 1972 (devenu art. 74 du NCPC),les
parties ne peuvent soulever les exceptions d’incompétence qu’avant toutes
exceptions ou défenses et qu’il en est ainsi alors même que les règles de
compétence seraient d’ordre public », ce dont il résulte que le moyen par lequel une
partie discuterait, pour la première fois devant la Cour de cassation, d’une telle
incompétence serait nécessairement irrecevable (Cass soc 18 juillet 1996, n° 95-
40.122)