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3. Désignations.

Typologie des désignations en terminologie conceptuelle

Il faut d’abord noter que par désignation il est entendu, en terminologie conceptuelle, toute représentation d’un
CONCEPT SPÉCIALISÉ1, tant verbale que non-verbale, pourvu qu’elle soit figée en mémoire du locuteur (dans un
lexique spécialisé), faisant l’objet d’une convention au sein de la communauté linguistique, et qu’elle soit
suffisamment synthétique pour renvoyer directement au concept (« une manière succincte de référencer le
concept » est la formulation de la norme ISO 7O4 :20092 p. 22). Une étiquette du concept, si l’on veut.
La définition représente elle aussi le concept, mais elle le fait en le décrivant ; l’énoncé définitoire relève de la
combinatoire libre.

La différence entre désignation du concept (ainsi entendue) et définition de celui-ci est pareille, jusqu’à
un certain point, à celle qui subsiste entre un nom propre (Jocaste) et une description définie (la mère
d’Œdipe). Il va sans dire que le nom propre renvoie à la personne plus directement que la description
définie. Mais si description définie et nom propre ne sont pas interchangeables dans tous les contextes
d’occurrence (voir exemple (1) ci-contre pour un contexte opaque n’autorisant pas la substitution), une
définition (une définition intensionnelle du moins) devrait se laisser substituer au « nom du concept »
en toute occasion, sans perte ni ajout d’information.

(1)
a. Œdipe voulait épouser Jocaste.
b. ???Œdipe voulait épouser sa mère. [il ne savait pas que Jocaste était sa mère]

Les périphrases définitoires (qui sont parfois proposées comme équivalents de traduction d’un terme de la langue
source pour lequel la langue cible manque d’équivalent terminologique) participent elles aussi (en première
instance du moins) de la combinatoire libre, bien que pouvant plus synthétiques que des énoncés définitoires
rédigés par les experts du domaine. Ce sont toujours des descriptions des concepts plutôt que des étiquettes y
renvoyant directement.

La frontière entre désignation verbale et périphrase définitoire est souvent très lâche, poreuse : il existe
des termes très longs3, et des définitions très brèves ; « coopération renforcée entre plusieurs
gouvernements » – définition du concept d’intergouvernementalisation – compte 49 lettres, le nom
savant de la vitamine B2 en comporte 50 (une lettre de plus, sans compter la préface [chlorure de] :
chlorure d’aminométhylpyrimidinylhydroxyéthylméthythiazolium).

D’autre part, à force de répétitions et de reprises d’un usager à l’autre, ce qui était au début une
description (réduction de prix, troubles auditifs) peut bien devenir, à échéance, une vraie étiquette de
concept.

On distingue donc, selon la dimension sémiotique (selon le type de code employé), désignations verbales et non-
verbales, puis, à l’intérieur de la première catégorie, selon le type de concept désigné, termes et appellations.

désignations verbales (dénominations)


- termes (concept général4 : institution financière, banque),
- appellations (concept unique : particulier – Banque Nationale de Paris),

désignations non-verbales
- symboles (concept général le plus souvent : € pour désigner l’euro ; $, pour le dollar ; … ; ruban de
Möbius
🙪

pour désigner l’aptitude au recyclage ; croix rouge, etc.).

En guise de conclusion, deux remarques sur la relation entre désignation et dénomination, d’une part, et sur la
relation entre symboles et signes verbaux, de l’autre.

Si en terminologie conceptuelle, la désignation est par hypothèse conventionnelle, et la dénomination est une
espèce de désignation selon le type de signes employés (signes verbaux), en sémantique lexicale, on comprend
par désignation une description en combinatoire (virtuellement) libre, et donc non-conventionnelle et par
dénomination, une désignation conventionnelle (relation forme-sens sujette à figement lexical). Dans cette
perspective (voir document ci-contre), une définition terminologique serait une « désignation » elle aussi.

1 Concept qui relève d’un domaine de spécialité donné.


2 Principes et méthodes du travail terminologique.
3 Tels que : psychopharmacothérapeutique, dichlorodiphényltrichloroéthane (plus connu sous la forme abrégée DDT :
insecticide), intergouvernementalisation.
4 « A general concept is general in this sense: it is capable, in principle, of being exemplified in any number of different cases.
Our grasp of a general concept must include our grasp of this possibility or it is not a grasp of a general concept at all » (Strawson,
1974: 15).

1
🙪Documentation & recherche
« (…) une expression (simple ou polylexicale) est la dénomination (ou name) d’une entité, si cette entité a eu par
convention cette expression comme name, i. e. si elle a réellement été dénommée ou appelée ainsi (cf. librairie
pour le magasin où l’on vend des livres, nager pour une certaine manière de se déplacer dans l’eau et Paul pour
le voisin du dessus, s’il s’appelle... Paul). On parle de désignation quand l’expression n’a pas été attribuée a priori
en propre à l’entité à laquelle elle renvoie, mais qu’elle permet néanmoins d’y accéder par l’intermédiaire des
informations (descriptives ou autres) qu’elle comporte (cf. le magasin où l’on vend des livres pour « librairie »,
le voisin du dessus/cet homme pour Paul, etc.) (Kleiber 1984). Dénomination n’est donc pas synonyme de
désignation, et l’on ne pourra accorder qu’un statut de désignation et non de dénomination à des expressions qui
saisissent ou renvoient par tel ou tel moyen à telle ou telle odeur, sans avoir été conventionnellement attribuées
a priori en propre à l’odeur en question. »
[Exemples : une odeur de roussi, de citron…]

« Dénomination n’est pas non plus synonyme de nom, bien que, très souvent, les deux soient confondus. La
dénomination ne se cantonne pas, en effet, au domaine des noms ou substantifs, parce que si un nom (ou noun)
est bien une dénomination (name), l’inverse n’est pas vrai : les verbes, les adjectifs, etc., sont aussi des
dénominations ».

Kleiber, Georges (2012) – « De la dénomination à la désignation. Le paradoxe ontologico-dénominatif des


odeurs », Langue française, 174, 45-58

La notion de symbole opérationnalisée en terminologie n’est pas à situer dans le cadre du classement sémiotique
des signes (au sens de Charles Sanders Peirce), qui oppose symboles, icônes et indices, classement à l’intérieur
duquel un symbole (vs indice vs icône) peut être verbal ou non-verbal. Dans cette perspective-là, il existe en
effet des signes verbaux qui sont (aussi) des indices (je, ici, maintenant, celui-ci)5, d’autres qui sont pour
l’essentiel des icônes (les onomatopées tels que les termes immitant les cris des animaux6), d’autres enfin
(l’immense majorité en fait) qui sont des symboles (signes conventionnels sans ressemblance aucune à la classe
d’objets qu’ils désignent, arbitraires au sens de Ferdinand de Saussure 7). Mais en terminologie conceptuelle, nous
venons de le voir, un symbole est par hypothèse un signe non-verbal.

🙪Documentation & recherche


“Every word is a symbol. Every sentence is a symbol. Every book is a symbol. Every representamen depending upon conventions
is a symbol. Just as a photograph is an index having an icon incorporated into it, that is, excited in the mind by its force, so a
symbol may have an icon or an index incorporated into it, that is, the active law that it is may require its interpretation to involve
the calling up of an image, or a composite photograph of many images of past experiences, as ordinary common nouns and verbs
do; or it may require its interpretation to refer to the actual surrounding circumstances of the occasion of its embodiment, like
such words as that, this, I, you, which, here, now, yonder, etc. Or it may be pure symbol, neither iconic nor indicative, like the
words and, or, of, etc.”8
Collected Papers of Charles S. Peirce, volume 4, §448 9

Moralité : il faut apprendre à relativiser. Chaque terme, chaque notion relève d’un certain domaine, d’un certain
cadre théorique. Tout comme, dans l’article terminologique, on doit toujours commencer par l’indication du
domaine de spécialité dont relève le concept désigné par la vedette, en toute démarche de recherche il faut
d’abord préciser son cadre théorique et définir ses termes (à l’intérieur de celui-ci), avant que d’asserter quoi que
ce soit d’autre.

5 L’intonation, la mimo-gestuelle, la posture sont des indices para-verbaux.


6 Interjections qui, malgré leur caractère motivé, varient au gré des langues : en français, un chien aboie en faisant ouaf-ouaf,
en anglais, woof-woof, en roumain – ham-ham (avec h « aspiré »). Certains des verbes qui dénomment ces cris ont une base
imitative (une onomatopée) aussi, que ce soit en français ou en latin ou selon le cas en grec (pour l’étymon du verbe français) :
le chat miaule, la chèvre bêle, la chouette ulule, les grenouilles coassent, le corbeau croasse…
7 Bien que Peirce lui-même envisage les signes dénotatifs (à signification descriptive) que sont la plupart des verbes, des noms
ou des adjectifs (sémantiquement pleins), comme des signes évocateurs d’images du vécu du sujet parlant et, à ce titre, en
partie du moins, iconiques. Voir document proposé dans l’encadré (traduit en note de bas de page).
8 Chaque mot est un symbole [signe en rapport conventionnel avec l’objet représenté]. Chaque phrase est un symbole. Chaque
livre est un symbole. Tout representamen qui dépend de conventions est un symbole. Tout comme la photo est un indice [n. d.
tr. signe en relation ontologique, de contiguïté spatio-temporelle et/ou notionnelle (causale) avec l’objet qu’il représente] qui
incorpore une icône [n. d. tr. signe ressemblant à l’objet représenté], qu’il fait naître à l’esprit, de la même manière, un symbole
peut avoir incorporé une icône ou un indice : la loi active [n. d. tr. règle, convention] qu’un symbole est peut elle-même requérir
qu’il soit interprété par évocation d’une image, ou d’un complexe d’images d’expériences passées, ainsi que les noms et les verbes
font d’habitude ; ou elle peut requérir que le symbole soit interprété en référence à des circonstances effectives de son occurrence
présente, à la façon des mots tels que celui-ci, celui-là, je, tu, lequel, ici, maintenant, là-bas. Ou bien il peut être un pur symbole,
ni iconique, ni indicatif, tels que les mots et, ou, de, etc. (nous traduisons)
9 http://www.iupui.edu/~arisbe/rsources/quotes/iconrole.HTM

2
3.1. Procédés de formation de désignations10 (en français)

3.1.1. Nouvelles formes

3.1.1.1. Dérivation
3.1.1.2. Composition
3.1.1.3. Formes abrégées

3.1.2. Formes existantes

3.1.2.1. Conversion
3.1.2.2. Terminologisation
3.1.2.3. Glissement sémantique dans une langue de spécialité
3.1.2.4. Emprunt à une autre discipline

3.1.3. Emprunts à une autre langue

3.1.3.1. Emprunt
3.1.3.2. Calque
3.1.3.3. Calque sémantique

3.1.1. Nouvelles formes


3.1.1.1. Dérivation (ajout ou enlèvement d’affixes à un lexème base)

a. dérivation suffixale
b. dérivation préfixale
c. dérivation parasynthétique
d. dérivation régressive

Notions fondamentales opérationnalisées

Base : chaîne segmentale de départ, dans tout procès de construction d’unités lexicales (termes
compris) ; typiquement un lexème (ensemble de mots-formes que seule distingue la flexion),
à qui s’ajoutent d’autres éléments, dans la structure de l’unité construite (du dérivé) ; une base
peut être elle-même un terme construit (constitutionnel/ constitutionnalisme : ajout d’un suffixe
à une base déjà suffixée ; végétarien/ végétarisme : substitution de suffixe -isme à la place de
–ien de la base), y compris un syntagme lexicalisé (droits de l’homme/ droit-de-l’hommiste11)
ou toute une phrase (je-m’en-fichiste) – dans ces derniers cas on parle de dérivés à base
polylexicale.

Affixe : morphème par hypothèse lié (à une base)

Radical : chaîne segmentale à laquelle s’ajoutent des affixes (dérivationnels) ; dans le meilleur
des mondes possibles, radical et base coïncident, mais il n’en va pas toujours ainsi – à preuve,
les termes construits par substitution de suffixe dans leur base. La base du dérivé suffixal
végétarismeN12 est bien le lexème végétarien (emprunt à l’anglais vegetarian, dérivé lui-même
en remplaçant le suffixe -able de vegetable « légume », par le suffixe -arian, formateur de noms
de sectes ou d’écoles théologiques). Mais son radical (non attesté ailleurs en français) sera
végétar- seulement.

Allomorphe du radical : un radical peut avoir plusieurs formes, et chaque procès dérivationnel
ou flexionnel en sélectionnera une. Ainsi, l’adjectif long a-t-il en français deux allomorphes (/lõ/
et / lõg/), le premier étant sélectionné par la flexion de masculin, et le second, par la flexion de
féminin et par le suffixe dérivationnel nominalisateur –eurN (qui engendre le nom de la

10 Seront concernées les seules désignations verbales (vs symboles – par hypothèse non-verbaux, dans le classement des
désignations de concepts, en terminologie), et surtout (mais pas exclusivement) les termes (vs appellations).
11 Un article incendiaire fut dédié à ce terme, à connotation péjorative, quand il venait de faire son apparition dans le vocabulaire
des dirigeants politiques français (au début des années 2000) : « Droits-de-l’hommiste, le mot qui fusille », paru dans le quotidien
français de gauche La Libération, numéro du 21 novembre 2002. Y est soulignée l’idée que le pouvoir avait voulu « stigmatiser
cette race de détracteurs de l’absolutisme, en rajoutant un suffixe à la cause qu’ils défendent », suffixe de nature à susciter la
peur (par association avec intégriste), le mépris ou la condescendance.
Voir : https://www.liberation.fr/tribune/2002/11/21/droit-de-l-hommiste-le-mot-qui-fusille_422241 (08.10.2008).
12 Le TLFi note que le terme aurait été d’abord emprunté à l’anglais (végétarianisme (fr) < vegetarianism (en)) et puis seulement
reconstruit sur le terrain du français à partir de végétarien.

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dimension horizontale concernée : longueur13). Le verbe de deuxième groupe fournir présente
l’allomorphie de radical systématique des verbes instanciant ce patron flexionnel (/furni/ et
/furnis/), et le suffixe dérivationnel créateur de noms d’agent -eur sélectionnera la seconde
forme (fournisseur14).

Racine : morphème par hypothèse simple (tandis qu’un radical peut être, lui, construit, à
l’instar d’une base). Pour reprendre l’exemple de végétarianisme <végétarien : végétar- en est
le radical (ce à quoi s’ajoute le suffixe créateur de nom de domaine –isme, ce que végétarien
et végétarisme ont en commun) ; végét- en est la racine, commune avec tout le paradigme
lexical végétal, végétarien, végéter, végétatif, végétation, … – dont certains sont des emprunts
soit au latin soit à l’anglais, mais restent analysables en synchronie, pour le sujet parlant
ordinaire.

- a. dérivation suffixale (à changement de la classe grammaticale du morphème base) : patronN+ -al = patronalA,
salariéN + -al = salarialA ; traite(r)V + -ment = traitementN, appointe(r)V (cf. appointer un employé : le rétribuer,
le payer) + -ment = appointements n.m.pl.. Noter que émoluments (pl.) est, lui, dérivé en latin (<emolumentum
« profit », du verbe emolere « moudre entièrement ») et non en français (terme hérité).

Il existe aussi des dérivés suffixaux sans changement de classe grammaticale, qui partagent la classe
grammaticale du morphème base : patronN + -at = patronatN (« ensemble des patrons »), salariéN + plus
rarement, sans changement -at = salariatN (« ensemble des salariés »).

- b. dérivation préfixale (pas de changement de la classe grammaticale du morphème base, ou, pour le moins,
pas en vertu de la préfixation en soi15) : pré- + avisN = préavisN ; r(e)- + acheterV = racheterV

- c. dérivation parasynthétique (préfixes + suffixes ajoutés en même temps ; décalage entre le sens et la forme
du dérivé)16

- dérivés parasynthétiques nominaux (rares) : [en- +colN + -ureN]N = encolureN (ni #encol ni #colure ne sont
attestés).
- dérivés parasynthétiques adjectivaux : [anti- + grèveN + -isteA]A = antigrévisteA ; le formant anti- est recensé
dans le TLFi comme « préfixe », mais les termes construits en anti- sont systématiquement appelés
« composés », ce qui n’est pas de nature à trancher la question des rapports entre préfixes et éléments de
composition savante (voir plus bas § 3.1.1.2.). Quoi qu’il en soit17, les deux morphèmes liés sont ajoutés en
même temps à la base nominale grève, ainsi que le prouve l’inconsistance sémantique entre antigrévisteA
(« qui s’oppose à la grève » : comité antigréviste18), d’une part, et grévisteN (« personne qui fait grève, qui
prend part à une grève »), ou respectivement anti-grèveA (« qui interdit la grève » : clause anti grève, loi
anti grève19), de l’autre – exemple analysé dans Hathout & Namer 2018 : 369. Noter que invivable, ou
intercostal (cités parfois dans des listes d’adjectifs parasynthétiques) devraient, par contre, être envisagés
comme de simples dérivés préfixaux, puisque leur sens compositionnel est parfaitement conforme à celui de
vivable (appartement vivable) et de costal (fracture costale). De faux parasynthétiques, donc.
- dérivés parasynthétiques verbaux : [a- + cheminN+ -erV]V = acheminerV ; [dé- + douaneN+ -erV]V =
dédouannerV. Noter qu’il n’y a pas de verbe dérivé suffixal tout court, en français, signifiant « mettre en
douane » (#20douanner). Et que, si le français comporte un verbe cheminer dérivé par suffixation du nom
chemin, ce verbe a une acception (« faire du chemin » : un chemin long et pénible, parcouru lentement) et

13 Mot de langue commune courant et terme de géométrie à la fois : notion reprise à la géométrie, par les représentations de
sens commun, si ça se trouve, plutôt que l’inverse. En terminologie sportive – mais ce sera là déjà un autre terme, créé par
emprunt à la langue commune (où longueur signifie « la plus grande dimension horizontale (d'un objet, d'une surface, d'un
volume) ou la dimension qui est dans l'axe de son orientation ») – « unité définie par la longueur du véhicule, du cheval, du
bateau » (TLFi, qui illustre cette acception à qualificatif de domaine d’exemples tels : Battre l'adversaire d'une longueur; prendre
deux longueurs d'avance).
14 Faute d’interférence fréquente avec le roumain, qui appelle un renforcement du lien entre V2-IR et nom dérivé, dans
l’enseignement du FLE : *[fuRnizœR]. Pour cette même raison, dans un glossaire terminologique de français économique destiné
à des Roumanophones il est vivement conseillé de remplir le champ (optionnel dans l’économie de l’article terminologique)
<Prononciation> : / fuRnisœR/.
15 Nous verrons tout à l’heure que la préfixation peut être, dans certains cas, du moins selon l’analyse dominante à l’heure
actuelle en linguistique française, accompagnée d’un changement de classe grammaticale, mais qui représentera un second
procédé de construction de termes (cumul de procédés – voir infra §3.1.2.1).
16 Le concept est introduit en morphologie dérivationnelle française par Arsène Darmesteter, à la fin du XIX e siècle.
Darmesteter, Arsène (1875) – Traité de la formation des mots composés dans la langue française, Paris : Honoré Champion
Darmesteter, Arsène (1877) – De la création actuelle de mots nouveaux dans la langue française, et des lois qui la régissent,
Paris : F. Vieweg
17 Rappelons que pour Darmesteter, la préfixation était de toute manière une espèce de composition, les préfixes étant assimilés
soit à des prépositions soit à des adverbes. La distinction entre élément de composition savante et préfixe est donc peu
conséquente dans un procès de parasynthèse.
18 Exemple cité sous l’entrée syndicat (n.m.) du TLFi, le terme lui-même n’étant recensé nulle part ailleurs.
19 Variante orthographique à trait d’union recensée dans le TLFi (entrée du formant anti-) : anti-grève.
20 Symbole du caractère non attesté de l’item qu’il précède.

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un statut syntaxique (verbe intransitif21 : Nous cheminâmes pendant un bon quart d’heure) distincts du verbe
transitif direct acheminer (d’usage fréquent en français économique : acheminer le colis, la marchandise), ce
qui exclut l’analyse à préfixation simple. Il y a aussi des dérivés parasynthétiques parmi les verbes du
deuxième groupe – tels, en terminologie de l’aéronautique : atterrir (#terrir), alunir (#lunir), amerrir
(#merrir). Avec une base adjectivale, affermirV se laissera analyser comme dérivé parasynthétique (#fermir).
En revanche, agrandir, non : c’est un verbe dérivé par préfixation à partir d’un autre verbe – à la fois attesté,
et à sémantique compatible au sens compositionnel du dérivé ([a- + grandirV]V).

Comme les suffixes (-er, -ir) – supposément verbalisateurs – dans les dérivés parasynthétiques ci-
avant sont en fait des affixes flexionnels (désinences) d’infinitif (forme lemmatique du verbe, mais
forme flexionnelle quand même, sujette à actualisation discursive, dans la phrase, à concurrence
avec le subjonctif ou l’indicatif : ils doivent acheminer le colis au plus vite / il faut qu’ils acheminent
le colis au plus vite ; elle pense avoir tout compris/ elle pense qu’elle a tout compris), ces verbes
ont été analysés en morphologie dérivationnelle contemporaine comme des cas de préfixation tout
court (génération du seul radical verbal comme « nouvelle forme » non attestée en tant que
morphème libre). L’ajout de la désinence d’infinitif serait juste un effet du choix de l’infinitif comme
« nom du verbe », comme représentant du lexème verbal avec toutes ses formes flexionnelles
virtuelles22.

Dans cette perspective, la question de la parasynthèse pourra se poser pour les seuls verbes à
suffixes dérivationnels non-triviaux, tel -is(er) : [dé- + sensibleA + is(er)V]V = désensibiliserV
(sensibiliser « rendre sensible » est bien attesté, mais il n’a aucun rapport au sens compositionnel
de désensibiliser terme de stomatologie signifiant « supprimer la sensibilité naturelle d’une
dent »)23 ; aseptiser (médecine générale : #septiser non attesté, base dérivée de l’adjectif aseptique
par enlèvement du suffixe dérivationnel –ique – voir ci-contre dérivation régressive).

- d. dérivation régressive (enlever un suffixe dérivationnel) : radicaux verbaux dérivés d’adjectifs et/ou de
noms : somnolent, somnolence = somnol- (racine du verbe somnoler), agression = agress- (racine du verbe
agresser). Dans la même logique que la ré-analyse de dérivés parasynthétiques à affixe verbalisateur non
apparent ou coïncidant de fait avec la marque flexionnelle d’infinitif (acheminer, dédouaner, atterrir, alunir)
comme simples dérivés préfixaux (à verbe base éventuellement non attesté, et forme construite dans tous les
cas non attestée en tant que morphème libre, en-deçà d’une désinence flexionnelle), des noms traditionnellement
analysés comme dérivés régressifs de verbes (marcherV = marcheN, chanterV = chantN ) seront désormais
envisagés comme construits par changement de catégorie directement (voir infra §3.1.2.1. Conversion).

3.1.1.2. Composition (construction d’unités polylexicales : deux racines ou plus/ un seul concept)

a. termes complexes
b. composés savants (néoclassiques)
c. locutions
d. mots valises

a. termes complexes (composés) ordinaires

- associés par trait d’union : mandat-carte, voiture-balai, homme-sandwich24 ,


député-maire, timbre-poste (noms apposés) ; ouvre-boîte, casse-noisette (variante –
toujours au singulier : (un) casse-noisettes), lave-vaisselle, lave-linge (verbe 3sg
prés. indic. + COD (nom à article zéro) – patron de composition particulièrement
productif en français technique)
- associés par accolement : portefeuille, pourboire
- juxtaposés : État membre, zone euro, pays frère

21 Ou plutôt : inergatif, à l’instar de marcher… mais à l’horizon d’un cours de terminologie, c’est là une nuance superflue. Ce qui
compte, c’est qu’il n’a pas de complément d’objet repérable en surface.
22 Ces analyses laissent toutefois (en partie) sans réponse la question du choix du patron paradigmatique flexionnel sélectionné
par chaque radical verbal ainsi construit (pourquoi -ir et non -er ?). Mais cette question concerne y compris les verbes simples :
pourquoi finir (finiss-) mais sortir (sort-) ? Pourquoi finir et non #finer ? L’apprentissage par listes est inévitable – donc : sélection
de morphèmes flexionnels lexicalisée elle aussi. Les diverses approches à l’identité de l’item lexical et aux relations entre
morphologie dérivationnelle et flexionnelle et entre les deux, et la syntaxe ont apporté des réponses diverses à la question du
format exact de cette lexicalisation. Les évoquer, ne serait-ce qu’en passant, émargerait les visées de cette initiation en
terminologie.
23 Il n’en va pas de même du terme médical d’allergologie désensibiliser, qui signifie « réduire/combattre/supprimer une
sensibilisation », pouvant donc être interprété en rapport avec sensibiliser « provoquer un excès de sensibilité »).
24 Exemples empruntés à la norme ISO 704 : 2000 (F) : 33.

5
L’orthographe française traditionnelle est largement irrégulière, au point que des composés
thématiquement proches et qui instancient le même patron morphologique s’écrivent l’un à trait d’union
et l’autre en un seul mot : porte-monnaie, portefeuille25.

Le partage des tâches entre syntaxe et morphologie (dérivationnelle) diffère d’un cadre théorique à
l’autre, en linguistique : les tenants de la morphologie constructionnelle (Bernard Fradin, Françoise
Kerleroux) maximalisent l’importance de la frontière entre syntaxe et morphologie (dérivationnelle). Les
composés relèveraient de la morphologie dérivationnelle s’ils ne consistent qu’en lexèmes (entrées
lexicales « substantives », pourvues de substance sémantique non-grammaticalisée), mais de la
syntaxe, s’ils comportent aussi des prépositions, articles ou autres morphèmes actualisateurs. La
distinction terme complexe vs locution s’ensuivra. Dans cette logique, les unités terminologiques
syntagmatiques qui instancient des rapports de dépendance (les synapsies d’Emile Benveniste) seraient
des locutions, analysables en syntaxe (termes économiques du type de prime d’ancienneté, société à
responsabilité limitée, Directeur des ressources humaines, ou techniques tels machine à coudre, fer à
repasser…).

b. Composés savants : termes complexes qui comportent nécessairement au moins un


radical d’origine grecque ou latine. Si dans les composés ordinaires, le constituant
sémantiquement recteur est à gauche (mandat-carte, voiture-balai), dans les composés
savants, il est à droite (apiculture, thalassothérapie)26. Le plus souvent27 ils sont associés
par accolement.

- formants grecs : graphologie (‘étude de l’écriture’)/ thalassothérapie (‘traitement par


l’eau’)/ cryptogame (BOT. ‘qui a les organes reproducteurs cachés’) / aristocratie
(‘gouvernement des meilleurs’), ploutocratie (‘gouvernement des riches’) / oxygène
(‘qui crée de l’acide’ – terme de chimie créé par un Français, alors même que l’élément
chimique aura été découvert par un Anglais28)/ polyèdre (‘à plusieurs bases’)/
calligraphie (‘belle écriture’)…

voyelle de liaison o (ou y). Orthographe grecque (th / ph / y).

- formants latins : aviculture (‘élevage d’oiseaux’) / ignifuge (‘qui fait fuir le feu’) /
ignifère (‘qui porte le feu’, terme remplacé par ignigène ‘né dans le feu’ ; emprunt au
latin ignigena : sel ignifère/ sel ignigène ‘obtenu par évaporation sous l’action de la
chaleur’)/ calorifère (‘qui transporte la chaleur’, adj29. et n.m30.), apicole (‘relatif à la
<culture> (= à l’élevage) des abeilles’)…

voyelle de liaison i.

- mélanges : automobile (grec auto = « soi-même » + latin mobilis > mobile) génocide
(du grec genos = « race » + -cide du latin caedere = « tuer ») / télévision – de : télé
formant grec + vision (mot français d’origine latine)31.

Nous analyserons, dans le respect des données étymologiques dont font état les ouvrages
lexicographiques (TLFi), les séries du type de biologie/ biologiste/ biologique ; cardiologie/ cardiologue/
cardiologique en tant que :

25 Les nouvelles règles d’orthographe de 1990, qui restent d’application optionnelle, selon l’Académie française, proposent de
généraliser l’accolement pour les composés d’emprunt, dont porte-monnaie (calque sur l’italien et l’anglais, au XIX e s), qui
deviendrait ainsi portemonnaie. Pour en savoir plus, voir cette présentation synthétique :
https://www.orthographe-recommandee.info/enseignement/regles.pdf.
Cela dit, le Département de langue et littérature française de notre faculté ayant décidé de s’en tenir à l’orthographe traditionnelle,
vos mémoires de fin d’études, rapports de recherche, traductions, glossaires et copies d’examen seront évalués à cette aune-ci.
26 Cf. Dal, Georgette, Amiot, Danny (2008) – « La composition néoclassique en français et ordre des constituants », La
composition dans les langues (D. Amiot, éd.), Arras : Artois Presses Université, pp. 89-113.
27 Au-delà d’un certain degré de complexité, le trait d’union est de mise : oto-rhino-laryngologie (siglaison : ORL) – exemple
cité dans le texte en référence.
28 Antoine Lavoisier créa le terme en tant qu’adjectif (principe oxygène). Le gaz avait été découvert par Joseph Priestley.
29 Fluide calorifère, tuyau calorifère « qui transporte de la chaleur ». Le terme roumain correspondant, bien que recensé par les
dictionnaires de langue générale (voir banque de données lexicographiques Dexonline) est d’un usage très rare, sauf en contexte
technique spécialisé (lichid calorifer oui, ţevi calorifere, pas d’attestation sauf en apposition, avec le sens de « tuyaux du calorifère-
appareil de chauffage »).
30 Appareil qui produit et répand de la chaleur ; élément visible de cet appareil : syn. radiateur.
31 Exemples commentés sur le site de de Bernard Bouillon, actualisé au 9 septembre 2012, site adressé à l’origine aux
étudiants de l’UFR de Lettres Modernes d’Arras (niveau L3), et qui comporte, dans le dossier de linguistique française,
d’excellentes pages sur la morphologie dérivationnelle (http://bbouillon.free.fr/univ/ling/fichiers/morpholex/morphlex2.htm,
11.12.2013).

6
- composition en -logie (formant d’origine grecque tiré du gr. - de « parole,
discours », pour les noms de sciences :
- carcinologie (syn. cancérologie : étude des tumeurs malignes),
- cardiologie (science/ médecine du cœur),
- conchyliologie (science des coquilles),
- cytologie (étude des cellules et des tissus),
- dialectologie (étude des dialectes – variétés géographiques d’une langue),
- dermatologie (spécialité médicale consacrée aux maladies de la peau),
- écologie (science/étude de l’environnement des êtres vivants),
- entomologie [ ] (étude des insectes),
- eschatologie (doctrines relatives au jugement dernier et à la fin du monde),
- géologie (science de la Terre : étude des roches, terrains, de la croûte terrestre),
- graphologie (étude de l’écriture),
- hydrologie (science des eaux),
- idéologie1 (science des idées et des faits de conscience : vx. – terme proposé au XVIIIe s par Antoine
Destutt de Tracy, pour remplacer psychologie),
- idéologie2 (ensemble d’idées, croyances, doctrines qui oriente l’action : Idéologie chrétienne,
conservatrice, révolutionnaire, réactionnaire, gaulliste, libérale, nationaliste ; populiste, socialiste,
communiste, marxiste, syndicaliste, ouvrière) ;
- laryngologie (étude du larynx),
- lexicologie (étude du lexique),
- météorologie (étude des phénomènes atmosphériques et la prévision du temps qu’il fait),
- métrologie (science des poids et mesures),
- morphologie1 (science des formes, en biologie notamment)
- morphologie2 (branche de la linguistique, étude de la forme des mots – flexion, dérivation)
- musicologie (science de la musique),
- neurologie (médecine du système nerveux),
- ornithologie (science des oiseaux),
- pédologie (science des sols),
- podologie (médecine/soins des pieds)
- phénoménologie1 (en philosophie : ensemble des phénomènes observés ; observation des
phénomènes, indépendamment de tout jugement de valeur ou de toute théorie)
- phénoménologie2 (doctrine philosophique qui propose un retour aux choses mêmes – chez Husserl)
- phonologie (science des phonèmes),
- pneumologie (étude du poumon et des bronches),
- psychologie (science de l’âme et des facultés de l’esprit),
- radiologie (étude des rayonnements ionisants ; formation sur le terrain du français, sur le modèle de
l’anglais radiology, attesté 4 ans plus tôt, début du XXe s.),
- sémiologie (étude médicale des symptômes et des signes cliniques ; syn. symptomatologie),
- sexologie (étude de la sexualité et de ses troubles),
- sociologie (étude de la vie sociale32)
- spéléologie (étude des cavités souterraines, gouffres, cavernes),
- stomatologie (médecine des dents),
- terminologie (1. ensemble de termes ; 2. étude des concepts spécialisés et de leurs désignations ; 3.
activité de recensement et de normalisation des termes),
- toxicologie (en médecine, étude/science des poisons et de leurs effets sur l’organisme),
- urologie (1. médecine des voies urinaires ; 2. médecine de l’appareil uro-génital de l’homme)

Cette liste comprend des entrées du TLFi censées être des formations sur le terrain du français, à
distinguer des emprunts savants au grec directement (archéologie, chronologie, étiologie33, généalogie,
mythologie, théologie) ou au latin scientifique moderne (ichtyologie, zoologie) et des emprunts de
composés savants créés sur le terrain d’autres langues modernes (déontologie – emprunt à l’anglais,
qui, lui, emprunte au grec).

- composition en -logue (formant d’origine grecque issu de « parole, mot, discours » pour les
mots correspondant à des noms de science en –logie, qui désignent un savant, un spécialiste dans
le domaine désigné par le 1 élément : cardiologue, conquiliologue; dialectologue, égyptologue,
er

ethnologue, glaciologue, géologue, graphologue, gynécologue, hagiologue [hagiographie : science


des saints et des vies des saints ; hagiologie : ouvrage ou ensemble d’ouvrages traitant des vies
des saints et des choses saintes], hydrologue, idéologue, laryngologue, lexicologue, météorologue,
musicologue, neurologue, ornithologue, pédologue, phénoménologue, phonologue, podologue,
pneumologue, psychologue, radiologue, sexologue, sémiologue, sinologue, sociologue, spéléologue,
toxicologue, urologue34).

- dérivation suffixale à partir (du radical) d’une base composée en -logie en français (ou empruntée
telle quelle), dérivation qui détermine une autre classe référentielle (suffixe -iste : ‘spécialiste du

32 Terme d’abord attesté en français chez Auguste Comte (dans son ouvrage sur la philosophe positiviste), avec le sens de
« physique sociale », ce qui souligne la volonté de méthodes objectives de recherche scientifique.
33 Désigne l’étude des causes, en médecine : causes des maladies ; ensemble de(s) causes d’une certaine maladie : l’étiologie
du cancer.
34 Ce sont là des termes savants construits en français, et non des termes savants empruntés au grec directement (vs
archéologue, astrologue, mythologue…).

7
domaine désigné par le nom base’) et respectivement une autre classe de mot (suffixe -ique35 :
adjectif ‘relatif au domaine désigné par le nom base’) : anthropologie🙪 anthropologiste,
anthropologique ; noter aussi le doublet anthropologue (emprunt au grec) pour le nom de l’expert.

Les dérivés en -iste à partir de bases (noms de sciences) qui sont des composés savants en -logie
sur le terrain du français (sinon des emprunts savants au grec – éventuellement par filière latine)
sont analysés, sous leurs entrées respectives, dans ces termes précisément. Pourtant le dictionnaire
comporte une entrée de formant (-logiste) analysé comme dérivé, lui, du formant (élément de
composition savante) -logie, par suffixation de -iste. Traitement qui impliquerait, si pris à la lettre
(en substance) plutôt qu’en lecture distributive transversale, que anthropologiste (par exemple)
soit lui aussi un composé savant, de anthropo- + -logiste (une fois ce formant construit en français),
plutôt qu’un dérivé suffixal en -iste, à partir de la base anthropologie. Nous suivrons ici l’analyse
des entrées de termes construits, qui généralise la corrélation thématique nom de science/ nom du
savant ou de l’expert.

- anthropologiste,
- apologiste,
- bactériologiste,
- biologiste,
- criminologiste,
- dermatologiste,
- écologiste,
- entomologiste (\ɑ̃.tɔ.mɔ.lɔ.ʒist\)
- épidémiologiste. Spécialiste des épidémies.
- étymologiste,
- généalogiste,
- géologiste,
- gynécologiste,
- ichtyologiste,
- immunologiste,
- ophtalmologiste,
- ornithologiste,
- oto-rhino-laryngologiste,
- parasitologiste. Spécialiste de parasitologie.
- radiologiste. Médecin spécialiste de radiologie.
- stomatologiste,
- téléologiste. Spécialiste de téléologie36 (science des fins humaines ; doctrine finaliste selon laquelle tout est
affaire de relations entre moyens et fins, toute chose a une fin).
- théologiste. Syn. théologien (terme dominant); spécialiste en théologie (science de Dieu, en religion chrétienne
notamment)
- tératologiste. Spécialiste en tératologie37 (litt. ‘science des monstres’ : science des anomalies congénitales ou
héréditaires),
- toxicologiste. Spécialiste de toxicologie
- volcanologiste
- zoologiste

Doublets en -logue/ -logiste/ -logien


Les noms de savants ou d’experts de domaines désignés par des termes en -logie (composés savants ou
emprunts) ont souvent des doublets selon un patron de construction concurrent : les formes dominantes
participent tantôt d’un patron, tantôt d’un autre (question d’usage).

Forme dominante en -logiste Forme dominante en -logue


oto-rhino-laryngologiste, stomatologue,
écologiste, dermatologue,
bactériologiste gynécologue
géologue

Doublets en variation libre : conquiliologue/ conquiliologiste


Doublets en voie de division sémantique (spécialisation) : podologiste (technicien, appareillage, orthèses)/
podologue (thérapie, soins du pied)38

Notons en guise de conclusion l’importance toute relative de la distinction (historique) entre créations
françaises et termes empruntés, en fait de ‘composés savants’, pour le sujet parlant ordinaire. Les
ouvrages de lexicographie même ne sont pas exempts d’hésitation à ce propos. Ainsi, le TLFi définit-il le
terme de biologie, dans l’article biologie, comme un emprunt à l’allemand (début du XIXe siècle) :

35 Suffixe issu du lat. -icus « relatif à, qui est propre à », formateur de très nombreux adjectifs épicènes (pour la mémoire : qui
ont la même forme au masculin et au féminin), parfois employés substantivement et appartenant notamment au vocabulaire
scientifique et technique.
36 Emprunt ou calque du latin scientifique moderne.
37 Terme emprunté au grec (pour la forme), réinvesti du sens moderne en français par Geoffroy Saint-Hilaire (1830).
38 Voir : https://bigorre-orthopedie.fr/les-differences-entre-un-orthopediste-orthesiste-et-un-pedicure-podologue/
(02.04.2019).

8
composition savante opérée en allemand, et non en français ; pourtant, sous l’entrée du formant -logie
(dans le même dictionnaire), le terme de biologie ouvre la liste des composés créations françaises « qui
désignent une étude plus ou moins scientifique de ce que désigne le premier élément », composés où le
premier élément est, lui aussi, d’origine grecque : biologie serait donc, au sens de cet article-ci, un
composé savant français, à l’instar de carcinologie, cardiologie, conchyliologie, cytologie, déontologie,
dermatologie, écologie, entomologie, eschatologie, graphologie, hydrologie, idéologie, lexicologie,
météorologie, métrologie, morphologie, ornithologie, phonologie, psychologie, sémiologie, spéléologie,
stomatologie, terminologie et non un emprunt, à la différence de termes comme archéologie,
chronologie, étiologie, généalogie, mythologie, théologie. Ainsi qu’une étude transversale des termes
listés le prouve, sous l’entrée du formant seuls sont envisagés, dans le TLFi, en tant qu’emprunts, les
emprunts au grec (éventuellement par intermédiaire latin), tandis que dans les entrées respectives de
chaque nom sont prises en compte des données étymologiques plus nuancées (emprunts à des langues
modernes compris).
Maintenant : dans le champ <origine> de l’article terminologique, mieux vaut simplement indiquer la
structure du composé savant (et l’origine des racines – éléments de composition) si l’on n’est pas sûr de
son origine (emprunt à une langue morte ou à une langue moderne – qui aura, elle, ou bien emprunté
ou bien construit le terme, par composition de racines empruntées à une langue morte).

Pour mieux se retrouver dans les compositions savantes (dans une perspective sémasiologique), on peut toujours
réaliser des rapprochements avec des mots français ‘pleins’ (morphèmes autonomes), qui sont d’un usage bien
plus fréquent. C’est le parti pris par la plupart des grammaires pédagogiques du français. Parmi ces formants, il
y en a de plus transparent de par leur forme même (aqua/ eau, arbori/ arbre, homi-/homme, fratri-/ frère, matri-
/ mère, parri-/ père, régi-/ roi, somni-/ sommeil, lacti-/ lait, pède/ pied, digiti-/doigt, fébri-/ fièvre), d’autres,
connus par association avec des termes français dont ils sont les étymons ou avec des mots roumains de forme
plus proche du latin que les termes français (-cide/ ‘qui tue’ – voir ucide (ro) ; sylvi-/ forêt – voir sylvestre,
sylviculture ; puéri-/ enfant – voir puérile « enfantin » ; -vore/ ‘qui mange’ – voir dévorer), agri-/ ‘champ’ – voir
agriculture, horti-/ ‘jardin’ – voir horticulture, viti-/ vigne – voir viticulture, viticole ; -fuge/ ‘qui fait fuir’, voir
verbe roumain a fugi ; carni- / chair, viande – voir roumain carne) ; d’autres enfin qu’il faut vraiment apprendre
ab novo (enfin, selon l’étendue des connaissances encyclopédiques de chacun, la liste sera plus ou moins
étendue) : duc/ conduite (aqueduc), fère/ qui porte, contient (voir [gisement] aurifère), igni-/ feu, avi-/ oiseau,
api-/ abeille…
Pour les racines grecques, il s’agira dans la plupart des cas d’associations avec des termes déjà connus : on
dérivera ainsi le sens de mono- dans le terme de botanique (a priori assez mystérieux) monodicotylédone, à
partir des termes connus car courants monologue, monographie : ‘un seul cotylédone’ donc (encore faut-il
apprendre ce que c’est qu’un cotylédone39).

c. locutions : hors-la-loi40, tire-au-flanc41, prêt-à-porter42

La distinction locution/ terme complexe n’est pas tranchée et reste largement informelle, dans le texte de la
norme ISO 704 : 2000, 2009.
En lexicologie et en morphologie dérivationnelle, on distingue communément mot composé (dans le
métalangage de certains auteurs43 : lexie formée par composition) et locution en termes des rapports
entre structure syntaxique et fonction syntaxique et de signification plus ou moins compositionnelle, ainsi qu’en
termes de la distinction lexical/grammatical (les unités polylexicales qui comportent aussi des éléments
d’actualisation (articles, prépositions)/ flexion sont des locutions analysables en syntaxe).

a) la structure syntaxique interne des locutions est visible (= traitée) en syntaxe, celle des mots composés
ne l’est pas : une locution doit être un syntagme (un groupe de mots) de même catégorie que la fonction
qu’il remplit dans la phrase ; jeter l’éponge est bien un SV et joue le rôle d’un verbe (on peut d’ailleurs lui
substituer le verbe renoncer), pomme de terre a toutes les caractéristiques d’un SN et joue le rôle d’un N
(à remplacer éventuellement par le nom patate) – ce sont donc des locutions respectivement verbale et
nominale. En revanche lave-vaisselle, qui a la structure interne d’un SV (sur le patron de (qui) lave (la)
vaisselle, pronom relatif et article défini en moins) fonctionne dans la phrase comme un nom substantif –
ce sera donc un nom composé ; saupoudrer (en terminologie culinaire), construit de sau (forme atone de
sel) + poudrer, comporte dans sa structure interne un verbe (poudrer) et fonctionne dans la phrase
comme un verbe, à l’instar de jeter l’éponge (analysé comme locution), mais n’a pas la structure typique
d’un SV français à argument instrumental ; sa structure de signifiant <instrument+action> (sel (sau-
)+poudrer) n’est jamais attestée en combinatoire libre ; qui pis est, le complément instrumental antéposé
au verbe y est dépourvu de toute marque référentielle (article, cas oblique) : on va donc y voir un verbe

39Pour ne pas vous laisser sur votre faim : c’est la feuille primordiale d’une plante à fleurs, présente déjà en germe,
constitutive de la graine.
40 Noter que le correspondant roumain de cette locution est un terme complexe associé par accolement : fǎrǎdelege.
41 Soldat qui tire au flanc, cherche à échapper aux corvées. Par ext. Personne paresseuse.
42 Exemples empruntés à la norme ISO 704 (ISO 704 : 2000 (F): 33). Mention n’y est faite que de locutions nominales (la
plupart des termes étant, dans la tradition wüsteriennne de la terminologie conceptuelle, des noms).
43 Polguère 2008.

9
composé44 (à structure interne non traitée en syntaxe) et non une locution ; bouleverser (d’usage
fréquent en contextes économico-financiers : réforme qui bouleverse les marchés), composé tautologique
formé de bouler45+ verser, n’a pas la structure interne d’un syntagme verbal du tout (verbe-argument),
mais plutôt celle d’une juxtaposition de verbes (sorte de verbe multiple) ; ce sera donc un verbe composé
(structure interne invisible en syntaxe), et non une locution verbale (syntaxiquement analysable) ; même
cas de figure pour les adjectifs du type de aigre-doux, politico-commercial, économico-financier ou franco-
roumain (adjectifs composés). Si de fait leur structure interne est invisible en syntaxe (comme nous
venons de le dire), les termes composés seront introduits dans la phrase comme des têtes N, V ou A
(selon le cas).

b) le sens des locutions n’est pas compositionnel, celui des mots composés si.
Jeter l’éponge a pour signification lexicale (concept associé) « abandonner » (en parlant d’un boxeur –
aucun objet n’est jeté), passer l'éponge sur (qqc. de blâmable) a pour signification lexicale
« pardonner (cette chose) » : à nouveau, pas question d’une éponge ni d’effacement au sens littéral, le
groupe verbal (complément de la préposition sur compris) se laissant paraphraser par la séquence en
combinatoire libre n'en plus parler. Par contre, le concept que désigne saupoudrer, en terminologie
gastronomique/ culinaire, reste en rapport assez direct avec sa signification compositionnelle (‘poudrer de
sel’) : « poudrer de sel pour assaisonner » (c’est là le sens premier recensé par les dictionnaires de langue
générale, à marque de statut « vx »). Exemples : saupoudrer et dresser les mets, saupoudrer de la
viande… En français contemporain (et toujours dans le domaine gastronomique/ culinaire), le verbe a subi
une extension de sens et de structure d’arguments sélectionnés (du transitif direct au di-transitif à
complément d’objet direct et complément prépositionnel instrumental – saupoudrer qqch, de qqch) :
« répandre sur un mets une matière pulvérulente ou émiettée pour l’assaisonner ou le préparer » ;
l’élément sau- est décidément opaque, désormais, la preuve, on peut dire sans tautologie saupoudrer un
mets de sel, et sans inconsistance aucune saupoudrer un mets de chapelure, de farine ; saupoudrer un
beignet avec du sucre ; voire, en sortant de la terminologie gastronomique/ culinaire : se saupoudrer les
mains de talc46. N’empêche que même ce second sens du mot (à analyser en terminologie conceptuelle
comme un autre terme, selon le principe de monosémie, et en application du mécanisme du dégroupement
homonymique) reste en rapport de transparence relative avec la signification compositionnelle : les
substances dont on saupoudre des mets sont semblables au sel, par leur consistance et/ou leur fonction.
Bouleverser (ses papiers, ses dossiers, une armoire, sa piaule47) désigne un procès concret qui revient à
la fois à bouler (« renverser, faire rouler à terre ») et à verser (« renverser, faire basculer sur un côté [un
véhicule] ») : « retourner, mettre sens dessus-dessous » ; le terme attesté en français de spécialité
(psychologie sociale, domaine socio-économique) en procède, par extensions de sens successives, à force
de s’appliquer, métaphoriquement, à des objets abstraits de plus en plus englobants : bouleverser les
idées, les projets de qqn, son existence même ; bouleverser le cœur, l'âme, la vie de qqn ; bouleverser
un pays, la république, le monde, l'univers. Encore pire : bouleverser les marchés…
Une pomme de terre (locution à structure interne de SN traitée/ visible en syntaxe) n’est pas une pomme,
ni d’ailleurs un fruit, mais un légume ! Un lave-vaisselle par contre, c’est bien un appareil électro-ménager
qui sert à laver de la vaisselle.

c) En dépit de la solution de continuité manifeste entre leur structure interne (phrase à modalité en général
marquée – interrogative ou impérative plutôt que déclarative) et leur fonction dans la phrase (nom), les
phrases substantivées sont analysées comme des locutions parce qu’elles ne s’écartent pas des règles
de la combinatoire libre et qu’elles comportent des formants grammaticaux (actualisateurs du type des
articles ou des prépositions, mots grammaticaux tels les pronoms ou les adverbes déictiques) : (le) qu’en-
dira-t-on, (un) m’as-tu-vu, (une) Marie-couche-toi-là…).

En bref :

LOCUTION (MOT) COMPOSÉ


Syntaxiquement analysable Syntaxiquement inanalysable
Sémantiquement opaque Sémantiquement transparent

44 Un lexicologue entiché d’étymologies devrait sans doute vous aviser contre le risque de confondre, surtout en fait de verbes,
nouvelles formes (créations françaises) et termes hérités : maintenir n’est pas un verbe composé en français, mais un terme
français dont l’étymon latin aura lui, été composé (composition en latin manutenere,’ tenir avec la main’) ! On peut cela dit se
demander si, dans la langue interne du sujet parlant natif (non philologue) du XXI e siècle, ces distinctions étymologiques jouent
vraiment – ou si maintenir n’y est pas plutôt (ré)analysé comme main+tenir…
45 Bouler est dérivé par suffixation, du nom boule ; à l’origine intransitif (‘rouler comme une boule’) : voir un lapin bouler sur
place au coup de fusil (tomber en se ramassant sur soi-même comme une boule) ; susceptible d’emploi transitif, avec sujet
animal : bouler un lapin (le faire se ramasser sur lui-même en boule, quand il reçoit un coup mortel) ; ou humain (« faire rouler
à terre d’un mouvement précipité, culbuter, renverser ») : être roulé, foulé aux pieds, boulé par un troupeau ; c’est cette
acception qui est activée dans le composé tautologique bouleverser.
Vous rencontrez bouler intransitif également dans le terme technique roulé-boulé (n.m désignant un type de mouvement : culbute
par laquelle on tombe en se roulant en boule pour amortir le choc ; __ d’un parachutiste). Pour en savoir plus sur ce verbe, voir
TLFi.
46 Ce verbe composé connaît aussi un emploi figuré, en français économique, dépourvu de détermination instrumentale, en
syntaxe, donc procédant d’une ré-analyse distincte du signifié compositionnel (Les pouvoirs publics saupoudrent les crédits :
attribuent des crédits minimes à de nombreux bénéficiaires).
47 Chambre d’étudiant en résidence universitaire.

10
(sens non compositionnel) (sens compositionnel)
+mots grammaticaux, +marques d’actualisation -mots grammaticaux, -marques d’actualisation
(déterminants, pronoms, prépositions, adverbes, discursive
flexion)

🙪Documentation
Sur la solution48 de continuité entre structure interne et fonction, en tant que caractéristique définitoire des mots
composés (vs locutions), voir ce passage extrait d’un ouvrage de lexicologie française sur objectif pédagogique,
des plus connus :

« (…) JETER L’EPONGE est une locution verbale parce que sa structure interne est celle d’un syntagme
verbal type du français : verbe, qui admet toutes les formes verbales fléchies du français –je jette
l’éponge, tu jettes l’éponge, …), suivi d’un complément d’objet direct. (…) PORTEMANTEAU, qui a une
structure interne <verbe + complément> (sur le modèle de : Il porte un manteau), est une lexie
nominale et non verbale. Il n’y a donc aucune connexion entre la structure syntaxique interne que l’on
pourrait chercher à imposer à cette lexie (VP49) et son fonctionnement linguistique dans la phrase (N).
Nous sommes bien ici en présence d’un nom composé et non d’une locution » (Polguère 2008 : 80,
souligné dans le texte).

d. mots-valises (dans la plupart des cas, combinaison d’une troncation50 arrière ou : apocope
(pour le premier mot de la séquence) et d’une troncation avant ou : aphérèse (pour le
suivant) : bio(logie) 51 + (électro)nique52 = bionique, héli(coptère) +(aéro) port =
héliport53 ; pro(duit)+(lo)giciel = progiciel ; stag(nation)+(in)flation = stagflation ;
▪ deux troncations arrière : lieut(enant)-co(lonel) = lieutco54 ;
▪ troncation arrière seulement : cyber(nétique) + café = cybercafé55 ;
euro(pa) +racine grecque pant (« tout »), finale o pour rappeler espéranto
=europanto ;
▪ mix de troncations, sur des termes complexes comportant trois mots ou
plus (cas particulier : français scientifique, termes construits sur un terme
complexe anglais) : quas(i )56 +(stell)ar57 (object) 58 = quasar59 [ka’sar]

3.1.1.3. Formes abrégées


a. formes raccourcies60 : marché à règlement mensuel 🙪 règlement mensuel ; attention !
les hyperonymes ne sont pas des formes raccourcies ! Ils fonctionnent comme des anaphores
nominales dans le discours/ texte scientifique (reprises, renvois à un de leurs hyponymes,
pour éviter les répétitions fâcheuses : cette règle de style elle délite même sur le discours
spécialisé, réputé uniforme et répétitif). Marché n’est donc pas une forme raccourcie de
marché à règlement mensuel.
b. troncations [suppression de la partie initiale (aphérèse) ou finale (apocope) du mot] :
o autocar → car, omnibus→ bus ; [aphérèses]
o métropolitain → métro ; vélocipède → vélo, décaféiné → déca [apocopes]
c. abréviations [suppression de mots et/ou parties de mot(s), jusqu’à n’en garder que la
lettre initiale, ou le complexe de lettres correspondant au phonème initial. Point final requis

48 Cest-à-dire : absence de continuité, interruption de continuité.


49 Verbal phrase : syntagme verbal. Du fait de la lisibilité des notations, dans les textes de linguistique rédigés en français,
notamment pour ce qui est des textes d’allégeance théorique générativiste (grammaire générative chomskyenne), les auteurs
préfèrent s’en tenir aux siglaisons en usage en anglais (NP, VP, AP, PP, CP – pour les divers types de syntagmes, quitte à en
redoubler l’usage par des expansions françaises canoniques (syntagme nominal, verbal, adjectival, prépositionnel,
complément(is)eur)). Pour les notions techniques de sigle/ siglaison, et respectivement expansion, voir section 3.1.1.3. infra.
50 Voir ici même infra, Formes abrégées.
51 Troncation arrière = apocope.
52 Troncation avant = aphérèse.
53 Exemples empruntés à la norme ISO 704 : 2000 (F) : 33.
54 ISO 704 : 2000 (F) : 33.
55 ISO 704 : 2000 (F) : 33.
56 Troncation arrière = apocope.
57 Troncation arrière = apocope.
58 Troncation avant = aphérèse.
59 ISO 704 : 2000 (F) : 33.
60 Appelées formes réduites dans ISO 704 : 2009.

11
ssi la dernière lettre de l’abréviation n’est pas la dernière lettre du mot (éd./ éditeur// MAIS
éds (sans point final61) / éditeurs), excepté :

les abréviations des noms de pays (FR, RO, US, GB, CA, JP…), de monnaies (EUR,
RON, USD, GBP, CAD, JPY) ou de langues nationales (fr pour français, ro pour :
roumain…), régies par des normes ISO, qui s’écrivent sans point final bien que ce ne
soient pas de syncopes

Depuis 1989, la représentation des unités monétaires est régie par la norme 4217 de
l’Organisation internationale de normalisation (ISO). Dans cette codification, utilisée dans les
relations internationales, les monnaies sont représentées par trois lettres majuscules; les deux
premières correspondent au code du pays (norme ISO 3166) et la troisième est généralement la
lettre initiale de l’unité monétaire. Le code de la nouvelle monnaie européenne, l’euro, fait
cependant exception et s’écrit EUR.

Remarque : les unités de mesure du système international d’unités sont désignées par
des appellations (vs termes) et par des symboles (vs abréviations), qui ne varient pas
d’une langue à l’autre, ne prennent jamais la marque de pluriel ni le point final (ISO
704 :2009 fr, p. 42).

Exemples : écon. = économie ; de même : dr. = droit ; dr. civ. = droit civil, dr. fisc.
= droit fiscal, etc. Dans le métalangage opérationnel du lexicographe (cf. Le Nouveau
Petit Robert), ces abréviations sont souvent écrites en (petites) majuscules ( ECON.,
DR., DR.CIV., DR. FISC.), et signifient « terme de… » (« terme d’économie », « terme
de la langue du droit », etc.). Noter que les abréviations sont par hypothèse vouées
à l’écrit (impossibles à oraliser (=lire à haute voix) en tant que telles) ; et qu’elles sont
spécifiques à un domaine (sous-domaine) donné, comme il en va de tout terme
d’ailleurs : si, en lexicographie (et en usage métalinguistique), DR. = droit, en matière
de titres universitaires (et en usage linguistique), Dr. (majuscule initiale) = docteur
(abréviation faisant l’objet du traitement lexicographique, en tant qu’entrée du
dictionnaire de langue).

d. sigles [formes abrégées par l’initiale (lettre, phonème). Prononciation lettre par lettre
(épeler)] : R.M.= règlement mensuel, O.N.U.= Organisation des Nations Unies, p.o. = par
ordre, P.-D.G.= Président-Directeur Général ;
e. acronymes [formes abrégées créées en combinant les premières lettres/ syllabes ;
prononcées comme un mot] : OTAN = Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, CAC40
= Cotation assistée en continu (indice boursier : lire [kak-karãt]), smic = salaire minimum
interprofessionnel de croissance

Les formes entières correspondant à une forme abrégée, en particulier aux sigles et aux acronymes, seront
appelées expansions.

Les formes abrégées sont souvent d’un usage plus fréquent62 que les formes entières dont elles
procèdent objectivement parlant, en langue (langue externe), et parfois le sujet parlant en ignore ou
bien le signifié de langue exact (tout en connaissant le concept qu’elles désignent, et tout en étant
capable d’en identifier le référent – c’est en particulier le cas des siglaisons et acronymes provenant
d’une langue étrangère63), ou bien la signification dans son ensemble (concept & signifié de langue),
n’étant alors pas capable d’en identifier le référent. C’est donc à la fois dans une logique d’acquisition
et par ordre de saillance relative que l’on traite, dans la littérature, les formes complètes
correspondantes d’expansions d’une forme abrégée donnée. Si, la forme abrégée étant plus connue/
fréquente, elle constituera la vedette de l’article terminologique, l’expansion sera recensée en

61 On parle parfois de syncope vs apocope.


62 Le cas échéant, c’est la forme abrégée qui représentera la vedette de l’article terminologique, et la forme entière, un simple
synonyme terminologique (variante).
63 Le vocabulaire de l’informatique abonde en formes abrégées d’origine anglaise, à expansion requérant traduction en français :
ASCII (acronyme à oraliser : [askiː]) (American Standard Code for Information Interchange, « Code américain normalisé pour
l'échange d'information ») ; rappelons que le standard ASCII contient les caractères nécessaires pour écrire en anglais. Les
caractères accentués (il en va ainsi des caractères requis par l’orthographe française) seront fournis par d'autres normes, tel
l'Unicode – norme à l’intérieur de laquelle le standard ASCII est défini sous le nom de « C0 Controls and Basic Latin »(qui constitue
une variante, un synonyme terminologique de l’acronyme vedette) -cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/ASCII. Autres exemples :
DBA (data base administrator = administrateur de base de données).
Certaines formes abrégées d’origine anglaise ont des doublets français (formes à expansions françaises qui en sont aussi l’origine
dérivationnelle) : DPI (expansion Dots Per Inch)/ PPP (expansion point par puce) ; il s’agit d’une unité de précision communément
utilisée pour définir la résolution d’un scanner (syn. « finesse de numérisation »), d'une imprimante (syn. « précision de
l'impression ») ou d'une souris optique. Plus cette valeur est élevée, meilleure sera la qualité. S’agissant d’un moniteur
d’ordinateur ou d’un écran de télévision, le terme français de PPP aura une expansion distincte (pixels par pouce), contre, cette
fois-ci sigle anglais PPI (si emprunté en français, à oraliser [pE-pE-I]), contre expansion anglaise pixels per inch). Il en va de
même de AI (expansion anglaise Artificial Intelligence/ IA (expansion française Intelligence artificielle), qui coexistent en français
spécialisé.

12
synonyme. Dans le cas contraire il n’y a techniquement plus lieu de parler d’expansion (si c’est la
forme entière qui est plus fréquente et mieux connue, et que donc elle constitue la vedette de l’article,
la ou les formes abrégées correspondantes devant alors figurer comme synonymes).

3.1.2. Formes existantes

L’approche classique à ces procédés y voit du RECYCLAGE DE MATERIEL EXISTANT limité aux
formes de dictionnaire (ou : lemmes), la sortie de chaque procédé particulier étant un nouveau
terme ou un nouvel usage d’un terme déjà en place (dans la langue concernée), crucialement : une
forme attestée. Nous verrons ici que les linguistes étendent le concept de conversion notamment

LEMMES (formes de dictionnaire)🙪 de nouveaux termes (de nouveaux usages)

3.1.2.1. Conversion [changement de catégorie grammaticale] : entierAdj →entierN (maths).


Le contexte pertinent à l’émergence du nom, à partir de l’adjectif suggère que l’adjectif de relation en
arrive à assimiler le sens du nom qu’il détermine : un nombre entier🙪 un entier ; un entier est en effet
une espèce de nombre (antonyme : une fraction), tout comme le blanc est une espèce de couleur.
Mais on ne peut pas supposer que le nom blanc soit une forme raccourcie de couleur blanche ou de
peinture blanche, dans ses emplois du type de peindre sa maison en blanc, en raison du genre
différent de l’hyperonyme élidé ; tandis que la même analyse reste disponible pour entierN = nombreN
entierA.

En morphologie dérivationnelle française la conversion a été également envisagée comme dérivation


impropre (à affixe zéro).

À première vue, parler de conversion, ce serait emprunter le chemin de la syntaxe et


de la sémantique (y compris, voire surtout, grammaticale : nouveaux usages d’un
même mot), parler de dérivation impropre, celui de la morphologie dérivationnelle
(création d’un autre mot).
Mais, si
(i) la dérivation impropre est définie comme changement de classe
grammaticale du même mot (entendu comme « transféré » d’une classe
grammaticale, à l’autre sans changer d’identité lexicale, ce qui pose l’identité
catégorielle syntaxique comme extérieure à la substance lexicale du mot, le
résultat de l’opération étant entendu comme création d’un nouvel usage,
d’une autre classe d’emploi, et non comme création d’un mot nouveau),

et

(ii) la conversion, comme changement de catégorie grammaticale qui entraîne


la création d’un mot nouveau, à sens lexical minimalement distinct (telle
l’approche du phénomène en morphologie constructionnelle – Kerleroux
1999),

alors la dynamique métathéorique change du tout au tout, et conversion sera un méta-


terme orienté vers la morphologie dérivationnelle, tandis que dérivation impropre sera
orienté vers l’approche syntaxique.

La présence d’un changement de sens lexical difficile à mettre au compte du changement de catégorie
grammaticale seulement (un blanc comme espace typographique vide entre deux lignes, le manger
comme plat ou comme repas), est un argument en faveur de l’approche morphologie dérivationnelle
(mot nouveau), l’absence de tels changements sémantiques (le sourire comme nom d’action, le blanc
comme nom de couleur), un argument en faveur de l’approche syntaxique (et de sémantique
grammaticale).

La conversion est un procédé de création néologique très productif en français contemporain. Selon
le degré d’intégration du nouveau terme à la classe d’arrivée (a-t-il toutes les caractéristiques
sémantiques et surtout fonctionnelles et distributionnelles des mots de la classe en question ?), on
distingue parfois distorsion catégorielle (intégration faible, exemples analysés en termes de
changement de classe d’emploi vs autre classe de mots) et transcatégorisation (vrai changement
de classe de mots).

Le degré d’intégration du terme, à la classe d’arrivée varie grandement, depuis les termes analysés
dans la littérature comme à peine intégrés tel le social (nom générique de domaine ou nom de doctrine
politique privilégiant ce domaine, antonyme alors de : libéralisme), caractérisé (Lecolle 2012 : §1.3)
par l’impossibilité de combinaison avec des déterminants indéfinis et avec le pluriel : *un social ;
*des/*les sociaux), absence de complémentation (non illustrée d’exemple dans la référence citée,

13
pour nom particulier64) et jusqu’aux termes parfaitement intégrés, tels les noms de personnes à bases
adjectivales (les Blancs, les militaires, les velléitaires), ou les noms d’actions à bases verbales
(lemmatiques : le sourire, un certain sourire, de beaux sourires, le sourire de Tatiana).

Or tout cela est très évolutif, et très systématique (une propriété en entraîne une autre) : dès que le
nom acquiert des compléments adnominaux et, partant, des hyponymes (social de compensation vs
social de compétition), l’article indéfini ne lui sera plus interdit d’accès (contra Lecolle 2012) :

(…) comment on passe d’un social de compensation conçu dans la perspective d’une
pacification de la société, d’une réduction de ses conflits internes, à un social de
compétition destiné à permettre la mobilisation de la société par rapport à des enjeux
économiques définis au plan externe.65

3.1.2.2. Terminologisation [transformation d’un mot de langue commune (générale) en terme


désignant un concept dans un domaine spécialisé (terme d’une langue spécialisée)] :

- circuit « chemin parcouru pour atteindre un lieu » (langue générale)🙪 ensemble de


dispositifs ou de milieux dans lesquels des courants électriques peuvent circuler »
(électrotechnique) ; même exemple dans ISO 704 :2000, 2009 en !!!

Ce qui nous met la puce à l’oreille : s’agit-il d’une terminologisation ayant eu lieu sur le terrain du français, ou
sur celui de l’anglais ? L’histoire du domaine (électricité) au XVIIIe siècle est très mouvementée et en tout cas
implique des acteurs tant anglais que continentaux (en particulier, des acteurs français). L’abbé Nollet (Jean
Antoine Nollet), physicien renommé à l’époque, a rédigé, en 1746 un Essai sur l’électricité des corps, après avoir
traduit du latin en français une lettre de Musschenbroek qui rend compte des expériences de celui-ci sur la
conduction de l’électricité statique à travers le corps humain, traduction qu’il fit paraître dans les mémoires de
l’Académie des sciences, en 1746 : dans ce texte, il y a une mention explicite de courant, mais aucune de circuit :
on y parle certes de « transmission de matière électrique », de l’eau comme « véhicule de l’électricité », de
« communiquer de l’électricité », de « transporter l’électricité d’un endroit à l’autre » que ce soit par une chaîne
humaine (200 personnes se tenant par la main), ou à l’aide d’un « fil de fer » traversant un pré à herbe mouillée,
de « comment se fait la propagation de l’électricité dans les corps à qui on la communique », mais il n’y a pas
une seule occurrence du terme circuit lui-même.
Si nous regardons maintenant du côté des documents en anglais, les écrits (lettres notamment) de Benjamin
Franklin semblent une référence obligée, en fait d’électricité.
Les dictionnaires anglais allèguent de 1746 comme date d’attestation du terme de circuit dans le sens pertinent
relatif à l’électricité (https://www.etymonline.com/word/circuit). Notons toutefois que (i) la première édition de
l’ouvrage de BF sur l’électricité est de 5 années postérieure à l’essai de l’abbé Nollet ci-avant mentionné (avril
1751).

Même question pour courant (fr)/ current (en), en contexte d’électricité.


Le terme français de courant (électrique) vient du nom masculin (mot de langue commune) courant (d’air,
maritime, d’eau), lui-même créé par conversion (nominalisation) du participe présent du verbe courir, en français,
au début du XIIIe siècle déjà (TLFi) ; le nom anglais current en procède (emprunté au français un siècle plus tard
– au XIVe siècle66 ; dans une veine patriotique, le Merriam-Webster parle d’emprunt à « l’anglo-français », mais
les faits sont là – pour une fois, à première vue du moins, c’est le français qui fournit le terme).

Seulement, voilà, le tour n’est pas joué : si le mot anglais de langue commune current vient sans conteste du
français, ce n’est pas sûr qu’il en aille de même pour le terme d’électricité correspondant (forme raccourcie de
courant électrique, selon le TLFi67). Or, que courant (terme français d’électricité) soit une terminologisation de
courant (mouvement d’un fluide – air ou eau) ou une forme raccourcie de courant électrique, la question
pertinente est de savoir si electric current a ou non été forgé (en anglais) avant courant électrique (ou avant
usage de courant en contexte d’électricité), sur le terrain du français.
Les lexicographes anglophones sont manifestement très soucieux de s’attribuer en toute occasion la paternité
des termes, tandis que les lexicographes français citent souvent des documents secondaires (d’autres
dictionnaires ou glossaires), au risque de passer sur de possibles attestations plus précoces en documents
primaires (monographies, manuels, articles scientifiques ou de presse, lettres…). Aussi va-t-on retrouver, pour
current (electric current), la datation 1747, mais pour courant (emploi dans le domaine de l’électricité), 1865.
Question légitime : vérifier quelles sont les dates et quels sont les documents des premières attestations en
français et en anglais. Nous commencerons par l’année 1747 indiquée, pour electric current, en lexicographie
anglaise. Il s’agit d’une lettre de BJ à Peter Collinson, rédigée en anglais et datée 1747, où il est effectivement

64 Mais il est aisé de voir qu’en tant que nom domaine , le social semble être rébarbatif à complémentation : *le social de cette
OK
initiative/ le caractère social de cette initiative. Est-ce vraiment le nom de domaine ou un nom de propriété fondé sur celui-
ci ?
65 Donzelot, Jacques (2008) – « Le social de compétition », L’Esprit, novembre 2008, https://esprit.presse.fr/article/jacques-
donzelot/le-social-de-competition-14659 (10 .03.2018).
66 https://www.etymonline.com/word/current (02.04.2019).
67 Le dictionnaire de langue générale n’utilise pas le méta-terme forme raccourcie, mais envisage courant comme un cas
d’« emploi absolu » de courant électrique.

14
parlé d’expériences dans le domaine de l’électricité. Un seul problème : le terme de current n’y est pas attesté !
BF y parle seulement de : electrical fire… le terme de circuit non plus, d’ailleurs.

Tout cela semble indiquer que circuit et courant sont des cas de terminologisation ayant eu lieu, au XVIIIe siècle,
sur le terrain du français.

3.1.2.3. Glissement sémantique dans une langue de spécialité [par extension logique, à l’intérieur
du même domaine de spécialité] : (exemple donné dans ISO 704 :2009, p. 54) écran « partie du
moniteur de l’ordinateur sur laquelle sont affichées les informations » (concret) → « ensemble des
informations affichées sur cet écran » (abstrait). Puisque la même évolution sémantique est attestée en
anglais de l’informatique (selon le Merriam-Webster Dictionary68), il semble bien que nous soyons là
encore devant une forme d’emprunt à une autre langue (calque sémantique, voir infra §3.1.3.3).

3.1.2.4. Emprunt à une autre discipline [= emprunt interne69 ; un terme d’un domaine est attribué
à un concept nouveau dans un autre domaine ; souvent par analogie] : (exemple donné dans ISO
704 :2009, p. 55) virus (médecine : « agent infectieux responsable de maladies » →informatique :
« agent infectieux qui provoque des troubles de fonctionnement des ordinateurs »). Mais cette évolution
sémantique a eu lieu d’abord en anglais (computer virus : les premiers virus informatiques remontent
dans la culture anglo-américaine, aux années ’70, donc bien avant la première attestation de virus
(informatique) en français (selon le TLF : 1988)🙪 calque sémantique sur l’anglais !!!).

Nous proposerons comme exemple décidément français : pétrissage (gastronomie et/ou


industrie alimentaire : __ de la pâte) 🙪 technique de massage (thérapie)

3.1.3. Emprunt à une autre langue

3.1.3. 1. Emprunt direct [signifié+signifiant ± modifications d’orthographe (kolkhoze, tchernoziom


< russe70), de prononciation (kolkhoze, prononcé [kolkoz], en français, et [kolhoz], en russe) ou
d’accentuation (corrida<esp., accent final en français (sur da), accent sur ri, en espagnol)], de même
pour une fazenda (mot portugais du Brésil, désignant une grande exploitation agricole dans ce pays).
Il peut s’agir aussi de mots valises empruntés tels quels à une autre langue, comme il en va du terme
d’europass (défini comme « passeport européen de (…) compétences »), emprunt à l’anglais (et
prononciation à la française).

3.1.3.2. Calque [signifié seul : traduction des éléments morphologiques de termes étrangers,
moyennant des modifications systématiques relatives aux paramètres morphosyntaxiques des
langues en question] : (anglais) heavy water →eau lourde [postposition de l’adjectif descriptif],
(anglais) data base →base de données [préposition casuelle requise] ; l’emprunt europass coexiste,
en français, avec le calque de son expansion anglaise : passeport européen ; (anglais) skyscraper
gratte-ciel ; tous les calques en français spécialisé ne proviennent cela dit pas de l’anglais : en Commented [1]: Ciel+gratte(r)+suffixe agentif –er/
philosophie (Heidegger), on rencontre ainsi das Dasein (allemand) → l’être-là71 ; #gratteur-ciel
3.1.3.3. Calque sémantique : traduction littérale d’un mot en emploi figuré ( =reproduction, dans Gratte-ciel n’est pas un calque « pur »
une langue donnée, d’un mécanisme de dérivation sémantique existant dans une langue autre) : Le français ré-analyse le signifiant de skyscraper sur le
terminologisation de mouse en anglais (langue générale→ langue de l’informatique), à l’origine de la modèle lave-linge
terminologisation de souris en français.

Les procédés de formation de termes sont convoqués, en terminographie spécialisée, dans le champ
« Origine » de l’article terminologique. Ce champ comportera des indications concernant l’étymologie des
termes et leur structure interne [en particulier pour les termes dérivés et pour les termes complexes].

Pour les termes complexes (locutions comprises) en particulier, l’information grammaticale pour chacun des
constituants est requise, mais des indications étymologiques pour chacun des constituants, non. Selon le
principe de l’analyse en constituants immédiats, seuls sont indiqués les constituants immédiats du terme
complexe : indiquer l’origine de ces derniers devient en pratique superflu (l’origine du terme complexe est à
dissocier de l’origine de chacun de ses constituants).

Le principal intérêt tant pratique que théorique de ces données concernant les informations liées au terme
réside dans le fait qu’elles permettent de préciser les relations entre signifié de langue du terme et
(conjointement à la définition du concept, dans le champ de données relatives au concept) concept désigné.

68 “the surface on which the image appears in an electronic display (as in a television set, radar receiver, or computer terminal)
also : the information displayed on a computer screen at one time.” https://www.merriam-webster.com/dictionary/screen#learn-
more (02.04.2019)
69 Interne, car à l’intérieur d’une seule et même langue (du français, en français).
70 Translittération.
71 Ce calque français a toutes les caractéristiques formelles d’une locution nominale (proposition infinitive nominalisée).

15
16
3.2. Relations entre termes vs relations entre concepts:

relations lexico-sémantiques [=entre termes] relations conceptuelles [=entre concepts]

- à correspondant direct au niveau des - hiérarchiques:


relations entre concepts: -de subordination:

-hyponymie / hyperonymie; génériques (genre-


espèce),
-méronymie/ holonymie ; partitives (partie-tout);

-isonymie (co-hyponymie, co- -de coordination :


méronymie ; autres isonymes) lien horizontal entre des
-antonymie concepts subordonnés, au
même niveau
d'intégration à un concept
supra-ordonné, dans la
hiérarchie conceptuelle
donnée;

-relations lexico-sémantiques - non hiérarchiques (=associatives :


syntagmatiques (prédicat cause-effet, agent/instrument-action,
sémantique/ actants location-objet, etc.).
(=structuration lexicale-
conceptuelle = structure
argumentale), circonstants72)

- sans correspondant direct au niveau des


relations entre concepts73 :
-monosémie/ monomymie
-synonymie/ polynymie,
-polysémie/ homonymie74,
-paronymie

-relations morphologiques
(dérivationnelles) :
-dérivation syntaxique
(deux parties du discours,
même sens (=même
structuration lexicale-
conceptuelle) :
nominalisations de verbes
avec préservation de la
structure actantielle,
adjectivation de noms
(adjectifs de relation))

-dérivation lexicale (sens


différents)75

Hyponymie. – et le terme qui désigne le genre (le concept


Relation entre un terme qui désigne l’espèce (un supra-ordonné correspondant).
concept subordonné) – terme appelé hyponyme

72 « Relations actancielles et circonstancielles » in L’Homme 2004 : 105.


73 Relations entre termes définies en fonction de la relation terme-concept.
74 Depecker 2008 : 126-133.
75 L’Homme 2004 : 102-105.

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ordonné) – terme appelé hyperonyme – et le
Hyperonymie terme qui désigne les espèces subordonnées à
Relation entre le terme qui désigne le genre ce genre.
prochain (le concept immédiatement supra-

Hyperonyme Hyponyme(s)
vente vente au comptant, vente
à crédit, vente à
tempérament ; vente aux
enchères …
commission ducroire, remise, courtage
Usage métalinguistique des hyperonymes.
Hyperonyme immédiat/ (plus) éloigné/ pantonyme
Nous emploierons le terme de definiens au sens de « séquence textuelle qui définit » (segment post copulaire de l’énoncé
définitoire standard), et non comme « terme qui définit », pour cette dernière notion le français disposant déjà du terme de
définissant (dont le TLF indique également la variante définisseur). Les définissants sont des « mots qui permettent de
ranger le mot [désignant le concept à définir – n.n.] dans une certaine catégorie, à l'intérieur de laquelle il suffit de préciser
sa particularité » [c’est-à-dire les caractères essentiels distinctifs du concept à définir – n.n.] (GOUG. 1961, p. 7, apud TLFi,
entrée définir).
Le définissant de Gougenheim est donc, dans les définitions par compréhension reposant sur des relations génériques,
typiquement l’hyperonyme immédiat (désignation du genre prochain du concept à définir) ; dans les définitions par
compréhension partitives, ce sera le descripteur partitif (partie de, élément de, phase de etc.) ; dans les définitions
associatives, il correspondra ou bien au descripteur de la relation (cause de, agent de, instrument de, etc.), ou bien, pour les
définitions associatives à relation sous-déterminée (relatif à, lié à, en rapport avec), un hyperonyme (le plus souvent)
éloigné, voire un pantonyme (objet, entité, …). On peut ainsi définir le tabernacle, en architecture religieuse, comme un
<meuble [hyperonyme immédiat] distinct de l’autel, incorporé au retable situé dans le chœur> [définition générique], mais
en théologie catholique, comme <lieu [hyperonyme éloigné] de la Présence eucharistique> (définition associative – cf.
http://www.liturgiecatholique.fr/Le-tabernacle.html).
La notion d’<objet lié au culte> est désignée par un terme complexe (objet de culte) structuré en référence au pantonyme
objet, et au terme associé culte, la relation sous-déterminée entre genre (très haut dans la hiérarchie désigné par le
pantonyme) et concept associé au concept à définir étant lexicalisée par la préposition passe-partout de. Ce terme complexe
reflète de manière très transparente la définition associative du concept.

Méronymie Holonymie
Relation entre un terme qui désigne une partie Relation entre un terme qui désigne le tout
(terme appelé méronyme) et le terme qui (terme appelé holonyme) et les termes qui
désigne le tout. désignent les parties de ce tout.

Holonyme Méronyme(s)
Navire bastingage, pont, cale, …

Antonymie
Relation entre termes désignant des concepts coordonnés incompatibles, contradictoires ou bien
contraires76.
- concepts coordonnés incompatibles : qui ne peuvent être actuels (activés) à la fois (« ou bien a
ou bien b »), mais peuvent être inactuels à la fois, le réseau conceptuel concerné comportant des
concepts coordonnés qui ne sont « ni a ni b »77 : BERLINE/ FAMILIALE/ CABRIOLET/ LIMOUSINE (<
VOITURE) ; une voiture est ou bien une berline, ou bien un cabriolet, ou bien une familiale, ou bien
une limousine, aussi, dire d’une voiture que c’est une berline, c’est du coup s’engager à dire que ce
n’est (par exemple) pas une limousine ; les termes de berline et de limousine sont antonymes en
vertu de la relation d’incompatibilité entre concepts de BERLINE et respectivement de LIMOUSINE ;
corrélativement, il existe des voitures qui ne sont ni des limousines, ni des berlines : les familiales
et les cabriolets. Les antonymes incompatibles sont certes les plus nombreux, puisque
l’incompatibilité est la relation conceptuelle sous-tendant les co-hyponymes de tout réseau
terminologique à plus de deux co-hyponymes;

76 Cf. Măgureanu, Anca (2008) – La sémantique lexicale, Bucureşti : Editura Universităţii din Bucureşti, 118-121.
77 Le lecteur averti y reconnaîtra la relation de contrariété logique en logique des propositions (p et q jamais vrais à la fois,
mais pouvant être faux à la fois).

18
- concepts coordonnés contradictoires : qui ne peuvent être actuels (activés) à la fois (« ou bien
a ou bien b »), sans pouvoir être inactuels à la fois78, le réseau dont ils procèdent ne comportant
pas d’autres concepts subordonnés au même concept supra-ordonné.

L’antonymie contradictoire est par hypothèse binaire et réversible : ‘c’est un a, donc ce


n’est pas un b’ et ‘ce n’est pas un a, donc c’est un b’ ; acquitter et condamner sont des
termes (juridiques) désignant des concepts contradictoires : « si le jury acquitte l’accusé, alors
il ne le condamne pas »/ « si le jury n’acquitte pas l’accusé, alors il le condamne » ; dans la
grammaire d’une langue qui ne grammaticalise pas le DUAL, le SINGULIER et le PLURIEL sont
des concepts contradictoires (les termes désignant ces concepts seront donc des antonymes
contradictoires, dans le métalangage concerné : singulier≠ pluriel) ; ce type d’oppositions,
entre concepts à définitions intensionnelles positives, sont appelées, dans la littérature
linguistique (et logico-philosophique) équipollentes ; les propriétés à définitions
intensionnelles ‘par la négative’ sont par hypothèse contradictoires des propriétés dont
elles conceptualisent l’absence (oppositions dites de ce fait privatives) ; ces
conceptualisations sont sujettes à divergences interculturelles (interlinguales) : comparer le
BONHEUR NON-BONHEUR du roumain (fericire ≠ nefericire : opposition privative) au
BONHEUR/ MALHEUR du français (couple notionnel construit sur l’opposition équipollente BON/
MAUVAIS (bon/mal(e) adj. – cf. locutions anciennes : à la male heure « à l’heure de la mort »,
mourir de male mort (« de mort violente)), la male fortune, ainsi que les expressions modernes
bon gré, mal gré, ou bon an, mal an. Emploi en attribut courant : c’est mal de dire, de faire
cela ; faire, dire quelque chose de mal) ;

- concepts coordonnés contraires : qui peuvent être activés à la fois (OK« et a et b »), sans pour
autant pouvoir être inactivés à la fois (*« ni a ni b »)79 ; le réseau conceptuel dont ils procèdent
comporte un ‘moyen terme’ (concept intermédiaire fonctionnant comme point de repère), sans pour
autant perdre son caractère binaire ; il s’agit cependant d’une opposition binaire non réversible (du
fait que ‘c’est un a’ on ne peut inférer à ce que ‘ce ne soit pas un b’ : il peut toujours s’agir du
terme intermédiaire, soit : « a&b »). Les propriétés graduées illustrent typiquement ce cas de
figure : BRÛLANT/ GLACIAL, CHAUD/ FROID, TIÈDE/ FRAIS – articulées symétriquement autour
d’un point thermique neutre, non lexicalisé (en français, ni en roumain d’ailleurs) « à la fois chaud
et froid » :

<BRÛLANT__ CHAUD__ TIÈDE__ « à la fois chaud et froid »___ FRAIS__ FROID__ GLACIAL>.

3.3. Les termes dans le texte spécialisé


3.3.1. Les corpus spécialisés (typologie)

Un corpus est un choix de textes.

Un corpus comparable représente un choix des textes rédigés dans une ou plusieurs langues, qui traitent
du même sujet (cohérence thématique), ont plus ou moins la même taille, s’adressent au même type de public,
et donc ont le même degré de spécialisation. De ce fait, les textes d’un corpus comparable témoigneront d’une
certaine redondance terminologique. Plus le taux de redondance terminologique est important, mieux ça
vaut du point de vue du langagier qui exploitera ledit corpus (par exemple, à des fins d’études terminologiques
et/ou phraséologiques, que ce soit dans une logique de traduction (si corpus comparable en langue-cible) ou
pour compiler un glossaire bi- ou multilingue (si corpus bi- ou multilingue)). Alternativement, un tel corpus se
laisse exploiter aussi comme ressource documentaire (dans une logique d’analyse conceptuelle visant à la
compréhension du texte-source, ou simplement visant à une familiarisation avec un certain domaine de
référence, avec un certain sujet).

De manière générale, les corpus comparables bi- ou multilingues peuvent être exploités comme
ressources documentaires (analyse conceptuelle) et/ou terminologique (analyse terminologique),
dans l’établissement des équivalences interlinguales.

Le corpus parallèle, par contre, sera constitué d’un (ou de plusieurs) texte(s)-source(s) et de sa (ses)
ou leur(s) traduction(s) en langue-cible. Un corpus parallèle constitué d’un seul texte source et d’un seul texte
cible s’appelle bitexte. Si les relations d’équivalence interlinguale sont mises en vedette pour des unités
inférieures aux textes entiers (en général, phrase par phrase), on dit que le bitexte est aligné.

Les corpus, tant comparables que parallèles, peuvent en outre être étiquetés voire lemmatisés. Ce type
d’intervention dans le corpus (souvent elle-même automatisée), rend celui-ci plus apte à des traitements
automatiques notamment statistiques ultérieurs.

78 Le lecteur averti y reconnaîtra sans difficulté la relation de contradiction logique de la logique des propositions (p et q ni
vrai ni faux à la fois).
79 Le lecteur averti y reconnaîtra la relation ‘subcontraire’ de la logique des propositions (p et q jamais faux à la fois, mais
pouvant être vrais à la fois).

19
Un corpus étiqueté est un corpus dans lequel on associe à des segments de texte (le plus souvent, à des
mots) d’autres informations, que ce soit de nature morphologique et/ ou syntaxique ou de nature sémantique,
de nature prosodique ou phonologique (par exemple transcription phonétique), voire de nature critique,
historique etc. Le plus souvent il s’agit d’étiquetage morphosyntaxique, à degrés de précision (degrés de
finesse) divers :
IlPRON arrivaV leART.DEF. lendemainADV dePREP notreADJ.POSS. dernièreADJ réunionN
IlPRON. PERS. arrivaV.INTR. leART.DEF. lendemainADV dePREP notreADJ.POSS. dernièreADJ réunionN
IlPRON. PERS. masc. 3sg arrivaV.INTR indicatif, passé simple, 3sg leART.DEF.masc.sg. lendemainADV dePREP notreADJ.POSS., 1pl,/sg. dernièreADJ,
fém.sg. réunionN. fém., sg.

Un corpus lemmatisé est un corpus dont les mots (le plus souvent, mais il peut s’agir, de façon marginale,
aussi de locutions ou expressions figées) sont redoublés de leur lemme.
Un lemme est la forme de référence d’un mot (la forme du mot sans les marques de flexion qui
l’actualisent dans le discours, appelée aussi : forme canonique) : l’infinitif d’un verbe, la forme de
singulier d’un nom (sauf en cas de pluriel contraint : espèces émoluments (en français économique)),
le masculin singulier d’un adjectif, …
Les entrées de dictionnaires, ainsi que les vedettes des glossaires terminologiques sont en général
des lemmes.
Dans un corpus lemmatisé, chaque mot sera redoublé de son lemme :
IlIL arrivaARRIVER leLE lendemainLENDEMAIN deDE notreSON dernièreDERNIER réunionRÉUNION

Dans vos mémoires de traductologie/ terminologie (selon le cas), vous allez opérationnaliser en particulier les
notions suivantes :

20
monolingue
analyse conceptuelle (documentation),
analyse terminologique
(dans la langue respective)

Corpus comparable bilingue établissement d’équivalences


interlinguales, validation de
(traductions exclues) multilingue concordances proposées)

bilingue cas particulier : bitexte


Corpus parallèle
multilingue
(texte(s)-source(s) + texte(s)-cible(s) (= traduction(s) d’un texte source donné))

Principale référence conseillée :

L’Homme, Marie-Claude (2004) – La terminologie : principes et techniques, Montréal : les Presses


Université de Montréal, chap .4.

Références en ligne commentées :

http://www.ling.uqam.ca/sato/glossaire/glos_l.htm
Il s’agit d’un glossaire thématique en français, le glossaire ATO (analyse de texte par ordinateur), qui
porte sur les termes couramment utilisés dans les applications et les recherches en analyse de texte
par ordinateur au Service ATO d’une université canadienne (Sherbrooke), dont le but est de proposer
des définitions „dépouillées du jargon des experts” (experts en ATO et/ ou en TAL (traitement
automatique du langage naturel) ou linguistes tout court), de sorte à „permettre l'accesibilité au
contenu des notions à un public plus large”.

http://yousfi24.chez.com/Etiquetage/etiquetage.htm
Il s’agit d’une étude en ligne portant sur la compilation de corpus étiquetés arabes.
Voir extraits ci-contre pour détails:

« Un corpus étiqueté est un corpus dans lequel on associe à des segments de textes (le plus souvent
des mots) d'autres informations de quelque nature qu'elle soit, morphologique, syntaxique, sémantique,
prosodique, critique, etc.
Dans la communauté du traitement automatique des langues naturelles en particulier, quand on parle
de corpus étiqueté on fait référence le plus souvent à un document où chaque mot possède une seule
étiquette.
L'étiquetage morpho-syntaxique automatique est un processus qui s'effectue généralement en trois:
- La segmentation du texte en unités lexicales.
- L'étiquetage a priori consiste à attribuer, pour chacune des unités lexicales identifiées, l'ensemble
des étiquettes morpho-syntaxiques possibles. Cette opération qui est produite par un programme
qu'on appelle un étiqueteur (tagger) peut se faire soit par consultation d'un lexique où chaque forme
est suivie d'une liste de catégories, soit par analyse morphologique ou encore par combinaison des
deux.
- La désambiguïsation permet d'attribuer, pour chacune des unités lexicales et en fonction de son
contexte, l'étiquette morpho-syntaxique pertinente. Il existe deux approches principales pour réaliser
cette tâche: les méthodes à base de règles et les méthodes probabilistes. Pour ces deux approches
les résultats publiés sont couramment de l'ordre de 95%. Rappelons toutefois que la taille du jeu
d'étiquettes et la taille du corpus d'apprentissage sont autant de facteurs importants pour une bonne
performance du système d'étiquetage.

● Méthodes à base de règles (régles lexicales règles contextuelles: l’étiqueteur d’Eric Brill)
● Méthodes probabilistes (le choix de l'étiquette la plus probable en un point donné se fait au
regard de l'historique des dernières étiquettes qui viennent d'être attribuées. En général, cet
historique se limite à une ou deux étiquettes qui précédent. Cette méthode suppose qu'on
dispose d'un corpus d'apprentissage d'une taille suffisante pour permettre une estimation
fiable des probabilités. L’approche probabiliste suppose par ailleurs que le corpus
d’apprentissage ne présente pas des fonctionnements langagiers trop différents du corpus à
étiqueter) »

Réf. indiquée en bibliographie de l’article en ligne ci-avant commenté:

El Jihad A., Yousfi A., Revue "Linguistic Research" : «Annotation morpho-syntaxique automatique
des corpus arabes». Vol. 10 N°2 Décembre 2005.

21
3.3.2. Critères de discrimination des termes:

-extralinguistiques (domaine de référence)

-linguistiques:

-textuels (fréquence, position relative dans un texte80/ un ensemble de textes) ;

-lexico-sémantiques (structure argumentale (nature des actants sémantiques), relations


paradigmatiques dérivationnelles (morphologiques), relations paradigmatiques non
dérivationnelles (sémantiques : synonymie, antonymie, hyponymie etc.) avec un item déjà
identifié comme terme conformément aux critères domanial si textuel.
(L’HOMME, Marie-Claude (2004) – La Terminologie : principes et techniques,
Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal, p. 64-66)

● Monosémie (à l’intérieur d’un domaine spécialisé);


● Lexicalisation (caractère stable de la relation forme lexicale – contenu sémantique);
● Phraséologie (caractère stable, variation réduite des co-occurrents, dans la phrase);
● Répertoire limité de structures morphosyntaxiques (prépondérance des structures
nominales)
● Haute fréquence (dans le texte/ corpus spécialisé);
● Mise en vedette typographique (caractères gras, italiques, guillemets, …).

(Le Pavel. Didacticiel de terminologie, §1.2.4.)

Visée de la discrimination : terme simple (langue de spécialité) vs mot (langue générale) ; terme complexe
vs combinatoire libre, terme complexe vs unité phraséologique (locution81 vs collocation spécialisée82).

3.3.2.1. Le terme dans le texte spécialisé : les collocations

Connaître un terme ne suffit pas, encore faut-il savoir l’utiliser dans le discours spécialisé. Or, la mise en
discours des termes, dans les textes spécialisés, est sensible à des sélections au moins en partie
idiosyncrasiques, et donc lexicalisées, communément désignées dans la littérature par le nom de collocations.
Il s’agit de préciser maintenant cette notion, qui relève à la fois de l’étude de la terminologie et de la
phraséologie.

Dans son mémoire de DEA sous la direction de Sylvain Kahane, Jacques Steinlin83, rappelle la présence de
deux acceptions du terme de collocation et donc de deux conceptions de la <collocation>, en linguistique
contemporaine :
(i) une conception statistique (fréquence d'emploi comme paramètre définitoire), selon laquelle est une
collocation toute apparition statistiquement significative de deux unités lexicales données, dans un contexte
linguistique plus ou moins étroit ; il en résulte évidemment bon nombre de contextes de co-cooccurrence non
pertinents du point de vue terminologique tels un hôtel, mon hôtel, à l'hôtel, l'hôtel Georges V, …, à côté de:
chambre d'hôtel (*pièce d'hôtel), hôtel 5*, …, qui le sont ; sous cet éclairage, le terme de collocation renvoie
sans autre à son signifié compositionnel « que l’on retrouve au même endroit » (Steinlin 2003: 3) ;
(ii) une conception qualitative, qui ne « couvre qu’un sous-ensemble particulier de collocations », en
l’occurrence, les « cooccurrences lexicales restreintes » (idem) – ce qui correspond à l’appréhension des
collocations dans le cadre de la Théorie Sens-Texte84, en tant qu’ « expression semi-idiomatique » (Polguère

80 Intitulé de livre/ chapitre/ sous-chapitre, section/ paragraphe (table des matières); mise en vedette typographique
(caractères gras, italiques, guillemets, …), au sens de Sylvia Pavel, comprise ; position de definiens ou de definiendum ; index
en fin d’ouvrage.
81 Polguère 2008 : 51-58.
82 Polguère 2008 : 163-176.
83 Steinlin. Jacques (2003) – Générer des collocations. Mémoire de DEA sous la dir. de S. Kahane, Paris, Université de Paris VII
[www. olst. umontreal. ca/ textdownloadfr. html], déchargé le 20 février 2015.
Ce mémoire « a pour objet la sémantique lexicale dans le cadre de la Génération Automatique de Textes (GAT) », et adopte le
cadre théorique linguistique « Sens-Texte » élaboré par Igor Mel’čuk, cadre qui structure le projet de lexicologie explicative et
combinatoire mené à l’Université de Montréal, par celui-ci, conjointement à Alain Polguère, André Clas, Sylvain Kahane et d’autres.
84 Il s’agit d’une théorie censée être, de l’avis de ses tenants/ défenseurs, la « meilleure approche existant à ce jour pour mener
à bien le traitement automatique des langues » (TAL) –cf. Polguère 1998, théorie explicitement posée comme alternative à la
doxa linguistique à la fin des années ‘80, en l’occurrence, la Grammaire Générative chomskyienne. Toujours dans les termes de
Polguère 1998, la « TST rend compte de l’association que tout locuteur d’une langue L est capable de faire entre un sens donné
et l’ensemble des énoncés paraphrastiques de L exprimant ce sens », et envisagerait la langue « non comme un ensemble infini
d’énoncés grammaticaux (ce qui correspondrait à une approche de type générativiste), mais plutôt comme une machine virtuelle
permettant de traduire des Sens en énoncés (appelés Textes), et vice-versa ». Référence citée : POLGUÈRE, Alain (1998) - "La
Théorie Sens-Texte", Dialangue, Vol. 8-9, Université du Québec à Chicoutimi, pp. 9-30.

22
200385 :117), approche explicitement qualifiée dans cette dernière référence de « fonctionnelle et
sémantique ».

La notion de <collocation lexicale restreinte> focalise en effet non sur la fréquence d'emploi/ attestation, bien
qu’en général ces collocations soient largement attestées dans les textes/ discours, mais sur les contraintes
qu’elles font peser sur l'utilisation du lexique – contraintes qui, selon Steinlin 2003, dans la veine de la Théorie
Sens-Texte, ne procèderaient pas simplement de régularités que le discours manifeste, mais de vraies règles
de production intégrées à la compétence lexicale du locuteur natif. L’auteur n’emploie pas le terme de
compétence, trop ancré dans un horizon théorique distinct – la Grammaire Générative chomskyenne, et parle
plutôt de « savoir lexical », de « propriété du lexique », de « règle lexicale » vs « règles sémantique » vs
« règle syntaxique ». Ces collocations lexicales restreintes sont donc des restrictions de collocation, à caractère
lexical (donc : idiosyncrasique), c’est-à-dire, des restrictions de cooccurrence dépourvues de motivation
sémantique ou syntaxique. Si *La eau est fraîche (OK L’eau est fraîche), ou *les cheval galope (OK Le cheval
galope ou : OK Les chevaux galopent), et *Est amoureuse Marie (OK Marie est amoureuse) illustrent des cas
d’agrammaticalité (entorses aux règles de la grammaire : phonologie, morphologie ou syntaxe respectivement,
selon Steinlin 2003 : 3-4), et ??d’incolores idées vertes (dorment furieusement86) illustre un cas
d’ininterprétabilité (par violation systématique des restrictions de sélection sémantique des items lexicaux),
*émettre/ OK pousser un hurlement, mais: *pousser/ OK émettre un son; *infliger/ OK inspirer une crainte,
*inspirer/ OK infliger une déception ne représentent que des entorses à des règles lexicales, restant
parfaitement interprétables et ne contrevenant à aucune règle de la grammaire (Steinlin 2003 :4).

Se situant d’emblée à l’intérieur de la même conception qualitative (vs statistique) des collocations87, dans
l’introduction au numéro 150 de la revue Langue Française, dédié à leur étude, Franz Josef Hausmann et Peter
Blumenthal88 définissent les collocations en tant qu'unités syntagmatiques comme « combinaison[s]
phraséologique[s] (codée[s] en langue) d'une base (examen, célibataire, blessé, colère) et d'un collocatif
(passer, endurci, grièvement, bouffée89) » (art. cit., p. 4).
Dans le même article, la base sera définie comme « mot (ou plus précisément l'acception d'un mot, appelée
aussi lexie) que le locuteur choisit librement, parce qu'il est définissable, traduisible et apprenable sans le
collocatif », et le collocatif, en tant que « mot (acception d'un mot) que le locuteur sélectionne en fonction de
la base parce qu'il n'est pas définissable, traduisible ou apprenable sans la base » (idem).

Les deux notions de base et de collocatif sont entendues comme hiérarchisées. La hiérarchie base-
collocatif (selon les auteurs cités, une vraie « orientation de la collocation ») fait qu'en « formulant » – c'est-
à-dire en produisant une phrase (la phrase à être ou en train d'être énoncée, selon une certaine intention
communicative ou vouloir dire), le locuteur progresse en partant de la base, pour arriver au collocatif et non
inversement : ce serait là une réalité psychologique observable en discours, notamment (mais pas
seulement90) de la part d'un locuteur étranger, qui « cherchera désespérément » plutôt le collocatif que la
base : « on ne cherche pas désespérément la base célibataire à partir du collocatif endurci » (ibid.), on ne
recherche pas désespérément la base examen à partir du collocatif passer, pour traduire a da un examen
(angl. take an exam) vs a trece un examen (angl. pass, FR réussir).

En lexicographie monolingue, à l’entrée du collocatif (par exemple administrer), un « bon dictionnaire général
signalera que la définition (en l'occurrence <donner>) est restreinte à la collocation du mot (ou de l'acception)
avec un nombre réduit de bases (en l'occurrence, gifle) » (art. cit., p. 5). La mention de la collocation
constituera ainsi le « prolongement naturel de la définition » s’avérant indispensable pour le traitement
lexicographique. « Tel n'est pas le cas de l'article de la base (gifle) où le collocatif (administrer) est sans
importance pour la définition. Il est en revanche indispensable si le dictionnaire veut également remplir une
fonction d'encodage et apprendre à l'utilisateur à contextualiser correctement la base (gifle) » (idem). Les
auteurs soulignent qu’à l’entrée du collocatif, la collocation a une fonction sémasiologique [compréhension],
et à l’entrée de la base, une fonction onomasiologique [production], et concluent, en raison du fait que les
dictionnaires explicatifs généraux ont tendance à privilégier l’approche sémasiologique, à la nécessité de
dictionnaires spécialisés de collocations, « dont la macrostructure sera faite de bases de collocation » sur
lesquelles seront adressées, « en microstructure, la totalité des collocatifs » (ibid.).

85 POLGUÈRE, Alain (2003) - "Collocations et fonctions lexicales: pour un modèle d'apprentissage", in F. Grossmann & A. Tutin
(dir.): Les Collocations. Analyse et traitement, coll. "Travaux et Recherches en Linguistique Apliquée", E:1, Amsterdam:De Werelt,
117-133.
86 L’auteur ne cite pas en entier le célèbre exemple de Chomsky (traduit en français).
87 Steinlin 2003 étant une référence commentée dans l’article cité, notamment pour ce qui est de la distinction entre approche
statistique et approche fonctionnelle et sémantique des collocations.
88 HAUSMAN Franz Josef, BLUMENTHAL Peter (2006) – “Présentation : collocations, corpus, dictionnaires ». In: Langue française,
N°150, 2006, pp. 3-13.
doi : 10.3406/lfr.2006.6850.
url : /web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2006_num_150_2_6850. Consulté le 25 février 2015
89 Soit les collocations : passer un examen, célibataire endurci, grièvement blessé, bouffée de colère.
90 « C'est une détresse dont même le locuteur natif n'est pas toujours à l'abri, notamment quand il s'agit de variation
synonymique du collocatif. Tout le monde n'a pas toujours à sa disposition les différentes façons d'exprimer la réussite ou
l'échec à l'examen: réussir, réussir à, être reçu à, être admis à/ échouer à, être refusé à, recallé à, collé à, blackboulé à,
manquer, rater etc. » (ibid.)

23
En linguistique syntagmatique, la collocation n'est pas entendue comme intrinsèquement orientée : seront pris
Commented [2]: Difficile à traduire sauf par périphrase
comme point de départ (appelé, dans le cadre de cette approche, noeud - angl. node), tantôt la base, tantôt définitoire : foame subita/ imperioasa/ senzatie irezistibila de
le collocatif et la classe complémentaire sera à chaque coup inventoriée afin d'établir (quel que soit le choix foame/ pofta (de nestapânit)
du noeud) le profil combinatoire du mot. Dans cette logique, le terme de collocate (angl) désignera le TLFi
partenaire collocationnel de n'importe quel noeud (point de départ de la recherche linguistique). Et Franz
Joseph Hausmann et Peter Blumenthal de proposer la désignation française de collocateur, à distinguer Faim : Sensation que fait éprouver le besoin ou l'envie de
scrupuleusement de collocatif, pour éviter la confusion entre métalangage des diverses théories : « dans ce manger.
sens, noyau et collocateur (point de départ de la description et partenaire d'une collocation) seraient à Faim : le besoin lui-même
distinguer de base et collocatif. En aucun cas, on ne pourra accepter que le collocatif soit appelé base si on
veut éviter la confusion totale et la fin de la communication entre les écoles » (art. cit., p. 5). Fringale = espèce de faim

Les collocations se situent entre la combinatoire libre et combinatoire figée (semi-figement). Besoin de manger subit et impérieux; sensation de faim
extrême. Une fringale terrible; avoir une (la) fringale; apaiser,
3.3.2.2. Critères d’évaluation de la performance, dans l’extraction de termes et de collocations assouvir sa fringale. Une augmentation de l'appétit pouvant
aller jusqu'à la fringale (QUILLET Méd. 1965, p. 476)
L’écueil91 du remplissage : grever une terminologie (=liste de termes) de termes qui lui sont étrangers
(bruit), parce qu’ils ne relèvent pas du domaine à l’étude ou parce qu’ils ne désignent pas de concept 🡺Faim = hyperonyme de fringale
spécialisé du tout, étant en fait des mots de la langue commune, et non des termes (voir Dubuc
Étymol. et Hist. 1. 1774 fringalle fig. « désir violent »
1978/198092 : 28), ou bien des termes de domaines autres ; mais également : démultiplier les vedettes en
(BEAUMARCHAIS, Quatrième mém. à consulter contre M.
prenant des variantes pour des entrées principales, et alourdir les articles terminologiques en prenant de Goezman ds Œuvres complètes, Paris 1828, t. 3, p. 284 :
simples reformulations (non lexicalisées) pour des variantes. fringalle Etymologie : premier sens attesté : désir violent/
second sens attesté : faim pressante ; altération d’un terme
La performance de l’extraction (humaine ou automatique (par un logiciel d’extraction de termes)) est désignant une maladie faisant tomber les chevaux dans un
évaluée par le truchement des taux de bruit et respectivement de silence de la terminologie (=liste de état d’épilepsie (faim-valle ) sous l’influence du verbe fringuer
termes) qui en résulte. (« sauter, gambader »).

Bruit : unité extraite mais non pertinente pour l’usager (précision).


Silence : unité pertinente pour l’usager présente dans le texte/ le corpus de textes, mais pas extraite. Couper court à = Mettre fin à__

On considère en général qu’il est préférable de réduire le silence au maximum, quitte à augmenter la Gata cu senzatia de foame ! (Andreea TI2 2016)
proportion de bruit.
Cum să ne stapânim/ păcălim ___
3.3.2.3. Texte ayant fait l’objet d’une étude de cas (illustration) pendant le CM : Cum sa-ti învingi/ tii în frâu ___
Cum sa-ti pui pofta în cui expr. figée ro a-si pune pofta în cui
(Adrian 2018, fr-en, 8 ans fr, Bucuresti, excellent ro)
COUPER COURT AUX FRINGALES1 !
___ foamea subita/ nevoia subita de a mânca/ senzatia de
C'est une sensation soudaine de faim1, impérieuse, désagréable, qui oblige à ingurgiter1 SEULE ! foame imperioasa
immédiatement quelque chose de consistant. Quel est le mécanisme qui mène à la fringale2 ? Et comment y Cum sa nu ne mai fie pofta de anumite alimente
échapper ? Quelle est la différence avec le grignotage1 ? Côté Santé fait le point avec le docteur Laurence Cum sa ne pacalim poftele alimentare subite
Lévy-Dutel*, endocrinologue93/nutritionniste, spécialiste de la question. Cum sa ne stapânim pofta subita de anumite alimente
Grignotage !!! vs fringale
Fringale3 ou grignotage2 ?
A l'origine de la fringale, une mauvaise répartition de
Karine prend son petit déjeuner tous les matins, sur le pouce, debout dans sa cuisine, à 6 heures l'alimentation (prise alimentaire : ingestion d’aliments lors des
tapantes. Un café, une tartine beurrée... et c'est parti : direction boulot ! Pourtant, cette jeune femme de 35 repas) ...
ans avoue ressentir, vers 10 heures, une petite baisse de régime, une sensation de faim2 contre laquelle elle
Commented [3]: l sindromului hipoglicemic include senzatie
ne peut pas lutter. Karine ne le sait pas encore mais elle a les symptômes caractéristiques de la fameuse
de foame imperioasa dictionar.romedic.ro/foame
fringale4. "Il faut différencier fringale5 et grignotage3", souligne le docteur Laurence Lévy-Dutel,
endocrinologue/nutritionniste. "Le grignotage4 se caractérise par une envie de manger un ou des
aliments(s) particuliers. Ses adeptes n'ont pas vraiment faim3. Et ne contrôlent pas la quantité de ce qu'ils [la fringale] est en fait synonyme d’hypoglycémie (texte-
consomment : ils avalent les aliments sans compter. Lorsque l'on a une fringale6, la donne diffère : on est source)
obligé de manger pour répondre à sa faimmanger à sa faim : collspéc/ manger pour répondre à sa faim : combinatiore libre4", précise le
docteur Lévy-Dutel. Freud compara accesele de foame subita cu accesele de ...
La sensation de fringale7 provoque ainsi la nécessité de rechercher immédiatement de la Commented [4]: Si l’on traduit le titre par Gata cu foamea
nourriture. Tout se passe comme si notre corps nous avertissait d'une "baisse de carburant". "La fringale8 (modulation par le co-hyponyme faible, en perte de degré
est un phénomène-réflexe. Elle est en fait synonyme d'hypoglycémie : la baisse du taux de sucre dans le sinon de caractère distinctif) il faudra traduire c’est par un
reformulatif non paraphrastique (de distanciation) « en fait »
sang en dessous de la normale. Chez les personnes n'ayant pas de problème de santé, les fringales9 sont
(modulation)
souvent dues à une mauvaise répartition de l'alimentation durant la journée. Et non à un mauvais
comportement alimentaire", note le docteur Lévy-Dutel. Plusieurs causes peuvent expliquer l'apparition
...
91 Commented [5]: Care este mecanismul care duce la nevoia
Cf. TLFi subita de a mânca
Sens propre : Tête de roche à fleur d'eau, dangereuse pour la navigation. Écueil sur lequel se brisent les vagues;
Commented [6]: Terme technique non lié à la nutrition !
côte, mer, eaux semées d'écueils; écueils signalés par des phares
Sens figuré : obstacle dangereux, difficulté périlleuse. Affronter les écueils d'une politique, d'un projet, d'un Commented [7]: Terme psychologique général
sujet, d'un système, d'une entreprise, d'une carrière; la vie, le monde est plein(e) d'écueils Commented [8]: Expression technique pas spécifique à la
92 DUBUC, Robert (1978) – Manuel pratique de terminologie, Montréal : Linguatech/ édition européenne 1980, Paris : Conseil nutrition : cela se dit des véhicules (notamment voitures).
national à la langue française. Guillemets signalent ici l’emploi figuré, par métaphore.
93 []. Commented [9]: Terme médical général

24
d'une fringale10 et donc, de l'hypoglycémie. L'une d'entre elles est totalement bénigne. Elle peut être Commented [10]: Terme médical sans pertinence en
améliorée très rapidement : il s'agit de la fringale11 survenant chez certaines personnes qui - comme Karine nutrition.
- au petit déjeuner prennent leur café ou leur thé sans prise de sucres lents (tartines, céréales...). La prise (kyste) bénin, (tumeur) bénigne
dans les heures qui suivent de sucres rapides (confiture, chocolat, fruits...) déclenche immédiatement une (kyste) malin, (tumeur) maligne
hypoglycémie réactionnelle.
Le remède est alors tout simple : éviter les sucres rapides avant le déjeuner en trop grande Stancuta
quantité. "Les travailleurs qui se lèvent tôt et prennent un petit-déjeuner frugal, tous les matins, ont souvent chouocas des tours
un petit creux vers 10 ou 11 heures du matin. De même, ceux qui déjeunent sur le pouce, en mangeant un western jackdaw
repas trop léger, ressentent une sensation de faim5 vers 16/17 heures. Ces personnes doivent apprendre à Commented [11]: Terme médical général
manger tous les aliments, de manière équilibrée et correcte (lire l'encadré Les remèdes anti-fringale ?12)",
indique le docteur Lévy-Dutel.
http://www.e-sante.fr/couper-court-fringales/actualite/1009

Items ayant trait à la NUTRITION (lemmes pertinents pour le domaine en cause): Commented [12]: Sucres (lents, rapides) (syn. Glucides,
hydrates de carbone), céréales sont employés en fait de
Fringale 12 ( ?)/ terme simple ou mot ?/pos : titre de l’article, intitulé de sections ;mise en vedette typographique : gras (selon les critères textuels : terme !) , <nutrition> surtout au pluriel, à la différence de la langue
sensationcollocatif de faimbase TC ?/ collocation spécialisée ? 3🙪 semi-figement/ combinatoire libre ?// 194, faim(fréquence : 5)95, ingurgiter96 (lexico- commune ou d’autres langues spécialisées (médecine,
sém : syn. pop. avaler+ domaine)
, grignotage4/ en gras, dans le texte, intitulé de section, dans un énoncé définitoire : le __ se caractérise par etc. pharmacologie, agronomie…)
endocrinologue/nutritionniste2/ relation paradigmatique dérivationnelle au terme de nutrition lui-même97, prendre [son/ un🙪 faible degré
de lexicalisation : cela exclu en pratique les termes et les locutions] petit déjeuner fréq. 2 ; collocation mauvaise
repas/ des nutriments/ apports énergétiques
répartition de l'alimentationfréq 2, collocation/ combinatoire libre ? compulser un corpus plus étendu fera
apparaître un paradigme collocatif : répartition des
, petit déjeuner fréq. 3 ; terme complexe98, prendre son cafécollocation, contrôler la quantité
de ce que l’on consommecombinatoire libre : contexte d’attestation du terme consommer 99, consommerterme de restauration: « boire/ manger » ; 100
fréq.1
, avaler1 : 101, avoir une#la/#ma/des fringale/s collocation ? NON ! expression figée, entièrement idiomatique, répondre à sa
faimcombinatoire libre (faim : le seul terme),
sensation de fringale (sensation de faim : collocation spécialisée/ domaine = nutrition), nourriture1/ domaine :
nutrition, rel. lexico-sémantiques : nourriture/ (se) nourrir/ (s’)alimenter 🙪 terme
,

hypoglycémie (domaine : médical ? nutrition ? terme médical : composé savant), baisse du taux de sucre dans le sang domaine : médical/
périphrase définitoire
, taux de sucrecollcoation médicale (dans le sang = glycémie) domaine : médical,

mauvais comportement alimentaire (comparer à : mauvaise répartition de l’alimentation) domaine : nutrition ;


colocation : terme base comportement alimentaire/ collocatif : mauvais),

prendre son thé (collocation – noter la variabilité du déterminant, même si non illustrée dans le texte à l’étude:
thé = terme), thé (domaine : nutrition _ boisson ; position dans le texte : collocation prendre ____ ; prendre
=repas/plat/ boisson
= indice du statut de terme de la nutrition/ restauration)

prise de sucres lents, sucres lentsterme de nutrition ou médical ? interdisciplinaire ?, céréales, prise de sucres rapides, sucres
rapides, confiture, chocolat, fruit(s),
hypoglycémie réactionnelleterme médical, déclencher une hypoglycémie réactionnellecollspéc méd, éviter les sucres
rapides en trop grande quantitécombinatoire libre,

94 Sensation que fait éprouver le besoin ou l'envie de manger. (TLFi)


Une sensationhyperonyme de + hyponyme (faim, soif,…)/ « la faim est une sensation »
95 Collocatifs de faim : sensation de___ ; à sa ___ (manger à sa ffaim) ; assouvir sa ___
96 Critères textuels sont relativement inopérants, vu le taux de fréquence très modeste (UNE SEULE
occurrence : ils avalent les aliments sans compter) et la position dans le texte somme toute assez peu révélatrice
(ni dans un intitulé, ni mis en vedette typograhiquement, ni dans un énoncé définitoire) ; la synonymie avec
avaler (mot de la langue commune, tandis que ingurgiter est perçu comme relevant d’un vocabulaire spécialisé,
comme terme savant).
97 Non attesté dans le texte compulsé, mais désignant le domaine à l’étude.
98 Au petit déjeuner/ prend son petit déjeuner/ prendre un petit déjeuner frugal
99 Lemme de : (ils) ne contrôlent pas la qualité de ce qu’ils consomment (ils = les adeptes du grignotage).
100 Distinct du sens économique : ÉCON. Amener une chose à perdre sa valeur économique par l'usage qu'on en
fait pour la satisfaction de besoins individuels ou collectifs. Consommer du blé, des céréales, du lait, du pain, de
la viande.
Le sens pertinent ici : RESTAURATION Prendre une consommation dans un débit de boissons, un restaurant.
L’entrée consommer sera distincte des entrées boire (non attesté dans le texte compulsé) et respectivement
manger (attesté dans ce texte : définisseur du concept de <grignotage>, mais aussi du concept de <fringale>).
101 ils avalent les aliments sans compter ; synonyme de la vedette ingurgiter. Ce n’est pas un non-terme (du
bruit), c’est un mot de la langue commune en emploi terminologique (étiquette alternative du même concept
que celui désigné par un terme perçu comme « savant »).

25
petit-déjeuner frugal, prendre un petit-déjeuner frugal, avoir un petit creuxcollocation verbale ; petit creux = petite faim : TC
métaphorique (pop, fam)
, déjeuner sur le pouceexpression verbale : a mânca pe fuga, manger un repas trop léger, repasbase trop
légercollocatif, ressentir une sensation de faim, de manière équilibrée et correcte, apprendre à manger tous les
aliments, apprendre à manger de manière équilibrée, apprendre à manger de manière correcte, apprendre à
manger de manière équilibrée et correcte, remèdes anti-fringalecollspéc nutrition/médicale.

Nutrition/ restauration, alimentation, médecine

3.4. Principes de formation des termes → création de termes nouveaux, systématisation des
terminologies existantes :
■ motivation (la morphologie de la désignation doit laisser transparaître la signification (le
concept désigné)). Exemple : lave-linge (finalité transparente dans le signifié
compositionnel de la désignation ; mais genre prochain (<machine>, <appareil électro-
ménager>) occulté): masina de spalat (rufe) (désignation plus transparente) ; lave-
vaisselle/ masina de spalat vase ;

■ cohérence (les termes en place dans un domaine donné doivent laisser transparaître les
relations entre concepts désignés (=système terminologique cohérent, consistant avec le
système de concepts) ; ainsi, dans l’établissements des correspondances interlinguales en
roumain, de deux termes français co-hyponymes à structures (dûment) identiques (termes
instanciant, en l’occurrence, un patron de composition à plusieurs N), faudra-t-il privilégier
un même patron de dérivation pour les termes roumains proposés : préfixe (multi-) +
adjectif dérivé d’une base nominale (échantillonnage à plusieurs degrés = eşantionare
multistadială, échantillonnage à plusieurs phases = eşantionare multifazică). De même :
machine à laver (hyperonyme) / lave-linge, lave-vaisselle (cohérence relative des co-
hyponymes, mais cohérence affaiblie de l’hyperonyme qui instancie un autre patron de
composition) ; en roumain, le système terminologique reflète directement le système
conceptuel (même patron de composition pour l’hyperonyme et pour ses hyponymes :
masina de spalat : masina de spalat rufe/ masina de spalat vase : l’hyperonyme est inclus
dans le signifiant de ses hyponymes, tout comme le genre prochain (en tant que concept
est inclus dans l’intension des espèces)
■ adéquation (les termes doivent respecter les schémas de sens établis et familiers d’une
communauté linguistique, sans prêter à confusion ; adéquation référentielle de la structure
de désignation, sous l’hypothèse de la transparence notionnelle (ou : motivation) ; en clair,
la connotation du terme ne doit pas en contredire la dénotation, ne doit pas avoir une
orientation opposée à celle de sa dénotation. Ainsi, le terme roumain de selectie
rationala102, équivalent de l’anglais judgment samples, et donc103 du français
échantillonnage au jugé/ sur la base du jugement, suggère-t-il, à tort, que
l’échantillonnage concerné soit « conforme à la raison », ou encore « méthodique », donc
objectif, plutôt que « fondé sur l’opinion » et donc subjectif. Pourtant, c’est le terme
attesté dans les textes et glossaires spécialisés104.
■ économie linguistique (un terme doit être le plus concis possible ; principe
complémentaire du principe de motivation ; à cet égard, échantillonnage au jugé est à
préférer à : échantillonnage sur la base du jugement). Formes abrégées : formes
raccourcies : règlement mensuel < marché à règlement mensuel ; masina de spalat =
masina de spalat rufe (hyperonyme comme substitut anaphorique de son hyponyme) !!
smic =vedette (et non son expansion)
■ capacité de dérivation (favoriser les formations productives : dans le système
terminologique roumain évoqué, favoriser les dérivés105 en multi-)
■ exactitude linguistique (respecter les structures morpho-phonologiques et
morphosyntaxiques de la langue en question : esantionare cluster [apposition d’un
emprunt anglais] est certes, en roumain, moins ‘exact linguistiquement’ que esantionare
multistadiala [terme construit parfaitement intégré au système morphologique roumain, et

102 Selectie Rationala (Judgment samples): Esantionarea se bazează pe rationamentul sau pe presupunerea controlata a
operatorului de interviu că respondentul reprezintă populaţia de interes (www.smarquest.ro).
103 Noter cependant que la terminologie angalise du domaine, invoquée ici à titre de témoin (voir de preuve) n’est elle-même
pas exempte d’hésitations –purposive sample/ judgment sample.
104 Qui pis est, le terme prête à confusion avec l’hyperonyme tehnici rationale de esantionare (T3RO), variante
de : tehnici de esantionare nealeatoare (T3RO), proceduri de esantionare nealeatoare (T1RO), metode de
esantionare neprobabiliste (T2RO, T1RO). C’est là une enfreinte à la règle de cohérence entre système de
termes et système de concepts : ici, à la faveur de l’adjectif rational, les relations entre genre prochain et
espèce ne sont plus très claires : il est important de noter que l’échantillonnage au jugé n’est pas le prototype
meilleur exemplaire d’échantillonnage non probabiliste. Dans le cas contraire, le rapprochement entre
désignation du genre et désignation de l’espèce aurait pu être interprété comme indiquant justement le statut
de prototype, à l’instar des systèmes à termes quin s’autodominent (SALAIRE 5VS COMMISSION. Salaire vs
traitement vs…)
105 Selon que cet élément est envisagé comme préfixe ou comme élément de composition, il s’agira d’un dérivé ou d’un
composé. De toute manière, ce sera un terme complexe.

26
illustratif d’une formation par ailleurs très productive (multi-)]. Software _ piraterie de
software/ definitia software-ului/ softul (voir moftul), blogul…. Degrés d’intégration
morphophonologique
■ prédominance de la langue en question (préférer les expressions de la langue en
question sur les calques et les emprunts, préférer le calque à l’emprunt, et, en matière
d’emprunts, préférer les abréviations (sigles, acronymes) aux expansions : RDS [sigle à
prononcer à la roumaine [ΣR-dΣ-Σs]] : à préférer à Respondent Driven Sampling – qui ne
peut subir aucun type d’intégration morpho-phonologique). De même pour laser ou radar,
tant en français qu’en roumain : les acronymes anglais ont été empruntés, à prononciation
adaptée à la langue d’accueil, pas les expansions ("light
amplification by stimulated
emission of radiation"/ radio detection and ranging, ce qui donnerait, par
calque, en roumain: detectarea prin radio și determinarea distanței Commented [13]: Predate la seminar !!!

Ignat Beatrice fr-en, imprimare vocce telefon !!!


3.5. Normalisation : statut intrinsèque et relatif des termes sustenabilitate ro

Vinde/ vandabil < vendable, face/ fezabil, alege/ eligibil


Statut intrinsèque d’un terme :
Sustine/ sustenabil < sustainable
♦ Proposé : ne fait l’objet d’aucune attestation. Origine : un locuteur (terminographe) donné.
♦ Attesté : terme dont l’existence est confirmée dans au moins une source donnée (écrite, sonore, Dura/ durabil, varia/ variabil calcuri fr
visuelle…). Difficile à traduire, souvent : déculser (gastronomie française : desserts)
♦ Validé : terme dont l’adéquation/ la « bonne formation » ont été confirmées par une autorité compétente Racine empruntée+ affixe ro (emprunt ancien intégré)
au moins, ou par consultation diverses et complémentaires d’informateurs ou de documents pertinents et
fiables.
♦ Normalisé : terme dont la « bonne formation » a été confirmée par un organisme d’autorité réglementaire.
♦ Homologué : terme, validé ou non, dont l’utilisation est préconisée ou acceptée dans le contexte d’une
activité spécifique (par un donneur d’ordre particulier, dans la perspective de l’exécution d’une tâche
spécifique). Vocabulaire-maison.
♦ Surdéterminé : terme dont l’utilisation est « bloquée » en vertu de son application exclusive à un
type de condition d’exploitation particulier : terme scientifique, juridique, désignation protégée,
marque commerciale etc. C’est là une caractéristique que seuls possèdent les termes qui ne
développent pas de polysémie inter-domaniale. Le meilleur exemple : les désignations savantes
internationales (latines, en sciences de la vie). Heracleum Mantegazzianum (la berce géante/
brânca ursului gigantică – les termes populaires sont également, ici, surdéterminés pour le domaine
de la botanique)
♦ BRẤNCĂ1, (3, 4) brânci, s. f. 1. Boală contagioasă, specifică porcilor, caracterizată
prin lipsa poftei de mâncare și prin apariția unor pete violacee. 2. (Pop.) Erizipel.
3. Plantă erbacee fără frunze, cu flori verzui sau alburii grupate în formă de spic,
folosită în medicina veterinară (Salicornia herbacea). ◊ Compuse: brânca-porcului =
a) plantă erbacee cu tulpina și frunzele acoperite cu peri moi (Scrophularia scopolii);
b) cinsteț; brânca-ursului = a) crucea-pământului; b) brădișor (2). 4. Ciupercă cu
pălăria întinsă și răsfrântă, prevăzută cu peri aspri (Stereum hirsutum). – Et. nec.
♦ Le terme ro de brânca n’est donc pas surdéterminé dans la mesure où il apparaît
en médecine vétérinaire (maladie du porc) et en botanique (Salicornia
herbacea) ; brânca-porcului n’est pas surdéterminé dans la mesure où il permet une
lecture compositionelle retrouvant le concept médical désigné par brânca ; mais
brânca-ursului sera surdéterminé pour la botanique (même si c’est la désignation
populaire vs savante internationale)

Berce BOT. Plante vivace, de la famille des ombellifères, croissant et se développant dans
les terrains humides de toute l'Europe :
1. ... mais les pelouses que nous préférions et dont profitait notre amour étaient toutes
blanchies d'ombelles, les unes légères, les autres, celles de la grande berce, opaques
et considérablement élargies.
GIDE, Les Nourritures terrestres, 1897, p. 211.
2. Elle [ma fille] (...) m'a fait franchir le portillon qui ouvre (...) sur le vieux halage
de la Loire. À travers les orties, les hautes berces aux tiges craquantes; elle m'a conduit
au pied des aunes...
GENEVOIX, Routes de l'aventure, 1958, p. 174.
♦ Rem. 1. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et XXe s. à partir de Ac. 1835.
2. Berce brancursine ou grande berce est l'appellation courante de l'heracleum
spondylium, variété commune en France. La grande berce est encore appelée patte

27
d'oie, panais de vache, angélique sauvage, acanthe d'Allemagne; synon. attestés
dans la plupart des dict. gén. et techn. 3. La berce géante est l'heracleum giganteum
(DUVAL 1959).
B. Autres emplois techn.
1. CHIM., PHARMACOL. Essence de berce brancursine et essence de fruit de
berce géante. Essences extraites de la berce et contenant une forte proportion
d'alcool octylique (cf. Encyclop. méthod. Méd. 1970, LITTRÉ-ROBIN 1865, Lar. méd.
1970, DUVAL 1959).
2. GASTR. Bière ou liqueur de berce. Boissons très alcoolisées fabriquées en
Lithuanie, en Pologne et en Russie par la fermentation de graines et de feuilles de
berce (cf. Encyclop. méthod. Méd. 1970, NYSTEN 1824, LITTRÉ-ROBIN 1865, MONT. 1967).
Rem. Certains dict. notent que les pousses de la berce se mangent comme des
asperges.
Prononc. : [ ]. ROUSS.-LACL. 1927, p. 116, et GRAMMONT Prononc. 1958, p. 38, citent
ce mot au nombre des ex. illustrant respectivement les règles suiv. : ,,Les voyelles
toniques suivies, dans la prononciation, de deux consonnes dont la seconde n'est ni
l ni r, sont moyennes``; ,,[l'e ouvert] est toujours [bref] devant r suivi d'une
consonne finale``. Étymol. et Hist. 1694 (TOURNEFORT, Elemens de botanique, Paris,
t. 1, p. 270 : La Berce est un genre de plante, dont la fleur [...] est fleurdelisée).
Orig. controversée. L'étymon all. Bartsch « Heracleum spondylium L. », terme de
l'est de l'Allemagne (G. PRITZEL, C. JESSEN, Die deutschen Volksnamen der Pflanzen,
Hannover, 1882, p. 180), empr. au polon. barszcz (Behrens dans Z. fr. Spr. Lit., t.
23, 2e part., p. 15) satisfaisant du point de vue sém., fait difficulté des points de vue
phonét. et géogr., étant limité à une aire très orientale. Le m.h. all. berz, birz «
myricaria germanica » (BEHRENS, loc. cit.) attesté sous la forme barz en 1533
(ROESSLIN, Kreuterbuch., Frankfurt am M. 1533 cité par Pritzel et Jessen, loc. cit.),
satisfaisant du point de vue phonét., fait difficulté du point de vue sém. car il
désigne une plante différente; v. aussi REW3 et FEW t. 15, 1re part., p. 98. L'hyp.
selon laquelle le terme de bot. serait issu du fr. berce « berceau » (1366 cité par
o
PROST, Inv. mobil. d. ducs d. Berry, I, n 569 dans BARB. Misc., 9) p. anal. de forme
entre la graine de la plante et un berceau (ROLL. Flore, t. 6, p. 142, BARB., loc. cit.)
n'est pas invraisemblable mais n'emporte pas la conviction.
La surdétermination est une spécification de statut purement descriptive (vs normative)

Statut relatif d’un terme :


♦ Exclusif : dans une série de termes concurrents, seul terme dont l’usage est (ou sera) accepté :
- en vertu de de la décision d’une autorité compétente (statut intrinsèque : normalisé)
- en vertu de d’une contrainte absolue de variété de langue (statut intrinsèque : surdéterminé)
- par un donneur d’ordre particulier (statut intrinsèque : homologué)

Le terme exclusif devient norme nationale (normalisation terminologique nationale), norme


sectorielle (normalisation d’un langage professionnel spécialisé) ou norme locale (normalisation
d’entreprise).

♦ Recommandé : dans une série de termes concurrents, seul terme dont l’usage est conseillé, de préférence à
tout autre, de l’avis d’un organisme ou groupe compétent.

♦ Dominant : dans une série de termes concurrents, terme le plus répandu, au vu de sources pertinentes et
diverses.
♦ Récessif : dans une série de termes concurrents, terme dont l’usage diminue ou se perd, au vu de sources
pertinentes et diverses.

♦ Conseillé : terme dont l’utilisation est conseillée par au moins un spécialiste averti.
♦ Proscrit : terme dont l’utilisation est interdite, notamment par un donneur d’ordre particulier, ou en vertu d’une
contrainte absolue de codification d’une variété de langue fonctionnelle.
♦ Déconseillé : terme dont l’utilisation est déconseillée par un organisme d’autorité ou, à défaut, par au moins
un spécialiste averti.

28
♦ Toléré : terme dont l’utilisation est acceptée en dépit de réserves fondées.

Variante attestée : terme désignant le même objet/ concept que le terme de référence, mais qui présente au moins
un domaine d’application différente, n’étant pas substituable à celui-ci (à la différence du synonyme). Variante
géographique, diachronique (néol., vx), fonctionnelle (nom scientifique, latin, variante spécialisée, variante vulgaire),
connotée/ neutralisée, idiolectale (usage d’un locuteur/ scripteur donné).
Selon la norme ISO 12616 au contraire les variantes sont des synoonymes (la restriction de domaine d’application
faisant l’objet d’une note d’usage)
(cf. GOUADEC, D. – 1994, Terminoguide n°1 : données & informations terminologiques & terminographiques.
Nature & valeurs, La Maison du dictionnaire, Paris, pp. 19-21 ; 73).

Déconseillé  conseillé, recommandé


Proscrit  exclusif
Proscrit >déconseillé> toléré> conseillé> recommandé> exclusif : spécifications normatives-
évaluatives
Récessif dominant : spécifications constatives-descriptives🙪 implantation des termes (réalités
de terrain, nonobstant les avis de normalisation)
Marchéage = terme récessif, alors même que normalisé et recommandé (il a fait l’objet d’une
recommandation officielle, ayant été censé remplacer l’anglicisme marketing)

Proscrit >déconseillé> toléré> conseillé> recommandé> exclusif


Récessif dominant

Statut des termes ISO Statut des termes (Gouadec)


La norme ISO 12616 (voir aussi 12620) distingue(nt) Terme recommandé = terme privilégié (ISO)
spécifications de statut incidentes à la normalisation Terme recommandé (planification linguistique)
(« autorisation normative » : « terme normalisé, terme
privilégié, terme toléré, terme rejeté (=déconseillé), terme
remplacé (=proscrit) terme juridique [qui désigne un concept
juridique, et est défini dans des textes législatifs ou y
assimilés (réglementaires) : force majeure tel que le concept
qu’il désigne est défini dans les contrats d’assurance et dans
la législation y afférente] ; terme prescrit par la loi [terme
qui désigne un concept non juridique, relevant d’un autre
domaine, mais qui est défini dans un texte réglementaire
législatif ou y assimilé portant sur le domaine en question : tri
sélectif tel que le concept est défini dans la législation relative
au recyclage des déchets ] »), indications de statut relatives à
la planification linguistique (terme recommandé, terme
non normalisé, terme proposé, terme nouveau), et ajoute,
dans le même champ, la spécification du statut de
traitement (non traité, traité provisoirement, finalisé).
Terme normalisé (standardized term) : terme normalisé par
un organisme d ‘autorité réglementaire

4. L’article terminologique bilingue (cf. ISO 12616).


4.1. Première saisie : présentation de la structuration générale et des champs de l’article
terminologique.

<Article terminologique bilingue (cf. ISO 12616)>

Numéro de l’entrée :
Domaine106 : recyclage
[DONNÉES RELATIVES AU TERME↓]107
Terme fr :
Information grammaticale : [catégorie grammaticale (N/ V/ A (Adj., Adv.)/ P) ; pour les noms (la
plupart des termes sont des noms), préciser également la catégorie sémantique du nom (nom propre
(Npr)/ nom commun (Nc)), ainsi que le genre (M/ F) et (ssi emploi contraint de l’un des nombres à
l’exclusion de l’autre pour l’acception donnée) le nombre (sg/ pl)108 ]109

106 On y indique également, de manière de plus en plus détaillée, le sous-domaine, voire (en particulier si requis pour résoudre
une polysémie intra-domaniale) le thème spécifique au(x)quel(s) ressortit le terme vedette.
107 Ne pas inclure dans le patron de l’article : commentaire ayant trait à la pédagogie de la terminographie.
108 Exemple. L’information grammaticale de la vedette française espèces tombera sous le format : N. fém. pl. (Nc).
109 Au sens de la norme ISO 12616, ce serait là un champ optionnel. En effet, on y préconise l’actualisation de ce champ
seulement en cas de contrastes inter- ou intralinguaux susceptibles d’entraîner des confusions : en présence d’un mot pouvant,
dans la langue-source, être à la fois verbe ou nom, cas très fréquent en anglais, mais dans une moindre mesure en français
(voir cela dit interviewer verbe, prononcé […vju_ve]/ interviewver nom (prononcé […vju_vœR], à l’instar des noms de

29
Prononciation* : [εl_α_se] pour le terme LHC110
Origine : [étymologie et structure des termes complexes111]
Statut : [terme normalisé/ validé/ homologué/ attesté/ proposé/ (+surdéterminé)112 ; exclusif//
proscrit, dominant// récessif, recommandé/ conseillé/ toléré/ déconseillé113]

professions français en –eur : professeur, ingénieur etc.), ou bien (pour les spécifications de genre), si le nom français et le
nom roumain ont des genres grammaticaux différents : problème (n.m.)/ problemă (n.f.), et ainsi de suite. Pour la compilation
de ce glossaire, cela dit, nous proposons ce champ à titre de champ obligatoire.
110 Champ optionnel, à intégrer, de manière opportuniste (c’est-à-dire au cas par cas, selon le terme traité), parmi les données
relatives au terme vedette (en tant que terme), afin de distinguer sigles et acronymes ou pour tout autre cas de prononciation
problématique (emprunt à une autre langue, formants grecs ou latins etc.).
111 Information grammaticale pour chacun des constituants requises; indications étymologiques pour chacun des constituants
seulement dans la mesure où ils ne font pas l’objet d’un traitement terminographique en tant que vedettes, dans le même
glossaire.
112 Statut intrinsèque.
113 Statut relatif ; attention à bien corréler les spécifications relatives et intrinsèques :
● un terme normalisé ne peut être que soit exclusif, soit recommandé, et (en terme de spécification descriptive (vs
évaluative)), il sera le plus souvent dominant (vs récessif) ; le plus souvent, mais pas nécessairement : pensez aux
recommandations officielles censées supplanter les anglicismes dans certaines langues de spécialité, et qui restent
pourtant d’un usage bien moins étendu que leur concurrent rejeté par les autorités : (marchéage n’a pas supplanté
marketing, à ce jour du moins, en français des affaires) ;
● un terme validé ne saurait être que recommandé ou conseillé et respectivement dominant (vs récessif),
● un terme homologué est par hypothèse exclusif (pour un contrat terminographique ou de traduction donné), etc.
● la qualification (de statut intrinsèque) descriptive surdéterminé se laisse combiner à une autre spécification de statut
toujours intrinsèque, qui sera, elle, affaire d’ « autorisation normative » (dans les termes de la norme ISO 12616) :
normalisé, validé, homologué, attesté ou proposé (si le degré de spécialisation la rend licite).
Dans la pratique, les spécifications relatives « négatives » (toléré, déconseillé, proscrit) seront typiquement réservées aux
variantes inscrites dans le champ de synonymes (accompagnées de notes d’usage spécifiant ce statut, le cas échéant). Sauf
lorsque le critère de la fréquence joue en faveur d’une telle variante qui se trouve être validée par les professionnels d’un
domaine alors même que les autorités normatives la qualifient de simplement tolérée, voire en déconseillent ou en interdisent
l’usage. Un terme dominant sera traité comme vedette (vs synonyme) même lorsqu’il est assorti d’une qualification évaluative
de statut relatif négative.

La norme ISO 12616 (voir aussi 12620) distingue(nt) spécifications de statut incidentes à la normalisation (« autorisation
normative » : « terme normalisé, terme privilégié, terme toléré, terme rejeté, terme remplacé ; terme juridique [qui désigne
un concept juridique, et est défini dans des textes législatifs ou y assimilés (réglementaires) : force majeure tel que le concept
qu’il désigne est défini dans les contrats d’assurance et dans la législation y afférente] ; terme prescrit par la loi [terme qui
désigne un concept non juridique, relevant d’un autre domaine, mais qui est défini dans un texte réglementaire législatif ou y
assimilé portant sur le domaine en question : tri sélectif tel que le concept est défini dans la législation relative au recyclage des
déchets ] »), indications de statut relatives à la planification linguistique (terme recommandé, terme non normalisé, terme
proposé, terme nouveau), et ajoute, dans le même champ, la spécification du statut de traitement (non traité, traité
provisoirement, finalisé).
Terme normalisé (standardized term) : terme normalisé par un organisme d ‘autorité réglementaire

PROPOSITION DE LOI
tendant à rendre obligatoires le tri et la collecte sélective
des déchets ménagers dans les communes
de plus de 1 000 habitants,

Si la plupart des Français connaissent de longue date la collecte sélective du verre en apport
volontaire dans les conteneurs réservés à cet effet, le tri sélectif des autres catégories de déchets doit
désormais se généraliser dans l’ensemble de la population.

la présente proposition de loi a pour objet de rendre obligatoire la collecte sélective – et donc le tri
sélectif par les ménages – dans les communes de plus de 1 000 habitants qui ne l’auraient pas
instaurée

Le premier alinéa de l’article L. 2224-16 du Code général des collectivités territoriales est
ainsi rédigé :

« Dans les communes de plus de 1 000 habitants, le maire règle la présentation et les
conditions de la remise des déchets ménagers et assimilés en fonction de leurs
30
caractéristiques. Il fixe les modalités de collectes sélectives et impose la séparation de
certaines catégories de déchets fixées par décret. »

Tri sélectif actualise le sens C du verbe trier (répartir en plusieurs classes, selon certains
critères, sans éliminer), ce n’est donc pas vraiment tautologique.

Trier (vt, TLF)🡺 l’ensemble des déchets

A. Séparer, dans un ensemble de choses, ce que l'on doit conserver de ce que l'on doit
éliminer. Trier des papiers
B. Faire un choix dans un ensemble de choses de même nature, dans un ensemble de
personnes, en mettant à part, en retenant. Synon. choisir, sélectionner. Trier des livres
rares, des perles, des semences; trier des soldats parmi les meilleures troupes; trier
l'information pour un journal.
C. Répartir en plusieurs classes et selon certains critères, sans éliminer. Trier des fiches;
trier le linge à laver; trier les poissons par espèces; trier des plumes (d'après leur
couleur), des fruits, des œufs (d'après leur calibre), les lettres, les colis postaux (d'aprčs
leur destination).

Sélectif, -ve (adj)🡺 chacune des catégories dissociées

A. Qui est fondé sur une sélection; qui opčre ou qui est propre ŕ opérer une sélection qui ne
concerne ou ne retient que certains éléments ŕ l'exclusion des autres. Recrutement sélectif;
méthode, mémoire sélective; propriétés sélectives. L'oreille seule a la possibilité de dissocier,
d'abstraire ces sons concomitants en éléments monophoniques, qui seront ensuite étudiés
pour eux-męmes, par écoute sélective (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 203). On
pourrait tenir compte de la situation sociale des recrues (pčres, soutiens de famille, etc.). Il
s'agit en l'occurrence d'instituer un service sélectif (Serv. milit. et réforme arm., 1963, p. 90).
Infra dér. ex. de Goldschmidt.

http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion3634.asp

Ce classement des indications de statut mélange statut intrinsèque (terme normalisé, terme juridique, terme prescrit par la loi)
et statut relatif (terme préféré, terme toléré, terme rejeté, terme remplacé)
Pour la définition des concepts de planification linguistique, politique linguistique, normalisation, voir :

La notion de politique linguistique, appliquée à l'action d'un État, désigne les choix, les
objectifs, les orientations qui sont ceux de cet État en matière de langue (s), choix,
objectifs et orientations suscités en général (mais pas obligatoirement) par une
situation intra ou intercommunautaire préoccupante en matière linguistique (on songe
à l'Espagne au sortir du franquisme ou à la Yougoslavie de Tito) ou parfois même
ouvertement conflictuelle (comme c'est le cas en Belgique aujourd'hui). Choix,
objectifs et orientations parfois inscrits dans la Constitution.

Le terme de « politique linguistique » employé ici comme entrée dans ce sous-champ de


la sociolinguistique qu'est la sociolinguistique appliquée (à la gestion des langues)
semble avoir été utilisé tardivement (années soixante-dix du XXe siècle) à la fois aux
États-Unis et en Europe (Calvet 1996 : 6), bien après celui de « planification
linguistique », traduction de « language planning » dont la paternité revient selon
(Calvet 1996 : 4) à E. Haugen (Haugen 1959) qui se verra par la suite concurrencé
par « normalisation linguistique » (Aracil 1965, pour le domaine catalan), et «

31
Marque chronologique* : [néologisme114]
Note d’usage :

Synonyme fr 1 :
Note d’usage : [forme abrégée (forme raccourcie/ troncation/ abréviation/ sigle/ acronyme)//
expansion]
Synonyme fr 2 :
Note d’usage : [symbole115/ formule116]
Synonyme fr 3:
Note d’usage : [variante orthographique (indication de statut relatif si nécessaire : toléré,
déconseillé, proscrit) ; autres variantes moins courantes non traitées en tant que chronologiquement,
géographiquement ou stylistiquement marquées (indication de statut relatif : toléré, déconseillé,
proscrit)117]
Synonyme fr 4 :
Marque chronologique : [obsolète118/ remplacé119/ archaïque120 ]
Note d’usage* : [remplacé par… suite à ..]
Synonyme fr 5 :
Note d’usage : [usage géographique __121]
Synonyme fr 6 :

aménagement linguistique » (Corbeil 1980) pour le domaine québécois-francophone).


Enfin J-B. Marcellesi et L. Guespin proposent le terme de « glottopolitique » avec
semble-t-il le souhait d'élargir la qualification afin d' «englober tous les faits de
langage où l'action de la société revêt la forme du politique » (Guespin et Marcellesi
1986 : 5). Dernièrement, L-J. Calvet a introduit un degré supplémentaire dans le
paradigme : « politologie linguistique ». Considérant les politiques linguistiques
comme des « pratiques », Calvet souhaite œuvrer pour « une science [politique] de
ces pratiques, la politologie linguistique » (Calvet 2002 : 10). Néanmoins l'ensemble
des analyses contenues dans l'ouvrage qui affiche ce projet, continuent de se focaliser
essentiellement sur la mondialisation et les politiques linguistiques.

http://www.univ-
montp3.fr/uoh/politiques_linguistiques/co/module_Po%20Ling_3.html

Nous avons opté ici pour le classement proposé par Daniel Gouadec (Gouadec 1994 : 19-21 ; 73), qui nous a semblé plus clair
et surtout plus systématique (car évitant le mélange de qualifications intrinsèques et relatives, et la confusion entre
métadonnées administratives et données terminologiques à proprement parler). Mélange qu’il n’évite pas : descriptif/ évaluatif
(« autorisation normative »), et ce dans les deux catégories dissociées. Spécification descriptive de statut intrinsèque : la
surdétermination/ spécifications descriptives de statut relatif : le caractère dominant/ le caractère récessif. Toutes les autres
spécifications de statut ayant trait non pas à ce qui se laisse observer, mais à l’autorisation normative (donc à de l’évaluatif).
114 Sauf exceptions rarissimes, la vedette ne saurait être chronologiquement marquée qu’en tant que néologisme (toutes les
autres variantes chronologiques seront consignées en tant que synonymes de la vedette.
115 Il est important pour le traducteur de savoir, par exemple, que le symbole des degrés (Celsius) est °, que le symbole du
recyclage est le ruban de Möbius, que l’on emploie € pour désigner l’euro, $, pour le dollar, etc.
116 Selon le cas : seuls certains domaines se prêtent à ce type de synonymie « inter-sémiotique » étendue (entre langue
naturelle et langages artificiels).
117 Voir note 5 supra.
118 ‘Qui n’est plus en usage’ : correct par le passé, mais qui a cessé de l’être suite à l’évolution du domaine concerné (acide
spiréique/ acide salycilique). La norme ISO distingue obsolète et remplacé (voir note suivante).
119Suite à la normalisation conséquente à l’évolution de la discipline ou du domaine d’activité concernés, ou encore,
s’agissant d’appellations (titres d’institutions ou autorités et autres raisons sociales notamment), conséquente aux
changements survenus dans la législation ou suite à une réorganisation de l’institution/ administration concernée. Préciser,
dans la mesure du possible, surtout dans ce dernier cas de figure, en vertu de quel texte normatif/ législatif, et (environ) à
quelle date ledit changement est intervenu. Exemple (ISO 12616 :2002(F) : 15-16):

Terme fr: Conseil de l’Union Européenne


Synonyme fr: Conseil des Communautés Européenes
Marque chronologique fr: obsolète
Note d’usage fr: remplacé par Conseil de l’Union Européenne suite à la Décision du Conseil 93/591 du 8 novembre
1993

120 ‘Terme, mot ou tour employés alors même qu’ils ne correspondent plus à l’usage contemporain’. Exemple : fièvre tellurique
(synonyme archaïque de la vedette paludisme).
121 Suivra la spécification géographique pertinente : Québec/ Luxembourg/ Belgique … (pays ou groupe de pays)/ Nord-Pas-
de-Calais (région, département)…. Pour le roumain, il s(agira surtout d’emplois régionaux).

32
Note d’usage : [variante familière/ populaire122]
Synonyme fr 7 :
Note d’usage : [restriction de propriété : marque commerciale déposée par___/ terme enregistré
en tant que marque déposée par123 ___ 124]125 126

Paradigme dérivationnel fr*127 :


Source(s) fr :

Collocations fr128 :
Source(s) fr129 :

Contexte fr. 130:


Source fr131 :

[DONNÉES RELATIVES AU CONCEPT↓]

 Définition fr :
132

Source fr :
Explication fr :
Source fr :

Hyperonyme fr :
Hyponyme fr 1 :
Hyponyme fr 2 :
…133
Co-hyponyme fr 1 :

122 Variantes stylistiques.


123 Ou : désignation protégée.
124 Spécification du propriétaire de la marque.
125 Ce type de synonymes font l’objet d’antonomases licites dans la communication courante. Le terminographe doit en
signaler le caractère problématique, en contexte spécialisé : scotch pour : bande adhésive, frigidaire pour : réfrigérateur, xerox
pour : photocopie, etc. Ne pas confondre avec les idionymes !!!
126 Nous venons d’énumérer ici les types de synonymes (+variantes) compris dans la norme ISO 12616 : au gré des articles,
vous en exploiterez un, deux, trois etc., sans obligation de faire figurer des positions vides pour les autres cas de figure
possibles.
127 Champ non prévu dans la norme ISO 12616. Requis surtout dans les glossaires thématiques bilingues à finalité (y compris
sinon surtout) d’apprentissage d’une langue spécialisée – cf. Desmet (2004). Généralement non inclus dans les glossaires ou
bases/ banques de données terminologiques destinées aux traducteurs ou aux spécialistes du domaine de référence. Ce sera
donc pour vous un champ optionnel.
128 Collocations spécialisées, c’est-à-dire usages préférentiels dans l’environnement d’un autre terme, appelé collocatif ; ainsi
le terme d’impôt est-il attesté auprès de collocatifs tels le verbe collecter ou l’adjectif lourd, dans les collocations spécialisées :
collecter__ (collecter les impôts) ; lourd ___ (de lourds impôts) ); on y inscrit aussi d’autres environnements privilégiés du
terme vedette (phraséologie), soit : des expressions figées, locutions, dictons, proverbes – si et seulement si utilisées dans le
langage spécialisé concerné (voir rubrique « domaine » de l’article terminologique), comme il en va, en matière de fiscalité, de
Trop d’impôt tue l’impôt, mais pas de l’expression figurée l’impôt du sang (qui relève du domaine militaire et non de la
fiscalité) ; voire des termes complexes.
Mention n’y sera pas faite des termes complexes qui sont des hyponymes, des méronymes, des idionymes ou des termes
associés du terme-vedette (qui seront mentionnés dans l’article terminologique en tant que corrélats à portée conceptuelle du
terme-vedette, et qui feront de toute manière l’objet d’un traitement en tant que vedettes dans le même glossaire). On va y
mentionner, en revanche, les autres termes complexes incluant la vedette à titre de formant, même s’ils font l’objet d’articles
terminologiques à part (en tant que vedettes) – le cas échéant, on renverra au numéro de l’article concerné (entre
parenthèses). Il en irait ainsi, par exemple, des termes complexes crédit d’impôt, revenu net d’impôt, receveur des impôts
(pourvu toutefois que ces termes complexes n’aient pas été consignés comme termes associés, donc comme corrélats à portée
conceptuelle de la vedette impôt dans le même glossaire; mais il ne faudrait pas mentionner dans ce champ de l’article
terminologique les hyponymes impôt sur la fortune, impôt sur le revenu, impôt en nature, etc.
129 Dictionnaires ou autres.
130Contexte d’attestation de la vedette. Champ à introduire parmi les données relatives au concept selon la norme ISO 12616 :
2002(F). Considérant que le contexte d’attestation du terme fournit surtout (sinon exclusivement) des informations sur l’emploi
du terme dans le texte spécialisé, nous suivrons ici la pratique en usage au TERMISTI (ISTI, Bruxelles), pratique consistante
avec les présupposés théoriques de la terminologie conceptuelle, puisqu’elle revient à clairement dissocier, dans un article
terminologique, données administratives, données relatives au concept et données relatives au terme – cf. Van Campenhoudt
(2000b).
131 Surtout : textes spécialisés.
132 Définition du concept désigné par le terme-vedette (qui, sous synonymie absolue, est également désigné par ses variantes
inscrites sous des entrées ‘synonymes’).
133 Selon le cas, vous ajuterez autant de positions d’hyponyme que requis. Si, au contraire, vous n’ avez inventorié que deux
hyponymes, voire un seul, vous réduirez les cases prévues ici au nombre effectivement nécessaire dans chaque article. Même
remarque pour toutes les occurrences de ‘…’.

33
Co-hyponyme fr 2 :

Holonyme fr :
Méronyme fr 1 :
Méronyme fr 2 :

Co-méronyme134 fr 1 :
Co-méronyme fr 2 :

Autres isonymes fr :

Antonyme fr :

Idionyme(s)135 fr :

Termes associés fr136 :137

IMAGE* :

[DONNÉES ADMINISTRATIVES]
Date d’entrée138 :
Entré par139 :
Date de modification140 :
Modifié par141 :

[DONNÉES RELATIVES AU TERME↓]


Terme ro :
Information grammaticale* : [catégorie grammaticale (N/ V/ A (Adj., Adv.)/ P) ; pour les noms
(la plupart des termes sont des noms), préciser également la catégorie sémantique du nom (nom
propre (Npr)/ nom commun (Nc)), ainsi que le genre (M/ F/ N) et (ssi emploi contraint de l’un des
nombres à l’exclusion de l’autre pour l’acception donnée) le nombre (sg/ pl)]
Prononciation* :
Origine : [étymologie et structure des termes complexes]
Statut : [terme normalisé/ validé/ homologué/ attesté/ proposé/ (+surdéterminé) ; exclusif//
proscrit, dominant// récessif, recommandé/ conseillé/ toléré/ déconseillé]
Marque chronologique* : [néologisme]
Note d’usage :
⮵Degré d’équivalence142 : [exact/ plus étendu/ plus restreint]
⮵Directionnalité ro: [vers ro143// à partir du ro : ]

134 La notion d’isonyme recouvre tous les cas de figure de désignation d’un objet/ concept situé au même niveau dans un
système hiérarchisé que l’objet/ le concept désigné par la vedette (quelle que soit la relation (espèce-genre, partie-tout) et
qu’il y ait ou non un terme désignant le concept supra-ordonné dans la langue respective). Si tous lesco-hyponymes et/ou
respectivement tous les co-méronymes d’un terme donné sont des isonymes, il existe des isonymes qui ne sont pas des co-
hyponymes/ co-méronymes : escompte, en tant que réduction de prix à caractère financier, est isonyme de ristourne
(réduction de prix à caractère commercial), sans pour autant en être le co-hyponyme.
135 Désignations d’objets/ concepts situés au niveau le plus bas dans la hiérarchie conceptuelle de référence
136 Tout en spécifiant, soit dans des notes faisant suite à chacun de ces corrélats, soit entre parenthèses (pour chacun d’eux),
le type de corrélat (la relation conceptuelle associative sous-jacente).
137 Toutes ces rubriques (depuis « hyperonyme » à « autres corrélats ») sont incluses dans l’article terminologique alors même
qu’elles ne sont pas comprises dans la norme ISO évoquée, pour faciliter l’accès aux relations entre concepts. Elles doivent
être consistantes avec l’arbre du domaine/ la carte conceptuelle en amont du glossaire ou préfaçant celui-ci.
138 Voir Remarques après la fiche.
139 Voir Remarques.
140 Voir Remarques.
141 Voir Remarques.
142 Catégorie pilote du groupe de catégories encodant des informations sur l’équivalence interlinguale. Autres
catégories d’équivalence : directionnalité, indice de fiabilité. Puisque l’indice de fiabilité est plus ou moins
récupéré dans les indications de statut, nous ne l’inclurons plus à titre de champ distinct ici.
143 Collège (français de France) Établissement d'enseignement du premier cycle du second degré. (La loi du
11 juillet 1975 fait des collèges [collèges d'enseignement secondaire (C.E.S.)] la structure unique d'accueil de tous
les élèves issus de l'école primaire élémentaire. Ceux-ci y accomplissent quatre années d'études, de la classe de
sixième à la classe de troisième, avant de s'orienter vers le lycée général ou le lycée professionnel.
Colegiu ro = liceu (de prestigiu : Colegiul national : terme complexe) !

34
A première vue, collège fr pourrait être rendu par gimnaziu ro. Regardons cependant de plus près la définition du
concept correspondant, en roumain :

Définition ro. : « Învăţământul secundar inferior sau gimnaziul cuprinde clasele V-VIII »
Explication ro : « (…) şi funcţionează în general ca învăţământ cu formă de zi. Se finalizează cu
susţinerea unor teze cu subiect unic în clasele a VII-a şi a VIII-a. Vârsta de încheiere a gimnaziului este
de 14-15 ani ».
Source :
http://enciclopediaromaniei.ro/wiki/Sistemul_de_%C3%AEnv%C4%83%C5%A3%C4%83m%C3%A2
nt_din_Rom%C3%A2nia#.C3.8Env.C4.83.C5.A3.C4.83m.C3.A2ntul_secundar_inferior (dernière
consultation le 2 mars 2016).

Maintenant, le terme français désigne un non pas cycle du second degré, mais l’institution correspondante, tandis
que le terme roumain désigne non pas l’institution, mais seulement le cycle respectif (deux concepts bien distincts :
le cycle d’enseignement est un concept, l’institution où ce type d’enseignement est dispensé en est un autre). Le
terme roumain de gimnaziu est donc un équivalent pour le concept désigné en français par la périphrase (terme
complexe ?) d’enseignement du premier cycle du second degré.

En roumain (de Roumanie vs de Moldavie), le concept d’<établissement d'enseignement du premier cycle du


second degré> est (plus ou moins) désigné non pas par gimnaziu, mais par les termes de şcoală gimnazială, voire
de şcoală generală.
Mais, de manière étonnante, une şcoală gimnazială est, à l’instar d’une şcoală generală, une institution
d’enseignement qui regroupe en fait école élémentaire (classe prépa + classes Ière à IVème) et « gymnasium » au
sens strict (Vème à VIIIème). D’où l’usage assez étendu de la périphrase (affichée sur le frontispice de maintes
institutions de ce type) de şcoală cu clasele I-VIII (pour lever toute éventuelle ambiguïté).

D’autre part, même en tant que désignation de la notion de cycle d’enseignement, le terme roumain de
gimnaziu s’applique à un concept d’extension virtuellement plus large que la désignation française
d’enseignement du premier cycle du second degré, puisque, par exemple, le cursus d’enseignement
secondaire en Roumanie n’est pas organisé en trois cycles (cycle d’adaptation, cycle central, cycle
d’orientation), à l’encontre du collège français – voir pour plus ample informé sur les réalités culturelles
françaises en la matière : http://www.education.gouv.fr/cid214/le-college-enseignements-organisation-
et-fonctionnement.html - dernière consultation le 28 février 2016. Il est donc évident que le terme de
gimnaziu ro. n’a pas la même valeur que le terme français de collège (au sens saussurien de valeur vs
signification).

La norme ISO ne comporte que des indications d’équivalence orientées vers l’extension des concepts désignés.
Plus étendu : moins de caractères, donc extension plus large le concept s’applique à plus d’objets/ le genre à
plusieurs espèces)…. Plus restreint : plus de caractères, donc extension plus restreinte (le concept s’applique à
moins d’objets/ le genre à moins d’espèces…). Ou bien : le tout comporte moins de parties (extension plus
restreinte)/ le tout comporte davantage de parties (extension plus étendue).
En ce qui concerne l’équivalent roumain du terme français de collège (d’enseignement secondaire), son extension
est manifestement plus étendue (définition partitive en extension plus large : établissement à cursus de 8 années –
école primaire & école d’enseignement secondaire du premier cycle) vs établissement à cursus de 4 années).
Le concept français a une définition générique par compréhension qui ne correspond pas de manière exacte à la
définition du concept désigné par le terme roumain de şcoală gimnazială, puisque ce dernier (malgré les
connotations dues au signifié compositionnel de langue) ne dénote pas un <établissement d’enseignement du
premier cycle du second degré>, mais un <établissement d’enseignement primaire et du premier cycle du second
degré>.
L’article terminologique bilingue comportera alors la mention du degré d’équivalence : plus étendu, pour le
terme ro de gimnaziu.
Ce sont là en effet des institutions équivalentes seulement jusqu’à un certain point : outre la différence d’extension
partitive, il y a l’aspect des trois cycles du collège français, l’ordre des années dans le cursus (décroissant – 6ème à
3ème – en France, croissant 5 ème à 8ème en Roumanie), le système de notation (notes de 20/20 en France, de 10/10
en Roumanie), etc. Pour ne rien dire des connotations, dues en principal à l’histoire des institutions et donc à la
polysémie du mot français collège – qui dans le vocabulaire spécialisé de l’enseignement en vient à désigner le
CES (concept général) mais est inclus aussi à l’appellation (concept unique) de Collège de France, qui ne relève
pas de l’enseignement secondaire). Collège est plus « valorisant » que école, c’est sûr !

35
Synonyme ro 1 :
Note d’usage : [forme abrégée (forme raccourcie/ troncation/ abréviation/ sigle/ acronyme)//
expansion]
Synonyme ro 2 :
Note d’usage : [symbole/ formule]
Synonyme ro 3:
Note d’usage : [variante orthographique (indication de statut relatif si nécessaire : toléré,
déconseillé, proscrit) ; autres variantes moins courantes non traitées en tant que chronologiquement,
géographiquement ou stylistiquement marquées (indication de statut relatif : toléré, déconseillé,
proscrit)]
Synonyme ro 4 :
Marque chronologique : [obsolète/ archaïque ]
Note d’usage* : [remplacé par… suite à ..]
Synonyme ro 5 :
Note d’usage : [usage géographique __]
Synonyme ro 6 :
Note d’usage : [variante familière/ populaire]
Synonyme ro7 :
Note d’usage : [restriction de propriété : marque commerciale déposée par___/ terme enregistré
en tant que marque déposée par ___]

Paradigme dérivationnel ro* :


Source(s) ro :

Collocations ro :
Source(s) ro :

Contexte ro :
Source ro :

[DONNÉES RELATIVES AU CONCEPT↓]

Définition ro :
Source ro :
Explication ro :
Source ro :

Hyperonyme ro :
Hyponyme ro 1 :
Hyponyme ro 2 :

Co-hyponyme ro 1 :
Co-hyponyme ro 2 :

En raison de ce genre de différences interculturelles, si l’on peut à la limite traduire (dans des contextes levant
l’ambiguïté) collège (d’enseignement secondaire) par şcoală gimnazială, on ne va cependant pas traduire (dans
l’autre direction) şcoală gimnaziala (et a fortiori pas : şcoală generală) par collège d’enseignement secondaire
(fr) – du moins pas sans une note du traducteur.
D’où l’option pour une mention de directionnalité ro : vers ro.
Le terme ro ne va pas figurer dans l’index des équivalents ro, en fin de glossaire, la vedette fr aura la direction nalité
complémentaire (« à partir du fr »).
La compréhension du concept ro de scoala generala, scoala gimnaziala, =🙪glose terminographique (impoqssible à
intégrer dans un texte en discours suivi) : école primaire et collège (Ion este om de serviciu la o scoala generala :
Ion est géniteur dans une *école primaire et collège/ école générale (équivalent ro : école générale directionnalité :
à partir du roumain)/ étymologie : calque d’après le roumain scoala generala/ statut : proposé/ contexte fr :___/
index d’équivalents fr, école générale ne va pas figurer

Directionnalité fr: à partir du français

La directionnalité et le degré d’équivalence sont entendus, dans la norme ISO 12616 comme champs
ressortissant aux « données relatives au terme ». Notons cela dit que la décision sera de fait à chaque coup prise
compte tenu de l’analyse conceptuelle.
La directionnalité est une mention pertinente notamment pour les institutions et autres concepts à forte charge
culturelle.

36
Holonyme ro:
Méronyme ro 1 :
Méronyme ro 2 :

Co-méronyme ro 1 :
Co-méronyme ro 2 :

Autres isonymes ro :

Antonyme ro :

Idionyme(s) ro :

Termes associés ro :

[DONNÉES ADMINISTRATIVES↓]
Date d’entrée :
Entré par :
Date de modification :
Modifié par :

Remarques.
Les items marqués d’un astérisque sont optionnels.
Dans le cas des articles terminologiques inclus dans un glossaire à auteur unique (comme il en va de
votre projet terminologique (simulation d’activité professionnelle à finalité didactique d’évaluation de la
maîtrise des techniques de compilation de glossaires/ rédaction de fiches terminologiques), par défaut,
le responsable de toutes les entrées sera l’auteur du glossaire, la date d’entrée, sera (par défaut) la
date de remise du glossaire (date de dépôt du projet, marquée sur la page de garde), et il n’y aura pas
de modifications (sauf cas particuliers où vous aurez voulu consigner des étapes de votre recherche
avant remise du glossaire). Cela étant, vous pourrez faire l’économie de ces spécifications dans les
fiches particulières, pour ne les mentionner que dans le chapitre de présentation de la méthodologie de
compilation du glossaire, lorsque vous présenterez les champs de l’article terminologique bilingue).
Mêmes remarques dans le cas du volet roumain de l’article terminologique.

4.1. Seconde saisie (1) : distinguer vedette, synonymes et corrélats.

Choix vedette vs synonymes : selon des critères textuels, en particulier selon la fréquence, et selon le
statut relatif du terme (comme nous l’avons déjà souligné, un terme toléré, déconseillé, proscrit ne saurait
constituer la vedette d’un article terminologique).

Les synonymes terminologiques ont typiquement le même référent que la vedette. Ce sont des
variantes orthographiques (formes abrégées en tous genres y comprises), des variantes diatopiques
(au Québec, on préférera habituellement employer traversier plutôt que ferry, magasinage plutôt que
shopping, yogourt plutôt que yaourt et arachide plutôt que cacahuète), diachroniques (CE est une
variante désuète pour UE, après Maastricht), plus rarement diastratiques (pognon, fric, blé, oseille sont
des variantes argotiques pour argent), voire diaphasiques (telles, pour les termes scientifiques, leur(s)
variante(s) vulgaire(s), ou les variantes familières de termes spécialisés, réservées à l’oral, : chèque
en bois pour chèque sans provision, en français de la banque).

Distinguer synonymes et corrélats : si les synonymes ressortissent au champ de données relatives au


terme (désignations différentes du même concept), les corrélats relèvent du champ de données relatives au
concept, permettant de situer celui-ci dans un réseau de concepts apparentés ou voisins (selon des relations de
genre à espèce, des relations de partie à tout ou des relations associatives).
Certains corrélats peuvent fonctionner comme synonymes de la vedette dans le texte spécialisé, à la faveur de
mécanismes de reprise (quasi-)anaphorique : reprise par l’hyperonyme notamment.

4.2. Seconde saisie (2) : distinguer et apprendre à rédiger les champs « définition »,
« explication », « notes » et « contexte ».

■ Définition : traits intrinsèques (dont certains distinctifs).


■ Explication : information encyclopédique accessoire relative à l’objet plutôt qu’au concept.
■ Note d’usage : information encyclopédique ou métalinguistique relative à la désignation ou bien
relative au concept.
■ Contexte énumératif : introduire la désignation dans un paradigme de désignations, postuler
l’existence d’une relation pertinente entre concepts désignés, situer l’objet dans un ensemble d’objets (parties

37
du même tout, éléments du même ensemble, objets du même type, objets remplissant la même fonction ou au
contraire, des fonctions minimalement différentes, etc.).
■ Contexte associatif : micro-contextes ou phrases, pertinentes à l’identification des propriétés
syntagmatiques de la désignation vedette ; richesse informative optionnelle ; si riche en informations, souvent
à la limite de l’explication ou de l’énoncé définitoire.

38
5. Lexicographie/ terminographie : les produits (ouvrages).

● Dictionnaire de langue (Répertoire lexicographique) – répertoire alphabétique des unités


lexicales d’une langue donnée, qui comprend des définitions et informations grammaticales, et souvent
aussi des exemples, voire des corrélats (synonymes, antonymes, homonymes, paronymes, …). C’est
un ouvrage lexicographique : perspective sémasiologique, entrées polysémiques.

● Vocabulaire spécialisé (vocabulaire terminologique, répertoire terminologique, glossaire


terminologique) : répertoire uni-, bi- ou multilingue de termes propres à un domaine spécialisé, qui
comprend des définitions et autres justifications textuelles des concepts concernés ; distinction de sous-
domaines de plus en plus spécialisés →entrées monosémiques (distinguer davantage de notions,
multiplier les cas d’homonymie). Perspective (sous-jacente) onomasiologique (de l’idée (de la notion,
du concept), vers les mots. Ouvrage terminographique.

termes
±informations grammaticales
+ définitions+explications+contextes (et références)
±variantes
+corrélats (hyponyme, hyperonyme, co-hyponyme ; méronyme, holonyme, co-méronyme ;
antonyme…).

● Lexique spécialisé : répertoire uni-, bi- ou multilingue de termes propres à un domaine spécialisé,
qui ne comprend pas de définitions. Ouvrage terminographique.

● Index terminologique : liste des termes d’un (sous-)domaine spécialisé/ d’un ouvrage spécialisé.
Ouvrage terminographique.

● Thésaurus : liste de termes normalisés qui, après élimination des problèmes de polysémie et de
synonymie, représentent des concepts pour un domaine de connaissances. L’ensemble des termes
qui constituent le thésaurus est réparti en champs sémantiques, à l’intérieur desquels les
descripteurs sont reliés par des relations de signification : synonymie, hiérarchie (spécialisation :
hyperonymie, hyponymie notamment), voisinage ou association (related to). Un thésaurus ne recèle
pas d’informations relatives au sens et à l’emploi des mots (pas de définitions ni d’autres justifications
textuelles) : il permet seulement, à partir d’une idée (d’un concept), d’explorer les mots qui s’y
rattachent, et inversement.

● Ontologie : organisation de la connaissance en ensemble(s) de concepts et de relations entre


concepts (formalisation explicite des relations entre les différentes désignations des concepts
concernés : grammaire formalisée de ces relations).

Attention : bien que, du point de vue théorique, vocabulaire spécialisé (=vocabulaire terminologique)
et lexique (spécialisé) sont à distinguer de par la présence ou respectivement l’absence des définitions
et d’autres repères explicatifs ou illustratifs (exemples), dans la pratique terminographique, certains
« vocabulaires » (+ définitions) sont appelés (voir titre de l’ouvrage) « lexique de… ».

De même, bien que le terme de dictionnaire doive renvoyer à un ouvrage de lexicographie entrées
polysémiques, perspective sémasiologique : du mot, vers les sens) dans la pratique on nomme
« dictionnaires » y compris des ouvrages de terminographie pure et dure (spécialisation domaniale,
monosémie, perspective onomasiologique : de la notion (idée) vers les mots).

Dans la littérature on distingue communément:


■ dictionnaire de langue
■ dictionnaire spécialisé explicatif monolingue ou au plus bilingue (dictionnaire comportant
des entrées polysémiques, à acceptions indexées par sous-domaines, selon la logique propre à la
spécialisation
■ dictionnaire spécialisé terminologique (dictionnaire explicatif mono-, bi- ou, le plus
souvent, multilingue, qui ne comporte que des entrées monosémantiques, indexées par domaines
(sous-domaines), souvent pris pour synonyme de glossaire terminologique ou vocabulaire
terminologique144).

144 Cf. Van Campenhoudt, Marc (2000a).

39
DESMET, Isabel (2004) – « Terminologie d’apprentissage et apprentissage de la terminographie : le dictionnaire
électtronique bilingue des contrats du commerce international », Revue de didactologie des langues-cultures et
de lexicultorologie 2004/ 3, n° 135, p. 285-298
DUBUC, Robert (1978) – Manuel pratique de terminologie, Montréal : Linguatech/ édition européenne 1980,
Paris : Conseil national à la langue française GOUADEC, D. – 1994, Terminoguide n°1 : données & informations
terminologiques & terminographiques. Nature & valeurs, La Maison du dictionnaire, Paris, pp. 19-21 ;
STRAWSON, P.F., 1974, Subject and Predicate in Logic and Grammar, London, Methuen
VAN CAMPENHOUDT, Marc (2000a) – « De la lexicographie spécialisée à la terminographie : vers un
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