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Nicole THIERRY Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris LICONOGRAPHIE CAPPADOCIENNE DE LAFFRONT FAIT A ANNE D’APRES LE PROTEVANGILE DE JACQUES In the Protevangeliun Jacobi we find a scene where a servant is off ding her mistress. Whereas the insult to Arne has been preserved i the Greek tev, i as altered in the versions and soon misunderstood ad Forgonen in Byzantine world. Iustrations of the episode are very rare. The one preserved at Kita Cukur reveals Graeco-Oriental characteristics and ston for the same Hellenistic background as the text self Dans histoire de la conception dle Marie d'aprés fe Prorévangite de Jacques, Uépisode de Uaffront fat @ Anne par sa servante se wruve dans ta plus uicienne rédaction (Papyrus Bodmer 5). Le sujet a été conservé ldons le texte gree, mais alt dans d'autres versions. Dans fe monde fpveuntin lemme, ila et vite incompriset oublié. Les illustrations ent Sont exceptionnelles. Celle conservée @ Kicil Cukur en Coppadoce, ret weatune feonographie gréco-orientale qui reflzte te méme tréfords hel risque que te texte de Vépisode qui objective la honte attachée @ la stéritité {J’Anne et, par constraste, la gloire de sa future materni- Pee Sa servante Judith lui offre «un bandeau royal » qu’Anne refu- fe, s'en trouvant indigne. Cette péripétie répond a Vaffront fait & Joachim dont les offrandes au Temple sont refusées. ‘judith dit & Anne : «... Voici qu’est arrivé le grand jour du Seigneur et if ne test point permis de te lamenter, Prends plutot ce bandeau (xeda\o5equtov) que ma donné la maitresse du servi ce et quil ne mest pas permis de ceindre, parce que je suis une Sevante et qu'ila une marque [ou : une allure] royale (xapaxtipa Byer Bari hiniv). Et Anne dit : Va-t-en loin de moi et je ne le ferai pas, et le Seigneur m'a humilige & Pexees...» (Protéx. 1,23) Apwuryphe 7196, 9. 200-272 262 N.THIERRY A propos du texte. Nous utilisons deux éditions en raison de leur présentation critique différente, celles des R. P. Emile Amann et Emile de ‘Stryeker', L'épisode et le vocabulaire ont donné lieu & des inter- prétations, mais le texte est le méme. A. propos du bandeau. E, ‘Amann a traduit xaparripa Zxe. SaonKdv par «il a une allure royale » et E. de Strycker par «il porte une marque royale » E. Amann considérait qu'il s'agissait en fait d'un dindéme (Gdénua) «au sens étymologique du terme. c‘est-a-dire le ban- ddeau plus ou moins orné qui sert & retenir les cheveux. et qui. fixe au bas de la tiore perse, devient un ornement royal »*. Le bhandeau était aussi un «embléme de consécration dans les cir~ constances les plus diverses ‘Drun autre cbté. E. de Strycker a retrouvé le mot kedadodéoutor dans les dictionnaires de Sophocles et de Stephanus et dans le Lexicon de Maller. Enfin, dans ('Edir du maximum de Dioclétien (fin du IT s.). ce bandeau figure dans la liste des objets tartés, trois catégories de qualité y étant distinguées*, Le sens d's estampille », « marque », pour xapaxTip n’est pas conn, pour un tissu, mais de Strycker pense qu'il convenait ici le ban- ‘eau pouvant provenir d'un atelier de tissage royal’. Cependant cce bandeau qu'il dit « abjet usuel de la toilette féminine »* reste tune rareté dui vocabulaire et ne correspond pas & ce que nous tonnaissons de la véture des femmes des premiers siécles, dont fa téte était nue ou couverte d'un voile Iéger ou d'un pan du 1. E. Aways. Le Protévungile de Jgcques et ses remaniements fatns. Paris 1910 [AsIaSS}. p. [S+I87, E. de SrevcKER, La forme fa plus lincienne di: Protevangile de lacques (Subsidia hagiographica 33). Bruxelles 1961 [-STRYCRER] p. 68-71. 305-306, 406-407 'AMASS. . 186. Danewisane Sacto, Dietionnaire des Amtiguités grecques ¢t Fomoines. H. 1892. p, 11121, Dans un courrier tes documenté, dont fous le remercions vivement. M. E. Will nous a précisé qu’Alexandre Tempronta aux Perses » mais diadgme royal hellgnistique est un bar: ‘deat Blane osné sur les bords, porté noué autour de fa t2le nue. Ses Gxtrémités& franges dorées tombant dans le dos (d'aprés le Kleine Pauly». » =diadema) ce diadome macédonien a été largement diffo- fe par les successeure d’Alexandre et Iépué 3 une série de souverains frigntaux, dont Fes rois parthes (lettre du 16-3-1994), Pour ta symbo- fique royale du diad&me dans le monde hellénistigue. voir plas bas A STACKER, p. 308-3. EISTRVCKER, p. 308 e 6 SravenER.p. 407 That LICONOGRAPHIE CAPADOCIENNE DE LAFFRONT FAITA ANNE 263 maphorion, excepticns faites des personnifications allégoriques ‘ou des impératrices’. 'E. Amann datait “histoire de Marie de la fin du II sidcle et attribuait l'euvre a un chrétien hellénisant d’Egypte, ensemble du Provévangile étant placé au début du IV* sigcle* iE, de Strycker datait Pceuvre de Ia seconde moitié du IF s..le plus ancien manuscrit. le Papyrus Bodmer 5. déja complet. étant Situd entre 200 et 400 il hésitait a dater d'avant [an 300 le récit Ge la Nativité de Marie’. Il fixait Vorigine du Protévangile en Egypte. par élimination des autres contrées possibles". Deapres ces études. le passage qui nous intéresse est donc plaeé & Fépoque ol Fhellénisme était encore florissant. aussi bien en Egypte que dans le reste du bassin méditerranéen orien- tal, ‘Le bandeau come la scéne elle-méme ont embarrassé les traducteurs anciens. Les versions syriaques. les plus anciennes. tantot sont fidéles au texte grec", tantét le modifient">, La ver- sion géorgienne parie d'un accessoire dont on se couvre Ia tate", Tes arméniennes tan:6t a’identifient pas objet offert, tant6t sup- priment Pépisode™: Méthiopienne, de date plus tardive. parle dun ormement royal offert par une voisine". ‘Nous ne donnons la que des indications, Venquéte étant évi- demment & complé:er. Il apparait cependant clairement que Te sujet a rapidement paru obscur. ‘Témoignages archéologiques. Crest ce qui ressort également de Timagerie qui nous est par- venue, Lillustration de la scene nest connue que par un trés 7.R. Biaxcnt Banoisettt, Rome. Lo fn de Fart antique, Paris 1970. fig. 365, 24 B85, 318. 227, 428 (allegories. fig. 228, 304): A. GRanan. Le premier art chrétion, 200-395, Paris 1966. fig. 58, 68. 69. 114-120, 146, B51-932, ete. B-AvasS. p. 77-100, 9, STavCRER.p. 14 22 195-197. TW, STRVCKER.p. 419-123, IAwass. p.186.2.2 A2.SravCKER.p. 05.1.1 13, G. Gantire, « Le Protévangile de Jacques en géorgien. Le Masgiin 10 (1987). p.243- Nous remercions ici B. Oultier de sa traduc tion du texte 44, Dans les versions traduites par H. QueCKE. dans STRYCKER, p. 48, 460. IS,Agiass. p. IST

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