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PALLAS, 94, 2014, pp.

63-86

Quelques observations
sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge
du Fer : le cas de la nécropole de Vergina

Anne-Zahra Chemsseddoha
Université de Toulouse II-Le Mirail

Les objets funéraires sont choisis et déposés intentionnellement dans la tombe1. Une fois
placés dans l’espace de la sépulture, ultime étape du processus funéraire, les objets perdent toute
« ustensilité » et cristallisent l’image du défunt que les vivants ont bien voulu lui prêter2. Le
mobilier funéraire compose alors un discours complexe sur le mort et sur le traitement social
de la mort par la communauté3. L’étude systématique des catégories fonctionnelles des objets
sépulcraux permet de dégager des thématiques qui renvoient aux modes de représentations
funéraires. En 1992, S. Houby-Nielsen avait présenté sa théorie selon laquelle, dans la société
athénienne, les idéologies du guerrier, du banquet et du parfum, se succéderaient respectivement
de l’époque géométrique au vie siècle, chaque étape se caractérisant par un type d’assemblage
spécifique4. M.-P. Belletier, à partir d’une étude statistique des classes fonctionnelles des objets
sépulcraux du cimetière du Céramique, avait nuancé ce découpage en notant la présence à toutes
les époques des vases de table. Même si au viie siècle les vases liés au symposium occupent une
part importante au sein des dépôts, témoignant d’une place «  particulière et politiquement
significative »5 du banquet dans l’idéologie funéraire athénienne, la commensalité et notamment
la boisson est néanmoins présente à toutes les époques, dans le mobilier, à travers les marqueurs
funéraires et lors de la cérémonie. L’idéologie du guerrier se manifeste quant à elle, à travers les
ensembles d’objets métalliques, dont les armes seraient les symboles d’une aristocratie « pour
laquelle les valeurs guerrières sont essentielles »6. Il semble alors intéressant de se demander si
on observe les mêmes idéologies dans les dépôts funéraires dans d’autres régions du monde grec,
et notamment en Grèce du nord.

1 Cet article a été rédigé au cours d’un séjour d’étude financé par la Fondation Onassis que je remercie
sincèrement.
2 Luce, 2011.
3 D’Agostino, Schnapp, 1982, p. 20.
4 Houby-Nielsen, 1992.
5 Belletier, 2003, p. 81.
6 Belletier, 2003, p. 79-82 ; Luce, 2003.
64 Anne-Zahra Chemsseddoha

Les ensembles funéraires dans les tombes du début de l’âge du Fer en Macédoine se
caractérisent par une grande quantité d’objets métalliques, dont les bijoux en bronze féminins
sont les plus représentatifs et qui s’échelonnent sur une longue période allant du xie au début
du viie siècle. Dans la nécropole de Vergina, tous siècles confondus, le métal occupe 60 % du
mobilier7. A Agrossykia,  sur la soixantaine d’objets récupérés dans les dix tombes datées du
ixe à la fin du viiie-début du viie siècle, les trois quarts sont en métal, les défunts n’étant le
plus souvent accompagnés que d’un seul vase8. Même si le mobilier métallique semble occuper
une place importante et significative, les céramiques n’en sont pas pour autant absentes, il
semble alors intéressant de se pencher sur les modes de représentations funéraires concernant
cette région périphérique du monde grec, qualifiée récemment par B. Horejs de zone tampon
(« buffer zone ») entre les Balkans et l’Egée9. A travers l’étude du cas de la nécropole de l’âge du
Fer de Vergina nous proposons aujourd’hui quelques observations préliminaires.
Lorsqu’on entreprend une étude des thématiques funéraires en Macédoine, on se heurte
à quelques problèmes méthodologiques. Le premier est l’accès aux données matérielles. De
nombreuses nécropoles ont été découvertes récemment lors d’opérations de fouilles préventives
et sont publiées partiellement10 ; en l’état actuel de la documentation, il est donc difficile de
proposer une étude systématique du mobilier pour ces sites-là. Néanmoins, nos recherches
peuvent se fonder sur le site de Vergina, première grande nécropole âge du Fer dont les fouilles
ont été publiées11. Une deuxième difficulté est liée au découpage chronologique de l’âge du Fer
en Macédoine. Alors que pour le cimetière du Céramique, M.-P. Belletier avait pu insister sur
l’évolution des catégories fonctionnelles des objets sur une longue période, pour Vergina, aucun
phasage chronologique précis n’est jusqu’à présent proposé pour les tombes. La majorité des
vases sont modelés et les formes représentées couvrent une longue période d’usage. Andronikos
propose un phasage des tumuli explorés lors de ses missions12 et en 1975, dans sa publication
Trachzubehör der Eisenzeit zwischen Ägäis und Adria, K. Kilian propose une autre chronologie
relative (Vergina I, II, IIIA, IIIB, etc.), basée sur le mobilier métallique et céramique, qu’il
replace dans une chronologie plus large des Balkans et de la Grèce égéenne13. Cependant, toutes
les tombes de Vergina n’ont pas pu être intégrées à ce système. Bien que les travaux de Kilian
aient permis pour la première fois de rassembler une grande documentation et de proposer des
correspondances chronologiques entre différentes aires culturelles, la datation des tombes de
cette nécropole mériterait un réexamen précis à la lumière des données livrées par les fouilles

7 Andronikos, 1969 ; Radt, 1974.


8 Chrysostomou et al., 2007.
9 Horejs, 2007, p. 293-306.
10 Par exemple, la nécropole de Stavroupoli-Polichni (Thessalonique), dont de nombreuses portions ont
été fouillées chaque année entre 1997 et 2011. Les découvertes principales ont été décrites au fur et à
mesure dans les chroniques de fouilles de l’Αρχαιολογικόν Δέλτιον.
11 Andronikos, 1969 ; Petsas 1961-1962, 1963.
12 Ibid., 264-279.
13 Kilian, 1975, 65-74.
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 65

d’habitats stratifiés comme Kastanas, Toumba Thessalonique ou Assiros14. Néanmoins, le grand


nombre de tombes publiées et l’abondance du mobilier de cette nécropole sont un point de
départ intéressant.
Le site de Vergina se situe au pied du versant nord des monts Piériens, face à la plaine et
au fleuve Haliakmon. Bien connu pour les vestiges de l’ancienne cité d’Aigai et les tombes
royales macédoniennes qu’il abrite, il est également une référence incontournable pour la
compréhension de l’âge du Fer en Macédoine (fig.1). Entre la fin du xie-début du xe et le début
du viie s. avant notre ère se développe une vaste nécropole tumulaire, dont plus de 540 tertres
ont été repérés et plus d’une centaine fouillée15. Ces tertres se répartissent dans les champs
en contrebas du palais, à l’est de la nécropole archaïque et des tombes royales16. La première
fouille a été conduite dans les années 1950 par Andronikos qui explore alors 32 tumuli (dont
23 couvrant des tombes de l’âge du Fer) dont les données ont été étudiées et publiées dans
une remarquable monographie parue en 1969. Cette mission sera suivie par celles de Petsas
en 1960 et 1961 (75 tumuli, dont 13 contenant des tombes de l’âge du Fer) et d’une fouille
en 1970 dans les terrains Lazarides et Malamas (4 tumuli)17. L’organisation de la nécropole est
basée sur le tumulus collectif. Le tertre artificiel est constitué d’une terre rougeâtre rapportée,
délimité ou non par un cercle de pierres de 10 à 22 m de diamètre. Ces tumuli contiennent de
1 à 21 sépultures (9-10 en moyenne)18. Le rite principal est l’inhumation - seulement quatre
crémations secondaires en urne sont enregistrées19. On trouve des tombes à fosse simple, ou à
bordure de pierres, des cistes à parements de blocs de pierre, et des enchytrismes en pithoi. Les
tombes sont le plus souvent disposées en rayons à l’intérieur du tertre, la tête des défunts orientée
vers le centre, mais certaines sont également disposées de manière concentrique, comme c’est le
cas dans le tumulus LXV20.
L’analyse du mobilier funéraire nécessite une information égale pour chaque tombe. Il est
important, en plus de la liste des objets d’accompagnement, de connaître leur emplacement
exact, ce qui permet de préciser l’orientation du défunt, sa position ainsi que la série de gestes
accomplis par les vivants auprès du mort. Bien que les tombes fouillées par Petsas aient été
décrites en détail, aucune étude n’a été proposée pour le mobilier. Nous avons donc retenu 23

14 A propos des horizons chronologiques de Vergina établis par Kilian, nous renvoyons le lecteur à l’analyse
critique d’A. Hochstetter, qui s’appuie sur les données issues de la fouille de Kastanas (voir Hochstetter,
1984, p. 302-307) ainsi que celle formulée par J. Vokotopoulou concernant la chronologie relative
établie par le même auteur pour la nécropole de Vitsa Zagoriou en Epire (voir Vokotopoulou, 1986,
p. 6-7 et 351-352 [résumé en anglais]). Pour les habitats de Kastanas, voir Hänsel, 1989 ; Toumba
Thessalonique, voir Soueref, 2009 ; Assiros, voir Wardle, 2007.
15 Stampolidis, Giannopoulou (éd.), 2012, p. 71. Certains tertres ont été réutilisés ou érigés à l’époque
hellénistique.
16 Drougou, Saatsoglou-Paliadeli, 2009 ; pour la nécropole archaïque, voir Kottaridi, 2009, p. 143-153.
17 Andronikos, 1969 ; Petsas, 1961-1962, p. 218-288 ; Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier, 1989, p. 86-87.
18 Excepté le tumulus LXV qui couvre 56 tombes conservées, voir Petsas, 1961-1962, p. 268.
19 Tumulus LXIV, tombes A, H (voir Petsas 1961-962, p. 264, 266, fig. 45-46 p. 265). Tumulus Δ, tombe
10 (voir Andronikos 1969, p. 17-18, pl. Γ) ; tumulus E, tombe E5 (voir ibid., p. 22, pl. Δ).
20 Petsas 1961-1962, sx. 47 p. 267. Pour une synthèse des vestiges de la nécropole, voir Radt, 1974.
66 Anne-Zahra Chemsseddoha

tumuli fouillés par Andronikos (216 tombes) 21, et les 4 de la fouille de 1970 (35 tombes), ce
qui nous amène à un total de 251 tombes. Le cas de Vergina est singulier car très peu de restes
osseux sont conservés dans le cas des tombes à fosse. Des dents, des fragments de crâne ou d’os
longs nous permettent de connaître parfois l’orientation du mort22. Seules les inhumations en
vases non détruites par les travaux agricoles, protégées par le contenant funéraire, ont été mieux
conservées23. Malheureusement une étude anthropologique n’a été menée que pour les tombes
fouillées en 197024. Lorsque le creusement de la fosse n’est pas discernable du comblement et
que les os font défaut, seul le mobilier en place atteste de la présence d’une sépulture. Ainsi,
les tombes archéologiquement visibles ne reflètent pas forcément l’ensemble du recrutement
funéraire originel. Toutefois, les restes osseux font autant défaut que les objets funéraires sont
nombreux, bien conservés et très souvent retrouvés in situ. Les accessoires de vêtements et les
parures corporelles permettent d’identifier l’orientation et la position du mort car, en plus d’être
connus dans d’autres nécropoles pour lesquels les squelettes sont conservés, ils ont été retrouvés
en abondance.
Sur les 251 tombes retenues datées entre le xe et le début du viie siècle, 240 possèdent du
mobilier25. Sur les 1 400 objets environ26, les vases en céramique n’occupent qu’un peu plus d’un
tiers du total. Sur toute la durée d’utilisation du cimetière, 67 % des tombes contiennent du
mobilier métallique alors qu’un tiers en est dépourvu. Parmi le mobilier d’accompagnement, on
peut distinguer les vases27 et les objets personnels du défunt, qui sont beaucoup plus nombreux :
armes, couteaux, attaches et ornements de vêtement, parures corporelles et accessoires – fusaïoles
(fig. 2).

21 Nous n’avons pas retenu, les tumuli H, Θ, I, Λ, Μ, Π, Σ. Ψ. Ω, car ils n’ont pas livré de tombe de l’âge
du Fer. Les tombes ΑΓ ΧΙΙ et AΓ-XIII-XIV ont été écartées car le mobilier de la première pourrait être
celui de deux sépultures ou bien de l’enchytrisme ΑΓ-2 voisin détruit par les labours. Pour la seconde,
deux sépultures ont été identifiées, mais on ne peut déterminer avec certitude l’appartenance des objets
funéraires, voir Andronikos, 1969, p. 27-28, 31, 43, 47, 58, 64-65.
22 Par exemple, tombe A-II de la fouille Andronikos (dents retrouvées à l’extrémité S.-E., près d’un vase),
voir Andronikos 1969, p. 8-9 ; tombe LXV-Ξ de la fouille Petsas (os du crâne retrouvés à l’extrémité
S.-O., près d’un vase), voir Petsas 1961-1962, p. 274-275.
23 Andronikos, 1969, 10-11, fig. 1, pl. 8 (tombe A-3), p. 25, pl. 9 (tombe Z-4). Certains squelettes en
fosse sont conservés mais ils sont bien postérieurs et dans des tumuli remaniés, probablement réutilisés
à l’époque médiévale : fouille Andronikos, tombe Δ-A, (voir ibid., p. 15-16, pl. 8), tombe Ρ (voir ibid.,
p. 45-46, pl. 15).
24 Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier, p. 150-151.
25 Les 11 tombes sans mobilier correspondent à huit enchytrismes en pithoi (voir Andronikos, Α-2, K-1,
K-3, P-IX, Φ-3, AΓ-1, AΓ-2) dont certains sont endommagés et contiennent parfois des fragments
de céramique, mais sans objet clairement identifiable ou attribuable à la tombe, deux crémations
secondaires en urne (Δ-10, E-5), une fosse perturbée contenant des fragments de vases et d’objets en
fer indéterminés (Φ-XIII).
26 Le nombre d’objet varie si on considère le nombre total d’éléments comme par exemple « 1 fibule et
15 perles » ou « la quantité brute de pièces » qui donnera « 1 fibule et 1 collier – de 15 perles », voir
Nickels, 1989, p. 405. Nous avons privilégié autant que possible un comptage par pièces brutes.
27 Tous les vases sont en céramique.
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 67

La détermination du sexe et de l’âge biologiques des défunts est impossible pour la majorité
des tombes, et l’identification du genre, qui est une reconstruction sociale, ne peut donc se fonder
que sur le mobilier funéraire et les marqueurs sexuels28. Si certains objets renvoient à la sphère
masculine, comme les armes, et d’autres à la sphère féminine, comme les parures ou les fusaïoles,
nombreux sont les objets mixtes et certains pouvaient également appartenir à des proches.
Ce constat invite à la prudence. Andronikos identifie comme masculine ou probablement
masculine les tombes contenant une lame, un couteau ou une arme. On a enregistré 45 couteaux
dans les tombes retenues dans notre étude. Andronikos distingue le couteau du coutelas, d’après
la taille de la lame29, et associe les deux à l’armement du défunt30. Rhomiopoulou et Kilian-
Dirlmeier considèrent les couteaux comme des outils polyvalents, les coutelas supérieurs à 40 cm
de longueur comme des probables armes, mais rattachent les deux à l’univers masculin31. En
l’absence d’information anthropologique, les identifications sexuelles par ce type d’objet sont
risquées. Il est vrai qu’on ne les trouve jamais associés clairement à des parures féminines, mais des
exemples contemporains dans d’autres nécropoles montrent le contraire32. Le même problème se
pose pour les tombes à boutons et/ou anneaux, ou celles qui ne contiennent que quelques perles
ou une bague. Il s’agit d’ornements de tissus et parures corporelles qui peuvent être associés aux
deux sexes33. Ces incertitudes nous conduisent à nous concentrer sur les assemblages des tombes
les plus riches pour lesquelles l’identification sexuelle est moins hasardeuse.
Sur l’ensemble étudié, 39 tombes contiennent des armes et des coutelas en fer. Dans les
tombes retenues, ont été enregistrés 18 épées, 10 pointes de lance, 2 poignards, 21 pointes de
flèche et 10 coutelas. On peut distinguer cinq catégories d’armes (fig. 3). La sépulture avec épée,
lance et flèches est unique et associée dans la même tombe à une riche sépulture féminine34.
La catégorie la plus fréquente est en réalité celle des tombes à lance35. Hormis certains cas
exceptionnels, les flèches ne sont jamais associées aux lances et il est rare que le défunt soit
accompagné d’une lance et d’une épée36. Rhomiopoulou et Kilian-Dirlmeier proposent de voir
dans les tombes à épée et les tombes à lance l’expression de deux modèles de guerriers définis

28 Delamard, Mariaud, 2007, p. 65-81.


29 Sont considérés comme des couteaux, les lames inférieures à 15 cm de long, voir Andronikos, 1969,
266
30 Andronikos, 1969, p. 152, 154-156.
31 Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier, 1989, p. 133-134.
32 Agrosykia (Macédoine Centrale), tombe E : 1 couteau, 1 tasse, 4 fibules en lunettes, 1 sphécotère en or,
voir Chrysostomou et al., 2007, p. 263 ; Vitsa Zagoriou (Epire), tombe 46 : 1 couteau, 2 amphorisques,
2 fibules en lunettes, 3 bagues en bronze, 1 bague en fer, 1 perle en pierre, voir Vokotopoulou, 1986,
p. 133-135.
33 Tombe N-XIV  : 1 épée, 2 couteaux, 4 petites boutons en bronze (voir Andronikos, 1969, p. 37,
pl. 11) ; tombe III-E : 1 pointe de lance en fer, 1 couteau, 1 pierre à aiguiser, 1 bague en fer (voir Petsas,
1961-1962, p. 224) ; tombe LXVI-H : 1 pointe de lance en fer, 2 couteaux, 3 perles en bronze (voir
ibid., p. 219).
34 Tombe ΓΙ – Malamas, voir Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier, 1989, p. 97, fig. 19, p. 110.
35 La fouille Petsas en a mis au jour 18 de plus, ainsi qu’un talon de lance (tombe LXIV E), voir Petsas,
1961-1962, p. 264.
36 Un cas supplémentaire, tombe LXVIII Z (fouille Petsas) : 1 épée, 1 pointe de lance, 1 perle et 1 anneau
en bronze, 1 cruche modelée, voir Petsas, 1961-1962, p. 222.
68 Anne-Zahra Chemsseddoha

par leur équipement personnel, le rang social se reflétant à travers la qualité de manufacture des
armes37. Cette hypothèse met l’accent sur l’implication du défunt dans les activités guerrières,
le rôle qu’il aurait pu tenir sur le champ de bataille, et la manière dont cela est signifié dans la
tombe.
Toutefois, la société des morts n’est pas le reflet exact de la société des vivants, car les objets
sont rigoureusement sélectionnés par les proches et composent un discours qui définit et
positionne le défunt dans la société. Alain Testart identifie deux types de politique funéraire :
une politique de dépôt (selon laquelle, tout ou une grande partie de la richesse du défunt est
déposée dans la tombe) et une politique de distribution (les objets sont conservés et redistribués,
le défunt n’emportant aucun signe de richesse avec lui). Les assemblages des tombes à armes de
Vergina semblent répondre à une politique intermédiaire que Testart appelle «  politique de
dépôt bis » selon laquelle une partie des objets est déposée, une autre conservée38. En effet, les
nécessaires de toilette, les pierres à aiguiser sont rares et les armes défensives inexistantes (du
moins celles qui auraient pu se conserver) 39. Pour Andronikos, les tombes à couteau(x) reflètent
une politique de distribution. Les familles auraient préféré conserver l’armement du défunt
plutôt que de le « perdre » dans la tombe. Le couteau, déposé pour sa symbolique guerrière,
fonctionnerait alors comme une synecdoque de l’équipement complet du défunt40. Cette
interprétation est intéressante, mais il n’est pas certain que les couteaux aient été utilisés comme
armes, et comme nous l’avons vu plus haut, ils ne sont pas des marqueurs sexuels spécifiquement
masculins. L’absence de toute information anthropologique sur le sexe ou l’âge des porteurs
nous empêche de tirer toute conclusion définitive sur ce type d’objet.
C’est par la référence à la guerre que certains défunts, notamment les porteurs d’épée, se
distinguent de la masse des individus inhumés41. Que l’épée ait réellement été utilisée lors de
combat ou non, cet objet permet au défunt d’être rattaché à ce groupe privilégié, dans un souci de
conformité au mode de représentation des élites masculines, spécifique à Vergina. Comme nous
le verrons plus tard, les vases semblent occuper un rôle secondaire dans ce discours. Les épées, par
leur valeur intrinsèque (matériau, qualité)42, leur portée symbolique renforcée par leur abandon
et leur retrait des réseaux de circulation, doivent également être considérées comme des biens de
prestige. Cela est d’autant plus évident dans le cas de l’épée en bronze du xiie siècle interprétée
comme un héritage, et de celle en fer à poignée de bronze43. L’ancienneté, le matériau, la valeur

37 Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier, 1989, p. 133, 135.


38 Baray, 2008, § 23 citant A. Testart, «  Deux politiques funéraires  », Trabalhos de Antropologia e
Etnologia, Porto, 41, 3-4, 2001, p. 45-66.
39 Pour les pinces à épiler et pierres à aiguiser voir les tombes fouillées par Petsas (LXV-AΓ, LXVII-B,
LXVIII-Δ, LXVIII-E, III-E, III-Ξ), voir Petsas, 1961-1962.
40 Andronikos, 1969, p. 266.
41 La thématique de la chasse se manifeste probablement pas le dépôt de pointes de flèche (voir
Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier, p. 136). Les lances ont pu également être utilisées comme javelots
pour la chasse, hypothèse proposée pour celles de la nécropole de Vitsa Zagoriou en Epire, voir
Vokotopoulou, 1985, p. 200.
42 Snodgrass, 1971, 254-257 ; Morris 1989, 513.
43 Epée en bronze, tombe C-Δ, voir Petsas, 1961-1962, p. 242 ; Epée en fer à poignée de bronze, tombe
LXVIII-Z, voir Petsas, 1963, p. 222 ; Snodgrass, 1971, p. 254-255.
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 69

mythique44 de la première, et, la rareté pour la seconde, induisent un prestige supplémentaire


pour les défunts qu’elles accompagnent, dans un souci de différenciation des élites entre elles.
Alors que les armes, notamment les épées, permettent à l’élite masculine de se distinguer,
les parures semblent être le pendant féminin dans ce système de valeurs. Plus de 800 objets de
parures ont été retrouvés dans les tombes (fig. 4). Même s’il est parfois difficile de se fonder
sur les parures pour déterminer le sexe du défunt, on peut identifier une centaine de tombes
probablement « féminines » portant au moins une fibule en lunette ou une épingle et/ou des
parures de coiffe. On peut distinguer les sépultures avec attaches de vêtement (72 cas dont
seulement 4 avec des épingles) de celles qui n’en ont pas (22 cas). Les fibules et épingles se portent
seules (28 cas) ou par paires (40 cas). Les épingles, retrouvées par paire au niveau des épaules (3
cas seulement), devaient servir à fermer une sorte de péplos (fig. 4, N-X), tout comme les fibules
en lunette (autrement appelées fibules en forme de huit)45. Ces attaches utilisées depuis le début
de l’âge du Fer jusqu’au cours de l’époque archaïque sont très populaires en Macédoine, dans les
Balkans et en Italie46. Dans le cas des sépultures ne contenant qu’une seule épingle, sans autres
bijoux, la question de la détermination du sexe n’est pas résolue. Cet accessoire n’est associé à
aucune arme à Vergina, toutefois, des épingles en fer faisaient partie du vêtement de certains
hommes dans la nécropole de Vitsa Zagoriou en Epire. En Macédoine, dans les nécropoles
archaïques de Nea Philadelpheia et Agia Paraskevi, la plupart des tombes à épingle unique sont
des sépultures masculines47.
De nombreuses défuntes portaient des parures de coiffe (52 cas)48, composées d’un bouton
et de longues spirales suspendues. Retrouvées à l’emplacement des tempes, ces parures devaient
orner un bandeau ou un voile. Il s’agit d’un bijou féminin qu’on a également retrouvé dans
d’autres nécropoles en Macédoine49. Une défunte portait un diadème en bronze, décoré de
cercles et de points au repoussé, dont les motifs rappellent ceux de la culture villanovienne
en Italie50. Dans neuf tombes, on a identifié des éléments de ceintures en bronze comprenant
des petits boutons et/ou de grands disques en bronze couramment appelés «  omphalia  »51.
Probablement fixés sur du tissu épais ou du cuir, ces ornements impressionnants semblent
constituer une marque de distinction sociale. Retrouvés en faible nombre, ils ne sont associés
qu’aux très riches sépultures. Cette interprétation vaut également pour la nécropole d’Agrosykia,

44 Baray, 2008, § 61.


45 Misaïlidou-Despotidou, 2011, p. 133-135. A l’époque archaïque dans les nécropoles de Néa
Philadelpheia et Agia Paraskevi, la situation est inverse : les épingles sont les attaches de vêtements les
plus courantes.
46 Ibid., p. 95.
47 Vokotopoulou, 1986, p. 171-172 ; Misaïlidou-Despotidou, 2011, p. 135.
48 Parures parfois retrouvées toutes seules, ex. tombe Φ XIV (fouille Andronikos).
49 A Vergina parmi les tombes retenues, 6 sépultures avaient une seule parure bouton-spirale, 21 défunts
les portaient par paires, 1 en portait trois, dont deux sur les tempes et une probablement placée derrière
la tête (tombe AZ-VII), 25 tombes ont livré des spirales isolées. Pour ce bijou, voir Andronikos, 1969,
p. 225 ; Misaïlidou-Despotidou, 2011, p. 128. Pour la nécropole de Tzamala, voir tumulus Z, tombe 5
(femme), tumulus IZ, tombe 10 (petite fille), voir AD 56-59 (2001-2004), B’3B, 423-424.
50 Andronikos, 1969, p. 251, tombe YIII. Un autre diadème a été trouvé dans la tombe Δ, tumulus III de
la fouille Petsas, voir Petsas, 1961-1962, p. 224, sx. 5, pl. 98γ, δ.
51 Andronikos, 1969, p. 243 ; Andronikos, 1972, p. 1-5.
70 Anne-Zahra Chemsseddoha

où on a découvert une sépulture de femme portant une ceinture composée entre autres de 48
pendeloques en forme d’anneaux52. Les parures corporelles sont nombreuses et comprennent des
ornements de cheveux comme des sphécotères en bronze et en or (plus nombreux que ceux en
bronze), ainsi qu’une paire de boucle d’oreille en or. En plus des nombreux colliers (en sardoine,
verre, bronze, os, plomb et terre cuite), on a retrouvé 8 torques en bronze. Si la riche femme de
la tombe Γ-I Malamas en portait deux, des défuntes à parure plus modeste pouvaient également
en être parées53. Les bras étaient ornés de bracelets (armilles, bracelets lourds ou simples) et les
doigts de bagues (anneaux simples ou à double-spirale). On trouve également quelques objets de
la catégorie des « bronzes macédoniens »54 : rouelles, pendeloques en forme d’anneaux, de fer
à cheval. Les fusaïoles sont peu nombreuses (seulement 9 dans l’ensemble des tombes étudiées,
répartis dans 8 tombes) et n’ont été retrouvées que dans des tombes contenant des bijoux.
Les parures sont donc variées et les combinaisons multiples. La coiffe peut se porter seule,
en accompagnement de fibules aux niveaux des épaules ; les ornements corporels sont parfois les
seules parures, tout comme les attaches de vêtements. Il est difficile d’identifier des catégories
d’assemblage et les scénographies simplifiées de la fig. 4 présentent une sélection parmi certaines
tombes richement dotées.
Parmi tous les assemblages, un groupe de six sépultures se distingue des autres par la
présence d’une triple double-hache en bronze, qui devait être attachée à un support en bois
d’après l’hypothèse courante aujourd’hui (fig. 4)55. La triple double-hache est associée à de très
riches sépultures « féminines », qui portent ce qu’on pourrait appeler une panoplie complète
composée d’attaches de vêtement (par paire le plus souvent), de nombreuses parures corporelles
(au moins une paire de bracelet, collier et bagues), d’une coiffe élaborée (au moins une paire de
boutons à spirales suspendues), d’une ceinture et/ou d’un vêtement orné de clous en bronze56.
Même si la fonction de la hache reste encore obscure, cet objet, en plus du prestige qu’il conférait
à son propriétaire par sa rareté et sa qualité de fabrication, devait également contribuer à lui
définir un rôle ou un rang particulier (épouse de chef ? prêtresse ?) car si cet objet ne se retrouve
que dans les tombes les plus fournies en parure, toutes n’en possédaient pas (fig. 4). La logique
de dépôt semble avoir prévalu sur celle de distribution. Les femmes sont parées de leurs bijoux,
presque dans un esprit de thésaurisation. Toutefois, les tombes sans mobilier métallique ne
correspondent pas forcément à des défunts « pauvres ». Par exemple, à quelques kilomètres
seulement de notre cas d’étude, dans la nécropole tumulaire de Tzamala, dont le mobilier
funéraire présente des similarités avec Vergina, les femmes ne sont ornées d’aucun bijou,
exceptée une fillette qui portait de nombreuses parures en bronze  : deux boutons à longues

52 Chrysostomou et al., 2007, p. 223, pl. III.B.3.


53 Tombe N-II contenant en plus du torque, 1 fibule en lunette, 2 bagues, 1 bouton et 1 petit clou en
bronze, voir Andronikos, 1969, p. 32.
54 Bouzek, 1974.
55 Stampolidis, Giannopoulou (éd.), 2012, p. 76.
56 Fouille de 1970, terrain Malamas, tombe Γ I (voir Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier, 1989) ; fouille
Andronikos, tombes AΔ I, AH II, Φ-III, AE V (voir Andronikos, 1969) ; fouille Petsas, tombe LXV-Ξ
(voir Petsas, 1961-1962, p. 274-275, pl. 134β).
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 71

spirales (coiffe), deux sphécotères, un bracelet et une bague, une bande, un anneau et deux
boutons sur le torse, ainsi que deux cruches modelées placées au niveau de la tête et des pieds57.
Le mode de représentation de l’élite féminine à Vergina semble se caractériser par un code
vestimentaire formel et une abondance de parures corporelles, dont la variabilité d’assemblage
et la présence d’objets spéciaux (diadème, bijoux en or, ceinture, hache), répondent, peut-être,
comme pour les hommes, à un souci de différenciation individuelle. Lorsqu’on compare la
répartition des tombes « féminines » à triple double-hache à celle des tombes à épée dans les
tumuli (fig. 5), on constate que les deux se côtoient dans cinq cas sur six58. Sans restes osseux,
il est difficile de comprendre la logique du recrutement funéraire et le type de relation entre
les défunts (lien familial ? marital ? logique sociale ?) 59. Toutefois, ainsi associées à de riches
sépultures masculines, ces femmes se positionnent également de manière favorable par rapport
aux sphères du pouvoir.
Ces panoplies métalliques, qu’elles soient composées d’armes ou de parures, semblent
répondre à des codes relativement stricts. Les objets ainsi exposés une dernière fois lors de la
pompe funéraire sont les acteurs d’une stratégie de valorisation de l’individu, des proches et
des familles, une réaffirmation de leur position sociale, notamment dans le contexte de tumuli
collectifs. A Vergina, l’idéologie du guerrier fonctionne de pair avec une idéologie de la parure
féminine et dans ce contexte où le métal semble tenir un rôle de premier plan, nous pouvons
alors nous demander quelle place occupent les vases d’accompagnement.
Le classement des vases selon des critères techniques de forme et de décor permet d’établir
des typologies et une chronologie, ainsi que de se prononcer sur l’existence de réseaux de
communication et sur la circulation des biens et des personnes. Ce système de classement
indispensable permet «  d’établir la position de chacun des groupes étudiés dans l’espace et
le temps » 60. Toutefois, il est important de croiser les résultats de ces études avec ceux de la
répartition des catégories fonctionnelles, déduites de la forme et des propriétés physiques des
récipients. Sur l’ensemble des tombes étudiées, 228 contiennent des vases61, ce qui donne un
total de 457 vases en contexte sépulcral. Ce chiffre ne prend pas en compte les vases trouvés hors
des sépultures dans le comblement du tertre. Les vases modelés sont beaucoup plus fréquents que
les vases tournés (403 vases modelés, soit 88 % ; 35 vases tournés, soit 7.6 %)62. Les formes sont
variées (fig. 6), mais leur répartition montre une prépondérance des vases de table, qui occupent
91 % de l’ensemble étudié, la très faible présence de vases de toilette (une seule pyxide)63, et

57 Tumulus IZ, tombe 10. Cf. AD 56-59 (2001-2004), B’3B, p. 424.


58 Le cinquième cas, qui n’est pas représenté sur la carte est celui de la tombe XV-Ξ, voir Petsas, 1961-
1962, p. 274-275, pl. 134β.
59 Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier, 1989.
60 Luce, 2008, p. 127.
61 198 tombes pour la fouille Andronikos, 31 tombes pour la fouille de 1970.
62 Pour une vingtaine de vases, la technique n’est pas précisée ou indéterminée (fragments).
63 Fouille Andronikos, tombe Δ-VII, voir Andronikos, 1969, p. 17.
72 Anne-Zahra Chemsseddoha

l’absence de vases de transport, de vases miniatures ou de vases de cuisine. Ces derniers, très peu
nombreux, ne sont utilisés que comme contenant funéraire64.
Le service de table est dominé par les vases à boisson (fig. 7) dont la cruche modelée et le
canthare à anses avec pouciers65 sont les formes les plus fréquentes. Les vases de stockage ou
de transfert de liquide sont également présents mais moins nombreux (24 amphorisques et 4
hydries). Aucune analyse du contenu n’ayant été effectuée, il est parfois difficile d’identifier
la fonction de certains récipients, qui pouvait être multiple. C’est le cas des bols modelés
à anses plates ou dressées. Inspirés de récipients en bois, d’après Andronikos, la forme de ces
vases ne semble guère se prêter à la boisson, d’autant plus quand la lèvre est torsadée66. La
deuxième catégorie de vase, dont l’usage est problématique, concerne «  les vases ouverts à
deux anses  ». Ils sont modelés (de 11 à 22,5 cm de hauteur et de 9 à 19,5 cm de diamètre),
à deux anses horizontales placées sur l’épaule. Andronikos les nomme ainsi (ανοικτά διώτα),
d’après une terminologie basée sur la forme générale, et un exemplaire est décrit comme « en
forme de cratère » (κρατηρόσχημον δίωτον)67. Rhomiopoulou et Kilian-Dirlmeier les appellent
«  krateriskoi  » 68, un terme impliquant la fonction conventionnelle du cratère, comme vase
à mélanger. Ce même type de vase est utilisé une fois comme urne cinéraire pour un enfant
(Tombe E5)69 et la forme semble être inconnue dans l’habitat de Kastanas70. L’habitat de l’âge
du Fer associé à la nécropole n’a pas été fouillé, mais la comparaison avec le répertoire observé à
Kastanas, beaucoup plus large, montre d’une part que les vases ont également été utilisés dans la
sphère domestique et, d’autre part, qu’une rigoureuse sélection a été faite dans le choix des vases
à mettre dans la tombe. A Kastanas, on retrouve les cruches modelées à col échancré, les skyphoi,
les bols modelés et les canthares à anses avec poucier, mêmes si ces derniers sont en nombre
limité71.
L’étude des ensembles montre une prédominance du service à boisson constitué d’un vase à
verser et d’un vase à boire (le plus souvent, une cruche et un canthare). La majorité des tombes

64 Deux marmites à support dont une utilisée comme urne cinéraire, tombe LXIV-A (voir Petsas 1961-
1962, 264, 265 fig. 46, pl. 147β) et une autre identique utilisée comme contenant funéraire. On y a
trouvé des fragments d’os, mais il n’est pas précisé s’ils étaient brûlés ou non, voir ibid., p. 266, fig. 45
p. 265.
65 Vase ouvert à deux anses verticales surélevées et surmontées d’un bouton à surface plane (voir
Andronikos, 1969, p. 42-43) ; type 12b de Kastanas, voir Hochstetter, 1984, p. 99, pl. 240.1.
66 Tombe Φ-1, vase n° 25, voir, Andronikos, 1969, p. 55, pl. 57 ; Radt, 1974, pl. 34 n°18.
67 Tombe N-VIII, n° 11, 20 cm de hauteur, 17, 2 cm de diamètre à l’ouverture, voir Andronikos 1969,
p. 34-35, 90, pl. 43.
68 Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier 1989, pl. 24.1, 141-142.
69 Andronikos, 1969, p. 22.
70 Rhomiopoulou, Kilian-Dirlmeier, 1989, p. 98.
71 Pour les canthares à anses avec pouciers, voir Hochstetter, 1984, p. 91, 303-304 ; les bols modelés à
anses plates (« Schale mit randständigen Ösen », type 5c1), ont été retrouvés dans les couches 8 à 4 de
Kastanas, donc entre le ixe et le début du viie siècle, voir ibid., p. 91, pl. 163.3.
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 73

étudiées ne contiennent que deux vases72 situés aux extrémités de la tombe73. Sur 128 tombes
contenant deux récipients de table (fig. 8)74, cette association se retrouve dans plus de la moitié
des cas (75 tombes). Dans les tombes contenant trois vases (34 tombes sur l’ensemble étudié),
les combinaisons sont plus variées, même si le service à boisson prédomine.
L’association systématique du vase à verser et du vase à boire est courante dans les tombes
de l’âge du Fer en Grèce du sud avec les équivalents de l’oenochoe et du skyphos75. Toutefois, dans
le cas de Vergina, à cette récurrence du service à boisson s’ajoute dans de nombreux cas une
standardisation de l’emplacement des vases par rapport au défunt (fig. 9). Cette étude met en
évidence des gestes effectués par les vivants au moment de l’inhumation et permet de déterminer
si ce n’est un rite ou une règle, du moins un usage largement partagé. L’orientation et la position
du corps par rapport au tertre ont pu être déterminées pour certaines tombes grâce à la position
des autres objets retrouvés in situ. Notre étude systématique montre que dans la tombe, il était
d’usage de placer une cruche au niveau de la tête et un canthare au niveau des pieds du mort. On
a enregistré la position de chacun des récipients pour 39 tombes qui contiennent deux vases aux
extrémités et pour lesquelles l’orientation du mort est connue. Sur les 36 cruches présentes, 34
étaient placées au niveau de la tête du défunt et 2 au niveau des pieds ; et sur 26 canthares, 24
étaient au niveau des pieds et seulement 2 au niveau de la tête (fig. 9). Cela se vérifie également
pour les tombes contenant davantage de vases même si les variantes sont plus nombreuses76.
On constatera également que les amphorisques et les hydries sont systématiquement placées au
niveau des pieds, quel que soit le nombre de vases dans la tombe.
Les assemblages céramiques montrent l’importance de la boisson et de la commensalité dans
les rites funéraires. Toutefois, le banquet d’apparat ne semble pas avoir fait partie de l’idéologie
funéraire dominante pour distinguer les individus entre eux, ou alors à titre occasionnel ou
individuel. La majorité des tombes ne contiennent que deux vases souvent placés aux mêmes

72 Tombes contenant 1 vase : 49 tombes (21.5%) ; 2 vases : 137 tombes (60.1 %) ; 3 vases : 34 tombes
(14.9 %) ; 4 vases ou plus : 8 tombes (3.5 %). Total des tombes : 228.
73 Pour la tombe AZ-VII, une cruche et un skyphos ont été retrouvés sur les parures supposées de la
poitrine et de la taille, dont la position initiale a été perturbée. Récemment, A. Kottaridi a proposé
l’hypothèse selon laquelle, ces deux vases auraient été disposés à l’origine sur le couvercle en bois de la
fosse (voir Stampolidis et Giannopoulou (éd.), 2012, p. 73-74). Cette interprétation ici plausible n’est
peut-être pas valable pour toutes les tombes. Dans le cas des tombes Φ-III ou Y-I, les vases disposés
d’un côté ou de part et d’autre des bijoux de coiffe ont été retrouvés sur le flanc ou verticalement, sans
qu’ils aient perturbé l’emplacement des bijoux. Ne peut-on pas les imaginer appuyés contre les épaules
de la défunte ? (Pour les tombes, voir Andronikos 1969, respectivement fig. 16, p. 54, pl. 17 et fig. 14,
p. 51, pl. 16).
74 Sur l’ensemble des 228 tombes étudiées, 137 tombes contenaient deux vases, mais 5 cas avec un ou
deux vases fragmentaires dont la forme n’a pu être identifiée, 3 tombes contenant un biberon (associé
respectivement à 1 skyphos, 1 tasse, 1 cruche) et 1 tombe contenant une pyxide.
75 Belletier, 2003 ; à Marmariani, voir Heurtley, Skeat, 1930-1931, p. 1-55.
76 Pour 57 tombes dont les vases étaient situés aux extrémités et pour lesquelles on connaît l’orientation
du défunt, on a comptabilisé 58 cruches dont 47 étaient placées au niveau de la tête contre seulement
11 au niveau des pieds. De même sur un total de 40 canthares, 34 étaient placés au niveau des pieds.
74 Anne-Zahra Chemsseddoha

endroits par rapport au défunt que le mobilier associé soit abondant ou modeste77. Les ustensiles
de banquets comme les broches à rôtir ou les chenets sont absents. Si un cratère (lié à la
consommation du vin) a été retrouvé dans une tombe à armes et que les quatre hydries (liées à la
consommation de l’eau) sont toutes associées à des tombes « féminines » à parures78, les autres
formes du répertoire céramique (canthares modelés, tasses, skyphoi, amphorisques et cruches)
sont associées à tous les types de dépôts. Si le contenu des vases pouvait être différent pour les
tombes masculines ou féminines, cela n’est pas visible dans les formes sélectionnées. La majorité
des tombes à épée ne contiennent que deux vases modelés dont les associations sont les mêmes
que pour le reste des tombes de la nécropole.
Bien que les vases modelés soient très nombreux, les vases tournés décorés sont minoritaires
mais néanmoins présents. Un seul cratère, − une importation de style protogéométrique − a été
placé comme vase d’accompagnement79. Il a été découvert dans la tombe centrale du tumulus
N, une riche sépulture « masculine », contenant une longue épée en fer, deux couteaux en fer
et une cruche modelée80. Si la présence de l’épée aux côtés du défunt et de la cruche au niveau de
la tête renvoie aux usages locaux, l’introduction du cratère comme mobilier funéraire est un cas
unique à Vergina d’après la documentation disponible à ce jour et renvoie aux pratiques connues
en Grèce du sud. Toutefois, il n’est pas certain qu’il faille interpréter ce dépôt comme une
« imitation ». Au-delà de la symbolique à laquelle il renvoie, ce vase a pu être placé dans cette
tombe comme objet de prestige (cadeau, objet acquis lors d’échanges, etc.), qui agirait comme
une preuve matérielle des réseaux et des contacts privilégiés que le défunt aurait pu entretenir
de son vivant. Deux autres cratères ont été retrouvés dans un même tumulus (tumulus L, fouille
Petsas) : le premier dont le contexte n’est pas clair, et le second qui aurait été utilisé comme urne
cinéraire81. Le défunt dans ce cas se distingue clairement par le rite, le contenant et le mobilier
(lance, couteau et louche). En cela, cet assemblage ne semble pas répondre à la même logique
que le cratère de la sépulture du tumulus N. Il est difficile d’interpréter cette tombe en l’absence
d’autres cas avérés à Vergina et de cas similaires en Macédoine. Les neuf skyphoi enregistrés
dans l’ensemble des tombes retenues sont associés à du mobilier métallique82. Ce vase semble
remplacer le vase à boire usuel (canthare modelé) ou avoir été ajouté au service domestique
modelé. Les vases tournés décorés sont presque tous des productions locales83. Ils apparaissent

77 Par exemple, la tombe AΔ I à panoplie complète n’était accompagnée que d’une cruche au niveau de la
tête et d’une canthare au niveau des pieds, comme 62 autres tombes de la nécropole.
78 Fouille Andronikos : E-I, N-II, N-VII, AΓ-X, voir Andronikos, 1969.
79 Vase n° 36, tombe N-XIV, voir ibid., p. 37, pl. 45.
80 Tombe N-XIV, voir ibid., 1969, p. 37, pl. 11.
81 Un cratère retrouvé seul, identifié comme une tombe (tombe L-Δ, Petsas), mais aucun ossement ni
mobilier n’est mentionné (voir Petsas, 1961-1962, p. 258-259) ; Tombe L-Γ (fouille Petsas) : un cratère
fermé par une plaque de pierres contenant une louche, un couteau fragmentaire et une pointe de lance,
voir ibid., p. 258, pl. 146β).
82 Trois skyphoi associés à des tombes à armes (poignard ou flèches), tombe T-III, P-I, P-2 ; deux associés
à de riches tombes à parure, AZ-VII, N-VII ; deux associés à des tombes probablement féminines
contenant quelques bijoux, tombes Δ-V, AΓ-III ; deux associés à des tombes pauvres en objets de
parure, tombe E-VIII et AΓ-IX.
83 Andronikos, 1969, 168-174 (skyphoi), 182.
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 75

alors, du moins dans la tombe, comme les éléments d’un service de luxe et renverraient à une
pratique plus ostentatoire de la consommation de boisson.
Toutefois, les références au symposium ou à un service à boisson d’apparat sont relativement
discrètes comparées à la quantité d’objets retrouvés dans la nécropole, et ne nous permettent
pas d’envisager l’idéologie du banquet comme mode de représentation dominant ou même
équivalent à celui du guerrier ou de la parure féminine. Cela ne veut pas dire que la pratique du
festin ostentatoire ou de la consommation de vin ait été absente à Vergina, mais l’élite masculine
se présente davantage sous les traits de guerriers que de banqueteurs. Si les contacts avec la
Grèce du sud sont attestés à travers les productions locales géométriques et les importations, ces
relations ne semblent pas avoir influencé profondément les modes de représentation des élites
dans la mort. Ces premières observations mériteraient un affinement des recherches basé sur
une chronologie relative sûre de toutes les tombes de la nécropole. Néanmoins, que la vaisselle
ait acquis à un certain moment une dimension plus significative ou que celle-ci se soit produite
ponctuellement, individuellement, il semble que d’une manière générale on ait privilégié les
objets métalliques à la céramique pour définir le statut du défunt au moment de la mort.
C’est en cela que les assemblages et les thématiques funéraires identifiés à Vergina semblent
assez proches de ceux de la nécropole de Pateli en Macédoine Occidentale actuelle84. Les
pratiques funéraires ne sont pas tout à fait les mêmes qu’à Vergina. Certes, l’inhumation est
le rite exclusif et les tombes sont regroupées sous des tumuli, mais ceux-ci sont plus larges et le
nombre de tombes par tertre beaucoup plus important (jusqu’à 280 estimées pour le tumulus IV
fouillé en 2002). Le type de tombe privilégié est la ciste à orthostates et les sépultures reléguées
sont nombreuses, les os et le mobilier réorganisés dans la tombe. Les données issues des fouilles
des années 2000 sont en cours d’étude, mais Hammond a regroupé dans son ouvrage le mobilier
répertorié pour les 376 tombes mises au jour au xixe siècle. Sur le millier d’objets récupérés (hors
céramique), il n’y a pas moins de 180 fibules en bronze, plus d’une cinquantaine de bracelets et
le double de perles et pendeloques en bronze85. Les femmes étaient également parées de longues
spirales et de sphécotères en bronze. Les armes sont bien présentes (10 épées dont une en bronze,
25 pointes de lance, 4 pointes de flèches) et les couteaux très nombreux (72 exemplaires). Les
vases sont principalement modelés et les formes les plus fréquentes sont des vases liés à la boisson
(cruches, canthares, skyphoi, bols et kyathoi).
Ces assemblages contrastent fortement avec ceux des tombes de Grèce du sud (fig. 10), où
la vaisselle céramique est bien plus abondante que le mobilier métallique. Dans le cimetière du
Céramique entre le milieu du xe et le milieu du viie siècle, pour un total de 183 tombes et 574
objets, les vases occupent 83 % de l’ensemble. Le service de table tient une place importante
(80 %), mais celle des vases à parfum (8 %) et des vases miniatures (5.7 %) ne sont pas
négligeables, à la différence de Vergina où ils sont presque absents86.

84 Aghios Pantéléimon. Cette nécropole a été fouillée au xixe siècle (376 tombes), puis récemment au
début des années 2000, voir Hammond, 1972, p. 340-344 ; AD 56-59 (2001-2004), B’3B, 385-387,
434-436.
85 Hammond, 1972, p. 341.
86 Comptage d’après les données récoltées par M.-P. Belletier, voir Belletier, 2003.
76 Anne-Zahra Chemsseddoha

Dans les tholoi collectives de Marmariani en Thessalie87, datées du xe siècle avant notre ère, si
certains vases ou certaines parures sont similaires à ce qu’on trouve à Vergina (fibules en lunette,
sphécotères, cruches à col échancré et canthares modelés), le ratio métal/céramique est également
inversé, les vases sont trois fois plus nombreux que les parures, les armes presque inexistantes
(une seule épée et une seule lance), et le fer beaucoup plus usité pour les bijoux féminins (fig. 10).
La deuxième grande différence réside dans la sélection des vases d’accompagnement. Les vases
décorés dominent le répertoire céramique, dans lequel le cratère a une place de choix (10
exemplaires !). Au-delà de l’idée de commensalité visible dans la quantité de vases à boisson,
la thématique du banquet est ici clairement exprimée. Elle l’est probablement dans les tumuli
au pied de la chaîne de l’Olympe en Piérie. Non loin de l’ancienne Dion, on a repéré et fouillé
des dizaines de tertres funéraires. Les catégories de mobilier diffèrent de celles de Vergina. Si les
parures corporelles et attaches de vêtement ont été trouvées dans les sépultures « féminines »,
les armes sont peu représentées (on mentionne 2 épées en fer, quelques poignards). Ici, les
vases modelés sont moins nombreux que les vases tournés de style protogéométrique, qui
comprennent entre autres un cratère à bec verseur et une dizaine de skyphoi profonds à pied haut
dont l’usage pourrait se rapprocher davantage des vases à mélanger que des vases à boire88. Dans
cette région les contacts avec la Grèce du sud sont attestés depuis l’époque mycénienne et se
perpétuent à l’âge du Fer89. Toutefois, il ne s’agit pas seulement d’une question d’influence mais
d’un choix pour les communautés d’exprimer ou pas ces valeurs dans la tombe.
Ainsi, les modes de représentation funéraire évoluent non seulement au cours des siècles,
comme l’a clairement montré Houby-Nielsen pour l’Attique, mais varient également d’une
région à l’autre. Les riches parures féminines en bronze, qui se retrouvent dans de nombreuses
nécropoles de Macédoine et des Balkans, partagent une tradition commune, traduisent une
même mode vestimentaire (avec quelques variantes locales)90 et reflètent comme « une sorte de
fonds symbolique commun » 91 dans les modes de représentation funéraire des femmes et de leur
position sociale au moment de la mort. Toutefois, il ne s’agit pas simplement d’une dichotomie
« Grèce du nord » / « Grèce du sud » où la Thessalie jouerait un rôle de région transitoire. La
situation est plus complexe et on observe des variantes à l’intérieur de cette région périphérique
qui recouvre la Macédoine actuelle. Si pour Vergina l’idéologie du guerrier va de pair avec celle
de la parure, cela ne semble pas être le cas pour quelques nécropoles dites à « tombes plates »,
situées autour du Golfe Thermaïque (par exemple celles de Stavroupoli, Oraiokastro et Nea
Efkarpia), où les quelques riches parures féminines contrastent avec la rareté des armes dans les
tombes masculines à l’âge du Fer92.

87 Heurley, Skeat, 1930-1931.


88 Les vases tournés comprennent 37 canthares peints, 8 amphorisques, 18 « biberons », 14 tasses, 46
skyphoi, 2 skyphoi à anses en ruban et un cratère à bec verseur, voir Poulaki-Pandermali, 2009.
89 Nécropole mycénienne de Spathès Olympou, Poulaki-Pandermali, 1987, p. 201-208.
90 Wardle, 1997, p. 509-540.
91 Expression empruntée à L. Baray dans sa publication sur les dépôts funéraires aristocratiques d’Europe
occidentale entre le viiie et le ier s. avant notre ère, voir Baray, 2008, § 21.
92 On mentionne seulement quelques poignards et des couteaux, par exemple, dans la nécropole
d’Oraiokastro, voir Lambrothanassi-Korantzi, 2005, p. 18, 20-21, 22.
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 77

C’est l’étude de l’articulation entre les thématiques funéraires qui permet de comprendre
la spécificité de chaque communauté. Ce champ d’étude ouvre des perspectives de recherches
nouvelles pour comprendre et éclairer des régions complexes comme la Macédoine à l’âge du
Fer qui, sous une apparente unité, révèle une richesse et une variété, non seulement au niveau des
systèmes de représentation mais également au niveau des modes funéraires. A l’époque archaïque,
le développement de grands ensembles sépulcraux comme ceux d’Aigai, de Sindos, d’Archontiko
ou d’Agia Paraskevi révèle un changement profond dans la réaction des communautés face à la
mort : en témoignent, les fameux masques et parures en or qui couvraient les visages et les corps
des défunts privilégiés pour leur voyage dans l’Au-delà.

Bibliographie
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AD : Αρχαιολογικόν Δέλτιον


AEMTh : Αρχαιολογικό Έργο στη Μακεδονία και τη Θράκη
ABSA : The Annual of the British School at Athens
PAS : Prähistorische Archäologie in Südosteuropa
PBF : Prähistorische Bronzefunde
PZ : Praehistorische Zeitschrifte
80 Anne-Zahra Chemsseddoha

Fig. 1.
Plan général de la nécropole de Vergina.
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 81

60

50

40

30

20

10

0
Vases Parures Armes Couteaux Accessoires

Fig. 2.
Répartition des objets funéraires de Vergina en % (objets = 1 400 ; tombes = 251).

Catégories Coutelas/
Epée Poignard Lance Flèche Coutelas Couteau Totaux
d’armes couteau
1 2
Epée 9 6 18
(+ flèches) (+ couteau)
Poignard 2 2
Lance 6 3 9
Flèches 3 5
Coutelas 3 2 5

Fig. 3.
Assemblages des tombes à armes à Vergina (tombes = 39).
82 Anne-Zahra Chemsseddoha

Fig. 4.
Scénographies simplifiées de l'emplacement des parures sur silhouettes féminines en position anatomique
(vêtements non représentés), pour quelques tombes sélectionnées dans la nécropole de Vergina.
Les bijoux placés dans des encadrés ou à côté des corps ont été trouvés au niveau de l’emplacement de la
tête, de la taille ou de la main mais leur position exacte est incertaine.
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 83

Fig. 5.
Répartition des tombes à épée et des tombes à riche parure féminine et triple double-hache, dans la
nécropole de Vergina.
84 Anne-Zahra Chemsseddoha

Fig. 6.
Répartition des types de vases (457 vases au total) (dessin des vases d'après Radt, 1974, pl. 35-36).

cratère
3 %
7 %
Verser
9 %
Boire

Servir
45 %
Stocker/Transférer
36 % Mélanger (1 cratère)

Indéterminé

Fig. 7.
Répartition des vases par catégories fonctionnelles
(457 vases au total).
Quelques observations sur les thématiques funéraires en Macédoine à l’âge du Fer 85

Fig. 8.
Répartition en nombre des combinaisons fonctionnelles de couples de récipients
(128 tombes au total).

Fig. 9.
Répartition et localisation des vases par rapport au défunt pour 39 tombes.
86 Anne-Zahra Chemsseddoha

Fig. 10.
Le mobilier funéraire dans les nécropoles du Céramique (Athènes) et de Marmariani (Thessalie).

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