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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

HEC MONTREAL

DESS ENERGIE - BOULEVARD ENERGETIQUE DU CONGO

PROJET SUPERVISE DANS LE CADRE DE L’OBTENTION


DU DIPLOME D’ETUDES SUPERIEURES SPECIALISEES
EN GESTION DE L’ENERGIE

Thème :

Stratégie énergétique du Congo 2015-2025

Présenté par :

TATY Constantin
SAMBA Quevin Claize Aymard
ZINGA Kevin Donald
OKEMBA Rodrigue Armel Patrick
YELA Jean-Claude

Supervisé par :

Luc Belanger-Martin, Chargé de


cours à HEC Montréal.
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

SOMMAIRE
Pages
Sigles et abréviations……………………………………………………………………………………………………….. 4
INTRODUCTION………………………………………………………………………………………………………………. 8
- Contexte et justification……………………………………………………………………………………… 9
- Objectifs……………………………………………………………………………………………………………… 10
- Méthodologie…………………………………………………………………………………………………….. 10
- Utilisateurs et bénéficiaires………………………………………………………………………………… 11
1. DIAGNOSTIC DU SECTEUR DE L’ENERGIE AU CONGO…………………………………………………… 12
1.1. Situation globale……………………………………………………………………………………………………….. 12
1.1.1. Situation de l’offre de l’énergie…………………………………………………………………………….. 12
1.1.2. Situation de la demande de l’énergie…………………………………………………………………… 13
1.2. Diagnostic du sous-secteur de la Biomasse…………………………………………………………… 17
1.2.1. Etat de lieux du sous-secteur de la Biomasse………………………….. 17
1.2.1.1. Etat des lieux de l’offre du sous-secteur de la Biomasse ………………………………… 17
1.2.1.2. Etat de lieux de la demande du sous-secteur de la Biomasse ……………………… 17
1.2.2. Analyse du sous-secteur de la Biomasse…………………………………………………… 18
1.2.2.1. Analyse globale du sous-secteur de la Biomasse ………………………………………… 18
1.2.2.2. Analyse FFOM du sous-secteur de la Biomasse………………………………………………… 19
Conclusion du sous-secteur de la Biomasse 21
1.3. Diagnostic du sous-secteur de l’électricité 22
1.3.1. Etat de lieux du sous-secteur de l’électricité………………………………………………………… 22
1.3.1.1. Etat des lieux de l’offre de l’électricité………………………………………………………………… 22
1.3.1.2. Etat de lieux de la demande de l’électricité……………………………………………………… 35
1.3.2. Analyse du sous-secteur de l’électricité…………………………………………………………………… 44
1.3.2.1. Analyse globale du sous-secteur de l’électricité ………………………………………………… 44
1.3.2.2. Analyse FFOM du sous-secteur de l’électricité……………………………………………………… 47
Conclusion du sous-secteur de l'électricité 49
1.4. Diagnostic du sous-secteur pétrolier 50
1.4.1. Etat de lieux du sous-secteur pétrolier……………………………………………………………………. 50
1.4.1.1. Etat de lieux de l’offre du sous-secteur pétrolier ……………………………………………… 50
1.4.1.2. Etat de lieux de la demande du sous-secteur pétrolier ……………………………………… 65
1.4.2. Analyse du sous-secteur pétrolier……………………………………………………………………………. 70
1.4.2.1. Analyse globale du sous-secteur pétrolier……………………………………………………………. 70
1.4.2.2. Analyse FFOM de l’amont pétrolier……………………………………………………………………… 72
1.4.2.3. Analyse FFOM de l’aval pétrolier……………………………………………………………………… 78
Conclusion du sous-secteur pétrolier 88
1.5. Diagnostic du sous-secteur gazier 90
1.5.1. Etat de lieux du sous-secteur gazier……………………………………………………………………… 90
1.5.1.1. Etat de lieux de l’offre du sous-secteur gazier …………………………………………… 90
1.5.1.2. Etat de lieux de la demande du sous-secteur gazier …………………………………………… 96
1.5.2. Analyse du sous-secteur gazier……………………………………………………………………………… 98
1.5.2.1. Analyse globale du sous-secteur gazier…………………………………………………………… 98
1.5.2.2. Analyse FFOM du sous-secteur gazier………………………………………………………………… 98

Conclusion du sous-secteur gazier 104

2. RECOMMANDATIONS SUR LES OPTIONS STRATEGIQUES DE DEVELOPPEMENT DU


106
SECTEUR DE L’ENERGIE AU CONGO………………………………………………………………………………….
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

2.1. Opportunités du potentiel énergétique national………………………………………………………. 106


2.1.1 Sous-secteur de la biomasse …………………………………………………………………………………. 106
2.1.2. Sous-secteur de l’électricité………………………………………………………………………………… 107
2.1.3. Sous-secteur pétrolier…………………………………………………………………………………………. 113
2.1.4. Sous-secteur gazier ……………………………………………………………………………………………. 127
Conclusion du chapitre 2.1 133
2.2. Secteur de l’énergie et la diversification de l’économie nationale……………………………… 134
2.2.1. Développement des liaisons transversales au sein du secteur de l’énergie…………….. 135
2.2.2. Energie et développement durable………………………………………………………………………… 139
Conclusion du chapitre 2.2 143
3. Conclusion………………………………………………………………………………………………………………… 144
Bibliographie……………………………………………………………………………………………………………………. 147
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Sigles et abréviations :

ADEME : Agence de l‟Environnement et de la Maîtrise de l‟Energie


AIE : Agence Internationale de l‟Energie
ANER: Agence Nationale d‟Electrification Rurale
AOGC: Africa Oil & Gas Company

API: American Petroleum Institute

APPA: Association des Producteurs du Pétrole Africains

ARAP: Agence de Régulation de l‟Aval Pétrolier

ARMA : Auto regulator Mobil (modèles autorégressifs et moyenne)

ARSEL : Agence de Régulation du secteur de l‟électricité


CEC: Centrale Electrique du Congo

CED: Centrale Electrique de Djéno

CEMAC : Communauté des Etats de l‟Afrique Centrale

CFCO : Chemin de Fer Congo Océan

CH4: Méthane

CIB : Congolaise Industrielle de Bois


CIEHC : Conférence Internationale et Exposition des hydrocarbures au Congo

CO2: Gaz carbonique ou dioxyde de carbone

CORAF : Congolaise de raffinage

CPP : Contrat de Partage de Production

DBO: Demande Biochimique en Oxygène

DBO5: Demande Biochimique en Oxygène pendant 5 jours d‟incubation

DSCERP : Document de Stratégie pour la Croissance, l‟Emploi et la Réduction de la


DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté ;
ECOM : Enquête sur les conditions de vie des ménages ;
EIA : US Energy Information Administration

ENR : Énergie Nouvelle et Renouvelable ;


FCFA : Franc de la Coopération Financière d‟Afrique ;
FDSEL : Fonds de développement du secteur de l‟électricité ;
FPU : Floating Point Unit

GES : Gaz à Effet de Serre


Gg. : Gigagramme
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

GGFR : Global Gas Flaring Reduction (le Partenariat mondial pour la réduction des du gaz
torché

GIEC : Groupe Intergouvernemental des Experts sur l‟évolution du Climat


GNL: Gaz naturel Liquéfié

GPL : Gaz de Pétrole Liquéfiés


GTL: Gas

GWh : Giga Watt par heure ;


H2S: l‟hydrogène sulfureux

ISO: Organisation Internationale de standardisation

KWh : Kilowatt heure ;


MEH : Ministère de l‟Energie et de l‟Hydraulique ;
MHC : Ministère des Hydrocarbures

MON: Motor Octane Number

MW: Mégawatt
NNPC : Nigerian National Petroleum Company

OCDE: Organisation pour la Coopération et le Développement Economique

OHADA : Organisation pour l‟Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

Pauvreté
Ph.: Potentiel hydrogène

PIB : Produit Intérieur Brut


PM: Particules Méthyles

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PMI : Petite et moyenne Industrie

PND : Plan National de Développement


PNUD : Nations Unies pour le Développement
RCA: République Centrafricaine

RDC : République Démocratique du Congo


RON: Research Octane Number

SCLOG : Société Congolaise de logistique

SIE : Système d‟Information Energétique

Sm3: Mètre Cube standard

SNDE: Société Nationale de Distribution d'Eau ;


Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

SNE: Société Nationale d'Electricité ;


SNPC : Société Nationale des Pétroles du Congo

SO2: Dioxyde de soufre

Tep : Tonne équivalent pétrole ;


TPE: Très Petite Entreprise

TWh : Térawatt heure

UMAC : Union Monétaire de l‟Afrique Centrale


Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

« La maîtrise de l’énergie n’est pas un médicament que


l’on prend en période de crise, de maladie, mais une
hygiène de vie qui permet de rester en bonne santé »
(Pierre Radanne, ancien directeur de l’ADEME).
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Introduction

L‟ensemble des secteurs d‟activités dans un pays a besoin d‟énergie pour


fonctionner afin de contribuer à la croissance économique et à l‟amélioration de la vie
sociale de la population. Pour les spécialistes du développement, la consommation
énergétique constitue un indicateur du niveau de développement du dynamisme de
l‟économie d‟un pays. Ainsi, chaque pays élabore sa politique de l‟énergie en
assurant la mise à disposition de ressources énergétiques en quantité suffisante,
correspondant aux besoins de ses utilisateurs en termes de qualité, d‟efficacité et de
sécurité, et qui leur sont accessibles physiquement et économiquement.

Globalement, la consommation d‟énergie a connu depuis ces décennies une


augmentation significative notamment au niveau des pays émergents. Ceci a eu pour
effet une augmentation du prix de l‟énergie, notamment pour le pétrole brut dont le
prix s‟est maintenu pendant une bonne période autour de 100$ le baril avant sa
chute drastique présentement au-dessous de 50 $. Alors que les besoins en énergie
sont sans cesse croissants, les ressources disponibles s‟épuisent progressivement
car la majorité d‟entre elles ne sont pas renouvelables.

Les pays développés ont pris, ainsi des mesures pour sécuriser leur source
d‟approvisionnement et ont multiplié les investissements dans la prospection de
nouveau gisement de gaz, de pétrole et de charbon. En plus, les préoccupations
environnementales, notamment l‟effet de serre a le réchauffement climatique
entrainé le développement de l‟exploitation des énergies renouvelables comme
l‟énergie solaire, l‟éolienne et la bioénergie.

Pour le cas du Congo, l‟offre d‟énergie provient de la valorisation des ressources


naturelles telles que la biomasse, la forêt, l‟eau, le pétrole et le gaz naturel.

Ainsi, le secteur de l‟énergie a évolué depuis ces dernières années au niveau


international dans un contexte qui intègre à la fois enjeux économiques,
environnementaux et sociaux.

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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Contexte et justification du choix du sujet

Le Congo est en train de mettre en place des infrastructures de base comme moyens
et conditions d‟une économie plus dynamique et diversifiée.

En effet, la production énergétique du Congo est autour de 570 MW d‟électricité, 280


000 barils le jour de pétrole brut et 40 milliards de m3 de gaz ces trois dernières
années. Le mix énergétique n‟est pas encore assez développé pour impulser la
dynamique d‟industrialisation du pays et atteindre l‟autosuffisance énergétique
malgré le poids du secteur dans la formation du Produit Intérieur Brut qui est de 68%
en 2013.

Le Congo dispose d'énormes potentialités hydroélectriques, gazières et pétrolières


impressionnantes dont les ressources en eau sont estimées à 842 milliards de m 3, et
la capacité des sites déjà identifiés pour la production d‟électricité à 14 000 MW, de
réserves possibles en gaz naturel largement inexploitées estimées à plus de 3000
milliards1 de Sm3 (mètre cube standard), ainsi que des réserves prouvées en gaz
associé estimées à 86 milliards2 de Sm3 et les réserves pétrolières sont estimées à
1,6 milliards de barils(3).De plus, le pays offre des opportunités d‟exploitation d‟autres
types d‟énergie pour la production de l‟électricité : l‟énergie solaire grâce au bénéfice
d‟un ensoleillement de 12h par jour, ou encore la biomasse, grâce à un domaine
forestier couvrant plus de 20 millions d‟hectares, soit plus de 60 % du territoire
national.

Quelle est la situation actuelle en matière d‟énergie au Congo ? Etant entendu que
l‟énergie est la condition essentielle et la mesure de tout progrès, quelles peuvent
être les options stratégiques de développement harmonieux du secteur énergétique
du Congo ?

Le développement des infrastructures énergétiques sur toute la chaîne valeur


(production, transformation, transport et distribution) et d‟autres types d‟énergies

(1)
U.S. Energy Information Administration
(2) ème
Alfred Charles SOCKATH (SNPC), « Potentiel et valorisation des ressources gazières »,2
Conférence Internationale et Exposition sur les Hydrocarbures au Congo, avril 2014, Brazzaville
(3)
Décret n° 2010-822 du 31 décembre 2010 portant approbation de la stratégie de développement
des secteurs de l’énergie électrique, de l’eau et assainissement, Journal Officiel (JO) du 27 janvier
2011, n° 4.
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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

renouvelables (le biocarburant, le solaire et l‟éolienne) ainsi la réduction des gaz à


effet des serres demeurent des enjeux fondamentaux pour le pays.

Objectifs

L‟objectif de l‟étude est de faire le point de la situation énergétique du Congo en


insistant sur le sous-secteur de la biomasse, l‟électricité, du pétrole et du gaz sur la
période allant de 1980 à 2014, avant de proposer quelques pistes de réflexion qui
peuvent contribuer à la consolidation de la mise en œuvre de la «Stratégie
énergétique du Congo 2015-2025» pour le développement économique et social.

Méthodologie

Cette étude repose principalement sur l‟analyse des documents existants et des
études antérieures. Nous avions procédé à la capitalisation des données et
informations existantes auprès du Ministère des Hydrocarbures, du Ministère de
l‟Energie et de l‟hydraulique, de la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC),
de la société Nationale d‟Electricité (SNE) ainsi qu‟auprès de nombreuses autres
entités et personnes ressources rencontrées. Ensuite, des efforts ont été déployés
par chaque membre de l‟équipe, selon leur domaine de compétence, pour pouvoir
collecter plus de données ou informations au niveau des sous-secteurs. Enfin,
lorsque les données sont peu fiables ou inexistantes, l‟internet nous a été d‟un grand
apport sans lequel, on ne pouvait avancer dans notre travail.

Ainsi, les démarches méthodologiques ont permis de répondre à l‟objectif de l‟étude,


mais il existe de nombreuses spécificités manquantes, concernant la biomasse et la
demande du gaz liées à l‟indisponibilité des données.

En ce qui concerne l‟état de lieux, la méthode consiste à une présentation


synthétique du cadre juridique, des séries chronologiques sous forme de graphique
avant l‟analyse tendancielle suivant la chaine de valeur (production, transformation,
transport et distribution) de chaque sous-secteur.

Pour l‟analyse stratégique du secteur de l‟énergie, Il s‟agit de faire une analyse


FFOM (Forces-Faiblesses-Opportunités et Menaces) de chaque sous-secteur à
travers leurs chaines de valeur respectives pour examiner à la fois l‟offre et la
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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

demande. Cette analyse conduit à illustrer chaque argument par des données de
l‟état de lieux ou d‟autres données disponibles supplémentaires et à faire des
prévisions jusqu‟ en 2025 par les méthodes ARMA des moyennes mobiles ou de
régression linéaire selon la spécificité des données à étudier.

Et enfin pour les approches stratégiques de développement du secteur de l‟énergie,


l‟analyse FFOM (ou SWOT en anglais) nous permet de définir quelques axes
stratégiques spécifiques à chaque sous-secteur en identifiant clairement les variables
les plus prépondérantes et des actions plausibles à mener à court, à moyen terme et
à long terme.

Le présent rapport comporte deux (5) grandes parties : (1) Diagnostic du secteur de
l‟énergie; (2) Analyse stratégiques (Forces-Faiblesses-Opportunité-Menaces) suivi
d‟une l‟analyse tendancielle du secteur de l‟énergie et enfin (3) Approches
stratégiques de développement du secteur de l‟énergie sous formes se
recommandations à court, à moyen et à long terme.

Utilisateurs et bénéficiaires

Les principaux bénéficiaires de ce projet sont :

– Le Ministère de l‟Aménagement du Territoire et de la Délégation Générale aux


Grands Travaux ;
– Le Ministère des Hydrocarbures ;
– Le Ministère de l‟Energie et de l‟hydraulique ;
– La Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) ;
– La société Nationale d‟Électricité(SNE).

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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Partie I: DIAGNOSTIC DU SECTEUR DE L’ENERGIE

1.1. Situation globale du secteur de l’énergie


1.1.1. Situation de l’offre

La problématique de la situation du sous-secteur de l‟électricité est liée à


l‟inadéquation entre la capacité de production et la demande malgré les
investissements importants réalisés ces dernières années. Les anciennes centrales
hydroélectriques de Moukoukoulou et du Djoué mises en service respectivement en
1952 et 1979 avec des capacités de 15 MW et 74 MW sont actuellement vétustes. La
centrale du Djoué, par exemple, est arrêt depuis 2007 et est actuellement en cours
de réhabilitation. La construction et la mise en service de la centrale hydroélectrique
d‟Imboulou d‟une capacité de 120MW, de la centrale thermique au fuel de Brazzaville
de 32,5 MW et de la Centrale électrique du Congo au gaz naturel de 300MW n‟ont
pas permis de couvrir les besoins économiques et sociaux du pays en électricité.

Malgré la forte potentialité du pays en ressources hydrauliques, les investissements


dans les centrales hydrauliques restent peu nombreux car le Congo n‟exploite que
198 MW sur les 14 000 MW de la capacité des sites déjà identifiés.

Selon le rapport 2014 de l‟Agence International de l‟Energie, pour Congo, les pertes
d‟électricité représentent 50% et classent le pays au deuxième rang mondial après
Haïti.

En ce qui concerne le sous-secteur pétrolier, malgré les importantes réserves et une


production journalière autour de 280 000 barils, 95% du pétrole brut produit est
exporté alors que le pays couvre 41% de ses besoins par les importations.

Le secteur gazier au Congo est encore embryonnaire malgré les importantes


réserves, les champs à fort potentiel en gaz ne sont pas encore exploités. L‟essentiel
de la production est le gaz associé au pétrole dont 61% est réinjecté et 23% est
torché. Une partie de ce gaz torché est récupérée pour la production de l‟électricité à
la Centrale Electrique du Congo dont on fait allusion ci-dessus.

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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

1.1.2. Situation de la demande

Au Congo, la structure de la demande de l‟énergie est composée de la biomasse, de


l‟hydroélectricité, des produits pétroliers et du gaz. Les principaux segments du
marché de l‟énergie sont : les particuliers (ménages), les industries - PME/PMI ; le
transport, agriculture et administrations.

La biomasse est la source d‟énergie la plus prisée du pays, elle représente 81 %


des offres énergétiques au Congo. Ce sous-secteur est principalement assuré par
des petits producteurs, essentiellement composé de ménages dont l‟exploitation
reste traditionnelle pour des raisons de cuissons et de chauffage. Le sous-secteur de
la biomasse n‟est pas organisé et pose de réels problèmes de déforestation.

En ce qui concerne le sous-secteur pétrolier, malgré la forte intensité des activités


pétrolières, les produits pétroliers représentent à peine 7% de la demande en
énergie. Les produits pétroliers sont essentiellement composés des carburants
(essence, gasoil et fuel) pour le transport (maritime et fluvial, routier et aérien) et le
pétrole lampant pour l‟éclairage et la cuisson des ménages.

Enfin, la demande en gaz naturel représente 11% de la demande de l‟énergie. Cette


demande est liée au besoin de la production de l‟électricité, du GPL (butane et
propane) pour des besoins domestiques et industriels.

Dans le mix-énergétique du Congo, malgré les fortes potentialités hydrographiques,


l‟hydroélectricité ne représente que 1% de la demande en énergie. Cette situation
pose la problématique du développement durable qui militerait plus en faveur de la
valorisation des énergies vertes. La part des autres énergies renouvelables telles
que : l‟énergie solaire, l‟énergie éolienne est encore insignifiante bien que les
initiatives de leur exploitation se multiplient dans le pays.

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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Les sources et les différentes utilisations de l’énergie au Congo

Sources Formes Utilisation

Combustible Cuisson
Biomasse
Solide

Transport/Moteur
Pétrole

Combustible Industries
liquide

Administration
Gaz naturel

Electricité
Ménages

Hydraulique Eclairage
s public
Energie Energie
Renouvelable fossile

Schéma obtenu à partir du diagnostic du secteur énergie de Madagascar

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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Balance énergétique au Congo en 2012

Source : http://www.iea.org/Sankey/?c=Congo&s=Balance, consulté 14/01/2015

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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Consommation finale

Source : http://www.iea.org/Sankey/?c=Congo&s=Final%20consumption#?c=Congo&s=Final%20consumption, consulté le 14/01/2015

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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

1.2. Diagnostic du sous-secteur biomasse


1.2.1. Etat des lieux du sous-secteur biomasse
1.2.1.1. Etat des lieux de l’offre du sous-secteur biomasse

L‟offre ou la production de la biomasse est essentiellement composée de bois de


chauffe, de charbon de bois et de façon très faible du bois-énergie. Cette biomasse
provient principalement de la forêt (coupure de bois, les déchets forestiers, les
déchets de l‟industrie du bois).

La biomasse représente entre 4 à 10%(4) de l‟offre de l‟énergie au Congo. En 2008, la


production de la biomasse était de 0.72 Mtep, la consommation primaire de 0.72
Mtep et la consommation finale de 0.46 Mtep (5).

N.B: 1 tep = 41,855 GJ= 11 628 kWh

Les ressources sont constituées par des forêts incluses dans la concession de la
société Congolaise d‟Industrie du Bois (CIB) à Pokola dans le département de la
Sangha, au Nord-Ouest du pays.

La cogénération constitue seulement une activité secondaire alimentée par la


récupération des sous-produits issus des opérations sillage de bois pour produire de
l‟électricité. La production d‟électricité à cette cogénération est estimée à environ
4MW dont 2MW en autoconsommation et les 2 autres mégas sont distribués
gratuitement à la population environnante dans le cadre la responsabilité sociale de
l‟entreprise (RSE).

Le charbon de bois ne constitue qu‟un dérivé de la transformation de ce bois pour


des besoins de cuisson. Dans les bilans de la biomasse, on observe qu‟outre le bois,
les autres déchets agricoles et ménagers ne sont pas représentés pour cause de
données non disponibles.

1.2.1.2. Etat des lieux de la demande en biomasse

Près de 90% des ménages utilisent des combustibles organiques tels que le bois de
chauffe et le charbon de bois. En 2008, la consommation primaire était de 0.72 Mtep
et la consommation finale de 0.46 Mtep (6).

(4)
http://www.congopage.com/la-contribution-de-la-biomasse-au-congo
(5 )
Rapport d’étude (2008): Les consommations d’énergie des pays de la CEDEAO et de la
CEMAC, ADEME
(6 )
Rapport d’étude (2008): Les consommations d’énergie des pays de la CEDEAO et de la CEMAC,
ADEME
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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Le bois de chauffe constitue le type de biomasse consommé majoritairement par les


ménages dans les zones rurales, tandis que le charbon de bois est consommé
uniquement par les ménages urbains et les PME.

Le charbon de bois et le bois de chauffe constituent l‟énergie la plus prisée par les
ménages surtout en milieu urbain en raison de :

 Le charbon de bois possède le coût le moins élevé par rapport aux autres
énergies et est accessible à la majorité de la population à revenu moyen et
faible ;
 Son accessibilité facile, énergie de proximité : points de vente de charbon
éparpillés dans les coins des quartiers urbains ;
 Sa multiplicité et sa simultanéité d‟usages : cuisson, repassage, éclairage,
chauffage, etc. ;
 Sa possibilité d‟approvisionnement adapté aux besoins des consommateurs :
ménages pouvant acheter en fonction des besoins quotidiens.

En ce qui concerne le mode d‟utilisation de cette énergie, une grande proportion des
ménages dépend encore des cuiseurs traditionnels « foyer » pour le charbon de bois
tandis que pour le bois de chauffe reste la pratique la plus courante dans les zones
rurales.

1.2.2. Analyse du sous-secteur de la Biomasse


1.2.2.1. Analyse globale du sous-secteur de la Biomasse

La biomasse représente une filière grande consommatrice de main d‟œuvre. Au


Congo, près de 90% (7) des ménages utilisent des combustibles organiques tels le
bois de chauffe et le charbon de bois. La production traditionnelle du charbon de bois
est une source importante de possibilités d‟emplois dans le monde rural.

Cependant, il va falloir faire montre d‟ingéniosité, de créativité pour un meilleur


rendement énergétique dans la production et dans la consommation du charbon de
bois au Congo. Il faudrait envisager une amélioration et une modernisation tant dans
la production du charbon de bois que dans les foyers améliorés destinés à l‟usage
domestique du charbon de bois et ils permettent de produire davantage d‟énergie
avec moins de charbon de bois. De même que dans le rendement des fours de
cuisson des briques rouges destinées à la construction.

Plusieurs régions du Congo sont des viviers de la biomasse. La région de la


Bouenza plus précisément N‟kayi, zone de production de canne à sucre et Ouesso
dans la Sangha, zone de palmeraies sont parmi les régions de prédilection d‟une
promotion des énormes potentialités de la biomasse.

(7)
http://www.congopage.com/la-contribution-de-la-biomasse-au-congo
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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

En 2011, L'Agence Internationale de l‟Energie (AIE) indiquait que 81% de la


consommation d'énergie primaire du Congo a été traditionnellement la biomasse
(composée du bois, le charbon de bois, l'engrais, et les résidus de jabots).

1.2.2.2. Analyse FFOM du sous-secteur de la Biomasse

Forces

 Prix compétitif du bois de chauffe et du charbon ;


 Multiplicité et simultanéité des usages : cuisson,
repassage, éclairage, chauffage ;
 Coûts moins élevés par rapport aux autres
Aspect marché de l’énergie énergies : accessibles à la majorité de la
et satisfaction des besoins population à faible revenu ;
 Possibilité d‟approvisionnement adaptée aux
besoins des consommateurs : ménages pouvant
acheter en fonction des besoins quotidiens.
 Le prélèvement périodique de bois mort, de
Aspect économique et manière raisonnable, réduit le risque d‟incendie et
social de feu de brousse ;
 Source de revenus de plusieurs ménages ruraux
et d‟autres.
 L‟exploitation suivant des pratiques durables du
Aspect environnement et bois de chauffe en fait une énergie renouvelable ;
santé  L‟utilisation de ces déchets agricoles pour la
production d‟énergie amoindri les impacts
négatifs sur la gestion des sols.

Aspect production et  Existence de projet de réglementation à l‟échelle


technique nationale mais à mettre en pratique.

Faiblesses

 Faible motivation quant au reboisement dans


Aspect marché de l’énergie certaines zones.
et satisfaction des besoins
 L‟exploitation intensive, non rationnelle entraine la
Aspect économique et destruction de l‟environnement ;
social
 La combustion des bois de chauffe et de charbon
de bois est polluante ;
 La fumée dégagée est nuisible pour la santé :
Aspect environnement et oxyde de carbone ;
santé  Usages des foyers traditionnels encore plus
courant : perte de rendement lors de la cuisson :
plus de 90 % des utilisateurs ;

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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

 Faible taux d‟adoption et de réplication des


pratiques de carbonisation améliorées par rapport
au procédé traditionnel ;
 Inexistence de système de base de données :
Aspect production et suivi de la production et de commercialisation de
la biomasse;
technique
 Insuffisance des campagnes de sensibilisation
sur l‟utilisation de charbon ;
 Faible suivi et contrôle de l‟administration
forestière ;

Opportunités
Aspect marché de l’Energie et
 Forte densité forestière ;
Aspect marché de l’énergie  Utilisation de la ressource par la majorité des
et satisfaction des besoins ménages : 81 % à 90% environ de la population
totale sont tributaires de la biomasse.
Aspect économique et  Source de revenu permanent pour plusieurs
ménages ruraux, des acteurs indirects et des
social
populations urbaines.
Aspect environnement et  Utilisation des plantes dans la pharmacopée ;
santé  Elimination du CO2 par photosynthèse.
 Existence de dispositions foncières pour le
reboisement : journée nationale de l‟arbre (06
mars de chaque année) ;
Aspect production et  Les essences forestières pour la production de
Technique industrielles sont bien identifiées ;
 Abondance de sous-produits valorisables :
déchets des entreprises de transformation de
bois ;

Menaces

 Problème de transport et mauvais état des


Aspect marché de l’énergie infrastructures pour évacuer le bois de chauffe
entrainant des ruptures d‟approvisionnement
et satisfaction des besoins
surtout en période pluvieuse.
 Perte d‟emplois des acteurs en cas d‟épuisement
des ressources ;
 La diminution des ressources forestières risque
de rendre difficile l‟approvisionnement dans le
Aspect économique et futur ;
social  Concurrence avec agriculture dans l‟espace :
pratique de nettoyage de terrain portant atteinte à
la production durable de bois ;
 Carbonisation pratiquée comme activité Maîtrise
difficile des facteurs socioculturels et climatiques
13
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

permettant l‟augmentation des ressources boisée.


 Déforestation et dégradation forestière du fait
d‟exploitation non durable dans les forêts
Aspect environnement et naturelles ;
santé  Diminution du couvert forestier entraînant
l‟impureté de l‟air.
Aspect production et  Sécurisation foncière difficile pour l‟extension de
reboisement à grande échelle ;
technique
 Absence de la formation des techniciens.

Conclusion de l’analyse pour sous-secteur biomasse

Globalement pour le sous-secteur de la biomasse, on peut retenir que :

 La biomasse est la ressource la plus utilisée au Congo, plus de 80% des


ménages utilise le charbon ou de bois de chauffe pour les besoins de cuisson,
de chauffage en saison sèche et pour l‟éclaire dans les zones rurales non
électrifiées;
 Cette forte consommation de la biomasse est liée au fait qu‟elle est facilement
accessible à tout le monde dans les forêts denses du pays et surtout au fait
qu‟elle est la moins coûteuse des sources d‟énergie;
 la production de la biomasse est en grande partie non contrôlée par les
pouvoirs publics parce qu‟elle est effectuée par les individus dans les zones
rurales.
 Les déchets de bois des industries forestières du Congo sont souvent
inutilisés et brûlés à l‟air libre et augmente les émissions de CO2. La
cogénération n‟a débuté que récemment grâce à la CIB ;
 La récolte du bois de chauffe est libre tant qu‟elle est utilisée pour les besoins
évoqués précédemment;
 Les techniques de production du charbon de bois ainsi que son utilisation sont
encore traditionnelles et rudimentaires;
 Il y a une politique de reboisement qui permet compenser la déforestation liée
à la production industrielle et traditionnelle.
 Au-delà de ce tableau, la biomasse est la source d‟énergie la plus rependue et
la plus utilisée géographiquement dans le pays, elle est aussi source de
revenus et d‟emplois avec des vertus exceptionnelles dans la pharmacopée.
 La forêt qui constitue la source principale de la biomasse au Congo devrait
être gérée de façon intelligente et prudente pour se prémunir contre la
déforestation avec des effets néfastes qu‟elle engendre. La biomasse
présente plusieurs opportunités de valorisation, notamment à travers la
cogénération, le biogaz et surtout à court terme, par la cuisine avec la
vulgarisation des foyers améliorés.

14
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

1.3. Diagnostic du sous-secteur de l’électricité


1.3.1. Etat des lieux du sous-secteur de l’électricité

1.3.1.1. Etat des lieux de l’offre en électricité

Les sources de production d’électrique

La fourniture en énergie électrique au Congo est assurée par le réseau de la Société


Nationale d‟Électricité (SNE) créée en juin 1967. Il s‟agit d‟un établissement public à
caractère industriel et commercial placé sous l‟autorité du ministère de l‟énergie et de
l‟hydraulique. Ses principales activités sont : la Production, le Transport, la
Distribution et la Commercialisation de l'énergie électrique sur toute l'étendue du
territoire national avec un monopole dans toutes les activités et sur tout le territoire.

Ainsi, l‟énergie électrique provient de 2 principales sources :

 Electricité générée par les centrales thermiques ;


 Electricité générée par les centrales hydroélectriques.

Les caractéristiques des produits offerts

L‟électricité produite au Congo est livrée aux consommateurs sous forme de trois (3)
types de courants : haute tension, moyenne tension, basse tension, quelques soient
les producteurs.
Les courants les plus connus sont :

 le courant alternatif de 220 V, monophasé produit aussi bien par les


producteurs du réseau de la SNE que par les opérateurs en électrification
rurale. Ce produit est principalement proposé aux ménages pour l‟éclairage ;

 le courant alternatif de 380 V, triphasé. Ce produit est principalement proposé


aux industriels pour faire fonctionner les machines et les équipements
industriels.

Répartition de la puissance selon les sources d’énergie électrique en 2012

Source : Ministère de l’énergie et de l’hydraulique, 2012


15
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Le mix énergétique du Congo est constitué entre autres, des barrages de


de Moukoukoulou (74 MW), d‟Imboulou (120 MW) et du Djoué (15 MW), de la
centrale thermique de Brazzaville (32 MW), de la CEC (300 MW), de la centrale à
gaz de Djéno (50 MW) (8)

(8)
Communiqué du Directeur Général Adjoint, Chargé de la Production et du Transport de la
SNE paru le 15 OCTOBRE 2014 À 06h21min sur le site :
http://www.congopage.com/Electricite-deficit-de-150-MW-pour-50-jour...
16
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Système national de production et de transport d’électricité

Source : SNE

SS

17
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

La capacité de la production globale en énergie électrique

160 1,4
140 1,2
120
1
100
0,8
80
0,6
60
0,4
40
20 0,2

0 0
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

Capacité totale totale produite (GW) Production totale nette (GW)

http://www.eia.gov/countries/country-data.cfm?fips=CF#elec

La capacité et la production en énergie électrique en 2012

400 0,9

350 0,8

0,7
300
61%
59%

0,6
Production (TWh)
Capacité (MW)

250
0,5
200
38% 0,4
150
35%

0,3
100
0,2
5%

50 0,1

0 0
Thermique Pétrole Thermique Gaz Hydroélectrique
Capacité (MW) Production (TWh)

Source : Rapport IEA (2014) Electricity Information 2014 p. 95 & 99

18
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

La production des centrales thermiques au gaz naturel associé

Pour le réseau SNE, Les centrales thermiques fonctionnant au gaz naturel associé et
au gasoil fournissent la majeure partie de l‟électricité produite par ce type de centrale
en 2013 avec 623 772 MWh, représentant 41 % de la production d‟énergie électrique
totale mais elle est passée à 924 294 MWh, soit 52 % de la production d‟énergie
électrique totale, en 2014(9).

Production d’électricité à partir de sources de gaz naturel associé


(kWh)
600000000
500000000
400000000
300000000
200000000
100000000
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Source : Données Banque mondiale

La production des centrales hydrauliques

Les centrales hydrauliques étaient les principaux fournisseurs d‟électricité au Congo


où elles atteignent 791 GWh en 2011. Depuis 2004, la production d‟énergie
hydroélectrique a globalement enregistré une forte croissance avant de fléchir
légèrement en 2007 avec 335 GWh. La production de pointe a été enregistrée en
2011.

Production d’électricité à partir de sources hydroélectriques (kWh)


900000000
800000000
700000000
600000000
500000000
400000000
300000000
200000000
100000000
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

(9)
Rapport de la DGAPT 2014
19
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Ministère de l’Energie et de l’Hydraulique

La production des centrales au fuel

Production d’électricité à partir de sources pétrolières (kWh)


40000000
35000000
30000000
25000000
20000000
15000000
10000000
5000000
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Source : Données Banque Mondiale

Evolution croisée de la production d’électricité à partir de l’hydraulique, du gaz


naturel associé et du fuel (kWh)

1E+09

800000000

600000000

400000000

200000000

0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Production d‟électricité à partir de sources hydroélectriques (kWh)


Production d‟électricité à partir de sources de gaz naturel (kWh)
Production d‟électricité à partir de sources pétrolières (MWh)

http://www.eia.gov/countries/country-data.cfm?fips=CF#tpe, consulté 14/01/2015 à 13:28

Les producteurs d’électricité

La SNE reste encore le principal fournisseur d‟électricité au Congo même si le


secteur privé commence à s‟y investir. Un (01) opérateur privé produit de l‟électricité
et alimente ensuite le réseau de la SNE. La société opère ainsi de deux manières :

20
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

 Production d‟énergie électrique en régie avec ses propres centrales


électriques ;
 Achat de l‟électricité produite par un producteur privé (CEC).

La part de l‟opérateur privé dans la production d‟énergie électrique a


progressivement augmenté de l‟ordre de 4,7 % de la production totale avec
67.000.000 kWh (67.000MWh) en 2004 pour atteindre 493.000.000 kWh
(493.000MWh) soit une augmentation de 35% de la production totale en 2014.

En ce qui concerne l‟électrification rurale, la production d‟énergie électrique est


assurée entièrement par la SNE à l‟entremise de sa direction générale adjointe,
chargée de la distribution et de la commercialisation.

CED; 0 CTB; 0,13% Impor-tations0,8%

MKKL; 17,06%
Imbou-lou 30,37%

CEC; 51,62%

Source : SNE Production globale d'électricité, 2014

21
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Taux de production d’énergie électrique au Congo entre 2013-2014

Energies en 10 mois, Taux de


Taux de
Désignation MWh participation Tendance
variation (%)
2013 2014 (%)
Imboulou 470 901 543 951 30,37 15,51 En hausse

CEC 623 772 924 294 51,62 48,17 En hausse

MKKL 309 341 305 480 17,06 -1,24 En baisse

CED 63 493 0 0 0 /
CTB 4 294 2 351 0,13 -45,24 En baisse
Production
1 471 802 1 776 077 99,19 20,67 En hausse
nationale
Importations 52 455 14 754 0,80 -71,87 En baisse

Production totale 1 524 257 1 790 526 100 17,46 En hausse

Exportations 15 867 18 798 18,47


Production Nette 1 508 389 1 771 729 17,45 En hausse

Source : Rapport d’activité de la Direction Générale Adjointe, Production et Transport, 2014

Grâce à l‟interconnexion d‟Imboulou, de Moukoukoulou, de la CEC et de la RDC, la


grande partie de la production d‟énergie électrique restée concentrée à Brazzaville et
à Pointe-Noire. Elle est passée respectivement de 46.67% à 43.45% soit une baisse
de 3.22% en 2013 et de 44% à 47.35% soit une augmentation de 3.35% en 2014 de
la production totale, principalement grâce à l‟existence des 04 centrales dont 02
hydrauliques et 02 thermiques.

En dehors du réseau interconnecté avec la RDC, les centrales thermiques dans les
départements fonctionnent généralement de manière indépendante et sont destinées
à approvisionner une zone limitée, essentiellement dans leur ville d‟installation et aux
alentours.

22
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Carte de localisation des centrales électriques au Congo

Source : SNE

Répartition géographique des centrales selon les moyens de production

En ce qui concerne le réseau SNE, les centrales se trouvent principalement dans les
localités de la Léfini pour la centrale hydroélectrique d‟Imboulou (120 MW), la
Centrale à Gaz de Côte Matève à Pointe-Noire (300 MW), les centrales thermiques à
gasoil et à gaz (32,25 MW) à Brazzaville.

Actuellement, le parc de production est constitué majoritairement par des centrales


thermiques. Voici l‟illustration par le tableau ci-dessous :

23
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Source : Ministère de l’Energie et de l’Hydraulique

Evolution de la tendance entre l'offre et la demande entre 1980-2012 (TWh)

1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Production nette d'électricité Consommation nette d'électricité

http://www.eia.gov/countries/country-data.cfm?fips=CF#elec, consulté le14:11:59 GMT+0100

Les infrastructures de transport et de distribution

Le réseau de transport est constitué de deux îlots à savoir : l‟îlot sud qui commence
de Pointe-Noire à Brazzaville et l‟îlot nord qui va de Brazzaville à Owando. Les deux
îlots sont interconnectés au poste de Tsiélampo à Brazzaville sud. Le Centre
National de Dispatching de Djiri à Brazzaville nord supervise l‟ensemble du réseau
national.

L‟offre en Electricité ne couvre pas en totalité le territoire congolais mais se trouve


essentiellement dans les villes urbaines comme les chefs-lieux des départements et
ses environs. L‟électrification rurale ne concerne actuellement que 12
départementaux.

24
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

En ce qui concerne le réseau de la SNE, le transport de l‟Electricité concerne la


liaison entre les centrales de production et les centres d‟exploitation composés de
comporte 17 postes 110 KV et 220 KV. La distribution d‟Electricité fait la liaison entre
les centres d‟exploitation et les abonnés. La densité du réseau de transport et de
distribution d‟Electricité peut constituer un indicateur sur l‟importance de la
couverture en Electricité au Congo. La longueur de la ligne de transport atteint
environ 1700 Km de lignes aériennes. Le transport d‟Electricité se trouve dans les
réseaux interconnectés comme Ngo, Oyo, Brazzaville, Loudima, etc.

Les lignes de distribution concernent par contre la liaison des centres d‟exploitation
vers les usagers. Dans les centrales autonomes, l‟Electricité sort des centres de
production pour être distribuée directement aux abonnés dans les villes où se
trouvent les centres. L‟ensemble de ces installations est l‟apanage de la SNE.

En termes d‟extension, un allongement significatif de la ligne de distribution a


concerné principalement les départements de la Sangha et dans les localités d‟Ewo,
Makoua, etc.

Pertes (techniques et non techniques)

L‟infrastructure électrique du réseau de distribution est globalement vétuste et


vulnérable aux variations de la demande et surtout par la défaillance du système de
comptage de la consommation en énergie électrique. En effet, comme le relevé de la
consommation ne s‟effectue pas convenablement, il y a un décalage de 2 mois entre
le moment de la consommation et le suivi/contrôle (la facture envoyée aux abonnés
représente la consommation de deux mois passés), aussi entre temps, la SNE ne
peut vérifier le bon fonctionnement ou la défaillance des compteurs au niveau de
certains abonnés et du vol d‟énergie électrique. Cette situation entraîne des
délestages et des coupures. Les pertes en ligne dues à la vétusté des installations
de distribution atteignent 60% en 2011.

L‟Agence Internationale de l‟Energie, selon le rapport 2014, classe le Congo


deuxième mondial après Haïti en termes de pertes en 2012 (10).

Pertes d'électricité dans le réseau de distribution (TWh)


0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
http://www.eia.gov/cfapps/ipdbproject/IEDIndex3.cfm, consulté le 14/01/2015
0,1
0
(10)
IEA
1980(2014) Electricity
1982 1984 1986 1988Information 20141996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
1990 1992 1994

25
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Classification mondiale des pays en termes de pertes d’électricité dans le


réseau de distribution

Haiti 55%
Congo 50%
ans Yemen 35%
Érythrée 33%
Paraguay 31%
Irak 31%
Honduras 30%
Nepal 26%
Kyrgyzstan 26%
Zambie 25%
Non-OCDE Amérique 16%
Moyen Orient 13%
Asie (sans Chine) 13%
Afrique 13%
Non-OCDE Total 10%
OCDE 7%
Chine 6%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Source : Rapport 2014 de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE)

Les pertes de transport sont très influencées par le facteur de puissance qui quant à
lui, est imposé par le réseau de distribution (les consommateurs).
Désignation 2013 2014
Energie reçue des centrales, MWh 1 524 257 1 790 526
Energie fournie à la distribution, MWh 1 299 266 1 577 311
MWh 224 991 213 215
Pertes de transport
% 14,76 11,91
Rendement du transport (%) 85,24 88,09
Source : SNE, 2014

Incidents d’exploitation dans le réseau de transport

Dix premiers mois 2013 Dix premiers mois 2014


Désignation
Nombre Durée Nombre Durée
Black-out total 41 n/d 19 n/d
Black-out partiel 80 n/d 65 n/d
Défauts internes 65 n/d 122 n/d
Défauts externes (RDC) 59 n/d 112 n/d
Source : SNE, 2014

26
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Chaîne de valeur dans la production d’énergie électrique

La chaîne de valeur du secteur électricité comprend les activités de production, de


transport et de distribution d‟électricité.

La production d‟énergie électrique depuis la libéralisation du sous-secteur est


réalisée à la fois par la SNE et par d‟autres sociétés privées. SNE achète ensuite la
production de la société privée CEC. Le transport et la distribution d‟Electricité sont
effectués par la SNE. Le long de la ligne de transport et de distribution sont installés
des transformateurs afin de transformer l‟électricité haute tension en moyenne
tension et de transformer l‟Electricité moyenne tension en basse tension. Les
produits présentés aux clients sont le courant de haute et moyenne tension HT/MT et
le courant de basse tension.

En ce qui concerne l‟électrification rurale, la production d‟énergie électrique ainsi que


sa distribution sont aussi effectuées par la SNE. Le produit vendu aux clients est le
courant de basse tension. 20

Electrification
SNE Energie électrique
Rurale Basse Tension Abonnés

Centrales
SNE

Energie électrique
SNE Haute Tension
Abonnés
Haute Tension

Réseau
SNE
Transformateur

CEC Energie électrique Abonnés


RDC Moyenne Tension Moyenne Tension

Transformateur

Energie électrique Abonnés


Moyenne Tension Basse Tension

PRODUCTION TRANSPORT-DISTRIBUTION COMMERCIALISATION

Source : SNE

27
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

1.3.1.2. Etat des lieux de la demande en électricité


Description des catégories de consommateurs

Les consommateurs d‟Electricité se divisent en quatre 4 grandes catégories : les


ménages, les industries, le secteur des services, l‟éclairage public.

 Les ménages :

Les ménages utilisent essentiellement l‟électricité pour leur besoin d‟éclairage aussi
bien en milieu rural qu‟urbain.

Les ménages constituent le premier consommateur d‟énergie électrique (50 % de la


consommation totale en 2011 pour le réseau de la SNE). Par ailleurs, cette catégorie
de consommateur est le principal facteur d‟augmentation de la puissance installée.
En effet, la consommation en Electricité des ménages se déroule généralement en
fin de matinée et dans la soirée pour satisfaire les besoins en éclairage. Les autres
équipements qui consomment l‟électricité au niveau des ménages sont
principalement la télévision, la radio, les appareils électroménagers. Parmi ces
derniers, le réfrigérateur reste branché en permanence. Les ménages sont classés
dans la catégorie des consommateurs appelés « résidentiels ».

D‟après une étude sur les caractéristiques de l‟éclairage domestique menée sur les
grandes villes, chaque ménage utilise en moyenne 2,1 lampes à incandescence (LI).
Dans l‟ensemble, les LI représentent plus de 50% des lampes utilisées. La puissance
moyenne des LI utilisées par les ménages est de 40 Watts, celle des LFC de 25
Watts et celle des “autres lampes” tourne autour de 100 Watts.
La catégorie « Ménages » est la plus consommatrice d‟énergie du fait de son nombre
élevé, mais avec un pouvoir d‟achat assez faible.

 Les industries

Elles utilisent l‟électricité pour alimenter les équipements et les matériels de


production. Les industries consomment généralement les courants de haute et
moyenne tension. Généralement, les usines fonctionnent dans la journée et pour
certains secteurs 24 h/24 h comme le cas des industries pétrolières, les cimenteries
et les industries disposant d‟installation frigorifiques à grande échelle.

 Les PME et le secteur des services

Ce sont les entreprises qui consomment l‟énergie électrique pour faire fonctionner les
matériels bureautiques. Elles consomment généralement de l‟électricité de basse
tension. En milieu rural, le secteur de la restauration constitue l‟essentiel des activités
économiques qui utilisent l‟électricité.
28
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

 L’éclairage public

Cette catégorie représente le service public pour l‟éclairage des grandes


agglomérations et ce service est sous-traité par la société privée EGET.

 L’administration

L‟administration regroupe les institutions publiques dont les ministères et elle est
placée dans la catégorie des résidentiels. L‟administration comprend les différents
Ministères, les forces armées qui relèvent du Budget général, les Universités, les
EPIC EPA, les collectivités décentralisés qui relèvent du budget de l‟Etat.

Evolution croisée de la consommation par catégorie des secteurs (Ktep)

1200,00

1000,00

800,00

600,00

400,00

200,00

0,00
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

ménages services industrie

Source ministère de l’énergie et de l’hydraulique

Taux d’accès à l’électricité

Les investissements dans la production et le transport d‟énergie électrique n‟ont pas


été accompagnés d‟un programme intensif d‟électrification. L‟accès à l‟énergie
électrique au Congo reste faible, inférieur à la moyenne des pays africains pairs
aussi bien en zones urbaines que rurales. Selon les résultats du rapport du cabinet
Emery Mukendi Wafwana & Associates du 28 février 2014, le taux d‟accès à
l‟électricité est de 45 % certes supérieur à la moyenne de l‟Afrique subsaharienne de
16% avec des disparités entre les zones urbaines de 50% en milieu urbain et de 5,6
% en milieu rural.

29
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Evolution du taux d’accès à l’électricité entre 2003-2012

50

40

30

20

10

0
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Taux d'accès

Source : African Statistical Yearbook 2012 / Annuaire Statistique pour l'Afrique ; 2012

L’évolution de la consommation d’énergie électrique

Consommation nette d’électricité entre 1980-2012

Source : EIA

30
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Evolution croisée des consommations basse tension (BT) et haute


tension/moyenne tension (HT/MT)

600
500
400
300
200
100
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Consommation BT Consommation HT/MT

Source : Ministère de l’énergie et de l’hydraulique

Evolution de la consommation dans les plus grandes agglomérations

Régions Janvier à octobre (MWh) Taux de Taux de répartition


d’exploitation 2013 2014 variation (%) (%)
Brazzaville 606 377 685 396 13,03 43,45
Pointe-Noire 572 302 746 814 30,49 47,34

Bouenza 54 355 36 155 -33,48 2,29

Niari 29 610 60 821 105,40 3,85


Plateaux-Cuvettes 36 621 48 124 31,41 3,05
Total 1 299 266 1 577 311 21,40 100

Source : SNE, 2014re 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Le prix de l’électricité

Au niveau de la production (offre)

Le prix de l‟électricité vendue à la SNE est librement fixé entre les producteurs et la
SNE, le prix de l‟électricité vendue aux utilisateurs finaux est réglementé. Par contre
Les exportations vers la RDC sont en augmentation régulière pendant qu‟aucune
disposition contractuelle entre SNE et SNEL ne permet de valoriser l‟énergie
transitée vers Kinshasa. Rappelons ici que les parties sont d‟accord pour aller vers
un contrat d‟échange, mais la question tarifaire, qui requiert l‟avis du gouvernement
étant donné ses répercutions au plan politique et sur le pouvoir d‟achat des

31
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

congolais, reste un obstacle à lever. La SNEL demande en effet une révision du prix
du kilowattheure de 15,01 à 21,68 FCFA.

La même question tarifaire reste posée avec la CEC, qui propose 25 FCFA le
kilowattheure alors que la SNE le demande à 15 FCFA, pour la conclusion d‟un
contrat définitif de fourniture d‟énergie de CEC à SNE.

Au niveau des consommateurs (demande)

Les tarifs de l‟électricité au Congo sont en principe réglementés par l‟arrêté n°681 du
19 mars 1994 portant revalorisation des tarifs d‟électricité en République du Congo.
Ledit arrêté fixe en particulier les tarifs de l‟électricité de manière forfaitaire.

Si l‟électricité constitue un bien essentiel et exige à ce titre la prise en compte de la


situation sociale des populations, particulièrement des couches défavorisées, dans la
tarification, en revanche, le régime du forfait présente l‟inconvénient de ne pas
refléter les coûts de production de l‟électricité et la consommation réelle des clients. Il
en découle la nécessité d‟une politique tarifaire conciliant les objectifs sociaux et la
nécessité de recouvrer les coûts de production.

Le tarif d‟électricité au niveau des consommateurs n‟a pas connu une hausse depuis
plusieurs décennies malgré l‟augmentation des paramètres économiques (prix du
combustible, taux d‟inflation), le mécanisme d‟ajustement tarifaire n‟est pas appliqué
au Congo.

Grille tarifaire moyenne tension (MT) / basse tension (BT)

Moyenne Tension Basse Tension


Mono Mono Mono Triphasé
Puissance (kW) < 150 > 150
1,2 à 3 5à9 11,2 12 à 32
Prix unitaire (kWh) 25,44 28,68 49,08 44,64 43,56 43,56

Mais le Gouvernement congolais envisage d‟adopter une nouvelle tarification en


matière de vente et de consommation d‟électricité, sur la base des coûts réels et de
la capacité des différentes catégories des consommateurs (gros consommateurs,
structures administratives, ménages, semi-industriels, résidentiels...) (11).

Satisfaction de la demande

Evolution du nombre de branchements MT/BT par la SNE

(11)
http://www.congo-site.com/Examen-des-termes-de-reference-de-l-etude-tarifaire-et-la-demande-
du-secteur-de-l-electricite-au-Congo_a13703.html

32
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Localités 2009 2010 2011 2012


Brazzaville 237 251 596 664
Pointe-Noire 237 251 263 296
Dolisie 24 25 29 32
Bouenza 14 15 15 18
Plateaux-Cuvettes 1 2 2 2
Total 557 577 596 664

Source : SNE

Evolution du nombre de branchements MT/BT

700
600
500
400
300
200
100
0
2009 2010 2011 2012

Brazzaville Pointe-Noire Dolisie Bouenza Plateaux-Cuvettes

Source : Données SNE

Evolution du nombre de branchements en zone rurale

En République du Congo, le taux d‟accès à l‟électricité n‟est que de 5,6 % en milieu


rural. L‟impact résolument positif de l‟électrification rurale en termes de
développement économique, d‟équité sociale ou d‟aménagement du territoire a
conduit à l‟adoption de dispositions législatives et réglementaires spécifiques (12).

La promotion de l‟électrification rurale est assurée par l‟agence nationale


d‟électrification rurale (ANER), conformément à la loi n° 15-2003 du 10 avril 2003
susvisée. Cette agence est chargée de planifier les électrifications rurales, de réaliser
les études techniques et économiques nécessaires à l‟électrification en milieu rural,
de réaliser par voie d‟appel d‟offres des travaux d‟électrification rurale, d‟élaborer des
dossiers d‟appels d‟offres pour la mise en gestion de l‟électrification rurale, de

(12)
Rapport d’évaluation de projet, septembre 2012
33
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

promouvoir des technologies nouvelles d‟électrification rurale et de rechercher des


financements destinés aux programmes d‟électrification rurale (13).

En outre, conformément à la stratégie gouvernementale approuvée par décret n°


2010-822 du 31 décembre 2010 susvisé, la gestion des infrastructures de production
et de distribution de l‟électricité dans les centres ruraux, actuellement assurée par la
SNE, doit être provisoirement confiée à l‟ANER. Cette gestion sera in fine transférée
aux collectivités locales dans le cadre de la décentralisation.

Par ailleurs, le Code de l‟électricité introduit une souplesse en matière d‟appel


d‟offres dans le sous-secteur de l‟électrification rurale. En effet, son article 51 prévoit
que la production, notamment des centrales de faible puissance, le transport, la
distribution et la vente de l‟électricité en milieu rural peuvent être opérés sur simple
autorisation du ministre en charge de l‟énergie électrique, sans qu‟il soit besoin de
recourir à l‟organisation préalable d‟une procédure d‟appels d‟offres.

Nombre de personnes ayant accès à 1 275 000 en


l‟électricité 2011
Accès aux infrastructures
Nombre de personnes ayant accès à
électriques et aux services 140 000 en 2011
l‟électricité en milieu rural
énergétiques accrus
Nombre de ménages raccordés au
35 000 en 2011
réseau électrique en milieu rural

Réseaux en MT construits Longueur 33 kV construits 200 Km en 2012

Postes de transformation
Nombre de postes MT/BT réalisés 996 en 2012
MT/BT créés

6 400 Km en
Réseaux en BT construits Longueur des réseaux BT construits
2012

Eclairage public Nombre de centres urbains électrifiés 20 en 2012

Nouvelle localités électrifiées Nombre de localités électrifiées 17 500 en 2012

Nouveaux ménages raccordés Nombre de branchements 320 000 en 2012

(13)
Articles 2 et 22 du décret n° 2007-291 du 31 mai 2007 portant approbation des statuts de l’agence
nationale d’électrification rurale, précité.
34
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Comparaison des tarifs de l’électricité du Congo par rapport aux pays de


l’Afrique subsaharienne

Tarif résidentiel réel à 100 kilowattheures

Source : Natalya Pushak et CelciliaBriceño-Garmendia, Rapport-pays : Infrastructure de la


République : une perspective continentale, Infrastructures Africaines/Une transformation
impérative, mars 2010, page 11

Recouvrement des coûts par les sociétés d’électricité et facilité d’accès à


l’électricité

35
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Source : Rapport FMI : Réforme des subventions énergétiques en Afrique subsaharienne


expériences et enseignements, Avril 2013 ; page 23 consulté 20 janvier 2015.

Evolution croisée de la population et la consommation d'énergie au Congo

4500000 1800000
4000000 1600000
3500000 1400000
3000000 1200000
2500000 1000000
2000000 800000
1500000 600000
1000000 400000
500000 200000
0 0
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
Population (habitant) Consommation énergie (tep)

Source: Sylvain Odette, Cours de Prévision en Energie _DESS-Congo, 2014

Evolution croisée du PIB et la consommation d'énergie au Congo


2E+10 2000000

1,5E+10 1500000

1E+10 1000000

5E+09 500000

0 0

PIB (US$ 05 ppa) Consommation énergie (tep)

Source: Sylvain Odette, Cours de Prévision en Energie _DESS-Congo, 2014

36
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

1.3.2. Analyse du sous-secteur électricité

1.3.2.1. Analyse globale

Estimation de la population totale

La croissance de la demande d‟électricité sera un facteur de décision clé pour la


construction des nouvelles centrales et lignes de transport. Les changements
démographiques et l‟évolution des abonnés seront les principaux déterminants de la
demande d‟électricité. On s‟attend à ce que le Congo connaisse une croissance
positive, et plus rapide de la demande d‟électricité au cours de la prochaine
décennie. Il faut des politiques de gestion de la consommation pour réduire les
émissions de GES, et de l‟introduction de normes pour les appareils
électroménagers.

La croissance démographique du Congo constituera l‟un de ses principaux défis pour


les années et la décennie futures. L‟estimation de l‟évolution de la population est
basée sur le nombre de population de World Population Prospects 2012, avec un
taux d‟accroissement annuel de 2.6 %. Pour faire la prévision des données jusqu‟en
2025, nous avions utilisé la formule de la croissance sous Excel sur les données
historiques existantes.

7 000 000

6 000 000
Population (Mille)

5 000 000

4 000 000

3 000 000

2 000 000

1 000 000

-
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
Population 4 67 4 78 4 90 5 01 5 14 5 26 5 40 5 53 5 67 5 82 5 97

Figure 2. Courbe d’évolution de la population de 2015 à 2025

Source: World Population Prospects: The 2012 Revision (Updated: 13 June 2013)

37
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Analyse de l’évolution croisée de la production d’électricité à partir du gaz


naturel associé, du pétrole et de l’hydraulique

40 000,00 3 000 000,00


35 000,00
2 500 000,00
30 000,00
2 000 000,00
25 000,00
20 000,00 1 500 000,00
15 000,00
1 000 000,00
10 000,00
500 000,00
5 000,00
- -
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025

Production d‟électricité à partir des sources de gaz naturel (MWh)


Production d‟électricité à partir des sources pétrolières (MWh)
Production d‟électricité à partir des sources hydrauliquesl (MWh)

Résultats obtenus à base des données de la source http://knoema.fr/atlas/topic/Energie.

Les sources hydrauliques et gazières suivent la même tendance, elles évolueront de


façon exponentielle jusqu‟à s‟avoisiner en 2025, par contre les sources pétrolières
tendront vers leurs déclins en 2025. Les sources gazières sont polluantes, il faudra
déjà orienter les choix vers les énergies renouvelables en dehors des sources
hydrauliques afin de respecter la ratification du protocole de Kyoto.

Estimation de la demande en énergie électrique

La consommation en électricité comprend la consommation BT, représentée en


grande partie par les ménages raccordés au réseau de la SNE et la consommation
HT/MT, représentée par les industries.

Le nombre d‟abonnés BT, HT/MT est estimé à partir de trois scénarii, suivant le taux
d‟électrification (14) :

 Scénario I : le taux d‟accès est stationnaire à 45 % de 2015 à 2025. Dans ce


scénario, les ménages ruraux restent toujours marginalisés en terme d‟accès
à l‟électricité, comme le cas actuel avec 5.6% des ménages ruraux seulement
accédant à l‟électricité par rapport aux ménages ruraux totaux, selon le
DSCERP 2012-2016 (15);
 Scénario II : le taux d‟électrification est en évolution progressif entre 45% et
60%, de 2015 à 2020 avec la mise en service des centrales de Liouesso et du
Djoué et à 90% avec la construction de la centrale de Sounda.

(14)
Taux d’accès (Ta) : nombre d’abonnés électrifié par rapport au nombre total de ménages.
(15)
Plan National de Développement CONGO 2012-2016 LIVRE 1 : DSCERP 2012-2016 page 235
38
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Scénarii Scénario I Scénario II


Années 2015 2020 2025 2015 2020 2025
Taux d‟accès 45% 45% 45% 45% 60% 90%

Evolution croisée de la consommation et du PIB

35 4,5

30 4
3,5
25
3
20 2,5
15 2
1,5
10
1
5 0,5
0 0
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025
Résultats obtenus à base des données du cours Sylvain Odette sur la planification
énergétique et la prévisionPIB
de(US$
la demande,
05 ppa) DESSConsommation
Gestion de l’énergie 2014
énergie (tep)

Résultats obtenus à base des données de la source data OECD iLibrary, extrait le 09 Mai
2014 02:23 UTC (GMT)

Scénario I : Statu quo - taux d’accès à l’électricité égal à 45%

En considérant une augmentation du nombre de ménage total suivant le taux


d‟accroissement démographique actuel (2.6 %), avec le maintien du taux d‟accès à
l‟électricité actuel de 45 % et du niveau de consommation électrique, la demande
totale serait alors estimée à 4 604 944,72 MWh en 2020 à 5 934 571,36 MWh en
2025.

Scénario II : Evolution progressif de 45% à 60% entre 2015-2020 et 90% en 2025


du taux d’accès à l’électricité

Pour ce scénario, La consommation évoluera en deux (2) phases : entre 2015 et


2020, elle passera de 2 055 309 426,72 kWh à 3 073 604 548,6 kWh soit une
hausse de 1 018 295 121,89 kWh (49,5%). De 2021 à 2025, la consommation
passera de 3 332 091 295,35 kWh à 4 296 289 446,20 kWh soit une hausse de
964198150,85 kWh (28.9%).

39
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

1.3.2.2. Analyse FFOM du sous-secteur de l’électricité

Forces

Aspect économique et La production hydroélectrique offre un coût de


social production faible : 25 FCFA
Une centrale hydroélectrique produit de l‟énergie
Aspect environnement et
renouvelable. Elle ne pollue pas, réduit le taux
santé
d‟émission du carbone.
Une centrale hydraulique peut être exploitée sur une
longue période ;
La puissance disponible peut être maintenue à son
Aspect production et
niveau maximal.
technique
La mise en place d‟une centrale thermique peut se
faire rapidement ;
Indisponibilité des compétences techniques au Congo
Le partenariat avec EDF accompagne la SNE à la
réflexion et à la prise de décision en matière de
Aspect juridique,
système de production d‟énergie électrique afin de
politique et gouvernance
satisfaire la demande, de choisir les meilleures
combinaisons sur la stabilité du réseau.

Menaces et faiblesses
La demande en électricité est essentiellement tirée
par les résidentiels. C‟est la multitude de
consommateurs qui fait gonfler la demande mais pas
la consommation par ménage ;
Le nombre élevé des délestages ;
La vétusté du réseau de distribution ;
Le nombre élevé des pertes ;
L‟insuffisance du volume des investissements affecté
à l‟entretien et au renouvellement des infrastructures
Aspect énergie et
énergétiques ;
satisfaction des besoins
Le non fonctionnement FDSEL, qui doit financer les
investissements du secteur ;
L‟ARSEL qui est chargée de réguler, contrôler et
superviser les activités de tous les intervenants du
secteur de l‟électricité ne dispose pas de ressources
et de compétences adéquates et n‟est pas encore
indépendante dans la mesure où elle est placée sous
la supervision du MEH en lieu et place de son conseil
d‟administration ;

40
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

La non révision des tarifs pour refléter les coûts réels


de production et de distribution explique en partie les
difficultés financières de la SNE ;
L‟inadéquation entre le coût de vente du kWh et le
coût de production du fait que le prix du KWh fixé à
0,15 dollar est inférieur au coût moyen de production
estimé à 0,28 dollar ;
L‟inégalité prévaut par rapport au développement du
sous-secteur électricité : électrification rurale
enregistre un retard par rapport aux milieux urbains.
Les ménages qui constituent la grande majorité des
consommateurs possèdent un faible pouvoir d‟achat ;
Aspect économique et La structure de la demande dominée par ces
social utilisateurs à faible revenu par rapport aux industriels
continuera à affecter la rentabilité des centres
d‟exploitation.
Le changement climatique entrainant la diminution de
la pluviosité, la dégradation de l‟environnement,
Aspect environnement et notamment le déboisement sur les bassins versants
santé réduisent la disponibilité de la ressource en eau dans
les rivières ou fleuves ayant un potentiel
hydroélectrique.

La capacité technique des opérateurs privés


intervenant notamment dans le cadre de
l‟électrification rurale n‟existe pas encore en matière
Aspect production et
de gestion de centre d‟exploitation ;
technique
Sans amélioration, extension et interconnexion
réseau plus importante, il sera difficile de valoriser le
potentiel hydraulique.
Aspect juridique, politique L‟interférence de la politique dans la gestion de la
et gouvernance SNE ;
Le manque d‟un bon management.

Opportunités

La vie sociale et économique du pays a besoin


d‟électricité pour tourner, notamment le secteur
de l‟industrie et les ménages ;
Aspect énergie et
Le marché de l‟électricité est encore ouvert car le
satisfaction des besoins
taux d‟accès est encore faible.
La demande de branchement est supérieure aux
branchements réalisés ;

41
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Le Congo possède une ressource hydraulique


importante : officiellement, 14 000 MW alors que
Aspect production et seulement 194 MW sont exploités ;
technique Evolution technologique : vers une diminution de la
consommation électrique des équipements comme
les lampes à basse consommation.
Le secteur est libéralisé au Congo
Textes réglementaires considérés comme assez
complets avec les institutions sensées les appliquer :
Aspect juridique, politique
ARSEL, ANER ;
et gouvernance
Dispositif particulier destiné à promouvoir
l‟électrification rurale avec ANER et le Gouvernement
pour supporter en totalité les investissements

Conclusion du sous-secteur électricité

Pour le sous-secteur de l‟électricité au Congo, on peut retenir les informations


suivantes :

 Augmentation exponentielle de la demande à partir 2010 dans les zones


urbaines et rurales ;
 L‟offre disponible mais ne satisfait pas la demande ;
 Vétusté des installations du réseau de distribution ;
 Pertes considérables au-dessus de 50%, deuxième pays mondial après Haïti ;
 Impacts environnementaux importants causées par la mise en place des
infrastructures de production hydroélectrique, notamment sur la faune et la
flore ;
 la facturation est en déphasage par rapport aux coûts réels ou coût unitaire
moyen de production d‟électricité;
 Faible taux d‟accès à l‟électricité, surtout en milieu rural car la plupart des
localités situées loin des centres urbains ne sont pas raccordées au réseau
national de distribution d‟énergie;
 Le cadre institutionnel s‟est renforcé avec la présence d‟institutions comme
l‟ANER, ARSEL et FSDEL mais leur fonctionnement pose encore des
difficultés évidentes ;
 Réseau de transport non de bouclé mais radial depuis la partie méridionale
jusqu‟à dans la partie septentrionale ;
 Augmentation de la part de la production d‟électricité à partir des centrales au
gaz naturel associé et au fuel dans la production totale d‟électricité du pays;
 Forte potentielle hydraulique mais peu valorisée.

42
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

1.4. Diagnostic du sous-secteur pétrolier

Il faut rappeler que le sous-secteur pétrolier est subdivisé en deux domaines bien
distincts de la chaine des activités : il y a d‟une part l‟amont pétrolier qui concerne les
activités de recherche, exploration, la production, la commercialisation du brut, et
d‟autre part, l‟aval pétrolier concernant le raffinage, le transport, le stockage et la
distribution des produits pétroliers. Cette distinction est fondamentale parce que ces
deux domaines ne répondent pas à la même juridiction au Congo.

1.4.1. Etat de lieux du sous-secteur pétrolier


1.4.1.1. Etat de lieux de l’offre du sous-secteur pétrolier

Les réserves et la production

L‟activité pétrolière au Congo a réellement débuté à la fin des années 50 (1958) avec
l‟exploitation du champ d‟Emeraude. L‟essentiel des activités pétrolières est en
onshore ou en offshore dans la zone côtière du département de Kouilou à Pointe-
Noire. La République du Congo dispose de deux bassins sédimentaires à savoir :

 Le Bassin Côtier, 43300 Km² en Offshore et 11900 Km² en On shore avec 60


objets identifiés (30 objets dans les zones libres), environ 2 milliards barils
possibles et 500 millions à prouver dans les champs en exploitation et 858
millions de barils de réserves possibles à prouver dans les titres en recherche;

Source : MHC

 Le Bassin de la Cuvette Centrale avec ses 110.623,5 Km 2 environ de


superficie, permis NGOKI : Existence des objets (prospects) et le reste du
bassin : présence des épaisseurs sédimentaires importantes variant de 3 500
à 7 500 mètres.

43
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

L‟exploitation pétrolière est concentrée dans le bassin côtier. Plusieurs champs en


production sont actuellement en phase mature, d‟où la nécessité de promouvoir les
zones libres pour relancer la production.

Source : MHC

Les opérateurs pétroliers étaient liés à l‟Etat congolais jusqu‟avant 1994 dans un
contrat de concession, depuis lors, le code des hydrocarbures, susmentionné, a
vulgarisé le contrat de partage de production. C‟est ce cadre juridique et fiscal qui a
permis l‟exploitation pétrolière ces deux dernières décennies. Aujourd‟hui un
nouveau code des hydrocarbures est en cours d‟élaboration et pourrait entrer en
vigueur courant cette année 2015.

La République du Congo compte parmi les plus grands producteurs de pétrole brut
en Afrique, classée septième en 2011 en Afrique et 4ème en Afrique subsaharienne,
44
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

avec une production estimée entre 102,2 à 127 millions de barils par an. Sa
production journalière peut être estimée à 280 000 barils ces cinq dernières années.

Production annuelle (mille barils )

350

300

250

200

150 Production
(Thousand
100 barrels daily)

50

Source : U.S. Energy Information Administration

De façon générale, l‟évolution de la production est en croissance constante avec des


légères chutes en 2003, en 2007 et en 2013. L‟un des faits marquant de ces
dernières années c‟est l‟atteinte de la production à plus de 300 000 barils/jour en
2010, grâce à l‟augmentation de la production des gisements en développement et à
la bonne gestion des gisements arrivés à maturité selon les experts du Ministères
des Hydrocarbures. Il faut tout de même rappeler que la production pétrolière a subi
des chutes brutales et vertigineuses pendant les années 2003 et 2007 dues à la
maturité de nombreux champs mais aussi au retard de certains travaux de
maintenance et aux arrêts de puits de production. Avec la mise en exploitation du
champ de Moho-Nord en fin 2015, la production pourrait dépasser le cap de 350 000
barils le jour en 2016.
De 1994 à 2013, le rythme annuel de croissance de la production pétrolière au
Congo est en moyenne d‟environ 3% avec un pic en 2010.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette progression, on peut citer entre autres :

 l’intensité des recherches et des investissements rendue possible grâce au


volume de réserves prouvées (1.6 milliards de barils) dans le bassin côtier.;

 le cadre juridique et fiscal notamment le Code des Hydrocarbures de 1994 a


contribué à l‟attraction des investissements pétroliers avec la vulgarisation du
contrat de partage de production;

45
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

 la technologie de plus en plus capitalistique qui a permis d’exploiter les


champs les plus complexes tout en améliorant le taux de succès des forages
d‟exploration, en particulier dans les zones géologiquement complexes
comme l‟offshore profond à Pointe-Noire ;

 le prix du baril sur le marché pétrolier a rendu économiquement rentable


l‟exploitation pétrolière, comme le montre ce graphique :

350

300

250

200

150 Prix du baril

100

50 Production
journalière
0
1995

2003

2011
1994

1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002

2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010

2012
2013

Source : U.S. Energy Information Administration

 etc.

Evolution et tendance des réserves

46
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Réserves prouvées (milliards de barils)

1,8
1,6
1,4
1,2
1,0
0,8 Rserves
prouvées…
0,6
0,4
0,2
-
1986
1980
1982
1984

1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
Source : U.S. Energy Information Administration

Jusqu‟à peu avant 1994, les réserves prouvées du pétrole au Congo n‟ont jamais
dépassées 800 millions de barils. A partir de 1994 avec le nouveau code des
Hydrocarbures qui a certainement relancé les recherches et l‟exploration, les
réserves sont passées d‟environ 700 millions à 1.7 milliard de barils entre 1980 et
1999 avant de se stabiliser autour de 1.6 milliards de barils jusqu‟en 2013. Au fur et à
mesure que les recherches s‟opèrent, les nouvelles découvertes font augmenter les
réserves. La Société Eni-Congo, par exemple, a fait une importante découverte en
2014 d‟environ 1 milliard de barils équivalent pétrole (pouvant aller jusqu‟à 4 milliards
de barils) sur place contenant à 80% du pétrole sur le prospect Minsala Marine, sur
le bloc Marine XII, à environ 35 km au large de Pointe-Noire et à 12 km de la récente
découverte Néné Marine au Congo (16).

(16)
Ministère des Hydrocarbures
47
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Le nombre de champs en production et des opérateurs

Operateurs Champs Operateurs Champs


Congorep Emeraude Ikalou/Ikalou Sud
Likouala Loango
Pérenco Likouala Est Zatchi
Yanga Kitina
Sendji Djambala
Tchibouela ENI Congo Mwafi
Tchibouela Est Foukanda
Tchendo Awa - Paloukou
Kombi Kouakouala
Likalala M'Boundi
TEP Congo Tchibeli Zingali
Litanzi Loufika
Libondo MURPHY Azurite
N'kossa
&Nkossa Sud SNPC Mengo/Kundji/Bindi
Nsoko AOGC Pointe Indienne
Butane
Nkossa&Nkossa
Sud CMS Noméco Yombo
Propane
Nkossa&Nkossa
Sud PREST OIL Tilapia
Butane Nsoko
Propane Nsoko
Moho - Bilondo

Source : MHC

Comme on peut le constater sur le tableau ci-dessus, l‟exploitation pétrolière au


Congo est d‟une forte intensité comprenant des grands majors comme Total et Eni
(les plus anciens et détiennent la plus grande part, soit près de 70% de la production
totale) et plusieurs indépendants.

Chaque champ pétrolier produit un type de pétrole particulier qui correspond à des
caractéristiques géo-physico-chimiques plus ou moins similaires selon la proximité
des champs ou selon le degré API (American Petroleum Institute). Ces pétroles sont
évalués par rapport au Brent et classifiés au sein de trois catégories de brut selon
leur degré API suivants :

 le Nkossa blend, (pétrole léger avec un degré API supérieur à 31,1 °, soit au
tour de 35° API) ;
 le Ndjéno blend et Azurite (pétrole moyen si l'API est compris entre 22,3 ° et
31,1 °, soit autour de 27° API pour le Ndjéno et 25° API pour l‟Azurite) ;
 le Yombo (pétrole lourd si l'API est compris entre 10 ° et 22,3 °).
48
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Répartition des réalisations par opérateurs en 2013

60 000 000

50 000 000

40 000 000

30 000 000

20 000 000

10 000 000

Source : MHC

Evolution de la production et des réserves


350 9
300 8
7
250
6
Milliers barils 200 5 Milliards barils
Jour 150 4 réserves
3
100
2
50
1
0 0
65 68 71 74 77 80 83 86 89 92 95 98 1 4 7 10 13 16 19 22 25 28 31 34 37 40 43 46 49 52 55 58
ANNEE

Productions (Milliers barils /Jour) Réserves résiduelles (millions barils)

Source : Document de Stratégie pour la Croissance, l’Emploi et la Réduction de la Pauvreté (DSCERP) 2012-2016, page 136

Au rythme actuel de production, selon le graphique ci-dessus, l‟épuisement des


réserves actuelles du Congo peut intervenir à partir des années 2060. Les réserves
prouvées représentent 23%, 33% de réserves possibles, 11% des réserves à
découvrir, 6% à prouver et 27% déjà produites.

49
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Réserves totales Pétrole (toutes catégories) = 8,25 milliards de barils


Réserves récupérées fin 2010 = 2,25 Milliards barils
Réserves restantes fin 2010 (toutes catégories) = 6 Milliards barils

A DECOUVRIR; 0,858;
A PROUVER; 0,5; 6% 11% DÉJÀ PRODUIT; 2,25; 27%

POSSIBLE; 2,745; RESERVES


33% PROUVEES; 1,9;
23%

Source : STP/DSCERP, Données des Ministères des Mines et Hydrocarbures et secteur


privé

La sous-traitance et les services de soutien à la production

Les sous-traitants et les prestataires de services sont généralement organisés sous


forme de sociétés locales ou de filiales de groupes internationaux, autour de grands
pôles de services spécialisés, à savoir :

 les services spécialisés typiquement pétroliers dans les domaines ci-après : la


géophysique, la géologie, le forage, les essais de production, HSE,
l‟instrumentation, l‟ingénierie, la construction et la fourniture des installations et
des équipements, les travaux et la maintenance, l‟inspection et le contrôle de
qualité, le trading, Etc…
 les autres services spécialisés relevant des domaines non pétroliers mais
adaptés à la filière pétrolière sont :

- le traitement de l‟information spécialisée et la communication,


- la mobilisation et la gestion des ressources financières,
- le transport aérien, maritime et terrestre,
- la fiducie, l‟expertise des cabinets et autres services de consulting,
- la fourniture des services généraux,
- les approvisionnements, le transit, le catering et autres prestations
associées, etc.
Ces sous-traitants et prestataires de services peuvent être classés de la manière
suivantes :

50
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

 des fournisseurs d‟intrants (plastiques, tuyauterie, gaz, lubrifiants) : EXA


INTERNATIONAL, CONGO OCEAN, etc.;
 des fournisseurs de main-d‟œuvre (sociétés de placement de main-d„œuvre
sur les plateformes de forage et les sites d‟exploration on shore);
 des sociétés d‟ingénierie (Bureaux d‟études) et prestations de services dans
les nouvelles technologies (Matériels & logiciels) : GEOREX CONGO, PFI,
UPSTREAM, AFRICAN ENERGY, GULF OIL & GAZ, SYS+NET, CIM, IAD,
ARD;
 des constructeurs et fournisseurs d‟infrastructures ou de prestations
spécialisées : CSCEC, BAKER HUGHES, FORSPAC, SENIG,
HALLIBURTON;SCHLUMBERGER, PROSAFE, FMC ;
 des fournisseurs de services logistiques (Handling, hélicoptères, services à
quais).

Les impacts environnementaux de l’activité pétrolière de l’amont pétrolier

Compte tenu de la faiblesse de la réglementation et de l‟insuffisance des moyens de


suivi et de contrôle des impacts environnementaux, on peut relever, à travers les
recherches effectuées, quelques sources de pollution liées à l‟activité pétrolière au
Congo ces dernières années, à défaut de l‟insuffisance des données.

Le Trafic maritime dans la région au large des côtes de l´Afrique de l´Ouest est
constitué essentiellement de vraquiers, mais de nombreux navires pétroliers font
également partie de ce trafic maritime (Woodside, 2002). Chaque année, entre 200
et 400 millions de tonnes de pétrole brut et de produits raffinés sont transportés
notamment du Congo et de l'Angola vers les pays européens et les Etats-Unis
(UNEP, 2004)17. Les autorités congolaises, certainement plus concernées par ce
type de pollution, n'ont pas hésité à adhérer en 1973 à la convention internationale
pour lutter contre la pollution causée par le transport maritime du pétrole. La Loi n°
06-83 du 27 janvier 1983, portant approbation de l'adhésion de la République
Populaire du Congo à la convention pour la prévention de la pollution des navires,
est le premier texte international sur la protection de l'environnement marin auquel le
Congo a adhéré.

Les eaux de ballast sont, en général, associée au nettoyage des citernes des gros
navires pétroliers au large du terminal de Djéno et au port de Pointe-Noire où se
déroule le chargement du pétrole brut et des produits raffinés à l‟exportation. Quand
les navires pétroliers ont déchargé leur cargaison dans les pays consommateurs, ils
retournent à vide vers les pays producteurs. Lors des débuts du transport maritime
pétrolier, les résidus de pétrole dans les citernes vides étaient nettoyés à l'eau et le
mélange d'eau et de pétrole était directement rejeté en mer. De plus, les eaux de

17
Cités par Sandra Kloff et Clive Wicks (2004) : Gestion environnementale de l'exploitation de pétrole
offshore et du transport maritime pétrolier, Membres de la Commission de l'UICN des Politiques
Environnementales, Économiques et Sociales – CEESP, Page 17
51
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

ballast étaient directement chargées dans les citernes vides et sales. Ces eaux sales
étaient à leur tour rejetées en mer en grande quantité durant cette époque.

La pollution provenant des installations pétrolières offshore est provoquée par des
études sismiques suivies des forages exploratoires. Le développement de
l´exploitation du pétrole offshore s'accompagne aussi d'un accroissement du trafic de
navires de soutien et de pétroliers. Les impacts généraux du développement pétrolier
en générale incluent : du bruit et des vibrations lors des sismiques, des déchets de
production solides et liquides, un accroissement de la turbidité de l´eau lié au
dragage, une perturbation des fonds marins, un évitement de la zone par la faune
marine comme des poissons et les mammifères marins à cause du bruit lié à la
construction, la vibration et la présence d'équipements érigés, des invasions
possibles d'espèces exotiques transportées par les eaux de ballast des navires
d'assistance/de soutien et des pétroliers (Steiner, 2003 ; Wills, 2002 ; Patin, 1999)18.

Les fluides et déblais de forage pendant les forages exploratoires. Les opérations de
forage introduisent du pétrole et une grande variété d'autres composés chimiques
complexes dans l'environnement à travers les fluides et les déblais de forage. Une
plateforme de production peut rejeter environ 60.000 m3 de fluides de forage et
15.000 m3 de déblais de forage après le forage moyen de 50 gisements
exploratoires19. Les boues sont généralement constituées d'agents gélifiants et de
défloculation (argiles bentonite), d'agents contrôlant la filtration, de substances de
contrôle d'ions et de pH, de barytes, de biocides, d‟inhibiteurs de corrosion, de
lubrifiants, d'agents anti-mousse et de traces de métaux lourds (arsenic, baryum,
chrome, cadmium, plomb, mercure etc.)20

Les eaux de production dont les volumes varient considérablement tout au long de la
durée de vie d'un gisement provoquent des écoulements importants. Les volumes
typiques pour un gisement de la Mer du Nord varient de 2.400 m3/jour à 40.000
m3/jour (E&P forum/UNEP, 1997). Les eaux de production sont constituées en
majorité d'eau du réservoir à pétrole, relativement chaude, contenant du pétrole
dissous et dispersé, de fortes concentrations en sel, de métaux lourds,
d‟hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAPs), pas d'oxygène et parfois des
matériaux radioactifs (Steiner, 2203; Wills, 2002; Patin, 1999)21 qui dégradent
naturellement l‟écosystème marin.

Les impacts écologiques des déversements des déchets de production. Les quatre
méthodes possibles pour se débarrasser des déchets de production sont : le rejet
par-dessus bord, le transfert à terre, la réinjection dans la structure géologique ou le

18
Cités par Sandra Kloff et Clive Wicks (2004), page 26
19
Cités par Sandra Kloff et Clive Wicks (2004), page 28
20
Molingo MBEMBA-KIELE (Avril 2014) : gestion des produits chimiques dans le secteur pétrolier,
CIEHC 2, Brazzaville
21
Cités par Sandra Kloff et Clive Wicks (2004), page 29

52
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

stockage dans le cœur de la plateforme ou d´autres structures comme des cuves


spécialement construites dans les fonds marins. Le rejet à la mer est la méthode la
plus simple et la moins chère mais c'est aussi, malheureusement, la méthode la plus
dangereuse pour l‟environnement22.

Les opérations de routine sur les terminaux engendrent également de petits


déversements accidentels de pétrole lorsque le pétrole est chargé et déchargé des
pétroliers. Cela arrive normalement dans des ports ou des terminaux pétroliers tels
que des plateformes de production offshore et le terminal de Djéno où se déroulent
des opérations de séparation et de traitement du pétrole brut avant son chargement
dans les tankers. L'ampleur de ce problème est préoccupante. La quantité de pétrole
déversé pendant les opérations sur les terminaux est 3 fois supérieure à la quantité
totale de pétrole déversé suite à des accidents de pétroliers23.

Accidents de production de pétrole offshore avec incendie comme celui du champ de


Nkossa en 2007 au large de Pointe-Noire.

Le torchage du gaz naturel associé, principale cause des émissions de CO2. Jusqu‟à
une période très récente tous les champs pétroliers torchaient le gaz naturel associé
au pétrole brut extrait comme moyen d‟émettre plutôt le gaz carbonique que le
méthane dans l‟atmosphère. Ce n‟est qu‟en 2013 avec Eni-Congo que le gaz torché
est finalement valorisé en l‟utilisant pour la production de l‟électricité. Mais au
terminal de Djéno et dans plusieurs champs en production, le gaz est encore torché
en grande quantité, et de ce fait, émet ainsi une grande quantité de gaz carbonique
et d‟oxyde d‟azote dans l‟atmosphère depuis des années. Nous savons que ces gaz
évaporés pendant les opérations constituent l‟essentiel des gaz à effet serre,
responsable du réchauffement climatique. C‟est la raison pour laquelle le Congo a
ratifié le projet GGFR (le Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés, créé
en 2002 visant à réduire de façon systématique le torchage du gaz naturel associé.

Même si on note une diminution significative de la quantité de gaz torché, passant de


160 millions de standard mètres cubes en 2013 à 70 millions en 2014 24. L‟émission
de gaz carbonique est augmentation permanente comme l‟illustre le graphique ci-
après :

22
Sandra Kloff et Clive Wicks (2004), Page 29
23 23
http://www.itopf.com/fileadmin/data/Documents/Company_Lit/OilSpillstats_2013.pdf
24
Ministère des Hydrocarbures
53
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Emission de CO2 provenant du pétrole en


millions de tonnes métriques
2,5
2
1,5
1 Emission de CO2 provenant
du pétrole
0,5
0
2001
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000

2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Source : U.S. Energy Information Administration

Les installations de production on shore. Lorsque les sociétés pétrolières


s‟installaient dans les zones on shore dans le département du Kouilou à Pointe-
Noire, les populations locales crurent à une aubaine en termes d‟opportunité
d‟emplois et d‟amélioration des conditions de vie avec les aménagements des routes
et autres. C‟est tellement beau pour être vrai lorsque la réalité en est autre. Une fois
les plates formes implantées, les populations n‟ont que leurs yeux pour pleurer. A
Boundi dans le département du Kouilou, par exemple, les habitants des villages
Tchicanou, Mboukou et Tchibanda n‟ont pas échappé à cette rude réalité. Deux
ONG de droit de l‟homme soulignent que « depuis le lancement des activités
d‟extraction en terre ferme en 2000, il a permis de constater des atteintes aux droits,
en raison de la dégradation constante des facteurs naturels dont pouvaient se
prévaloir les communautés du fait de leur environnement, à savoir : cours d'eau,
terres fertiles et autres, pollués des suites de l'industrialisation croissante »25 .

La transformation du pétrole

La part de la production journalière du pétrole brut destinée à la transformation locale


en produits bruts n‟avoisine que 5%. L‟essentiel (95%) du pétrole brut produit au
Congo est exporté comme on peut le constater dans le bilan énergétique. (Cf.
balance énergétique du Congo 2012). La production des produits pétroliers est
assurée par un opérateur unique qui est la Congolaise de Raffinerie (CORAF), créée
depuis 1972 et dont le fonctionnement a débuté en 1982. Sa capacité nominale de
production est autour d‟un million de tonnes l‟année, soit une capacité de raffinage

25
http://www.rpdh-cg.org/news/2011/08/23/publication-rapport-exploitation-petroliere-et-miniere-au-congo-
brazzaville

54
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

de 21 000 barils par jour, alors qu‟elle ne produit que 650 000 à 800 000 tonnes en
moyenne annuelle, ces cinq dernières années.

Le Djéno-blend a été utilisé depuis 1982 comme matière première à la


CORAF jusqu‟en 2009, année où le Nkossa Blend a été préféré parce que plus
léger, plus pourvoyeur des produits blancs et est considéré plus efficace en termes
de rendement, comme on peut le constater dans le graphique suivant.

Source : MHC

Ce Brut provient en majeure partie du terminal pétrolier de Djéno situé à 25


kilomètres de la Raffinerie par pipeline. L‟outillage de raffinage est semi-complexe
avec :

 un distillateur atmosphérique d‟une capacité nominale de 125 tonnes par


heures ;
 un hydrotraitement d‟une capacité nominale de 19 tonnes par heures ;
 un reformeur catalytique d‟une capacité nominale de 10,5 tonnes par heures ;
 un traitement GPL d‟une capacité nominale de 1,8 tonne par heures ;
 un hydrocraqueur d‟une capacité nominale de 14 tonnes par heures ;
 une Distillation sous-vide d‟une capacité nominale de 40 tonnes par heures.
Toutes ces unités lui permettent de fabriquer les produits suivants:

 Gaz butane ;
 Essence supercarburant ;
 Carburéacteur (jet/pétrole lampant) ;
 Gasoil ;
 Fuel Oil léger / Fuel Oil lourd.

Cette faible capacité et complexité de l‟outillage de raffinage ne permet pas à la


CORAF de satisfaire la demande locale.

55
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Production CORAF en KTM


900
800
700
600
500
400 Production CORAF en KTM

300
200
100
0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Source : CORAF-SNPC

Les importations en produits pétroliers ces dernières années représentent jusqu‟à


41% de la demande domestique et concernent essentiellement l‟essence, le jet A1 et
le gasoil. Le paradoxe dans cette situation, c‟est que le pays est en même temps
exportateur et importateur des produits pétroliers comme dans un système de vase
communiquant tel qu‟illustré dans le graphique ci-dessous.

9
8 Source : INS-MHC
7
6
5
Exportation des
4 produits
3 Importation des
2 produits

1
0

Source : CORAF-SNPC

Le transport, la distribution et la commercialisation des produits pétroliers

56
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

A cause des contre-performances enregistrées dans ce secteur, l‟Etat congolais a


procédé à la privatisation des activités de logistique (stockage et transport massif),
de distribution et commercialisation (stations-service) des produits pétroliers.
Bien que le transport des produits pétroliers ait été privatisé, un seul opérateur
notamment la Société Commune de Logistique (SCLOG) assure le transport massif
et le stockage des produits pétroliers au Congo. Elle assure également la distribution
et la commercialisation des produits pétroliers-aviation. La Société Congolaise des
Gaz de Pétrole Liquéfiés (GPL S.A.) s‟occupe du stockage, transport,
conditionnement, distribution et commercialisation du GPL.

Source : INS-MHC

Le transport massif entre le lieu de production des produits pétroliers (Pointe-Noire)


et les centres de consommation à Brazzaville et l‟intérieur du pays se fait, par
pipeline entre la CORAF et la SCLOG de façon séquentielle des produits, par
wagons citernes du Chemin de Fer Congo Océan (CFCO), camions citernes d‟une
capacité allant de 15 à 35 m3 par cuve et par barges dans les voies fluviales
navigables (sur le fleuve Congo) pour l‟approvisionnement de la partie septentrionale
du pays.

Le transport terminal est essentiellement assuré par les camions citernes des
opérateurs privés nationaux comme PHENIX, KARGO, FAAKI et JFM et des moyens
propres des marketeurs.

Les problèmes d‟approvisionnement régulier du pays en produits pétroliers sont liés


essentiellement à la capacité de l‟offre et au transport massif entre Pointe Noire et
Brazzaville assuré par le CFCO. C‟est qui explique les pénuries constatées dans le
57
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

passé et ces derniers temps dans les grandes villes du pays. Dans le but d‟assurer la
sécurité d‟approvisionnement en produits pétroliers, le gouvernement s‟est engagé à
trouver des solutions définitives en termes de modes de transport optimaux et de
stockage stratégique et de sécurité.

Le nombre de stations-service sur l‟ensemble du territoire est d‟environ 15026, soit


une densité de 0,04 station-service au 100 Km2. Ces stations-service sont répartis
ainsi qu‟il suit :
Brazzaville : 38 ;
Pointe-Noire : 36 ;
Intérieur du Pays : 76.

Le nombre de dépôts de produits pétroliers est 16 dont :


Dix (10) dépôts pour les produits liquides avec huit (8) opérationnels
actuellement ;
Quatre (4) hydrants ;
Deux (2) dépôts de gaz (butane).

En outre, il n‟est pas nécessaire de rappeler que les infrastructures existantes ne


permettent pas d‟assurer la distribution régulière et suffisante des produits pétroliers
dans toute l‟étendue du territoire national. Il y a encore des départements où les
produits pétroliers sont rares. En dépit des difficultés d‟accès à certaines localités à
l‟intérieur du pays, s‟ajoutent celles du manque ou de la vétusté des installations
existantes que les investisseurs privés ne peuvent résoudre pour des raisons de
rentabilité.

1.4.1.2. Etat de lieux de la demande du sous-secteur pétrolier

Le pétrole brut produit au Congo est essentiellement exportée vers l‟Europe et l‟Asie du
Sud-Est, ce qui fait le secteur domine à plus de 90% des exportations du pays. La part
réservée à la transformation locale est très faible, soit environ 5%.

Consommation nationale des produits pétroliers

Elle est constituée de la production CORAF et des importations de la SNPC. Eu égard


à l‟insuffisance et voire à l‟absence des produits dans certaines zones du pays, cette
consommation ne reflète pas la réalité du terrain. Néanmoins, les statistiques ci-dessus
montrent qu‟elle croît de 7 à 10% d‟en moyenne par année depuis le début des années
2000(années de libéralisation des activités du secteur pétrolier aval). La
consommation des produits pétroliers (supercarburant, Jet A1, Pétrole lampant,

26
Direction des Etudes et de la Planification- Ministère des Hydrocarbures
58
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Gasoil et fiouls) a été de 404 178 tonnes métriques (2011)27. Le produit le plus
consommé demeure le gasoil avec une forte croissance, suivi de l‟essence et du jet A1,
et les moins consommés sont le naphta suivi du butane.

350

300

250

200 Gazole
Essence
150
jetA1
100

50

0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Source : INS-MHC-MEH

Comme dans la majorité des pays, au Congo, la consommation des produits


pétroliers dans le transport est dominée par le transport routier suivi d‟un certain
équilibre entre le transport ferroviaire et aérien. Pendant que la consommation pour
le transport aérien est plus ou moins stable, celle du transport ferroviaire est en très
forte augmentation avec la reprise effective des activités du CFCO ainsi que
l‟augmentation de son parc en locomotives.

Ce qui veut dire que pour les prévisions, il sied de surveiller l‟évolution du parc
automobile national et celui du CFCO, à considérer comme variables prépondérantes
dans la modélisation.

27
Serge Marie Aimé NDEKO, Directeur des Hydrocarbures : « Potentiel et opportunités dans le secteur des
hydrocarbures au Congo »14th AFRICA OILGASMINE Trade & Finance Conference and Exhibition du 2 au 6
avril 2012, Brazzaville, République du Congo
59
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Evolution de la consommation par secteur

400,00
350,00
300,00
250,00
200,00
150,00
100,00
50,00
0,00
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Routier Ferroviaire Aérien

Source : INS-MHC-MEH

La consommation de Pétrole Lampant

La consommation du pétrole lampant est en croissance moyenne annuelle de 14%


entre 2000 et 2011. Le pétrole lampant est essentiellement consommé par les
ménages pour des besoins d‟éclairage et de cuisson, compte tenu de l‟insuffisante
couverture nationale en électricité.

Le pétrole lampant(ktep)
35,00
Source : INS-MHC-MEH
30,00

25,00

20,00

15,00 pétrole lampant(ktep)

10,00

5,00

0,00
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Source : INS-MHC-MEH

60
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Répartition géographique de la consommation

Source : SNPC

Brazzaville (36%) et Pointe-Noire (35.6%) restent les plus grands centres de


consommation des produits pétroliers au Congo, soit 71.6% de la consommation
nationale.

Répartition régionale des stations-services

Source : SNPC

Puma (31.64%), Total Distribution (29.8%) et X-Oil (22.47%) occupent l‟essentiel du


marché, soit près de 84% de part du marché.

61
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Evolution de la consommation des produits pétroliers

Selon la SNPC, la consommation des produits pétroliers augmentent à un rythme de


14% en moyenne annuelle de 2004 à 2013. Cette augmentation est tirée par la
dynamique économique avec 5% de croissance économique en moyenne annuelle
et la croissance démographique estimée à 2.64%.

Source : SNPC

Evolution des prix des produits pétroliers

Les prix des produits pétroliers sont réglementés par les pouvoirs publics, et donc, ils
n‟obéissent pas à la logique du marché, comme on peut le constater dans le tableau ci-
après.

62
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Évolution des prix des produits pétroliers en FCFA par litre de 2002 à 2009
Arr. Arr. Arr. Arr. 462/ Arr. Arr. 4267 Arr. 1 Arr.
4550/09/ 5849/1 5882/ 19/02/ 839/14/0 & & 2 6189 &
Produits 08/ 0/11/ 18/11/ 2003 3/ 4268/26/0 14/01/ 6190
2002 2002 2002 2003 5/2006 2006 30/10/
2008
Super
435 460 450 450 435 495 550 595
Carb.
Jet A1 nat. 220 240 240 240 235 290 310 350
Pétrole
270 270 270 270 270 270 305 320
lamp.
Gasoil nat. 285 285 310 310 295 345 400 475
Fioul 1500 240 275 315 350
*Butane 480 480 480 480 412,9 450
Gasoil
193 300
pêche
Jet A1
400 510 600 400
inter.
Gasoil
350 470 550 350
inter.
Source : MHC

 encore des réels problèmes de capacité de raffinage, des infrastructures de


transport, de stockage et de distribution des produits pétroliers, qui empêchent
la couverture des besoins actuels.

1.4.2. Analyse du sous-secteur pétrolier


1.4.2.1. Analyse globale du sous-secteur pétrolier

Le sous-secteur pétrolier a toujours évolué dans un environnement économique,


social et politique stable en République du Congo. Le secteur est plutôt influencé par
la conjoncture internationale parce que les acteurs en majorité des firmes
multinationales mondialement reconnues et le pétrole qui est une marchandise
échangée sur le marché mondial.

Le code des hydrocarbures demeure la vitrine juridique du secteur pétrolier de


l‟amont. Le constat d‟inadaptation au contexte actuel par rapport aux dispositions
essentielles du cadre légal et contractuel en vigueur a été fait au cours de la Table
Ronde du 03 mai 2010 qui a réuni toutes les parties prenantes pour une redéfinition
de leurs attentes28. Pour l‟Etat, il s‟agit de :

28
Brice Sébastien POATY : Evolution du cadre juridique et fiscal du secteur pétrolier amont au
Congo, 2ème Conférence Internationale et Exposition sur les Hydrocarbures au Congo, avril
2014, Brazzaville, page 6-7
63
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

- maintenir le niveau actuel des recettes pétrolières de l‟Etat voir les


augmenter ;

- mettre en place une réglementation spécifique aux activités pétrolières et


relative à la protection de l‟environnement et à la lutte contre la pollution
pétrolière ;

- renforcer les capacités managériales et opérationnelles de l‟Etat chargées du


suivi des activités pétrolières ;

- valoriser les ressources gazières du pays (action amorcée avec le décret de


2007 sur l‟utilisation et la valorisation du gaz) ;

- Impliquer les sociétés à prendre en compte du contenu local dans toutes leurs
opérations ;

Pour les sociétés pétrolières, la nécessité serait de :

- clarifier le régime fiscal et douanier spécifique adaptés aux sociétés


pétrolières ;

- réduire la durée de l‟immobilisation du capital ;

- augmenter la durée des permis de recherche et d‟exploitation ;

- prendre des dispositions permettant la relance des investissements en vue du


redéveloppement des champs matures, de la réalisation des travaux dans les
zones frontières ou sous des thèmes complexes comme l‟anti-salifère.

Le secteur pétrolier au Congo est caractérisé, en dehors des bonnes perspectives


géologiques et économiques, par une certaine inadaptation du cadre juridique et
fiscal, de la maturité de nombreux champs qui nécessite une relance de l‟exploration
et de la production, d‟une faible capacité de transformation locale du pétrole brut, des
difficultés de couverture nationale en produits pétroliers et des questions
environnementales qui se posent aux environs des activités.

1.4.2.2. Analyse FFOM de l’amont pétrolier


Forces

Le secteur pétrolier contribue à plus de 70% aux recettes publiques, 90% des
exportations du pays et près de 65% au PIB ; ce qui lui confère un caractère
stratégique pour l‟économie nationale. Caractérisé par une certaine intensité
capitalistique et d‟une technologie de plus en plus sophistiquée en termes
d‟exploration et de production, le secteur pétrolier qui procure au Congo une
véritable opportunité de transfert de savoirs et de création d‟emplois. Par
exemple, le développement du champ de Moho-Nord devrait engloutir près de 10
milliards de dollars et 2 milliards de dollars prévus pour l‟exploitation des sables
64
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

bitumineux sur le champ de Tchikatanga-Makola par Eni-Congo. Les revenus


annuels moyens tirés du secteur des hydrocarbures s‟élèveraient à 12,936
milliards de dollars29. Environ 55% reviendraient à l‟Etat congolais sous diverses
formes (partage de production et fiscalité), soit 3 289 milliards de francs CFA
correspondant au prix de 90$/baril, sur la base d‟un taux de change de 500
FCFA= 1,00 USD.

Le pétrole issu du Golfe de Guinée et particulièrement celui du Congo est


beaucoup prisé sur le marché international pour sa très bonne qualité (légèreté,
densité et sa faible teneur en soufre) pour les raffineries américaines,
européennes et asiatiques. Le pétrole est mondialement l‟énergie la plus utilisée
dans le transport, par exemple, bien qu‟on note le développement des substituts
(biocarburants). Cela suppose que la pression sur la demande du pétrole sur le
marché international sera encore présente pour longtemps tant que les coûts de
production de ses substituts seront plus élevés.

En dehors de la liaison fiscale avec l‟économie nationale, le secteur pétrolier


participe à la vigueur du domaine de la sous-traitance et à l’émergence d’une
classe des PMI-PME locales dans le cadre d‟un projet Pointe-Noire Industrielle
(PNI) par le financement et l‟encadrement technique. La sous-traitance et les
PMI-PME du sous-secteur pétrolier sont les domaines les plus pourvoyeurs
d‟emplois.

La fiscalité pétrolière offerte par les Contrats de Partage de Production garantit


au Congo une part supérieure à 50% dans le partage de la production pétrolière
nationale ; ce qui place le pays dans la moyenne mondiale, au rang des pays les
mieux rémunérés dans la région. Cette tendance est appelée à s‟améliorer avec
le nouveau cadre juridique et fiscal qui est présentement en cours d‟adoption.

Enfin, parmi les forces du sous-secteur pétrolier, on peut noter également la


création de la SNPC en 1998 et de sa participation de la SNPC dans les
activités d’exploration et de production qui permettent au pays de renforcer son
expertise dans le domaine.

Faiblesses

Le coût d’exploration très élevé dans les zones du domaine minier encore libres.
Il a fallu à Total d‟investir près de 10 milliards de dollars pour développer en mer
profond le champ de Moho-Nord qui a nécessité des techniques et des
technologies de pointe (en dehors des puits producteurs, des puits d‟injection
d‟eau, des unités de production flottante (« FPU »), de plateforme de type TLP («
Tension Leg Platform »), etc. Son éloignement avec le Terminal de Djéno
(terminal pétrolier du Congo à Pointe-Noire) et la difficulté d‟accès par son
caractère marécageux font du bassin de la Cuvette congolaise une zone très

29
PND, livre1, page 147
65
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

coûteuse pour les travaux d‟exploration ou de production à moins qu‟on ait affaire
à un mammouth (d‟importantes réserves).

Une faible expertise nationale. Depuis plus de 50 ans d‟exploitation pétrolière, la


majorité des cadres congolais du domaine pétrolier sont formés à l‟étranger par
les sociétés opératrices au Congo. Il faut remarquer que le Congo ne dispose
pas de centre de formation et de développement des compétences dans un
domaine qui lui fournit plus de 70% des recettes budgétaires. Cette situation rend
difficile le transfert des savoirs et de technologie qui exige au préalable des
ressources humaines locales bien formées. Cette faiblesse qualitative des
ressources humaines et le départ à la retraite d‟une partie importante des
techniciens nationaux sont des questions préoccupantes pour le développement
du secteur.

95% de la production pétrolière du Congo est exportée alors qu‟il se pose une
véritable problématique de la couverture nationale en produits raffinés comblée
par importations importantes. Cette faiblesse structurelle est paradoxale
lorsqu‟on sait que le government take (la part du pétrole brut revenant à l‟Etat
congolais) dépasse les 50% de la production totale, le chômage avoisine les
53%30 de la population en 2012. Cela veut dire également le pays exporte les
possibilités d‟industrialisation et création d‟emplois domestiques.

Les acteurs nationaux sont très peu représentés dans la chaîne des activités de
soutien (fournisseurs d‟intrants, des sous-traitants et des prestataires de
services). Les activités de soutien sont tenues par les fournisseurs et sous-
traitants en majorité étrangers. Cela peut s‟expliquer par des exigences
techniques particulières de l‟activité (équipements et personnel hautement
spécialisés requérant des ressources financières et managériales
considérables). Toutefois, cette sous-représentation chronique est aussi le
résultat d‟une absence de stratégie d‟«intégration nationale » de la chaîne31.

Une faible réglementation nationale en matière de l’environnement. Selon


l‟article 36 de la constitution congolaise, « Toute pollution ou destruction résultant
d‟une activité économique donne lieu à une compensation »32. Mais les sommes
versées aux des communautés ne règlent pas le problème sur le terrain. Il s'agit
de l'argent que les compagnies pétrolières payent comme dédommagements
aux populations qui viennent manifester à leurs portes. L'urgence est donc de
prendre toutes les mesures conservatoires (une réglementation claire et
spécifiques au secteur pétrolier sur les quantités et les normes à observer par les
opérateurs) pour éviter que le pétrole ne vienne enrichir les populations tout en
détruisant les bases de leurs ressources de survie. La réglementation
internationale existe mais ne couvre pas tous aspects liés à pollution pétrolière

30
http://www.statistiques-mondiales.com/congo_brazzaville.htm
31
Plan National de Développement Livre 1 : DSCERP 2012-2016, page 139, alinéa 447
32
Constitution de la République du Congo du 20 janvier 2002
66
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

au Congo concernant la gestion des déchets, le rejet des eaux de forage, le


torchage de gaz, etc.

l’insuffisance des capacités institutionnelles de l’Etat dans la régulation et le suivi


des activités. Il y a une insuffisance notable de ressources humaines en qualité
et en quantité, de moyens matériels (absence d‟équipements de transport
maritime ou aérien pour le suivi et le contrôle des activités offshore, insuffisance
d‟équipements de détection, de suivi et de contrôle des impacts
environnementaux des activités) et financiers. Par exemple, pour une prévision
budgétaire des investissements publics à réaliser dans le cadre du PND de
17747,06 millions de FCFA entre 2013 et 2015, le Ministère des Hydrocarbures
n‟a eu que 4100 millions, soit 23% seulement des moyens financiers accordés33.
Dans le même cadre, on peut aussi noter l‟inadéquation entre les missions ou la
stratégie du Ministère en charge des hydrocarbures et sa structure
organisationnelle (missions vs organigramme actuel, une agence de régulation
en aval et aucune régulation en amont, etc.).

Opportunités

Des importantes réserves prouvées (à l‟ordre de 1.6 milliards de barils en 2013)


dans les deux bassins sédimentaires. Le bassin côtier renferme encore des
ressources pétrolières très importantes que ce soit en mer très profond ou en
onshore. En mer profond, on peut noter les dernières grandes découvertes
comme le champ de Moho-Nord dont les réserves récupérables sont estimées à
325 millions de barils ou de Minsala découvert en 2014 par Eni-Congo avec 1 à 4
milliards de réserves potentielles. En onshore, les dernières découvertes de
Nanga 2 en 2014, par exemple ou l‟intensité des recherches dans la Cuvette
Congolaise sont autant de preuves que le sous-sol congolais a encore de la
matière. Le bassin de la cuvette congolaise présente des caractéristiques
géologiques intéressantes avec possibilité de trouver des mammouths qui
peuvent aller jusqu‟à 6 milliards de barils, selon les premières estimations du
Ministère des Hydrocarbures en 2012. Dans le même sens, il y a aussi des vieux
champs en phase mature dont la technologie par réactivation permet de
récupérer des quantités non moins importantes du pétrole, c‟est le cas du champ
d‟Emeraude avec 3 milliards de barils de réserves potentielles alors qu‟il était le
premier champ pétrolier du pays.

Le démarrage de la production du champ de Moho-nord par Total E&P Congo en


2015, avec un investissement de dix milliards de dollars, va augmenter la
production nationale. Il consiste en deux développements : Moho-Bilondo phase
1b et Moho Nord dont les réserves sont estimées à 485 millions de barils.
Quelque 40 000 barils par jour sont attendus fin 2015. Un an plus tard, la
production devrait atteindre 100 000 barils par jour, et 140 000 barils par jour en

33
Plan National de Développement Livre 3 : cadre macroéconomique, page 57 et Budget de l’Etat 2013 à 2015

67
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

2017.

Le cadre juridique encours d’actualisation sera certainement plus attractif pour


les investissements privés et permettra d‟encourager l‟exploration des zones
libres du domaine minier, du fait de la prise en compte, comme on l‟a vu
précédemment, de toutes les aspirations des parties prenantes34.

Le développement du local content offre des retombées économiques très


importantes au pays. On peut noter à titre d‟exemple, la prise en compte du
Contenu Local réalisé dans les projets de développement en cours de Moho
Nord et Litchendjili :
- Fabrication de plusieurs équipements sur les Yards à Pointe-Noire
- Implication de plusieurs TPE, PME et PMI locales
- Formation et développement des compétences des congolais dans le
cadre de ces projets, notamment dans les domaines spécifiques de
l‟Offshore profond, de l‟environnement
- Impact significatif sur les activités d‟ILOGS, entreprise locale, filiale de
la SNPC.

Menaces

Vulnérabilité par rapport à la fluctuation du prix du pétrole. Le prix détermine la


rentabilité ou non des projets pétroliers. Les prix élevés du pétrole brut rendent
économiquement rentables les projets pétroliers, le chiffre d‟affaires sera plus
important, et inversement, lorsque les prix chutent, le chiffre d‟affaire est moins
important et donc pour l‟Etat congolais, les recettes pétrolières chutent également.
La corrélation entre le prix du pétrole et la production pétrolière au Congo de 2000 à
2013 est de 0.65, cela veut dire que la production pétrolière est sensiblement au
prix du pétrole.

Une chute de la production depuis trois ans avec un taux de déclin de près de 6%
(avec 250 745 barils en 2014). A ce rythme, si rien n‟est fait, la production
continuera à décroitre jusqu‟à 127081 barils par jour en 2025. Cette tendance
baissière sera essentiellement imputée à la maturité de la plupart des champs en
production bien que les prix aient été autour de 100$ le baril. Selon les autorités du
Ministère des Hydrocarbures, le Congo pourrait atteindre 350 000 barils35 le jour en
2017, avec la mise en production du champ de Moho-Nord à partir de la fin 2015 ;
cela ne pose t- il pas déjà la problématique du pic pétrolier congolais ?

34
Brice Sébastien POATY : Evolution du cadre juridique et fiscal du secteur pétrolier amont au
Congo, 2ème Conférence Internationale et Exposition des Hydrocarbures au Congo, avril 2014
35
Serge BOUITI-VIAUDO, Directeur de Cabinet du Ministre des Hydrocarbures, discours de la présentation des
vœux en janvier 2015.
68
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Prévision de la production si statu quo


350

300

250

200
Prévision de la production
150
si statu quo
100

50

0
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025

Profil de production 2014-2020


(Kbbl/j)
400

300
Kbaril/j

200

100

0
2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Profil prod 259,4001302,3952318,1263379,9189378,4068302,0975260,0105

Source : MHC 2014

Les impacts environnementaux liés activités pétrolières sont bien évidents comme
on l‟a décrit précédemment. En prenant la moyenne mobile ARMA (avec k=3, erreur
de prévision de 13,4%, des données historiques de 1996 à 2013, taux moyenne de
progression annuelle de 6,27%), les prévisions indiquent que le Congo peut doubler
ses émissions de gaz carbonique jusqu‟à de 4 millions de tonnes métriques en
2025 par rapport au niveau actuel (2 millions de tonnes métriques en 2014) si on
n‟y prend garde. Or on sait que le CO2 participe à la formation des gaz à effets de
serre, responsables du changement climatique. le graphique ci-après montre cette
évolution possible.

69
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Prévision 2025 si statu quo


4,5
4
3,5
3
2,5
2 Prévision 2025 si statu quo
1,5
1
0,5
0
2016
2010
2011
2012
2013
2014
2015

2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
Malgré les revenus importants que procure le secteur pétrolier, les impacts
environnementaux causés par les activités d‟exploration-production et du transport
du brut demeurent évidents. Et cela, lorsqu‟on suppose le lien étroit qui existe entre
l‟intensité des activités économiques et le degré de pollution, d‟une part et d‟autre
part, les découvertes de nouvelles réserves ces dernières années. Les sources de
cette situation sont bien évidentes, il s‟agit des travaux de d‟exploration- production
en mer et en terre qui dégradent l‟écosystème marin, forestier et qui provoquent des
déversements d‟hydrocarbures dans les eaux maritimes, la pollution de l‟air (des
émissions des GES, SO2, des PM, etc.) et la dégradation des sols, etc. Les
conséquences et les dommages causés sont imprescriptibles, touchant à la fois à la
faune, la flore et surtout les populations environnantes des sites de production. Les
mesures et les actions entreprises par l‟Etat semblent insignifiantes ou inefficaces qui
méritent d‟être actualisées et renforcées compte tenu de la gravité des faits. Les
enjeux sont certes multiples (économiques, politiques et sociales) mais les défis dans
une approche du développement durable devrait être la règle de gestion.

1.4.1.1.2. L’analyse FFOM du secteur de l’aval pétrolier

Forces

La disponibilité et faible coût d’approvisionnement du pétrole brut comme


matières premières pour le raffinage. Ce pétrole brut provient en majeure partie
du terminal pétrolier de Djéno situé à 25 kilomètres de la Raffinerie par pipeline.
Du fait que la raffinerie est une filiale de la SNPC, l‟accès au pétrole brut de
bonne qualité (basse teneur en soufre) pour satisfaire la demande en produits
blancs, est facilité. Le Nkossa blend (mélange Nkossa-Kitina-Mboundi), brut
léger, fable densité et faible teneur en soufre permet à la raffinerie d‟obtenir un
70
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

bon rendement en produits blancs. L‟accès au brut national avec une formule
spécifique d‟achat et des modalités de paiement permettent à la raffinerie
d‟améliorer sa marge de raffinage. Cette appartenance à la SNPC lui permet de
garantir non seulement l‟accès à la matière première mais également ou même
très souvent aux besoins de financement pour la modernisation de l‟outillage.

une forte demande en produits pétroliers qui évolue à 14% en moyenne


annuelle, tirée par l‟activité économique dont le PIB est de plus de 5% en
moyenne et l‟évolution démographique de près de 3%. Cette pression
économique sur la demande provient notamment du secteur de transport, des
mines, de l‟industrie, de l‟agriculture, des BTP, des télécommunications, etc. Il n‟y
a pas encore de produits alternatifs ou de substituts proches pouvant remplacer
les carburants sur le marché, actuellement.

les réformes institutionnelles engagées par les pouvoirs publics en mettant en


place une autorité de régulation du secteur de l’aval pétrolier, symbolise
l'adaptation de l'économie nationale aux règles et impératifs de la compétitivité,
de la concurrence et de la productivité des opérateurs.
Faiblesses

Une faible capacité de raffinage pour couvrir les besoins domestiques en


produits pétroliers. Selon le rapport final de l‟audit sur la Congolaise de Raffinerie
(CORAF)36, il n‟est pas nécessaire d‟insister sur les handicaps de la raffinerie
CORAF en termes de taille et de complexité. Parmi les 8 raffineries de la côte
Ouest d‟Afrique, la CORAF est en avant dernière position avec 1,05 millions de
tonnes/an en capacité nominale (soit 21 000 barils/an) entre le Sénégal et le
Gabon, malgré le léger avantage que lui confère l‟hydrocraqueur en termes de
complexité. Il faut remarquer toutefois que toutes ces raffineries souffrent à des
degrés divers d‟un handicap de taille et de complexité comparées aux raffineries
d‟Europe et du Moyen Orient qui ont des capacités moyennes de l‟ordre de 10
millions tonnes/an et un niveau élevé de complexité.

Comparaison des raffineries dans le Golfe du Guinée

36
Rapport d’audit de la CORAF (2006), KPMG ;

71
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Source : Rapport d‟audit KPMG 2006

Cette faiblesse de complexité se retrouve dans les rendements en produits : la


CORAF produit plus du fuel Oil (de 49% à 60%), compte tenu certainement du type
de matière première (Djéno-blend) qu‟elle a utilisé jusqu‟en 2009, qui
malheureusement est exporté avec une très une faible valorisation. Il y a une forte
production de résidus à faible valeur ajoutée (40% de la charge) avec un taux de
pertes et combustibles (structurel) à 7,9% (2011) ramené à 6,7% (2013) 37. D'autres
pesanteurs entrent en ligne de compte : des coûts et des arrêts de maintenance
deux à trois fois supérieurs par rapport à des raffineries comparables, un climat
social parfois perturbé...qui rendent élevé, le point mort de la raffinerie. Malgré une
légère augmentation de la production, les importations en produits pétroliers
représentent 41% de la demande locale.

37 ème
Mamadou NIMABA (CORAF) : augmentation des capacités de raffinage, 2 CIEHC, avril 2014
72
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Source : CORAF-SNPC

Insuffisance des spécifications des carburants par rapport aux normes


internationales. Le Congo, comme le voir dans la carte de l‟Afrique, a des
carburants qui ne respectent encore que la norme AFRI-2. A ce niveau, les
carburants continuent d‟émettre le monoxyde de carbone (CO), le smog et
d‟autres particules, très nocifs pour l‟environnement.

Essences (sans plomb)

Caractéristiques AFRI-2 AFRI-4 EURO-V

RON, min 91 91 95

MON, min 81 81 85

Sulphur, ppm max 500 150 10

Benzene, vol% max Report 1 1

Source : CORAF

73
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Gazole

Caractéristiques AFRI-2 AFRI-4 EURO-V

Cetane index, min 45 45 46

Densité at 15°C,
800/890 820/880 820/845
min/max

Sulphur, ppm max 3500 50 10

lubricity, µ max
Report 460 460
HFRR@60°C

Source : CORAF

Les activités de trading du pétrole brut au niveau national ne sont pas assez
développées et se limitent à la vente de la part de la production
d‟hydrocarbures revenant à l‟Etat par la SNPC, et une fine part (ainsi que les
productions de certaines sociétés telles que SNPC, PRESTOIL KOUILOU et
AOGC) destinée à la transformation locale pour couvrir les besoins nationaux.

Faible capacité de transport et de stockage (stockage stratégique et de


sécurité) : le transport massif des produits entre Pointe-Noire (centre de
production), Dolisie et Brazzaville (grands centres de consommation) a été
assuré jusqu‟en 2012 que par le chemin de fer (CFCO) et cela selon la
74
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

disponibilité des locomotives. Les pénuries des produits constatées dans les
années 2000 étaient essentiellement causées par les difficultés de
fonctionnement du CFCO. Depuis 2012, le transport massif est également
assuré par des camions citernes dont la capacité ne peut approvisionner de
façon optimale les centres de consommation. La Société Commune de
Logistique (SCLOG) dispose de 8 dépôts dont 3 principaux : PNR-BZV-
OUESSO avec 750.000 m3 de capacité en produits blancs essentiellement et
qui ne correspond qu‟au stockage opérationnel destiné directement à la
commercialisation.

Les prix sont encore réglementés, subventionnés et régulés par les pouvoirs
publics, ce qui bloquent la vérité des prix et donc de la concurrence malgré les
fluctuations du prix du baril et l‟augmentation des coûts d‟exploitation des
marketeurs. Les prix des produits ne reflètent pas l‟équilibre du marché (de
l‟offre et de la demande) dont la conséquence est la faible compétitivité de la
CORAF. La politique de l‟Etat, dans ce domaine, est justifiée par des raisons
simplement de souveraineté qu‟économiques. En plus, l‟Etat congolais devrait
débourser des fonds importants pour financer les subventions des prix des
produits pétroliers chaque année, au titre de la compensation de la différence
entre le coût de production du litre et le prix "administré". Au Cameroun, comme
au Gabon et au Congo, le retard de paiement de cette compensation conduit
les raffineurs à se financer "à court terme, à un taux très élevé pour maintenir
l'exploitation", souligne Robert Nken38, responsable du bureau congolais de
KPMG. Cette situation n‟assure pas une juste rémunération de l‟investissement,
des transporteurs et des exploitants en dépit d‟autres obstacles tels que :
l‟accès difficile au foncier, coûts élevés de construction des stations-services,
coûts élevés de transport hors des grandes agglomérations, présence parfois
insuffisante de services connexes: réseau bancaire, eau, électricité, connexions
télécoms. Ensuite, Les marketeurs doivent obligatoirement s‟approvisionner
auprès de la CORAF, alors qu‟ils pouvaient bien importer les produits, si les
conditions économiques s‟avèrent favorables.

Prix des produits blancs africains en 2008 en francs CFA

Pays super Gasoil Pétrole lampant

Côte d‟Ivoire 615 545 470

Cameroun 594 545 375

Gabon 595 470 245

38
Responsable KPMG au Congo-Brazzaville cité par Jeune Afrique, « En Afrique Centrale, des raffineries à bout
de souffle », du lundi 11 août 2014.
75
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Sénégal 717 640 558

Centrafrique 680 670 380

Mali 635 440 435

Congo-Brazzaville 550 400 305

Source : Caisse de stabilisation des Prix des Hydrocarbures –Cameroun

faible développement du secteur de la pétrochimie alors que les matières


premières sont disponibles (naphta et gaz).

Opportunités

Possibilité d’augmenter la production jusqu’ à 1.2 millions de tonnes l’année si


on optimise l‟outillage actuel selon le nouveau contrat de performance qui lie la
CORAF au gouvernement avec quelques investissements adéquats. Cette
marge de manœuvre de la capacité résiduelle, avec la construction d‟une unité
de fabrication des bitumes au sein de la CORAF, question de pallier
l‟enclavement routier du pays et voire de la sous-région ainsi que quelques
aménagements de fonctionnement, confère à la CORAF une véritable
opportunité de productivité et de rentabilité dans un marché local où elle est en
monopole de fait. Dans le même, on note également la possible de construction
d‟une nouvelle raffinerie d‟une capacité entre 3 et 5 millions de tonnes par an,
connectée ou séparée de l‟ancienne raffinerie CORAF et d‟un port de produits
pétroliers dont la vocation principale serait l‟importation et l‟exportation des
produits pétroliers.

Le développement des infrastructures routières dans toute l‟étendue du


territoire nationale : la construction en cours des routes transfrontalières avec le
Gabon, le Cameroun et la République Démocratique du Congo à travers le
projet Pont-Route-Rails, l‟Angola, la Centrafrique, des routes nationales n°1
(Pointe-Noire-Brazzaville, soit environ 515 km) et N°2 (Brazzaville- Ouesso-
Impfondo, soit environ 1200 km), des routes départementales ainsi la
construction des voiries urbaines dans le cadre de la politique des
municipalisations accélérées du gouvernement. En outre, en installant une
unité de traitement de bitume, matière première pour la construction des routes
dont les besoins locaux et sous régionaux sont bien évidents.

Le dynamisme économique actuel avec un taux de croissance de 5% du PIB


par an, exige une forte demande en produits pétroliers dans la quasi-totalité des
secteurs : transport, industries primaires et secondaires, agriculture et pêche,
76
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

télécommunications, BTP, la mise en place de quatre (4) zones économiques


spéciales, etc. Cette croissance, pour être plus dynamique et intensive, a
besoin d‟énergie qui est non seulement son facteur mais surtout et souvent sa
condition fondamentale. Cet environnement favorable offre également les
possibilités de diversification en produits pétroliers (carburants, lubrifiants, Gaz
de pétrole liquéfiés, les services divers de trading, etc.).

Forte augmentation des besoins en carburants avec l’accroissement de la flotte


nationale en moyens de transport. La flotte de pêche maritime, les mouvements
nationaux et internationaux d‟avions et le parc automobile du pays sont en
augmentation constante de 2003 à 2009 selon le tableau ci-après :

. Tableau : Evolution de la flotte de pêche maritime et continentale, des vols


aériens, du parc automobile de 2003 à 2009

Années 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Navires de pêche
maritime 38 29 29 29 76 88 91
internationale

Pirogues à moteur
de pêche maritime 335 335 335 216 190 241 263
artisanale

Mouvements
internationaux 3221 3529 3818 3936 4799 4871 5445
d‟avions

Mouvements 2123
12181 13637 15764 16669 18801 19751
nationaux d‟avions 4

Navires sortis du
2150 2219 2390 2480 2888 3121 3421
port de Pointe-Noire

Parc automobile du
- 10018 11180 13594 27899 24306
pays

Source : Institut National de la Statistique

77
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

La flotte maritime de pêche, grande consommatrice du fioul ou du gasoil lourd évolue


à un rythme moyen de 26% l‟année pendant que les mouvements d‟avions,
utilisateurs du kérosène, croissent à 9%. Le parc automobile du pays est en
ascension fulgurante avec un taux de croissance de 31% l‟année.

La possibilité de développer le secteur de la pétrochimie comme base


d‟industrialisation dans les domaines aussi variés que la fabrication des fibres
synthétiques, les plastiques, la pneumatiques, les engrais azotés, etc qui offrent
des véritables opportunités d‟investissement. Dans la majorité des pays
producteurs pétroliers, la pétrochimie est souvent prise comme moteur de
l‟industrialisation par les effets de diffusion multiples qu‟elle induit. Au Congo
Brazzaville, le secteur de la pétrochimie n‟est pas encore très développé.

une possibilité de conquérir le marché sous régional de l’Afrique centrale (RDC,


Burundi, Rwanda, RCA, Namibie, etc.) du fait de l‟avantage relatif à la position
géographique dont bénéficie le pays ainsi que du plus grand port en eau
profonde de la sous-région. C‟est cette vision globale du marché de la sous-
région qui a certainement conduit au projet de construction d‟une nouvelle
raffinerie dédiée à l‟exportation des produits qui fait l‟objet d‟études avec des
débouchés garantis (participation régionale CEMAC et pays émergents.) à
cause :
- de la taille minimale du marché requise aujourd‟hui pour bénéficier de l‟effet
d‟échelle,
- des investissements requis,
- des grandes fluctuations des marges.

Menaces

Les risques d’impacts environnementaux et d’incendies

Le transport, le stockage et la consommation des Produits Pétroliers contribuent à la


pollution de l‟environnement et présentent les risques potentiels d‟incendies. Par
exemple, la politique d‟urbanisation de la ville de Pointe-Noire n‟a pas tenu en
compte le tracé des pipelines du pétrole brut entre Djéno et la CORAF et des
produits pétroliers entre la CORAF et le quai pétrolier situé dans le Port Autonome
de Pointe-Noire. Cette situation pose la problématique de la planification concertée
et intégrée de la mise en œuvre des infrastructures économiques et sociales (routes
et voiries urbaines, chemin de fer, électricité, eau, gaz, etc.) dans les villes.

Ensuite, les Produits Pétroliers qui sont d‟origine fossile, contribuent à l‟augmentation
de l‟effet de serre à cause de la libération de carbone qui a lieu lors de leur
combustion. Par exemple, pour le cas des transports routiers de produits pétroliers,
un poids lourd citerne émet 79 g de CO2 par tonne transportée et par kilomètre
parcouru, sachant qu‟un camion transporte entre 10 et 22 tonnes de pétrole, soit
pour 22 tonnes, 1738 g de CO2 libérés par kilomètre18. Les opérations de
78
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

spécification et d‟amélioration de la qualité des carburants consistant à répondre aux


besoins du marché et aux normes internationales, contribuent à l‟augmentation du
taux d‟émission de CO2 et de smog. Par exemple : le retrait du plomb dans
l‟essence, la réduction du soufre dans le gasoil.

Le raffinage, avec des déchets de raffinage), le transport avec le risque de


déversement de carburants, le stockage avec le risque d‟incendie dans les dépôts de
stockage, la distribution (stations-service) et la consommation des produits pétroliers
(automobiles et autres), nocifs et inflammables, constituent des risques potentiels
d‟incendies, de pollution atmosphériques et de production des déchets chimiques
évidents causant ainsi des multiples maladies.

La problématique de la compétitivité et de la taille de la CORAF par rapport aux


raffineries de la sous-région pour la conquête du marché de l’Afrique centrale.
Toutes les raffineries régionales font face à un problème de taille critique : l'unité
de Port-Gentil (Gabon) ne peut traiter que 500 000 tonnes par an, entre 600 000
et 800 000 tonnes pour le Congo-Brazzaville et le Cameroun, 2,1 millions de
tonnes. Or "pour qu'une raffinerie puisse être compétitive, il faut qu'elle ait au
minimum une capacité de production de 7 millions de tonnes par an, selon
l‟échelle des coûts de l‟Open Energy Information.

Pays Capacité en baril/jour Opérateurs

Cameroun 42 000 SONARA

Gabon 21 000 Société Gabonaise de Raffinage

Congo-Brazzaville 21 000 CORAF

Guinée Equatoriale 20 000 En projet

Tchad 20 000 CNPC et État tchadien

Angola 55 000 Sonangol

Nigeria 505 000 NNPC

Source : KPMG

Aucune des raffineries de la CEMAC ne dispose donc de la taille critique pour


être rentable", concluait en 2009 l'instance communautaire, qui plaide donc pour
la construction d'une raffinerie régionale pour desservir tous les pays de la zone.

une faible demande des produits dans certaines localités ne justifie pas
économiquement l‟implantation des stations-service. Les coûts d‟implantation
des stations-services et d‟approvisionnement en produits dans les zones
éloignées des grandes villes sont très élevés pendant que le chiffre d‟affaires,
pour raison de l‟étroitesse du marché local et des prix réglementés au nom de la
79
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

péréquation, est très faible.

La fluctuation des prix du pétrole brut et donc des coûts d’approvisionnement des
matières premières pour la raffinerie est aussi une autre menace, qui est
atténuée par le fait que la CORAF est une filiale de la SNPC, fournisseuse des
matières premières ; mais cela reste un manque à gagner pour la firme lorsque
le brut n‟est pas vendu à son juste prix.

Pénuries en produits pétroliers observées ces derniers jours dans les grandes
villes du pays par des longues files d‟attentes des véhicules autour des stations-
services qui, pour la faiblesse de capacité de raffinage, sont contrecarrées par
d‟importantes importations allant jusqu‟à 41% de la demande nationale, ce qui
sous-entend une certaine dépendance extérieure. Ces pénuries, comme nous le
relatent Jean-Pierre Favennec et Philippe Copinschi39, génèrent un lucratif
marché noir d‟essence importée de Kinshasa par pirogues de qualité douteuse et
revendue deux fois et demi plus cher qu‟à la pompe. Sur les rives du Congo,
dans une zone officiellement militaire proche du port de Brazzaville, des dizaines
de « Kadhafi 9 » (des personnes venues de Kinshasa) vivent ainsi en bonne
intelligence avec les douaniers, cultivant de petits champs, pêchant et cuisinant
tout en important des bidons d‟essence depuis la RDC, pour pallier les pénuries
que connaît Brazzaville (ce qui génère les pratiques de contre bandes).

L’essentiel (plus de 50%) de l’approvisionnement du pays en produits pétroliers


est assuré par le chemin de fer (CFCO) de Pointe- Noire à Brazzaville. Cette
situation rend Brazzaville et la partie septentrionale du pays vulnérable par
rapport au fonctionnement du CFCO et maintes pénuries constatées dans le
passé (2002-2006) étaient essentiellement dues au dysfonctionnement du trafic
du chemin de fer. Cette situation a poussé les autorités à pencher sur la
problématique du transport massif des produits entre Pointe-Noire et Brazzaville
par d‟autres moyens alternatifs.

39
« Les nouveaux enjeux pétroliers en Afrique » (mars 2003), Politique Africaine n°89
80
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Conclusion de l’état de lieux du sous-secteur pétrolier

L‟état des lieux du sous-secteur pétrolier nous indique que:

 Le cadre juridique et fiscal du secteur de l‟amont pétrolier est en train d‟être au


contexte actuel;
 les réserves sont importantes et il y a encore des zones libres à découvrir
dans le bassin côtier (en onshore ou en offshore profond) et surtout dans le
bassin de la Cuvette Congolaise;
 la production pétrolière journalière se situe autour de 280 000 barils en
moyenne et ce niveau va augmenter à partir de 2015 avec le champ de Moho-
Nord ;
 il y a une forte attractivité des investissements malgré la morosité de la
conjoncture pétrolière internationale;
 malgré les potentialités en ressources, les impacts environnementaux causés
par les activités pétrolières bien sont évidents;
 la part de la production du pétrole brut consacrée à la transformation locale
(5%) est insignifiante pour couvrir les besoins nationaux est très insignifiante,
 une faible capacité nationale de raffinage, de transport, de stockage et de
distribution, d‟où les pénuries habituelles, en dépit d‟un cadre juridique libéral
du secteur de l‟aval pétrolier;
 les prix des produits pétroliers sont administrés.
Néanmoins, le sous-secteur pétrolier au Congo est très stratégique pour le
financement de l‟économie nationale en raison d‟une fiscalité qui procure au budget
de l‟Etat 70% de ses revenus. La société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC),
qui commercialise la part du pétrole brut revenant à l‟Etat, est appelée à renforcer
son expertise dans l‟exploration et la production pour consolider ses atouts. Ce statut
de pays pétrolier garantit l‟approvisionnement des matières premières pour le
raffinage des produits pétroliers dont la demande ne cesse de croître.

Par ailleurs, quelques obstacles empêchent une certaine optimisation des


externalités positives attendues du sous-secteur pétrolier :

 la faiblesse de l‟expertise nationale dans ce domaine,


 la faiblesse de la représentation des acteurs nationaux dans les
activités de soutien,
 la faiblesse de la réglementation en matière environnementale ainsi
qu‟à l‟insuffisance des capacités institutionnelles ;
 l‟insuffisance des capacités de raffinage, la faiblesse des infrastructures
de transport, de stockage et de distribution ne permettent pas de
couvrir les besoins nationaux en produits pétroliers.

81
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Par contre, le sous-secteur pétrolier, dans son ensemble, présente des opportunités
énormes sur toute la chaine de valeur qui permettront au secteur d‟envisager des
bonnes perspectives de développement:

 les réserves prouvées et possibles dont dispose le pays, le démarrage


de Moho-Nord avec une production prévisionnelle de plus de 100 000
barils le jour,
 la révision du cadre juridique et fiscal en cours,
 la possibilité d‟augmenter les capacités de raffinage et de distribution
pour couvrir la demande nationale et extérieure en produits raffinés.
Mais, cela n‟est possible qu‟en se donnant les moyens pour se prémunir contre les
menaces liées :

- à la maturité des champs pétroliers,


- les impacts environnementaux,
- à la concurrence des raffineries des pays de la sous-région,
- à la trop forte dépendance au pétrole qui rend vulnérable l‟économie
nationale avec les fluctuations des cours du baril, etc.

82
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

1.5. Diagnostic du sous- Secteur gazier


1.5.1. Etat de lieux du sous- Secteur gazier
1.5.1.1. Etat de lieux de l’offre du sous- Secteur gazier

Les réserves (40 )

La République du Congo se classe cinquième (5ème) pays en termes de réserves


prouvées de gaz naturel en Afrique Sub-saharienne, troisième (3ème) site de
ressource gazière du Golfe de Guinée après le Nigéria et le Cameroun, neuvième
(9ème) en Afrique et 58ème au monde. Les ressources gazières du Congo est
composées du gaz naturel et du gaz naturel associé au pétrole.

Le total des réserves prouvées en gaz est estimé à environ 268 milliards de Sm3 en
2013 alors qu‟il était à 167 milliards de standards Sm3 en 2010. Les réserves en gaz
sont en forte augmentation due à l‟exploration des nouveaux champs pétroliers qui
fournissent les données relatives en contenu gazier. Sur les 268 milliards de Sm3 de
réserves, 182 milliards de Sm3 sous forme de gaz naturel brut et 86 milliards de Sm3
de gaz naturel associé au pétrole.

Source : SNPC

Gaz Naturel brut

(40)
Alfred Charles SOCKATH (SNPC), « Potentiel et valorisation des ressources
gazières »,2ème Conférence Internationale et Exposition sur les Hydrocarbures au Congo,
avril 2014, Brazzaville
83
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

La majorité des Champs découverts du gaz naturel brut lors de la recherche


d‟hydrocarbures liquides ne sont pas encore exploités jusqu‟à ce jour. Il y a une
grande incertitude sur le niveau des réserves parce que les champs n‟ont pas encore
été testés. Néanmoins, les réserves sont estimées en 2013 à environ 182 milliards
de Sm3. Selon l‟EIA (Energy Information Administration), le Congo possèderait des
réserves possibles pouvant aller jusqu‟à plus de 3000 milliards de Sm3 de gaz
naturel comme l‟illustre ce graphique ci-après.

Evolution des réserves de gaz naturel au Congo 1980 à 2014


en millier de milliards de m3
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2 Evolution des
1,5 réserves de gaz
1 au Congo 1980 à
0,5 2014
0
2002
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000

2004
2006
2008
2010
2012
2014

Source: U.S. Energy Information Administration

Gaz associé

Le Gaz associé est le gaz produit avec les hydrocarbures liquides. Les principaux
champs pétroliers ayant une quantité importante de gaz sont : Nkossa, Mboundi,
Banga-Néné et Litchendjili, avec une estimation en fin 2013 d‟environ 86 milliards
de Sm3 de réserves prouvées.

Les champs de Litchendjili, Banga -Néné (Marine XII) sont un pôle très attrayant pour
le développement du gaz associé, comme on peut le voir sur la carte ci-dessous,
pour des raisons suivantes :

 Regroupement géographique ;

 Faible profondeur d‟eau ;

 Proximité de la côte.

84
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Source : SNPC

 Libonolo : 80km de la Côte et 675m de profondeur

 Eléphant : 80km de la Côte et 550m de profondeur

 Cheval : 100km de la Côte et 1000m de profondeur

NKOSSA, Mboundi :

76 milliards de Sm3
16 milliards de Sm3
79 milliards de Sm3

80
64,4 61,1
60

40

20 9,8 9,25
3,2 0 2,8 5,4 2,2 1,5 0,04 1,5 0,5 0,6 0,8 4,5 4,2 1,3
0

Source : MHC

85
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Le total des réserves gazières non encore développées est estimé à 173 Milliards
Sm3. Seuls 5 champs ont des réserves les plus significatives à savoir :

 Banga-Néné ≃ 64 milliards de Sm3, soit (2.15 Tcf),

 Litchendjili ≃ 61 milliards de Sm3, soit (2.04 Tcf),

 Libonolo ≃ 9.8 milliards de Sm3, soit (0.33 Tcf),

 Poalvou ≃ 9 milliards de Sm3, soit (0.31 Tcf),

 Horse ≃ 5.4 milliards de Sm3, soit (0.18 Tcf),

Tous les autres champs découverts ont chacun des réserves gazières inférieures à
cinq (5) milliards de Sm3.

Pôle à Gaz Congolais

86
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Réserves gaz associé des principaux champs en production en 2013

Réserves Réserves
Champs %
(Milliards Sm3 (Tcf)
Hub Nkossa 4,13 0,13 6%
Moho-Bilondo 3,2 0,11 5%
Mboundi 6,3 0,21 10%
Banga-Néné 33,1 1,10 50%
Litchendjili 16,8 0,56 26%
Autres 2,16 0,07 3%
Source : MHC

Le champ de Banga-Néné détient la moitié de l‟essentiel des réserves en gaz


associé du Congo, suivi du champ Litchendjili (26%) et Mboundi (10%). Comme on
peut le constater dans le tableau ci-dessous, les données ont été actualisées alors
qu‟en 2010, elles se présentaient comme suit :

Source : STP/DSCERP, Données des Ministères des Mines et Hydrocarbures et secteur privé

87
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

La production gazière de 2000 à 2011

La production du gaz associé au Congo est en forte croissance, elle est passée de
47 à 335,1 milliards de pieds de cubes entre 1994 et 2012 avec une chute sensible
entre 1995 et 2002.

Production totale en milliards de Sm3

400
350
300
250
200
150 Productio
100 n en
50 milliards
de Sm3
0
1996
1994
1995

1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source : U.S. Energy Information Administration

De ce gaz produit, on peut distinguer celui qui est utilisé pour la réinjection dans les
puits de pétrole pour augmenter la pression de récupération du pétrole brut
(Reinjected natural gaz), celui qui est torché dans l‟air (Vented and flared natural gaz
en anglais) dans les installations pétrolières et celui qui est commercialisé
(Production of marketed natural gas). On constate simplement que depuis 2000, 61%
de gaz produit au Congo a été réinjecté dans les puits (pour raison technique), 23%
torché et seulement 16% est commercialisé ou valorisé, soit exporté, autoconsommé
ou affecté pour la production de l‟électricité. Le tableau ci-après montre que la part
du gaz utilisé pour la réinjection des puits déjà très importante, ne cesse d‟augmenter
depuis 2004, pendant que celle consacrée au torchage est en légère diminution de
puis 2009 et celle destinée à la valorisation, en nette augmentation depuis 2009.

88
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Vented and Flared Natural Gas


Reinjected Natural Gas
Production of Marketed Natural Gas
250

200

150

100

50

0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Source : U.S. Energy Information Administration

Utilisation du Gaz associé produit en 2013

16%
23%
Auto-consommation
Réinjection
Torchage
61%

Source : SNPC

On comprend aisément que la part du gaz réinjecté ne peut être récupérée pour des
besoins de l‟exploitation des champs, mais seul le gaz torché peut être exploité pour
une meilleure valorisation commerciale.

1.5.1.2. Etat de lieux de la demande du gaz


Au plan mondial, le gaz naturel représente près du quart de la consommation
énergétique mondiale. D‟après le scenario établi par l‟Agence Internationale de
l‟Energie, la consommation de gaz naturel à l‟échelle mondiale devrait augmenter de
+ 50 % de 2012 à 2035. La croissance de la consommation gazière est liée en
grande partie à son développement dans le secteur électrique. En effet, le gaz
naturel est utilisé comme source d'énergie par les particuliers et dans l'industrie afin
de produire de la chaleur (chauffage, fours...) et de l'électricité. Dans les prochaines
années, les pays non OCDE du Moyen Orient et d‟Asie, en particulier la Chine et
l‟Inde, pèseront particulièrement sur l‟augmentation de la demande de gaz naturel.

89
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

L‟Europe importe plus de la moitié de sa consommation, laquelle progresse de 3 %


par an.

Gaz naturel – importations


en 2012 (en Mega mètres cubes)
Chine
Espagne
Turquie
Russie
Corée du Sud
France Gaz naturel – importations (en
Royaume-Uni Mega mètres cubes)
Italie
Japon
Allemagne
États-Unis

- 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000 120 000

Source : http://www.indexmundi.com/map

Au niveau national, en la demande du gaz naturel est très faible, la production du


butane et du propane brut commercialisable est essentiellement exportée. A partir de
2012, Eni-Congo consacre 1 276 668 de m3 en moyenne annuelle pour la production
de l‟électricité41 à la Centrale Electrique du Congo à Pointe-Noire. Cette part dédiée
à la production de l‟électricité ne représente rien du tout par rapport à la production
du gaz commercialisable estimée à 53,616 milliards de Sm 3 à la même année
(2012).

L‟essentiel des produits gaziers (butane et propane) consommées au pays


proviennent de la CORAF. La société GPL SA gère la logistique de gaz butane
composée de 2 dépôts à Pointe- Noire et à Brazzaville avec 659 TM de capacité, très
insuffisante pour couvrir les besoins du pays. Le graphique ci-dessous nous montre
que jusqu‟en 2010, la production journalière du butane n‟a jamais dépassée 400
barils.

41
https://www.eni.com/en_IT/attachments

90
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Produit du GPL en miliers de barils par jour


0,45
0,4
0,35
0,3
0,25
Produit du GPL en miliers de
0,2 barils par jour
0,15
0,1
0,05
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Source : U.S. Energy Information Administration

1.5.2. Analyse du sous-secteur gazier


1.5.2.1. Analyse globale du sous-secteur gazier

Avec tout le potentiel en ressources, le sous- secteur gazier au Congo n‟est pas
assez développé malgré les opportunités industrielles, énergétiques ou domestiques
dont il dispose. Cela nécessite un véritable plan de développement du gaz congolais,
qui répond en priorité aux besoins nationaux d‟industrialisation et de sécurité
énergétique.

1.5.2.2. Analyse FFOM du sous-secteur gazier

Forces

Les réserves abondantes. Avec des réserves prouvées estimées à environ 268
milliards de Sm3 et des réserves possibles pouvant aller jusqu‟à plus de 3000
milliards de Sm3 de gaz naturel, le Congo dispose d‟un atout indéniable pour le
développement du secteur gazier. « Autant dire que la problématique de l‟avenir
du gaz est la même que celle pétrole, mais avec un décalage d‟une vingtaine
d‟années. Ce décalage vaut pour l‟épuisement des réserves, mais également
pour le pic de Hubbert du gaz qu‟on voit venir 15 à 20 ans après celui du
pétrole. Le gaz nous offre donc un sursis, qu‟il faudra utiliser au mieux pour
préparer « l‟après hydrocarbures ». « Le gaz naturel est considéré désormais
comme une énergie d'avenir, …. »42
42
David Bérenger Loemba(2008) in http://www.congopage.com/L-epuisement-des-reserves pétrolières
91
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Faibles coût d’approvisionnement par la proximité avec le terminal de Djéno.


Les différents champs à fort potentiel en gaz sont proches du Terminal de
Djéno. Cette proximité des champs de Litchendjili, Banga -Néné (Marine XII) à
la côte ainsi que leur regroupement géographique et de leur faible profondeur
d‟eau permettent de réduire les coûts de développement et d‟acheminement
par gazoduc pour justifier la rentabilité économique des projets d‟exploitation
du gaz. C‟est un pôle très attrayant pour le développement du gaz associé,
comme on l‟a précédemment vu sur la carte.

Très faible coût d’extraction du gaz associé pris en charge par le pétrole :
l‟extraction du gaz associé est généralement prise en charge dans les coûts
d‟exploration et de production du pétrole brut qui émerge avec le gaz au
même moment. Dans tous les cas, même si dans le cadre des coûts indirects,
la prise en compte des coûts liés au gaz associé réduiraient les coûts
pétroliers dans les mêmes proportions.

Faiblesses ou contraintes

Dispersion des sites de production de gaz rend la collecte difficile. Nkossa,


Mboundi, Banga-Néné et Litchendjili, les principaux champs pétroliers sont
tellement dispersés sur plus de 75 km en moyenne qu‟il est difficile de collecter
directement le produit et nécessite une logistique appropriée (pipeline de
connexion). Cela constitue des coûts supplémentaires importants d‟exploitation
de la ressource.

Modeste taille de certains gisements. En dehors des champs qui sont


présentement en production (Nkossa, Mboundi), trois (3) sur 16 champs
92
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

seulement disposent des réserves dépassant 5 milliards de Sm 3 de gaz.

Présence de l’hydrogène sulfureux (H2S), très nocifs, dans quelques gisements


et présente des risques pour la santé et d‟explosion ou d‟incendies. En effet,
l‟exposition au H2S même à courte durée peut provoquer des troubles
respiratoires, irritations oculaires, conjonctivites, vertiges, céphalées, œdème
aigu du poumon, pertes de connaissance (« plomb des vidangeurs ») jusqu‟aux
bronchites irritatives, irritations cutanées voire à une possibilité d‟accident mortel
très rapide en cas de fortes inhalations (> 1000 ppm). Ensuite, ce gaz H2S est
susceptible de former avec l‟air une atmosphère explosible, la limite inférieure
d‟explosivité est de 4 % en volume et la limite supérieure d‟explosivité de 46% en
volume. Le risque d‟incendie est élevé en présence d‟une source de chaleur, la
température d‟auto-inflammation est de 250°C43.

Besoins élevés de réinjection du gaz pour certains champs diminuent la part


de la production à la valorisation ou à la commercialisation. Comme on l‟a vu
précédemment, 61% de la production du gaz est réinjectée dans les champs
arrivés en phase de maturité ou où la pression naturelle de récupération à
fortement diminuée.

Grande profondeur d’eau pour certains gisements (Libonolo, Eléphant,


Horse,…) qui sont pour la plupart à plus de 500 m de profondeur.

faible capacité de production des produits gaziers (soit seulement 400 barils
le jour) qui ne permet pas de satisfaire le du marché local pour une
population d‟environ 4 millions d‟habitants. Ce qui explique encore la très
forte consommation de la biomasse (bois de chauffe et charbon de bois)
pour la cuisson, au détriment du gaz butane dans le pays.

absence d’infrastructures de transport onshore approprié (gazoduc,) freine la


distribution des produits gaziers (butane, propane, GPL, etc.) sur toute
l‟étendue du territoire national. Les seuls moyens de transport utilisés jusque-
là restent le chemin de fer à travers les wagons méthaniers et le transport en
vrac par les camions ou des barges sur le Fleuve Congo.

Absence d’une véritable étude de marché domestique et extérieure. Le


développement du secteur gazier passe nécessairement par une véritable
étude de marché qui permettra de dimensionner, segmenter et définir les
besoins de la demande. Mais malheureusement, jusqu‟à nos jours, aucune
d‟étude sérieuse n‟a été faite. Par exemple pour la plus part du temps, les
gaz de butane et de propane se font de plus en plus rares sur le marché

43
http://www.travailler-mieux.gouv.fr/hydrogene-sulfure-h2s.html
93
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

congolais et surtout à Brazzaville, alors que la demande est importante.


.

Opportunités

Les opportunités du secteur gazier du Congo sont très énormes, à la dimension de la


diversité des utilisations ou des valorisations possibles, en plus de celles qui sont
effectuées actuellement, véritables bases d‟industrialisation. Il y aussi les
opportunités d‟exportation, des revenus et d‟emplois.

Différentes valorisations possibles du gaz : on peut noter quelques valorisations


possibles suivantes dont le marché devrait faire au préalable l‟objet d‟une étude
approfondie:
o industrielles et agricoles (industries minières et pétrochimiques,
production d‟engrais azotés pour l‟agriculture,
o énergétiques (production de l‟électricité et des carburants légers)
o production des GPL à Nkossa, Mboundi, etc.
o production des GNL (dont le projet en cours d‟étude)
o production des GTL (dont le projet en cours d‟étude) ;

Le marché international est très favorable pour le gaz naturel, ce qui procure
des véritables opportunités d‟exportation. Avec l‟embargo de la Russie, l‟Europe
cherchera à diversifier ses sources d‟approvisionnement, qui certainement se
tournera vers l‟Afrique. Le marché asiatique constitue également une autre
opportunité d‟exportation du gaz non négligeable, en l‟occurrence avec la Chine
et l‟Inde avec qui les échanges commerciaux avec le Congo, sont très intenses
ces dernières années. En Afrique, l‟Afrique du Sud (3.5 milliards de m 3), la
Tunisie (1.25 milliards de m3 et le Maroc (500 millions de m3) sont les plus
grands importateurs du gaz naturel. Mais au préalable, il est nécessaire pour
s‟en rassurer de faire une étude de marché pour déterminer l‟étendue de cette
opportunité ;
Possibilités de création d’emplois et des revenues. La mise en place des petites
unités de fabrication des engrais azotés, du méthanol, des GPL, de stockage et
de production d‟électricité peut engendrer 613 emplois et 315 milliards de FCFA
l‟année à l‟Etat.

94
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Opportunités de création d‟emplois

Investissem
ent Part Etat
Emplois Emplois
Sociétés Minerais Site milliards
En millions directs induits
CFA/an
de $

Engrais
CORAF Gaz sec 200 50 17 25
azotés

CORAF Gaz sec méthanol 200 50 17 51

CEC/CED/TEP-E Gaz sec Electricité 1125 150 50 233

SCLOG Stockage Tout le pays 200 100 33 1

GPL.SA C.EMPLIS 50T/J 4 40 13 2

SNPC C.EMPLIS 100T/J 8 70 23 3

Total Gaz 1737 460 153 315

Source : STP/DSCERP, Données des Ministères des Mines et Hydrocarbures et


secteur privé

Opportunités des revenus

Sociétés Minerais Site Prod Prix Revenus Part Etat


année $/T Millions milliards
croisière $/an CFA/an
(T/an)
CORAF Gaz sec Engrais 330 000 280 92 25
azotés

CORAF Gaz sec méthanol 748 440 250 187 51

CEC/CED/TEP-E Gaz sec Electricité 1800 000 470 846 233

SCLOG Stockage Tout le pays 100 000 30 3 1

GPL.SA C.EMPLIS 50T/J 15 000 400 6 2

SNPC C.EMPLIS 100T/J 30 000 400 12 3

Total Gaz 3 023 440 1147 315

Source : STP/DSCERP, Données des Ministères des Mines et Hydrocarbures et


secteur privé

95
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Menaces

Impacts environnementaux. Le sous-secteur gazier pose la problématique du


torchage de gaz associé. Jusqu‟à une période très récente tous les champs
pétroliers torchaient le gaz naturel associé au pétrole brut extrait comme moyen
d‟émettre plutôt le gaz carbonique que le méthane dans l‟atmosphère. Une
partie de ce gaz est réinjectée dans les puits pour augmenter le rendement des
gisements. Ce n‟est qu‟à partir de 2013 avec la société Eni-Congo qu‟une
partie de gaz torché est finalement valorisé par la production de l‟électricité
d‟une capacité aujourd‟hui de plus de 350 MW. Mais au terminal de Djéno et
dans plusieurs champs pétroliers, le gaz associé continue d‟être torché
émettant ainsi une grande quantité de gaz carbonique et d‟oxyde d‟azote dans
l‟atmosphère depuis des années. Nous savons que ces gaz évaporés pendant
les opérations constituent l‟essentiel des gaz à effet serre, responsable du
réchauffement climatique. C‟est la raison pour laquelle le Congo a ratifié le
projet GGFR (le Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés, créé en
2002 visant à réduire de façon systématique le torchage du gaz naturel associé.
Bien que la combustion du gaz naturel, appelée torchage, soit une méthode
sûre et efficace pour évacuer l'excédent de gaz naturel résultant de la
production pétrolière, cette pratique présente l‟inconvénient de gaspiller une
ressource énergétique précieuse et d‟émettre du dioxyde de carbone dans
l‟atmosphère, l'un des gaz à effet de serre.

Epuisement progressive des ressources risque de rendre difficile


l‟approvisionnement dans le futur. Bien que les réserves déjà importantes ne
soient pas évaluées avec exactitude et la production soit encore timide à nos
jours, le gaz naturel est une ressource épuisable comme le pétrole.
L‟exploitation effective du gaz naturel pour les champs de Nkossa et de
Mboundi est considérée comme une alternative à l‟épuisement du pétrole brut
au Congo, selon quelques experts congolais, mais les besoins énergétiques et
d‟industrialisation pressants, mettent la valorisation du gaz comme option
stratégique du Plan National de Développement 2012-2016. De ce fait, en tant
fossile, l‟exploitation du gaz comme celle du pétrole finira par s‟estomper un
jour. Au rythme actuel d‟exploitation, les réserves prouvées permettraient
environ 20 ans de production44.

44
Plan National de Développement Livre 1-DSCERP-2012-2016, page n°137, alinéa 443
96
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Conclusion de l’état de lieux du sous-secteur gazier

L‟état des lieux du sous-secteur gazier nous a montré que le Congo :

 dispose d‟un potentiel gazier très impressionnant et parmi les plus importants
d‟Afrique ;
 ne produit que le gaz naturel associé qui est exploité, les champs
spécifiquement gaziers ne sont pas encore développés alors qu‟ils disposent
des avantages en termes de couts d‟approvisionnement et de transport grâce
à la faible profondeur et à la proximité à la ville de Pointe-Noire ;

Par ailleurs, 61% de la production gazière actuelle est réinjectée dans les puits de
production, 23% torchée et 16 % valorisée par l‟exportation ou par la production de
l‟électricité.

La demande nationale en gaz est très faible,

 l‟essentiel de la production est exporté,


 la part du gaz naturel transformée en électricité ne représente que moins de
1% de la production commercialisable,
 la très faible capacité de production du GPL (butane) qui ne dépasse pas 400
barils par jour.

Fort de ce qui précède, le sous-secteur gazier dispose des perspectives de


développement très intéressantes, en s‟appuyant sur l‟impressionnant potentiel en
réserves ainsi qu‟à la faiblesse des coûts d‟extraction et d‟approvisionnement.

Par ailleurs, il importe de faire face à quelques obstacles techniques et


infrastructurels liés à :

- la dispersion des sites, présence de H2S,

- au besoin élevé de réinjection,

- la faible capacité de transformation,

- l‟absence des infrastructures de transport et de stockage.

Devant un tel potentiel, les besoins domestiques en GPL non couverts et


d‟industrialisations devraient pousser à court et moyen terme à la valorisation
optimale du gaz naturel par la mise en exploitation des champs spécifiquement
gaziers et la valorisation du gaz torché. Les multiples valorisations qui peuvent être
faites à partir du gaz touchent aussi bien le domaine de :

97
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

- l‟électricité,

- de l‟industrie (minière et manufacturière),

- de l‟agriculture,

- que divers produits gaziers comme le GPL, le GNL et le GTL.

Ces différentes valorisations nécessitent des investissements importants, et peuvent


permettre de créer des emplois et des revenus substantiels pour le Congo tout en
contribuant effectivement aux objectifs de croissance, d‟emploi et de réduction de la
pauvreté du PND. Avec un marché international favorable (Europe, Asie et dans la
sous-région africaine), les opportunités d‟exportation du gaz sont bien évidentes.
Mais l‟exploitation du gaz, comme toute ressource fossile, est accompagnée
d‟impacts environnementaux et menacée d‟épuisement à long terme, d‟où la
nécessité de veiller au respect strict des normes industrielles en la matière et à la
gestion prospective de la ressource.

98
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

2. DEUXIEME PARTIE : RECOMMANDATIONS SUR LES


APPROCHES STRATEGIQUES DE DEVELOPPEMENT DU
SECTEUR DE L’ENERGIE AU CONGO

Dans le cadre de ce travail, il s‟agit de proposer des recommandations ou


suggestions comme piste stratégique de réflexion par rapport à l‟analyse SWOT vue
précédemment et devra faire l‟objet des études approfondies de faisabilité
techniques et de justification ou d‟évaluation économique à base de l‟analyse coût-
bénéfice, par exemple.

2.1. Opportunités du potentiel énergétique national

Les recommandations stratégiques du secteur de l‟énergie se déclinent en axes


stratégiques qui sont composés des programmes et des actions à court, moyen et
long terme. Dans l‟approche sectorielle classique, les filières sont considérées
comme base de réflexion et ne peut mener à des stratégies« cloisonnées » rendant
difficile la programmation cohérente des activités transversales, en amont ou en aval
dans la chaine de production. Cette approche renvoie au développement des
synergies sectorielles comme moyen de diffusion des effets d‟entrainement dans
l‟économie nationale.

2.4.1. Approches stratégiques du sous-secteur de la Biomasse

AS-1 Minimiser les menaces à l’approvisionnement en bois énergie et


hydrocarbures en favorisant le reboisement à vocation énergétique.

La forte dégradation des ressources forestières liée à son exploitation anarchique


pourra compromettre dans le futur l‟approvisionnement durable de nos besoins en
biomasse. Ainsi, il est primordial de minimiser voire d‟éliminer les menaces
d‟épuisement de nos ressources forestières et de sécuriser les ressources
forestières naturelles encore existantes et les ressources hydrauliques avec l‟effet
combiné de séquestration des émissions massives du CO2.

AS-2 Etudier et développer une filière de production de foyers économes par


une approche entrepreneuriale et commerciale.

A court terme

 L„usage des foyers économes est à vulgariser mais il faut une bonne stratégie
de campagne de vulgarisation en faveur de l‟utilisation des foyers améliorés,
à commencer par l‟Information, la communication et l‟éducation des usagers
ou des potentiels usagers et en adoptant une approche commerciale plus
agressive. Le rendement du bois est souvent très faible (5 à 10 % de l‟énergie
qu‟il contient est récupérée) car il est brûlé au milieu de 3 pierres sous une
99
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

casserole où un chaudron. Des foyers améliorés peuvent faire passer le


rendement du bois à 30 ou 40 % et donc permettre de diviser par un facteur
au moins 3 les consommations ;
 Il est pertinent de continuer la promotion et le développement de l‟utilisation
des foyers améliorés et de capitaliser les expériences nationales en la
matière. Ainsi, le commerce de foyers économes va cibler les ménages qui
utilisent le charbon, le bois de chauffe mais également ceux qui utilisent le
gaz, le pétrole lampant.

AS-3 Travailler sur le zonage forestier et le système d’information

A court terme

 Mise en place d‟une base de données permettant de stocker les informations


relatives à la production et à la commercialisation de charbon de bois, et par
la suite de mettre en place des outils de suivi et de contrôle de la filière
charbon ;

AS-4 Assurer durablement l’approvisionnement en biomasse

A moyen terme

Pour pouvoir couvrir de façon durable les besoins en bois énergie, bien réglementer
l‟exploitation des ressources forestières destinées à l‟Energie (gestion rationnelle
des ressources forestières) depuis la coupe jusqu‟à la technique de carbonisation en
appliquant tous les dispositifs législatifs et réglementaires existants ou les adapter.

2.4.2. Approches stratégiques du sous-secteur de l’électricité

AS-1. Augmenter le parc énergétique du Congo

L‟augmentation progressive de la population qui est un indicateur du nombre de


ménages est le défi majeur en matière de demande d‟électricité dans les deux (2)
scénarios. L‟industrialisation du pays demandera une grande capacité de
production, la demande sera d‟environ 1000 MW en 2025. La construction des
centrales Chollet, Sounda, etc. devraient être impératifs pour booster l‟accès à
l‟électricité des ménages et d‟entreprises au Congo.

AS-2. Promouvoir l’exploitation rationnelle des ressources d’énergies locales


pour la production d’énergie électrique

Le Congo doit alors développer l‟exploitation des ressources hydrauliques,


biomasses, éoliennes et solaires pour la production de l‟électricité tout en favorisant
l‟interconnexion.

100
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Il s‟agira ici d‟une volonté politique de l‟Etat afin d‟appuyer et multiplier les initiatives
d‟investissement dans la valorisation des ressources naturelles locales potentielles à
vocation énergétiques.

AS-3. Renforcer et améliorer la gouvernance dans le sous-secteur électricité

A court terme

 L‟élaboration par l‟Etat d‟une politique de développement économique clair,


notamment dans la promotion des investissements dans les secteurs
productifs (agriculture, industrie, tourisme et hôtellerie,...). Ceci permettra non
seulement au sous-secteur électricité de mieux assurer ses services mais
également lui permettra de rentabiliser ses investissements en augmentant la
part de la consommation d‟énergie électrique des secteurs d‟activités
économiques. Arriver à ce stade, le sous-secteur électricité pourra ainsi être
considéré comme un moteur de développement économique en favorisant la
consommation électrique pour les activités de production créatrices de valeur
ajoutée, d‟emploi et de richesse ;

 Apporter des informations supplémentaires sur les opportunités


d‟investissement privé dans le sous-secteur afin de faciliter leur prise de
décision: études techniques, hydrologiques des sites candidats ;

 Favoriser les échanges et se concerter avec le secteur privé pour attirer des
investisseurs notamment ceux intervenant dans les secteurs porteurs : mines,
tourisme et hôtellerie, etc. afin d‟étudier des montages financiers permettant
d‟atténuer ou partager les risques, sécuriser encore plus les investissements :

o possibilités de Co-investissement dans la production et le transport


d‟électricité ;
o possibilité de mise en place de fonds de garantie.

AS-4. Poursuivre l’extension des réseaux

A court terme

 Il est encouragé de poursuivre l‟extension du réseau dans les milieux


périurbains et dans les zones à fortes potentialités économiques grâce à la
collaboration entre ANER et la SNE ;
 En outre, le lancement d‟une étude de faisabilité pour la mise en place de la
boucle sur le réseau national de transport en lieu et place de la configuration
radiale actuelle.

101
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

A moyen terme :

 Poursuivre l‟étude et la planification de l‟extension des réseaux ;


 Poursuivre l‟interconnexion des grandes villes.

A long terme

Créer une boucle énergétique en interconnectant le réseau nord au réseau sud par
création des lignes Djambala-Lékana-Zanaga-Sibiti-Moukoukoulou.

AS-5. Renforcement et optimisation de la gestion de la SNE

A court terme :

 Garantir la gestion autonome de la SNE en tant que la société privilégiée et


son entière qualité d‟opérateur :
o Ajustement tarifaire ;
o Recouvrement des impayés de l‟administration.
 Améliorer la gestion financière de la SNE, donc améliorer la qualité d‟audit et
du contrôle interne ;
 Renforcer le contrôle sur la gestion financière de l‟entreprise ;
 Maîtriser l‟ensemble des dépenses à travers les unités de production éparses
(ça et là).

L‟Etat et le Ministère de tutelle doivent surtout jouer leur rôle de contrôle. Ces
mesures sont vitales pour la société sinon elle devra survivre avec la subvention de
l‟Etat, mais qui est une situation non viable. Elles permettront également de
regagner la confiance des bailleurs de fonds dont le concours sera sollicité tôt ou
tard.

AS-6. Amélioration de la performance technique

A moyen terme :

La SNE ne dispose pas actuellement de ressource financière propre pour réaliser


les travaux de maintenance et investir à court terme. Ainsi, les améliorations ci-
après devraient être prévues à moyen terme :

 Remettre en place les politiques et les procédures de maintenance qui


s‟inscrivent dans la durée ;
 Mise en place d‟un nouveau système de comptage : SMART METER
(Compteur Intelligent) permettant le comptage à distance et le relevé en
temps réel de la consommation. Cela réduit le vol (avant et au compteur,
défaillance des agents effectuant le relevé,…) ;
 Gérer le transfert de compétences techniques indéniables du personnel-clé
102
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

pour la relève.

AS-7. Multiplier l’effort en matière d’électrification rurale par ANER

 L‟électrification rurale devra avoir une orientation totale vers les énergies
renouvelables en valorisant les sites hydroélectriques, l‟énergie solaire,
l‟énergie éolienne et la biomasse afin que le coût de production soit faible
permettant de proposer un tarif adapté au pouvoir d‟achat des abonnés et
promouvoir les activités de production ;
 Le défi pour l‟électrification rurale sera de prendre des mesures pour
mobiliser le financement des études et des futurs investissements. En effet,
les investissements, notamment dans les centrales hydroélectriques sont
beaucoup plus cher par rapport aux centrales thermiques au fuel ou au
biogaz.

AS-8. Combiner le projet d’électrification avec la promotion d’autres activités


économiques

Les projets d‟électrification rurale peuvent devenir un véritable vecteur de


développement économique. En plus, le succès de l‟électrification rurale ne réside
pas seulement dans la réussite des installations et leur bon fonctionnement sur le
plan technique. Il est important que les projets d‟électrification rurale s‟intègrent
vraiment dans le paysage socio-économique de son milieu d‟insertion en apportant
des solutions ou en offrant des opportunités pour la population locale de résoudre
leurs problèmes.

 Promotion combinée de l‟électricité et de l‟énergie de cuisson

Deux (2) approches méritent réflexion :

o Coupler l‟accès à l‟électricité avec des actions de reboisement autours


des sites hydroélectriques pour les protéger contre l‟érosion, la
promotion de l‟utilisation des foyers économes au niveau des
ménages ;
o Valorisation de la filière canne à sucre par l‟exploitation de la bagasse
dans une centrale et de l‟éthanol domestique comme énergie de
cuisson.

 Promotion des activités économiques utilisant l‟énergie électrique

Les projets d‟électrification rurale devront accompagner le développement des


activités de production dans leur zone d‟implantation et ne pas se cantonner à la
fourniture d‟énergie, en partenariat avec les projets de développement ou les
services techniques déconcentrés du secteur ciblé.

103
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

AS-9. Renforcer la qualité technique des projets d’électrification

Les projets en électrification rurale devront démontrer leur pertinence, leur faisabilité
technique et leur rentabilité socio-économique. Un Taux de Rentabilité Interne
minimum ou une Valeur Actuelle Nette devra être exigé à tous projets. Le choix des
sites candidats et des localités à électrifier doivent donc suivre cette logique. Les
ressources à valoriser : ressource hydraulique, biomasse, solaire, éolienne doivent
provenir de la zone elle-même. Ainsi, l‟étude des potentiels en ces ressources est
déterminante afin d‟assurer la fourniture régulière en énergie électrique dans la
localité. Cette notion de régularité d‟approvisionnement constituera en effet, une
exigence en matière de service public.

AS-10. Promotion d’une consommation plus responsable

A court terme :

 Pour que les utilisateurs soient responsables, il faut une campagne


d‟Information, d‟éducation et de communication en matière d‟utilisation
économe de l‟énergie ;

 L‟Etat doit donner le bon exemple en payant régulièrement ses factures en


énergies consommées, tous les bâtiments administratifs publics devraient
progressivement être alimentés en énergies renouvelables et utiliser des
lampes à basse consommation (LBC) ;

 Les abonnés doivent utiliser des lampes à basse consommation et si possible


des appareils, des machines électriques à basse consommation et moins
polluants à l‟échelle du pays.

A moyen terme :

 Il faut mettre en place des mesures pour gérer la vétusté accrue du parc
automobile au Congo afin de diminuer la pollution atmosphérique, notamment
dans les grandes villes comme Brazzaville, Pointe-Noire ou ailleurs ;

 Les contrôles de l‟utilisation de toutes sources d‟énergies : électricité des


bâtiments administratifs publics et carburant des véhicules administratifs
doivent être rigoureux afin de réaliser des économies, donc d‟éviter les
gaspillages et réduire la pollution.

AS-11. Produire de l’électricité par la valorisation du biogaz

La filière biogaz est une énergie renouvelable verte qui s‟inscrit dans des cycles
naturels et constitue, de fait, une énergie respectueuse de l‟environnement mais
n‟est pas encore valorisée au Congo. Or le biogaz constitue une énergie facilement
104
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

stockable (gazomètre du digesteur, bouteilles de gaz, réseau de gaz).

Le biogaz pourra compléter l‟usage du gasoil comme carburant dans la production


d‟énergie électrique et il va se substituer au pétrole lampant comme combustible
source de cuisson aussi.

A court terme

 Des centrales à biogaz peuvent être installées par ANER dans les zones
rurales dont le résultat sera à capitaliser. Il convient de mener une étude sur
les potentiels réels de production de biogaz à vocation énergétique pour que
cette filière puisse avoir sa place dans le paysage énergétique congolais.
 Dans les zones où aucune autre solution n‟est possible, les groupes
thermiques au gasoil ou au fuel pourront être alimentés par le biogaz.

AS-12. Renforcer les capacités des opérateurs en matière d’exploitation d’une


centrale en milieu rural

Compte tenu de la spécificité du milieu, les opérateurs qui vont exploiter les
centrales doivent disposer des compétences nécessaires en matière de gestion,
finance et commerce, en plus de leur expertise technique en matière d‟électricité
(production et distribution). Les opérateurs doivent effectuer un suivi et évaluation
régulière et systématique de leurs activités et des résultats. Par ailleurs, ils devront
être capables de monter et de mener des opérations marketing et commerciale afin
d‟accroitre le nombre des abonnés, ensuite d‟effectuer le suivi de leur consommation
et enfin de procéder au recouvrement.

AS-13. Alimenter les groupes thermiques au diesel par le biogaz

La filière biogaz est une énergie renouvelable verte qui s‟inscrit dans des cycles
naturels et constitue, de fait, une énergie respectueuse de l‟environnement mais
n‟est pas encore valorisée au Congo. Or le biogaz constitue une énergie facilement
stockable (gazomètre du digesteur, bouteilles de gaz, réseau de gaz).

Le biogaz pourra compléter l‟usage du gasoil comme carburant dans la production


d‟énergie électrique et il va se substituer au pétrole lampant comme combustible
source de cuisson aussi.

Dans les zones où aucune autre solution n‟est possible, les groupes thermiques au
gasoil ou au fuel pourront être alimentés par de le biogaz.

AS-14. Améliorer le cadre juridique et institutionnel

Le code d‟électricité stipule, le transport d‟électricité est également un segment du


secteur de l‟électricité ouvert à l‟initiative privée et à la concurrence. Toutefois, dans

105
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

le cadre de la stratégie de développement du secteur de l‟énergie électrique


approuvée par décret du 31 décembre 2010 susvisé, le Gouvernement envisage de
conserver le transport d‟électricité au sein d‟un monopole public de fait. Le transport
d‟électricité demeure exclusivement assuré par la SNE.

Le Gouvernement devrait envisager la mise en place d‟un gestionnaire du réseau


public en charge des infrastructures de transport pour une vraie ouverture à la
concurrence en vue d‟inciter les investisseurs privés.

La gestion d'un réseau de transport d'électricité ou de gaz doit être assurée par des
personnes distinctes de celles qui exercent des activités de production ou de
fourniture d'électricité

Le gestionnaire du réseau public de transport d'électricité doit être un service,


indépendant sur le plan de la gestion, des autres activités de la SNE. En raison des
règles de neutralité et de transparence, le maintien d'un service autonome au sein
même de la SNE et une certaine rigidité des règles de gestion, de contrôle et de
fonctionnement.

En lieu et place d‟un organe de synergie entre les sous-secteurs gazier, pétrolier et
électricité, l‟Etat pourrait également envisager un seul ministère de l‟énergie comme
c‟est le cas au Gabon, en Algérie, au Brésil, etc. où cette configuration crée la
stabilité de l‟ensemble du secteur de l‟énergie en mutualisant toutes les ressources
au sein d‟un même département, un ministère de l‟énergie pourrait voir le jour.
Le défi reste donc à mettre en cohérence les actions des différents sous-secteurs et
à développer une synergie entre eux.

2.1.3. Approches stratégiques du sous-secteur pétrolier

Axe 1 : renforcement des capacités institutionnelles et managériales pour


améliorer la gouvernance du secteur
L‟Etat aura pour mission non seulement de réguler mais aussi et surtout de faciliter
et d‟accompagner le processus de relance et d‟expansion des activités du sous-
secteur sur toute la chaine de valeur (production, marché, transport, distribution et
des activités de soutien), et à stimuler le développement des services de base,
notamment les réformes institutionnelles, le renforcement des ressources humaines
voire l‟amélioration des services d‟infrastructures. Dans le processus, il prendra des
dispositions pour faciliter les investissements, et aussi pour encourager la
participation des nationaux, notamment dans les activités d‟appui et de sous-
traitance45.

45
Le PND 2012-2016 Livre 1, page 143
106
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

1. Améliorer la gouvernance publique

- renforcer la gouvernance de la filière. Le Gouvernement entend rationaliser ses


interventions et appuis dans la filière, afin d‟en maximiser l‟impact. Ces efforts se
déclinent selon les deux grandes « missions » distinctes, notamment : (i) les
activités de pilotage et de planification du secteur, (ii) les activités de « régulation »
concernant les programmes de politique sectorielle (exploration-production du
pétrole brut, trading ou « commercialisation » de la part de production revenant à
l‟Etat, raffinage et distribution des produits pétroliers.
Le pilotage administratif renvoie :
 à l‟organisation structurelle (organigramme) du Ministère en charge
des hydrocarbures qui devrait correspondre aux missions, à la
stratégie et aux programmes du secteur,
 aux moyens en ressources humaines suffisants et de qualité
(techniciens et ingénieurs, économistes, juristes administratifs, et
autre) pour être capable de suivre et de contrôler toutes les activités
de toute la chaine pétrolière) ;
 aux moyens matériels (informatiques, mobiliers et autres), techniques
et informationnels (équipements techniques de contrôle et de suivi des
activités, outils de gestion des informations, etc.) pour améliorer les
conditions de travail et d‟avoir les meilleurs outils d‟aide à la décision ;
 aux moyens financiers (budget suffisant en fonction des actions
prioritaires à mener sans lequel une stratégie ne peut être mise en
œuvre)
 à la mise en place d‟une véritable banque des données pétrolières en
tant outil d‟aide à la décision pour améliorer l‟optimisation de la
gouvernance.
La « planification stratégique » fait référence aux documents de planification
stratégique de développement du secteur. Il s‟agit :
d‟élaborer un « Plan Stratégique de développement des hydrocarbures au
Congo», en dehors du Code des Hydrocarbures, basé sur les orientations du
Plan National de Développement (PND).
Ensuite, pour une meilleure gestion axée sur les résultats, un programme
d‟actions prioritaires devrait être défini, suivi d‟un plan annuel de performance
pour mesurer les réalisations. Tous ces documents devraient être élaborés
aux fins de clarifier les orientations, les objectifs, les programmes majeurs,
les modalités de mise en œuvre, le cadre logique de suivi et évaluation de
l‟exécution de ces programmes ainsi que les stratégies de financement du
secteur.
La régulation du secteur passe, d‟une part, par la fixation des règles claires de la
107
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

concurrence, des modalités de fonctionnement du secteur, de suivi et contrôle de


l‟exécution de ces règles à partir du cadre juridique, fiscal réglementaire et
contractuel (code des hydrocarbures et de ses textes d‟application, les textes
juridiques sur la sous-traitance, le secteur de l‟aval pétrolier, etc.)
Les activités de trading ou de commercialisation de la part du pétrole brut et de ses
dérivés revenant à l‟Etat congolais ainsi ses participations dans les opérations
pétrolières sont assurées par la SNPC. De ce fait, pour le gouvernement, il s‟agit de
renforcer la SNPC non seulement à acquérir une certaine expertise et maîtrise des
opérations mais aussi à mieux valoriser le « government-take » sur le marché
international du pétrole. En outre, comme on l‟a vu précédemment, il faudra aussi
clarifier et formaliser le prix de cession qui pourrait être pratiqué à la CORAF, et qui
lui permettrait d‟équilibrer ses comptes tout en pratiquant un prix à la pompe
« accessible » aux populations46.
Le renforcement du dispositif de coopération au niveau mondial (par exemple le
projet GGFR avec la Banque Mondiale pour la réduction du torchage du gaz) pour
être en phase avec le contexte énergétique mondial. Au niveau africain avec l’APPA,
il s‟agit de capitaliser les échanges d‟expérience sur toute la chaine pétrolière (dans
les domaines de l'exploration, de la production, du raffinage des hydrocarbures, de
la pétrochimie des ressources humaines, de l'acquisition et de l'adaptation de la
technologie ainsi que dans le domaine juridique) et d‟harmoniser les politiques
énergétiques dont l‟objectif demeure la couverture des besoins.

2. Actualiser le cadre juridique, réglementaire et fiscal

Le nouveau Code Pétrolier qui est en cours d‟adoption devrait viser à :

 réaménager la fiscalité pétrolière en rendant relativement flexibles, les


termes contractuels en fonction des risques encourus et de la production;
 éclaircir et renforcer, à travers les textes d’application, les conditions
de contrôle des coûts pétroliers ainsi que de suivi et contrôle des
opérations qui mettent les différentes administrations de l‟Etat et les autres
partenaires au même niveau d‟information ;
 tenir compte de tous les aspects contextuels (spatio-temporels) qui
justifie l‟inadéquation du cadre juridique actuel et des attentes des toutes
les parties prenantes qui tournent autour :

 de la transparence dans la gestion des ressources pétrolières


(information sur les réserves, la production et commercialisation du
brut, etc.), le suivi et le contrôle de la production et de la
commercialisation de la part du brut de l‟Etat;

46
Plan National de Développement (PND 2012-2016), page 144
108
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

 de la réglementation spécifique et d‟un dispositif de gestion des effets


adverses de l‟activité pétrolière sur l‟environnement naturel et les
conditions sanitaires;

 de la relance de la production pour maintenir ou augmenter la part de


la production revenant à l‟Etat ;

 du renforcement des capacités managériales et opérationnelles de


l‟Etat chargées du suivi des activités pétrolières ;

 de la valorisation des ressources gazières du pays (action amorcée


avec le décret de 2007 sur l‟utilisation et la valorisation du gaz) ;

 de l‟implication des sociétés à prendre en compte du contenu local


dans toutes leurs opérations ;

 de la clarification du régime fiscal et douanier spécifique adaptés aux


sociétés pétrolières ;

 de la réduction de la durée de l‟immobilisation du capital ;

 de l‟augmentation de la durée des permis de recherche et


d‟exploitation ;

 des dispositions attractives permettant la relance des investissements


en vue du redéveloppement des champs matures, de la réalisation
des travaux dans les zones frontières ou sous des thèmes complexes
comme l‟anti-salifère.
(47)
Du point de vue économique, comme l‟a rappelé Michel Vuillod , les termes d‟un
système flexible et progressif sont conçus de manière à :

i. améliorer la rentabilité des découvertes marginales pour encourager


l‟exploration et le développement de telles découvertes ;
ii. assurer un taux de prélèvement de l‟État faible dans les situations de
risques et de coûts élevées, ou dans des zones à faible potentiel
pétrolier ;
iii. limiter la rentabilité de la compagnie pétrolière en augmentant
sensiblement les revenus de l‟État en cas de profits exceptionnellement
élevés ;
iv. ne pas supprimer une perspective de profits raisonnables pour des
investisseurs potentiels.

(47)
Théorie de base sur le cadre contractuel de l’exploration-production, International Oil and
Gas Resources Management Seminar, du 27 au 30 avril 2008, Libreville Gabon.
109
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

3. Renforcer l‟expertise nationale dans le domaine des hydrocarbures

L‟expertise nationale revoie au capital humain disponible et au marché du travail


dans le secteur des hydrocarbures, notamment l‟adéquation entre l‟offre et la
demande du travail. Il s‟agit de faire face à la problématique de la formation et du
développement des compétences des ressources humaines nationales dans le
domaine des hydrocarbures. Cette problématique est fondamentalement
transversale parce que concerne aussi bien l‟éducation nationale, l‟enseignement
technique et professionnel que le secteur des hydrocarbures. La question de
renforcement des capacités des ressources humaines est tellement préoccupante
qu‟elle est au cœur des préoccupations de la gouvernance du secteur. Au niveau
du secteur public, les structures en charge de la régulation du secteur (amont
comme aval), ainsi que la Société Nationale de Pétroles, doivent se doter d‟un
personnel compétent régulièrement recyclé, dans un secteur en perpétuelle
mutation. Le but est de maximiser les effets d‟emploi, de revenu et de réduction de
la pauvreté.

A court terme, dans le but de renforcer les capacités dans l‟Administration Publique
et de développer les compétences pour le secteur privé il s‟agira :

 de mettre en place un programme de renforcement de capacité des


structures publiques chargées de l‟élaboration des politiques sectorielles
(Ministère des Hydrocarbures), de la régulation (Agence de Régulation de
l‟Aval Pétrolier) et de la gestion des participations de l‟Etat (Société Nationale
des Pétroles du Congo);

 de créer un Centre de formation et de développement des compétences aux


métiers du pétrole;

 d‟exiger les programmes de formation au sein des entreprises privées et


publiques dans le cadre du local content;
A moyen et long terme, il est nécessaire :

 de développer un vaste programme de formation de cadres et techniciens


spécialisés dans les divers domaines d‟activités nationales, en particulier, le
Pétrole, le Gaz et les Mines, ainsi que les autres secteurs susceptibles de
développer des grappes favorables à la croissance ;

 d‟associer toutes les parties prenantes de l‟offre et de la demande des


ressources humaines pour la définition de la politique nationale de la
formation et de l‟emploi dans le domaine des hydrocarbures. Cela passe
110
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

par dans la définition de la politique nationale de l‟éducation nationale, de


l‟enseignement technique, professionnel et supérieur comme moyen
prévisionnel et prospectif de garantir l‟offre du capital humain;

 de renforcer les capacités opérationnelles des institutions de formation initiale


et continue (Université Marien N‟GOUABI, et Centres de formation
professionnelle), chargées de fournir à l‟industrie les techniciens, ingénieurs
et cadres spécialisés (juristes et économistes pétroliers, ingénieurs et
techniciens géologues, géophysiciens, pétroliers (forages et gestion des
gisements), informaticiens et automaticiens;

 de travailler en étroite collaboration avec des associations professionnelles,


cabinets d‟audit et d‟expertise comptable, de conseil en gestion (recrutement,
formation, etc.…) tels que : NEXT / SCHLUMBERGER, DELOITTE, CAC,
etc… en renforçant l‟expertise nationale dans ce domaine dans le but de
faire face aux enjeux et aux défis technologiques et environnementaux liés à
l‟activité pétrolière.

Axe 2 : Augmentation du government take par la relance la production

1. Promouvoir les zones libres du domaine minier

Les zones libres du bassin côtier et de la cuvette congolaise non encre explorées et
les réserves actuelles dont dispose le Congo, devront permettre de,
A court et à moyen terme:
 d‟actualiser la cartographie sur les caractéristiques géologiques des bassins
sédimentaires pour une meilleure lisibilité des zones potentielles à prospects ;
 vulgariser la pratique des appels d‟offres internationaux pour des zones libres
du domaine minier ;
 vulgariser le nouveau code pétrolier qui entrera en vigueur courant cette
année par des activités de sensibilisation et d‟information auprès des
opérateurs actuels et des investisseurs potentiels dans les conférences,
salons d‟affaires, etc… ;
 améliorer de façon générale l‟environnement des affaires pour attirer les
investissements (code d‟investissement, stabilité politique et sociale, sécurité
des investissements, droit foncier, infrastructures économiques et sociales de
base, procédures administratives, etc.

2. Encourager les sociétés pétrolières à intensifier les activités d‟exploration et


la production.
Dans le but de relancer la production qui a commencé de décroitre sensiblement
111
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

depuis trois années, il est plus que nécessaire de :

 encourager et faciliter des sociétés à explorer le bassin de la Cuvette


congolaise et des zones à fort potentiel en sables bitumineux dans le bassin
côtier ;
 encourager les entreprises privés et la société d‟Etat à plus d‟innovation
technologique afin d‟augmenter le taux de récupération du brut dans les
champs actuels et de stimuler les champs marginaux et ceux qui sont en
phase mature;
 capitaliser la coopération dans le cadre de l‟Association des Producteurs du
Pétrole Africains (APPA) dans le domaine des échanges d‟expériences
techniques et des benchmarking en matière

Axe 3 : Amélioration de la gestion des externalités de l’activité pétrolière


Les externalités peuvent être considérées comme les effets ou les impacts des
activités pétrolières sur l‟environnement socio-économique du pays. Ces externalités
sont, soit positives (le local content au sens des liaisons de Hirschmann 48), soit
négatives comme des impacts environnementaux.

3. Renforcer et développer le local content


Le contenu national ou local content est un ensemble des activités axées sur le
développement des capacités locales, l‟utilisation des ressources humaines et
matérielles locales, la formation et le développement des compétences locales, le
transfert de technologie, l‟utilisation des biens et services locaux et la création de
valeurs additionnelles à l‟économie locales mesurables49. Le Contenu local en
emplois est faible et reconnu comme tel, un véritable obstacle au transfert de
compétences. Il s‟avère donc essentiel de50 :
 renforcer le partenariat entre l‟Etat et les entreprises installées au Congo
dans le cadre d‟un dialogue public-privé (Uni Congo et les autres
organisations professionnelles. Une règlementation et des accords devraient
être signés afin de permettre l‟implication de ces entreprises dans la
construction des infrastructures de base (Energie, hydraulique, transport
etc.) ;
 organiser des actions de renforcement des capacités des ressources
humaines afin de faciliter le transfert de technologie, pour permettre la mise

48
Cité par Abdelkader Sid Ahmed(1988) : Vers une théorie de l'industrialisation à partir de l'exportation et de la
transformation des ressources naturelles: de la « staple theory » à la rente pétrolière In: Tiers-Monde. 1988,
tome 29 n°115. pp. 715-812
49
Définition selon le Ministère des Hydrocarbures
50
Le Plan National de Développement-DSCERP 2012-2016, page 144, alinéa 470
112
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

en place de sociétés de biens et services répondant aux exigences et


normes de l‟industrie pétrolières. Cela passe par les actions de formation et
développement des compétences des congolais dans le cadre de ces projets,
notamment dans les domaines spécifiques de l‟Offshore profond, onshore
marécageux, des sables bitumineux, de l‟environnement, etc.
 Du fait que les activités de soutien (sous-traitance) est par excellence, du
domaine des nationaux dans la majorité des pays pétroliers, la stratégie
gouvernementale devrait graduellement consister à :
 susciter l‟intérêt des congolais à intégrer la filière en impliquant les nationaux
par le développement des partenariats (joint –venture) étant entendu que les
acteurs nationaux n‟ont pas encore les capacités requises pour participer
effectivement aux choix des options techniques et stratégiques.

L‟Etat par des méthodes appropriées, devra :

 installer et soutenir l‟émergence de PME/PMI, financer des microprojets et


encourager les initiatives de coopératives dans plusieurs secteurs d‟activités.
C‟est un processus qui déborde du cadre pétrolier, mais qui sera financé par
les ressources tirées de ce secteur et exige une rationalisation du dispositif
d‟appui au secteur privé local (implication de la Chambre de Commerce, de
l‟Agence de Promotion des Investissements et des Exportations, etc… en vue
de coordonner et de promouvoir l‟entreprenariat national;
 impliquer les TPE, PME et PMI locales dans les activités de soutien à
l‟industrie pétrolière tout en favorisant la compétitivité et en développant les
opportunités d‟affaires, par exemple dans la fabrication de plusieurs
équipements sur les Yards à Pointe-Noire ;
 prendre en compte le local content, de l‟organisation et du fonctionnement de
la sous-traitance et des services pétroliers dans le nouveau code pétrolier
accompagné des textes d‟application afin de promouvoir l‟emploi, la
formation, (Mise en place du Fonds National de Formation Professionnelle),
le transfert des savoirs et de technologie ;
 adopter des mesures incitatives spécifiques au recrutement de stagiaires, et
encourager des formations qualifiantes “à la tâche” (“on the job training”) ;
 encourager et inciter les opérateurs pétroliers à poursuivre leur implication
dans l‟amélioration des conditions de vie des communautés locales à travers
des projets sociaux de base dans le domaine de l‟éducation, la santé, les
routes, la culture, marché, le tourisme, l‟agriculture, etc… et à travers la
politique d‟intégration des communautés aux projets de pipeline ; ouverture
de pistes et autres projets communautaires.

4. Mettre en place un cadre de gestion stratégique des impacts


environnementaux d‟origine pétrolière (voir les prévisions avec les trois
113
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

scénarios)

Sur le plan juridique et institutionnel

Le nouveau code des hydrocarbures qui a la prétention de ne pas transiger (statuer)


sur les questions environnementales devra :
 tenir compte à la fois du cadre juridique et réglementaire national
(Constitution, lois, décrets existants) et des conventions internationales sur le
transport maritime avec notamment les conventions MARPOL et FRIPOL, le
torchage de gaz avec le projet GGFR de la Banque mondiale ;
 prendre des nouvelles mesures réglementaires, en ce qui concerne la
pollution des eaux par les activités d‟exploration et de production en offshore,
la pollution des terres en onshore et la gestion des déchets pétroliers
(activités amont et aval) ;

En même temps que l‟Etat consent un effort structuré de dialogue avec toutes les
parties prenantes de la problématique environnementale (Etat, opérateurs privés de
la filière, ONG, collectivités locales, les communautés, les universités, le marché
financier et les principaux clients du pétrole brut). L‟Etat devra aussi exercer son
pouvoir régalien de rationaliser les choix, afin de réconcilier les intérêts des
opérateurs et du pays pour la croissance des richesses tout en garantissant la
protection de l‟environnement et du patrimoine de richesses naturelles du Congo
comme on l‟a vu précédemment.

Sur le plan environnemental

Il s‟agit de définir clairement les normes et les standards de réduction de CO2, NOx,
CH4, SO2, H2S dans l‟air et de DBO, DBO5, Ph,… dans la mer et rivières, tout en
obligeant les sociétés à l‟épuration totale des dommages déjà constatés. Pour les
émissions de CO2, par exemple, le modèle de prévision de ARMA peut nous
éclairer sur la stratégie à adopter.
Si la progression des émissions de CO2 en moyenne annuelle entre 1996 et 2013
est 6.27%, le rythme de 2010 à 2012 de 7.1% peut être illustratif comme norme
d‟épuration de la pollution pétrolière. Cette norme (7.1% de réduction annuelle des
émissions) peut permettre au Congo de réduire ces émissions de CO2 de 2.04
millions à 786 000 de tonnes métriques en 2025.

114
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

4,5
4
3,5
3
2,5 Prévision avec la moyenne
K=3
2
Prévision avec chute de
1,5
2010 à 2012
1
0,5
0
2017
2013
2014
2015
2016

2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
Pour cela, certaines mesures et actions doivent être mises en place.
A court terme, il s‟agit de :
 réaliser les études d‟impact environnemental de façon automatique pour la
réalisation de tout projet comme le recommande le PND51 ;
 vulgariser l‟analyse de cycle de vie dans les processus d‟exploration,
production et transport du pétrole brut,

A moyen et long terme,


- réaliser une évaluation environnementale stratégique permettant d‟élaborer d‟un
système de gestion environnementale du secteur pétrolier qui tient compte du
contexte actuel (une réglementation plus sévère, une cartographie des zones
protégées et d‟habitation, etc.).
Sur le plan économique

 identifier clairement les modalités des instruments économiques les plus


efficaces (réglementation avec normes ou quotas, taxes, permis, subvention,
sanctions, etc.) à appliquer et susceptibles à la fois d‟encourager et de
contraindre les sociétés extractives à l‟épuration des dommages
environnementaux ;

 Optimiser l‟approche « local content » avec les PMI-PME locales qui


respectent les normes environnementales (ISO14000 par exemple).

Sur le plan social

 Mettre en place un régime de responsabilité et d‟indemnisation pour les


dommages dus à la pollution par les hydrocarbures en identifiant et évaluant
clairement les impacts sanitaires et sociaux : principe de responsabilité et du

51
Plan National de Développement- Livre 1 2012-1016, page 145, alinéa 478
115
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

pollueur -payeur;
 Mener conjointement l'évaluation d'impact environnemental et les études
sociales conformément aux normes internationales et les recommandations
des Sommets Mondiaux pour le Développement Durable.

Axe 4 : Couvrir les besoins nationaux en produits pétroliers avec les


perspectives d’exportation

Vu l‟importance des importations (30 à 40% de la demande) en produits pétroliers


ces dernières années, la couverture des besoins nationaux passe avant tout par
l‟augmentation des capacités de production tout en améliorant les spécifications des
carburants, par le développement des infrastructures de transport, de stockage et de
distribution des produits, par création des activités du trading en mettant en place un
centre régional de distribution pour l‟exportation.

5. Accroître les capacités de raffinage

La CORAF n‟exploite que 70% de ses capacités, et ne couvre qu‟environ 60 à 70%


de la demande nationale des produits raffinés. Il en résulte que le Congo le volume
des importations ne cesse d‟augmenter avec l‟essor de l‟économie et la demande
accrue de carburants. La production des résidus atmosphériques à faible valeur
ajoutée représente près de 40% de la production totale avec des pertes et des
points morts importants causés essentiellement par la vétusté de l‟outillage de
raffinage
A court terme, la stratégie consiste52 à :
- renforcer et à moderniser l‟équipement de la CORAF, afin d‟améliorer le taux
d‟utilisation de ses capacités. Compte tenu de la faible taille et compétitivité de la
CORAF, l‟objectif principal de la stratégie de redéploiement de la raffinerie doit
rester avant tout la satisfaction du marché national en forte expansion en vue de
réduire les importations. A ce stade, l‟exportation n‟est pas envisageable à cause
des problèmes d‟échelle et de compétitivité.
Aux fins de rationaliser la capacité de production et d‟augmenter le taux d‟utilisation
de ses capacités dont l‟objectif est d‟atteindre une production annuelle de 1,2
millions de tonnes, la CORAF devra entreprendre et mettre en place :
Un dégoulottage éventuel de l‟hydrocraqueur et de l‟hydrotraitement de tête ;
Une unité d‟extraction GPL du gaz destiné à la pétrochimie et aux mines ;
un changement d‟alimentation (mélange variable de DJENO et NKOSSA)
pour s‟adapter aux divers besoins du marché ;
Une unité de bitumes de 50 000 Tonnes / an et d‟un visbreaker dont les
besoins locaux sont évidents.

52
Plan National de Développement Livre 1 : DSCERP 2012-2016, page 141, alinéa 459
116
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

En définitive, il y a lieu donc d‟augmenter la production des produits par l‟élévation


du taux d‟utilisation de l‟outil de raffinage et ensuite par l‟extension de l‟usine avec la
possibilité de produire du bitume dont le marché est favorable actuellement.

- Améliorer les spécifications des essences et des gazoles aux standards africains
(AFRI 4) et européens (essence sans plomb) en vue d‟en augmenter le rendement
et de réduire les émissions environnementales ;

A moyen et long terme, l‟autre option retenue53, c‟est la possibilité de :

- construire une deuxième raffinerie d‟une capacité de 3 à 5 millions de tonnes par


an, connectée ou séparée avec la CORAF après avoir réalisé une étude de
faisabilité qui en déterminera les conditions (contraintes et les atouts). La question
d‟une nouvelle Raffinerie dédiée essentiellement à l‟Export devrait faire l‟objet d‟une
étude minutieuse des débouchés garantis (participation régionale CEMAC, pays
émergents et autres.) à cause :

 de la taille minimale requise aujourd‟hui pour bénéficier de l‟effet


d‟échelle,
 des investissements requis,
 des grandes fluctuations des marges
 de la taille critique de marché requis

Cette nouvelle raffinerie permettra:

 d‟augmenter la part de la production nationale du pétrole brut consacrée à la


transformation locale pour une meilleure valorisation et créer ainsi des
externalités dans l‟économie nationale en termes de contribution à la
croissance, à l‟emploi et à la réduction de la pauvreté) ;
 de couvrir les besoins en produits pétroliers des pays de la sous-région (la
RDC, la Centrafrique, le Rwanda, le Burundi, la Namibie, Ouganda, etc.) dont
le marché est évident et offre ainsi une vraie opportunité de débouché à
optimiser. Cette nouvelle raffinerie pourrait procéder par exemple par des
choix stratégiques basés sur la matrice d‟Ansoff54 qui consistera de façon
séquentielle à pénétrer, d‟abord, le marché local (congolais), puis conquérir
les nouveaux marchés (de la sous-région) avant développer des nouveaux
produits avant de se diversifier dans les nouveaux produits ;
 créer et développer les activités du trading en mettant en place un centre
régional de distribution et de Trading de produits sous douane, par exemple.
Lorsque la CORAF aurait atteint un niveau satisfaisant, avec la nouvelle
raffinerie, comme toute industrie compétitive, la possibilité de construire un

53
Plan National de Développement –Livre 1 2012-2016, page 142, alinéa 460
54
Article de Harvard Business Review (1957): « Strategies for Diversification »
117
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

terminal à produits pétroliers n‟est pas à exclure pour l‟exportation vers l‟Asie
où la demande est en forte croissance et en Afrique.

A long terme, plutôt que l‟étendre de raffineries nationales existantes, trop petites,
obsolètes et souvent coûteuses en subventions étatiques, dans le cadre d‟un projet
d‟intégration de la CEMAC où le Congo est membre, il est possible en mettant en
commun les moyens, de :
 créer une grande raffinerie régionale moderne, compétitive, ayant la taille requise
(capacité de production de 8 à 10 millions de tonnes par an) et adossée à une
plateforme de stockage permettant de satisfaire les besoins de l‟ensemble des
pays de la CEMAC. Toutes les parties prenantes (les Etats membre, les sociétés
pétrolières, le secteur privé régional, les ONG et les citoyens) seront invités au
tour de table afin de déterminer les conditions optimales de gestion (politiques,
techniques, économiques, sociales et environnementales) pour la réussite du
projet. La mise en place de cette unité régionale de raffinage permettra de
développer en parallèle la production régionale de gaz GPL, avec une
douzaines de nouvelles unités industrielles (unités d‟assemblage de bouteilles
de gaz domestique et industriel GPL, unités de conditionnement du GPL). Une
plateforme de stockage de produits pétroliers raffinés y sera également
adossée pour l‟exportation sur le marché régional55.
en
6. développer les infrastructures de transport, de stockage et de distribution des
produits pétroliers ;

La couverture nationale en quantité suffisante des produits pétroliers n‟est pas


simplement un objectif de développement du secteur pétrolier, mais un objectif de
développement tout court. Il est inutile de démontrer que le niveau de
développement d‟un pays est fortement lié à son niveau de consommation
énergétique.

Si le transport de produits finis entre la CORAF et le lieu d‟importation au port de


Pointe Noire est fait par pipeline, l‟approvisionnement jusqu‟au consommateur final
s‟effectue à 50% par le chemin de fer, par les camions citernes et les barges. Si
précédemment, on a retenu que l‟avenir de la raffinerie congolaise est dans sa
capacité à explorer le marché de la sous-région, il est aussi vrai que le CFCO avec
les problèmes de congestion, de capacité, bref de fonctionnement ne saurait être le
seul mode de transport massif des produits. La satisfaction d‟un marché local de
342 000 m3 et de l‟Afrique centrale voire australe nécessite des moyens de
transport adéquats liant rapidité, sécurité et capacité.

55
Plan National de Développement Livre 1-DSCERP 2012-2016, page 149, encadré 7
118
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

A court terme, il s‟agit donc de :

 faire une étude de faisabilité qui devra aboutir à la construction d‟un pipeline de
produits pétroliers entre Pointe Noire et Brazzaville ((environ 535 Km), et entre
Brazzaville et Ouesso (environ 960 Km) concernant le tracé, le cubage, la
séquence rotative des produits, etc. Le pipeline, en dépit du lourd investissement
pour sa mise en place et sa contrainte énergétique pour son fonctionnement, est
le moyen de transport des produits pétroliers le plus sûr. Il fonctionne 24h/24h
avec une grande capacité de transport sur de longues distances, une faible
sensibilité aux intempéries, moyen discret, n‟encombre pas les infrastructures de
surface, tracé, balisé et surveillé avec une faible probabilité d‟accident. Le
transport par pipeline est le plus économique des autres modes de transport des
produits : 1,8 à 2,1€/T/100Km alors que le train est autour de 2,7 à
3,3€ /T/100km et 4,1 à 4,5 €/T/100km56.
Les contraintes de l‟oléoduc sont liées à sa rigidité due à sa structure, la
canalisation doit toujours être pleine et surtout la nécessité de capacité de stockage
importantes pour réceptionner les produits. Il s‟agit donc à côté d‟un pipeline, de

 construire des dépôts des produits pétroliers pour la constitution des stocks
d‟outil, stratégiques et de sécurité de grande capacité selon la dimension du
marché à approvisionner, dans tous les aéroports et ports, à proximité des
frontières pour desservir les pays voisins, etc. C‟est la raison pour laquelle, la
construction d‟un pipeline est liée à celle des dépôts de stockage. Cette
capacité de stockage doit correspondre à une certaine durée de pénurie des
produits selon la législation en vigueur. En France cette capacité est autour de
trois mois de rupture. Les capacités de Stockage (80 000 m3 de la SCLOG)
sont nettement insuffisantes. Elles représentent seulement 22 jours de
consommation pour Brazzaville et 25 pour Pointe Noire. En projetant les
tendances actuelles de la consommation sur le moyen terme, l‟on estime que
les capacités de stockage seront réduites à moins d‟un jour de consommation
dans ces localités d‟ici à 2014. Ce qui nécessite des investissements
importants dans le développement des capacités de stockage et de distribution
pour assurer la sécurité des approvisionnements ;
 renforcer les infrastructures actuelles de transport massif en réalisant des
investissements conséquents dans les Wagons-citernes, les barges-citernes,
les camions citernes, les ports fluviaux des produits pétroliers et autres ;
 encourager et faciliter le déploiement des stations-service par les marketeurs
dans les départements ou chef- lieux où l‟approvisionnement en produits est
encore faibles, le long des routes et autoroutes en y mettant en place des
infrastructures connexes comme, le réseau bancaire, eau, électricité,
connexions télécoms, etc.

56
Adam Brahim et NIANG Lamine, invité Jean-Pierre JAFFRAY : « La logistique pétrolière », Rapport SDL du 26
février 2005, INSSET, page 11
119
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

 mettre en application le décret sur l‟évaluation et actualisation mensuelle des


prix des produits pétroliers qui tiennent compte de la réalité du marché (offre et
la demande) et des coûts unitaires de production (coûts complets=coûts directs
et indirects). L‟actualisation mensuelle permettra non seulement un meilleur
suivi du marché mais également une proximité des prix des produits aux forces
du marché. Tant que les prix continueront à être réglementés, la rentabilité de la
CORAF et des marketeurs sera faible par rapport à un marché libre et il en
résulte des pertes financières importantes qui doivent être finalement
compensées sous forme de subventions.

3.1.4. Approches stratégiques du sous-secteur gazier

Avec tout le potentiel en réserves gazières dont dispose le pays, le Congo peut
créer un véritable Hub industriel autour du gaz et donc un fort potentiel de
contribution à l‟industrialisation et au développement du Congo.

Axe 1 : relance de la production du gaz

3. Encourager les opérateurs à l’innovation des techniques de récupération moins


consommatrices de gaz pour diminuer les besoins de réinjection de gaz.

« Le Congo est aussi relativement compétitif en termes de coûts d‟exploration et


d‟exploitation, qui pourront encore s‟améliorer avec les efforts de réforme de la filière
et les importants investissements en rationalisation des capacités et des méthodes
de production. Cette combinaison de fortes potentialités tant en capacités qu‟en
compétitivité promet de faire de la filière un véritable levier de production. Les
autorités congolaises ont pris récemment des dispositions réglementaires pour
interdire le torchage à compter du 01 avril 2012, pour stimuler entre autres, la
valorisation du gaz. le Congo dispose de réserves suffisantes de gaz pour couvrir au
cours des 20 prochaines années. Le relais pourra être assuré par le gaz aujourd‟hui
injecté dans les gisements de NKOSSA qui deviendra exploitable dès 2027 pour 60
milliards de m3. Toutefois, avec une stratégie nationale de valorisation, le Congo
pourra augmenter ses réserves57. »

1. Augmenter les capacités de production du GPL, du GNL et du GTL58


A court terme, en ce qui concerne le GPL, il s‟agit de :

- d‟augmenter la production du GPL (propane et surtout le butane) pour atteindre 30


000 tonnes par an en 2016. Pour cela il est nécessaire de mettre en place une
nouvelle usine de traitement pour le gaz de Mboundi (déjà en étude) et Litchendjili

57
Plan National de Développement Livre 1, page 137, alinéa 443
58
Alfred Charles Sockath : Potentiel et valorisation des ressources gazières, deuxième CIEHC, Brazzaville du 14
au 16 avril 2014

120
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

d‟ici 2016, et également récupérer une partie du gaz du champ de Nkossa. C‟est
sans doute le gaz le plus produit au Congo dont les utilisations sont aussi bien
domestiques, la cuisine pour le butane et hospitalières pour le propane.

- augmenter les capacités de production du GPL par le traitement d‟un brut léger
comme le Nkossa blend pourvoyeur des produits blancs et par l‟augmentation des
capacités du Gas-Plant à la CORAF;

A moyen et long terme, il s‟agira de :

- commencer la production des GNL entre 2016 ou 2017 dont la capacité peut
s‟étendre sur plus de 20 ans par une étude approfondie de la question au préalable.
Jusque-là, le gaz produit demeure essentiellement le gaz associé au pétrole.

- produire des GTL pendant au moins 20 ans en provenance des champs de


Litchendjili et du Mboundi destinés à l‟exportation dont les études sont en cours.

Axe 2. Optimisation de la valorisation du gaz en développant et diversifiant les


usages du gaz.

En se basant sur les opportunités vues précédemment, diverses valorisations du


gaz peuvent être réalisées à court, moyen et long terme. La valorisation du gaz pose
la problématique de sa rentabilité qui nécessite une étude de faisabilité sur les coûts
d‟exploitation et sur le marché potentiel tout en analysant au préalable les impacts
environnementaux potentiels. Comme pour la raffinerie, il faut une certaine taille
pour que les projets de valorisation gazière soient économiquement rentables.

121
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Stratégie de valorisation du gaz

CHAMPS A GAZ VALORISATION DU GAZ

Condensats Terminal de Ndjéno


BANGA-NENE G
P
GAZ SEC ZONES FRANCHES
L

ZONE CORAF
GAZ SEC INDUSTRIES MINIERES
Séparation
LITCHENDJIL Traitement
I GAZ SEC USINE METHANOL
Recompression
ou AMMONIAC

GTL EXPORT
LOUVESSI

LNG
AUTRES
CENTRALE
I GAZ SEC CENTRALE
GPL ELECTRIQU
MBOUNDI A GAZ DE
E DU
NDJENO
CONGO
GAZ SEC
NKOSSA+AUTRES GPL LNG

Source : Alfred Charles SOCKATH : Potentiel et valorisation des ressources


gazières, CIEHC2, avril 2014, page 32

1. Valoriser le gaz à des fins pétrochimiques


A court terme on peut :

- produire les engrais azotés (Urée, NPK,…). Les engrais azotés font partie des
produits de la pétrochimie du fait que ce sont les hydrocarbures qui fournissent
l‟hydrogène nécessaire à leur préparation. En pratique, ces produits, dont on fixe la
valeur par la teneur en azote qu‟ils contiennent, sont utilisés à l‟état de cristaux
solides, en les mélangeant le plus souvent avec d‟autres composés phosphorés ou
potassiques, nécessaires à l‟entretien des sols cultivés. Dans certains cas, on
pratique directement l‟injection dans le sol d‟ammoniac gazeux ou liquéfié. C'est
aussi à partir du méthane qu'on synthétise l'ammoniac (NH3) et l'urée (CO(NH2)2),
qui sont le point de départ de l'industrie des engrais.

- Produire le Méthanol. Le méthanol est une entité moléculaire pouvant servir de


base à d‟autres produits tels que l‟acide acétique et le formaldéhyde. Il est utilisé
dans de nombreuses applications, notamment les plastiques, les peintures, les
122
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

colles et les produits pharmaceutiques. Le méthanol est utilisé de plus en plus dans
de nouvelles applications telles que la dénitrification des eaux usées, le biodiesel,
les mélanges d‟essence et les piles à combustible59.

Dans le domaine de la lubrification, il s‟agit de :

- renforcer les capacités actuelles de la Société des Lubrifiants des Produits


Agricoles Chimiques (SOLUPAC) tout en encourageant la construction des
nouvelles usines de fabrication des lubrifiants et d‟autres produits chimiques
agricoles pour faire face aux besoins du secteur de l‟agro-industrie.

Le gaz et le naphta dont dispose le pays, sont des atouts indéniables en tant que
matières premières pour le développement de l‟industrie pétrochimique. En effet,
l‟industrie de la pétrochimie, en tant qu‟industrie industrialisante, est disposée à
créer plus d‟emplois dans la chaine pétrolière au Congo.

A moyen et long terme Il s‟agit donc de :

- mettre en place une unité de vapocraqueur (la pyrolyse, ou craqueur à la vapeur,


source d‟hydrocarbures insaturés et aromatiques) flexible capable de traiter les deux
matières premières citées ci-dessus. De ce fait il est nécessaire par une étude de
faisabilité de voir la possibilité de l‟annexée à la CORAF pour profiter des synergies
bénéfiques qui peuvent être développés en termes de coûts d‟approvisionnement en
naphta ou simplement des toutes externalités positives de cette proximité. Les
matières premières issues des hydrocarbures gazeux, le méthane, constituant
l‟essentiel du gaz naturel, est particulièrement apte à fournir l‟hydrogène nécessaire
à la fabrication des engrais ; il contient, en effet, de tous les hydrocarbures, le
pourcentage le plus élevé en hydrogène (H/C = 4). Il peut aussi être utilisé dans la
fabrication des polymères, par l‟intermédiaire de l‟acétylène obtenu par
décomposition du méthane à haute température ou sous l‟arc électrique 60.

Souvent associés au méthane dans les gisements de gaz naturels, l‟éthane, le


propane et le butane peuvent constituer d‟excellentes matières premières pour la
synthèse chimique.
Les gaz associés, le gaz naturel ou le gaz de raffinage disponibles au pays sont
autant de matières premières qui peuvent servir au décollage de la pétrochimie.
Avec des applications de la chimie organique appropriées, on peut aboutir, avec les
fibres synthétiques pour la fabrication du nylon et autres, au développement de
l‟industrie textile, à travers les caoutchoucs de synthèse, à l‟industrie pneumatique
et automobile, à l‟industrie pharmaceutique et de l‟esthétique, à la fabrication des
plastiques et ses dérivés, à l‟essor de l‟électroménager, de la fabrication des
détergents, des plastifiants, des additifs interviennent dans la formulation des

59
https://www.methanex.com/sites/default/files/safety/what-is-methanol
60
http://memoirelyceen.free.fr/sciences/chimie/td/fibresenuniv.htm, 1995
123
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

essences, des huiles lubrifiantes, etc.

- réaliser une véritable étude du marché pour garantir les débouchés potentiels au
niveau local et continental. Pour une meilleure rentabilité d‟un vapocraqueur ou
l‟épanouissement d‟une industrie pétrochimique, le marché doit être d‟une certaine
taille critique.
Des considérations économiques (importance des investissements, contraintes dues
aux productions liées aux fluctuations particulières des marchés) ont été jusqu‟ici un
obstacle à la réalisation intégrale de tels complexes pétrochimiques. C‟est pour cette
raison, vu l‟étroitesse du marché local, qu‟une importante prospection doit être
menée dans la sous-région, en Afrique ainsi que dans les pays émergents d‟Asie en
vue de définir les besoins à satisfaire. De ce fait un dispositif de coopération devrait
être monté pour étudier concrètement la question.
L‟étude du marché est donc un préalable pour la survie de l‟industrie pétrochimique
au Congo, en dehors du fait qu‟elle peut engendrer des effets d‟entrainement
importants dans la renaissance industrielle du pays.
Ensuite, il sera nécessaire de :
- faire également une étude comparée des expériences d‟autres pays africains
comme la Côte d‟Ivoire et l‟Algérie pour se prémunir contre les goulots
d‟étranglement économiques liés aux coûts de production, de transport ou
simplement aux risques de gestion. Pour cela, un cadre institutionnel devrait être
bien défini pour éviter les défaillances de gouvernance et rendre ce sous-secteur
compétitif.

2. Valoriser le gaz à des fins énergétiques


Pour garantir la fourniture de gaz aux Centrales électriques, il est impérieux de :

- de se prémunir contre le risque de pénurie en gaz par l‟intensification de la


recherche, la réduction profonde du torchage, l‟augmentation du la récupération en
mettant en synergie tous les champs à fort potentiel gazier ;

- d‟augmenter la capacité de production de l‟électricité en passant de 350 à 450 MW


dans un premier temps puis à 600 après en augmentant l‟export Mboundi vers la
Centrale Electrique du Congo (CEC) 4millions de Sm3/j à 6 millions Sm3/j ou plus,
par exemple, vu les l‟importance des besoins de sans cesse croissants. L‟objectif à
long terme, est 1000 MW dont 900 pour la centrale Electrique du Congo et 100 MW
pour la centrale de Ndjéno61 ;

- Fournir du gaz aux futures zones franches ou zones économiques spéciales en


création en dimensionnant les besoins avant de mettre en place les infrastructures
de transport ;

61
Alfred Charles SOCKATH : Potentiel et valorisation des ressources gazières, CIEHC2, avril 2014, page 36
124
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

- fabriquer les carburants légers. En travers la mise en place des unités reformage à
vapeur ou de gazéification « Un carburant de synthèse peut en théorie être produit
à partir de toute matière première contenant du carbone et de
l‟hydrogène ….comme le gaz naturel. Les étapes sont les suivantes :

2. Production d‟un gaz de synthèse (mélange de CO et d‟H) par les unités cités
ci-dessus ou oxydation partielle ;
3. Transformation de ce gaz en brut de synthèse composé de molécules
linéaires comprenant typiquement de 1 à 80 atomes de carbone (Procédé
Fischer-Tropsch) ;
4. Hydrocraquage du brut de synthèse en produits finaux (naphta, kérosène,
essence ou gazole, huiles de base pour lubrifiants, cires, produits de
spécialité). »62

- étudier la question de la valorisation énergétique du gaz dans le cadre de la sous-


région avec la CEMAC, par exemple, dont l‟avantage est de garantir le marché et la
matière première comme pour le raffinage dont on a parlé précédemment.

Axe 3 : renforcement des capacités de transport et de distribution du gaz au


Congo

5. Actualiser le cadre réglementaire du transport et de la distribution du gaz et


des dérivés.

Le nouveau code des hydrocarbures qui traite les questions du pétrole et du gaz
devra tenir compte de la spécificité de ce dernier partant des conditions de sa mise
en valeur, « de livraison, les disponibilités et les quantités à livrer, ainsi que les prix,
les spécifications du gaz au point de livraison, la propriété des moyens de transport
(gazoducs et stations de traitement), etc. En effet, le gaz et ses produits dérivés,
sous toutes leurs formes, demandent des précautions particulières, y compris pour
la sécurité des usagers »63 ;

6. Construire des infrastructures de distribution du gaz (gazoducs, dépôts,


centres emplisseurs, etc..).

En conséquence, la chaine de valeur du gaz pourra s‟étendre vers le transport


(gazoduc communs PPP/BOT), la vente (trading) pour des usines de
transformation : électricité, engrais, métallurgie, etc… et pour la fourniture aux
industries minières dont la demande est très élevée. De ce fait, il faut investir dans
les infrastructures de transport des GPL (Wagons, barges, camions et autres) et
62
www.wikipedia.org/wiki/Essence synthétique
63
Plan National de Développement Livre 1, page 144, alinéa 479
125
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

construire les nouveaux dépôts des GPL sur toute l‟étendue du territoire. La
construction des centres emplisseurs annexés ou non aux stations-service est une
priorité qui permet de vulgariser la consommation en donnant l‟accès des ménages
au butane pour la cuisson dans les départements et ainsi réduire la consommation
du bois et du charbon de bois afin de freiner les déforestations;

7. Développer les activités de trading du gaz vers les centres de transformation.

Pour cela, il est nécessaire de renforcer les capacités opérationnelles de la Société


GPL SA à participer dans les actions des futures usines de traitement du gaz pour
une réelle maitrise des activités de la chaine gazière. Le trading consistera à assurer
l‟approvisionnement du gaz naturel pour les centres de transformation ou de
traitement et la commercialisation des produits gaziers dans les meilleures
conditions économiques et de marché. Un fois de plus, la formation aux métiers du
trading est préalablement nécessaire pour avoir les habilités correspondantes. Enfin,
le développement du secteur gazier au Congo en général, et en particulier le
développement du trading gazier doit nécessaire s‟appuyer sur une véritable étude
prospective de marché (marché local dont les besoins sont estimés à environ 80
milliards de m3 et le marché sous régional ;

8. Scruter la possibilité de prendre des parts d’actions dans l’usine de


liquéfaction du gaz de la Guinée Equatoriale en lui fournissant une part de
gaz congolais dans le cadre de la CEMAC.

Cette valorisation du gaz devrait faite dans une vision sous régionale pour exploiter
les avantages comparatifs dont dispose le pays par rapport aux autres pays de la
CEMAC. La création des pôles de GNL, le développement de l‟industrie
pétrochimique, des mines…. (l‟érection d‟une pétrochimie régionale de production
d‟engrais NPK, avec le lancement d‟une à plusieurs unités s‟appuyant en plus de
l‟urée de synthèse comme au Gabon, sur les ressources de potasse et de
phosphates du Congo.

Conclusion sur les opportunités du potentiel énergétique national

Les potentialités en sources d‟énergie dont dispose le Congo sont en majorité sous
exploitées et cela nécessite une valorisation planifiée pour couvrir, non seulement,
les besoins énergétiques nationaux, mais aussi et surtout pour leur meilleure
participation au développement du pays. On peut retenir, pour l‟essentiel, ce qui
suit :

 L‟utilisation traditionnelle de la biomasse mérite d‟être modernisée par une


gestion qui prend en compte à la fois les besoins de la population et les
impacts environnementaux. De ce point de vue, la valorisation de la biomasse
passe par la cogénération (production de l‟électricité) dans les zones rurales

126
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

et forestières et par la vulgarisation des foyers améliorés en vue d‟optimiser la


consommation du charbon de bois ou du bois de chauffe pour réduire le
gaspillage et les impacts environnementaux.
 En dépit des obstacles liés la capacité de production et de distribution, les
potentialités en sources d‟énergie pour la production de l‟électricité devraient
être exploitées de façon plus optimale avec comme priorité : l‟hydroélectricité
et le thermique à gaz. Pour augmenter l‟offre et satisfaire les besoins
domestiques et d‟industrialisation sans cesse croissants, il faudra des
investissements importants tout en réduisant les pertes techniques.
 Les sous-secteurs pétrolier et gazier ont des perspectives de développement
très intéressantes avec le nouveau code des hydrocarbures. La promotion
des zones libres du domaine minier et l‟optimisation d‟exploitation des
champs matures devraient relancer la production pétrolière tout en minimisant
les impacts environnementaux et en développant le contenu local.
L‟augmentation des capacités de raffinage, de transport, de stockage et de
distribution devrait permettre de couvrir les besoins nationaux en produits
pétroliers.
 La valorisation du gaz demeure une option fondamentale de développement
du sous-secteur gazier.

Ce n‟est qu‟après avoir développé chaque source d‟énergie qu‟on peut construire un
système énergétique performant et efficace.

2.2. Secteur de l’énergie et la diversification de l’économie


nationale

Le secteur de l‟énergie contribue à hauteur de plus de 65% au PIB de la République


du Congo. Il joue un rôle prépondérant dans le financement du budget de l‟Etat et
dans le dynamisme économique observé depuis quelques années. Or le secteur
pétrolier est fortement influencé par la conjoncture internationale, qui rend
vulnérable, l‟économie nationale aux fluctuations des cours mondiaux du pétrole.
Pour ne pas exposer l‟économie aux chocs exogènes, d‟une part, et construire les
bases d‟une économie compétitive dans le chemin vers l‟émergence, d‟autre part, la
diversification des bases productives demeure la réponse la plus idoine.

La diversification de l‟économie nationale est un concept de remise en cause d‟une


structure économique reposant essentiellement sur les ressources naturelles dont la
dépendance est forte et inquiétante.

Il s‟agit donc de booster la croissance des secteurs non pétroliers et donner au


secteur énergétique un nouveau rôle, celui de moteur de la diversification par la
mise en place d’un système énergétique qui développe des synergies entre les
127
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

différentes sources énergétiques dont dispose le pays.

Il s‟agit donc dans cette démarche d‟une part, de faciliter la conception intégrée des
projets énergétiques et d‟autre part, d‟exploiter les ressources énergétiques dans
une approche de développement durable pour améliorer la qualité des
infrastructures, des produits et des services.

2.2.1. Développement des liaisons transversales au sein du secteur de


l’énergie

Il s‟agit d‟analyser les différents créneaux possibles qui permettent de développer


les synergies et établir des liens entre les différentes sources énergétiques du
pays dans le sens d‟établir « un boulevard énergétique » au sens large en vue
d‟une planification intégrée du système énergétique national. Pour cela, il faudrait :
- décloisonner les relations entre les différentes institutions en charge de la
gestion du secteur de l’énergie (Ministère des Hydrocarbures pour le pétrole et le
gaz, Ministère de l‟Energie et de l‟Hydraulique pour l‟électricité et les autres
énergies renouvelables, le Ministère de l‟Economie Forestière et du
Développement Durable pour la biomasse) et opérateurs publics ou privés
évoluant dans ce secteur en leur permettant de se rencontrer, d‟échanger et de
travailler ensemble ;
Axe 1 : mise en place d’un cadre de concertation et d’échanges permanent
entre les différentes parties prenantes (institutions, entreprises, centres de
recherches, société civile, etc.)
Ce cadre devrait d‟optimiser les choix (d‟évaluer les avantages et les
inconvénients des options et de comparer leurs conséquences) parce que la
problématique énergétique demeure la sécurité énergétique ou encore la
couverture permanente des besoins en termes d‟infrastructures, des produits et
des services.

Axe2 : développement des synergies entre les différentes sources d’énergie

Synergie pétrole-gaz

Afin d‟éviter la concurrence entre le pétrole et le gaz naturel, dans les années 60 et
au début des années 70, le prix du gaz a été finalement indexé à celui du pétrole.
« En raison de ces clauses, le prix du gaz suit constamment et automatiquement
les variations de son principal concurrent, qui varie lui-même selon l‟humeur des
marchés »64.

64
www.bfe.admin.ch/php/modules/publikationen/stream.php « Couplage du prix du gaz naturel avec celui du
pétrole »Page 2
128
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

sources : Wall Street Journal cité par www.bfe.admin.ch in « Couplage du prix du gaz naturel
avec celui du pétrole »Page 7

Ce qui fait que lorsque les prix pétroliers sont bas, comme c‟est le cas maintenant
(autour de 50 $), il serait donc profitable de valoriser le gaz localement par dans la
production de l‟électricité que de l‟exporter. Cela permettrait une certaine réduction
de coûts d‟approvisionnement en matières premières pour les centrales
thermiques à gaz.
L‟autre aspect de transversalité entre le pétrole et le gaz au Congo, c‟est la
production du gaz associé dans les champs pétroliers, ce qui prouve à suffisance
que techniquement les deux ressources sont intimement liées.
Enfin, comme vu précédemment (cf. 3.1.4.1. « Valorisation du gaz à des fins
pétrochimiques ») le lien chimique qui existe entre le gaz et la pétrochimie. Selon
les besoins du marché ou la complexité de l‟outillage de pétrochimie, il est possible
d‟alterner le gaz et le naphta comme matières premières.

Tout projet pétrolier devrait tenir compte de son impact dans le sous- secteur
gazier et vice versa parce que les deux ressources sont intimement liées. C‟est, on
l‟espère, la raison pour laquelle les autorités congolaises traitent du pétrole et du
gaz dans le nouveau code des hydrocarbures en cours.

Synergie pétrole et électricité

Produits pétroliers et production d’électricité

129
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Les centrales thermiques à base de fioul ou de gasoil sont bien la preuve que le
sous-secteur pétrolier et celui de l‟électricité entretiennent des liens très étroits qu‟il
faut optimiser. Tout projet de mise en place d‟une centrale thermique à base de
fioul ou de gasoil doit prendre en compte l‟environnement pétrolier de façon
générale et en particulier le marché des produits pétroliers, notamment la
disponibilité en quantité, en qualité et les prix qui déterminent les coûts de
matières premières.

Pour le cas du Congo, en dépit les coûts d‟opérations et de maintenance


importants, la centrale thermique de Brazzaville devra continuer à jouer un rôle
d‟appoint du fait que les coûts d‟approvisionnement des carburants (fioul et gasoil)
sont plus élevés que ceux du gaz de Mboundi, ce qui donne la priorité à la
Centrale Electrique du Congo.

Transport par pipeline et électricité

Il a été démonté que le pipeline, en dépit des coûts d‟investissement pour sa mise
en place, est le moyen de transport le plus économique, le plus sûr de tous et le
plus commode en termes de capacité. Pour ce faire, les stations de pompage
types qui permettent au pipeline de fonctionner sont composées entre autres d‟un
dispositif électrique comprenant :

- des pompes électriques


- d‟un bâtiment d‟électricité et des opérations
- d‟une sous-station électrique.

Les stations de pompage sont alimentées par des lignes électriques à haute
tension. Au maximum de la capacité de pompage, chaque station pourra
consommer jusqu‟à 15 mégawatts d‟électricité par jour, au début, et jusqu‟à 25
mégawatts à sa capacité ultime. Des transformateurs électriques, installés dans
une sous-station électrique sur le site, transformeront la tension d‟arrivée à la
valeur de tension correspondant aux moteurs des pompes. En cas de panne
d‟électricité dans une station de pompage, cela impactera sur le fonctionnement
normal du pipeline65.
Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, il y a une forte dépendance des
pipelines du pétrole brut ou des produits pétroliers à l‟électricité. Aucun projet de
construction d‟un oléoduc ou gazoduc ne peut être réalisé sans statuer sur la
question d‟alimentation ou d‟approvisionnement en électricité.

65
(http://www.oleoducenergieest.com/wp-content/uploads/2013/08/%C3%89nergie-Est-Stations-de-
pompage.pdf)
130
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Synergie gaz- électricité

Le lien entre le gaz et l‟électricité est tellement évident au Congo qu‟il serait inutile
d‟en épiloguer longuement. La Centrale Electrique du Congo et celle de Ndjéno qui
totalisent 350 MW de capacité actuelle fonctionnent à base de gaz associé au
pétrole en provenance du champ offshore de Mboundi. La contribution du gaz
dans la production d‟électricité au Congo représente autour de 52% 66 en 2014 et
est appelée à augmenter dans l‟avenir. Les perspectives d‟atteindre 1000MW en
2020, avec la contribution de la production du champ de Litchendjili et autres,
prouvent que la valorisation du gaz en électricité est un enjeu stratégique majeur
dans l‟industrialisation du pays.

Synergie gaz-biomasse
Ici, il n‟est pas question de transformer la biomasse en gaz qu‟on appelle
communément le « biogaz » mais c‟est la relation de « vase communiquant » qui
existe entre la consommation du gaz et celle de la biomasse. Le Congo est certes
potentiellement riche en biomasse, les conditions d‟accès et d‟approvisionnement
de la ressource sont plus adaptées aux ménages mais c‟est la problématique de la
déforestation qui est au centre de la stratégie gaz-biomasse. Avec une
consommation de 0.72 Mtep en 2008 et une croissance démographique annuelle
de 2.6%, on peut estimer à près d‟un million de tep, la consommation primaire de
la biomasse en 2020.
Par ailleurs, la gestion optimale de la forêt équatoriale de cuvette congolaise est
recommandation planétaire du fait qu‟elle est le deuxième poumon de la planète
après l‟Amazonie.
Parmi les solutions envisagées pour la lutte contre la déforestation, il y a la
couverture sur toute l‟étendue du territoire national en butane de cuisine comme
on l‟a vu au chapitre précédent avec la mise en place des centres d‟emplisseurs.
Plus la consommation du gaz de butane pour la cuisine est vulgarisée, moins
serait celle de la biomasse avec toute proportion gardée.

Synergie Biomasse et électricité

La cogénération ou le bois-énergie est transformation du bois en électricité.


L'électricité biomasse devrait atteindre 86 GW en 2021, ce qui en ferait la 4ème
source d'énergie électrique sur le plan mondial67. Au Congo, c‟est la Congolaise
Industrielle de Bois (CIB) qui a expérimenté cette option en produisant environ
4MW. Cette approche qu‟on peut renforcer dans certaine localité non encore

66
Rapport d’activités de la SNE, exercice 2014, page 8
67
http://www.planetoscope.com/Source-d-energie/1418-production-mondiale-d-energie-electrique-avec-de-
la-biomasse.html
131
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

couvert par la Société Nationale d‟Electricité.

2.2.2. Energie et développement durable au Congo

Axe 1 : mise en place à moyen et long terme d’un système énergétique


dominé par les énergies renouvelables

Sans participer aux débats conceptuels, on peut admettre que le développement


durable c‟est "un développement qui satisfait les besoins de la génération actuelle
sans compromettre ceux des générations futures". Mais cette définition est une
interpellation sur la gestion temporelle des ressources dont le contenu réelle sur
les orientations opérationnelles se repose sur l‟antagonisme entre les besoins
individuels et collectifs.

Les dimensions économiques et sociales du développement exigent que la


production des biens et services couvre les besoins des populations en perpétuelle
croissance. Cette exigence pour la couverture des besoins implique une forte
consommation d‟énergie comme on l‟a analysé dans les chapitres précédents pour
le cas du Congo notamment la nécessité de relancer la production du pétrole brut
et du gaz naturel, de valoriser le gaz, d‟augmenter les capacités des
infrastructures énergétiques (de raffinage, pétrochimie, de l‟hydroélectricité, etc.
Mais à côté de ces objectifs fondamentaux, il y a un autre non moins vital pour
l‟humanité qui nous oblige à vivre dans un environnement sain avec moins de gaz
à effet de serre, donc moins d‟émission de CO2. Le développement durable
consiste à concilier tous ces objectifs.

Or, le pétrole et le gaz domine le bilan énergétique du Congo entre 80 à 85 %, la


biomasse est autour de 4 à 10 %, pendant que l‟hydroélectricité se situe environ à
5 %68. Le gaz participe à près de 60% de la production nationale d‟électricité, tous
les carburants, matières premières pour le transport, sont issus du pétrole, la
biomasse est consommée au Congo par plus de 90%69 de la population parce que
facile d‟accès et moins onéreuse. La production du pétrole et du gaz est fortement
émettrice des CO2 (principaux contributeurs aux GES). Le tableau suivant montre
les sources d‟énergie les plus émettrices de CO2 et illustre que le pétrole et le gaz
demeure les plus polluantes des sources d‟énergie au Congo70.

68
http://www.congopage.com/La-contribution-de-la-biomasse-au développement durable au Congo
69
Source : IEA, 2002, citée par par Quoilin Sylvain (Août 2008) : « Energie et développement : quels enjeux? »,
Université de Liège Institut des sciences humaines et sociales
70
AIEA () : Planification énergétique intégrée pour un développement durable, page 4 et 5

132
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

Taux d'émission de différentes sources de production d'électricité

(g d’équivalent C/kW.h

Min Max

Pétrole 150 325

Gaz 100 220

Biomasse 15 40

Photovoltaïque 15 25

Hydroélectricité 5 18

Source : AIEA

L‟exploitation de la biomasse participe à la déforestation avec des effets


collatéraux néfastes tels que l'érosion des sols, le ruissellement des eaux de pluie,
etc…et finalement sur le réchauffement climatique lorsqu‟il n‟a pas une politique de
reboisement efficace.

L‟enjeu la relation entre l‟énergie et développement durable au Congo se repose


sur la nécessité voire l‟obligation de prendre en compte les dimensions
économique, sociale et environnementales de tout projet d‟infrastructures
énergétiques. De ce fait, il est nécessaire au préalable de renforcer les capacités
institutionnelles notamment l‟expertise nationale des services publics dans
l‟évaluation économique et environnementale des projets énergétiques.

Société

Pouvoirs publics
et Politiques

Environnement
Economie

Source : AIEA

La planification énergétique intégrée devra prendre en compte le caractère


133
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

épuisable du pétrole et du gaz qui domine le bilan énergétique du pays pour


orienter à long terme les politiques vers l‟exploitation des énergies plutôt
renouvelables et durables. Jean-Marc Jancovici le rappelle assez bien : « Mais il
faut bien garder à l'esprit, développement durable ou pas, que dans un monde fini
la consommation d'une ressource non renouvelable ne peut que tendre vers zéro
sur le long terme »71.

L‟autre menace qu‟on doit prendre en compte, c‟est la contribution des émissions
de CO2 d‟origine pétrolière et gazière, en dehors des autres impacts humains et
environnementaux cités plus haut, à la formation des GES qui sont, comme on le
sait, principaux responsables du changement climatique.

Ces deux menaces devraient interpeller pour une profonde réflexion sur le lien
entre « Energie » et « développement durable » et dont les actions et les mesures
devraient être prises à court, à moyen terme et à long terme en dehors de celles
énumérées plus haut.

Axe2 : mettre en place une planification énergétique respectant les principes


du développement durable

Il est nécessaire de mettre en place un dispositif permettant de compiler les


données concernant le secteur énergie, notamment les ressources énergétiques
potentielles du pays notamment le gaz naturel, le pétrole, les ressources
forestières et les ressources hydrauliques, les ressources solaires et éoliennes.

Pour les aspects économiques

 systématiser l‟évaluation économique et environnementale de tout projet


énergétique pour déterminer les effets sociaux, économiques et
environnementaux attendus. Cette évaluation permettra se fixer au
préalable sur les coûts et bénéfices, sur les avantages et inconvénients
immédiats et durables du projet. Pour cela, il sied d‟associer toutes les
parties prenantes du projet pour que tous aspects du développement
durable soient pris en compte: les pouvoirs publics, les entreprises qui
exécutent le projet, les investisseurs, les bénéficiaires ou consommateurs,
les populations environnantes du lieu du projet, etc.

 changer les modalités de financement pour le développement des


infrastructures énergétiques en favorisant le financement privé par émission
des obligations et/ou en libéralisant totalement et effectivement toute la
chaine de valeur du secteur de l‟énergie l‟exige le cadre juridique actuel afin

71
http://www.vedura.fr/environnement/energie, Jean-Marc Jancovici, Energie et développement
durable, texte paru dans la revue du Palais de la Découverte de juillet août 2003
134
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

d‟attirer les investissements privés et de favoriser la concurrence;

 créer les conditions favorables pour l‟accessibilité sur toute l‟étendue du


territoire national à l‟énergie (carburants, gaz, électricité, bitume, etc.)
notamment par les services abordables, par le renforcement des réseaux et
des infrastructures de distribution, des prix abordables mais qui tiennent
compte des coûts d‟approvisionnement, etc.

Pour les aspects sociaux

 renforcer la sécurité énergétique en diversifiant les sources (hydroélectricité


avec les nouveaux projets comme Sounda, renforcement de Moukoukoulou,
Djoué, le solaire à Oyo, biocarburant, biomasse, etc.) tout en donnant la
priorité aux ressources locales pour réduire la dépendance extérieure et
tout en prenant en compte les menaces d‟épuisement des ressources, les
coûts, les impacts environnementaux (GES et déforestation) en vue de
réduire les importations (produits pétroliers et électricité de la RDC);

 sensibiliser à l‟efficacité énergétique par la modification des modes de


consommation de l‟énergie en encourageant et incitant à la consommation
des énergies propres telles que les carburants à indice d‟octane élevé, le
butane, des foyers améliorés pour rendre plus efficace la consommation du
charbon de bois, car ils permettent de produire davantage d‟énergie avec
moins de charbon de bois, l‟utilisation domestique plus économique de
l‟électricité

Pour les aspects environnementaux

 encourager des productions des énergies durables (renouvelables), des


réformes institutionnelles en incitant par des facilités diverses (impôts,
subventions, taxes, etc..) pour influencer et orienter le système énergétique
nationale vers une transition énergétique plus durable et plus verte. Pour
cela, pour réduire la part des énergies fossiles, il est nécessaire à moyen et
long terme d‟augmenter la part de l‟hydroélectricité à plus de 5% à 40% d‟ici
2022, de la biomasse par la cogénération dans les industries de
transformation de bois (tout en veillant sur la politique de conservation et de
reboisement) ou à partir de la bagasse (résidus des cannes à sucre) ou de
déchets de noix de palme;
 inciter et encourager les opérateurs privés dans le développement des
énergies renouvelables par des subventions ou d‟autres facilités, comme le
solaire dont la production est encore timide ;
135
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

 encourager les changements technologiques sur tous les processus


d‟activités (exploration, extraction, génération transformation, transport,
distribution et consommation) allant dans le sens d‟efficience et
d‟accessibilité de l‟énergie, de la réduction des impacts environnementaux
par la vulgarisation de l‟analyse du cycle de vie ;
 renforcer le cadre réglementaire en matière des impacts environnementaux
du système énergétique national qui nécessite une vigilance accrue et une
fermeté de la part des pouvoirs publics;

Conclusion du chapitre 2

Il s‟est agi dans ce chapitre, d‟analyser quelques différentes pistes qui peuvent
permettre de créer des synergies entre les différentes sources d‟énergie dont
dispose le Congo en vue de mettre en place un système énergétique flexible
capable de couvrir les besoins actuels et futurs.

En dehors des spécificités propres à chaque source d‟énergie, les différents liens
qui existent entre elles, devront se renforcer et se développer par des réformes
institutionnelles, par le développement des infrastructures, par les investissements
en matière de recherche et développement, etc. Ce n‟est qu‟avec un système
énergétique performant que le secteur de l‟énergie participera à la diversification
de l‟économie congolaise.

Enfin, finalement le système énergétique congolais est fortement influencé par les
énergies fossiles (80 à 85%) qui mérite, à moyen et long terme, une transition
énergétique à forte dominance en énergies renouvelables pour être en conformité
avec les principes du développement durable. Cela passe par un équilibre ou un
sage dosage entre les objectifs économiques, sociaux et environnementaux dans
l‟exploitation des ressources énergétiques nationales.

136
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

4 Conclusion générale

Le point central de la problématique énergétique du Congo c‟est le paradoxe


inexplicable entre les potentialités énergétiques dont dispose le pays et la couverture
effective des besoins énergétiques nationaux. Des réserves importantes en pétrole
et en gaz, une hydrographie abondante, des forêts denses et qui couvrent 70% de la
superficie du pays, un soleil digne d‟un climat équatoriale, etc…, devraient permettre
de satisfaire tous les besoins énergétiques nationaux et sous régionaux.
De l‟état de lieux effectué dans le secteur de l‟énergie au Congo, on peut retenir la
réalité suivante :

 Dans le sous-secteur de la biomasse, il y a une exploitation traditionnelle de la


biomasse. La biomasse, essentiellement du bois de chauffe et de charbons
de bois, est utilisée en majorité par 80% des ménages du Congo pour les
besoins de cuisson et de chauffage parfois d‟éclairage à certaines zones. La
cogénération est encore embryonnaire et est réalisée par un producteur
indépendant à titre d‟autoconsommation.

 Dans le sous-secteur de l‟électricité, il y a un déficit de l‟offre avec des réels


problèmes de capacité disponible (194 MW sur 14 000 MW sont valorisés) qui
fait du Congo, le deuxième pays dont les pertes sont les plus importantes au
monde. Aussi, 48% (voire moins, selon d‟autres sources) seulement des
ménages ont accès à l‟électricité et les délestages sont constamment
constatés dans les grandes villes. Cette triste réalité est le fait de la vétusté
des installations techniques de production et de transport, et des obstacles
liés à la commercialisation, malgré la mise en fonctionnement des deux
centrales thermiques à gaz à Pointe-Noire depuis trois ans.

 En dépit du fait que le sous-secteur pétrolier au Congo procure à l‟Etat près de


70% de ses revenus, le contenu local reste très faible, les impacts
environnementaux sont évidentes, la part de la production du pétrole brut
consacrée à la transformation locale est très faible (5%) et le reste totalement
exporté (et représente 90% des exportations du pays). Cette faible part
affectée à la transformation locale est le fait également de l‟insuffisance des
capacités de raffinage qui ne couvre qu‟entre 60 à 70% des besoins nationaux
en produits pétroliers et le reste par les importations.
 une très faible valorisation du gaz malgré l‟immense potentialité en réserves,
 un très faible développement des autres énergies renouvelables (solaire,
éolienne, etc.).

Fort de ce qui précède, l‟analyse FFOM révèle que le secteur énergétique du Congo
présente des opportunités très intéressantes de développement qui peuvent
tournées autour des orientations stratégiques suivantes :

- la biomasse mérite d‟être valorisée par :

137
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

 la production d‟électricité (cogénération) pour combler le déficit de l‟offre


d‟électricité observée dans les zones rurales,
 l‟utilisation plus rationnelle du bois de chauffe et du charbon de bois à travers
la vulgarisation des foyers améliorés et
 l‟exploitation d‟autres sources telles que : la canne à sucre par l‟exploitation de
la bagasse et de l‟éthanol domestique comme énergie pour la cuisson, les
déchets forestiers, les déchets ménagers.

- Il est nécessaire de :

 renforcer les capacités de l‟offre avec comme prioritaires à court et moyen


terme, l‟hydroélectricité et le thermique à gaz pour faire face aux besoins
sans cesse croissants,
 analyser et de réduire les pertes d‟électricité, et
 augmenter le taux d‟accès à l‟électricité par le renforcement des
infrastructures de transport et distribution.

- la révision du cadre juridique et fiscal en cours, on pourrait permettre de :

 relancer l‟exploration des zones libres du domaine minier et la production avec


la mise exploitation du champ de Moho-Nord,
 augmenter les capacités de raffinage par un renforcement des performances
de la CORAF ou la mise en place d‟une nouvelle raffinerie pour couvrir la
demande nationale et extérieure en produits raffinés.
 développer le local content avec un accent particulier sur la formation des
ressources nationales tout en renforçant des mesures et des actions de lutte
contre la pollution pétrolière,
 renforcer les infrastructures de transport de stockage et de distribution des
produits pétroliers.

- le gaz devra être un sous- secteur d‟avenir pour l‟industrialisation du Congo. Pour
cela, il est nécessaire de :

 augmenter la production du gaz par l‟amélioration de la récupération du gaz


associé au pétrole et par la mise en production des champs spécifiquement
gaziers ;
 renforcer la valorisation du gaz au Congo à travers les multiples
transformations dont il peut faire l‟objet : l‟électricité, matières premières et
combustible pour l‟industrie (minière et manufacturière), la pétrochimie,
l‟agriculture et d‟autres produits gaziers comme le GPL, le GNL et le GTL.

Une fois que toutes les sources d‟énergie sont développées de façon optimale, il est
nécessaire de :

- renforcer et créer des synergies entre ces différentes sources d‟énergie pour la
mise en place d‟un système énergétique diversifié capable de satisfaire les besoins
actuels et futurs. Ce système énergétique devra jouer le rôle de moteur pour
138
Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

l‟industrialisation et de la diversification de l‟économie nationale à travers une


planification intégrée avec les besoins des autres secteurs de l‟économie.

Enfin, à long terme, le système énergétique congolais devrait

- être orienté vers une transition énergétique donnant la priorité aux énergies
renouvelables comme l‟hydroélectricité, la biomasse, le solaire (dont l‟ensoleillement
est de 12h par jour et peut contribuer la satisfaction des besoins d‟énergie) ou
l‟éolienne, plus respectueuses du développement durable.

Pour atteindre ces objectifs, un certain nombre de mesures et d‟actions devraient


être mise en œuvre :

 les reformes juridiques et institutionnelles pour améliorer la gestion et le climat


des affaires,
 la libéralisation de tous les secteurs de l‟énergie pour booster la compétitivité
 le renforcement du partenariat public-privé pour la mise en œuvre des
infrastructures énergétiques ;
 les investissements conséquents pour la mise en place des nouvelles
infrastructures énergétiques après une profonde analyse économique qui
prend en compte les coûts et les bénéfices attendus.

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Energie pour l’émergence du Congo : Stratégies énergétiques du Congo 2015-2025

BIBLIOGRAPHIE

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