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P.J. : Annexe 1 : Rapport interne DRIRE du 7 juillet 2008 portant sur l'analyse
initiale de l'étude de dangers
Annexe 2 : Analyse des propositions de l'étude technico-économique
Annexe 3 : Projet d'arrêté complémentaire visant à prescrire des mesures
complémentaires de réduction des risques
Introduction :
Dans le cadre de l'instruction de l'étude de dangers (EDD) pour la prescription du plan de
prévention des risques technologiques (PPRT) sur le site de BUTAGAZ à ROGNAC, l'inspection
des installations classées a demandé à l'industriel, après une analyse initiale du dossier, de
revoir la méthode d'évaluation de la probabilité en s'appuyant sur des mesures de maîtrise
des risques acceptables au sens de l'article 4 de l'arrêté du 29 septembre 2005.
De plus, la gestion de la ressource en eau pour lutter contre les risques d’incendie n'étant
pas précisément détaillée dans la version de décembre 2007 de l'EDD, il a été demandé à
l'exploitant de reprendre le chapitre 9 de l’EDD.
Enfin, par arrêté préfectoral en date du 4 juin 2008, il a également été demandé à
l'exploitant de réaliser une étude technico-économique sur une réduction complémentaire
des risques.
Tous les compléments demandés ont été remis au plus tard le 17 décembre 2008 et sont
analysés dans le présent rapport.
• Rappel du contexte :
L'analyse de l'évaluation de la probabilité fait l'objet du chapitre 7.2 du rapport interne de la
DRIRE du 7 juillet 2008 cité ci-dessus et joint au présent document (annexe 1).
La méthodologie de type semi-quantitative est basée sur l'évaluation de la fréquence d'un
événement initiateur et des niveaux de confiance des mesures de maîtrise des risques
(MMR) associées. La méthode a fait l'objet de nombreuses remarques portant notamment sur
les fréquences retenues des événements initiateurs et sur les MMR retenues qui n'en sont pas
au sens de l'arrêté du 29 septembre 2005 (article 4 : testabilité, maintenance, efficacité et
cinétique adaptée) ainsi que sur les attributions de leurs niveaux de confiance.
Les mesures de conception, entretien et maintenance des équipements ainsi que la formation
des agents ne peuvent être considérées comme des MMR au sens de l'arrêté du
29 septembre 2005, l'exploitant propose donc de les intégrer dans les fréquences des
événements initiateurs.
Les MMR sont revues et font l'objet de nouvelles fiches de description qui aboutissent à la
détermination des niveaux de confiance (annexe 3 du complément de septembre 2008).
La fréquence des événements redoutés (perte de confinement suite à une rupture pleine
section, suite à un BLEVE de citerne mobile, …) est requalifiée (annexe 2 du complément de
septembre 2008).
Les fréquences des événements initiateurs et les niveaux de confiance des MMR adéquates
sont agrégés pour donner le niveau de probabilité des phénomènes dangereux (annexe 4 du
complément de septembre 2008).
La détermination des fréquences des événements initiateurs semble être directement issue
de l'analyse précédente de la version de l'EDD de décembre 2007. Or les fréquences des
événements initiateurs n'étaient pas solidement démontrées comme le précise l'extrait d'une
étude INERIS sur l'évaluation de la détermination de la probabilité sur des centres GPL de
PACA commanditée par la DRIRE PACA.
"La classe de fréquence des événements initiateurs (autres que des effets domino) est
généralement fixée à [10-1, 1] an-1 . Cette classe de fréquence est jugée à tort pénalisante par
BUTAGAZ du fait d’une confusion entre les notions de probabilité et de fréquence lors de la
caractérisation des événements initiateurs. Or, c’est bien la fréquence d’occurrence des
événements initiateurs qui nous intéresse et non leur probabilité d’occurrence. Si la valeur
maximale d’une probabilité est 1, une fréquence peut varier de 0 à l’infini. Ainsi, tout événement
ayant une fréquence d’occurrence annuelle supérieure à 1 aura nécessairement une probabilité
d’occurrence égale à 1. La classe retenue par défaut par BUTAGAZ n’est donc pas pénalisante."
L'inspection a noté lors d'échanges avec les autres DRIRE lors du groupe de travail national sur
les dépôts de GPL et sur les autres EDD analysées dans la région que toutes les méthodes
employées conduisent à des évaluations de niveau de probabilité très bas sur les centres
emplisseurs. Cette constatation a été soulignée dans le rapport de l'INERIS cité ci-dessus.
En conclusion, devant les nombreuses incertitudes liées à l'évaluation de la probabilité des
phénomènes dangereux, l'inspection des installations classées propose de retenir les
valeurs probabilité affichées par l'industriel pour l'analyse de la maîtrise du risque et pour
la prescription du PPRT, sauf pour les postes de chargement wagons.
En effet, les accidents susceptibles de se produire au niveau des postes de chargement des
wagons, décrits dans l'EDD et les compléments, agrègent sans justification des événements
qui peuvent se produire simultanément sur 6 postes différents (voire 7 si on compte le poste
de déchargement qui se situe à proximité) et ne tiennent surtout pas compte des effets
"dominos" entre chacun des wagons. Pour cette raison, la probabilité affectée aux accidents
liés aux postes de chargement des wagons est réévaluée à D.
Les accidents de BLEVE wagons aux postes de chargement et de rupture guillotine des bras de
chargement ou déchargement wagons sont reclassés en probabilité D.
L'exploitant souhaite également éliminer du champ du PPRT les BLEVE des wagons, cette
proposition n'est pas retenue par l'inspection des installations classées. Pour les BLEVE des
wagons en stationnement, même si la probabilité de l'ensemble est estimée en classe E en
application de la circulaire du 23 juillet 2007, aucune MMR n'est affichée comme réellement
efficace pour lutter contre les effets d'un jet enflammé ; aussi, on ne peut pas trouver 2
mesures techniques qui permettent de limiter l'accident de BLEVE du wagon lié à une fuite
générant un jet enflammé sur la zone de stationnement des wagons.
Pour les wagons au poste de chargement, le fait de réévaluer la classe de probabilité en D ne
permet pas d'appliquer les critères d'exclusion de la circulaire du 3 octobre 2005.
De plus, les accidents proposés par l'industriel sont largement agrégés sans que les règles
soient clairement expliquées. Il faut notamment entendre par BLEVE, l'agrégation des BLEVE
des capacités mobiles à tous les postes (chargement, déchargement et stationnement) même
si les postes ne sont pas situés physiquement au même endroit. La position de l'inspection sur
le niveau de probabilité des BLEVE des wagons aux postes de chargement oblige à dissocier
les accidents de BLEVE des wagons au chargement (probabilité D) et des BLEVE en
déchargement ou au stationnement (probabilité E).
Enfin, les distances d'effet affichées par l'exploitant sont les distances majorantes basées
selon le cas sur des rejets de butane ou de propane, les accidents sur tuyauteries sont
systématiquement agrégés par faisceaux.
Gravité /
E D C B A
Probabilité
- BLEVE wagon stationnement - BLEVE wagons
- VCE suite rupture guillotine aux postes de
tuyauterie de pomperie chargement
Désastreuse (D≥3″) - VCE suite à
- Jet enflammé suite rupture arrachement bras
guillotine tuyauterie de de chargement
pomperie (DN≥80) wagon
- BLEVE camion
- VCE suite à arrachement bras - Jet enflammé
de chargement camion suite à
- Jet enflammé suite à arrachement bras
Catastrophique arrachement bras de de chargement
chargement camion wagon
- VCE suite au relâchement
inventaire maximal
Important
Sérieux Explosion du hall d'emplissage
VCE suite rupture
guillotine tuyauterie
Modéré de pomperie (DN<80)
Suite à la réalisation des travaux prescrits par le projet d'arrêté présenté à l'annexe 3 :
- Le BLEVE des wagons déplacés au poste actuel de stationnement n'impactera plus
la zone pavillonnaire des Bories au nord du site mais impactera la voie ferrée sur
environ 500 mètres et une habitation au sud de l'établissement pour les effets
létaux significatifs, ce qui néanmoins maintient une gravité désastreuse (>10
personnes exposées).
Il résulte de cette grille, 1 accident en case NON (gris foncé) et 3 accidents en case MMR2
(gris moyen). Pour l'accident restant en en case NON, l'exploitant ne peut pas proposer de
mesure de maîtrise des risques complémentaire pour le faire sortir de cette case. Donc, seul
le P.P.R.T. pourra éventuellement parvenir à lever cette incompatibilité comme le précise la
circulaire du 29 septembre 2005.
Le projet d'arrêté complémentaire ci-joint propose d'acter cette réorganisation proposée par
l'exploitant. Toute modification ultérieure devra faire l'objet d'une analyse préalable de la
part de l'exploitant.
Gestion de la ressource en eau en cas d'incendie
Dans la version de décembre 2007 de l'étude de dangers, l'exploitant n'a pas démontré que sa
ressource en eau était maintenue pendant 4 heures pour le scénario dimensionnant. Dans les
compléments du mois de septembre 2008, le chapitre 9 de l’EDD a été révisé : il s’agit de
l’annexe 5 du complément.
L’exploitant estime que sur les bases de l’API 2510, sur une capacité impactée par un flux
thermique, le dispositif "arrosage par aspersion fixe de 5l/m².mn. + 2 canons incendie
orientés sur cette zone" est équivalent à un débit de 10l/m².mn par arrosage fixe par
aspersion sur la capacité impactée. L'exploitant propose de généraliser cette configuration à
l'ensemble du site (wagons et camions).
Il propose la mise en place de rampes d'arrosages fixes sur la zone de
chargement/déchargement des camions, actuellement équipée seulement de lances et
canons.
Donc, en cas de déclenchement d’alarme incendie, l'exploitant propose une mise en route de
l’ensemble des rampes d’arrosage fixes du site à un débit de 5l/m².mn.
Au démarrage, l'exploitant met en route l'arrosage à 5l/m².mn sur les wagons et camions,
ainsi que le rideau d'eau autour des réservoirs sous talus, l'arrosage de la pomperie et
l’arrosage du réservoir de méthanol. Il semble qu'un temps de 15 minutes soit raisonnable
pour analyser la situation et concentrer l'arrosage sur les zones concernées par l'incident
(zones impactées).
Le débit sur les zones impactées est alors porté à équivalence de 10l/m².mn. L'arrosage fixe
est arrêté sur les zones non impactées.
Selon ces dispositions, les besoins sont évalués dans le tableau suivant :
Incident aux postes
Démarrage Incident centré sur
de chargement
(5l/m².mn sur les camions
Postes d'arrosage déclenchement d’alarme (dispositif équivalent à
wagons
et pendant une période de 10l/m².mn sur les postes (dispositif équivalent à
15 minutes) camions impactés) 10l/m².mn sur les postes
wagons impactés)
Camion PV (1 poste) 11 m3/h 11 m3/h 0
Camions GP (2 postes) 2*22 m3/h 2*22 m3/h 0
Wagons en chargement (6
300 m3/h 0 300 m3/h
postes)
Rideau d'eau RST 135 m3/h 135 m3/h 0
Pulvérisateurs pomperie 50 m3/h 50 m3/h 0
Stockage méthanol 21 m3/h 21 m3/h 0
Canons (2) 0 160 m3/h 160 m3/h
TOTAL 561 m3/h 421 m3/h 460 m3/h
Dimensionnement des
600 m3/h 600 m3/h 600 m3/h
pompes incendie
Consommation minimale
sur 15 minutes pour le 140,25 m3
démarrage
Consommation pour 4
1719 m3 1865,25 m3
heures
Réserve en eau 1374 m3 1374 m3 1374 m3
550 m3/h avec 550 m3/h avec 550 m3/h avec
Débit d'alimentation des
quantité d’eau maxi quantité d’eau maxi quantité d’eau maxi
réservoirs par le réseau
d’approvisionnement d’approvisionnement d’approvisionnement
ville
à 600 m3 à 600 m3 à 600 m3
Réserve assurée pour Réserve assurée pour
4 heures avec 4 heures avec
réapprovisionnement réapprovisionnement
Sur la base du scénario consommant la quantité la plus importante d'eau (incendie sur les
postes wagons), le dispositif mis en place par l'exploitant permet d'assurer un arrosage
pendant la durée réglementaire de 4 heures :
Néanmoins, il demeure 1 accident côté en case NON pour lequel il n’existe pas de mesure
de maîtrise des risques complémentaire suffisante pour le faire sortir de cette case. En
conséquent, seul le P.P.R.T. pourra éventuellement parvenir à lever cette incompatibilité
ainsi que le précise la circulaire du 29 septembre 2005
L'Inspection des Installations Classées propose d'orienter la stratégie du P.P.R.T. pour
qu'elle permette de définir des mesures propres à lever cette incompatibilité.
En tout état de cause, à l'approbation du P.P.R.T., une nouvelle situation sur
l’acceptabilité des risques de l’établissement devra être présentée, en tenant compte des
mesures (mesures foncières ou mesures supplémentaires de réduction du risque à la
source) qui auront été ainsi retenues.
La présentation de cette nouvelle situation devra permettre de statuer sur l’acceptabilité
du voisinage de l’établissement et de son environnement