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Architecture stalinienne
L'architecture stalinienne
(en russe : Ста́линский Ампи́р),
ou style impérial stalinien,
classicisme stalinien, ou
encore gothique stalinien,
sont les noms donnés à
l'architecture de l'Union
soviétique entre 1933, quand
les esquisses de Boris Iofane
pour le palais des Soviets
furent officiellement
approuvées, et 1955, quand
Nikita Khrouchtchev
condamna les « excès » des
décennies passées et a dissous
l'Académie soviétique Université d'État de Moscou
d'architecture.
Théâtre de Ryazan
Architecture stalinienne 2
Traits caractéristiques
Dans la politique soviétique de rationalisation du pays,
toutes les villes devaient être reconstruites selon un
nouveau plan d'urbanisme. Chacune était divisée en
arrondissements découpés selon la géographie des
villes. Des projets étaient établis pour les
arrondissements entiers, transformant en profondeur
l'aspect architectural des villes.
Technologie
En terme de méthodes constructives, la plupart des
édifices cachent de simples murs de brique, sous leurs
décorations en stuc riches et chargées ; font exceptions
les maisons à demi-panneaux en béton d'Andéry Bourov
(comme l'immeuble en dentelle, 1939-41) et les grosses
constructions comme les gratte-ciel staliniens pour
lesquels le béton était plus approprié. La maçonnerie
impliquait naturellement des fenêtres étroites et laissait
donc de larges surfaces de mur à la décoration. Des
finitions en terre cuite ignifuge commencèrent à être
introduites au début des années 1950[2] mais étaient
[3]
Maçonnerie recouverte de stuc. rarement utilisées en dehors de Moscou. La plupart
Premiers immeubles pour l'élite, étang des toitures étaient constituées de treillis en bois
des patriarches à Moscou. Une traditionnels couverts par des feuilles métalliques.
adaptation de l 'Art déco de Vladimir
Vladimirov Vers 1948, les technologies constructives
s'améliorèrent – du moins à Moscou – à mesure que des
procédés plus rapides et moins chers devenaient
disponibles. Les maisons devinrent aussi plus sûres
grâce à la fin des planchers et des cloisons en bois. Les
immeubles standardisés de 1948-1955 offraient le
même niveau d'habitabilité que les constructions
staliniennes classiques et sont considérés de même
niveau par les agents immobiliers d'aujourd'hui, mais
ne peuvent pas entrer dans le corpus du « style
Sanatorium à Saratov, une application stalinien ». Idéologiquement ils font partie de l'habitat
provinciale très répandue du style
de masse et constituent un échelon annonçant les
stalinien
Khrouchtchevovkas.
Corpus
L'architecture stalinienne ne peut se confondre avec tout ce qui fut construit sous son
règne. Elle se caractérise par une maçonnerie exigeante en capacité de travail et en délai,
et ne pouvait convenir aux impératifs de la construction de masse. Quand vint le temps de
la crise du logement, son manque d'efficacité signait la fin de l'architecture stalinienne et
une conversion à la construction de masse généralisée alors même que Staline était
toujours vivant et en fonction.
Bien que Staline ait rejeté le Constructivisme, l'achèvement de bâtiments constructivistes
s'est poursuivi dans les années 1930. La construction industrielle, poussée par Albert Kahn
et plus tard supervisée par Viktor Vesnine,[4] était fortement influencée par les idées
modernistes. Elle n'était pas si importante dans les plans d'urbanisme de Staline, c'est
pourquoi beaucoup de ces bâtiments industriels (sauf les grands projets comme le canal de
Moscou) ne tombent pas dans la catégorie d'architecture stalinienne. Même les premières
phases du métro de Moscou, terminées en 1935, n'entrèrent pas dans le champ d'intérêt de
Staline, et donc comprennent des apports constructivistes substantiels.[5]
Architecture stalinienne 4
Le contexte (1900-1931)
Avant 1917, le scène architecturale russe était divisée
entre les Russky Modern (une interprétation locale de
l'Art nouveau, surtout à Moscou) et le renouveau
néoclassique (plus important à Saint-Pétersbourg).[6]
L'école néoclassique formait des architectes bien
aguerris comme Alekseï Chtchoussev, Ivan Zholtovsky,
Ivan Fomine, Vladimir Chtchouko et Alexandre
Tamanian[7] ; au moment de la Révolution, ils étaient Immeuble sur le quai de Boris Iofane,
1931. Une résidence pour l'élite
déjà des quadragénaires et étaient déjà bien établis stalinienne, mais pas encore de
professionnellement, ils avaient leur propre agence, l'architecture stalinienne.
leur école et leurs adaptes. Ces figures vont devenir les
patriarches de l'architecture stalinienne et produiront les meilleurs exemples de ce style.
Une autre mouvance qui émergea après la Révolution fut appelée constructiviste. Quelques
uns de ces constructivistes (comme les frères Vesnine) étaient de jeunes professionnels qui
s'étaient établis avant 1917, alors que les autres terminaient juste leurs études (comme
Constantin Melnikov) ou n'en avaient pas fait. Ils se regroupèrent ensemble autour de
mouvements d'artistes modernes très visibles, compensant leur manque d'expérience par
une exposition publique importante. Quand la NEP amena la nation dans une période de
reconstruction après-guerre, cette publicité fut payante et ils accédèrent à la commande
réellement. Mais l'expérience ne vient pas en une nuit, et beaucoup de leurs édifices furent
critiqués pour leurs plans non-rationnels, les dépassements de budget et la faible qualité de
construction.[8] '[9]
Pendant une courte période au milieu des années 1920, la profession architecturale a
procédé à la manière ancienne, avec des agences privées, des concours internationaux, des
compétitions et des débats houleux par presse spécialisée interposée. Les architectes
étrangers étaient les bienvenus, surtout vers la fin de cette période, quand la Grande
Dépression les laissait chez eux sans commande. Parmi eux on peut citer Ernst May, Albert
Kahn, Le Corbusier, Bruno Taut et Mart Stam.[10] La limite entre les architectes
traditionalistes et les constructivistes n'était pas réellement bien définie. Zholtovsky et
Chtchoussev employaient des modernistes en tant que cadets pour leur projets,[11] en
même temps qu'ils incorporaient des innovations constructivistes dans leurs propres
projets.[12]
L'urbanisme se développa à part. La crise du logement dans les grandes villes et
l'industrialisation de zones lointaines amenaient à la construction de masse, l'aménagement
de nouveaux territoires et le reconstruction de vieilles cités aussi. Des théoriciens
conçurent une variété de stratégies qui généra des discussions politisées et passionnées
sans beaucoup d'impact dans la pratique ; l'intervention étatique était imminente.
Architecture stalinienne 5
aussi des constructivistes : Ilya Golossov, Panteleimon Golossov, Nikolaï Kolli, Constantin
Melnikov, Viktor Vesnine, Moisei Ginzbourg et Nikolaï Ladovski. Ceci va asseoir une
importante façon de faire qui va durer jusqu'en 1955. Staline a choisi Iofane sur un projet,
mais il gardait tous ces architectes rivaux à son service. Comme Dimitry Khmelnitsky le dit,
« la comparaison avec l'architecture nazie fonctionne jusqu'à un certain degré mais se
butte à une différence de taille. Staline n'a jamais promu qu'un seul architecte ou adopté
qu'un seul style, comme Hitler avait pris Speer. Aucun groupe élitaire n'a pu se déclarer
vainqueur [...] ni les constructivistes, ni les traditionnalistes [...] Staline se fabriquait ses
"Speer" de tout ceux qu'il pouvait trouver. »
Un autre point important est qu'avant la dissolution des groupes indépendants, les grands
projets de Staline avaient créé des milliers d'emplois. En conséquence la jeunesse
turbulente et bruyante fut absorbée par la réalité de la pratique et s'abstint de toute
réclamation – à l'instar leur aînés.
Immeuble de la rue
Mokhovaya d'Ivan
Bâtiment du STO
Zholtovsky, 1931-1934
d'Arkady Langman,
1932-1935
Dorogomilovo ouest, «
Kutuzovsky 26, résidence portail » de la ville
de Brejnev et de Souslov,
avec la Moskva-City en
Dorogomilovo ouest.
toile de fond.
L'obélisque a été ajouté
Minces arches
dans les années 1990.
méditerranéennes,
typique des années 1930
Architecture stalinienne 9
Les pavillons de 1939 ayant survécu sont les dernières et uniques traces de la propagande
monumentale de Staline sur leur site d'origine. Ces objets de propagandes n'étaient pas
conçus pour durer (comme le Hall des trophées de guerre de Chtchoussev dans le parc
Gorky), certains ont été abattus en 1956 lors de la déstalinisation, d'autres sont tout
simplement tombés en ruine.
Les immeubles pour les classes supérieures peuvent facilement être identifiés par des
détails révélateurs comme l'espace entre les fenêtres, les appartements avec terrasse et
oriels. Parfois le rang et la profession des locataires se répercutent dans l'ornementation,
parfois par des plaques commémoratives. Il est à noter qu'il s'agit là d'une pratique
essentiellement moscovite, dans les plus petites villes l'élite sociale se résumait à une ou
deux classes. Saint-Pétersbourg a, elle, toujours pu fournir des appartements
prérévolutionnaires luxueux.
Le métropolitain (1938-1958)
Cette partie s'appuie sur l'article "Métro de Moscou, 70
ans" dans l'édition russe de World Architecture
Magazine de 2005. Les noms des stations sont ceux
d'aujourd'hui, sauf si indiqué.
Le métro de Moscou à un premier stade (1931–1935)
apparut comme un service urbain parmi d'autres. Il y
avait beaucoup de propagande autour de sa
construction mais le métro en lui-même n'était pas
perçu comme un dispositif de propagande. «
Métro de Moscou, station
Contrairement aux autres projets, le métro de Moscou Élektrozavodskaïa (ouverte 1944)
ne fut jamais appelé le "métro de Staline".[23] » Les
architectes plus âgés[24] restèrent à l'écart de ce projet, laissant le champ libre aux plus
jeunes. Les enjeux changèrent dès la deuxième phase des travaux en 1935. Cette fois le
métro était devenu une affaire politique et bénéficia d'un budget bien supérieur.[25] La
deuxième phase donne des exemples du style stalinien comme Maïakovskaïa (1938),
Élektrozadovskaïa et Partizanskaïa (1944). Les stations construites en 1944 furent les
premiers mémoriaux permanent de la Guerre patriotique.
Variations régionales
Les républiques nationales de l'URSS furent enjointes
de développer leur propre style stalinien, avec plus ou
moins de liberté. Quand les talents locaux faisaient
défaut, des architectes russes y suppléaient
(Chtchoussev dessina le théâtre orientalisant de
Tachkent, etc.). On doit à Alexandre Tamanian, nommé
architecte en chef d'Erevan, la variété arménienne du
style stalinien. L'architecture stalinienne fut employée
de 1948 à 1956 dans les démocraties populaires du bloc
Ambassade soviétique (1952), Helsinki.
de l'Est d'après guerre, souvent après avoir étouffé une
opposition interne moderniste. Parfois on put y déceler
une certaine couleur locale, mais cette architecture était surtout vécue comme une
importation soviétique.
Pologne
Le Palais de la culture de Varsovie de Lev Roudnev,
présenté comme « cadeau du peuple soviétique », fut
peut-être la plus controversée des exportations de
l'architecture stalinienne. Cet imposant gratte-ciel qui
reste encore aujourd'hui la huitième plus haute tour de
l'Union européenne,[34] domine entièrement la ville.
Auparavant un essai néoclassique avait été tenté avec
le boulevard MDM qui avait été entrepris en parallèle
de la reconstruction à l'identique de la vieille ville. Le
boulevard MDM est l'exemple type du style stalinien
triomphant, avec de larges et généreuses proportions
qu'on a souvent soupçonné d'être avant tout voulues
pour faciliter les manœuvres des chars d'assaut. À la fin
des années 1940, la ville nouvelle de Nowa Huta près
de Cracovie fut aussi dessinée dans le style stalinien.
Palais de la culture de Varsovie
Architecture stalinienne 17
Allemagne de l'Est
Après la victoire soviétique sur l'Allemagne nazie,
différents grandioses mémoriaux à la guerre furent
construits à Berlin, dont un à Tiergarten (réutilisant du
marbre pris de la Chancellerie d'Albert Speer) et un
autre plus grand à Treptow. Le premier bâtiment
stalinien important en Allemagne fut l'ambassade
soviétique sur Unter den Linden. Ce bâtiment fut
d'abord brocardé par les modernistes comme Hermann
Henselmann. Jusqu'à 1948 environ, le projet
Strausberger Platz, Berlin
d'urbanisme de Berlin-Est sous la direction de Hans
Scharoun était de facture moderniste, comme par
exemple les appartements en galerie qui constitue la première phase de la Stalinallee.
Cependant le gouvernement condamna ces expérimentations et promut le style russe à la
place, c'est pourquoi Henselmann et d'anciens modernistes comme Richard Paulickle furent
obligés de dessiner le reste de la Stalinallee dans un style qualifié de zuckerbakerstil
(grosse pâtisserie). D'autres monuments similaires, même s'ils sont moins grandioses,
furent conçus dans d'autres villes, et notamment dans la ville nouvelle de Stalinstadt.
Notes
[1] Comme ce fut la cas pour Ivan Zholtovsky et son immeuble Bolshaya Kaluzhskaya, 7 en 1949-1950
[2] "The Skyscraper", Fortune, juillet-août 1930
[3] L'usine de céramique Kuchino fut construite spécialement pour les projets de gratte-ciel de 1947 ; en russe :
gratte-ciel moscovites (http:/ / retro. samnet. ru/ skyscrapers/ moscow_skyscrapers_2. htm)
[4] Viktor Vesnine qui en plus de ses titres de chef du syndicat des architectes soviétiques et de l'Académie des
architectes, était aussi un architecte en chef pour le Commissariat de l'industrie lourde (depuis 1934). Il fut un
superviseur officiel de tous les projets industriels qui ne dépendaient pas directement du champ d'intérêt
personnel de Staline, bien que l'impact personnel de Vesnine sur les projets individuels n'ait pas été vraiment
étudié.
[5] En russe : "Московскому метро 70 лет", édition russe du World Architecture Magazine, n° 14, 2005, стр. 30-52
(Métro de Moscou, 70 ans, pp.30-52) WAM (http:/ / www. wamonline. ru)
[6] X
[7] L'ordre de ces noms suit la hiérarchie formelle de Staline. Tous le monde était fiché et classé.
[8] Écoles. 1954 (voit référence ci-dessous) donne un exemple d'une école d'écriture de 1928 située à Fili qui avait
un ratio classe/espace total aussi faible que 30%. Le volume par étudiant approchait les 40 m3 alors que les
standards de 1935 se situaient à 16,5 m3 par étudiant. Cet excès n'est pas mauvais en lui-même, mais il induit
des coûts grevant le budget d'autres écoles.
[9] En russe : Школы. Архитектура и строительство школьных зданий, Госстройиздат, М., 1954, стр.12 (Écoles, 1954, p.12)
[10] En russe : une brève étude des architectes étrangers en Russie par Dimitry Khmelnitsky www.archi.ru (http:/
/ www. archi. ru/ press/ hmelnitsky/ y2005m06d02. htm)
[11] Zholtovsky engagea Melnikov comme jeune partenaire pour l'important projet de logement de l'usine AMO en
1923. Zholtovsky et Chtchoussev ont dirigé la foire agricole de RSFSR de 1923, donnant les pavillons à
construire à beaucoup de jeunes architectes de styles fort différents.
[12] Zholtovsky - Usine thermoélectrique de Moscou (MOGES-1, 1927) ; Chtchoussev - Immeuble du Narkomzem,
1928-1933
[13] http:/ / www. archi. ru/ publications/ virtual/ hmelnitsky. htm
[14] http:/ / www. landscape-design. ru/ articlex. php?c=moscow-193x-194x&
n=devushka-speshit-na-svidanie-mos4& p=devushka-speshit-na-svidanie
[15] http:/ / www. landscape-design. ru/ articlex. php?c=moscow-193x-194x& n=novaya-moskva-model1&
p=novaya-moskva
[16] http:/ / www. landscape-design. ru/ articlex. php?c=moscow-193x-194x& n=podkidysh-mos3& p=podkidysh
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Wikipédia en anglais intitulé « architecture Stalinist architecture (http:/ / en. wikipedia.
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