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En général, on constate en toute collectivité qu’une personne ou un groupe de personnes parvient à imposer sa volonté.
Dans ce type de groupes s’instaurent des relations sur commandement et obéissance.
Ceci détermine la distinction entre gouvernants et gouvernés.
Le pouvoir politique a pour but de décider, de prévoir et d’initier les différentes actions qui vont permettre à un appareil étatique de
conduire la politique.
C’est le pouvoir d'organiser la société en fonction d'une finalité.
Ce qui différencie le pouvoir politique d’autres pouvoirs; c'est qu'il est originaire, généralisé, finalisé et contraignant.
Cela signifie que l’autorité centrale est à l’origine de tous les pouvoirs, donc de toutes impulsions et initiatives. Les autres
institutions seront secondaires, subordonnées et dépendantes.
Les gouvernants bénéficient d’une autorité qui est géographique et matérielle. Cette autorité pourrait s’emparer de tous les pouvoirs.
Sa vocation générale s’oppose aux autres systèmes de pouvoir et autres systèmes d’autorité.
La mission du pouvoir politique est finalisée dans le cas où elle est assignée.
M. GRIAT : "Un état est un corps constitué pour la réalisation de diverses idées"
En général, les sociétés modernes préfèrent la négociation aux contraintes. L’État, titulaire du pouvoir politique, est la seule
institution qui peut imposer l'application de la sanction décidée. Les institutions secondaires ont une contrainte conditionnelle.
L’État dispose d’une contrainte inconditionnelle à laquelle on ne peut donc échapper.
L .DUGUIT :"La distinction entre État et les autres institutions ne provient pas d’une différence de nature mais d’une différence
d’effectivité"
A l’origine, tout pouvoir est attaché à une personne. Le pouvoir peut être soumis à certains aléas comme la mort ou la maladie. Cela
ne lui permet pas la transmission de l’autorité.
On passe d’une individualisation du pouvoir à une institutionnalisation du pouvoir.
C’est cette dissociation qui constitue un élément essentiel.
II – L’origine du pouvoir
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A – L’origine divine du pouvoir
Le pouvoir, quelque qu’il soit, a besoin d’être vénéré et respecté : "Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures car il
n’y a pas d’autorité qui vienne de Dieu". L’obéissance est un devoir envers le prince (représentant de Dieu sur terre).
Saint Augustin :"Tout pouvoir vient de Dieu, mais Dieu laisse aux hommes le soin d'organiser ce pouvoir".
Saint Thomas D'Acquin :"Le gouvernement tyrannique n’est pas juste, donc son renversement n’est pas une sédition, sauf si ce
renversement engendre plus de désordre que le régime en place"
C’est une conception d’apparence souple mais en vérité conservatrice.
L'origine relève d'un accord de volonté (contrat, pacte). Théodore de Bèze affirmait que le contrat avait été passé à l’origine entre
le futur roi et ses sujets à en devenir. Les sujets promettaient l'obéissance et le roi garantissait les libertés. S’il y a rupture du contrat
de la part du roi, celui-ci devient un tyran.
L'anglais Hobbes (1588-1679), dans son ouvrage Le Léviathan (1651), explique qu’à l’origine les hommes vivaient dans un état de
nature sans règles. A la suite, ils conclurent un contrat afin d'établir un état qui devait instaurer et maintenir l’ordre.
Donc, le monarque reste en dehors du pacte, et ne peut pas faire l'objet de reproches.
Hobbes justifie l'absolutisme royal.
L'anglais John Locke (1632-1704) qui rédige deux traités sur le gouvernement civil paru en 1690, précise que les hommes vivants
dans l’état de nature étaient heureux; et, c’est pour parfaire ce bonheur qu’ils ont instauré l’État.
La violation du pacte par le roi dispensait ses sujets de lui obéir. Il recourt à la même théorie pour justifier la révolution qui a
chassée Jacques II du trône.
Pour J.J. Rousseau (1712-1778), dans le Contrat Social, initialement les hommes étaient libres et heureux dans cet état de nature
mais il y eut le développement d'inégalités auxquelles il fallait mettre un terme en concluant un pacte par lequel les intéressés
voulaient se soumettre à l’autorité générale : la Loi.
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Section 2 : L’État
Pour Nietzsche, dans Ainsi parla ZARATHOUSTRA : "l’État est le plus froid des montres froids".
Pour Charles de Saint Évremont, la raison d’État est une raison mystérieuse inventée par la politique pour justifier ce qui est fait
sans raison.
Pour approcher l’État il faut recourir à des outils juridiques qui sont souvent insuffisants.
Raymond Carré de Malberg a une conception différente des autres, qui reposent sur un tronc commun qui est la nécessité de
cohésion du groupe social.
Il parle de "l’union de tous les membres".
L’État est le bien de tous, destiné à satisfaire le besoin collectif. La notion d’État est difficile à définir car il est tant le pouvoir
central, que les gouvernants. L’État est une société politique organisée.
L’État est un concept, une idée, un artifice. C’est le support abstrait du pouvoir.
Le pouvoir politique n’est plus dans une personne mais dans une entité qui est l'État.
Georges Burdeau : "L’État est le titulaire abstrait et permanent du pouvoir, dont les gouvernants sont des représentants passagers
du pouvoir"
La définition générale de l’État n’est pas satisfaisante.
Les origines de l’État sont souvent confondues avec une définition du pouvoir.
Elles seraient nées dans les empires égyptiens et chaldéens.
1 – La conception de Hobbes
Pour lui, l'état de nature est un obstacle aux hommes. Ils s’unissent donc pour la constitution d’un État. L’État apparaît comme une
nécessité, une protection. Les hommes sont tout à fait favorables à renoncer à une partie de leurs pouvoirs afin de les transférer à
l’État.
L’avènement d’un État se réalisera par un contrat conclu par les hommes afin de déterminer sa conception d’entre les Hommes.
2 – La conception de Locke
Les hommes vivent libres et égaux. Toutefois, s'ils ne parviennent pas à régler les antagonismes, ils pourront le faire en créant l'Etat.
3 – J.J. Rousseau
Contrat moral se dédoublant (hommes/cité). Dans ce cadre, tout associé abandonne ses droits dans la communauté. Si l’homme perd
sa liberté naturelle, il gagne sa liberté civile.
Dans le cadre proposé la société est le résultat de la volonté générale pour le bien de tous. La liberté civile réalisée est préférable à la
liberté naturelle.
La conception de Montesquieu : "L’État ne peut se constituer et durer que sous réserve de réaliser un principe tendant à régler les
conflits"
La conception de J.J. Rousseau et de Locke : Le contrat est un moyen de résoudre les conflits. Le conflit peut, en une certaine
mesure, générer l’État.
La conception d’Hegel : L’État résulte de l’évolution conflictuelle de l’histoire et d’une société donnée. Le fondateur de la méthode
dialectique estime que l’homme est au centre d’une contradiction entre son individualisme et sa raison.
Son intérêt particulier, sa personnalité, ne peut s’accomplir que dans l’intérêt général.
C’est à l’État qu’incombe la tâche de réunir l’individu et la collectivité.
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Hegel admettait que l’existence d’un prolétariat défavorisé limitait l’existence de l’État comme institution universelle.
LA conception de Marx : Il affirme que l’État résulte d’un conflit de classes. Pour lui, l’amélioration de l’homme résulte des modes
de production qui permettent à leur détenteur de confisquer la plus-value résultant du travail humain. Les modes de production et
rapports de classes qui en résultent constituent l'infrastructure de la société. Ce sont la morale, l’idéologie, le droit et l’État.
Les rapports de classes étant au profit de la classe dominante, l’État et le droit apparaissent comme des instruments au service de
cette classe dominante. La libération de l’homme suppose la disparition de l’État.
Le prolétariat doit s’emparer de l’appareil étatique, c’est la phase de dictature du prolétariat. L’État ne peut que s’effacer, c’est la
phase de dépérissement de l’État.
La nation devient pour Jenninek et Laband un des éléments constitutifs de l’État. Pour ces auteurs, l’État constitue une personne
morale à laquelle sont attachées des droits et obligations.
Maurice Hauriou dit que l’État est une institution primaire dont :
- l’idée d'œuvre à analyser et à réaliser dans un groupe social
- le pouvoir mis au service de cette idée pour sa généralisation
- manifestation de réunion qui se produit entre les groupes sociaux.
Elles contestent les théories précédentes pour les substituer à une théorie sociologique.
Léon Duguit (1859-1928) n’accepte pas la personnalité morale de l’État et dit que dans tous les groupes sociaux on trouve toujours
un fait unique, des individus plus forts que les autres qui peuvent imposer leur volonté aux autres.
"L’État est la force des plus forts dominant la faiblesse des plus faibles", pour lui l’État est un fait.
Le droit ne crée pas l’État, il constate simplement la domination d’un groupe déterminé.
L’État est le groupe politique qui revendique avec succès le monopole de la contrainte physique légitime.
Les idées ne sont pas imposées car l’État est l’institution qui détient le pouvoir politique. Pour Burdeau l’État est un pouvoir
institutionnalisé.
II – La théorie socio-historique
Elle repose sur l'existence d'une multitude de communautés engendrant un pouvoir politique.
Ces communautés ont à leur tête un groupe d’hommes qui les anime et les commande de manière plus ou moins consciente.
La société doit faire face à plusieurs problèmes qui peuvent être un danger d’invasion ou la famine (disette)… Pour résoudre cela, la
société devra développer différentes techniques. Il est même possible qu’une oligarchie impose sa domination et son projet
d’organisation sociale.
C – La légitimité de l’État
L’État dissimule derrière sa personne morale les gouvernants, qui apparaissent comme de simples serviteurs. Il y a relation fondée
sur la recherche d’un intérêt commun et identique.
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A – Un territoire
1 – Notion spatiale
Il n’y a pas d’État sans territoire dans la mesure où le territoire est nécessaire à l’expression de l’autorité politique. L’existence d’un
État est subordonnée à l’existence d’un territoire. Les frontières qui bordent cet espace sont récentes (XVI e siècle) grâce aux progrès
des mathématiques et de la géographie.
Il permet de fixer les hommes et il est le siège d’une multitude d’actions. Puisque la reconnaissance de l’État dépend d’une notion
de frontières, le territoire aura pour fonction d’inscrire les hommes dans un État territoire rigide.
Le territoire contribue à l’attachement des racines pour avoir une nation. Le territoire est l’un des éléments qui permettent à la nation
de réaliser son unité. Le territoire est également le siège de l’État car "Qui tient le sol tient l’habitant "
B – Une population
S’il n’y a pas d’État sans territoire il n’y a pas d’État sans population. L’État est avant tout une communauté humaine. Une
institution ne peut durer que dans un univers social, d’où la difficulté d’établir une nation.
1 – La nation
Ernest Renan (1823-1892) donne, en 1882, à la Sorbonne une conférence Qu’est-ce qu’une nation :
"Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses constituent cette âme. L’une est la possession en commun d’un riche
legs de souvenirs, l’autre est le désir de vivre ensemble. C'est ce désir de vivre ensemble qui donne de la nation une vision juste,
c’est aussi une solidarité entre les individus. La nation n’est pas seulement un legs de souvenirs, c’est aussi un avenir, le partage
d’une communauté de rêve"
La conception objective de la nation est la conception de Fichte : langue, religion, idéologie, géographie et surtout la race,
conception subjective de la nation.
Fustelle de Coulanges : la nation ne résulte pas seulement de l’objectif, il s’agit d’associer des éléments objectifs à des éléments
variés.
La présence et l'effectivité de l'Etat se manifeste par la puissance publique. Il faut le consentement des gouvernés. Ces règles
constituent des normes qui s’imposent aux particuliers. Seul l’État a le monopole de la contrainte.
L’État dispose d’un pouvoir coercitif. Toutefois l’exercice de ce pouvoir doit résulter d’un consentement implicite de la population.
Dans les rapports de commandement, il faut une certaine confiance.
"Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et son obéissance en devoir"
C’est un procédé visant à transformer un groupement en sujets de droit. La personnalité de l’État est dissociée de ses dirigeants, et
leur patrimoine ne peut être commun.
Ses dirigeants ne sont pas propriétaires de leur fonction, ils font des actions au nom de l’État.
B – La souveraineté de l’État
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1 – Souveraineté interne de l’État
Dans les six livres de La République, Jean Bodin en 1576 affirmait qu’il y avait une équivalence entre la souveraineté et
l’indépendance absolue.
L’État a un pouvoir permanent dans le temps.
La souveraineté est la puissance de donner et de casser la loi.
L’État ne peut être subordonné à un quelconque pouvoir, il peut s’organiser comme il le souhaite, n'est lié à aucune règle, sa liberté
est totale. L’État exerce à l’intérieur des frontières une puissance exclusive.
Les auteurs allemands comme Geninek déclaraient que l’État affirmait les compétences de ses compétences. Il a le pouvoir
originaire, illimité, inconditionnel et donc suprême.
Elle est caractérisée par la totale indépendance de l’État par rapport aux autres États. L’État peut conclure des traités qui peuvent
affecter sa souveraineté externe.
Si la souveraineté interne est toujours pertinente, elle doit toujours prendre en compte un certain nombre de données (exemple des
Droits de l'Homme). Chaque citoyen participe à la vie locale, et l’État doit transférer aux autorités locales certains pouvoirs.
La construction européenne est un abandon d'une partie de la souveraineté de l’État.
Le 30 décembre 1976, le conseil constitutionnel a déclaré la chose suivante : " aucune disposition constitutionnelle n’autorise des
transferts de souveraineté mais des limitations sont possibles ".
En 1985 : " la France ne peut se séparer de ses conditions essentielles d’exercice de la souveraineté. L’État ne peut s’en séparer
que sous la révision de la constitution. Le respect des institutions constitue une condition essentielle de la souveraineté. La garantie
des droits constitue une condition essentielle de la souveraineté ".
Cette jurisprudence ne prenait pas compte de la réalité, car il y a eu des transferts de souveraineté notamment sous la IVe république.
En mars 1992, sous application du 9 avril 1992, le conseil constitutionnel réinterprète l’article 54 de la constitution s’éloignant des
jurisprudences de 1976 et 1985 : " La souveraineté nationale ne s’oppose pas à ce que la France puisse conclure des actes
internationaux par l’effet de transfert de compétence ".
Le conseil constitutionnel dit que les clauses différentes de la constitution où celles qui portent atteinte aux conditions essentielle
d’exercice de la souveraineté exigeront toujours une révision de la constitution.
Il y a eu révision le 25 juin 1992, après que le conseil constitutionnel ait décidé que Le traité de Maastricht donnait lieu à des
dispositions différentes à la constitution française.
Art. 88-2 de la constitution tire les conséquences de cette évolution que sous réserve de réciprocité.
La France est d’accord pour le transfert de compétence nécessaire à l’établissement de l’union économique et monétaire de l’Union
Européenne. Cette souveraineté externe est marquée par le transfert de compétence.
Ils se distinguent par une seule organisation politique et juridique doté de l’ensemble des compétences, c’est un état simple.
En règle générale, les états unitaires ont connu une élaboration des structures organisée. Au noyau initial se sont agrégées au fil des
siècles d’autres provinces gagnées à l’ennemi; mais elles présentaient quand même résistance avec des mœurs et habitudes
différentes.
L’État avait la volonté de définir une véritable unité. La centralisation résulte de la volonté d’un état unitaire. C’est un pouvoir
centralisé et concentré.
Avant d’étudier les états composés, on peut rappeler qu'il existe des formes anciennes d'états composés comme les unions
personnelles, où deux monarchies ont le même monarque suite à des règles successorales, elles constituent un même état car la
souveraineté des deux monarchies se fait dans la personnalité unique du monarque.
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Les gouvernements sont indépendants comme l’Angleterre et le royaume de Hanovre, ou comme les Pays Bas et le royaume de
Luxembourg (1815-1890). Les unions personnelles ne perdurent pas.
Les unions réelles sont des monarchies associées de façon volontaire, ses monarchies s’associent en la personne du même monarque
avec des gouvernements qui peuvent avoir des ministres communs comme la Suède et la Norvège jusque 1905.
C’est la nature des liens qui déterminera s'il s'agit d'une confédération on un état fédéral.
1 – La confédération
C’est une association d’états qui respecte la souveraineté de chacun. Elle se réalise en mettant en commun une politique. L’acte
constitutif (ou institutif) est un traité. Les représentants de chaque état se rassemblent dans une conférence où les décisions seront
prises à l’unanimité. S’il y a désaccord, l’état en question pourra se retirer de la confédération (Américaine, Helvétique). Les
confédérations ne perdurent pas, soit elles se dissolvent, ou se transforment en état fédéral.
2 – L’état fédéral
Il est composé d’un certain nombre d’entités qui présentent les caractéristiques d’un véritable état. Chaque états fédérés disposent
d’une constitution, d’un gouvernement, d’un hymne, d’un parlement et de textes propres.
Ils ne bénéficient pas de la souveraineté externe, et ne sont donc pas de vrais états.
Le fédéralisme par intégration est un rapprochement d’états souverains qui ont ressenti la nécessité d’un état qui se superpose à eux-
mêmes.
La fédération succède souvent à une confédération.
Le principe d’autonomie : chaque état fédéré a certaines compétences et les utilise sans restriction ni ingérence. L’État fédéré
élabore ses propres règles juridiques. C’est cette autonomie qui distingue l'organisation de ces états.
C’est la constitution qui définie la compétence de chacun : " Tout ce qui n’est pas de la compétence de l’État fédéral revient à l’État
fédéré ".
Le principe de participation : cela s'exprime par l'intervention de leurs représentants au sein des instances fédérales. Le parlement
des États fédéraux dispose de deux chambres, il y a bicamérisme. L’une est le représentant du peuple et l’autre est le représentant
des unités fédérés (sénat).
La représentation est la même au sein de chaque état. Chaque Lander au Bundestag dispose de trois à six sièges en fonction de leur
population.
En principe, les deux chambres ont les mêmes prérogatives. La chambre fédérale a des pouvoirs supérieurs par rapport à la chambre
des représentants du peuple. Les chambres peuvent avoir les mêmes pouvoirs. La chambre peut ne pas avoir tous les pouvoirs
reconnus à l’autre chambre tout en ayant égalité pour la législation.
3 – L’évolution du fédéralisme
Il y a des difficultés à cause de la complexité du système. Le fédéralisme va dans le sens d’un renforcement de l’État fédéral au
détriment des États fédérés.
L’État fédéral est mieux armé pour répondre aux aspirations des citoyens pour imposer un réglementation appropriée, soucieuse des
grands équilibres. Sur le plan financier les États fédérés n’ont plus les principales ressources comme l’impôt sur le revenu. La cour
chargée de régler les différents entre l’État fédéral et un État fédéré donne souvent gain de cause à l’État fédéral.
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La communauté européenne s’inscrit dans un type confédéral car il y a un traité et non pas une constitution. Ce sont les États qui ont
les décisions les plus importantes pour les problèmes sensibles comme la défense où il y a simple coopération. A savoir si cette
confédération ne figure pas une véritable fédération.
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Section 3 : La constitution
Sous l’ancien régime le pouvoir royal est encadré par des règles non écrites qui sont une forme de constitution. Ce sont des règles
embryonnaires, imprécises et coutumières.
Le XVIIIe siècle, siècle des lumières, amène une approche de la constitution.
Le constitutionalisme propose de supprimer les coutumes par une constitutionnalisation écrite destinée à limiter le pouvoir
hiérarchique. Ainsi les révolutionnaires de 1789 conçoivent la constitution comme la possibilité de faire un État et comme possible
de diminuer le pouvoir royal.
Cette interprétation est dans l’art. 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Toute société dans laquelle la garantie
des droits n’est pas assurée, et la séparation des pouvoirs non déterminée n’a pas de constitution.
Cet exemple montre que toute constitution présente le rôle accordé à l’État, et, l’organisation des pouvoirs est subordonnée à la
société. Il y a une constitution sociale imprégnée d’une institution politique. La constitution peut être perçue comme une barrière
s’opposant à tout arbitraire, mais, il ne faut pas être naïf, la constitution n’a de valeur que celle l’on lui accorde. La constitution naît
d'un besoin de ravalement et peut mourir.
I – Notion de constitution
La définition matérielle s’intéresse au contenu de la constitution, à l’ensemble des règles relatives à la dévolution et à l’exercice du
pouvoir.
Tout état dispose d’une constitution, mais les règles peuvent être écrites ou non. Le critère organique se réfère à l'énoncer des règles
qui ont reçu une forme distincte où dont l’élaboration fait appel à des problèmes distincts.
Elle est écrite, quand les principales règles sont consignées dans un document écrit et solennel. C’est la forme la plus moderne car
l’écrit apporte des garanties contre l’arbitraire.
Le mode d’établissement de la constitution écrite permet de réunir le peuple; or, le peuple est écarté des règles coutumières. Les
premières constitutions écrites sont des constitutions grecques, puis romaines. La colonisation anglaise de l’Amérique a fait maître
une constitution pour rejeter la domination anglaise.
En 1776 : constitution de Virginie ; 3 mai 1791 en Pologne ; 3 septembre 1791 : France
Les règles reposent sur la coutume qui pendant une longue période a bénéficié d'un grand consensus. De nos jours les constitutions
coutumières sont rares comme l’Arabie Saoudite, la Grande Bretagne. Celle de la Grande Bretagne est basée sur de grands textes
écrits.
Il ne faut pas confondre constitution coutumière et coutume constitutionnelle. La constitution coutumière résulte de tradition
écartant l’écrit. La coutume constitutionnelle apparaît dans un état dont la constitution est écrite.
Dans une constitution écrite il peut exister des règles non écrites qui ont une valeur constitutionnelle. La coutume constitutionnelle
résulterait de pratiques qui présenteraient un certain nombre de caractères.
Pour que la coutume soit reconnue, il faut une réitération pendant une longue période car " une fois n’est pas coutume ". Il faut qu’il
y ait consensus des organes intéressés.
La coutume pourrait intervenir pour compléter la constitution ou pour l’interpréter, donc, la coutume deviendrait interprétative ou
supplétive.
La coutume pourrait intervenir pour différencier la constitution et annuler une des dispositions de la constitution. En réalité, cela
n’est pas pertinent, la plupart des auteurs disent qu’il n’y a pas la place pour les coutumes. On constate dans la pratique l’existence
de certains usages considérés comme obligatoires.
En France on évoque l’abandon de la dissolution après la crise de mai 1977. Les gouvernements ont pris également l’habitude de
démissionner après les élections législatives ou présidentielles. Ce ne sont pas des coutumes mais des pratiques qui n’ont pas la
force obligatoire.
1 – La constitution rigide
Elle ne peut être révisée que par une organisation distincte et selon une procédure différente que celle de l’adoption d’une loi
ordinaire. Il y a méfiance à l’égard du législateur.
2 – La constitution souple
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C’est celle qui peut être révisée par les organes, les procédures utilisées pour l’adoption de lois ordinaires. Il n’y a pas de hiérarchie
entre la constitution et les lois ordinaires. En principe les constitutions coutumières sont souples et les constitutions écrites le sont
rarement.
C’est la faculté d’établir les règles fondamentales contenues dans un acte solennel.
Le pouvoir constituant originaire appartient à ceux qui ont décidé d’institutionnaliser le pouvoir. Ce pouvoir constitutionalisant
originaire peut intervenir à la suite d’une révolution qui a balayé l’ordre constitutionnel antérieur. Il peut intervenir lors d’un vide
juridique, à la suite d’une guerre. L’Autriche en 1945 a réactivé la constitution de 1920 au lieu d’adhérer à une nouvelle
constitution.
En principe le pouvoir constituant originaire appartient au peuple, mais qui l’exercera en réalité ?
Il y a plusieurs modalités :
- Les procédés autoritaires; il s’agit de procédés non démocratiques, le peuple est exclu. On fait parfois appel au peuple pour ratifier
sans qu’il n’ait à donner son avis (ex : constitution de l’an huit).
- Les procédés démocratiques; ils confient à une assemblée élue par le peuple qui est chargée d’élaborer une constitution (1848 &
1875).
Encore appelé institué, il est le pouvoir de faire réviser la constitution. Il faut faire la différence avec les améliorations et
aménagements pour éliminer les lacunes.
La solution française partage cette initiative entre le gouvernement et le parlement. Quand l’initiative appartient au parlement celle-
ci a peu de chance de voir le jour sans l’accord du gouvernement.
Le peuple ne prend jamais l’initiative de la révision de la constitution parce que le peuple est titulaire du pouvoir constituant
originaire et non pas du pouvoir constituant dérivé.
3 – La procédure de la révision
Elle peut être confiée à une assemblée spéciale composée de représentants élus.
Dans cette assemblé spéciale, il y a deux possibilité :
- Des représentants faisant partie d’assemblées parlementaires, mais qui siègent dans une formation différente. La loi
constitutionnelle du 25 février 1975, prévoit qu’ils avaient le droit de déclarer la révision de la constitution (art. 8) et qu’il y ait une
assemblée nationale pour réviser la constitution. Les représentants sont élus spécialement pour réviser la constitution, il y a une
convention.
- Des représentants élus appartenant au peuple, auquel le projet de révision est soumis par référendum.
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III – Le contenu des constitutions
Les constituants sont libres, il n’y a pas de canevas universel. La constitution contient des règles relatives à l’institution du pouvoir
et son organisation.
IV – L’autorité de la constitution
A – Suprématie de la constitution
Un système juridique est un ensemble organisé de normes. Certaines normes s’imposeront, il y aura une hiérarchie des normes
représentées par la forme pyramidale (cf. Kelsen).
Une norme tire sa légitimité par sa conformité à une autre norme supérieure, c’est la pyramide de Kelsen. Si la constitution est au
sommet, elle s’impose à toutes les autres normes. Ceci nous donne le caractère contraignant et solennel. La constitution sert de
fondement à la validité de l’ordre juridique dans sa globalité. Une norme suprême est posée. Cette autorité de la constitution ne
serait rien si elle n’était pas protégée.
Il revient à conférer à un organe la faculté de contrôler la conformité de la loi à la constitution. Le contrôle de constitutionnalité
s’applique pour la protection de la constitution.
La constitution peut être violée par certains organes comme l’exécutif soit par négligence, ignorance ou en toute connaissance de
cause.
La violation sera souvent bénigne du fait de l’ignorance.
Le législateur peut violer la constitution en adoptant une loi contraire à la constitution. La réponse à cette violation par l’exécutif
peut être politique et consistera à destituer les gouvernants qui ont violé cette constitution.
Quand le gouvernement viole (la constitution) les droits du peuple, l’insurrection est le plus important des droits (article 35 de la
constitution de 1793).
La procédure d’impeachment (destitution) révoque le gouvernement qui n’a pas respecté la constitution.
En France le président peut en être traduit en justice.
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Dans un régime démocratique le contrôle de constitutionnalité pose un dilemme, deux alternatives peuvent se présenter :
- le législateur peut violer en toute impunité la loi. L’absence de contrôle représente alors l’absence de constitutionnalité de la loi.
C’est un organe non issu de l’élection donc indépendant du peuple, donc non démocratique.
- Écarter le contrôle, c’est abandonner la suprématie de la constitution, et faire un contrôle serait refuser la démocratie.
Le contrôle de constitutionnalité est possible dans un système démocratique, même s’il y a quelques réticences.
L’objet de contrôle est la loi. La loi est toujours une expression de la volonté générale adoptée par des représentants de la nation.
Il peut y avoir mise en cause de la hiérarchie des normes et de l’État de droit s’il n’y a pas de contrôle de constitutionnalité, et cela
renforcerait les pouvoirs du parlement.
La loi ne représente pas seulement la volonté générale, mais selon certaines hypothèses la loi peut être l’expression du législateur à
un moment donné, donc rien ne s’oppose à ce qu’il y ait un contrôle de constitutionnalité.
Le contrôle qu’il n’est pas utile s’il n’est pas ouvert à tous les citoyens et s’il n’est pas assorti de quelques sanctions.
Même si le contrôle a été longuement ouvert, il restera inutile car il reste des imprécisions dans les lois constitutionnelles. Cela
implique une interprétation, ce qui est dangereux.
De plus, il semble anormal de confier le contrôle à un organe qui ne soit pas élu; c’est le "gouvernement des juges".
En France, ce contrôle de constitutionnalité n’était pas prévu jusqu’en 1958. En effet, auparavant, l'article 25 de la constitution de
1852, définissait que c’était le sénat qui avait la charge de la surveillance.
La constitution de 1946 prévoit un contrôle de constitutionnalité. Les articles 91 à 93 prévoient une certaine forme de contrôle par
un comité constitutionnel.
Ce comité est présidé par le président de la république avec le président de l’assemblée nationale et le président du conseil de la
république. Il y a sept membres élus par l’assemblée nationale, et trois élus par le conseil de la république.
Ce comité ne bénéficiait pas d’une auto-saisine et les particuliers ne pouvaient pas le saisir. Moyennant un délai de promulgation, il
pouvait être saisi par une demande conjointe du président du conseil de la république et du président de la république.
Le comité examinait la loi et s’efforçait de trouver un accord avec les deux assemblées. En cas d’échec il devait statuer dans les cinq
jours. Si la loi demandait une révision de la constitution, la loi était renvoyée devant l’assemblée nationale pour une délibération.
Si le parlement maintenait son premier vote, la loi ne pouvait être promulguée qu’après la révision de la constitution.
Cette procédure montre la suprématie de la loi avant 1958. Ce pseudo-contrôle s’est révélé inefficace, et il y eut qu’une seule saisine
en 1948 quand l’assemblée nationale a voulu réduire les délais dans les procédures d’urgence.
Le comité ne s’est pas prononcé car il y eut un accord entre les deux assemblées.
Dans ce cadre, le contrôle est confié à des non spécialistes du droit; ou de quelques spécialistes qui ont pour vocation principale la
politique.
Le comité constitutionnel de 1946 donne cette conformité. Ce sont les auteurs que la loi qui vont désigner les contrôleurs échappant
ainsi à toute critique. Il y a absence d’organe de contrôle, car il aura intention de faire un contrôle d’opportunité et non pas de
constitutionnalité (juridique).
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En principe, les préférences politiques sont écartées, c’est un contrôle qui fait appel à une notion juridique. Cet organe peut être un
organe juridictionnel ordinaire ou créé à cet effet.
Les cours constitutionnelles sont elles indépendantes ?
Les garanties conférées à ces organes leur donne une certaine indépendance, mais peuvent rester une institution politique.
a – La procédure du contrôle
La saisine : il s’agit de saisir les titulaires du contrôle.
Cette saisine peut être large ou étroite. Il y a eu une tentative française de la saisine par le citoyen qui est restée sans lendemain. Un
contrôle ouvert aux hautes autorités politiques donnerait lieu à un inconvénient. En effet, ces autorités sont souvent d’une même
idéologie politique. En France la révision du 29/10/1974 a permis à 60 députés ou sénateurs de saisir le conseil constitutionnel, c’est
un début du statut de l’opposition.
Le choix du moment : le contrôle peut intervenir avant, ou après la mise en vigueur de la loi.
Le contrôle à priori intervient avant la promulgation de la loi. C’est un contrôle abstrait intervenant en dehors de toute application
de la loi (la loi ne va pas altérer tout un système juridique). Ce n'est pas un système exempt de tout reproche car il intervient à
chaud, à un moment où les détracteurs de la loi ne sont pas apaisés; et la loi n’a pas livré toutes ses dispositions contraires à la
constitution.
Le contrôle à posteriori vient après la promulgation de la loi, c’est un contrôle concret
Ce système risque d’affecter l’ordre juridique.
Le contrôle par voie d’action : c’est la loi qui est remise en cause.
Il peut être exercé à priori ou à posteriori.
Dans le cadre d’un contrôle à priori et si la loi est reconnue inconstitutionnelle, le texte ne pourra être promulgué. Dans le posteriori,
les effets de la loi seront annulés.
Le contrôle par la voie d’exception ne vise pas une démonstration législative. L’inconstitutionnalité de la loi n’est pas soulevée à
titre principal, il s’agit d’obtenir la non application du texte. Le citoyen soutient que la loi qu’on veut lui imposer est une exception
d’inconstitutionnalité.
Soit le juge ordinaire est compétent pour cette exception d’inconstitutionnalité. Soit le juge ordinaire n’est pas compétent en ne
voulant pas se prononcer, il doit surseoir à statuer et donne autorité à la cour compétente, qui après avoir statué renverra cela devant
le juge. L’action n’aboutit pas à l’annulation de la loi, mais au refus du juge de l’appliquer au cas considéré.
Le contrôle par voie d’exception est pratiqué en Allemagne, Suisse, USA et Italie.
Avant le juge considérait qu’il devait d’appliquer toutes les lois, mais à partir de 1823 la cour suprême a eu à se prononcer contre un
problème d’inconstitutionnalité. Aux USA l’exception d’inconstitutionnalité peut être soulevée par tout citoyen devant le juge
ordinaire qui est compétent.
La cour suprême n’a pas trop de compétence pour la vérification d’inconstitutionnalité mais la cour suprême est le sommet de la
pyramide et se sera elle qui sera appelée à se prononcer en dernier recours. En dernière analyse, elle se prononcera pour ce problème
de contrôle de constitutionnalité. Ces décisions auront autorité absolue de la chose jugée.
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Section 4 : La démocratie
La liberté constitue la valeur essentielle de la démocratie et elle ne peut s’épanouir que dans le cas d’un pluralisme politique obtenu
dans le cadre d’un consensus, dans le cadre d’un principe majoritaire.
A – La liberté
C’est la liberté de chaque citoyen, placé au centre de la société qui conditionne l’ensemble des institutions. A cette primauté est
associée l’idée d’égalité de tous les citoyens.
La liberté trouve un écho significatif dans les DDHC, article premier : "les Hommes naissent libres et égaux en droits". De cette
affirmation découle l’ensemble des droits des citoyens, la liberté politique, les libertés individuelles telles que la sûreté, d’aller et
venir, de penser…, ainsi que les libertés économiques.
Toutefois, cette liberté n’est pas sans bornes : article 4 des DDHC "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas aux
autres".
B – Le pluralisme politique
La démocratie impose la nécessité pour le peuple de désigner ses représentants. La démocratie suppose le pluralisme politique et
suppose la multitude de choix. La démocratie libérale doit faire apparaître une multitude de partis, que les citoyens choisiront en
toute connaissance de cause. Le multipartisme est nécessaire pour ce type de régime. La démocratie ne peut pas se décliner en terme
de nature unilatérale, mais elle doit se décliner en pluralité.
C – Principe majoritaire
Il ne faut pas l’éparpillement des idées, mais il doit y avoir un consensus minimum existant en faveur du principe majoritaire à
l’occasion des élections.
Ce sont les élections qui déterminent le principe majoritaire.
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Si la nation est titulaire de la souveraineté, elle la délègue à des représentants à titre provisoire. Donc, elle postule à un régime
représentatif. Les électeurs n’exercent pas un droit, mais une fonction confiée par la nation : c’est la théorie de l’électorat fonction.
Comme il s’agit d’une fonction et non pas d’un droit, elle est libre d’accorder ou pas. Les représentants représenteront l’ensemble
de la nation, et non pas les représentants de telle ou telle circonscription; donc le mandat impératif est proscrit.
b – La souveraineté populaire
C’est la théorie de JJ Rousseau dans son Contrat Social.
L'article 25 de la déclaration, qui précède la constitution de 1793 dit "la souveraineté réside dans le peuple".
Chaque citoyen est propriétaire d’une parcelle de souveraineté; donc, il faut lui demander son avis. Elle ne peut avoir de système
représentatifs et appellera au référendum.
C’est une démocratie directe qui s’exprimera par référendum.
Elle aura besoin de délégués et non pas de représentants. Chaque citoyen possède un droit, la souveraineté populaire postule pour le
suffrage universel contrairement à la souveraineté nationale où le vote aurait pu être obligatoire.
Ici, les citoyens sont libres d’exercer ou non le vote.
Par ailleurs, les délégués son investis d’un mandat impératif. C'est à dire qu’ils doivent suivre de façon scrupuleuse les instructions
de leurs électeurs pour ne pas se faire révoquer.
c – La réalité de la distinction
Cette analyse nous fait trouver des attributs de souveraineté populaire et nationale dans les constitutions françaises. Il y a une
confusion dans l’interprétation de ces théories dont témoigne la constitution de 1946 : article 3 "la souveraineté nationale
appartient au peuple français". La constitution de 1958 a la même formulation.
Les constituants ont eu des difficultés à séparer les deux théories, car il n’y a pas eu de choix à opérer sauf celui de ne pas choisir.
Dans tous les cas le débat opposant ces deux conceptions semble dépassé et renforce la démocratie.
La nation délègue à ses représentants élus au SUD (Suffrage Universel Direct) sa souveraineté. Il y a des raisons politiques selon
Montesquieu :
"Seuls les représentants étaient capables de discuter des affaires mais le peuple est admirable pour choisir ses représentants".
Le vote des électeurs est limité à la désignation des représentants qui désigneront ensuite les organes exécutifs. Dans cette
hypothèse, l’exécutif précède le législatif. Les gouvernés élisent les membres des assemblées législatives et le chef de l’État. Dès
lors, le chef de l’État jouit de la même légitimité que les parlementaires. Il y a assimilation abusive de la souveraineté du peuple et
du président, il y a une souveraineté parlementaire.
c – La démocratie semi-directe
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Il ne faut pas confondre référendum et plébiscite, car le plébiscite est fait pour répondre à une question de confiance posée par un
homme. Cette différenciation est théorique car il est difficile de séparer la question de son auteur.
Il peut y avoir :
- l’hérédité
- cooptation, qui permet au gouvernant en place de décider qui sera son successeur. C’est le système privilégié des oligarchies.
- tirage au sort
Ce sont des procédés obsolètes qui ne prennent pas en compte les citoyens, seule l’élection est possible pour associer les citoyens.
1– Le droit de suffrage
a – Le suffrage restreint
b – Le suffrage universel
En France, même si la constitution en parle, il faut attendre 1848 pour qu’il soit définitivement reconnu et réservé aux hommes
jusqu’en 1944.
Le suffrage universel ne signifie pas que tous les ressortissants d’un état auront le droit de voter; mais, aucun individu ne peut être
exclu selon son niveau d’études, condition sociale, race, croyance, fortune.
Le suffrage ne sera pas toujours universel : - age
- capacité électorale
- droits civiques
Le vote des étrangers : le traité sur l’union européenne autorise le vote à l’élection municipale pour tout citoyen de l’union résidant
dans un état membre, et qui ne sont pas nationaux.
En vertu de ce traité l’article 88-3 de la constitution dit que sous réciprocité, le droit de vote d’éligibilité ne peuvent être accordés
qu’aux seuls citoyens de l’UE résidant en France mais ne pouvant pas exercer les fonctions de maire et d’adjoint.
Ils ne peuvent pas participer à l’élection des sénateurs, car c’est un acte de souveraineté. Le conseil constitutionnel a autorisé le vote
aux européens vivant en France aux élections européennes.
Il est direct, quand les électeurs désignent leurs représentants sans intermédiaire.
Le suffrage est indirect, quand l’élection est en plusieurs étapes et associe des intermédiaires comme les grands électeurs.
Les intermédiaires peuvent être issus de l'élection antérieure.
Par rapport au scrutin direct, l’indirect peut paraître moins démocratique et a une légitimité moindre. De plus le choix entre le
suffrage direct et indirect n’est pas neutre, il est de fait que le suffrage indirect favorise les notables qui disposeront d’une influence
non négligeable.
C’est une portion du territoire où la population a le droit d'élire un ou plusieurs représentants. C’est une notion spatiale, politique et
administrative. En particulier, quand la circonscription électorale coïncide avec la circonscription administrative. La détermination
des circonscriptions électorales est délicate, le maniement de ces circonscriptions électorales est chargée d’arrières pensées
politiques. Il est possible pour majorité en place de redécouper la carte électorale si cela peut lui faire gagner des électeurs.
b – Conditions d’éligibilité et de candidature
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Ces conditions varient d’une élection à une autre, mais en règle générale elles sont les même que celles qui sont demandées à
l’électorat. Il peut toutefois y avoir une plus grande sévérité selon le mandat considéré.
En principe la candidature est libre, mais sous réserve de respecter certaines conditions telles que le délai de dépôt ou le parrainage.
Il existe des conditions d’inéligibilité et d’incompatibilité, fixées par le code électoral.
c – La campagne électorale
Elle doit concilier plusieurs impératifs qui tiennent à l’accès des candidats aux moyens de propagande, à la neutralité des pouvoirs
publics et la transparence financière.
Il faut que ces différents paramètres soient réunis pour que l’élection soit reconnue comme régulière. Elle se livre sur le terrain
national et local, et les électeurs doivent être informés des différentes propositions des candidats par propagande.
De plus, il faut assurer l’égalité des candidats par des règlements.
Les pouvoirs publics en France ont adoptés une législation autour de trois actes essentiels :
- Le financement des partis politiques est réglementé par la loi du 15 janvier 1990 modifiant et complétant celle du 15 mars 1988.
- Le financement doit être assuré par l’État et par des dons privés.
- L’encaisse des fonds doit être assurée par une association de financement, ou par un intermédiaire financier. Le mandataire
financier doit être soumis à l’agrément de la commission nationale des comptes et campagnes et du financement des partis
politiques. Dans le financement public, il y a trois volets :
- Un qui permet aux partis de présenter des candidats dans 75 circonscriptions et de recevoir un financement en fonction du nombre
de suffrages obtenus aux élections législatives.
- Le second ne concerne que les partis représentés à l’assemblée nationale en fonction du nombre d’élus. Le financement privé
relève de dispositions particulières :
Le plafonnement des dons
Montant différent des dons selon qu’ils viennent d’une personne physique ou morale
Pas de dons étrangers
Une comptabilité soumise à la commission, et les irrégularités sanctionnées par la loi pénale.
Il y a plafonnement des dépenses électorales fixées par le code électoral.
d – déroulement du scrutin
e – Le contentieux électoral
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a – La considération générale
L’alternative principale est de choisir entre un système majoritaire, ou un système fondé sur la représentation proportionnelle.
Dans le cadre d’un système majoritaire, les sièges seront attribués à la liste ou au candidat ayant obtenu la majorité des suffrages
exprimés.
En cas de proportionnelle, les sièges à pourvoir sont attribués proportionnellement au nombre de suffrages recueillis.
Dans les communes de plus de 3500 habitants, s’il y a une liste qui a la majorité absolue au premier tour, elle bénéficiera de 50%
des sièges et le reste est attribué à la proportionnelle.
Dans le cas d’un second tour, c’est la majorité relative qui bénéficiera de 50% des sièges, mais pour les élections régionales, c’est
uniquement 25% des sièges.
En fonction du nombre de candidats à élire, on distingue le scrutin uninominal quand il y a un seul candidat; ou le scrutin de liste
quand il y a plusieurs représentants.
Le scrutin peut être à un ou deux tours.
Quand il y a système majoritaire, en cas de second tour, la majorité relative l’emporte.
b – le scrutin majoritaire
c – La représentation proportionnelle
Elle repose sur une philosophie différente de celle du scrutin majoritaire. Il s’agit de répartir les sièges à pourvoir entre les
différentes listes en fonction des voix qu’elles ont obtenues. C’est un système apparemment démocratique qui privilégie l’équité.
La répartition des sièges s’effectue en deux temps :
- une répartition en fonction d’un quotient électoral, qu’il faut déterminer en divisant le nombre de suffrages exprimés par le
nombre de sièges à pourvoir.
- Ensuite chaque liste obtient autant de sièges que de suffrages, qu’elle a recueilli, contient de fois le quotient. Cette répartition est
insuffisante car il reste des sièges et des suffrages inemployés. La répartition des restes s’effectue soit selon la technique des plus
forts restes qui attribuent des sièges représentants aux listes qui ont le plus grand nombre de suffrages inemployés, cela tente à
favoriser les petits partis; soit selon la technique de la plus forte moyenne [nombre de suffrages recueillis]/[nombres de sièges
attribués + 1], et on recommence le calcul a chaque siège restant ré-attribué. Ceci favorise la justice électorale.
Par ailleurs la représentation proportionnelle dépossède la souveraineté de l’électeur.
Elle tend à amortir les effets d’une dissolution, qui est une arme dans les mains de l’exécutif.
Ils empruntent à la fois le principe majoritaire et celui de la représentation proportionnelle comme les élections régionales.
Le système français des apparentements résulte d’une loi de 1951 utilisée en 1951 et en 1956 pour réduire la représentation des
partis jugés hostiles au régime en place. Les listes en présence pouvaient passer entre elles des accords préélectoraux. Si aucun
accord n'apparaît, ce sera une représentation proportionnelle; et s’il y en a un sans que les listes réunies ne puissent obtenir une
majorité absolue, la répartition se faisait à la représentation proportionnelle.
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Enfin, si les listes obtiennent la majorité absolue, elles remportent l’ensemble des sièges. Ensuite répartis entre eux à la
représentation proportionnelle.
Le système électoral français se caractérise par sa capacité à être modifié, car les modes de scrutin ne sont pas constitutionnalisés.
C’est une particularité française par rapport aux autres états comme la Belgique et la Grande Bretagne.
La seule constante française réside dans la préférence pour le scrutin majoritaire à deux tours.
Depuis le début du XXe siècle, la représentation proportionnelle n'a été utilisée qu’à trois reprises :
- sous la troisième république, de 1919 à 1927, la représentation proportionnelle a été utilisée pour les législatives.
- la représentation proportionnelle, pour caractériser le régime de la 4è république (en dehors de 1951 et 1956)
- la loi du 10 juillet 1985, pour l’élection des députés qui devait permettre aux socialistes de ne pas subir de pertes trop
importantes aux élections de 1986.
-
Le 11 juillet 1986, Jacques Chirac restaure le scrutin majoritaire.
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Chapitre 2 : Les régimes politiques
Jusqu’à une date récente, l’étude des différents régimes politiques se résumait à définir les régimes pluralistes et monocratiques.
Les premiers étaient issus des règles du droit constitutionnel classique, et les second y échappaient (omnipotence). Cette distinction
était simple.
Il est permis de classer les régimes politiques selon certains critères. La séparation des pouvoirs est un des critères permettant de
classer les régimes politiques.
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Section 1 : Le principe de la séparation des pouvoirs
Guillaume le Conquérant avait institué dans son nouveau royaume un système hiérarchisé, et régnait en monarque absolu.
Régulièrement, il sollicitait ses vassaux (barons) afin d'avoir leur avis, mais ceux-ci n’avaient qu’un rôle consultatif.
La mort de Guillaume le Conquérant a créé des dissensions au sein de ses héritiers qui souhaitaient avoir les bonnes grâces des
barons qui se révoltèrent.
Jean sans terre, en 1215, accorde la grande charte aux barons qui prétendaient que la levée des impôts ne pouvait se faire sans leur
consentement; c’est à dire le consentement du conseil (future chambre des lords) qui, lui, se développait en matière de législation.
Afin d'équilibrer le grand conseil, le roi prit l’habitude de convoquer les représentants des bourgs et des comtés (future chambre des
communes); mais, comme ils n’étaient pas nobles, ils ne pouvaient pas participer au grand conseil. Donc, il y a eu trois autorités
pour approuver les lois.
Au XVIe, les Stuart ont essayé de rétablir la monarchie absolue avec échec.
En 1628, Charles Ier a signé la pétition des droits.
Les Stuart sont à l’origine des révolutions anglaises de 1640 et de 1688.
La révolution de 1688 a marquée l’apogée du parlement en chassant Jacques II du trône, et le parlement fit appel à sa fille Marie,
mariée à Guillaume d’Orange.
Mais en 1689, ils doivent accepter le Bill of Rights qui limite les pouvoirs du roi.
A la fin du XVIIe siècle, il y a eu une séparation entre le législatif et l’exécutif en Angleterre; même si le roi dispose toujours de
quelques prérogatives.
Montesquieu s’en est fortement inspiré pour fonder sa théorie.
1 – Énoncé de la théorie
Il est à la recherche d’un gouvernement ne conduisant pas à l’absolutisme, jugé attentatoire aux libertés individuelles. Sa principale
préoccupation est d’éviter que le pouvoir ne se transforme en tyrannie, mais il constate toutefois la déviance des gouvernements.
La monarchie-aristocratie peut se transformer en despotisme et l’aristocratie en ploutocratie.
La liberté ne se trouve que dans les états modérés, et à condition que l’on n’abuse pas du pouvoir. En effet, c’est une expérience
éternelle que tout homme qui a le pouvoir est porté à en abuser.
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Il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir.
Dans L’Esprit des lois au chapitre quatre livre onze, le pouvoir de faire des lois et de les exécuter est constaté, tout comme le
pouvoir de juger les crimes. Il estime que lorsque l'on réunit dans la même personne la puissance législative et la puissance
exécutive, il n’y a pas de liberté (peur de lois tyranniques).
La liberté sera également écartée, si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et exécutrice.
Selon Montesquieu, tout serait perdu si le même corps exercerait ces trois pouvoirs. Montesquieu affirme que la puissance
législative doit appartenir au peuple, mais en raison de considérations pratiques, Montesquieu se montre favorable au régime
représentatif.
Il se montre favorable à une règle importante pour la noblesse, qu’est l’élaboration des lois. Le processus législatif devait faire
intervenir les représentants du peuple et la cours des nobles, chacun disposant d’assemblée.
La puissance exécutive doit être confiée à un monarque, car un seul homme sera plus efficace pour l’administrer. Cette puissance
exécutive ne revient pas aux membres du corps législatif. La puissance de juger doit revenir à des personnes émanant du peuple.
Pour lui, la puissance de juger est de toute façon nulle. Le corps législatif est composé de deux chambres enchaînées par leur faculté
d’empêcher. Elles sont liées toutes les deux par la puissance exécutive, elle même contrôlée par la puissance législative.
Montesquieu reconnaît que ces trois pouvoirs se limitant les uns aux autres allaient conduire à la paralysie, mais par le mouvement
nécessaire des choses elles seront forcées d'aller de concert.
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b – La spécialisation des organes
L’état a trois fonctions. L’essentiel est de considérer que la théorie de la séparation des pouvoirs postule pour des organes
spécialisés dans chaque fonction.
Chaque autorité doit avoir une seule fonction sans pouvoir intervenir sur les deux autres. Chacun de ces organes bénéficie d'un
certain pouvoir.
Il y a eu plusieurs opposants, et on a reproché au principe de séparation des pouvoirs de Montesquieu, d'être incompatible avec le
principe de l’indivisibilité de la souveraineté.
Dans tous les cas, on soutenait que la souveraineté se reconstituerait au profit de l’un des pouvoirs ayant casser cette séparation.
Cette théorie pourrait à terme faire disparaître la souveraineté. Des conflits éclateraient entre les trois pouvoirs et, seul un coup état
permettrait de sortir de ce blocage.
Raymond Carré de Malberg, en 1922, est le plus simple et le plus subtil :
"Comment des pouvoirs, qui n’ont véritablement pas de rapports, pourraient s’arrêter et s’équilibrer".
Cet équilibre serait déjà difficile, si les fonctions exercées étaient équivalentes. Elles ne le sont pas car le pouvoir de faire la loi est
supérieur à celui de l’exécuter. On aboutit à une hiérarchie des fonctions qui conduit à la supériorité des fonctions législatives par
rapport à l’exécutif. Dans ces conditions, un pouvoir subordonné ne pourrait pas contrôler un pouvoir supérieur.
En 1980, Charles Eiselman et Michel Tropert ont démontré que le système de Montesquieu est opposé à la séparation des pouvoirs.
En réalité, il semble que la séparation des pouvoirs, article 16 des DDHC de 1789, n’ a pas le même sens que la doctrine
traditionnelle.
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A – le pouvoir législatif
Il consiste à édicter des normes, c’est-à-dire des règles de portée générale et impersonnelle destinées à organiser la vie en société. La
division organique est importante.
L’exercice de la fonction législative peut être confiée à un seul organe, comme en 1848 pour la France. Dans ce cas, cet organe aura
tendance à dominer les autres.
Cette fonction peut être donnée à plusieurs organes participant à l’élaboration de la loi. Ce seront les organes législatifs partiels. Une
assemblée peut être un organe législatif partiel, lorsque l’avis d’une autre assemblée est nécessaire pour adopter une loi, c’est le
bicamérisme ou bicaméralisme.
Dans le cas du bicamérisme, une assemblée est élue au suffrage universel direct (SUD) représentant le peuple, et une autre chambre
qui représente l’aristocratie. Cette seconde ne peut être qualifiée d’organe législatif partiel, que si elle peut s’opposer à l’autre
assemblée.
Le pouvoir exécutif peut être un organe législatif partiel, il y a le droit de veto qui permet de s’opposer à l’adoption d’une loi. Le
veto est absolu, quand il ne peut être surmonté. Il est relatif ou partiel, quand il peut être surmonté par une majorité qualifiée, et peut
être suspensif si la loi peut entrer en vigueur malgré l’opposition du chef de l’exécutif.
B – le pouvoir exécutif
Il a évolué, car désormais il est omniprésent et omnipotent en France par rapport au législatif. A l’origine, la fonction exécutive est
seulement là pour exercer les lois. L’auto-compétence avait un pouvoir pour rendre la loi exécutoire, mais elle ne disposait pas de
pouvoir réglementaire.
Dès la constitution de l’an 3, les autres pouvoirs recevaient une autorité parlementaire. L’évolution vers une fonction exécutive plus
large est amenée lors des relations internationales par les autorités exécutives.
24
A partir de l’an 8, cette fonction exécutive recevra l’initiative des lois, donc, elle accroît son domaine. La fonction exécutive se
résume au pouvoir réglementaire, à la conduite des affaires internationales, aux initiatives et exécution des lois. Pourtant celle-ci
reste subordonnée, mais avec le temps, elle sort du secondaire pour donner les constitutions. Il y aura par exemple le droit à la
dissolution qui est un moyen d’action. Son rôle politique sera fortement accru. L’article 20 de la constitution de 1958 : "le
gouvernement détermine et conduit la politique de la nation"
Les constituants français ont choisi un organe dualiste de l’exécutif qui permet une continuité du pouvoir et une répartition des
tâches.
Le chef de l’état peut avoir une fonction de représentation, mais le gouvernement détient la réalité du pouvoir. Le gouvernement
peut être un seul et simple exécutant.
L’exécutif moniste se rencontre exclusivement dans le système présidentiel, mais ne s’oppose pas à l’élection de ministres.
C – le pouvoir judiciaire
Il veille à l’application régulière des lois et en tranche les litiges entre particuliers.
Pour certains auteurs, il y a deux fonctions : législative et exécutive; mais, il est quand même possible d’intégrer la fonction
juridictionnelle.
La fonction trialiste semble présenter un défaut de conception. La troisième fonction consiste en réalité à appliquer la loi, elle serait
une forme de la fonction exécutive.
Cette classification dualiste définie le juridictionnel comme étant sous l’autorité de l’exécutif avec la non indépendance des juges.
La fonction dualiste distingue la fonction législative, puis la fonction exécutive comprenant une part de fonction contentieuse
consistant à appliquer les lois, et une part non contentieuse purement administrative.
La conception trialiste parlera de pouvoir et la conception dualiste d’autorité judiciaire.
Il paraît difficile d’élaborer cette (troisième) fonction comme un véritable pouvoir. L’indépendance des juges est un des gages de la
liberté, et ils ne doivent leur carrière ni à l’exécutif ni au législatif.
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Section 2 : la séparation des pouvoirs et la classification des pouvoirs politiques
On distingue les régimes concentrés en un seul organe, et les régimes qui acceptent une séparation des pouvoirs pouvant être rigide
ou avec certains assouplissements.
Ils sont souvent considérés comme des régimes autoritaires par existence d’un parti unique omniprésent sans opposition.
Tous les régimes de confusion des pouvoirs ne sont pas autoritaires, comme le régime d’assemblée qui admet la liberté et le
pluralisme.
Même dans le cadre du bicaméralisme, le profit du pouvoir est pour une seule assemblée. L’exécutif procède du législatif dans une
assemblée; donc, il doit exécuter les exigences de l’assemblée. Ce type de régime peut aboutir à la tyrannie qui sera replacée par
l’exécutif qui veut reprendre sa revanche.
La convention de 1792 à 1795 est un régime d’assemblée, appelé régime conventionnel.
Sous la IIIe et la IVe république, le régime d’assemblée résultera de toute une série d’éléments :
- une légitimité de l’assemblée face à un exécutif qui procède du législatif
- le mauvais fonctionnement du mécanisme institutionnel
L’exécutif étant sous la dépendance de l’assemblée, il y a eu une instabilité gouvernementale qui a précédée l’agonie de ce régime.
Le régime américain est considéré comme le symbole du régime présidentiel(constitution américaine de 1787).
Ce régime se caractérise par une séparation rigide du pouvoir exécutif et législatif. Il n’y a pas de moyen de pression ni d’action. La
fonction exécutive appartient soit au président de façon personnelle, soit en faisant appel à ses ministres.
Ses ministres ne constituent pas une partie de l’exécutif, et on ne saurait pas parler de bicéphalisme de l’exécutif. Il y a un vice-
président qui n’a qu’un rôle modeste, qui est celui que le président veut bien lui accorder.
Les assemblées ont a suprématie de leur fonction, car chaque pouvoir évolue dans sa sphère de compétence. Il s’agit d’une
interprétation rigide de la séparation des pouvoirs. Les assemblées ne participent pas au travail de l’exécutif, et inversement.
Il n’y a pas de moyens d'action réciproques, le président ne peut dissoudre l’assemblée, et elle ne peut pas mettre en cause la
responsabilité du président.
B – La réalité du modèle
Les deux principes de la spécialisation et d’indépendance connaissent une application différente, et il y a plusieurs exceptions au
principe de spécialisation. Le président des Etats-Unis participe à la fonction législative par son droit de veto. Le congrès intervient
dans la fonction exécutive par le vote du budget. Les commissions, comme le sénat participent à la nomination des fonctionnaires.
Le principe d’indépendance est plus scrupuleusement observé, car les organes sont élus séparément sans réciprocité. Le président a
une légitimité due à son pouvoir permettant de débattre sur le législatif. Cette indépendance se traduit par l’obligation pour un
organe de tenir compte de l’autre dans la plupart de ces actions "check and balancies". Chacun des pouvoirs peut mettre un frein à
l’autre et faire l’équilibre.
Les constitutions de 1791, 1795 et 1848, ont interprété les idées de Montesquieu.
Montesquieu prônait un équilibre. Cependant , les français ont pensé qu’il fallait séparer de façon rigide les pouvoirs, contrairement
à la constitution américaine qui n’a pas établi de frontières étanches entre les différents pouvoirs.
De cette incompréhension française, consistant à confondre la séparation des pouvoirs et séparation des fonctions, résultera les
échecs français.
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Anne, la fille de Guillaume d’Orange et de Marie, mourut sans descendance. Son frère, catholique, ne peut lui succéder; et c’est
donc un arrière petit neveu, Georges Ier, qui devient roi. Toutefois, étant prince allemand du duché de Hanovre, il ne parle pas
anglais, et s'intéresse assez peu à son royaume d'Angleterre. C'est à ce moment là qu'émerge le rôle du premier ministre, qui servira
d'interface, puis deviendra un élément constitutif de la naissance du régime parlementaire.
Les premiers linéaments du régime parlementaire apparaissent dans la charte de 1814, sous la monarchie de juillet.
Après la défaite de Napoléon, Louis XVIII revient d’exil et annonce son intention d'adopter une charte libérale. Il octroie au peuple
français une charte en juillet 1814, tenant compte des évolutions opérées depuis la révolution. Dans cette charte de 1814, la roi a des
pouvoirs plus importants que le monarque anglais; il nomme des ministres qui forment un cabinet présidé par l’un d’entre eux
(premier ministre).
La chambre des pairs (semblable à la chambre des lords), est nommée par le roi. Le nombre des pairs est limité, et l'élection des
députés à la chambre se fait par suffrage censitaire, qui peut être dissoute par le roi. Ceux-ci participent au législatif. Toutefois, le
roi dispose seul de l’initiative des lois, et le monarque a en dernier lieu l’autorité législative. Il peut refuser l'application des lois
votées par les chambres.
Malgré ces différences, la chambre de 1814 avait en germe des éléments de régime parlementaire. La pratique devait consacrer la
double responsabilité des ministres devant le roi et de la chambre des députés.
Charles X succède à son frère en 1824, et se montre plus hostile à la démocratie, tentant même de ré instaurer l’ancien régime. Il
promulgue, le 25 juillet 1830, quatre ordonnances pour suspendre la liberté de presse, modifier la loi électorale, dissoudre la
nouvelle chambre non encore réunie et convoquer les électeurs. En trois jours, le régime fut balayé.
On ne voulait pas de la république des bourgeois libéraux comme Adolphe Thiers, et on porta au pouvoir Louis Philippe d’Orléans
appartenant à la branche cadette des bourbons.
Louis Philippe d’Orléans jura fidélité à la charte que les députés et les pairs avaient révisé à la hâte. Ainsi, les français redeviennent
des citoyens, le terme octroyer disparaît, et le drapeau tricolore réapparaît . De nouvelles dispositions diminuent le cens, augmentant
l’électorat.
La charte de 1830 ne fait pas allusion à la responsabilité des ministres devant le parlement, car il est acquis. Louis Philippe
d’Orléans devient roi des français sous le nom de Philippe Ier. Celui-ci manifeste une grande admiration pour le régime
parlementaire anglais, et souhaite instaurer les même institutions en mettant en place ce type de régime.
Dans cette période, on observe un consentement entre le roi et le cabinet, soutenu par la majorité des chambres. C’est le
parlementarisme orléaniste, où le gouvernement a sa responsabilité devant le roi et le parlement.
Le cens disparaît avec la proclamation de la république.
L’élément essentiel est la double responsabilité du gouvernement. De plus, les chambres avaient autorité pour critiquer l’exécutif.
L’adress au roi était votée par les chambres en réponse au trône, à l'ouverture de chaque cession.
Les chambres pouvaient discuter des pétitions venant des citoyens, et donner leur avis aux ministres.
La discussion du budget permit aux chambres de contrôler le fonctionnement de chacun des ministères.
C’est l’élément essentiel du régime parlementaire. Le gouvernement détermine sa politique en indépendance, mais il ne peut la
mettre en œuvre sans le consentement parlementaire. L’initiative peut appartenir aux parlementaires ou au gouvernement.
Le gouvernement peut engager sa responsabilité devant le parlement en posant la question de confiance. Si le parlement refuse la
question de confiance, le gouvernement doit se retirer. En fait, c’est une hypothèse détournée de sa vocation originelle, devenant un
moyen de pression du gouvernement sur sa majorité.
L’initiative peut venir du parlement par une motion de censure, et le gouvernement devra démissionner si le parlement fait connaître
son non accord.
A l’origine, le gouvernement a assuré une double responsabilité devant le roi et le parlement. C’est un parlementarisme dualiste en
raison de la perte d’autorité du monarque.
Ainsi, le gouvernement devient moniste car il a sa responsabilité seulement devant le parlement au XIXe siècle.
L’exécutif subordonnée au législatif, il y a risque de régime d’assemblée. Ceci fut jugulé par l’introduction du régime parlementaire
rationalisé.
27
Le chef de l’état est politiquement irresponsable. Cette irresponsabilité implique que la plus grande partie de ces actes soient
contresignés par un ministre qui endossera la responsabilité Par conséquent, le parlement ne dispose pas de moyens à l’encontre du
chef d'état.
Il a la faculté de dissoudre la chambre et peut faire un référendum pour trancher un différent. Le cabinet voit ses membres nommés
par le chef de l’état. Il est collégial, solidaire et responsable. Les décisions sont prises collectivement et engagent toute l’équipe
gouvernementale.
Le régime parlementaire dualiste suppose que le gouvernement bénéficie de la confiance du chef de l’état et du parlement pour
assurer sa survie.
Les parlementaires s’appuieront sur leur légitimité, et la monarchie ne parvenant pas à s’imposer, plusieurs attributions du
monarque seront conférées au cabinet
Il y aura pluralisme moniste.
Après la première guerre mondiale, plusieurs juristes pensent que l’exécutif ne doit pas rester aux simples mains du parlement.
Il y a eu une idée de renforcer l’exécutif au détriment du parlement. Il y a ainsi eu rationalisation du parlementarisme. Cette
rationalisation a consisté à ajouter au texte constitutionnel des pratiques coutumières; et contrairement à l’idée reçue, c’est le
parlement qui en a profité.
Les constitutions de 1946, 1958 et même la constitution de l’Allemagne témoignent de cette volonté. La motion de censure fait
l’objet de soins particuliers, comme le respect d'un délai de réflexion pour pouvoir la limiter.
On tente de restaurer le droit de dissolution, et on permet au gouvernement d’intervenir davantage dans le processus législatif.
Le gouvernement dispose de la possibilité d’élaborer des projets de loi, et d'assister aux réunions de la chambre pour orienter le
débat.
Le gouvernement a le droit de dissolution.
La dissolution consiste, pour l’exécutif, à mettre fin aux mandats des représentants de la nation avant leur terme normal pour
déclencher une nouvelle élection, afin de constituer une nouvelle assemblée qui sera normalement plus conciliante envers l'exécutif
et plus malléable. Seule la chambre basse peut être dissoute.
Le droit de dissolution permet un équilibre des forces assurant la stabilité.
Le droit de dissolution a fait l’objet de plusieurs critiques remettant en cause sa légitimité.
En effet, ce droit de dissolution peut paraître choquant, voire exorbitant, quand il est entre les mains d’un roi ou d’un président qui
procède du législatif et qui ne viendrait pas du suffrage universel.
Il y a des réticences françaises à la dissolution qui a été souvent présentée comme un coup d’état organisé par l’exécutif au
détriment de la représentation nationale.
Après la crise du 16 mai 1877, ce droit est tombé en désuétude jusqu’en 1955.
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Il est admit qu'on ne doit pas dissoudre, sauf pour régler un différent entre législatif et exécutif en faisant appel au peuple pour
trancher. C'est pourquoi, il ne faut pas considérer cela comme étant contraire à la démocratie, car il y a le peuple est sollicité.
Comme toute procédure, la dissolution peut être détournée de sa vocation originale.
La menace d’une dissolution peut résoudre un problème lié à la majorité. Elle peut être une arme pour tirer profit d’une conjoncture
politique favorable; c’est le cas en Grande-Bretagne, où les représentants de la nation n’arrivent presque jamais à la fin de leur
mandat.
La dissolution française du 21 avril 1997 se rattache sûrement à cette conception, même s’il y a des différences. En effet, lorsque
Jacques Chirac a dissout l’Assemblée Nationale un an avant son terme, cela reposait sur des idées politiciennes. Il s'agissait donc
d'une dissolution de convenance, car Jacques Chirac se sentant affaibli pour l’élection prochaine, voulait prendre de court
l’opposition.
Il prétexta des notions de fonds pour accélérer la réforme, et sa volonté de respecter le calendrier de la construction européenne. Il
s’agissait en fait d’une dissolution stratégique qui devait redonner un coup de fouet au gouvernement affaibli de Juppé.
Cela a raté et a entraîné une cohabitation.
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Section 3 : Le fonctionnement de régimes politiques étrangers
1 – La permanence du bipartisme
La différence entre les Whigs et les Tories anime toute la vie politique jusqu'à l’apparition au début du XXe siècle des travaillistes.
Le Labor Party vient de l’initiative des syndicats, les trade unions.
A partir de 1935, les libéraux se sont écartés de la lutte du pouvoir au profit des deux autorités qui se succédèrent ensuite au
gouvernement :
Le parti conservateur, qui revendique un recrutement dans toutes les couches de la société, mais appartient de manière générale à la
classe aisée. Il se présente une idéologie basée sur l’honneur et sens du devoir. Il prône un libéralisme économique qui ne veut pas
de l’intervention de l’état dans l’économie et dans le social.
Le parti travailliste (7 millions d’adhérents) est un parti de masse.
L’adhésion des syndicats à ce parti est importante. C'est un parti de centre gauche issu de la classe ouvrière; mais social démocrate,
attachée aux institutions comme ses concurrents directs. La crise du parti travailliste, au début des années 80, est certainement dû au
retour du parti libéral dont la montée avait été interrompue par la poussée travailliste vers la fin des années 70. Progressivement, le
parti travailliste s’était gauchisé, et quelques leaders modérés le quittèrent pour créer le SPD (parti social démocrate) avec un succès
immédiat représenté par un groupe parlementaire d’environ trente personnes à la chambre des communes en 1983. En 1998, il
fusionne avec le parti libéral pour former le parti fédéral démocrate.
Le bipartisme est favorisé par le scrutin uninominal à un tour. Les ententes entre les différents partis sont de fait écartées.
Seuls les plus grand partis peuvent tirer leur épingle du jeu; ce qui favorise l’injustice, car on peut bénéficier de suffrages, et être
minoritaire en nombre de sièges.
L’opposition a un statut qui lui permet d’être un cabinet fantôme (shadow cabinet)
B – Le cadre institutionnel
1 – La monarchie
La transmission de la couronne est établi sous des règles de 1701 par transmission héréditaire au sein de la famille des Windsor
(appelés Hanovre jusqu’en 1945).
De plus, une femme peut être à la tête du pouvoir comme Elisabeth II, depuis 1952.
La reine est le gouverneur suprême de l’église d’Angleterre.
L’essentiel des pouvoirs de la reine peut se résumer par "la reine règne mais ne gouverne pas". Elle peut nommer le premier
ministre, promulguer la loi, commander l’armée, convoquer et dissoudre le parlement, mais, ces décisions sont subordonnées à
l'accord du premier ministre et des membres du cabinet.
Le monarque est irresponsable et a perdu tout pouvoir politique.
La réalité du pouvoir royal est insignifiante, réduite à une autorité morale.
Toutefois, les anglais manifestent un grand attachement a leur monarque, symbole d’une autorité nationale, d'une continuité de la
tradition. La reine doit se montrer discrète, mais elle se tient informée de l'actualité de son royaume, et reçoit son premier ministre
une fois par semaine.
2 – Le gouvernement et le cabinet
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En application d’une règle non écrite, le premier ministre doit être issu de la majorité sortante. Le premier ministre est choisi
indirectement par les électeurs. Ainsi, Margaret Thatcher due démissionner de ses fonctions en novembre 1990, car non réélue
leader de son parti. Elle fut remplacée par John Major, puis Blair qui est travailliste.
Les pouvoirs du premier ministre sont considérables et sont parfois comparés à ceux d'un monarque.
Tous les membres du gouvernement ne siègent pas au cabinet. C’est une émanation de l’équipe gouvernementale qui ne comprend
qu’une vingtaine de personnes nommées par le premier ministre. On y trouve les représentants des différents courants politiques, et
certains responsables de la vie économique. Le cabinet est un organe collégial et solidaire. Il a des attributions législatives et
exécutives. En matière exécutive, le cabinet a les attributions traditionnelles en la matière.
Les attributions législatives sont très étendues, ainsi son rôle dans le processus législatif est déterminant comme dans le domaine
budgétaire et financier.
Le parlement par une loi d’habilitation peut autoriser le gouvernement à prendre des décisions dans le domaine législatif. Le
premier ministre peut proposer les textes qu’il souhaite.
Le parlement agit comme une chambre de ratification. La motion de censure est rare, comme la mise en cause du pouvoir politique
qui demeure exceptionnelle.
3 – Le parlement
A – Le cadre institutionnel
1 – l’exécutif
Le bicéphalisme de l’exécutif ne doit pas cacher la vérité voulant que le président de la république ait peu de pouvoirs. Ceux-ci qui
sont concentrés dans les mains du chancelier.
Le président est élu au suffrage universel indirect par le Bundestag et par les délégués de Länder , soit un collège électoral de 1324
personnes.
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Le président, élu pour cinq ans, est rééligible une seule fois. Ses pouvoirs sont formels, il est politiquement irresponsable et ses actes
sont contresignés par le Chancelier et les ministres concernés. Il promulgue la loi, signe les traités, saisi le tribunal constitutionnel,
mais ne préside pas le conseil des ministres qui n’est pas responsable devant lui, et il ne bénéficie pas de l’initiative des lois.
Il nomme le Chancelier, mais ne peut choisir que le leader du parti politique qui a gagné les élections. Il peut en principe prononcer
la dissolution du Bundestag, si cette chambre n'a pas la possibilité de proposer un nouveau candidat.
Le Chancelier exerce la réalité de la fonction exécutive, les modalités de sa désignation lui assurent le soutien du Bundestag. Sa
désignation est originale, elle peut se décliner en trois volets même si dans les faits la première phase n’est jamais dépassée.
1- Bundestag élit le candidat proposé par le président
2- Si le candidat n'est pas élu, le Bundestag dispose de quatorze jours pour élire son propre candidat. A l’expiration de ce
délai, si aucun candidat n’est désigné, il y a un second tour de scrutin.
3- Second tour
Les pouvoirs du Chancelier sont importants : - chef du gouvernement
- choisi ses ministres
- révoque ses ministres
Le cabinet n’est pas un organe collégial, d’autant plus que seul le Chancelier reçoit l’investiture du Bundestag, et assume la
responsabilité de la politique gouvernementale.
Le Bundestag (ou Diest) représente le peuple, et est élu pour 4 ans selon le système du double vote qui combine scrutin majoritaire
et représentation proportionnelle.
Le Bundesrat représente les différents états, Länder. Chaque land à sa constitution, son parlement, son gouvernement et sa cour
constitutionnelle.
Le Bundesrat est composé de 69 membres, chaque land dispose d’un certain nombre de représentants (3 à 6) en fonction de la
population. Contrairement au schéma classique les représentants des Länder ne sont pas élus mais désignés et révoqués pour le
gouvernement de chaque land.
Se sont ces fonctionnements qui donnent aux allemands une originalité, car la seconde chambre n’en est pas véritablement une. En
général, les parlements ont une attribution législative, et une de contrôle. Les attributions législatives, c'est à dire l’initiative des lois,
appartiennent au gouvernement et aux parlementaires. Le plus fréquemment, l’initiative revient au parlement, et 6 lois sur 7 sont
d’origine gouvernementale.
Le projet de loi est commandé au Bundestag qui a six semaines pour former un avis. Au terme de ce délai, le projet de loi et l’avis
sont envoyés aux parlementaires. Ce sont eux qui ont l’initiative des lois, les propositions émanant du Bundestag soutenu par 26
députés.
La discussion et l’adoption de la loi sont annoncées à l'ordre du jour par le conseil des anciens où le parlement est majoritaire.
La discussion se décompose en trois lectures. La première lecture est d'ordre en général, et propose un renvoi vers la commission
compétente. La seconde examine les différentes propositions de la commission et permet une discussion suivie d’un vote article par
article. Enfin, une troisième lecture pour le vote de l’ensemble du texte, ou l’amendement peut être utilisé. 90% des lois sont votées
à l’unanimité.
Seul le Bundestag peut mettre en cause la responsabilité politique du gouvernement.
Il peut assurer le contrôle du gouvernement par l’intermédiaire de questions et, peut décider d‘instaurer des commissions de
contrôle.
La répartition compétente est fixée par la Loi Fondamentale. L’ordre juridique de l’ordre fédéral se superpose à celui des états
fédérés. Cette répartition, dont la cour constitutionnelle est chargée d'assurer le respect est assez complexe.
La loi fondamentale confère les attributions les plus importantes à l’état fédéral.
La loi fondamentale institue des compétences différentes pour plusieurs domaines.
Le Bundestag et les Länder peuvent les exercer, mais l’état fédéral a un droit prioritaire pour légiférer dans ces différentes
domaines.
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2 – La responsabilité politique du gouvernement
Seule la responsabilité du chancelier peut être mise en cause. Il y a deux hypothèses :
Le Chancelier engage sa responsabilité en posant la question de confiance. Si cette confiance n’est pas accordée, il peut dans les
trois semaines qui suivent démissionner, mais ce n’est pas obligatoire. Il peut demander au président de dissoudre le Bundestag.
Mais le Bundestag peut également, dans ce même délai, élire un nouveau chancelier, ce qui lui évite de revenir devant les
électeurs. La question de confiance est exceptionnelle.
L’initiative vient du Bundestag qui souhaite mettre en cause la responsabilité du gouvernement; mais selon l’article 67 de la Loi
Fondamentale, le Bundestag ne peut prononcer la censure du Chancelier qu’en lui désignant un successeur. Le président doit
relever de ses fonctions le Chancelier et nommer la personne élue. C’est le principe de la confiance consultative.
3 – Le droit de dissolution
Selon la Loi Fondamentale, ce droit revient au président. Mais dans les faits cela revient au Chancelier. Il est utilisé en dernier
recours, quand les députés n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le choix d’un candidat au moment de sa désignation, ou après le
rejet d’une question de confiance.
4 – La cour constitutionnelle
Siégeant à Karlsruhe, c’est un organe essentiel garant de l’état de droit composé de 16 membres élus pour 50% au Bundesrat et 50%
au Bundestag. Il s’agit pour la plupart de juristes élus pour un mandat de douze ans. Cette cour constitutionnelle est chargée de trois
fonctions essentielles :
Le contrôle de la constitutionalité des lois fédérales et fédérées, à la demande du gouvernement fédéral, du gouvernement d’un
land ou d’un tiers des membres du bundestag. La saisine directe de la cour est également ouverte à tous citoyen, quand il estime
qu’une loi, un acte administratif ou une décision de justice porte atteinte à ses droits fondamentaux, et sous réserve qu’il ait
épuisé ses autres voies de recours.
C’est la voie de recours constitutionnelle.
La cour constitutionnelle est chargée de contrôler la répartition entre état fédéral et état fédéré, et peut trancher un litige.
La cour constitutionnelle protège la démocratie allemande et peut prononcer la déchéance des droits fondamentaux d’un
individu qui lutterait contre les libertés instituées.
Elle peut prononcer l’interdiction d’un parti politique.
1 – La constitution
La constitution américaine est certainement la plus ancienne, elle date du 17 septembre 1787. Le texte d’origine est divisé en sept
articles, mais les plus à retenir sont les trois premiers .
En effet, ils traitent respectivement du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Cette constitution trahit dans son organisation
l'inspiration de ses auteurs, qui relève du "Siècle des Lumières" français.
Le texte originel regroupe 27 amendements définissant l’organisation des pouvoirs, le droit des citoyens et l'abolition de l’esclavage.
En 1787, ce texte était moderne, mais désormais, il apparaît archaïque et incapable de répondre aux problèmes d’une démocratie
moderne. C’est la pratique politique qui remplace la carence du texte constitutionnel.
2 – Le fédéralisme
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La répartition des compétences a fait l’objet du dixième amendement, selon lequel l’état fédéral ne bénéficie que d’une compétence
d’attribution, et les états fédérés d’une compétence de droit commun.
Les états fédérés conservent une certaine autonomie, chaque état a ses institutions et ses propres règles juridiques et judiciaires. Le
bipartisme américain présente des intérêts particuliers, car il n’y a pas position d’idéologie entre les deux parties.
B – Le cadre institutionnel
1 – Le Président
Le Président des Etats-Unis a un mandat de quatre ans renouvelable qu’une seule fois.
Le rôle des partis est considérable dans cette élection. Chacun de ces deux partis propose son candidat à la présidence et vice
présidence. Des conventions nationales sont organisées par les deux partis l’été précédant les présidentielles. Les délégués qui
participent à l’élection nationale et qui choisiront les candidats peuvent être désignés par les électeurs de chaque état à l’occasion
d’élections primaires (adoptées par environ trente états), et les autres par caucus par lesquels les délégués sont élus par les membres
du parti.
L’élection aura lieu le premier mardi suivant le premier lundi de novembre.
L’élection des grands électeurs a lieu dans chaque état par liste à un tour. Le nombre de grands électeurs est fixé dans chaque état au
nombre de sénateurs fixé à deux plus les représentants, variant selon l’importance géographique de cet état.
Dans chaque état la liste qui obtient la majorité recueille tous les sièges des grands électeurs. Ainsi, une majorité minime des
suffrages peut impliquer en nombre important la différence de grands électeurs.
En 1960, 34 227 000 pour Kennedy et 34 108 000 pour Nixon. Il y a une différence minime, pourtant Kennedy aura 303 mandats
contre seulement 219 pour Nixon en nombre de sièges.
En 2000, Al Gore a 337 000 voix de plus que Bush, mais n’a que vingt états sur 50 et a moins de grands électeurs que Bush. Parmi
eux, 25 venaient de Floride où l’élection s’est jouée à 537 voies sur six millions d’électeurs.
7 juges de la cour suprême de l’état, qui étaient démocrates, décidèrent de faire recompter les 45 000 bulletins litigieux. La cour
suprême des Etats-Unis est saisie par G.W Bush et par 5 voies contre 4 donne raison à Bush pour cause de temps.
L’élection officielle par les grands électeurs a eu lieu en mi-décembre, mais sans surprise.
Le vice président joue un rôle effacé. Il est le président du Sénat, mais en réalité il n’assure pas cette fonction. L’essentiel de
l’autorité du vice président apparaît en cas de décès, d'incapacité, de démission, de destitution du président car il est appelé à le
remplacer.
Le Président s’entoure de secrétaires d’état, qui ont un rôle ministériel. Ils sont quinze, choisis et révocables librement.
En vertu de la Constitution, le Président est l’exécutif fédéral. Mais son rôle excède celui prévu par la celle-ci dans la mesure où il
est le principal représentant du pouvoir politique.
Il est chef de l’état, et le chef du gouvernement, car il y a absence d’un véritable cabinet.
Le Président est le chef des armées, mais c’est le Congrès qui les lève et les entretient, qui déclare la guerre et qui permet au
Président d’utiliser celles-ci.
Le Président conclu les traités, mais la ratification doit être autorisée par le Sénat.
2 – Le Congrès
Le régime présidentiel repose sur une séparation stricte des pouvoirs, mais sans absence totale de relations.
La séparation stricte des pouvoirs a toujours été considérées par les américains comme le signe d'une indépendance.
Ainsi, le Président et les ministres ne sont pas responsables devant le Congrès, qui ne peut donc les renverser.
De même, le Président ne peut pas dissoudre le Congrès.
Cependant, il est évident que le Président intervient dans le législatif, et le Congrès a certains moyens pour financer l’exécutif.
Le message prononcé chaque année en janvier, permet au président d'intervenir dans le domaine législatif. En cela, il suggère aux
parlementaires, de prendre compte les projets de lois qu'il présente.
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Les textes de loi votés par le Congrès doivent être promulgués par le Président dans les dix jours, mais, le président peut refuser de
donner son accord à la loi en y opposant son veto.
Le congrès peut toutefois écarter le veto présidentiel par un vote de chaque chambre à la majorité des deux tiers.
Le veto est surtout utilisé par le président, et peut être levé par les chambres.
Dès l’origine et jusqu’en 1992, le droit de veto a été utilisé 1448 fois, mais levé uniquement neuf fois.
Le recordman du veto est Franklin Roosevelt avec 653 veto en quatre mandats.
Il y a aussi le veto implicite, le « pocket veto ». Cette procédure permet au président de ne pas promulguer la loi transmise dans les
dix jours qui précèdent la clôture de la session du Congrès. Celui-ci n’étant plus en session ne peut lever le veto, et toute la
procédure doit être recommencée à la session suivante.
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PARTIE 2 : Les institutions politiques françaises
C’est une période importante, car elle représente le creusé dans lequel s’est fondu l’essentiel des expériences constitutionnelles
françaises.
La France fait l’apprentissage de la révolution, du césarisme et du pluralisme.
Toute notre histoire constitutionnelle repose sur une période de deux mois du 5 mai 1789 (réunion des états généraux), au 12 juillet
1789.
Entre ces deux bornes, le 17 juin constitue une date essentielle, car le Tiers-état se constitua en assemblée nationale avant d’être
rejoint le 27 par la noblesse et le clergé.
Le 20 juin, lors du Serment du jeu de paume, les députés se sont jurés de ne pas se séparer avant de donner une constitution à la
France. C’est cette assemblée nationale qui est à l’origine de la constitution de 1791.
Il s’agit du préambule de la constitution de 1791, qui renferme les principes de philosophie politique devant guider les constituants.
Cette déclaration reflète la philosophie des Lumières, héritage de la doctrine individualiste.
Cette déclaration se rapproche des droits de l’Ecole de la nature. Elle emprunte à Rousseau la définition de la loi, et à Montesquieu
le principe de la séparation des pouvoirs. Elle traduit l’esprit du siècle.
Celle-ci présente 17 articles, et y sont énoncés les droits que l’homme découlant de sa nature. L’article 3 reprend la souveraineté
nationale, l’article 16 la séparation des pouvoirs.
La Déclaration laisse une large place à la loi, mais il n’y a pas d’évocation juridique relative à la Déclaration des Droits de l'Homme
et du Citoyen .
Inspirée de la Constitution de 1787 des Etats–Unis, elle met en œuvre des principes essentiels comme la souveraineté nationale, la
primauté de la constitution et la séparation des pouvoirs. Le corps législatif est composé d’une seule chambre, l’Assemblée
Nationale législative qui a 700 élus pour deux ans. Cette assemblée permanente ne peut être dissoute par le roi.
C’est une monarchie constitutionnelle, où le roi est irresponsable et inviolable. Il nomme et révoque ses ministres qui ne sont pas
responsables politiquement, mais pénalement.
Le roi a un droit de veto suspensif à toute loi votée par l’Assemblée, qui peut toutefois passer outre en votant le texte.
Cependant, cette séparation trop rigide des pouvoirs ne devait pas permettre aux deux organes essentiels d’avoir des actions
réciproques. Ainsi, les conflits entre le roi et l’Assemblée se développèrent.
Le 10 août 1792, le roi est suspendu, et les français sont appelés à désigner une Convention Nationale, le 21 septembre 1792, qui
abolit la royauté et la République est proclamée.
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Celle-ci élabora un nouveau texte qui aboutira à la Constitution de 1793, précédée d’une Déclaration des Droits de l'Homme et du
Citoyen (3 articles). Toutefois, cette Déclaration insiste davantage sur l’égalité du citoyen, mais elle présente une dimension sociale
inexistante en 1789.
La Constitution de 1793 s’inspirait des idées de Rousseau, comme le suffrage universel et le recours à la démocratie semi-directe.
L’Assemblée législative incombe à une assemblé unique élue pour un an au suffrage universel.
Le pouvoir exécutif est collégial, car il est composé de 24 membres. Les conditions de nomination de ce pouvoir exécutif implique
sa soumission à l’Assemblée. Ainsi, l’exécutif n’est pas élu par le peuple, mais pas par le corps législatif sur une liste de 85
candidats. Son pouvoir est limité à l’administration générale, il doit exécuter les lois et décrets du corps législatif. Ce corps exécutif
na dispose pas de l’initiative des lois et ne peut dissoudre l’Assemblée.
La constitution de 1793 fut acceptée par le peuple, mais n’entra pas en vigueur en raison de la guerre entre l’Angleterre et
l’Autriche.
Après l'exécution de Robespierre, la mise en vigueur de cette Constitution de 1793 fut écartée. On a ensuite abouti à la Constitution
du 5 fructidor de l'an III.
C’est une constitution inspirée par Sieyès, mais qui emprunte les idées de Bonaparte. Il y a confiscation des élections et introduction
du plébiscite. Avec la confiscation des élections et la consultation, on constate que le suffrage universel est rétabli.
En effet, les électeurs ne désignent personne, ils se contentent d’élaborer des listes de confiance dans lesquelles le Premier Consul et
le Sénat choisiront les autorités appelées à exercer les plus hautes fonctions.
La Constitution introduit aussi le plébiscite, c’est la naissance de l’organisation des pouvoirs. Le pouvoir exécutif est confié à trois
consuls.
L’article 39 de la Constitution désigne Bonaparte comme Premier Consul, Cambacérès comme second consul, et Lebrun comme
troisième consul.
Ce n’est pas un véritable collège, car le Premier Consul concentre l’essentiel du pouvoir.
Le gouvernement a l’initiative des lois, et dispose du pouvoir réglementaire.
Il y a un Conseil d’Etat qui sera chargé par la constitution de rédiger les projets de loi, et de résoudre les problèmes en matière
administrative.
Le pouvoir législatif est confié à deux assemblées :
- Le Tribunat composé de 10 membres, dont le rôle est réduit et qui discute sommairement des projets de loi.
- Le corps législatif est composé de 800 membres, et il vote les textes proposés par le gouvernement sans pouvoir les discuter ni
les amender.
Ainsi, le Tribunat discute sans décider et le corps législatif décide sans discuter.
Il y a un Sénat conservateur, qui constitue un organe essentiel, car il choisit sur la liste nationale les membres du Tribunat et du
corps législatif. Constitué de 80 membres cooptés, il est chargé de désigner les futurs consuls.
B – La Constitution de l’an X
Après que Napoléon eu été désigné Consul à vie, le sénatus-consultes organique du 4 août 1802 représente une véritable
Constitution forte de 86 articles
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Ce texte modifie le système électoral, renforce les pouvoirs du Premier Consul sans l'adhésion des organisations des différentes
assemblées.
Cette période particulière présente des aspects paradoxaux. En effet, après l’expérience césarienne cette période a dû concilier les
acquis de la révolution avec la restauration monarchique. Or, c’est cette restauration qui a introduit le régime parlementaire en
France.
Le principe général de cette charte n’est pas différent de celle de 1814, mais il s'agit ici d'une charte octroyée, car elle est votée par
les chambres et louis Philippe roi des français.
Le roi ne peut nommer les pairs à vie que dans certaines catégories de la société.
Les pouvoirs du roi déclinent.
A la suite de la "campagne des banquets" et de la journée du 28 février 1848, le roi abdiqua et la République fut proclamée.
Les électeurs sont appelés le 5 mars 1848 par décret, qui réadopte le suffrage universel abandonné depuis 1792.
Les résultats mettent en place une Assemblée modérée qui comporte qu’une centaine de républicains modérés, 300 monarchistes et
une majorité de républicains.
Lors de sa réunion du 4 mai 05, la République fut officiellement proclamée.
Elle se spécifie par l’introduction du suffrage universel (art. 24 de la Constitution), par la recherche d’un certain équilibre fondé sur
la séparation stricte des pouvoirs.
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Le pouvoir législatif et exécutif réunis dans une assemblée unique, l’Assemblée Nationale composée de 750 membres élus pour
trois ans. Elle dispose de la compétence législative, mais ne peut pas renverser le gouvernement.
Le pouvoir exécutif est délégué au Président de la République, âgé de 30 ans minimum et élu pour 4 ans au suffrage universel
direct. Il n’est rééligible qu’après un intervalle de quatre ans.
Il a de larges pouvoirs, mais ne peut dissoudre l’Assemblée Nationale.
Le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte fut élu Président de la République, et fut le premier Président de la République.
La séparation stricte des pouvoirs ne permettait pas de résoudre les conflits, et ne permettait pas au Président d’être rééligible.
Face à cette situation, le coup de force devint inévitable et eut lieu le 2 décembre 1851.
Louis Napoléon Bonaparte fit ratifier son coup d’état par un plébiscite, qui lui confia le pouvoir pour élaborer la Constitution du 14
janvier 1852.
B – Le Second Empire
2 – L’Empire
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Section 2 : la IIIème République
I – Installation du régime
Après la capitulation de l’empereur à Sedan, la foule se rend le 4 septembre 1870 auprès du corps législatif. Un groupe de députés
républicains proclame la République, c’est le gouvernement provisoire de la défense nationale avec Jules Ferry, Jules Simon, Jules
Faure, Léon Gambetta, Emmanuel Arago…
Le général Trochu est chargé des pleins pouvoirs militaires pour organiser la défense nationale. Des élections sont prévues pour le
16 octobre, mais elles auront lieu le 8 février 1871 en raison de l’invasion prussienne. Le succès conservateur fut massif.
L’Assemblée Nationale qui se réunit à Bordeaux le 12 février, avant de gagner Versailles le 20 mars 1871, avait pour charge de
gouverner le pays en l’attente d'une nouvelle constitution. Cette assemblée est divisée, et il fallut attendre quatre ans pour obtenir
l’adoption de lois constitutionnelles. Les monarchistes voulaient la paix et les républicains appelaient à la résistance. Le pays
préféra la paix, et donc les monarchistes.
400 monarchistes sur 675 sièges.
200 républicains et une vingtaine de bonapartistes.
Toutefois, la mésentente règne dans le camps des monarchistes entre les légitimistes (comte de Chambord), et les orléanistes dont le
candidat était le comte de Paris.
1 – Le Gouvernement de Thiers
2 – Le Gouvernement de Mac-Mahon
La loi du 20 novembre 1873 sur le septennat confie le pouvoir exécutif pour sept ans au maréchal Mac-Mahon.
Le pouvoir continue à être exercé avec le titre "Président de la République" jusqu’aux modifications par des lois constitutionnelles.
L’article 2 de la loi du 20 novembre 1873 prévoyait la nomination d’une commission de trente membres pour organiser les lois
constitutionnelles.
La loi du 24 février 1875 prévoit l’organisation du Sénat, chambre conservatrice imposée par l’assemblée monarchiste en
contrepartie de la République.
L’article premier d’un projet de loi disposait que le pouvoir législatif s’exerce par deux assemblées : la Chambre des députés et le
Sénat.
Lors de la seconde lecture du 30 novembre, H. Wallon proposa un amendement selon lequel le Président de la République est élu à
la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunies dans une Assemblée Nationale. Il est nommé pour
sept ans. L’amendement Wallon sera voté en majorité en première lecture, puis en une seconde lecture une large majorité.
L’ensemble du projet fut largement amendé. La loi relative à l’organisation des pouvoirs est adopté le 25 février.
La loi du 16 juillet 1875, quant à elle, porte sur les pouvoirs publics.
Ces trois lois font la constitution de 1875.
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La loi du 24 février contient onze articles, celle du 25 février en comporte quatre, et celle du 16 juillet en comporte quatorze pour un
total de 34 pour la constitution.
Cette constitution n’est pas précédée d’une déclaration de droit, il n’y a pas de philosophie politique. Elle n’est pas marquée de
tyrannie, ni d’intolérance.
Cette constitution a connu une longue vie (70 ans)
1 – Le pouvoir exécutif
2 – Le Parlement
Le pouvoir législatif s’exerce par deux assemblés, la Chambre des députés et le Sénat.
Les députés sont élus au suffrage universel selon un scrutin uninominal à deux tours pour quatre ans.
Les 225 sénateurs sont élus au suffrage universel indirect par intervention d’un collège électoral comprenant des députés, des
conseillers généraux, des conseillers d’arrondissements, des délégués sénatoriaux (conseil municipal).
Aux 225 sénateurs, il faut ajouter 75 sénateurs inamovibles par assemblée constituante.
Les sénateurs élus pour neuf ans, renouvelés par tiers tous les trois ans. Les petites communes souvent conservatrices ont été
représentées dans le Sénat.
Le Sénat est vite apparu comme une chambre de notables assurant une sur-représentation des milieux ruraux et des petites villes, au
détriment des zones urbaines.
Le Sénat assure la défense des idées républicaines, et a le droit d’initiative et d’amendement. Les deux Chambres participent
également à la nomination du Président de la République (on retrouve des égalités dans le contrôle du gouvernement).
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En 1878, le Président doit subir une politique qui ne lui convient pas.
Le 5 janvier 1879, le renouvellement partiel du Sénat, fait tomber celui-ci dans la majorité des républicains.
Le Président se démet le 30janvier 1879, et le jour même Jules Grévy est élu Président de la République.
Le 7 février 1879, le Président annonce qu’il n’entrera jamais en conflit contre la volonté nationale, et donc n'exercera pas le droit
de dissolution.
Cette déclaration, Constitution Grévy, constitue le point d’aboutissement de la crise du 16 mai 1877.
C’est la fin du régime dualiste.
Le rôle du président de la République se trouve réduit par rapport à celui du Président du Conseil.
La dissolution est discréditée, car jugée anti-républicaine et réactionnelle. Elle ne sera plus utilisée dans la IIIème République.
Toutefois les conséquences sont regrettables, car dès lors, un gouvernement ne dure sept mois en moyenne.
On assiste à une instabilité gouvernementale et à un régime d’assemblée.
Le Parlement dispose du vote de la loi. Il dispose également de beaucoup de moyens pour contrôler l’activité du gouvernement, et
peut recourir à la question où à l’interpellation.
La question peut être écrite ou orale, permettant à un parlementaire de demander à un ministre une explication sur un point
particulier sans qu'il y ait obligatoirement vote ou débat. L’interpellation demande au gouvernement de s’expliquer, mais il est
obligé de répondre par un débat clôturé par un vote par lequel le Parlement accordera ou non sa confiance au gouvernement.
La responsabilité politique du gouvernement peut être mise en jeu par la motion de censure et la question de confiance.
A – L’instabilité gouvernementale
Elle résulte de plusieurs causes, comme un déséquilibre institutionnel provenant de la déviance parlementaire qui mène au régime
d’assemblée ou conventionnel.
L’équilibre des pouvoirs est absente, car le Parlement prend le pas sur l’exécutif étant donné que le Président ne peut dissoudre
l’Assemblée.
Le Cabinet devient de plus en plus dépendant du Parlement.
Plusieurs crises financières, politiques et sociales appariassent, motivées par un changement voulu et par une demande générale.
Millerand (Président de la République de 1920 à 1924), et Doumergue (Président du Conseil en 1934) vont essayer, en vain, de
rendre la dissolution plus facile en supprimant l’avis conforme du Sénat. Ils démissionneront l'un après l'autre.
En 1934, un essai de réforme de l’Etat demeura sans suite.
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Section 3 : Les institutions françaises de 1940 à 1946
I – le Gouvernement de Vichy
Selon celle de 1875, les Chambres avaient le droit de révision par nécessité des lois constitutionnelles par délibération séparée.
Après l’adoption, par chacune, de cette résolution elles devaient se réunir en Assemblée Nationale pour procéder à la révision.
L’Assemblée Nationale se réunit à Vichy le 10 juillet 1940, et procède à une discussion du projet de révision donnant tout pouvoir
au gouvernement de la République.
L’article unique de cette loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 dispose que l’Assemblée Nationale donne tout pouvoir au
gouvernement de la République, sous la signature du maréchal Pétain. Celle-ci a pour effet de promulguer une nouvelle Constitution
de l’état français, afin d'assurer la protection du travail, de la famille et de la patrie.
Ce texte abroge la Constitution antérieure.
B – L’organisation constitutionnelle
Le Conseil de Défense de l’Empire est créé le 27 octobre 1940, afin de doter la France des attributs de la légitimité.
C’est le général De Gaulle, qui monopolise le pouvoir par le biais d’ordonnances à valeur réglementaires ou législatives.
Devant les nombreux ralliements, il constitue le Comité National Français par une ordonnance du 24 septembre 1941.
Les membres nommés par le général délibèrent sur ordonnances, mais elles sont promulguées par le général.
Différents mouvements de résistance, à l’intérieur comme à l’extérieur de la France, se sont opposés, reflétant des personnalités aux
idéologies différentes.
Ainsi, on observa une rivalité entre De Gaulle et le général Giraud qui avait organisé un réseau de résistance à Alger. Ce dernier
bénéficiait de l’appui des américains, car il les avait aidé à organiser le débarquement de novembre 1948 en Afrique du Nord.
Cette double présidence entraîne la création du Comité Français de Libération Nationale, le 3 juin 1943, qui réélit les deux
gouvernements. Toutefois, cette situation tourne court au profit de De Gaulle, et Giraud démissionne en 1944.
Suite à cela, les événements se précipitent, et le 3 juin 1944, le Comité Français de Libération Nationale devient le Gouvernement
Provisoire de la République Française (GPRF).
C’est le Gouvernement Provisoire de la République Française (du 3juin 1944 au 2 novembre 1945).
De Gaulle préside le Gouvernement provisoire, et il nomme et révoque ses ministres librement. Ce premier Gouvernement
Provisoire de la République Française dispose du pouvoir exécutif et législatif par ordonnance.
L’Assemblée consultative provisoire, organisée par une ordonnance du 11 octobre 1944, regroupe les représentants de la résistance.
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Il fallait décider s’il convenait de remettre en vigueur les institutions de la IIIème République, ou si une nouvelle institution
s’imposait. Pour trancher, on fit appel au référendum, organisé le 21 octobre 1945.
L’Assemblée Constituante, élue le 21 octobre 1945, résulte de la victoire de trois grands partis existants : le PS, le PC, le MRP
(Mouvement Républicain Populaire)
L’élaboration d’un projet de Constitution fut adopté le 19 octobre 1945. Mais le projet fut rejeté par le peuple le 5 mai 1946. Les
différents partis se heurtent sur le sujet, et s'opposent au général de Gaulle, qui démissionne le 20 janvier 1946.
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Section 4 : La IVème République
I – Installation du régime
Devant le rejet du peuple français, une nouvelle Assemblée Constituante est élue le 2 juin 1946. Le tripartisme demeure, et
l’assemblée élit Georges Bidault, Président du Gouvernement. Celui-ci est un membre du MRP composé de membres du PC et du
PS.
Les trois grand partis font campagne à ce sujet, et De Gaulle entre en opposition avec eux.
Il expose à Bayeux, le 16 juin 1946 ses idées constitutionnelles. Le 13 janvier 1946, le projet est adopté par référendum, et
deviendra la Constitution du 27 octobre 1946.
Compte tenu des forces en présence, cette constitution ne pouvait être qu’un compromis. Toutefois, elle donne quand même un
ensemble cohérent, au caractère démocratique.
La Constitution du 27 octobre 1946 contient 12 titres et 106 articles.
Cette Constitution ne comporte pas de déclaration de droit, mais un préambule qui réaffirme les droits et les libertés de l’Homme,
proclame des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, et des principes en politique économique et sociale
jugés "particulièrement nécessaires à notre temps".
A – Organisation du pouvoir
1 – Le pouvoir exécutif
2 – Le Parlement
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Le rôle de ce Conseil de la République est modeste avant 1954. En revanche, il participait à l’élection du Président de la
République.
Toutefois, la modestie des attributions de ce Conseil de la République s’explique par la volonté du constituant de fonder une
importante chambre de réflexion.
Avec la révision constitutionnelle du 7 décembre 1954, le Conseil de la République retrouve des attributs d’une chambre
parlementaire.
La question de confiance est posée par le Président du Conseil, après consultation du Conseil des ministres, mais obtenue à la
majorité absolue des assemblées. Si elle n’est pas adoptée, il y a démission du cabinet.
La motion de censure s'oppose, quant à elle, a une initiative parlementaire.
Ces différentes procédures restaient très encadrées par le texte constitutionnel, afin d'assurer la stabilité du gouvernement. Toutefois,
l’absence d’une véritable majorité parlementaire multiplia les crises ministérielles.
2 – La dissolution de l’Assemblée.
Sous la IVème République, la dissolution de l’Assemblée souffre toujours du discrédit résultant de la crise de 16 mai 1877.
La Constitution prévoyait une série de conditions destinées à prévenir les abus de l’exécutif. Selon l’article 51 de la Constitution, la
dissolution ne peut pas intervenir dans les 18 premiers mois de la législature. Si au cours de cette même période, deux crises
ministérielles survenaient à la suite du vote d’une motion de censure, ou du rejet d’une question de confiance posée par le
gouvernement, la dissolution de l’Assemblée pouvait être prononcée en Conseil des ministre, après avis du Président des
assemblées.
Ce droit de dissolution échappe au Président de la République, car il ne peut que la prononcer. Le 2 décembre 1955 vit la seule
dissolution, prononcée par Edgar Faure, Président du Conseil.
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III – La dégradation du régime
Nombreux sont ceux qui pensaient que le tripartisme assurerait une vraie stabilité gouvernementale. Mais il disparaît le 13 mai
1947, lorsque le Président du Conseil se sépare des ministres communistes, coupables à ses yeux d’avoir négligé la solidarité
gouvernementale.
Quelques temps plus tôt, De Gaulle avait créé le RPF (Rassemblement du Peuple Français). La vie de la IVème République est réglée
par le jeu des partis ne permettant pas de dégager une majorité parlementaire.
Les différents gouvernements qui se sont succédés reflètent la disparité parlementaire. Les ministres ne sont que les représentants de
leurs partis, et il ne s’agit pas de faire une politique commune. Les ministres veulent augmenter la puissance de leur parti au
gouvernement.
3 – Le modèle du scrutin
La répartition proportionnelle devait succéder afin de précipiter la chute du PC et du RPF. Ce système électoral fut une réussite, car
les petits partis furent laminés. Mais une fois de plus, ce fut la valse des gouvernements.
1 – L’instabilité gouvernementale
24 gouvernements se sont succédés en douze ans. Pourtant aucune motion de censure ne fut adoptée, mais il y a eu un vote de
méfiance.
2 – L’immobilisme parlementaire
Le Parlement semble plus préoccupé à entraver le gouvernement, plutôt que d’assumer son rôle législatif.
Le jeu des partis, l’absence du renouvellement du personnel ministériel, et le fossé grandissant entre Parlement et peuple ont
contribué à détériorer un régime usé, qui ne résistera pas aux événements de mai 1958.
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Chapitre 2 : Les institutions de la Vème République
La constitution de 1958 résulte des événements de la guerre d’Algérie, et de la volonté de réagir contre l’instabilité des régimes
précédents.
1 – Les faits
Début 1958, la France est dans une situation difficile. La guerre d’Algérie, débutée en 1954, ne trouve pas de solution.
La politique algérienne releva de six ministères.
La coordination de ce problème relevait du Président du Conseil, mais les présidents qui se succédèrent ne purent pas assumer.
Chacun des ministres entreprit de poursuivre sa propre politique algérienne. Ainsi, Lacoste (ministre présent en Algérie) menaçait
celle-ci d'anarchie.
En février 1958, l’armée procède à une intervention aérienne au dessus de la Tunisie, malgré des ordres contraires de Paris.
Félix Gaillard accepte l’envoi d’une mission anglo-américaine, mais il est désavoué et démissionne en avril 1958.
Il y a une véritable crise ministérielle, attisée par les complots.
En mai 1958, Pierre Pflimlin (un des dirigeants du MRP) accepte de former un gouvernement.
Le 13 main 1958 une importante manifestation envahit le siège du gouvernement général à Alger. L’armée, où les gaullistes sont
très influents, fraternise avec les civils en fin de journée. Un comité de salut public se constitue avec le général Massu, et sous
l’autorité du général Salan. Le général Massu envoya, au Président de la République de l’époque, un message exigeant la création à
Paris d’un comité de salut public, seul capable de conserver l’Algérie. Le général Salan est investi des plein pouvoirs par le
gouvernement français.
Par la suite les gaullistes réclamèrent le retour du général De Gaulle, seul capable à leurs yeux d’éviter la guerre civile. De plus,
celui-ci ne faisait pas paraître ses opinions sur l’Algérie.
Le général De Gaulle réunit la presse afin de faire une déclaration, où il affirmait qu’il était prêt à assurer la présidence de la
République.
Sur ce, Pierre Pflimlin démissionne le 28 mai 1958.
Le 29 mai, René Coty déclare au Parlement qu’il fait appel au plus illustre des français, et menace de démissionner si celui-ci
refuse le retour de De Gaulle.
De Gaulle constitue un gouvernement national où sont présents Michel Debré, Guy Mollet, Pierre Pflimlin, Jacquinot, Houphouët-
Boigny.
Le général de Gaulle se présente le 1er juin devant l’Assemblée, et reçoit l’investiture avec 329 voix, contre 224. Parmi ses
opposants, on compte des gens comme Pierre Mendès France , François Mitterrand, les communistes, 50% des socialistes…
Entre le 1er et le 3 juin, le Parlement vote trois textes.
Tout d’abord, une résolution par laquelle les Assemblées se mettaient en Congrès.
Une loi de pleins pouvoirs permettant au gouvernement de prendre des mesures par ordonnance.
Une loi constitutionnelle modifiant la révision de la Constitution de 1946, et chargeant le Gouvernement d’adopter une nouvelle
Constitution.
Le changement aurait dû se faire en fonction de l’article 90 de la Constitution de 1946, mais c’était une procédure trop longue.
Une résolution votée en 1955 tendait à modifier l’article 90, mais elle se trouvait en sommeil. Toutefois, l'utilisation de cette
résolution permettait au gouvernement de gagner beaucoup de temps.
Ainsi, le 3 juin 1958, la loi constitutionnelle dispose dans un article unique que la Constitution sera révisée par le Gouvernement
investi le 1er juin 1958. Ce procédé rappelle la loi du 10 juillet 1940 qui investissait le maréchal Pétain, et jugée alors
inconstitutionnelle. Mais, la différence est notable, car Pétain disposait alors des plein pouvoirs.
La loi du 3 juin 1958 impose au gouvernement le respect de cinq principes :
- Seul le suffrage universel est source de tout pouvoir
- Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif doivent être séparés
- Le Gouvernement doit être responsable devant le Parlement
- L’indépendance de l’autorité judiciaire est nécessaire pour assurer la liberté individuelle
- La Constitution doit permettre d’harmoniser les rapports de la République, avec les peuples qui lui sont associés
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Il existe aussi des conditions de forme, ainsi le Parlement avait prévu que le Gouvernement devait recueillir l’avis d’un comité
consultatif étant composé au 2/3 de parlementaires.
Le projet ne devait être arrêté en Conseil des ministres, qu’après avis du Conseil d’Etat.
La nouvelle Constitution devait être soumise au référendum.
B – L’adoption de la constitution
1 – L’élaboration du projet
Deux organes y participèrent : un organe technique (comité d’experts), un organe politique (le comité interministériel).
Le général De Gaulle devait charger Michel Debré d’organiser cette Constitution.
Debré, garde des sceaux, présidait un comité ministériel, composé de quatre ministres d’état issu de la IVème République : Pflimlin,
Jacquinot, Guy Mollet, Houphouët-Boigny.
René Cassin, vice président du Conseil d’Etat y siégeait également, tout comme Georges Pompidou, Antoine Pinay.
Michel Debré devait aussi organiser un groupe d’experts ayant pour charge de proposer des textes juridiques. Ce comité consultatif
constitutionnel avait 39 membres :
- 16 députés
- 10 sénateurs
- 13 personnalités désignées
Il siégea du 30 juillet au 14 août 1958 sous la présidence de Paul Reynaud.
Ce comité se sépara après avoir donné son avis sur la Constitution.
Il se déclare globalement d’accord, mais quelques observations subsistent.
Michel Debré, le 27 août 1958 présenta ce projet devant le Conseil d’Etat qui ajouta quelques précisions.
Le projet de constitution fut présenté au peuple français lors un discours prononcé par De Gaulle, le 4 septembre1958, place de la
République à Paris.
Le référendum était fixé au 28 septembre1958. Son succès traduisit la désaffection vis à vis de la IVème République.
La Constitution est promulguée le 4 octobre1958.
Avant 1992, les nouvelles institutions devaient être mises en place dans une durée de 4 mois. Le gouvernement était autorisé à
prendre à force de loi et par ordonnance diverses mesures de nature législative.
Les ordonnances eurent une grande importance pour ces assemblées (statut des magistrats, durée des mandats…)
Une nouvelle Assemblée fut élue au scrutin uninominal à deux tours les 23 et 30 novembre, et le général De Gaulle fut élu, le 21
décembre 1958 par un collège élargi, Président de la République.
Les travaux préparatoires à la Constitution ont longtemps été considérés secret, sauf dans l’ouvrage de Guy Mollet 15 ans après La
Constitution de 1958, et la thèse de Jean Louis Debré.
En 1984, Pierre Mauroy créa un comité pour la publication des travaux préparatoires de la Constitution de 1958.
Trois volumes furent publiés sur la Constitution en 1984. Ces ouvrages ont l’avantage de présenter les concepteurs.
Elles reposent sur les idées de M. Debré et du général De Gaulle, mais aussi sur les idées des ministres de la IVème République.
Dans l’idéologie de Debré, l’état a la charge des intérêts de la Nation. Elle ne doit pas être le siège de l’instabilité gouvernementale,
et ne doit pas être la proie des partis. Il faut renforcer l’exécutif pour rétablir un certain équilibre faisant défaut au régime précédent.
Contrairement aux idées reçues, ses idées constitutionnelles étaient peu nombreuses, mais précises sur le rôle du Président de la
République.
Lors du discours de Bayeux le 16 juin 1946, il estime que la fonction du Président de la République en présence de circonstances
exceptionnelles doit être particulièrement larges.
En temps normal, la fonction présidentielle doit définir la politique intérieure et extérieure du pays sans être entravé par la
quotidienneté, remise au gouvernement. Cela ne laisse pas grand chose au Parlement.
Par ailleurs, s’estimant au dessus des partis, le Président prétend résoudre les conflits et réclame le droit de dissoudre l’Assemblée
Nationale et l’appel au référendum.
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Il y a deux aspects :
- L'incompatibilité entre la fonction ministérielle et le mandat parlementaire
- Le rôle du Sénat
Le général De Gaulle souhaitait que la Constitution établisse cette incompatibilité pour renforcer la solidité ministérielle, et
stabiliser le gouvernement.
Il fallait aussi démontrer que l’exécutif n’était pas subordonné au législatif.
S’agissant du Sénat, ses compétences étaient plutôt d'ordre économique, culturel…
Avant d’être gaulliste, il avait subi l’influence de Jean Tardieu, mais aussi de Benjamin Constant qui souhaitaient que le roi exerce
une quatrième fonction au dessus des trois autres afin d'arbitrer les conflits pouvant survenir.
Debré estimait que le régime devait être parlementaire, mais en donnant les moyens au gouvernement d’assurer sa fonction. Il fallait
introduire dans la Constitution des renforcements du gouvernement au détriment du Parlement.
B – La conception convergente
Ces conceptions opposées se sont conciliées en raison des concessions tactiques de chacune des parties.
Les ministres d’Etat voyaient assez mal cette incompatibilité, mais finalement le comité consultatif accepta temporairement celle-ci.
3 – Le parlementarisme rationalisé
Comme tous les interlocuteurs étaient favorables au renforcement de l’exécutif au détriment du Parlement, la chose fut vite admise.
Pflimlin réussit à imposer son système de motion de censure, et Debré parvint à inscrire plusieurs mécanismes favorables au
parlementarisme rationalisé. Ce fut le fruit d’une campagne de conciliation permettant aux protagonistes de reprendre leurs rôles.
Il y a 3 périodes :
- Le père fondateur De Gaulle
- La période post gaullienne
- L'alternance
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1 – La période originelle 1958 –1969
Le Président nomme son Premier ministre, mais ne peut renvoyer les ministres que sur proposition du premier ministre (art. 8).
Toutefois, De Gaulle a demandé la démission de son Premier ministre.
Le 31 janvier 1964, De Gaulle déclare : "le Président de la République choisit le Premier ministre, et a la faculté de le changer"
En avril 1962, il demande à Debré de partir. Celui-ci est remplacé par Pompidou.
Réservation du domaine de la défense et des affaires étrangères. La Constitution a diminué les actions du Parlement. Les députés,
élus en 1958, sont essentiellement gaullistes et soutiennent le Chef de l’Etat.
L’effacement du Parlement s’explique sur le tournant de 1962, avec l’élection du Président de la République au suffrage universel
direct.
L’utilisation du référendum renforce encore le rôle de l’Etat.
Le recours au référendum était le moyen de tester la confiance du peuple avec des questions précises.
Après la démission de De Gaulle, Pompidou est élu Président de la République aux élections du 1er et 15 juin 1969, et choisit la voie
de la continuité.
Pompidou meurt en avril 1974, et est remplacé par Valéry Giscard d'Estaing lors des élections du 5 et 19 mai 1974.
Valéry Giscard d'Estaing n’est pas un véritable gaulliste. Issu du parti républicain indépendant, il se déclare plus libéral, favorable à
la construction de l’Europe.
En 1969, il avait demandé à l’électorat de refuser le référendum.
On observe quand même une certaine forme de continuité. Cette période est caractérisée par une conformité constitutionnelle, mais
aussi par une tendance évolutive.
La conception du rôle du Chef de l’Etat continue à faire de lui la clef de voûte des institutions.
Pompidou avait obtenu le départ de son Premier ministre contre la Constitution. Même chose avec Chirac, en août 1976, qui a dû
démissionner.
La pratique du référendum plébiscitaire. Des oppositions politiques s’organisent en 1972, avec une alliance pour le programme
commun (socialiste + communiste + radicaux de gauche).
Mitterrand échoue de peu aux élections de 1974. Et l’opposition peut saisir le conseil constitutionnel pour s’opposer à une loi. En
1974 le Président de la République n’appartient pas à une formation majoritaire, mais bien minoritaire de la majorité parlementaire.
De 1958 à 1981, la même majorité contrôle le pouvoir (Élysée), Matignon et le palais Bourbon.
Avec l’élection de Mitterrand s’ouvre l'alternance.
En 1981, il dissout l’Assemblée Nationale, et les élections donnent une majorité socialiste.
En 1986, à l’issue des élections législatives, la droite parlementaire remporte les élections. Mitterrand reste au pouvoir mais désigne
Chirac, ouvrant ainsi la première cohabitation de 1986 à 1988.
Mitterrand, les 24 avril et 8 mai 1988 est réélu à 54% des voix. Dissolution de l’Assemblée Nationale, le PS remporte les élections
avec une majorité relative de 275 sièges sur 577.
1993 voit une quatrième alternance avec la victoire aux élections législatives de l’Union pour la France, c'est donc une seconde
cohabitation un peu plus douce que la première.
Le 7 mai 1995, élection de Chirac, après la dissolution du 21 avril 1997.
Les élections législatives du 25 mai et du 1er juin1997 donnaient une majorité aux partis de gauche. Il s'agit d'une cohabitation
particulière, avec un président de droite et un premier ministre de gauche.
En définitif, la Constitution de 1958 tranche avec les IIIème et IVème, puisqu’elle apporte une stabilité gouvernementale. Cette stabilité
résulte du rôle du Président de la République, qui n’est plus soumis aux pressions parlementaires.
La constitution de 1958 a fait preuve d’une certaine capacité d’adaptation.
B – Le fonctionnement du régime
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Lorsque le Président de la République, le Premier ministre et le Président de l’Assemblée Nationale sont en désaccord, la primauté
relève du Chef de l’Etat (situation qualifiée de normale)
Dans cette application du régime du Président de la République, celui-ci est le principal détenteur du pouvoir politique.
Dans ce schéma le Président de la République "gouverne", et c’est bien lui qui choisit son Premier ministre.
Il confit à celui-ci l’exécution du programme pour lequel il a été élu. La conséquence est l’effacement du Premier ministre qui
évolue dans l’ombre du chef de l’état.
Le Président de la République et le Premier ministre ont des majorités parlementaires opposées. Il y a prépondérance du Premier
ministre et du gouvernement.
A l’issue des élections de 86, 93, et 97, les principaux protagonistes sont contraints de vivre ensemble.
Quatre textes constitutionnels prévoyaient un exécutif bicéphale équilibré.
En application de l’art. 20 de la Constitution, le gouvernement détermine la politique de la Nation. Cette conception n’a jamais
prévalue, et le chef de l’Etat disposait de la plénitude du pouvoir.
Cette conception était déjà inscrite dans le texte d’origine de la Constitution, c’est une lecture inédite du texte de la Constitution.
Le Chef de l’Etat exerce enfin sa mission arbitrale, tandis que le gouvernement exerce la plénitude de ses pouvoirs. La conséquence
est l’effacement relatif du Président de la République.
En dehors de la dissolution, les pouvoirs propres du Chef de l’Etat ne sont pas d’une grande utilité en période de cohabitation.
Il ne peut décider de l’organisation d’un référendum, dans la mesure où il doit être proposé par le gouvernement. Son prétendu
domaine réservé (défense et affaires étrangères) l’un ne peut pas faire grand chose sans l’autre.
Cette neutralité peut être écartée, si le Chef de l’Etat décide d’user de la plénitude de ses fonctions. Au niveau de la nomination du
gouvernement, il n’est pas obligé de nommer le Premier ministre dans l’opposition. Il dispose d’une tribune médiatique, et a
également le choix du moment. Il peut décider, quand il veut, de saisir le Conseil Constitutionnel.
IV – La révision de la Constitution
1 – Les principes
Selon l’art 89 de la Constitution, la révision appartient au Président de la République sur proposition du Premier ministre ou du
Parlement.
Le texte doit être voté par les deux assemblées. L’Assemblée Nationale perd sa suprématie. S’il s’agit d’une proposition de loi, le
texte, après avoir été voté par les deux chambres, doit être soumis au référendum.
S’il s’agit d’un projet de révision, le Président de la République doit le soumettre au référendum ou le présenter au Parlement.
Si le Congrès est convoqué, le projet de révision lui est soumis, et doit être approuver par au moins 2/5ème des membres pour être
adopté.
Au terme de l’art. 89, aucune procédure de révision ne peut être engagée si elle porte atteinte à la sécurité du territoire.
L’article 7 de la Constitution de 1958 stipule que durant la vacance du Président de la République, il ne peut y avoir de révision.
- La loi constitutionnelle du 30 décembre 1963 modifie l’article 28 de la Constitution, c’est-à-dire les dates de début et les durées
des cessions ordinaires du Parlement.
- La loi constitutionnelle du 26 octobre 1974 devait modifier le second alinéa de l’art. 62 de la Constitution pour permettre la
saisine du Conseil Constitutionnel (60 sénateurs ou 60 députés)
- La loi constitutionnelle du 18 juin 1976 ajouta plusieurs alinéas à l’article 7 de la Constitution, qui était destiné à fixer les règles
en cas d’empêchement ou de décès d’un candidat à l’élection présidentielle.
- La loi constitutionnelle du 25 juin 1992 apporta les modifications nécessaires à la Constitution, afin de permettre la ratification
du traité de Maastricht.
- La loi constitutionnelle du 27 juillet 1993 concerna la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature, et la création d’une cour
de justice de la République qui était destinée à apprécier les fautes pénales et des délits mineurs.
- La loi constitutionnelle du 4 août 1995 fut relative à l’élargissement du champ du référendum, et elle concerna aussi la durée de
la session ordinaire et l'immunité des parlementaires.
- La loi constitutionnelle du 22 février 1996 compléta l’article 34, modifia l’article 39 et ajouta un article 47-1.
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Il s’agissait de donner compétence au Parlement pour se prononcer, chaque année, sur des lois de financement de la sécurité
sociale.
- La loi constitutionnelle du 20 juillet 1998 avait pour but de rendre compatible les dispositions de la Constitution avec celles
relatives au statut de la Nouvelle-Calédonie.
- La loi constitutionnelle du 25 janvier 1999 devait adapter notre Constitution afin de permettre la ratification du traité
d’Amsterdam.
- Deux lois constitutionnelles ont été promulguées le 8 juillet 1999 :
La première insère au titre de l’article 6 de la Constitution un article 53-2, afin de permettre la ratification du traité
relatif à la Cour Pénale Internationale.
La seconde complète les articles 3 et 4 de la Constitution. Désormais, selon le dernier alinéa de l’article 3 de la
Constitution, la loi favorise l’égal accès aux hommes et aux femmes aux mandats électoraux et fonctions électives.
Selon le dernier alinéa de l’article 4 de la Constitution, les partis politiques doivent contribuer à la mise en œuvre du
principe de parité précité.
- La loi constitutionnelle du 26 octobre 2000 modifia l’article 6 de la Constitution pour le quinquennat. Cette loi fut adoptée par
référendum le 25 septembre 2000 à 73% de oui, mais avec 70% d’abstention.
Ce sont surtout des raisons d’origines politiques, mais aussi d’origines pratiques.
En effet, la procédure prévue par l’art. 89 de la Constitution prévoit que "les deux Chambres soient d’accord pour voter en terme
identique le projet de loi". Il s'agit donc un préalable indispensable. Or, en 1962, le général De Gaulle n’avait pas de majorité de
soutien ni à l’Assemblée Nationale, ni au Sénat, concernant l’élection du ¨Président de la République au suffrage universel direct.
De même en 1969, le Sénat s’était révélé hostile à un projet qui visait à amoindrir ses prérogatives, son rôle.
Ces raisons expliquent pourquoi le général De Gaulle est recouru à l’art. 11, une fois avec un succès en 1962, et une fois avec un
échec en 1969.
Cela étant, le recours à l’article 11 de la Constitution apparaît bel et bien illégal et inconstitutionnel, car seul l’art. 89 prévoit la
procédure de révision de la Constitution.
Dès lors, ces utilisations de l’art. 11 pour réviser la Constitution ont fait l’objet de critiques, qu’il faut examiner rapidement.
Ainsi, plusieurs hommes politiques ont essayés de justifier l’utilisation de l’article 11.
Certains ont fait valoir que le recours à l’art. 11 pour réviser la Constitution permettait de redonner au peuple la parole et le moyen
d’exercer sa compétence constituante.
Mais en réalité l’argument ne tient pas, dans la mesure où c’est son pouvoir constituant dérivé qui est mis en avant et pas son
pouvoir constituant originaire.
Tout en reconnaissant que la situation était pour le moins irrégulière, on considéra en réalité que les deux articles pouvaient
intervenir de façon concurrente, c'est-à-dire que l'on pouvait utiliser selon les circonstances politiques soit l’art. 11 ou l'art. 89.
Mais en réalité, cette thèse fait peu de cas de la Constitution et en particulier de l’article 89.
Pompidou a fait une analyse un peu plus subtile en 1962. Ainsi, il a remarqué qu’en application de l’article 89 de la Constitution,
une révision d’origine parlementaire pouvait être adoptée par les deux assemblées, et ratifiée par le peuple sous la forme d’un
référendum sans que le Président de la République n’intervienne (excepté pour soumettre la proposition de révision au référendum).
Et de ce fait, il lui apparaît normal que le Chef de l’Etat dispose aussi de la possibilité de saisir le peuple d’un projet de révision
constitutionnelle, donc de recourir à l’article 11 pour réviser la Constitution. En quelques sortes, c’était un contresens.
De même, Vedel considérait en 1969, que l’épisode de 1962 constituait une coutume qui légitimait ainsi l’utilisation de l’article 11
prévue en 1969.
Donc, le recours à l’art. 11 pour réviser la Constitution apparaît bel et bien inconstitutionnel.
Quelle est la nature du régime de la Vème République ?
Dans son discours devant le Conseil d’Etat, prononcé le 27 août 1958, Michel Debré se prononce sur une orientation parlementaire
du régime. De fait, si l’on se réfère au texte de la Constitution, on constate les emprunts au régime parlementaire. En effet, la
volonté des constituants était d’établir un régime parlementaire.
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On sait que parmi les cinq principes imposée au Gouvernement pour l’élaboration de la Constitution, figurait la responsabilité du
Gouvernement devant le Parlement Or, il s'agit bien là de l’attribut essentiel du régime parlementaire.
D’ailleurs, cette obligation se trouve concrétisée par l’art. 20 de la Constitution disposant que : "Le Gouvernement est responsable
devant le Parlement dans les conditions prévues par l’art. 49 et l'art. 50".
Mais la responsabilité du Gouvernement devant le Parlement n’est pas le seul signe de régime parlementaire de la Vème République.
On constate en effet d’autres éléments du régime parlementaire : l’existence (du moins jusqu’en 1962) d’un seul pouvoir issu du
suffrage universel, un exécutif bicéphale et relativement égalitaire.
Si on se réfère au texte de la Constitution, le Président de la République est politiquement irresponsable, ce qui entraîne
l’intervention du contreseing ministériel sauf dans le cadre de ses pouvoirs propres prévus par l’article 19.
L’Assemblée Nationale dispose de la possibilité de renverser le Gouvernement, et elle peut être dissoute par le Président de la
République.
Au regard de la pratique institutionnelle, il serait permis de voir un régime parlementaire dualiste en raison de la responsabilité du
Gouvernement devant le Parlement, mais aussi devant le Chef de l’Etat. Toutefois, ce régime parlementaire est quelque peu
particulier en raison de l’affaiblissement du rôle du Parlement, qui est encadré et soumis à une procédure stricte lorsqu’il veut
renverser le Gouvernement. En effet, le Parlement dispose de compétences législatives et d’attributions limitées définies par l’art.
34 de la Constitution.
Il s’agit d’un régime parlementaire, mais il est rationalisé.
En fait, la pratique institutionnelle peut nous livrer une autre grille de lecture en faveur d’un régime présidentiel, surtout d’ailleurs
après la réforme/révision de 1962.
En effet depuis cette date, il existe deux pouvoirs issus du suffrage universel direct : l’Assemblée Nationale, et le Président de la
République.
Dans le cadre du régime parlementaire classique, l’Assemblée Nationale, normalement issue de la force politique résultante des
élections et reflétant la volonté du peuple, doit nommer le Premier ministre et définir la composition du Gouvernement. Or depuis
1962, les choses sont bien différentes, car le Chef de l’Etat et le Gouvernement sont prépondérants dans ces choix.
Pour autant, il ne peut pas s’agir d’un véritable régime présidentiel, car la responsabilité politique du Gouvernement est toujours
existante, même si elle est difficile à mettre en œuvre. Il existe aussi le droit de dissolution, régulièrement utilisé.
La nature juridique de la Vème République peut varier en application des alternances.
On constate en effet que le régime emprunte davantage à la cohabitation; et qu’il emprunte plus au régime présidentiel qu’au
régime parlementaire en période de fait majoritaire.
On pourrait en effet se montrer favorable à l’émergence d’institutions "semi-présidentielles", comme nous disait Maurice Duverger,
mais en droit constitutionnel "semi-présidentiel" ne veut pas dire grand chose.
En quelques sortes, on pouvait qualifier ce régime de régime mixte, car il emprunte à la fois du régime présidentiel et du régime
parlementaire.
Mais il faut bien reconnaître que la nature du régime de la Vème République évolue en fonction des situations, sans pour autant se
rattacher aux modèles connus, ou préconçus.
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Section 2 : Le pouvoir exécutif
Pouvoir exécutif au sein de cette nouvelle Constitution, le Président de la République, clef de voûte des institutions, semble être le
grand gagnant du nouveau régime.
Cette volonté est concrétisée dans le texte de la Constitution, car il occupe le titre 2 de celle-ci.
Si le Président de la République, sous la IVème République, était relayé au titre 5, c’est désormais l’ensemble de l’exécutif qui
bénéficie de ces nouvelles institutions.
I – Le Président de la République
A – Le statut du Président de la République
1 – L’élection du Président de la République
a – Les modes de scrutin
Sous la IIIème et la IVème République, le Président était élu par les parlementaires des deux Chambres réunies à Versailles. Cette
désignation, résultant de l’amendement Wallon, devait sceller la République.
Cette solution d'un Chef de l’Etat subordonné aux chambres, permettait aux assemblées d'être tranquilles, et les incitait peu à
nommer des personnages de premier plan.
Ainsi, Clemenceau ne disait-il pas : "Je vote pour le plus sot", c’est-à-dire celui qui posera le moins de problèmes.
Cela donna lieu parfois à des élections très difficiles, comme celle Coty sous la IVème République où il ne fallut pas moins de 13
tours de scrutin.
Ce principe est dénoncé par De Gaulle, dans son fameux discours du 16 juin 1946 à Bayeux, où il dit que le pouvoir exécutif ne doit
pas procéder du législatif.
Pour lui, le Chef de l’Etat doit être élu par un collège électoral englobant certes le Parlement, mais de façon plus élargie.
Les art. 6 et 7 du texte originel de la Constitution s’inspiraient de ces principes, car jusqu’en 1952 le Président de la République était
élu au suffrage universel indirect par un collège électoral de 80 personnes composé de députés, de sénateurs, de conseillers
généraux, d'élus des DOM TOM et des délégués de conseils municipaux.
La première réforme fut proposée par Pompidou, concernant le passage du septennat au quinquennat. Ce projet fut déposé le 6
septembre 1973, et voté le 16 octobre par l’Assemblée Nationale avec une majorité insuffisante pour que le Président de la
République puisse entamer une révision de la Constitution. De plus, le Congrès ne voulait pas faire appel au référendum suite au
fâcheux épisode de 1969.
Valéry Giscard d'Estaing et Mitterrand étaient d’accord sue ce même principe, toutefois après leu accession au pouvoir, ils n’ont
rien changé.
En 2000, le Président de la République et le Premier ministre devaient s'affronter dans une petite course politique, avec la volonté
des socialistes de réduire le mandat présidentiel.
Le 24 septembre 2000, la loi constitutionnelle du 2 octobre 2000 est adoptée par référendum avec 73,5% de oui, et malgré une
abstention de 69,68%.
Le quinquennat devrait ainsi permettre de consulter plus souvent les électeurs sur le choix du Président de la République, et
permettre d’éviter une cohabitation (pas si évident).
Par ailleurs, la coexistence d'élections législatives et présidentielles risque de banaliser ces dernières.
Ce système accordait une plus grande importance au Président de la République, et assurait la primauté de celui-ci.
Le 20 septembre 1962, le Président de la République déclara qu’il avait décidé, sur proposition du Gouvernement, de soumettre au
peuple un projet de révision des art. 6 et 7 de la Constitution, afin de permettre l’élection du Président de la République.
c – La campagne électorale
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Les règles visent à assurer l’égalité des principaux candidats. La vérification est appréciée par la Commission Nationale de Contrôle
de la Campagne pour l’élection du Président de la République, créé en 1964.
Chaque candidat peut faire connaître sa candidature par le biais de panneaux électoraux, ou par l’envoi d’une profession de foi aux
électeurs (programme).
L’Etat prend en charge les frais de la campagne officielle. Elle est fixée par un calendrier publié au JO. Cette campagne effective
dure 15 jours pour le premier tour, et 8 jours pour le second tour. Elle s’achève le vendredi à minuit qui précède le scrutin. Dès lors,
la circulation de tracts est interdite.
Pour assurer l’égalité des candidats, le temps d’antenne est contrôlé par le CSA.
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Sous la IIIème République, le Conseil des ministres exerçait temporairement les fonctions du Président.
Sous la IVème République, la tâche incombait au Président de l’Assemblée Nationale.
L'art. 7 de la Constitution de 1958 prévoit également la compétence du président du Sénat, et c’est d’ailleurs Alain Poher qui assura
l’intérim de 1969 et de 1974 en sa qualité de président du Sénat.
Les pouvoirs du Président intérimaire sont limités pendant cette période, selon l’art. 7.
Ces dispositions visent à l’empêcher de prendre des décisions visant à conforter sa position. Dans cette optique, le dernier alinéa de
l’art.7 de la Constitution prévoit la responsabilité du Gouvernement devant le Parlement, et l’art.59 prévoit qu’aucune révision
constitutionnelle ne peut être appliquée pendant la vacance du Président de la République.
Toutefois, rien ne s’oppose à ce que le Président intérimaire face usage de l’art.16, et ait recours à la bombe atomique.
1 – L’irresponsabilité présidentielle
L’irresponsabilité du Président de la République est traditionnelle dans notre histoire constitutionnelle. Cette irresponsabilité est
affirmée dès la première constitution (de 1791), ainsi la personne du roi est inviolable et sacrée. Les différents textes qui suivent
confirment.
Bien qu'irresponsable politiquement, le Chef de l’Etat reste responsable des délits et crimes qui vient à commettre. Toutefois dans
une décision du 22 janvier 1999, la responsabilité pénale du Chef de l’Etat ne paraît être mis en cause que devant la haute cour de
justice.
Selon l’art.68 de la Constitution, le Président de la République n’est responsable que des actes relevant de la haute trahison.
Il ne peut être mis en accusation que par les assemblées, et par une majorité absolue des membres les composants. C’est la haute
cour de justice, instituée par l’art.67 de la Constitution et comprenant un nombre égal de députés et sénateurs élus en leur sein, qui
serait appelé à le juger.
La rénovation du statut du Président de la République, entreprise par la Constitution de 1958, devait lui reconnaître un pouvoir
accru pour mener en bien sa mission.
Ces pouvoirs traditionnels ont été renforcés, et ils sont donc plus importants que dans les régimes précédents, et de plus il est
dispensé du contreseing ministériel, appelé "pouvoir propre".
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Le décret présidentiel comportant les noms de l’équipe gouvernementale est contresigné par le Premier ministre. Quant à l’intensité
étendu du Président de la République en la matière, il apparaît que cette liberté est tributaire des circonstances politiques du
moment.
Son pouvoir de nomination est étendu en période de fait majoritaire, et restreint lors d’une cohabitation. Ceci dit Mitterrand a
refuser de nommer des ministres.
De même le second alinéa de l’art.13 donne le pouvoir de nommer, et de promouvoir les emplois civils et militaires. Il dit aussi
partager ce pouvoir avec le Premier ministre en application de l’art.21 de la Constitution.
L’art.13 de la Constitution fournit la liste des autorités pouvant être nommées par le Président : les préfets, les conseillers d’état, les
ambassadeurs, les officiers généraux, les recteurs d’académie…
Le président nomme 70 000 agents chaque année.
Selon l’art.15, le Président de la République est le chef des armées; et selon l’art.14 de la Constitution le Président accrédite les
ambassadeurs.
Enfin, il négocie et ratifie les traités selon l’art 52 de la Constitution.
Selon l’art.17 de la Constitution, le Président de la République a le droit de grâce, mais il ne concerne pas uniquement la peine
capitale (abolie). Ce droit de grâce s’applique à toute condamnation pénale.
Pour tous ces pouvoirs partagés, le contreseing du Premier ministre est indispensable.
La caractéristique des pouvoirs propres du Président de la République constitue l’innovation essentielle de la Vème République, dans
la mesure où sous le régime précédent chaque acte du Président devrait être contresigné.
Ici, le pouvoir exclu le contreseing ministériel.
Dans des cas précis, et dans des domaines énumérés de façon limitative dans art.19 de la Constitution, le Président peut décider seul.
Cela est d'autant plus radical, que ces domaines de compétence appartiennent à des domaines tout à fait primordiaux.
58
Un troisième référendum accepta un projet le 13 octobre 1946, et ce référendum devait donner naissance à la IVème République.
Un quatrième référendum approuva la constitution de la Vème République.
Dans la constitution de 1958, cinq articles font référence au référendum :
- L'article 3 : "La souveraineté nationale appartient au peuple l'exerçant par voie de
référendum"
- L'article 60, donne au Conseil Constitutionnel la compétence pour veiller à la régularité des opérations référendaires et pour
proclamer les résultats.
Après le référendum du 28 octobre 1962 (élections au SUD), Gaston Monnerville, Président du Sénat, saisi le Conseil
Constitutionnel. Celui-ci se déclare alors incompétent et estime qu’il a seulement une compétence d’exécution sur les lois
adoptées par le Parlement, et non pas par le peuple.
Selon l’art.11 de la Constitution, le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions, ou
sur proposition conjointe des deux assemblées, peut soumettre au référendum tout projet de la loi sur les pouvoirs publics. Il peut
s'agir de réformes relatives à la politique économique ou sociale de la nation, et aux services publics qui y concourent, en tendant à
autoriser la ratification d’un traité qui aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions.
La proposition doit émaner du Gouvernement ou des deux Chambres.
Les propositions doivent être publiées au JO, et l’utilisation du verbe "pouvoir" montre que le Président de la République reste
maître de la décision, et peut émettre ou non un avis favorable à la demande.
La proposition conjointe des deux assemblées se matérialise par le vote d’une motion par chacune des assemblées qui proposent au
Chef de l’Etat de soumettre au référendum un projet de loi.
Les propositions de lois d’origine parlementaires sont exclues.
Depuis la réforme constitutionnelle du 4 août 1995, lorsque le référendum est utilisé à son initiative, le gouvernement est tenu de
faire une déclaration devant chaque assemblée suivie d’un débat.
Jusqu’en 1995, le champ d’application est réduit.
En 1984, Mitterrand avait proposé d’étendre ce champ pour soumettre au peuple les projets de lois concernant les garanties
fondamentales des libertés publiques. Ceci fut abandonné, car il y eu opposition du Sénat.
Chirac a repris cela, et la loi constitutionnelle du 4 août 1995 élargit le champ d’application en ajoutant le projet de loi portant sur la
politique économique et sociale de la nation, et les services publics qui y concourent.
Quand le référendum est approuvé, il y a promulgation sous quinze jours suivant les résultats de la consultation.
De Gaulle recourut au référendum à quatre reprises.
Le 8 janvier 1961 et le 4 avril 1962, concernant la politique d’autodétermination en Algérie, les accords d’Evian et pour s’assurer du
soutien des français pendant cette période difficile.
Le 28 octobre 1962, pour élection du président au suffrage universel direct.
Le 27 avril 1969, relatif à l‘instauration des régions et la réforme du Sénat. Ce référendum refusé par le peuple provoqua le départ
de De Gaulle.
Le référendum fut ensuite peu réalisé.
Celui du 23 avril 1972 était destiné à autoriser le Président de la République à ratifier le traité de l’adhésion de la Grande-Bretagne,
l’Irlande, le Danemark, et de la Norvège.
Mais Pompidou n’a pas associé son avenir politique au référendum.
Le 6 novembre 1988, référendum sur le statut de la Nouvelle-Calédonie.
Le 20 septembre1992, référendum pour autoriser le Président de la République à ratifier le traité de Maastricht.
Le Président de la République peut, après la consultation du Premier ministre et du président de chacune des assemblées, prononcer
la dissolution de l’Assemblée Nationale.
Pouvoir proposé sous contreseing, le chef de l’état n’est pas tenu de suivre les avis demandés. L’exercice de ce droit de dissolution
connaît des limites, car les élections législatives doivent avoir lieu entre 20 et 40 jours après la dissolution.
L’Assemblée se réunit de plein droit le deuxième jeudi qui suit son élection, et une session est ouverte pour une durée de quinze
jours.
Ensuite, une nouvelle dissolution ne peut avoir lieu dans l’année qui suit ces élections.
Toute une série d’interdictions vise à réduire la dissolution en période incertaine.
Elle est interdite pendant l’exercice des pouvoirs exceptionnels du Président (art.16), pendant intérim et vacance.
Sous la Vème République, la dissolution règle le différent entre Assemblée et Parlement, par le peuple.
C’est aussi une possibilité qui s'offre au Chef de l’Etat, quand il est la cible d’attaques.
La dissolution permet également de sortir d’une crise sociale.
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Si un désaccord amène un blocage des institutions, la dissolution permet d'éviter une paralysie.
Le recours à la dissolution ne nécessite pas que la crise soit consommée, elle peut être supposée, ainsi les dissolutions des 22 mai
1981 et du 14 mai 1988 s’inscrivent certainement dans ce cadre. En effet, une crise apparaissait inévitable, car le Président était face
à une majorité hostile.
Le Président de la République est irresponsable, et la mise en jeu de la responsabilité gouvernementale ne doit pas l’atteindre.
En 1962, suite au conflit entre Pompidou et le Parlement sur l’élection du Président au SUD, l’Assemblée Nationale adopta une
motion de censure et le gouvernement fut renversé.
Le 9 octobre 1962, De Gaulle prononça la dissolution de l’Assemblée Nationale et permit au peuple de trancher le conflit. Les
électeurs donnèrent une majorité au Président de la République, et il renomma Pompidou Premier ministre.
La dissolution peut permettre de sortir d’une crise sociale. Ainsi, le 30 mai 1968, il y a eu dissolution de l’Assemblée Nationale et
les élections donnèrent une majorité au Président.
La dissolution peut soutenir un plan stratégique comme celle du 21 avril 1997.
Les quatre dissolutions depuis 1958 ont toujours donné lieu à un renforcement de l’autorité du Président de la République, sauf celle
de 1997 qui a permis une alternance.
Cela permet au Président de concentrer l’ensemble des pouvoirs en cas de crise relativement grave.
Ce fut la volonté de De Gaulle pour éviter l’effondrement de la France comme en 1940.
L' article 16 se caractérise par des situations particulières. Les conditions de sa mise en œuvre sont strictes, il faut que les
institutions de la République, l’intégrité du territoire ou les engagements internationaux soient menacés de manière grave et
immédiate.
Si ces conditions sont réunies, le Président met en œuvre l’art.16 et œuvre les mesures qui en découlent.
Toutefois, le Président doit respecter certaines procédures, comme la consultation du Premier ministre, du président de l’Assemblée
Nationale et le Conseil Constitutionnel.
Il n'y a pas de conséquences à la consultation du Premier ministre et du Président de l’Assemblée Nationale. Concernant l’avis du
Conseil Constitutionnel, celui-ci doit être motivé et publié.
Les effets de l’art.16 sont multiples. Le Parlement se réunit de plein droit et l’Assemblée Nationale ne peut être dissoute.
Il convient que les mesures adoptées en vertu de cet article soient inspirées par la volonté du pouvoir public.
Ces mesures (décisions) sont soumises au Conseil Constitutionnel par avis restants secrets.
Le 2 mars 1962, par l'arrêt Rubin de Servens, le Conseil d’Etat a considéré que le recours à l’art16 était un acte de gouvernement,
donc aucun recours possible.
Les décisions prises par le Président de la République dans le domaine réglementaire représentent des actes administratifs et
peuvent faire l’objet de recours.
Entre le 23 avril et le 29 septembre 1961, la seule application de l’art.16 fut relative à l’annonce de l’autodétermination de l’Algérie,
lorsque des généraux déclenchèrent un putsch en séquestrant le Président du Gouvernement.
De Gaulle a considéré que la mise en œuvre de l’art.16 était nécessaire, et cela fut confirmée par le Conseil Constitutionnel le 25
avril 1961.
Ainsi, 22 décisions furent prises par De Gaulle, et le putsch fut éradiqué au bout de trois jours. Il y a eu confusion organique des
pouvoirs.
Ceci est traditionnel en régime parlementaire, et fut utilisé en 1877 par Mac Mahon pour la dissolution et par son successeur Grévy
qui s’est engagé à ne jamais dissoudre.
Ceci est également utilisé pour annoncer les référendums.
II – Le Gouvernement
A – Composition du Gouvernement
1 – Le Premier ministre
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Sous la IIIème République, le Président du Conseil est une fonction coutumière. Il faut attendre le 24 décembre 1934 pour voir la
création de services rattachés directement au Président du Conseil, et deux chapitres budgétaires.
Sous la IVème et Vème République, le Premier ministre se substitue au Président du Conseil.
L’art.8 al.1 précise qu’il est nommé par le Président de la République. Ce choix est discrétionnaire, car le nouveau nommé doit
avoir une majorité parlementaire.
Dans l’hypothèse d’une forte majorité, il semble logique que se soit le leader de la majorité, mais il peut choisir des personnes en
marge n’ayant pas un grand passé politique, comme Georges Pompidou ou Raymond Barre.
Le Président peut dissoudre l’Assemblée Nationale, et nommer un Premier ministre de son choix comme en 1981 et 1988. Il peut
choisir un représentant de la nouvelle majorité comme en 1986, 1993 et 1997.
Le texte ne fait pas de référence à une investiture préalable, mais l’al.1 de l’art.49 oblige le Premier ministre, après délibération du
Conseil des ministres, à engager la responsabilité du gouvernement sur son programme devant l’Assemblée Nationale.
En application du second alinéa de l’art.8, le Président nomme les ministres du gouvernement sur proposition du Premier ministre.
Si le choix appartient au Premier ministre, en période de fait majoritaire, c’est les deux hommes qui composent l’équipe
gouvernementale.
En cohabitation, les pouvoirs du Chef de l’Etat sont souvent limités, mais le Président peut récuser certains candidats.
La nomination est fondée sur la compétence de chacun, mais aussi sur une volonté politique concernant les différentes tendances de
la majorité.
C’est le Président de la République qui la prononce, mais sur proposition du Premier ministre. La démission collective peut-être
provoquée, consentie ou imposée.
La démission individuelle intervient lors d'une divergence sérieuse entre un ministre, le Président de la République et/ou le Premier
ministre.
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1 – La hiérarchie gouvernementale
Selon l’alinéa 1 de l’article 23 de la Constitution, les fonctions des membres du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice
d’un mandat parlementaire, fonction ou profession à caractère national, ou toute fonction publique ou activité professionnelle.
Il y a également incompatibilité avec les fonctions publiques et privées.
Ces incompatibilités visent à écarter la pression exercée sur le Premier ministre par des employeurs ayant des revendications
particulières contraires à l’intérêt général.
Cela touche aussi les emplois publics.
Cette incompatibilité apparaît dans le public, comme dans le privé.
Incompatibilité également avec un mandat parlementaire. Cette incompatibilité est une innovation de la Vème République, et elle
entre en contradiction avec les règles ayant usage précédemment. Les ministres étaient alors choisis parmi les députés, qui ne
perdaient pas pour autant leur mandat.
Les constituants voulaient se dégager de l’influence des partis, et de leur lutte au sein de l’Assemblée. Cette incompatibilité
intervient donc pour renforcer la solidarité et la stabilité gouvernementale, afin d'empêcher la course au portefeuille, et pour
démonter que l’exécutif ne procédait pas du législatif.
Le 17 novembre 1958, une ordonnance fixa les modalités de cette incompatibilité dans l'art.23 de la Constitution.
Le ministre a un délai d’un mois pour choisir son mandat parlementaire, ou accepter les fonctions ministérielles. Si c’est un choix
ministériel, le parlementaire est remplacé par son suppléant élu en même temps que lui.
L’art. 25 dispose que le suppléant élu remplace le titulaire jusqu’au renouvellement total ou partiel de l’Assemblée à laquelle il
appartenait. Le parlementaire ne retrouve pas immédiatement son siège.
L’ordonnance de 1958 suppose une indemnité égale au traitement ministériel pendant six mois. Cette ordonnance dispose que le
suppléant ne peut pas se présenter contre le ministre démissionnaire à la prochaine cession.
Dans la pratique il est coutume que le ministre demande à son suppléant de démissionner pour tenter de récupérer son siège.
Les ministres doivent-ils relever des textes de droit commun pour les actes dommageables accomplis dans l’exercice de leur
fonction ?
Si oui, il y a risque de poursuites abusives de la part de particuliers dit "lésés". L’aménagement d’un système particulier est
considéré comme un privilège en faveur des ministres en exonérant leur responsabilité.
Il faut distinguer la responsabilité civile, et la responsabilité pénale.
La responsabilité civile appartient aux règles de droit commun.
La responsabilité pénale des ministres pour des actes dans l’exercice de leur fonction était appréciée traditionnellement par la haute
cour de justice, mais il s’agissait d’une responsabilité théorique car la procédure est lourde et inadaptée. Il y avait irresponsabilité
des ministres.
C’est à la suite de l’affaire du sang contaminé, que la loi constitutionnelle du 27 juillet 1993 a abrogé le second alinéa de l’art.68 de
la Constitution pour créer le 68-1 et le 68-2.
La loi organique du 23 novembre 1993 a précisé les modalités d’application de ces articles.
Au terme de l'art. 68-1 de la Constitution, les membres du gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis dans
l’exercice de leurs fonctions, et qualifiés de crime ou de délit au moment commis. Les actes sont jugés par la Cour de Justice de la
République.
Selon l’art.68-2, la Cour de Justice de la République est composée de douze parlementaires élus pour moitié parmi Assemblée
Nationale, et pour l’autre du Sénat. Trois magistrats de la cour de cassation assurent la présidence de la Cour.
Toute personne, qui se prétend lésée par un crime ou un délit commis par un membre du gouvernement dans l’exercice de ces
fonctions, peut porter plainte auprès de la commission des requêtes composée de trois magistrats de la cour de cassation, deux
conseillers d’état et deux conseillers maîtres à la cour des comptes. Cette commission examine la plainte, et peut la classer ou la
transmettre au procureur général de la cour de cassation pour qu’il saisisse la Cour de Justice de la République.
62
Lorsque la Cour de Justice de la République est saisie, l’affaire est confiée à une commission d’instruction composée de trois
conseillers à la cour de cassation qui instruisent celle-ci et se prononce sur les suites à donner, l’abandon ou le renvoi à la cour.
La cour reste liée par le code pénal pour qualifier des faits reprochés, et ne peut infliger que des peines prévues par le législateur.
La décision de la Cour de Justice de la République peut être déférée à la cour de cassation.
Ce système prévoit un nombre de verrous/filtres pour éviter qu’un ministre soit poursuivi pour raison politique. Le contrôle de la
cour de cassation est aussi un filtre. Comme la cour ne peut pas accorder d’indemnité au plaignant, les particuliers voulant se porter
partie civile doivent saisir les juridictions ordinaires.
En vertu de l’art.68-3, et par dérogation au principe de la non rétroactivité des lois, les dispositions de l’article 68-1 et 68-2 ne sont
applicables qu’aux faits commis à la date de l’entrée en vigueur de ces lois.
C – Le fonctionnement du gouvernement
Seule formation collégiale du gouvernement, elle est également la seule ayant une existence constitutionnelle (art.9 de la
Constitution).
Le Conseil des ministres est présidé par le Président de la République.
Il est collégial et solidaire. Les décisions importantes engagent la responsabilité de l’ensemble des ministres. Les décisions
adoptées en Conseil des ministres sont prises au préalable. C’est une consécration de la décision.
63
Le Président est le chef des armées (art.15), mais en vertu de l’article 21, le Premier Ministre est responsable de la défense nationale
et le gouvernement dispose de la force armée (art. 20).
En réalité, cela revient au Président, car il dispose de la puissance nucléaire.
La politique de défense est arrêtée au conseil des ministres sous la présidence du chef de l’état, qui est aussi président du comité de
défense nationale. Le Premier Ministre met en œuvre les décisions du conseil des ministres, et s’occupe de la loi d’utilisation
militaire.
Le ministre de la défense nationale a des fonctions administratives.
L’article 21 prévoit que le Premier Ministre nomme aux emplois civils et militaires, mais c’est le Président qui donne les emplois
les plus importants en application de l’article13 et de l’ordonnance du 28 novembre 1958.
Il dispose de pouvoirs moins spécifiques, mais de plus grande importance. Il renforce son autorité et sa légitimité par rapport à ses
collègues.
Il contresigne les actes du Président.
Il doit être consulté pour la révision de la Constitution selon l’article 89, et dispose d’un pouvoir de proposition.
Il a un pouvoir de saisine du conseil constitutionnel article 54 et 61.
2 – Attributions du gouvernement
En vertu du 1er alinéa de l’article 20, le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. C’est à dire, qu’il revient au
gouvernement de fixer les grandes orientations, et de disposer des moyens pour les accomplir.
Le Premier Ministre a l’initiative des lois en vertu de l’article 39 de la Constitution. En période de fait majoritaire, c’est davantage la
politique du Président de la République.
Le second alinéa dispose que le gouvernement dispose de l’administration et de la force armée.
Il y a des circonstances graves, auxquelles le gouvernement doit avoir la possibilité de faire face. Pour cela, le constituant et le
législateur ont prévu des réponses.
L’état de siège, prévu par les lois de 1849 et 1978, et réglementé par l’article 36 de la Constitution.
L’état de siège est décrété en conseil des ministres, et sa prorogation au delà de 12 jours ne peut être autorisé que par le parlement
(loi).
Il est déclaré en cas de péril imminent, lors d’un état de guerre étrangère où lors d’une insurrection armée.
Il transfert de l’autorité civile à l’autorité militaire les pouvoirs de police.
Il y a l’état d’urgence (loi du 23 avril 1955) décrété en conseil des ministres, en cas d’atteinte grave à l’ordre public ou en cas de
calamité publique.
C’est une extension du pouvoir de police en faveur des préfets, ou en faveur du ministre de l’intérieur. Les deux régimes se
retrouvent sur le terrain de la restriction des libertés.
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Section 3 : Le pouvoir législatif
2 – Elections sénatoriales
Ces élections au Suffrage Universel Indirect (SUI) permettent la représentation des collectivités territoriales.
Les français installés hors de France sont représentés par le Sénat.
Le collège électoral est constitué :
- députés
- conseillers régionaux
- conseillers généraux
- délégués des conseils municipaux, dont le nombre varie selon l’importance de la commune.
65
- membre du conseil économique et social
-
Il y a des limites au cumul des mandats électifs.
Les lois organiques du 5 décembre 1985 et du 5 avril 2000 prévoient que le mandat parlementaire ne peut pas être cumulé avec
l’exercice de d’un autre mandat électif tel que :
- conseiller régional
- conseiller à l’assemblée de Corse
- conseiller général
- conseiller municipal de Paris
- conseiller municipal d’une commune de plus de 3500 habitants
Il pourrait apparaître incompatible qu’un parlementaire exerce aussi une fonction privée, toutefois, contrairement au régime
précédant le cumul avec une activité privée est admis.
Pour éviter toute collusion, des dérogations au principe de compatibilité sont prévues. L’emploi civil est interdit à un parlementaire
avocat au risque de se mettre en contradiction avec l’intérêt public.
Le code électoral délivre toute une série d’incompatibilités, telles des fonctions de direction dans une entreprise faisant appel public
à l’épargne (art. 146 de la loi organique du code électoral)
A la suite de son élection, le parlementaire frappé d’une incompatibilité a un délai de trente jours pour choisir entre son mandat et
son activité incompatible.
Quand il y a un doute en matière d’incompatibilité, il y a saisine du conseil constitutionnel par le Président de l’Assemblée, le Garde
des Sceaux ou par le parlementaire. Si le conseil constitutionnel estime que l’incompatibilité est fondée, le parlementaire doit régler
sa situation dans un délai de trente jours. Si le parlementaire ne se manifeste pas, il sera considéré comme démissionnaire d’office
par le conseil constitutionnel.
En cours de mandat le parlementaire peut avoir à nouveau des problèmes d’incompatibilité, donc il est tenu de déclarer au bureau de
son assemblée toute nouvelle activité.
Le parlementaire qui ne respecte pas ces dispositions serait déclaré démissionnaire d’office par le conseil constitutionnel.
En cas d’incompatibilité, le parlementaire sera remplacé par le suppléant.
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3 – Les immunités parlementaires
a – Irresponsabilité
Cette immunité de fond concerne les actes accomplis par le parlementaire dans l’exercice de ses fonctions.
Article 26 alinéa 1 :
Aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion de ses opinions, ou votes émis
par lui dans l’exercice de se fonctions. Il ne peut être ni pénalement, ni civilement, poursuivi pour ses opinions, votes et rapports,
qu’il a rédigé dans l’exercice de ses fonctions.
Cette irresponsabilité est perpétuelle, par contre le parlementaire sera toujours responsable des propos ou opinions émis en dehors
de l’exercice de ses fonctions.
b – Inviolabilité
Cette immunité de procédure fut révisée à l’occasion de la révision constitutionnelle du 4 août 1995 article 26 :
Afin d'assurer l’indépendance des parlementaires, l’inviolabilité concerne les actes en dehors de l’exercice de leurs fonctions.
L’inviolabilité n’existe qu’en matière correctionnelle ou criminelle. Peut faire l’objet de poursuites civiles et contraventionnelles
pour le protéger de l’exécutif.
Désormais, le parlementaire ne peut faire l’objet en criminelle ou correctionnelle, d’une arrestation ou de toute autre mesure
privative de liberté, qu’avec l’autorisation du bureau de l’assemblée dont il fait partie. C’est le bureau dont il fait partie, qui donne
l’autorisation prévue, et qui ne s’impose pas en cas de crime ou de flagrant délit.
L’assemblée dont il fait partie le parlementaire peut suspendre les mesures privatives ou restrictives de liberté, mais uniquement
pour la session.
L’article 26 prévoit une séance supplémentaire pour pouvoir envisager cette possibilité.
C’est l’instance dirigeante de l’assemblée et est présidé par le président de chaque assemblée. Le bureau est composé de 22
membres du sénat et 22 de l’A.N, un président, 6 vices président, 3 questeurs, 12 secrétaires.
Un vice président peut remplacer le président avec les mêmes pouvoirs.
Les questeurs chargés de l’administration intérieure de l’assemblée. Les secrétaires chargés des PV de séance, vérifient les
délégations de vote et constate vote et les résultats du scrutin.
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- les présidents des commissions permanentes
- les présidents des commissions extraordinaires
- les présidents des groupes parlementaires
- un représentant du gouvernement
- rapporteur général de la commission des finances
- président de la délégation parlementaire pour les communautés européennes
Sous la Vème République, ce sont les règlements des assemblées qui fixent l’organisation et le fonctionnement des groupes
parlementaires.
Ces groupes sont en quelque sorte la représentation des grands partis politiques.
Un groupe est composé de 20 députés ou 15 sénateurs. Tous les parlementaires n’appartiennent pas à des groupes. Certains sont
rattachés (partage des mêmes valeurs, mais pas affilié au parti), et les inscrits n’appartiennent pas à un parti politique.
Chaque groupe a un bureau, un secrétariat administratif et un président.
5 – Commissions parlementaires
Le second alinéa de l’article 46 fixe à six le nombre de commissions permanentes de chaque assemblée. Dans l’Assemblée
Nationale :
- commission des affaires culturelles, familiales et sociales
- commission des affaires étrangères
- commission de la défense nationale et des forces armées
- commission des finances, de l’économie générale et du plan
- commission des lois constitutionnelles, de la législation et administration générale de la République
- commission de la production et des échanges
Tous les parlementaires ont un problème de siège proportionnel à leur importance numérique. Les commissions sont dirigées par un
bureau comprenant un président, un vice président et des secrétaires.
Les commissions permanentes préparent les propositions de loi en les examinant.
Les pouvoirs de ces commissions ne sont pas illimités, contrairement dans les constitutions antérieures.
Pour les projets de loi, ces commissions disposent de la possibilité de rédiger un rapport donnant un avis, un commentaire, article
par article; et des amendements.
On évite, aux niveaux des commissions permanentes, de s’immiscer dans la vie et le travail du gouvernement.
S’il s’agit d’une proposition de loi, la commission est compétente pour faire tout acte semblant utile.
b – Commissions spéciales
Dans l’esprit des constituants de 1958, les commissions spéciales étaient là pour éviter que les commissions permanentes ne
prennent pas l’importance connue auparavant.
L’article 43 alinéa 1 dispose que les projets et propositions de loi se font à la demande du gouvernement ou par l’assemblée qui en
est saisi, et envoyé à des commissions spéciales. Elles sont constituées dans un but précis afin d'accomplir un travail.
Elles accomplissent un travail essentiel dans la préparation législative. Le gouvernement et les assemblées ont renoncé à faire appel
aux commissions spéciales, sauf lorsqu’un texte pose des problèmes difficiles, techniques ou d'ordre moral.
c – Commissions d’enquête
Ces commissions ne peuvent pas comporter plus de 30 membres à l’Assemblée Nationale, et 21 au Sénat, élus à la représentation
proportionnelle.
La création d’une commission d’enquête résulte d’une adoption d’une proposition de résolution déposée par un sénateur ou un
député. Ces commissions sont faites pour recueillir des informations sur des faits déterminés, ou sur la gestion des services publics
et entreprises nationales.
Il y a impossibilité de commission d’enquête sur des faits ayant donné lieu à des poursuites judiciaires.
Les commissions d’enquête ont un caractère temporaire de six mois.
Pendant ce temps, la commission a des pouvoirs d’investigations importantes.
Les travaux se concluent par un rapport qui a pour vocation à être publié, mais l’Assemblée peut décider par comité spécial de
publier une partie ou pas du rapport.
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C – Le travail parlementaire
1 – Sessions parlementaires
a – Sessions ordinaires
Avant la réforme de 1995, l’article 28 prévoyait deux sessions ordinaires :
- le 2 octobre et pour 80 jours, afin d'examiner le budget
- le 2 avril et pour 90 jours, consacrée à l’examen du programme législatif du gouvernement
réunies à la demande du président de l’Assemblée Nationale de l’époque (Seguin).
Depuis 1995, le Parlement se réunit en une session unique, qui commence le premier jour ouvrable d’octobre et fini le dernier jour
ouvrable de juin. Le second alinéa de l’article 28 dispose que la session ordinaire ne peut pas excéder 120 jours, donc la durée de la
session ne cesse de diminuer alors que le travail augmente et ne cesse de se compliquer.
Pour pallier cette insuffisance le 3ème alinéa de l’art.28 prévoit que le Premier Ministre, après consultation de la majorité de
l’Assemblée, peut décider de la tenue de séances supplémentaires.
b – Sessions extraordinaires
Article 29 :
Le parlement se réunit en sessions extraordinaires à la demande du Premier Ministre, ou à la majorité de l’Assemblée Nationale sur
un ordre du jour déterminé.
Lorsque la session extraordinaire a lieu à l’initiative du premier ministre (cas général), l’article 29 ne prévoit aucune disposition
particulière.
Si l’initiative parlementaire existe, l’article 29 pose deux limites :
- clôture de la session quand le parlement aura épuisé l’ordre du jour, et celle-ci ne peut excéder 12 jours
- seul le Premier Ministre peut demander une nouvelle session avant l’expiration du mois qui suit le décret de clôture
Ces sessions extraordinaires sont ouvertes et clauses par le Président de la République, selon l’article 30 de la Constitution.
La Constitution prévoit que le Parlement se réunit de plein droit pendant les événements extraordinaires :
- après l’élection d’une nouvelle Assemblée consécutive à une dissolution (article 12 alinéa 3)
- en période d’application de l’article 16 (art.16 al.3)
- pour entendre un message du Président hors période de session (art.18 al.3)
2 – Séances
b – Débats
Ils ont lieu sous la présidence de chaque président des assemblées, et ouverts par l’appel du texte inscrit à l’ordre du jour.
Le rapport de la commission concernée est ensuite rapporté à l’Assemblée. A ce moment, il peut être apposé au texte une exception
d’irrecevabilité et la question préalable.
Dans le cas contraire, la procédure continue par l’intervention des parlementaires qui doivent être inscrits.
Après la clôture de la commission générale on peut lui renvoyer.
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c – Les votes
A – Le vote de la loi
1 – Le domaine de la loi
a – Domaine législatif
Elle paraît très limitée. Si le gouvernement prend un règlement en empiétant sur le domaine législatif, aucune compétence spéciale
n’est prévue.
Il faudra attendre que l’un des administrés saisisse le conseil d’état par un recours pour que le règlement soit annulé.
b – Domaine réglementaire
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Par ailleurs, après la promulgation d’une loi, si le gouvernement estime qu’elle empiète sur le domaine réglementaire, il peut
demander au conseil constitutionnel de déclarer que le texte présente un caractère réglementaire et pourra ensuite modifier ce texte
par décret.
a – Préparation de la loi
L’initiative de la loi (article 39) appartient au Premier Ministre et aux membres du Parlement. Les projets de lois (article 39 alinéa
2) doivent être soumis à l’avis du Conseil d’Etat, qui est purement consultatif mais revêt une importance pour la régularité du texte.
Après cet avis, le projet est délibéré au conseil des ministres, puis déposé sur le bureau de l’une ou l’autre des assemblées (sauf loi
de finances qui va sur le bureau de l’Assemblée Nationale).
Les propositions de lois échappent à ces mesures, car elles ne sont pas soumises à l’avis du Conseil d’Etat et ne sont pas délibérées
au conseil des ministres.
Selon l’article 40 de la Constitution, une irrecevabilité peut être opposée aux amendements et propositions des parlements, si leur
adoption donnait lieu à une baisse des ressources publiques ou une augmentation des charges publiques.
L’examen en commission :
En principe le président de l’Assemblée Nationale donne son avis sur la commission compétente.
Article 42 alinéa1 :
La commission compétente ne peut pas modifier le projet de loi, toutefois s'il s'agit d'une proposition de loi, la modification est
possible.
L’inscription à l’ODJ (ordre du jour) est nécessaire pour sa discussion (article 48).
b – Examen en séance
Il s’engage par présentation du rapport de la commission ou à l’initiative du gouvernement. Après l’intervention du rapporteur,
l’examen du texte peut commencer mais au cours du débat des incidents peuvent survenir :
- Il peut y avoir exception d’irrecevabilité, ce qui a pour projet de faire reconnaître par l’Assemblée que le texte est contraire à
une ou plusieurs dispositions constitutionnelles.
Ainsi, 9 octobre 1998, l’Assemblée Nationale avait rejeté la proposition de loi sur le PACS.
- La question préalable est destinée à décider s’il y a lieu à délibérer ou non, si le texte est inopportun.
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- La notion de renvoi à l’Assemblée Nationale, et après la clôture de la discussion générale, peut être mis en discussion.
En cas d’adoption, la discussion est suspendue jusqu’à un nouveau rapport.
Une seule de ces notions peut s’appliquer pour un texte, qui fera l’objet d’un débat puis d’un vote.
- Le vote des articles et amendements :
Chaque article amendé ou non doit être adopté à la majorité des suffrages exprimés, sauf pour les matières où la Constitution
demande une majorité qualifiée.
Le droit d’amendement permet à la commission compétente et au Parlement de proposer des modifications au texte.
En outre (article 44 alinéa 2), après ouverture du débat, le gouvernement peut s’opposer à l’examen de tout amendement qui n’a pas
été antérieurement soumis à la commission.
- Demande de vote bloqué :
Lors du vote des amendements, l’article 44 alinéa 3 peut obliger l’Assemblée saisie à se prononcer par un seul vote sur tout ou
partie du texte, en présentant ses propositions d’amendements ou ceux des parlementaires, que le gouvernement a accepté.
Cette procédure permet de gagner du temps en évitant que le texte gouvernemental ne soit bouleversé par une multitude
d’amendements.
Il y a assujettissement du Parlement et augmentation des prérogatives du Parlement en matière législative. Le débat n’est pas pour
autant écarté, et les textes et amendements sont discutés. A un moment opportun, le gouvernement demande à l’Assemblée de se
prononcer sur un vote unique qui clôt le débat.
- Une demande de seconde délibération par le gouvernement est possible après le vote des articles pour tout ou partie du texte.
Les parlementaires ont aussi cette faculté.
La seconde délibération ne porte que sur la nouvelle proposition du gouvernement et sur les amendements y afférent.
- Le vote sur l’ensemble du texte :
Après le vote des articles, et s’il n’y a pas demande de seconde délibération, les représentants des groupes parlementaires donnent à
l’Assemblée leur sentiment à l’égard du texte, puis il est précédé au vote de l‘ensemble du texte adopté ou rejeté à la majorité des
suffrages exprimés.
c – la navette législative
Article 45 alinéa 1 : Tout projet de loi est examiné successivement dans les deux assemblées du Parlement en vue d’une adoption
unique.
Cet alinéa implique que le texte voté en première lecture soit ensuite transmis à l’autre assemblée qui pourra l’amender.
Cette dernière assemblée devra le retransmettre à la première, il y a donc instauration d’une nouvelle navette entre les deux
assemblées.
Celle-ci répond à deux impératifs :
- Délibération sur les points de divergence
- Chaque délibération de l’Assemblée reste soumise à la procédure législative ordinaire avec renvoi à la commission
Il y a possibilité d’amendement et de discussion en séance, c’est-à-dire que les choses risque de durer quelque temps, sauf s’il y a
intervention d’une procédure particulière.
L'article 45 dispose que lorsque un projet ou proposition de loi n’a pas pu être adopté par suite à un désaccord, après deux lectures
par chaque assemblée ou si le gouvernement a procédé en urgence.
Le Premier Ministre a la faculté de provoquer la réunion d’une commission mixte paritaire (7 députés et 7 sénateurs).
Cette commission est chargée de trouver un compromis. Si elle parvient à un accord, le gouvernement a deux possibilités :
- Il peut soumettre aux deux assemblées le texte pour approbation, donc aucun amendement n’est acceptable sauf s’il y a accord
du gouvernement.
- Il peut ne pas soumettre aux assemblées le texte ou compromis élaboré par la commission. Quand ce dernier ne convient pas,
alors la navette reprend.
Si la commission mixte paritaire ne parvient pas à trouver un accord, ou si les deux assemblées n’approuvent pas le texte proposé, le
gouvernement peut, après une nouvelle lecture par l’Assemblée Nationale et le Sénat, demander à la seule Assemblée Nationale de
statuer définitivement (article 45 alinéa 4), qui statuera seule et reprendra le texte de la commission mixte paritaire ou le texte
qu’elle aura dernièrement voté.
d – Promulgation et publication
Avant cela, le Président de la République et le Conseil Constitutionnel peuvent intervenir, en application de l’article 10 alinéa 2.
Le Président de la République peut avant expiration du délai de promulgation (15 jours) de la loi, demander au Parlement une
nouvelle délibération de la loi, ou de certains de ces articles. Cette nouvelle délibération ne peut être refusée.
On peut demander au Parlement de reconsidérer sa position.
L'article 61 alinéa 2 dispose que les lois peuvent être déférées au Conseil Constitutionnel avant leur promulgation par le Président
de la République, le Premier Ministre, 60 députés ou 60 sénateurs ou un des deux présidents des assemblées. Dans ce cas, le Conseil
doit statuer dans un délai d’un mois, sauf s’il y a procédure d’urgence (8 jours).
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Le délai de promulgation est ainsi suspendu. Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont pas susceptibles de recours.
La promulgation est un acte par lequel le Président de la République reconnaît qu’une loi a été votée par les organes législatifs
compétents, conformément à la Constitution tout en donnant ordre aux autorités publiques de la respecter et de la faire respecter.
Il y a une compétence liée (15 jours pour promulguer).
La promulgation rend la loi exécutable et la publication est la procédure utilisée pour que les citoyens aient la connaissance des lois
qui leurs sont opposables.
Elles ont pour objet d’organiser et expliquer le fonctionnement des pouvoirs publics.
La loi organique peut trouver son origine dans un projet ou dans une proposition de loi, mais un délai de quinze jours doit séparer le
dépôt du texte pour son vote par la première assemblée saisie, faute d’accord des deux assemblées.
Le texte, pour être adopté par l’Assemblée Nationale, doit recueillir la majorité absolue de ses membres.
En revanche, pour les lois organiques relatives au Sénat, la commission mixte paritaire n’est pas applicable, et elles doivent être
votée dans les mêmes termes par les deux assemblées.
En application des articles 46 et 61, les lois organiques doivent être soumises au Conseil Constitutionnel avant leur promulgation.
Elles fixent la nature et le montant des affectations des ressources et des charges de l’état, c’est le budget.
Il y a aussi une loi de finances rectificative, qui modifie en cours d’année les dispositions et les lois de règlement qui clôturent
l’exercice financier.
La compétence est gouvernementale, c’est le projet de loi de finances.
La révision constitutionnelle du 22 février 1996 a introduit les lois de finances de la sécurité sociale dans l’article 34 de la
Constitution.
Le Parlement peut se prononcer sur la loi de finances de la sécurité sociale, qui détermine la condition de son équilibre financier.
Confié en première analyse à l’Assemblée Nationale, le régime est fixé par l’article 47 al. 1. Si le parlement ne s’est pas prononcé
sous 50 jours, il est mis en œuvre par le gouvernement.
73
a – Engagement de la responsabilité ministérielle (article 49 alinéa 1)
Le Premier Ministre, après délibération du conseil des ministres, engage la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée
Nationale, sur son programme ou sur une déclaration politique.
Si au regard de la Constitution, cette décision revient au Premier Ministre, il est évident qu’en période de fait majoritaire le Premier
Ministre serait tenu à l’écart. De plus, si cela engage l’avenir du gouvernement, il faut une délibération préalable en conseil des
ministres.
Une fois posée, la question de confiance s’exerce normalement. Le gouvernement doit démissionner s’il n’obtient pas la majorité
des suffrages exprimés.
Il y a distinction sur les modes d’engagement de la responsabilité.
L’engagement de la responsabilité sur le programme serait pour certains obligatoire, mettant ainsi le verbe « engage » à l’impératif.
L’engagement de responsabilité sur une déclaration de politique générale ne serait que facultatif avec l’utilisation de l’adverbe
« éventuellement ».
Il peut apparaître logique que le gouvernement nouvellement nommé engage sa responsabilité sur son programme. Il y aurait ainsi
une sorte d’investiture de l’Assemblée, tandis que l’engagement de l’Assemblée sur une question politique d’ordre général
n’emporterait pas les mêmes obligations. Il est vite apparu que cette distinction était artificielle.
Si la question se révèle large, le gouvernement aura alors une plus grande latitude pour travailler.
L’Assemblée Nationale met en avant la responsabilité du gouvernement par le vote d’une motion de censure.
Il s’agit de l’arme classique du Parlement dans le cadre d’un régime parlementaire, mais dans l’hypothèse du parlementarisme
rationalisé cette procédure a été fortement bornée pour que le gouvernement ne soit pas facilement renversé. Ainsi, il faut au moins
1/10 des membres de l’Assemblée Nationale.
Le vote ne peut avoir lieu que 48 H après le dépôt de la motion.
C’est un système apparemment avantageux pour le gouvernement, car l’adoption d’une motion de censure est particulièrement
difficile.
La seule motion de censure de la Vème république le 5 octobre 1962 par 281 voies contre le gouvernement de Pompidou visait le
général De Gaulle, et concernait l’élection du Président de la République au Suffrage Universel Direct (SUD).
Sa portée fut limitée, puisque l’élection a bien été réalisée au SUD, et Pompidou a été reconduit dans ses fonctions.
74
Section 4 : Le Conseil Constitutionnel
En 1958, le Conseil Constitutionnel était principalement un organe visant à éviter que le Parlement n’empiète pas sur les
prérogatives du gouvernement.
Le Conseil Constitutionnel devait s’assurer que la répartition des compétences soit respectée (article 84 et 39).
Son rôle s’est accru depuis le 16 juillet1971, avec la liberté d’association. Il y a renaissance du Conseil Constitutionnel.
Le Conseil Constitutionnel est un rouage essentiel des institutions, et il est défenseur des libertés individuelles.
Successeur du comité constitutionnel de la Constitution de 1946, le Conseil Constitutionnel a été créé dans une relative indifférence.
La nature juridique du Conseil Constitutionnel est de poser des questions, agissant ainsi comme un organe politique ou
juridictionnel.
Depuis lors, la grande majorité de la doctrine établit qu'il s'agit bien d'un organe juridictionnel.
Le Conseil Constitutionnel dit le droit, en se fondant sur des normes juridiques.
Sa procédure nécessite de se juridictionnaliser, avec des décisions ayant autorité de la chose jugée.
Les décisions s’imposent aux pouvoirs publics, et aux autorités administratives et juridictionnelles.
C’est un véritable organe juridictionnel.
A – Sa composition
1 – La saisine
75
L’auto saisine d’un organe juridictionnel se révèle impossible dans la mesure où il doit être sollicité par une partie quelconque afin
de résoudre le litige donné.
Pourtant, en 1974, Valéry Giscard d'Estaing avait envisagé que le Conseil Constitutionnel puisse s’auto saisir des lois qui lui
paraîtraient porter atteinte aux libertés publiques garanties par la Constitution. Mais ce projet vit une forte opposition, et fut
abandonné.
Il y a une forme d’auto saisine indirecte, lorsque le Conseil est saisi d’un problème d’inconstitutionnalité de certains articles, qu’il
examine avant de les déclarer inconstitutionnels le cas échéant.
Seuls le Premier Ministre, le Président des assemblées et le Président de la République pouvaient saisir le Conseil, jusqu’en 1974.
La loi constitutionnelle du 29 octobre 1974 a permis à 60 députés ou sénateurs de saisir le Conseil Constitutionnel.
La loi constitutionnelle du 25 juin 1992 modifia l’article 54 de la Constitution, pour que 60 sénateurs ou députés puissent saisir le
Conseil Constitutionnel pour vérifier la conformité des traités à l'égard de la Constitution.
Les deux textes ont une importance substantielle.
En matière électorale, les textes réservaient aux citoyens une possibilité de saisir le Conseil Constitutionnel.
Pour les élections présidentielles (article 58), législatives (article 59), référendaires (article 60), les électeurs peuvent saisir le
Conseil Constitutionnel.
En dehors de cette stricte hypothèse, limitée au contexte électoral, le contrôle se fait par voie d’action et non pas par voie
d’exception.
Les citoyens ne peuvent pas saisir directement le Conseil Constitutionnel.
Pourtant un projet de révision constitutionnelle daté du 2 avril 1990, suggéré par Balladur et accepté par Mitterrand, envisageait la
modification de l’article 61 de la Constitution pour que le citoyen puisse saisir le Conseil Constitutionnel.
Tout citoyen pouvait ainsi contester les dispositions d’une loi relative aux droits fondamentaux.
Chaque citoyen pouvait soulever l’exception d’inconstitutionnalité devant n’importe quelle juridiction sous réserve de conditions.
Le projet fut voté le 26 avril 1990, par 306 voies contre 246, mais il fut tellement amendé par le Sénat qu’il fut ajourné par le
Président de la République et par le Chef du gouvernement.
Il doit être saisi par une requête signée par le ou les auteurs avant la promulgation de la loi.
La requête doit mentionner les dispositions contestées et les moyens invoqués.
Cette procédure a plusieurs aspects particuliers, comme le secret pour protéger les membres du Conseil Constitutionnel.
Il y a une évolution, car la procédure devient de plus en plus contradictoire. Les parties peuvent demander à être entendues, et elle
intervient davantage en matière de constitutionnalité des lois.
Un conseiller rédige ensuite un rapport, qui a une grande importance même si le Conseil Constitutionnel n’est pas obligé de le
suivre.
Lorsque l’instruction est terminée, il y a instruction en séance avec la présence au minimum de 7 conseillers. Ils peuvent examiner
toutes les dispositions d’un texte (ultra pepita), même si son inconstitutionnalité totale n’a pas été soulevée.
Les délais sont réduits en fonction de l’importance des décisions (1 mois à 8 jours, s’il y a urgence du gouvernement).
Le recours est suspensif, cela explique la brièveté du délai.
A – La nature du contrôle
1 – Juridictionnel
Le contrôle est juridictionnel, puisque le Conseil Constitutionnel ne se prononce pas en équité, ni en opportunité, mais en droit.
Sa mission est de confronter des dispositions législatives à des normes constitutionnelles de référence, afin de voir si les dispositions
législatives sont conformes à la Constitution.
2 – Facultatif
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A l’égard des lois ordinaire, le contrôle de constitutionnalité est pris par saisine (article 61).
Si le gouvernement décide de ne pas recourir à l’article 37 alinéa 2 et l'article 41 de la Constitution, le Conseil Constitutionnel
restera muet.
Même chose pour l’engagement international (article 54), surtout ceux qui demandent intervention d’une loi nouvelle et pourront
être déférés au Conseil Constitutionnel.
Les lois référendaires sont exclues du contrôle du Conseil Constitutionnel.
3 – Préventif
B – La portée de la décision
1 – Le contenu de la décision
Décision à la majorité simple, et la voix du président reste prépondérante en cas de différent. Par les visas, le Conseil
Constitutionnel vise le texte par lequel il se fonde.
Par les « considérant », le Conseil motive sa décision.
Ce dispositif est le cœur même de la décision.
La décision consiste à rejeter ou admettre l’inconstitutionnalité.
2 – Conséquences de la décision
Une disposition déclarée non conforme ne peut être promulguée, ni mise en application (article 62).
Pour les engagements internationaux, si le Conseil Constitutionnel déclare que certaines dispositions comportent une clause
contraire à la Constitution, l’autorisation de la ratifier ou de l’approuver ne peut intervenir qu’après révision de la constitution
(article 54).
Lorsque le Conseil Constitutionnel estime qu’une loi ne respecte pas la Constitution en vigueur plusieurs solutions sont possibles :
- Le Président de la République peut promulguer le texte à l’exception des dispositions entachées
- Le Président peut demander une nouvelle délibération aux assemblées pour une réexamination du projet.
- Les auteurs peuvent modifier le texte dans le sens préconisé par le Conseil Constitutionnel, afin qu’il puisse être à nouveau
présenté au Parlement, et éventuellement au Conseil Constitutionnel s’il est saisi.
3 – Autorité de la décision
L'article 62 alinéa 2 dispose que les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux
pouvoirs publics, et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles.
Si le Conseil Constitutionnel était saisi à nouveau du même texte, il n’examinerait que les dispositions nouvelles.
Le Conseil Constitutionnel a précisé que l’autorité de ses dispositions s’attachait aux dispositifs et aux motifs qui en sont le soutien
nécessaire.
Ainsi, les décisions du Conseil Constitutionnel s’imposent au gouvernement, au Parlement, au Président de la République et/ou aux
juridictions et autorités administratives.
Pour l’autorité, le problème ne vient pas des pouvoirs publics mais des juridictions suprêmes, car le Conseil Constitutionnel n’est
pas le supérieur hiérarchique du Conseil d’Etat, ni de la cour de cassation.
Pourtant, il faut reconnaître que les juridictions suprêmes se conforment à la ligne tracée par le Conseil Constitutionnel.
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A – Compétences non juridictionnelles
L’article 16 et 17 de la Constitution et les dispositions des lois organiques le concernant. Ainsi, en application de l’article 7, le
Conseil Constitutionnel constate l’empêchement provisoire ou définitif du Président de la République.
Au regard de ce même article, pour l’élection présidentielle, il reçoit les candidatures et contrôle le consentement des candidats, et
la répartition des parrains pour établir la liste officielle des candidats.
Il veille à la régularité des élections en proclamant les résultats selon l’article 58 de la Constitution.
Le Conseil Constitutionnel est chargé de prendre les dispositions en cas de décès d’un candidat durant le déroulement des élections
présidentielles dans les hypothèses déjà examinées.
En vertu de l’article 53 de l’ordonnance du 7novembre 1958, le Conseil Constitutionnel est consulté au moment de la mise en œuvre
de l’article 16. C’est une consultation importante, seul rempart à une utilisation abusive de cet article.
Le Conseil Constitutionnel est encore consulté sur chacune des décisions prises par le Président de la République pour établir
rapidement le fonctionnement régulier des pouvoirs publics.
En application de l’article 46 de l’ordonnance du 7 novembre 1958, le Conseil Constitutionnel veille aux régularités des opérations
de vote et de l’organisation du référendum.
B – Compétences juridictionnelles
a – Elections présidentielles
En vertu de l’article7 du décret du 14 mars 1964, le Conseil Constitutionnel est chargé de juger les réclamations relatives à la liste
de candidats qu’il adresse.
Il examine les réclamations relatives à la régularité des opérations électorales.
Dans un délai de 48 heures suivant la clôture du scrutin, le Conseil peut être saisi par un candidat, par un préfet et par tout électeur
ayant fait état d’irrégularité du PV du bureau de vote concerné.
b – Elections parlementaires
Les incompatibilités pour le législatif et le Sénat incombe au Conseil Constitutionnel en vertu des dispositions du code électoral.
Selon l'article 59 de la Constitution, il statue en cas de constatation sur la régularité des élections parlementaires. Il doit être saisi
dans les dix jours suivant les résultats.
Par une décision du 11 juin 1981, le Conseil Constitutionnel est reconnu compétent pour apprécier la régularité des opérations
préliminaires aux opérations électorales.
Lorsqu’une irrégularité entache la procédure, et que l’écart de voix est peu important, le Conseil Constitutionnel peut annuler les
élections en cause.
Le conseil constitutionnel apprécie le contentieux du financement de la campagne électorale.
Le Conseil Constitutionnel juge les réclamations relatives aux opérations référendaires (article 50 de l’ordonnance du 7 novembre
1958). Il peut être saisi par le préfet ou les électeurs dans les 48 heures après la clôture du scrutin.
En 1962, saisi d’un recours contre la loi adoptée par la procédure de référendum et instaurant l’élection du Président de la
République au SUD, le Conseil Constitutionnel déclina sa compétence.
Dans la décision du 6 novembre 1962 (loi référendaire), il estima que les lois visées par l’article 61 de la Constitution sont
uniquement celles votées par le Parlement, et non pas celles adoptées par référendum par le peuple.
a – Le bloc de constitutionalité
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Ce préambule est important, car il comporte la DDHC du 26 août 1789, et fait allusion au préambule de la Constitution de 1946.
La reconnaissance, par le Conseil Constitutionnel, de valeur constitutionnelle de la DDHC confère à celle-ci la même valeur que la
Constitution de 1958.
Le 16 janvier 1982, le Conseil Constitutionnel n’établit aucune différenciation entre les articles de 1789 et la Constitution.
Le préambule de 1946 consacre des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, et consacre les principes
économiques et sociaux particulièrement nécessaires en notre temps, et en donne l’énumération.
La référence aux lois de la République répudie les lois des périodes d’exception, de la monarchie, et de l'Empire.
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Le juge façonne la loi au lieu de la déclarer inconstitutionnelle.
Le Conseil Constitutionnel établit plein de variantes comme l’interprétation neutralisante, qui suspend les dispositions de la loi
pouvant être déclarées en opposition avec la Constitution.
Il y a l’interprétation constructive, visant à réaliser un ajout à la loi pour la rendre conforme.
Enfin, l’interprétation directive permet d’indiquer quelles doivent être les modalités d’application pour que la loi soit
constitutionnelle.
Le Conseil Constitutionnel tend à s’éloigner de son rôle constitutionnel.
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