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Le IXème Congrès National des Droits de l’Enfant « Protection et sécurité de l’enfant » Rabat, 25 – 26 juin 2002

Le IXème Congrès National des Droits de l’Enfant


« Protection et sécurité de l’enfant »

Rabat, 25 – 26 juin 2002

SITUATION DE LA FILLE AU MAROC

Par M. El mostafa HDDIGUI


Le IXème Congrès National des Droits de l’Enfant « Protection et sécurité de l’enfant » Rabat, 25 – 26 juin 2002

Introduction

Le Maroc a ratifié la déclaration universelle pour la protection et le


développement de l’enfant. Il a institutionnalisé le congrès national sur les droits
de l’enfant et a créé l’Observatoire National des Droits de l’Enfant (ONDE)
chargé d’assurer le suivi des stratégies d’application de la convention des droits
de l’enfant. Il a mis en place un parlement de l’enfant dans le but d’initier les
jeunes parlementaires à la vie publique, renforcer la participation des enfants et
leur permettre de défendre leurs droits.

Des plans d’action sectoriels en faveur de la survie, de la protection et du


développement des enfants ont été mis en oeuvre par les différents départements
ministériels.

La protection de l’enfance est également marquée par une forte présence de la


société civile. Plusieurs organisations se distinguent par leur action en faveur des
enfants en situation difficile.

La fille occupe une place importante dans les plans de développement sectoriels
et dans les programmes des organisations non gouvernementales. Des projets
spécifiques aux filles sont mis en œuvre pour combler les retards enregistrés
dans leur développement.

Des progrès indéniables sont réalisés en matière de développement en faveur des


filles mais l’égalité entre garçons et filles n’est pas pour autant atteinte.

Ce papier, préparé à l’occasion de l’organisation du congrès de l’enfance en


2002, apporte quelques éclairages sur la situation de la fille et sur sa protection
en traitant des éléments suivants :

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• un rappel succinct des domaines de développement et de


protection de l’enfant ;
• quelques caractéristiques démographiques de la population de
moins de 18 ans ;
• les progrès enregistrés en matière d’éducation et de santé chez
les filles ;
• les activités économiques et domestiques des enfants et
notamment des filles;
• les pistes d’action et les perspectives d’amélioration de la
situation des filles.

Considérant que l’éducation est la clef de développement des enfants en général


et des filles en particulier, et le moyen le plus sûr pour leur permettre de se
défendre et de se protéger contre toute exploitation, une place importante est
accordée à ce secteur, d’autant plus qu’en matière de santé les actions menées
permettent rarement la mise en relief de leurs spécificités selon le genre.

Ce papier ne prétend pas à l’exhaustivité en matière de développement et de


protection de la fille. Il ne traite pas des programmes d’action des associations
de la société civile dans ce domaine. Il se focalise essentiellement sur les actions
des départements ministériels et notamment celui de l’éducation.

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Développement et protection de l’enfant

Le développement de l’enfant constitue une priorité de l’action


gouvernementale. Cette priorité se manifeste à travers les efforts déployés en
matière d’éducation et de santé et la multiplication des structures d’activités
sportives et culturelles, ainsi que celle des instances permettant de renforcer la
participation et l’expression des enfants.

En matière de protection, les interventions de l’Etat et de la société civile


tendant à renforcer la sensibilisation en faveur des droits de l’enfant, à interdire
le travail des enfants et notamment celui des petites bonnes et à améliorer la
justice des mineurs. Elles visent également à créer des structures d’information,
d’écoute et d’orientation pour prévenir, assister et accompagner les enfants en
situation difficile, renforcer et développer les stratégies nationales de lutte contre
la maltraitance et toute forme d’exploitation.

Caractéristiques démographiques des filles

Se basant sur la notion de l’enfance adoptée par le Maroc, qui est celle qui
considère comme enfant toute personne âgée de moins de 18 ans, nous avons
essayé d’analyser les principales caractéristiques démographiques des enfants en
général et des filles en particulier.

En l’an 2000, la population de moins de 18 ans est estimée à 11,2 millions, ce


qui représente 39,1% de la population totale, autrement dit, 4 marocains sur 10
sont des enfants. Selon les projections à l’horizon 2014, cette population devrait

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diminuer pour ne présenter que 25%, compte tenu de la baisse de fécondité qui
est passée de 5,5 enfants par femme en 1982 à 3,0 enfants par femme en 1998.

Bien que l’effectif de la population globale soit plus élevé en milieu urbain, la
masse des enfants est plus importante en milieu rural (5,8 millions) qu’en milieu
urbain (5,5 millions).

L’analyse de la structure des enfants de moins de 18 ans par sexe laisse


apparaître un léger désavantage à l’égard des filles par rapport aux garçons ;
elles représentent 49% de cette population.

La répartition par âge de la population des filles de moins de 18 ans montre que
cette population est constituée dans sa majorité par les filles de moins de 12 ans,
et ceci au niveau national comme au milieu rural. Ainsi, 65% de cette population
est âgée de moins de 12 ans à l’échelle nationale et 66% au milieu rural.

L’examen de la structure de l’état matrimonial des moins de 18 ans montre que


le mariage à un âge précoce a quasiment disparu au Maroc. En effet, quel soit le
milieu de résidence, le célibat est la règle chez les moins de 18 ans (99% de la
population).

L’éducation des filles

Le début des années quarante vingt dix, a marqué un tournant décisif en matière
de développement de l’éducation. En effet, suite à la Conférence Mondiale sur
l’Education Pour Tous tenue à Jomtien en 1990, les nations et les organisations
internationales se sont engagées à assurer une éducation de qualité pour tous, et
à garantir le droit à l’éducation aux groupes les plus défavorisés, dont les filles
et notamment celles résidant en milieu rural.

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Le Forum Mondial de l’Education tenu à Dakar en 2000 a montré que des


progrès ont été réalisés en ce qui concerne l’accès à l’éducation de manière
globale, mais il a souligné que les disparités persistent, et que l’égalité des
chances face à l’éducation est loin d’être atteinte.

Le Maroc, à l’instar des autres pays, a déployé des moyens importants pour
réaliser l’objectif de généralisation d’un enseignement de base de qualité. Les
efforts se sont accentués notamment à partir de 1998 avec l’avènement du
gouvernement d’alternance qui a placé le développement de l’éducation au
centre de son programme de politique générale.

L’intérêt accordé à ce secteur par la plus haute autorité du pays qui a placé
l’éducation comme la deuxième priorité du pays après l’unité territoriale, a créé
une dynamique de mobilisation nationale autour de l’éducation.

L’adoption et la mise en œuvre de la charte nationale d’éducation et de


formation est venue consolider cette volonté politique affichée en fixant des
objectifs quantitatifs et qualitatifs précis en matière de développement de
l’éducation.

A partir de 1990, plusieurs projets de développement de l’enseignement


fondamental ont ciblé en totalité ou en partie l’éducation des filles, notamment
en milieu rural. Parmi les plus importants de ces projets qui ont bénéficié d’un
financement extérieur et qui ont revêtu un caractère national, on peut citer :
- le projet d’appui au 1er cycle de l’enseignement fondamental au milieu rural
financé par la Banque Mondiale et qui visait, entre autres, une plus grande
participation des filles ;
- le projet d’appui au 2ème cycle de l’enseignement fondamental également
financé par la Banque Mondiale, et qui se proposait d’élargir le réseau des

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collèges en milieu rural et de favoriser la poursuite des études dans ce milieu,


notamment chez les filles.

D’autres projets prenant en compte l’éducation des filles et ciblant des zones
délimitées peuvent être cités :

• le projet BAJ qui a touché le milieu rural de 14 provinces ;


• le projet Kalaâ des sragna avec la coopération du PNUD ;
• le programme de développement rural, en collaboration avec
l’UNICEF qui comporte une composante éducation axée sur la
mobilisation sociale en faveur de la scolarisation ;
• le programme MEDA qui concerne le développement du premier cycle
de l’enseignement fondamental en milieu rural dans huit provinces ;
• le Projet d’éducation des filles MEG (Morocco Education for Girls)
financé par l’USAID, qui vise, entre autre, l’amélioration des
compétences en enseignement à travers une approche centrée sur
l’élève et introduisant la dimension du genre.

En outre, s’appuyant sur les résultats des études qu’il a menées en coopération
avec des institutions de recherche, dont notamment les déterminants de la
scolarisation en milieu rural, le Ministère de l’Education Nationale, a lancé en
1998 un large programme de promotion de la scolarisation en milieu rural.

Ce programme visait à fédérer toutes les synergies, à coordonner les actions


d’appui à l’éducation et à les orienter vers les zones d’interventions prioritaires,
en mettent en œuvre une stratégie de mobilisation sociale impliquant tous les
acteurs concernés par le développement de l’éducation aux niveaux national,
régional, provincial et local.

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Le Ministère a également mis en place à partir de 1997-98 un programme


d’éducation non formelle avec la collaboration des ONG. Ce programme donne
une seconde chance aux enfants âgés de 8 à 16 ans qui n’ont pas accédé à l’école
ou qui l’ont quitté prématurément. Il cible notamment les filles qui représentent
70% de ses bénéficiaires. Une nouvelle approche a été adoptée au début de
l’année scolaire actuelle pour accroître le nombre des bénéficiaires de ce
programme, et pour cibler en priorité les enfants âgés de 9 à 11 ans.

D’autres projets de moindre envergure sont menés par les ONG avec la
collaboration de l’UNICEF dans plusieurs provinces. On peut citer à titre
d’exemples :
- le projet de protection par l’éducation en faveur des enfants travaillant dans
le secteur de l’Artisanat à Fès, qui s’efforce d’offrir à ces enfants un éventail
de services d’éducation, de loisir, de soutien et d’assurer leur soin sanitaire ;
- le projet en faveur de l’éducation des petites filles « bonnes » à Casablanca
qui vise à promouvoir le droit à l’éducation de ces petites filles.

Les efforts de l’Etat conjugués à l’implication des autres acteurs et en particulier


les associations de la société civile dans le cadre de la mobilisation sociale en
faveur de l’éducation ont permis, notamment à partir de 1998, d’enregistrer des
performances élevées en matière de scolarisation.

L’analyse de quelques indicateurs de scolarisation confirme ce constat :

• en ce qui concerne les enfants âgés de 6 ans et ceux appartenant à la


tranche 6-11 ans, la barre de 90% a été franchie pour la première fois
dans l’histoire de notre pays, le plaçant ainsi parmi les nations qui ont
ou qui sont en phase de réaliser la généralisation de la scolarisation de
l’enseignement primaire. Ces performances sont d’autant plus

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exceptionnelles, car réalisées au cours des quatre dernières années


puisque ces deux taux ne dépassaient pas respectivement 37% et
68,5% en 1997-98. Le taux net de scolarisation des filles âgées de 6 à
11 ans a atteint 86,6% globalement et en milieu rural 78,7% alors
qu’en 1997-98, ce taux était respectivement de 61,8% et 44,6%;
• le taux de scolarisation des enfants âgés de 12 à 14 ans a atteint 63%
en 2001-02 contre 54% en 1997-98.
• Chez les enfants âgés de 15 à 17 ans, le taux de scolarisation a atteint
40% en 2001-02 contre 33% en 1997-98.

Santé et nutrition des enfants

Concernant la santé de la mère et de l'enfant, les programmes de suivi de la


grossesse et de l'assistance médico-sanitaire des accouchements ainsi que les
campagnes de vaccination ont nettement aidé à l'amélioration de la santé
reproductive de la femme et des conditions dans lesquelles naissent les enfants .

La santé des enfants, en particulier, s'est considérablement améliorée grâce aux


campagnes de vaccination, aux programmes de lutte contre la malnutrition, à
l'amélioration de la densité médicale et à la lutte contre les maladies de la petite
enfance. Ainsi le quotient de mortalité infantile a baissé considérablement pour
atteindre 36,6% pour la période 1992-97 alors qu'il était de 57,3% en 1988-92.
Le quotient de mortalité infanto-juvénile est de 45,8% en 1992-97 (contre 76,1%
en 1988-92) et le quotient de mortalité néonatale qui était de 25,9%0 (1988-92)
a chuté à moins de 17% en 1992-97.

La condition des filles a enregistré une amélioration au cours de cette décennie.


En effet, la réduction du taux de la mortalité infantile chez les filles est passé de
57.4 pour mille en 1987-92 à 34 pour mille en 1995-1997. Il en est de même
pour le taux de mortalité infanto-juvénile des filles qui est passé de 79.6 pour

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mille en 1987-92 à 44.5 pour mille en 1992-97. Cette réduction a également


concerné le milieu rural .

La couverture vaccinale bénéficie dans les mêmes conditions aussi bien aux
filles qu'aux garçons et il en est de même des efforts déployés par le
gouvernement pour lutter contre les maladies de carence.

Il est à noter que les plus grands progrès ont été enregistrés dans la vaccination
contre les six maladies cibles (tuberculose, diphtérie, tétanos, coqueluche,
poliomyélite et rougeole) : 90,5% des enfants de 12 à 23 mois en 1998 contre
88,7% en 1997 et 69,8% en 1987.
L'amélioration de la santé des enfants est également visible à travers le
doublement du pourcentage des enfants ayant eu la diarrhée et ayant reçu les
sels de réhydratation orale (SRO) (14% en 1992 contre 28 en 1995) .

La lutte contre les carences en Fer et en Vitamine A a requis la mise en place par
le Ministère de la Santé de stratégies basées sur l'éducation nutritionnelle et des
suppléments en médicaments en faveur des populations les plus vulnérables
(femmes enceintes ou qui allaitent, jeunes enfants). 32.2% d'enfants de moins de
cinq ans ont reçu en 2000 des suppléments en Vitamine A

La fortification des aliments de large consommation (farine, huile, margarine)


est en cours de réalisation.

En outre, l'utilisation du sel iodé alimentaire a été adoptée comme une stratégie à
long terme, grâce à l'existence de la réglementation obligeant l'iodation du sel
alimentaire.

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Activités économiques et domestiques des enfants

Le travail des enfants est la conséquence de nombreux facteurs : abandon du


système scolaire, pauvreté, perte du soutien économique, nécessité d’apprendre
un métier ou d’aider un parent, etc... Le Maroc qui respecte les conventions
internationales sur l’enfance interdit le travail des enfants de moins de 15 ans.

Selon les recensements de la population et l’enquête nationale sur l’emploi, il


ressort que, sur un total de 11 419 000 enfants âgés de moins de 18 ans en 1994,
près de 1 003 000 sont des actifs, soit un taux brut d’activité des enfants de
8,8%. Les garçons prédominent nettement : sur dix enfants actifs, sept sont de
sexe masculin. Chez les filles, près de 53,5% des filles actives sont d’origine
rurale.
Le taux d’activité des enfants âgés de 7 à 17 ans s’élève à 14,5% (20,0% pour
les garçons et 8,8% pour les filles). Ce taux est beaucoup plus important en
milieu rural où il atteint 17,9% contre 10,7% en milieu urbain.

L’examen de l’activité des enfants non scolarisés révèle que sur 100 enfants
âgés de 7 à 17 ans ne fréquentant pas les établissements d’enseignement ou de
formation professionnelle en 1994, 30,6 se trouvaient sur le marché du travail.

La proportion des enfants actifs occupés âgés de moins de 15 ans par rapport à
la population active occupée totale, accuse une tendance à la baisse de 7,2% en
1971 (15,1% pour les filles et 5,8% pour les garçons), elle est passée à 5,2% en
1994 (9,4% pour les filles et 4,3% pour les garçons). Cette tendance est observée
aussi bien dans les villes que dans les campagnes.

En effet, la part des enfants âgés de moins de 15 ans dans le total de l’emploi ne
cesse de reculer, passant dans les villes de 2,9% en 1987 à 1,6% en 1999, et dans
les campagnes de 14% à 8,6% entre ces deux dates. L’accès à la scolarité et la

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difficulté de trouver un emploi expliquent cette régression de l’importance


relative de l’emploi des enfants dans le volume global de l’emploi.

Les résultats de l’enquête nationale sur le budget temps des femmes en 1997-98,
confirme la prédominance de la contribution des fillettes aux travaux ménagers
et autres activités domestiques. En effet, les fillettes de 7 à 14 ans contribuent à
raison de 32,3% des cas au nettoyage intérieur et extérieur, de 22,5% à la
lessive, de 6,4% au repassage, de 8,8% à la réparation et l’entretien des
vêtements, de 12,2% à la préparation et la cuisson des aliments de 14,7% au
pétrissage, de 43,8% à la vaisselle, de 33,3% au rangement des pièces, de
18,2% aux soins apportés aux plus jeunes enfants, de 6,9% au travail de la laine
et de 8,2% au tissage.

En plus, elles se trouvent chargées de l’approvisionnement en eau dans 24,4%


des cas contre 15,8% pour les garçons. Pour l’approvisionnement en bois, cette
proportion s’établit respectivement à 16,1% et 9,4%.

Les garçons ne prédominent en fait que dans la garde des troupeaux (23,9%
contre 17,8% pour les filles), l’agriculture familiale (11,1% contre 3,5%) et la
cueillette (11,9% contre 9,8). Autrement dit, les garçons tendent à prédominer
dans les activités les plus lucratives; ce qui consolide la division du travail selon
le genre fondée sur l’affectation des activités les moins rentables et les moins
lucratives à la femme.

Pistes d’actions et perspectives d’amélioration de la situation des filles

Il ressort des éléments chiffrés présentés ci-dessus relatifs à la situation des


enfants et notamment des filles que des progrès importants ont été réalisés, mais,
il n’en demeure pas moins que des retards persistent et que les filles sont

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relativement défavorisées par rapport aux garçons. Il suffit de comparer certains


indicateurs actuels selon le genre :

• au préscolaire coranique, leur participation est inférieure à 40% ;


• dans l’enseignement primaire, les filles du milieu rural ne représentent
que 44% ;
• près de 15 points pourcentage les sépare des garçons en terme de
scolarisation de la tranche 12-14 ans, et 10 points en ce qui concerne le
taux de scolarisation des enfants âgés entre 15 et 17 ans ;
• la mortalité infantile reste encore élevée, 46 sur 1000 enfants
n’atteignent pas 5 ans et la couverture médicale reste assez faible ;
• la contribution des filles aux activités ménagères et domestiques est
plus intense.

Les activités à mettre en œuvre viseront à combler ces déficits à l’égard des
enfants en général et des filles en particulier. Dans le domaine de l’éducation et
de la formation, il s’agira de poursuivre la généralisation de l’enseignement
conformément aux échéances arrêtées dans le cadre de la charte nationale :
• en 2002, réaliser l’objectif de scolarisation de tous les enfants âgés de
6 ans, ce défit est en phase d’être levé ;
• en 2004, généraliser l’enseignement préscolaire à tous les enfants de la
tranche d’âge 4-6 ans.
• maintenir 90% des enfants d’une génération jusqu’à la fin de
l’enseignement primaire, 80% jusqu’à la terminale du collège, et 60%
jusqu’à la fin du secondaire en conduisant 40% d’entre eux à réussir
leur baccalauréat.

Si le programme national de promotion de la scolarisation en milieu rural a


permis de réaliser une performance exceptionnelle au cours des quatre dernières
années, il n’en demeure pas moins que ces acquis restent fragiles. Il s’agira
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d’éviter l’essoufflement, et de maintenir la même dynamique de mobilisation en


faveur de l’éducation afin de consolider les inscriptions à la base, mais
également de lutter contre les abandons scolaires.

Un intérêt particulier devra être accordé à l’appui à la scolarisation des filles en


milieu rural, notamment en ce qui concerne leur accès à l’enseignement collégial
en veillant à étendre le réseau des internats et des foyers de jeunes filles et en
leur octroyant plus de bourses d’études.

En matière de santé, Il s’agira de consolider les acquis en développant les


services de santé de base en direction des zones les plus défavorisées. Le droit à
la survie et au développement doit constituer le cadre de référence.

Le plaidoyer en direction des adolescents et notamment des adolescentes pour


les prévenir contre les maladies sexuellement transmissibles et le SIDA devra
également faire partie des programmes d’actions visant la protection de
l’enfance.
La lutte contre le travail des enfants passe par une application stricte de la loi
d’obligation de l’enseignement des enfants et des lois interdisant le travail des
enfants.

La mise en œuvre des programmes devrait privilégier une approche spatiale


transversale et participative afin d’engager une dynamique de développement
global impliquant les communes et associant les populations et les services de
l’administration.

L’information, la communication et le suivi seront systématisés dans une


perspective de monotoring permanent de la situation des enfants en général et
celle des filles en particulier afin d’alimenter les évaluations et permettre
d’opérer périodiquement les ajustements nécessaires des programmes d’action.

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L’approche selon le genre devra être plus présente dans les plans et programmes
d’action et apparaître autant que possible au niveau des moyens mis en œuvre.

Mais quelle que soit l’importance des activités ciblées sur le développement et la
protection des filles et les moyens mis en œuvre pour les réaliser, leur portée
serait limitée si le statut de la femme n’est pas revalorisé et si les stéréotypes
continuent à ternir son image.

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Bibliographie

1. Evolution des taux de scolarisation de 1990-1991 à 2000-2001,


Ministère de l'Education Nationale, Avril 2001.
2. Le développement de l'éducation, Rapport national du Royaume du
Maroc, Ministère de l'Education Nationale, Juin 2001.
3. Rapport national sur le suivi du sommet mondial pour les enfants,
UNICEF, décembre 2000.
4. L’enfant au Maroc, Commission nationale pour la préparation du
sommet mondial pour l’enfant, Royaume du Maroc, mai 2002
5. Les moins de 18 ans au Maroc, UNICEF, mars 2001.
6. Les moins de 18 ans au Maroc, caractéristiques démographiques et
socio-économiques, Direction de la Statistique, mars 2001.
7. Analyse de la situation des enfants au Maroc, UNICEF, 2001.
8. Le plan de développement économique et social ; vol. 2 le
développement sectoriel. Ministère de la prévision économique et du
plan. 2002/2004

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