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Marc Bobœuf

Anne Bridault

Quelques données sur les occupations mésolithiques du clos de


Poujol (Aveyron)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1997, tome 94, N. 1. pp. 51-60.

Résumé
RÉSUMÉ Cet article présente les premiers résultats des recherches archéologiques effectuées au Clos de Poujol (Aveyron,
France) en 1990. L'ensemble sédimentaire le plus profond (G) comporte des horizons néolithique ancien et mésolithiques. Les
premiers éléments des analyses géoarchéologiques, carpologiques et archéozoologiques sont présentés. L'ensemble lithique du
dépôt G/ est étudié en détail et sa signification évaluée. Il apparaît que l'analyse des industries définies dans des contextes de
dépôts très précis (structures) pourrait apporter des réponses aux questions que pose la variabilité des assemblages lithiques
sauveterriens.

Abstract
ABSTRACT Results of archaeological investigations conducted at Clos de Poujol (Aveyron, France) in 1990 are presented in this
paper, with an outline of the site potential. The deepest sediments of the recorded archaeological stratigraphy (G) include Early
Neolithic and Mesolithic occupation levels. The collected lithic assemblage from the Gj deposit, submitted to detailed analysis, is
presented here ; reliable contexts (structures) appear to be highly relevant for the assessment of the variability of Sauveterrean
industries. Furthermore, preliminary results of geoarchaeological, archaeobotanical and archaeo- zoological analyses are
presented.

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Bobœuf Marc, Bridault Anne. Quelques données sur les occupations mésolithiques du clos de Poujol (Aveyron). In: Bulletin de
la Société préhistorique française. 1997, tome 94, N. 1. pp. 51-60.

doi : 10.3406/bspf.1997.10633

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1997_num_94_1_10633
Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1997 / TOME 94, n° 1 51

QUELQUES DONNÉES SUR


LES OCCUPATIONS MÉSOLITHIQUES
DU CLOS DE POUJOL (AVEYRON)

Marc BOBŒUF et Anne BRIDAULT

RÉSUMÉ
Cet article présente les premiers
résultats des recherches archéolo
giqueseffectuées au Clos de Poujol
(Aveyron, France) en 1990. L'en
semble sédimentaire le plus profond
(G) comporte des horizons néoli
thique ancien et mésolithiques. Les
premiers éléments des analyses
géoarchéologiques, carpologiques et
archéozoologiques sont présentés.
L'ensemble lithique du dépôt G/ est
étudié en détail et sa signification
évaluée. Il apparaît que l'analyse des
industries définies dans des
contextes de dépôts très précis
(structures) pourrait apporter des r
éponses aux questions que pose la
variabilité des assemblages lithiques
sauveterriens.

ABSTRACT
Results of archaeological investi
gations conducted at Clos de Poujol
(Aveyron, France) in 1990 are pre
sented in this paper, with an outline
of the site potential. The deepest se
diments of the recorded archaeolo
gical stratigraphy (G) include Early
Neolithic and Mesolithic occupation
levels. The collected lithic assemb
lagefrom the Gj deposit, submitted
to detailed analysis, is presented
here ; reliable contexts (structures)
appear to be highly relevant for the
assessment of the variability of Sau-
veterrean industries. Furthermore,
preliminary results of geoarchaeolo-
gical, archaeobotanical and archaeo- Severac
zoological analyses are presented. ? *'////„ le Chatea

■ PRÉSENTATION Fig. 1 - Situation topographique du Clos de Poujol.


Le Clos de Poujol est situé sur le
causse de Séverac (commune de
Campagnac, fig. 1). La bordure de ce Lot (500 m) qui en souligne la sépar sylvestre des étages subméditérra-
causse, vallonnée et soulignée de fa ation, s'élève le haut plateau volca néens. L'abri est établi au dépend
laises, s'apparente à un milieu de nique de l'Aubrac (1 200-1 400 m). d'une saillie rocheuse, petite barre
moyenne montagne (800-950 m d'al calcaire rapportée aux séries dolomi-
titude). Elle détermine vers le Nord la La baume qui abrite le gisement tiques du Jurassique moyen et supér
limite locale d'extension des Grands s'ouvre à 850 mètres d'altitude sur le ieur. Il s'agit d'une cavité quadran-
Causses. Plus au nord, au-delà de la flanc ouest d'une modeste colline, gulaire de 20 mètres carrés dont la
dépression liasique de la Serre dans la zone botanique de la série voûte, élevée au centre de l'abri à
(700 m) et de la vallée permienne du mixte du chêne pubescent et du pin 2 mètres au-dessus du sol actuel,
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est nettement surbaissée sur le pour


tour (fig. 2). Le remplissage s'étend
vers l'extérieur où se forme une pet
ite terrasse de 15 mètres carrés limi
tée par la rupture de pente.

■ HISTORIQUE
Le gisement fut découvert et
fouillé partiellement en 1973 par
P. -M. Blanquet. En 1975 un contrôle
permit à G.-B. Arnal de reconnaître
une stratigraphie composée de e f g h i

i
quatre couches. Ces travaux sont
demeurés inédits (1).
En 1990, une intervention dans le
cadre d'une fouille de sauvetage
nous était accordée par le Service
Régional de l'Archéologie de Midi-
Pyrénées. Ces travaux ont permis
l'évaluation partielle du potentiel a
rchéol gique encore en place. Nous
traiterons ici des premiers résultats
issus des travaux de 1 990.

■ ELEMENTS
DE STRATIGRAPHIE
La stratigraphie se compose de
deux ensembles principaux. L'e
nsemble supérieur (ensemble rouge
ou R) est caractérisé par un séd
iment brun-rougeâtre assez semb
lable à celui des dépôts de plein air
du causse. Un ensemble sous-jacent
(ensemble gris ou G) se distingue par
la nette anthropisation de ses dé Fig. 2 - Plan de la baume du Clos de Poujol et situation des fouilles. Pointillés
pôts. Au sein de cette couche grise limtes des fouilles anciennes. Trame fouilles de 1990.

:
apparaissent les accumulations cen
:

dreuses fouillées en 1990. Le sub


strat rocheux n'a pas été atteint.
Nous livrons une description suc R3 - Sédiment brun-rougeâtre. Gb1 - Sédiment cendreux comp
cincte et provisoire de la stratigra Épaisseur 20 cm. act, blanc, inclusions rares de coul
phie générale telle qu'elle fut obser eur brune. Épaisseur minimale 10 cm.
véeseulement en coupe lors des R4 - Sédiment rouge-grisâtre,
travaux de 1990 et une description dont la nuance de couleur est peut- Gf1 - Passée de sédiment char
plus précise des successions cen être à attribuer à sa situation d'inte bonneux, noir, localisée sous Gb1.
dreuses fouillées sur le carré F5. rfaceentre les ensembles R et G. Son interface avec G interstratifiée
Épaisseur variable, 5 à 10 cm. est rubéfiée. Épaisseur 2 cm.
• Ensemble rouge ou R G interstratifiée - Sédiment gris
• Ensemble gris ou G foncé, induré. Une passée de 1 cm
R1 - Sédiment brun-rougeâtre. d'épaisseur, plus sombre avec des
Épaisseur variable 5 à 20 cm, pos G - Sédiment gris. Épaisseur nodules roussâtre, est localisée à la
sibles surcharges et creusements 40 cm. base en appui sur Gj. Épaisseur gé
modernes. nérale 7 cm.
Sur le carré F5, deux accumulat
R2 - Sédiment identique et coloré ions de sédiment cendreux (Gb1- Gj - Sédiment cendreux, jaune
en noir par des charbons de bois Gf1 et Gj) sont séparées par un hor pâle. Consistance variable, induré et
nombreux, bien conservés et de izon de la couche principale G, à farineuse. Des passées grisâtres i
grande dimension. Épaisseur 5 cm. laquelle elles se substituent local ndurées et des feuillets orangées i
ement et donc partiellement (fig. 3). ndurées (rubéfaction) sont interstrati
Ces deux accumulations sont à fiées dans la masse. Ce dépôt est
(1) Nous remercions P. -M. Blanquet et G.-B. considérer comme des éléments de contenu dans une dépression bien
Arnal pour les facilités accordées dans la structure des sols d'occupation de marquée (fig. 4). L'interface entre le
consultation et la libre exploitation du produit l'ensemble gris G. sédiment jaune et l'encaissant est
de leurs fouilles.
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Les prélèvements effectués à part


ir des lambeaux de couche mena
çants d'une disparition totale ont
permis quelques observations (tr
avaux J.-E. Brochier). L'association
entre une cendre très pure (Gb1) et
-50 un lit extrêmement riche en micro
charbons (Gf1) indique très proba
blement l'existence d'une aire de
combustion en place. Gj est consti
tuéed'un sédiment riche en cendre
de bois dans un contexte plus détr
itique que le foyer Gb1-Gf1 (J.-E.
Brochier, in litteris, 1996).

■ LES DONNÉES
Pour ce qui concerne les connais
sances sur l'environnement naturel
au moment de la formation des dé
pôts, on prendra en compte que les
études naturalistes (2) sont à peine
engagées et que certains dépôts ont
pu contenir des éléments document
aires en relation avec des activités
spécifiques.
L'industrie lithique sera traduite
dans la typologie de N. Valdeyron
(1994) bien adaptée à décrire les i
ndustries mésolithiques sauveter-
riennes. Les descripteurs des pro
duits de débitage seront ceux utilisés
par J.-G.Rozoy (1968, 1978).

• Dépôts Gb1 -Gf1


Ces deux unités, séparées à la
fouille, sont à regrouper et doivent
être considérées comme les témoins
relictuels d'une aire de combustion
en place. Les fouilles anciennes ont
emporté le contour de cette accumula
tion.On ne saura pas s'il s'agissait
d'une structure à plat ou en
cuvette/fosse.
Les cendres de bois (Gb1) qui
composent la partie supérieure de ce
foyer indiquent la combustion de
bois d'Angiospermes (travaux J.-E.
Brochier). Le Noisetier est attesté par
un fragment de péricarpe de noisette
(détermination P. Marinval).
La faune déterminée (tabl. 3) est
représentée par un fragment de bois
de cerf.
Fig. 3 - Stratigraphie des accumulations cendreuses fouillées sur le carré F5. Ha Deux lambeaux ont été fouillés sur
chures fouilles anciennes. Hachures doubles déblais et remaniés des fouilles an le carré F5. Le principal était une
ciennes. Gf3 langue de 3 cm d'épaisseur de sédiment gris, interstratifié dans le dépôt
Gj au-delà de la coupe 4-5. L'origine de cette "langue", épandage ou débordement en banquette de 60 cm de longueur sur
:

:
:

provenance du sol entourant Gj est à confirmer par les fouilles à venir. 15 cm de largeur où fut observé la

marquée par une fine couche indu ment noir. La forme générale du dépôt
rée de coloration rouge et orangée s'apparente à une lentille biconvexe (2) Nous remercions J.-E. Brochier, P. Mar
inval et J. Cataliotti-Valdina pour les premiers
(rubéfaction), mouchetée de d'épaisseur maximale de 20 cm. résultats obtenus.
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montrent tous des talons très ré


duits.
L'outillage compte 7 armatures et
1 outil du fonds commun. Il s'agit
d'une lamelle à retouche continue.
Les retouches, petites et directes,
sont très régulières et surtout fin
ement denticulées (fig. 6, n° 13).
Parmi les armatures on distingue
3 géométriques hyperpygmées un
triangle de Montclus (fig. 6, n° 7), un

:
triangle de Montclus apparenté
(fig. 6, n° 6), un triangle scalène court
retouché sur les trois côtés (fig. 6,
n° 8). Un fragment de lamelle étroite
à bord abattu tronquée s'inscrit dans
l'esprit de cette courte série, notam
ment par la retouche de ses deux
bords (fig. 6, n° 9). Les lamelles
étroites à dos sont représentées par
2 lamelles bordées (fig. 6, nos 10 et
11) et une lamelle à bord abattu
(fig. 6, n° 12).

• Dépôt Gj
Les sédiments de Gj sont conte
nusdans une dépression ellipsoïdale
Fig. 4 - Topographie de la dépression dans laquelle le dépôt cendreux Gj est qui couvre les trois quarts de la sur
contenu. face du carré F5 (fig. 4). Une bordure
verticale et pentue en définit le
contour. La poursuite des fouilles sur
succession Gb1-Gf1. Le second verses et retouches couvrantes di les carrés contigus devra assurer dé
(Gb2) de 20 cm sur 15 cm de sur rectes. Il s'agit d'une armature tra finit vement la présence d'un volume
face, constitué d'une même cendre nchante de Montclus (fig. 6, n° 5). circonscrit, c'est-à-dire d'une cu
blanche que Gb1 était disjoint de la vette creusée. Nous étudions ici un
première banquette. Quoique mal
,

dépôt en relation avec une activité


scellé sur son interface (G interstrati • Couche G interstratifiée anthropique.
fié) et donc légèrement déplacé, il G interstratifiée entre les struc
appartient incontestablement à l'a tures Gb1-Gf1 et Gj offre l'opportu L'environnement arboré révélé par
c umulation Gb1-Gf1. nité de saisir une phase chronolo les cendres du sédiment (travaux
gique de l'épais dépôt G. J.-E. Brochier) apparaît dominé par
Les documents lithiques en rela les Angiospermes. La présence du
tion avec le débitage sont au nombre Seuls 10 fragments de péricarpes Noisetier est attestée par 48 fra
de 55. On dénombre 11 éclats en de noisettes (détermination P. Marin- gments de péricarpe de noisette (dé
tiers et 23 fragments, 2 lamelles en val) renseignent sur l'environnement termination P. Marinval).
tières dont une hypermicrolithique et végétal.
6 fragments lamellaires renforcés par Le spectre faunique comprend le
3 fragments de style lamellaire. Ces Les débris de faune mammalienne cerf, des suinés (sanglier/porc indi
lamelles sont débitées dans le style n'ont pu être déterminés étant donné fférenciés), le blaireau, un oiseau i
de Coincy (Rozoy, 1968). Les lo leur état très fragmentaire et leur ndéterminé et des amphibiens.
ngueurs des produits entiers sont combustion. On note, cependant, la
comprises entre 3,5 mm et 32 mm. présence d'os d'Amphibiens. Une coquille brûlée de Columbella
Les débris sont pour l'essentiel des rustica (détermination J. Cataliotti-
fragments thermiques (9 pour 10). Le débitage est représenté par Valdina) doit probablement être
138 éléments dont 49 débris domi considérée comme un élément de
L'outillage est composé de quatre nés par les fragments thermiques parure (fig. 7, n° 74). La détérioration
éléments. On distingue en Gb1, une (36). On distingue 1 0 éclats entiers et de la base du test ne permet pas
lamelle étroite à bord abattu dont le 48 fragments, 8 lamelles entières et d'identifier la perforation.
côté opposé est partiellement bordé 9 fragments lamellaires auxquels
(fig. 6, n° 1), une lamelle à coches s'ajoutent 14 fragments de style l • Le débitage du dépôt gj
multiples établie sur un support ré amel aire. Les produits entiers sont de L'abondance des documents
gulier à trois pans (fig. 6, n° 2), un petite dimension, leur longueur se lithques permet une première étude
débris retouché par un bordage part distribue entre 3 et 21 mm. Les l détaillée.
iel. Le lambeau Gb2 contenait un amel es sont débitées dans le style de
microlithe trapézoïdale cassé obtenu Coincy (fig. 6, nos 14 à 16). Les exemp Le débitage est représenté par
par troncatures semi-abruptes laires entiers ou raccourcis (10) 1 343 éléments (tabl. 1). Cet en-
Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1997 / TOME 94, n° 1 55

Nb % constitution de la couche Gj. Ces 35 ,.


trois courtes lames attestent un défi 30 produits de débitage entiers
entière 40 2.97 25 | CdP 90 - dépôt Gj
lame/lamelle raccourcie 23 1.71 cit de représentation des lamelles ■ lame/elle
entre les classes des 20 à 45 mm 20
L/l>2 corps 23 1.71 % 15- a éclat
sans bulbe 34 2.53 (fig. 5).
fragment de proximal 45 3.35 10
5

-
style Le contenu lamellaire de Gj est
lamellaire mesial 31 2.3 0
alimenté
n° 68) obtenue
par uneà production
partir de nucleus
(fig. 7, Oà 5,1 10,1 15,1 20,1 25,1 30,1 35,1 40,1
L/K2 distal 33 2.45 5 à 10 à 15 à 20 à 25 à 30 à 35 à 40 à 45
éclat entier 194 14.44 nettement diminués, comme le longueur mm
fragment proximal 44 3.27 montre le format des lamelles outre
d'éclat autre 348 25.91 Fig. 5 - Représentation des produits de
passées qui ont emporté la base de débitage entiers de Gj. Les deux courtes
débris informe ПО 8.19 leur nucleus (fig. 7, n° 73). Ce débi lames des classes 25.1 à 30 et 40.1 à 45
débris thermique 421 31.34 tage lamellaire qu'on peut qualifier sont des crêtes.
total 1343 de pygmée et d'hyperpygmée a ce
pendant contribué, même pour les
lame/lamelle 120 8.93 éléments inférieurs au centimètre, à vergents. Les arêtes dorsales fr
éclat entier 194 14.44
total fragments 501 37.3 fournir des supports aux microlithes équemment irrégulières et bifurquées
total débris 531 39.53 comme l'attestent une pointe à dos déterminent le plus souvent une l
total 1343 (fig. 7, n° 18) et les géométriques tr amel e à deux pans (31 pour 40 l
iangulaires hyperpygmées (fig. 7, nos 2 amel es entières).
nucleus à 5). Il apparaît donc nécessaire de
s'intéresser aux produits inférieurs Les talons sont très petits. Cette
Tabl. 1 - Débitage du dépôt Gj. réduction de la surface induit une
au centimètre que la plupart des
études négligent de considérer. morphologie des talons lisses plutôt
semble est marqué par deux te punctiforme ou linéaire qui justifie
ndances une forte représentation Le style des produits lamellaires que nous les regroupions en un
des débris d'origine thermique est celui qu'on observe classique même ensemble qui compose les
:

(31,5 % de l'ensemble) et l'impor ment durant le Sauveterrien. Les trois quarts des talons des lamelles
tancede l'indice global de fragmen bords sont ici souvent parallèles ou entières (30 pour 40). Une telle te
tationdes produits de débitage convergents, bien plus rarement di- ndance se retrouve sur les lamelles
(71,5 %, hors débris thermiques et
informes).
Les produits lamellaires sont r
eprésentés par 3 courtes lames en re
lation avec la gestion du débitage,
37 lamelles entières et 80 fragments.
Le taux de supports allongés s'étab
litdonc à 9 % de l'ensemble des
éléments du débitage. Cette proport
ion est un indice résiduel restreint
sans doute éloigné du rendement
normal de la production utile comme
on peut en juger par la nature des
supports d'outils qui, pour 94 %
d'entre eux sont lamellaires ou
d'équivalence lamellaire. De plus, on
peut tenir comme fiable la détermi
nationdes fragments proximaux de
style lamellaire qui élargissent le taux
précédent. Ils présentent toujours un
très petit talon et parfois une mor t í t
phologie frontale en ogive assez t
ypique parmi les produits de débitage
lamellaires entiers ou raccourcis.
Les produits lamellaires contenus
en Gj ne sont pas représentatifs de la
totalité des classes dimensionnelles
de produits réalisables au cours du
débitage lamellaire. On en juge par la
présence d'une grande lame à crête
et de deux entames naturelles, dont
les dimensions nous renseignent sur Fig. 6 - Industrie lithique. 1 à 4 Gb1 5 Gb2 6 à 16 G interstratifiée. Gb1 - 1 : l
amel e étroite à dos 2 lamelle à coches multiples 3 et 4 lamelles brutes. Gb2 - 5 a
:

;
:

; ;

: :

le potentiel qu'on eu certain nucleus, rmature tranchante de Montclus. G interstratifiée - 6 à 8 : triangles de Montclus et appar
;
:

pour produire de grands supports l entés, 9 lamelle étroite à dos tronquée 10 et 11 : lamelles étroites bordées ; 13 :
amel aires utiles, au moment de la lamelle à retouches continues 14 à 16 lamelles brutes.
:

;
;

:
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10 11 12 13 14 15 16

21 22 23 24 25 26 27 28 29

\ 'i \i JUS
1

i
i

^ A Л
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39
r^ U Л Г\ T
1
i
,
\
I
'

40 41 42 43 44 45 46 47 48

50 51 52 53 54

59 60 61 62 63

Fig. 7 - Industrie lithique et parure de Gj. 1 à 5 géométriques 6 à 9 lamelles étroites à dos tronquées 10 à 16 fragments api-
caux 17 à 19 pointes hyperpigmées 20 pointe de Sauveterre 21 à 26 lamelles étroites bordées 27 à 29 débris et ébauche de
:

; ;

pointes de Sauveterre 30 à 33, 35 et 36 lamelles étroites à dos et bordage 34 lamelle étroite à 2 dos 37 à 47 lamelles étroites à
;

;
:

; :

dos 48 lamelle à dos 49 microburin 50 à 54 : lamelles cassées dans une encoche 55 à 58 éclats retouchés 59 à 63 lamelles
; ;

; :

; :

retouchées 64 lamelle tronquée 65 à 67 lames à crêtes ; 68 et 69 produits de débitage 74 Columbella rustica 75 à 77 nu


;
:

cleus.
;
:

;
:

:
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raccourcies et sur de nombreux fra turelles (fig. 7, nos 65 et 67) ou à partir


ticulante (fig. 7, nos 55 et 56), tout à
gments proximaux de style lamellaire. d'une préparation comme l'atteste fait comparable à celle qui modifie
Le restant comprend des talons fa une crête à un versant préparé en continu une lamelle de la couche
cet és ou dièdres et des talons cort (fig. 7, n° 66). Deux produits de débi-
G interstratifiée (fig. 6, n° 13).
icaux ou naturels. tage présentent sur leur face supér
ieure les négatifs de débitages croi Les lamelles sont retouchées en
La plupart des bulbes de percus sés. Il s'agit d'un flanc de nucleus continu ou partiellement. Trois
sionprésentent des nodosités éta d'entre elles ont un format en rapport
(fig. 7, n° 70), et d'une lamelle secon
lées et surtout diffuses (35 pour 40). daire de recoupe d'une préparation avec les microlithes et font douter de
Les petits bulbes localisés et bien en crête (fig. 7, n° 72). On note éga leur réelle appartenance au fonds
marqués sont peu fréquents. commun (fig. 7, nos 61 à 63). Nous
lement l'ablation, par un enlèvement
orthogonal, d'une corniche de nu justifions leur classement par une r
L'aménagement de la corniche est cleus bien réduite (fig. 7, n° 71). etouche plate parallèle au pan du sup
lisible sur la moitié des lamelles en port sans transformation de son
tières (22 pour 40). Il se présente Les débris se composent de fra dépôt Gj
comme un micro-étagement ou un gments informes sur lesquels aucune Nb | %
micro-chanfrein. Cet aménagement face d'éclatement n'est lisible. Trois
concerne également les lamelles hy- 1 8 éclat mince retouché 4 6.15
de ces débris incluent une corniche 19 éclat mince denticulé
perpygmées. Il démontre, à ce stade partielle de nucleus. 20 éclat mince tronqué
d'exhaustion du nucleus, une prépar 21 éclat épais retouché
ation soignée des corniches, confé Les débris thermiques sont major 22 23
éclat épais denticulé
éclat épais tronqué
rantaux micro-lamelles un statut de itaires. Ce sont des fragments tota
produits recherchés au moins par lement transformés par des cupules 24 lamelle à retouches continues 4 6.15
tiel ement. thermiques et des éclats thermiques. 25 lamelle à retouches partielles 1 1.53
26 lamelle à retouches alternes
Les éclats entiers et surtout leurs 28 lamelle à coches multiples
nombreux fragments composent une • L 'outillage du dépôt Gj 30 lamelle tronquée 1 1.53
large part des documents lithiques Le dépôt Gj, compte tenu du 27 lamelle à coche unique
(14,44 % et 29,18 %). Ils confirment faible volume de sédiment fouillé, 29 lamelle cassée dans une encoche 5 7.69
les mêmes tendances dimension- peut être considéré comme bien do 00 microburin 1 1.53
nelles que celles des lamelles. Une cumenté malgré un nombre d'outils 31 pointe à troncature très oblique
part prépondérante des éclats en limité à 65 (tabl. 2). 32 pointe à dos rectiligne
tiers montre des longueurs infé 33 pointe à dos courbe
rieures au centimètre (152 pour 194). Cette série se caractérise par la 34 pointe de Sauveterre 1 1.53
prépondérence des armatures avec 35 micro-pointe à troncature très 1 1.53
La nature des produits de débi- 49 éléments et la suprématie des out oblique
tage, notamment leurs dimensions, ils ouvrés sur des supports lamel 36 micro-pointe à dos rectiligne 1 1.53
est appréhendable par la présence laires (61 éléments). Les classes 37 micro-pointe à dos courbe 1 1.53
de trois nucleus résiduels (fig. 7, d'outils ne sont pas toutes représent 38 micro-pointe de Sauveterre
nos 75 à 77). Étant donné leur stade ées. Nous retrouvons cependant les 47 lamelle étroite à bord abattu
d'exhaustion, leur production devait très classiques groupes des éclats et 48 frag. de lamelle étroite à bord abattu 27 41.5
se limiter à des petits éclats lamell des lamelles retouchées qui consti 5 1 lamelle à bord abattu
52 frag. de lamelle à bord abattu 1 1.53
aires ou à des micro-lamelles. tuent le fonds commun (10 indivi
56 triangle isocèle
Un exemple d'organisation du dé- dus). Les pièces techniques sont
bien représentées avec 6 éléments. 57 triangle scalène ordinaire court 3 4.61
bitage est illustré sur un nucleus par Les armatures comptent pour plus 58 triangle scalène ordinaire long
deux séquences d'extraction de d 59 triangle scalène allongé
de la moitié des lamelles étroites à 60 triangle scalène ordinaire élancé 1 1.53
irection croisée, établie chacune sur dos. Les géométriques triangulaires 61 triangle scalène allongé élancé 1 1.53
une face autonome (fig. 7, n° 77). Il représentent 1 armature sur 10, que 62 triangle scalène effilé
est possible de préciser le mode renforcent à peine les lamelles à dos 63 triangle scalène effilé allongé
d'exploitation unipolaire d'un autre tronquées (4 éléments). Le groupe 64 triangle de Montclus
65 triangle de Montclus apparenté
nucleus. Le support originel est étroit des pointes à dos, étonnement varié,
et défini par des faces latérales natur n'est représenté que par 4 exemp 49 lamelle étroite à bord abattu
elle et corticale. Les lamelles furent laires. On note l'importance des tronquée
50 frag. lamelle étr.à bord ab. tronquée 3 4.61
extraites dans l'épaisseur du support fragments apicaux indéterminables 53 lamelle à bord abattu tronquée
(extractions burinantes). Dans un s (8 débris). 54 frag. lamelle à bord abattu tronquée 1 1.53
econd temps des éclats plus ou
moins grands furent dégagés sur les 66 partie apicale indéterminable JJ2T]
deux flancs à partir du même plan de - Fonds commun total fonds commun 10 15.4
frappe jusqu'à ouvrir l'angle de total pièces techniques 6 9.23
chasse et conférer à ce nucleus l'a Les éclats retouchés comprenn total armatures 49 75.4
spect d'une pièce esquillée partielle ent deux fragments informes modif total outillage 65
(fig. 7, n° 76). iés par des retouches régulières,
abruptes inverses (fig. 7, n° 57) et aménagements de la liste 1- création d'une classe de
La prédétermination des débi- semi-abruptes directes (fig. 7, n° 58) pièces techniques et intégration des microburins.
:

proches de bordages. Deux éclats 2- création d'une classe indépendante de lamelles à


tages lamellaires contemporains de dos tronquées, intégrée après celle des triangles.
Gj a pu se concevoir directement à entiers sont transformés en continu Tabl. 2 - Liste type partielle du mésoli
partir du dièdre d'un bloc brut sur un bord unique par une petite r thique sauveterrien d'après Valdeyron
comme le montrent deux crêtes etouche directe, très régulière et den- 1994.
58 Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1997 /TOME 94, n° 1

contour. Deux fragments semblent la retouche des deux bords sur deux On peut estimer que 90 % des
bien caractéristiques de cette classe d'entre elles (fig. 7, nos 7 et 8) et un restes sont brûlés (carbonisés et cal
d'outil (fig. 7, nos 59 et 60). Une l bord ébréché inverse, alterne au cinés), une partie d'entre eux présen
amel e est transformée par une tron bord abattu sur la lamelle large tant des concrétions cendreuses. La
cature oblique distale (fig. 7, n° 64). (fig. 7, n° 9). grande majorité des fragments me
sure entre 0,5 et 1 ,5 cm, la longueur
- Pièces techniques Huit débris pointus sont des fra maximale n'exédant pas 4 cm. Pro
gments apicaux. Ils pourraient mor portion el ement, les restes den
Elles se répartissent entre 5 l phologiquement constituer des dé taires sont très minoritaires, pour
amel es cassées dans une encoche bris de géométriques triangulaires l'essentiel des fragments d'émail, ce
(fig. 7, nos 50 à 54) et un microburin (fig. 7, nos 10 à 16). qui pourrait refléter une caractéris
proximal (fig. 7, n° 49). • NOUS RÉSUMONS LES FAITS CONCER tique du dépôt initial plutôt que le ré
s u l t a t d'un processus taphonomique
NANT LE DÉPÔT Gj COMME SUIT l naturel.
- Armatures
- Dépôt sédimentaire localisé,
Toutes les lamelles à dos sont des contenu dans une dépression du sol. Ces caractéristiques rendent la
fragments. On dénombre 27 lamelles détermination spécifique très ardue,
étroites et 1 lamelle large. La re - Fond de la dépression rubéfié. de telle sorte que seules 16 pièces
touche, bien sûr abrupte, peut se l ont été identifiées
- Sédiment riche en cendre de

:
imter à un bordage seul comme on bois (travaux J.-E. Brochier). La couche Gj est la mieux docu
l'observe sur 6 lamelles (fig. 7, nos 21 mentée (tabl. 3), tant en nombre de
à 26). Ce bordage est une fois i - Dépôts en plusieurs étapes. I restes déterminés (15) qu'en poids
nverse (fig. 7, n° 21) et une fois alterne nterstaifcations dans la masse du total de reste (200 g, soit plus de la
(fig. 7, n° 23). Les côtés abattus des sédiment : de langues de déborde moitié du poids total de la faune pro
autres lamelles sont 10 fois bilaté ment grisâtres issues du sol encais venant des niveaux ci-dessus ment
raux. On observe alors l'association sant(G) de passées orangées fo ionnés). Cerf, suinés (Sanglier ou
fréquente entre une retouche rmant des feuillets indurés et rubéfiés. Porc) et Blaireau y sont représentés.
;

abrupte d'un côté et un bordage de La présence d'oiseau indéterminé et


l'autre (6 cas), parfois alterne (fig. 7, - Forte représentation des débris d'amphibiens est attestée par des os
n° 30). On note donc l'importance lithiques thermiques. brûlés. Un fragment de bois présen
générale du bordage dans le façon
- Produits de débitage entiers tant de fortes perlures pourrait être
nage des lamelles à dos. Nous attr attribué à du chevreuil. Les deux pet
ibuons trois fragments de lamelles à composés en très grande majorité its fragments de bois de cerf repré
deux bords abattus à de probables d'éclats minuscules de moins de sentés dans ce niveau sont calcinés.
débris de pointes de Sauveterre 1 cm et de moins de 5 mm.
(fig. 7, nos 27 à 29). Dans un cas il La composition de la couche Gj
- Absence de certaines classes di- présente des analogies avec les
n°peut 28).s'agir d'une ébauche (fig. 7, mensionnelles parmi les produits de
faunes mésolithiques connues par
débitages. ailleurs : Cerf et Suinés sont les pri
Parmi les pointes à base non r ncipales espèces d'ongulés, le Blai
etouchée, on discerne une pointe de - Équilibre typologique des armat reau, fréquemment attesté dans les
Sauveterre (fig. 7, n° 20), une micro ures marqués par la suprématie des faunes de cette période, il est pré
pointe à dos rectiligne (fig. 7, n° 18), lamelles à dos et la discrétion des sent notamment dans le Sauveterrien
une micro-pointe à dos courbe géométriques triangulaires. de Rouffignac (Delpech et Suire,
(fig. 7, n° 19) ainsi qu'une micro - Faune très fragmentée et brûlée. 1974), est cependant ici la seule es
pointe à troncature très oblique pèce de petit carnivore (on peut
(fig. 7, n° 17). noter l'absence de la Martre, généra
■ LES RESTES OSSEUX (A.B.) lement plus fréquente encore).
Les géométriques sont représen
tés par 5 triangles scalènes. On di Les ossements des couches Gb1 Les comparaisons fondées sur
stingue un grand scalène allongé Gf1, Gb2, G interstratifiée et Gj qui des échantillons de petite taille étant
,

élancé et pygmée (fig. 7, n° 1) et sur ont fait l'objet de cette étude présen risquées, les remarques suivantes
tout 4 scalènes ordinaires parmi le tentglobalement un aspect homog sont présentées à titre d'hypot
squels 1 élancé (fig. 7, n° 3). Leur d ène. hèses
imension les situent très en dessous
:

du seuil des hyperpygmées (10 mm),


c'est-à-dire entre 6 et 7 mm. Le Espèces Gbl Gj Total
grand côté de ces hypermicrolithes Cervus elaphus Cerf 3 3
est transformé pour trois d'entre eux Cerf (bois) 1 2 3
par un bordage partiel (fig. 7, n° 4 et cfCapreolus capreolus cf Chevreuil (bois) 1 1
5) ou un bord abattu partiel (fig. 7, Suinae Sanglier / Porc 5 5
n°3). Mêles mêles Blaireau 3 3
Quatre lamelles à bord abattu Aves Oiseau indéterminé 1 1
tronquées, 3 étroites et 1 large, sont Total 1 15 16
toutes des fragments et certaines de
probables débris de triangle scalène Tabl. 3 - Décompte des restes déterminés par couche. Présence d'os d'amphibiens
(fig. 7, comparer nos 1 et 6). On note dans les couches G interstratifiée et Gj.
Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1997 /TOME 94, n° 1 59

- Les caractéristiques extrin associé à une armature tranchante puisqu'il s'agit des classes des 20 à
sèques du matériel évoque un dépôt de Montclus dans le foyer Gb1-Gf1 45 mm qui nourrissent habituelle
lié à la présence de structure(s) de pose à nouveau la question de la ment en supports le groupe des l
combustion ou de vidange, ce qui pertinence des associations obser amel es retouchées et les plus grands
s'accorderait avec les observations vées. Il aurait été profitable de savoir microlithes. Il n'est pas concevable
de J.-E. Brochier. On peut alors se si le foyer Gb1-Gf1 avait été établi d'évoquer une pénurie liée à l'écono
demander dans quelle mesure les dans une cuvette creusée, dès lors mie de la matière première pour jus
spectres fauniques sont représentat que son substrat (G interstratifié) tifier le caractère dimensionnel de la
ifs à l'échelle de l'ensemble du site. peut être attribué au Mésolithique série de Gj. Les rares grands fra
moyen montclusien. La question gments (fig. 7, n° 69) et les crêtes
- Le cortège de faune issu de ces reste ouverte. (fig. 7, nos 65 à 67) en attestent l'exi
différents niveaux évoque un milieu stence pendant la formation des dé
boisé avec des zones ouvertes. Il est L'attribution des éléments lithiques pôts de Gj.
intéressant de noter que dans le n de G interstratifiée ne pose guerre de
iveau X de Roquemissou attribué à problème, à la seule restriction que L'outillage présente également
un Épipaléolithique d'après les ca cette faible série soit vraiment repré des originalités équilibre des types
ractéristiques typologiques (Bobœuf, sentative. Les meilleures comparai d'armatures, large suprématie des

:
1991), le cheval est (encore) repré sons qualitatives se réalisent avec les lamelles à dos face aux géomét
senté, associé au cerf et au sanglier couches c4 et c3 du gisement héraul- riques triangulaires, cependant par
(Fontán, 1991). tais de l'Abeurador (Vaquer et Bar- tiel ement pondérable par les fra
baza, 1987), les couches éponymes gments apicaux et certaines lamelles
22 à 17 du site gardois de la baume à dos tronquées. Si on se fie à la
■ DISCUSSION de Montclus (Rozoy, 1978) et local morphologie des seuls triangles en
L'attribution chrono culturelle du ement les ensembles VIII à IV du locus tiers on plaiderait pour un calage
foyer Gb1-Gf1 serait le Néolithique 1 de Roquemissou (Bobœuf, 1995) chronologique du dépôt excluant la
ancien. Outre l'armature tranchante qui caractérisent une période avan phase moyenne ou montclusienne
de Montclus et la lamelle à coches cée de la phase montclusienne du du Sauveterrien. On ne peut négliger
multiples, des éléments d'appréciat Sauveterhen. une datation récente pour le Sauve-
ion indirecte nous confortent dans terrien de Gj si on prend en compte
Le spectre documentaire de la le caractère dimensionnel des armat
cette interprétation. L'éboulement série lithique du dépôt Gj pose la ures, notamment des géométriques
des coupes issues des anciens tr question de sa signification face aux et des micro-pointes qui affirment
avaux jusqu'à leur profil de stabilisa séries que fournissent les gisements une nette tendance à l'hypermicroli-
tion, a livré, après tamisage des séd sauveterhens jusqu'alors étudiés. Ces thisme ainsi que la retouche partielle
iments mélangés, des documents séries proviennent de sol(s) ou de n
lithiques et céramiques. Les pre du troisième côté observée sur trois
miers, une pointe du Martinet, un tr iveaux généraux d'occupation(s) dans triangles. Les fragments apicaux,
lesquels sont associés les témoins systématiquement retouchés sur les
apèze symétrique et une lamelle à d'activités variées qui, cumulés, deux côtés, renvoient également à
coches multiples, sont rapportables, conduisent à la pondération certaine
en l'état des connaissances régio une ambiance montclusienne. Il par
des spectres documentaires. Class aît sage de ne pas trancher préma
nales, à une phase récente du Mésol iquement les études du lithique sauve- turément.
ithique ou/et au Néolithique ancien La présence de minus
terrien analysent ce type d'échant cules géométriques scalènes
caussenard. Le trapèze symétrique illonnage, ce qui paraît légitime dès hyperpygmées et les premières oc
était encore enrobé de sédiment lors qu'il s'agit d'en caractériser le fa cur ences
cendreux blanc. Les seconds, de de retouches partielles et
ciès culturel ou le degrés d'évolution même totales du troisième côté ap
qualité et d'aspect variés, sont diff chronologique (Rozoy, 1978 Barbaza parais ent
iciles à attribuer en l'absence de très tôt, dans des
etalii, 1991 Valdeyron, 1994), ce qui contextes sauveterriens antérieurs à
;

forme et de décors. Quatre petits limite dans notre cas précis les possib 9140 BP (9140 ± 160 BP, LY 4448,
;

tessons, dont un bord arrondi et ilités de comparaison.


étroit interrompant une panse qui c5b), notamment en Quercy dans les
s'élargit rapidement vers le fond du couches c5c et c5d de Fontfaurès
La nature de Gj semble liée à un (Barbaza et alii, 1991), ainsi qu'au
vase et un typique exemple de mon faciès de dépôt. L'activité indétermi pied de la Montagne Noire (Hérault)
tage au colombin (gouttière), ont r née (ou les activités ?) a induit une où ces phénomènes sont patents
etenu notre attention car également sélection parmi les documents
encroûtés de sédiments cendreux avant 8740 BP (8740 ± 90BP,
lithques et probablement parmi l'e MC2144, c5) dans la couche c6 de la
blanchâtre et grisâtre. Ces docu nsemble des restes, notamment fa Balma de l'Abeurador (Vaquer et
ments pourraient provenir du déman uniques dont on peut souligné
tèlement de Gb1-Gf1 et pourraient Barbaza, 1987).
l'extrême fragmentation et la comb
conforter l'attribution de cette struc ustion intense. Elle se traduirait par Nous retenons que les particulari
tureau Néolithique ancien. un déficit dans la représentation des tés dimensionnelles des produits de
Nous retenons donc l'hypothèse produits de débitage et par un équi débitage, l'équilibre de représentation
d'un horizon du Néolithique ancien libre original de la représentation t des types d'armatures et éventuelle
qui comporterait au moins une struc ypol gique des armatures. L'industrie ment les singularités typologiques des
ture (Gb1-Gf1) et occuperait la partie de Gj pourrait correspondre à l'équi géométriques sont ici induits par des
supérieure de la couche G. librenormal d'un faciès d'activité. facteurs sélectifs à mettre en relation
avec la nature du dépôt, c'est-à-dire
La présence d'un microlithe "sau- L'absence d'une partie de la pr avec l'activité ou les activités dont il
veterhen", une lamelle étroite à dos, oduction lamellaire est notable est l'expression résiduelle.
60 Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1997 / TOME 94, n° 1

Ces observations doivent être fouilles de P. -M. Blanquet montre Bintz P. (1995) — "Abri mésolithique du
consolidées par l'élargissement du que des occupations historique (c (Isère)". Pas de la Charmate. Chatelus
spectre documentaire du "sol" avec éramiques tournées) et néolithique Livret-guide de l'excursion
Préhistoire et Quaternaire en Vercors.
lequel Gj entretient des relations de sont envisageables pour la partie su Ve Congrès International U.I.S.P.P.
contemporanéïté. périeure du remplissage. XIIe commission. Épipaléolithiques et
Mésolithique en Europe. Grenoble,
La coquille de Columbella rustica, La partie inférieure ou ensemble France, 18 au 23 septembre 1995.
mollusque marin vivant sur le littoral gris (G) permettra de préciser les p. 104-117, 11 fig.
méditerranéen, intègre les Mésoli comportements d'acquisition et de Bobœuf M. (1991) — "Remarques prél
thiques responsables de Gj dans le consommation des ressources ani iminaires sur les industries lithiques
courant symbolique général qui du gisement de Roquemissou (Avey-
male, végétale et minérale, dans le ron)". In : Mésolithique et néolithisa-
semble prévaloir durant le Sauveter- cadre du passage des activités pré tion en France et dans les régions l
rien. Assez pauvres en parures, les datrices à la production de la bi imtrophes. Actes du 113e Congrès
dépôts sauveterriens livrent préfé- omasse animale et végétale, ce que National des Sociétés Savantes,
rentiellement des coquilles de co rend possible la présence d'hori Strasbourg, 5-9 Avril 1988, Éditions
duCTHS, p. 91-98, 4 fig.
lumbel a dont on peut noter la vaste zons mésolithiques et néolithique Bobœuf M. (1995) — "Sauveterrien et
répartition géographique et la diffu ancien.
sion jusqu'en milieu continental (la Roucadourien. Les outillages lithiques
du Locus 1 de l'abri-sous-roche de r
Fru, Savoie). Leur découverte pourr On abordera la question de la s oquemis ou". Bulletin de la Société
aitêtre plus fréquemment attachée ignifcation des aspects de la variabil Préhistorique Française, p. 54-69,
à la phase moyenne ou montclu- ité des industries sauveterriennes, 22 fig., 3 tabl.
sienne du Sauveterrien et à sa phase non seulement à l'intérieur du terri Delpech F. et Suire C. (1974) — "La faune
récente à trapèzes, comme à Mont- toire d'acquisition et selon les modal mésolithique et post-mésolithique du
clus C22-19 et c18-15 dans le Gard itéssitologiques, ce qui reste un obj gisement de Rouffignac". In : Barrière
C, Rouffignac. L'Archéologie (2e part
(Rozoy, 1978), au Pey de Durance c2 ectif prioritaire (Barbaza eř alii, 1 991 , ie). Université de Toulouse le Mirail.
dans les Bouches-du-Rhône (Val- p. 251-252), mais au sein du site Travaux de l'Institut d'Art Préhistor
deyron, 1994), à la grotte Lombard même où l'association entre struc ique, t. XVI, p. 49-93.
dans les Alpes-Maritimes (Binder et tures patentes ou latentes et indust Fontán P. (1991). — "Étude préliminaire
alii, 1991), à la Fru aire III c2 et c3 en rielithique devrait amener à clarifier de la faune du gisement de Roque
Savoie (Pion eř alii, 1 990) et au Pas la variabilité des assemblages li- missou (Aveyron)". In : Mésolithique
de la Charmate c2a et ci en Isère thiques et à la rendre intelligible no et néolithisation en France et dans
les régions limitrophes. Actes du
(Bintz, 1995). Notons toutefois que tamment dans le cas de site de spéc 113e Congrès National des Sociétés
les gisements sauveterriens moyen ialisation. Savantes, Strasbourg, 5-9 Avril
sont aussi les plus nombreux. 1988, éditions du C.T.H.S., p. 87-90,
Les observations réalisées sur l'i 2 tabl.
Les éléments botaniques que l ndustrie contenue en Gj présente Pion G. eř alii (1990) — "L'abri de la Fru à
ivrent les premières analyses géo-a raient moins d'intérêts si elles Saint-Christophe (Savoie)". Gallia Pré
rchéologiques et carpologiques ne n'étaient pas corrélables précisé histoire, tome 32, 1990, p. 65-123,
conduisent pas à caractériser préc ment à un contexte de dépôt avec 54 fig., 15 tabl.
isément le cadre bio-chronologique lequel elle entretient des liens d'int Rozoy J.-G. (1968) — "L'étude du matér
des dépôts de l'ensemble gris G imité qui permettent d'introduire la ielbrut et des microburins dans l'Épi-
(Gb1 -Gf1 , G interstratifiée, Gj). Cette notion de faciès d'activité dans sa paléolithique (Mésolithique) franco-
belge". Bulletin de la Société
séquence, comme l'indique la faune, définition. La prise en compte de Préhistorique Française, p. 365-390,
montrerait un environnement boisé l'étude des industries et des docu 14 fig., 1 tabl.
coupé d'espace dégagé, où prospè ments naturalistes dans le détail de Rozoy J.-G. (1978) — Les derniers chas
rent les Angiospermes parmi les leur contexte de dépôt, c'est-à-dire seurs. L'Épipaléolithique en France et
quels le Noisetier est rigoureusement les structures ou les épandages de en Belgique, essai de synthèse. Bullet
attesté. De telles conditions biolo sédiment distinct, doit favoriser la in de la Société Archéologique Champ
giques sont en place dans le milieu enoise, № spécial, 3 tomes, 1256 p.,
compréhension des comportements 294 fig., 259 pi., 80 tabl.
montagnard de l'Aubrac, distant de mésolithiques sauveterriens.
30 km, dès la fin du Préboréal, au Valdeyron N. (1994) — Le Sauveterrien.
Culture et sociétés mésolithiques dans
cours du Boréal et de l'Atlantique la France du Sud durant les Xe et IXe
(Beaulieu eř alii, 1985). Il y a tout lieu Bibliographie millénaires BP. Thèse de doctorat,
de penser que le milieu caussenard, Barbaza M. eř alii (1991) — Fontfaurès en Université de Toulouse le Mirail,
plus clément, a favorisé la mise en Quercy. Archives d'Ecologie Préhisto 584 p., 141 fig.
place plus précoce de la flore ther- riquen° 11 École des Hautes Etudes Vaquer J. et Barbaza M. (1987) —
en Sciences Sociales, 1991, 270 p. "Cueillette et Horticulture mésoli
.

mophile.
Beaulieu J.-L. de, Pons A. et Reille M. thique La Balma de l'Abeurador". In :
Premières communautés paysannes
:

(1985) — "Recherches pollenanaly- en Méditerranée occidentale. Actes du


■ PERSPECTIVES tiques sur l'histoire tardiglaciaire et ho- Colloque International du C.N.R.S.
locène de la végétation des monts p. 231-242, 6 fig.
La baume du Clos de Poujol offre d'Aubrac (Massif Central, France)."
un potentiel d'étude diachronique Review of paléobotany and Marc BOBŒUF
palynology, Elsevier Science Publi 34, rue Jean-Mermoz
des comportements mésolithiques et shers B.V., Amsterdam, 44, p. 37-80, 92700 Colombes
néolithiques ancien en milieu caus 11 fig., 2tabl. Anne BRIDAULT
senard. Binder D. et alii (1991) — Une économie U.R.A. 1415 du C.N.R.S.
de chasse au Néolithique ancien. Mo Muséum National d'Histoire Naturelle
L'ensemble rouge (R) devra être nographie du C.R.A. n°5, Editions du 55, rue Buffon
documenté. La série issue des C.N.R.S., 243 p., 92 fig., 40 tabl. 75005 Paris

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