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ANA FERNANDES
Jean Anouilh surge fiel ao modelo grego, visto que, se muitas das
suas peças não retomam os mitos antigos, pelo contrário, todas
aquelas que os utilizam situam-se entre o início e o final da sua
carreira de dramaturgo: Eurydice foi publicada em 1942, Antigone em
1944, Médée em 1947, Tu étais si gentil quand tu étais petit em 1974,
mas a peça foi representada em 1972, Œdipe ou le roi boiteux foi
editada em 1978. Tu étais si gentil quand tu étais petit e Médée são
duas das inúmeras obras modernas que se inspiram em mitos
clássicos.
O artigo que propomos é também uma revisitação das duas
figuras femininas protagonistas das duas peças a fim de percebermos a
actualização que Anouilh faz desses mitos, pondo em relevo através
de Electra e Medeia o antagonismo de uma feminilidade.
Thérèse repete :
e, neste preciso momento, ela recusar casar com Florent, porque «il y
aura toujours un chien perdu quelque part qui [l’]empêchera d’être
heureuse…» (p.181). Quanto a Electra, as reticências formuladas por
seu irmão Orestes, a quem ela quer obrigar a cometer um duplo
assassínio (o da mãe e do amante, Égisto, assassinos do pai
Agamemnon), não parecem desviá-la do seu propósito criminoso.
Uma tal obstinação aproxima-a de Antígona. Para além desta
teimosia, encontramos em Tu étais si gentil quand tu étais petit o
motivo das rugas e do ventre que surgia já em Antigone e que
corresponde a uma certa escolha de vida. Assim como Antígona diz a
Creonte:
«Je vous parle de trop loin maintenant, d’un royaume où vous ne pouvez
plus entrer avec vos rides, votre sagesse, votre ventre.» (p.94)2,
«Il n’y a pas d’intermédiaire, mon bon Monsieur. On est jeune et puis on
est mort. Si cela se prolonge jusqu’à la broncho-pneumonie finale au dodo,
avec la famille autour et les médecins spécialistes, c’est qu’entre-temps on a
dit «oui»» (p.79).
«Moi, je peux dire «non» encore à tout ce que je n’aime pas et je suis
seul juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec votre attirail,
vous pouvez seulement me faire mourir parce que vous avez dit «oui».»
(p.78)
«Ce que j’ai fait, je l’ai fait. C’est à moi. Personne ne peut me le
reprendre et je ne le renie pas. Tout ce que vous pouvez, c’est me tuer, me
faire crier n’importe quoi sous la torture, mais me faire dire «oui», cela vous
ne le pouvez pas.» (p.147)4
«Nul doute qu’il entre dans ce parti pris d’Anouilh un dessein de plaire
au public par la facilité. Ne peut-on cependant y voir aussi un dessein plus
noble, un symbole plus élevé, sinon plus valable : attirer l’attention sur le fait
que le monde lui-même n’est qu’un théâtre ?»5
«Les abîmes sont atteints avec Tu étais si gentil quand tu étais petit […].
Revoilà en guise de chœur antique, les minables musiciens de l’Orchestre,
eux-mêmes descendance abâtardie du père d’Orphée, et aussi l’inusable
dialogue Antigone-Créon […]. Car M. Jean Anouilh se pare impudemment
4
Jean Anouilh, L’Alouette, Gallimard, 1958.
5
Clément Borgal, «L’univers dramatique de Jean Anouilh», la Table Ronde,
nº214, novembre 1965, p.63.
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des dépouilles de Jean Anouilh avec aussi peu de grâce qu’un goujat se
drapant dans le manteau d’un roi.»6
«Il faut lui couper ses choses! Il faut lui couper ses choses ! Je l’ai vu
faire à la Libération à un officier allemand ! […] C’est à cause de lui si on a
massacré les juifs, sale boche !» (p.98),
«Dans tout Argos libéré, demain ce sera comme ça. On tondra les filles,
on mutilera les hommes […]. C’est comme cela qu’une ville occupée se
redonne bonne conscience…» (pp.99-100).
6
Gilbert Château, «Anouilh aux abîmes», la Nouvelle Revue française, nº 232,
avril 1972, p.102.
7
Jacques Vier, «Jean Anouilh, poète tragique», Revue d’histoire littéraire de la
France, nº 6, novembre-décembre 1977, p.950.
DOIS MITOS ANTIGOS REVISITADOS POR JEAN ANOUILH 39
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Processo literário que joga com o princípio da intertextualidade, remetendo
neste caso a personagem para a obra de Ésquilo e para o uso que este autor fez do
mito de Orestes.
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«C’est moi qui finirais par t’étrangler - et cela ne serait pas dans
l’ordre» (p.56),
9
Marguerite Yourcenar, «Carnet de notes d’Électre», Théâtre de France, nº 4,
1954, p.27.
10
Jean Anouilh, «Médée », in Nouvelles pièces noires, Paris, La Table Ronde,
1961, p.367. Todas as referências remetem para esta edição.
11
Op. cit., p.28.
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«J’ai sucé ton lait, bon, et j’ai toléré tes jérémiades. Mais ce n’est pas
de lait, tu le sais, que Médée a grandi. Je ne te dois pas plus qu’à la chèvre
que j’aurais pu sucer au lieu de toi.» (p.399)
12
Ibid., p.26.
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O seu ódio para com Jasão é tal que a sua palavra parece dotada
de um poder assassino; a jovem faz com que o crime surja como o
seguimento lógico de um diálogo de surdos:
“[...] t’emmener hors de cette terre, je n’y consentirais pas ; mais si, de
toi-même, tu te présentes à ma demeure, tu y resteras, inviolable, sans nul
danger que je te livre à personne.”13
“J’ai pitié de toi, Médée qui ne connais que toi, qui ne peux donner que
pour prendre, j’ai pitié de toi attachée pour toujours à toi-même, entourée
d’un monde vu par toi…” (pp.382-383),
“[...] ce que tu hais le plus au monde, ce qui est le plus loin de toi: le
bonheur, le pauvre bonheur.” (p.390).
13
Euripide, Médée, Paris, Les Belles Lettres, tomo I, 1976, p.150.
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“Je suis tous les sales gestes et toutes les sales pensées. […] Je pue ! Je
pue, Jason ! […] Tout ce qui est noir et laid sur la terre, c’est moi qui l’ai
reçu en dépôt.” (p.384),
e quando ela mata os seus filhos, apesar do amor que lhes tem, e se
mata, é ainda para afirmar a sua infâmia. Medeia, incapaz de tornar
Jasão feliz, mas de igual modo incapaz de se separar dele, escolhe
portanto matar-se com os seus filhos para o punir de a ter abandonado
e, sobretudo, para o impedir de a esquecer e para que ele não possa
refazer a sua vida:
“MÉDÉE – Je t’ai fait pleurer, je t’ai fait aimer. Regarde-les, ton petit
frère et ta femme, c’est moi ! C’est l’horrible Médée ! Et essaie maintenant de
l’oublier !
JASON – Oui, je t’oublierai. Oui je vivrai et malgré la trace de ton
passage à côté de moi, je referai demain avec patience mon pauvre
échafaudage d’homme sous l’œil indifférent des dieux.” (p.398).
“De tout ce qui a vie et pensée, c’est nous, les femmes, la gent la plus
misérable. D’abord, il nous faut prodiguer l’argent pour acheter un époux et
donner un maître à notre corps, cruel surcroît d’infortune ! Et voici le point
capital : le prendra-t-on mauvais ou bon ?”14
“Je suis Médée. La fille d’Éatès qui en a fait égorger d’autres, quand il
le fallait, et des plus innocents que moi, je te l’assure. Je suis de ta race. De la
race de ceux qui jugent et qui décident, sans revenir après et sans remords.”
(p.384).
“Race d’Abel, race des justes, race des riches, comme vous parlez
tranquillement. C’est bon n’est-ce pas d’avoir le ciel pour soi et aussi les
gendarmes. […] C’est bon de penser un jour comme son père et le père de son
père, comme tous ceux qui ont eu raison depuis toujours. C’est bon d’être
bon, d’être noble, d’être honnête.” (p.389).
14
Euripide, Médée, op.cit., pp.131-132.
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“Je suis Médée! Je suis Médée, tu te trompes ! Médée qui ne t’a rien
donné, jamais, que de la honte. J’ai menti, j’ai triché, j’ai volé, je suis sale…
C’est à cause de moi que tu fuis et que tout est taché de sang autour de toi.
[…] Je suis ta jeunesse perdue, ton foyer dispersé, ta vie errante, ta solitude,
ton mal honteux.” (p.389).
“Quelque chose bouge dans moi comme autrefois et c’est quelque chose
qui dit non à leur joie à eux là-bas.” (p.359),
e à palavra “tous”: