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DOSSIER B
8.- Lee, Mary Wood. Prévention et traitement des moisissures dans les collections des
bibliothèques, notamment en climat tropical (extraits)
9.- Désinfection des documents par des procédés physiques (site WEB du CRCDG)
10.- Parker, Thomas A. Lutte contre agents détérioration biologique dans les bibliothèques et
les archives.
11.- Buchanan, Sally A. Lutte contre les sinistres dans les bibliothèques et les archives.
Prévention, prévision, sauvetage. (Extraits)
12.- Roper, Michael. Organisation, équipement et effectif d’un service de conservation-
restauration d’archives. (Extraits)
I. Introduction
La présente étude est d’abord un guide pratique de lutte préventive et curative contre les attaques de moisissures dans
les climats tropicaux où l’installation d’un système de régulation climatique, couramment appelé climatisation, n’est
pas toujours possible à l’échelle de toute une bibliothèque et où l’on voit périodiquement réapparaître les
moisissures. Dans les climats plus tempérés, d’ailleurs, il arrive aussi que des moisissures fassent irruption à la suite
d’inondations ou bien de problèmes localisés dus à des défauts de régulation climatique. Face à la préoccupation
croissante que suscite la toxicité d’un grand nombre de substances classiquement utilisées comme désinfectants, les
bibliothèques et les musées ont entrepris de revoir leurs stratégies actuelles qui reposent essentiellement sur la lutte
chimique contre les moisissures installées. Il est de plus en plus évident qu’il faut travailler davantage sur la
prévention et les autres modes de traitement si l’on veut protéger non seulement les collections mais aussi le
personnel et le public.
Or, s’occuper de la préservation des documents en climat tropical signifie étudier
• le climat
• les incidences de celui-ci sur les différentes catégories de documents
• le plus large éventail possible de solutions permettant de modifier les conditions ambiantes.
Matériaux
Bien évidemment, les ouvrages conservés dans les bibliothèques qui sont, pour l’essentiel, fabriqués à partir de
matériaux d’origine organique supportent très mal les températures et les taux d’humidité relative particulièrement
élevés, d’autant que la détérioration chimique, biologique et microbiologique va très souvent de pair avec ces
conditions climatiques. Cela dit, une bonne compréhension des facteurs de détérioration, doublée d’une planification
réfléchie, peut compenser de façon appréciable l’incidence négative d’un mauvais environnement. Les directeurs de
bibliothèque doivent impérativement tirer parti de toutes les ressources dont ils disposent et appliquer des solutions
sur mesure pour résoudre les problèmes d’environnement auxquels ils sont confrontés. Des choix peu judicieux ou
encore un excès de confiance dans les solutions technologiques peuvent même se solder par la détérioration d’une
situation déjà difficile.
Pendant la deuxième guerre mondiale et durant la période de l’après-guerre, on s’est beaucoup intéressé à l’effet du
climat tropical sur toutes sortes de matériaux (3). Alarmés par l’extrême détérioration du papier, du cuir, des textiles
et des métaux sur les fronts de l’Asie et du Pacifique, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont consacré pas mal
d’argent et d’efforts à l’étude des causes des dégradations liées à l’environnement et des moyens de les prévenir. A
l’époque, les recherches avaient essentiellement porté sur la mise au point d’agents protecteurs dont l’application sur
les matériaux en question, aurait atténué les effets des conditions climatiques, les méthodes qui auraient permis
d’agir directement sur ces conditions intéressant beaucoup moins les chercheurs. Au milieu des années 50, les
pouvoirs publics cessaient dans l’ensemble de financer ces recherches sur les matériaux, la prévention et le
traitement et celles-ci, de ce fait, accusaient un ralentissement. Malheureusement, on le sait aujourd’hui, la plupart
des fongicides et des biocides naguère recommandés sont toxiques non seulement pour les moisissures et autres
nuisibles mais aussi pour l’être humain. En outre, la recherche actuelle est largement orientée vers la mise au point
de systèmes de régulation climatique toujours plus sophistiqués, ce qui limite évidemment leur applicabilité. Ceux
qui s’occupent aujourd’hui de la préservation des biens culturels conservés dans les musées, les bibliothèques ou les
archives n’ont souvent pas d’autre solution réaliste que la modification de l’environnement.
Modification de l’environnement
Il n’est peut-être pas inutile de définir deux expressions qui sont employées tout au long de la présente étude et qui
ne doivent pas être considérées comme synonymes.
On parle de régulation climatique ou de climatisation quand est installé un système qui surveille et régule la
température et l’humidité relative et maintient entre elles un équilibre constant, conformément à des critères
préalablement définis.
On parle de modification de l’environnement climatique quand on agit sur une ou plusieurs variables de
l’environnement. Aucun dispositif de surveillance automatique n’est installé dans ce cas et l’on doit sans cesse
procéder à des réglages pour maintenir l’équilibre souhaité. Les climatiseurs individuels dits climatiseurs de fenêtre,
les déshumidificateurs portatifs et les ventilateurs relèvent tous de la modification de l’environnement et non de la
régulation climatique.
Tout en nous proposant d’examiner ici un éventail très complet de modalités de régulation, de modification des
conditions climatiques et les traitements à appliquer en cas d’urgence, nous nous attarderons surtout sur les mesures
qui n’exigent ni installations complexes de climatisation générale, ni vastes opérations de désinfection, ni
d’imposants traitements de conservation des documents sérieusement endommagés. Les plans et méthodes
d’intervention en cas de sinistre sont examinés ici dans le seul cadre de la prévention et du traitement des
moisissures.
1
Dennis Allsopp. "Biology and Growth Requirements of Mould and Other Deteriogenic Fungi". Journal of Society
of Archivists. Vol. 7:8, octobre 1985, p. 530.
infecté. Nous reviendrons plus loin de façon détaillée sur les techniques de traitement; contentons-nous ici de les
évoquer pour bien montrer l’importance de ce chapitre et du suivant. A eux deux, ils permettent de prendre des
décisions avisées. Il faut avoir des idées claires sur l’organisme que constitue la moisissure, car la nature de celle-ci,
les raisons de sa présence et le stade de développement auquel elle est parvenue dictent à la fois le traitement
spécifique qu’il convient d’appliquer et le temps dont on dispose pour agir.
2
R.A. St. George et al. "Biological Agents of Deterioration". Deterioration of Materials, Greathouse & Wessel, p.
179.
3
St. George, p. 183.
4
T.D. Beckwith et al. "Deterioration of Paper The Cause and Effect of Foxing". UCLA Publications in the
Biological Sciences. Vol. 1:13, 1940, P. 331.
d’autres5. Il reste beaucoup de recherches à faire pour être à même de déterminer si les moisissures provoquent
l’apparition de taches par digestion des éléments nutritifs contenus dans le substrat et évacuation des déchets, sous
l’effet d’acides libérés durant l’hydrolyse de la cellulose, comme certains auteurs inclinent à le penser, ou tout
simplement par la présence de chromogènes à l’intérieur des cellules de la moisissure proprement dite.
Outre les champignons microscopiques, qui nous intéressent particulièrement dans la présente étude, il existe deux
autres types de moisissures qui peuvent endommager les ouvrages de bibliothèque. Les taches de rouille ou
rousseurs, expression couramment employée pour désigner les petites taches brunâtres que l’on voit sur les vieux
papiers, demeurent un mystère. Leur nature et leur cause exactes nous échappent encore. Dard Hunter, observant
qu’avant 1501 on ne voyait guère de rousseurs sur les papiers d’édition, attribue leur apparition à partir de cette date
à l’augmentation de la demande de papier qui va amener les papetiers à réduire la quantité d’eau utilisée et ne leur
laissera plus suffisamment de temps pour «épurer suffisamment les fibres»6. Dans les années 1920, Beckwith
constatait que les rousseurs étaient d’ordinaire associées à la présence de fer dans le papier7, induisant chez d’autres
auteurs la conviction que les rousseurs s’expliquaient par la présence de métaux demeurés à l’intérieur du papier
pendant sa fabrication et que l’apparition du phénomène coïncidait avec l’invention de la pile raffineuse ou pile
hollandaise, à la fin du XVIIe siècle. Il se peut que la présence de fer à l’état de trace soit un élément nécessaire à la
rousseur; néanmoins, l’existence de rousseurs, appelées hoshi (étoiles), dans de très vieux papiers japonais dont les
fabricants avaient utilisé des procédés traditionnels pour le raffinage des fibres et la mise en feuilles du papier,
tendrait à indiquer que la présence de fer demeuré à l’intérieur du papier du fait de l’utilisation de procédés de
fabrication occidentaux ne suffit pas à expliquer le phénomène. Si l’on n’a pas encore réussi à produire des rousseurs
en laboratoire, nombre de spécialistes sont aujourd’hui convaincus que leur présence est due à un phénomène de
nature micro-biologique. En 1984, un chercheur japonais, armé d’un microscope à balayage électronique, a réussi à
isoler et à identifier les champignons Aspergillus glaucus et Aspergillus restrictus qui, selon lui, seraient la cause des
rousseurs8. Quelle que soit au demeurant la cause de ce phénomène, il paraît acquis que son incidence est accrue par
trois facteurs une température élevées un taux d’humidité élevé et la présence à proximité de matériaux de mauvaise
qualité. En tout cas, le fait qu’en cours de restauration, les papiers piqués de rousseurs réagissent de façon
caractéristique, selon le mode de mouillage ou d’humectage subi, le prouve à l’évidence.
Les moisissures visqueuses, relativement rares sur les ouvrages dont la confection est achevée, apparaissent le plus
communément durant la phase de fabrication du papier. Ces organismes sont généralement détruits par divers agents
chimiques et par la chaleur de la phase de séchage. Leur présence peut néanmoins avoir pour effet d’affaiblir le
papier et d’en augmenter le risque de détérioration si, à un stade ultérieur, il se trouve par surcroît placé dans des
conditions environnementales défavorables.
5
L.A. Belyakova. "The Mold Species and Their Injurious Effects on Various Book Materials". Collection of
Materials on the Preservation of Library Resources, No 2 & 3. Translate from Russian, National Science
Foundation and Council on Library Resources, 1964, p. 183-184.
6
Dard Hunter. Papermaking, the History and Technique of an Ancient Craft. New York, Dover, 1978, p. 154.
7
Beckwith, p. 299-300.
8
Hideo Asai. "Etudes microbiologiques sur la conservation du papier et des biens culturels de nature voisine Partie
I "Etudes sur la conservation, n° 23, mars, 1984, p. 33-39. En japonais. Résumé analytique en anglais publié in
Art and Archaeology Technical Abstracts.
9
St. George, p. 186.
10
Belyakova, p. 73.
Température
Il y a trois températures critiques pour les moisissures celle au-dessous de laquelle aucune moisissure ne se
développe; celle au-dessus de laquelle aucune moisissure ne se développe; celle à laquelle on observe le
développement le plus rapide. La plupart des formes microbiennes se développent dans une gamme de températures
comprises entre 15° et 35° C, encore que certaines formes puissent se développer à une température voisine du point
de congélation et que d’autres prospèrent à une température supérieure à 65,5° C. La plupart des auteurs estiment que
la température idéale pour le développement des moisissures se situe autour de 30° C. La température optimale pour
le développement d’une moisissure déterminée est difficile à définir, à la fois parce d’autres facteurs
environnementaux entrent en jeu et parce qu’il y a vraiment très peu de points communs entre la culture
d’organismes en laboratoire et le développement de ces mêmes organismes au sein d’un milieu plus naturel.
Il convient de noter que la température au-dessous de laquelle la prolifération des moisissures est stoppée n’est pas
celle à laquelle leurs possibilités de développement sont détruites. Beaucoup de moisissures peuvent survivre à des
séjours de plusieurs mois, à des températures très basses, mais résistent moins bien lorsque la température oscille,
étant tantôt inférieure, tantôt supérieure au point de congélation11.
Sykes écrit, à propos des bactéries:
«La réfrigération à basse température… est communément considérée comme fatale à toute forme de vie. Cette
remarque est peut-être valable pour les organismes de grande taille; elle ne l’est certainement pas dans le cas des
végétaux de petite taille, notamment la microvégétation… Parfois le taux de mortalité atteint 99 %, mais une fois
l’organisme congelé à une température suffisamment basse, les cellules qui survivent peuvent se conserver durant de
longues périodes»12.
Etant donné l’existence de spores «mises en réserve», cette remarque vaut certainement aussi pour les moisissures.
Humidité
La quantité d’humidité nécessaire pour le développement des moisissures est un sujet rarement abordé dans la
littérature microbiologique. En laboratoire, les moisissures sont cultivées dans des milieux à forte teneur en eau, mais
il est rare que les comptes rendus fournissent des chiffres précis. Dans une boîte de pétri, fermée par son couvercle, il
se crée un microclimat où la moisissure peut sporuler en toute tranquillité. S’agissant du développement des
moisissures ailleurs qu’en laboratoire, certains auteurs sont bel et bien d’avis que l’hygroscopicité des matériaux a
une incidence sur le développement des moisissures. Les matériaux qui absorbent et retiennent la vapeur d’eau
contenue dans l’air nécessitent, dans l’atmosphère ambiante, un taux d’humidité relative plus faible que ceux dont
l’hygroscopicité est moindre. Par conséquent, hors du laboratoire, les moisissures ont à leur disposition deux sources
d’alimentation en eau l’humidité de l’air ambiant et l’humidité de l’objet concerné.
Substances nutritives
Les éléments nutritifs nécessaires au développement des champignons sont le carbone, l’hydrogène, l’oxygène,
l’azote, le souffre, le potassium et le magnésium. Des éléments à l’état de trace tels que le fer, le zinc, le cuivre, le
manganèse et, dans certains cas, le calcium, peuvent également être nécessaires, ainsi que certaines vitamines. La
plupart des composés naturels peuvent être utilisés par les champignons comme sources de carbone et d’énergie. La
cellulose fournit un grand nombre de ces éléments, de même d’ailleurs que les graisses animales et végétales ainsi
que leurs composants acides et la glycérine13.
III. Effets des moisissures sur les ouvrages conservés dans les bibliothèques
Presque tous les matériaux d’origine organique sont susceptibles d’être attaqués par une espèce de moisissure ou une
autre et donc de servir de substrat à leur développement. Les matériaux d’origine organique entrant dans la
composition des articles conservés dans des bibliothèques sont principalement les fibres cellulosiques; les
encollages, charges et apprêts à base d’amidon, de caséine et de gélatine; les colles naturelles d’origine végétale
11
St. George, p. 186.
12
G. Sykes. Disinfection and Sterilization. Londres, Spon., p. 183.
13
St. George, p. 186-187.
comme les colles à l’amidon ou d’origine animale comme les colles de peau; certaines colles synthétiques; le cuir;
enfin la gélatine des négatifs et des épreuves photographiques. La poussière et la crasse viennent, le cas échéant,
compléter l’apport en éléments nutritifs nécessaires aux moisissures. Tous ces matériaux sont dits hygroscopiques, ce
qui veut dire qu’ils attirent l’eau et la retiennent.
Sur ce fond de vulnérabilité générale, un certain nombre de facteurs vont intervenir pour permettre le développement
effectif de moisissures dans les collections des bibliothèques. Certains matériaux - papiers, cuirs, toiles à reliure et
colles - sont plus susceptibles que d’autres d’être attaqués par des moisissures. Dans la plupart des cas, le
bibliothécaire ne peut guère agir sur la composition des ouvrages détenus dans sa bibliothèque. Toutefois, il a besoin
d’en connaître la nature afin de pouvoir déterminer, en toute connaissance de cause, les raisons de l’infection, de
choisir le traitement à appliquer aux documents visiblement infectés ou d’apprécier la plus ou moins grande
probabilité que l’attaque s’étende à l’ensemble des collections.
Par exemple:
- l’apparition de moisissures sur les seuls livres reliés en cuir indique que les spores actives ont des besoins en
éléments nutritifs spécifiques. Etant donné que les moisissures sont sélectives, s’il n’y a pas à proximité immédiate
de livres reliés pleine toile ou de livres brochés qui soient atteints, il est possible de traiter d’urgence les seuls
volumes reliés en cuir;
- si les moisissures se développent uniquement autour de la coiffe supérieure ou sur les tranches au voisinage des
remplés sur les cartons, il est probable qu’elles puisent leur nourriture dans la colle utilisée pour la reliure;
- si les moisissures n’affectent que quelques rayonnages ou quelques secteurs du magasin, on a très probablement à
faire à un problème de microclimat. En ce cas, il est possible d’évacuer les pièces infectées et de prendre des mesures
pour modifier le seul environnement de la zone atteinte.
Nous pourrions multiplier les exemples à l’infini; l’important est de savoir que la connaissance des matériaux,
l’analyse de la nature du problème et la compréhension de leur interaction peuvent grandement contribuer à réduire
les risques de dégâts.
14
St. George, p. 179.
15
Belyakova, p. 184.
16
Beckwith, p. 307.
qu’elle accélère la détérioration chimique du papier; sa présence n’est donc nullement bénéfique. On ne sait pas
grand-chose des divers encollages synthétiques, car une grande partie des recherches effectuées sur les agents de
collage l’ont été avant que l’usage des synthétiques se répande.
Le papier des volumes reliés risque moins de souffrir d’un taux élevé d’humidité relative de l’air. Les moisissures
apparaissent rarement à l’intérieur de volumes protégés par une reliure; elles se développent plutôt sur les reliures ou
sur les feuilles de papier non reliées qui sont exposées à l’humidité durant des périodes prolongées. Inversement, le
corps d’ouvrage est souvent rousselé.
En cas d’inondations ou d’autres expositions graves à l’humidité, le papier d’édition peut être considéré comme plus
fragile dans la mesure où l’épaisseur du livre et la compression du papier au dos du livre allongent considérablement
le temps de séchage.
Toile à reliure
Un grand nombre de toiles à reliure, y compris le coton et le lin, sont de nature cellulosique et risquent, de ce fait,
d’être attaquées par les mêmes types de moisissures que le papier. Comme dans le cas du papier, les apprêts et les
enduits ajoutés en cours de fabrication fournissent un apport supplémentaire d’éléments nutritifs. Le tissu non
encollé, qui est souvent utilisé pour relier les ouvrages en Inde et en Asie du Sud-Est, est particulièrement fragile.
Comme il est souvent très mince, la colle utilisée pour fixer la toile sur les plats pénètre fréquemment la trame, ce qui
permet aux moisissures de se développer en surface. Le bougran amidonné, qui est couramment utilisé dans les
climats plus tempérés, est lui aussi une excellente source d’éléments nutritifs. Les fibres synthétiques ou les fibres
naturelles enduites de résines synthétiques, par exemple les toiles enduites de peroxylin et le bougran enduit
d’acrylique résistent mieux aux moisissures sans en être entièrement protégés. Il n’existe pas à notre connaissance
d’ouvrages traitant de l’incidence des colorants sur le développement des moisissures; mais on sait que les colorants
modifient la résistance des textiles à l’action photochimique (certains accélèrent la détérioration; d’autres assurent
une protection)17.
Cuir
Le cuir tanné résiste mieux au développement des moisissures. Les cuirs tannés au chrome sont relativement
inattaquables; les cuirs tannés avec des substances végétales le sont nettement moins. Les cuirs utilisés dans la
confection des livres sont malheureusement tannés avec des substances végétales, les cuirs tannés au chrome étant
surtout utilisés pour la confection des chaussures, des bagages et autres articles de maroquinerie.
Les recherches menées dans ce domaine montrent que les moisissures n’attaquent pas le cuir de la même manière
qu’elles attaquent la cellulose. Les moisissures n’attaquent apparemment pas le complexe cuir-tanin proprement dit.
Barghoorn a démontré que les agrégats de collagène qui constituent la peau ignorent l’infection et la destruction par
les moisissures; quant à Hyde, Musgrave et Mitton, ils ont établi que les cuirs tannés à l’aide de produits végétaux
sont étonnamment peu endommagés par les moisissures même en cas de prolifération relativement abondante et
prolongée. Les expériences montrent que la principale cause de détérioration du cuir sous les tropiques est la rupture
hydrolytique provoquée par une humidité atmosphérique et une température élevées, avec leur incidence sur la
lubrification entre fibres, la gravité de la rupture étant fonction du pH du cuir18.
Il semble, par conséquent, que les composants du cuir qui favorisent le développement de moisissures soient les
lubrifiants, les apprêts et les produits de finissage. Selon les auteurs cités plus haut, il semble que, dans les climats
tropicaux, la détérioration du cuir soit principalement due au taux élevé d’humidité relative de l’atmosphère et non
aux moissures.
Le graissage des cuirs, où nombre de bibliothécaires ont surtout vu un moyen d’embellissement, pourrait bien être le
mode de protection du cuir le plus commode en milieu tropical. Certaines bibliothèques construites dans des climats
tropicaux ont évité d’employer les «leather dressings» c’est-à-dire les émulsions ou solutions de graisse qui servent à
l’entretien du cuir de crainte que les huiles et les lubrifiants ne favorisent le développement des moisissures. En
réalité puisque les attaques de moisissures dues à l’utilisation de tels produits sont toujours superficielles et
n’endommagent aucunement la structure du cuir, et puisque l’application d’une formule grasse de ce genre permet de
17
Carl J. Wessel. "Textiles and Cordage". Deterioration of Materials, Greathouse & Wessell p. 474-479.
18
Robert M. Lollar "Leather". Deterioration of Materials, Greathouse & Wessel, p. 152-153.
prévenir la rupture hydrolytique qui est la principale cause de détérioration, l’utilisation de formules judicieusement
choisies devrait être considérée comme bénéfique pour le cuir.
En ce qui concerne le choix de la formule grasse à employer, l’expérience des climats tropicaux montre qu’une très
mince couche d’huile de pied de bœuf et de lanoline qu’on laisse sécher pendant 24 heures et qu’on frotte ensuite
avec un chiffon doux donne de bons résultats. Les produits à base de cire, même celui mis au point par le British
Museum, ne parviennent pas à durcir comme il faut en climat humide et chaud et les reliures ont tendance à coller les
unes aux autres une fois les ouvrages ainsi traités replacés sur leurs rayonnages.
Colles
Les colles végétales (à l’amidon), les colles animales et les gommes (faites à partir de résines végétales) sont toutes
plus ou moins exposées aux attaques de moisissures. L’utilisation de quantités excessives de colle peut être un
facteur favorable au développement de moisissures. En la matière, le mieux est parfois l’ennemi du bien.
Les colles synthétiques, y compris les émulsions d’acétate de polyvinyle (dites «colles blanches», dont la
composition et les propriétés varient énormément), les produits piézo sensibles des étiquettes autocollantes et des
rubans adhésifs, les adhésifs thermocollants comme ceux que l’on utilise dans les papiers laminés à chaud et les
adhésifs pulvérisés sous forme d’aérosols sont plus résistants aux moisissures sans être entièrement à l’abri de leurs
attaques. Comme ils sont à base de solvants, ils sèchent rapidement. Mais le fait qu’ils se dégradent en vieillisant et
qu’il faille employer des solvants pour les enlever, interdit de les utiliser pour réparer le papier déchiré ou
endommagé.
Même si elles peuvent favoriser le développement de moisissures, les colles végétales et les gommes sont
recommandées pour réparer le papier, en raison de leur réversibilité. La meilleure des protections est celle
qu’assurent une application correcte et un séchage parfait de la couche de colle. Les produits qui donnent les
meilleurs résultats dans la réparation des reliures sont peut-être les acétates de polyvinyles de bonne qualité.
Facteurs environnementaux
Les cinq facteurs qui sont déterminants pour l’apparition et le développement des moisissures dans les collections
des bibliothèques sont les suivants
- la présence de spores de moisissures
- l’existence d’une source d’éléments nutritifs
- une humidité suffisante
19
Charleston C. Baird and David F. Kopperl. "Treating Insect and Microorganism Infestation of Photographic
Collections". Second International Symposium The Stability and Preservation of Photographic Images, August
15-28, 1985. Springfield, VA., Society of Photographic Scientists and Engineers, p. 53.
20
Fleming, p. 363.
Circulation de l’air
De ces trois facteurs, la circulation de l’air est à la fois le plus fondamental et celui auquel on prête le moins
d’attention. Les publications font souvent une allusion rapide à l’importance d’une bonne circulation de l’air, sans
relever toute l’importance de ce facteur, en particulier lorsqu’il n’y a pas de climatisation générale des locaux. C’est
la circulation de l’air qui provoque l’évaporation de l’eau et fait ainsi baisser la température superficielle. Le
phénomène est évident pour quiconque a éprouvé l’effet rafraîchissant d’une brise soudaine par une chaude journée
sans le moindre souffle d’air. Dans une bibliothèque, une bonne circulation de l’air favorise l’évaporation de l’eau et
l’abaissement de la température superficielle, ce qui modifie deux facteurs environnementaux déterminants pour le
développement de moisissures.
Il est généralement beaucoup moins coûteux de faire circuler l’air ambiant et de modifier ainsi la température et le
degré hygrométrique que d’amener artificiellement un autre air qui présentera des caractéristiques radicalement
différentes de celles de l’air environnant. Une bonne circulation d’air peut grandement contribuer à atténuer les
problèmes liés à l’absence de régulation des facteurs trois et quatre.
Humidité relative
Le papier, la toile et le cuir sont des matériaux hygroscopiques; autrement dit, ils absorbent l’humidité de l’air et la
retiennent. Par conséquent, dans les climats humides, la plupart des ouvrages abrités dans les bibliothèques
contiennent un pourcentage d’eau relativement élevé. Dans ces conditions, il suffit d’une augmentation même légère
de l’humidité relative ambiante pour qu’un article serve de substrat au développement de moisissures, dès lors que
les autres conditions sont réunies.
Il y a plusieurs façons de mesurer la teneur de l’air en vapeur d’eau. L’humidité absolue est le poids de vapeur d’eau
contenue dans un volume d’air donné (g/m3). L’humidité d’un corps ou teneur en vapeur d’eau est (en poids) la
proportion d’eau contenue dans ce corps (kg/kg). Ces deux types de mesure sont variables l’air chaud peut contenir
plus de vapeur d’eau que l’air froid et la teneur en vapeur d’eau d’un corps varie en fonction de l’humidité absolue
de l’air ambiant. Ni l’humidité absolue ni la teneur en vapeur d’eau ne peuvent être correctement déterminées dans
une bibliothèque. Par conséquent, la seule mesure utile pour la sauvegarde des collections est celle de l’humidité
relative. L’humidité relative est le rapport entre la quantité d’eau contenue dans un volume d’air donné et la quantité
maximale d’eau que l’air peut contenir à une température donnée; elle se note HR et s’exprime sous la forme d’un
pourcentage.
En se refroidissant, l’air perd une partie de son contenu en vapeur d’eau. La vapeur d’eau se condense à la surface
des corps ou est absorbée par eux s’ils sont de nature hygroscopique. Si, par exemple, HR est de 50 % à 21° C, il
suffit que la température diminue de 5,5° C pour que HR s’élève à 70 %. Le livre de Plenderleith et Werner21
contient un graphique dont les courbes donnent l’augmentation de l’humidité relative en fonction de la baisse de
température. Sous les climats tropicaux humides, une baisse de température sans réduction de l’humidité relative
peut se traduire par une prolifération exubérante de moisissures; nombre d’institutions en ont fait l’amère expérience
pour avoir tenté d’améliorer l’atmosphère ambiante par l’installation de toute une série de climatiseurs individuels
encastrés dans les fenêtres. Si ce genre d’appareils absorbent effectivement une partie de la vapeur d’eau présente
dans l’air et donne en général de bons résultats dans un environnement tempéré où l’humidité relative ambiante est
naturellement plus faible dans les climats tropicaux où le taux d’humidité relative se situe tout au long de l’année
entre 80 et 90 %, ils ne permettent pas d’éliminer de l’air suffisamment de vapeur d’eau pour empêcher l’air ainsi
refroidi d’atteindre le point de saturation ou point de rosée.
La littérature abonde en recommandations quant aux niveaux d’humidité relative à maintenir pour empêcher le
développement de moisissures. Ces niveaux se situent dans une fourchette allant de 60 % à 45 % et, année après
21
H.J. Plenderleith and A.E.A. Werner. The Conservation of Antiquities and Works of Art, 2nd ed., Londres,
Oxford University Press, 1971, p. 6.
année, les auteurs semblent vouloir baisser les seuils. En 1940, Beckwith avait constaté qu’aucune des moisissures
sur lesquelles portait son expérience ne pouvait se développer lorsque l’humidité relative se situait au-dessous de 75
%, même s’il enrichissait le milieu de culture par un apport supplémentaire de substances nutritives22. Cette
constatation, qui n’est pas à prendre pour parole d’évangile, pourrait néanmoins aider à comprendre pourquoi les
bibliothèques et les musées des régions tropicales (où l’humidité relative descend rarement au-dessous de 60 %, et
moins encore au-dessous de 45 %) ne sont pas en permanence tapissées de moisissures. De toute évidence, le risque
est d’autant moindre que l’humidité relative est plus faible; mais tout porte à penser que l’incidence des moisissures
peut être réduite même lorsque l’humidité atteint des taux nettement plus élevés.
Etant donné que l’humidité relative dépend beaucoup de la température, tous les chiffres sont relatifs et fonction de
nombreuses variables. On l’a vu, il suffit que l’une change pour que l’autre change également de sorte que le plus
difficile est de parvenir à un juste équilibre.
Température
La tentation est souvent grande de chercher à modifier l’environnement uniquement en agissant sur la température,
en partie parce que c’est le facteur auquel les êtres humains sont le plus sensibles. Les températures élevées ont bel et
bien un effet nocif sur les pièces conservées dans les bibliothèques, et les auteurs qui traitent de la question ont
tellement insisté sur le facteur thermique qu’on ne s’est pas assez intéressé à ce qui se passe lorsque l’on abaisse la
température sans tenir compte de l’humidité relative. Presque toujours, quand on s’attaque à des problèmes
d’environnement, l’application de mesures faciles et passe-partout aboutit souvent à ce que le remède devienne à la
longue pire que le mal.
IV. Prévention
Il est incontestablement beaucoup plus facile de prévenir la formation de moisissures dans les bibliothèques dont
l’atmosphère est régulée, mais les frais d’installation et de fonctionnement d’un véritable système de climatisation
sont lourds. Bien que moins onéreuse, la modification des conditions ambiantes n’est pas non plus entièrement
donnée, mais l’entretien des fonds et collections des bibliothèques et des archives compte tout autant que leur
acquisition et leur classement et doit être prévu à leur budget. A défaut de panacée, il existe un certain nombre de
possibilités de modifier le milieu ambiant qui permettent de réduire les risques de détérioration des collections par les
moisissures.
22
Beckwith, p. 331.
23
Thomson, Garry. The Museum Environment, Londres, Butterworths, 1978.
24
Vance, Mary. "Tropical Architecture A Bibliography", Vance Bibliographies Architectural Series # A 738, 1982.
ans. Il n’empêche qu’en unissant leurs efforts, le bibliothécaire et l’architecte peuvent concevoir un bâtiment capable
d’abriter les collections en toute sécurité. Il importe pour cela de tenir compte du type particulier de climat tropical
qui règne dans la région considérée, car les éléments du programme architectural seront, à quelques exceptions près,
différents dans chaque cas.
Situation
Le climat de la région (il a été question de différents types climatiques dans l’introduction) est important quand on
établit le programme architectural concernant un bâtiment neuf comme lorsqu’on cherche les meilleures méthodes à
utiliser pour modifier l’atmosphère dans un édifice existant. On trouvera dans l’ouvrage de Fry et Drew25 des
informations complémentaires sur les différences de climat entre les sites continentaux et insulaires auxquelles on
pourra se référer utilement si l’on doit envisager des modifications d’ambiance dans un bâtiment. Nous nous
contenterons ici de donner quelques indications générales.
Dans les climats de forêt tropicale (Am), où les conditions sont relativement uniformes tout au long de l’année, les
températures rarement très élevées (elles sont d’ordinaire inférieures à 32° C et le vent léger, quand il y en a,
l’essentiel des efforts devrait viser à améliorer la ventilation et à abaisser le taux d’humidité relative.
Dans les climats de mousson (Am), il est passible de mettre à profit les vents généralement plus forts pour améliorer
la ventilation et de consacrer davantage de ressources à la réduction du taux d’humidité relative, en particulier
pendant les mois humides.
Dans les savanes tropicales (As ou Aw), qui comptent trois saisons distinctes, il peut être nécessaire de recourir à des
systèmes plus complexes. Pendant la saison sèche et chaude, la poussière et la saleté posent un problème particulier.
Il faut alors que l’on puisse fermer les locaux pour les protéger de la poussière, tout en maintenant une ventilation
suffisante pour éviter une élévation de la température à l’intérieur. Compte tenu des problèmes qu’entraînent les très
hautes températures, la poussière et la sécheresse, la climatisation peut devenir le meilleur moyen de préserver les
collections. Comme il y a deux saisons sèches et une saison humide relativement brève, le problème des moisissures
ne se pose que pendant une petite partie de l’année ou pas du tout. Il importe de faire le maximum pour empêcher
l’humidité relative de varier trop fortement d’une saison à l’autre. En climat de savane, la ventilation naturelle ne
s’utilise pas comme dans les climats Af et An. Oakley 26 propose un certain nombre de schémas utiles concernant les
possibilités de ventilation naturelle sous les climats As et Aw.
Température
Les murs orientés à l’est et à l’ouest, qui reçoivent le plus fort du soleil du matin et de l’après-midi, doivent être
protégés et isolés, de manière à ce que la chaleur ne se transmette pas à l’intérieur de l’édifice. Le toit, qui est très
exposé au soleil de midi, doit réfléchir la chaleur; il faut en outre que le reste du bâtiment en soit isolé par des
combles ou un espace de ventilation.
Les murs à double paroi constituent un excellent moyen d’isoler les édifices dans les régions tropicales. L’air est un
bon isolant qui empêche la chaleur emmagasinée dans la paroi extérieure de pénétrer à l’intérieur des locaux. Sous
les tropiques, le parpaing creux de ciment est en maints endroits le matériau de construction de base. Bien que d’un
effet en général peu esthétique, il permet d’obtenir une bonne isolation à peu de frais. Les doubles parois véritables
sont plus efficaces, mais elles reviennent beaucoup plus cher. Ces dernières sont également utilisées avec profit sous
les climats tempérés où l’on est amené, compte tenu des températures extrêmes d’hiver et d’été, à prêter un
maximum d’attention au coût de fonctionnement, sur le long terme, d’un système de climatisation générale.
Le brise soleil est une variante du mur à double paroi. Il peut être prévu au stade de la conception du bâtiment ou
bien installé sur la façade de bâtiments existants. Bien qu’il ne soit pas aussi efficace que les murs à double paroi, il
assure une certaine protection en absorbant le rayonnement primaire du soleil. Il réduit également la luminosité à
25
Fry Maxwell et Drew, Jane. Tropical Architecture in the Humid Zone, New York, Reinhold, 1956, p. 34-36.
26
Oakley, David. Tropical Houses; A Guide to their Design, Londres, Batsfor, 1961, p. 119.
l’intérieur des locaux en protégeant les fenêtres, qu’il permet de laisser ouvertes, même en saison humide. Il peut
couvrir toute la longueur ou simplement une partie des murs, ou encore dans certains cas, uniquement les fenêtres,
encore que cette dernière solution soit nettement moins efficace.
Il est possible, pour créer de l’ombre sur les murs exposés, de recourir à un certain nombre d’autres formules, entre
autres, planter le terrain alentour d’arbres et de buissons, prolonger l’avancée du toit, ou installer des auvents. Les
stores intérieurs, rideaux ou persiennes peuvent également réduire la transmission de la chaleur à travers les vitres
des fenêtres. On trouvera dans l’ouvrage de Kukreja27 un tableau de l’efficacité relative de différents dispositifs de
protection du soleil, évaluée en fonction de la réduction du gain total de chaleur que ceux-ci permettent d’obtenir, de
leur aptitude à assurer la ventilation transversale des locaux et du pourcentage de lumière naturelle qu’ils laissent
passer.
Le verre a la propriété non seulement de transmettre, mais aussi d’intensifier la chaleur. Sous les climats tropicaux,
les grandes fenêtres peuvent accroître sensiblement la température intérieure, ce qui n’empêche que beaucoup
d’immeubles en sont dotés pour des raisons esthétiques. Il existe des films plastiques absorbant les ultraviolets et la
chaleur qui remplissent assez bien cet office sans pour autant obscurcir la vue ou réduire par trop la luminosité.
Les grandes hauteurs sous plafond, habituelles dans les immeubles anciens des tropiques, constituent un moyen
efficace d’évacuation de la chaleur intérieure. L’air chaud s’élevant, il peut être évacué des locaux par des
ventilateurs installés dans les plafonds ou sous les combles ou encore par des fenêtres placées directement au-
dessous de l’avancée du toit.
Ventilation
D’une manière générale, sous les climats tropicaux, il convient d’orienter les édifices de manière à tirer parti des
vents dominants et de les aménager de telle sorte que la ventilation transversale y soit partout possible.
Même les locaux conçus pour utiliser la ventilation naturelle exigent des systèmes auxiliaires de ventilation
mécanique pour les périodes durant lesquelles les vents dominants tombent ou changent de direction.
La disposition des fenêtres joue un rôle majeur dans l’établissement d’une bonne aération, une fois l’orientation de
l’édifice déterminée. L’ouvrage de Kukreja28 contient d’excellents schémas de la circulation intérieure de l’air
résultant de différents types de disposition de ces ouvertures. On s’y reportera avec profit lors de l’établissement des
plans ou du réamenagement d’un édifice, mais ils seront aussi utiles pour décider de la disposition des rayonnages et
prévoir les éventuels problèmes qui pourraient se poser. Kukreja note qu’une seule fenêtre est sans effet du point de
vue de la ventilation et qu’en cas de modification, c’est en perçant des ouvertures dans des murs qui se font face pour
assurer une ventilation transversale que l’on obtient les meilleurs résultats. L’agrandissement de la fenêtre
d’évacuation se traduit par une nette accélération de la circulation intérieure de l’air, même si l’on ne touche pas à la
fenêtre d’admission. Il est possible d’autre part, lorsque les ouvertures d’admission et d’évacuation sont étroites,
d’améliorer sensiblement la circulation en en augmentant la hauteur. Il met également en parallèle les taux de
circulation établis pour différents rapports, superficie des ouvertures/surface de planches, démontrant ainsi que la
circulation de l’air est maximale lorsque, dans un volume, les ouvertures des fenêtres représentent 25 % de la surface
de planchers.
Les fenêtres à claire-voie, très répandues sous les tropiques, permettent une excellente ventilation, mais ne protègent
guère contre la pluie et les insectes et il convient de leur associer d’autres dispositifs. Toutes les ouvertures de ce
type doivent être protégées au moyen de moustiquaires de fibre de verre à maille fine parfaitement ajustées dans le
dormant Il est bon d’installer les moustiquaires sur la face intérieure des fenêtres, ce qui en facilite la dépose pour
entretien, en particulier si les parois extérieures sont munies d’un pare-soleil.
Dans les immeubles où les pièces sont hautes, l’installation de ventilateurs au plafond représente un excellent
investissement. Il est possible, en leur associant des ventilateurs sur Pied ou encastrés dans les fenêtres, d’entretenir
une circulation suffisante à relativement peu de frais, même dans les climats Af, où il y a très peu de vent.
27
Kukreja, C.P. Tropical Architecture, New Delhi, Tata McGraw-Hill, 1978, p. 74.
28
Kukreja, p. 96-98.
Outre les modifications qui peuvent être apportées à l’architecture des bâtiments pour réduire les phénomènes de
transmission et de rétention de la chaleur et de l’humidité, il est possible de réaménager les zones de rangement et de
stockage pour le plus grand bien des collections.
Climatisation individuelle
On entend, dans la présente étude, par «climatisation individuelle» l’emploi d’appareils mécaniques individuels pour
rafraîchir et filtrer l’air dans certains espaces d’un bâtiment. Les systèmes de climatisation centrale servant à réguler
l’atmosphère de tout un édifice sortent du cadre de notre travail. Les appareils individuels de climatisation se
répartissent en deux grandes catégories suivant leur principe de fonctionnement le refroidissement par évaporation et
le refroidissement à l’eau réfrigérée.
Le refroidissement par évaporation est le système le plus simple et le moins coûteux, mais il ne convient
généralement pas pour les régions où les températures et les taux d’humidité relative sont élevés toute l’année.
Les appareils de refroidissement à l’eau réfrigérée comportent un dispositif de réfrigération qui abaissent la
température de l’air et un système de chauffage qui le réchauffe peu avant qu’il ne pénètre dans la pièce. Sous les
climats tropicaux humides, ce procédé est d’un d’emploi délicat, car il faut que l’air introduit dans les locaux soit au-
dessus du point de rosée, sans quoi l’humidité relative augmente dans des proportions inacceptables. Il suffit en effet
d’une variation de 0,5° C de la température pour modifier de 3 % le taux d’humidité relative. Les instruments qui
régulent ce processus sont donc d’une extrême importance. Il en existe différentes sortes, au nombre desquels les
dispositifs à thermomètres sec et mouillé du type employé dans les psychromètres et les hygromètres à cheveu,
analogues à ceux qui sont utilisés dans les hygrothermographes29. Le prix d’un appareil à réfrigération peut atteindre
jusqu’à deux fois celui d’un appareil à évaporation et il consomme beaucoup plus d’énergie. On a souvent tendance à
réduire les frais de fonctionnement en arrêtant l’élément chauffant, ce qui entraîne inévitablement de graves
problèmes d’ambiance. Si l’on opte pour un modèle fonctionnant par refroidissement à l’eau réfrigérée, il faut
absolument en respecter le mode d’emploi.
29
Howarth, F. Hugh. "An approach to air-conditioning", Contributions to the London Conference on Museum
Climatology, Thomson Garry (dir. publ.), Londres, International Institute for Conservation, 1968, p. 173-180.
Le type de filtrage choisi et le degré de recyclage souhaitable dépendent très largement des conditions locales. Il est
indispensable, pour que le système fonctionne efficacement et économiquement, de nettoyer ou de changer
régulièrement les filtres. Les systèmes électrostatiques sont à éviter, car ils dégagent de l’ozone, qui peut
endommager les matériaux organiques30.
Il est un autre facteur dont il convient de tenir compte quand on a recours à des climatiseurs. Tout comme l’eau, l’air
introduit dans un local se stabilise à un certain niveau l’air froid qui entre au ras ou au voisinage du sol reste là où il
est, tandis que l’air chaud s’établit plus haut. Il faut donc installer les climatiseurs aussi haut que possible dans les
murs et les fenêtres, de manière à obtenir une circulation maximale dans la zone concernée. Les rayonnages et les
armoires doivent être placés de manière à ne pas entraver la circulation de l’air.
Déshumidification
Sous les climats tropicaux humides, c’est peut-être la déshumidification qui est la meilleure des protections contre les
moisissures. Son seul véritable concurrent est une bonne circulation de l’air, et non la climatisation individuelle.
Comme nous l’avons noté plus haut, cette dernière peut en effet rendre la déshumidification plus nécessaire encore.
Une bibliothèque doit toujours être équipée de déshumidificateurs portatifs, voire parfois d’une installation à
demeure.
Les appareils mécaniques à absorption, qui sont les plus largement répandus, ne sont en général utilisés que dans les
installations fixes de dimensions relativement importantes. Très performants et d’un entretien relativement facile, ils
constituent une solution intéressante pour les institutions qui sont constamment en butte à de graves problèmes
d’humidité. L’un des systèmes décrits par Gates a un débit d’air de 1.500 pieds cubes (42 m3) et extrait jusqu’à 20
livres (9 kg) d’eau à l’heure31. Les systèmes de déshumidification à l’air chaud ne conviennent en général pas aux
climats tropicaux et, sur les trois types existants, sont ceux dont l’usage revient le plus cher.
Les systèmes les plus efficaces et les plus économiques sous les climats chauds sont les appareils agissant par
réfrigération, qui extraient l’humidité de l’air par condensation sur des serpentins réfrigérés. Il en existe des versions
portatives qui fonctionnent suivant le même principe, consomment peu d’énergie et exigent un minimum d’entretien.
La plupart comportent des dispositifs de contrôle très simples et peuvent se régler de manière à maintenir un taux
d’humidité relative donné.
L’un des grands avantages des systèmes de déshumidification tient au fait qu’ils ne nécessitent pas d’importants
réseaux de tuyauteries comme les systèmes de climatisation. D’après Gates, la vapeur d’eau tend à migrer vers le
point de l’atmosphère où la teneur en humidité est la plus faible 32. Il n’est donc pas nécessaire, même lorsque les
appareils sont portatifs, de les déplacer pour déshumidifier convenablement une pièce. Dans les locaux de grandes
dimensions, il convient de prévoir plusieurs appareils.
30
Brommell, N.S. "Conservation of Museum Objects in the Tropics", Conference on Museum Climatology,
Thomson, Garry (dir. publ.), Londres, International Institute for Conservation, 1986, p. 145.
31
Gates, Albert S. et al "Dehumidification", Deterioration of Materials, Greathouse and Wessel, p. 726.
32
Gates, p. 728.
Il est possible, pour réduire l’humidité à l’intérieur d’un classeur fermé, d’utiliser des substances hygroscopiques qui
absorbent l’humidité de l’air. Les deux produits de ce type qui sont les plus faciles à se procurer sont le gel de silice
(disponible en plusieurs qualités), qui est très largement répandu aux Etats-Unis et en Europe, et les pastilles Nikka
(également appelées Kaken Gel), en usage au Japon et en Extrême-Orient. Il est établi que par des taux d’humidité
supérieurs à 60 %, les pastilles Nikka sont plus efficaces que le gel de silice33. Ce dernier contient souvent un réactif
teinté qui vire du bleu au rose au fur et à mesure que le gel s’imprègne d’humidité et indique le moment où celui-ci
parvient à saturation et doit être reconditionné.
Avant usage, la substance hygroscopique doit être portée à 0 % d’humidité relative, ce qui se fait en chauffant le
matériau dans un four. Les pastilles ou cristaux peuvent être reconditionnés et réutilisés à de multiples reprises sans
perdre de leur pouvoir d’absorption. Une fois conditionné, le produit est placé dans les armoires, soit sur des plateaux
déposés dans le bas du meuble, soit dans de petits sacs d’étoffe disposés dans chaque tiroir. Si le produit utilisé ne
contient pas de réactif teinté, ou placera en outre dans l’armoire un hydromètre ou des bandes de papier indicateur
d’humidité pour déterminer le moment où le reconditionnement deviendra nécessaire. Une fois que le taux voulu
d’humidité est atteint et qu’un équilibre s’est établi à l’intérieur de l’armoire, le produit n’a plus besoin d’être
reconditionné aussi fréquemment, sauf si les ouvertures de l’armoire sont fréquentes. Plus grandes sont les quantités
de produit employées, plus longs sont les intervalles entre deux opérations de reconditionnement.
Les articles et études sur la question des microclimats ne manquent pas en rapport surtout avec l’installation des
vitrines d’exposition et l’emballage et le transport des œuvres d’art; cependant, dans la quasi-totalité des cas, ils ont
trait au maintien de conditions climatiques inoffensives dans les armoires fermées et autres lieux fixes. On trouvera
dans le récent ouvrage34 de Stolow des informations sur les dernières techniques dans ce domaine.
33
Cassar, May. "Checklist for the Establishement of a Microclimate", Canadian Conservation Institute, 1984.
34
Stolow, Nathan. Conservation and Exhibitions, Londres, Butterworths, 1987.
35
Haines, John H. et Kohler, Stuart A. "An Evaluation of Orthophenyl phenol as a fungicidal fumigant for Archives
and Libraries", Journal of the American Institute for Conservation, vol. 25, n° 1, printemps 1986, p. 54.
- tous les biocides sont, à des degrés divers, toxiques pour les mammifères36.
Les méthodes chimiques traditionnelles de lutte contre les détériorations d’origine biologique mettent en œuvre l’un
ou l’autre des principes suivants le premier, qui procède par fumigation, vise à entraver les fonctions vitales de
l’organisme; le second, qui consiste à appliquer localement des fongicides sur les objets à traiter, vise à contrecarrer
l’action de l’organisme, c’est-à-dire les réactions chimiques intervenant entre cet organisme et son substrat. Les
composés actuellement utilisés sont relativement peu nombreux. Ils comprennent un certain nombre de dérivés
métalliques, des substances organiques (surtout des phénols) et des composés organo-métalliques37. Certaines
techniques plus sophistiquées comme l’irradiation et l’utilisation de l’ozone font, il est vrai, l’objet d’études et de
travaux d’expérimentation, mais «nous ne devons pas trop compter sur la découverte de biocides inédits pour
résoudre le problème»38. Les irradiations et l’ozone se sont révélées nuisibles dans certains cas.
On notera que le premier mode d’action, qui consiste à entraver les fonctions vitales de l’organisme, n’impose pas
nécessairement l’application d’un traitement chimique. La modification des conditions d’ambiance nécessaires au
développement des moisissures est pour le moins aussi efficace que les méthodes chimiques et à coup sûr bien moins
dangereuse pour le personnel et pour les ouvrages.
Les fongicides
On entend ici par «fongicide», les biocides liquides qui s’appliquent directement sur la surface des objets infectés.
L’opération peut être pratiquée à titre soit préventif soit curatif. La plupart des fongicides conseillés dans les
publications spécialisées se sont révélés incapables d’assurer une protection durable et même nocifs pour les
documents traités. On sait à présent que ceux qui ont effectivement un certain degré de toxicité résiduelle sont
dangereux pour le personnel et les lecteurs qui peuvent être ultérieurement amenés à manipuler les documents. Ces
produits agissent sur l’organisme par inhalation, ingestion ou adsorption par la peau. Il importe de respecter
rigoureusement les précautions d’emploi recommandées en ce qui concerne aussi bien l’application à proprement
parler des biocides que leurs éventuels effets résiduels.
Beckwith, Swanson et Iliams ont établi, lors d’une série complète d’essais sur des biocides utilisés pour le protection
du papier, que 28 fongicides généralement conseillés étaient soit impuissants à tuer les moisissures, soit dangereux
pour le papier. Au nombre de ces produits, figuraient le chlorure mercurique, le chloroforme et le formaldéhyde (15).
Or, ces deux dernières substances ont encore été recommandées en 1971 dans une brochure du British Museum sur
les biocides pour archives et bibliothèques39.
On recommande souvent les cristaux de thymol et d’orthophenylphénol dissous dans l’alcool comme fongicides
topiques. Et de fait, ces deux produits ont jusqu’à ces derniers temps été d’un emploi très répandu pour la
conservation des documents. Mais un coup d’arrêt a été porté à leur utilisation depuis que de récentes études ont
montré qu’ils peuvent attaquer les yeux et les voies respiratoires supérieures. Le plus toxique des deux serait le
thymol, qui affecterait aussi le foie, les reins, le système nerveux central et le système circulatoire40.
Parmi les fongicides recommandés dans les ouvrages spécialisés, seuls l’alcool et l’orthophénylphenol, aux degrés de
concentration courants dans les produits de nettoyage ménagers comme le Lysol, sont indiqués pour les applications
topiques et encore faut-il y recourir avec prudence. Tant qu’on n’en saura pas davantage sur la toxicité de
l’orthophénylphénol, mieux vaut éviter de l’utiliser sous forme de cristaux dissous dans l’alcool. Il convient
d’observer un certain scepticisme à l’égard de tous les conseils donnés dans les publications remontant à plus de
quelques années, dans la mesure où l’on n’a commencé qu’assez récemment à étudier la toxicité de toute une série de
biocides. Les recherches visant à établir avec précision les niveaux d’exposition tolérables se poursuivent encore.
C’est un principe établi de longue date en médecine que l’on doit traiter la maladie et non les symptômes.
L’application de fongicides topiques sur les documents qui présentent des moisissures constitue un exemple typique
de traitement des symptômes et n’attaque pas le mal à sa racine. Les pièces replacées dans les conditions qui ont
36
Baines-Cope, A. "The Choice of biocides for Library and Archival Material", Biodeterioration of Materials,
Walters et Hueck-Van der Plas, dir. publ., p. 392.
37
Van der Kerk, G.J.M. "The Chemical Approach to Biodeterioration Prevention: Retrospects and Prospects",
Biodeterioration of Materials, Walters et Hueck-Van der Plas, dir. publ., p. 3-4.
38
Van der Kerk, p. 10.
39
Baines-Cope, p. 383.
40
Barton, John P. et Wellheiser, Johanna G., dir. pub., An Ounce of Prevention, Ontario, Toronto Area Archives
Group Education Foundation, 1985, p. 63.
occasionné l’apparition des moisissures après avoir été ainsi traitées risquent fort de se retrouver un jour ou l’autre
victime des mêmes symptômes.
L’oxyde d’éthylène
L’oxyde d’éthylène a été mis au point en 1859. Vers la fin des années 20, il était couramment utilisé pour la
fumigation des céréales et son usage s’est largement répandu dans les musées, les bibliothèques et les archives dès
les années 50. L’ouvrage de Ballard et Baer41 contient une excellente étude de l’histoire, de l’emploi, de l’efficacité
et des dangers de cette substance
En 1984, la Occupational Safety and Health Administration (OSHA) a publié une nouvelle norme limitant le taux
d’exposition à l’oxyde d’éthylène à 1 ppm. Sur la base d’observations recueillies sur les animaux et les humains,
l’OSHA a établi que l’oxyde d’éthylène est un agent «cancérigène, mutagène et génotoxique, qui constitue un danger
au niveau de la reproduction et du système neurologique et présente des risques de sensibilisation»42. Un certain
nombre de précautions s’imposent donc lorsque l’on utilise ce gaz méthodes de limitation du taux d’exposition,
équipements de protection pour le personnel, mesure du taux d’exposition, formation à l’utilisation du gaz (une
licence est souvent exigée à cette fin), surveillance médicale, étiquetage, zones protégées, consignes à suivre en cas
d’accident, tenue de registres et autres. Il est impossible aux êtres humains de détecter la présence d’oxyde
d’éthylène sans l’aide d’instruments de mesure, à moins que celui-ci n’atteigne une concentration de 300 ppm, ce qui
est très largement supérieur au seuil fixé par l’OSHA43.
L’oxyde d’éthylène est connu également sous toute une série d’autres noms, au nombre desquels oxyde de
diméthyle, Carboxide, Eposythane-1,2, Oxyfume, Pennagas et Oxirane. Il est extrêmement inflammable et s’utilise
habituellement en concentration de 10 % dans un gaz porteur.
Le bromure de méthyle
Le bromure de méthyle est utilisé le plus souvent en fumigation contre les insectes, en particulier les coléoptères, et
occasionnellement contre les moisissures, bien qu’il ne soit pas particulièrement efficace dans ce dernier cas. C’est
un gaz incolore, transparent et aisément liquéfiable. Son odeur forte, qui rappelle celle du chloroforme, permet de le
détecter facilement. Il est extrêmement toxique, qu’il soit ingéré, inhalé ou absorbé par la peau. Le seuil de tolérance
fixé par l’OSHA est de 5 ppm. Le bromure de méthyle attaque le système nerveux central, les voies respiratoires, la
peau et les yeux. L’empoisonnement par cette substance occasionne l’apparition, en général dans un délai de 30
minutes à six heures, de symptômes aigus qui peuvent prendre la forme de convulsions, suivies par le décès par
asphyxie et/ou arrêt cardiaque. Les séquelles d’empoisonnement sont habituellement localisées sur le système
nerveux central douleurs musculaires, troubles visuels, sensoriels et de la parole ainsi que confusion mentale.
Le bromure de méthyle ne doit en aucun cas être utilisé pour la désinfection des matériaux à base de protéines, car il
en détériore gravement la structure. Le cuir, par exemple, noircit à son contact noir et devient cassant.
Le bromure de méthyle se trouve également sur les marques Brom-0-Gas, Brozone, MeBr, Meth-0-Gas et Terr-0-
Gas.
Le fluorure de sulfuryle
Sous les tropiques, le fluorure de sulfuryle sert le plus souvent à combattre les termites qui attaquent les ossatures et
charpentes des bâtiments. Il a un très fort pouvoir de pénétration, même à la pression normale. Comme le bromure de
méthyle, il est occasionnellement utilisé pour lutter contre les moisissures, bien qu’il ne soit pas réputé pour être
efficace dans ce cas. C’est un gaz inodore, incolore et sans saveur, qui n’est en général vendu qu’aux entreprises de
désinfection agréées. La norme de l’OSHA est de 5 ppm. Le fluorure de sulfuryle n’a pas encore fait l’objet d’essais
très poussés et l’on ignore s’il est cancérigène et facteur de stérilité. Il peut être absorbé par inhalation ou à travers la
peau. Son absorption peut provoquer des symptômes aigus, au nombre desquels des nausées, des vomissements et
des douleurs abdominales, et laisser, entre autres séquelles, une détérioration des os et des dents; on a en outre
observé des atteintes pulmonaires et rénales chez les animaux.
Le fluorure de sulfuryle se trouve le plus souvent sous la marque Vikane.
Le thymol
41
Ballard, Mary W. et Baer, Norbert S. "Ethylene Oxide Fumigation Results and Risk Assessment", Restaurator,
vol. 7, 1986, p. 143-168.
42
OSHA, Federation Register, Occupational Exposure to Ethylene Oxide, Final Standard 29CFR Part 1910 (June
22, 1984), Washington, D.C., Ministère du travail, 1984.
43
McGriffin, Robert F. "A Current Status Report on Fumigation in Museums and Historical Agencies", Technical
Report 4. Nashville, Tenn., American Association for State and Local History, 1985.
Le thymol se présente sous la forme de cristaux blancs qui ont une odeur et un goût aromatiques caractéristiques.
Extrait de l’essence de thym, il peut être utilisé en mélange avec du camphre en cristaux. Son absorption par
ingestion ou inhalation a des effets moyennement toxiques. Les études effectuées à ce jour ont montré que
l’exposition aux vapeurs de thymol peut porter atteinte au système nerveux central et aux voies respiratoires, mais
aucun seuil précis d’exposition n’a encore été établi.
Le thymol est parfois utilisé sous sa forme gazeuse (que l’on obtient en chauffant des cristaux pour provoquer un
dégagement de vapeurs) pour désinfecter par fumigation de petites quantités de pièces. Après le traitement, celles-ci
doivent, pour pouvoir être manipulées sans danger, être aérées, de préférence sous une hotte. Cela supprime toute
protection résiduelle contre les moisissures, mais aussi tout risque pour le personnel et les usagers. Les personnels
ayant à manipuler des pièces immédiatement après leur désinfection ou ayant à travailler dans le voisinage de la
chambre de fumigation, doivent porter des masques agréés de protection contre produits chimiques organiques. Il
convient en outre, pour retirer des pièces d’une chambre de fumigation, de porter des lunettes de protection et des
gants épais en matériau imperméable aux vapeurs.
L’orthophénylphénol
L’orthophénylphénol passe pour légèrement moins toxique que le thymol. D’après l’Index Merk, c’est un «irritant
légèrement toxique» lorsqu’il est inhalé. Il est toutefois moyennement toxique lorsqu’il est ingéré. Sous sa forme
cristalline, il présente une couleur blanche ou crème et est soluble dans l’alcool. Plusieurs sources conseillent
d’utiliser l’orthophénylphénol de préférence au thymol, à chaque fois que ce dernier est recommandé. Relativement
peu d’expériences ont été consacrées à la toxicité de ce produit et aucun seuil d’exposition n’a été fixé.
Au cours de leurs expériences sur l’orthophénylphénol, Haines et Kohler ont établi que celui-ci n’était pas très
efficace comme désinfectant. Pratiquée sur sept champignons différents, la fumigation à l’orthophénylphénol n’a pas
réussi à en stopper complètement le développement, même après 10 jours d’exposition continue dans des conditions
contrôlées44.
VI. Traitement
Le traitement le plus efficace, sauf dans les cas vraiment extrêmes, réside dans la modification de l’environnement et
l’élimination des moisissures qui se sont développées sur l’article infecté. La plupart des attaques de moisissures
peuvent, si l’on intervient rapidement, être stoppées sans qu’il faille utiliser de biocides. On ne devrait avoir recours
à la fumigation que dans les cas tout à fait graves, par exemple lorsqu’à la suite d’un sinistre catastrophique, on a
beaucoup tardé à entreprendre un traitement. Même dans ce cas, qui est l’hypothèse la plus défavorable, on peut se
passer entièrement des désinfectants gazeux pour peu que l’on dispose d’installations permettant de recourir à des
procédés comme la congélation.
Le choix du traitement adéquat nécessite une analyse préalable du problème et de la nature des pièces endommagées.
La méthode à employer variera avec celle-ci; quant à l’intensité du traitement, elle dépendra évidemment de
l’ampleur de l’atteinte.
Nous allons passer en revue quantité de traitements; beaucoup d’entre eux comportent une étape de passage à
l’aspirateur. En effet, l’aspirateur est sans doute l’un des outils les plus précieux pour prévenir et stopper le
développement des moisissures sous les climats tropicaux. L’utilisation d’aspirateurs pour éliminer les moisissures
de la surface des pièces infectées est, selon l’auteur, préférable aux autres traitements actuellement possibles.
L’aspiration ôte de l’article contaminé tous les éléments de la colonie (spores, conidiophores, mycélium) et les
envoie bien proprement dans un sac à jeter. C’est un procédé dépourvu de toxicité qui, correctement utilisé, ne porte
atteinte ni aux propriétés mécaniques ni à la composition chimique de l’article traité. On trouve partout des
aspirateurs et leur utilisation est économique. Lors même qu’on manque d’électricité, on peut les faire fonctionner
sur piles. Le principal inconvénient du passage à l’aspirateur c’est qu’il oblige à manipuler les livres un par un, ce
qui exige beaucoup de main-d’œuvre.
Le matériel nécessaire pour éliminer les moisissures selon les méthodes recommandées par l’auteur de la présente
étude est tout à fait élémentaire; il doit être facile de se le procurer dans la plupart des régions.
Le présent chapitre décrit la façon de traiter les attaques de moisissures selon qu’elles sont faibles, moyennes ou
importantes et fournit des suggestions pour traiter aussi bien des catégories spécifiques d’objets livres, papiers non
44
Haines and Kohler, p. 49-55.
reliés ou documents photographiques - que la totalité de la zone atteinte. Le lecteur aura intérêt à compléter ces
informations en consultant les ouvrages cités en référence à propos des méthodes d’intervention en cas de sinistre de
grande ampleur.
Attaques de faible envergure - taux d’humidité relative élevé dans un secteur circonscrit
Par attaque de faible envergure, nous entendons ici l’apparition de moisissures sur quelques centaines d’articles tout
au plus. En pareil cas, les moisissures n’affectent que certains articles ou une zone déterminée du bâtiment, les pièces
à traiter ne sont pas mouillées; le développement des moisissures résulte de changements survenus dans
l’environnement (il s’agit en général d’une augmentation de l’humidité relative dans l’atmosphère ambiante).
Le traitement des objets infectés et la modification de l’environnement doivent être entrepris dès la détection des
moisissures. Tout retard, fût-il de quelques jours, risque de transformer une atteinte mineure, portant sur quelques
centaines d’articles seulement en attaque de moyenne envergure portant sur quelques milliers d’articles.
Documents mouillés
Les méthodes à suivre pour le sauvetage en masse de documents mouillés ont été décrites dans le détail dans de
nombreuses publications. Deux ouvrages sont spécialement recommandés Procedures for Salvage of Water-
Damaged Materials45 et An Ounce of Prevention46. Il y a intérêt à suivre les conseils qu’ils donnent pour la
manipulation et le traitement des articles mouillés. Les recommandations qui suivent ont trait aux moyens d’éviter le
développement de moisissures durant la phase de traitement et de séchage des articles mouillés au cours d’une
inondation circonscrite.
Une telle inondation peut être consécutive à l’éclatement d’une conduite d’eau, à des fuites à travers les plafonds, les
murs ou les fenêtres, l’engorgement de tuyaux d’évacuation ou à une inondation dans les sous-sols du bâtiment. Si
l’eau en question provient d’une rivière ou d’un tuyau d’évacuation, il y a lieu de prendre des précautions pour
protéger les personnels chargés des opérations de sauvetage contre les risques d’infection et de maladie.
45
Peter Water. Procedures for the Salvage of Water-Damaged Library Materials. 2e édition. Washington, Library of
Congress, 1979.
46
John P. Barton and Johanna G. Wellheiser, eds. An Ounce of Prevention. Ontario, Toronto Area Archivists
Group Education Foundation, 1985.
Priorités et préparation
Il faut décider à l’avance quelles parties des collections doivent être sauvées en priorité. Il est conseillé de sacrifier
les pièces remplaçables afin de pouvoir s’occuper de celles qui sont irremplaçables. Sont généralement considérés
comme prioritaires les manuscrits inédits, les articles ayant une valeur historique ou marchande appréciable et les
documents présentant un intérêt particulier pour la localité ou la région. Les périodiques récents, les ouvrages
détenus par nombre d’autres établissements et les collections d’intérêt marginal par rapport à la mission de
l’institution peuvent être considérés comme soit remplaçables soit non indispensables. L’expérience a montré que les
décisions de ce type ne sauraient être prises au moment du sinistre, lorsque personnel et direction sont catastrophés.
Un plan d’intervention en cas de sinistre exposant de façon détaillée le degré de priorité assigné aux différentes
parties des collections permet de sauvegarder les ouvrages ou articles les plus importants, y compris dans les pires
circonstances.
Congélation
En cas de sinistre majeur, le séchage à l’air peut n’être pas réalisable pour toutes les pièces atteintes, faute de temps,
d’espace et de personnel. La congélation fournit la meilleure protection pour les articles mouillés qui ne peuvent pas
être mis à sécher dans des délais raisonnables. Les livres et papiers peuvent rester congelés pendant des mois, si cela
est nécessaire, en attendant que des décisions soient prises au sujet des modalités de séchage et de traitement. S’ils
ont été emballés un à un, le rythme de décongélation et de séchage à l’air sera fonction des disponibilités en
personnel et en locaux. Des conteneurs réfrigérés comme en utilisent les transporteurs internationaux peuvent être
amenés sur place et alimentés par des générateurs extérieurs aussi longtemps que cela sera nécessaire. L’utilisation
d’entrepôts frigorifiques locaux est également une possibilité, à condition toutefois que les règlements sanitaires
n’interdisent pas d’utiliser à cet effet des locaux ordinairement affectés au stockage de produits alimentaires.
Séchage
On ne dispose actuellement que de trois méthodes ayant fait leurs preuves pour sécher de grandes quantités de
documents mouillés le séchage à l’air, la lyophilisation et le séchage par le vide. Chacune présente des avantages et
des inconvénients; d’ordinaire, il faut associer les trois méthodes pour régler le grave problème des suites d’un
sinistre important. Des expériences de séchage par micro-ondes ou par d’autres méthodes non traditionnelles ont
abouti à des résultats qui sont tout sauf satisfaisants, des dégâts supplémentaires ayant souvent été infligés aux livres
et papiers traités.
Le séchage à l’air est manifestement efficace, à condition que l’on dispose d’un espace suffisant, d’un
environnement adéquat et du personnel nécessaire, mais c’est un procédé relativement lent et qui demande beaucoup
de main-d’œuvre. Les ouvrages humides doivent faire l’objet d’une surveillance et de soins constants si l’on veut
qu’ils sèchent complètement et dans les meilleurs délais. L’humidité relative de l’air ambiant doit être inférieure à
celle des pièces traitées et la circulation de l’air suffisante pour permettre un séchage efficace. Lorsque le séchage à
l’air est possible, il est recommandé de l’appliquer aux pièces à traiter en toute première priorité. Il n’est
généralement pas possible de sécher à l’air la totalité des articles touchés par un sinistre majeur de sorte qu’il faut
parfois congeler l’essentiel des documents mouillés en attendant de pouvoir s’occuper d’eux.
La lyophilisation est une méthode coûteuse qui requiert un matériel spécial. Toutefois, elle présente l’avantage
d’éliminer l’eau des objets qui avaient été préalablement congelés sans qu’il faille les décongeler, atténuant ainsi les
déformations et le risque de développement de moisissures. Par sublimation, l’eau passe directement de l’état solide
à l’état gazeux et est évaporée par la vide. Cette méthode est la plus efficace pour sécher de grandes quantités de
livres et papiers mouillés. Lorsque des bibliothécaires ou des archivistes établissent leurs plans d’intervention en cas
de sinistre, ils ont intérêt à vérifier l’existence à proximité d’installations utilisables pour la lyophilisation et à
s’entendre, si faire se peut, avec la société ou l’organisme compétent pour pouvoir les utiliser en cas de besoin.
Comme les installations de lyophilisation dépendent généralement d’une usine de transformation de denrées
alimentaires, il se peut qu’il faille demander une autorisation spéciale au Ministère de la santé pour pouvoir les
utiliser.
Le séchage sous vide élimine l’eau à l’état liquide et décongèle partiellement les objets préalablement congelés. Le
procédé consiste à envoyer par pompage de l’air sec et chaud dans une chambre à vide, le vide faisant évaporer l’eau.
Ce procédé, considérablement plus lent que la lyophilisation, comporte en outre quelque risque de développement de
moisissures sans compter qu’il expose à d’autres dégâts les matériaux solubles dans l’eau. Le séchage sous vide
provoque également des déformations beaucoup plus sérieuses que la lyophilisation.
CRCDG: http://www.crcdg.culture.fr/culture/conservation/fr/laborato/crcdg/fr/index_01.html
Les micro-ondes
La destruction des organismes par les micro-ondes est due à un effet thermique étroitement dépendant de la présence
d’eau. La molécule d’eau s’oriente comme une boussole dans le champ électrique de l’onde et présente un effet de
relaxation diélectrique qui provoque une élévation de température dans le matériau irradié. Par ailleurs, le traitement
par micro-ondes permet l’échauffement sélectif des molécules d’eau peu liées à l’intérieur des matériaux: cela
favorise l’évaporation de l’eau sans que l’on soit obligé de chauffer le substrat. Cette propriété des micro-ondes a été
exploitée pour le séchage des documents.
Les irradiations ont été réalisées avec un sécheur micro-ondes de type Pulsar de la société Micro-ondes Énergie
Systèmes (MES). Cet appareil est constitué de 2 applicateurs fendus dans le sens de la longueur sur une hauteur de 5
cm, et d’une charge en eau qui se trouve à l’extrémité de chaque applicateur, pour l’absorption de l’énergie résiduelle
non utilisée par le matériau traité. Pour chaque applicateur, la puissance est réglable de 0 à 800 W. Les échantillons
traversent les applicateurs en un mouvement de va-et-vient, sur un tapis convoyeur dont la vitesse de défilement est
réglable en continu de 0,75 à 4,5 m/min. Le temps d’exposition des échantillons est ainsi fonction de la vitesse de
défilement du tapis. Dans le but de déterminer les conditions fongicides les plus efficaces, nous avons fait varier les
paramètres suivants: la puissance (100-800 W), la vitesse du tapis convoyeur (0,7-3 m/min) et le nombre de passages
sous les applicateurs (2-26).
Les expériences ont montré que quelles que soient les conditions, l’irradiation de papiers moisis secs n’a aucun effet
sur la viabilité des spores. Mais lorsque l’irradiation se fait en présence d’eau, elle produit un effet qui va du retard
de germination à la destruction totale des spores.
Les meilleurs résultats sont obtenus en insérant les papiers moisis entre deux buvards légèrement humidifiés. Toutes
les espèces sont alors détruites en faisant passer les papiers moisis 10 fois sous les applicateurs, à une puissance de
600 W et une vitesse du tapis égale à 1,5 m/min.
Ces conditions sont parfaitement adaptées à la désinfection de documents de format A4 maximum et de moins de
cinq feuilles. Au delà, il faut insérer des buvard humides supplémentaires toutes les cinq feuilles. Par ailleurs, la
distance qui sépare les deux applicateurs ne permet pas de désinfecter de liasses dont l’épaisseur soit supérieure à 2
cm.
Ces conditions de désinfection sont tout à fait compatibles avec le papier. Les analyses physico-chimiques effectuées
sur différent types de papiers, avant et après vieillissement artificiel, n’ont révélé aucun effet négatif des micro-
ondes.
modifications morphologiques qui peuvent être de différentes sortes: gonflement, rétrécissement, distorsion, lyse et
éclatement.
La nature du support est également à prendre en compte: les produits étudiés semblent plus efficaces quand ils sont
mis sur du papier plutôt que sur des feuilles d’aluminium ou dans une cupule en verre. Par ailleurs, l’épaisseur et la
dimension du disque de papier n’ont aucune influence sur l’efficacité du traitement.
L’influence du temps d’exposition a été également étudiée sur quelques souches exposées à la citronnelle (250 ppm),
pendant 3 à 10 jours. L’huile est ensuite enlevée et les souches sont remises en incubation pendant 26 jours. Les
résultats varient suivant les souches. Ainsi 28 % des spores de P. frequentans exposées pendant 3 jours re- germent
avec 10 jours de retard. Si l’exposition est de 7 jours, il ne reste plus que 3 % de ces spores qui se développent avec
un retard de 24 jours. Quant à F. solani, après 10 jours d’exposition, 7 % des spores se développent même en
présence de l’huile. Il est donc important de trouver un temps de contact minimum qui serait efficace sur toutes les
souches.
À partir de l’ensemble des résultats, l’efficacité des produits testés peut être classée de la manière suivante:
Produits de synthèse: linalol > citronellal > eugénol > thujone > cinéol.
Huiles essentielles: chénopode > citronnelle > bay saint-thomas > thym > eucalyptus radiata > armoise > sauge >
lavandin > carotte > eucalyptus globolus > romarin > thuya.
Les produits qui se sont révélés les plus efficaces sont le linalol, le chénopode et la citronnelle. Leur pouvoir
fongicide se situe entre 400-500 mL/m3 alors que leur action fongistatique est obtenue à moins de 300 mL/m3.
Compte tenu de l’importance de ces concentrations, il serait indispensable d’effectuer des études complémentaires
concernant en particulier le mode de diffusion des huiles afin d’essayer de diminuer la quantité de produit à utiliser.
Préface
Afin de mieux répondre aux besoins des Etats membres, et plus particulièrement des pays en développement, dans ce
domaine spécialisé qu’est la gestion des documents et l’administration des archives, la Division du Programme
général d’information de l’UNESCO a mis au point un programme à long terme, le Programme de gestion des
documents et des archives (Records and Archives Management Programme, RAMP).
Les grands éléments du programme RAMP correspondent aux thèmes généraux du Programme général
d’information et contribuent à sa réalisation. Aussi le RAMP comporte-t-il des projets, études et autres activités
visant à:
- élaborer des normes, règles, méthodes et autres instruments normatifs pour le traitement et le transfert de
l’information spécialisée et la création de systèmes d’information compatibles;
- permettre aux pays en développement de créer leurs propres bases de données et d’accéder à celles qui existent déjà
de par le monde de façon à intensifier l’échange et la circulation de l’information par la mise en œuvre des
technologies modernes;
- promouvoir la mise en place de réseaux régionaux spécialisés d’information;
- contribuer au développement harmonieux de services et systèmes internationaux d’information compatibles;
- créer des systèmes nationaux d’information et améliorer les divers éléments de ces systèmes;
- formuler des politiques et des plans de développement dans ce domaine;
- former les spécialistes et les utilisateurs de l’information et développer le potentiel national et régional d’éducation
et de formation en sciences de l’information, en bibliothéconomie et en archivistique.
Cette étude a été réalisée au titre d’un contrat avec le Bureau international de l’IFLA pour la conservation
(Bibliothèque du Congrès) par Thomas A. Parker, docteur ès sciences, de la société Pest Control Services, Inc. Elle
traite des problèmes posés par la présence de micro-organismes, d’insectes et de rongeurs dans les bibliothèques et
les institutions d’archives, des habitudes et cycles de vie de ces agents destructeurs, des méthodes de reconnaissance
des dégâts qu’ils causent et de la meilleure façon d’organiser la lutte contre `eux dans les bibliothèques et les
archives.
Une partie de l’ouvrage est spécifiquement consacrée à la mise en œuvre d’une stratégie intégrée pour maîtriser ce
type de problèmes dans les bibliothèques, archives et lieux abritant des collections documentaires, ainsi qu’à la
supervision d’un tel programme. L’ouvrage se termine par quelques observations sur les coûts et avantages en jeu.
Le texte est complété par de nombreuses illustrations dont la liste, jointe à une bibliographie, clôt cette importante
étude.
Toute observation ou suggestion concernant cette étude sera la bienvenue, et doit être adressée à la Division du
Programme général d’information, UNESCO, 7 place de Fontenoy 75352 Paris 07 SP, France. On pourra se procurer
à la même adresse d’autres études réalisées dans le cadre du RAMP.
Introduction
Objet de l’étude
La présente étude a été rédigée pour National Preservation Program Office de la Biliothèque du Congrès,
Washington DC, au titre d’un contrat passé avec la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et
des bibliothèques (IFLA, La Haye, Pays-Bas) et sous le parrainage de l’Organisation des Nations Unies pour
l’éducation, la science et la culture (UNESCO, Paris, France). Son objet est d’apporter de nécessaires
éclaircissements sur les problèmes posés par les rongeurs, insectes et micro-organismes qui s’attaquent aux fonds des
bibliothèques et archives. Il y sera traité des principaux agents de détérioration biologique présents dans ces
institutions, des dégâts qu’ils causent aux collections et des techniques de prévention et de défense à leur opposer,
ainsi que de la mise au point et du lancement d’un programme intégré de lutte contre ces agents destructeurs dans les
locaux abritant des livres et des documents d’archives.
Problématique
Plusieurs raisons portent les bibliothécaires et les archivistes à s’inquiéter de la présence d’insectes, de moisissures et
autres agents de détérioration biologique parmi les ouvrages et documents qu’ils ont en garde. La première est qu’ils
ont le devoir d’assurer la sauvegarde de ces fonds pour que l’humanité puisse continuer à les consulter. Or, les
insectes et les moisissures peuvent réduire un imprimé en poussière, faire disparaître des pages et des pages sous les
taches et auréoles et détruire reliures, couvertures et documents précieux.
Leur deuxième sujet de préoccupation est la perte financière qu’entraînent les insectes et moisissures. Les attaques
d’insectes peuvent prendre une intensité telle que l’atelier de restauration ne suffit pas à remédier aux ravages
commis par exemple par les larves de coléoptères qui se nourrissent de la colle et des autres constituants des reliures.
Les moisissures peuvent occasionner en très peu de temps des dommages très coûteux lorsqu’une rupture de
canalisation entraîne une inondation, qu’un incendie s’assortit d’importants dégâts des eaux, qu’une panne du
système de climatisation engendre une forte humidité ou qu’une inondation d’origine naturelle crée des conditions
favorables à leur prolifération. Ces dégâts sont coûteux parce qu’il faut non seulement remplacer les ouvrages et
documents abîmés mais aussi sauver, traiter et restaurer les fonds attaqués par les moisissures à la suite de sinistres
de ce genre.
La répulsion instinctive du personnel et du public à l’idée que des «bêtes» puissent les côtoyer dans les locaux est
une troisième raison de s’en préoccuper. Les souris, les blattes et autres insectes suscitent crainte et angoisse chez de
nombreuses personnes. Les gens ne veulent tout simplement pas travailler ni se rendre dans des lieux où ils pullulent.
Dans de nombreuses régions du monde, l’être humain n’admet plus leur présence.
Enfin, dernière considération entrant en ligne de compte: le respect de la réglementation applicable en matière de
santé et d’hygiène. Si certains organismes nuisibles ne menacent que les collections des bibliothèques, d’autres
peuvent être un risque pour la santé publique. Les infestations de rongeurs et de blattes préoccupent en particulier les
autorités parce que ces animaux peuvent transmettre des maladies à l’homme.
Les risques
Les organismes nuisibles ne font pas qu’endommager les collections et les bâtiments qui les abritent; ils peuvent
également être très nocifs pour les êtres humains. Partout où ceux-ci sont exposés à la présence de rongeurs, insectes
ou moisissures, il existe un risque qu’ils soient mordus ou piqués, amenés à toucher excréments et urines, contaminés
par des agents infectieux, voient leurs aliments polluer et souffrent de réactions allergiques. En outre, les
ectoparasites des rongeurs peuvent piquer l’homme et lui transmettre des maladies. L’entomophobie ou crainte des
insectes peut également être un sujet de préoccupation, s’agissant du personnel et du public.
Les fèces et l’urine déposés par les rats et les souris dans des lieux où ils risquent d’être touchés par des êtres
humains ou de contaminer la nourriture et l’eau qu’ils consomment peuvent transmettre diverses sortes d’agents
infectieux. Différents organismes cryptogamiques se développent dans des environnements contaminés par la fiente
de pigeon et de sansonnet et l’on sait que leurs spores transportées par le vent provoquent chaque année des
infections chez plusieurs centaines de personnes (Fraser et al., 1979). L’envahissement des êtres humains par les
puces qui accompagne l’invasion d’un lieu par des rongeurs, celle des bâtiments par les blattes et celle des
collections par les poux du livre sont la cause de malaises physiques, de gènes, de phobies et de risques de maladies.
Les poils très fins des larves de certaines espèces de dermestidés entraînent des réactions allergiques chez l’homme
(Okumura, 1967). Et selon Richard Brenner, du Laboratoire de recherches sur les insectes nuisibles à l’homme et aux
animaux du Ministère de l’agriculture des Etats-Unis, situé à Gainesville en Floride, «On sait que 8 à 25 % de la
population totale et 70 % des asthmatiques sont allergiques aux blattes…»
Mettre en œuvre un programme de lutte efficace et sans danger: responsabilités incombant aux
directions d’institutions
Les directions d’institutions doivent savoir qu’il n’existe aucune solution simple qui permette de prévenir et de
combattre au mieux les méfaits des agents de détérioration biologique dans les bibliothèques et les archives, avec un
minimum de risques pour les collections, pour le personnel et pour le public. Il faut faire appel simultanément à
plusieurs techniques si l’on veut mettre en place un programme de lutte dont l’efficacité soit maximale. L’expression
«lutte intégrée contre les agents de détérioration biologique» entend exprimer l’idée qu’aucun programme de lutte
contre ces agents ne saurait parvenir au résultat souhaité sans s’appuyer sur plusieurs approches conjuguées. Les
directions d’institutions doivent donc tabler sur ce type de stratégie si elles visent à la fois l’efficacité et la sécurité.
Les bibliothèques et archives où sont stockés, consultés et exposés des livres, des imprimés, des manuscrits, des
cartes, des estampes, des photographies et autres documents divers ne sont pas sans point commun avec les
entreprôts agricoles où sont emmagasinées pour de longues périodes d’énormes quantités de denrées alimentaires.
Une bibliothèque où abondent les amidons, la cellulose et les protéines est le lieu de tous les festins pour les insectes,
les rongeurs et les micro-organismes. C’est aussi un endroit qui regorge de caches tranquilles où nidifier pour
d’autres insectes et animaux nuisibles qui ne se nourrissent pas directement des collections. C’est un milieu clos où
les aliments sont stockés à l’abri des rigueurs climatiques extrêmes et où les populations d’organismes nuisibles
particulières à ce micro-environnement sont aptes à proliférer de façon exponentielle et à commettre de véritables
ravages si les moyens de la lutte intégrée ne sont pas pleinement mis en œuvre pour les en empêcher.
Mieux vaut n’utiliser les produits chimiques comme moyen de lutte qu’en dernier ressort. L’emploi des pesticides est
réglementé et il s’y attache des dangers pour les utilisateurs et une responsabilité juridique pour la direction que
celle-ci ne doit pas ignorer. Si des êtres humains sont exposés à l’action de pesticides pendant des durées plus ou
moins longues, la direction court elle-même le risque d’être poursuivie en justice pour avoir provoqué des
pathologies réelles ou ressenties comme telles.
Il lui incombe donc de concevoir un bon programme de lutte intégrée qui comprenne les cinq actions clés suivantes
(Baur, 1984):
1. mettre en place pour l’établissement un programme ou un système d’inspection ou de surveillance permettant
d’être rapidement averti d’un problème éventuel;
2. déterminer l’étendue et la nature de tout problème éventuel, autrement dit identifier l’espèce animale ou le micro-
organisme en cause, sa population et les lieux où elle est présente;
3. concevoir un plan de lutte intégrée contre les agents de détérioration biologique afin de prévenir, maîtriser ou
éliminer le problème;
4. veiller à la mise en œuvre du plan conçu et être prêt à le modifier comme il convient;
5. assurer un suivi des actions.
Figure 1 - Le poisson d’argent, Lepisma saccharina L., est l’un des bibliophages les plus répandus (d’après
Kingsolver and Pest Control in Museums).
Le poisson d’argent ou lépisme (fig. 1) est l’un des insectes ravageurs les plus courants dans les bibliothèques et les
édifices en général. Il se nourrit de préférence de produits riches en hydrates de carbone (amidon) et en protéines. Il
recherche plus particulièrement les matériaux comme le papier, les produits d’encollage, les gravures, la colle, le
papier peint et le placoplâtre. Il lui arrive aussi de se nourrir d’étoffes à base de fibres végétales comme le lin, la
rayonne, le fil d’Ecosse et le coton, et en particulier de lin et de coton amidonnés. Il envahit parfois la farine et autres
produits à base de céréales.
L’un des plus primitifs de tous les insectes, le poisson d’argent, a une croissance sans métamorphose. 11 est long et
mince, en forme de carotte, avec un renflement du côté de la tête et l’arrière du corps qui va en s’amincissant.
Superficiellement, il a l’aspect d’un poisson, d’où son nom. Il possède des pattes courtes, de longues antennes et des
appendices en forme de queue à l’arrière corps. Il n’a pas d’ailes et son corps est généralement recouvert d’écailles.
Certains sont argentés, d’autres tachetés avec alternance de zones sombres et claires. Les jeunes ressemblent aux
adultes, taille mise à part. Ce sont des insectes qui peuvent vivre plusieurs années. Contrairement aux autres insectes,
le poisson d’argent continue de muer et de grandir à l’âge adulte. Il se cache ordinairement dans des endroits
sombres et fuit le contact direct avec la lumière du soleil. C’est pourquoi, dans les lieux habités, il n’est en général
actif que la nuit.
Le poisson d’argent peut explorer de vastes domaines en quête de nourriture, mais une fois qu’il a trouvé une source
à sa convenance, il demeure à proximité. Il s’attaque au papier, surtout au papier glacé. Il est friand des matériaux
d’encollage employés dans la fabrication du papier, qui peuvent contenir de l’amidon, de la destrine, de la caséine,
de la gomme et de la colle (Mallis, 1982). Il recherche les papiers peints et la colle qui les tient. Lorsqu’il s’y attaque
en grand nombre, le papier se décolle et peut présenter des zones plus minces. Ce sont souvent la colle, les produits
d’encollage et les encres qui attirent les poissons d’argent. Certains affectionnent le papier pelure et la cellophane,
négligeant le papier journal, le carton, imprimé ou non, et le papier d’emballage. Les papiers à base de pâte chimique
uniquement risquent davantage d’être attaqués que ceux qui comportent une partie de pâte mécanique. Les papiers à
pâte chimique très raffinée sont fréquemment la proie des poissons d’argent.
Parmi les nombreuses espèces de poissons d’argent existant dans le monde, 13 ont été identifiées aux Etats-Unis.
Certains préfèrent les endroits frais et humides, d’autres les endroits humides mais chauds. Ils déposent leurs œufs un
par un ou par deux ou trois. La ponte peut durer des jours, voire des semaines. Les œufs des espèces qui recherchent
les endroits frais et humides incubent 45 jours environ avant d’éclore. Le jeune poisson d’argent atteint l’âge de la
reproduction en trois ou quatre mois. Les températures de 22°C et plus favorisent le développement de ce type de
lépisme, mais à partir de 37°C les nymphes sont détruites. Les températures les plus propices à toutes ces variétés de
poissons d’argent se situent entre 22° et 27°C, avec une humidité relative de 75 à 97 %. Certains peuvent, quand ces
conditions sont réunies, vivre jusqu’à trois ans et demi.
Figure 2 - La thermobie ressemble au poisson d’argent, mais elle affectionne les lieux clos, chauds et humides
(d’après Illinois Natural History Survey).
La thermobie (fig. 2) aime les températures beaucoup plus élevées: l’idéal pour elle se situe entre 32° et 40°C. On la
trouve généralement à l’intérieur ou aux alentours des fours, des fournils, des chaufferies et autres lieux très chauds.
Les thermobies et autres insectes apparentés sont lucifuges et détalent dès qu’on allume la lumière. Comme les
poissons d’argent, elles se réfugient dans les fentes et interstices pendant la journée.
Les thermobies ont un développement rapide; il leur suffit d’une période d’un mois et demi à quatre mois et demi
pour atteindre l’âge adulte. Elles déposent leurs œufs par paquets dans des fentes. Lorsque les conditions optimales
sont réunies, l’incubation dure douze ou treize jours. La thermobie peut passer par 45 à 60 stades de croissance au
cours de son existence (Sweetman, 1938). Les appendices abîmés repoussent toujours. Il est difficile de voir la
différence entre l’insecte adulte et l’insecte jeune. Les nymphes ne résistent pas au gel.Dans les climats tempérés, les
poissons d’argent ont tendance à migrer verticalement avec les saisons. Pendant les chaleurs estivales, ils descendent
dans les profondeurs des édifices à la recherche de la fraîcheur et de l’humidité et ils remontent vers les combles et
les étages supérieurs en automne et en hiver. Chauffer les espaces d’habitation d’un immeuble en hiver, ce qui a pour
effet de les assécher, contribue à réduire les populations de poissons d’argent. En outre, la chaleur élimine des parois
de plâtre et de placoplâtre les moisissures microspiques dont ils se nourrissent. Dans les sous-sols humides et, d’une
manière générale, dans les édifices en béton, le problème des poissons d’argent se pose été comme hiver.Il est
impossible de ne pas introduire de poissons d’argent dans une bibliothèque, dans la mesure où ils sont très fréquents
dans les usines de fabrication de carton et de placoplâtre et où ils recherchent les creux du carton ondulé employé
dans les emballages pour y pondre. Si le poisson d’argent adulte ne se nourrit pas à proprement parler de carton, il est
friand de la colle qui tient les boîtes. Il est clair que toute entrée de nouvelle boîte de carton dans une bibliothèque
s’accompagne nécessairement de l’arrivée d’un lot supplémentaire de poissons d’argent et d’œufs, dont l’éclosion va
donner de nouveaux individus qui peuvent, suivant les conditions dans lesquelles est entreposée la boîte, se répandre
largement en quête de nourriture.
Figure 3 - Le lasioderme du tabac, Lasioderma serricorne (F.) tient sa tête repliée vers le bas; de ce fait la tête forme
un angle droit avec l’axe du corps (d’après Kurtz et Harris).
Figure 4 - La larve (ver) du lasioderme du tabac creuse par sa mastication des galeries qui s’emplissent d’une poudre
faite des matières organiques excrétées (frass) à mesure qu’elle évolue vers l’état d’adulte (d’après Peterson).
Les œufs sont déposés à proximité de la surface de la reliure ou sur les bords des feuilles et éclosent en l’espace de 5
à 6 jours. Les jeunes larves pénètrent dans le livre et creusent des galeries tout le long du dos de la reliure ou à
l’intérieur des plats. Une fois que la larve a atteint son plein développement, elle se rapproche avant la nymphose de
la surface extérieure. Elle creuse alors une loge nymphale où elle s’installe pour la métamorphose. Le coléoptère
adulte sort de cette loge en se frayant un petit trou vers l’extérieur. Il faut environ deux mois pour que le cycle de vie
s’accomplisse, du stade de l’œuf à celui de l’insecte adulte. Il n’est pas rare, notamment sous les tropiques, de
compter quatre générations par an quand ce n’est pas davantage.
Alors que la larve du lasioderme du tabac attaque plutôt le dos de la reliure et la colle forte qui tient ensemble le
corps d’ouvrage, celle de la vrillette du pain creuse souvent des galeries qui traversent les pages du livre ou en
sortent par les plats et le dos de la reliure. Ce mode d’infestation peut s’observer dans les bibliothèques aux magasins
humides. La présence de ces insectes constitue un danger pour les livres et exige une intervention rapide. Il ne faut
traiter que les livres sur lesquels on décèle de petits orifices ronds accompagnés de traces de poudre répandue sur les
livres et les rayonnages. Les petits trous ronds et noirs qui s’observent sur les livres anciens, en particulier sur les
livres antérieurs au XIXe siècle, et auprès desquels on ne trouve pas de poudre ne signalent pas d’activité d’insectes
et n’appellent aucune intervention.
Figure 5 - La vrillette du pain, Stegobium paniceum (L.), est une autre espèce d’insecte dont la larve et l’adulte
endommagent les livres (d’après Kurtz et Harris).
La vrillette du pain ne pond que sur les livres. L’état larvaire dure de quatre à cinq mois (fig. 6).
Figure 6 - La larve de la vrillette du pain creuse des galeries à travers les reliures, les plats et les corps d’ouvrages
(d’après Peterson).
Il faut en général sept mois pour que s’accomplisse le cycle biologique, c’est-à-dire que l’insecte passe du stade
d’œuf à celui d’adulte, en climat tempéré. Dans les climats plus chauds, on compte jusqu’à quatre générations par an.
couché) et une charge chimique, les dégâts se bornent en règle générale aux reliures. Dans certains cas, les larves ont
un comportement cannibale, ce qui peut expliquer que l’on trouve très peu d’individus à l’intérieur des livres, malgré
l’ampleur des dégâts subis. D’abord les adultes pondent près des plats; ensuite, les larves mangent la colle à relier
puis la reliure elle-même: c’est l’infestation.
Ptinus fur
En 1776, Linné signale que cette espèce cause de sérieux dégâts dans les bibliothèques. En 1934, on a trouvé des
individus de cette espèce associés à des vrillettes du pain (Stegobium paniceum) dans une grande bibliothèque de
l’est des Etats-Unis. C’est une espèce cosmopolite que l’on trouve dans les réserves, les caves des maisons, les
musées, et les entrepôts où elle se nourrit de matières végétales et animales dont la farine, les graines de coton, la
laine, la fourrure, les vêtements, les racines, et les plantes sèches (Weiss et Carruthers, 1936). L’adulte (fig. 7) est
d’un brun rougeâtre et présente une villosité de couleur chocolat. Chez la femelle, les élytres se signalent par deux
taches composées de soies claires. La larve est semblable d’aspect à celle de la vrillette du pain. Le cycle de vie, les
activités et les dégâts occasionnés aux livres sont comparables. Ptinus clavifes, un coléoptère marron (fig. 8), signalé
dans trois parties du monde, passe pour préférer les livres reliés en cuir et en basane. En règle générale, ses galeries
s’observent à l’intérieur du cuir qui recouvre le dos des reliures.
Figure 7 - Ptinus fur (L.) est lui aussi bibliophage, les larves de ce coléoptère creusent des galeries à travers les
livres (d’après USDA).
Figure 8 - La larve de Ptinus clavipes, un coléoptère brun décrit par Panzer, est aussi un «ver de livres» (d’après
Mallis).
Les blattes
Plusieurs grandes espèces de blattes sont à l’origine d’importants dégâts dans les bibliothèques. Des matières fécales,
des traînées et des trous peuvent apparaître «du jour au lendemain». Ces insectes infestent les zones subtropicales et
tropicales de la planète, mais sont fréquents également dans les climats tempérés. Les blattes sont omnivores et l’on
ne peut dans certains pays établir sur parchemin aucun document légal à cause de leur goût pour ce matériau (Mallis,
1982). Certaines grandes espèces régurgitent un liquide de couleur foncée qui signale leur passage et leurs caches.
Il convient de se méfier de ces insectes, non seulement à cause des dégâts qu’ils occasionnent aux fonds de
bibliothèques et d’archives, mais aussi parce qu’ils peuvent être porteurs de maladies. De nombreux ouvrages font
état de toute une série d’agents pathogènes présents dans leur organisme ou sur eux et dans leurs matières fécales. Il
existe plusieurs études récentes sur les allergies aux blattes, en particulier aux blattes germaniques et américaines.
Les blattes présentent une métamorphose progressive. Les œufs se forment dans un étui (oothèque) qui fait saillie à
l’arrière de l’abdomen de la femelle et à l’intérieur duquel ils sont disposés en une double rangée. Ils peuvent, une
fois l’oothèque déposée, éclore dans les 24 heures ou en un temps qui peut aller jusqu’à deux mois suivant l’espèce.
Lés larves qui en sortent sont dépourvues d’ailes et se déplacent en rampant à la recherche de nourriture. La blatte
deviendra adulte et capable de se reproduire après être passée par une série de stades.
La blatte américaine
La blatte américaine (fig. 9) se réfugie en général dans l’obscurité des cages d’ascenseur, gaines techniques, sous-
sols et faux plafonds pendant la journée, et en sort la nuit pour grouiller dans la bibliothèque et se nourrir des
ouvrages qu’elle contient. Longs de quatre à cinq centimètres, les individus de cette espèce, qui est la plus grosse des
espèces inféodées aux habitations, a des ailes d’un brun rougeâtre et présentent des taches claires sur le thorax. Ils
recherchent les lieux chauds et humides tels que chaufferies, canalisations de transport de vapeur, navires et égouts.
On en rencontre couramment dehors dans les zones subtropicales et tropicales, parfois aussi dans les zones
tempérées. On en a trouvé un jour qui prospéraient sous une épaisse couche de neige dans les ordures fumantes d’une
décharge à ciel ouvert à Waltham, Massachusetts, alors que la température extérieure était bien inférieure à zéro
(Mallis, 1982).
Figure 9 - La blatte américaine, Periplaneta americana (L.), est un redoutable ennemi des livres et du papier, en
particulier dans les régions chaudes de la planète (d’après Mallis).
La femelle de cette espèce pond une oothèque qu’elle dépose ou, parfois, colle sur des surfaces à l’air libre. Le
moment venu, les jeunes blattes éclosent, puis elles passent par une série de mues avant d’atteindre l’âge adulte, cette
période de croissance durant largement plus d’un an. La durée de vie de cette espèce, à partir du stade de l’œuf
jusqu’à la mort, est de deux bonnes années. L’habitude qu’a la femelle de coller ses oothèques sur des surfaces
soigneusement choisies accroît les risques d’introduction de cette espèce dans les bibliothèques à l’occasion de
livraisons. Dans le sud des Etats-Unis, on voit couramment les blattes américaines voleter çà et là autour des
réverbères. Dans le nord, elles ont un type de vol plus régulier.
La blatte orientale
La blatte orientale (fig. 10) est une blatte dont la couleur va du brun foncé au noir. Chez le mâle, les ailes ne
dépassent pas l’extrémité de l’abdomen, chez la femelle, elles sont pratiquement inexistantes. Les dégâts que cet
insecte provoque dans les bibliothèques sont comparables à ceux de la blatte américaine, à cette différence près qu’il
ne laisse pas derrière lui d’excréments en granules. Cette espèce préfère les endroits frais et humides tels que les
égouts, sous-sols, systèmes de climatisation et alentours des conduites d’arrivée d’eau et d’écoulement. Alors que
l’on trouve la blatte américaine un peu partout dans les étages des immeubles, la blatte orientale ne fréquente guère
que les étages inférieurs et les surfaces horizontales, car elle ne peut, n’ayant pas de ventouses aux pattes, grimper le
long des surfaces verticales lisses. Toutes les espèces ont par contre des griffes aux pattes qui leur permettent de
grimper le long de surfaces irrégulières. Comme la blatte américaine, la blatte orientale est connue pour être grégaire.
Figure 10 - La blatte orientale, Blatta orientalis (L.). A gauche: le mâle; à droite: la femelle. On notera l’absence
d’ailes chez cette dernière (d’après Mallis).
Moins méfiante et moins vive que les autres espèces, la blatte orientale inspire un dégoût extrême à cause de son
habitude de se promener dans les égouts et de vivre dans la saleté. Pendant les mois chauds de l’année ou dans les
zones tropicales ou subtropicales, elle peut pénétrer dans un immeuble en se faufilant sous une porte d’entrée ou par
les conduites d’aération ou les ventilateurs. Les vide-ordures intérieurs et les incinérateurs en sont souvent infestés.
La femelle peut porter son oothèque, qui est de couleur brune, 30 heures durant. L’oothèque contient deux rangées de
huit œufs chacune. La femelle la dépose dans un endroit chaud et abrité, proche d’une source de nourriture. A la
température ambiante, la période d’incubation est de 60 jours environ. Il faut à peu près un an à ce type de blatte
pour atteindre l’âge adulte, après quoi elle vivra un maximum de six mois.
La blatte australienne
La blatte australienne (fig. 11) ressemble beaucoup à la blatte américaine, mais elle s’en distingue par sa taille,
légèrement plus petite, ainsi que par les taches jaunes clairement visibles qui bordent son thorax et les lignes jaune
clair qu’elle porte sur les côtés à la base des élytres. Elle affectionne les endroits chauds et humides. Bien que cette
espèce soit commune dans les régions à climat plutôt tropical, on l’a repérée plus au Nord dans des immeubles
chauffés jusqu’au Canada. Chez cette espèce, l’oothèque contient 24 œufs disposés en deux rangées de 12 œufs
chacune. Une fois l’oothèque pondue, il faut environ 40 jours aux larves pour éclore. Il leur faut ensuite près d’un an
pour atteindre l’âge adulte. Comme les autres grandes espèces de blattes, la blatte australienne se nourrit volontiers
de couvertures de livres et de papier.
Figure 11 - La blatte australienne, Periplaneta australasiae (Fabr.), présente des taches jaune vif qui la distinguent
de la blatte américaine (d’après Mallis).
La blatte germanique
La blatte germanique (fig. 12) est probablement l’espèce la plus répandue dans le monde. Elle fréquente d’ordinaire
les cuisines, les magasins d’alimentation, les lieux où l’on prépare de la nourriture, les cantines et les restaurants.
Elle se cache dans les fentes et interstices dans la journée et se promène la nuit à la recherche de nourriture. On la
trouve habituellement à proximité de sources d’humidité.
Figure 12 - La blatte germanique, Blattella germanica (L.) envahit normalement les endroits où l’on manipule de la
nourriture et n’endommage pas les ouvrages de bibliothèques (d’après Mallis).
La femelle porte l’oothèque jusqu’à ce que les œufs soient prêts à éclore. L’oothèque, qui contient jusqu’à 50 œufs,
se fend alors dans le sens de la longueur, permettant aux jeunes blattes de s’en extraire. Parfois, ces dernières sortent
de l’oothèque, alors que celle-ci est encore engagée dans l’abdomen de la mère. Cette espèce atteint l’âge adulte en
trois mois environ au cours de son existence, qui peut dépasser 200 jours, chaque femelle pond quatre ou cinq
oothèques.
Il est très facile pour une bibliothèque, surtout si elle possède une cantine ou une salle réservée pour les repas, d’être
infestée par des blattes germaniques. L’infestation peut avoir pour origine des oothèques déposées dans des cartons,
sur des produits alimentaires et autres. Bien que cette espèce ne détériore généralement pas les ouvrages de
bibliothèques et documents d’archives, elle constitue manifestement une nuisance et peut véhiculer des germes
pathogènes.
Les psoques se nourrissent de moisissures microscopiques. Tout ce qui est d’origine végétale - meubles, papier ou
livres - peut, si on l’entrepose dans un local humide, se couvrir d’abondantes moisissures, qui favorisent à leur tour la
prolifération des psoques (Mallis, 1982). Ces derniers sont friands d’amidon, de colles d’amidon ainsi que des colles
utilisées en reliure et pour la pose des papiers peints. Contrairement aux véritables poux, ils ne piquent pas les
humains. On a beaucoup de chances d’en introduire dans un immeuble avec du mobilier, des caisses, des livres et du
papier, qui tous peuvent porter les micro-organismes dont ils se nourrissent. Ils se cachent dans l’obscurité, à l’abri
des moulures et des plinthes, sous les planchers et à l’intérieur des cloisons, derrière les fils et accessoires électriques
et les tuyaux de plomberie ainsi que, très souvent, dans les gaines d’isolation des tuyauteries.
Le pou des livres le plus répandu se reproduit par parthénogénèse, c’est-à-dire sans s’accoupler. En fait, on n’a pas
identifié de mâle chez certaines espèces. Lorsqu’il sort de l’œuf, l’insecte est très petit et relativement peu mobile.
Au fur et à mesure qu’il mue et se développe, il prend une couleur un peu plus grise. Il vit en moyenne 110 jours s’il
n’est pas tué par le froid. Dans un milieu où l’humidité relative est constamment faible (au-dessous de 35 %), le pou
des livres se dessèche et meurt.
Dermestidés
Les anthrènes, les dermestes et les attagènes (fig. 14) appartiennent à la famille des dermestidés. Les dermestes s’en
prennent en particulier aux peaux, cuirs, viandes et autres produits animaux du même ordre. Dans ce genre, on citera
le dermeste du lard ou dermeste noir. Les dermestes ne se rencontrent que rarement dans les ouvrages de
bibliothèque. Leur présence en grand nombre dans des livres dont ils avaient ravagé les couvertures a toutefois été
signalée (O’Connor, 1898). Vu les habitudes alimentaires ordinaires de ces coléoptères, on peut penser que les
reliures en cuir sont particulièrement vulnérables à leurs attaques.
Les anthrènes sont beaucoup plus petits que les dermestes et sont des destructeurs communs des objets contenant des
protéines tels que les lainages, tapis, meubles capitonnés, spécimens de musées, etc. La plupart des adultes se
nourrissent essentiellement de pollen et de nectar. Les larves sont responsables des dommages causés à certains
documents de bibliothèques. Des espèces telles que Anthrenus scrophularial, Anthrenus flavipes, Anthrenus verbasci
et Trogoderma inclusum, de plus grande taille, ainsi que l’attagène Attagenus megatoma se rencontrent très
couramment dans les musées, les bibliothèques et les collections diverses.
Diverses sources de protéines servent d’aliments aux larves des anthrènes. On les voit couramment dévorer la
garniture de feutre des boîtes où sont conservés les livres rares ou des présentoirs d’exposition, les chapeaux et
accessoires en feutre, les articles en laine de toutes sortes, les tapisseries, broderies ou ouvrages à l’aiguille, les
plumes y compris celles qui garnissent les nids d’oiseaux, les tapis, les objets en corne, les fanons de baleines, les
piquants de porc-épic, les nids de guêpes, frelons et autres vespidés, les cadavres d’insectes et de rongeurs, les
cheveux et fourrures, les cuirs et daims souples, les soieries, les reliures en cuir de livres, les animaux et oiseaux
empaillés, les mues de serpents, les sièges rembourrés de crin, les brosses et polissoirs à chaussures, les plumeaux et
des matériaux isolants à base de feutre de laine. On a observé la destruction par Thylodrias contractus, d’estampes
précieuses de la National Gallery, à Ottawa (Canada) (MacNay 1950).
Les larves sont petites et présentent des segments très visibles et de nombreux poils et piquants. La larve d’Attagenus
megatoma a l’aspect d’une carotte longiforme et est d’ordinaire de couleur orange. Les autres insectes du même
genre ont le corps plus court et sont généralement de teinte sombre. Les larves de ces insectes recherchent de
préférence leur nourriture dans les endroits obscurs tels que la base des poils des tapis épais ou le dessous des
meubles. Elles laissent derrière elles de nombreuses mues au cours des quatre à cinq mois qui précèdent la
nymphose. Elles se nymphosent dans la dernière dépouille larvaire et se métamorphosent en adultes dont la durée de
vie est d’environ un mois après l’émergence. La femelle meurt en général quelques jours après avoir pondu ses œufs.
Teignes des vêtements ou mites
Les larves des mites peuvent causer des destructions dans les bibliothèques où elles se nourrissent d’objets ayant une
forte teneur protéique. Elles sont particulièrement friandes des carcasses d’animaux, fourrures, plumes, cheveux,
laine, cadavres d’insectes, spécimens naturalisés, coussins rembourrés de plumes, tapisseries et tapis, du feutre et
parfois des reliures de livres.
Figure 14 - Différentes formes adultes et larvaires de dermestidés fréquentant les bâtiments abritant des livres et
documents et les abords. Attagènes: A. Attagenus megatoma (F), B. Thylodrias contractus (Motschulsky), C. Reesa
vespula (Milliron), D. Trogoderma inclusum (LeConte). Anthrènes: E. Anthrenus verbasci (L.), F. Anthrenus
scrophulariae (L.) et G. Anthrenus flavipes (LeConte). Illustrations A. B. C. D. et G., d’après Kingsolver et Pest
Control in Museums). (Illustrations E. et F., d’après Mallis).
Quatre espèces de mites ou teignes sont dangereuses pour les musées, les bibliothèques et les collections. Il s’agit de
la teigne des vêtements Tineola bisselliella, de la teigne des pelleteries Tinea pellionella, de la mite des tapis dite
encore mite tapissière ou des fourrures, Trichophaga tapetzella et de la teigne brune domestique Hofmanno phila
pseudospretella.
Figure 15 - Diverses teignes des vêtements connues pour infester les fonds des bibliothèques. Leurs larves se
nourrissent de matières à haute teneur protéique.
Les mites des vêtements adultes volent bien mais ne le font guère que dans les lieux sombres. Ce sont plutôt les
mâles qui volent, les femelles ayant plutôt tendance à marcher. On connaît des cas d’adultes capables de voler
jusqu’à une altitude de plus de 90 m pour pénétrer dans les immeubles et en particulier les greniers. Les femelles
pondent de 40 à 50 œufs. Elles les déposent dans les lieux sombres ou la nuit. Elles meurent après la ponte. Après
éclosion, les larves se mettent immédiatement à dévorer tout ce qu’elles rencontrent comme aliment convenable. Les
nouvelles-nées peuvent se faufiler dans toute ouverture d’un diamètre supérieur à 0,01 mm, ce qui leur permet de
pénétrer dans les boîtes apparemment les plus étanches. Parvenues à maturité, les larves filent un cocon nymphal de
soie où elles se transforment en mites adultes. Le cycle séparant deux pontes s’étale sur 5 à 9 mois et peut dépasser 2
ans si la larve est conduite à entrer en diapause.
La mite des pelleteries (Tinea pellionella)
Cette espèce est loin d’être aussi commune que la précédente mais on la rencontre dans les carcasses d’oiseaux et de
rongeurs, les tapis persans et les tentures murales et tapisseries d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. De teinte
brunâtre, elle présente des taches noires peu distinctes sur les ailes. Sa larve file un fourreau de soie entrelacé de
fibres de l’article dont elle se nourrit. Quand la larve se déplace, elle transporte ce fourreau avec elle et meurt si elle
en est séparée. La larve ne fabrique pas de tunnel de soie au fur et à mesure qu’elle s’alimente comme le fait celle de
la mite des vêtements.
Son cycle de vie est sensiblement le même que celui de la mite des vêtements. Lorsque la larve atteint la maturité et
est prête à se nymphoser, elle abandonne souvent l’article dont elle se nourrit et fixe son cocon de soie à des objets
situés à une certaine distance. L’infestation se propage ainsi couramment d’un lieu à l’autre.
La mite des tapis (Trichophaga Tapetzella)
Cette espèce est beaucoup plus rare que les deux précédentes et présente des marques distinctives qui permettent de
l’en différencier aisément. La larve ne fabrique pas de fourreau mais confectionne un tunnel de soie ou creuse des
galeries dans le matériau dont elle se nourrit. Ce tunnel, ajouté à l’action dévoreuse de l’insecte, cause beaucoup de
dégâts aux objets infestés.
On peut voir les adultes voler d’avril à juin; ils s’accouplent presque immédiatement après l’émergence. La femelle
pond de 60 à 100 œufs. Le stade larvaire perdure tous les mois d’été. La larve construit un cocon grossier pour la
nymphose. Il peut y avoir une ou deux générations par an.
La mite brune domestique
Cette espèce, présente dans de nombreux pays du monde, se nourrit de matières animales et végétales. Au stade
larvaire, elle ronge principalement les capitonnages, tapis, fourrures, peaux, spécimens séchés d’animaux, nids
d’oiseaux, plantes et fruits séchés et parfois les livres. On en a vu endommager des reliures en cuir.
Son cycle de vie est d’une durée extrêmement variable qui dépend surtout des variations de température. La durée
d’incubation des œufs varie de 8 à 110 jours et celle du stade larvaire de 71 à 145 jours. La larve peut entrer, avant la
nymphose, dans une phase de résistance à la dessiccation qui peut durer des mois. Le cycle de vie complet dans la
nature s’étend en général sur 11 à 13 mois.
On a observé des dégâts considérables causés par cette mite comme aux livres reliés en toile (Chrystal, 1932). En
l’occurrence, ce sont les livres situés sur les rayons les plus proches du plancher qui avaient subi les dégâts les plus
graves, dégâts qui étaient moins marqués et finissaient par être inexistants à mesure que la distance au sol
augmentait. Les déprédations des larves se manifestaient par des trous réguliers de profondeur variable dans la
reliure et des dégâts du même type sur la face interne des couvertures. Les rayonnages contenaient de grosses
quantités de déjections et des traces de fils de soie. On a trouvé également des cocons sur les rayonnages, dans les
galeries creusées sur la face externe des reliures et entre les couvertures et les feuilles de garde.
Termites
De nombreuses sortes de termites existent de par le monde (fig. 16): Termites de bois sec, de bois humide, des
meubles, termites souterrains, de Formose, des déserts pour n’en citer que quelques-uns. Les termites vivent en
colonies, sont des insectes sociaux et répartissent les tâches entre plusieurs castes spécialisées. Ils se déplacent dans
des galeries où la lumière solaire ne pénètre pas et qui les protègent contre un dessèchement excessif (Mallis, 1982).
Certains ont besoin de bois humide pour survivre, d’autres construisent leurs nids dans le sol et se déplacent entre la
source de bois et la colonie; d’autres, enfin, peuvent passer toute leur vie dans les pièces de charpente des maisons ou
dans des livres sans jamais prendre contact avec le sol ni aucune source d’approvisionnement en eau.
Les termites ouvriers rongent le bois, petit fragment par petit fragment et le digèrent en faisant appel à toute une
panoplie d’amibes, de bactéries, de spirochètes et de champignons. Es régurgitent ensuite cette matière digérée pour
nourrir le reste de la colonie.
Les termites se nourrissent presque exclusivement de matières cellulosiques. Aussi les ouvrages de bibliothèques qui
se composent surtout de cellulose constituent-ils pour eux des mets de choix. La colonie s’attaquera à la charpente
même de l’édifice et aussi aux produits en papier de toute sorte. Les termites peuvent causer des ravages énormes
dans les réserves où les collections ne sont que très rarement inspectées.
Figure 16 - Reine de remplacement (à gauche); ouvrier (au centre); et soldat (à droite) du termite souterrain oriental
(d’après Mallis).
Les termites souterrains
Les termites souterrains commettent tous les ans, dans le monde entier, des millions de dollars de dégâts dans les
bâtiments et les collections. Ils construisent leur nid dans le sol ou dans le bois ou les matières végétales en contact
avec le sol. Ils sont capables d’atteindre le bois et les matières cellulosiques situés au-dessus du sol en se déplaçant à
l’intérieur de tunnels protecteurs de terre édifiés par les ouvriers. Ils sont presque toujours reliés ainsi à la colonie.
On connaît de rares cas où ils se sont installés durablement dans du bois mouillé en zone humide sans aucun
raccordement au sol. Les ouvriers maçonnent de la terre et du bois triturés avec de la salive et des excréments
liquides pour constituer une espèce de ciment boueux. La construction de tunnels est caractéristique des termites
souterrains et facilite le repérage des dégâts qu’ils causent.
Les ouvriers sont la seule caste du système social capable d’ingérer les matières cellulosiques et de les digérer. Ils les
régurgitent après digestion pour nourrir les nymphes ouvrières, les soldats, les rois et les reines, les sexués de
remplacement et les individus ailés. Si une section de la colonie se trouve, pour une raison ou une autre, isolée du
reste, les sexués de remplacement assument la fonction de ponte dans la nouvelle colonie. Les mesures de lutte
contre les termites visent à séparer la colonie de sa source de nourriture par des barrières chimiques placées dans le
sol.
Les termites de bois sec
A la différence des termites souterrains qui ont besoin d’humidité et d’un contact avec le sol, les termites de bois sec
peuvent coloniser des éléments de charpente, des meubles aussi bien que des réserves entières d’objets faits de
matière cellulosique. Ils se cantonnent dans les régions chaudes du monde où de multiples colonies peuvent cœxister
dans un même bâtiment. Alors que les termites souterrains se nourrissent plutôt du jeune bois de printemps dont ils
suivent le fil, les termites de bois sec vident le bois de part en part.
L’une des caractéristiques distinctives de ces termites est que les ouvriers laissent des déjections en forme de
granules. Celles-ci sont souvent évacuées des galeries en voie de creusement par un ou plusieurs petits trous et
rassemblées en un tas conique régulier. Divers moyens, dont la fumigation des bâtiments à l’aide de substances
chimiques, sont utilisables pour lutter contre les termites de bois sec.
Souris
Le rongeur que l’on rencontre le plus communément dans les bibliothèques est la souris domestique (fig. 18). Il
semble que cette espèce puisse envahir pratiquement tous les bâtiments construits par l’homme. Dans les
bibliothèques, les souris déchiquettent les papiers et les livres pour faire nid et les souillent d’urine et de fèces. Les
souris se multiplient très rapidement. Lorsqu’elles meurent, leurs cadavres servent de nourriture aux dermestidés et
peut-être aux mites. Les souris ne se contentent pas d’attaquer directement les collections, il arrive qu’elles
grignotent les gaines isolantes des fils électriques, provoquant des courts-circuits qui risquent de déclencher des
incendies. Les souris sont en outre porteuses de maladies et d’ectoparasites divers transmissibles également par le
contact avec leur nid.
s’abreuvent lorsqu’elles en trouvent. Lorsque leur alimentation est riche en protéines, elles doivent la compléter par
des liquides. Au cours de leur activité nocturne, elles sèment des crottes sur tout leur parcours. D’autres indices de
l’infestation d’un local par des souris sont les traces de dents laissées sur les objets qu’elles ont rongés, la présence
de petits trous auréolés de taches dans les planchers et les murs, et une âcre odeur d’urine.
Rats
Divers espèces de rats réparties sur tout le globe sont susceptibles d’envahir les bâtiments dans leur quête d’un abri et
de nourriture. En région urbaine, l’espèce la plus commune est le surmulot dit aussi rat gris ou rat d’égout (fig. 193.
Les rats sont redoutables pour les fonds des bibliothèques car ils rongent les papiers, les livres et les objets analogues
pour confectionner leurs nids avec les débris. Ils peuvent également endommager les bâtiments mêmes en creusant
des trous dans les bois de charpentes, les portes et les fenêtres, etc., pour se frayer un chemin vers les lieux où ils
trouveront de quoi se nourrir, s’abreuver et nidifier à leur convenance.
On connaît bien les maladies transmises par les rats. Ce sont la peste, le typhus murin, les jaunisses infectieuses, le
sodoku, la trichinose et d’autres.
La femelle creuse souvent dans les sols meubles un réseau de terriers où elle élève ses petits. Celui-ci est
généralement situé à l’extérieur d’un bâtiment, dans un lieu abrité. Les rats étendent parfois ces galeries jusque dans
les vides sanitaires sous les bâtiments. Dans certains cas, ils s’infiltrent dans les réseaux d’égouts et pénètrent dans
les bâtiments par les tuyauteries. Bons grimpeurs, ils entrent même à l’occasion dans des édifices par des ouvertures
situées au-dessus du sol.
Le surmulot est un animal qui aime l’humidité et vit par nécessité près de l’eau. Il est omnivore mais manifeste une
préférence pour les céréales, les pommes de terre, les fruits et les œufs. Ses excréments présentent la couleur des
aliments qu’il a consommés au cours des trois journées précédentes.
Les rats peuvent se reproduire à n’importe quel moment de l’année. Une portée moyenne comprend d’ordinaire six à
huit jeunes. La femelle met bas trois à six fois par an en moyenne. A la naissance, les petits sont glabres, roses,
aveugles et sans défense. Ils ouvrent les yeux au bout de douze à quatorze jours et sont prêts à quitter le nid au bout
d’un mois environ.
Chaque mètre cube d’air contient des milliers de spores de moisissures qui se déposent tous les jours sur les surfaces
et les objets dans les bibliothèques. Il est donc généralement inefficace de tenter de lutter contre la moisissure au
moyen de produits chimiques divers. Des produits tels que le thymol, l’orthophénylphénol, l’alcool, et l’eau de javel
diluée détruisent certaines des spores et une partie du mycélium présents sur la surface traitée. Mais dès que ces
produits se sont volatilisés, l’objet redevient vulnérable à l’action des nouvelles spores qui s’y déposent. Si les
conditions s’y prêtent, ces spores germent et produisent de nouvelles moisissures. Les substances chimiques de cette
nature sont sans effet rémanent contre les champignons ou leurs spores.
De même, la fumigation des objets dans une enceinte au moyen de gaz toxiques n’a pas d’action persistante
antimoisissures. Les fumigations qui sont effectuées dans les bibliothèques sont donc bien souvent inutiles. Le seul
moyen efficace de retarder et d’éliminer les poussées de moisissures consiste à modifier l’environnement produisant
les conditions qui les favorisent au départ. Lorsqu’une spore se dépose sur un substrat impropre à sa croissance, dans
des conditions d’humidité et de température qui ne peuvent en déclencher la germination, elle finit pas se dessécher
et par mourir. Tant que l’état du substrat et du micro-environnement ne sont pas propices à leur germination, les
spores ne germent pas et aucune moisissure ne se forme. Lorsque des objets sont moisis, il suffit de les placer dans
un lieu plus sec pour arrêter la croissance de la moisissure et, finalement, dessécher et faire mourir les spores.
Identification des dommages causes par les agents de détérioration biologique dans
les bibliothèques, les archives et leurs collections
Tout programme intégré de lutte contre les agents de détérioration biologique doit commencer par une inspection
complète des bâtiments et des collections, afin de déterminer les problèmes passés, présents et potentiels. Le plus
difficile dans ce type d’inspection est, une fois que l’on a détecté des dommages ou des signes de prolifération, de
savoir s’il s’agit d’un problème présent ou d’une attaque ancienne qui a cessé. Les trous et les galeries creusés dans
un livre ne disparaissent pas avec les insectes ou les rongeurs qui les ont faits. Seul un œil exercé peut voir si les
agents destructeurs sont encore là et si la situation justifie une intervention.
Poisson d’argent
C’est en s’en nourrissant que les poissons d’argent détériorent le papier. Ils provoquent dans les zones où ils
sévissent un amincissement caractéristique du papier par plaques irrégulières. Le poisson d’argent n’ayant pas de
force dans les mandibules, il se positionne à la surface du papier et l’abrase progressivement. Par endroits, il y fait
des trous, mais ailleurs, au lieu de le percer, il en réduit l’épaisseur ou en fait simplement disparaître le texte.
Lorsque les poissons d’argent mangent des documents imprimés, ils laissent souvent après eux de fines déjections
sous forme de granules de couleur noire, qui font penser à de minuscules crottes de souris. Si l’on observe ces
déjections à la loupe, on distingue sans mal ces granules. Ces excréments s’accumulent sous les ouvrages ou
peuvent, dans les zones obscures, être éparpillés à l’air libre. On en trouve aussi à l’intérieur des boîtes de rangement
en carton neutre, ainsi que - et là, en grandes quantités - dans les combles isolés avec de la cellulose (papier journal
lacéré).
l’on ne trouve aucun tas de «poudre» ni sur le livre ni à côté de celui-ci, l’infestation n’est plus active et n’appelle
donc pas d’intervention. Souvent, on soumet à d’inutiles fumigations des livres sur lesquels s’observent d’anciennes
traces laissées par des «vers de livres» morts depuis longtemps.
Les «vers des livres» ont besoin de beaucoup d’humidité; souvent l’infestation cesse tout naturellement lorsque l’on
déménage des livres infestés pour les installer dans des locaux plus secs.
Les blattes
Ce sont surtout les grandes espèces comme les blattes américaines, australiennes et orientales, qui endommagent les
livres en s’en nourrissant. La blatte américaine est probablement celle qui occasionne le plus de dégâts dans les
couvertures des ouvrages et dans le papier. Les grosses blattes ont de fortes mandibules avec lesquelles elles
tranchent des morceaux de couverture et de papier.
Les zones mangées par les grosses blattes ont un aspect déchiqueté et partent souvent des bords des magazines et
autres articles de papier. A force de grignoter, la blatte provoque de grandes perforations et dépressions d’aspect
irrégulier. Dans les couvertures des livres, les zones abîmées ressemblent de loin à de la moisissure, mais lorsqu’on
les regarde de plus près, on distingue aisément un effet de plis là où l’insecte a entamé le matériau avec ses
mandibules. Les blattes s’attaquent à la couverture et au dos des livres où les zones mangées ont l’aspect de grandes
plaques de formes irrégulières. Elles enlèvent souvent la couche superficielle et coupent les fibres des reliures de
toile. Quant au dos des reliures de cuir, elles peuvent le dévorer jusqu’au renfort.
Les blattes américaines laissent d’autres traces sur les livres et sur le papier dont elles se nourrissent. Tout en
mangeant, posées sur les documents, elles régurgitent un liquide brun. Ce liquide, qui contient des phéromones
chimiques qui ont un effet d’attraction sur leurs congénères, en une phéromone sexuelle. Souvent les blattes laissent
derrière elles des traînées et des gouttelettes en forme de larmes de ce liquide brun sur les livres et les documents.
Les blattes américaines peuvent aussi laisser des granules de déjections sur ou autour des produits dont elles se
nourrissent. Ces granules ont une forme très particulière et sont de la couleur de la matière dont la blatte se nourrit.
Ils sont le plus souvent de teinte foncée. Ils font environ trois à quatre millimètres de longueur et présentent des
extrémités arrondies et des stries longitudinales. Ces stries les distinguent nettement des crottes de souris
domestiques (fig. 31). Bien qu’elles soient de dimensions analogues, ces dernières sont généralement lisses et
pointues du bout.
Figure 31 - Crottes de souris domestiques et de blattes américaines. Ces dernières sont uniformes, arrondies aux
extrémités et présentent des sillons longitudinaux, tandis que les premières sont irrégulières, pointues et sans sillon.
On prend souvent les déjections de blattes américaines pour des crottes de souris, ce qui conduit à prendre des
mesures inadaptées. Si l’on se trompe et que l’on pose des appâts pour les souris, cela ne peut qu’aggraver la
situation, les grandes blattes se nourrissant volontiers d’appâts pour rongeurs sans être affectées par les substances
toxiques qu’ils contiennent.
Dermestidés
Les larves de dermestidés déposent sur l’objet dont elles se nourrissent des déjections caractéristiques qui
s’éparpillent dans l’air en une poudre uniformément constituée de minuscules granules. Ces excréments pulvérulents
ont la couleur de ce que les larves absorbent. S’il s’agit de cadavres d’insectes, ils sont généralement gris ou bruns.
S’il s’agit d’une matière colorée, les déjections ont la même teinte.
Les mues rejetées par les larves sont une autre trace de la présence de dermestidés. Ces coques vides sont
abandonnées par les larves lorsqu’elles passent d’un stade au suivant. Les larves de dermestidés vivantes et actives
s’enfuient rapidement lorsqu’elles sont exposées à la lumière, ou bien «font le mort» quand on les dérange. Les
objets rongés présentent une série de petits trous propres et irréguliers.
Termites
Les termites souterrains construisent pour s’abriter des galeries de terre partant du sol pour atteindre les rayonnages,
livres ou cartons de documents stockés dans les caves. La présence de termites ouvriers dans ces galeries, jointe à
celle d’abondants tas de boue, est le signe infaillible d’une infestation par les termites souterrains. A l’aide de
granules de terre, ceux-ci maçonnent des galeries protectrices qui leur servent de voies climatisées d’accès aux
matières cellulosiques dont ils se nourrissent. Lorsqu’on a retiré d’un rayon un livre infesté par des termites
souterrains, brisant ainsi la galerie qui le reliait à la colonie, les ouvriers et les soldats piégés dans le livre sont voués
au dessèchement et à la mort. Une fois rompu ce lien avec la colonie souterraine et les ouvriers coupés de la sorte du
reste de la colonie et de leur source d’humidité, il n’est nul besoin d’appliquer un autre traitement antitermite à
l’objet infesté. Il convient toutefois de faire traiter le bâtiment par une entreprise spécialisée dans la désinsectisation.
Les termites de bois sec n’ont pas besoin être reliés à une termitière enfouie dans le sol et peuvent donc infester les
rayonnages supportant des ouvrages ou des papiers, en y formant une nouvelle colonie. Ils causent des dégâts
différents des précédents et ce pour deux raisons:
1. Leurs ouvriers produisent des déjections granuleuses de la couleur de la matière dont ils se nourrissent. Ces tas
d’excréments ressemblent sous grossissement optique à un ballon de football partiellement dégonflé. Tous les
granules du tas ont sensiblement la même couleur, la même forme et la même taille.
2. Aucun tas de boue ne révèle la présence de galeries, non plus que de l’activité des ouvriers qui vident
intégralement l’objet infesté. Les galeries sont lisses et propres. Les ouvriers mangent le bois d’hiver comme celui de
printemps sans en suivre nécessairement le fil.
Souris
Les dégâts causés par les souris aux fonds des bibliothèques tiennent d’ordinaire à l’habitude qu’elles ont de
déchiqueter le papier pour faire leur nid ainsi que d’uriner et de déféquer sur les collections.
Les excréments de souris (fig. 31) sont lisses, foncés et de forme généralement pointue. Leur urine tache les ouvrages
et documents. La découverte d’un nid de souris doit faire penser que l’on trouvera des objets grignotés à proximité
immédiate. Les mâchoires inférieure et supérieure des rongeurs comportent deux incisives. Des traces doubles de
morsure caractéristiques révèlent que les dégâts ont été causés par des souris.
Rats
Du même ordre que les dommages causés par les souris, les dégâts dus aux rats sont cependant beaucoup moins
fréquents. En général, les rats nichent dehors, dans des terriers souterrains et ne s’attaquent pas directement aux
collections; ils les souillent toutefois de leurs urines et de leurs excréments. Les déjections de rats (fig. 36) sont
volumineuses et de forme ovale et se concentrent dans les recoins protégés des pièces. On trouve à l’occasion dans
les documents endommagés les marques d’incisives supérieures et inférieures beaucoup plus grosses que celles des
souris.
Figure 36 - Comparaison des excréments de la souris domestique et du rat d’égout. Les excréments du rat sont
volumineux et obtus ou arrondis aux extrémités.
Lutte contre les agents de détérioration biologique dans les bibliothèques et les
archives
Des précautions doivent être prises lors de la manipulation des volumes anciens, en particulier s’ils présentent des
décolorations ou des taches pouvant être l’indice d’un traitement appliqué antérieurement. Fort heureusement,
certaines préparations anciennes - à base d’huiles diverses, de camphre, de kérozène, de formaline, de créosote, de
poudre de pirèthre, de thymol et de térébenthine - se seront déjà dissipées. Toutefois, quelques produits chimiques
parmi les plus toxiques, tels que l’arsenic, le chlorure mercurique, le fluorure de sodium, le fluosilicate de sodium et
la strichnine, peuvent demeurer à l’état de dépôts sur les objets.
La direction de l’établissement doit être consciente des risques de présence de substances toxiques sur les ouvrages et
ordonner au personnel de ne manipuler les volumes anciens qu’avec des gants de caoutchouc ou de tissu. On devra
dire aux personnes qui auraient manipulé les objets en question à mains nues de se laver soigneusement les mains
ensuite et surtout avant de fumer ou de manger.
Comme on l’a dit plus haut, certaines préparations insecticides pulvérisées sur des surfaces peuvent libérer dans l’air
des molécules de substance active et de solvant. Si l’on décide d’entreprendre une campagne de pulvérisation dans
une bibliothèque, on doit choisir des préparations sans solvant qui se volatilisent le moins possible, ont une action
rémanente de longue durée et sont inodores.
Ces campagnes qui tablent sur la probabilité d’infestation de la bibliothèque visent surtout à lutter contre les poissons
d’argent et les thermobies, les blattes, les dermestidés, les poux des livres et les araignées. Si l’on utilise pour cela
des formulations en poudre mouillable ou encapsulées, une application par trimestre devrait suffire. Dans les régions
tropicales, il faudra peut-être pratiquer des applications mensuelles, en particulier sur les surfaces extérieures. Des
produits tels que le diazinon encapsulé (Knox-Out 2 FM), le chlorpyrifos encapsulé (Dursban ME), le propoxur en
poudre mouillable (Baygon), le bendiocarbe en poudre mouillable (Ficam W ou Ficam plus) et la cyperméthrine en
poudre mouillable (Demon WP) sont des exemples de produits qui peuvent être utilisés dans le cadre d’une
campagne de pulvérisation d’insecticides à effet rémanent.
Contre les blattes germaniques, on peut, pour plus d’efficacité, allier l’emploi de produits phytosanitaires régulateurs
de croissance (RCI) à celui d’insecticides rémanents. Sous l’effet du RCI appliqué sur les lieux infestés par les
blattes, le dernier stade nymphal se transforme en un adulte aux ailes tordues qui est stérile. Le méthoprène (Dianex)
et l’hydroprène (Gencor) sont couramment utilisés aujourd’hui.
L’emploi d’appâts chimiques est particulièrement utile contre les blattes. Deux produits attirent bien la plus grande
des espèces de blattes et se sont révélés d’une excellente efficacité: l’appât au propoxur (appât Baygon à 2 % pour
blattes) et la pâte d’acide borique (MRF 2.000 Blue Diamond). On déposera de très petites quantités d’appât Baygon
à 2 % dans les recoins, le long des murs, dans les cages d’ascenseur, les chaufferies, les faux-plafonds et autres
endroits où les blattes se cachent pendant la journée. Au cours de leurs razzias nocturnes, les blattes trouvent ces
particules d’appât, les mangent et sont tuées sur le champ. Les pâtes doivent être déposées en petites quantités sur les
lieux de cachette diurne des blattes.
Le piège à appât a été employé avec succès pour éliminer des populations entières de blattes germaniques. Ceux à
l’hydraméthylon (Maxforce ou Combat) sont couramment utilisés de nos jours dans les cuisines et les boutiques
d’alimentation pour lutter contre cette espèce. Les individus immatures et les adultes cherchent un abri dans ces
pièges. Une fois à l’intérieur, ils mangent un fragment de l’appât, ressortent et meurent. Sans danger pour les enfants,
ces pièges sont un moyen extrêmement efficace de défense contre les blattes germaniques, en particulier s’ils sont
installés sur des surfaces verticales dans les zones infestées. La pâte à l’acide borique Blue Diamond déjà
mentionnée est également utilisable contre ce type de blattes.
1. Des dermestidés sont souvent introduits dans les bibliothèques dans les appâts pour rongeurs. Leurs œufs éclosent,
les larves consomment l’appât et se transforment en adultes qui s’envolent pour aller infester les collections ailleurs
dans la bibliothèque.
2. Les appâts pour rongeurs servent souvent d’aliments aux blattes, en particulier celles des espèces de grande taille.
3. Les cadavres des souris qui se trouvent dans des bâtiments attirent les dermestidés qui s’en nourrissent et
prolifèrent.
A l’intérieur, il convient d’utiliser des pièges ou des gluaux ou les deux. On peut alors jeter les cadavres des souris
piégées. Ces pièges, qui peuvent être appâtés avec du fromage ou toute autre denrée dont les souris sont friandes,
doivent être placés dans les recoins, les placards, les réserves, les sous-sols, les greniers et aux abords immédiats des
endroits où l’on a trouvé des crottes de souris.
Les fumigations
Les fumigateurs toxiques ont connu de longues années de succès dans les bibliothèques. En 1930, D.B. Mackie aurait
inventé, au Ministère californien de l’agriculture, un système reposant sur le principe de la fumigation sous vide, et
c’est en 1932 que Thomas M. Tiams appliqua le principe de la fumigation à l’oxyde d’éthylène et au dioxyde de
carbone pour traiter les livres rares et les manuscrits de la Bibliothèque de Huntington. L’utilisation d’oxyde
d’éthylène devint vite habituelle dans les bibliothèques.
Divers produits ont été utilisés dans des «enceintes» closes y compris avant l’avènement des techniques de
fumigation sous vide. Des gaz comme le bromure de méthyle, l’oxyde d’éthylène, le gaz cyanhydrique, le bisulfure
de carbone, le formiate de méthyle, le dichlorure d’éthylène/tétrachlorure de carbone et le fluorure de sulfuryle sont
utilisés dans des enceintes pour désinfecter des livres et autres documents de bibliothèque. La fumigation de tout ce
qui entre dans la bibliothèque est pratique courante dans de nombreux établissements. Le plus souvent, ce type de
fumigation n’est pas justifié et peut mettre en danger la santé du personnel.
Seuls deux groupes d’agents de détérioration biologique des documents de bibliothèques peuvent nécessiter une
fumigation au moyen de gaz toxiques, à savoir les vers des livres et les termites de bois sec qui creusent des galeries
extrêmement profondes dans les ouvrages.
Comme nous l’avons souligné plus haut, la fumigation ne permet pas de venir à bout des champignons et moisissures
lorsque, après traitement, les ouvrages sont replacés dans les mêmes conditions qu’auparavant. Bien souvent, les
ouvrages moisis traités par fumigation sont ensuite rangés dans des lieux où les conditions ne sont pas propices à la
formation de moisissures, ce qui fait que l’on a tendance à attribuer la disparition des champignons et moisissures au
traitement, alors que ce sont en fait ces nouvelles conditions qui l’expliquent.
A mesure que la recherche sur les fumigateurs progresse, on se rend davantage compte des risques d’affection aiguës
et chroniques qu’ils engendrent pour l’homme. C’est ainsi que l’on a découvert que l’oxyde d’éthylène associé au
fréon ou au dioxyde de carbone est cancérigène. Aux Etats-Unis, on considère qu’il faut attendre qu’il ne reste pas
plus d’l mg/l d’oxyde d’éthylène au maximum après aération pour pouvoir retirer sans risque les ouvrages de
l’autoclave. L’un des grands problèmes, avec ce gaz, est que très peu d’appareils dans le monde permettent de
respecter cette norme. Les autoclaves faisant appel à un système de «rinçage à l’air» pour aérer les documents après
le traitement ne permettent généralement pas d’obtenir une concentration inférieure ou égale à 1 mg/l à la fin des
cycles de lavage.
L’expression «cycle de rinçage à l’air» a été forgée par les fabricants d’autoclaves pour désigner un cycle complet de
purification des documents à l’intérieur de l’appareil, après exposition à un gaz toxique. A la fin de la phase
d’exposition, le vide s’est fait dans l’appareil. On y fait alors entrer de l’air frais en procédant soit manuellement, soit
électroniquement. Puis le vide est à nouveau créé, ce qui permet d’évacuer une partie des particules toxiques dans
l’atmosphère. Après une nouvelle injection d’air frais dans l’appareil, le vide est à nouveau créé et l’air contaminé
une fois encore expulsé dans l’atmosphère. C’est cette série d’alternances entre vide et injection d’air frais qui est
appelée «cycle de rinçage à l’air». La plupart des autoclaves sont réglés pour permettre jusqu’à cinq rinçages par
cycle programmé.
Il est rare qu’un aussi petit nombre de rinçages permette de respecter la norme actuelle de 1 mg/l d’oxyde d’éthylène
résiduel. Des études ont montré que dans certains autoclaves il restait encore 4 mg/l après 75 rinçages. On n’obtient
pour ainsi dire jamais, que ce soit dans des autoclaves de conception nouvelle ou expérimentale ou dans des modèles
anciens modifiés, une concentration aussi faible sans système ventilation forcée et, même avec un tel système,
suivant les documents traités, il reste difficile d’obtenir 1 mg/l avec l’oxyde d’éthylène.
Une étude réalisée en 1984 par le Center of Occupational Hazards, qui a enquêté sur l’utilisation de l’oxyde
d’éthylène en autoclave dans 11 bibliothèques de Nouvelle-Angleterre, a révélé que, dans la plupart des cas, on
effectue un à quatre rinçages avant de retirer les documents de l’autoclave. On se contente parfois, pour évacuer le
gaz dans l’atmosphère, de la ventilation assurée par des appareils placés dans les fenêtres, par les climatiseurs ou des
systèmes d’extraction indépendants. Dans la plupart des cas, on ne surveille pas régulièrement la teneur en oxyde
d’éthylène et on ne respecte pas les normes fixées par la Loi sur l’hygiène et la sécurité au travail (Occupational
Safety and Health Act)
La fumigation à l’oxyde d’éthylène a aussi des inconvénients qu’il ne faut pas négliger. Ce gaz est employé
industriellement pour accroître la résistance à l’humidité du papier (il forme avec la cellulose du papier une autre
molécule plus solide). La mise en contact de matériaux cellulosiques comme le papier et les textiles avec l’oxyde
d’éthylène a donc pour effet de modifier leur nature (Pelz et Rossol, 1983). Autres effets indésirables, les
fumigations à l’oxyde d’éthylène entraînent une perte d’adhésivité de la gomme arabique et des colles animales, un
accroissement de la solubilité de certaines peintures et de certains pigments, ainsi qu’une réaction de combinaison
avec les matériaux protéidiques qui accélère leur vieillissement et les rend cassants. En outre, selon certains
chercheurs, les documents traités à l’oxyde d’éthylène contre les moisissures, sont en fait plus sujets à ce type
d’attaque après qu’avant le traitement.
L’oxyde d’éthylène est soluble dans les huiles, les graisses et les lipides, si bien que les ouvrages reliés en cuir en
restent imprégnés très longtemps après la fumigation. Les ouvrages qui ont subi ce type de traitement dégagent de
l’oxyde d’éthylène dans l’atmosphère pendant des périodes qui peuvent aller jusqu’à trois mois. Il est donc
indispensable, dans les grandes bibliothèques, de tester les autoclaves et d’analyser les programmes de fumigation et
les méthodes utilisées pour les mettre en œuvre afin de déterminer s’ils sont conformes aux normes en vigueur. On
s’apercevra la plupart du temps qu’il y a lieu d’apporter des modifications aussi bien au matériel qu’aux méthodes de
travail.
D’autres produits comme le bromure de méthyle, le sulfure d’hydrogène et certains fumigateurs liquides ne
conviennent pas pour tous les documents de bibliothèque, cela pour plusieurs raisons. Il se produit parfois avec le
bromure de méthyle une réaction chimique au contact de matériaux à forte teneur en soufre; il se forme des
mercaptants, qui donnent aux documents une odeur désagréable dont il sera impossible de les débarrasser. Le sulfure
d’hydrogène est explosif et son emploi dangereux. On a constaté que certains fumigateurs liquides sont cancérigènes
et n’ont pratiquement pas d’effet sur les œufs.
Aux Etats-Unis, le vikane (fluorure de sulfuryle) fabriqué par la société Dow Chemical Company a été récemment
homologué comme produit de fumigation en autoclave. Ce produit, comme tous les autres fumigateurs, n’a pas
d’effet rémanent, mais il a un bon pouvoir de pénétration dans les articles denses comme les livres, et il tue les
insectes, quel que soit leur stade de développement. Par contre, c’est un mauvais ovicide, et il faut par conséquent
accroître les doses pour tuer les œufs de certaines espèces d’insectes, y compris les œufs de lépismes et de
coléoptères.
Pour l’instant, on pense que ce produit n’a guère d’effet nocif sur les ouvrages de bibliothèques et il est couramment
utilisé dans ces établissements pour la destruction des insectes cylophages. Des recherches récentes (The Getty
Conservation Institute, 1987) ont toutefois montré qu’il peut ternir et décolorer les métaux et qu’il modifie les
propriétés physiques de la cellulose. Une équipe de l’Université de Floride, dirigée par Nan-Yao Su, travaille
actuellement à établir les quantités minimales de Vikane nécessaires pour éliminer les insectes adultes ainsi que leurs
larves et leur œufs en limitant le plus possible les effets de ce produit sur les documents.
Avant l’inspection
Le personnel d’inspection devra connaître parfaitement la disposition des locaux. Des plans d’étage aideront à
n’oublier aucune partie de l’édifice lors des inspections. La personne chargée d’y procéder veillera à posséder toutes
les clés, y compris celle de la moindre armoire. Les problèmes, dans ce domaine, commencent souvent dans les
endroits peu fréquentés.
Matériel
On utilisera des copies des plans d’étage pour y noter toutes remarques au fur et à mesure de l’inspection. Les notes
seront prises au crayon. Il est indispensable de se munir d’une torche électrique puissante équipée de piles neuves.
Un petit tournevis sera utile pour ouvrir les panneaux d’accès et fouiller les rainures et autres interstices. De petites
fioles à bouchon vissé remplies d’alcool peuvent être utilisées pour recueillir des spécimens.
L’inspection
L’inspection des locaux doit commencer par l’extérieur. On s’attachera à repérer les refuges d’insectes et de rongeurs
ainsi que les passages qu’ils utilisent pour pénétrer dans l’immeuble. On inspectera les portes, les fenêtres, les aires
de chargement, les poubelles, les moustiquaires et grillages, les éclairages, les tas de débris en attente, ainsi que l’état
de l’édifice.
A l’intérieur, on suivra le schéma logique de circulation des documents dans les locaux depuis le moment où ils y
entrent jusqu’à celui où ils sont rangés ou exposés. On inspectera les machines, les appareils d’éclairage, les
rayonnages, les armoires et autres pièces de mobilier, les corniches, les fentes et autres interstices, les lances à
incendie, les bouches d’aération, les appuis de fenêtre, les angles des plafonds, des planchers et des murs, les tuyaux
de plomberie, les recoins, les placards, les locaux techniques et les cages d’ascenseur. On profitera de l’occasion
pour réamorcer ou renouveler les pièges à rongeurs et les gluaux. On n’oubliera pas les parages des distributeurs
automatiques de boissons, les poubelles, les cantines et cuisines ainsi que les réserves de provisions alimentaires.
Rapport
L’inspecteur rendra compte oralement de ses conclusions et établira ensuite un bref rapport écrit de ses constatations
et recommandations. Une copie de ce rapport doit être communiquée au chef du service d’entretien, aux
conservateurs et aux services de restauration, de manière à ce que les recommandations puissent être suivies d’effets.
Le comité de défense contre les organismes nuisibles veillera ensuite à la mise en œuvre de ces recommandations. Ce
type d’inspection donnant lieu à un rapport doit avoir lieu au moins tous les six mois et plus souvent, si nécessaire.
Mise en place d’un plan intégré de lutte contre les agents de détérioration biologique
Le problème d’infestation des bâtiments et des collections ne se pose pas partout de la même manière. Pour savoir
très exactement quelles sont les mesures préventives et défensives à prendre, mieux vaut passer un à un en revue les
différents types d’agents destructeurs.
Poissons d’argent
Différentes mesures sont possibles:
1. Nettoyage minutieux à l’aspirateur du pourtour des pièces, où les poissons d’argent aiment se réfugier sous les
plinthes et les rayonnages dans la journée.
2. Pose de planchettes enduites de glue dans les zones apparemment infestées, pour prendre les poissons d’argent la
nuit, quand ils sortent de leurs caches.
3. Utilisation de gel de silice finement pulvérisé dans les espaces vides au-dessous de l’étagère ou du tiroir du bas,
dans les placards. Il peut être nécessaire de percer un trou d’environ 1 cm pour accéder à ces vides. Le gel de silice
absorbe l’humidité et tue les poissons d’argent en les desséchant. Lorsqu’on place du gel de silice (parfois associé à
de la poudre insecticide au pyrèthre) dans le bas des placards, les poissons d’argent ne peuvent pas grimper plus haut
sans s’y heurter et sont soit repoussés, soit tués.
4. Utilisation de plaquettes de résine insecticide dans les espaces clos où sont conservées, en particulier, les
collections de manuscrits, de livres rares et d’estampes. Ces plaquettes contiennent du Vapona (DDVP), qui se
volatilise, remplissant l’air à l’intérieur de l’armoire de molécules d’insecticide. Ce produit est un fumigateur léger
qui, avec le temps, tue tous les insectes, quel que soit leur stade de développement. La dose est normalement d’une
plaque pour un volume de 35 m3/1. Ainsi utilisé, ce produit ne convient que pour les espaces clos tels qu’armoires,
chambres fortes et petits magasins, et ne doit pas être utilisé dans les lieux fréquentés ni dans les pièces d’où les
vapeurs pourraient être emportées au dehors par la ventilation.
5. Pulvérisation d’insecticides liquides rémanents sur le pourtour des pièces et à la base de toutes les étagères, en
insistant plus particulièrement sur la jonction entre le sol et les plinthes.
6. Application ponctuelle d’insecticides liquides par injection dans l’intervalle entre le dos des armoires et les murs.
7. Surveillance et assèchement des endroits humides - installations de plomberie en mauvais état, buanderies,
toilettes et ateliers - particulièrement propices à la prolifération des poissons d’argent.
8. Colmatage des endroits qui pourraient servir de refuge aux poissons d’argent à l’aide de produits appropriés
(enduits maigres ou au silicone, etc.).
livres ne sèchent pas en cours de traitement. Le traitement est inutile si les ouvrages présentent des petits trous de
couleur sombre - traces d’émergences d’adultes, qui peuvent être anciennes - sans présence alentour de sciure qui
serait un signe d’activité des insectes.
8. Mélanger un pesticide à la colle forte utilisée pour rerelier les livres endommagés si la bibliothèque possède un
atelier de reliure. Dans certains pays, on emploie à cet effet de la dieldrine qui tue le lasioderme du tabac au stade
larvaire.
9. Détruire les nids de pigeons. On connaît un cas où des vrillettes du pain, en sortant de débris de nids de pigeons,
ont pénétré à l’intérieur d’une bibliothèque dont les fenêtres ne fermaient pas parfaitement. Les larves des
coléoptères se nourrissaient de graines et autres nourritures non digérées présentes dans les fientes des pigeons.
10. Utiliser des ventilateurs pour faire circuler l’air dans les magasins et garder les livres au sec; cela aide à lutter
contre les infestations. S’efforcer de maintenir en tout temps le degré hygrométrique entre 50 et 60 % d’humidité
relative.
11. Inspecter les magasins régulièrement à la lumière d’une lampe de poche pour repérer les tas de poudre fine
tombée sur les tablettes et détecter ainsi les zones d’infestation.
Blattes
Les programmes intégrés de lutte contre les grandes espèces de blattes comprennent les mesures suivantes:
1. Mise en place d’une barrière de gravier de 1,20 m tout autour de la bibliothèque, pour empêcher les blattes de
pénétrer dans l’immeuble.
2. Suppression totale du lierre et autres plantes grimpantes qui recouvrent les murs.
3. Installation de moustiquaires ou de grillages appropriés sur toutes les fenêtres portes.
4. Eclairage de l’extérieur du bâtiment par projecteurs placés à une certaine distance et non sur les murs vers lesquels
ils attireraient les insectes la nuit.
5. Enlèvement de tous les débris, feuilles et branchettes tombant sur le sol autour de la bibliothèque et nettoyage des
gouttières.
6. Colmatage des refuges dans lesquels se cachent les blattes et des passages par lesquels elles entrent au moyen de
mastic de rebouchage.
7. Mise en place de planchettes enduites de glue pour piéger les insectes au cours de leurs allées et venues nocturnes.
On peut installer ces pièges dans les faux plafonds, les sous-sols, les cages d’ascenseur et les armoires pour
intercepter les insectes en route vers leurs sources de nourriture.
8. Utilisation d’appâts spéciaux comme l’appât pour blattes Baygon 2 % en applications parcimonieuses dans les
zones peu fréquentées de la bibliothèque. Cet appât, qui ressemble à de la sciure, est fait d’un mélange de son et de
mélasse et contient 2 % de Baygon. Il est très recherché des grosses blattes, dont il permet de réduire aisément les
populations.
On a souvent tendance, en cas d’infestation par des insectes, à appliquer des insecticides en aérosol. Ce type de
traitement est à écarter absolument. Les produits utilisés sont en effet des suspensions huileuses. Les gouttelettes
d’insecticide propulsées dans l’atmosphère pendant l’application finissent par se déposer sur les collections, où elles
provoquent des dommages irréversibles.
9. Vaporisation d’insecticides rémanents sur le pourtour des pièces, en insistant sur les zones de passage des
canalisations et en procédant avec un soin particulier dans les cages d’ascenseur, les magasins et les locaux
techniques. Pour lutter contre les blattes américaines et australiennes, il peut être nécessaire, surtout dans les zones
tropicales, de vaporiser sous pression les murs extérieurs et les saillies des façades des édifices.
10. Pose de barres de seuil et de rabats de caoutchouc au bas des portes extérieures pour empêcher les blattes de
pénétrer dans la bibliothèque, en particulier la nuit.
11. Obturation à l’aide de tournure de cuivre des passages de canalisations pour empêcher les blattes de pénétrer dans
l’édifice.
12. Pose de grilles en fibre de verre dans les canalisations d’évacuation des eaux usées du sous-sol et du rez-de-
chaussée pour empêcher les blattes de les remonter.
Dermestidés et mites
A condition d’associer le personnel à un programme de lutte intégrée, il n’est pas difficile d’éliminer les dermestidés
et les mites. Les mesures à prendre sont les suivantes:
1. Aspirer régulièrement et à fond toute la bibliothèque en passant en particulier le long des mures des pièces où les
formes adultes de ces espèces trouvent des cadavres d’insectes sur lesquels déposer leurs œufs. Pour détruire les
réserves alimentaires et les larves des dermestidés, il est nécessaire d’inspecter et d’aspirer deux fois par an les faux-
plafonds, greniers, placards, zones de maintenance et salles des machines ainsi que les cages d’ascenseur.
2. Placer des pièges enduits d’une matière poisseuse pour engluer les insectes rampants présents dans la bibliothèque,
ce qui contribue à réduire au minimum le nombre de cadavres gisant çà et là. Il faut toutefois savoir que les
dermestidés sont capables de voler jusqu’à un piège, de pondre leurs œufs sur un cadavre d’insecte et de se réenvoler
sans être eux-mêmes piégés. Les larves peuvent ensuite dévorer la carcasse de l’insecte piégé, se nymphoser puis se
métamorphoser en adultes pour s’envoler du piège sans être prises dans le produit gluant. Il faut donc enlever
régulièrement les pièges où les insectes se sont accumulés pour les remplacer par des pièges neufs.
3. Equiper toutes les portes et fenêtres de moustiquaires ou de grillages pour empêcher les insectes adultes de
pénétrer dans le bâtiment. Si l’on agrémente les abords de plantations ornementales, il faut éviter les plantes à fleurs
blanches ou bleues ou très riches en pollen. La Lagerstrœmia et les spirées attirent particulièrement des dermestidés
adultes qui se nourrissent de leur pollen.
4. Détruire tous les nids d’oiseaux accolés au bâtiment et se trouvant aux abords. Les dermestidés s’y installent, se
nourrissant de cadavres d’oiseaux, plumes et autres débris.
5. Détruire pour les mêmes raisons les rongeurs et leurs nids.
6. Vaporiser des insecticides à effet rémanent peut servir dans une certaine mesure à lutter contre les dermestidés
mais n’est généralement guère efficace, en particulier sous les climats humides et chauds.
7. Mettre des plaquettes Vapona dans les chambres fortes, les armoires et les magasins fermés pour détruire les
dermestidés sous toutes leurs formes.
8. Enfermer complètement les documents vulnérables et précieux dans des sacs de polyéthylène afin d’empêcher les
insectes et autres animaux nuisibles qui rongent les tissus de s’y attaquer. A moins que les objets ne présentent une
forte teneur en humidité lorsqu’ils sont placés dans le sac, les risques qu’ils y moisissent sont minimes.
Termites souterrains
Comme on l’a vu dans une section précédente, les colonies de termites souterrains vivent dans le sol, les ouvriers se
construisant un chemin jusqu’à l’intérieur des bâtiments pour se nourrir de matières cellulosiques. Le meilleur
moyen pour lutter contre les termites souterrains consiste à rendre les bâtiments moins vulnérables à leurs attaques
par des aménagements matériels et à placer dans le sol des barrières chimiques que ces insectes ne peuvent traverser.
Ces barrières chimiques toxiques doivent être posées par une entreprise spécialisée. Les aménagements à apporter
aux bâtiments peuvent être les suivants:
1. Eliminer tout contact bois-sol. Tous les éléments de construction en bois poteaux, escaliers, ornements extérieurs,
plinthes, poteaux porteurs intérieurs seront posés sur des socles de béton. Les plots de repère et planches de coffrage
seront enlevés.
2. Poser des gouttières et aménager des pentes de manière à éloigner l’eau des bâtiments, rendant de la sorte ceux-ci
moins vulnérables aux invasions de termites.
3. Veiller à ce que tout revêtement extérieur en bois soit écarté du sol d’au moins 15 cm.
4. Ménager entre le fond des vides sanitaires et les solives des planchers un espace d’au moins 45 cm.
5. Retirer de ces vides sanitaires tous les débris - souches, racines d’arbre, morceaux de bois, planches de coffrages,
copeaux et papiers.
6. Veiller à ce que les descentes de caves soient en béton coulé, en blocs de béton ou en métal et non en bois.
7. Veiller à ce que les châssis des soupiraux des caves soient ou bien en métal ou bien en bois traité par imprégnation
forcée (injection).
8. Veiller à ce que les châssis des orifices de ventilation et autres ouvertures du soubassement soient en métal ou en
bois traité par imprégnation forcée.
9. Installer des protections métalliques antitermites permanentes sur le sommet des fondations avant d’y fixer des
éléments en bois.
10. Veiller à ce qu’au point de pénétration de tuyaux dans une dalle au niveau du sol le béton soit parfaitement
jointif.
Souris
Il est important d’empêcher la présence de souris dans les bibliothèques: pour cela, on procédera de la manière
suivante:
1. Boucher tous les trous, fissures, etc., communiquant avec l’extérieur au moyen de tournure de cuivre et de mastic
d’étanchéité.
2. Ne jamais poser d’appâts toxiques contre les souris à l’intérieur des bibliothèques. Les souris iront mourir dans les
cavités des murs, des planchers et des plafonds, et leurs cadavres attireront les dermestidés.
3. Utiliser les techniques de piégeage mécanique (tapettes appâtées au fromage ou toute autre denrée alimentaire dont
les souris sont friandes). Il existe également dans le commerce des pièges - tels que le piège «Ketch-all» - qui
permettent de prendre plusieurs souris vivantes à la fois et fonctionnent sans appât, en tablant sur la curiosité innée
des souris. Des gluaux peuvent également être utilisés pour attraper les souris. Les animaux meurent peu après avoir
été piégés et l’on peut alors jeter les gluaux.
4. Inspecter périodiquement le bâtiment de fond en comble à la lumière d’une torche électrique afin de repérer les
endroits infestés. La présence d’excréments indique le lieu précis où il convient d’intervenir. Deux ou trois semaines
après la mise en route de la campagne, nettoyer et enlever tous les excréments de façon à pouvoir suivre les progrès
du piégeage.
5. Dans les régions tempérées, programmer les campagnes de piégeage à la fin de l’été et au début de l’automne, de
sorte que les pièges soient en place lorsque les souris auront naturellement tendance à se réfugier à l’intérieur des
édifices.
Rats
La dératisation doit être menée principalement à l’extérieur des bâtiments et peut consister:
1. A poser régulièrement des pièges à appâts empoisonnés aux endroits appropriés sur le pourtour extérieur du
bâtiment.
2. A inspecter le sol, les buissons et la végétation pour y déceler des signes d’activité des rongeurs tels que la
présence de terriers, de galeries et d’excréments. Poser les appâts directement dans les terriers.
3. A débarrasser le bâtiment et ses abords des débris, tas de bois, machines et matériel mis à la réforme et tout autre
objet pouvant constituer un abri pour les rongeurs.
4. A installer et à entretenir une barrière de gravier de 1,20 m autour de la bibliothèque pour empêcher les rongeurs
d’y pénétrer.
Moisissures
Pour lutter contre les moisissures, on pourra recourir aux mesures suivantes:
1. On installera un système de climatisation abaissant le taux d’humidité de l’air et chauffant celui-ci à la température
voulue. Ce système devra être conçu pour traiter l’air entrant de l’extérieur aussi bien que l’air recyclé. Il devra être
pensé et dimensionné avec soin de manière à admettre des charges correspondant aux taux d’humidité de l’air
extérieur aussi bien qu’intérieur. L’objectif est de maintenir en permanence dans la bibliothèque une humidité
relative de 50 à 60 % et une température de 20 à 22°C.
2. S’il n’existe pas de système de climatisation de ce type sur le marché ou s’il est impossible d’en installer un on
pourra faire circuler l’air au moyen de ventilateurs, en particulier au voisinage des murs extérieurs et des planchers,
pour tenter ainsi d’abaisser la teneur en eau des documents et d’éliminer les poches de forte humidité.
3. On étanchera par l’extérieur les parois des sous-sols et les parties de mur enterrées pour empêcher l’humidité d’y
pénétrer et de s’infiltrer à l’intérieur du bâtiment; on contribuera ainsi à réduire le taux d’humidité interne.
4. On bétonnera les sols des sous-sols et niveaux inférieurs pour empêcher les infiltrations dans le bâtiment. Si cela
est impossible, il faut au moins poser sur les sols de terre battue un film de polyéthylène de 4 à 6 mm d’épaisseur
pour abaisser la quantité d’humidité volatilisée dans l’atmosphère interne.
5. On peut également appliquer des peintures ou des résines époxides étanchéifiantes sur les planchers et les murs
pour prévenir la pénétration de l’humidité dans le bâtiment.
6. Des orifices de ventilation et des ventilateurs peuvent être installés dans les greniers pour faire circuler l’air dans
les bâtiments là où il n’existe pas de système de climatisation et où le climat tropical exige que les fenêtres soient
ouvertes toute l’année. Ces installations permettent au moins de maintenir l’air en mouvement dans tout le bâtiment.
7. Les tranchées et canalisations à ciel ouvert situées dans les salles des machines et les zones voisines des
rayonnages seront couvertes pour empêcher l’évaporation de liquides à l’intérieur du bâtiment.
8. A l’exception des distributeurs d’eau de boisson, les fontaines ou chutes d’eau intérieures sont à proscrire dans les
bibliothèques.
9. Les plantations à l’intérieur des locaux ne doivent pas non plus être permises. Pour réduire la quantité d’eau
libérée dans l’air des pièces, il convient de n’admettre qu’un minimum de plantes d’ornement.
10. Les graves infestations fongiques faisant suite à une inondation, à un dégât des eaux, à une fuite ou à un incendie
constituent un problème bien distinct qui sort du cadre du présent document.
11. Il est indispensable d’inspecter régulièrement les collections à la lumière d’une torche électrique pour repérer les
zones à problème. Les infestations localisées de moisissure peuvent être stoppées temporairement par l’application
de produits chimiques aux endroits touchés jusqu’à ce que d’autres aménagements puissent être opérés.
12. On appliquera couramment du thymol sur les livres, papiers et autres documents conservés dans les bibliothèques
pour lutter par ce moyen chimique contre les moisissures. Son utilisation en vaporisations, pulvérisations ou
fumigations volatilisées par la chaleur, ne protège pas durablement les documents. Le thymol tue bien par contact les
spores et le mycélium de certaines espèces de champignons, mais lorsque les documents ne baignent plus dans la
vapeur du produit, ils redeviennent vulnérables au dépôt de spores et à leur germination éventuelle.
Aux Etats-Unis, le thymol ne figure pas parmi les produits chimiques antifongiques enregistrés par l’Agence pour la
protection de l’environnement Il est néanmoins souvent utilisé par les services techniques des bibliothèques et les
services de conservation-restauration des musées. L’application se fait par vaporisation de cristaux de thymol dissous
dans l’alcool éthylique (éthanol). Une concentration finale de 1 % est normalement utilisée. Le technicien qui
procède à l’application porte un masque homologué pour l’utilisation de produits chimiques organiques, ainsi que
des lunettes. Pour se prémunir contre les irritations dermiques, il devrait également porter des gants de caoutchouc.
Certains établissements ont affecté de petits locaux aux fumigations au thymol. Les cristaux de thymol sont placés
sur un plateau de métal et chauffés au moyen de plusieurs ampoules électriques. L’atmosphère du local clos se sature
de molécules de thymol, ce qui a pour effet de fumiger les documents qui s’y trouvent. Les précautions à prendre
pour la manipulation sont les mêmes que celles déjà mentionnées. Pour pouvoir manier ensuite sans danger les objets
fumigés de cette manière, il faut au préalable les avoir dûment aérés sous hotte ou en plein air de sorte que tout
thymol résiduel se soit volatilisé. Comme on l’a dit plus haut, après aération, il ne reste pas de thymol sur les objets
pour les protéger contre une croissance fongique ultérieure.
Le paradichlorobenzène a également été utilisé en espace clos comme fumigateur doux antimoisissure. Alors qu’il ne
faut pas plus de 24 heures de fumigation au thymol pour appliquer le produit sur les objets, une fumigation au
paradichlorobenzène peut prendre jusqu’à trois semaines à moins que les cristaux ne soient volatilisés par chauffage.
Ce produit ne confère pas non plus de protection antifongique durable aux documents traités.
L’orthophénylphénol est un autre produit chimique phénolique qui a été utilisé pour combattre, sans effet rémanent,
les moisissures qui s’attaquent aux collections des bibliothèques. Ce produit n’est pas inscrit officiellement parmi les
fongicides admis dans les bibliothèques aux Etats-Unis mais on s’en est servi dans des cas d’infestation
cryptogamique grave consécutive à une inondation ou un incendie. Des applications répétées du produit dilué dans
de l’alcool ont été effectuées par pulvérisation ou nébulisation de la solution sur les documents.
Les applications sont répétées pendant un certain nombre de jours. Elles sont généralement effectuées par des
entreprises de désinfection ou par des personnes dûment formées à l’utilisation de cette substance chimique.
On a aussi utilisé des solutions à base d’alcool et d’eau de javel diluée en applications localisées sur les collections,
les rayonnages, les murs et les planchers de bibliothèques. N’importe quel oxydant puissant tue les spores de
moisissure mais aucun ne confère une protection chimique fongicide rémanente.
ignifuges continuent en effet de sécher pendant de longues périodes. Pendant ce temps, ils peuvent être source de
graves problèmes de moisissures.
Il arrive souvent qu’il faille laisser les tiroirs ouverts en quasi-permanence pour prévenir une accumulation excessive
d’humidité à l’intérieur du meuble, ce qui rend celui-ci inefficace en tant que meuble anti-feu et oblige le personnel à
une constante surveillance. La solution au problème réside dans l’achat de coffres et armoires ignifuges à isolation
«sèche», qui ne posent pas de problèmes d’humidité.
Surveillance du programme
Une fois le programme intégré élaboré par le comité de défense contre les organismes nuisibles, sa mise en œuvre
nécessite des inspections et une surveillance régulières. Lorsqu’on fait appel à des entreprises spécialisées pour la
réalisation de certaines phases du programme, une surveillance s’impose pour s’assurer que le contrat est
intégralement exécuté et les fonds correctement employés.
Le comité doit rester en contact avec les services techniques de l’établissement et les entreprises de désinfection pour
être au courant des nouveautés susceptibles d’influer sur le programme de lutte. Cela lui permettra également d’être
informé des programmes de formation et des séminaires intéressant son travail. Peut-être aussi le comité aura-t-il
intérêt à s’abandonner à différentes revues professionnelles spécialisées pour actualiser en permanence ses
connaissances.
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INTRODUCTION
Lutte contre les sinistres dans les bibliotheques et les archives prevision et
sauvetage
Les bibliothèques et les dépôts d’archives sont les lieux où sont entreposés les témoins de l’existence d’une culture,
des documents représentatifs des travaux d’érudition et de création d’une civilisation ainsi que de son rôle dans la
société et l’histoire. Ces documents sont un cadeau que le passé fait au futur et qu’une génération rassemble dans
l’espoir que ce qu’elle a pensé, créé et découvert soit pour les générations à venir à la fois agréable et utile. La
préservation de ces liens fragiles et parfois ténus incombe à ceux qui ont la garde de ces ouvrages. Or une
bibliothèque ou un service d’archives court toujours le risque d’être frappé par la plus grande catastrophe qui soit: un
sinistre. C’est à regret et avec mélancolie que nous pensons aux trésors connus et inconnus disparus à jamais du fait
des incendies d’Alexandrie et de Constantinople, du pillage des monastères, de la mise à sac de collections privées et
publiques, des dévastations causées par les guerres modernes et des ravages du climat et des intempéries.
Se préparer à lutter contre les sinistres est l’une des décisions les plus importantes qu’un bibliothécaire ou un
archiviste puisse prendre pour protéger les collections. Les bibliothèques et les archives sont trop souvent en proie de
ce fait à des dommages importants et coûteux qui auraient souvent pu être évités ou tout au moins réduits. Les
exemples de dommages causés aux collections, aux bâtiments et aux matériels en ce quart de siècle sont
suffisamment éloquents pour convaincre, même le plus sceptique, que la mise en route d’un plan de lutte est une
mesure primordiale de bonne gestion. La liste des quelques-unes des catastrophes survenues ces dernières années
suffit à montrer que la prévention des sinistres est capitale. S’ils sont inévitables, on doit tout au moins pouvoir en
minimiser les conséquences en prenant des mesures en prévision des sinistres et en organisant convenablement les
secours de manière à récupérer le maximum de ce qui peut l’être.
1966 - 4 novembre: inondations de Florence (Italie): plus de deux millions de volumes rares et irremplaçables et
d’innombrables manuscrits sont sérieusement endommagés.
1966 - La Jewish Theological Seminary Library de New York, victime d’un incendie criminel, a pour trois millions
de dollars de livres brûlés et endommagés par l’eau.
1971 - Un incendie, dû à la vétusté de l’installation électrique, se déclare à la Radcliffe Infirmary, Oxford
(Grande-Bretagne) et détruit totalement l’une des plus belles bibliothèques d’ouvrages médicaux rares dans le
monde.
1972 - A la suite d’un cyclone, les bibliothèques et les archives de l’État de Pensylvanie ont à déplorer 6.500.000
dollars de dommages dus aux pluies et aux inondations.
1975 - La Case-Western Reserve University Library de Cleveland (Ohio) est inondée: 40.000 livres et 50.000 cartes
et périodiques sont mouillés et souillés par la boue. Coût de l’opération de sauvetage: 540.000 dollars.
1977 - Le Musée et la Bibliothèque de l’espace, à San Diego (Californie), sont totalement détruits par un incendie
criminel; coût 16 millions de dollars.
1986 - La Bibliothèque centrale de Los Angeles est par deux fois victime d’un incendie criminel; 400.000 ouvrages
sont détruits et 1.250.000 autres endommagés par la fumée et l’eau.
Ce manuel s’adresse aux personnes qui sont chargées d’organiser la lutte contre les sinistres dans les bibliothèques et
les archives. Les principes directeurs que nous proposons leur seront utiles: elles y trouveront des orientations et des
recommandations sur la façon de se préparer à affronter un sinistre et la marche à suivre pour sauver ensuite ce qui
peut l’être. Ces suggestions permettront aux bibliothécaires et aux archivistes d’établir «sur mesure» le plan de lutte
que commandent leurs collections, leurs ressources et le personnel dont ils disposent. Ce manuel ne concerne que les
sinistres dus au feu et aux dégats des eaux et touchant les livres, les manuscrits et les photographies. L’accent est mis
sur la planification de la lutte contre les sinistres; les thèmes traités sont les suivants:
— établissement d’un plan de lutte contre les sinistres
— contenu d’un plan de lutte
— prévention des sinistres
— protection des collections contre les sinistres
— intervention en cas de sinistre
— opérations de sauvetage après un sinistre.
Pour le chapitre concernant le processus de planification de la lutte, nous nous sommes inspirés du témoignage des
personnes qui, au cours des 20 dernières années, ont organisé la lutte en prévision des sinistres et mené des
opérations de sauvetage. Quelques-uns des conseils que nous formulons ne s’appliquent pas aux grands services
d’archives et aux bibliothèques importantes; d’autres au contraire ne conviennent pas dans le cas de petits
établissements. Quoi qu’il en soit, l’essentiel - et c’est un point sur lequel nous insistons dans les principes directeurs
- ce sont des mesures précises de prévention et de protection et des opérations d’intervention et de sauvetage menées
dans les règles. Enfin, on trouvera dans ce manuel l’exposé de principes généraux concernant les mesures à prendre
en prévision des sinistres et la conduite des opérations de sauvetage, que chacun pourra adapter à ses besoins.
Dans ce manuel, qui est divisé en deux chapitres, (I) Mesures à prendre en prévision des sinistres et (II) Opérations
de sauvetage, on insiste sur la nécessité de Planifier la lutte. Le chapitre premier contient des recommandations quant
au processus de planification et l’énoncé détaillé des points à inclure dans le plan de lutte. Les chapitres suivants
traitent des quatre grands aspects de la planification.
Prévention - (Chapitre deux) Comment prévenir les sinistres en évaluant les risques d’origine intérieure et extérieure
aux bâtiments. Comment construire ou réaménager les locaux de manière qu’ils assurent une meilleure prévention,
moyen le plus recommandable car le moins coûteux pour s’organiser en prévision d’un sinistre éventuel.
Protection - (Chapitre trois) Mesures à prendre et matériel utile ou nécessaire pour assurer la sécurité des fonds et
collections. Les mesures de protection proposées ici résultent des évaluations effectuées dans le cadre des enquêtes
sur les risques examinés au chapitre deux. Des mesures particulières sont suggérées en ce qui concerne la protection
contre les incendies et les inondations, les bâtiments et la régulation climatique. On insiste également sur la vigilance
que doit exercer le personnel et sur sa formation.
Intervention - (Chapitre quatre) Planification: mesures à prendre pour pouvoir agir immédiatement et efficacement
en cas de sinistre. Différentes techniques de sauvetage possibles; priorités en matière d’organisation de l’intervention
et des opérations de sauvetage. Recommandations quant aux premières mesures spécifiques à prendre pour sauver
des collections en danger, qu’il s’agisse de quelques livres mouillés seulement ou d’un sinistre catastrophique.
Opérations de sauvetage - (chapitres cinq, six et sept) indications sur l’organisation des opérations de sauvetage en
cas d’incendie ou de dégâts des eaux. Aucune opération de sauvetage ne peut réussir sans une préparation
extrêmement minutieuse et détaillée. Heureusement, les techniques et méthodes de sauvetage et de remise en état ont
été testées et évaluées ces 10 dernières années et les meilleures d’entre elles sont ici décrites et évaluées.
Nous avons tenu compte ici des besoins d’institutions de taille variée, ayant des collections plus ou moins riches et
complexes. Les conseils que contient ce manuel s’adressent aux personnes qui ont la charge de rassembler, conserver
et offrir à la consultation livres, manuscrits et archives publiques. Nous exhortons tous les bibliothécaires et
archivistes, ceux des grandes villes comme ceux des petites agglomérations rurales, à prendre des mesures pour lutter
contre d’éventuels sinistres en s’inspirant de ce manuel pour concevoir et mettre en œuvre un plan spécifiquement
adapté à leur institution et à ses besoins.
La bibliographie qui figure à la fin du manuel aidera le lecteur à se renseigner plus en détail dans la source originale
sur bon nombre des suggestions et recommandations formulées dans ce manuel. Les annexes contiennent des
documents provenant d’autres bibliothèques qui peuvent être utiles au moment de l’établissement des plans. Une
liste de services, d’entreprises et d’experts pouvant aider à mettre au point le meilleur plan de lutte possible est
jointe.
Bien que la question de la sécurité des personnes ne soit pas abordée dans l’ouvrage, elle est en toutes circonstances
la priorité des priorités. La vie humaine est plus précieuse que le plus précieux des objets et les mesures de sécurité et
d’évacuation d’urgence du personnel et du public doivent être mises en place avant même qu’on commence à
s’intéresser au sort des collections. Ce principe étant posé, il nous a cependant semblé préférable de consacrer un
document distinct à ces directives concernant le sauvetage des collections afin d’éviter la confusion et de circonscrire
le sujet.
organisme de plus grande envergure, ce responsable constituera un comité chargé de le seconder dans son travail.
Cependant, quelles que soient les modalités adoptées, il importe que le responsable maîtrise bien les questions
concernant la structure de l’institution, sa gestion et son personnel. Cette connaissance est la garantie que le plan sera
conforme aux principes et règles établis et qu’il sera applicable à l’institution considérée. Le responsable de la
planification doit aussi être tout à fait conscient de la nécessité de faire appel aux apports de nombreuses personnes
de ressources, de la maison ou d’ailleurs, tout au long du processus de planification.
Si l’on constitue un comité, il est souhaitable d’y faire entrer des membres du personnel de différents départements
de la bibliothèque -catalogage, acquisitions, prêt et orientation des lecteurs, par exemple -chacun apportant une
expérience extrêmement précieuse de même que les responsables des services d’entretien des bâtiments ou de
sécurité Au catalogage, on connaît bien par exemple les conséquences de la destruction des catalogues
topographiques ou autres difficultés qui empêchent d’accéder aux collections, tandis que les employés du prêt et de
l’orientation des lecteurs peuvent avoir de bonnes idées pour le maintien de l’accueil des usagers après un sinistre.
Les services d’entretien des bâtiments peuvent signaler tous les risques et les particularités que présente telle ou telle
partie du bâtiment. Certains comités ont constaté qu’en invitant à siéger à leurs réunions, ne serait-ce qu’à titre
temporaire, des experts en matière d’incendie et de sécurité, ils avaient fait d’une pierre deux coups: tout en obtenant
des informations de très haute importance, ils avaient fait connaître à l’extérieur les besoins et les problèmes internes
de l’institution. Il y a en outre, dans certaines localités, des spécialistes de la protection civile, dont l’expérience peut
être utile et, souvent, éviter des pertes de temps.
dans la bibliothèque ou les archives considérées. Si l’institution compte plusieurs divisions ou bâtiments, une liste de
priorités sera établie pour chacun et confrontée ensuite avec la liste des priorités générales de l’institution. Tel
département peut choisir de privilégier dans l’ordre le catalogue topographique, puis la collection de périodiques et
en troisième lieu les livres rares. Un autre peut vouloir protéger d’abord ses cartes ou ses microfilms. Quand la
bibliothèque est petite, les priorités sont parfois plus faciles à définir, tout simplement parce qu’il n’y aura pas à
résoudre des complications qui augmentent avec l’échelle.
Une fois les priorités fixées, on les inscrira sur le plan d’étage de chaque collection qui constituera l’une des annexes
au plan de lutte contre les sinistres (nous y reviendrons dans les paragraphes B.4 et B. 11 du présent chapitre). Si l’on
craint le vol et le vandalisme, par exemple dans le cas de collections de livres rares, mieux vaut ne pas joindre le plan
d’étage les concernant au plan de lutte pour distribution générale et en restreindre la diffusion aux responsables
désignés. Autant que possible, les collections prioritaires seront aussi signalées sur les épis ou les rayons, afin d’être
aisément identifiables par les équipes de lutte anti-incendie et le personnel de garde. On peut employer à cette fin une
numérotation ou un marquage de couleur discrets, sur les montants des épis ou les étagères. Dans les magasins très
étendus, il est souvent utile d’afficher les priorités figurant sur le plan du bâtiment, à chaque niveau ou étage. Mieux
vaut tout prévoir et rendre par là même toutes ces précautions inutiles.
1. Introduction
Ce sera un exposé général mais bref de l’objectif et du champ d’application du plan. On y trouvera aussi toutes
directives générales concernant l’utilisation du plan, sa révision et son responsable. Il faut également une table des
matières qui permet de trouver une information facilement et rapidement.
verrouillées, des cages d’escalier, des dispositifs de sécurité exceptionnels, tout ce qui peut faciliter la tâche du
personnel d’intervention et de secours (voir chapitre premier, section A.6).
8. Ressources
Le plan doit comprendre, peut-être dans les appendices, une liste des personnes de ressource que l’institution peut
mobiliser: spécialistes de la restauration, bibliothécaires et restaurateurs ayant l’expérience de la prévention et du
sauvetage, centres et bibliothèques dont les ateliers de restauration peuvent donner des conseils. On inclura une liste
des entreprises et des services utiles, avec leur numéro de téléphone et leur adresse, ainsi que ceux du responsable à
appeler dans les situations critiques. On indiquera aussi les endroits où l’on pourra trouver les fournitures
nécessaires, par exemple des boîtes et des bâches en plastique. La Section F du chapitre trois donne la liste des
fournitures qui doivent être disponibles sur place et celles que l’on devra se procurer pour les opérations de
sauvetage (voir appendice A.3).
10. Appendices
Ils comprendront les plans d’étage de tous les départements et annexes; les directives qui ne trouvent pas leur place
dans d’autres sections; les schémas, les formulaires et les principes à suivre pour les opérations futures de prévention
et de planification (voir appendice A.10, 11).
11. Bibliographie
La bibliographie donne la liste des ouvrages de référence fondamentaux pour apprendre à se préparer en prévision
d’un sinistre et conduire des opérations de secours. Les ouvrages mentionnés doivent être à la disposition du
personnel. La bibliographie qui figure à la fin du présent ouvrage est longue, mais on peut se contenter de
quelques-uns des titres cités; il sera utile de pouvoir les consulter tout au long du travail de préparation du plan.
L’ensemble du plan de lutte contre les sinistres aura besoin d’être contrôlé et revu périodiquement car les numéros de
téléphone, les services et les technologies peuvent changer. Il est utile d’inclure dans les directives générales de mise
en œuvre du plan les modalités de sa mise à jour.
bâtiment peut-il être facilement atteint par un feu d’origine extérieure, par exemple, un incendie de forêt ou un feu de
brousse?
2. Les bâtiments peuvent-ils être endommagés par l’eau - des eaux d’irrigation peuvent-elles s’infiltrer dans le
bâtiment ou les fondations? Y a-t-il des fontaines ou des bouches d’incendie qui pourraient poser des problèmes?
3. Comment sont disposés les arbres près des bâtiments: est-ce que leurs racines ou leurs branches représentent une
menace?
4. Quel est l’état du toit, des gouttières, de la zinguerie en général: y a-t-il des fuites, est-ce que le matériau de
couverture est approprié et en bon état, quand fait-on des travaux de nettoyage et quel est le calendrier des
réparations et des travaux d’entretien?
5. Le système d’évacuation des eaux usées est-il efficace: les canalisations sont-elles nettoyées régulièrement?
Débouchent-elles loin des bâtiments? Y a-t-il un risque de refoulement et dans quelles circonstances? Peut-on
installer des valves pour y remédier? Quel est le calendrier des travaux de réparation et de maintenance?
6. Dans quel état sont les lanterneaux, les fenêtres et les portes: le calfeutrage est-il efficace? Les châssis et les
carreaux sont-ils bien entretenus? Les serrures sont-elles solides et suffisantes?
7. Dans quel état sont les matériaux de construction? Le mortier est-il sain? Le bois est-il peint, est-il attaqué par le
champignon? Les termites? La maçonnerie est-elle sans défaut?
8. Comment sont les fondations: paraissent-elles solides? Y a-t-il de grandes fissures ou des vides?
9. Les détritus sont-ils ramassés et brûlés comme il convient dans des incinérateurs couverts qui empêchent toute
projection à l’extérieur pendant la combustion?
10. Y a-t-il des corbeilles pour le dépôt des livres rendus? Si oui, des précautions sont-elles prises pour éviter qu’un
incendie qui s’y déclarerait puisse se propager au bâtiment?
11. Un peu de bon sens et de vigilance suffisent souvent pour écarter les risques d’origine extérieure.
Malheureusement, on a tendance, à la saison sèche, à négliger ces tuiles mal fixées, ou cette branche d’arbre
menaçante qui surplombe le bâtiment; c’est une erreur qu’on regrettera amèrement quand un orage imprévu
emportera tout l’angle du toit ou projettera la branche d’arbre à travers une fenêtre.
Quand les risques sont identifiés, il faut faire le nécessaire pour les éliminer. S’ils sont nombreux, ou si les réformes
nécessaires sont onéreuses, cela prendra un certain temps. Il est important de signaler les priorités aux autorités
compétentes, d’exposer de façon objective les faits et les résultats escomptés et de ne jamais se laisser aller à
l’amateurisme tant que les réparations ne sont pas terminées.
4. Les tuyaux et canalisations: sont-ils en bon état? L’écoulement se fait-il bien? Y a-t-il des fuites? Y a-t-il des
valves pour empêcher les eaux de refluer? Les tuyaux passent-ils au-dessus ou au milieu des collections? Les joints
sont-ils en bon état? Y a-t-il des signes de fuite?
5. Le système de chauffage et de ventilation: est-il inspecté régulièrement? Est-il nettoyé? Est-ce que les tuyaux et
les radiateurs représentent un danger quelconque pour les collections?
6. Les câbles électriques: y a-t-il des câbles apparents, des prises ou des fils électriques qui ne correspondent pas aux
besoins? Y a-t-il trop de prises multiples? du matériel électrique mal utilisé?
7. Le système de climatisation: est-il entretenu régulièrement? Les tuyaux représentent-ils une menace pour les
collections? L’emplacement des installations, par exemple sur le toit, constitue-t-il un danger potentiel pour les
collections?
8. Les magasins: les étagères sont-elles contreventées pour des raisons de sécurité et pour résister à tout problème
éventuel, un séisme par exemple? Les collections qui font l’objet d’une manipulation sont-elles empilées sur des
palettes, des rayonnages ou des chariots, ou les laisse-t-on sur le sol? La capacité des magasins est-elle suffisante?
9. Les système de détection des fumées et du feu: y a-t-il des alarmes, des détecteurs de fumée ou des détecteurs de
particules? Ce matériel est-il testé régulièrement? Les alarmes sont-elles reliées à un central de surveillance? Les
panneaux d’alarme sont-ils bien signalés et faciles à trouver?
10. Les installations anti-incendie: s’il y en a, sont-elles en bon état de marche? Les alarmes sont-elles reliées à un
central de surveillance? Les installations sont-elles testées régulièrement?
11. Les alarmes antidégâts des eaux: s’il n’y en a pas, seraient-elles nécessaires? Sont-elles reliées à un central de
surveillance? Sont-elles bon état et placées là où il le faut?
12. Le plan général et les plans d’étage du bâtiment et de ses annexes: ces plans existent-ils? Sont-ils faciles à
consulter et tenus à jour? Les conduites de gaz et les armoires électriques sont-elles clairement signalées? Le
personnel sait-il comment couper l’eau, le gaz, l’électricité ou bien peut-il alerter rapidement les responsables
chargés de le faire?
Eliminer ou réduire certains risques d’origine intérieure peut être très onéreux, comme dans le cas des risques
d’origine extérieure. Après avoir défini les besoins en la matière, on peut fixer des priorités, proposer les mesures de
protection qui conviennent, établir un calendrier, estimer les coûts. Pour les problèmes simples, par exemple, le
ramassage des ordures, il suffira d’éduquer le personnel ou de changer les horaires. D’autres exigeront qu’un
membre du personnel passe du temps à identifier les responsables appropriés, par exemple, les personnes autorisées à
couper l’eau ou le gaz. Enfin, d’autres risques demanderont peut-être une planification financière de grande
envergure, pour l’installation d’un système anti-incendie, par exemple.
Encore une mise en garde: un certain nombre de sinistres dans les bibliothèques ont été causés par des ouvriers
négligents qui ne comprennent pas que les collections sont fragiles. Si bien intentionnées soient-elles, toutes les
personnes étrangères à l’établissement travaillant sur ou dans le bâtiment, doivent être normalement surveillées afin
d’éviter tout incendie ou dégât des eaux. Un tel laissera des trous dans la toiture; tel autre utilisera un chalumeau sans
précaution; pulvérisera inconsidérément de l’eau, laissera des fenêtres ouvertes ou oubliera de retrancher portes de
sécurité et alarmes. En effet, il ne faut jamais croire que des étrangers à l’établissement traiteront les collections avec
le même soin que les personnes qui en ont la garde.
détérioration et la dégradation des documents. L’une des fonctions du comité de lutte contre les sinistres ou de la
personne chargée d’élaborer le plan de lutte est d’inciter l’administration à réduire les risques climatiques aussi
rapidement et aussi rationnellement que possible.
La plupart des institutions ont certes leur propre liste de risques; voici cependant une énumération de ceux à prendre
en considération:
1. Ordures: sont-elles ramassées régulièrement? Sont-elles enlevées correctement et rapidement? Les matériaux
dangereux sont-ils stockés en sûreté?
2. Passages, sorties et embrasures de porte: sont-ils dégagés et bien indiqués?
3. Portes coupe-feu: fonctionnent-elles bien? Sont-elles fermées si elles ne sont pas commandées par des alarmes? Le
personnel les laisse-t-il parfois ouvertes pour faciliter ses allées et venues?
4. Portes étanches (si nécessaire): fonctionnent-elles bien? Restent-elles fermées si elles ne sont pas commandées par
des alarmes? Le personnel les laisse-t-il parfois ouvertes pour couper au plus court à travers le bâtiment ou faciliter le
déplacement des collections?
5. Collections: sont-elles emmagasinées correctement, ni sur le plancher ni près des caves, des murs humides, d’une
lumière forte ni dans un endroit particulièrement poussiéreux?
6. Films au nitrate: sont-ils bien étiquetés et emmagasinés correctement? Sait-on comment les éliminer en toute
sécurité?
7. Fumer, boire, manger: les interdictions sont-elles claires et respectées?
8. Classement sur les rayonnages: y a-t-il des rayonnages adaptés aux différents formats et types de documents?
Utilise-t-on des serre-livres? Les tablettes sont-elles surchargées? Y a-t-il des conseils aux utilisateurs pour qu’ils
évitent de malmener les livres?
9. Epoussetage et nettoyage: le personnel de nettoyage se conforme-t-il aux normes locales établies? Applique-t-on
les bonnes méthodes et utilise-t-on les bons produits?
10. Eclairage violent: les collections sont-elles trop exposées à la lumière extérieure directe? L’éclairage à l’intérieur
est-il réglé du mieux possible grâce à des minuteries ou des filtres d’ultra-violets? Applique-t-on de bonnes normes
d’exposition des documents?
11. Température, hygrométrie et pollution atmosphérique: ces facteurs sont-ils maîtrisés, sinon au mieux, du moins
autant que les moyens disponibles le permettent? Les appareils de contrôle sont-ils propres et en bon état? S’il n’a
pas été possible d’installer un système onéreux, une circulation d’air est-elle assurée par des ventilateurs de plafond
ou d’autres moyens permettant d’éviter l’apparition de moisissures dans les endroits où l’air stagne?
Une fois l’étude des risques terminée, ses résultats seront compilés et on rédigera un rapport indiquant les risques qui
sont correctement neutralisés et ceux qui requièrent des mesures de prévention et de protection. Reste à indiquer des
priorités et à proposer des estimations de coût, si les études de risque ont révélé de nombreux besoins en matière de
prévention, avant de présenter le rapport à l’administration. A ce stade, il peut être opportun que le président du
comité de planification charge une équipe de travail de rechercher des solutions appropriées aux risques identifiés.
Le plan antisinistre comprendra un calendrier d’actualisation systématique des études de risque, auxquelles il sera
d’autant plus facile de donner suite que l’ampleur des risques diminuera progressivement.
Quand le personnel aura pris l’habitude d’être vigilant et attentif, beaucoup de ces problèmes seront notés, suivis ou
signalés automatiquement. D’autres, s’ils ont de l’importance, demanderont un effort soutenu de sensibilisation afin
d’amener des changements ou une amélioration. Des rapports rédigés de façon objective et des exemples empruntés
à d’autres institutions seront plus fructueux que des critiques négatives.
financement se révèle difficile, on cherchera de nouvelles sources de fonds avec le concours de consultants, si besoin
est, pour appuyer des demandes raisonnables. Il existe un certain nombre d’experts capables d’aider bibliothécaires
et archivistes à prévoir de manière avisée les meilleures solutions architecturales et constructives.
Au stade de la conception du bâtiment, on peut écarter un grand nombre d’éléments dangereux pour les collections et
installer des dispositifs et des services de prévention bien adaptés, pour un coût bien inférieur à celui du
réaménagement de locaux plus anciens. Les bâtiments doivent être conçus de façon à ce qu’aucune lumière violente
n’endommage les collections ni n’altère le mobilier. Certains locaux modernes comme ceux de la Bibliothèque
Newberry à Chigago (Illinois) sont aveugles: les risques d’un éclairage excessif et les problèmes de régulation
climatique en sont moindres. S’il y a des fenêtres, on préférera les panneaux de verre aux volets ou au grillage pour
diminuer les risques que représentent le climat, la pollution, les insectes et les moisissures.
Des systèmes de climatisation peuvent être prévus si certaines nécessités ou le climat local l’imposent; la centrale
sera installée dans un endroit éloigné des collections pour limiter tous dégâts éventuels. Des dispositifs de sécurité
appropriés équiperont les systèmes de chauffage et de ventilation et permettront notamment l’arrêt automatique de
ceux-ci en cas de feu ou d’émission de fumée. Des alarmes déclenchées par une pression excessive seront installées
sur toutes les conduites d’eau et de vapeur pour avertir de tout dérangement.
Des rayonnages solides et bien adaptés permettront de tirer le meilleur parti de l’espace disponible et de loger,
comme il convient, les collections. Si l’on installe des tapis, il ne faut pas qu’ils passent sous les rayonnages. Ainsi,
en cas d’inondation, ils pourront être séchés ou enlevés plus facilement. On aura soin d’assurer la sécurité des
collections et surtout celle des pièces les plus précieuses, qu’on protégera dûment du vandalisme, du vol et de tous
autres dangers.
Le choix des matérieux de construction et du mobilier mérite réflexion. L’emploi de matérieux ignifuges, dûment
testés et conformes aux normes de sécurité anti-incendie, peut ralentir la propagation du feu. On peut aussi beaucoup
limiter les risques de dégagement de fumées épaisses et de dépôt de suie. Les rayonnages des bibliothèques seront
construits ou transformés de façon à ce que la hauteur séparant les tablettes, corresponde à celle des livres, sans
intervalles inutiles. En cas d’incendie ces intervalles constituent des réservoirs d’oxygène qui transforment les
rayonnages en cheminées, provoquant encore plus de dégâts. On trouvera souvent auprès des pompiers de la localité,
ou d’un organisme national compétent, des conseils et une documentation des plus utiles.
Le viel adage «Mieux vaut prévenir que guérir» se vérifie plus que jamais lorsqu’il s’agit des sinistres dans les
bibliothèques et les archives. Dans le prochain chapitre, nous verrons en détail l’équipement et les mesures de
protection qui peuvent faciliter une prévention à la fois énergique et sérieuse.
la protection, d’enquêter par exemple sur les différents systèmes de lutte anti-incendie acceptables dans une
bibliothèque, de formuler des recommandations à ce sujet et de calculer le coût de l’opération. Dans les bibliothèques
de moindre importance, cette activité de protection peut dans bien des cas être confiée à une seule personne chargée
d’informer les autorités compétentes des besoins qui se font sentir et de prendre les mesures nécessaires.
On trouvera, dans le présent chapitre, des renseignements sur les principales mesures de protection qui ont été jugées
efficaces et utiles par des bibliothécaires et des archivistes. Les dispositifs de détection des risques d’inondation et
d’incendie et de protection contre ces risques aident beaucoup à limiter les dégâts. Lorsqu’on a le matériel à portée
de la main, on peut réagir plus vite. Quant à la formation du personnel, c’est l’une des meilleures garanties qui soient
d’une intervention sûre et bien menée qui réduise considérablement l’ampleur de la catastrophe.
A. Ressources humaines
Si vous êtes à la recherche d’idées neuves, n’oubliez pas toutes les personnes qui peuvent vous aider à protéger vos
collections. Dressez la liste de celles à qui vous pourriez vous adresser ou dont vous pourriez utiliser les services et
prenez contact par lettre ou par téléphone avec leur accord, vous ferez figurer leur nom sur les listes annexées au plan
de lutte. Assurez-vous périodiquement que ces personnes sont toujours en activité, que vous pouvez toujours compter
sur leur concours et que leur numéro de téléphone n’a pas changé. On pense immédiatement, en ce qui concerne ces
ressources humaines, aux pompiers, à la police, aux sociétés de surveillance, aux compagnies d’assurance, aux
sociétés d’entretien des bâtiments et des installations et à certains marchands de matériel, mais il y a lieu de songer
aussi aux bibliothécaires professionnels qui ont eu à affronter des sinistres, aux conservateurs, aux restaurateurs - de
livres et de tableaux - aux hommes politiques, aux personnels administratifs appartenant à votre institution ou à
d’autres et enfin, aux membres de la communauté bibliothéconomique et archivistique, nationale et internationale.
Les bibliothécaires et les conservateurs de Florence ont parfaitement su mettre à profit ces multiples sources d’aide,
après les inondations de 1966. Ajoutons, par ailleurs, que nombreux sont les spécialistes qui vous communiqueront
volontiers, à titre d’exemple, le plan de lutte contre les sinistres en vigueur dans leur établissement.
N’oubliez pas non plus les personnes qui, au sein même de votre bibliothèque ou de votre dépôt d’archives, sont en
mesure, grâce à leur connaissance des collections et des utilisateurs, de faciliter la démarche des planificateurs. Ces
spécialistes savent en effet quel document pourra être aisément remplacé et connaissent aussi ceux qui n’ont pas de
prix. Ils sont en mesure de dire que tels et tels documents, imprimés sur papier couché, seront irrécupérables s’il leur
arrivait d’être mouillés. Et puis, ils peuvent avoir des collègues dans d’autres organismes qui seraient disposés à
collaborer en cas de sinistre, à charge de revanche. Quant aux administrateurs, c’est auprès d’eux que vous pourrez
vous faire une idée générale des objectifs recherchés, des réalités financières et des rapports entretenus avec
l’institution mère ou les autorités de tutelle.
5. les détecteurs à faisceau linéaire détectent la fumée à l’aide d’un faisceau infrarouge.
1. Dispositifs manuels
(a) Des bouches d’incendie sont placées à l’extérieur et à l’intérieur du bâtiment; c’est là que les pompiers raccordent
leurs lances d’incendie Seul le personnel qualifié doit être habilité à manier ces lances d’incendie dont l’utilisation
peut être extrêmement dangereuse pour les collections et le contenu des bâtiments.
(b) Les extincteurs portatifs contiennent soit de l’eau, soit du gaz, soit des produits chimiques, chaque type étant
conçu pour permettre de lutter contre une catégorie précise de feu. A cet égard, il est très important de choisir le type
d’extincteur qui convient pour une bibliothèque ou un dépôt d’archives. Les extincteurs à eau pressurisée éteignent
parfaitement les feux de bois et de papier mais il ne saurait être question de les utiliser en cas de feu d’origine
électrique ou sur des liquides inflammables. Il est évident que leur action a pour effet de détremper les collections.
Quant aux systèmes au gaz Halon 1301 ou 1211, ils conviennent tout particulièrement bien dans le cas des
collections de bibliothèque ou des fonds d’archives, car leur emploi est parfaitement inoffensif à leur égard; en
revanche, ces extincteurs sont plus onéreux. Les systèmes au gaz carbonique (CO2) conviennent tout à fait bien dans
le cas des feux d’origine électrique mais ne sont pas aussi efficaces lorsque ce qui brûle est du bois ou du papier.
Quant aux extincteurs à produits chimiques, ils permettent d’éteindre tous les types de feux mais laissent sur les
documents des traces qu’il est parfois difficile d’enlever. Si l’établissement est équipé d’extincteurs, le service
incendie apprendra au personnel à les utiliser correctement.
2. Systèmes à gaz
(a) Les extincteurs au CO2 sont certes efficaces mais ils ne sont nullement recommandés dans les établissements
recevant du public du fait de leurs effets asphyxiants.
(b) Le gaz Halon 1301, marque commerciale de la société Dupont Corporation, est extrêmement efficace et
relativement peu dangereux pour les humains pour autant que ceux-ci n’y soient pas trop longtemps exposés. En
revanche, il est cher et ne convient qu’aux locaux relativement exigus et fermés; en règle générale, on l’emploie pour
protéger les musées, les collections spéciales et les pièces rares, ainsi que les locaux abritant des ordinateurs.
(d) Les systèmes à pré-action cycliques sont des systèmes analogues aux systèmes précédents, c’est-à-dire sous air,
mais ils en diffèrent sur un point très important. L’eau se coupe automatiquement dès que l’incendie est éteint, mais
peut recommencer à se déverser si besoin est. Ce genre de dispositif évite les dégâts inutiles.
(e) Les sprinklers de type «aquamatic» (intermittent) sont sous eau. Chaque tête de sprinkler s’ouvre puis se referme
puis s’ouvre à nouveau, selon les besoins, ce qui limite considérablement les dégâts dus à l’eau. C’est la solution la
plus onéreuse.
(f) Dans les systèmes dits «déluge», toutes les têtes de sprinkler entrent immédiatement en action, que cela soit
nécessaire ou non. Ces systèmes ne sont pas adaptés aux établissements à vocation culturelle en raison des dégâts dus
à l’eau que leur utilisation peut occasionner (4).
4. Autres systèmes
(a) On utilise dans bien des cas différentes sortes de mousses pour combattre les incendies survenant dans les locaux
industriels. A la condition de choisir la mousse appropriée, c’est un moyen de secours efficace aussi dans les
bibliothèques et les dépôts d’archives. Les mousses aqueuses se déposant sous forme de film ne présentent aucun
danger pour les documents sur film ou les disques de phonographe.
(b) L’emploi des poudres chimiques n’est pas recommandé dans les établissements à caractère culturel étant donné
qu’elles sont conçues pour combattre des incendies d’origine chimique ou industrielle et que leur emploi serait de
nature à occasionner de sérieux dommages aux collections.
F. Formation
La formation est particulièrement importante pour la réussite d’un plan de lutte contre les sinistres et surtout des
opérations de sauvetage. Les chapitres du plan consacrés au sauvetage insisteront sur les responsabilités du personnel
à cet égard. Il demeure que, pour être efficace, la formation du personnel en prévision des sinistres ne saurait le
préparer seulement à réparer les dégâts. Là encore, il convient d’insister sur l’importance des mesures concrètes de
planification, de prévention et de protection. Dans les chapitres consacrés à la planification et à la protection, nous
avons dit combien la participation du personnel était essentielle à une bonne connaissance des collections au moment
de l’établissement du plan de lutte. Elle l’est tout autant pour les petites collections que pour les grandes. Passé le
stade de la planification, le personnel a un autre rôle, tout aussi important, à jouer et qui est d’intervenir ou de
pouvoir intervenir lors des opérations de sauvetage. Un certain nombre d’institutions ont réfléchi à la démarche à
suivre pour s’organiser en prévision d’un sinistre et savoir comment y faire face. Voici une liste de conseils inspirés
des mesures jugées les plus efficaces par elles.
1. Organisez une ou plusieurs séances de formation afin de présenter au personnel le plan de lutte contre les sinistres
et son emploi. Etudiez soigneusement avec le personnel la marche à suivre afin d’avertir les personnes appropriées
en cas de sinistre et les dispositions à prendre en vue de protéger les collections. Des instructions seront notamment
données aux nouveaux membres du personnel sur l’application des consignes d’urgence et on leur expliquera le plan
de lutte.
2. Nommez un responsable officiel de la prévention et des secours. Une fois le plan de lutte établi, cette personne
comptera parmi ses attributions normales le maniement du plan et l’application de ses recommandations, la
réalisation de toutes les enquêtes ou études nécessaires et la direction des éventuelles opérations de sauvetage. Ce
responsable fera directement rapport à la direction de l’établissement. La personne choisie pourra être un agent des
services de conservation ou de restauration, un cadre moyen qualifié, le Président du Comité de planification de la
lutte contre les sinistres ou l’un des directeurs de la bibliothèque ou du dépôt d’archives. La complexité ou la
simplicité de sa tâche sera fonction de la nature des collections et de la situation.
3. Apprenez au personnel ou aux groupes de travail constitués à cet effet à enquêter sur les risques de sinistre et à
formuler des recommandations. Le nombre et la complexité des tâches à entreprendre seront réduits à un minimum
de façon qu’elles ne constituent pas une corvée. Etablissez un programme régulier d’enquête, selon l’importance
accordée aux divers risques encourus par la personne ou le comité chargé de la planification.
4. Constituez une équipe de secours, conduite par un chef dont les membres sachent réagir comme il le faut en toute
circonstance, face à un unique livre mouillé ou à une véritable catastrophe. La constitution d’une équipe s’impose
tout particulièrement dans le cas des collections importantes; lorsqu’elles le sont moins, une seule personne qualifiée
peut suffire. Formez les membres de l’équipe de façon concrète afin qu’ils sachent exactement l’attitude à adopter
dans le cas de chaque catégorie de document menacé. Définissez une procédure qui permettra à chaque membre de
l’équipe de secours de prendre la tête d’un groupe d’intervention en cas de sinistre grave. Le cas échéant, faites appel
à des spécialistes pour parachever leur formation et si cela n’est pas possible, lisez tout ce qui s’est écrit sur la
question et organisez vous-même cette formation. Prenez conseil, de vive voix ou par écrit, auprès de personnes qui
ont eu à affronter des sinistres ou ont une expérience de la formation en la matière. Mettez en place des équipes
communes ou régionales de formation ou de lutte. Etudiez la possibilité d’obtenir des fonds auprès de sources
extérieures pour pouvoir faire intervenir des spécialistes du dehors dans les séances de formation. Organisez un
simulacre de sinistre pour faire des exercices d’entraînement.
Lorsque l’établissement a la chance de compter un service de restauration ou qu’il en existe un à proximité auquel il
puisse s’adresser, l’équipe de secours n’aura sans doute pas à s’occuper elle-même des traitements d’urgence et il
suffira de la préparer aux grosses opérations de sauvetage.
Le chef de l’équipe de secours est responsable de son équipe et organise son déploiement dès qu’il est averti par le
directeur des secours; la procédure à suivre doit être consignée dans le plan de sauvetage. Il fait rapport au directeur
des secours et assure la liaison entre ce dernier et l’équipe de secours.
5. Mettez-vous en rapport avec toutes les personnes de l’extérieur susceptibles de participer aux opérations de
sauvetage. Les sapeurs-pompiers, qui ne sont pas habitués à travailler sur du matériel fragile, doivent savoir à
l’avance ce que vous attendrez d’eux le moment venu: cela leur évitera de Jeter les livres par la fenêtre ou de les
noyer inutilement. Mieux vaut mettre les lances à incendie en position brouillard si l’on ne veut pas que la force du
jet direct déchiquète livres et documents. Lorsqu’il faut déménager les livres pour les congeler ou les stocker ailleurs,
il est préférable que les déménageurs connaissent les précautions à prendre pour les manipuler et assurer leur
sécurité.
La formation du personnel est l’un des éléments. qui font la qualité d’un plan de lutte contre les sinistres. Les
dommages seront d’autant moindre que l’on aura mieux tenu compte de tous les risques appelant des mesures de
prévention et de protection et mieux envisagé la conduite à tenir en cas de danger. Des séances de formation doivent
être périodiquement organisées à l’intention du personnel permanent et prévues pour tout nouvel embauché.
G. Régulation climatique
Les risques dus aux conditions climatiques intérieures et au nettoyage ont été analysés à la section C du chapitre
deux, où il a notamment été question de la manière dont ils peuvent contribuer au déclenchement d’un sinistre. Les
mesures énumérées ci-après ont été Jugées utiles dans de nombreuses bibliothèques pour protéger les collections
contre ces sources de dommages, certes moins spectaculaires qu’un incendie ou une inondation. Nous ne présentons
ici que des généralités dans l’espoir d’inciter le lecteur à poursuivre les recherches voulues pour prendre conscience
de l’influence que l’environnement peut avoir sur l’état des collections des bibliothèques et des dépôts d’archives.
1. Les travaux de recherches se poursuivent quant aux normes idéales de température et à l’humidité à recommander;
il paraît néanmoins raisonnable de préconiser une température de 20°C ± 2° C et un taux d’humidité relative oscillant
entre 40 et 45 %. Ce sont là des normes acceptables dans le cas des collections générales composées d’ouvrages de
nature variée. Toutefois, il importe avant toute chose d’éviter les variations extrêmes de la température et du taux
d’humidité. En effet, elles entraînent des déformations des reliures et du papier et causent des dommages visibles aux
documents photographiques. Un bon système de régulation climatique sera réglable par zone; de la sorte, il tiendra
compte du degré de température et du taux d’humidité existants -et requis - dans les différentes zones de la
bibliothèque ou du dépôt d’archives.
2. Le température et l’humidité doivent être contrôlées. Ce contrôle est en général opéré à l’aide de thermostats
automatiques, qui ne permettent pas cependant une connaissance fine de la situation dans les différentes parties des
magasins ou du bâtiment. Il faut donc d’autres moyens de contrôle pour prévenir tout dégât. On pourra utiliser un
hygrothermographe enregistreur ou procéder à des relevés réguliers à l’aide d’un psychromètre portatif. Si l’on ne
dispose d’aucun de ces instruments, on se rabattra sur un thermomètre à maximum-minimum et un bon hydromètre;
il faudra alors effectuer plusieurs fois par jour des relevés manuels. Les risques graves tels que la présence d’un taux
d’humidité excessivement élevé dans une collection de documents photographiques se détectent facilement et le
remède est aisé à apporter: installation d’un déshumidificateur ou dépôt de produit hydrophile dans les boîtes où les
photographies sont conservées sous enveloppe ou sous pochette. Si, au contraire, l’atmosphère est trop sèche, on
placera des humidificateurs ou des récipients remplis d’eau dans des endroits bien choisis.
3. Une exposition excessive aux rayons ultraviolets est particulièrement nuisible aux livres, manuscrits et documents
photographiques. L’exposition d’une photographie originale à une lumière forte durant ne serait-ce que 24 heures
suffit à l’endommager irrémédiablement - une véritable catastrophe. Il faut donc limiter l’émission des rayons
ultraviolets (u-v) en équipant les lampes fluorescentes de filtres u-v ou en montant des filtres u-v en matière plastique
sur les appareils d’éclairage. Il existe également dans le commerce des tubes fluorescents à faible émission de rayons
u-v mais ils sont plus onéreux que les tubes ordinaires. On peut aussi poser sur les vitrages des fenêtres un film
plastique filtrant afin d’atténuer la pénétration de la lumière solaire ou encore installer des stores ou des rideaux. Il
semble toutefois que ces films filtrants perdent de leur efficacité au bout d’un certain temps. Il convient donc de
s’enquérir auprès des fabricants de la durée de vie de ces produits. Il est aussi possible de réduire l’éclairement en
plantant des arbres ou des arbustes devant les fenêtres, mais leur arrosage pourra poser des problèmes.
4. Il importe de vérifier régulièrement l’état des appareils utilisés pour filtrer la poussière et les polluants présents
dans l’atmosphère, de changer les filtres et de s’assurer que le matériel fonctionne correctement; il s’agit là de
mesures normales d’entretien bien compris. Le choix du filtre dépend partiellement de l’agent polluant et/ou des
problèmes que cause la poussière dans la région; il convient d’en tenir compte avant d’acheter l’équipement
nécessaire.
Réguler le climat n’évite pas seulement les dégâts; cela permet aussi de prolonger considérablement la durée de vie
des ouvrages. S’il est impossible d’installer un système parfait, le personnel peut toujours imaginer des solutions
artisanales pour limiter de son mieux les risques auxquels les collections peuvent être exposées.
H. Conditionnement et stockage
Le conditionnement des collections est un excellent moyen d’assurer leur protection. Cette pratique est
principalement considérée comme une mesure générale de conservation. Or, l’emploi de boîtes, d’enveloppes ou
d’emballages est aussi un moyen d’ériger une barrière entre l’article et les agressions de l’environnement.
L’expérience montre d’ailleurs qu’en cas d’inondation ou d’incendie, c’est le conditionnement qui a permis le
sauvetage d’articles qui, sans lui, auraient été perdus. Il n’est ni possible ni souhaitable de placer dans des boîtes tous
les ouvrages en circulation. Cependant, on peut toujours protéger les volumes rares de la poussière, des
manipulations fautives, des insectes et, ce qui est plus important, de l’eau, de la fumée et de la chaleur, en les
enfermant dans des boîtes individuelles même rudimentaires. Par ailleurs, aux dires de nombreux spécialistes, le seul
fait de couvrir un ouvrage d’une simple jjquette de polyester le protège de manière on ne peut plus efficace contre la
fumée et la chaleur et, dans une moindre mesure, le feu. Il est possible de mettre à l’abri les documents de toutes
sortes dans des chemises, des boîtes d’archives ou des pochettes en polyester de bonne qualité. Quant aux cartes, à la
condition d’être posées dans des tiroirs et non enroulées ou suspendues au mur, elles résistent aux catastrophes dont
elles sortent souvent sans une égratignure. L’essentiel est de savoir que le fait d’interposer le maximum d’obstacles
possibles entre les articles et ce qui risque de les endommager fait gagner du temps et limite les dégâts.
Tels sont les moyens qu’il convient de mettre en œuvre, autant que possible, dans les bibliothèques et les dépôts
d’archives pour préserver les collections. Le conditionnement, nous l’avons dit, sert aussi à prolonger la vie des
ouvrages. L’idéal serait d’enfermer chaque document, dès sa réception, dans un conditionnement protecteur avant
rangement. On devrait aussi, par ailleurs, entreprendre une opération, même modeste, de reconditionnement des
collections.
Les conditionnements protecteurs peuvent se fabriquer facilement sur place, mais on en trouve aussi dans le
commerce. C’est aussi un service dont des centres régionaux peuvent se charger contre rémunération. En tout état de
cause, l’important est que les conditionnements soient de bonne qualité et faits de matériaux non acides, sans danger
pour les ouvrages des bibliothèques et les documents d’archives. Il faut prendre soin de s’assurer, lors de
l’acquisition des conditionnements ou des fournitures nécessaires à leur fabrication, que le vendeur est parfaitement
au courant des normes auxquelles ils doivent satisfaire et qu’il est en mesure de garantir sa marchandise.
Nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises la question de l’entreposage des collections dans les chapitres consacrés
à la planification et à la prévention. Il n’est pas inutile d’y revenir plus en détail dans la mesure où un entreposage
bien conçu non seulement protégera les collections en cas de danger, mais en prolongera aussi l’existence. Les
rayonnages doivent être faits de matériaux solides et inertes, exempts d’humidité, de moisissures et d’insectes. Dans
le cas des bibliothèques et des dépôts d’archives, ce sont les rayonnages en acier émaillé au four qui conviennent le
mieux. Lorsque l’on a opté pour des rayonnages en bois, toutes les surfaces doivent être revêtues de plusieurs
couches de peinture acrylique inerte de longue durée. Contre l’eau et la fumée, les rayonnages doivent être
inoxydables et pouvoir se laver facilement; leur surface doit présenter un minimum d’anfractuosités où l’eau puisse
s’emmagasiner. Dans les zones sujettes aux tremblements de terre, les rayonnages seront contreventés de façon à
pouvoir supporter une faible secousse sans pour autant se déformer. Le cas échéant, les collections disposées sur les
rayonnages seront retenues par des cables élastiques ou par tout autre dispositif fixé en façade. Cette précaution est
particulièrement recommandable pour protéger les disques de phonographe et autres objets de collections fragiles.
Par mesure de protection contre les inondations de faible ampleur, il convient de ménager un vide d’au moins une
dizaine de centimètres entre le plancher et les tablettes inférieures.
Les documents ne doivent en aucun cas être placés à même le sol, même à titre provisoire. Des volumes enfermés
dans des cartons peuvent supporter un beau déluge, si les cartons ne boivent pas l’eau qui coule sur le sol. En
l’absence de rayonnages, on peut toujours empiler les cartons sur des palettes ou sur des planches isolées du sol par
des briques ou des parpaings en ciment. Des ouvrages stockés bien à la verticale (mais non point comprimés) sur les
tablettes et maintenus par des serre-livres, peuvent résister à l’eau pendant une brève période. Lorsque l’on dispose
de l’espace nécessaire, il convient d’éviter de disposer ouvrages et documents sur les tablettes supérieures où ils
peuvent être endommagés par des fuites d’eau provenant des canalisations ou de la toiture. Les spécialistes des
incendies de bibliothèques ou des dépôts d’archives font remarquer que bien souvent les documents placés sur les
tablettes supérieures sont irrémédiablement brûlés tandis que ceux qui se trouvent sur les étagères du bas sont en bon
état. On s’attachera, dans toute la mesure du possible, à en tenir compte lors du stockage des collections et à placer
les documents les plus précieux, les plus fragiles, voire les pièces irremplaçables, sur les tablettes inférieures mais
non sur la plus basse. C’est ainsi par exemple que les documents photographiques, particulièrement sensibles à la
chaleur, peuvent être stockés plus bas que les livres. Les volumes aisément remplaçables peuvent quant à eux être
rangés en hauteur.
A l’évidence, une protection appropriée peut contribuer à prévenir un sinistre. Dès lors que les risques sont bien
compris, des mesures de protection peuvent être recommandées. Lorsque les recommandations formulées sont
nombreuses, il convient de définir un ordre de priorité de façon à pouvoir s’attaquer en premier aux problèmes les
plus graves. Tous les bibliothécaires et les archivistes sont instamment invités à tout mettre en œuvre pour se
prémunir contre l’incendie, le feu étant sans doute le pire ennemi de la bibliothèque ou du dépôt d’archives.
Enlèvement de l’eau et de la boue des rayonnages après une inondation et avant déménagement des ouvrages,
Stanford University 1978. (Avec l’aimable autorisation des News and Publication Services de l’Université de
Stanford.)
Au cours des décennies suivantes, incendies et inondations ont ravagé des bibliothèques un peu partout dans le
monde. Ceux à l’occasion desquels des mesures de conservation/restauration nouvelles ou améliorées furent prises
pour assurer que le sauvetage soit plus complet méritent d’être cités:
1. La Bibliothèque régionale de Gothab au Grœnland fut en proie à un incendie au cours de l’hiver de 1968. Les
livres et manuscrits furent transportés congelés jusqu’à Copenhague où quelques-uns furent soumis à un séchage à
l’air par les méthodes traditionnelles et d’autres, d’une valeur historique particulière, furent séchés dans des enceintes
à vide. Les résultats de cette expérience se révélèrent prometteurs: cet essai de séchage dans des conditions mieux
contrôlées devait faire date dans l’évolution des méthodes de sauvetage (5).
2. La Klein Law Library (Bibliothèque de droit) de l’Université Temple de Philadelphie en Pennsylvanie brûla elle
aussi au cours de l’été de 1972. Les pertes et le coût des dégâts causés par le feu et par l’eau furent prodigieux. Les
spécialistes de la restauration de la Bibliothèque du Congrès de l’American Philosophical Society Library Peter
Waters et Willman Spawn s’employèrent, avec la direction de cette bibliothèque et des ingénieurs du secteur privé, à
améliorer les techniques de séchage en pratiquant cette opération dans des lyophilisateurs où les livres et manuscrits
avaient été placés congelés (6).
3. Le Musée du verre de Corning dans l’État de New York, qui contenait une bibliothèque et des archives outre des
objets d’art, subit à la fin de l’été de 1972 les effets d’un violent ouragan. Toutes les collections furent endommagées
par de graves inondations. Diverses méthodes de séchage -notamment à l’air, et sous vide - furent appliquées aux
ouvrages de bibliothèques et aux documents d’archives. On en tira nombre d’enseignements sur la réaction, bonne ou
mauvaise, des documents sur support pelliculaire et des livres et manuscrits à diverses techniques de séchage (7).
4. En 1973, ce fut le Dépôt national d’archives intermédiaires d’Overland, dans le Missouri, qui brûla. Là encore,
l’on fit appel à l’aide des techniciens et chercheurs du service de restauration de la Bibliothèque du Congrès. Les
archives, non reliées pour la plupart, furent séchées dans d’énormes enceintes à vide, sans avoir été préalablement
congelées (8).
5. Au cours de l’hiver de 1978, le feu ravagea une autre collection d’importance majeure, celle du Bâtiment Sir
Stanford Fleming de l’Université de Toronto au Canada. On notera qu’à la suite de ce sinistre, les sapeurs-pompiers
firent savoir que le succès des opérations d’intervention et de sauvetage était dû pour beaucoup à la qualité du plan
de lutte contre les sinistres (10).
6. En 1978, 50.000 volumes des bibliothèques de l’Université de Stanford en Californie furent inondés à la suite
d’une rupture de canalisation provoquée par des engins de construction. Le concours d’ingénieurs d’une société de
recherche-développement spatial installée non loin de là permit d’améliorer les techniques d’assèchement par
lyophilisation des ouvrages endommagés par l’eau.
7. La Bibliothèque publique centrale de Los Angeles en Californie subit, en avril et à nouveau en septembre 1986,
deux incendies criminels avec les dégâts des eaux qui s’ensuivirent. Ce double sinistre, qui reste peut-être la plus
grave catastrophe des temps modernes ayant frappé une bibliothèque, se solda par la perte de 400.000 volumes et par
la détérioration de 750.000 autres par l’eau et le feu et de 500.000 de plus par la suie et la fumée. La logistique et les
techniques de sauvetage qui furent appliquées en l’occurrence ont considérablement enrichi les moyens
d’intervention utilisables ultérieurement (11).
A. Problématique du sauvetage
Au stade du processus de planification des opérations de sauvetage, dans lequel le Comité chargé du plan de lutte
contre les sinistres s’engage en prévision de tels événements, il importe de prendre en compte diverses considérations
générales relatives aux ouvrages de bibliothèque et documents d’archives et aux options de sauvetage possibles, et de
ne pas se contenter de définir les mesures effectives à mettre en œuvre au cas où un sinistre surviendrait.
services qui conviendront le mieux en la circonstance et à prendre les décisions les plus rationnelles du point de vue
économique.
possible et la précipitation en fera peut-être oublier certaines. Telles circonstances particulières exigeront peut-être
d’en modifier l’ordre du tout au tout. Cela étant, si ces mesures sont inscrites noir sur blanc sur un document
facilement consultable en cas de besoin, elles seront un atout précieux aux premiers stades du sauvetage. Elles sont
énumérées ici point par point de manière à être utiles en cas de sinistre grave mais peuvent aussi servir de guide dans
des situations moins catastrophiques.
1. Evaluation du sinistre
Ne prenez pas de décision hâtive. Renseignez-vous auprès des spécialistes qui se trouvent sur place - commandant
des sapeurs-pompiers ou ingénieurs du bâtiment par exemple. Indiquez-leur de manière concise quelles sont vos
priorités et vos préoccupations. Si l’on peut pénétrer dans le bâtiment sans risque, parcourez celui-ci rapidement pour
déterminer l’ampleur des interventions requises. Lors de cette première évaluation, ne perdez pas de temps à
examiner des fonds ou articles particuliers à moins que le sinistre ne soit mineur. Appliquez les différentes phases de
votre plan; convoquez notamment l’équipe d’intervention d’urgence et avertissez l’administration de la bibliothèque
du dépôt d’archives. Avisez votre compagnie d’assurance ou son service de gestion des risques.
S’il est dangereux d’entrer dans le bâtiment, faites-vous dire quand l’accès pourra vous en être autorisé. Décidez du
moment où convoquer l’équipe d’intervention d’urgence. Notifiez l’administration. Mettez ce délai à profit pour
prévoir les mesures qu’il paraît nécessaire de mettre en œuvre dès que l’accès du bâtiment ne sera plus interdit.
afin d’abaisser la température ou le taux d’humidité. Fermez toutes les sources de chaleur et mettez la climatisation
en marche pour refroidir le bâtiment si c’est possible. Ventilez en permanence tous les locaux.
Faites en sorte de protéger les collections qui n’ont pas été endommagées en couvrant les rayonnages de bâches
plastiques ou en obturant à l’aide de planches les fenêtres cassées ou les trous du toit si les conditions climatiques et
la situation l’exigent. Au besoin, faites pomper l’eau restée en sous-sol. Prenez des dispositions pour assurer la
sécurité.
8. Déploiement du personnel
Ne faites entrer l’équipe d’intervention, le personnel et/ou les équipes de bénévoles dans la bibliothèque ou le dépôt
d’archives qu’après leur avoir dispensé des instructions et une formation minutieuses. Fournissez-leur le matériel
dont ils ont besoin et assurez-leur un bon encadrement. L’éventuelle formation nécessaire et l’encadrement seront
coordonnés par le chef de l’équipe d’intervention et assurés par ses membres. S’il faut faire appel à des bénévoles,
assurez-vous que la police d’assurance de l’institution autorise leur présence dans les locaux.
11. Supervision
Assurez une supervision attentive et constante et soyez à l’affût des difficultés qui risquent de causer des retards.
Suivez le plan de sauvetage, soyez prêts à adapter le déploiement du personnel et les techniques à mesure que les
opérations progressent. Evaluez objectivement l’avancement des travaux et les idées qui sont émises et sollicitez
l’avis d’autres experts si certains aspects des opérations sont infructueux ou posent des problèmes. En cas de sinistre
de grande envergure, prévoyez, en organisant le sauvetage, que les chefs d’équipes devront faire fréquemment
rapport au directeur des secours. Il est souvent utile de charger une ou plusieurs personnes de circuler entre les
équipes pour trouver des moyens de faciliter les travaux et aider à résoudre les problèmes.
12. Communication
Il est important que le personnel ne participant pas au sauvetage ainsi que le public soient informés souvent des
progrès des opérations. Des communiqués peuvent être publiés régulièrement à cet effet depuis les lieux du sinistre.
Faites régulièrement rapport à l’administration. Gardez une trace de tous les travaux, continuez à prendre des
photographies. Après les sinistres majeurs, le moral et la productivité des équipes de sauvetage ont tendance à baisser
au bout d’un Jour ou deux. Une bonne communication aidera à surmonter certains problèmes en permettant
l’information continue des intéressés, l’enregistrement des progrès et l’expression de remerciements.
climatiques qui continuent d’altérer les documents mouillés, une action immédiate est indispensable afin de limiter
les dégâts finals. Dès que les mesures adéquates auront été prises pour déménager les articles endommagés et les
stabiliser, les méthodes de sauvetage à adopter pourront être choisies. Si quelques pièces seulement ont été touchées,
les mesures recommandées ci-après sont normalement évitables et on peut se prononcer sans attendre sur la
technique qui sera utilisée.
Les conseils donnés dans le présent chapitre et au chapitre six portent sur les techniques privilégiées à l’heure
actuelle parce qu’elles donnent les meilleurs résultats mais nous ne vivons pas dans un monde idéal et chacun n’a pas
accès à l’ensemble des méthodes évoquées. Les principes à respecter en matière de sauvetage doivent être bien
compris pour que l’on puisse prévoir plusieurs formules fiables et raisonnables adaptées au lieu ou à l’établissement
concerné. Si l’on pense n’avoir à disposition ni congélateurs, ni fabriques de glace, ni glace carbonique et que l’on ne
puisse compter sur une température extérieure inférieure à zéro pour stabiliser les documents mouillés (voir section
3), il faut évidemment en tenir compte et inclure dans le plan des recommandations pertinentes. Si la seule solution
est le séchage à l’air, il faudra l’effectuer de la meilleure façon et dans les meilleures conditions. La consultation de
personnes ayant pratiqué avec succès cette technique ou d’autres formules devrait permettre de dégager des
suggestions et des idées utiles. Il faut agir au mieux dans les circonstances mais, cela dit, aussi promptement que
possible.
Les principes directeurs énumérés ci-après supposent que l’origine de l’inondation a été identifiée et que tout danger
a été écarté - que l’eau a été coupée sur la conduite principale si elle n’est pas sûre; qu’on s’est employé à régaler les
conditions climatiques en abaissant la température et le taux d’humidité et en ventilant en permanence les locaux;
que les fournitures ont été commandées et les services extérieurs contactés; que des instructions ont été données aux
équipes d’intervention. Le moment est donc venu de s’occuper des documents.
Un bon sauvetage exige que les documents se présentant sur des supports différents soient traités différemment et
qu’ils ne soient pas emballés ou manipulés de façon identique, ni placés dans la même caisse. Il vaut toujours mieux
pêcher par excès de prudence qu’avoir des regrets parce qu’on n’a pas pris les mesures qu’il fallait. Lorsque, dans
une zone touchée par l’inondation, on n’est pas certain que tels ou tels documents soient mouillés, mieux vaut
considérer que c’est le cas.
Il ne faut jamais oublier que tous les documents mouillés sont extrêmement fragiles et doivent être manipulés avec
soin.
1. Priorités immédiates
(a) Relire sur le plan de lutte contre les sinistres la liste des collections hautement prioritaires.
(b) Evacuer dans l’ordre les documents les plus mouillés, les documents moins mouillés, les documents humides.
(c) Se rappeler que les pellicules et les supports magnétiques se détériorent rapidement et qu’il faut s’en occuper
aussi rapidement que possible si on veut les sauver.
(d) Savoir que le papier couché (à surface brillante) adhère très vite et est irrécupérable si on le laisse sécher plus de
quelques heures sans surveillance.
(e) S’occuper du cuir, du vélin et du parchemin qui nécessitent une manipulation spéciale. Si les collections
contiennent des ouvrages en ces matières, demander conseil à un restaurateur et en prévision, voir d’ores et déjà
quelles sont les possibilités mentionnées dans les appendices.
(f) Stabiliser les articles comportant des éléments solubles à l’eau pour éviter que l’encre ne disparaisse ou ne bave.
Demander d’avance l’avis d’un restaurateur sur la marche à suivre si la congélation est impossible.
2. Manipulation et déménagement
Le sort des documents mouillés dépend au premier chef du soin qui sera apporté à leur manipulation et à leur
déménagement. Les personnes qui s’en chargeront doivent avoir appris à utiliser les techniques appropriées et être
conscientes de l’extrême fragilité des pièces qu’elles déplacent. Les livres mouillés, mal rangés dans des caisses
garderont une mauvaise forme en séchant. Ceux qui tomberont seront définitivement abîmés. Une déchirure
nécessitera des réparations, d’où des dépenses supplémentaires inutiles. Le responsable de la planification ou le
Comité devra prévoir, dans la section du plan relative au sauvetage, les précautions à prendre et des séances de
formation du personnel. Voici des recommandations en la matière inspirées d’un grand nombre d’expériences
vécues.
(a) Manipulation
Il ne faut pas redresser les volumes déformés en forçant, mais on peut les remettre en forme doucement si on a le
temps et à condition de procéder avec délicatesse La forme qu’a un livre lorsqu’il est mis à sécher dans une enceinte
à vide est celle qu’il aura à la fin de l’opération. Si les fortes déformations peuvent être évitées, le résultat final sera
meilleur. Si la couverture est arrachée ou si des pages se détachent, mieux vaut ne pas chercher à les remettre en
place. Toutes les parties d’un même ouvrage doivent être enveloppées, sans être serrées et disposées ensemble dans
une caisse en vue d’une remise en état ultérieure.
(b) Déménagement
Les documents peuvent être emballés pour leur transport dans un lieu où l’on pourra s’en occuper aisément. Il n’est
pas rare que l’emballage doive se faire ailleurs que dans la zone touchée, auquel cas on pourra organiser une chaîne
de personnes pour leur enlèvement ou utiliser des chariots. Si les ascenseurs ne fonctionnent pas, on installera des
rampes provisoires ou des tapis roulants dans les escaliers pour acheminer les caisses ou on enlèvera celles-ci,
chargées sur des palettes, par les fenêtres au moyen d’une grue. Il arrive que l’on puisse travailler et emballer les
documents sur place dans la zone sinistrée. L’idéal est de manipuler les documents le moins possible avant de les
empaqueter et de les évacuer.
(d) Nettoyage
Pour les documents couverts de boue ou de débris, un rinçage précautionneux et surveillé à l’eau claire est
admissible. Les volumes doivent être saisis délicatement avec les deux mains et plongés dans plusieurs bains d’eau
propre. Les piles de manuscrits peuvent être traitées de même. On peut aussi faire couler très doucement de l’eau
d’un tuyau d’arrosage. Le rinçage est à exclure si les ouvrages comportent des éléments solubles dans l’eau ou s’il y
a le moindre doute à ce sujet. Au cours du rinçage, il ne faut ni brosser les livres ni les ouvrir pour en nettoyer
l’intérieur.
Dans le cas d’une bibliothèque ou d’un dépôt d’archives situé à proximité de la mer, l’eau qui a mouillé les
documents est peut-être de l’eau salée. Peu d’expériences ont été faites en la matière mais il paraît évident qu’un
rinçage doux réduira la gravité des éventuels dommages. On procédera de la même façon que pour éliminer la boue.
Les Photographies peuvent être rincées très doucement dans un bac peu profond rempli d’eau claire et fraîche. Elles
ne doivent jamais être frottées ni brossées. On les mettra ensuite à sécher dans un lieu frais et sec ou, à défaut, on les
congèlera en attente de séchage. Les photographies en couleurs s’abîment beaucoup plus facilement que celles en
noir et blanc et sont plus difficilement récupérables. Les diapositives peuvent être traitées comme les photographies,
mais il faut sortir de leur cadre si la vase y a pénétré. Dans tous les cas, il est recommandé de demander conseil à un
bon laboratoire de photographie.
Les microfilms et les bobines de pellicule peuvent aussi être rincés dans de l’eau claire et fraîche. La solution idéale
serait de les expédier dans des récipients remplis d’eau claire à un centre de traitement digne de confiance. Les
négatifs en noir et blanc peuvent rester immergés dans l’eau jusqu’à trois jours sans dommage; pour les films en
couleur, cette durée se réduit à deux jours. Des microfilms et des bobines de pellicule ont déjà été congelés sans
dommage. Si on n’a pas le choix, mieux vaut essayer cette méthode que tout perdre. Il ne faut jamais laisser sécher
une bobine de pellicule sans la dérouler (12).
Les bobines de bandes magnétiques supportent mal d’être mouillées. Tous les documents importants enregistrés sur
ce support seront rembobinés et entreposés ailleurs. Les disquettes peuvent être rincées dans de l’eau fraîche et
claire, séchées à l’air, placées dans des pochettes neuves lorsqu’elles sont sèches et recopiées mais les disques durs
qui ont été endommagés ne doivent jamais être introduits dans du matériel coûteux. Les cassettes ne peuvent pas être
ouvertes et la bande est presque toujours totalement perdue parce qu’elle colle.
Conclusion évidente: la prévention est impérative pour cette catégorie de documents.
(e) Emballage
Les livres doivent être placés sur le dos, en une seule couche, dans des cageots en plastique ou des boîtes en carton.
Cela empêche le corps du livre de se détacher de la couverture et la rangée du bas d’être écrasée sous le poids de la
rangée du haut. A moins que le temps ne presse, il est préférable d’envelopper un livre sur deux dans un emballage
peu serré, de papier paraffiné ou pour congélation, afin d’éviter que les couvertures des volumes ne se collent entre
elles ou ne déteignent l’une sur l’autre. Les livres mouillés étant très lourds, les boîtes doivent être solides et
suffisamment petites pour être maniables.
Les documents seront laissés dans leurs chemises ou empilés et rangés verticalement en une seule couche. On ne
cherchera pas à séparer les feuilles. Pour les empaqueter facilement, on peut coucher la boîte sur le côté, déposer les
documents à plat à l’intérieur et redresser l’ensemble.
Une fois remplies et clairement marquées, les caisses peuvent être empilées sur des palettes, ce qui permet de les
transporter facilement jusqu’aux camions à l’aide d’un engin porte-palettes. Elles peuvent aussi être empilées pour
être enlevées à la main. Afin d’éviter de nouveaux dégâts, les cartons ne doivent jamais être posés directement sur le
sol, pas plus à l’intérieur qu’à l’extérieur. Comme ils sont mouillés et que leur contenu est lourd, il ne faut pas en
superposer plus de trois. On a avantage à maintenir les caisses empilées sur la palette à l’aide de courroies, de cordes
ou d’une enveloppe plastique.
Les articles volumineux ou de forme peu courante nécessiteront un emballage spécial. Pour les évacuer du lieu du
sinistre, n’importe quelle surface plane résistante fera l’affaire comme, par exemple, de grandes feuilles de carton
plat, du contreplaqué recouvert de plastique, des plaques de boulanger, etc. Comme pour emballer les in-folio le dos
tourné vers le bas, on a besoin de très grandes caisses, mieux vaudra peut-être un conditionnement à plat, auquel cas,
il ne faudra pas empiler plus de deux ou trois ouvrages sous peine d’écraser celui du dessous.
Les documents rangés dans des tiroirs peuvent être transportés dans ces derniers jusqu’aux installations de séchage à
l’air ou de séchage sous vide.
Quand les locaux sinistrés auront été vidés et que les ouvrages et documents seront à l’abri dans des congélateurs ou
dans des lieux appropriés de séchage ou de stockage, il ne restera plus qu’à choisir les meilleures méthodes à
employer pour les remettre en état. Des tableaux statistiques établis à partir des notes prises lors du déménagement
donneront une bonne idée du nombre et du type des documents concernés ainsi que de l’étendue des dommages
subis.
3. Stabilisation
Il est essentiel de stabiliser les ouvrages et documents mouillés le plus rapidement possible si l’on veut réussir à les
sauver. L’un des procédés de stabilisation les plus sûrs pour les livres, les papiers non reliés, les photographies, les
textiles et les cartes est la congélation Cette dernière arrête toute déformation physique ainsi que toute dégradation
biologique. Il n’en va pas forcément de même pour les ouvrages reliés en cuir et en vélin mais on n’a guère de
pratique dans ce domaine et si le sinistre porte sur une grande quantité de pièces, la congélation peut être la seule
solution. Plusieurs ateliers de restauration qui ont procédé à des expériences limitées sur des ouvrages de ce type ont
constaté qu’ils pouvaient être aussi bien remis en état après avoir été congelés et séchés sous vide qu’après avoir été
séchés directement à l’air.
Une précaution déjà mentionnée est également à prendre dans ce cas. Les livres mis déformés au congélateur seront
plus difficiles à restaurer une fois séchés. Le soin apporté à l’empaquetage joue donc un grand rôle.
Les livres et les documents mouillés doivent être congelés dès que possible. La congélation à basse température non
seulement est plus rapide mais produit des cristaux de glace plus petits qui, selon certains restaurateurs,
endommagent moins la structure cellulosique. Il y a de légères divergences de vues concernant la température idéale.
Pour nous, mieux vaut une congélation à une température tout juste inférieure à zéro que pas de congélation du tout.
Le degré (c) optimal se situe entre -20 et -30.
Les documents abîmés seront acheminés sans attendre vers des installations frigorifiques. Si le sinistre est important,
plusieurs congélateurs seront peut-être nécessaires. Si la distance à parcourir est grande, il faudra transporter les
ouvrages dans des camions frigorifiques ou dans de la glace carbonique. Il faut savoir que les camions frigorifiques
ne permettent pas de congeler les livres mais produisent suffisamment de froid pour empêcher la prolifération des
moisissures ou la décongélation. S’il fait très froid au moment du sinistre, on pourra déménager les pièces à
l’extérieur; ainsi elles resteront au frais ou gèleront en attendant que leur transport soit organisé.
Il existe des congélateurs dans quantités d’entreprises et de lieux divers: entrepôt de stockage des denrées
alimentaires, usines de conditionnement de la viande, entreprises de transports, usines à glace, ateliers de
taxidermistes, cantines scolaires, usines et ateliers de fabrication de crèmes glacées, départements de recherche des
universités. Pour un petit nombre de pièces, un congélateur domestique suffira.
Il faut veiller à ce que les palettes et les cartons soient convenablement disposés à l’intérieur du congélateur afin
d’éviter de nouveaux dégâts. Si les palettes sont empilées, le poids de celles du dessus ne doit pas porter sur celles du
dessous.
Si la congélation ou la réfrigération est impossible, il convient de stabiliser les ouvrages et documents avant de les
assécher; on les transférera donc dans un lieu où la température et l’humidité sont aussi basses que possible et où
l’air peut circuler librement. Si les documents ont été transportés dans des caisses, il faut les en sortir immédiatement
à l’arrivée pour les faire sécher ou, au moins, ouvrir toutes les boîtes pour que leur contenu soit à l’air libre et sèche
superficiellement. Toutefois, le risque de moisissure est grand et les livres et les documents continueront à se
déformer tant qu’ils seront mouillés.
1. Séchage à l’air
Le séchage à l’air est une technique qui est utilisée depuis des siècles pour assécher les livres et les papiers. C’est une
bonne méthode si le nombre d’ouvrages en cause est faible, si ces livres ne sont que légèrement humides ou si l’on
ne peut faire mieux. Le séchage à l’air d’une grande quantité de livres, qui exige une main-d’œuvre importante, est
plus coûteux qu’il ne le paraît au premier abord. Si de nombreux livres sont endommagés et si le séchage à l’air est la
seule solution, on peut réduire les besoins en espace de séchage et en personnel en congélant les livres et en les
séchant par petits lots.
Il est naturel de maintenir de bonnes conditions climatiques pour éviter que les livres ne moisissent et ne gonflent
excessivement. Le séchage doit se faire en atmosphère peu humide avec une bonne circulation d’air. Les spécialistes
ne sont pas d’accord sur la température mais, en règle générale, comme les documents sont imbibés et qu’il est
difficile d’abaisser le taux d’humidité, elle devrait être maintenue en dessous de 21° C (par temps froid, le séchage
peut être étonnamment rapide à l’extérieur si la température est inférieure à zéro, l’atmosphère faiblement humide et
le vent vif). Un courant d’air assuré par des ventilateurs, l’ouverture des fenêtres ou une soufflerie facilitera
grandement l’évaporation et empêchera la formation de poches d’air stagnant très favorable aux moisissures. Si
l’humidité relative est supérieure à 60 %, l’emploi de déshumidificateurs sera d’un grand secours.
(a) On séchera les livres en les plaçant debout sur la tranche inférieure, si possible sur du papier absorbant. Les livres
brochés ou à couverture souple devront sans doute être calés. S’ils sont seulement humides, on peut éventer leurs
pages pour favoriser le séchage. S’ils sont imbibés, il faut les laisser s’égoutter et sécher avant de les éventer et/ou de
les interfolier. On remplacera de temps à autre le papier sur lequel ils s’égouttent par du papier sec. Les livres
sécheront plus vite s’ils sont interfoliés avec du papier absorbant propre, lequel devra être introduit aussi
profondément que possible dans le pli et déborder de la tranche supérieure et de la tranche latérale (mais non de la
tranche inférieure puisque le livre doit tenir debout sur cette dernière). L’interfoliage permet l’aspiration, par le
papier absorbant, de l’humidité du livre et son évaporation.
Dès que le papier absorbant sera saturé, on prendra soin, surtout au début du processus, de le remplacer par du papier
sec. Il faudra ensuite retourner l’ouvrage sur sa tranche supérieure pour éviter que son corps ne s’incurve.
L’interfoliage, s’il est trop abondant, déforme la reliure et mieux vaut le limiter à environ un tiers du volume. On
mettra les livres devenus secs au toucher sous presse pour les aplatir. Il faut toujours attendre que les livres ne soient
plus mouillés ni même humides.) A cette fin, on peut utiliser une presse ou encore placer les livres entre deux
planches lestées à l’aide de blocs de ciment ou de briques.
Les livres en papier couché réagissent mal au séchage à l’air. Si cette méthode est la seule possible, il faut interfolier
presque toutes les pages malgré la déformation que cela peut provoquer Il faut aussi éventer avec précautions mais
fréquemment les feuilles en cours d’assèchement pour diminuer les risques d’adhérence.
Si les livres ne sont pas trop mouillés, on peut aussi les faire sécher sur des cordes suffisamment rapprochées pour
supporter leur poids, ce qui empêche la déformation du dos. La technique est particulièrement valable pour les
brochures ou les petits volumes.
(b) La meilleure façon d’assécher à l’air une feuille manuscrite est de la poser à plat sur du papier absorbant propre.
Elle peut aussi être posée à plat sur deux ou trois fils très rapprochés ou suspendus à une corde à linge. La dernière
solution n’est sûre que si les documents ne sont que légèrement humides, autrement le papier se déchire. On a obtenu
de bons résultats en faisant adhérer la feuille mouillée à une pellicule de polyester ou à du tissu extrêmement fin pour
accrocher ensuite l’ensemble à une corde avec des pinces à linge. Au fur et à mesure que la feuille sèche, elle se
dégage de son support. Après le séchage, on peut, si cela est nécessaire, aplanir les documents manuscrits en les
comprimant doucement entre deux buvards propres à l’aide d’une presse à livres ou, en interposant une protection,
entre deux planches légèrement chargées. Si un grand nombre de manuscrits mouillés sont collés les uns aux autres,
il existe, pour les séparer et les sécher, une technique proposée par Peter Waters dans son ouvrage intitulé Procedures
for Salvage of Water-Damaged Library Materials (13).
(c) Pour le sauvetage des photographies mouillées, il faut faire appel aux services d’un restaurateur et les congeler
pour les stabiliser en attendant. Sinon, on asséchera les photographies en les plaçant l’une à côté de l’autre sur du
papier absorbant propre dans un endroit frais, peu humide et bien ventilé. Les moisissures se développent rapidement
sur les épreuves et l’émulsion de l’une colle au dos de l’autre si on les superpose. Il faut donc prendre des
précautions. Il faut s’attendre qu’à la fin de l’opération les photographies aient gauchi car le support de papier et la
couche photographique sèchent différemment.
(d) Les bobines de pellicule devront être envoyées à un centre de traitement. Si cela n’est pas possible, la pellicule
sera déroulée et mise à sécher à l’air sur une corde. Il faudra sans doute ensuite la nettoyer ou la traiter de façon à ce
qu’elle ne détériore pas le projecteur lors d’une éventuelle utilisation.
(e) Les bandes magnétiques peuvent être nettoyées, séchées à l’air, puis copiées pour une éventuelle réutilisation.
Elles supportent des chaleurs allant jusqu’à 93.3° C pendant un maximum d’une heure. On s’est parfois servi de
sèche-cheveux pour accélérer l’assèchement. Les cassettes et les cartouches qui, on l’a déjà signalé, ne peuvent pas
être ouvertes et réemployées, seront donc sans doute irrémédiablement perdues.
La moisissure risque toujours de proliférer lors du séchage à l’air. Quand elle fait son apparition, il ne faut pas
essayer de l’enlever en frottant ou en brossant. Si elle prend la forme d’une toile d’araignée, elle peut être éliminée
par un léger brossage. Dès que sa présence est constatée, il faut procéder à une fumigation et demander le concours
d’un chimiste ou d’un spécialiste de ces procédés. L’utilisation par du personnel non qualifié du thymol, de l’oxyde
d’éthylène, de l’orthophenylphénol ou de produits chimiques plus toxiques est déconseillée. S’il n’y a pas d’autre
solution, on peut exposer brièvement les livres et les manuscrits qui ne sont pas des pièces rares aux rayons
ultraviolets pour stopper le développement des moisissures, bien que cela risque de faire passer les encres et les
couleurs et de noircir le papier acide. La congélation à des températures de -20° C ou à des températures inférieures
pendant au moins 48 heures s’est aussi révélée utile pour retarder le développement de la moisissure, mais les
expérimentations demandent à être prolongées.
3. Déshumidification
Une nouvelle méthode d’assèchement des fonds et collections des bibliothèques et des archives est actuellement
expérimentée et semble très prometteuse. Elle consiste à laisser les livres et documents mouillés sur leurs tablettes et
à amener dans les locaux de très gros déshumidificateurs. L’hygrométrie est abaissée au degré voulu et l’on envoie
de l’air très sec qui fait s’évaporer l’humidité. Cet air peut être froid ou chaud. La formule a été utilisée avec
beaucoup de succès pour assécher des établissements entiers après de sérieux dégâts des eaux. On manque encore
d’expérience en la matière mais les premiers essais laissent bien augurer de cette technique au moins pour certains
types de documents (voir appendice C).
5. Lyophilisation
C’est actuellement par la lyophilisation que l’on parvient le mieux à sécher en masse les documents de bibliothèque
ou d’archives. Ces derniers sont introduits préalablement congelés dans l’enceinte à vide et demeurent congelés
pendant toute la durée du séchage. C’est la grosse différence entre le séchage sous vide et la lyophilisation. L’air est
évacué de l’enceinte pour créer un vide, la température est légèrement relevée pour accélérer le processus et les
cristaux de glace se transforment par sublimation en vapeur d’eau, laquelle est ensuite attirée hors des documents. La
lyophilisation déforme moins les livres reliés que le séchage à l’air ou le séchage sous vide, et n’aggrave pas la
dilution des encres ou autres éléments solubles dans l’eau provoquée par l’inondation. Les papiers couchés réagissent
bien à la lyophilisation à condition d’avoir été congelés avant d’être trop collés ensemble. Ni le séchage sous vide ni
la lyophilisation, répétons-le, ne remettent un livre ou un document en état. Les articles conservent après le séchage
la forme qu’ils avaient lorsqu’ils ont été placés dans l’enceinte, mais ils n’y subissent pas de déformation
supplémentaire, surtout si, dans le cas des livres, ils sont légèrement maintenus pendant l’opération. Comme dans le
séchage sous vide, on peut, sur l’avis d’un spécialiste, ajouter un fongicide pour retarder le développement de la
moisissure si cela est nécessaire. La lyophilisation semble aussi faire remonter la saleté et la vase à la surface
beaucoup plus efficacement que le séchage sous vide.
Bien qu’il soit préférable de sécher les photographies à l’air, ces dernières, s’il y en a beaucoup, peuvent être
lyophilisées, étant entendu qu’elles perdront leur brillant. Aussi ce moyen ne sera-t-il utilisé que pour les pièces qui
ne sont pas rares ou qui font partie d’un album.
Dans un cas au moins, des bandes magnétiques ont aussi été lyophilisées sans dommage pour les données qu’elles
contenaient (voir appendice C).
9. On apprendra au personnel à nettoyer convenablement les documents, on enverra chez le relieur les ouvrages
qu’on a décidé de relier à neuf; on changera si besoin est les enveloppes de protection des livres, des manuscrits et
des photographies, on enverra les pièces rares à l’atelier de restauration, dans la maison ou à l’extérieur ou bien on
les placera dans des enveloppes protectrices dans l’attente d’un traitement ultérieur.
Il suffit souvent pour nettoyer le papier et les reliures d’épousseter à l’aide d’une brosse douce la saleté que le
séchage dans les enceintes à vide a fait remonter à la surface. On peut se servir d’éponges synthétiques pour essuyer
les traces de suie et de fumée. Il faut un tour de main pour ne pas incruster ce faisant la saleté ou le noir de fumée
dans le papier ou dans les reliures; on demandera à un restaurateur ou à une personne expérimentée de l’enseigner
aux intéressés.
10. Le tri peut être effectué à l’aide d’ordinateurs personnels; on retrouvera ainsi l’ordre de classement des articles
avant de les placer sur les tablettes. En cas de dégâts importants, si l’opération est bien planifiée, on gagne ainsi
beaucoup de temps.
11. Il peut être nécessaire de préparer les rayonnages et en particulier de prévoir des étiquettes d’identification, des
pochettes et des étiquettes antivol. Les données de catalogage peuvent devoir être modifiées ou améliorées. Si le
fichier a été détruit en totalité ou en grande partie, peut-être faudra-t-il envisager d’établir un nouveau catalogue,
éventuellement un catalogue en ligne, et de trouver les moyens financiers nécessaires.
12. Un système d’enregistrement précis de tous les documents qui sont en cours de traitement et ont été remis en
place assurera une bonne gestion des opérations.
13. A ce stade, il reste important de maintenir le contact avec les autres services de la bibliothèque ou du dépôt
d’archives. On informera régulièrement l’administration et les lecteurs.
14. L’évaluation constante du déroulement des opérations doit faire partie du travail. Elle aide à dresser le bilan final
du sinistre et du sauvetage. L’analyse objective des succès et des échecs permettra d’améliorer le plan de lutte contre
les sinistres pour l’avenir certes, mais par surcroît, elle sera utile à ceux qui pouvaient se trouver dans la même
situation. Le plan est à modifier en conséquence.
15. On remerciera les personnes qui ont participé directement au sauvetage comme celles qui ont été contraintes
d’ajouter cette responsabilité supplémentaire à leurs autres attributions.
La tâche que représente le sauvetage d’une bibliothèque après un sinistre grave est impressionnante. Il faut
comprendre que pour pallier totalement ou réduire les effets d’une catastrophe, le plus sage est de prendre des
mesures de prévention et de protection. Les crédits dépensés à cet effet l’auront été à bon escient. En étant bien
préparé, en connaissant les modes d’intervention et les méthodes de sauvetage qui conviennent, on sera mieux armé
pour remettre les collections en état de la façon la plus efficace et au moindre coût.
sinistre. La chaleur ne fait pas que calciner les matériaux. Les hautes températures altèrent la structure de la cellulose
et risquent ainsi de fragiliser même des ouvrages qui n’ont pas brûlé. Le cuir et le vélin se rétractent et les émulsions
photographiques se gondolent. En outre, la suie et la fumée qui se déposent sur les objets contiennent des résidus des
matériaux consumés et notamment de plastique qui est le plus souvent impossible à enlever.
Si ces avertissements sont destinés à faire prendre conscience de la gravité des dégâts causés par un incendie, il n’en
n’est pas moins vrai que certaines pièces sont récupérables dans des collections qui ont brûlé. Tout doit être mis en
œuvre pour sauver au moins les collections auxquelles on attache une valeur culturelle ou une importance prioritaire;
toutefois, c’est là une tâche coûteuse et ingrate, une véritable gageure.
Pour des raisons de sécurité, il ne sera sans doute possible de pénétrer dans les locaux sinistrés que quelque temps
après l’extinction de l’incendie: de petits foyers pourront encore se déclarer et il importera de vérifier la solidité des
planchers et des cloisons. On s’en remettra pour cela au savoir faire des sapeurs pompiers. Avertis suffisamment
longtemps à l’avance des préoccupations de l’institution, ils auront conscience des priorités et des contraintes de
temps.
Les recommandations ci-dessous sont de nature à faciliter les opérations de sauvetage en cas d’incendie et doivent
être considérées conjointement avec celles qui concernent les inondations.
A. Intervention immédiate
Les idées et recommandations énoncées dans le chapitre quatre, section B. sont valables pour tous les sinistres et
doivent être suivies. On trouvera dans les points ci-dessous des renseignements complémentaires utiles dans le cas
particulier des incendies.
1. C’est sur les tablettes supérieures que les objets auront été le plus calcinés. Le temps étant un facteur important, on
sauvera d’abord les articles les moins endommagés des collections les plus prioritaires. Puis on tentera de sauver les
plus abîmés ou alors les moins abîmées des pièces classées au deuxième rang des priorités et ainsi de suite.
2. Toute pièce exposée à des températures élevées doit être présumée fragile. Elle le sera encore plus si elle est
humide. Il conviendra de la manipuler avec un soin extrême, et souvent de la renforcer au préalable; il peut être utile
de soutenir certaines pièces avec du carton fort ou une feuille de polyester pendant le transport des collections dans
des entrepôts frigorifiques ou à l’abri dans un local sec.
3. En stabilisant par congélation les pièces qui sont à la fois brûlées et humides, on se donnera le temps de planifier
calmement et objectivement la suite du sauvetage. Si les collections sont brûlées mais non humides, il faudra
apporter beaucoup de soin à leur emballage et à leur transport dans un autre lieu ou en entrepôt, afin d’éviter de
nouveaux dégâts. Toutefois, avant d’emballer des collections endommagées, on s’assurera qu’elles sont absolument
sèches afin de prévenir les moisissures. En cas de doute, on les fera si possible sécher à l’air dans une atmosphère
stable durant une semaine avant l’emballage. Les pièces brûlées peuvent être placées dans des enveloppes
protectrices pour être restaurées ou reproduites sur un autre support ultérieurement, lorsqu’on disposera des moyens
financiers et/ou du personnel qualifié nécessaires.
4. Il y a lieu d’étudier de près la possibilité de remplacer les ouvrages et documents exposés au feu, plutôt que de les
restaurer. Outre le coût élevé de leur récupération, les livres et manuscrits qui ont été brûlés ou exposés à des
températures extrêmement élevées ne retrouveront jamais leur état antérieur ni spontanément, ni entre les mains du
restaurateur. La reproduction sur film ou photocopie, l’achat de microfilms ou rééditions, l’acceptation de dons et
l’acquisition d’exemplaires neufs sont autant d’options de remplacement valables.
5. Les collections protégées par des cartons et des classeurs et les volumes reliés rangés suffisamment serrés sur les
étagères résistent dans une certaine mesure et parfois étonnamment bien à la chaleur et au feu. Les jaquettes en
plastique et en papier protègent les livres de la fumée et de la suie. Il conviendra d’inspecter minutieusement chaque
article avant d’envisager de le jeter et de le remplacer. Il est souvent possible de rogner des tranches calcinées et de
remplacer des couvertures par des reliures de bibliothèque. Les odeurs de fumée peuvent être éliminées par un
traitement chimique sous vide. Les taches de fumée et de suie présentes à la surface des matériaux peuvent être
atténuées au moyen d’éponges synthétiques qui retiennent les résidus au lieu de les étaler.
6. Les ouvrages rares et les collections spéciales doivent être protégés à tout prix contre les incendies. Leur
exposition au feu ou à la fumée et à la chaleur les endommagera mais en amoindrira également la valeur. Tous les
sous-sols ou salles abritant des collections de ce genre doivent être équipés de dispositifs d’extinction des incendies,
fonctionnant de préférence au halon ou au moyen d’un autre gaz. Il est également important de protéger les pièces en
les plaçant dans des cartons ou autres types de conditionnements. Au moment d’établir les plans de sauvegarde de
ces collections, on discutera avec des spécialistes de la préservation des meilleures mesures de prévention des
techniques de sauvetage les plus fiables qui soient envisageables.
B. Techniques de sauvetage
Les techniques de sauvetage des collections endommagées à la fois par le feu et par l’eau sont sensiblement les
mêmes que celles à appliquer en cas de dégâts des eaux uniquement. Toutefois, les articles incendiés demandent à
être manipulés avec davantage de précautions. Si des pièces de valeur ont été calcinées ou collées par piles entières,
on devra s’adresser à un spécialiste de la restauration des livres et papiers pour tenter d’en récupérer au moins une
partie. Toutefois, les ouvrages et documents très peu brûlés et mouillés, dont l’importance justifie la conservation,
pourront être séchés comme il est suggéré au chapitre cinq, section D. Le sauvetage des pièces rares exigera que l’on
fasse appel à l’expérience d’un restaurateur.
nature. Comme toujours, c’est à ce stade qu’il y aura lieu d’établir l’ordre de priorité des collections car ce n’est pas
au moment où il faudra s’activer pour sauver ce qui peut l’être qu’on aura le temps de prendre ce genre de décision
Toutefois, s’agissant des sinistres catastrophiques, il faudra peut-être, dans cette réflexion sur les priorités, prendre en
compte de nombreux bâtiments abritant de vastes collections. Si l’institution pour laquelle on effectue la
planification risque d’être elle-même mise en danger, il conviendra de décider de l’opportunité de transporter les
pièces les plus précieuses des collections dans un lieu plus sûr. On concevra le plan en fonction de la probabilité que
la région tout entière soit touchée par une catastrophe telle qu’inondation, séisme, conflit armé, etc., et que la
bibliothèque ou le dépôt d’archives en question ne puisse y disposer des moyens et services nécessaires à une
intervention de sauvetage immédiate. Les planificateurs devront peser ce risque et, s’il paraît très improbable, ils
pourront n’énoncer qu’un minimum de mesures à prendre en pareil cas.
En 1958, l’Unesco a publié un document intitulé «Convention de La Haye pour la protection des biens culturels» qui
peut être utile aux institutions culturelles examinant les risques liés à un conflit armé.
Bon nombre des conseils donnés dans le chapitre quatre valent pour l’étude des interventions et opérations de
sauvetage à mettre en œuvre face à d’autres types de sinistres. Il conviendra également de tenir compte des points
suivants:
1. S’il existe un risque de pollution chimique, il y a lieu de recueillir des informations générales sur la nature des
substances chimiques susceptibles d’envahir une bibliothèque ou un bâtiment d’archives et sur les mesures à prendre
à ce sujet. On déterminera quels experts peuvent prêter leur concours pour remédier à d’éventuelles pollutions
chimiques. Il faudra indiquer au personnel la conduite à tenir, en particulier si l’institution est une bibliothèque située
dans un bâtiment qui est exposé à un risque de pollution - un laboratoire ou une usine de produits chimique par
exemple
2. La pollution par les eaux d’égout est à craindre dans les zones sujettes aux inondations soudaines ou mal drainées.
On trouvera auprès des services de la protection civile et des organismes mondiaux de santé publique des
renseignements utiles pour s’en protéger. Pour manipuler les collections contaminées, on s’équipera de gants, de
vêtements protecteurs et de masques spéciaux afin d’éviter les risques de maladie. Les contaminants peuvent être
éliminés par rinçage à peu près comme indiqué au chapitre quatre à propos de la boue et de la vase. Cependant, il
peut être nécessaire de désinfecter les collections pour pouvoir ensuite les manipuler sans danger.
3. En prévision d’un éventuel conflit armé, il importe d’établir des plans pour protéger les registres d’état civil et les
trésors du patrimoine culturel national. On y inclura, si on le juge utile, des consignes concernant le déménagement
des collections, leur emballage et les modes de transport à utiliser.
4. Les plans relatifs à la sécurité des personnes doivent comporter des directives sur la conduite à tenir face à une
menace de plastiquage/bombardement ou à un risque d’explosion. Des dispositions à ce sujet devraient du reste
figurer également dans les plans de protection des collections contre les sinistres. Une fois définies les mesures
prioritaires à prendre pour que la bibliothèque ou l’institution d’archives continue à fonctionner et reste au service
des utilisateurs, on passera à celles à prévoir pour protéger convenablement l’établissement de catastrophes telles
qu’une explosion. Il est évident qu’un trésor du patrimoine national ne doit pas être exposé sans protection dans un
lieu public ni des pièces de collections rares entreposées dans un magasin sous des canalisations de chauffage.
Les mesures à prendre en cas de catastrophes ne sont pas nécessairement difficiles à prévoir et ne demandent pas
toujours à être détaillées. Elles exigent toutefois une étude sérieuse et devraient figurer dans tout plan valable de lutte
contre les sinistres, ne serait-ce que pour prouver que la question a été envisagée et que les précautions voulues ont
été prises.
CONCLUSION
Le but du présent manuel est de faire prendre conscience de l’urgente nécessité de planifier soigneusement la lutte
contre les sinistres et d’encourager les bibliothèques et les services d’archives à se préparer à les affronter. On y
examine en particulier les techniques et méthodes d’intervention et de sauvetage à employer en cas d’incendies et de
dégâts des eaux ayant endommagé des livres et manuscrits. Une bonne gestion des collections implique une
planification rationnelle et économique propre à assurer leur sauvegarde. L’histoire des sinistres ayant frappé ces
lieux de culture, histoire qui remonte à l’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie sinon plus loin dans le temps,
prouve abondamment que les collections constituées un peu partout dans le monde sont malheureusement
vulnérables à l’action de l’eau et du feu.
Les nombreux experts qui ont écrit sur ce sujet ont donné de très utiles indications sur les moyens à mettre en œuvre
pour intervenir à temps et sur les techniques de sauvetage les plus sûres. Des entreprises industrielles et des services
ont été créés pour répondre au besoin de meilleures techniques de séchage. Les restaurateurs y ont ajouté leurs
observations et le fruit de leurs recherches sur la réaction des publications reliées, du papier et de la pellicule à des
conditions nocives.
Les possibilités de sauver des objets endommagés par un sinistre sont meilleures qu’elles ne l’ont jamais été.
Toutefois, le coût en est dissuasif et elles supposent des choix qui sont souvent difficiles à opérer et peu satisfaisants.
On ne saurait trop souligner combien il importe d’être préparé à affronter un sinistre. Des mesures avisées et
rationnelles de prévention et de protection suffisent souvent à empêcher une catastrophe majeure ou, à tout le moins,
à réduire l’ampleur des pertes et à tempérer le sinistre.
Dans le présent manuel, la planification de la lutte contre les sinistres est divisée en quatre grandes rubriques:
Prévention, protection, intervention et sauvetage
Des recommandations dont beaucoup ont été soumises maintes fois à l’épreuve des faits ont été formulées dans
chacune de ces rubriques afin d’assurer l’établissement d’un plan de lutte détaillé, relevant les gageures que la
prévision implique dans ce domaine. On y trouvera également des suggestions sur les moyens d’aborder la
prévention, de garantir l’opportunité des interventions et de mener à bien les opérations de sauvetage.
Les conseils donnés dans ce manuel se fondent sur les principes généraux suivants, lesquels sont applicables par tout
bibliothécaire ou archiviste, dans n’importe quelles circonstances locales:
1. accepter de se charger de la planification
2. planifier à l’avance
3. faire usage de bon sens
4. s’informer des mesures à prendre en prévision des sinistres et en informer les autres
5. si la solution idéale n’est pas praticable, adapter les conseils reçus aux circonstances locales
6. si un sinistre survient, réagir rapidement et conformément à un plan.
Il est clair que les institutions n’ont pas toutes les mêmes besoins de prévention et de protection, ni les mêmes
possibilités de mobiliser ressources et services pour remédier à un sinistre. Ce qu’il faut souligner, c’est qu’il n’existe
pas de modèle de plan parfait ni de méthode d’intervention valable dans tous les cas. Le meilleur moyen de protéger
les collections consiste à établir une planification rationnelle réfléchie et à prévoir de manière réaliste les mesures à
mettre en œuvre.
Le manuel propose un vaste éventail d’approches et de solutions fiables en matière de planification. Toutefois, il y a
encore fort à faire pour que bibliothécaires, archivistes, restaurateurs et conservateurs mettent en commun leurs idées
et leurs préoccupations afin de rechercher des solutions aux problèmes posés par les sinistres. De nouvelles méthodes
et techniques de sauvetage demandent à être essayées et étudiées. Peut-être une diffusion plus large de l’information
contribuerait-elle à améliorer la prévision et le sauvetage dans l’intérêt de la sauvegarde du précieux patrimoine
culturel du monde.
2.2 Principes
valeur comme témoin des activités de l’institution créatrice. Ce principe s’applique non seulement au texte écrit
figurant dans le document, mais aussi à sa structure matérielle quand celle-ci a valeur de témoignage.
(b) Ne jamais utiliser de procédé qui risquerait d’aucune manière d’endommager ou de fragiliser le document.
2.2.3 Documentation.
Il en résulte aussi qu’il faut garder des traces écrites de toutes les opérations de restauration effectuées (53). On
constitue donc un dossier où l’on consigne:
(a) les éléments d’identification du document;
(b) l’état du document avant le traitement, y compris des informations sur sa composition (nombre de feuillets, par
exemple);
(c) la réalisation d’une éventuelle opération de déreliage qui s’avérerait nécessaire avant le début du traitement;
(d) l’ordre dans lequel les procédés et techniques sont mis en œuvre (pendant le traitement proprement dit, cette
information permet de contrôler que les documents n’ont pas été égarés ou mal replacés);
(e) les matériaux utilisés, y compris les agents de collage, les colles, etc. et la réutilisation éventuelle de matériaux
d’origine;
(f) l’identité du technicien qui a effectué la restauration;
(g) les dates du traitement.
2.3 Normes
2.3.1 Normes internationales. Il n’existe pas de normes internationales sur la conservation et la sauvegarde matérielle
des archives. Cependant, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) a récemment créé un sous-comité de
son comité technique pour l’information et la documentation (ISO/TC 46/SC 10) qui s’occupe des caractéristiques
physiques des supports de documents; ses travaux portent sur:
(a) la normalisation des caractéristiques des documents et des spécifications de conditionnement et de manipulation
de ces documents, dans le cadre des bibliothèques, des archives et centres de documentation, y compris les
documents sur support autre que le papier;
(b) les spécifications concernant les méthodes de conservation matérielle des documents, y compris les conditions
climatiques, etc.;
(c) les spécifications concernant la stabilité des matériaux;
(d) les aspects liés à la production des documents, y compris la reliure, etc.
Le comité se penchera en premier lieu sur la question de la stabilité du papier à utiliser pour les livres: et les archives,
mais d’autres sujets sont envisagés.
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3.2.3 Pollution. Il peut se produire entre les polluants atmosphériques, en particulier l’anydride sulfureux et le
protoxyde d’azote, émis par les moteurs à combustion interne, les chaudières, les centrales électriques et de
nombreux procédés industriels utilisant des combustibles fossiles (charbon, pétrole, etc.) et les matériaux qui
composent les documents, des réactions chimiques qui, par exemple, accélèrent la détérioration du papier par l’acide
ou décomposent les documents photographiques (14, 54). Des effets analogues peuvent être observés lorsque des
produits chimiques (acides, péroxydes, sulfates, etc.) migrant d’un constituant d’un document à un autre, par
exemple des plats de la reliure d’un volume au papier, du conditionnement au document lui-même - par exemple
d’une enveloppe au négatif photographique qu’elle contient - d’un type de document à un autre, par exemple d’une
photographie mal développée à la lettre qui la renferme, ou encore d’un matériau de construction du bâtiment (par
exemple peinture ou poussière de ciment) aux documents qui y sont entreposés.
3.2.4 Poussière et impuretés. La poussière et les impuretés, en s’incrustant dans les fibres du papier, arrivent à
défigurer les documents et même à en user le matériau. En outre, elles transportent souvent des polluants chimiques
ou des spores de champignons qui attaquent les documents. La poussière de ciment peut être très alcaline; or
l’alcalinité est aussi dommageable qu’un taux élevé d’acidité.
3.2.5 Incendies, inondations et tempêtes. Des sinistres peuvent survenir à la suite de phénomènes météorologiques
ou d’incidents locaux ou internes comme un incendie criminel ou accidentel, ou un tuyau crevé (voir section 12.6 ci-
dessous).
4. Conservation
4.1 Stockage
4.1.1 Locaux. Le mieux que puisse faire l’archiviste pour prolonger la vie des archives est de leur assurer de bonnes
conditions de stockage. Il leur faut des magasins sûrs où l’atmosphère puisse être stabilisée soit du fait du principe
constructif adopté, soit par des moyens artificiels (chauffage, déshumidificateurs ou même climatisation générale),
où une bonne circulation de l’air soit assurée pour empêcher l’apparition des moisissures, où l’air soit filtré pour que
la pollution et la poussière ne puissent pas pénétrer, où l’intensité de l’éclairement soit réduite (par exemple au
moyen de stores venant tamiser la lumière naturelle), où les incendies puissent être immédiatement détectés et
maîtrisés et où les risques d’incendies et de dégâts par les eaux et les tempêtes soient réduits au minimum. Autant
que faire se peut, il faut maintenir aussi bas que possible la température (entre 15 et 22° C) et le degré d’humidité
relative (entre 35 % et 65 %, de préférence en dessous de 55 %). Les variations à l’intérieur de ces fourchettes
doivent être réduites au minimum si elles ne peuvent être évitées (8, 11, 16, 28, 33, 62, 75). La résistance des
planchers doit être suffisante pour soutenir une pleine charge de documents.
4.1.2 Installations de stockage. Les installations de stockage doivent être suffisamment solides pour résister au
poids des documents. Les rayonnages doivent avoir les dimensions voulues pour qu’on puisse les y loger. Ils doivent
être chimiquement inertes (anticorrosion) et incombustibles (par exemple, métal et non pas bois, surfaces en émail
cuit au four entièrement et soigneusement traitées et non pas peintes). Un espace suffisant (15 cm) doit être laissé
libre entre le sol et les rayonnages afin d’éviter les dommages que pourraient causer des petites inondations et un
espace analogue doit être ménagé au-dessus du contenu de l’étagère supérieure de manière à ce que l’air puisse
circuler librement. L’utilisation de rayonnages mobiles (système compactes) ne devrait pas être envisagée si la
ventilation et la circulation de l’air posent un problème (28, 33).
4.1.3 Conditionnements. Il a été démontré que l’utilisation de cartons et de chemises non acides pour les papiers
non reliés et les dossiers ainsi que de boîtes pour les volumes reliés prolongeait la vie des documents et devait être
sérieusement envisagée. Ces conditionnements offrent un bon niveau de protection contre le feu, les dégâts par l’eau,
la lumière, les moisissures et animaux nuisibles, la pollution et les variations atmosphériques dans les dépôts. Si l’on
ne dispose pas de boîtes non acides, l’entreposage en boîtes pourra néanmoins assurer une protection à condition de
placer les documents dans du papier ou dans des chemises non acides afin de les protéger contre la migration de
l’acidité.
mais, lorsque cela n’est pas possible, on pourra placer les archives dans des chemises cartonnées ou des papiers pour
liasses non acides maintenus par une large bande de coton écru (ni ficelle ni cordelette).
4.2.5 Manipulation. On instituera des règles de manipulation correcte qu’on fera respecter par le personnel et les
lecteurs. On prévoira notamment:
(a) le transport sur des chariots qui maintiennent convenablement les documents et qui soient faciles à manœuvrer;
(b) l’interdiction d’empiler les documents sur les chariots, sur les tables, sur le sol, etc.;
(c) des plans de travail adéquats pour le personnel et les lecteurs et, si besoin est, des pupitres ou des lutrins
convenablement conçus; et
(d) la surveillance des opérations de photocopie.
4.2.6 Inspection. On inspectera régulièrement les magasins pour vérifier l’atmosphère et les conditions de stockage
et s’assurer qu’il n’y a pas d’infestation par les champignons, les micro-organismes, les insectes ou autres animaux
nuisibles.
5.1 Papier
5.1.1 Nature et propriétés. Le papier est une matière organique dont le principal constituant est la cellulose. Dans
les papiers fabriqués avant le milieu du XIXe siècle, cette cellulose provient essentiellement du coton et du lin, bien
que d’autres fibres végétales aient aussi été utilisées; les fibres sont longues et relativement stables. Ce papier de
«chiffon» peut être «fait à la main» ou «vergé à la machine». A partir du XIXe siècle, la pâte de bois est de plus en
plus souvent employée et la fabrication du papier s’industrialise. Le papier ainsi produit est généralement appelé
«papier-machine» (ou fabrique également du papier machine à partir de pâte de coton). Il existe plusieurs procédés
de fabrication et la teneur en lignine du papier obtenu varie. Bien qu’il soit possible de fabriquer du papier de pâte de
bois qui résiste bien au temps, les fibres de cellulose de ce type de papier ont tendance à être plus courtes et il est
souvent plus acide que le papier fabriqué de façon traditionnelle et de ce fait beaucoup moins durable. En particulier,
les papiers de pâte de bois broyé (par exemple le papier journal) sont chimiquement instables et changent de couleur
au bout de peu de temps en passant du jaune au marron foncé; ils se fragilisent jusqu’à l’effritement complet en
raison de leur acidité dont l’action est accélérée par celle de facteurs ambiants comme la lumière, la chaleur,
l’humidité et la pollution atmosphérique.
5.1.2 Pour donner de la résistance au papier et faire en sorte qu’il accepte l’encre sans qu’elle s’étale, la cellulose de
base est traitée au moyen d’agents de collage et de charges. Dans les papiers les plus anciens, l’agents de collage est
d’ordinaire de la gélatine, une substance animale qui perd de sa consistance avec le temps mais qui ne se détériore
pas au point d’endommager le papier. Par contre, dans les papiers plus modernes, l’agent de collage est souvent un
mélange d’alun et de colophane qui est acide et participe à la détérioration d’un papier déjà acide. Les charges sont
habituellement à base de kaolin et de craie; elles sont donc souvent alcalines et ont tendance à contrer l’action de
l’acidité dans le papier ou l’atmosphère. Etant donné que le papier destiné à recevoir de l’encre, qu’il s’agisse de
manuscrits ou de textes dactylographiés, a souvent une forte teneur en charges, les documents d’archives sont en
général moins gravement touchés par les effets de l’acide que les ouvrages des bibliothèques. Toutefois, les
documents imprimés à de multiples exemplaires, en particulier les journaux, et même les archives manuscrites et
dactylographiées sur des papiers de qualité inférieure, peuvent aussi subir de graves dommages.
5.1.3 Désacidification. Réparer le papier par les méthodes traditionnelles ne suffit pas à remédier aux effets nocifs
de l’acidité. La seule façon d’éliminer celle-ci est de la neutraliser en constituant chimiquement un tampon alcalin
(une alcalinité excessive peut également endommager le papier et il faut éviter de dépasser un pH de 9,0). Avant la
désacidification, on prendra soin de tester la résistance des encres et des pigments à la substance à employer. S’ils ne
sont pas assez résistants, il faut d’abord les fixer. Un certain nombre de techniques de désacidification ont été mises
au point:
(a) La désacidification en milieu aqueux qui consiste à immerger le papier endommagé (les documents fragiles
seront placés sur un support) dans une solution ou une suspension alcaline (le bicarbonate de magnésium étant en
général considéré comme l’agent le plus efficace) ou à le tamponner avec ce même liquide jusqu’à ce que l’acide
ait été neutralisé et que le pH soit descendu entre 7,5 et 9,0. Après le traitement, on procède aux réparations
nécessaires; le papier est réencollé puis mis sous presse. La méthode est éprouvée mais elle présente des risques
pour les documents très fragiles; elle prend également beaucoup de temps; la désacidification en milieu liquide
non aqueux qui est analogue à la désacidification en milieux aqueux à cette nuance près que le produit alcalin est
dissous ou en suspension dans un solvant organique; on peut pour l’appliquer utiliser la pulvérisation, qui
accélère le processus, mais n’est peut être pas aussi efficace que l’immersion;
(c) la désacidification en phase gazeuse qui fait intervenir des produits chimiques sous forme gazeuse pour
neutraliser l’acide; cette méthode est plus facile à appliquer que les deux méthodes par immersion précédentes et
sa productivité est plus grande.
Malheureusement, la plupart des gaz utilisés sont toxiques ou dangereux pour la santé de sorte que ce procédé
n’est plus recommandé de nos jours.
(d) la désacidification en masse: des recherches sont actuellement en cours sur ce point dans plusieurs pays mais
elles restent expérimentales; toutes les méthodes envisagées nécessitent l’utilisation d’installations coûteuses;
certaines requièrent l’emploi d’une chambre à vide, ce qui convient sans doute dans le cas des volumes, mais
risque d’être dangereux pour les papiers non reliés; d’autres font intervenir des produits chimiques exigeant des
précautions d’emploi si l’on ne veut pas qu’ils mettent en danger la santé et la sécurité du personnel. La plupart
de ces méthodes ne sont économiques que si le volume des travaux à exécuter est important (42).
5.1.4 Méthodes traditionnelles de réparation du papier. Pour réparer un papier endommagé, on emploie
traditionnellement (voir la section 5 pour un exposé plus détaillé de ces techniques) un papier neuf de bonne qualité,
fabriqué à la forme, de poids égal à celui du papier d’origine et de couleur analogue, placé dans le même sens que le
papier d’origine. Il ne faut pas découper la pièce au moyen d’un instrument tranchant, mais pratiquer à l’aide d’une
aiguille ou d’un stylet un pointillé suivant exactement la forme à obtenir. On détache ensuite la pièce avec
précaution. Les bords sont ainsi moins nets et les fibres de l’ancien et du nouveau papier peuvent s’entremêler. Une
autre technique consiste à utiliser du voile de Japon au lieu de papier de type courant. Les principaux procédés de
restauration sont les suivants:
(a) le recollage des déchirures;
(b) le comblage des lacunes qui consiste à confectionner des pièces de papier neuf d’un format correspondant aux
trous à combler dans l’original, en s’aidant d’une table lumineuse pour tracer avec précision le contour des
pièces; celles-ci sont ensuite détachées et collées à la place voulue;
(c) le bordage qui est l’opération inverse et qui consiste à confectionner un «cadre» pour entourer une feuille de
papier dont les bords ont été endommagés;
(d) l’endossure qui consiste à coller une nouvelle feuille de papier au verso de l’ancienne feuille; lorsque la feuille est
trouée ou lorsque ses bords sont endommagés, l’endossure doit s’accompagner d’un comblage des lacunes ou
d’un bordage, car autrement les différences d’épaisseur du papier pourraient en affaiblir la structure; cette
technique ne peut s’appliquer que lorsqu’il n’y a pas de texte au verso de la feuille d’origine; dans le cas contraire
et si le texte est court, l’endossure est possible sous réserve de ménager des «fenêtres» pour faire: apparaître le
texte ou d’utiliser du voile de Japon fin et transparent.
5.1.5 La colle traditionnelle est une colle de pâte végétale (riz ou amidon de blé - à laquelle on ajoute quelquefois des
additifs pour lutter contre les champignons et repousser les nuisibles, étant entendu que ces additifs ne doivent pas
avoir un effet nocif sur les documents). A l’heure actuelle, des colles synthétiques modernes sont parfois utilisées
mais il convient d’être très prudent et de tester soigneusement au préalable leur stabilité chimique et la permanence
de leurs qualités adhésives.
5.1.6 Les réparations au moyen de papier à la main se font communément sur le papier humide, la pièce étant elle
aussi humide; toutefois, s’il s’agit de voile du Japon, l’opération est en général réalisée à sec. La première de ces
méthodes a pour effet d’éliminer une partie de l’encollage d’origine et c’est pourquoi, une fois la réparation
effectuée, chaque feuille doit être réencollée puis mise à sécher librement sur un cadre (mises sous presse, les feuilles
réencollées risqueraient d’adhérer les unes aux autres). Les grands documents peuvent être mis à sécher légèrement
collés sur une toile de nylon reposant sur une surface en mélamine stratifiée qui peut être un tableau mural vertical
ou proche de la verticale. Ils se détacheront de la toile de nylon une fois secs.
5.1.7 Lamination. Le système le plus ancien, et encore aujourd’hui le plus répandu, pour la réparation de masses de
papiers est la lamination. Cette technique est à la portée de personnel semi-qualifié après un minimum de formation.
Toutefois, elle ajoute au volume du document et, dans une certaine mesure, elle est contraire à deux des principes de
la réparation, à savoir qu’il faut employer des matériaux semblables ou compatibles et que la réparation doit être
facilement réversible. Il existe deux types de lamination:
(a) les traitements mécaniques, qui consistent à placer la feuille de papier à réparer entre deux couches de produit de
doublage revêtu d’un adhésif thermoplastique (on peut aussi glisser des feuilles d’adhésif thermoplastique entre
le document et les deux feuilles de produit de doublage non revêtu); le document ainsi préparé est chauffé et mis
sous presse pour faire adhérer entre elles les couches «sandwich» (ce qui est en contradiction avec un autre
principe de la réparation en vertu duquel rien ne doit être fait qui risque de détériorer le document); aussi le
procédé Barrow n’est il pas recommandé car il peut endommager les documents auxquels on l’applique; il ne fait
pas de doute que parmi les premiers documents traités de cette manière, certains se sont gravement détériorés; il
semble toutefois, du moins dans quelques cas, que cette détérioration ait été provoquée par l’acidité du papier non
traité au préalable et dont l’effet a été accéléré par le traitement; le principe de base à respecter pour la lamination
mécanique est donc de commencer par mesurer l’acidité du papier et au besoin de le désacidifier avant de le
laminer; le procédé Postlip-Duplex (ou Langwell) fait intervenir une température et une pression moins élevées et
le produit de doublage utilisé est de la fibre de cellulose qui peut, le cas échéant, être enlevée; toutefois, la durée
de vie du papier ainsi laminé n’est pas suffisamment garantie pour que ce procédé soit recommandé que pour les
documents autres que ceux de peu de valeur qui sont très fréquemment consultés (voir le tableau 1 après la
section 8.3.2 ci-dessous); il existe des machines automatiques et semi-automatiques qui accélèrent le travail;
(b) les traitements manuels s’appuient sur un procédé analogue mais sans intervention de chaleur; il en existe deux
principales variantes:
(i) le procédé florentin, dans lequel le «sandwich» se compose de voile de Japon - un papier translucide très
fin - et l’adhésif d’une colle pour réparation du papier de type courant; ce mode de réparation peut
également être effectué mécaniquement; et
(ii) la lamination par solvant, qui est un procédé mis au point aux Archives nationales de l’Inde, à Delhi, mais
qui n’est pas généralement accepté; le «sandwich» se compose d’un film d’acétate de cellulose et de
papier très fin, l’adhésion étant assurée par l’action chimique de l’acétone qui est appliqué uniformément
sur la surface au moyen d’un linge ne peluchant pas (15).
5.1.8 L’encapsulation. Elle peut remplacer la lamination, car elle permet de protéger un document sans le soumettre
à la chaleur, à une pression ou à l’action d’un adhésif. L’encapsulation consiste à placer le document dans une
pochette composée d’un film en polyester transparent inerte (par exemple en «Mylar»). Comme dans le cas de la
lamination, il est nécessaire de désacidifier le document au préalable. Des pochettes toutes faites peuvent être
utilisées pour les documents moins fragiles mais pour les articles peu résistants et friables, il est nécessaire de
fabriquer la pochette autour du document. Au début, on utilisait du ruban adhésif double-face mais on s’est aperçu
que le document risquait de glisser et d’entrer en contact avec l’adhésif. Le scellage à chaud faisait également courir
un risque au document (bien que les systèmes plus récents appliqués aux Etats-Unis paraissent être sûrs). Il semble
toutefois que ce soit le soudage par ultrasons qui offre les meilleurs garanties de sécurité. Une solution moins
coûteuse consiste à piquer à la machine, au point zigzag, les feuilles de polyester. L’emploi de cette technique ne
nécessite qu’un minimum d’habileté et de formation mais la couture peut prendre plus de temps que la lamination
elle-même et elle accroît le volume des documents. Un autre problème non négligeable est que par l’attraction
électrostatique, les encres et les pigments friables ou écaillés risquent de se soulever et d’adhérer au film en
polyester. L’encapsulation ne convient pas dans ce cas. En revanche, elle peut être utilisée pour conserver les
archives autres que les archives en papier (par exemple, photographies et textiles) et pour isoler dans un ensemble de
documents ceux qui risquent de dégrader les autres.
5.1.9 Comblage par repulpage. Cette méthode de réparation consiste à fabriquer du papier neuf pour combler les
trous du document d’origine. Celui-ci est placé sur un tamis fin puis plongé dans une eau additionnée d’une
suspension de cellulose (habituellement composée de bourres de coton). On soulève le tamis pour que l’eau s’écoule
par les trous du document et la suspension (qui sèche et forme le nouveau papier), retenue par le tamis, vient combler
les trous. Il existe diverses machines de comblage par repulpage, des petites machines manuelles aux grandes
machines automatiques qui parfois même fonctionnent en continu. Toutefois, ce procédé quand il est utilisé seul
présente l’inconvénient de combler uniquement les trous; il ne permet pas de réparer les déchirures ni de renforcer
les papiers fragiles (bien qu’on puisse procéder à l’encollage parallèlement au comblage). Il peut donc être nécessaire
de soumettre les documents à un autre traitement - par exemple la lamination ou l’encapsulation afin de pouvoir les
manipuler sans risque. En outre, étant donné qu’il s’agit d’un procédé en phase humide, on ne peut y recourir que
lorsque les encres et les pigments ne sont pas solubles dans l’eau. Cela dit, il peut très bien être associé à la technique
de désacidification en milieux aqueux. Une très grande habileté, une longue expérience et une évaluation précise de
l’étendue du dommage et du volume nécessaire de cellulose en solution (cette évaluation peut être effectuée à l’aide
d’appareils de détection ou manuellement; elle est plus facile à réaliser lorsqu’il s’agit de réparer des pages de livre
et des documents en papier de même dimension) sont nécessaires pour obtenir de bons résultats (c’est-à-dire un
papier de remplacement ayant exactement la même épaisseur que celui du document). Aussi, même avec les
coûteuses machines fonctionnant en continu, la productivité du travail ne peut-elle être très élevée.
5.1.10 Le dédoublement. Le dédoublement du papier est une ancienne technique qui a été récemment remise au
goût du Jour, en particulier en Europe de l’Est. Elle consiste à fendre dans l’épaisseur une feuille de papier fragile ou
endommagée portant du texte au recto et au verso, et qui, de ce fait, ne peut être «endossée», de manière à obtenir
deux feuilles monofaces entre lesquelles on insère une nouvelle feuille pour les renforcer. Il s’agit-là d’un procédé
spécialisé, qui doit être mis en œuvre par du personnel qualifié et expérimenté et qui ne permet donc pas d’obtenir un
niveau élevé de productivité. Il est toutefois plus rapide que les méthodes traditionnelles de réparation du papier.
5.1.11 Renforcement du papier. Des expériences ont été réalisées pour renforcer les papiers fragiles en les
imprégnant de monomères et en les bombardant de rayons gamma de faible densité de manière à créer des polymères
qui sont chimiquement solidaires du papier. Toutefois, aucun de ces systèmes de copolymérisation n’a été testé ni
poussé au-delà du stade expérimental (74).
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6.1 Photographies
6.1.1 Nature et propriétés. Bien que la photographie existe depuis près d’un siècle et demi, seules quelques
collections spécialisées s’étaient, jusqu’à une époque récente, intéressées à la conservation des photographies,
notamment celles qui se trouvent dans les archives (2, 25, 29). Les photographies posent des problèmes spéciaux car
ce sont des objets complexes, dont le seul point commun est d’être composées d’au moins deux éléments: un support
(qui peut être fait de différentes matières) et une substance chimiquement active (habituellement un sel d’argent pour
les photographies en noir et blanc) qui réagit à la lumière pour donner l’image, soudés entre eux par un liant (sauf
dans le cas des calotypes et des daguerréotypes). Chacun de ces éléments peut réagir différemment non seulement
aux conditions du milieu, à la pollution chimique et à la manipulation mais aussi aux traitements protecteurs. Agir
pour les protéger implique donc des opérations extrêmement techniques qui ne devraient être confiées qu’à des
personnes compétentes et expérimentées très au fait non seulement du procédé photographique en cause mais aussi
des traitements à appliquer. De manière générale, le plus sûr consiste à placer individuellement les photographies
dans une pochette chimiquement inerte (non seulement sans acide, mais également sans soufre ni péroxyde les
pochettes en papier cristal ne sont plus recommandées) ou à les enfermer dans une enveloppe en polyester scellée
(encapsulation) et à les conserver dans l’obscurité dans des conditions ambiantes optimales (température la plus
basse possible et humidité relative se situant entre 30 et 50 %).
6.1.2 Négatifs photographiques. Il existe plusieurs types de supports transparents de négatifs, les plus courants
étant le verre, l’acétate de cellulose et le polyester (poly(éthylènetéréphthalate)). Leur stabilité est variable (voir 3.1.1
et 3.1.4 ci-dessus). D’une manière générale, les dommages causés aux négatifs photographiques sont surtout la casse,
s’agissant du verre; la dégradation ou l’altération de la couche d’émulsion du fait d’une réaction dimensionnelle
différente du support et de l’émulsion aux variations climatiques qui peuvent faire craquer l’émulsion où même la
détacher du support; une altération chimique de l’image par suite d’un mauvais développement initial, d’une
pollution chimique ultérieure d’origine environnementale ou de la migration d’une substance nocive venue de
l’emballage ou d’autres produits avec lesquelles les négatifs ont été en contact ou au voisinage desquelles ils se sont
trouvés rangés. On trouve moins de négatifs photographiques que de films négatifs sur support en nitrate de cellulose
(qui est chimiquement instable et très inflammable). Il existe aussi des négatifs photographiques sur papier. Le
traitement des négatifs photographiques - nouveau développement chimique ou transfert de l’émulsion du support
endommagé sur un support neuf - ne doit être effectué que par des personnes techniquement qualifiées pour le faire.
6.1.3 Positifs photographiques. Le papier leur sert habituellement de support, mais on peut aussi bien trouver toute
une variété d’autres supports tels que le métal dans plusieurs procédés des débuts, et le verre pour les plaques de
lanterne magique. Comme dans le cas des négatifs, les positifs souffrent le plus souvent d’une détérioration ou d’une
altération de l’émulsion ou bien de la détérioration chimique de l’image due à un développement défectueux, à la
pollution atmosphérique ou aux impuretés contenues soit dans le support papier, soit plus habituellement dans les
cadres ou albums photographiques, soit encore dans d’autres documents (coupures de journaux par exemple)
emmagasinés avec eux ou dans les conditionnements (enveloppes, boîtes, etc.) s’ils sont de mauvaise qualité. En
sortant les photographies des cadres et des albums, lorsqu’on peut le faire sans risquer de les endommager ou de
diminuer leur valeur de témoignage, et en les séparant des documents qu’elles accompagnaient, on peut stopper le
processus de détérioration chimique, mais on ne répare pas les dégâts (voir 2 cependant). Il va sans dire que lorsque
l’on sépare les photographies des documents qu’elles accompagnent et qui sont eux aussi un élément du document
d’archivé, il faut préserver les liens intellectuels entre les deux éléments au moyen de renvois dans les catalogues ou
inventaires.) Les traitements ne doivent être exécutés que par des spécialistes de la sauvegarde matérielle des
photographies.
6.1.4 Photographies en couleur. Elles se composent de négatifs, d’épreuves positives tirées à partir des premiers, de
diapositives sur film inversible et de positifs obtenus directement («Polaroïd»). Les pigments photosensibles qui
constituent l’image sont bien moins stables que les sels d’argent utilisés dans les photographies en noir et blanc, et il
est capital de les stocker en milieu stable, de préférence en atmosphère froide (pas plus de 5° C) et avec une humidité
relative stable de l’ordre de 30 à 50 %. Le sauvetage des photographies en couleurs endommagées ou en voie de
détérioration est presque impossible et la copie est souvent la seule ressource.
6.1.5 Microformes. Les microformes sont un type de photographies qui portent une série d’images sur un support
transparent (acétate de cellulose ou polyester - voir 3.1.1 et 3.1.4 ci-dessus pour les problèmes de stabilité) se
présentant en rouleau (microfilm) ou feuille (microfiche). Pour certains des premiers microfilms, le support est en
nitrate de cellulose et il faut tirer des copies puis éliminer l’original (voir 6.2.1 infra). Dans toutes les premières
microformes et dans les microformes d’archives modernes, l’image se constitue dans une émulsion gélatine - argent,
qui est sujette aux mêmes types d’altération ou de détérioration que les autres photographies sur sels d’argent. Les
reproductions sur microformes diazo, vésiculaires et électrophotographiques («effaçables») sont maintenant
courantes; elles sont en général extrêmement sensibles aux lumières fortes et ne sont pas recommandées pour la
conservation de longue durée. Le traitement des microformes se limite habituellement au remplacement des bobines
métalliques ou de boîtes instables de mauvaise qualité par des équivalents en matériau inerte et au stockage dans des
conditions ambiantes recommandées (26) à l’écart de documents papier qui peuvent dégager des vapeurs de
péroxyde. On peut également procéder à un lavage précautionneux des microformes sales ou collantes, mais le
traitement chimique n’est pas recommandé.
6.1.6 Copies de bureau. Quantité de procédés divers ont été utilisés pour produire des copies de bureau, soit
directement à partir de l’original, soit par impression à partir d’une microforme. Le plus ancien d’entre eux: est la
polycopie, connue pour la très mauvaise qualité des supports en papier et l’altérabilité des encres utilisées. Le
procédé de reproduction le plus ancien est le «photostat», un procédé photographique qui donnait une copie
raisonnablement permanente quand elle était convenablement développée et conservée. Malheureusement, la plupart
du temps, le développement était mal fait. Le dernier procédé en date, c’est-à-dire la copie électrostatique ou
xérographique, est lui aussi quasiment éternel si la machine utilisée est bien réglée, l’encre préparée selon une
formule correcte et bien mélangée et le papier stable. Toutefois, entre les deux, il y a eu un grand nombre d’autres
procédés, tels que le thermofax, le véritex, qui ont donné des copies éphémères parce que les matériaux utilisés sont
de mauvaise qualité, le fixage de l’image mal fait et le papier couché des copies sensible à la lumière ou à la chaleur.
Le seul moyen de conserver les textes de telles copies est de les reproduire par un procédé qui donne une copie de
plus longue conservation (69). Les machines à photocopier de bureau reproduisant la couleur ont récemment fait leur
apparition. La qualité archives de ce qu’elles produisent n’est pas garantie.
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7. Copie de substitution
7.1 But
7.1.1 Copie pour éviter le traitement protecteur. Le remplacement par une copie d’un document original qui est
abîmé, en train de se détruire ou qui va visiblement se détériorer peut être la seule solution lorsqu’une opération de
restauration n’est pas prioritaire ou est irréalisable en raison de son coût, du manque de personnel qualifié ou de
l’inexistence d’un traitement approprié. La copie effectuée, l’original peut être:
(a) enfermé soigneusement dans un conditionnement neutre et mis à l’abri dans des conditions climatiques optimales
jusqu’à ce qu’on trouve un traitement économique: cela convient parfaitement aux documents abîmés mais
parfois aussi aux documents qui ne sont pas entièrement dégradés et dont la détérioration peut être stoppée ou
ralentie par leur conservation dans de bonnes conditions;
(b) abandonné à son sort sans qu’on perde cependant l’espoir de trouver un moyen de traitement économique avant
qu’il ne soit complètement détruit; ou
(c) éliminé - bien que ce ne soit pas la solution qu’adopte volontiers un archiviste, il arrive que ce soit la plus
raisonnable; dans de nombreux cas, c’est l’aboutissement inévitable de la solution (b).
7.1.2 Copie après traitement. Dans d’autres cas, il peut se révéler nécessaire à la fois de traiter le document original
et de faire une copie de substitution pour la consultation. Les raisons peuvent être les suivantes:
(a) le document a une grande valeur intrinsèque et mérite un traitement protecteur - dans ce cas, la copie est destinée
à la consultation, ce qui évite à l’original réparé d’être davantage ou de nouveau endommagé;
(b) le document a une grande valeur informative, mais est tellement abîmé qu’il n’est pas possible d’en faire une
copie avant qu’il y soit fait un minimum de réparations.
7.1.3 Copie pour éviter des dégâts qu’il faudrait réparer. Dans ce cas, la substitution est une mesure préventive
pour éviter d’abîmer des documents bien conservés mais fragiles, en bon état mais sujets à une utilisation ou des
manipulations intensives ou encore des documents d’une très grande valeur intrinsèque. En pareil cas, les originaux
doivent être conservés et stockés dans les locaux appropriés.
venu), notamment les enregistrements audio, vidéo et informatiques sur bande magnétique, qui devraient au moins
être transférés sur des bandes vierges de qualité archives éprouvée (ce qui ne signifie pas «inaltérable» en
l’occurrence). Le transfert sur un type différent du même support (par exemple d’une bande de cassette sur une
bande en bobine, «d’une disquette» sur une bande d’ordinateur en bobine, d’une pellicule en nitrate sur une pellicule
en acétate), voire sur un support différent (un disque optique par exemple) doit également être envisagé. On peut de
même copier systématiquement au moment du versement les documents d’autre facture qui risquent fort d’être
endommagés pour avoir une copie de réserve et de travail (disque de phonographe sur bande magnétique, cliché
négatif sur verre sur film négatif).
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35. G.M. Cunha and D.G. Cunha, Library and archives conservation: 1980s and beyond, deux vol. (The Scarecrow
Press, Metchen, NJ et Londres, 1983).
36. G. Petherbridge (dir. publ.), Conservation of library and archive materials and the graphic arts (Butterworths,
Londres, 1987); délibérations de la Conférence de Cambridge de 1980. Le prix - 75 livres - est peut-être un
peu élevé pour un service d’archives disposant de ressources limitées.
37. G. Thompson, The museum enviroument (Butterworths, Londres, 1978).
38. M.T. Roberts et D. Etherington, Bookbinding and the conservation of books: a dictionary of descriptive
terminology (Library of Congress, Washington DC, 1982).
39. S.B. Swartzburg, Preserving library materials (The Scarecrow Press, Metchen, NJ et Londres, 1980).
40. O.P. Agrawal, Conservation of manuscripts and paintings in SouthEast Asia (Butterworths, en association avec
l’Institut international pour la conservation des objets d’art et d’histoire, Londres, 1984).
41. J. Ashley-Smith (dir. publ. série), Science for conservators (3 vol., Crafts Council, Londres, deuxième
impression, 1984).
42. G.M. Cunha, Mass deacidification for libraries (American Library Association, Chicago, 1987).
43. J.M. Banks, Guidelines for preventative conservation (Committee on Conservation and Préservation of Library
Materials, Council of Federal Libraries, Ottawa, 1981).
44. I. Moor et A. Moor, Conserving photographs (Bishopgate Press, 1986).
45. J. McWilliams, The Préservation and restoration of sound recordings (American Association for State and Local
History, Nashville, 1979).
46. H. Anderson et J.E. McIntyre, Planning manual for disaster control in Scottish libraries and record offices
(National Library of Scotland, Edimbourg, 1985).
47. P. Watters, Procedures for salvage of water-damaged library materials (Library of Congress, Washington DC,
deuxième édition, 1979).
76. Préservation of historical records, Committee on Préservation of Historical Records, National Research Council
(National Academy Press, Washington DC, 1986).-
77. Intrinsic value in archival material, National Archives and Records Service Staff Information Paper 21 (National
Archives and Records Service, Washington DC, 1982).
C. Périodiques
En dehors des revues générales d’archivistique et de bibliothéconomie, les périodiques dont le titre suit doivent être
considérés comme indispensables.
48. Restaurator.
49. The paper conservator.
50. Abbey newsletter.
51. International conservation news; on peut obtenir gratuitement cette revue en écrivant à l’adresse suivante: IFLA
Programme on Préservation and Conservation, c/o Library of Congress, IFLA PAC Core Programme,
National Préservation Programme Office, Washington DC 20540.
56. F. Jayot, "L’humidité dans les dépôts d’archives; instruments et méthodes de mesure", La gazette des archives,
NS n° 123 (4e trimestre 1983), 232 FF.
57. M. Dersarkissian et M. Goodberry, "Experiments with non-toxic antifungal agents", Studies in conservation 25
(1980), 28-36.
58. K.B. Hendricks et B. Lesser, "Disaster preparedness and recovery: photographic materials", American archivist
46(1) (hiver 1983), 52?.
59. W.K. Wilson et E.J. Parks, "Historical survey of research at the National Bureau of Standards on materials for
archival records", Restaurator 5(3-4) (1983), 191-?.
60. A.D. Baynes-Cope, "Conservation: why the scientist can help", Archives 16(70) (octobre 1983), 162-6.
61. D.L. Thomas, "Conservation: new techniques and new attitudes", Archives 16(70) (octobre 1983), 167-77.
62. B. Faye, Conception des bâtiments d’archives. Revue de l’UNESCO pour la science de l’information, la
bibliothéconomie et l’archivistique IV(2) (avril-juin 1982, p. 93-99).
63. Y.P. Kathpalia, Conservation et préservation des archives. Revue de l’UNESCO pour la science de l’information,
la bibliothéconomie et l’archivistique IV(2), avril-juin 1982, p. 100-107.
64. H. Horakova et F. Martinek, "Disinfection of archival documents by ionizing radiation", Restaurator 6(3-4)
(1984), 205-16.
65. C. Smith, "Starting a conservation programme", Archives and manuscrits 15(1) (mai 1987), 41-7.
66. "Education for conservation", Journal of librarianship 17(2) (avril 1985), 74-105; cinq communications
présentées à l’occasion du Library Association’s Conservation Seminar, Londres, 1984.
67. D. Allsopp, "Biology and growth requirements of mould and other deteriogenic fungi", Journal of the Society of
Archivists 7(8) (octobre 1985), 530-3.
68. D.L. Thomas, "Archive buildings: international comparisons", Journal of the Society of Archivists 9(1) (janvier
1988), 38-44.
69. Restaurator 8(1) (1987); ce numéro est consacré à des communications présentées lors d’une conférence sur les
photocopies de sauvegarde.
70. M. Roper, "Advanced technical media: the conservation and storage of audio-visual and machine-readable
records", Journal of the Society of Archivists 7(2) (octobre 1982), 106-12.
71. R. Strassberg, "The use of fumigants in repositories", American archivist 41(1) (janvier 1978), 25-36.
72. H. Wilman, "Copying without damage: The British Library Strategy", Archives 18(78) (octobre 1987), 85-8.
73. D.G. Vaisey, "Archivists, conservators and scientists: the preservation of the nation’s heritage", Archives 18(79)
(avril 1988), 131-43.
74. D.G.W. Clements, "Emerging technologies - paper strengthening", Restaurator 8 (1987), 124-8.
75. D.L. Thomas, "Architectural design and technical equipment for the physical protection and conservation of
documents", Mitteilungen des Osterreichischen Staatsarchivs 39 (1986), 233-51.
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