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Avant-propos
Vu le développement des figures de style dans ces derniers temps nous nous
sommes proposé de clarifier ici cette question. Nous sommes partis du général pour arriver
au particulier. Nous avons vu que le langage quotidien est parsemé des mots figurés et
nous ne pouvons pas nier le plaisir qu’ils nous créent lorsque nous les entendons. Mais il
faut rappeler que les mots au sens figuré sont nécessairement des mots polysémiques. Donc
on ne peut pas discuter de la métaphore sans parler avant de la polysémie.
Premièrement on verra quelle est l’origine du mot figure et les domaines dans
lesquels les figures de style sont utilisées, bien que beaucoup de gens ne sachent quelle est
la vraie signification de ce terme. Ensuite nous passerons à un domaine plus étroit, la
polysémie et après l’avoir définie on discutera les sources de la polysémie, c’est-à-dire la
métonymie, la métaphore et la synecdoque. Bien sûr nous mettrons l’accent sur la
métaphore qui représente le sujet d’intérêt de notre mémoire. Dans ce chapitre nous allons
voir que les figures de style sont utilisées même par les personnes moins instruites. Nous
approfondirons la notion de métaphore en donnant premièrement sa définition et nous
donnerons ensuite des exemples convaincants pour illustrer le support théorique.
Dans le sous-chapitre sur l’origine et le développement de la métaphore nous
partirons de la définition de la métaphore donnée par Aristote et par d’autres philosophes
de l’Antiquité pour aboutir aux sens que cette figure de style développe à présent. Il est
vrai que la métaphore est présente surtout dans le langage poétique, mais elle ne manque
non plus du langage quotidien. C’est grâce aux métaphores que nous avons une langue si
musicale et l’harmonie des sons nous fascine.
Le plus surprenant est le fait que la métaphore n’ait pas un rôle bien défini
seulement dans la lexicologie, mais la métaphore est aussi utilisée dans le langage des
aphasiques et ce cas est très bien mis en évidence par Roman Jakobson. Il a dédié un
chapitre entier de son étude, intitulée Essais de linguistique générale (Deux aspects du
langage et deux types d’aphasie) où il a analysé le langage des aphasiques et il a montré le
rôle que la métonymie et la métaphore jouent dans ce sens. Par ce travail dans lequel il a
mis accent sur les questions pratiques, il a approfondi l’étude sur la métaphore.
Mais il n’est pas suffisant d’exposer de telles théories sur la métaphore sans
mettre en évidence de faits pratiques. C’est pourquoi nous avons pensé qu’il convient de
dédier les chapitres suivants aux sens polysémiques et métaphoriques des noms désignant
les parties du corps humain et les plantes. Par les exemples que nous avons donnés, nous
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avons essayé d’apporter des arguments supplémentaires pour soutenir notre but. Le nom,
par définition, est la partie du discours qui peut substituer, mais qui peut être également
substitué, donc il permet une variété de combinaisons et implicitement des changements de
sens.
Dans sa qualité de figure de rhétorique la métaphore constitue un des artifices les
plus visibles du style. À côté de la métonymie, la métaphore, tout aussi une figure-reine du
langage, justifie le développement plus ample qui fait l’objet de la deuxième partie. Tous
les exemples ont le rôle de mettre en évidence les tournures que la voie de la métaphore a
prises dès son début, du latin jusqu'à nos jours. Nous voulons montrer ici comment cette
figure de style, la métaphore, peut transformer une expression terne et anonyme en un style
élégant et personnel.
Nous pouvons observer que toute figure présuppose un processus de décodage en
deux temps, dont le premier est la perception d’une anomalie et le deuxième la correction
de cette anomalie, par l’exploration du champ paradigmatique où se nouent les rapports de
ressemblance, de contiguïté etc. grâce auxquels sera découvert un signifié qui peut fournir
à l’énoncé une interprétation sémantique acceptable. Il en résulte que tout écart exige sa
propre réduction par changement de sens.
Donc, dans notre cas, la métaphore qui est une de ces figures, nous donne la
possibilité d’observer le transfert de sens qui se produit à un certain niveau pour obtenir
des expressions dont le mérite est l’harmonie du langage. Dans ce mémoire, nous avons
l’intention de faire une corrélation juste entre l’aspect théorique et celui pratique à l’égard
de la métaphore. Pourquoi donc ne pas utiliser dans nos discussions ces merveilleuses
expressions métaphoriques qui sont agréables pour tous et qui nous font ainsi nous rendre
compte de la beauté de la langue et de sa musicalité ?
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Première partie
1. Préliminaires théoriques et méthodologiques
Il semble simple et raisonnable d’inclure l’étude des figures de style dans la
discipline qu’on appelle stylistique, mais il faut tenir compte du fait que les fondateurs de
cette discipline ont refusé de s’intéresser aux figures, surtout pendant la moitié du XXème
siècle.
Le terme auquel on pense est la rhétorique. Même si les figures de style ont une
réalité vivante, on a l’impression que la rhétorique appartient au passé. On a médité
souvent sur le rôle que les figures de style ont dans le cadre d’une discipline
impressionnante, la poétique. On pourrait aussi créer ou utiliser un terme spécifique qui
couvrirait précisément l’ensemble des phénomènes en question; on pourrait se contenter du
terme tropologie, qui existe déjà, mais on verra plus loin qu’il présente des inconvénients.
Il ne faut pas confondre figure de style et clause de style. Les clauses de style sont les
formules rituelles que l’on prononce sans y adhérer sincèrement. Par exemple, dans un
discours violemment polémique on apporte des hommages à l’union, à la paix, à la
tolérance. Les figures de style recouvrent une réalité plus vaste et diverse. On sait qu’elles
ressortissent du domaine de l’énonciation langagière, qu’elles représentent un effort de
formulation, qu’elles peuvent faire l’objet des jugements esthétiques, comme dans la
définition qu’en donne Littré: «Certaines formes de langage qui donnent au discours plus
de grâce, d’éclat et de l’énergie» (Fontanier, 1977 : 27).
En latin, le mot «figura»1 signifiait un dessin, la représentation visuelle d’un objet,
et par extension sa forme. Une figure est un dessin; or un dessin est perçu du point de vue
visuel et sensoriel. Une figure fait donc appel à la sensibilité; dans le discours elle apparaît
comme une illustration, comme si le texte lui-même fabriquait des motifs ornementaux ou
des images représentatives. On est tenté de dire que la forme la plus frappante de figure de
style est constituée par les manipulations. Le verbe styliser, qu’il est intéressant de
rencontrer ici, signifie simplifier avec vigueur, intellectualiser le monde perceptible,
imposer des formes géométriques. En stylisant, on exagère l’expression, mais on l’allège
aussi. En peinture, la représentation figurative emprunte souvent les chemins du symbole,
de la suggestion, de l’allusion. Le plus souvent l’étymologie du mot figure, n’existe pas
dans la conscience du locuteur, et on accepte à penser qu’il n’y a pas de trait de style sans
un minimum de volonté. Une figure complètement absorbée par la langue au cours d’un
processus historique et collectif perd son statut de figure. Nous sommes partis de l’exemple
1
Figure (n. t.).
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classique la locomotive comme monstre qui n’était pas considérée une métaphore parce
que les primitifs la voyaient comme ça. On a traité ensuite la structure, les types de
métaphore, les fonctions que les métaphores nominales peuvent avoir à l’intérieur de
l’énoncé.
centrés sur tirer, le noyau sémique s’efface. Par exemple: «tirer une carotte à quelqu’un
(lui extorquer de l’argent), tirer le diable par la queue (avoir peine à vivre avec de maigres
ressources), après celui-là il faut tirer l’échelle (il n’y a plus rien à faire, à espérer), tirer
ses chaussés (filer, déguerpir), tirer au flanc et tirer au cul (faire école buissonnière, sécher
une activité)» (citation de Giraud, La stylistique, p.27 tirée de Tuţescu Mariana 1974 : 137-
138). Ici les sens sont des variantes syntagmatiques.
Pour illustrer les formes différentes de la polysémie, il est nécessaire de préciser
que même un lexème qui désigne un objet concret comme chaise est, contrairement à ce
que l’on croyait, polysémique. Le Nouveau Petit Robert lui accepte au moins les sens
suivants :
«Par anal.1. ancienne chaise à porteurs : véhicule composé d’un habitacle muni
d’une chaise et d’une porte, dans lequel on se faisait porter par deux hommes au moyen
des bâtons assujettis sur les côtes<…> La chaise est un retranchement merveilleux contre
les insultes de la boue. (Mol.) 2. ancienne voiture à deux ou à quatre roues, tirée par un ou
plusieurs chevaux. Chaise de poste. 3. Tech. Base, charpente, faite de pièces assemblées et
supportant un appareil. Chaise d’une meule. Chaise d’un clocher, d’un moulin. » (Le
Nouveau Petit Robert, 1997).
À toutes ces trois définitions le Nouveau Petit Robert ajoute au moins trois autres :
«Lieu où s’établit une armée pour investir une place forte; ensemble des opérations menées
pour prendre une place forte. Ou mettre, faire le siège devant une ville, place où se tient
assis un magistrat. Jugement rendu sur le siège. Magistrature du siège, partie du corps
humain sur laquelle on s’assied, bain de siège. Enfant qui se présente par le siège» (Le
Nouveau Petit Robert, 1997).
La première forme de polysémie que Robert Martin relève est la restriction de sens
et il le met en évidence par le mot femme, dont le premier sens est personne de sexe
féminin et le sens second, personne du sexe féminin qui est ou a été mariée. Cette relation
consiste dans une addition de sèmes spécifiques qui s’explique mieux par le contexte. Il
s’agit d’une particularité lexico-sémantique qui est apportée par le contexte syntaxique-
sémantique. Dans la société occidentale, être la femme de tel ou tel homme, c’est non
seulement être une femme qui vit dans la compagnie de cet homme, mais c’est être
devenue la seule femme qui, après un acte officiel de mariage, vit en communauté avec cet
homme.
Robert Martin théorise la polysémie de restriction de sens comme du reste toute
la polysémie en postulant que le lexème polysémique dispose alors de plusieurs sémèmes
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ou une figure, qu’à ceux qui sont plus instruits et plus exercés. Mais c’est une preuve que
les tropes représentent une partie essentielle de langue parlée qu’ils sont donnés par la
nature pour servir à la manière d’exprimer nos pensées et nos sentiments; par conséquent,
ils ont la même origine que les langues naturelles.
Vu que les tropes ont la même origine que la langue naturelle, leurs procédés, leurs
genres et leurs espèces ne font que monter pareils à la langue, jusqu'à l’époque de l’enfance
de l’humanité, sans pouvoir préciser leur moment de début.
Si on se demande pourquoi les enfants, les primitifs incultes ont un langage
éblouissant, presque entièrement dominé par les tropes, on peut expliquer cette chose par le
fait qu’ils sont obligés à utiliser les mots qu’ils ont, au lieu de ceux qu’ils n’ont pas. Ainsi
ils emploient les mots dans des syntagmes différents et implicitement des sens nouveaux.
Ce qui a déterminé l’apparition des tropes est la pauvreté des mots propres et la nécessité
de remplacer cette pauvreté et ce manque. Il est sûr que cette nécessité restera si longtemps
que le nombre des mots ne sera pas égal au nombre des idées.
La première des causes occasionnelles des tropes est la nécessité d’étendre vers des
objets divers et des idées, des mots qui au début ne pouvaient pas exprimer qu’un seul
objet ou une seule idée, de donner donc à ses mots des emplois différents. Dans le domaine
du concret, les mots inventés pour un sentiment, sont devenus communs pour un autre
sentiment aussi: un son éclatant comme une couleur brillante, un son doux, un goût aigre,
une parole agaçante, une odeur forte, un clou ou un chardon piquant, l’harmonie des
couleurs, l’harmonie des éléments, la combinaison harmonieuse des éléments, l’harmonie
des parties ou l’harmonie des sons.
Mais la nécessité n’est pas la seule cause de l’apparition des tropes, elle n’a fait que
créer ces tropes-là appelés des catachrèses, c'est-à-dire ces métonymies-là, ces
synecdoques-là, ces métaphores–là dont les objets n’ont jamais été présentés que sous le
signe d’emprunts et ils ne pourraient avoir des signes propres que si nous le voulions,
chose difficile et probablement impraticable. Les tropes qui tiennent du choix et du goût,
les tropes–figures ont une toute autre cause occasionnelle : c’est le plaisir, la délectation
qu’une sorte d’instinct nous fait pressentir, puis la pratique, l’expérience nous fait
découvrir.
La nécessité et le plaisir sont les causes occasionnelles des tropes. La première tient
à ce qu’on a vu, de la pauvreté de la langue, le deuxième de l’effet des tropes ; mais toutes
les deux sont étrangères à l’être humain, elles se trouvent en dehors de nous. Les causes
10
8
Pensée rare et raffinée (n. t.).
9
Idem.
12
notions, tandis que pour Vico elle était le résultat d’une autre mentalité prélogique. D’après
l’opinion de Vico, à la base de la métaphore se trouve une compréhension particulière du
monde, une métaphysique propre à la première étape de la civilisation humaine. Aussi Karl
Marx a-t-il montré que la compréhension mythologique du monde était le produit de la
première relation de l’homme avec les forces de la nature, maîtrisées par lui par la simple
fantaisie. La métaphore qui continue à exister pour l’humanité et qui est certainement plus
forte est la métaphore de l’Antiquité de Cicero, fait qui justifie aussi la renommée Querelle
des Anciens et des Modernes du XVIIème siècle.
Dans le passé on a véhiculé l’idée que la vieillesse originaire de la métaphore
résulterait du fait que le langage humain est essentiellement métaphorique. Alfred Biese
écrivait dans la Philosophie des métaphores, en 1893 : «Limba este prin excelenţă
metaforică, ea încorporează sufletescul şi spiritualizează corporalul: ea este o imagine
rezumativă şi analogă a întregii vieţi, întemeiată pe acţiunea reciprocă şi contopirea
intimă a sufletului cu trupul; cuvântul este viaţă intimă devenită sensibilă şi perceptibilă;
exteriorul s-a interiorizat şi interiorul s-a exteriorizat» (citation tirée de Vianu 1957 : 15)11
Par exemple les attributs utilisés au début pour la caractérisation des impressions
sensibles ont été associés ensuite aux impressions morales pour pouvoir discuter de la
chaleur du sentiment, de la force du caractère, de la douceur du sentiment, de la dureté des
mœurs, de la sécheresse de l’esprit, de l’amertume d’une déception etc. A ce que Biese
disait, le caractère de la langue résulte aussi du fait que chaque mot est une synthèse de
compréhension et de son, où le son des mots souligne leur sens. Il en résulte que toutes les
racines seraient au début des symboles sonores et que tous les mots se sont formés par le
transfert métaphorique d’une impression acoustique.
Par exemple le mot «peniţă»12 donne certainement l’impression d’une métaphore
ou au moins d’une ancienne métaphore. Vendryes dans Introduction linguistique à
l’histoire disait que «în limbajul curent un cuvânt nu poate avea decât un singur înţeles în
acelaşi timp» (citation tirée de Vianu 1957 : 18)13. Il prend l’exemple concret de celui qui a
dit pour la première fois je prends la plume pour écrire et qui a ainsi utilisé le mot avec le
sens concret et non pas comme métaphore. Donc, le mot plume peut faire l’impression
d’une métaphore plutôt pour nous que pour ceux qui l’ont employé pour la première fois.
11
La langue est par excellence métaphorique, elle comprend le spirituel et elle spiritualise le corporel: elle est
une image résumée et analogue de toute la vie, fondée sur l’action réciproque et l’union intime de l’âme avec
le corps ; la parole est une vie intime devenue sensible et perceptible ; l’extérieur s’est intériorisé en soi
même et l’intérieur s’est extériorisé (n. t.).
12
Plume (n. t.).
13
Dans le langage courant un mot ne peut avoir qu’un seul sens en même temps (n. t.).
14
14
Royal (n. t.).
15
Roi (n. t.).
16
Petit roi (n. t.).
17
Roitelet (n. t.).
18
Lézard (n. t.).
19
Muscle (n. t.).
20
Idem.
15
terme même «musculus»21 qui signifie petite souris. Le français grue signifie cendrée et
corne (machine à élever les poids). Dans l’une des acceptions le terme a le sens propre,
dans l’autre il est métaphorique. Le coq du fusil qui est un mot métaphorique, les
allemands l’appellent «Hahn»22, les français le nomment comme on l’a dit, les italiens
«cane»23 lorsqu’aux espagnols et aux portugais il fait l’impression d’une petite chatte,
«galito»24, «gatilho»25. Le mouton n’est pas seulement l’animal, mais, par métaphore elle
désigne aussi le guerroyer qui se heurtait contre les murs des anciennes cités.
La pupille c’est la fille orpheline qui se trouve sous la protection d’un tuteur, mais
aussi cette partie-là de l’œil où les images externes se reflètent comme dans un miroir. Les
deux mots proviennent du latin «pupilla»26, le diminutif de «pupa»27, la fillette de l’œil.
Une nouvelle recherche a mis en évidence le fait que les métaphores n’ont
seulement la tendance de sortir de la langue en se transformant dans des termes propres,
mais aussi le fait que beaucoup de mots qui nous apparaissent à présent comme des
métaphores ont été à l’origine des termes propres.
Heinz Werner sentait la nécessite de délimiter d’abord la notion de métaphore. Il
considère que du point de vue logique «o metaforă este înlocuirea expresiei unei
reprezentări cu o alta de un caracter mai mult sau mai puţin sensibil» (citation de Werner
tirée de Vianu 1957 : 23). Cette délimitation était difficile pour les primitifs puisque leur
langage se caractérisait plutôt par la distinction des expressions que par leur identification.
Ainsi ils ont remplacé les termes abstraits dans un moment où l’intelligence a commencé à
se faire remarquer. Prenant comme exemple le fait qu’un chien salive non seulement
lorsqu’il voit un morceau de viande, mais aussi devant le pot où l’on bout la viande,
Werner appelle cette forme de présentation, la préparation de la métaphore au niveau
moteur de l’âme.
Hors cela il y a puis une préfiguration de la métaphore au niveau émotionnel de
l’esprit. Quand les milanais de la Nouvelle Guinée disent le front me mord pour exprimer
la honte ou quand les noirs de Congo affirment que le cœur est bien attaché à leurs côtes
pour exprimer leur courage, ils ne font pas des métaphores, mais des pseudo-métaphores
21
Idem.
22
Roi (n. t.).
23
Idem.
24
Gagnant (n. t.).
25
Idem.
26
Pupille (n. t.).
27
Fille (n. t.).
16
parce que pour eux la honte est encore une sensation au front et le courage se trouve dans
le cœur.
Au niveau intuitif-conceptuel de l’esprit apparaissent les expressions qui ont une
apparence de métaphore que le manque des termes propres de la langue produit. Par
exemple, quand certains des indigènes de l’Afrique appellent la locomotive hippopotame
ou quand ils désignent les ciseaux par le nom du poisson «pyranya»28, nous n’avons pas
affaire à une métaphore proprement-dite, mais à l’expression d’une identification des
apparences.
Le procès de métaphorisation ne se produit non plus à l’anthropomorphique
spirituel. Ainsi lorsque le primitif anthropomorphisant attribue à l’animal des intentions et
des faits humains, il n’exécute pas encore une métaphore, parce que l’animal n’est pas un
être essentiellement différent du primitif anthropomorphisant. La métaphore prise
globalement, apparaît à peine au niveau appelé par Werner le niveau pneumatique du
développement spirituel. Le nouveau niveau est touché lorsque le primitif arrive à
concevoir l’existence d’une substance matérielle, mais invisible qui pénètre tout objet et
qui peut être transmise. Ayant comme support les représentations pneumatiques les
premières métaphores réelles apparaissent, c'est-à-dire celles-ci qui sont obtenues par des
actions et des choses, les procédés magiques.
Dans une tribu d’indiens de l’Amérique du Nord un homme s’appelait «tsa»29.
L’oie a été alors nommée par les membres du même tribu. Un mélanésien ne voulait plus
prononcer le mot «ima»30 parce que cette syllabe était incluse dans le nom de sa belle fille
Tavurima. En ce qui concerne les noms propres tabouisés, le mot propre est souvent
remplacé par un mot arbitraire. Un tel cas est celui où les indigènes africains appellent le
roi par le nom qui signifie esclave (ou par contre) ou lorsqu’on donne aux enfants de
mauvais noms pour que les démons effrayés par leur laideur les évitent. Mais hors ces
substitutions inadéquates, où l’on remplace le mot propre tabouisé soit par un mot plus
général (le fruit de l’herbe pour designer le riz), soit par un autre plus spécial (écouter pour
l’oreille, canne de verrier pour le vent, pied court pour le porc, pied rond pour l’éléphant),
soit l’un analogique (par exemple jaune pour dette d’argent, le terme intermédiaire de la
métaphore étant le mot or). Dans ces derniers cas, l’identification des termes est
accompagnée par la conscience de leur différence, c’est-à-dire nous rencontrons des vraies
métaphores.
28
Espèce de poisson (n. t.).
29
Oie (n. t.).
30
Maison (n. t.).
17
Après avoir fait une étude plus attentive sur l’œuvre d’Homère, on observe que
celui-ci n’a pas de métaphores, mais des comparaisons. La métaphore est une comparaison
abrégée ou sous-entendue. On pourrait dire que le rôle de la métaphore est celui d’éviter la
comparaison. Le primitif pneumatisé qui a dit torche au lieu de dire foudre a réalisé
certainement une comparaison entre les deux aspects. Développer une métaphore dans une
comparaison c’est comme si on expliquerait un mot d’esprit : tout son charme se
compromettrait. Quand Eminescu écrivait : «Părea că printre nouri s-a fost deschis o
poartă/Prin care trece albă, regina nopţii moartă» (citation d’Eminescu tirée de Vianu,
1957 : 29)31, on comprend que le poète a établi la comparaison entre la lune et une reine
morte. Du point de vue grammatical, les métaphores et les comparaisons tiennent toujours
la place des adjectifs ou des adverbes.
Homère disait d’un de ses héros qu’il s’est enfui si loin qu’un homme brave peut
jeter la lance dans un temps où il n’y avait pas des systèmes abstraits pour mesurer la
distance. Les comparaisons homériques sont toujours l’expression de l’approchement
intuitif entre deux impressions, dont la deuxième est un attribut associé constamment à un
objet. Ainsi, quand Homère, en décrivant la mort pendant la lutte de Gorgythion écrivait :
«Cum în grădină o floare de mac într-o parte se lasă, / Când e ticsită de rod şi ploile o bat
primăvara, / Astfel, sub coif apăsat, şi capul ucisului cade» (citation d’Homère, 305-7 tirée
de Vianu 1957 : 31)32, l’image de la tombée est un attribut que le poète ressemble dans son
texte avec l’objet avec lequel, pour son imagination, il constitue une unité qui ne peut pas
être disloquée.
«Comparaţia este forma elementară a imaginaţiei vizuale. Ea precede metafora,
adică acea comparaţie în care unul din termeni lipseşte, atunci când ambii termeni nu
sunt topiţi într-unul singur» (citation de Gourmont, Le problème du style tirée de Vianu
1957: 33)33. Il n’y a pas de métaphores chez Homère, fait qui constitue un incontestable
signe de la primitivité.
Les images de la fantaisie sur lesquelles la pensée philosophique travaille sont pour
Biese des métaphores, c’est-à-dire les résultats de la représentation d’une réalité extérieure
par analogie avec notre propre vie interne : «Lumea nu ne devine într-adevăr cunoscută,
decât în măsura în care o trăim, adică întrucât o transformăm după legile spiritului nostru
31
Il semblait qu’on a ouvert une porte entre les nuages / Par laquelle la reine de la nuit morte passe blanche
(n. t.).
32
Comme une fleur de coquelicot se penche dans le jardin/Quand elle est pleine de fruit et les pluies la battent
au printemps/De même, sous le casque pressée, la tête de celui qui est tué tombe aussi (n. t).
33
La comparaison est la forme élémentaire de l’imagination visuelle. Elle précède la métaphore, c’est-à-dire
cette comparaison-là dans laquelle l’un des termes manque (n. t.).
18
appelle le jet d’eau d’une fontaine artésienne une lance en cristal, notre imagination se
complaît à assimiler les deux objets plus que la réalité permet. «Frumuseţea metaforei
începe acolo unde sfârşeşte adevărul ei» (citation de Lope de Vega tirée de Vianu 1957 :
44)36. Lorsqu’un psychologue parle du fond de l’âme, il sait que l’âme n’est pas un vase
qui aurait un fond, mais par cette métaphore il met en évidence une couche de phénomènes
spirituels qui dans la structure de l’âme joue le même rôle que le fond d’un vase.
Le rôle de la métaphore dans le développement de la pensée ne peut pas être mis
en doute. Cependant on peut dire que la métaphore a été souvent un moyen d’attirer les
réalités, mais souvent elle n’a été qu’un moyen de les cacher ou de les comprendre mal.
Ainsi la métaphore de la conscience-tableau a été une variété des métaphores
gnoséologiques. Un autre type est celui de la métaphore conscience-miroir. Conformément
à celle-ci, le monde serait quelque pleinement construit, au moment où, par la simple
réflexion, la conscience prend conscience d’elle.
Dans la conception de Freud, si le symbole n’est que le produit du remplacement
ou de l’expression d’une réalité par une réalité, alors le symbole peut passer lui aussi dans
la catégorie des métaphores. Pour qu’une métaphore naisse dans le vrai sens du mot, il faut
que la conscience de la ressemblance entre les deux termes alterne avec la conscience de
leur différence, conscience qui manque pendant l’activité du rêve. Il est juste que lorsque
l’homme se réveille et quand il cherche à apprendre la signification du rêve, il observe
qu’«alors entre les deux images il y a des différences, mais aussi des ressemblances»
(citation de Sigmund Freud tirée de Vianu 1957: 50). Le rêve devient alors pour lui une
métaphore.
Freud a soutenu que non seulement le rêve, mais aussi la névrose avec les mythes
des peuples et les créations d’art sont dûs au processus de sublimation. Pour montrer la
ressemblance entre le rêve et l’art, Freud illustre l’analyse consacrée au Roi Lear de
Shakespeare, dans l’étude sur Le motif du choisir de la cassette. Le motif du choisir de la
cassette est signalé dans Le marchand de Venise de Shakespeare. Trois prétendants se
présentent pour demander la main de la belle et sage Porzia qui, obéissant le désir de son
père, devait se marier avec celui qui aura choisi entre les trois cassettes présentées à cette
occasion, celle qui contenait le document d’attribution. L’un des prétendants a choisi la
cassette en or, l’autre celle en argent, le troisième, Bassanio a choisi Porzia. Le document
de l’attribution s’y trouvait fermé. Freud a observé que l’image de la cassette était un
ancien symbole psychanalytique de la femme.
36
La beauté d’une métaphore commence là où finit sa vérité (n. t.).
20
40
Ces métaphores sont le produit complexe de toute l’attitude intérieure du poète (n. t.).
41
Les traits principaux de la conception de l’univers que le poète se fait (n. t.).
42
La mer s’ébouriffe ; l’obscurité grandit ; les nuages deviennent si noirs que les gens se considèrent
aveugles ; une flamme étincelle dans les nuages, le ciel tremble partout sous les coups de la tonnerre ; des
torrents de pluie et de pierre tombent à la fois précipités ; de tous les points de l’horizon les vents s’élancent
impétueux, des vents furieux se déclenchent ; un fort tremblement fait la mer bouiller. (n. t.)
22
peinture muette : «ut pictura poesis» (citation de Pacuvius tirée de Vianu 1957 : 63)43. La
vérité observée par Schopenhauer est le fait que la compréhension du parler est comprise
directement, sans l’aide de la fantaisie. Quand, par exemple, on nous dit d’une femme
qu’elle est un visage descendu des cieux on doit reconnaître que l’image n’est en aucun cas
cueillie de la sphère de la sensibilité. Lehmann disait que «nu intuiţia unui eveniment
trebuie întărită în toate aceste cazuri, ci impresia pe care el o face, ceea ce se şi întâmplă
atunci când aceeaşi senzaţie este chemată din mai multe părţi şi prin mai multe imagini»
(citation tirée de Vianu 1957 : 65)44.
Pour E. Elster la fonction sensibilisatrice de la métaphore n’est pas une condition
«sine qua non»45 : «metafora nu sensibilizează întotdeauna, ci numai uneori şi atunci cu
efectul estetic cel mai bun» (citation tirée de Vianu 1957 : 65-66)46. La métaphore est le
produit d’une assimilation d’une image et d’une autre chose entre lesquelles il y a
cependant le sentiment d’une tension. L’image métaphorique a toujours le caractère de
quelque chose d’équivoque. Quand on dit le chameau est le navire du désert on peut se
représenter un navire, mais on peut rester cependant conscient du fait qu’il ne s’agit pas
d’un chameau dans le contexte.
Outre la fonction sensibilisatrice, la métaphore peut donner expression à certaines
attitudes sentimentales du moi. Par exemple quelqu’un, quand il décrit un vieillard, parle
de ses cheveux neigés (qui en réalité peuvent ne pas être blancs comme la neige). Cette
manière exagérée et métaphorique de parler, désire mettre en évidence la véhémence de
l’impression: par exemple la menace qui tarde à s’exprimer directement, le fait de telle
matière que le menacé découvre au dessous de son enveloppe: «Şi nu voi ca să te sperii
nici nu voi să te înspăimânt, / Cum veniră se făcură toţi o apă şi-un pământ (citation
d’Eminescu, Scrisoarea III tirée de Vianu 1957 : 71)47. Un autre exemple est le mépris qui
utilise aussi parfois la métaphore : «Cum? Faţa ta, această albă pagină/ Să poarte scris
cuvântul ,, desfrânată ”?/ Ce crimă? Ah, femeia mea de stradă, / Să-i spui pe nume ar fi
să-mi fac obrajii/ Ca foalele să-mi ardă de ruşine, / Până-mi prefac ruşinea în cenuşă…/
Ce crimă? Cerul uite-ntoarce capul, / Şi luna-nchide ochii să nu vadă/ Iar vântul
deşuchiat ce se sărută/ Cu tot ce-i iese-n cale, amuţeşte/ În inima pământului de spaimă»
43
Comme la peinture, de même est la poésie (n. t.).
44
Ce n’est pas l’intuition d’un événement qui doit être fortifiée dans tous ces cas, mais l’impression que
celui-ci fait, fait qui se passe vraiment quand la même sensation est appelée de plusieurs parties et par
plusieurs images (n. t.).
45
Indispensable (n. t.).
46
La métaphore ne sensibilise pas toujours, mais seulement parfois et alors elle le fait avec le meilleur effet
comique (n. t.).
47
Et te disant cela, je ne me vente guère, / Il en restaient seulement de l’eau et de la terre (n. t.).
23
(citation de Shakespeare, Othello tirée de Vianu 1957 : 71)48. Quand Othello parlait ainsi, la
certitude (en effet fausse) de la coulpe de Desdemona s’était formée en soi et sa folie
désirait fouetter plus fort en s’exprimant par le détour métaphorique. De même cette ironie
est l’une des attitudes les plus typiques du transfert métaphorique de l’expression.
L’ironique simule parler avec de l’estime et de la gravité des choses qu’il considère avoir
une importance minimale ou dont il croit pouvoir se moquer. Ainsi, en présentant l’un de
ses héros, Caragiale écrivait : «Până aici, Coriolan era mare, era incomparabil: dar aci,
la statua eroului de la Călugăreni, era prodigios. Cuvântarea lui era aşa de zguduitoare,
încât auzindu-l, te mirai de nepăsarea eroului de bronz» (citation tirée de Vianu 1957 :
71)49. La série des épithètes métaphoriques de ce contexte : grand, incomparable, prodige,
touchant tout aussi comme la métaphore métonymique «le héros en bronz» peuvent
suggérer l’apparence de l’enthousiasme sincère de l’écrivain.
L’adulation est aussi une attitude qui, désirant se cacher, s’exprime souvent par la
toile d’une métaphore. L’un des poètes conceptistes Tebaldeo, vivant auprès de la cour de
Ferrara, dédie à sa bien–aimée, parmi autres choses le sonnet qui commence par le vers :
«Am văzut pe nimfa mea sau mai degrabă pe zeiţa mea mergând prin zăpadă, şi ea mi s-a
părut atât de albă, că aş fi jurat că este de nea, dacă nu s-ar fi mişcat./ Zăpada care cădea în
fulgi deşi, văzând că este mai albă decât ea, se opri de mai multe ori în cer împotriva
voinţei zeilor şi nu mai voi să descindă pe pământ./ Fiecare om se oprea uimit, văzând că
ninge şi că totuşi soarele luceşte, soarele pe care ea îl făcea cu genele ei./ A învinge zăpada
şi a lumina văzduhul obscur şi negru este o cinste pentru ea: dar, vai! Ce glorie aşteaptă ea
învingându-mă pe mine?» (Citation de Tolbadeo tirée de Vianu 1957 : 71)50.
Une autre forme de la dissimulation est la politesse. Non seulement les objets, les
choses ou les êtres, mais aussi les actions considérées trop proches des nécessités
ordinaires de la vie étaient remplacées par les précieux par une métaphore plus ou moins
transparente, en accord avec leur sentiment sur les convenances sociales. Quelqu’un qui
48
Comment ? Ton visage, cette page blanche ?/Être sali du mot «putain» ?/ Quel crime ? Ah, ma femme de
rue/ Dire son nom signifierait faire mes joues/Brûler comme mon ventre à cause de la honte/ Jusqu'à ce que
je transforme ma honte en cendres…/Quel crime ? Voilà le ciel tourne sa tête/ Et la lune ferme ses yeux pour
ne pas voir/ Et le vent fou qui baise/ Tout ce qu’il rencontre, il devient muet/ Au cœur de la terre à cause de
l’effroi (n. t.).
49
Jusqu’ici Coriolan était grand, était incomparable : mais ici, devant la statue du héros de Călugăreni, il était
prodige. Son discours était si touchant que si l’on l’entendait, on s’étonnerait de l’ignorance du héros en
bronze (n. t.).
50
J’ai vu ma nymphe ou plutôt ma déesse marcher sur la neige et elle m’a semblé si blanche que j’aurais juré
qu’elle était en neige, si elle n’avait pas bougé. / La neige qui tombait en gros flocons quoique, elle ait vu
qu’elle (la nymphe) était plus blanche qu’elle (la neige), elle s’arrêta plusieurs fois dans le ciel contre la
volonté des dieux et ne voulut plus tomber sur la terre. /Chaque gens s’arrêtait ébloui, voyant qu’il neigeait,
mais que le soleil brillait cependant, le soleil qu’il dessinait de ses propres cils. /Vaincre la neige et éclairer
l’horizon obscur et noir c’était une honneur pour elle: hélas !quelle gloire attend elle en me vainquant? (n. t.).
24
voulait qu’on coupe le cierge brûlé d’une chandelle disait : ôtez le superflu de cet ardent,
remplaçant ainsi le terme propre particulier par un terme général. Se peigner devenait
délabyrinther ses cheveux ; se baigner donnait lieu à la métaphore mythologique visiter
les naïades, les porteurs d’une laitière étaient mulets baptisés; les joues étaient les
trônes de la pudeur, les seins étaient les coussinets de l’amour ; un poète était un
nourrisson des muses ; un miroir était un conseiller des grâces.
Quant au moyen de renforcer l’expression Ruths avait exprimé l’idée que les
métaphores de la pensée où des poètes étaient le résultat des substitutions progressives. Le
but d’une métaphore ou d’une comparaison serait celui de faire plus claires, plus
compréhensibles certaines choses ou certains épisodes. Quintilien avait affirmé que la
métaphore devait être plus forte que l’expression qu’elle remplace. Par intuition
sympathique, nous pouvons nous rendre compte de l’initiative esthétique, de la potence par
augmentation, renforcement ou multiplication dans le vocabulaire traditionnel dans les
formules consacrées de la poésie de tous les temps comme: jamais, il y a beaucoup de
temps, éternellement, milles (les vers célèbres , vers de Catulle qui demande à Lesbia mille
baisers et encore une mille), puis dans la préférence de la poésie et du conte, pour le
surhumain, pour les héros du bien et du mal, du bonheur et du malheur.
Quand on lit chez Tudor Arghezi dans Icoane de lemn51: «În luna morţii mierlelor
s-a văietat în salcâmul stăreţiei, bătute cu alicele ploii, multă vreme o cucuvea» (citation
d’Arghezi tirée de Vianu 1957 : 76)52, la métaphore «alicele ploii» a une signification
sensibilisatrice.
Dans la troisième catégorie entrent les métaphores qui ont des fonctions
sensibilisatrices, mais aussi des fonctions intensificatrices. Chez Arghezi, des métaphores
comme électricité caillée, les tunnels en talque et les rues en cendre blanche sont des
métaphores qui ont l’intention de mettre en évidence les aspects en question, mais aussi de
déterminer un sentiment plus vivant à leur égard. Un tunnel en talque et une rue en cendre
blanche n’est seulement un aspect plus vivant de l’imagination, mais en même temps un
spectacle bizarre, effrayant en quelque sorte.
Les symbolistes français, suivant les voies ouvertes jadis par les mystiques ont
nommé les métaphores considérées dans leur fonction unificatrice, des correspondances, et
Baudelaire leur a consacré un sonnet qui constitue une sorte d’art poétique : « La nature est
un temple de vivants piliers/ Laissent parfois sortir de confuses paroles;/ L’homme y passe
51
Icônes en bois (n. t.).
52
Dans le mois de la mort des merles, une chouette s’est beaucoup lamentée dans l’acacia de la supérieure
d’un couvent des femmes, battue par les grenailles de la pluie (n. t.).
25
en vain il n’est pas aucunement suffisant de dire que l’impression de vérité qui
accompagne cette métaphore provient du fait que les odeurs du lys et la sensation
acoustique créée par le verbe s’écrièrent délivre la même émotion véhémente, puisque le
fait d’apprendre les raisons objectifs pour lesquelles les deux aspects provoquent le même
type d’émotion, reste encore nécessaire.
La métaphore qui surprend les approches entre les choses, apparaît comme le
produit d’une des étapes de l’esprit humain, comme une première forme de la
généralisation, saisie, par ailleurs, non pas par les opérations de l’intellect, mais par les
intuitions de la fantaisie. Entre les métaphores de la poésie et les généralisations de
l’intelligence théorique, il n’existe pas toujours de la suite. Il y a certaines métaphores qui
réapparaissent dans les notions fondamentales de la science et de la philosophie (par
exemple force, énergie, esprit universel, le moi absolu), mais il y a aussi des métaphores
qui n’ont pas évolué vers la généralisation théorique. La métaphore apparaît donc comme
une étape dans le processus de la généralisation, mais pas comme une étape qui se
développe nécessairement dans une généralisation de l’intelligence.
Aristote écrivait que «Metafora este transferul unui termen, fie de la gen la speţă,
fie de la speţă la gen, fie de la speţă la o altă speţă, fie transferul prin analogie» (citation
d’Aristote tirée de Vianu 1957 : 95)56. Ainsi quand Homère notait le navire resta
immobile, il voulait dire que le navire a jeté son ancre et il emploie ainsi un terme plus
général que celui qui serait le terme propre. Quand il disait «Homer făcu mii de acţiuni
frumoase» (citation d’Aristote tirée de Vianu 1957 : 95)57, il voulait dire qu’Ulysse avait
exécuté un grand nombre d’actions belles et que par conséquent il utilise un terme plus
spécial que le terme propre.
Dans d’autres situations le transfert s’opère par analogie, comme dans le moment
où le poète qui se trouve devant une série de quatre termes dont le deuxième se trouve par
rapport au premier et ainsi de suite. La notion aristotélicienne de la métaphore ignore son
sens unificateur, mais aussi les autres fonctions psychologiques et esthétiques que la
nouvelle recherche a identifiées.
Une autre classification est celle où le transfert métaphorique se produit soit entre
deux choses animées, soit entre une chose inanimée et une autre chose animée, soit entre
une chose animée et une chose inanimée. Voilà par exemple la métaphore d’Adrian Maniu:
56
La métaphore est le transfert d’un terme soit du genre à l’espèce, soit de l’espèce au genre, soit d’une
espèce à une autre espèce, soit le transfert se réalise par analogie (n. t.).
57
Ulysse fit milles actions belles (n. t.).
27
64
Orateur (n. t).
65
De l’orateur (n. t.).
29
le public, analyse en détail les possibilités de s’exprimer très élevées. La figure centrale de
la rhétorique antique est même la métaphore («translatio»)66.
On a écrit beaucoup sur la métaphore mais on ne peut pas dire que le problème de
la métaphore est épuisé.
La métaphore est définie d’habitude comme un changement de sens qui a à la base
une comparaison abrégée. Mais du point de vue structural, la métaphore suppose
l’existence de deux unités distinctes sur plan paradigmatique, qui se trouve en relation
d’opposition. Dans certaines conditions, à base des associations, cette relation d’opposition
se neutralise; ainsi au plan du contenu entre le terme propre et le terme figuré apparaissent
de nouvelles relations: si on dit à un homme qui parle beaucoup et inutilement qu’il aboie,
nous avons affaire avec la neutralisation de l’opposition entre parler et aboyer qui
deviennent ainsi des unités distinctes. Donc le processus métaphorique a à la base
l’usurpation des rapports sémantiques et syntagmatiques d’implication (aboyer→ chien→
parler→ homme (être), rapports qu’E. Coşeriu (1967) dénomme «solidarităţi semantice»
(citation de Coşeriu tirée de Vianu 1957)67. À l’encontre de la phonologie ou le contexte
dans lequel apparaît la neutralisation peut être défini précisément, dans le cas de la
neutralisation métaphorique on ne peut pas établir exactement le contexte dans lequel
apparaît l’expression figurée. La métaphore comporte dans ce cas deux termes : elle
représente un métasémème comme terme de départ (D) auquel correspond le terme
d’arrivée (A), le terme propre. On présente donc, dans une nouvelle vision, le terme, figure
traditionnelle, respectivement, le terme propre.
66
Translation (n. t.).
67
Solidarités sémantiques (n. t.).
30
les procédés courants : crabe - chèvre, talon aguille, soir de la vie. Dans ces formations, il
faut consacrer à cet aspect du phénomène un examen très attentif, l’un des termes a son
sens propre et l’autre est l’élément figuré. Une métaphore n’impliquerait pas deux ou
plusieurs comparaisons (puisque, pour G. Esnault, la métaphore est encore une variante de
la comparaison): le crustacé est chevrette seulement par les bonds, «la métaphore opère sur
deux» (citation tirée d’Henry Albert 1971 : 63). Pour l’auteur la métaphore c’est tout
remplacement d’un mot par un autre, ou toute identification d’un concept avec tout autre.
À partir de cette définition, Chr. Brooke-Rose examine comment s’exprime ce
remplacement, les procédés grammaticaux employés.
Chr. Brooke - Rose fait une différence nette entre la métaphore nominale, la
métaphore verbale, et celle adjective. La métaphore verbale est très différente de la
métaphore nominale: un verbe métaphorique ne remplace pas explicitement une autre
action, mais il change un nom en un autre. Et l’adjectif est, de ce point de vue, proche du
verbe: lui aussi change le nom qu’il accompagne. En ce qui concerne l’aspect grammatical
de l’expression, il n’y a rien de personnel à la métaphore. On écrit une métaphore comme
on tape purement et simplement des majuscules à la machine. Elle peut comprendre quatre,
trois, deux ou un terme.
Du point de vue de l’argumentation, on peut croire que la métaphore à quatre
termes c’est la forme la plus efficace, puisqu’elle étale la démonstration :
«Et dans les vastes cieux la constellation,
Du gouffre émerveille sublime vision,
Mêlant l’étoile bleue et blanche au soleil rouge
Eclatante, serait la chandelle du bouge!»(Citation d’Hugo tirée d’Albert 1971 :
85).
La dislocation ou la dispersion des termes rompt le raisonnement analogique et
avec l’ordre de représentation de ces termes, anime cette métaphore de Hugo :
«La drachme de Judas, par la nuit ramassée,
Rayonne et luit au fond de l’ombre hérissée;
C’est l’œil rond du hibou» (citation d’Hugo tirée d’Albert 1971 : 85-86).
Les quatre termes se côtoient : œil du hibou, drachme de Judas, nuit, ombre ; et luit
dans évoque le rapport analogique. Le nœud métaphorique est le c’est l’œil rond du hibou,
formulation à deux termes, prenant place en fin de développement.
31
69
Toi Dieu (n. t.).
70
Style poétique médiévale (n. t.).
33
dans plume». (Saint - John Perse) ; et plume est là, en même temps métonymique et
métaphorique, pour évoquer les flacons doux et blancs, et enveloppants. Excepté le noeud
syntaxique, la métaphore apparaît en unisson stylistique avec la comparaison.
La métaphore peut être un des constituants linguistiques du membre de
comparaison et son rôle est d’en rendre plus expressive la substance sémantique. On peut
relever chez Proust un nombre considérable de métaphores insérées dans des
comparaisons. Mais un lien intime se noue le plus souvent entre métaphore et métaphore,
et dans ce champ de combinaison, la complexité peut aller jusqu'à l’inextricable.
Ce qu’on appelle métaphore filée c’est «une série de métaphores reliées les unes
aux autres par la syntaxe – elles font partie de la même phrase ou d’une même structure
narrative ou descriptive – et par le sens : chacune exprime un aspect particulier d’un tout,
chose ou concept, que représente la première métaphore de la série» (Albert, 1971 : 122).
La métaphore filée est une structure schématique complexe, et on reprend «chacune
exprime un aspect particulier d’un tout, chose ou concept» (Albert, 1971 : 122). Cette
métaphore-synthèse ou ce terme métaphorique principal pourrait même ne pas être
exprimé.
La métaphore filée est dans un développement conceptuel unitaire, une série de
métaphores qui exploitent, en nombre plus ou moins élevé, les éléments d’un même champ
sémique. Voilà un exemple : «Peut-être étais-tu là quand Dieu fit l’Univers ?/Et sans doute,
en ce cas, ta peine fut cruelle/ De voir que ce maçon n’avait pas de truelle/Et qu’il bâtissait
l’ombre et l’azur et le ciel, / Et l’être collectif et l’être partiel/Et l’étendue où fuit le pâle
météore,/ Qu’il bâtissait le temps, qu’il bâtissait l’aurore,/ Qu’il bâtissait le jour que l’aube
épanouit,/ Les vastes firmaments bleus jusque dans la nuit,/ Et les dômes profonds ou vole
la tempête./Sans monter à l’échelle, une auge sur la tête !» (Citation d’Hugo tirée d’Albert
1971 : 122).
La métaphore synthèse, maçon, est détaillée dans l’unité descriptive : truelle, bâtir,
monter à l’échelle, auge sur la tête évoquent des sèmes constitutifs du concept maçon, et,
une fois exprimés linguistiquement, sont des termes du champs associatif de maçon.
En conséquence, quand un chercheur construit un métalangage pour interpréter les
tropes, il possède des moyens plus homogènes pour manier la métaphore, alors que la
métonymie fondée sur un principe différent, défie facilement l’interprétation. Le principe
de similarité gouverne la poésie, alors que celui de la contiguïté – la prose.
Après avoir vu les changements que la métaphore a subis depuis son apparition et
jusqu'à présent, voyons maintenant le point de vue de Jakobson à l’égard de la métaphore.
35
71
Parler (n. t.).
36
72
Cloporte (n. t.).
73
Quelque chose d’absurde (n. t.).
74
Chambre claire (n. t.).
75
Cachot (n. t.).
37
une réponse donnée fut a brûlé; un autre être une pauvre petite maison. Le même stimulus
produit aussi les réactions suivantes : la tautologie hutte, les synonymes cabane et cahute ;
l’antonyme palais et les métaphores antre et terrier. Le procédé métaphorique est aussi
prépondérant dans les chants lyriques russes.
Dans l’exemple : Gleb est célibataire ; Ivanovitch n’est pas marié même si les deux
prédicats sont synonymes, la relation entre les deux sujets est différente ce qui constitue le
trouble de la similarité. La compétition entre les deux procédés, métonymique ou
métaphorique, est manifestée dans tout processus symbolique, qu’il soit intra subjectif ou
social. Ainsi dans une étude sur la structure des rêves, la question est de savoir si les
symboles et les séquences temporelles utilisées sont fondés sur la contiguïté ou sur la
similarité.
Dans le cadre du comportement langagier appelé «paraphasie sémantique», observé
chez des sujets adultes à la suite d’une lésion cérébrale ordinairement située dans
l’hémisphère cérébral gauche, la littérature neuro-psycho-linguistique souligne la
production de substitutions lexicales entre items présentant une parenté sémantique.
Jakobson, dès les années 50, fonde leur existence sur la capacité à rapprocher des termes «
liés entre eux par différents degrés de similarité » (Jakobson 1963 : 48-49).
Or, ces énoncés, produits par l’aphasique en situation de manque du mot, sont
similaires à ceux produits par les apprentis - locuteurs de 2-3 ans: ils consistent en une
substitution de termes reliés par une proximité sémantique et constituent soit des sur-
extensions catégorielles, soit des sur- extensions analogiques.
L’analyse des données repérées dans la littérature, à partir de tâche de
dénomination d’image, montre que certains énoncés consistent en une substitution de
termes qui relève d’un même domaine sémantique – par exemple « pomme » pour «
orange » ou « maison » pour « chalet »:
«Pomme pour orange», «Oiseau» pour canari», «Fleur pour violette», «Maison
pour chalet», « Bonnet pour béret» (Tran, 2000) ;
«Cuillère pour fourchette», «Animal» pour loup» (Nespoulous, 1992) ;
« Fourchette pour couteau» (Jakobson, 1963).
L’aptitude à l’extension d’emploi d’un mot concerne également des termes qui
partagent une parenté sémantique mais ne renvoient pas au même domaine sémantique.
Dans ce cas, comme le souligne Jakobson, « ses identifications approchées sont de nature
métaphorique » (Jakobson, 1963 :58):
«Aspirateur» pour moissonneuse–batteuse (Tran, 2000);
38
77
Sein (n. t.).
41
78
En présence (n. t.)
79
En absence (n. t.).
42
80
Idem.
81
Idem.
43
2.1 La polysémie des noms qui désignent les parties du corps humain
La pluralité de sens découlant d’un mot peut conduire à deux sortes d’ambiguïté :
l’une créée involontairement et une autre qui est objet d’une manipulation du sujet parlant.
La polysémie est un phénomène typique des unités lexicales qui se vérifie au
niveau des relations de sens entre les mots. En tant que notion difficile à définir d’une
façon rigoureuse et globale, elle se laisse, par contre, comprendre et interpréter, même et
tout d’abord, en partant de l’étymologie de son nom [poly + sème]. Celui-ci, qui est
d’origine grecque, veut littéralement dire plusieurs sens et ainsi, la plus simple définition
de polysémie identifie le cas où un segment linguistique véhicule différents sens. La
polysémie est donc une propriété sémantique de certains mots qui se traduit par une pluri
signification transmise par une seule unité lexicale. On a, en conséquence, un seul mot qui
présente une pluralité d’extensions de sens en relation sémantiquement, c'est-à-dire étalant
une cohérence sémique. Si, par contre, les sens en question n’ont aucune relation
sémantique entre eux on parle alors d’homonymie et les différents sens appartiennent à des
unités lexicales distinctes, qui ont, seulement du fait du hasard, la même forme. Avant de
considérer les exemples qui suivent, il faut dire que comme «chaque langue naturelle fait
son propre découpage des significations» (Vittori&Fuchs, 1996 : 14), les cas de polysémie
d’une langue ne coïncident presque jamais avec ceux d’une autre langue. De ce fait mes
exemples illustrent des cas de polysémie des mots qui désignent les parties du corps
humain. C’est pourquoi je vais partir de la définition des mots et je vais aboutir à leur sens
polysémique (secondaire):
1. tête= Partie supérieure du corps humain de forme arrondie qui est rattachée au
thorax par le cou, composée de deux parties (le crâne et la face), qui contient
l'encéphale, les principaux organes des sens et l'extrémité supérieure des voies
respiratoires et digestive.1050, lat. med. Testa «boite crânienne, sans spécialiser de
44
la coquille dure»→ test. Le visage quant aux traits de l’expression→ face, figure,
gueule : « Belle tête dit il, mais de cervelle point». Tête d’une médaille= averse,
face. Tête de turc= dynamomètre sur lequel on s’exerçait dans les foires en frappant
sur une partie représentant une tête coiffée d’un turban. Carte à jouer figurant un
personnage (roi, dame, cavalier, valet) → figure, honneur. Partie d’une chose ou
l’on pose la tête: tête de lit. Un lit de fer «avec à la tête un numéro 7, et la pancarte»
(Aragon). Emblème de la mort, représentation de ce squelette ou de la face de ce
squelette sur papier, sur tissu. Fromage de Hollande à croûte rouge (→ tête – de -
Maure). La tête, considérée chez l’être humain comme le siège de la pensée
(cerveau, cervelle). Personne qui conçoit et dirige (comme le cerveau fait agir le
corps) → chef. Partie supérieure d’une chose notamment quand elle est arrondie (la
tête des arbres). Partie terminale, extrémité (d’une chose grosse et arrondie). Partie
antérieure d’une chose orientée ou première partie de ce qui se présente dans un
ordre: station, gare de chemin de fer, de métro, d’autobus…où commence la ligne;
point de départ. Tête de pont, tête de chapitre. Tête de liste= premier nom d’une
liste. Être à la tête de= premier placé dans un classement, une compétition
quelconque. Place de ce qui est à l’avant, devant, au début. Article de tête d’un
journal. Mot en tête de phrase. Impression en tête de papier→ en – tête.
2. cou = Partie amincie du corps qui, chez les vertébrés, unit la tête au tronc. (Col,
XIème, lat. Collum. Le cou d’une bouteille d’une cruche.→ col, goulot. Casser le cou
à une bouteille= la boire. Cou-gorge= rouge–gorge ; Cou tors = le torcol. MÉCAN.
«Partie de l'avant-train d'une voiture à quatre roues qui est courbée» (CHESN.
1857). Motif style Empire: fauteuils à cous de cygnes.
3. gorge= Partie antérieure du cou de l'homme. Lieu objet creux et étroit. Passage
étroit, défilé entre deux montagnes; vallée étroite et encaissée; «La gorge étroite qui
semblait fermer la vallée». (Balzac). Partie creuse, crénelure, rainure: Marbre à
gorge. Gorge d’une poulie. Techn. Echancrure, entaille : gorge d’une serrure, gorge
d’une charrue=partie antérieure du versoir. Gorge d’un isolateur électrique :
échancrure dans laquelle repose le fil.
4. œil= Le globe oculaire et les divers milieux qu'il enferme constituant l'appareil
optique de l'homme et de nombreux animaux.1330.ol, oil, Xème, lat. Oculus, à
l’Acus. Oculum. Œil de verre: oeil artificiel en verre ou en email qu’on met à la
place d’un œil énuclé. Œil électrique= cellule photoélectrique. Œil magique= petit
tube à rayons cathodiques permettant d’effectuer le contrôle visuel du réglage d’un
45
récepteur de radio. Dispositif de visée, judas optique placé dans une porte. Oeils=
se dit d’ouvertures, trous, bagues, ornements ronds. Œil d’une aiguille→ chas, œil
d’une meule, trou par lequel elle est fixée sur une axe → oeillard. Trou ménagé
dans un outil pour introduire le manche. Trou dans le rideau d’un théâtre pour
observer (plur. Yeux). Partie du caractère comprenant de la lettre, sortant en relief,
et qui s’imprime sur le papier. L’œil de la lettre. Gros œil, petit œil. Bourgeon
naissant, œilleton. Centre d’une dépression : L’œil du cyclone.
5. oreille= L'un des deux organes de l'audition et de l'équilibration des vertébrés,
constitué d'éléments logés dans la boîte crânienne et, dans certaines classes,
d'éléments visibles. 1080. Lat. auricula. Partie saillante ressemblant au pavillon de
l’oreille. Oreille d’un ballot, d’un sac: plis de la toile aux coins, servant à les
manier. Oreille d’une charrue → versoir. Tech. Chacune des deux appendices
symétriques d’un écrou, servant à les tourner→ ailette. Écrou à oreilles→ papillon.
Mar. Partie élargie à chaque extrémité de la patte d’une ancre. Chacun des deux
appendices symétriques (généralement pleins) de récipients et ustensiles, par
lesquelles on les saisit. Oreille d’une cocotte, d’une marmite, d’un bol→ orillon.
Chacune des deux parties latérales du dossier de certains fauteuils, sur laquelle on
peut appuyer sa tête. Bergère à oreilles. Avoir l'oreille juste, musicale, sensible,
fausse; affiner, éduquer, exercer, former l'oreille; gâter l'oreille; jouer d'oreille.
6. pied= Partie terminale du membre inférieur, articulée à la jambe par la cheville,
terminée par cinq doigts et constituant, de par son aptitude à reposer à plat sur le
sol, l'élément principal de la station debout et de la marche. Xème, lat. pes, pedis.
Pied d’une statue. Colosse au pied d’argile. Pied de fer, de fonte = enclume en
forme de pied ou le cordonnier pose les chaussures qu’il répare. Pied de bas= partie
du bas qui recouvre le pied. Marcher en pied de chaussettes= sans chaussures.
Emplacement des pieds. Le pied et la tête d’un lit. Partie sur laquelle un objet
repose, touche le sol. Le pied et le chapeau d’un champignon. Partie d’un objet
servant de support. Le pied du verre.
7. ongle= Lame cornée faite de kératine, dure et à demi transparente, recouvrant
l'extrémité dorsale de la dernière phalange des doigts et des orteils.1160 ; ungle ; lat
ungula ; Griffe de carnassiers. Serre de rapace. Crochets de fer constituant un
instrument de torture. «Amas de pus entre l'iris et la cornée qui produit une tache de
la forme d'un croissant» (Ac. 1935; dans. Ac. 1798-1878).
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justice= sceptre terminé par une main d’ivoire ou de métal précieux. Main de
Fatma= bijou arabe, amulette en forme de main humaine. Bot. Vrille des plantes
sarmenteuses. Ensemble des cartes qu’on a dans la main. Avoir une belle main.
Main chaude= jeu de société où l’on cherche à identifier la personne qui vous
frappe la main ; jeu de superposition des mains, où celle du dessous vient se placer
par–dessus. Jouer à la main chaude. Main commune = classes de régimes
matrimoniaux par laquelle les époux conviennent de l’administration conjointe de
leurs biens. Poignée de tiroir. Main fixe, pendante= anneau où l’on fixe l’anse d’un
seau de puits. Autom. Pièce du cadre de châssis à laquelle s’attache l’extrémité
d’un ressort. Main de fer = Pièce de fer coudée, servant à soulever des fardeaux.
Comm. Assemblage de vingt - cinq feuilles. Une rame se compose de vingt mains.
Tech. Apprêt donné à une étoffe. Imprim. Papier qui a de la main, du corps, de la
tenue. Main cosmétique ou esthétique. Prothèse non articulée imitant la
morphologie de la main. Main (de travail). Prothèse fonctionnelle en forme de
crochet ou de pince, destinée à des usages spécifiques. Main de terrassier, de
vigneron, de soudeur, de plombier (Lar. méd. 1970). Aide, main forte: Donner la
main à quelqu’un pour faire quelque chose. La main symbolisant l’œuvre. La main
du destin, de Dieu.
19. bras = Chacun des deux membres supérieurs de l'homme, allant de l'épaule, sur
laquelle ils s'articulent, à la main. Lat. pop. bracium, class. Brachium, gr. Brakhion.
Bras de fer = jeu opposant deux adversaires qui ont un coude posé sur la table, leurs
avant-bras l’un contre l’autre, et essayant de faire plier le bras du partenaire.
Tentacule des mollusques céphalopodes. Mar. Manœuvre servant à orienter un
espar (vergue, tangon). Bras d’un ancre Tech. Brancard, pièce allongée. Accoudoir
d’un fauteuil. Bras d’un fauteuil. Partie mobile (d’une grue, d’un sémaphore). Bras
d’une manivelle. Bras de lecture d’un électrophone : longue tige mobile qui porte la
tête de lecture. Mécan. Bras de levier : distance d’une force à son point d’appui,
perpendiculairement à la direction de cette force. Géogr. Division d’un cours d’eau
que partagent les îles. Bras principal, bras secondaire. Bras mort, où l’eau ne
circule pas. Bras de mer : détroit, passage.
20. coude = Articulation du bras et de l'avant-bras, et spécialement, partie
extérieure de cette articulation qui fait saillie. Lat. cubitus. Angle saillant (d’un
objet cylindrique allongé) → angle, saillie. Coude d’un tuyau. Arbre de
transmission à deux coudes. Coude d’une rivière= détour, méandre. Elément de
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d’un instrument d’une pièce de mécanisme. Les dents d’une herse, d’un râteau. Les
dents d’une fourchette→ fourchon. En dents de scie. Dents d’une roue, d’un
engrenage, d’un pignon→ alluchon ; les dents d’un peigne. Sommet d’une
montagne formant une découpure aigue. La Dent du Midi. Dent de l'œuf. Petit
denticule corné présent chez l'embryon de quelques vertébrés ovipares et
disparaissant après l'éclosion de l'œuf (cf. E. PERRIER, Zool., t. 4, 1928-32, p.
3426).
25. front = Partie du visage comprise de bas en haut entre les sourcils et la racine
des cheveux et s'étendant latéralement d'une tempe à l'autre. Lat. frons. La ligne de
position occupée face à l’ennemi, la zone de bataille. Partie supérieure de quelque
chose d’élevé→ sommet. Face antérieure que présentent les choses d’une certaine
étendue. Front d’un bâtiment. Façade, fronton. Front de mer = avenue en bordure
de mer. Le front de Seine à Paris. Spécialisé. Milit. Troupe rangée face à l’ennemi.
Front de bataille : le premier rang d’une troupe déployée en ordre de bataille→
ligne. Union étroite constituée entre des partis ou des individus accordant sur un
programme commun→ bloc, groupement, ligue. Front populaire. Front de
libération nationale. Le front du refus= ensemble de ceux qui rejettent (quelque
chose). Tech. Plan vertical. Front de taille : surface verticale selon laquelle est
pratiquée la coupe dans une exploitation minière. Front d’attaque : endroit du
terrain où l’on attaque les travaux de percement. Météor. Ligne de démarcation
entre les masses d’air de température et d’origine différente. Front chaud, front
froid d’un cyclone. Géom. Plan de front, ligne de front parallèle au plan vertical.
Chevaux attelés de front= sur la même ligne, côté à côté. MINES. Partie d'un
gisement en cours d'exploitation. Front de taille, d'avancement, d'abattage,
d'attaque. Cf. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 148.
POL. Coalition de partis politiques en vue d'une action commune. Front
antifasciste, front commun; front de classe, de libération, de luttes.
26. cheville = Partie du membre inférieur de l'être humain, située entre l'extrémité
inférieure de la jambe et le pied et comprenant l'articulation tibio - tarsienne et les
malléoles. Lat. pop. Cavicula, de clavicula «petite clé». Tige dont on se sert pour
boucher un trou, assembler des pièces. Cheville carre, ronde, conique.→ épite.
Cheville d’assemblage→ axe, boulon, clou. Mar. Cheville d’amarrage→ cabillot.
Mus. Pièce autour de laquelle est enroulée, pour la tendre, une corde d’un
instrument à manche (cheville de bois) ou à clavier (cheville de métal). Tenon pour
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accrocher. Prendre qqch. à une cheville. Cheville ouvrière. Grosse cheville joignant
le train avant et le corps d'une voiture et qui supporte l'effort principal. Téchnol.
Cheville à tourniquet. Bâton à serrer la corde qui assure la charge d'une charrette.
MUS. Pièce de bois ou de métal, située à la partie supérieure du manche et servant à
tendre les quatre cordes de l'instrument pour les mettre en accord. ZOOL.
Apophyse osseuse du frontal qui supporte la corne: « ... nous allons nous occuper
des cornes à chevilles osseuses qui prennent de l'accroissement par leur base, et qui
par leur nature ont beaucoup de rapports avec les téguments».CUVIER, Leçons
d'anat. comp, t. 2, 1805, p. 612.
Chasseurs de têtes. Peuplades aux mœurs primitives qui ont coutume de conserver
la tête de leurs ancêtres ou d'hommes tués lors d'un combat, d'une expédition.
(C'est à) se taper, se cogner la tête contre les murs. Se heurter à des difficultés
insurmontables, à des situations désespérées, inextricables. (...) gagner cinq mille
francs, après huit années de zèle (...) c'est à désespérer de l'existence. Donner, en
mettre sa tête à couper. Être absolument certain, convaincu de quelque chose. Être
tombé sur la tête. Être fou, dérangé. Casser la tête de qqn. Fatiguer quelqu'un par
un comportement trop bruyant, par des paroles incessantes.
2. cou = Partie amincie du corps qui, chez les vertébrés, unit la tête au tronc. (Col,
XIe, lat. Collum ; fig. prendre ses jambes à son cou.
P. métaph. Les [les préceptes de Boileau] saisissant par la peau du cou (GIDE,
Journal, 1946, p. 290). Mettre la corde au cou à qqn, «Le mettre sous sa sujétion»
(Ac.). Laisser la bride sur le cou. Laisser à quelqu'un toute sa liberté. Se monter le
cou. Afficher un optimisme excessif.
3. gorge = Partie antérieure du cou de l'homme. Au fig. Prendre quelqu’un à la
gorge = Exercer sur qqn. une grande violence ou une pression impitoyable.
L'Empereur ému, dicta : « Ces calomnies contre un homme qu'on opprime avec
une telle barbarie, et qu'on prend à la gorge pour l'empêcher de parler, seront
repoussées par toutes personnes bien nées et capables de sentir... » (LAS CASES,
Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 141). Au fig. Mettre le couteau, le poignard, le
pistolet sur (plus rarement sous) la gorge à (qqn)= Placer (quelqu'un) dans une
situation de contrainte. Avoir un chat dans la gorge= être enroué, rauquer la voix ;
faire des gorges chaudes = se moquer de ; Avoir le couteau sur la gorge (au fig.).
Subir une contrainte, une pression impitoyable. Tendre la gorge à (qqn) (au fig.).
Se laisser tuer, accabler par (quelqu'un) sans lui opposer de résistance. Au fig.
Prendre à la gorge= suffoquer.
4. oeil= Le globe oculaire et les divers milieux qu'il enferme constituant l'appareil
optique de l'homme et de nombreux animaux.1330.ol, oil, Xème, lat. Oculus, à
l’acus. Oculum. Faire les yeux doux à quelqu’un. Loc fig. Ouvrir l’œil et le bon
(être très attentif). Fermer les yeux sur quelque chose (refuser à voir) ; sauter aux
yeux, crever aux yeux. Tenir quelqu’un à l’œil ; l’œil d’une meule. Ouvrir les yeux
au jour, à la lumière, au monde. Naître.
5. oreille = L'un des deux organes de l'audition et de l'équilibration des vertébrés,
constitué d'éléments logés dans la boîte crânienne et, dans certaines classes,
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d'éléments visibles. 1080. lat. auricula. Être tout yeux, tout oreille. Avoir oreille de
quelqu’un, en être écouté. Se faire tirer l’oreille (se faire prier, ne pas céder
aisément) ; oreille d’une cocotte, d’une marmite ; oreille de mer (haliotide) Oreille
de souris (myosotis). De bouche* à oreille ou d'oreille à oreille.
Confidentiellement. Faire la sourde* oreille; ne pas tomber dans l'oreille d'un
sourd*; ne pas l'entendre* de cette oreille. Au fig. J'ai reçu avec un extrême
plaisir votre lettre confidentielle du 1er juillet. J'en avais besoin, car depuis
longtemps nous ne nous étions rien dit à l'oreille (J. DE MAISTRE, Corresp., t.4,
1812, p.246).
6. pied = Partie terminale du membre inférieur, articulée à la jambe par la cheville,
terminée par cinq doigts et constituant, de par son aptitude à reposer à plat sur le
sol, l'élément principal de la station debout et de la marche. Xème, lat. pes, pedis.
Faire quelque chose comme un pied, très mal. Marcher sur les pieds de quelqu’un.
Faire les pieds à quelqu’un (lui donner une bonne leçon, lui apprendre à vivre).
Avoir un bon pied dans la fosse, dans la tombe. Mettre les pieds dans le plat
(aborder une question délicate avec une franchise brutale, commettre une gaffe) ;
Marcher sur les pieds de quelqu’un (chercher à l’évincer); Ne pouvoir plus remuer
ni pied, ni patte ; retomber sur ses pieds (se tirer à son avantage d’une situation
difficile, par adresse ou par chance). Sauter à pieds joints sur une occasion (sans
hésitation). Perdre pied (être perdu, ne plus avoir de repère, de ligne, de conduite).
Prendre pied (s’établir solidement sur un territoire. Lâcher pied, flancher). Sécher
sur pied. Nez en pied de marmite. Mettre son pied dans le soulier d'autrui.
S'approprier le bien d'autrui. Avoir, ôter, (re)tirer une épine* du pied; être une
épine* au pied (de qqn). Loc. fig., fam. Le pavé lui brûle les pieds.
7. ongle=Lame cornée faite de kératine, dure et à demi transparente, recouvrant
l'extrémité dorsale de la dernière phalange des doigts et des orteils.1160 ; ungle ; lat
ungula ; Avoir les ongles en deuil (manger, ronger les ongles); avoir les ongles
crochus, être très avare. Se défendre bec et ongle = de toutes ses forces. Rogner les
ongles à qqn. Lui retirer une part de son pouvoir, de ses moyens. P. métaph. J'ai le
coeur dans un étau, dans ces diaboliques ongles de fer qui me torturèrent dès
l'enfance (BLOY, Journal, 1892, p.38).
8. jambe = Partie du membre inférieur chez l'homme, comprise entre le genou et le
cou-de-pied, servant de soutien dans la station verticale et la locomotion, p. ext. le
membre inférieur tout entier. La queue entre les jambes ; traiter quelqu’un par-
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dessous la jambe (de façon désinvolte). Faire une belle jambe à quelqu’un (ne
servir, n’avancer à rien, en parlant d’un avantage). Faire les ronds de jambe (de
politesses exagérées) ; jambe de bois (pilon). Jouer, traiter qqn par dessous/par
dessus la jambe. Être jambe. Être ennuyeux. Loc. fig. Cataplasme*, cautère* sur
une jambe de bois.
9. cuisse= Partie du membre inférieur qui s'articule à la hanche et va jusqu'au
genou. Quise 1080 ; lat. coxa «hanche», puis «cuisse». Se croire sorti de la cuisse
de Jupiter (se croire supérieur, être très orgueilleux). P. métaph. Ce dix-huitième
siècle français suspendu à un fil, où rien n'est plus d'aplomb (...) où la politique
montre ses cuisses à l'air comme les marquises à l'escarpolette (MORAND,
Londres, 1933, p. 185). Fig. Tirer cuisse de quelque chose, tirer parti d’une
situation.
10. genou = Articulation du fémur (ou de la cuisse) et du tibia (ou de la jambe).Lat.
geniculum ; dimin. de genu. Être au genou de quelqu’un (en signe de soumission).
C’est à se mettre à genoux: c’est admirable. Tomber, se jeter à genoux. Demander,
supplier à genoux, à deux genoux, avec une grande insistance, en s’abaissant.
11. ventre = Partie antérieure du corps qui s'étend de la taille aux cuisses et qui
comprend la paroi et la cavité abdominales. Lat. venter «estomac». Avoir le ventre
creux = avoir faim. Fig. Faire mal au ventre à quelqu’un (lui être très désagréable).
Mettre, remettre du cœur au ventre à quelqu’un (de resurgie, du courage). Avoir les
yeux plus gros, plus grands que le ventre. Être incapable de manger autant qu'on se
le promettait; Au fig., voir trop grand, surestimer ses capacités. Bouder contre son
ventre. Refuser ce dont on a envie, notamment de la nourriture.
12. dos = Partie postérieure du tronc de l’homme, qui s’étend des épaules aux reins.
Fig. Courber le dos = céder, se résigner. Tourner le dos à quelqu’un = cesser de le
fréquenter en marque de réprobation, de dédain; de mépris. Mettre, renvoyer des
personnes dos à dos = Ne donner raison, dans un différend, à aucune des parties.
Arrondir, plier, courber, tendre le dos = Prendre une attitude obséquieuse, soumise
ou inquiète.
13. cul = Derrière humain. Loc. fig. Se taper* le cul par terre. Avoir des couilles*
au cul. Coûter* la peau du cul. Avoir le cul entre deux chaises*. Parle à mon cul,
ma tête est malade: je ne t’écoute pas. Avoir le feu* au cul. – Lécher le cul à qqn.
L’avoir dans le cul : être trompé, attrapé.
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14. sein = Partie antérieure du thorax humain qui s'étend de la base du cou jusqu'au
creux de l'estomac et où se trouvent situées les mamelles. Lat. sinus «pli, courbe» et
fig. «poitrine». Fig. et litt: Le sein de la mer, de l’océan. Loc. fig. Enfoncer le
poignard dans le sein, mettre à qqn le poignard dans le sein. Affliger
profondément quelqu'un, lui causer un extrême déplaisir. P. métaph. [Le sein en
tant que siège du cœur, foyer de la sensibilité, des sentiments] Sein angoissé,
tremblant; porter un secret dans son sein. Ma fille, déposez dans mon sein l'aveu
de vos fautes, et (...) que je sauve au moins votre âme (DUMAS père, C. Howard,
1834, V, 8e tabl, 4, p. 309). Loc. verb. Fig. Nourrir, réchauffer un serpent* dans
son sein. P. métaph. Les seins bombés des premières falaises de Maine ville
(PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 933). P. métaph. C'est elle [la terre] qui les
nourrit [les métaux], les fait croître, fructifier, et leur permet de se multiplier; c'est,
enfin, en retournant dans le sein maternel qui les avait jadis formés et mis au jour,
qu'ils renaissent et recouvrent les facultés primitives dont l'industrie humaine les
avait privés (FULCANELLI, Demeures philosophales, t. 1, 1929, p. 221). P.
métaph. C'est elle [la terre] qui les nourrit [les métaux], les fait croître, fructifier,
et leur permet de se multiplier; c'est, enfin, en retournant dans le sein maternel qui
les avait jadis formés et mis au jour, qu'ils renaissent et recouvrent les facultés
primitives dont l'industrie humaine les avait privés (FULCANELLI, Demeures
philosophales, t. 1, 1929, p. 221). P. anal. ou au fig. [Le sein est comparé à la
poitrine, au cœur ou aux entrailles] Centre, milieu, partie interne d'une chose.
Synon. Fond, giron, tréfonds. Le sein des flots, des nues.
15. poitrine = Partie du corps humain qui s'étend du cou à l'abdomen et qui
contient les principaux organes de la circulation et de la respiration. Lat. pop.
Pectorina, de pectus, pectoris→pis. Se frapper la poitrine, manifester son repentir.
Loc. fig. Loc. adj. En pleine poitrine. De manière très profonde et douloureuse.
Synon. En plein coeur*.
16. estomac = Organe en forme de poche dans lequel les aliments sont brassés,
transformés en chyme (cf. apologue ex. 2). Lat. stomachus, gr. Stomachos, de
stoma « bouche». Loc. fig. Avoir un estomac d’autruche. Avoir l’estomac dans les
talons (avoir faim). Au fig. [En parlant de quelque chose de désagréable, plus
rarement d'une pers.] Ne pas être supporté avec patience, avec résignation. Au fig.,
fam. Courage, aplomb. Avoir de l'estomac, manquer d'estomac. Avoir de
l’estomac= faire preuve de hardiesse/d’audace→ aplomb, cran.
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17. foie = Viscère brun rouge, volumineux, de l'homme et des principaux vertébrés,
situé dans l'hypocondre droit et une partie de la région épigastrique, sécrétant la
bile et exerçant de multiples autres fonctions. Lat. ficatum, trad. Gr. (hepar)
sukoton « (foie) de figues, engraisse avec des figues». Avoir les fois = avoir peur.
Fig. et fam. Avoir les jambes en patte de foie. [P. réf. au mythe de Prométhée
condamné à avoir le foie dévoré perpétuellement par un vautour] Au fig. J'ai été
clouée un instant à ton flanc comme Prométhée mais je n'ai pas attendu qu'un
vautour vînt m'y ronger le foie (SAND, Lélia, 1839, p. 405). Pop., loc. fig. Avoir
les foies (blancs). Avoir peur, manquer d'audace, d'énergie. Avoir peur, se sentir
faible (attesté dans ROB. et CAR. Argot 1977).
18. main = Organe terminal du membre supérieur, formé d'une partie élargie
articulée sur l'avant-bras et terminé par cinq appendices (les doigts), eux-mêmes
articulés en plusieurs points et dont un (le pouce) est opposable aux quatre autres,
organe qui constitue l'instrument naturel principal du toucher et de la préhension et,
par là même, un moyen spécifique de connaissance et d'action. Lat. manus (sens pr.
et métaph.) Main droite, gauche. Fig. Se salir les mains (se compromettre
gravement). Fig. Se laver les mains de quelque chose. Marcher la main dans la
main (agir en parfait accord). Fig. Tendre la main (offrir l’amitié, son pardon, son
aide). Se prendre par la main (s’obliger à faire quelque chose). Applaudir des deux
mains (approuver entièrement). Fig. Passer la main : abandonner, déléguer (des
pouvoirs), renoncer (à des prérogatives, etc.). Jouer à la main chaude. Au fig.
Complètement, totalement, sans restriction ni réticence. Souscrire à deux mains à
qqc. , donner des deux mains à qqch. p. métaph. Dehors la fraîcheur du matin
faisait se serrer les jeunes feuilles, elles n'étaient pas encore ouvertes comme des
mains qui montrent avec impudeur et confiance leurs lignes, celles du coeur et de
la vie (VIALAR, Bal sauv, 1946, p. 237). Homme de main: qui exécute des
besognes basses ou criminelles pour le compte d’autrui. Ne pas y aller de main
morte = frapper rudement; attaquer avec violence.
19. bras = Chacun des deux membres supérieurs de l'homme, allant de l'épaule, sur
laquelle ils s'articulent, à la main. Lat. pop. bracium, class. Brachium, gr. Brakhion.
Bras de feu (fig. épreuve de force). Gros comme le bras (se dit ironiquement pour
accompagner une appellation flatteuse). Jouer les gros bras (jouer les durs). Avoir
un bras de fer (avoir une grande autorité). P. métaph. «... mollement couchée sous
la caresse des flots et des brises, la ville étend ses bras sur l'océan et semble appeler
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l'univers entier dans sa couche parfumée et fiévreuse, ...» BARRÈS, Sous l'œil des
Barbares, 1888, p. 128. Fig. Bras de force = épreuve de force. Bras d’honneur =
geste injurieux. Le bras de Dieu, le bras séculier = la puissance temporelle,
opposée à celle de l’église. Le bras de la Justice→ autorité. Être dans les bras de
Morphée: dormir. Faire les beaux bras, les grands bras. Prendre de grands airs, des
airs importants. P. métaph.: « On voit les bras levés de l'espoir qui se noie».
HUGO, Religions et religion, 1880, p. 187. Loc. fig. Baisser les bras. Renoncer à
poursuivre une action qui se révèle trop difficile, cesser d'agir. Cf. laisser tomber*
qqch.
20. coude = Articulation du bras et de l'avant-bras, et spécialement, partie
extérieure de cette articulation qui fait saillir. Lat. cubitus, loc. se fourrer le doigt
dans l’œil jusqu’au coude. Se serrer, se tenir les coudes (s’entraider, être solidaire).
Jouer des coudes (manœuvrer aux dépens des autres). P. métaph. Une bielle de
locomotive n'a pas de chair. C'est strictement un humérus et un cubitus joints par
un condyle (...) Nous avons inventé ces deux os et ce coude qu'est la bielle, telle
qu'elle est, admirable dans sa sécheresse d'os d'acier (GIONO, Triomphe vie,
1941, p. 116). Au fig. S'entraider, se soutenir mutuellement dans une tâche
commune. Il fallait plus que jamais que la gauche se tienne les coudes
(BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 331). Au fig., vx et fam. Lâcher le coude à qqn.
Le laisser en paix. Au fig., fam. Lever, hausser le coude. Boire beaucoup, être
enclin à boire. Au fig., fam. et iron. Ne pas se moucher du coude. Être riche; être
prétentieux. Au fig., fam. Mettre de l'huile de coude. Travailler avec énergie, fournir
un gros effort musculaire. Ondes au corps. Les coudes collés aux flancs. Courir
coudes au corps. P. métaph. Ce qui m'intéresse, c'est de voir.
21. doigt= Chacune des parties distinctes, articulées et généralement libres qui
terminent la main et le pied de l'homme et de certains animaux. La membrane qui
réunit les doigts des oiseaux palmipèdes. Lat. digitus. Y mettre les quatre doits et le
pouce: saisir à pleine main, avidement. L’aurore aux doigts de rose. Le doigt de
Dieu. Fig. et fam. Faire un doigt de cœur à une femme→ brin. Expr. et loc. Le
doigt de Dieu, du destin, de la providence. Ce qui conduit les événements, qui
dirige les hommes. On discute, on piétine : une femme s'avance avec le mot juste
qui éclaire deux heures de raisonnements (...). Au fig. Cinq doigts de fer se
crispèrent sur le cœur de Mathieu (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 137). Être
obéi, servi, au doigt et à l’œil = exactement, ponctuellement. Connaître, savoir
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quelque chose sur le bout du doigt. Expr. et loc. Sous les doigts de (au fig.).
Modelé, dirigé par quelqu'un. Donner/taper sur les doigts (en manière de
réprimandé; au fig.). Donner une leçon. Mettre le doigt dans un engrenage; (ne
pas) mettre le doigt entre l'arbre et l'écorce/l'enclume et le marteau/sous l'arçon.
(Éviter de) se mettre dans une situation embarrassante. Au fig. Vinet, dont la
reconnaissance fut réveillée par les doigts crochus de l'intérêt personnel
(BALZAC, Pierrette, 1840, p. 81). Au fig. Je vais faire un doigt de cour à ma mère
(PROUST, Temps retr, 1922, p. 704). Au fig. À deux/trois doigts de. Très près. Une
névrose enragée, à deux doigts des convulsions (ROLLAND, J.-Ch., Foire, 1908,
p. 709).
22. épaule = Partie supérieure du bras (articulation de l'humérus) se rattachant au
thorax (ceinture scapulaire). Lat. spatula «spatule» d’où «omoplate» dimin. de
spatha «épée». Avoir la tête sur les épaules (être sensé, savoir ce qu’on fait) cf.
Avoir les pieds sur terre. Porter un enfant sur épaules (être responsable). Faire
toucher les épaules de son adversaire (le vaincre). Fig. Rouler les épaules= se
donner un air important (cf. fam. rouler les mécanismes). Faire toucher les épaules
(à son adversaire), le terrasser à la lutte de telle sort que ses deux épaules touchent
le sol. Fig. Le vaincre. Changer son fusil d’épaule. Pousser le temps par l'épaule, «
Se désennuyer comme on peut, en attendant le moment qu'on désire» (Ac. 1835,
1878). Au fig. Peser aux (sur les) épaules (avec une idée de poids physique ou
moral à supporter). Plier les épaules. Se résigner. «Mettre qqn dehors par les deux
épaules. Le chasser honteusement» (Ac.). Au fig. Donner un coup d'épaule à qqn,
prêter son épaule à qqn. L'aider de manière efficace. Paris a vu deux ou trois
parvenus de ce genre, dont le succès est une honte et pour l'époque et pour ceux
qui leur ont prêté leurs épaules (BALZAC, Mme de La Chanterie, 1850, p. 220).
Par-dessus l'épaule = Avec dédain, mépris.
23. bouche = Cavité située à la partie inférieure de la tête, délimitée à l'extérieur et
à l'avant par les lèvres, à l'intérieur par la langue en bas, le palais en haut, le gosier
à l'arrière, renfermant avec les mâchoires les gencives et les dents, les organes
sécréteurs de la salive et ceux, récepteurs, du goût; constituant l'orifice initial du
tube digestif; communiquant avec les voies respiratoires et contribuant à l'émission
de la voix articulée, de la parole. Lat. bucca «joue», puis «bouche». Garder quelque
chose pour la bonne bouche (garder le meilleur pour la fin). Bouche cousue ! La
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bouche d’un bon volcan, la bouche d’un four. Bouche de métro. Bouche bée !
Bouche fine = gourmet.
24. dent = Organe dur, blanchâtre, généralement composé d'une couronne libre et
d'une (ou de) racine(s) implantée(s) dans la cavité buccale et, plus particulièrement,
sur le rebord libre des maxillaires, et destiné à saisir, retenir et broyer les aliments.
Lat. dens, dentis. Les dents de la mer. Serrer les dents (fig. concentrer son énergie,
s’apprêter à un effort dur, à supporter une chose désagréable). Avoir une dent
contre quelqu’un (de la rancune, du ressentiment). Avoir la dent dure : être très
sévère, dur dans la critique. Manger du bout des doigts. Fig. Avec réticence, à
contrecoeur). Coup de dent (fig. critique acerbe). Changer son fusil d’épaule=
changer de méthode, de tactique. Avoir les dents longues = être avide. Avoir toutes
les dents=avoir atteint l’âge de raison. Agacer les dents = Subir les conséquences
d'un acte inconsidéré. Subir les conséquences d'un acte inconsidéré. P. métaph.
D'où te vient, Ribeira, cet instinct meurtrier? Quelle dent t'a mordu, qui te donne la
rage, Pour tordre ainsi l'espèce humaine et la broyer? (GAUTIER, Poés., 1872, p.
272). Avoir la dent dure, mauvaise. Au fig. Porter des critiques acerbes.
25. front = Partie du visage comprise de bas en haut entre les sourcils et la racine
des cheveux et s'étendant latéralement d'une tempe à l'autre. Lat. frons. Fig.
Courber le front (s’humilier), faire front= faire face (résister, tenir). Mener, faire
marcher de front plusieurs affaires→ 1. Ensemble, simultanément. Attaquer,
heurter de front quelqu’un, une opinion, des préjugés…, directement et sans
ménagement.
26. cheville = Partie du membre inférieur de l'être humain, située entre l'extrémité
inférieure de la jambe et le pied et comprenant l'articulation tibio - tarsienne et les
malléoles. Lat. pop. Cavicula, de clavicula «petite clé». Cheville ouvrière- fig.
l’agent, l’élément essentiel (d’une entreprise, d’un organisme). Être en cheville
avec quelqu’un – lui être associé. Ne pas arriver à la cheville de quelqu’un (lui être
inférieur). Avoir les chevilles qui enflent : être prétentieux. (Être) en cheville.
(N'être) ni le premier, ni le dernier, (être) en intermédiaire. Terme de remplissage
permettant la rime ou la mesure; expression inutile à la pensée.
18. semence (source, origine, germe, petite quantité de quelque chose; graine,
goutte, brille, miette) ;
19. noyau = partie centrale, essentielle d’une chose, d’une action; pulpe, cœur,
essence, idée essentielle, petite partie, bribe ;
20. fruit (fructueux, fructifier, fructifié, infructueux) = le résultat d’une activité ou
d’une situation, récolte; personne qui manque de sérieux et de caractère ; homme de rien,
misérable, vaurien, femme immorale, frivole ;
21. courge = tête sans cervelle ;
22. manne (fruit) = fertile, abondance;
23. vigne = descendent, drageon ;
24. bouton = nom donné à une personne, belle fille ;
25. fleur (fleurir, fleurissement, fleuri): élite, mousse, front, crème.
26. pivoine (rougir, rouge comme une pivoine) = nom donné à une belle fille; la
couleur rouge naturelle des joues ;
27. églantine = nom donné à une belle personne ;
28. récolte (récolter, récolte) = le résultat d’un travail, le fruit d’une activité faite ;
29. meule = foule, entassement désordonné (de choses ou d'êtres);
30. bouquet (réunir en faisceau) = paquet de plusieurs choses de la même catégorie
amassée ;
31. gerbe (rouée des coups) = faisceau de lumière, de rayons éclatantes ;
32. balle = ce qui manque de valeur, d’importance, homme de rien, canaille, la tie
de la société ;
33. nielle = ce qui est mauvais, nuisible, dangereux ; ce qui être écarté.
Après avoir recherché la structure des métaphores du règne végétal, on peut établir
des séries amples, qui représentent la problématique fondamentale du langage figuré.
Ce sont des séries endocentriques évidentes comme: racine, tige, rameau (branche),
feuille, germe, semence fruit.
Les effets sont différents en fonction de la nature de l’éloignement de sens, de
distance entre les deux sens. Cela peut être suivi très bien lorsqu’on utilise les synonymes.
(On reprend la synonymie dans un sens plus large). Par exemple dans les paires racine,
pivot, semence, noyau, fruit l’image concrète est souvent accompagnée par la nuance
sémantique propre à la terminologie botanique, si bien qu’il se produit une diminution de
la distance entre le sens propre et le sens figuré, ce qui diminue l’éloignement et par suite,
62
l’effet des métas sémèmes; de telles métaphores sont en quelque sortes techniques, presque
lexicalisées.
En revanche la modification du contenu sémantique des lexèmes comme : fleur,
pivoine, gourde, bois noir etc. se base sur l’équivalence entre les plantes et l’aspect
physique humain; une telle sélection paradigmatique implique l’obtien des effets
particulièrement forts dans le lexème figuré. Comme dans autres situations, si l’opposition
[-humain] [+ humain] s’ajoute aussi l’opposition [+positif] ou [+ neutre] [- positif], au
processus des métas sémèmes on ajoute des nuances connotatives: fruit, parasite, courge,
gourde, on ajoute aussi la connotation régionale des termes. Habituellement les mots
régionaux ne sont pas généralisés au figuré; mais dans ce cas, surtout dans certains milieux
argotiques, on a senti la nécessité des caractérisations plus approfondies, plus colorées et
on a fait appel, par dérivation synonymique, à des mots régionaux, qui sont devenus ainsi
très expressives. La charge connotative est ainsi dûe à l’effet par l’invocation puisque les
métaphores en cause suggèrent quelques milieux linguistiques inférieures.
Des métaphores négatives, ironiques comme: épine, fruit, courge, meule utilisées
dans des registres différents à partir du familier ou du régional jusqu’au vulgaire sont
propres au langage courant.
blanche. « Elle vit que l’iris d’un vitrail ancien, et trempé de soleil, faisait chatoyer
ces paroles: Latens Deitas (Toulet, J.fille, 1918, p.78). Entomol. Insecte des régions
chaudes, de la famille des mantidés, voisin des mantes religieuses et dont les ailes
portent des arcs irisés. Miner. Pierre d’iris. Minéral (quartz irisé, calcédoine)
présentant des reflets risses. Sur les cercles [du diadème] (...) S’enchâssaient (…)
l’opale cabalistique, et les perles d'iris laiteux.
9. laurier = arbre aromatique de la région méditerranéenne à feuilles persistantes,
lisses et luisantes, appartenant à la famille des lauracées. Branche, rameau de
laurier, buisson, massif de lauriers. Archit. « Feuillage d’une espèce particulière
disposé en guirlandes, et fréquemment usité comme motif d’ornementation»
(Adeline, Les termes art, 1884). Cueillir, moissonner des lauriers « Un combat sans
danger donne un laurier sans gloire; (Laya, Ami loix, 1793, I, 4, p. 19).
10. myosotis = plante herbacée de la famille des Borraginées, annuelle ou vivace
haute de vingt-cinq centimètres, à fleurs fines, bleues parfois blanches, ou roses, à
floraison précoce, comptant de nombreuses espèces dont l’une symbolise le
souvenir fidèle. Couleur de cette fleur. Pantalon de gabardine myosotis et lavande
(Le monde, 20 déc. 1951, p. 9, col 1.).
11. rose = fleur du rosier, de la famille des Rosacées, généralement odoriférante,
dont l’espèce type comporte un calice ovale ou arrondi, une corolle de cinq pétales
d’un rouge très pâle à l’origine, de nombreuses étamines et dont on a tiré
d’innombrables variétés quant aux formes et aux coloris. (Alimentaire) Confiture,
conserve de roses. Parfumerie, pharm. Distillation de plantes de roses; pommade à
la rose; huile de roses.
12. pois = légumineuse papilionacée dicotylédone vivace ou annuelle, dont
certaines variétés potagères sont cultivées pour leurs graines. Pois cassés. « Graines
de pois verts commercialisées après avoir été cassées en deux». Petit rond sur une
étoffe d’une couleur différente de celle du fond. «Sa robe de mousseline blanche
recouverte d’une tunique transparente semée de pois verts».
5. ortie = plante herbacée dont les feuilles sont couvertes de poils fins renfermant
un liquide qui produit sur la peau une irritation douloureuse. P. anal. Ortie blanche,
jaune, rouge qui ressemble beaucoup à l’ortie par l’aspect de ses feuilles, mais qui
n’a pas d’effet urticant. Au fig. tout ce qui est irritant, désagréable, insupportable. «
Vous voyez, ça emmaillote pas pareil. Vous êtes plus facilement sa mère que la
sienne avec vos paroles d’ortie». (Giono, Bout route, 1937, I, 5, p.30). Jeter le/son
froc aux orties= Renoncer à l’état ecclésiastique». P. ext. Renoncer à une entreprise
quelconque; se débarrasser de quelque chose de gênant. « Toutes les modesties et
toutes les pudeurs je les jette aux orties». (Augier, Jeunesse, 1858, p.300).
6. aubépine = plante arbustive à rameaux épineux, à petites fleurs blanches ou
roses très odorantes, à baies rouges, astringentes. Au fig. (Par allusion à la grâce, à
l’éclat, au parfum doux-amer de l’aubépine) : « Une à une les petites filles
descendirent. Il semblait que ce fut une floraison hâtive, des aubépines
miraculeusement fleuries». (Zolà, Une page d’amour, 1878, p. 1077).
7. laurier = arbre aromatique de la région méditerranéenne à feuilles persistantes,
lisses et luisantes, appartenant à la famille des lauracées. Branche, rameau de
laurier, buisson, massif de lauriers. Au fig. s’endormir sur ses lauriers. Se contenter
d’un premier succès; ne pas poursuivre ses premiers succès. Se reposer sur ses
lauriers. Jouir d’un repos mérité après de grands et nombreux succès. (Symbole de
l’immortalité, de la gloire) se couvrir de lauriers ; être chargé de lauriers. « La
couronne de lauriers de M. Bonaparte a pour ombre la couronne d’épines de la
France. (Hugo, Correspondances, 1870, p.264).
8. myosotis = plante herbacée de la famille des Borraginées, annuelle ou vivace
haute de vingt-cinq centimètres, à fleurs fines, bleues parfois blanches, ou roses, à
floraison précoce, comptant de nombreuses espèces dont l’une symbolise le
souvenir fidèle. P. métaph. « On ne peut pas se souvenir d’elle, ses yeux même
nous disent : ne m’oubliez pas, puisque ce sont deux myosotis» (Proust,
Prisonn., 1922, p.277)
9. rose = fleur du rosier, de la famille des Rosacées, généralement odoriférante,
dont l’espèce type comporte un calice ovale ou arrondi, une corolle de cinq pétales
d’un rouge très pâle à l’origine, de nombreuses étamines et dont on a tiré
d’innombrables variétés quant aux formes et aux coloris. Loc. fig. À l’eau de rose.
Découvrir le pot aux roses. P. métaph. « À chaque battement de ton cœur, le mien
te verse ses trésors, j’effeuille sur toi toutes les roses de mon âme comme les
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enfants les sèment devant l’autel au jour de la fête de Dieu». (Balzac, Contrat mar.,
1835, p.330). Loc. métaph. L’aurore aux doigts de roses. Teint de lys et de roses.
Avoir une mine reposée, resplendissante. Voir (la vie, les choses) en rose. Voir tout
sous un aspect agréable, gai. Ne pas sentir la rose. Sentir (très) mauvais. Être
(couché) sur des roses, sur un lit de roses. Être dans une situation confortable,
agréable. Être sur les roses. Être dans une situation inconfortable, déplaisante.
Envoyer quelqu’un sur les roses. Envoyer promener, se débarrasser de (quelqu’un).
Jeter des roses sur quelque chose. Joncher, semer, (quelque chose) de roses. Rendre
quelque chose plus facile, plus supportable. Tout n’est pas de roses. Tout n’est pas
plaisant, séduisant.
10. pois = légumineuse papilionacée dicotylédone vivace ou annuelle, dont
certaines variétés potagères sont cultivées pour leurs graines. Au fig. Souffler des
pois «Expirer par petits coups avec un bruit répété des lèvres». (Rey-Cantr. Expr.
1979). Vendre à quelqu’un des petits pois qui ne veulent pas cuire. Faire un tour à
quelqu’un «Vous ai-je vendu des pois qui ne voulaient pas cuire ?».
4. Conclusions
Après avoir traité tous les points suivis dans ce mémoire de maîtrise, il convient de
tirer les conclusions. On a eu comme point de départ le concept de polysémie. Après cela
on a rappelé et développé également les sources de la polysémie (la métonymie, la
synecdoque, la métaphore) et on a mis l’accent sur la dernière. On ne pouvait pas passer
aux questions pratiques sans parler bien sûr de l’origine et du développement de la
métaphore.
Ce qui a donné un plus d’originalité à notre travail a été notamment la discussion
de Jakobson sur la métaphore dans le cas de l’aphasie. À cette occasion, on a vu
l’utilisation de la métaphore dans le cas de l’aphasie. Les parties suivantes ont été dédiées
aux aspects pratiques. Dans le deuxième et le troisième chapitre on a choisi comme «objets
d’étude» les noms qui désignent les parties du corps humain et les substantifs qui désignent
les plantes. Après avoir vu les sens secondaires que ceux-ci développent, on a mis en
évidence aussi les expressions métaphoriques.
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La deuxième forme c’est l’évocation d’une réalité concrète par un terme abstrait. À
l’inverse du cas antérieur, ici la métaphore peut procéder par abstraction du concret. Bien
que les cas soient plus rares, ils sont remarquables. Par exemple «Entre Le–roi–est-mort et
Vive–le-roi, un intervalle souffle retenu éclairé qui interroge la nature d’un pouvoir que
nul ne détient si tous le respectent, fut-ce en se disputant». (André Glucksmann).
Troisièmement, il y a l’évocation de l’inanimé par l’animé : «Le silence prit
possession de notre angoisse» (Tony Cartano) ou «L’ombre qui mangeait le contour de la
joue» (Julien Gracq).
Dans le champ métaphorique, certaines essences sont plus oxygénantes que
d’autres. Dans ce sens, on a pensé à quelques métaphores vivifiantes au sens propre : celles
qui tendent une âme aux réalités inanimées et celles qui convertissent l’inerte en termes
anthropomorphiques («Foin de détours ! Offrons-nous une suprême errance dans ces
sentiers fertiles»).
Il y a ensuite l’inverse: l’évocation du non humain par l’humain. Par exemple :
«L’hiver nous rend visite en automne» (Denis Diderot) ou «Il roulait maintenant sous un
ciel presque gris, qui, au milieu à peine de l’après-midi, parlait déjà de la fin de la journée»
(Julien Gracq). Ce type de métaphore confère à l’expression un visage particulier : on parle
dans ce cas de personnification, mode de l’expression par lequel on attribue un caractère,
une attitude, un comportement humain à des réalités inanimées ou non humaines
(exemples : des idées abstraites, des éléments de la nature, des animaux).
La modalité suivante de métaphoriser est l’évocation de l’humain par l’animal.
Mais il faut avouer dès le début que les métaphores de cette catégorie ont pris une allure de
clicher. Par exemple : «C’est une chatte» ou «Nos petits ours mal léchés de province me
plaisent cent fois plus que tous vos petits épagneuls si ennuyeusement dressés» (Denis
Diderot). D’ici on peut déduire que l’homme animalise facilement son semblable. Un autre
cas c’est l’évocation d’une essence par une autre essence «La liquide mobilité de la
lumière» (Marcel Proust) ou l’évocation d’une sensation par une autre sensation : «C’est
une joie dont il veut mâcher toute l’odeur. Cet effet métaphorique, si souvent employé par
Baudelaire et Proust, porte le nom savant de «synesthésie».
De toutes ces situations, on voit que la métaphore est l’écart paradigmatique (de
substitution) fondée sur l’analogie et la ressemblance. Elle nous fait passer d’un secteur du
réel à un autre, libère l’imagination et rajeunit le monde. La métaphore fonctionne sur la
substitution isotopique, c’est-à-dire chacun des deux éléments appartient à des isotopies
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(secteurs du réel) différents. Par exemple : L’offensive du froid. Ici l’isotopie de l’hiver
laisse la place à celle humaine, de la guerre.
En ce qui concerne les effets de la métaphore il y en a la tropicalisation et la
désautomatisation du réel. Dans le premier cas, la métaphore associe un thème (ce dont on
parle, dans ce cas le comparé) à un propos ou phore (ce que l’on dit du thème). Dans le
deuxième cas le changement brusque d’isotopie rompt la vision habituelle du monde et
l’imagination reprend donc ses droits. Il en résulte de multiples connotations.
La métaphore est employée dans la langue populaire, mais aussi dans la littérature.
La langue familière et l’argot sont de remarquables fournisseurs de métaphores, utilisées
souvent dans la presse et la publicité. Mais la métaphore appartient aussi à l’essence même
de la littérature, du portrait au récit merveilleux, de la description à l’imagerie poétique.
En conclusion on peut synthétiser le fait que la métaphore est une figure de style
ayant beaucoup de variantes en ce qui concerne sa construction, ses moyens d’évocation,
mais aussi son emploi. C’est pourquoi on a tenté de toucher les points essentiels qui
caractérisent la métaphore, mais aussi de clarifier les données concernant l’origine, le
développement et l’emploi correct de la métaphore, bien qu’aucun ouvrage ne suffise pas
pour épuiser l’étude de la métaphore.
Bibliographie :
1. Albert, Henry, Métaphore et métonymie, Paris, Éditions Klincksieck, 1971.
2. Bernicot, J., L’étude expérimentale des métaphores, Paris, Éditions PUF, 1982.
3. Cohen, J., La structure du langage poétique, Paris, Édition Flammarion, 1966.
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D’Artey, 1974.
6. Flora, Ioan, Trădarea metaforei, Piteşti, Editura Paralela 45, 2004.
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8. Galmiche, Michel, La sémantique générative, Paris, Éditions Libraire Larousse,
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11. Jakobson, Roman, Paris, Essais de linguistique générale, Les Éditions de Minuit,
1963, p. 43-68.
12. Kokelberg, Jean, Les techniques du style, Paris, Éditions Nathan, 1993 [1991],
p.89-107.
13. Le Guern, Michel, Sémantique de la métaphore et de la métonymie, Paris, Éditions
Libraire Larousse, 1973.
14. Lehmann, Alise, Martin–Bernet, Françoise, Introduction à la lexicologie.
Sémantique et morphologie, Paris, Éditions Dunad, 1998.
15. Mitterand, Henry, Les mots en français, Paris, Presses Universitaires de France,
Coll. «Que sais-je ?», 1965.
16. Peyroutet, C., Style et rhétorique, Paris, Éditions Nathan, 1994, p.66-71.
17. Picoche, Jacqueline, Précis de lexicologie française, Paris, Éditions Fernand
Nathan, 1977.
18. Prandi, M., La métaphore : de la définition à la typologie, en Langue française,
n◦134 : Nouvelles approches de la métaphore, Editions Larousse, 2002, p. 15-20.
19. Ricoeur, Paul, Metafora vie, Bucureşti, Editura Univers, 1994.
20. Ricoeur, Paul, La métaphore et le problème central de l’herméneutique, Paris,
Éditions de l’Institut Supérieur de philologie, 1972.
21. Salve, Elena, Metafora în limba română, Bucureşti, Editura Ştiinţifică, 1991, p. 60-
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Timişoara, Editura Universităţii de Vest, 2008.
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Bibliographie électronique :
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2. http://www.info-metaphore.com/grille/forme-lexicale-grammaticale-de-la-
metaphore.html (page consultée le 20 novembre 2007).
3. http://www.info-metaphore.com/articles/pdf/Duvignau-gaume-nespoulous-
proximite-semantique-et-strategies-palliatives-chez-le-jeune-enfant-et-l-
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4. http://www.canti.com/these/part3chap5elzaim.doc(page consultée le 13 mars 2008)
(page consultée le 10 janvier 2008).
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analogique et alphabétique de la langue française, Texte remanié et amplifié sous
la direction de Rosette Rey-Debove et Alain Rey, Paris, Éditions Electroniques,
1997.
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3. Le Petit Larousse illustré 2008, Éditions Larousse, 2008.