Les
principales
«
étapes
»
de
la
construction
des
usages
des
TICE
Présentation
du
contexte
L’appropriation
de
dispositifs
technologiques
innovants
par
leurs
utilisateurs
est
explicitée
grâce
à
des
modèles
synoptiques
qui
dans
le
temps
se
succèdent
et
se
complètent,
ou
s’excluent.
Chaque
modèle
apporte
sa
pierre
à
l’édifice
et
permet
de
construire
une
trajectoire
d’appropriation
des
usages
de
ces
dispositifs
à
travers
l’identification
d’étapes
clés,
la
compréhension
de
la
dynamique
et
du
mouvement
qui
anime
chaque
modalité
de
passage
d’une
phase
à
une
autre
dans
la
complexité
d’un
système
pluridimensionnel
qui
fait
interagir
des
composantes
humaines
psychologiques
et
sociales,
structurelles
organisationnelles
et
spatio-‐temporelles,
institutionnelles
prescriptives
et
politiques.
Système
transitionnel
qui
en
donnant
lieu
aux
usages
actualise
une
communauté
d’apprenants
et
de
pratiques
en
fédérant
autour
d’une
finalité
commune.
Processus
itératif
composé
d’étapes
et
de
niveaux
de
franchissement
La
méthodologie
projet
traditionnelle
en
ingénierie
pédagogique
pose
les
bases
des
étapes
de
conception
et
de
mise
en
œuvre
des
dispositifs
pédagogiques
en
divisant
le
processus
en
plusieurs
phases
identifiées
comme
:
l’analyse
de
besoin,
la
conception,
le
développement,
la
mise
en
œuvre,
l’évaluation.
Ce
processus
est
itératif
comme
peuvent
l’être
les
processus
de
développement
logiciel
décrit
notamment
par
le
modèle
en
spiral
de
Boehm
(1998)
qui
pose
les
bases
de
la
dynamique
itérative
de
la
conception
de
projet.
Cependant
au
delà
de
cette
dynamique
itérative
ce
sont
les
modalités
de
passage
d’une
étape
du
processus
à
une
autre
qui
vont
sous-‐tendre
l’appropriation
des
nouveaux
usages
en
générant
un
mouvement
et
en
créant
un
espace
spatio-‐temporel
qui
permettra
à
l’innovation
d’être
acceptée,
utilisée,
voire
diffusée
par
les
acteurs
du
dispositif
dans
un
premier
temps.
Le
succès
de
l’appropriation
viendra
aussi
par
les
prescripteurs
et
les
institutions
qui
doivent
participer
à
l
‘effort
collectif
en
tant
que
variables
externes
(Technology
Acceptance
Model
(TAM)
Davis,
1986)
et
en
tant
qu’incitateurs
du
politique
(Cros,
2007)
mais
ce
uniquement
après
l’effort
d’individuation
permis
par
le
dispositif
technologique
(Paquelin,
2009).
Approche
incrémentaliste
et
appropriation
dans
la
continuité
Les
niveaux
tels
que
modélisés
successivement
par
Hall,
Wallace
et
Dosset
(1973)
abordent
la
notion
de
franchissement
en
ce
qu’ils
permettent
de
différencier
l’intention
de
l’action
mais
ne
retranscrivent
pas
la
complexité
des
interactions
qui
engendre
le
passage
de
l’une
à
l’autre
et
qui
initie
le
mouvement
qui
nous
intéresse.
En
effet
les
dimensions
sociales,
culturelles,
professionnelles
et
économiques
en
ce
qu’elles
participent
au
processus
de
transformation
doivent
être
incluent
dans
la
dynamique.
L’approche
incrémentaliste,
en
posant
les
bases
d’un
continuum
entre
les
sphères
personnelles
et
professionnelles,
introduit
les
notions
de
cadre
d’utilisation
actif
du
dispositif
pédagogique
et
d’objectif
à
atteindre
(Sandholtz,
Ringstaff
et
Dwyer,
1997)
et
créent
un
cadre
de
lecture
dans
lequel
l’appropriation
est
la
dernière
étape
de
ce
processus.
Morais
(2001)
ajoute
que
ce
cadre
d’utilisation
quotidien
légitime
Maud
Bourgeois
1
D9CG1
D9CG1
–
Gestion
des
connaissances
l’innovation
notamment
parce
qu’elle
introduit
la
phase
d’appropriation
personnelle
nécessaire
à
l’individuation
de
l’utilisateur
par
le
dispositif.
Bien
que
cette
continuité
participe
et
conduise
à
l’appropriation,
la
discontinuité
en
tant
que
modalité
de
passage
d’une
phase
d’adoption
à
une
phase
d’appropriation
reste
nécessaire
à
la
fondation
de
nouvelles
pratiques.
Approche
systémique
et
appropriation
dans
la
discontinuité
L’approche
systémique
apporte
la
notion
de
discontinuité
dans
la
trajectoire
organisationnelle
vitale
à
l’innovation
en
positionnant
le
dispositif
innovant
par
rapport
à
une
institution
(Bonamy,
Charlier
et
Saunders,
2002)
et
en
faisant
apparaître
le
différentiel
entre
le
dispositif
et
l’institution.
La
rupture
doit
enclencher
le
mouvement
de
transformation
des
pratiques
dans
le
temps
et
la
modification
d’un
existant
fait
de
règles
et
de
ressources
qui
doivent
être
reconfigurées
(Paquelin,
2009).
Depover
et
Strebelle
(1996)
et
Depover
(2003)
situent
chronologiquement
l’innovation
sur
trois
niveaux
d’appropriation
qui
sont
:
la
découverte,
l’expérimentation
et
la
diffusion.
Fullan
(2001)
quant
à
lui
parle
d’un
développement
qui
va
du
local
au
global
pour
relier
les
niveaux
micro
(psychologiques
liés
aux
individus),
méso
(psychosociologiques
liés
aux
relations
entre
individus)
et
macro
(organisation
et
institution)
des
systèmes.
L’appropriation
ne
peut
se
faire
que
lorsque
l’on
sort
de
la
phase
de
découverte
individuelle
pour
aller
vers
la
phase
d’institutionnalisation
collective
qui
sous-‐tend
la
mise
en
place
de
pratiques
disruptives.
Cela
rejoint
l’analyse
des
niveaux
d’utilisation
de
Hall,
Wallace
et
Dosset
qui
met
aussi
en
évidence
que
certains
niveaux
ne
peuvent
être
atteints
que
si
un
collectif
est
constitué.
C’est
ce
mouvement
disruptif
qui
en
engendrant
le
passage
du
«
temps
individuel
»
au
«
temps
collectif
»
(Paquelin,
2009)
créé
la
dynamique
de
construction
des
usages
de
ce
dispositif
exogène.
Approche
(socio)
constructiviste
et
appropriation
dans
l’intention
L’approche
constructiviste
remet
l’apprenant
au
centre
du
dispositif
comme
acteur
qui
interagit
avec
ceux
qui
l’entourent,
le
système
et
l’environnement
(aux
trois
niveaux
micro,
méso
et
macro).
Le
dispositif
doit
autoriser
l’acteur
à
devenir
auteur
(Paquelin,
2009)
et
à
interagir
avec
des
variables
individuelles
et
structurelles.
C’est
ce
que
propose
le
modèle
ASPI
(Peraya,
Viens,
2006)
en
replaçant
l’acteur
au
centre
et
en
apportant
une
modélisation
pluridimensionnelle
mettant
en
scène
une
chronologie
dynamique
des
étapes
du
processus,
une
démarche
de
pilotage
appelée
espace
de
«
stabilité
provisoire
négociée
»
qui
permet
d’avoir
une
finalité
commune,
et
les
dimensions
de
l’action
(pédagogie,
disciplinaire,
technologie,
organisation).
Il
faudrait
donc
que
l’innovation
soit
vécue
de
façon
collective
et
consciente
et
que
les
acteurs
sociaux
aient
cette
volonté
de
participer
et
de
générer
cette
dynamique
de
la
transformation
des
familles
de
pratiques
collectives.
Approche
de
la
dynamique
transitionnelle
Dans
cette
approche
c’est
le
système
qui
est
l’acteur
principal.
La
notion
de
semi-‐ extériorité
comme
composante
de
la
dynamique
d’appropriation
des
TICE
par
les
acteurs
du
système
permet
une
reconfiguration
des
pratiques
dans
un
espace
temps
social
«
protégé
»
(Paquelin,
2009).
Les
usages
sont
des
espaces
temps
sociaux
Maud
Bourgeois
2
D9CG1
D9CG1
–
Gestion
des
connaissances
intermédiaires
et
d’intermédiation
entre
deux
états
stabilisés
des
pratiques
(Jaquinot
et
Choplin
2002)
car
le
lieu
est
l’agent
de
construction
des
pratiques
qui
cherchent
à
relier
les
espaces
temps
sociaux
et
des
objets
hétérogènes
(De
Certeau,
Giddens).
Le
dispositif
est
donc
ce
lieu
de
transition
entre
l’actuel
et
le
potentiel
qui
permet
à
l’acteur
d’être
auteur,
de
s’évader
pour
essayer,
se
tromper,
créer
mais
aussi
interagir
et
communiquer
avec
l’intérieur
et
l’extérieur
Ce
dispositif
transitionnel
engendre
une
dynamique
de
création
de
sens,
de
réseau
d’acteurs
et
de
bonnes
pratiques,
de
valeurs
et
d’actes
avec
une
finalité
commune
reconnue
dans
sa
dimension
initiale
et
en
devenir
(Paquelin,
2009).