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Eric Blond
Directeur Technique
Centre des Technologies Géosynthétiques SAGEOS
Pascale Pierre
Chargée de recherche
Département de Génie Civil, Université Laval
Guy Doré
Professeur adjoint
Département de Génie Civil, Université Laval
Jacek Mlynarek
Directeur général
Centre des Technologies Géosynthétiques SAGEOS
INFRA 2000
13 au 15 novembre 2000
Centre des congrès de Laval
Laval, Québec
ANALYSE DE LA PROBLÉMATIQUE DU RENFORCEMENT DE TRANCHÉES
D’UTILITÉS PUBLIQUES PAR DES GÉOSYNTHÉTIQUES
INTRODUCTION
Le Centre des Technologies Géosynthétiques SAGEOS a mis sur pied un projet
visant l’amélioration du comportement des chaussées au niveau des tranchées, par
le biais du renforcement par géosynthétiques de la structure réhabilitée. Ce projet est
géré par SAGEOS et réalisé par SAGEOS en partenariat avec l’Université Laval et
cinq municipalités de la grande région de Montréal (Côte St-Luc, LaSalle, Montréal,
St-Hyacinthe et Verdun), avec l’appui financier des compagnies SOLMAX-TEXEL,
TENSAR-Québec et TEXEL, ainsi que du PARDIU – Programme d’aide à la
recherche dédiée aux infrastructures urbaines – pourvu par le MIC et géré par le
Centre d’Expertise et de Recherche en Infrastructures Urbaines (CERIU).
Ce document présente les résultats partiels obtenus dans le cadre de l’étude de pré-
faisabilité, de l’étude expérimentale et des travaux de modélisation numérique.
1 PROBLÉMATIQUE
Dans une deuxième étape, la tranchée est remblayée. Lors de cette phase des
travaux, on vise généralement l’obtention d’un degré de compactage maximal du
matériau de remblai afin de procurer à la structure réhabilitée une portance aussi
forte que possible. Pour aboutir à cette fin, un matériau de classe A est souvent
utilisé en lieu et place des matériaux naturels excavés, les sols supports québécois
étant souvent trop fins pour être adéquatement compactés.
Cependant, l’installation de ces matériaux grossiers dans un sol généralement fin
crée une discontinuité dans la nature même du sol support. Cette discontinuité
engendre alors inévitablement un comportement structural, hydraulique et thermique
différent aux abords de la coupe de ce qu’il est ailleurs. Cette différence de
comportement provoque une accélération importante de la dégradation de la qualité
de roulement en raison de l’apparition de comportements différentiels (soulèvements,
pénétration du gel, accumulation d’eau libre…) et de leurs conséquences sur la
fissuration du revêtement.
De plus, les causes de ces problèmes perdurent même après la fin de la durée de
vie des structures de chaussées sur lesquelles l’intervention a été pratiquée : les
réhabilitations ou reconstructions de chaussées n’incorporent en effet aucun travail
d’uniformisation du sol support, pour des raisons économiques évidentes.
Les conditions d’acceptation de la technique par les municipalités ainsi définies ont
été ajoutées au cahier des charges du projet.
Géosynthétique de Renforcement
Épaulement Épaulement
Revêtement
Fondation
Sol support
Tranchée comblée
avec les matériaux
excavés
3 PROGRAMME EXPÉRIMENTAL
Afin de rencontrer ces objectifs, le projet est articulé autour de trois phase de travail :
1- Étude de pré-faisabilité ;
2- Étude expérimentale en laboratoire et modélisation ;
3- Expérimentation sur site.
4 ÉTUDE DE PRÉ-FAISABILITÉ
Les sols support retenus pour fin d’expérimentation sont un sable silteux, d’un silt
sableux et d’un silt argileux.
Deux matériaux de fondation typiques ont été retenus. Outre la pierre concassée
‘MG-20’, un matériau recyclé (excédent de matériau issu de la pulvérisation d’une
chaussée dégradée) est considéré comme matériau de fondation typique dans cette
étude. Le matériau recyclé a été intégré à l’étude du fait de l’important
développement de méthodes de réhabilitation de chaussées impliquant la
pulvérisation de la partie supérieure de la fondation, et de l’importance que ces
méthodes prendront dans l’avenir.
Les propriétés pertinentes de ces matériaux sont évaluées afin d’être introduites au
modèle d’analyse par élément finis : granulométrie, plasticité, dispersivité,
diagramme de Mohr-Coulomb, courbe proctor, CBR, module et angularité des
particules.
Ces essais consistent à mesurer l’enfoncement progressif, dans le sol, d’une tige
métallique sous l’effet des coups donnés par une masse lâchée d’une hauteur
constante. Après analyse des mesures recueillies sur le terrain, les valeurs d’indice
de pénétration déduites ont montré qu’il était possible de distinguer différentes zones
au sein d’une tranchée.
Ces essais ont été réalisés à intervalles réguliers sur plusieurs axes perpendiculaires
à l’axe de la tranchée. Les valeurs obtenues ont permis de cartographier la
distribution des indices de pénétration sur l’ensemble de la surface de la section de
tranchée.
A B C B A
15.4
7.7
46.238. 38.5
30.8 5
61.6 30.8
53.9
23.1 15.4
-200 8.530.8
463.2
38.5 15.4 30.8
46.2 15.4
30.8
53 38.5
.9 30.8
-400 6
61. 15.4
15.4 23.1
.9
53
-600 30.8
.5
y..mm.
38
53.9 38.5
61.6
15
7.7
.4
23
-800 .1
30.
8 7.7 46.2
5
38.
7.7
23.1
-1000
7.7 15.4
15.4 7.7
.8
-1200
30
23.1
15.4
0.0 7.7
Figure 2 - Isocontours tracés à partir des valeurs obtenues lors des essais de
pénétromètre dynamique dans une tranchée à Verdun
6.2 Essais de laboratoire
Afin de compléter les informations recueillies sur le terrain, des essais de laboratoire
ont été réalisés par l’Université Laval afin de caractériser les sols rencontrés. Ces
résultats sont présentés aux figures 3 et 4.
120
100
80
% passant
60
40
20
0
0.01 0.1 1 10 100
Diamètre des particlules (mm)
1940
Masse volumique sec (kg/m³)
1920
1900
1880
1860
1840
1820
0 5 10 15 20
Teneur en eau (%)
Des essais CBR ont ensuite été réalisés sur des échantillons portés à la teneur en
eau correspondant à un degré de compactage de 98% de l’optimum Proctor. Ces
résultats obtenus ont permis de calculer le module élastique du sol à partir de
relations empiriques (Chen et coll., 1999), afin de distinguer les différentes zones
dans le cadre des travaux de modélisation par éléments finis.
Ces travaux ont pour but d’observer qualitativement les mécanismes responsables
de l’augmentation ou de la perte de capacité portante d’un sol remanié puis
compacté lors des travaux réalisés dans le cadre d’une tranchée d’utilité publique.
L’analyse des simulations numériques permet de quantifier l’importance relative des
différents paramètres mis en cause (type de structures, propriétés des matériaux et
propriétés des géosynthétiques) et de prendre des décisions influençant le
dimensionnement du système, dont la pertinence sera ensuite validée par une
expérimentation sur site.
• la cohésion ,
• l’angle de friction ψ,
• la loi de comportement (linéaire élastique, élastique plastique,…).
Le modèle numérique a été réalisé avec le logiciel par éléments finis Sigma/W, qui
traite le problème en deux dimensions, la troisième étant considérée infinie. La figure
5 montre la structure sur laquelle ont été effectuées les premières simulations
numériques. Celle-ci est divisée en cinq zones :
• la zone 1 (en gris) correspond au revêtement,
• la zone 2 (en jaune) représente la fondation,
• la zone 3 représente le géosynthétique, le cas échéant,
• la zone 4 (en vert) correspond au sol support non remanié,
• la zone 5 (en bleu) s’étend de part et d’autre de l’épaulement et correspond à la
zone de transition ‘sol non remanié / tranchée’,
• la zone 6 (en rouge) correspond au centre de la tranchée, entièrement remanié.
Pour permettre les simulations numériques par éléments finis, les conditions limites
suivantes ont été fixées : le bas de la zone 4 a été bloqué en translation verticale
tandis que les côtés gauche et droit des zones 1, 2 et 4 ont été bloqués en
translation horizontale. Enfin, un maillage en quadrilatères a été utilisé. La figure 5
présente ce maillage qui a été choisi plus fin dans les endroits clés du problème, ce
qui correspond à la zone de la même longueur que le géosynthétique.
géosynthétique
560 kPa
Revêtement
Fondation
Sol support
Afin de vérifier que les valeurs obtenues étaient indépendantes de ce maillage, des
simulations préliminaires ont été effectuées en faisant varier de façon successive
différents paramètres. Les résultats obtenus n’ont montré aucune dépendance vis-à-
vis du maillage choisi qui a ensuite été utilisé pour l’ensemble des simulations
numériques.
Dans une zone résidentielle, il s’avère que l’usage de la route est très varié
(automobile, bicyclette, patins à roues alignées, etc.), ce qui nécessite une
déformation aussi faible que possible de la surface du revêtement. À cet effet, une
déformation verticale de la surface de roulement d’amplitude égale à 2% de la
largeur de la tranchée peut être considéré comme tolérable.
Par contre, les dégradations d’une chaussée située dans une zone sujette à un trafic
important, comme une artère industrielle, ne seront généralement pas considérées
comme problématiques par les usagers de la route dans la mesure où elles ne
dépassent pas certaines limites admissibles. Dans ce cas, une déformation verticale
de la surface de roulement d’amplitude égale à 4% de la largeur de la tranchée peut
être considéré comme tolérable.
Par ailleurs, ces travaux visent la modélisation de structures dont une partie du sol a
été remaniée. Aussi, les simulations sont réalisées avec le souci de ne pas sous-
estimer la nature variable de ce type de sol.
Pendant l’hiver 2000-2001 et l’été 2001, des planches expérimentales seront mises
en œuvre afin de valider sur site la faisabilité de la (les) solution(s) retenue(s), et de
documenter les travaux dans le but de faciliter l’introduction ultérieure de la technique
dans les municipalités.
L’analyse de l’ensemble des travaux du projet sera conduite et un avis final relatif au
renforcement de tranchées d’utilités publiques par des géosynthétiques sera produit
après au moins deux années d’expérimentation sur site.
9 REMERCIEMENTS
Les travaux réalisés dans le cadre du projet ont fait intervenir un grand nombre
d’expertises provenant d’horizons divers, toutes œuvrant dans le domaine du génie
routier municipal :
• La participation des ingénieurs municipaux a permis de définir précisément le
cahier des charges de la technique développée en partenariat avec les
utilisateurs futurs, en tenant compte de l’ensemble des contraintes techniques,
économiques, politiques et humaines propres à la réalité municipale.
• Les manufacturiers et distributeurs de géosynthétiques impliqués fournissent les
matériaux nécessaires à la réalisation des travaux d’expérimentation en
laboratoire et sur site, défraient une partie des coûts directs du projet et
assureront la diffusion des résultats dans les municipalités québécoises.
• L’Université Laval assure la réalisation des travaux théoriques, une partie des
essais de laboratoire et participera à l’analyse des résultats obtenus.
• SAGEOS a initié le projet et défini le programme de travail, coordonne l’ensemble
des travaux et assure la liaison entre les partenaires, assure la réalisation des
essais de laboratoire, s’assure que tous les aspects liés au comportement des
géosynthétiques seront pris en compte, et produira, en collaboration avec les
autres partenaires, une recommandation relative au champ d’application et à la
rentabilité de la technique proposée.
10 RÉFÉRENCES
ASTM D1883 (1994) Standard Test Method for CBR (California Bearing Ratio) of
Laboratory – Compacted Soils, ASTM Committee D-18 and Subcommittee D-18-
08 (Special Construction Control Tests)