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ANALYSE DE LA PROBLÉMATIQUE DU RENFORCEMENT DE TRANCHÉES

D’UTILITÉS PUBLIQUES PAR DES GÉOSYNTHÉTIQUES

Eric Blond
Directeur Technique
Centre des Technologies Géosynthétiques SAGEOS

Pascale Pierre
Chargée de recherche
Département de Génie Civil, Université Laval

Guy Doré
Professeur adjoint
Département de Génie Civil, Université Laval

Jacek Mlynarek
Directeur général
Centre des Technologies Géosynthétiques SAGEOS

INFRA 2000
13 au 15 novembre 2000
Centre des congrès de Laval
Laval, Québec
ANALYSE DE LA PROBLÉMATIQUE DU RENFORCEMENT DE TRANCHÉES
D’UTILITÉS PUBLIQUES PAR DES GÉOSYNTHÉTIQUES

E. Blond1, P. Pierre 2, G. Doré2, J. Mlynarek1


1
Centre des Technologies Géosynthétiques SAGEOS
2
Département de génie civil, Université Laval

INTRODUCTION
Le Centre des Technologies Géosynthétiques SAGEOS a mis sur pied un projet
visant l’amélioration du comportement des chaussées au niveau des tranchées, par
le biais du renforcement par géosynthétiques de la structure réhabilitée. Ce projet est
géré par SAGEOS et réalisé par SAGEOS en partenariat avec l’Université Laval et
cinq municipalités de la grande région de Montréal (Côte St-Luc, LaSalle, Montréal,
St-Hyacinthe et Verdun), avec l’appui financier des compagnies SOLMAX-TEXEL,
TENSAR-Québec et TEXEL, ainsi que du PARDIU – Programme d’aide à la
recherche dédiée aux infrastructures urbaines – pourvu par le MIC et géré par le
Centre d’Expertise et de Recherche en Infrastructures Urbaines (CERIU).

Ce document présente les résultats partiels obtenus dans le cadre de l’étude de pré-
faisabilité, de l’étude expérimentale et des travaux de modélisation numérique.

1 PROBLÉMATIQUE

1.1 Dégradation localisée des chaussées


Lors de l’intervention vers un réseau enfoui sous une chaussée, deux étapes des
opérations provoquent deux types de dégradation distinctes. Dans un premier temps,
le sol est excavé, ce qui a pour effet de provoquer une relaxation des contraintes
dans le sol adjacent à la tranchée, sur une largeur dépendante de la nature de ce
dernier (silt, argile). Le sol ainsi relaxé perd de sa portance, ce qui, à long terme,
augmente les contraintes de traction à la base du revêtement et favorise sa
dégradation aux abords de la zone excavée (fissuration de fatigue et déformations
permanentes).

Dans une deuxième étape, la tranchée est remblayée. Lors de cette phase des
travaux, on vise généralement l’obtention d’un degré de compactage maximal du
matériau de remblai afin de procurer à la structure réhabilitée une portance aussi
forte que possible. Pour aboutir à cette fin, un matériau de classe A est souvent
utilisé en lieu et place des matériaux naturels excavés, les sols supports québécois
étant souvent trop fins pour être adéquatement compactés.
Cependant, l’installation de ces matériaux grossiers dans un sol généralement fin
crée une discontinuité dans la nature même du sol support. Cette discontinuité
engendre alors inévitablement un comportement structural, hydraulique et thermique
différent aux abords de la coupe de ce qu’il est ailleurs. Cette différence de
comportement provoque une accélération importante de la dégradation de la qualité
de roulement en raison de l’apparition de comportements différentiels (soulèvements,
pénétration du gel, accumulation d’eau libre…) et de leurs conséquences sur la
fissuration du revêtement.

De plus, les causes de ces problèmes perdurent même après la fin de la durée de
vie des structures de chaussées sur lesquelles l’intervention a été pratiquée : les
réhabilitations ou reconstructions de chaussées n’incorporent en effet aucun travail
d’uniformisation du sol support, pour des raisons économiques évidentes.

Les objectifs d’un projet visant l’optimisation du comportement de tranchées peuvent


donc être posées en ces termes :
• Limiter les discontinuités thermiques, hydrauliques et structurales du sol support ;
• S’assurer que la portance de la zone remblayé et de la zone adjacente seront
aussi proches que possible de celle du sol support avant intervention.

Du fait de la nature des sols québécois, la mise en œuvre de ce concept est


cependant irréalisable avec les techniques de construction conventionnelles. Il
s’avère donc nécessaire de se tourner vers des technologies innovantes comme les
géosynthétiques pour remplir les exigences d’un tel cahier des charges.

1.2 Problématique municipale


En milieu municipal, le règlement de questions d’ordre strictement technique est
presque toujours couplé à des questions de gestion des opérations (chronologie,
planification), à des questions de formation de la main d’œuvre et à l’analyse du coût
de chaque intervention.

Afin de favoriser les chances de succès de la démarche, il s’avère donc essentiel de


considérer certains critères supplémentaires. La consultation des ingénieurs
municipaux partenaires du projet a permis de définir les éléments suivants (CERIU,
1995):
• Après analyse de l’ensemble des conditions de mise en œuvre et de service, on
doit aboutir à la recommandation d’une solution standard, ne nécessitant pas de
dimensionnement.
• La mise en œuvre de la nouvelle technique doit être peu complexe. Celle-ci ne
devrait se différencier que par quelques détails des techniques conventionnelles
bien connues des employés du service des travaux publics, afin de réduire la
formation requise pour le personnel de terrain.
• Les municipalités susceptibles d’adopter cette dernière ne devraient pas avoir à
acheter d’équipements spécialisés, à moins que le gain économique soit majeur.
• Il doit être possible à un surveillant de chantier de vérifier la qualité d’exécution
sans que ce dernier soit astreint à rester sur place pendant toute la durée de
l’intervention.
• Lors d’interventions ultérieures, il doit être possible de ré-excaver au même
endroit sans difficultés.
• La technique doit procurer une économie suffisamment importante pour justifier
une modification des pratiques courantes.

Les conditions d’acceptation de la technique par les municipalités ainsi définies ont
été ajoutées au cahier des charges du projet.

2 DESCRIPTION DE LA TECHNIQUE PROPOSÉE


Pour répondre à la problématique des tranchées en milieu urbain définie en ces
termes, un concept original faisant intervenir un géosynthétique de renforcement a
été créé par SAGEOS (figure 1).

Géosynthétique de Renforcement

Épaulement Épaulement

Revêtement
Fondation

Sol support

Tranchée comblée
avec les matériaux
excavés

Figure 1 - Concept de la technique de réhabilitation de tranchées proposée


Si l’on considère qu’une méthode conventionnelle consiste en un remplissage de
l’excavation par un matériau de classe A compacté à 95% du proctor, suivi de
l’installation de pierre concassée MG20 sur l’épaisseur de la fondation et recouvert
d’une couche d’enrobé, cette technique se distingue par les éléments suivants :
• Dans la mesure où celui-ci peut être manipulé, le sol support est réinstallé dans
l’excavation plutôt qu’un matériau d’emprunt, puis compacté autant que possible ;
• Une sur-excavation est pratiquée dans la fondation jusqu’au niveau de la ligne
d’infrastructure, tout autour de l’excavation ;
• Le fond de l’excavation est compacté au niveau de la ligne d’infrastructure de
façon à réduire les problèmes issus de la relaxation des contraintes dans le sol
adjacent à la tranchée ;
• Le géosynthétique choisi pour cette application est installé, celui-ci permettra de
créer un renforcement au-dessus de la zone excavée, plus molle ;
• La fondation est réinstallée par dessus le géosynthétique de renforcement et
compactée à 98% ;
• Le revêtement bitumineux est mis en place et un produit de scellement est installé
pour permettre d’assurer l’étanchéité entre l’ancien et le nouveau revêtement.

La principale hypothèse sur laquelle s’appuie ce concept est qu’un géosynthétique


de renforcement judicieusement choisi et installé permettra de compenser la
faiblesse structurale du matériau remblayé afin de préserver la continuité thermique,
hydraulique et structurale du sol support.

3 PROGRAMME EXPÉRIMENTAL
Afin de rencontrer ces objectifs, le projet est articulé autour de trois phase de travail :
1- Étude de pré-faisabilité ;
2- Étude expérimentale en laboratoire et modélisation ;
3- Expérimentation sur site.

Dans le cadre de l’étude de pré-faisabilité, deux tâches ont été accomplies :


a) Étude mécanique simplifiée de la technique.
b) Étude économique ;

Dans le cadre de l’étude expérimentale en laboratoire et de la modélisation, on


s’attarde à prédire le comportement des structures à long terme en procédant aux
travaux suivants :
• Mesure des propriétés pertinentes de sols typiques ;
• Mesure de l’état de contrainte du sol aux abords d’une tranchée pratiquée dans
ces sols ;
• Mesure des propriétés pertinentes de géosynthétiques ;
• Mesure des propriétés d’interface sol / géosynthétique ;
• Analyse par éléments finis de structures type et prédiction du comportement des
chaussées ;
• Vérification de la faisabilité économique, en fonction du coût des géosynthétiques
dont les propriétés correspondront aux exigences techniques, ainsi que du coût
de mise en œuvre de ces matériaux.

L’étape d’expérimentation sur site permettra de compléter les travaux :


• Documentation de la mise en œuvre pour fins de diffusion ;
• Observation du comportement des tranchées renforcées par des géosynthétiques
et validation de l’efficacité de la technique.

4 ÉTUDE DE PRÉ-FAISABILITÉ

4.1 Étude économique


Les travaux conduits dans le cadre de cette tâche se sont appuyés sur les résultats
d’une série de deux sondages effectués auprès d’un grand nombre de municipalités,
lesquels visaient la définition des conditions typiques devant être considérées dans
les domaines suivants (CERIU, 1995):
• Coût moyen de mise en œuvre des méthodes usuelles, coûts moyens des
matériaux, de la main d’œuvre et du transport ;
• Performance observée des méthodes usuelles ;
• Sols supports et matériaux de fondation typiques devant être considérés.

L’étude économique a été conduite de façon à identifier un coût maximum du


géosynthétique pour que la technique reste compétitive, en considérant qu’une
intervention conventionnelle aurait nécessité des interventions correctives dans 50 %
des cas. D’un point de vue géométrique, deux cas de figures ont été considérés,
lesquels ont conduit aux résultats suivants :
• Dans le cas d’une tranchée dont l’emprise dans la chaussée sera de 1m x 5m, le
coût maximum du géosynthétique est de 13.60 $/m² pour que la technique reste
compétitive ;
• Pour une tranchée dont l’emprise dans la chaussée sera de 2m x 3m (aqueduc /
égout typique), le coût maximum du géosynthétique est alors de 7.00 $/m² pour
que la technique reste compétitive.
4.2 Étude théorique simplifiée de la mécanique de la technique
Cette étape des travaux a été conduite dans le but de déterminer le mode de
fonctionnement le plus probable du géosynthétique, d’évaluer l’ordre de grandeur
des efforts que ce dernier aurait à supporter afin de valider l’utilisation possible de
géosynthétiques.

Cette analyse a permis de conclure que :


• Le géosynthétique fonctionne essentiellement en traction, en transformant la
structure de chaussée située au dessus de la tranchée en une ‘poutre composite’
dont le mode de fonctionnement s’apparente à une poutre de béton armé. Les
contraintes de circulation verticales seront transformées en contraintes
horizontales de traction et de compression : les matériaux de fondation situés à
proximité du revêtement reprendront des efforts de compression horizontale,
tandis que le géosynthétique reprendra des efforts de traction.
• Les principaux paramètres de dimensionnement du géosynthétique sont le
module d’élasticité d’une part, et la résistance à la limite élastique d’autre part.
Plus le module élastique sera élevé, plus faible sera la déformation de surface
requise pour que les efforts de traction se mobilisent dans le géosynthétique.
Ainsi, il est présumé qu’un géotextile non-tissé utilisé couramment pour la
séparation ne s’appliquera pas dans le cadre de cette technique, et qu’il faudra
plutôt s’orienter vers le choix de géosynthétiques de renforcement (géogrilles,
géotextiles renforcés).
• Le mode de rupture le plus probable du système est un glissement du
géosynthétique au niveau des zones d’appui latérales (zones d’ancrage), si le
géosynthétique est simplement déposé sur le sol et recouvert de matériaux
granulaires. Dans ce cas, la rupture du géosynthétique n’intervient qu’après le
glissement avec friction de celui-ci. Le mode d’ancrage latéral devra donc être
optimisé dans le cadre du projet.
• Les facteurs de sécurité devant être considérés sont similaires à ceux que l’on
considère dans le cadre du dimensionnement d’un mur de soutènement, et sont
au nombre de six (6), lesquels permettent de prendre en compte les incertitudes
relatives aux éléments suivants :
• Extrapolation des résultats des essais de caractérisation en laboratoire aux
conditions sur le site ;
• Durabilité du renforcement durant sa vie utile ;
• Fluage ;
• Variabilité des propriétés intrinsèques ;
• Risque d’endommagement du produit lors de son installation ;
• Coût associé à la rupture éventuelle de l’ouvrage.
5 ÉTUDE DE LABORATOIRE

5.1 Analyse des propriétés des matériaux granulaires


Trois sols support et deux types de matériaux de fondation ont été retenus pour la
réalisation d’essais de caractérisation et d’essai de comportement à l’interface sol-
géosynthétique. Ceux-ci ont été sélectionnés en considérant les matériaux
rencontrés sur le territoire des municipalités partenaires, et en choisissant ceux pour
lesquels des dégradations peuvent être observées et/ou ceux le plus fréquemment
rencontrés.

Les sols support retenus pour fin d’expérimentation sont un sable silteux, d’un silt
sableux et d’un silt argileux.

Deux matériaux de fondation typiques ont été retenus. Outre la pierre concassée
‘MG-20’, un matériau recyclé (excédent de matériau issu de la pulvérisation d’une
chaussée dégradée) est considéré comme matériau de fondation typique dans cette
étude. Le matériau recyclé a été intégré à l’étude du fait de l’important
développement de méthodes de réhabilitation de chaussées impliquant la
pulvérisation de la partie supérieure de la fondation, et de l’importance que ces
méthodes prendront dans l’avenir.

Les propriétés pertinentes de ces matériaux sont évaluées afin d’être introduites au
modèle d’analyse par élément finis : granulométrie, plasticité, dispersivité,
diagramme de Mohr-Coulomb, courbe proctor, CBR, module et angularité des
particules.

5.2 Analyse des propriétés des géosynthétiques


L’étude de pré-faisabilité a montré que les principales propriétés intervenant dans le
dimensionnement du système sont le module d’élasticité et la résistance à la limite
élastique des géosynthétiques, ainsi que les propriétés d’interface
sol/géosynthétique, notamment la résistance à l’ancrage dans le sol. Ces propriétés
font donc l’objet d’une évaluation en laboratoire pour une gamme de géosynthétiques
de structures diverses.

L’autre point mis en évidence dans le cadre de l’étude de pré-faisabilité est


l’importance des facteurs de sécurité intervenant dans le dimensionnement. La
connaissance de la valeur devant leur être attribuée fera l’objet d’une étude de
laboratoire détaillée comme suit :
• Durabilité du renforcement durant sa vie utile : Les produits candidats font l’objet
d’essais visant l’évaluation des propriétés résiduelles après exposition aux
contraintes environnementales susceptibles d’être rencontrées pendant la vie
utile de la technique, qui sont essentiellement l’exposition aux hydrocarbures ou à
d’autres types de contaminants et le vieillissement thermique accéléré.
• Fluage : les produits sont soumis à des essais de fluage à température ambiante,
ainsi qu’à basse température. L’influence des cycles de température susceptibles
d’être rencontrés pendant leur vie utile est aussi évaluée.
• Variabilité des propriétés intrinsèques : les résultats des essais font l’objet d’une
étude statistique.
• Risque d’endommagement du produit lors de son installation : des
géosynthétiques sont soumis à un endommagement contrôlé en laboratoire issu
du contact avec des matériaux granulaires, et les propriétés résiduelles sont par
la suite évaluée.
• Coût associé à la rupture éventuelle de l’ouvrage : cet aspect est déterminé en
mettant en relation les résultats de l’analyse économique, ceux de la modélisation
numérique et le prix de vente de produits disposant de propriétés connues.
• Extrapolation des résultats des essais de caractérisation en laboratoire aux
conditions sur le site : le coefficient de sécurité relatif à cet aspect reste déterminé
de façon arbitraire à cette étape des travaux. L’expérimentation sur site permettra
cependant d’améliorer la connaissance de ce facteur de sécurité.

6 CARACTÉRISATION IN-SITU DES TRANCHÉES EN MILIEU URBAIN


Les essais décrits ci-après ont été réalisés afin d’établir des caractéristiques
représentatives des sols devant être rencontrés dans le cadre du projet. Les
exemples choisis pour illustration sont basés sur des essais réalisés sur un des trois
sol retenus, qui est un silt argileux présent sur le territoire de la municipalité de
Verdun.

6.1 Essais de terrain


Tel que défini précédemment, une ces causes de la dégradation des chaussées aux
abords des tranchées est la relaxation des contraintes dans le sol adjacent à
l’excavation. Afin de disposer de données de terrain nécessaires pour prendre en
compte cet aspect dans le cadre des travaux de modélisation, l’Université Laval a
entrepris une série d’essais au pénétromètre dynamique en collaboration avec
certaines des villes partenaires du projet.

Ces essais consistent à mesurer l’enfoncement progressif, dans le sol, d’une tige
métallique sous l’effet des coups donnés par une masse lâchée d’une hauteur
constante. Après analyse des mesures recueillies sur le terrain, les valeurs d’indice
de pénétration déduites ont montré qu’il était possible de distinguer différentes zones
au sein d’une tranchée.

Ces essais ont été réalisés à intervalles réguliers sur plusieurs axes perpendiculaires
à l’axe de la tranchée. Les valeurs obtenues ont permis de cartographier la
distribution des indices de pénétration sur l’ensemble de la surface de la section de
tranchée.

La figure 2 permet de mettre en évidence le découpage naturel de la tranchée en


trois (3) zones distinctes dans sa section transversale :
• une première zone située sous les épaulements, constituée de matériau non
remanié (zone A),
• une deuxième zone située aux abords des parois de la tranchée (zone B),
• une troisième zone située au centre de la tranchée (zone C).

L’existence de ces zones a été prise en compte lors de l’établissement du modèle


d’étude par éléments finis puisqu’elle a une conséquence directe sur les propriétés
des différents matériaux. En effet, le sol de la zone A (matériau non remanié) semble
plus rigide tandis que des zones de faiblesse (de couleur rouge plus foncé) se
concentrent le long des parois de la tranchée. Ces essais de terrain semblent donc
confirmer l’existence d’une zone de transition plus faible se situant de part et d’autre
des parois de la tranchée. Cette zone de transition devrait ainsi faire l’objet d’une
bonne compaction lors des travaux de remblayage de la tranchée.

A B C B A
15.4
7.7
46.238. 38.5
30.8 5
61.6 30.8
53.9
23.1 15.4
-200 8.530.8
463.2
38.5 15.4 30.8
46.2 15.4
30.8

53 38.5
.9 30.8
-400 6
61. 15.4
15.4 23.1
.9
53

-600 30.8
.5
y..mm.

38

53.9 38.5
61.6
15

7.7
.4

23
-800 .1
30.
8 7.7 46.2
5
38.
7.7
23.1
-1000
7.7 15.4
15.4 7.7
.8

-1200
30

23.1
15.4

0.0 7.7

50 100 150 200 250 300 350


x..cm.

Figure 2 - Isocontours tracés à partir des valeurs obtenues lors des essais de
pénétromètre dynamique dans une tranchée à Verdun
6.2 Essais de laboratoire
Afin de compléter les informations recueillies sur le terrain, des essais de laboratoire
ont été réalisés par l’Université Laval afin de caractériser les sols rencontrés. Ces
résultats sont présentés aux figures 3 et 4.

120

100

80
% passant

60

40

20

0
0.01 0.1 1 10 100
Diamètre des particlules (mm)

Figure 3 - Courbe granulométrique du sol de la tranchée sondée

1940
Masse volumique sec (kg/m³)

1920

1900

1880

1860

1840

1820
0 5 10 15 20
Teneur en eau (%)

Figure 4 - Courbe proctor du sol de la tranchée sondée


La masse volumique maximale à une teneur en eau optimale a ainsi pu être déduite.
C’est ensuite cette valeur qui a été retenue pour l’étude, après conversion en poids
volumique.

Des essais CBR ont ensuite été réalisés sur des échantillons portés à la teneur en
eau correspondant à un degré de compactage de 98% de l’optimum Proctor. Ces
résultats obtenus ont permis de calculer le module élastique du sol à partir de
relations empiriques (Chen et coll., 1999), afin de distinguer les différentes zones
dans le cadre des travaux de modélisation par éléments finis.

7 PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DE TRANCHÉES PAR ANALYSE PAR


ÉLÉMENTS FINIS

7.1 Méthode d’analyse retenue


Dans le cadre de l’étude théorique simplifiée de la mécanique de la technique, il est
apparu que de nombreux phénomènes interviennent dans le mécanisme de
renforcement des tranchées urbaines par des géosynthétiques. Aussi une simulation
numérique du phénomène a été jugée nécessaire afin de prendre en compte
l’influence d’un plus grand nombre de variables, en particulier la composante
horizontale des mouvements de sol issue de la relaxation des contraintes aux abords
de la tranchée.

Ces travaux ont pour but d’observer qualitativement les mécanismes responsables
de l’augmentation ou de la perte de capacité portante d’un sol remanié puis
compacté lors des travaux réalisés dans le cadre d’une tranchée d’utilité publique.
L’analyse des simulations numériques permet de quantifier l’importance relative des
différents paramètres mis en cause (type de structures, propriétés des matériaux et
propriétés des géosynthétiques) et de prendre des décisions influençant le
dimensionnement du système, dont la pertinence sera ensuite validée par une
expérimentation sur site.

Le modèle proposé repose sur un certain nombre d’hypothèses :


• aucun effet de voûte ne se manifeste au-dessus de la tranchée,
• le revêtement bitumineux n’intervient aucunement dans la distribution des efforts
dus à la circulation,
• le sol support et les matériaux composant la chaussée sont homogènes et
isotropes,
• le comportement du géosynthétique de renforcement est assimilé à celui d’une
couche de très faible épaisseur d’un matériau isotrope.
Les données introduites dans les simulations numériques sont les suivantes, pour
l’ensemble des matériaux impliqués :
• le module élastique E,
• le coefficient de Poisson ν,

• la cohésion ,

• l’angle de friction ψ,
• la loi de comportement (linéaire élastique, élastique plastique,…).

Le modèle numérique permet de simuler le comportement d’une tranchée remblayée


avec un sol remanié puis compacté, soumise à un chargement uniaxial vertical,
correspondant à la circulation de véhicules sur la chaussée en conditions de services
normales.

Le modèle numérique a été réalisé avec le logiciel par éléments finis Sigma/W, qui
traite le problème en deux dimensions, la troisième étant considérée infinie. La figure
5 montre la structure sur laquelle ont été effectuées les premières simulations
numériques. Celle-ci est divisée en cinq zones :
• la zone 1 (en gris) correspond au revêtement,
• la zone 2 (en jaune) représente la fondation,
• la zone 3 représente le géosynthétique, le cas échéant,
• la zone 4 (en vert) correspond au sol support non remanié,
• la zone 5 (en bleu) s’étend de part et d’autre de l’épaulement et correspond à la
zone de transition ‘sol non remanié / tranchée’,
• la zone 6 (en rouge) correspond au centre de la tranchée, entièrement remanié.

Lors de sa programmation en éléments finis avec le logiciel Sigma/W, cette structure


a été soumise à une charge uniformément répartie de 560 kPa, valeur qui
correspond le mieux à un chargement réel. Les propriétés des matériaux sont issues
des travaux de laboratoire et des relevés de terrain.

Pour permettre les simulations numériques par éléments finis, les conditions limites
suivantes ont été fixées : le bas de la zone 4 a été bloqué en translation verticale
tandis que les côtés gauche et droit des zones 1, 2 et 4 ont été bloqués en
translation horizontale. Enfin, un maillage en quadrilatères a été utilisé. La figure 5
présente ce maillage qui a été choisi plus fin dans les endroits clés du problème, ce
qui correspond à la zone de la même longueur que le géosynthétique.
géosynthétique
560 kPa
Revêtement
Fondation

Sol support

Figure 5 - Représentation de la structure et du maillage utilisée pour la modélisation

Afin de vérifier que les valeurs obtenues étaient indépendantes de ce maillage, des
simulations préliminaires ont été effectuées en faisant varier de façon successive
différents paramètres. Les résultats obtenus n’ont montré aucune dépendance vis-à-
vis du maillage choisi qui a ensuite été utilisé pour l’ensemble des simulations
numériques.

7.2 Conditions retenues


7.2.1 Structures de chaussée considérées
Bien que toutes les structures ne soient pas identiques, deux modèles de structure
typiquement rencontrées en milieu municipal ont été définis pour la modélisation. La
première correspond à une structure de chaussée souple supportant une circulation
importante, tandis que la seconde s’apparente aux structures légères installées dans
les rues résidentielles à faible circulation. Les épaisseurs des deux structures sont
résumées au tableau 1 :

Tableau 1 : propriétés géométriques des structures de chaussée retenues

Chaussée résidentielle Artère industrielle

Revêtement bitumineux 80 mm 150 mm

Fondation granulaire 350 mm 550 mm

Sol support Semi-infini Semi-infini


7.2.2 Critères de performance considérés
Le critère de performance considéré est le tassement maximum à long terme de la
surface de roulement, au centre de la tranchée. Celui-ci a été défini par consultation
des ingénieurs municipaux partenaires du projet. Ces travaux ont été réalisés en
considérant les attentes de la population, qui sont variables en fonction de la
vocation de la chaussée, comme le montre le nombre de plaintes formulées aux
services techniques par type de chaussée.

Dans une zone résidentielle, il s’avère que l’usage de la route est très varié
(automobile, bicyclette, patins à roues alignées, etc.), ce qui nécessite une
déformation aussi faible que possible de la surface du revêtement. À cet effet, une
déformation verticale de la surface de roulement d’amplitude égale à 2% de la
largeur de la tranchée peut être considéré comme tolérable.

Par contre, les dégradations d’une chaussée située dans une zone sujette à un trafic
important, comme une artère industrielle, ne seront généralement pas considérées
comme problématiques par les usagers de la route dans la mesure où elles ne
dépassent pas certaines limites admissibles. Dans ce cas, une déformation verticale
de la surface de roulement d’amplitude égale à 4% de la largeur de la tranchée peut
être considéré comme tolérable.

7.2.3 Résultats préliminaires


La figure 6 présente la structure déformée suite à l’application du chargement
obtenue lors des premières simulations numériques effectuées avec le logiciel
Sigma/W.
Figure 6 - Structure déformée suite à l’application du chargement
Dans la figure 6, le maillage noir correspond au maillage initial, c‘est-à-dire avant
chargement, tandis que le maillage rouge représente la maillage déformé de la
structure après chargement, avec un grossissement exagérant les déformations
verticales par un facteur multiplicatif de 5.

La figure 6 montre la déflexion d’environ 100 mm au centre de la tranchée obtenue


après application d’une charge de 560 kPa sur une structure sans géosynthétique.
Cet exemple se veut qualitatif et fait partie des premières simulations qui ont permis
de vérifier la validité du modèle utilisé. Le logiciel Sigma/W permet également
d’obtenir les contraintes engendrées par l’application de la charge en fonction des
différents matériaux présents dans la structure, en particulier aux endroits
stratégiques: les extrémités du géosynthétique correspondant à d’éventuels zones
d’ancrage ainsi qu’à mi-longueur du géosynthétique. Les premières simulations ont
confirmé l’influence de la zone de transition située entre le sol support non remanié
et le sol de la tranchée remanié et compacté sur la déflexion de la chaussée.

7.2.4 Étude paramétrique


En raison du nombre important de paramètres à prendre en compte, il semble
pertinent de procéder par optimisation. Il s’agit donc d’analyser l’influence d’un seul
paramètre, de ne conserver que la ou les solutions les plus intéressantes, en
considérant néanmoins la question pratique de mise en œuvre, pour continuer les
simulations. Les variables à conserver intégralement sont les propriétés des trois
sols supports et des deux sols de fondation. Les simulations sont effectuées de
façon à obtenir quelques solutions optimales exprimées en fonction de la
déformation centrale, du type de géosynthétique utilisé et de l’effort d’ancrage à
l’extrémité du géosynthétique.

Par ailleurs, ces travaux visent la modélisation de structures dont une partie du sol a
été remaniée. Aussi, les simulations sont réalisées avec le souci de ne pas sous-
estimer la nature variable de ce type de sol.

La modélisation qui se poursuit actuellement à l’Université Laval porte en particulier


sur l’influence du module élastique du géosyntétique. Cette étude paramétrique vise
l’observation et l’analyse des mécanismes intervenant dans le comportement de
tranchées d’utilité publique, ainsi que la quantification de la déformation permanente
au centre d’une tranchée renforcée ou non avec un géosynthétique. En outre, ces
travaux permettront de proposer des solutions d’ancrage des géosynthétiques à
partir des données obtenues grâce aux simulations numériques.
8 POURSUITE DES TRAVAUX
Dans un premier temps, les propriétés des matériaux sélectionnés seront évaluées,
ainsi que les facteurs de sécurité définis précédemment. Ces données seront ensuite
utilisées lors de la réalisation de l’étude paramétrique supportée par les travaux de
modélisation par éléments finis.

Parallèlement, d’autres essais de laboratoire seront conduits afin de faciliter la


transposition de ces résultats à la réalité municipale, en particulier pour la question
d’ancrage du géosynthétique.

Les résultats seront alors analysés dans le but de définir la rentabilité de la


technique, en s’appuyant sur la structure finalement retenue.

Pendant l’hiver 2000-2001 et l’été 2001, des planches expérimentales seront mises
en œuvre afin de valider sur site la faisabilité de la (les) solution(s) retenue(s), et de
documenter les travaux dans le but de faciliter l’introduction ultérieure de la technique
dans les municipalités.

L’analyse de l’ensemble des travaux du projet sera conduite et un avis final relatif au
renforcement de tranchées d’utilités publiques par des géosynthétiques sera produit
après au moins deux années d’expérimentation sur site.

9 REMERCIEMENTS
Les travaux réalisés dans le cadre du projet ont fait intervenir un grand nombre
d’expertises provenant d’horizons divers, toutes œuvrant dans le domaine du génie
routier municipal :
• La participation des ingénieurs municipaux a permis de définir précisément le
cahier des charges de la technique développée en partenariat avec les
utilisateurs futurs, en tenant compte de l’ensemble des contraintes techniques,
économiques, politiques et humaines propres à la réalité municipale.
• Les manufacturiers et distributeurs de géosynthétiques impliqués fournissent les
matériaux nécessaires à la réalisation des travaux d’expérimentation en
laboratoire et sur site, défraient une partie des coûts directs du projet et
assureront la diffusion des résultats dans les municipalités québécoises.
• L’Université Laval assure la réalisation des travaux théoriques, une partie des
essais de laboratoire et participera à l’analyse des résultats obtenus.
• SAGEOS a initié le projet et défini le programme de travail, coordonne l’ensemble
des travaux et assure la liaison entre les partenaires, assure la réalisation des
essais de laboratoire, s’assure que tous les aspects liés au comportement des
géosynthétiques seront pris en compte, et produira, en collaboration avec les
autres partenaires, une recommandation relative au champ d’application et à la
rentabilité de la technique proposée.

Ce mode de fonctionnement peut être considéré comme optimal pour la réalisation


de travaux de recherche et développement destinés au marché municipal.
L’implication d’experts de tous les milieux impliqués permet en effet de réaliser
chacune des phases des travaux en utilisant la meilleure expertise disponible. Il faut
souligner le fait que cette approche est possible du fait de l’existence du programme
PARDIU, issu du MIC et géré par le CERIU.

De ce fait, les auteurs remercient :


• Le CERIU et le MIC pour la mise en œuvre du programme ‘PARDIU’, qui a
permis la réalisation de ce projet, ainsi que pour le financement de ce dernier,
• Les municipalités de Côte St-Luc, LaSalle, Montréal, St-Hyacinthe et Verdun,
pour leur implication technique et financière,
• Les compagnies SOLMAX-TEXEL, TEXEL et TENSAR pour leur support et leur
implication financière dans le projet,
• L’équipe de SAGEOS, en particulier Martin Bouthot pour son implication dans
l’analyse mécanique théorique réalisée dans le cadre de l’étude de préfaisabilité,
ainsi que Eric Fauteux pour les travaux d’analyse et de laboratoire réalisés
pendant son séjour chez SAGEOS,
• Madame Laetitia Clairet pour la caractérisation in-situ (essais de terrain et de
laboratoire) effectuée au cours de l’été 2000 ainsi que pour la modélisation des
tranchées urbaines en utilisant le logiciel Sigma/W.

10 RÉFÉRENCES
ASTM D1883 (1994) Standard Test Method for CBR (California Bearing Ratio) of
Laboratory – Compacted Soils, ASTM Committee D-18 and Subcommittee D-18-
08 (Special Construction Control Tests)

Blond, E., Bouthot, M. et Mlynarek, J. (1998) Rapport d’étape – étude de


préfaisabilité – du projet : « Développement d’une technique de réhabilitation de
tranchées d’utilité publique avec application de géosynthétiques de
renforcement »

BNQ 2501-250 (1983) Norme Sols – Détermination de la relation teneur en eau –


masse volumique – Essai proctor normal, Bureau de la Normalisation du Québec

CERIU (1995) Inventaire des besoins des en recherche et développement » :


rencontre avec les municipalités du Québec, Octobre 1994 à Mai 1995
Chen, J., Hossain, M., and La Torella T. M. (1999) Use of Falling Weight
Deflectometer and Dynamic Cone Penetrometer in Pavement Evaluation, 78th
annual Meeting of the Transportation Research Board, Washington

Fauteux, E. (2000) Résultats partiels du programme d’expérimentation en laboratoire


réalisé dans le cadre du projet « Développement d’une technique de réhabilitation
de tranchées d’utilité publique avec application de géosynthétiques de
renforcement’», rapport interne, SAGEOS

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