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le Messager d’Allah
Abdurahman Abdulkarim
Al-Sheha
1427 H
[4616]
© Abdurahman Abdulkarim Al-Sheha, 2006
King Fahd National Library Cataloging-in-Publication Data
Al-Sheha Abdurahman Abdul-kareem
Muhammad le Messager d’Allah / Abdurahman
Abdul-kareem Al-Sheha
P: 96 - 21x14 cm
ISBN: 9960-52-208-3
L.D.no. 1427/461
ISBN: 9960-52-208-3
2
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3
4
ijk
Introduction
Louange à Allah, Seigneur souverain1 de l’Univers. Que Sa
miséricorde et Sa paix soient sur notre Prophète Muhammad, sur sa
famille et tous ses Compagnons.
Parler de Muhammad 2, le Messager de l'Islam, revient à parler de
la personnalité la plus influente de tous les temps. Il ne s’agit pas
d’une affirmation gratuite. En effet, quiconque lit sa biographie,
prend connaissance de sa moralité et ses vertus, se défait de tout
fanatisme religieux et des penchants personnels, témoignera de la
véracité de notre jugement. Nous prendrons à témoins les
impartiaux parmi les non musulmans.
Le Professeur Hassan Ali –qu'Allah lui accorde la miséricorde– dit
dans le magazine Nouroul Islam3 qu’un de ses amis de confession
brahmanique lui a dit un jour : «J’estime que le Messager de l'Islam
est l'homme le plus grand et le plus parfait de tous les temps. Le
Professeur Hassan Ali lui rétorqua : –Pourquoi le Messager de
l'Islam est-il, à ton avis, l’homme le plus parfait de l'histoire ? Il
répondit : –Parce qu'il rassemblait en lui diverses qualités et
conduites morales telles qu'on en a connues chez personne d'autre
dans l’histoire universelle : il fut un roi à qui étaient soumises toutes
1
Le mot arabe, Allah, renferme à la fois le sens de "Dieu" et
"divinité". Cependant, Rabb, lui, n’a pas d’équivalent exact en
français. Il peut prendre le sens de Créateur, Seigneur, Propriétaire,
Maître, Roi, Concepteur, Pourvoyeur, Celui sur qui dépendent toutes
les créatures en termes de moyens de subsistance, Celui qui donne et
ôte la vie, etc.
2
Terme arabe qui signifie : "Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui".
3
Voir Mounir Suleyman An-Nadwy, Ar-rissalah al-Muhammadiyah,
pp 114-115
5
ses contrées. Pourtant, il restait humble et estimait qu’il n’avait
aucune part dans cet état des choses. Selon lui, le pouvoir était
entièrement entre les mains de son Seigneur.
Il était immensément riche : des chameaux chargés des trésors
affluaient de toutes parts à destination de sa capitale. Malgré tout, il
restait dans le besoin. On passait des journées entières chez lui sans
mettre une marmite au feu. Très souvent, il se ployait sous le coup
de la faim.
Il était un grand commandant : à la tête d’une armée peu
nombreuse et sous-équipée, il infligeait des défaites cuisantes à des
milliers de soldats armés jusqu’aux dents. Cependant, en tant
qu’homme épris de paix, il optait pour la signature des accords de
paix qu'il respectait loyalement, bien qu'ayant à sa disposition des
milliers de Compagnons courageux, valeureux et enthousiastes,
tous prêts à se battre individuellement, sans crainte aucune, contre
de milliers d'ennemis (ce fut le cas lors de l’expédition d’Al
Houdeibya). Il restait tout de même sensible, compatissant et
clément. Il s’abstenait, dans la mesure du possible, de verser une
seule goutte de sang. Il était préoccupé par les problèmes de
l’ensemble de la Péninsule Arabique tout en restant à l'écoute de
son foyer, de ses épouses, de ses enfants et des pauvres et indigents
musulmans. Il s’attelait à ramener sur le droit chemin les gens qui
avaient oublié leur Créateur.
En un mot, c’était un homme préoccupé par le bien-être et
l'épanouissement de l'humanité, sans pour autant sombrer dans
l'accumulation des biens de ce bas monde. Il se consacrait au plus
haut point au culte exclusif d’Allah et toutes ses actions ne visaient
qu'à Lui plaire. Il se trouvait dans ce monde mais n’y était pas,
parce que son cœur n’était attaché qu’à Allah et à ce qu’Il a agréé.
Il ne s’était jamais vengé de personne pour l'avoir personnellement
offensé. Au contraire, il implorait le bien en faveur de ses ennemis.
Cependant, il ne pardonnait pas aux ennemis d’Allah. Il ne leur
donnait aucun répit. Il mettait sans cesse en garde ceux qui
obstruent le chemin d’Allah contre le châtiment de la Géhenne.
Dans ce bas monde, il menait une vie ascétique. Il était adorateur et
évoquait Allah toute la nuit durant. Il se confiait sans cesse à Lui.
On rapporte également qu’il était un soldat valeureux qui se rendait
6
lui-même au front, son épée à la main. C’était un Messager sage, un
Prophète infaillible et vainqueur qui conquérait des nations tout
entières pour l'amour de Dieu.
Il se couchait sur une natte en feuilles de palmier dattier et son
oreiller était rembourré de fibres végétales alors qu’il avait toutes
les qualités d’un sultan ou d’un roi des pays arabes. Les gens de sa
maison vivaient des situations de misère et de malheur alors qu’il
recevait d’importantes richesses venant des quatre coins de la
Péninsule Arabique.
Un jour, alors que se trouvaient des troupeaux de chameaux sur
l’esplanade de sa mosquée, Fatima, sa fille chérie, vint le trouver
pour se plaindre des douleurs qu'elle ressentait aux bras, du fait de
l'utilisation du moulin à bras, et de la marque laissée par le transport
de l'outre sur son corps. Bien qu'à ce moment-là il était en train de
distribuer aux musulmans les captifs et captives de guerre qu’Allah
leur avait fait gagnés, le Messager ne se contenta que d'invoquer
Dieu en faveur de sa fille et de lui apprendre comment le faire elle-
même.
Dans le même ordre d'idées, en promenant son regard dans son
appartement un jour, son Compagnon Oumar4 5 ne trouva qu’une
natte de paille, sans literie, sur laquelle s’était couché le Messager
. Ladite natte avait même laissé des traces sur son flanc. Il n’y
avait en tout et pour tout dans sa maison que la mesure d’un sâ’a
d’orge dans un récipient en plus d’une vieille petite outre d'eau
accrochée à un pieu. C’est tout ce que possédait le Messager
d’Allah le jour où la moitié des Arabes s’étaient soumis à lui.
Lorsqu’Oumar vit tout cela, il ne put s’empêcher de verser les
larmes. Le Messager d’Allah lui demanda alors : « Pourquoi
pleures-tu ? – Ô Envoyé d’Allah, répondit-t-il, j’essaie juste
d’établir un parallèle entre ta situation et celle de Chosroês et César
qui savourent toutes sortes de plaisir dans ce monde. Pourquoi pas
4
L’un des Compagnons les plus proches du Prophète et deuxième
calife de l’Islam.
5
Terme arabe qui signifie : « Qu’Allah soit satisfait de lui». Il s’agit
d’une formule de prière réservée spécifiquement aux Compagnons du
Prophète.
7
toi qui es l’Envoyé d’Allah de surcroît ? –N’es-tu donc pas satisfait,
répliqua-t-il, qu’ils aient les biens de ce bas monde, et que, nous,
nous ayons ceux de la vie future ? »
En compagnie d'Al Abbas (l’oncle du Prophète ), Abû Soufyan
encore hostile à l'Islam observait les combattants musulmans
précédés par plusieurs étendards lorsque le Messager d’Allah et
son armée assiégèrent la Mecque pour la conquérir. Abû Soufyan
prit alors peur de l'immensité de la foule de combattants de départ
et des tribus musulmanes qui les avaient rejoints pendant qu’ils
marchaient sur la vallée de la Mecque comme un torrent
envahissant que rien ni personne ne pouvait endiguer. Il dit alors à
son compagnon : « Ô Abbas, ton neveu est devenu un grand roi. Al
Abbas lui répondit : – Ceci n’a rien à voir avec la royauté, ô Abû
Soufyan ; il ne s’agit que de la prophétie et du message divin ».
Alors qu’il était encore dans le christianisme, Ady At-Tâiy, chef
des Taiy et fils du très célèbre Hâtim, qui est un modèle en matière
de largesse et de générosité, se présenta un jour à l’assemblée du
Messager . Lorsqu’il vit le respect accordé au Messager par
ses Compagnons, munis de leurs équipements du djihad (tels que
les armes et les armures), il eut beaucoup de peine à faire la part des
choses entre la prophétie et le pouvoir : il se demanda si celui-ci
était le roi des rois ou un Messager parmi les Messagers d’Allah ?
Pendant que cette question le préoccupait, une habitante de Médine,
pauvre et esclave de son état, vint trouver le Prophète et lui dit : «
Je veux, ô Messager d’Allah, te dire quelque chose en secret. Le
Prophète lui répondit –Dans quelle rue de Médine veux-tu me
parler en toute discrétion ? » Puis, il se leva avec elle et résolut son
problème. Lorsqu’Ibn Hâtim At-Tâiy vit cette grande modestie du
Messager alors qu’il était parmi ses Compagnons comme un roi
majestueux, son illusion se dissipa et la vérité se manifesta
clairement devant lui. Il eut dès lors la ferme conviction qu’il
s’agissait effectivement d’un message d’Allah. Il se débarrassa de
sa croix, puis entra avec les Compagnons du Messager d’Allah
dans la lumière de l'Islam.»
8
Nous évoquerons des déclarations de certains orientalistes6 au sujet
de Muhammad . En tant que musulmans, croyant en son message
et en sa prophétie, nous n’avons pas besoin de ce genre de
références pour nous convaincre de la véracité du message divin.
Toutefois, notre démarche s’inscrit dans une double logique :
– celle du rappel et d'avertissement aux musulmans de nom qui se
sont détournés de leur Prophète et de ses enseignements. Ainsi
pourraient-ils reprendre le chemin de leur religion avec toute la
conviction nécessaire ;
– celle de permettre aux non musulmans qui nous liront de
comprendre effectivement, de la bouche de leurs coreligionnaires,
qui est réellement ce Messager digne de confiance. Peut-être
emprunteront-ils la bonne voie qu'est l'Islam.
Que nos lecteurs se débarrassent de tout préjugé en ce qui concerne
la recherche de la vérité, fut-elle à travers le présent manuel ou tout
autre document islamique.
Puisse Allah ouvrir nos cœurs à la vérité. Qu’Il nous oriente et nous
guide dans la bonne voie.
6
Il convient de savoir que les orientalistes ont des objectifs
divergents lorsqu’ils étudient l'Islam. Parmi eux, il y en a qui ont
pour but de rechercher la vérité et en général, Allah leur permet de
connaître cette vérité qu’est l'Islam et de la suivre. Il y en a aussi qui
étudient l'Islam dans le but de détecter ses points faibles afin de le
combattre et le détruire en orchestrant le doute et les fausses
accusations.
9
La généalogie de Muhammad
7
Mouslim, 2276
10
nous introduisit auprès de l’empereur, et nous le vîmes assis dans la
salle de conseil, le front ceint d’un diadème. Entouré de hauts
dignitaires Grecs, il dit à son interprète : –Demande-leur lequel
d’entre eux est le plus proche parent de cet homme qui prétend être
Prophète. –C’est moi, répondis-je. –Et quel est ton degré de parenté
avec lui, interrogea César. –C’est mon cousin [mot-à-mot : Le fils
de mon oncle paternel], repartis-je.
(En tout honnêteté, il n’y avait dans la caravane aucun autre Banoû
Abdu Manâf que moi). –Qu’on le fasse approcher, dit l’empereur
qui donna aussitôt l’ordre qu’on plaçât mes compagnons juste
derrière moi.
Ensuite, il dit à son interprète. –Dis-leur que je vais interroger cet
homme au sujet du prétendu Prophète. Que ses compagnons le
contredisent immédiatement s'il ment. (Or, par Allah, si je n’avais
eu honte alors de voir mes mensonges éventuellement dénoncés par
mes compagnons, j’eusse menti lorsque l’empereur m’interrogea
sur Muhammad. C'est pourquoi je pris la résolution de dire la
vérité). César dit à son interprète : –Demande-lui quel rang la
famille de ce Prophète occupe chez les leurs. –Il est de bonne
naissance, répondis-je. –Quelqu’un parmi vous a-t-il jamais tenu
avant lui des discours semblables ? –Non. –Le soupçonniez-vous
de mensonge avant qu’il tînt ce discours ? –Non. –Y a-t-il eu des
rois parmi ses ancêtres ? –Non. –Ses partisans se recrutent-ils dans
les hautes classes ou parmi les humbles ? –Parmi les humbles. –
Leur nombre augmente-t-il ou va-t-il décroissant ? –Il augmente. –
Y en a-t-il parmi eux qui, après avoir adopté sa religion, la prennent
ensuite en aversion et apostasient ? –Non. –Trahit-il ses
engagements ? –Non, mais nous avons conclu une trêve avec lui en
ce moment, et nous craignons qu’à ce propos, il ne la viole ». Cette
réponse fut la seule où je pus glisser une insinuation défavorable au
Prophète, sans craindre de la voir relever ».
Poursuivant ses questions, l’empereur dit : « Avez-vous été en
guerre avec lui ? –Oui, répondis-je. –Quelle a été l’issue des
combats ? –La guerre entre nous a eu des alternatives : il a eu des
moments de victoire sur nous autant que nous avons parfois eu à
prendre le dessus. –Et que vous ordonne-t-il donc ? –Il nous
ordonne de n’adorer qu’Allah seul, de n'associer à Lui aucun être,
11
de renoncer au culte de nos pères, de faire la prière, l’aumône,
d’être chastes, de tenir nos engagements et de rendre les dépôts à
nous confiés. »
Après avoir entendu mes propos, l’empereur dit à son interprète :
« Dis-lui : Je t’ai interrogé au sujet de sa famille et tu m’as prétendu
qu’il était de bonne naissance. Or Allah a toujours choisi Ses
Messagers parmi les nobles de leurs communautés respectives.
Je t’ai demandé si parmi vous quelqu'un, avant lui, aurait eu à tenir
un discours semblable, et tu as prétendu que non. Alors en moi-
même j’ai pensé que si quelqu'un avant lui avait tenu les mêmes
propos, j’aurais pu croire que cet homme ne fait qu’imiter ses
prédécesseurs.
Je t’ai demandé si avant qu’il ne tînt ce discours, vous le
soupçonniez d’être un menteur, et tu as prétendu que non. J’ai
compris par là que, s’il n’était pas homme à mentir à l’égard de ses
semblables, il ne pouvait, à plus forte raison, mentir à l’égard
d’Allah.
Je t’ai demandé s'il y a eu des rois parmi ses ancêtres, et tu as
prétendu que non. J’ai alors pensé que si quelqu'un parmi ses
ancêtres avait régné, je me serais dit : Cet homme cherche à
remonter sur le trône de ses pères.
Je t’ai demandé si ses adeptes se recrutaient parmi les humbles ou
parmi les grands, et tu as répondu que c’était parmi les humbles. En
fait, c’est toujours eux qui forment les partisans des Prophètes.
Je t’ai demandé s’ils augmentaient en nombre ou s’ils diminuaient
au contraire, et tu as prétendu que leur nombre était de plus en plus
important. Or, c’est bien là le propre de la foi de croître jusqu'à sa
complète évolution.
Je t’ai demandé si quelques-uns d’entre eux, après avoir embrassé
sa religion, s’en sont détournés pour la prendre en aversion, et tu as
prétendu que non. Et c’est bien ainsi qu’il en est de la foi : les cœurs
que sa grâce a pénétrés ne la prennent pas en aversion.
Je t’ai demandé s’il manquait à ses engagements, et tu as prétendu
que non : il en est ainsi des Prophètes, ils ne trahissent point.
Je t’ai demandé si vous avez été en guerre contre lui, et tu as
prétendu que oui, que la guerre entre vous avaient eu des
alternatives, tantôt à son avantage, tantôt au vôtre. Il en est ainsi des
12
Prophètes : ils subissent des épreuves, mais le succès final leur
appartient.
Je t’ai demandé ce qu’il ordonnait, et tu as prétendu qu’il vous
interdisait d’adorer ce qu’adoraient vos ancêtres, qu’il vous
prescrivait la prière, l’aumône, la pureté des mœurs, le respect de
vos engagements et la restitution des dépôts à vous confiés.
Tout cela, poursuivit César, répond bien au portrait d’un vrai
Prophète. Je savais bien que cet homme allait paraître, mais je
n'imaginais pas qu’il serait des vôtres (les Arabes). Si tu as dit vrai,
il ne s’en faut guère que cet homme conquière cet endroit même où
je me trouve. Quant à moi, s’il m’était possible de l’approcher, je
m’efforcerais de le rencontrer. Et si j’étais auprès de lui, je lui
laverais les pieds ».
Ensuite l’empereur fit apporter la lettre de l’Envoyé d’Allah . On
la lut et elle fut ainsi conçue :
« Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
De la part de Muhammad, adorateur [esclave] et Messager d’Allah,
à Héraclius, le chef des Grecs. Paix sur quiconque suit la bonne
voie. Je t’invite à la foi musulmane. Convertis-toi à l'Islam, tu seras
sauvé, convertis-toi à l'Islam, Allah te donnera une double part de
récompense. Si tu t'en détournes, tu seras en outre responsable des
péchés de tes sujets ;
Dis : “ô gens du Livre, venez à une parole commune entre
nous et vous : que nous n’adorions qu’Allah, sans rien Lui
associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour
seigneurs en dehors d’Allah”. Puis, s’ils tournent le dos, dites :
“Soyez témoins que nous, nous sommes soumis”8».
Abû Soufyân poursuit son récit en ces termes : « Lorsque Héraclius
eut fini de parler, des cris violents furent poussés par les grands
personnages grecs qui l’entouraient, et un grand tumulte s’éleva ; je
ne sais pas ce qu’ils disaient. L’empereur donna alors l’ordre qu’on
nous fasse sortir. Lorsque nous fûmes dehors, seul avec mes
compagnons, je leur dis : –les affaires du fils d’Abû Kabcha
doivent avoir pris de l’ampleur, puisque le prince des Banoûl Asfar
(Rome) le redoute.
8
Al Imran, 64
13
Depuis lors (malgré ma répugnance) et jusqu’au jour où, Allah
ouvrit mon cœur à l'Islam, je suis resté humblement
convaincu du succès de Muhammad »9.
9
Al-Boukhari, 2782
14
15
Naissance, enfance et prophétie de
Muhammad
10
Al Qalam, 4
16
Thomas Carlyle11 (1785-1881), dit dans son livre Les Héros et le
Culte des Héros publié en 1841: « Dès sa plus tendre enfance,
Muhammad se fit remarquer comme un jeune méditatif. Ses
compagnons l’avaient même surnommé Al Amine (homme sincère
et loyal). Il était sincère et loyal dans ses actes, ses propos et ses
pensées. Ils avaient remarqué que ses propos étaient toujours
pertinents. C'était un homme très pondéré qui savait tenir sa langue
là où il n’était pas nécessaire de parler. Lorsqu’il fallait s’exprimer,
il était sincère, sage, pertinent et perspicace. Tout au long de sa vie,
il fut un homme de principe, plein de bonté, généreux, clément,
pieux, digne, libre, courageux, sérieux, sincère et résolu, aspirant
aux grands desseins. Il restait pourtant affable et aimable et
manifestait beaucoup de bonne humeur et de sérénité. Il était
sympathique et très plaisant. Mieux encore, il lui arrivait de
plaisanter et même de jouer. Son visage était généralement radieux
et resplendissant et affichait un sourire sincère… Il était intelligent
et doué de sagacité…, doté naturellement d’une grandeur : aucune
école ne l’a instruit et aucun enseignant ne l’a éduqué. Il n’avait
nullement besoin de tout cela… Il accomplit son œuvre dans la vie
tout seul dans les profondeurs du désert ».
Il ne s'était jamais impliqué dans une histoire de mensonge, de
consommation des boissons alcooliques, de prosternation devant
une statue ou une idole, encore moins d'allégeance ou de sacrifice à
leur endroit. Pendant longtemps, il avait été le gardien de troupeaux
de moutons appartenant à son peuple. De la bouche même de
Muhammad , « Tous les prophètes de Dieu, sans exception, ont
eu à garder des moutons. Lorsque ses compagnons lui demandèrent
: – Même toi, ô Messager d'Allah? Il répondit : – Bien sûr, moi
aussi, j'ai eu à garder des moutons des Mecquois moyennant
quelques qirât12.»13
11
Essayiste et historien, traducteur éclairé des romantiques allemands
et auteur d’une importante œuvre d’histoire et d’histoire littéraire.
12
Le qirât est la moitié du dançq et le 1/20e ou le 1/24e du dinar.
13
Al-Boukhari, 2143 : Selon la logique divine, avant de traiter avec
les hommes, il fallait d’abord passer par une étape préparatoire qui
17
Avant que la mission ne lui soit confiée, il était enclin à la solitude
et passait des nuits entières à méditer dans la grotte de Hirâ.
A l’âge de quarante ans, il reçut la révélation du ciel alors qu’il se
trouvait en méditation à la Mecque dans la grotte de Hirâ. Comme
le rapporte Aïcha14 , la mère des Croyants –qu’Allah soit satisfait
d’elle– : « La Révélation débuta chez le Prophète par de pieuses
visions au cours du sommeil. Chacune de ces visions se réalisait
avec une clarté semblable à celle de l’aurore. Après qu'on lui fit
aimer la retraite, il se retira alors dans la grotte de Hirâ, où il se
livra au tahannouts15 (c'est-à-dire l’adoration)16 pour un bon
nombre de jours et nuits consécutifs, sans revenir chez lui. Lorsqu'il
revenait vers Khadîdja17 –qu'Allah soit satisfait d'elle–, il se
ravitaillait de provisions nécessaires avant de retourner dans la
grotte pour une nouvelle retraite.
L’ange vint le trouver un jour dans cette grotte et lui ordonna de lire
: Lis ! « Je ne suis point de ceux qui lisent », répondit-il. L’ange
saisit aussitôt le Prophète , le pressa au point de lui faire perdre
toute sa force et lui répéta : Lis ! Il répliqua « Je ne suis point de
ceux qui lisent ». L’ange le saisit pour la troisième fois, le pressa,
puis le lâcha en disant : Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé,
qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le
Très Généreux 18.
Le cœur tout palpitant, le Messager d’Allah rentra chez Khadîdja
bintou Khouwaïlid –qu’Allah soit satisfait d’elle– et s’écria :
« Couvrez-moi ! Couvrez-moi !» Aussi l’enveloppa-t-elle jusqu'au
moment où son effroi fut dissipé. Alors, il mit sa femme au courant
18
de ce qui s’était passé, puis ajouta : « Ah ! J’ai cru que ma vie était
en danger ! » Mais Khadîdja–qu’Allah soit satisfait d’elle– le
rassura en ces termes « Pas du tout ! Je jure par Allah ! Jamais
Allah ne t’infligera d’affronts, car tu fais du bien à ta famille et à tes
proches parents; tu donnes à ceux qui n’ont rien; tu es hospitalier et
portes assistance aux faibles et aux nécessiteux ».
Alors, Khadîdja–qu’Allah soit satisfait d’elle– emmena
Muhammad chez Waraqa ibn Nawfal ibn Asad ibn Abdel Ouzza,
un de ses cousins (du côté paternels) qui avait embrassé le
christianisme aux temps antéislamiques. C'était un scribe qui
transcrivait l’Evangile en hébreux, mais devenu aveugle avec le
temps.
« Ô mon cousin, lui dit Khadîdja, écoute ce que va te dire le fils de
ton frère. –Ô fils de mon frère, répondit Waraqa, de quoi s’agit-
il ? » Le Messager d’Allah lui raconta alors ce qu’il avait vu.
Waraqa lui répondit : « c’est le Confident19 qu’Allah a envoyé
autrefois à Moïse. Plût à Allah que je fusse jeune en ce moment !
Ah ! Que je voudrais être encore vivant à l’époque où ton peuple te
bannira ! –Ils me chasseront donc, s’écria le Prophète ? –Oui,
reprit Waraqa. Tous les hommes qui ont eu à porter un message
comme le tien n'ont jamais échappé à la persécution ! Si je suis
encore en vie à ce moment-là, je te défendrai de mon mieux».
Waraqa ne tarda malheureusement pas à mourir. La Révélation
connut par ailleurs une interruption »20.Cette sourate-là marque le
début de sa prophétie.
Ensuite, Allah lui révéla les versets suivants : Ô, toi
(Muhammad) ! Le revêtu d’un manteau ! Lève-toi et avertis.
Et de ton Seigneur, célèbre la grandeur. Et tes vêtements,
purifie-les. Et de tout péché, écarte-toi 21.
Avec la révélation de cette autre sourate, Muhammad commença à
inviter ouvertement les Mecquois à l'Islam, à commencer par ses
proches et sa tribu. Mais il fit face à une fin de non recevoir de la
19
An-Nawawy –qu'Allah lui accorde la miséricorde- a dit : il s’agit
de l’ange Djibril [Gabriel].
20
Al-Boukhari, 3
21
Al-Muddattir, 1-4
19
plupart d'entre eux tout simplement parce que son message leur
était étrange et s'opposait à la pratique de l'idolâtrie qui avait cours
depuis des générations.
L'Islam est un mode de vie complet qui traite des affaires
religieuses, politiques et socio-économiques. Il prêchait non
seulement l’unicité d’Allah, mais interdisait aussi l’adoration des
idoles et tout être autre que Lui. Il interdisait également certaines
choses qui constituaient des sources de jouissance, de richesse, et
de fierté, à l'instar de l’usure, la fornication, les jeux de hasard et du
vin. Il invitait par ailleurs à l’équité entre tous les hommes et faisait
comprendre que seule la piété pouvait établir une hiérarchie entre
les uns les autres.
Comment les Qorayshites, qui constituent la classe la plus noble
chez les Arabes, pouvaient-ils accepter d’être traités au même pied
d’égalité que les classes inférieures et même les esclaves ? C’est
pourquoi, ils ne se limitèrent pas au rejet total de son appel, mais
aussi ils le persécutèrent et lui portèrent préjudice en le traitant de
fou, de sorcier et de menteur afin de le discréditer. Or, il jouissait
plutôt d’une bonne réputation avant le début de sa mission. Ils
poussèrent les ignorants parmi eux à lui porter physiquement
atteinte.
Abdullah Ibn Mas’oud rapporte qu’ : « Un jour, alors que le
Messager d’Allah , debout, faisait la prière dans la Kaaba, l'un des
Qorayshites qui tenaient une de réunions à ce même endroit se mit
à dire : « Hé ! Voyez donc l’ostentation de cet homme. Qui d’entre
vous voudra aller à l’abattoir des Banou untel chercher des
tripailles, du sang, des membranes de fœtus, et attendre que cet
homme se prosterne pour lui mettre le tout sur les épaules ? » Le
plus misérable d’entre eux se décida à le faire et, au moment où le
Messager d’Allah se prosterna, il lui déposa ces détritus sur les
épaules. Les Qorayshites se mirent à rire au point qu’ils se
cognaient les uns contre les autres. Aussitôt prévenue, Fatima, alors
toute jeune fille, arriva en courant. Le Prophète ne se releva de sa
prosternation qu’au moment où elle le débarrassa de ces
20
immondices. Puis, elle se tourna vers les Qorayshites et les
invectiva »22.
Mounib Al-Azdy dit : J’ai entendu le Messager pendant la
Jahiliyyah dire : « Ô Hommes ! Dites : il n’y a de divinité qu’Allah
et vous serez bienheureux ». Les uns lui ont craché sur le visage,
d’autres lui ont versé la poussière et d’autres encore l’ont insulté
jusqu’au milieu de la journée. Alors, une jeune fille lui présenta une
grande coupe d’eau. Il se lava le visage et les mains et dit : « Ma
fille, ne crains pour ton père ni indigence ni avilissement »23.
Interrogé au sujet de la violence la plus grave dont les polythéistes
usèrent à l’égard du Prophète , Abdullah ibn Amr ibn Al Ace, un
compagnon de Muhammad , répondit : « Pendant que le Prophète
était dans l’enceinte de la Kaaba, Ouqba ibn Mo’ît [un païen]
s’avança vers lui, lui enroula son vêtement autour du cou et le serra
avec une grande violence. Abû Bakr , intervint alors, pris Ouqba
par le bras et l’éloigna en disant : « Allez-vous tuer un homme
parce qu’il dit : Mon seigneur est Allah ? Alors qu’il est venu
à vous avec les preuves évidentes de la part de votre Seigneur
24».
Tous ces événements n’ont pas empêché le Messager d’Allah de
poursuivre sa mission. Il faisait part de son message aux tribus qui
venaient accomplir le pèlerinage à la Mecque. Un groupe
d’habitants de Yathrib –aujourd’hui appelé Médine, la Lumineuse–
prirent l’engagement de le soutenir et de le protéger s’il venait chez
eux. Il envoya avec eux Mous’ab ibn Oumaïr , un de ses
compagnons, leur apprendre les enseignements de l’Islam. Suite
aux souffrances et à la persécution infligées aux Musulmans à la
Mecque par leurs propres frères, l’autorisation leur fut donnée
d’émigrer à Médine, la Lumineuse où ils reçurent un accueil
chaleureux. Ce fut le véritable déclic de sa mission. Par conséquent,
cette ville devint la capitale du nouvel Etat Islamique où la religion
prit son envol avant de se répandre aux quatre coins du globe.
22
Al-Boukhari, 498
23
Al-Mou’djamou Al-Kabir, 805
24
Al-Boukhari, 3643
21
Le Prophète enseigna le Qur'an et les préceptes de sa religion aux
habitants de Médine. Ces derniers furent influencés par son
caractère noble et ses attributs sublimes au point qu'ils en vinrent à
l’aimer plus que leurs propres personnes. Ils s’empressaient de le
servir et sacrifiaient ce qu’ils avaient de plus cher pour sa cause. Ils
bâtirent une société riche et prospère caractérisée par la piété,
l’amour, la concorde et la fraternité. Le riche et le pauvre, le noble
et le roturier, le blanc et le noir, l’Arabe et le non Arabe devinrent
égaux dans cette grande religion où il n’y a de supériorité et de
différence entre les gens que par la piété et les bonnes actions.
Une année après son installation à Médine, les affrontements
commencèrent entre lui et son peuple (les Qorayshites) qui
n’appréciait guère la portée sans cesse croissante de son message.
C’est alors que la première bataille de l’Islam (la bataille de Badr)
eut lieu entre deux groupes inégaux tant en ressources humaines
qu'en armement : les Musulmans comptaient 314 combattants
contre 1000 mécréants. Par la grâce d'Allah, le Messager et ses
compagnons en sortirent victorieux. Il se succéda ainsi une série de
batailles entre les musulmans et les mécréants.
Huit années plus tard, le Prophète put constituer une armée de
10.000 combattants qui marcha sur la Mecque et la conquit. Ainsi,
il mit en déroute sa tribu et son peuple qui lui avaient causé toutes
formes de tort et persécuté ses adeptes au point qu’ils durent
abandonner leurs biens, leurs enfants et leur pays. Il obtint une
victoire décisive et fort symbolique sur son peuple sans toutefois
céder à la revanche. Il baptisa cette année-là, "l’année de la
victoire". Allah dit à ce propos : Lorsque vient le secours
d’Allah ainsi que la victoire, et que tu vois les gens entrer en
foule dans la religion d’Allah, alors, par la louange, célèbre la
gloire de ton Seigneur et implore Son pardon. Car c’est Lui le
grand Accueillant au repentir 25.
Fort de cette victoire, Muhammad rassembla les Mecquois et leur
dit : « Que pensez-vous que je vais vous faire ? » Ils répondirent :
« Du bien, car tu es un frère généreux, fils d’un frère généreux ».
Alors le Prophète reprit : « Vous pouvez disposer, vous êtes
25
An-Nasr, 1-3
22
libres ! »26. Cette amnistie incita bon nombre d’entre eux à
embrasser l'Islam. Le Messager retourna à Médine et reprit la
direction de la Mecque quelque temps après, accompagné de 114
000 de ses compagnons pour le pèlerinage. Cet unique pèlerinage
qu’il a accompli est également connu comme le pèlerinage d’adieu.
Le Prophète délivra son sermon d'adieu au neuvième jour du
mois de dzul-hijja au mont Arafat. Après avoir rendu grâce à Allah,
il tint ces propos : « Ô Hommes! Ecoutez-moi attentivement parce
que je ne suis pas certain d'être encore avec vous l'année
prochaine ! Ecoutez-moi avec la plus grande attention et
transmettez mon message à ceux qui n'ont pas pu être présents
aujourd'hui.
Ô Hommes ! Tout comme vous considérez ce mois, ce jour et cette
ville comme sacrés, je vous invite à considérer la vie et les biens
des Musulmans comme sacrés. Rendez les dépôts à vous confiés à
leurs légitimes propriétaires. N'offensez personne afin que personne
ne vous offense. Rappelez-vous que vous aurez vraiment à
rencontrer votre Seigneur et Il appréciera infailliblement toutes vos
actions. Allah vous a interdit de prélever l'intérêt [dans vos
transactions]. Alors, tout intérêt est désormais prohibé. Cependant,
le capital vous appartient et vous revient de droit. Vous ne devez ni
pratiquer, ni subir l'iniquité dans vos transactions financières.
Méfiez-vous de Satan, si vous voulez protéger votre foi. Il a perdu
tout espoir de passer par les grandes choses pour vous entraîner
hors du droit chemin. Prenez garde de ne pas vous laisser influencer
par lui dans les toutes petites actions.
Ô Hommes! Il est, certes, vrai que vous avez des droits sur vos
épouses, mais sachez qu'elles aussi ont des droits sur vous.
N'oubliez pas que vous ne les avez prises pour épouses que dans la
foi en Allah et avec Sa permission. Si elles respectent vos droits,
alors il leur revient le droit d'être nourries et habillées avec
générosité. Traitez vos femmes avec bonté et gentillesse parce
qu'elles sont vos partenaires et assistantes dévouées. Bien sûr, il est
de votre droit qu'elles veillent à leur chasteté et ne prennent pas
pour amies intimes celles dont vous ne voulez pas.
26
Al-Baïhaqui, 18055
23
Ô Hommes ! Ecoutez-moi sérieusement : adorez Allah,
accomplissez vos cinq prières quotidiennes, jeûnez au mois de
ramadan, faites l'aumône et accomplissez le pèlerinage si vous en
avez les moyens. Tous les hommes sont issus d'Adam et Adam a
été créé à partir de la terre. Il n'existe aucune supériorité d'un Arabe
sur un non Arabe, d'un Blanc sur un Noir ou d'un Noir sur un
Blanc, si ce n'est par rapport à la piété. Retenez que les musulmans,
sans distinction aucune, sont tous des frères et forment une seule et
même communauté. Aucune propriété appartenant à un musulman
ne saurait être légitime à un autre musulman à moins qu'elle ne lui
ait été cédée volontairement et librement. Ne soyez donc pas
injustes envers vous-mêmes.
Rappelez-vous qu'un jour vous aurez à comparaître devant Allah
pour répondre de vos actes. Prenez donc garde. Ne vous écartez pas
du chemin de la justice après mon départ. Ô Hommes ! Aucun
autre prophète ou messager ne viendra après moi et aucune
nouvelle foi, non plus, ne verra le jour. Réfléchissez bien, ô
Hommes, et vous comprendrez le message que je vous transmets.
Je vous laisse deux choses qui vous permettront de ne jamais vous
égarer si vous les suivez : le Livre d'Allah (le Qur'an) et ma Sunna.
Que tous ceux qui m'écoutent transmettent mon message aux autres
et que ces autres le transmettent à d'autres encore. Il se peut que les
tout derniers à écouter mon message le comprennent mieux que
ceux qui l'ont écouté directement ! Je Te prends à témoin, ô Allah,
que j'ai transmis Ton message à Ton peuple. »
Le Prophète mourut, selon certaines sources, au douzième jour
du mois de rabiou-awal de l’an 11 de l’Hégire à Médine où il fut
enterré. Sa mort fut un grand choc pour les musulmans au point que
certains n’y ont pas cru. Oumar ibn Al-Khatab , par exemple,
avait alors dit : « Si j’entends de la bouche de quelqu'un que
Muhammad est mort, je le décapiterai ». Abû Bakr s'adressa
alors aux musulmans, puis récita cette parole d’Allah :
Muhammad n’est qu’un messager – des messagers avant lui
sont passés -. S’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourneriez-
vous sur vos talons ? Quiconque retourne sur ses talons ne
24
nuira en rien à Allah ; et Allah récompensera bientôt les
reconnaissants 27
Lorsqu’Oumar suivit ce verset, il revint aussitôt à de meilleurs
sentiments, car il ne transgressait jamais l’ordre d’Allah.
Le Prophète mourut à l'âge de 63 ans : il vécut 40 ans à la
Mecque avant de recevoir la révélation. Il passa ensuite 13 ans à
inviter les mecquois au Tawhid (l'Unicité d'Allah). Emigré à
Médine, il passa 10 ans à recevoir sans interruption le message
divin jusqu’à la révélation complète du Qur'an et au parachèvement
des lois de l’Islam.
Le célèbre dramaturge et critique, George Bernard Shaw (1856-
1950) dit à propos de Muhammad : « J'ai toujours eu beaucoup
de respect pour la religion de Muhammad, du fait de son excellente
vitalité. C'est la seule religion qui semble avoir cette capacité
d'adaptation aux différentes phases de l'évolution d'un monde en
pleine mutation et qui s'impose à tous les âges. Je puis prédire que
la religion de Muhammad qui commence aujourd'hui à être
acceptée en Europe sera plus que jamais vivante demain. Le
ecclésiastes de la période médiévale avaient soit par ignorance, soit
par fanatisme, peint le Mahométisme avec les couleurs les plus
sombres. En fait, ils étaient formés à la haine aussi bien de la
personne de Muhammad que de sa religion. Selon eux,
Muhammad était un antéchrist. J'ai étudié cet homme merveilleux
et, à mon avis, loin d'être un antéchrist, il se présente plutôt comme
le Sauveur de l'humanité. »28
27
Al Imran, 144
28
Afzalur-Rahman, Encyclopédie de la sira
25
Portrait du Prophète
26
qu'au point de laisser entrevoir un vide entre les incisives de sa
mâchoire supérieure de celles de sa mâchoire inférieure. Sa colère
ne s'exprimait que par la rougeur de sa face et le gonflement de la
veine entre ses beaux sourcils. Une fois même, il a eu à tenir les
propos suivants : « Je suis le maître des fils d'Adam et je ne le dit
pas par orgueil. »29
En fait, sa distance par rapport à l'orgueil était tellement évidente
que même les tout petits enfants l'entraînaient dans leurs jeux à
travers les rues de Médine en s'agrippant à sa main. Il dit à ce
propos : « Quiconque ne fait pas montre de sympathie pour les
jeunes et d'honneur pour les veilles personnes, n'est pas des
nôtres. »30 Dans le même ordre d'idées, Allah dit : [Allah vous
a envoyé] un Messager qui vous récite les versets d'Allah
comme preuves claires, afin de faire sortir ceux qui croient et
accomplissent les bonnes œuvres des ténèbres à la lumière […]
31
Ali , cousin et beau-fils du Prophète dit au sujet de
Muhammad : « Il était le Dernier des Prophètes, l'homme au
cœur le plus généreux et au meilleur tempérament, le plus véridique
et le plus sociable. Quiconque le voyait, même à tout hasard, se
levait par respect pour lui et quiconque avait l'occasion de lui tenir
compagnie et parvenait à le connaître succombait inévitablement à
son charme. Ceux qui le décrivait disait : '' Je n'ai jamais eu à
rencontrer son pareil depuis que je suis né '' »
Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle–, la femme chérie du Prophète
dit à propos de son mari : « Il participait toujours aux travaux
domestiques. Il lui arrivait de raccommoder ses habits, de réparer
ses chaussures et de balayer le sol. Il avait également l'habitude
d'attacher, de faire paître et de traire ses animaux. »32
Elle a également présenté son comportement comme étant
« (l'incarnation du) Qur'an »
29
At-Tirmidzy
30
Abû Dawud
31
At-Talaq, 11
32
Al-Boukhari
27
En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent
modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au
Jour dernier invoque Allah fréquemment.33
33
Al-Ahzab, 21
28
29
Moralité et caractéristiques du Prophète
34
Un grand savant de l'islam qui a à son actif de nombreuses
publications, dont certaines sur la biographie de Prophète
30
des merveilleuses manifestations de la toute- puissance, de la
grandeur et de la royauté d'Allah35.
3. La sincérité
Le Prophète était sincère et honnête dans toutes ses affaires
comme le lui a prescrit Allah : Dis : «En vérité, ma Salât,
mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à
Allah, Seigneur de l’Univers. A lui nul associé ! Et voilà ce qui
m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre 38.
35
Qadhi Iyâd, Al Chifa bi ta'rifi Houqouqil Moustapha
36
Al-Boukhari (3/1282), 3290
37
Al-Boukhari (3/1031), 2648
38
Al an'Am, 162-163
31
même : « Allah m’a envoyé pour parfaire les bons caractères et les
bonnes œuvres »39.
Allah l’a décrit en ces termes : Et tu es certes, d’une moralité
éminente 40.
Anas ibn Malik qui a servi le Messager pendant dix ans, de
nuit comme de jour, sur place ou lors de ses voyages et l’a
parfaitement connu au cours de ces années dit : « Le Prophète ne
proférait jamais les injures, ni des mots inconvenants, ni des
malédictions. Et quand il voulait adresser un reproche à l’un de
nous, il lui disait : Qu’a-t-il donc… ? »41.
5. La politesse
Le Prophète avait de très bonnes manières et était toujours très
courtois vis-à-vis des enfants. D’après Sahl ibn Saad , on apporta
à boire au Messager d’Allah dans une assemblée alors qu’il avait
à sa droite un jeune homme et à sa gauche des hommes âgés. Après
avoir bu, il se tourna vers le jeune homme et lui dit : « M’autorises-
tu à passer d’abord le breuvage à ces gens-ci ? –Non, par Allah ! Ô
Envoyé d’Allah, s’écria le jeune homme, je ne céderai mon tour42
après toi à personne. Alors, l’Envoyé d’Allah lui remit vivement
la coupe entre les mains »43.
6. L’amour de la réconciliation
Chaque fois qu'il y avait une situation de discorde, le Messager
d'Allah s'empressait de la résoudre. Sahl ibn Saad rapporte
qu'un jour, les gens de Qubâ se battirent et en vinrent à se jeter des
pierres. Informé de cette situation, l’Envoyé d’Allah dit :
« Allons mettre la paix parmi eux ! »44.
39
Al-Boukhari & Ahmed
40
Al Qalam, 4
41
Al-Boukhari (5/2243), 5684
42
Selon la culture islamique, le côté droit doit toujours être
privilégié.
43
Al-Boukhari, 2319
44
Al-Boukhari
32
7. La prescription du bien et l’interdiction du blâmable
Lorsque le Prophète remarquait un acte contraire aux préceptes
de l'Islam, il réprimandait son auteur de manière convenable.
Abdullah ibn Abbas rapporte que lorsque Messager d’Allah
vit une bague en or sur le doigt d’un homme,il l’enleva, la jeta et
dit : « L’un de vous recourt à un charbon de feu pour le porter sur
sa main45 ». On suggéra à l’homme après le départ du Messager
d’Allah de ramasser sa bague pour en tirer quelque profit.
L’homme répondit : « Non par Allah, je ne la prendrai jamais alors
que le Messager d’Allah l’a jetée »46.
Abû Saïd al-Khoudri rapporte qu'il a entendu le Messager
d'Allah dire : « Que chacun de vous change toute mauvaise
action qu'il rencontre avec ses mains. S'il n'en est pas capable, qu'il
le fasse avec sa langue. S'il n'en est pas capable, qu'il le fasse avec
son cœur. »
8. L’attachement à la purification
Selon les dires du Prophète , « la purification est la moitié de la
foi »
9. Le contrôle de sa langue
Un de ses Compagnons rapporte que « Le Messager d’Allah
s'investissait abondamment dans l'évocation d'Allah au lieu de
s’adonner aux conversations futiles. Il prolongeait ses prières,
condensait ses sermons et s'occupait des besoins des nécessiteux,
des pauvres et des veuves. » 47.
45
L'Islam interdit aux hommes de porter les objets en or.
46
Mouslim, 2090
47
Sahih Ibn Hibban, 6423
33
tes péchés antérieurs et à venir ? », il répondit : « Ne puis-je donc
pas être un esclave reconnaissant ? »48.
14. L’altruisme
48
Al-Boukhari, 4557
49
Al-Boukhari
50
Al-Boukhari, 2358
51
At-Tirmidzi, 2377
34
Sahl ibn Saad rapporte que le Prophète prenait plus à cœur les
problèmes de son entourage que ses propres problèmes. Aussi
raconte-t-il : « Une femme apporta au Prophète une borda. –
Savez-vous, dit-il, ce que c’est qu’une borda ? – Oui, lui répondit-
on, c’est une pièce d’étoffe avec une bordure tissée. S’adressant
alors au Prophète , la femme dit : – Ô Envoyé d’Allah, j’ai tissé
cette borda de mes mains pour qu’elle te serve de vêtement. » Le
Prophète prit ce manteau parce qu’il en avait grand besoin. Il vint
alors nous trouver enveloppé de cette borda. Un des hommes qui se
trouvaient là dit : – Ô Envoyé d’Allah, donne-moi ce vêtement. –
Bien répondit-il. Le Prophète après avoir terminé la séance se
retira, plia la borda et l’envoya à cet homme. – Ce n’est pas bien ce
que tu as fait là, lui dit-on. Tu as demandé ce vêtement sachant
parfaitement que le Prophète ne refuse jamais rien à personne. –
Par Allah, s’écria l’homme, je ne lui ai demandé ce vêtement que
pour qu’il me serve de linceul le jour de ma mort. En effet, ajoute
Sahl, ce manteau lui servit de linceul »52.
52
Al-Boukhari, 1987
35
d'Allah rétorqua : – Ô Abû Bakr, que penses-tu de deux
(personnes) qui ont Allah à leurs côtés53 ? »54.
53
N.D.T. : Littéralement, que penses-tu de deux (personnes) dont la
troisième est Allah ?
54
Mouslim, 1854
55
Al-Boukhari, 5650
56
Al-Boukhari, 677
57
NDT : La zakat est interdite au Prophète et à sa famille.
58
Al-Boukhari, 2300
36
troupeau de moutons qui pouvait occuper l’espace entre deux
montagnes. L'homme revint vers son peuple et lui dit : Ô mon
peuple, embrassez l'Islam, car Muhammad dépense
généreusement, sans craindre la pauvreté »59.
Ibn Abbas rapporte : « Le Prophète était l'homme le plus
généreux. Il était encore plus généreux au mois de ramadan à la
suite de ses entrevues avec Gabriel qui venait toutes les nuits et
lui réciter le Qur'an. A ce moment, il se faisait encore plus généreux
que le vent [porteur de pluie] envoyé par Allah »60
Abû Dzar dit : « Le Prophète et moi nous promenions dans la
région de Har'rah (région volcanique) à Médine. Lorsque nous
aperçûmes le mont Uhud, le Prophète me dit : – Ô Abû Dzar ! Je
répondis : – Je t'écoute, ô Messager d'Allah. Il poursuivis : – Je ne
saurais être tranquille avec une quantité d'or aussi volumineuse que
cette montagne si je ne puis la dépenser (sur le sentier d'Allah) en
trois nuits, voire en une nuit seulement. Je n'en garderais qu'un peu
d'argent pour pouvoir aider les endettés »61
Jabir ibn Abdullah rapporte : « Le Prophète ne refusait jamais
d'offrir, s'il avait effectivement, tout ce qu'on lui demandait. »62
20. L'entraide
Le Prophète n'était pas un roi ne donnant que des ordres à
exécuter par ses disciples. Il s'occupait lui-même de ses propres
affaires et participait aux travaux collectifs. Lorsqu’on lui demanda
à quoi s’occupait le Prophète dans sa demeure, Aicha –qu’Allah
soit satisfait d’elle– répondit : « Il participait aux travaux
domestiques avec tous les autres membres de la famille et dès que
venait l’heure de la prière, il sortait pour aller l’accomplir »
Al Barâ a dit : « Le jour [de la bataille] des Tranchées, je vis
l’Envoyé d’Allah transporter de la terre au point que la poussière
recouvrait l’abondante masse de poils de sa poitrine. » 63
59
Mouslim, 2312
60
Al-Boukhari, 6
61
Al-Boukhari, 2312
62
Al-Boukhari, 5687
37
21. La sincérité
Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle– rapporte : « Nul autre
comportement n'était aussi détesté par le Messager d’Allah que
le mensonge. Il ne pardonnait jamais un mensonge jusqu'à ce son
auteur se repente »64.
Même ses ennemis ont témoigné de sa sincérité. Abû Jahl, par
exemple, qui était l'un des plus grands ennemis du Messager
d’Allah lui dit un jour : « Ô Muhammad, je ne dis pas que tu es
menteur, cependant je renie ce que tu as apporté et ce à quoi tu
appelles les gens. Allah lui révéla les versets suivants : Nous
savons qu’en vérité ce qu’ils disent te chagrine. Or, vraiment ils
ne croient pas que tu es menteur, mais ce sont les versets (le
Qur’an) d’Allah, que les injustes renient 65.
63
Al-Boukhari, 2780
64
At-Tirmidzi
65
Al An’am, 38
66
Al-Boukhari, 6404
67
At-Tirmidzi, 2641
38
Le Prophète était aussi réputé honnête que même les païens de la
Mecque qui lui étaient ouvertement hostiles lui confiaient, malgré
tout, leurs dépôts et consignations. Cette honnêteté était devenue
encore plus apparente lorsque ses Compagnons et lui furent
persécutés, torturés, chassés de leurs maisons et forcés à émigrer
vers Médine par leurs concitoyens païens. Malgré cet état de
choses, le Messager d’Allah chargea son neveu Ali ibn Abi Tâlib
de retarder son émigration de trois jours afin de remettre les
dépôts et consignations qu’il y avait en sa possession à leurs
propriétaires68.
Comme autre exemple de loyauté du Messager d’Allah à ses
promesses et engagements, nous pouvons citer le respect de la
clause de l'accord de trêve d’Al Houdeibiya entre le Messager et
les Quraychites qui stipulait que celui des Quraychites qui viendrait
trouver Muhammad devait être remis aux siens, mais celui des
musulmans qui irait retrouver ces derniers ne devait pas être remis à
Muhammad. Lorsque le Messager d’Allah arriva à Médine, un
homme appelé Abû Jandal ibn Souhail ibn Amr réussit à s’évader
de sa prison à la Mecque et vint à Médine. Les polythéistes
envoyèrent une délégation auprès du Prophète lui demander
d'honorer son engagement et remettre le fugitif.
Le Messager d’Allah dit à Abû Jandal : « Abû Jandal, sois
patient et espère la récompense d’Allah ! Allah te donnera ainsi
qu’aux faibles qui sont avec toi une délivrance et une issue. Nous
avons signé un accord avec ces gens et nous sommes tenus par cet
engagement, or nous ne trahissons pas nos engagements »69.
68
Ibn Icham, La Biographie du Prophète (version arabe), vol. 1, p.
493
69
Sunan Al Baïhaqi Al Koubra, 18511
70
Ahmad, 654
39
Quant à son courage et sa bravoure dans la vie quotidienne, Anas
ibn Malik dit : « Le Prophète était le meilleur et le plus
courageux des hommes. Une nuit, il y eut panique à Médine et les
habitants sortirent dans la direction du bruit qui venait de rompre le
calme nocturne. A leur grande surprise, ils rencontrèrent en chemin
le Prophète qui revenait déjà de cet endroit avec des nouvelles
rassurantes. Armé d’un sabre suspendu à son cou, il montait à cru
un cheval appartenant à Abû Talha et répétait sans cesse : « N’ayez
pas peur, n’ayez pas peur ! »71.
Si le Prophète s’y était rendu seul, sur un cheval à poil, c'est bien
parce que la situation nécessitait une prompte réaction. Il avait pris
soin de ne pas oublier son sabre par mesure de prudence, au cas où
la situation l'amenait à se battre ou à se défendre. Au lieu d'attendre
les autres avant d'aller voir ce qui se passait, comme c'est souvent le
cas dans ce genre de situations, il s'est rendu immédiatement sur
place seul et en toute hardiesse.
71
Al-Boukhari, 2751
72
Timirdzi
73
Al-Boukhari, 313
40
Anas ibn Malik dit : « Nous étions assis dans la mosquée avec le
Prophète , lorsqu'un homme arriva sur un chameau. Il fit
agenouiller l’animal dans la cour de la mosquée ; l’entrava, puis
nous demanda : « Qui d’entre vous est Muhammad ? ». A ce
moment-là, le Prophète était accroupi parmi nous. « C’est cet
homme au visage blanc, accroupi », répondîmes-nous… ». Il en est
ainsi tout juste parce qu’il ne se distinguait pas de ses Compagnons
et ne faisait aucune différence entre eux et lui.
Le Prophète n'hésitait pas à aider le pauvre, le nécessiteux et la
veuve.
Anas rapporte qu’une femme de Médine, qui avait des troubles
mentaux approcha un jour Muhammad et lui dit : « Ô Messager
d’Allah ; j’ai besoin de ton aide. Il l'écouta attentivement et résolut
son problème »74.
74
Al-Boukhari, 670
75
Al-Boukhari, 670
76
Al-Boukhari, 6942
41
29. La longanimité
Anas ibn Malik a dit : « Je marchais en compagnie du Prophète
alors qu'il était vêtu d’un manteau nedjrânite, au bord épais. Un
bédouin l’approcha et le tira si fortement que le bord du manteau
laissa une marque sur son cou. « Donne-moi une partie du bien
d’Allah dont tu disposes », lui dit le bédouin. Le Prophète se
tournant vers lui, se mit à rire ; puis, ordonna qu’on lui donne
quelque chose »77.
Sa patience peut également s'illustrer par cette histoire rapporté par
Zaïd ibn Sa’na lui-même, l'érudit juif auprès de qui le Prophète
avait contracté une dette :
« Deux ou trois jours avant l'échéance, le Prophète sortit pour la
prière funèbre d’un de ses Auxiliaires (Ansar) en compagnie d’Abû
Bakr , Oumar , Ousmane et bien d'autres Compagnons.
Lorsqu’il eut accompli la prière funèbre, il alla s'asseoir près d'un
mur. Je vins alors le saisir par son vêtement en le fixant d’un air
rude avant de lui dire : "Muhammad, ne me rends-tu pas mon dû ?
Par Allah, je ne vous connais pas, fils d’Abdul Muttalib, comme
étant des gens qui ne respectent pas leurs échéances. Je les ai
fréquentés au point de les connaître !" A ces propos, je vis les deux
yeux d'Oumar ibn Al Khattab sortir de leurs orbites sous l'effet
de la colère, puis il me lorgna et dit : "Ennemi d’Allah, est-ce au
Messager d’Allah que tu t'adresses ainsi ? Par Celui qui l’a
envoyé avec la Vérité, n’eut été par crainte de ne pas entrer au
Paradis, j’aurai tranché ton cou avec mon sabre-ci." Pendant ce
temps, le Messager d’Allah regardait Oumar avec calme et le
sérénité, puis il dit : "En vérité, nous avions plus besoin
d’apaisement de ta part que d’une telle réaction, ô Oumar, [nous
avions besoin] que tu ordonnes à chacun de nous de respecter son
engagement vis-à-vis de l’autre. Oumar, vas-y avec lui, rembourse
lui son dû et donne lui en plus vingt Sa’a en compensation de la
frayeur que tu as suscitée chez lui. "
Oumar m’amena, me remboursa mon dû et me donna en plus
vingt Sa’a de dattes sèches. Alors, je lui demandai : – C'est
77
Al-Boukhari, 2980
42
pourquoi ce surplus ? Il répondit : – Le Messager d’Allah me l’a
ordonné en compensation de la frayeur que j’ai suscitée chez toi. Je
lui demandai : – Oumar, me connais-tu ? – Non, dit-il, qui es-tu ? Je
lui dis : – Je suis Zaïd ibn Sa’na. – L’érudit ? demanda-t-il. – Oui,
l’érudit répondis-je. – Qu’est-ce qui t’a donc poussé à te comporter
ainsi avec le Messager ? Ce à quoi je répondis : – Ô Oumar, j’ai
reconnu tous les signes de la prophétie sur le visage du Messager
d’Allah lorsque je l’ai observé, sauf deux que je n’avais pas pu
tester : sa patience l'éloigne de tout acte stupide et toute stupidité
dirigée contre lui n’augmente que sa patience. J’ai testé ces deux
signes et je te prends à témoin, ô Oumar que j’agrée Allah comme
Seigneur, l'Islam comme religion et Muhammad comme
Prophète. Je te prends également à témoin que je donne la moitié de
ma richesse, et je suis le plus riche parmi eux, en aumône à la
communauté de Muhammad . Oumar rectifia : – Plutôt à une
partie d’entre eux, car tu ne peux pas les satisfaire tous. Et je repris :
– A une partie d’entre eux. »
Tous deux rentrèrent trouver le Messager d’Allah et Zaïd dit :
« Je témoigne qu’il n’y a point de divinité digne d’adoration en
dehors d’Allah et que Muhammad est Son serviteur et Messager »
Il crut effectivement en lui, accepta sa mission et prit part à
plusieurs batailles dont celle de Tabouk au cours de laquelle
l'ennemi eut raison de sa vie. – Qu'Allah lui accorde la
miséricorde78.
Le moment où le Prophète entra victorieux à la Mecque peut
servir d'illustration parfaite de son pardon. En effet, il rassembla les
gens qui lui avaient fait subir toutes sortes de préjudice et l'avaient
poussé à l'exil, et leur tint ces propos : « Que pensez-vous que je
vais faire de vous ? » Ils répondirent : – Rien de mal. Nous savons
que tu es un frère gentil et généreux et fils d’un frère gentil et
généreux lui aussi. Il leur dit : – Allez-vous en, vous êtes libres.
Faites comme vous voulez. »79.
30. La patience
78
Sahih Ibn Hibban, 288
79
Al Baïhaqi, 18055
43
Le Prophète était un modèle de la patience. Avant même le début
de sa mission, il était patient vis-à-vis de son peuple qui commettait
toutes sortes de pêchés et s’adonnait à l’adoration des idoles. Après
la proclamation de son message, il endurait tous les préjudices et
exactions que lui infligeaient les Mecquois, puis les hypocrites de
Médine après son émigration.
Sa patience se mettait tout aussi à rude épreuve lorsqu’il perdait des
êtres chers. Son épouse Khadîdja, de même que tous ses enfants,
hormis Fatima, était morte de son vivant. Il eut aussi à enterrer ses
oncles Hamza et Abû Talib. Malgré tout, il restait patient dans
l'espoir de la récompense divine.
Arrêtons-nous un instant sur ces propos d'Anas ibn Malik :
« Nous entrâmes avec l’Envoyé d’Allah chez Abû Saïf, le
forgeron qui était le père nourricier d’Ibrahim. Le Messager
d’Allah prit son fils (Ibrahim), le flaira et l’embrassa. Nous
revînmes plus tard au moment où Ibrahim rendait le dernier soupir.
Les yeux du Prophète se mirent à répandre des larmes. Comme
Abdu Rahman ibn Awf lui demanda : – Toi aussi, ô Envoyé
d’Allah ! Il répondit : – Ô Ibn Awf, c’est un effet de la
compassion. Puis (ses larmes se remettant à couler de plus belle), il
ajouta : – Les yeux pleurent et le cœur est triste ; mais nous ne
disons rien qui ne puisse être agréable au Seigneur. Ô Ibrahim,
nous sommes affligés d’être séparés de toi »80.
80
Al-Boukhari, 1241
81
C’est une femme de la noblesse mecquoise
44
d’Allah qui lui répondit : « Comment peux-tu intervenir quand il
s’agit d’une pénalité édictées par Allah ? » Puis, se levant, il fit le
sermon suivant : « Ô hommes, ceux qui vous ont précédés ont été
égarés parce qu’ils laissaient impuni le voleur pour peu qu'il soit
puissant alors qu'ils ne lui faisaient aucun sentiment s'il était pauvre
ou misérable. Je jure par Allah que si Fatima, la fille de
Muhammad, volait, je lui ferais couper la main »82.
Le Prophète était équitable même quand il s’agissait du talion
contre lui-même. Il est rapporté que Asyad ibn Khoudair était un
homme vertueux, enjoué et avenant. Alors qu’il se trouvait (un
jour) chez l’Envoyé d’Allah en train de plaisanter et de divertir
les gens, le Messager d’Allah le chatouilla sur la hanche. Alors, il
dit : – Tu m’as fait mal. Le Prophète dit : – Prends ta revanche. Il
répondit : – Ô Messager d’Allah, tu portes une tunique alors que je
n’en portais pas. Le Messager d’Allah souleva sa tunique et il
l'étreignit, puis se mit à embrasser son flanc et dit : – Ô Messager
d’Allah ; ce n'est que ça que je voulais faire »83.
82
Al-Boukhari, 3228
83
Abû Dawud, 5224
84
Quatrième chapitre du Qu'an
85
Les Femmes, 41
86
Al-Boukhari, 4763
45
Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle– rapporte que lorsque l’Envoyé
d’Allah apercevait au ciel un nuage prometteur de pluie, il allait
et revenait, entrait et sortait, l’air inquiet. Puis, lorsque la pluie se
mettait à tomber, son inquiétude se dissipait. Lorsque je lui fis part
de cette remarque; il me répondit : « C’est parce que je ne sais point
s’il n'adviendra pas de nous ce que vécurent ces gens qui se
réjouissaient à la vue des nuages, comme le témoigne le verset
suivant : Ce nuage nous donnera de la pluie. Au contraire !
C’est cela même que vous cherchiez à hâter : C’est un vent qui
contient un châtiment douloureux, détruisant tout, par le
commandement de son Seigneur”. Puis, le lendemain on ne
voyait plus que leurs demeures. Ainsi rétribuons-Nous les gens
criminels87.88
87 Al Ahqaf, 24-25
88
Al-Boukhari, 3034
89
Al-Boukhari, 3629
46
qui me fut le plus pénible de leur part, c'est bien l’affaire d’al-
Aqaba, lorsque j'essuyai un refus catégorique de la part de Ibn
Abdil Yalil ibn Abdul Kolal dont j'avais eu à solliciter l'aide. Je
retournai sur mes pas ne sachant trop quelle direction prendre. Je ne
recouvrai mes esprits qu’au niveau de Qarn-et-Tsa’âlib. Alors,
levant la tête, je vis un nuage qui me couvrait de son ombre. Après
l'avoir bien scruté, voila que dedans j’aperçus Gabriel qui
m’appela et me dit : "Allah a bien entendu les propos de tes
compatriotes, et les réponses qu’ils t’ont adressées. Il a envoyé vers
toi l’ange des montagnes prêt à exécuter n'importe quel ordre que tu
lui donneras". Aussitôt, l’ange des montagnes, m’appela, me salua,
et ajouta : « Que veux-tu ? Désires-tu que je fasse se replier sur eux
les deux rocailleuses90 ? – Non, répondis-je, car de leurs entrailles,
j’espère qu’Allah fera sortir des fidèles qui L’adoreront Seul, sans
Lui attribuer d’associés »91.
90
اﻷﺧ ﺸﺒﺎن, nom sous lequel on désigne les deux montagnes qui
dominent la Mecque, à savoir les monts Abou-Qobaïs et El-Ahmar.
91
Al-Boukhari, 3059
47
48
L'attitude du Prophète envers ses
compagnons
92
Al-Boukhari, 5739
93
Al-Waqia, 35-37
49
ce dernier lui procurait des choses nécessaires lorsqu’il voulait
rentrer chez lui. Le Prophète dit alors un jour : « En vérité, Zâhir
est notre désert et nous sommes sa ville. »
Une autre fois, le Prophète vint le trouver pendant qu’il vendait
ses marchandises. Le Prophète l’enlaça par derrière sans se
laisser voir. « Laisse-moi, qui es-tu ? » dit-il. Lorsqu'il se rendit
compte que c'était le Prophète , il cessa de se débattre et appuya
son dos contre la poitrine du Prophète . Alors, le Prophète se
mit à dire : « Qui veut acheter un esclave ? Il répondit : –Par Allah,
Ô Messager d’Allah, tu verras, je n'ai aucune valeur. Le Prophète
lui dit : – Mais auprès d’Allah, tu as beaucoup de valeur ou bien
(selon une autre version) cependant, tu es très précieux auprès
d’Allah »94.
94
Ibn Hibban, 5790
95
At-Tirmidzi, 1714
50
Résurrection ». Le garçon se mit à observer son père et ce dernier
lui dit : « Ecoute ce que te dit Abû Qassim ! Alors, il dit : « Je
témoigne qu’il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah et je
témoigne que Muhammad est Son Messager. » Le Prophète dit :
« Louange à Allah qui l’a sauvé du feu de la Géhenne »96.
5- La gratitude et la reconnaissance
Abdullah ibn Oumar rapporte que le Messager d'Allah a dit :
« Protégez quiconque demande votre protection au nom d’Allah.
Soyez généreux envers quiconque vous demande quelque chose au
nom d’Allah. Répondez favorablement à l’invitation de quiconque
vous invite. Rétribuez quiconque vous fait du bien, si vous n'en
avez pas les moyens, priez pour lui au point d’avoir la certitude que
vous l’avez rétribué »97.
Son épouse Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle– dit à propos de
lui : « L’Envoyé d’Allah acceptait les cadeaux et en donnait
d’autres en échange »98.
6- Un faible pour tout ce qui est beau et bien
Anas rapporte : « Je n’ai jamais touché une soie plus souple que
les mains du Messager d'Allah et je n’ai jamais senti une
fragrance plus exquise que le parfum du Messager d'Allah . »99
96
Ibn Hibban, 2950
97
Ahmad, 6106
98
Al-Boukhari, 2445
99
Al-Boukhari, 3368
51
Non, reprit-il, c’est juste une intercession en sa faveur. – Alors
non, reprit Barîra, je n’ai nullement envie de lui »100.
100
Al-Boukhari
101
Ahmad, 24998
102
Al-Boukhari, 5048
52
Des témoignages impartiaux
103
Poète, écrivain et dramaturge allemande. Il compte à son actif
plusieurs chefs-d'œuvre littéraires et scientifiques, notamment en
botanique. Il a également eu à occuper diverses fonctions
gouvernementales dans son pays.
104
Ancien Président de l'Association Canadienne d’Anatomistes,
enseignant au Département d'Anatomie et de Biologie cellulaire de
l'Université de Toronto.
105
Eminent chirurgien, scientifique et savant de nationalité française.
Auteur du livre, La Bible, le Coran et la Science moderne.
53
admettre son incapacité à fournir une explication basée sur son seul
raisonnement. »
106
Théosophe, philosophe et femme politique anglaise qui a défendu
l'administration indigène et la reforme éducative en Inde
107
Afzalur-Rahman, Encyclopédie de la sira
54
contentaient de respecter les lois qu'il proclamait au nom d'Allah et
ses enseignements leur servaient de modèle »108.
108
Ibid
109
Célèbre Ecrivain américain
110
Afzalur-Rahman, Encyclopédie de la sira
55
Les épouses du Prophète
56
plus grandes et les plus puissantes. Il avait également ordonné à ses
Compagnons de suivre cette méthode. A titre d'illustration, il dit à
Abdul Rahman ibn Awf lorsqu’il l’envoya à Dawmatul Jandal :
« S’ils te sont obéissants, épouse la fille de leur roi ».
Dr Cahan dit : « Du fait de la mentalité contemporaine, certains
aspects de sa vie peuvent nous sembler confus. En effet, le
Messager a souvent été critiqué pour son goût prononcé pour les
plaisirs terrestres et les neuf épouses qu’il a eues après le décès de
Khadîdja –qu’Allah soit satisfait d’elle. Or, en vérité, la plupart de
ses relations maritales étaient empreintes de politique visant à
l'acquisition de l’allégeance de certains nobles et tribus ».
112
Célèbre orientaliste de nationalité italienne.
57
Mohammad était un homme et non un dieu. Il est possible que le
désir d’avoir des enfants ait également été à la base de certaines de
ses unions, étant donné que les enfants qu’il a eus avec Khadîdja –
qu’Allah soit satisfait d’elle– étaient tous morts [sauf Fatima].
De plus, sans avoir beaucoup de ressources, il s’engagea à assumer
la charge d’une grande famille. Ce qui ne l'avait jamais empêché
d'être juste et équitable envers elles toutes. Il ne faisait que suivre la
tradition des Prophètes qui l'avaient précédé –que la paix soit sur
eux– tels que Moïse et bien d’autres dont personne ne semble
trouver d'inconvénient dans leur pratique de la polygamie. Serait-ce
parce que nous connaissons pratiquement tous les détails de sa vie
alors que nous ignorons presque tout de la vie de ses prédécesseurs
que la polygamie de Muhammad pose problème ? »
Thomas Carlyle dit à propos du Prophète : « Malgré tout ce qui
peut se dire à son sujet, Muhammad lui-même n’était pas un
vulgaire homme sensuel. Le considérer comme un homme
concupiscent, n'ayant d'autre souci que l'assouvissement de son
plaisir sexuel serait une grave erreur de notre part. Que non ! En
fait, l’écart entre lui et le plaisir quel qu’il soit est très grand »113.
113
Les Héros et le culte des Héros
58
59
La véracité de la prophétie de Muhammad
selon les Textes révélés
Le Qur'an
1- Notre Seigneur, le Très Exalté dit : Muhammad n’a jamais
été le père de l’un de vos hommes, mais le messager d’Allah et
le dernier des prophètes. Allah est omniscient 114.
La Sunna116
Le Prophète disait souvent : « Par rapport aux Prophètes qui
m’ont précédé, ma situation est pareille à celle d’un homme
qui a bâti une maison, l’a embellie et parée, sauf qu’il a laissé
vide la place d’une brique dans un angle. Les gens qui
viennent visiter cette maison l’admirent et posent toujours la
114 Al Ahzab, 40
115
As-Saf, 6
116
Tradition (discours, caractéristiques, actes, etc.) du Prophète
60
question suivante : "Pourquoi as-tu laissé cet espace vide" ?
C’est moi qui suis cette brique; je suis le sceau des
Prophètes ».117.
117
Al-Boukhari, 3342
118
Al Baïhaqi, 13079
119
Cité d’après le livre Muhammad dans la bible du professeur
Abdul Ahad Dawud, traduit par Fahmy.
61
prétendu que c’est à lui qu’allusion est faite ici. Même ses apôtres
étaient du même avis. Ils attendaient le retour du Messie pour voir
la prophétie s'accomplir. Or, jusqu'à présent, il est évident et
irréfutable « que l’avènement du Messie » n'a jamais été la
matérialisation de ces propos : « C’est un Prophète comme toi que
je leur susciterai ». Même son retour ne saurait vérifier le sens de
ces mots. Le Messie, comme le croit l’église, apparaîtra bientôt en
tant que juge et non comme celui qui apporte une nouvelle
législation. Or, le messager promis est porteur de "la législation
ardente" dans sa main droite.
L’autre prophétie attribuée à Moïse et qui parle de « la lumière
resplendissante d’Allah venant de Parân », aide beaucoup à
confirmer la personnalité du Prophète promis : il s’agit du désert de
la Mecque. Le livre du Deutéronome 33: 2 révèle que : « Le
Seigneur est venu du Sinaï, pour eux il s’est levé à l’horizon du côté
de Séïr, il a resplendi depuis le mont de Parân ; il est arrivé à
Mériba de Qadesh ; de son midi vers les Pentes pour eux ». Ces
mots établissent un parallèle entre la lumière du Seigneur et la
lumière du soleil. Il vient du Sinaï et pour eux, il s’est levé à
l’horizon du côté de Séïr. Cependant il a resplendi avec la gloire
depuis le mont Parân, étant donné qu’il a fallu qu’apparaissent avec
lui dix milles saints et qu’Il porte dans sa main droite une
législation pour eux. Aucun israélien y compris le Messie n’a eu un
quelconque rapport avec Parân.
En effet, Hajar et son fils Ismail se sont promenés dans les
labyrinthes du « puits d’Al Sab’ ». Ce sont eux qui ont, par la suite,
habité le désert de Parân120.
Ismail épousa une Egyptienne. De son premier fils, Qédar (Adnan)
sont issus les petits-fils arabes qui ont habité depuis cette période le
désert de Parân et l’ont adopté comme patrie. Si Muhammad,
comme tout le monde le sait, est issu de la lignée d’Ismail à travers
son fils Qédar (Adnan) ; si un Prophète est apparu dans le désert de
Parân ; si ce dernier est ensuite entré à la Mecque avec dix milles
saints (croyants) en plus de la législation ardente pour son peuple,
120
Genèse chapitre 21, verset 21
62
ne serait-ce pas là l’accomplissement textuel de la prophétie
précédemment évoquée ?
Il convient, par ailleurs, de prêter une attention particulière à cette
prophétie d’Habaquq : « Chantez pour le Seigneur un chant
nouveau. Chantez sa louange depuis le mont Parân… » Le mot
louange ici est d’autant plus important que, littéralement, le nom
Muhammad veut dire "celui qui est loué". En outre, les Arabes, qui
sont les habitants du désert de Parân avaient eu cette promesse :
« Qu’élèvent la voix le désert et ses villes, les villages où habite
Qédar ; que les habitants du roc poussent des acclamations, du
sommet des montagnes qu’ils lancent des vivats ; qu’on rende
gloire au Seigneur ; qu’on publie dans les îles Sa louange ! Le
Seigneur, tel un héros, va sortir, tel un homme de guerre, il réveille
sa jalousie, il pousse un cri d’alarme, un grondement et contre ses
ennemis se comporte en héros »121.
Il convient également de souligner deux autres prophéties autour de
ce sujet. En effet, allusion est faite au nom de Qédar (Adnan) dans
Esaïe 60 : « Mets-toi debout et deviens lumière, car elle arrive, ta
lumière : la gloire du Seigneur sur toi s’est levée… Un afflux de
chameaux te couvrira, de tout jeunes chameaux de Madiân et
d’Eifa ; tous les gens de Saba viendront… Tout le petit bétail de
Qédar sera rassemblé pour toi, les béliers de Nebayoth seront pour
tes offices ; ils monteront sur mon autel, ils y seront en faveur ; oui,
je rendrai splendide la Maison de ma splendeur… »122
De même, il y a une autre prophétie dans Esaïe 21 : 13-17 :
« Proclamation sur l’Arabie. Vous allez passer la nuit dans la forêt
en Arabie, caravanes de Dedân. Allez à la rencontre de l’assoiffé,
apportez de l’eau, habitants du pays de Téma ; allez au-devant du
fugitif avec son pain, car ils s’enfuient devant les épées, devant
l’épée déchaînée, devant l’arc tendu, sous le poids du combat. Ainsi
m’a parlé le Seigneur : Encore un an –année de mercenaire- et toute
la gloire de Qédar sera anéantie, et il en restera bien peu parmi les
arcs des guerriers de Qédar ».
121
Esaïe 42 :11-13
122
Esaïe 60 : 1-7
63
On peut aisément établir un rapport entre ces prophéties de Esaïe et
celle du Deutéronome qui parle de "la venue de la lumière de Dieu
de Parân".
Si Ismail a habité le désert de Parân où est né son fils Qédar
(Adnan) qui est lui même l’ancêtre des arabes ; s’il a été écrit que la
révélation d’Allah viendra parmi les enfants de Qédar (Adnan) ; s’il
incombe aux ouailles de Qédar de manifester leur acceptation du
sacrifice saint pour glorifier « ma grandeur », étant donné que les
ténèbres couvraient la terre pendant de nombreux siècles ; s’il
incombait à cette partie de la terre d’accueillir la lumière de la part
du Seigneur ; si toute cette gloire de Qédar devait connaître un
échec ; si un bon nombre d’archers, les héros parmi les fils de
Qédar, allaient diminuer au cours d’une seule année, certains ayant
pris fuite devant l’épée déchaînée, devant l’arc tendu, ces propos
viseraient-ils quelqu'un d’autre de Parân si ce n’est Muhammad
?123
Muhammad est, en effet, de la lignée d’Ismail, à travers son fils,
Qédar (Adnan) qui s’était établi dans le désert de Parân.
Muhammad est le seul Prophète par la voie de qui les arabes ont
reçu la révélation divine lorsque les ténèbres recouvraient la terre.
A travers lui la lumière divine a rayonné sur Parân. Or, la Mecque
est la seule ville dans laquelle on glorifie le Seigneur dans une
maison qui a un statut particulier. De même, les ouailles de Qédar
viennent recevoir la révélation sur l’autel (de la maison d’Allah).
En outre, persécuté par son peuple, Muhammad fut contraint
d’émigrer (de la Mecque). Il était saisi par la soif pendant qu’il
fuyait les épées déchaînées et les arcs tendus. Une seule année
après sa fuite, les descendants de Qédar le rencontrèrent à Badr,
l’endroit où la première bataille entre les gens de la Mecque et le
Prophète .eut lieu. Plus tard, les descendants de Qédar (les
archers) furent mis en déroute, puis toute sa gloire s’éclipsa. Si le
saint Prophète n’est pas accepté comme celui en qui se sont
réalisées toutes ces prophéties, cela veut dire que ces prophéties ne
s’accompliront jamais. De même, la Maison du Seigneur à laquelle
il est fait allusion dans le chapitre 60, verset 7 renvoie à la Maison
123
Habaquq 3 :3
64
sacrée d’Allah de la Mecque et non l’église du Messie comme le
prétendaient les exégètes chrétiens. Tel qu’il est mentionné dans le
chapitre 7, les ouailles de Qédar n’avaient jamais rejoint l’église du
Messie. En réalité, les habitants des villages qui dépendaient de
Qédar furent les seules personnes dans ce monde qui, jusque-là,
n’avaient été aucunement influencées par les enseignements de
l’église du Messie.
De même, l’évocation de dix milles saints telle que mentionnée
dans le livre du Deutéronome est très significative (chapitre trente
trois) : « Dieu, sa lumière a resplendi depuis le mont de Parân et
sont venus avec la lumière dix milles saints ». En lisant toute
l’histoire en rapport avec Parân, nous ne rencontrerons aucun autre
événement en dehors de celui-ci : lorsque le Prophète fit la
conquête de la Mecque, il y entra à la tête de dix milles croyants
parmi ses adeptes de Médine. Il rentra à (la Maison d’Allah) avec
dans sa main droite la législation islamique qui a transformé toutes
les autres législations en cendre.
Et « le Paraclet », c'est-à-dire « l’Esprit de vérité » dont le Messie
fit la bonne annonce n’était personne d’autre que Muhammad lui-
même. Rien ne nous permet de croire qu’il s’agit du Saint esprit
comme le prétendent les théories théologiques car le Messie dit :
« C’est votre avantage que je m’en aille. En effet, si je ne pars pas,
le Paraclet ne viendra pas à vous : si, au contraire, je pars, je vous
l’enverrai ». Ces mots signifient clairement que le Paraclet devait
obligatoirement venir après le Messie et qu’il n’était pas avec lui
lorsqu’il a tenu ces propos. Or, pouvons-nous admettre que le
Messie n’était pas porteur du Saint Esprit si la venue du Saint Esprit
est conditionnée par le départ du Messie ? En plus, la manière dont
le Messie l’a décrit fait de lui une personne et non un esprit : « Car
il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu’il
entendra ».124 Devons-nous supposer que Dieu et le Saint Esprit
étaient « des entités distinctes » et que le Saint Esprit parle de son
propre chef et de ce qu’il entend de Dieu ?
Ces mots (Esprit de Vérité) du Messie concordent franchement
avec une partie du Livre d’Allah . Le Qur'an parle de
124
Jean 16 : 13
65
Muhammad en ces termes : Il est plutôt venu avec la
vérité et il a confirmé les messagers (précédents) 125
Le Nouveau Testament
Il existe de nombreux passages du nouveau Testament faisant
clairement référence à l’avènement de Muhammad à travers la
description de la nature de ses actions et de sa mission.
*Jean Baptiste : Les juifs envoyèrent les sacrificateurs et les lévites
lui demander qui il était. « Il déclara, et ne le nia point, il déclara
qu'il n'était pas le Christ. Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu
Elie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il
répondit : Non. […] Ils lui firent encore cette question : Pourquoi
donc baptises-tu, si tu n'es pas le Christ, ni Elie, ni le prophète ? »126
Ainsi, ce n’est pas Jésus, mais Muhammad qui est ce Prophète,
étant donné que Jean Baptiste continua à prêcher, à baptiser et à
prédire l’avènement du Prophète du vivant même de Jésus.
*Jésus : Le Prophète Jésus a annoncé la venue d’un autre
Prophète dont le nom sera "paraklêtos", "Paraclet" ou "Paracalon"
qui (i.e., dont les préceptes) vivra éternellement. Il dit en effet : « Et
moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin
qu'il demeure éternellement avec vous »127
Le mot paraklêtos veut dire l’illustre, le renommé, le digne de
louange et c’est exactement ce à quoi renvoie le nom Ahmad. Le
Qur'an confirme que le Prophète Jésus avait effectivement annoncé
l’avènement après lui d’un Prophète au nom d’Ahmad. A ce sujet,
Allah dit : Et quand Jésus, fils de Marie dit : "Ô enfant
d’Israël, je suis vraiment le messager d’Allah [envoyé] à
vous, confirmateur de ce qui dans la Thora, est antérieur à
moi, et annonciateur d’un messager à venir après moi, dont
le nom sera "Ahmad". Puis quand celui-ci vint à eux avec
des preuves évidentes, ils dirent : "C’est là une magie
manifeste" 128.
125 As-Safat, 37
126
Jean I,:20-25
127
Jean 14:16
128 As-Saff, 6
66
67
Rationalité de la prophétie de Muhammad
129
Al Ankabut, 48
130
Al-Boukhari, 4598
68
et appelez vos témoins, (les idoles) que vous adorez en
dehors d’Allah, si vous êtes véridiques 131.
Bien plus, Allah a étendu ce défi à l’humanité tout entière
comme le révèle le verset suivant : Dis : “Même si les
hommes et les djinns s’unissaient pour produire quelque
chose de semblable à ce Qur’an, ils ne sauraient produire
rien de semblable, même s’ils se soutenaient les uns les
autres” 132.
131
Al Baqara, 23
132
Al Isrâ, 88
69
4- L’homme, par nature, aime les beautés et le luxe de ce
monde et a tendance à s’y adonner. Allah dit à ce propos :
On a enjolivé aux gens l’amour des choses qu’ils
désirent : femmes, enfants, trésors thésaurisés d’or et
d’argent, chevaux marqués, bétail et champs ; tout cela est
l’objet de jouissance pour la vie présente, alors que c’est
près d’Allah qu’il y a bon retour 133.
La nature humaine ne résiste pas à la tentation de la
concupiscence. Toutefois, la différence s’établit au niveau de
la méthode employée pour se procurer tous ces biens et
plaisirs. Les uns les acquièrent de manière licite alors que
d’autres s’égarent dans des voies illicites. Au début de sa
mission, le Messager a dû faire face au marchandage de ses
concitoyens. Ces derniers ont essayé de le séduire en lui
proposant le pouvoir, le mariage avec les plus belles femmes et
la plus grande richesse de la contrée, à condition qu’il
abandonne cette "nouvelle religion" et cesse d’y inviter les
gens. Il leur répondit : « Je jure par Allah ! S’ils mettent le
soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche afin
que j’abandonne cette affaire, je n’y céderai point jusqu'à ce
qu’Allah la répande partout ou que je meurs dans cette
voie »134.
S’il était un imposteur –ce qui est loin d’être le cas– il n’aurait
pas hésité de saisir une offre aussi alléchante.
Thomas Carlyle écrit à propos de lui : « Vous dites qu’on
l’appelait prophète ? Pourquoi ? Il était toujours là, avec eux. Il
ne s’enveloppait d’aucun mystère. Apparemment, il
raccommodait lui-même ses habits, réparait lui-même ses
chaussures, se battait au front, donnait des ordres et prodiguait
des conseils. Il était toujours avec eux. Ils doivent avoir vu
quel genre d’homme il était, peu importe le nom qu’on lui
donne. Aucun empereur avec sa tiare n’était aussi écouté et
obéi que cet homme au manteau raccommodé par lui-même.
Vingt-trois années de rudes et véritables épreuves. Voilà que je
133
Al Imran : 14
134
Ibn Hichâm 1/170
70
trouve quelque chose sur un véritable héros qui vaille la
peine »135.
135
Les Héros et le Culte des Héros
136
Ibn Majah, 4109.
137
Mouslim, 2977
138
Al-Boukhari 5059
139
Al-Boukhari, 2088
71
quittait cet endroit qu’après les avoir entièrement distribués
aux pauvres et aux nécessiteux. En outre, parmi ses
Compagnons, il y avait des riches tous acquis à son service. Ils
mettaient à sa disposition tout ce qu’ils avaient de plus cher,
mais Muhammad dépensait toujours tout cela dans la voie
d’Allah afin de répandre davantage l’Islam. C’est dire
combien le Prophète connaissait les réalités de ce monde. Il
disait par ailleurs : « Je jure par Allah, la vie présente
comparée à l’Au-delà n’est semblable qu’au doigt de chacun
d’entre vous lorsqu’il le met (et il fit le signe avec son index)
dans un fleuve. Qu’il regarde ce qu’il ramène ! »140.
140
Mouslim, 2858
141
Muhammad and Muhammadanism (Mahomet et le Mahométisme)
142
An-Najm, 3
72
7- Le Prophète de demandait pas à être adulé. Au
contraire, il n’acceptait aucunement qu’on lui témoigne une
admiration excessive. Anas rapporte : « Ils n’aimaient
personne plus que le Messager d’Allah : Mais lorsqu’ils
l’apercevaient, ils ne se levaient pas, parce qu’ils savaient qu’il
détestait ce genre de chose »143.
Le Prophète a dit : « Ne m’adulez pas comme les chrétiens
adulent Jésus, fils de Marie. En vérité, je ne suis qu’un esclave.
Appelez-moi donc Abdullah (esclave d’Allah) et Son
Messager »144.
Washington Irving dit à propos de lui : « Ses triomphes
militaires n'ont réveillé en lui ni orgueil, ni gloire illusoire comme
ça aurait pu être le cas s'ils étaient entachés de visées égoïstes. Son
apparence et son comportement sont restés caractérisés par une
égale simplicité aussi bien au sommet de sa gloire que pendant les
moments de pire adversité. Ainsi, loin d'affectionner le statut royal,
il s'offusquait si en entrant dans une salle, on venait à lui témoigner
un quelconque signe inhabituel de respect ».
143
At-Tirmidzi, 2754
144
Al-Boukhari, 3445
145
At-Tahrim, 1
73
as-tu donné permission avant que tu ne puisses distinguer
ceux qui disaient vrai et reconnaître les menteurs ? 146.
Son Seigneur l’a en effet blâmé dans ce verset à cause de son
empressement à accepter les excuses des menteurs parmi les
hypocrites qui avaient déserté lors de la bataille de Tabouk.
Sur la base de leurs simples excuses, il leur avait pardonné
sans véritablement s’assurer au préalable qu’ils étaient de
bonne foi.
c- Toujours au Prophète , Allah s’adresse ainsi dans un
autre verset : Un prophète ne devrait pas faire de
prisonniers avant d’avoir prévalu [mis les mécréants hors
de combat] sur la terre. Vous voulez les biens d’ici-bas,
tandis qu’Allah veut l’au-delà. Allah est Puissant et
Sage 147 Ce verset se trouve bien expliqué dans le récit
prophétique dans lequel Allah reproche au Prophète
d’avoir été excessivement clément et indulgent envers des
ennemis jurés qui méritaient pourtant d’être traités avec
sévérité afin de mettre fin à leurs noirs desseins.
d- Allah lui tient ces propos dans un autre passage : Tu
n’as [Muhammad] aucune part dans l’ordre (divin) – qu’Il
(Allah) accepte leur repentir (en embrassant l’Islam) ou
qu’Il les châtie, car ils sont bien des injustes 148.
e- Pour clore cette série d’exemples, sans aucune prétention
d’exhaustivité, arrêtons-nous sur cet autre verset du Qur'an :
Il s’est renfrogné et il s’est détourné, parce que l’aveugle
est venu à lui. Qui te dit : peut-être [cherche]-t-il à se
purifier ? Ou à se rappeler en sorte que le rappel lui
profite ? 149.
En fait, Abdullah ibn Oummi Maktoum alla à la rencontre
du Prophète alors que ce dernier était en train de prêcher à
un dignitaire quraychite. Lorsque Muhammad le vit venir, il
se renfrogna et se détourna. Allah le rappela alors à l’ordre.
146
At-Tawbah, 43
147
Al Anfal, 67
148
Al-Imran, 128
149
Abassa, 1-4
74
Si Muhammad était un imposteur et menteur – ce qui est
loin d'être le cas–, de tels versets ne se trouveraient pas dans le
Qur'an.
Muhammad Marmaduke Pickfall dit : « Un jour, alors que le
Prophète était en conversation avec un dignitaire qorayshite,
cherchant à le convaincre de l’authenticité de l’Islam, un
aveugle vint lui poser une question au sujet de la foi. Le
Prophète ennuyé par cet acte se renfrogna et se détourna de
cet homme. Il lui est rappelé dans cette sourate que
l’importance de l’être humain ne se mesure pas à son
apparence dans cette étape terrestre de la vie. »150.
150
The glorious Qur'an, p. 685
151
Cf. The Amazing Qur'an.
75
que je n’embrasserai jamais l'Islam et que j’irai en Enfer. Or,
je suis prêt à devenir musulman ! A présent quel est votre avis,
Muhammad est-il véridique dans ce qu’il dit ou non ? La
révélation qui lui parvient est-elle réellement une révélation
divine ?" »
Abû Lahab ne fit rien d’autre que cela. Ce qui n’est d’ailleurs
que le mieux qu’on pouvait attendre de lui, puisqu’il n’avait
pour seule ambition que de contrecarrer l’Islam. Bien que tous
ses actes étaient hostiles au Messager , il ne put démentir
cette déclaration. C'est comme si le récit disait que le Prophète
dit à Abû Lahab : « Toi, tu me détestes et tu veux me
m’anéantir… D’accord ! Je t’en donne même l’occasion : il te
suffit juste de prononcer ces mots et je suis fini » Cependant il
n’y arriva pas dix années durant. Même pas un signe de
sympathie pour les musulmans !
76
Messager à venir après moi, dont le nom sera “Ahmad”.
Puis quand celui-ci vint à eux avec des preuves évidentes,
ils dirent : “C’est là une magie manifeste”152
152
As-Saf, 6.
153
Al Hijr, 9
77
communion avec la nature et la réalité des choses, sinon la
nature vous répondra "non, pas du tout". Les apparences
peuvent être trompeuses. Ah… moi, un Cagliostro ! De
nombreux Cagliostros, les plus grands leaders du monde font
fortune en un jour à travers leurs charlatanismes. C’est comme
ces faux billets de banque. Les mains fainéantes les écoulent
sans peine et d’autres personnes, non plus les auteurs de la
falsification, en pâtissent. La nature explose et crache du feu,
des révolutions françaises et d’autres choses de ce genre,
proclamant avec une terrible véracité que les faux billets sont
des contrefaçons. Cependant, à propos d’un Grand Homme
tout particulièrement, en ce qui le concerne, je peux prendre le
risque d’affirmer qu’il est impensable qu’il ait été autrement
que vrai. Il me semble que c’est là son essence même et celle
de tout ce qu’il porte en lui. »
154
Al-Boukhari, 4639
78
Quant à la Sunna purifiée du Prophète , deuxième source de
la législation islamique, elle a été préservée par l’effort
acharné des hommes pieux et dignes de confiance. Ils
consacrent leur vie à rassembler ces hadiths, à les passer au
peigne fin et distinguer, en toute objectivité propre à la rigueur
scientifique, l’authentique du faible. Quiconque se réfère aux
livres traitant de la science des hadiths [Mustalah], se rendra
compte avec preuve à l’appui que tout hadith jugé authentique
l’est effectivement.
155
Quant à nous, nous avons la ferme conviction que l’Islam est une
révélation d’Allah et qu’en le propageant, Muhammad n’a fait que
remplir la mission qui lui a été assignée.
156
Les 100 personnalités les plus influentes de l’histoire.
79
l’espace d’une vingtaine d’année, a donné naissance à une très
grande civilisation ? N’est ce pas là une preuve et un signe
manifeste de sa prophétie ?
157
Ils ont dit à propos de l'Islam de Dr Imadoudine Khalil, page
124.
80
81
Ce qu’implique le témoignage que
Muhammad est le Messager d’Allah
158
Al Furqane, 1.
159
An-Najm, 3-4.
160
Al-Boukhari & Mouslim
161
Al Anbiya, 107
82
Allah a dit vrai ! Il est effectivement une miséricorde dans tous
les sens de ce mot. Il a en effet sorti les serviteurs de
l’adoration des serviteurs à l’adoration du Seigneur des
serviteurs, de l’injustice des religions vers l’équité de l'Islam et
de l’étroitesse de ce monde vers l’immensité de l’au-delà.
162
Al Ahzab, 40
163
Mouslim & At-Tirmidzi
164
Al Maïda, 3
165
« Ils ont dit à propos de l'Islam » de Dr Imadoudine Khalil
83
obligations morales et religieuses… C’est une loi générale
destinée au monde islamique. C’est une loi qui englobe les lois
civiles, commerciales, militaires, juridiques, criminelles et
pénales. Ensuite, c’est une loi religieuse autour de laquelle
tournent toutes les questions : des questions religieuses aux
questions de la vie présente, de la préservation de la vie à la
santé des organismes, des droits de gouvernés aux droits de
chaque individu, de l’intérêt personnel à l’intérêt général, de la
vertu au péché, du talion dans la vie présente au talion dans
l’au-delà… Ainsi, le Qur'an diffère matériellement des livres
saints chrétiens qui ne contiennent rien des fondements
religieux ; mieux encore, ils sont en général composés de
contes, de fables et d’un désordre total dans les adorations… et
cela est irrationnel et sans effet ».
166
Al-Boukhari & Mouslim
167
Al Imran, 85.
84
8- L’obéissance au Prophète car Allah dit : Quiconque
obéit à Allah et au Messager... ceux-là seront avec ceux
qu’Allah a comblés de Ses bienfaits : les prophètes, les
véridiques, les martyrs, et les vertueux. Et quels
compagnons que ceux-là !168. Pour ce faire, on doit obéir à
son ordre et en éviter ce qu’il a interdit, conformément à cette
parole d’Allah : Prenez ce que le Messager vous donne ;
et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en 169. Allah a
indiqué la conséquence de la désobéissance à l’ordre du
Messager en disant : Et quiconque désobéit à Allah et à
Son messager, et transgresse Ses ordres, Il le fera entrer au
Feu pour y demeurer éternellement. Et celui-là aura un
châtiment avilissant170.
168
An-Nissa, 69.
169
Al Hachr, 7.
170
An-Nissa, 13
171
An-Nissa, 65
172
Al Maïda, 50
85
Pardonneur et Miséricordieux 173. Suivre le Messager
suppose et requiert la connaissance et l’étude de sa biographie
afin de pouvoir le prendre pour modèle. Zaïnoul Abidine –Ali
ibn Al Hassan ibn Ali ibn Abî Tâlib –qu’Allah soit satisfait
d’eux- dit : On nous apprenait les expéditions du Prophète
de la même manière que les sourates du Qur'an174. Les
expéditions sont une partie de la biographie du Messager
d’Allah .
11- Le fait de lui donner le rang qu’Allah lui a attribué. Il
n’y a donc pas lieu d’exagérer ni de faire preuve de
manquement et de négligence à son sujet. Le Prophète dit en
effet : « Ne m’élevez pas au dessus de mon droit car Allah m’a
pris comme serviteur avant de me prendre comme
Messager »175.
173
Al Imran, 31
174
Al Bidayah wan-Nihayah d’Ibn Al Katsir 3/242
175
At-Tabarany
176
Al Ahzab, 56
177
At-Tirmidzi
86
d’Allah, alors attendez qu’Allah fasse venir Son ordre. Et
Allah ne guide pas les gens pervers”178.
Par ailleurs, le Prophète a indiqué l’effet de son amour à
l’homme qui l’avait interrogé en ces termes : « Ô Messager
d’Allah, à quand l’Heure [du Jugement Dernier] ? Le Prophète
lui demanda : « Qu’as-tu apprêté pour elle ? » On aurait dit
que l’homme s’était résigné, puis il répondit : « Ô Messager
d’Allah, je n’ai pas apprêté pour elle beaucoup de jeûne, ni de
prière, ni d’aumône ; toutefois, j’aime Allah et Son Messager.
Le Prophète lui dit : « Tu es avec ceux que tu as aimés » 179.
Il y a également cette parole du Prophète : « Trois choses
lorsqu’on les possède, font savourer la douceur de la foi :
d’abord d’aimer Allah et Son Envoyé plus que tous les autres.
En second lieu, si l’on aime quelqu'un, de l’aimer seulement en
vue d’Allah. Enfin, de redouter de retourner à l’idolâtrie dont
Allah l’a retiré comme on redoute d’être précipité dans
l’Enfer »180.
L’amour du Prophète nécessite l’amour de ceux que le
Prophète a aimés comme les gens de sa maison et ses
Compagnons –qu’Allah soit satisfait d’eux. Il nécessite
également le fait de détester ceux qu’il a détestés, de s’allier à
ceux qu’il prenait pour alliés et de vouer l’inimitié à ceux à qui
il vouait l’inimitié, parce que le Prophète n’aime que pour
Allah et ne déteste que pour Allah.
178
At-Tawbah, 24
179
Al-Boukhari et Mouslim
180
Al-Boukhari et Mouslim
87
Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon 181. Le
verset précédent est appuyé par cette autre parole du Prophète
: « Transmettez de moi ne serait-ce qu’un verset ».
181
An-Nahl, 125
88
Conclusion
182
L’Islam et le christianisme, Alifat Aziz As-Samad
89
armées, des législations, des empires, des peuples, des
dynasties, des millions d’hommes sur le tiers du globe habité :
mais il a remué, de plus, des autels, des dieux, des religions,
des idées, des croyances, des âmes ; il a fondé, sur un livre
dont chaque lettre est devenue loi, une nationalité spirituelle
qui englobe des peuples de toute race, et il a imprimé, pour
caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine
des idoles et la passion du Dieu unique. Ce patriotisme,
vengeur des profanations du ciel, fut la vertu des enfants de
Mahomet (Muhammad). L’idée de l’unité de Dieu, proclamée
dans la lassitude des théogonies fabuleuses, avait elle-même
une telle vertu, qu’en faisant explosion sur ses lèvres, elle
incendia tous les vieux temples des idoles et alluma de ses
lueurs un tiers du monde.
Cet homme était-il un imposteur ? Nous ne le pensons pas,
après avoir étudié son histoire. L’imposture est l’hypocrisie de
la conviction. L’hypocrisie n’a pas la puissance de la
conviction, comme le mensonge n’a jamais la puissance de la
vérité.
Si la force de projection est, en mécanique, la mesure exacte de
la force d’impulsion, l’action est de même, en histoire, la
mesure de la force d’inspiration. Une pensée qui porte si haut,
si loin et si longtemps est une pensée forte ; pour être forte, il
faut qu’elle ait été bien sincère et bien convaincue…
Mais sa vie, son recueillement, ses blasphèmes héroïques
contre les superstitions de son pays, son audace à affronter les
fureurs des idolâtres, sa constance à les supporter quinze ans à
la Mecque, son acceptation du rôle de scandale public et
presque de victime parmi ses compatriotes, sa fuite enfin, sa
prédication incessante, ses guerres inégales, sa confiance dans
les succès, sa sécurité surhumaine dans les revers, sa
longanimité dans la victoire, son ambition toute d’idée,
nullement d’empire, sa prière sans fin, sa conversation
mystique avec Dieu, sa mort et son triomphe après le
tombeau : plus qu’une imposture, une conviction. Ce fut cette
conviction qui lui donna la puissance de restaurer un dogme.
Ce dogme était double, l’unité de Dieu et l’immatérialité de
90
Dieu, l’un disant ce que Dieu est, l’autre disant ce qu’Il n’est
pas ; l’un renversant avec le sabre des dieux mensonges,
l’autre inaugurant avec la parole une idée !
Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant
d’idées, restaurateur de dogmes, fondateur de vingt empires
terrestres et d’un empire spirituel, voilà Mahomet
(Muhammad).
A toutes les échelles où l’on mesure la grandeur humaine, quel
homme fut plus grand ? ».
91
Toute la louange appartient uniquement à Allah, Seigneur
de tout ce qui existe entre les cieux et la terre. Puisse-t-Il
accorder Son salut, Sa grâce et Sa bénédiction à Son
Prophète et sa famille
92
Table des matières
Introduction................................................................................5
La généalogie de Muhammad .............................................10
Naissance, enfance et prophétie de Muhammad .................16
93
@@@ ﳏﻤﺪ ﺭﺳﻮﻝ ﺍ
Muhammad
le Messager d’Allah
ﺗﺄﻟﻴﻒ:
ﻋﺒﺪ اﻟﺮﺣﻤﻦ ﺑﻦ ﻋﺒﺪ اﻟﻜﺮﻳﻢ اﻟﺸﻴﺤﺔ
ﺗﺮﺟﻤﺔ:
ﻧﺠﻴﻜﻮم ﻳﺤﻲ
1427 H
][4616
ﻣﻦ إﺻﺪارات
اﻟﺮﺑﻮة -ﺷﺎرع اﻷﻣﻴﺮ ﻣﺘﻌﺐ )اﻷرﺑﻌﻴﻦ( -ﺧﻠﻒ ﻓﺮع ﺷﺮآﺔ اﻟﺮاﺟﺤﻲ اﻟﻤﺼﺮﻓﻴﺔ ﻟﻼﺳﺘﺜﻤﺎر
ص .ب ٢٩٤٦٥ :اﻟﺮﻳﺎض -١١٤٥٧هﺎﺗﻒ -٤٩١٦٠٦٥ - ٤٤٥٤٩٠٠ﻧﺎﺳﻮخ ٤٩٧٠١٢٦
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94