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Numéro 62
OGNOAS FLASH
L es modes d’alimen-
tation des vaches
laitières évoluent avec le
cherchés. L’augmentation
de la productivité indivi-
duelle par optimisation
du mélange qui reste un
concentré protéique avec
une bonne concentration
temps. Les ressources des apports nutritionnels énergétique. La dilution
fourragères sur les exploi- est une des voies choisies énergétique induite par
tations étaient encore par beaucoup d’éleveurs. l’apport de fibres est com-
très diversifiées il y a seu- Leur souci est de mettre pensée par l’apport de li-
lement un demi-siècle : en pratique les connais- pides potentiellement très
prairies naturelles sances nutritionnelles ac- énergétiques.
(pâturées ou fanées), arti-
ficielles (à base de trèfles
violets, incarnats ou lu-
quises ces 20 dernières
années, cela pousse à
une utilisation de nom-
C es mélanges que
l’on appellera
« mash » mériteraient d’ê-
zerne…), betteraves et au- breux aliments et, du tre plus précisément ap-
tres crucifères (navet, pelés MACAF : Mé-
choux ou colza). De- lange d’Aliments
puis, dans les contex- Concentrés, Azotés et
tes favorables , le Fibreux.
F
Sommaire : maïs fourrage s’est
ace au succès
développé et a per-
de ces formula-
mis la simplification
• Compositions des tions et aux nombreu-
du système fourrager
aliments mash ses interrogations
et la mécanisation ;
d’ordre technico-
pages 2 à 4 la formule « maïs en-
économiques des éle-
silage complémenté avec coup, la gestion fermière
veurs, les professionnels
• Valeurs nutritives du tourteau de soja » s’est des stocks coûte cher et
de l’élevage laitier du Sud
largement imposée en pé- exige du temps. Il y a
pages 4 à 6 Ouest ont demandé à
riode hivernale mais aussi alors contradiction avec
l’ARPEB et à l’Institut de
de plus en plus en saison la volonté de réduire le
• Réponses zoo- l’Elevage d’évaluer ces
de pâturage. Les modes temps de travail.
aliments en production
L
techniques d’apport se sont aussi es fabricants d’ali- laitière bovine.
pages 7 à 10 orientés vers la ration
C
ments ont perçu
plus ou moins complète e bulletin vous li-
cette contradiction et pro-
mélangée mécanique- vre les résultats de
• Réponses écono- posent depuis quelques
cette première évaluation.
ment. années des mélanges
L
miques
a simplification du (mash) composés,
pages 11 à 12 travail et la réduc- concentrés et fibreux,
tion de la taille du trou- correcteurs protéique et
peau pour un même droit minéral.
à produire sont plus que
jamais les objectifs re- L a nouveauté techni-
co-commerciale est
dans le caractère fibreux
Page 2
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3 x 21 vaches laitières
en début de lactation
ont servi à déterminer
Les compositions des aliments mashs utilisés.
les valeurs
alimentaires des La formulation en matiè- En % MS Mash 1 Mash 2
res premières est variée
aliments mash. Son de blé 7
pour les 2 mashs : 10 à 11
types d’ingrédients. Maïs grain 13,5 4
Celle du mash 1 nous a été
confirmée par le fabricant, Corn gluten feed 16
tandis que celle du mash 2
Corn distillers 23
ne nous l’a pas été . Elle a,
uniquement, été estimée T de soja 18 13
par séparation microscopi-
que. pulpes 2
Le pré mélange du mash 1
Graines de colza 2
contient de la mélasse
(2%), de l’huile de palme palmistes 5
(0,5%), de l’urée (0,5%) et
des minéraux vitamines. T de coprah huileux 12
Le pré mélange de mash 2 Graine de coton 14 15
doit contenir de la mé-
lasse, acides aminés proté- luzerne 20 26
gés, et autres minéraux et
tampons Pré mélange et autre 7,5 2
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(Suite de la page 5)
rapport aux C18=2 sont En % des AG Mash 1 Mash 2
de 3,1 pour le »mash 1 »
et de 3,8 pour le MG totales % MS 6,8 6,05
« mash2 ». Il y a peu de AG saturés 26,6 42,7
chance que cela se réper-
La teneur en matières
cute sur les rapports
azotées du « mash2 » ω3/ω2 des produits lai- AG mono insaturés 19,8 16,0
tiers.
est jugée élevée AG poly insaturés 53,7 41,3
AG courts C<10 0 4,6
A linoléique (C18=2) 52,10 39,80
A linolénique 1,60 1,50
(C18=3)
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Les productions laitières témoin. Cet effet est d’au- melle est d’autant plus
brutes,
brutes corrigées des tant plus significatif qu’il inhibée que les AG ont
biais de pré – expérimen- accompagne une produc- une chaîne longue, sont
tation par analyse de co- tion laitière du « mash2 » plus insaturés et sont ri-
variance , sont de 34,4 déjà plus élevée . La syn- ches en doubles liaisons
kg/v/j pour le lot thèse de MG du lait y est de type trans (Chilliard,
« mash2», soit 0,8 kg de significativement plus im- 2001).
plus que la moyenne du portante que dans le Cet éventuel effet « acide
lot « mash1 » et 2,7 kg « mash1 » : 1392 vs 1289 gras » n’a pas influencé le
de plus que le g/j. rapport acétates / propio-
lot «témoin». L’effet trai- Comment expliquer ces dif-dif- nates dans le rumen,
tement alimentaire est férences de TB ? mais (seulement) la
hautement significatif sur L’hypothèse la plus crédi- concentration en propio-
la production laitière des ble est celle des apports et nates et en précurseurs
2 lots « mash » par rap- de la composition des MG d’AG courts (butyrates du
port à celle du témoin. alimentaires. La seule te- rumen) qui sont plus di-
Cet effet est similaire, neur en MG des rations ne lués dans les rumens du
quelque soit le rang de peut pas expliquer la totali- lot « mash 1 ».
lactation (multipare / pri- té des écarts de MG du Pour expliquer ces diffé-
mipare), la fraîcheur en lait ; notons que les diffé- rences de TB du lait, l’hy-
lait et le niveau de pro- rences de taux de MG des pothèse de l’amaigrisse-
duction en général. Il n’y rations s’inversent par rap- ment des vaches du
a pas d’interaction avec port à celles entre mashs : « mash 2 » ne peut pas
ces paramètres. (4,4 % pour le « mash 1 » et être retenue.
Les taux butyreux (TB) et 4,8 % pour le « mash2« ).. Le lot « témoin » repré-
les productions de mati
matiè-
è- C’est sans doute l’apport le sente une situation inter-
L’augmentation de la res grasses (MG) plus important en AGPI per- médiaire aux « mashs » ;
La modalité alimentaire mis par le « mash 1 » (68 % sans doute que la produc-
production laitière
« mash 2 » a permis la de 1,162 kg de MG ingé- tion laitière a moins dilué
permise par le production laitière la plus rées) et non par le « mash la matière grasse.
riche en MG à raison de 2 » ( 55% des 1,254 kg de Les taux protéiques (TP)
« mash2 » a été de 10
42,1 g/l soit 2 g/l de Mgi) qui devrait être la prin- et la production de matiè-
matiè-
% par rapport à celle plus que le lot « mash1 » cipale raison. La lipogé- res protéiques (MP)
et 1,2 g/l de plus que le nèse de novo dans la ma- (Suite page 9)
du « témoin »
Lot « mash2 » Lot « mash1 » Lot « témoin » P
Nombre de blocs 21 21 21
Lait brut kg/v/j 34,35a 33,70a 31,68c 0,01
TB en g/l 42.12 40.15 40.95 0,16
TP en g/l 32,86 32,51 32,65 NS
Lait à 4 % MG 34,60a 33,0b 31,43c 0,001
MG en g/v/j 1392a 1289b 1260c 0,01
MP en g/v/j 1092a 1047a 992c 0,01
Protéines coagu- 75,3 77,2 74,3
lables en %
Lactose g/l 51,4 51,3 50,7
Spores butyriques 788 542 445
milliers/ml
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750
MASH2
730 MASH1
TEMOIN
poids corrigés en kg
710
690
670
650
630
0 20 40 60 80 100 120 140
jours
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Conditions de prix :
L’étude économique a été
prix du lait : Euros / tonne:
réalisée à partir des résul- « mash2 » : 333,7
tats de cet essai et des « mash1 » : 326,1
conditions de rationne- « témoin » : 329,1
ment mis en place. maïs grain : 0,08 Euros /kg
Avec nos pratiques, du Les coûts alimentaires di- concentré protéique : 0,28 Euros/kg sec
rects ont été paramétrés concentré de production : 0,25 Euros / kg sec
dessilage à la en fonction des prix d’a- foin de luzerne : 0,18 Euros / kg
chat des aliments rendement maïs fourrage : 17,5 t MS/ha et 105 q / ha
distribution à l’auge, perte au silo : 10 %
« mash » et des coûts du
le temps de travail n’a Contexte 36/38/40 :
maïs ensilage stocké. Par Pm2 = 0,6639 P em + 0,1316
pas contre on n’a pas tenu Pm1 = 0,4486 P em + 0,1414
compte d’éventuelles dif- Contexte 40/40/40 :
fondamentalement férences de temps de tra- P m2 = 0,3722 P em +0,1817
varié en fonction des vail dans l’utilisation des P m1 = 0,3746 P em + 0,1742
divers concepts d’alimen- Contexte 36/36/36
régimes alimentaires. tation. Avec nos prati- P m2 = 0.4888 P em + 0,1873
ques, du déstockage à la P m1 = 0,3746 P em +0,1815
distribution à l’auge, le Pm1 : prix d’intérêt du mash 2 en Euros /kg de MS
Pm2 : prix d’intérêt du mash 1 en Euros / kg de MS
temps passé n’a pas fon-
P em : prix du maïs ensilage en Euros/ kg de MS
damentalement varié en
fonction des régimes. Par
contre, le temps passé
pour les cultures, leurs ré-
coltes et leurs stockages
sont comptabilisés dans Prix d'intérêt du mash 2 en €/kg MS
le paramètre « prix du
maïs ensilage ». 0,26
Les prix d’intérêt des Mash1 /v/100j 341 378 415 380 416 454
« mashs » sont indiqués
sur les graphiques 2 et Témoin /v/100j 256 256 256 308 308 308
3.
Le contexte où le prix du Tableau 12 : coûts alimentaires / vache / 100 jours en Euros
« mash » peut être le me : maïs fourrage ensilé
moins concurrentiel par
rapport à un rationnement Le contexte « 40/40/40 » niveaux de production, les
classique est celui avec est assez proche du pré- contraintes de bâtiments et
limitation de production et cédent, mais la progres- de main d’œuvre ...
large autonomie alimen- sion de l’intérêt du
taire (36/38/40). Le « mash » est moindre.
contexte ou le prix du Une étude économique
« mash » est le plus basée uniquement sur
concurrentiel est celui les prix des aliments est
avec un effectif contraint forcément réductrice au
le plus faible (36/36/36)., vu de la réalité. Bien
dans ce cas il faut favori- d’autres paramètres peu-
ser la productivité indivi- vent entrer en compte
duelle, et les « mashs » y dans le choix d’un sys-
contribuent. tème d’alimentation : les
En conclusion
I l est incontestable que
ces aliments « mashs »
ont une très bonne valeur nu-
mer qu’il y
ait une interaction positive en-
tre les nombreuses matières
individuelle des vaches, car ils
induisent des systèmes de pro-
duction très différents de ceux
exprimés par de plus en plus
d’éleveurs. Ainsi, il est vrai que
la distribution des rations tous
tritive et une forte ingestibilité premières incorporées dans rencontrés fréquemment en les 2 jours serait possible avec
qui permettent des apports les rations. « mash ». Seules France (avec une large auto- ces concepts.
nutritifs adaptés à une amé- les ingestions supplémentai- nomie fourragère).
res ont eu de bonnes valorisa-
N
lioration importante des per-
formances laitières en début tions marginales, alors qu’el- éanmoins d’autres solu-
de lactation. Les composi-
tions des laits, les reprises de
les auraient pu être plus fai-
bles que la valorisation C es concepts d’alimenta-
tion d’inspiration nord-
américaine, à l’origine adap-
tions existent pour dimi-
nuer le temps de travail ; la dé-
connexion de la partie
poids vifs et les états sanitai- moyenne du témoin.
res n’ont pas pâti de l’aug- tée à des conduites « hors « élevage » de celle de la pro-
sols » pourraient satisfaire les duction fourragère n’est
M
mentation de production,
ais la mise en prati- exigences d’élevages à des qu’une des nombreuses possi-
mais la fécondité n’a pas été
que de ces concepts moments ponctuels de l’année bilités.
étudiée.
d’alimentation a des consé- (pénurie fourragère, manque
quences qui dépassent large- de place …). Ils pourraient aus-