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Université d’Angers - LPA

CH IV Application aux Fluides


Parfaits Incompressibles
Nous allons appliquer les équations fondamentales de la dynamique
au cas de fluides parfaits (non visqueux) et incompressibles.

1 - Equation de Bernoulli
Partons de l'équation fondamentale de la dynamique et considérons
l’écoulement stationnaire d’un fluide parfait incompressible :
r
⎛ ∂v r r r⎞ r r r rr r r r
ρ⎜ + (v ∇) v ⎟ = −∇p + μ Δv + ρ g ⇒ ρ (v ∇) v = −∇p + ρ g
⎝ ∂t ⎠
écoulement fluide parfait donc
stationnaire non visqueux
r r r r
Si g = − gez , alors on peut
p écrire : ρ g = −∇( ρ g
gz )
Par ailleurs, on vérifie toujours rr r 1 r r r r r r
l’égalité vectorielle suivante : (v∇)v = 2 ∇(vv ) − v ∧ (∇ ∧ v )
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Par conséquent :
rr r r r r rr r r r r r
ρ (v ∇) v = −∇p + ρ g ⇒ 1
2
ρ∇(vv ) − ρv ∧ (∇ ∧ v ) = −∇p − ∇( ρ gz )

r 1 2 r r r r r
⇒ ∇(2 ρv ) + ∇p + ∇( ρ gz ) = ρv ∧ (∇ ∧ v )
r 1 2 r r r
⇒ ∇(2 ρv + p + ρ gz ) = ρv ∧ (∇ ∧ v )
r


r 1 2 r r
⇒ ∇(2 ρv + p + ρ gz ) = 2 ρ v ∧ Ω

r r
Si l’écoulement est irrotationnel : Ω = 0 et par conséquent :
r 1 2 r
∇(2 ρv + p + ρ gz ) = 0

Donc : 1
2
ρv 2 + p + ρ g
gz = Cte en tout p
point de l’écoulement
si celui-ci est irrotationnel.
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Si l’écoulement n’est pas irrotationnel :


rr r r r r r *
ρ (v ∇) v = −∇p − ∇( ρ gz ) = −∇( p + ρ gz ) = −∇p
p*: pression motrice
r r
es v Le long d’une ligne de courant, dans
le repère de Frenet le vecteur vitesse
Ψ = Cte s’exprime : r r
r v = ves
en
Dans ce même repère, on a :
rr r ∂ r ∂
v ∇ = (ves ).( es ) = v
∂s ∂s
∂ r ∂p* r ∂p* r
D’où : ρ v (ves ) = − es − en
∂s ∂s ∂n ⎧ ∂v ∂p*
r r ⎪ ρv =−
∂v r ∂e ∂v r e ⎪ ∂s ∂s
es + v s = es + v n ⎨ 2 *
∂s ∂s ∂s R ⎪ ρ v ∂p
⎪ =−
∂v r v2 r ∂p* r ∂p* r ⎩ R ∂n
Soit : ρv es + ρ en = − es − en
∂s R ∂s ∂n
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r r
es v
⎧ ∂v ∂p*
⎪ ρv =− (i)
⎪ ∂s ∂s Ψ = Cte
⎨ 2 * r
⎪ ρ v ∂p (ii) en
⎪ =−
⎩ R ∂n
2
∂v ∂v ∂ 1 2 ∂ 1 2 ∂p*
(i) ρ v = ρ21 = (2 ρv ) ⇒ (2 ρv ) = −
∂s ∂s ∂s ∂s ∂s
∂ 1 2 ∂ 1 2
⇒ (2 ρv + p* ) = 0 ⇒ (2 ρv + p + ρ gz
g )=0
∂s ∂s
⇒ p + ρ gz + 1
2
ρv 2 = Cte le long d’une même ligne de courant.
équation de Bernoulli

v2 ∂p* ∂p*
∂p
(ii) ρ =− ⇒ <0
R ∂n ∂n
La pression motrice diminue quand on se p*Ì
rapproche du centre de courbure.
courbure
Si les lignes de courants sont rectilignes et parallèles, alors la pression
motrice reste constante dans la direction perpendiculaire.
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2 - Interprétation de l'équation de Bernoulli


a) Interprétation en énergie
Multiplions tous les termes de l’équation de Bernoulli par un
volume V : 2 te
p.V + ρ gz.V +
1
2
ρv .V = C × V
p.V ⇒ travail des forces de pression : énergie potentielle
due aux forces de pression.
ρ gz.V = mgz ⇒ énergie potentielle due aux forces
de pesanteur.
1
2
ρv 2.V = 12 mv 2 ⇒ énergie cinétique.

Cte × V = Em ⇒ énergie totale : énergie mécanique.


E
Par conséquent : p + ρ gz + 1 ρv 2 = m correspond à une
2
V
énergie mécanique par unité de volume (si V=1).
L’énergie mécanique reste alors constante le long d’une ligne
de courant (il n’y a pas de dissipation d’énergie).
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b) Interprétation en pression

p+ρg
gz + 1
2
ρv 2 = C te

p ⇒ pression statique
(elle existe même s’il n’y a pas de mouvement)

p + ρ gz = p* ⇒ pression motrice
(elle génère le mouvement)

1
2
ρv 2 ⇒ pression cinétique
(elle résulte du mouvement)

p + ρ gz + 1
2
ρ v 2 = Pt ⇒ pression totale (ou charge)

L’équation de Bernoulli montre alors que la charge reste


constante le long d’une
d une même ligne de courant
( Æ pas de perte de charge dans l’écoulement d’un fluide parfait).
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3 - Applications
a) Sondes de pression - Tube de Pitot
L’étude de la cinématique des écoulements a permis de montrer que
des obstacles pouvaient générer un ou plusieurs point(s) d
d’arrêt.
arrêt.
Par exemple, la superposition d’un écoulement uniforme avec une
source peut modéliser l’écoulement autour d’un objet appelé demi-
solide de Rankine.
Rankine

Ainsi, en amont de cet


U∞
objet l’écoulement
l écoulement peut
être considéré uniforme,
A demi-solide
de vitesse U∞.
de Rankine
Un point d’arrêt A est
généré sur le front
d’attaque
d attaque de ll’objet.
objet.
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U∞
Le long d’une même ligne
A demi-solide de courant on vérifie :
de Rankine

p + ρ gz + 1
2
ρv 2 = C te

Considérons la ligne de courant passant par le point d’arrêt et appliquons


Bernoulli entre le point A et un point situé loin en amont :

p∞ + ρ gz ∞ + 1
2
ρv ∞2 = pA + ρ gz A + 1
2
ρv A2
U∞2 0
⇒ p∞ + ρ gz ∞ + 1
2
ρU∞2 = pA + ρ gz A
Et si l’écoulement a lieu dans un plan tel que z = Cte, alors :
la pression pA est ainsi appelée
p∞ + 1
2
ρU∞2 = pA pression de stagnation.
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Δh
B’

B
O’
U A
O
tube de Pitot-double

En O et O’, l’écoulement est supposé uniforme, de vitesse U.


Les lignes de courant étant supposées rectilignes et parallèles, la
pression est la même en O et O’ ⇒ p0 = pO’
Pour les mêmes raisons
raisons, la pression est la même en B et B’
B ⇒ pB = pB’
Le fluide étant immobile à l’intérieur de la sonde, la pression y est
uniforme et égale à la pression en B.
⇒ le premier manomètre donne la pression en A pA − pB = ρ gΔh
⇒ le second manomètre donne la pression en B
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Δh
B’

B
O’
U A
O
tube de Pitot-double

En appliquant Bernoulli entre O et A, on a : pO + 1


2
ρU 2 = pA
Puis entre O’ B : pO' +
O et B’ 1
2
ρU 2 = pB' + 21 ρvB2'
On peut alors faire l’hypothèse que l’écoulement est
redevenu uniforme loin après le front de ll’objet
objet : v B' = U
D’où : pO' = pB' Or, on a vu que : pO' = pO et pB' = pB
⇒ pO = pB
Par conséquent : pB + 1
2
ρU 2 = pA
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Δh
B’

B
O’
U A
O
tube de Pitot-double

pB + 1
2
ρU 2 = pA
⇒ 1
2
ρU 2 = pA − pB = ρ gΔh

⇒ U = 2gΔh

différents types de sondes de


Prandtl (tubes de Pitot-double)
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b) Phénomène de Venturi - Mesure de débit

Considérons une conduite le long de laquelle a été placé un


rétrécissement :
z

A’ C’
B’

A B C

On dispose de 3 sondes de pression (manomètres) placées :

˜ en amont du rétrécissement ⇒ pA
˜ au niveau du rétrécissement ⇒ pB
˜ en aval du rétrécissement ⇒ pC (sonde facultative)
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A’ C’
B’

A B C

En dessous chaque prises de pression, les lignes de courant


peuvent être considérées rectilignes et parallèles : dans la direction
perpendiculaire (suivant z) les lois de l’hydrostatique s’appliquent à
la pression :

⎧ pA = pA ' + ρ gz A'
⎪ où pA ' = pB' = pC ' = patm
⎨ pB = pB' + ρ gzB'
⎪ p = p + ρ gz
⎩ C C' C'
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A’ C’
B’

A B C

Appliquons Bernoulli sur la ligne de courant passant par A, B et C :

pA + ρ gz A + 1
2
ρ v A2 = pB + ρ gzB + 1
2
ρ vB2 = pC + ρ gzC + 1
2
ρ v C2
z A = zB = z C = 0
⇒ patm + ρ gz A ' + 1
2
ρ v A2 = patm + ρ gzB' + 1
2
ρ vB2 = patm + ρ gzC ' + 1
2
ρ v C2

2 2 2
v v v
⇒ z A ' + 12 A = zB' + 1
2
B
= zC ' + 1
2
C
g g g
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A’ C’
B’

A B C

v A2 vB2 vC2
zA ' + 1
2
= zB' + 1
2
= zC ' + 1
2
g g g
On sait par ailleurs
ll que le
l déb
débit volumique
l est conservé
é:
(en supposant la vitesse uniforme sur
qv = SAv A = SBvB = SCvC
une même section)

Remarquons que : SA > SB ⇒ v A < vB ⇒ z A' > zB'


(rétrécissement) (accélération) (dépression)

et que si SA = SC alors v A = v C et z A ' = zC ' : la 3ème sonde ne


servira que pour une étude des pertes de charge (cf CH V)
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A’ C’
B’

A B C

2 2
v v 1
z A ' + 12 A = zB' + 1
2
B
⇒ Δz = z A ' − zB' = (vB2 − v A2 )
g g 2g
SA
SAv A = SBvB ⇒ vB = v A
SB
1 2 2 2 2gΔz
Donc : Δz = v A (SA SB − 1) soit : v A =
2g (SA SB )2 − 1

2gΔz
Le débit dans la conduite s’obtient par : qv = SA
(SA SB )2 − 1
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A’ C’
B’

A B C

Exprimé en fonction du diamètre D


de la conduite et du diamètre d du
rétrécissement, le débit s’exprime :

π D2 2 g Δz
qv =
4 (D d )4 − 1
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c) Ecoulement par orifice - Formule de Torricelli

Considérons la vidange d’un réservoir par un orifice placé sous la


surface libre :
Appliquons Bernoulli entre un point A
z
A de la surface libre et un point M du jet :
zA
pA + ρ gzA + 1
2
ρv A2 = pM + ρ gzM + 12 ρvM2
h
Hypothèse : dans le jet, les lignes de courant
M sont rectilignes parallèles, donc dans la direction
zM transverse on peut y appliquer les lois de
ll’hydrostatique
hydrostatique. Les variations d
d’altitude
altitude étant
négligeables, la pression statique peut alors
0
être considérée uniforme dans tout le jet.

Comme il n’y a pas de discontinuité de pression à l’interface jet-


atmosphère, la pression statique dans le jet est égale à la
pression atmosphérique.
atmosphérique

Par conséquent : pA = pM = patm


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pA + ρ gzA + 1
2
ρv A2 = pM + ρ gzM + 21 ρvM2
patm patm ⇒ ρ gzA + 12 ρv A2 = ρ gzM + 12 ρvM2

Hypothèse : la vitesse de descente du niveau de


z la surface libre peut être considérée négligeable
A devant celle du fluide s’écoulant
s écoulant dans le jet
jet.
zA
⇒ v A << vM
h Par conséquent :
M ρ g(zA − zM ) = 1
2
ρ(vM2 − v A2 ) ≈ 1
2
ρvM2
zM
h
0 ⇒ vM = 2gh
contraction S formule de Torricelli
du jet σ
Calcul du débit :

qv = σ vM = σ 2gh où σ = Cc S

coefficient de contraction
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Le coefficient de contraction dépend de la géométrie de l’orifice.


De manière générale, Cc est déterminé expérimentalement et tabulé :

parois minces Cc = 0,61

orifice à bords profilés Cc = 1,00

orifice à bords rentrants Cc = 0,50


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d) Phénomène de cavitation
Le phénomène de cavitation correspond à la formation de bulles de
vapeur au sein d’un liquide en mouvement.

En conséquence de l’équation de Bernoulli, quand la vitesse augmente


la pression diminue. Si pression tombe en dessous de la pression de
vapeur saturante,
t t alors
l le
l liquide
li id s’évapore
’é ⇒ formation
f ti de
d bulles.
b ll

En pratique, et dans la plupart des cas, ce phénomène est gênant.


Par exemple :
˜ la cavitation est consommatrice d’énergie
énergie consommée pour la formation des bulles (transition de phase)
+ contraintes

˜ la cavitation est à l’origine de la détérioration prématurée


des hélices de navires
Les bulles créées par cavitation migrent
spontanément vers les zones où la pression
du fluide est plus élevée : elles éclatent et le
choc mécanique engendre des détériorations.

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