You are on page 1of 4

Concours Communs Polytechniques 2005

Filire PC
MATHEMATIQUES 1
4 heures

Les calculatrices sont interdites


****

N.B. : Le candidat attachera la plus grande importance à la clarté, à la précision et à la


concision de la rédaction.
Si un candidat est amené à repérer ce qui peut lui sembler être une erreur d’énoncé, il la
signalera sur sa copie et devra poursuivre sa composition en expliquant les raisons des initiatives
qu’il a été amené à prendre.

****

Objectifs, notations et définitions

Les objectifs de ce problème sont les suivants :


- étendre la notion d’exponentielle à une matrice sans faire appel aux séries, mais par
analogie avec l’introduction de la fonction réelle de variable réelle s 7→ eαs comme solution du
problème de Cauchy : y 0 = αy, y(0) = 1.
- établir quelques propriétés de cette exponentielle.
- résoudre dans R3 une équation différentielle du type x0 = u ∧ x que l’on rencontre en
particulier en mécanique du solide.
Soit N l’ensemble des entiers naturels, N∗ = N\{0} et pour n dans N∗ , Nn = {1, 2, . . . , n}.
Si n est un entier supérieur ou égal à 1, on note Mn (C) le C-espace vectoriel des matrices
carrées d’ordre n à coefficients dans C et Mn,1 (C) le C-espace vectoriel des matrices colonnes
à n lignes à coefficients dans C. In est la matrice identité dont les coefficients sont donnés par
le symbole de Kronecker défini par
(
1 si i = j
δij =
0 si i 6= j

Pour A = (aij ) 1≤i≤n appartenant à Mn (C), t A désigne la matrice transposée de A, Aij désigne
1≤j≤n
le cofacteur de l’élément aij et on appelle comatrice de A la matrice dont le coefficient de la
i-ème ligne et de la j-ème colonne est Aij . Cette matrice sera notée Com A.
Lorsque les coefficients aij de A sont des fonctions de s définies sur un intervalle I de R,
on rappelle que A est dérivable sur I si et seulement si toutes les fonctions aij : I 7→ C sont
dérivables sur I et qu’alors :

∀s ∈ I, A0 (s) = (a0ij (s)) 1≤i≤n .


1≤j≤n

On pourra utiliser sans le redémontrer que le produit de deux applications A et B de I


dans Mn (C), dérivables sur I, est dérivable sur I et que :

∀s ∈ I, (AB)0 (s) = A0 (s)B(s) + A(s)B 0 (s).

1
PARTIE I
 
5 0 3
I.1 Soit la matrice M donnée par : M =  −6 −1 −3 
 
−6 0 −4
a) Calculer det M .
b) Calculer la matrice produit M × t ComM .
c) Déterminer le polynme caractéristique χM de M .
d) Calculer (I3 + M )(2I3 − M ) puis la matrice χM (M ).
I.2 Soit A = (aij ) ∈ Mn (C), (β1 , β2 , . . . , βn ) ∈ Cn et B la matrice déduite de A en
remplaant la j-ème colonne de A par la colonne formée des coefficients β1 , β2 , . . . , βn .
n
X
a) Montrer que det B = βk Akj .
k=1
n
X
b) En déduire les égalités : ∀(l, j) ∈ N2n , akl Akj = (det A)δlj .
k=1
n
X
c) Montrer de mme les égalités : ∀(l, i) ∈ N2n , alk Aik = (det A)δli .
k=1
d) En déduire les formules :

A × (t ComA) = (det A)In et (t ComA) × A = (det A)In .

I.3 a) Soit (Gij ) 1≤i≤n une famille de n2 polynmes à coefficients complexes, tous de degré
1≤j≤n
inférieur ou égal à 1. Pour x ∈ C, on note G(x) la matrice de Mn (C) de terme général
Gij (x).
Montrer par récurrence sur l’ordre de la matrice qu’il existe un polynme Q à coeffi-
cients complexes, de degré inférieur ou égal à n tel que pour tout x appartenant à C,
det G(x) = Q(x).
b) Soit p ∈ N et D0 , D1 , . . . , Dp des matrices de Mn (C) telles que pour tout x ∈ C,
p
X
xk Dk = 0. Montrer que, pour tout k dans {0, 1, . . . , p}, Dk = 0.
k=0
n
X
I.4 Pour tout x ∈ C, on pose C(x) = t Com(A − xIn ) et on note χA (x) = αk xk le
k=0
polynme caractéristique de A.
a) Montrer qu’il existe n matrices B0 , B1 , . . . , Bn−1 dans Mn (C) telles que :
n−1
X
∀x ∈ C, C(x) = xk Bk .
k=0

b) En utilisant les questions I.2 et I.3, établir les égalités matricielles suivantes :

 AB0
 = α0 In
ABk −Bk−1 = αk In , ∀k ∈ Nn−1
−Bn−1

 = αn In

c) En déduire que le polynôme caractéristique χA de la matrice A est un polynôme


annulateur de A.

PARTIE II

2
Soit A ∈ Mn (C), λ1 , λ2 , . . . , λn ses valeurs propres dans C non nécessairement distinctes.
On introduit les matrices suivantes :
 
λ1 0 ... ... 0  
1
 ..

 1 λ2 0 .


 0 


H= .. .. ..

,

Y0 =  0

0 1 . . .

  
.. 
 .. .. .. ..
 
.

. . . . 0 
   

0
0 ... 0 1 λn
k−1
Y
C1 = In et ∀k ∈ {2, 3, . . . , n}, Ck = (A − λj In ).
j=1

II.1 a) Montrer que A commute avec chaque matrice Ck .


b) Montrer que (A − λn In )Cn = 0.
II.2 On rappelle que le problème de Cauchy

Y 0 (s) = HY (x), Y (0) = Y0

admet une unique solution Y : R → Mn,1 (C), s 7→ Y (s). On notera (yi (s))1≤i≤n les
composantes de Y (s)
On considère alors le nouveau problème de Cauchy suivant :

∀s ∈ R, E 0 (s) = AE(s) et E(0) = In (1)

o la fonction inconnue E est une application dérivable de R dans Mn (C).


n
X
a) Soit EA : R → Mn (C), s 7→ yk (s)Ck . Montrer que :
k=1

n−1
0
X
∀s ∈ R, EA (s) = yk (s) [λk Ck + Ck+1 ] + yn (s)λn Cn .
k=1

En déduire que EA est solution du problème (1).


b) Montrer que EA est aussi solution du problème (2) ci-dessous :

∀s ∈ R, E 0 (s) = E(s)A et E(0) = In (2)

c) Soit ϕ : R → Mn (C), s 7→ EA (s)EA (−s). Montrer que la fonction ϕ est constante


égale à In . En déduire que pour tout s ∈ R, EA (s) est inversible et donner son inverse.
d) Soit F une solution du problème (1) et ψ la fonction de R dans Mn (C) définie pour
tout s réel par ψ(s) = EA (−s)F (s). Montrer que la fonction ψ est constante et en
déduire que le problème (1) admet EA pour unique solution.
e) Montrer que EA est aussi l’unique solution du problème (2).
Désormais, on note pour tout s réel : EA (s) = esA . La matrice EA (1) = eA est appelée
exponentielle de la matrice A. Cette notation et cette définition seront justifiées par les
diverses propriétés étudiées dans la suite du problème.
II.3 A l’aide de l’algorithme décrit dans les questions précédentes, déterminer explicite-
ment les coefficients de esM , o M est la matrice donnée à la question I.1.
II.4 Soit le problème de Cauchy dans Mn,1 (C) donné par :

∀s ∈ R, Z 0 (s) = AZ(s) et Z(0) = Z0 , Z0 ∈ Mn,1 (C).

Montrer que sa solution est donnée par Z(s) = esA Z0 .

3
PARTIE III

III.1 Montrer que pour tout s réel, la matrice esA est un polynôme en A.
III.2 Soit A et B deux matrices de Mn (C) telles que AB = BA.
a) Montrer que pour tout s réel, A et esB commutent.
b) Montrer que pour tout s réel, esA et esB commutent.
c) Montrer que les fonctions

µ : R → Mn (C), s 7→ es(A+B) et ν : R → Mn (C), s 7→ esA esB

vérifient une mme équation différentielle et A+B = eA eB .


! en déduire e !
1 1 1 −1
III.3 On considère les matrices A = et B = .
0 0 0 0
Calculer eA , eB , eA+B et eA eB . Quelle conclusion en tirez-vous ?
III.4 Soit A dans Mn (C).
a) Montrer que si P est une matrice inversible de Mn (C), on a pour tout s réel :
−1 AP )
es(P = P −1 esA P.
t A)
b) Montrer que pour tout s réel : es( = t (esA ).

PARTIE IV

On se place désormais dans l’espace vectoriel euclidien orienté R3 muni de son produit
scalaire canonique. B = (e1 , e2 , e3 ) est la base canonique de R3 et u = (a, b, c) est un vecteur
unitaire de R3 . Soit x0 un vecteur de R3 et x l’application de R dans R3 solution du problème
de Cauchy :
dx
∀s ∈ R, = u ∧ x et x(0) = x0 (3)
ds
IV.1 Si X(s) et X0 sont les matrices colonnes respectives des coordonnées de x(s) et x0
dans la base B, montrer que le problème (3) s’écrit encore :
dX
∀s ∈ R, = AX et X(0) = X0 (4)
ds
o A est une matrice que l’on précisera.
IV.2 Déterminer le polynôme caractéristique de A et montrer que A3 = −A.
IV.3 Montrer que esA = I3 + (sin s)A + (1 − cos s)A2 et donner l’expression de la solution
du problème (4).
IV.4 On note f et g respectivement les endomorphismes de R3 canoniquement associés
aux matrices A et esA .
a) Montrer qu’il existe une base orthonormale B0 telle la matrice de f dans cette base
soit :  
0 0 0
B =  0 0 −1  .
 
0 1 0
b) Déterminer l’image par g de la base B0 , puis caractériser géométriquement l’endo-
morphisme g.
c) Calculer esB .

Fin de l’énoncé

You might also like