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T-kit
Le management
des organisations
Bienvenue dans la série des T-Kits
Certains d’entre vous se sont peut-être demandé: mais que signifie «T-
Kit»? A cette question, nous pouvons apporter deux réponses. La pre-
mière réponse, la plus simple, se trouve dans la formulation complè-
te, en anglais, de cette abréviation: «Training Kit», c’est-à-dire kit de
formation. La deuxième est liée à sa sonorité, qui rappelle celle de
«Ticket», le titre de transport qui nous permet de voyager. Ainsi, sur la
page de couverture, le petit personnage appelé «Spiffy» tient un ticket,
grâce auquel il va pouvoir partir à la découverte de nouvelles idées.
Nous nous sommes imaginé le T-Kit comme un outil susceptible de
servir à chacun de nous dans son travail. Plus précisément, nous sou-
haiterions le destiner aux travailleurs de jeunesse et aux formateurs,
afin de leur apporter des outils théoriques et pratiques pour tra-
vailler avec et/ou former des jeunes.
Ce T-Kit n’est pas une publication isolée. Il fait partie d’une série de
quatre titres publiés durant l’année 2000. D’autres suivront dans les
prochaines années. Il s’inscrit dans le cadre d’un programme européen
de formation de responsables de jeunesse, conduit en partenariat par
la Commission européenne et le Conseil de l’Europe depuis 1998. Outre
les T-Kits, le partenariat entre les deux institutions englobe d’autres
domaines de coopération tels que des stages de formation, le magazine
«Coyote» et un site Internet très dynamique.
Cette publication ne reflète pas forcément le point de vue officiel de la Commission européenne
ou du Conseil de l’Europe, de leurs Etats membres ou des organisations coopérant avec ces institutions.
T-Kit
Le management
des organisations
Conseil de l’Europe
DG IV
Direction de la Jeunesse et du Sport
Centre Européen de la Jeunesse, Strasbourg Centre Européen de la Jeunesse, Budapest
30, rue Pierre de Coubertin Zivatar ucta 1-3
F-67000 Strasbourg, France H-1024 Budapest, Hongrie
Tél.: +33-3-8841 2300 – Fax.: +33-3-8841 2777 Tél.: +36-1-212 4078 – Fax.: +36-1-212 4076
Commission Européenne
Direction Générale Education et Culture
Direction D5: Jeunesse – Politiques et programme
Rue de la loi, 200
B-1049 Bruxelles, Belgique
Tél.: +32-2-295 1100 – Fax.: +32-2-299 4158
T-Kit
Le management
des organisations
Sommaire
Introduction ................................................................................................................................ 7
Ce T-Kit entend favoriser le développement Ce T-Kit est organisé selon quatre grands cha-
d’organisations de jeunesse correctement gérées pitres qui, quoique en lien les uns avec les
en Europe, par l’apport de bases théoriques et autres, peuvent se lire indépendamment les uns
l’application concrète de techniques de mana- des autres, ce qui illustre l’approche holistique
gement. du management des organisations. Chacun de
ces chapitres inclut des références théoriques,
Il a été produit dans l’objectif d’aider: une analyse et des exercices spécifiques visant
à aider les formateurs dans leur travail.
• les formateurs et les multiplicateurs interve-
nant dans le domaine du management des Le Chapitre 1 décrit les organisations en tant
organisations ; que systèmes en relation avec l’environnement
• les «managers» (par ex. secrétaires géné- extérieur et en mesure de développer un envi-
raux, coordinateurs internationaux, diri- ronnement interne propre que l’on appelle la
geants, Présidents, etc.) des petites et culture. Ici, l’emploi du terme «d’environnement»
moyennes organisations non gouverne- est délibéré, le but étant d’aider les personnes
mentales de jeunesse. impliquées dans le management à examiner
dans un premier temps le contexte des organisa-
Les termes de «manager» et de «management» tions de jeunesse et leur rôle dans nos sociétés
peuvent parfois paraître quelque peu étrangers contemporaines.
au jargon spécifique des organisations de jeu-
nesse. Aussi tenons-nous à préciser que le Les Chapitres 2 et 3 sont consacrés aux indivi-
management n’est pas une pratique réservée dus, qui constituent la ressource majeure de
aux seules entreprises. N’importe quel volon- l’organisation. Le Chapitre 2 a trait à la gestion
taire chargé de l’organisation d’une journée de soi – condition indispensable à la gestion des
d’excursion va être amené à gérer le temps dispo- autres. Il englobe la découverte de notre propre
nible, les individus et les ressources. Il importe potentiel de manager et de dirigeant, et la com-
donc que les individus s’identifient avec le préhension de la façon dont nous apprenons.
concept de management. Il aborde aussi l’importance des relations
humaines dans le management.
Ce T-Kit ne se donne pas pour objectif d’appor-
ter une solution à tous les problèmes que ren- Le Chapitre 3 concerne la gestion des individus.
contrent les organisations de jeunesse. De la Le management n’est pas appréhendé en tant
même façon que les organisations et les indivi- qu’activité de contrôle, mais davantage en tant
dus sont uniques, les solutions le sont égale- que fonction axée sur la mission de l’organisa-
ment. Par conséquent, il n’existe pas de recette tion. Le management permet la définition de
miracle. Par contre, nous entendons proposer l’objectif et sa réalisation, au moyen d’un proces-
des techniques et des méthodes adaptables à la sus d’adaptation au changement et d’un main-
réalité de votre propre organisation et suscep- tien de l’équilibre entre les diverses pressions,
tibles d’améliorer la qualité de ses performances. souvent conflictuelles, générées par le travail.
Le format de cette publication ne permettant pas Le Chapitre 4 s’intéresse à la gestion des proces-
d’aborder en profondeur tous les thèmes liés sus ou des «ressources non humaines» au sein et
au management des organisations, les auteurs hors de l’organisation. Les processus sont envi-
ont dû opérer une sélection rigoureuse. Les sagés en tant qu’éléments dynamiques dans la
thèmes retenus, ainsi que leur regroupement vie d’une organisation qui évolue, réagit et se
en quatre chapitres, sont le fruit d’âpres dis- développe en permanence.
cussions entre les auteurs, qui ont apporté à ce
travail leur vaste expérience personnelle du Le terme d’organisation provient du mot grec
management et des théories du management. organon, qui signifie outil ou instrument. Les
D’autres T-Kits sont prévus sur d’autres thèmes informations contenues dans les chapitres qui
spécifiques, tels que la recherche de finance- suivent devraient contribuer à faire des organi-
ments. sations de jeunesse des outils efficaces pour
répondre aux besoins des jeunes en Europe.
La bibliographie proposée répertorie des
ouvrages sur les divers sujets abordés dans Nous espérons que vous apprécierez la lecture
cette publication. de ce T-Kit.
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1. Environnement:
le contexte et la culture
des organisations européennes de jeunesse T-Kit
Le management
des organisations
1.1 Introduction
De nombreux termes sont employés pour nom- c) Il s’agit d’organisations non gouverne-
mer et définir les organisations de jeunesse, mentales: elles ne font pas partie de la sphère
mais aucun ne semble avoir une signification des administrations publiques, mais peuvent 1
suffisamment large pour embrasser toute leur néanmoins bénéficier de leur soutien (finan-
diversité. En fait, les définitions semblent plu- cier).1
tôt contraindre cette diversité qui, précisément,
est la caractéristique majeure des organisations d) Ce sont des organisations de jeunesse: elles
de jeunesse. Néanmoins, il serait intéressant de sont formées de personnes réunies au sein d’une
se pencher sur le contenu de ces définitions qui structure et d’une organisation communes pour
mettent en évidence certains aspects clés des l’accomplissement de valeurs partagées.
organisations de jeunesse. De cette façon, nous
pourrons identifier leur place et leur rôle dans
Les jeunes jouent un rôle prépondérant dans
la société.
au moins l’une des situations suivantes:
a) Il s’agit souvent d’organisations volontaires:
Si certaines rémunèrent du personnel, les ins- • Les jeunes sont responsables de la gestion
tances de prise de décision (direction) sont de l’organisation. Cela étant, ils n’en sont
généralement constituées de volontaires. pas forcément les bénéficiaires: il peut s’agir
du patrimoine culturel, de l’environnement
b) Il s’agit d’organisations à but non lucra- ou des personnes âgées.
tif : non pas qu’elles ne réalisent aucun béné-
fice, mais tout bénéfice est réinvesti dans des • Les jeunes sont les bénéficiaires des acti-
activités qui concourent à l’accomplissement vités de l’organisation. Mais ces activités
de leur mission. peuvent être organisées par des adultes.
– Objectifs
– Ancienneté
– Niveau de formalisation
– Structure interne
– Domaine d’action
– Groupe cible
– Importance géographique
– Continuité des activités
– Types d’activités
– Relations avec les autres organisations
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Si l’on pouvait comparer les définitions et les «vivent» va les influencer. C’est la raison pour
rôles des organisations de jeunesse à travers laquelle il convient de les adapter en perma-
l’Europe, on constaterait aisément la diversité nence aux développements qui se produisent,
des perceptions d’un pays à l’autre. Cette diver- qui risquent sinon de les prendre par surprise
sité influe considérablement sur le rôle que ou, à l’inverse, de passer inaperçus. Par exemple,
jouent les organisations dans la société, mais la décision d’assurer un certain service par
1 également sur la manière dont elles jouent ce le secteur public peut régler un problème
rôle. Il importe d’être conscients de la diversité que l’organisation tentait de résoudre au moyen
des scénarios dans lesquels elles opèrent en de son travail. Si cette dernière se montre inca-
Europe, dans la mesure où toutes ces diffé- pable d’anticiper et de réagir, alors la mission
rences déterminent la façon dont il est possible qui motivait son existence va disparaître et, tôt
de les gérer. ou tard, elle devra être dissoute ou réorganisée.
Par exemple, une sensibilité accrue sur une
A ces questions, il n’existe pas une unique certaine question, susceptible de former le pivot
bonne réponse. Au groupe de décider du cas du travail d’une organisation de jeunesse, pour-
de figure qui correspond le mieux à leur rait ouvrir sur de nouvelles opportunités.
réalité.
Nous voudrions ici souligner une qualité clé
Le fait que les organisations n’existent pas dans que doivent posséder les personnes en charge
le «vide» est une autre donnée majeure. En effet, du management au sein des organisations de
l’environnement spécifique dans lequel elles jeunesse. Il est capital qu’elles soient en mesure
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de lire la réalité qui les entoure, si elles veulent Parfois, certaines façons de faire sont difficile-
pouvoir être proactives et développer leurs ment compréhensibles hors de leur contexte
organisations dans le sens des besoins actuels historique, ce qui peut avoir un effet sur la
et futurs de la société. perception du travail par les nouveaux volon-
taires. La continuité dans la façon de faire n’est
pas un gage de qualité. Aussi devons-nous ana-
lyser nos pratiques, si nous voulons apporter 1
des améliorations à notre organisation.
1.2 Le contexte Avant d’entamer toute démarche de planifica-
historique tion, avant de s’interroger sur les raisons qui
font que les choses fonctionnent ou pas au sein
de l’organisation, avant de prendre la moindre
A partir du moment où l’on sait où l’on se trou- décision, les managers doivent prendre le temps
ve, il est important de savoir comment on y est de comprendre leur organisation. Les enseigne-
arrivé. La plupart des caractéristiques et des ments de l’histoire peuvent être intégrés dans
pratiques actuelles des organisations trouvent la connaissance générale de l’organisation, et
leurs racines dans l’histoire des organisations. être exploités pour le travail de planification.
Pour cette raison, il importe que les personnes
impliquées dans les pratiques de management Au début de ce chapitre, il a été dit que la natu-
connaissent et comprennent leur organisation. re d’une organisation de jeunesse résidait dans
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Fig. 1: «L’iceberg» - un concept de culture
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gérer une organisation. Nous devons savoir que 1.3.2 Les styles organisationnels
chaque culture réagit différemment par rap-
Maintenant que nous savons ce que l’on entend
port à un même sujet, mais il est tout aussi
par culture organisationnelle, nous sommes
important de savoir que tous les individus ne
prêts à analyser quelques-uns des «styles» orga-
s’intègrent pas forcément dans telle ou telle
nisationnels, ainsi que Charles Handy les
culture. Cette dernière observation a des impli-
nomme. Les descriptions qui suivent vont nous
1 cations claires pour les groupes de personnes
aider à identifier la culture de notre organisation
qui se forment dans la perspective d’un objec-
et ensuite, à répondre aux questions suivantes:
tif commun.
– Pourquoi les choses se font-elles de cette
Suggestions façon au sein de notre organisation?
pour la formation – Quels sont les avantages et les inconvénients
de cette «manière de faire» ?
Servez-vous des définitions suivantes – Selon leur propre personnalité, pourquoi
de la culture organisationnelle pour certaines personnes parviennent-elles ou
stimuler le débat. Lesquelles les par- pas à s’inscrire dans notre organisation?
ticipants préfèrent-ils utiliser ?
• Trompenaars: «.... l’essence de la Les réponses à l’ensemble de ces questions
culture n’est pas ce qui est visible constituent une base essentielle à la recherche
en surface. Ce sont les façons par- de nouvelles orientations pour le développe-
tagées par des groupes d’individus ment de notre organisation.
de comprendre et d’interpréter le
monde.» Les descriptions ci-dessous sont une synthèse
inspirée de la classification des quatre princi-
• Morgan donne différentes défini- pales catégories de cultures organisationnelles,
tions: «Lorsque nous parlons de établie par Handy.
culture, nous faisons spécifiquement
référence au mode de développe-
ment qui se reflète dans le système
La culture de club
de connaissances, d’idéologies, de La toile d’araignée est l’image qui décrit le mieux
valeurs, de lois et de rituels quoti- l’organisation: la clé de l’organisation se situe
diens d’une organisation.» en son centre, autour duquel se développent
des cercles d’influence de plus en plus larges.
• Wilkins la définit comme «les choses Plus vous vous rapprochez de l’araignée, plus
qui paraissent naturelles et les signi-
grande est votre influence.
fications partagées que les individus
confèrent à leurs compréhensions
Le «concept organisationnel» prôné par la cultu-
sociales.»
re de club est que l’organisation est une sorte
• Ouchi et Jackson en donnent une de prolongement de la personne qui se trouve
définition beaucoup plus directe: à sa tête, voire de son fondateur. Si ces per-
«Comment les choses se font dans sonnes étaient en mesure d’assumer toutes les
un contexte donné». tâches, l’organisation n’existerait pas. L’existence
Il affirme également que: «Les orga- de l’organisation se justifie précisément par le
nisations sont des mini-sociétés qui fait que cela leur est impossible. L’organisation
possèdent leurs propres modèles doit donc être ce prolongement qui agit en leur
de cultures et de sous-cultures. Tels nom: en fait, une sorte de club de personnes
modèles de croyance ou de significa- animées des mêmes sentiments.
tion partagée… peuvent exercer une
influence décisive sur la capacité glo- Voici quelques-uns des avantages de cette
bale de l’organisation à gérer les défis culture:
qu’elle rencontre.» – L’organisation est productive;
– Les objectifs de l’organisation sont atteints
d’une façon ou d’une autre;
– Le travail est efficace et encadré;
Les auteurs de ce T-Kit estiment que cette – Le système peut être maintenu et l’organi-
dernière définition est celle qui se prête le sation peut faire tout ce qu’elle souhaite;
mieux à leur concept de culture des organisa- – Sa grande force réside dans sa capacité à
tions de jeunesse. C’est une définition directe répondre immédiatement et intuitivement
et pratique qui, nous l’espérons, aidera celles aux opportunités ou aux crises qui surgis-
et ceux impliqués dans des organisations à sent, du fait des axes de communication très
comprendre la culture de leurs structures. courts et de la centralisation du pouvoir.
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1
La culture de club La culture de rôles
Source: Handy, Charles (1990) Understanding Voluntary Organisations, p. 86, 88, 90, 92, ISBN 0-14-01438-6.
Reproduit avec la permission de Penguin Books Ltd.
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2. La gestion de soi
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2.1 Introduction
Une jeune personne se retrouve souvent en l’apprentissage, il est placé sur l’apprenant. Il
position de manager au sein d’une organisa- y a là une différence significative. Où est placé
tion de jeunesse, non pas par choix véritable, l’accent dans la formation? Sommes-nous sem-
mais parce que l’opportunité se présente à elle blables à des professeurs? Peter Vall affirme que,
de servir l’organisation pour une durée limitée. sous prétexte que nous utilisons aujourd’hui
En conséquence, il est courant que la jeune des technologies modernes et des sièges plus
personne en question n’ait pas bénéficié de confortables, nous pensons ne pas reproduire
formation préalable. Souvent, cette expérience l’environnement d’apprentissage scolaire. Où
de management est même la première. se situe la différence entre un contexte d’édu-
cation formel et celui que nous proposons?
Dans ce chapitre, nous allons nous intéresser
à la nécessité de se gérer soi-même dans cette Dans l’éducation non formelle, on préfère le
nouvelle situation, afin de faire face à de nou- terme d’apprentissage à celui d’enseignement.
velles obligations, de nouvelles personnes et de L’apprentissage individuel et «apprendre à
nouvelles émotions. Généralement, la réaction apprendre» deviennent alors le point de mire
première consiste à agir, à tenter de remplir ses du développement personnel. Dans l’appren-
fonctions au plus vite. Dans cette publication, tissage, l’environnement et les autres jouent 2
nous vous suggérons de prendre une minute un rôle prépondérant, dans la mesure où ils
pour réfléchir à vous-même, à votre histoire, constituent le contexte de l’apprentissage et
à votre manière de gérer vos relations avec les apportent un sens supplémentaire à l’apprenant.
autres, et notamment à votre façon d’apprendre.
Lorsque votre temps de management au sein Dans la société contemporaine, le capital intel-
de l’organisation sera écoulé, vous découvri- lectuel remplace le capital, au sens plus tradi-
rez que l’apprentissage en est l’un des princi- tionnel du terme, nécessaire pour réussir dans
paux résultats – tant en termes de compétences les affaires. Apprendre à apprendre repose sur
et d’attitudes acquises, qu’en termes de déve- la reconnaissance de l’existence de différentes
loppement de votre propre potentiel. méthodes d’apprentissage, impliquant la per-
sonne tout entière, y compris son intellect, ses
émotions, son corps et ses capacités de réflexion.
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ses opportunités d’apprentissage. Aussi, dans Honey et Mumford ont développé le cercle
certains contextes, la formation devient-elle d’apprentissage expérimental de Kolb, ici trans-
l’occasion de réfléchir à nos propres expériences formé en spirale de sorte à évoquer le déve-
et d’en tirer les enseignements. loppement perpétuel.
Faire Développer
une nouvelle
Réfléchir compétence
Faire Observer
Source: Honey, Peter et Mumford, Alan (1992) the Manual of Learning Styles, p. 3, ISBN 0-9508444-7-0. Version
adaptée.
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Enthousiasme pour la mise en pratique Tendance à rejeter tout ce qui n’a pas d’applica-
Pratique, réaliste, concret tion évidente
Efficace – va droit au but Peu intéressé par la théorie ou les principes fon-
damentaux
Axé sur la technique
Tendance à opter pour la première solution qui
se présente
Impatient face au verbiage
Généralement axé sur la tâche et non sur les
individus
Source: Honey, Peter et Mumford, Alan (1992) The Manual of Learning Styles, p. 47-48, ISBN 0-9508444-7-0.
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Les quatre modes d’apprentissage – activisme, On leur présente des techniques pour agir,
réflexion, théorisation et pragmatisme – sont avec des avantages pratiques évidents, appli-
liées aux quatre phases de l’apprentissage. cables à leur propre travail.
Ils ont la possibilité de tester et d’appliquer
A chaque phase correspond un style d’appren- les techniques avec l’accompagnement et les
tissage préféré. réactions d’un expert crédible.
Une préférence pour l’activisme vous prédis- Ils peuvent se concentrer sur des questions
pose à la phase 1. pratiques.
Une préférence pour la réflexion vous prédis-
pose à la phase 2. Lorsque vous connaissez votre ou vos style(s)
Une préférence pour la théorisation vous pré- d’apprentissage préféré(s), vous devez être
dispose à la phase 3. conscients des forces et des faiblesses relatives
Une préférence pour le pragmatisme vous pré- de chacun d’entre eux. Le choix d’opportunités
dispose à la phase 4. d’apprentissage consiste principalement à trou-
Les apprenants «complets» ou «intégrés» sont évi- ver des activités qui permettront l’exploitation
demment les plus aptes à gérer les quatre phases. de vos forces et dans lesquelles vos faiblesses
Ceci dit, la plupart des individus développent ne constitueront pas un handicap trop impor-
des préférences pour certains styles d’appren- tant. Le tableau précédant vous aidera dans
tissage qui favorisent certaines phases et en votre évaluation.
bloquent d’autres. Ces préférences affectent très
nettement la nature des activités qui donne- Le style d’apprentissage qui vous convient le
2 mieux a des répercussions sur votre compor-
ront lieu à un apprentissage.
tement en tant que manager, apprenant et
• Les activistes apprennent davantage des formateur. Il est donc essentiel que vous déve-
expériences suivantes: loppiez également les styles qui vous sont a
Les expériences, les problèmes et les opportu- priori moins adaptés, afin de vous donner les
nités nouvelles sont autant de situations dont moyens d’apprendre dans la plus grande
ils peuvent apprendre. diversité de situations possibles.
Ils peuvent se plonger dans des activités brèves,
«ici et maintenant», telles des jeux d’entreprise, N’oubliez pas que vous avez tendance à opter
des tâches motivantes, des jeux de rôle. pour vos styles d’apprentissage préférés en
Ils sont largement en vedette et bénéficient situation de formation ou de management.
d’une grande visibilité. Pour bien travailler avec des individus dont
Ils expérimentent une tâche toute nouvelle les styles d’apprentissage diffèrent, il est impor-
qui leur semble difficile. tant d’employer des activités propices aux quatre
styles d’apprentissage, afin que chacun puisse
• Ceux qui sont plus enclins à la réflexion apprendre.
apprennent davantage des activités dans
lesquelles:
Ils sont encouragés à observer, à réfléchir et à Suggestions pour la formation
reconsidérer les activités. • Distribuez le questionnaire sur les
Ils ont la possibilité de réfléchir avant d’agir, styles d’apprentissage1 de Honey et
d’assimiler avant de commenter. Mumford et la feuille de score, sans
Ils ont la possibilité de reconsidérer ce qui la définition des styles d’apprentissage.
s’est passé et ce qu’ils ont appris. • Regroupez les individus en fonction
Ils peuvent prendre une décision au moment qui des résultats obtenus au questionnaire.
leur convient, sans pression ni délais imposés. • Demandez à chacun des groupes
• Les théoriciens apprennent davantage des d’identifier les expériences les plus
activités dans lesquelles : propices à leur apprentissage, et de
Ils ont le temps d’explorer méthodiquement tracer un profil du style d’apprentis-
les associations et les interdépendances entre sage sur la base des seuls éléments
les idées, les événements et les situations. communs.
Ils se trouvent dans des situations structurées • Comparez les profils établis avec les
avec des objectifs clairs. styles d’apprentissage identifiés par
Ils ont la possibilité de remettre en question et Honey et Mumford.
de tester la méthodologie de base, les hypo- Sachez que, bien souvent, les individus
thèses ou la logique sous-jacente. ont plus d’un style préféré.
Ils sont détendus du point de vue intellectuel.
• Les pragmatistes apprennent davantage des
activités suivantes:
Il existe un lien évident entre le sujet et un 1
Soumis à des droits d’auteur. Vous pouvez trouver ce ques-
problème ou une opportunité liée à leur travail. tionnaire dans Honey, Peter and Mumford, Alan (1992)
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L’environnement social influe sur les situa- les époques de l’histoire. Aujourd’hui, de nom-
tions de management (ou de formation) et breux groupes bénéficient d’une plus grande
notamment les quatre éléments suivants : compréhension et l’influence sociale a dimi-
• L’environnement émotionnel – la considéra- nué la pression qu’elle exerçait sur certains
tion positive accordée à certaines personnes. d’entre eux. Les individus ont également davan-
• L’information – le maximum d’informations tage conscience de leurs droits et moins peur
communiqué à certains. de les revendiquer.
• Le changement de comportement – une plus Dans la mesure où les préjugés s’expriment au
grande attention accordée à ceux pour les- travers du comportement, le changement com-
quels nous avons une préférence. portemental ne correspond pas toujours à un
• Le niveau de feed-back – un jugement clair changement d’attitude. Souvent, ce change-
et constant porté sur les collègues (ou sta- ment est difficile parce que les préjugés sont
giaires) préférés. socialement acceptés et perçus comme un
moyen de se faire de nouveaux amis ou d’ac-
céder à une position
Suggestions pour la formation
• Identifiez les préjugés à l’égard d’une Le préjugé est normal mais pas sa disparition.
catégorie de personnes à laquelle vous Les problèmes se posent lorsque nous tentons
appartenez. d’imposer quelque chose, nos bonnes idées, nos
2 traditions et ainsi de suite. La dégénération des
• Classifiez-les selon qu’ils sont positifs préjugés est liée au pouvoir que nous possé-
ou négatifs, intentionnels ou non, dons et à l’usage que nous en faisons dans les
masqués ou ouverts. situations de management ou de formation.
• Faites la liste des préjugés que vous
renforcez en les formulant ou en y Vous découvrirez qu’il existe des étapes dans
répondant par le comportement la gestion des préjugés.
attendu. La première étape est de reconnaître et accep-
• Faites la liste de ceux auxquels vous ter que nous et les autres avons des préjugés.
vous opposez et indiquez la façon dont La deuxième étape est d’éviter de se comporter
vous manifestez votre opposition. selon les préjugés et prendre de la distance par
• Faites la liste de ce que vous faites pour rapport à ceux-ci.
convaincre les autres de ne pas exprimer La troisième étape est d’inviter activement les
ou se comporter selon les préjugés autres à reconnaître leurs préjugés et à modi-
contre lesquels vous vous opposez. fier leur comportement.
De l’étape 1 à l’étape 3, il y a un long chemin
à parcourir.
Il existe également une forme de discrimina- Pour compléter vos connaissances sur la notion
tion institutionnelle. La recherche a montré de préjugés, vous pouvez consulter le T-Kit sur
que la portée de la discrimination varie selon l’apprentissage interculturel.
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• Apprendre à dire NON – L’une des raisons autres. Gérer son temps de travail de manière
de notre fréquente surcharge de travail appropriée est la seule façon de trouver le temps
réside dans notre tendance à répondre sys- de se reposer!
tématiquement «oui» à toute sollicitation.
Apprendre à dire «non» fait partie des règles
d’or de la gestion du temps. Aucun travail
n’est important au point de ne pas prendre Traduction d’un poème irlandais
quelques minutes pour évaluer s’il est réa-
liste ou non de l’accepter.
• Suis-je la bonne personne pour ce travail?
– Souvent, nous acceptons sans nous Prenez le temps de travailler,
demander si nous possédons les compé- c’est le prix de la réussite.
tences, les connaissances ou l’assurance
requises pour faire le travail. Souvent, nous Prenez le temps de réfléchir,
nous sentons coupables et nous répondons c’est la source de la force.
«oui». Il est pourtant utile d’évaluer si la
tâche peut entrer dans le cadre de nos res- Prenez le temps de jouer,
ponsabilités et si elle correspond au profil c’est le secret de la jeunesse.
de notre poste.
2 Prenez le temps de lire,
Cet exercice, répété tous les jours, vous aidera c’est la semence de la sagesse.
à utiliser votre temps de manière rationnelle.
Vous ne devez pas oublier que le concept de Prenez le temps d’être amical,
temps change selon la latitude. Dans certaines car cela amène le bonheur.
cultures, être en retard est inacceptable; dans
d’autres, c’est autorisé, voire même de bon
Prenez le temps de rêver,
ton. En conséquence, la perception du temps
n’est pas la même partout. Le temps est aussi car cela vous transportera dans les étoiles.
lié aux concepts de qualité, de pouvoir et
d’attentes. Prenez le temps d’aimer,
car c’est la joie de la vie.
Quelle que soit la latitude sous laquelle vous
vivez, il importe que vous soyez conscients de Prenez le temps d’être heureux,
la façon dont vous utilisez le temps et celui des c’est la musique de l’esprit.
• Etablissez la liste de tout ce dont vous auriez besoin pour exécuter une tâche donnée.
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Rarement
Les questions qui suivent devraient vous aider à contrôler votre
Toujours
Souvent
Parfois
utilisation du temps dans le cadre de votre travail et à identifier
les «voleurs de temps»
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2. avoir les ressources (internes et externes) • L’approche des délais – dans le cas d’une
pour répondre au défi («Je peux le faire!»); demande formulée quelques semaines ou
mois avant l’expiration des délais, le niveau
3. avoir le contrôle de la situation («J’ai le de stress va augmenter tandis que se rap-
choix!»); proche la date butoir. Par exemple, si l’on
vous confie un projet deux mois à l’avance,
4. avoir eu le temps de se reposer suffisam- vous n’allez pas vous inquiéter parce que
ment entre les défis. la date butoir vous semble très éloignée.
Mais, tandis qu’elle se rapprochera, alors
La gravité du stress correspond à la quantité ou que le travail n’est pas terminé, votre niveau
au niveau de stress ressenti face à un stress – un de stress va augmenter jusqu’à ce que vous
événement ou une situation stressante. Cer- réagissiez.
tains facteurs influent sur le degré de stress
ressenti et ont un impact sur le bien-être phy- Les facteurs de stress sont perçus différemment
sique et psychologique de la personne. par chaque individu. Cette perception, ainsi que
la quantité de stress généré, dépendent de la
Ces facteurs sont les suivants: perception que l’on a de soi, de la résistance
physique par rapport au stress, de l’âge et des
• Les caractéristiques du facteur de stress; ressources externes.
Cette section examine cette question en détail.
• Votre perception du facteur de stress.
La perception de soi
Chaque événement ou situation possède cer- Il repose sur la «théorie des besoins interperson-
taines caractéristiques qui déterminent la gra- nels». Cette théorie affirme que chacun de nous
vité du stress que va ressentir l’individu. Les ressent les besoins émotionnels suivants:
caractéristiques du facteur de stress, et la • Le besoin de découvrir notre identité unique
sévérité du stress qui en résulte, incluent les et d’être inclus (de se sentir valorisé et
éléments suivants: important) du fait de cette identité unique.
32
T-Kit
Le management
des organisations
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T-Kit
Le management
des organisations
■ Gérez et planifiez votre temps de manière ■ Posez toujours des questions lorsque vous
à ce que temps de travail et temps de «jeu» avez besoin d’explications supplémen-
soient équilibrés. taires.
■ Buvez le plus d’eau possible (excellent ■ Mangez sainement, cela vous aidera à
pour le fonctionnement du cerveau). développer un cerveau plus intelligent!
■ Faites des pauses, essayez de rire avec ■ Parlez aux personnes en qui vous avez
quelqu’un (et non au sujet de quelqu’un). confiance pour éliminer le stress.
34
T-Kit
Le management
des organisations
2.3.5 La gestion de la communication les mots, dans la mesure où ils provoquent des
parasites ou des interférences dans les moyens
Chaque chose que nous faisons révèle quelque de communication en déformant ou en ren-
chose au sujet de nous – mots, actions, gestes, forçant le message.
apparence, etc. Les mots – mais également tous
nos comportements – ont une signification En matière de communication, il y a toujours
symbolique ou conventionnelle conférée par d’un côté l’émetteur et de l’autre le récepteur.
la culture et le contexte dans lequel nous les Le rôle du récepteur consiste à interpréter le
employons. Parfois, nous n’employons pas les message transmis par l’émetteur et à renvoyer
mêmes symboles et, lorsque nous le faisons, un message de confirmation. Par conséquent,
nous pensons à tord que l’interprétation de ces il est essentiel que l’émetteur et le récepteur
symboles sera la même pour tous. utilisent le même code référentiel, qui est formé
non seulement de mots, mais également de
Dans la communication, les sentiments, les per- gestes et de symboles. Il convient donc de faire
ceptions, les expériences passées, l’histoire et attention aux mots, mais aussi à l’ensemble
les attentes jouent un rôle plus important que des éléments du système de communication
Fig. 7
2
Sollicite
Ouvert (feed-back) Aveugle
Connu
Exprime
(dévoile)
des autres
Inconnu
des autres
Caché Inconnu
Source: Le schéma ci-dessus a été reproduit en attendant que son auteur, que nous n’avons pu localiser jusqu’à
présent, en revendique la propriété. Toute information susceptible de nous aider à le contacter sera bienvenue
35
T-Kit
Le management
des organisations
Toute action de communication, pour être effi- part des autres, vous découvrirez des éléments
cace, doit comporter les éléments suivants: vous concernant, dont les autres avaient
• Contenu – Ce que vous voulez communiquer. conscience. Ces éléments vont alors passer de
• Moyens - Quelle est la meilleure méthode la zone «aveugle» dans la zone «ouverte». Si
pour communiquer dans la situation donnée vous faites part aux autres d’une information
(verbale, écrite, images, simulation, exercice)? à votre sujet, alors vous ferez passer certains
• Signification – Quelle en est la signification éléments de la zone «cachée» dans la zone
pour chacun des participants et pour le «ouverte». Tout cela implique l’ouverture aux
groupe dans son ensemble? autres, la volonté de placer sa confiance dans
• Direction – Le message comporte-t-il une l’entourage. Cela implique également une prise
possibilité de réponse ou s’agit-il d’un simple de risque, parce que nous révélons à autrui
message? des choses que nous avions gardées secrètes
• Effet – Evaluez-le au moyen de la réaction, jusqu’alors.
puis ajustez la communication.
Dans notre société, il existe différentes limites
De cette façon, vous parviendrez à passer d’une au fait de se dévoiler: les individus jouissant
communication linéaire à une communication d’un statut supérieur se dévoilent générale-
circulaire. ment moins que les individus de statut infé-
A présent, examinez le contexte – l’environne- rieur; les femmes se dévoilent davantage aux
ment physique et social, l’interprétation par les femmes qu’aux hommes.
2 participants, leur identité (rôles et fonctions)
et celle des autres, les événements précédents Le fait de se dévoiler est souvent considéré
et les attentes. comme un signe positif de santé mentale.
S’ouvrir implique en effet d’avoir confiance
Le contexte va vous permettre de mieux com- en autrui et de s’accepter tel que l’on est, cela
prendre la communication, car il favorise un diminue le besoin de se protéger, réduit le
comportement prédéterminé selon des règles potentiel de gêne et témoigne d’une confian-
communes. Le modèle de l’iceberg, présenté ce en soi. Cette attitude est en outre souvent
en détail dans le chapitre 1, clarifie cette idée. réciproque. En révélant une information à votre
sujet, vous encouragerez probablement l’autre
Dans un environnement multiculturel, il est à faire de même. Vous parviendrez de plus à
important d’opérer une vérification du messa- mieux vous connaître – vous découvrirez que
ge transmis. Souvent, lorsque nous employons certains aspects de vous qui vous dérangent ou
une langue étrangère, nous adaptons les mots dont vous avez honte sont considérés comme
à notre langue maternelle, leur conférant ainsi parfaitement acceptables par les autres. Mais
une signification différente. Poser des questions vous n’apprendrez rien tant que vous ne serez
devient alors un moyen utile de vérifier que pas prêts à vous révéler.
vous avez compris et que votre message a été
correctement compris. Donner un feed-back Le processus qui consiste à élargir la conscience
est alors un art véritable et pas uniquement «ouverte» s’appelle la divulgation de soi. C’est
un outil pour une meilleure compréhension. un processus de concession mutuelle entre
moi et les personnes avec lesquelles j’inter-
La fenêtre de Johari, dont le nom est formé à agis. Plus précisément, lorsque je partage
partir des prénoms de ses inventeurs Joseph quelque chose qui me concerne (en faisant
Luft et Harry Ingham, est l’un des modèles les passer des informations de la zone «cachée»
plus utiles pour décrire le processus d’inter- dans la zone «ouverte»), et à condition que
action humaine. Une «fenêtre» constituée de l’autre désire me connaître, il y aura réciprocité,
quatre carreaux divise la conscience person- et chacun dévoilera des informations contenues
nelle en quatre zones: ouverte, cachée, aveugle dans sa conscience «cachée».
et inconnue. Les lignes qui divisent les quatre
zones – regroupant les aspects de la personne
connus ou inconnus de celle-ci, et connus ou 2.3.6 La gestion du changement
inconnus des autres – sont comme des ombres
sur une fenêtre, qui se meuvent tandis que Il existe autant de façons de gérer le change-
l’interaction évolue. ment qu’il existe de types de changement.
Le changement va de pair avec la notion d’in-
Révéler certains aspects de soi peut être béné- certitude. La gestion du changement est un
fique à la relation à l’autre, accroître l’estime processus qui consiste à passer de l’état actuel
personnelle et se traduire par une image de soi à une «vision» de l’avenir. Cela implique un
plus stable. En changeant ce qui se trouve dans degré de transition qui peut aussi se traduire
une zone, vous changez ce qui se trouve dans par une «souffrance». Dans cette section, nous
les autres. En sollicitant un feed-back de la allons parler du changement personnel.
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des organisations
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Le management
des organisations
œuvre des changements à un niveau person- Si tous les individus qui forment l’organisation
nel évolue selon les phases suivantes: – à tous les niveaux, des cadres supérieurs aux
• Surprise et incrédulité – Sentiment de sur- employés – ne se mobilisent pas en faveur du
prise ou de déstabilisation lorsqu’un évé- changement, alors l’échec est garanti. Il ne s’agit
nement se produit: «Oh non, ce n’est pas pas d’une option: sans cet engagement, tout
possible!»; «En êtes-vous sûrs?». projet est condamné. Une gestion efficace du
• Culpabilité/colère/projection – Sentiment de changement nécessite d’entraîner les personnes
frustration: «Pourquoi ne nous-en n’ont-ils dans votre sillage.
pas parlé?»; de culpabilité: «J’aurais dû rem-
plir ce questionnaire». Parce que nous ne Le processus ne se termine pas une fois le chan-
pouvons pas gérer longtemps un sentiment gement mis en oeuvre. Un suivi étroit est
de colère ou de culpabilité, nous avons ten- nécessaire pendant les trois principales étapes
dance à le projeter sur les autres. «Ils» devien- suivantes: déblocage (acceptation de la néces-
nent «l’ennemi» et les responsables des chan- sité du changement), action (planification et
gements et des problèmes qui en découlent. mise en œuvre du changement), puis stabilisa-
• Rationalisation – Nous commençons à tion (célébration et consolidation du change-
dépasser le stade des sentiments et à faire ment). Cette séquence peut se répéter plusieurs
appel à notre cerveau, à essayer de com- fois. Il est important de fractionner les change-
prendre les problèmes ou de les rationaliser, ments d’envergure en plusieurs petits chan-
et à élaborer des stratégies pour affronter gements. Cette technique facilite leur gestion
2 la situation. et génère un sentiment de satisfaction et de
• Intégration – Nous tentons d’intégrer la réconfort, au fur et à mesure que les diverses
signification du changement dans notre étapes ont été franchies. Elle prouve aussi que
comportement et à prendre des mesures le changement fonctionne! Mais, souvenez-vous
pour mettre en œuvre le changement. – répéter le processus trop souvent risque de
• Acceptation. développer un sentiment d’instabilité pérenne.
38
Fig. 8
Négociation
Test
RÉPONSE
Refus
ÉMOTIONELLE
Passive Immobilité Dépression
TEMPS
Source: Jones, Neil R. (1995) The Managing Change Pocketbook, p. 56. Management Pocketbooks Ltd.
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2
2
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Fig. 9
Réalisme
plein d’espoir
Pessimisme
informé
Optimisme
informé
PESSIMISME
Optimisme Exécution
aveugle
TEMPS
Source: Jones, Neil R. (1995) The Managing Change Pocketbook, p. 58. Management Pocketbooks Ltd.
Fig. 10
PRÉPARATION AU CHANGEMENT
Faible
Style organisationnel face au changement
Proactif Réactif
STABILITÉ DE
Moyen Statique
L’ENVIRONNEMENT
Importante
Importante Faible
ADAPTER LE MANAGEMENT AU CHANGEMENT
Source: Jones, Neil R. (1995) The Managing Change Pocketbook, p. 61. Management Pocketbooks Ltd.
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des organisations
2
fhfghjfghj
3. La gestion des individus
T-Kit
Le management
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3.1 Introduction
Qui sont les «individus»? concepts de travail en équipe et de leadership,
qui constituent les fondements sur lesquels
Dire que les individus qui forment l’organisa- reposent les autres réflexions. Après avoir
tion sont sa ressource la plus précieuse est répondu à la question «Qui sont les individus?»,
peut-être un poncif – mais c’est pourtant la la section suivante tentera de répondre à la
vérité. Et il importe de gérer ces individus question «Comment les gérer?».
d’une façon qui leur permette d’être impli-
qués dans leur travail et de développer leur Ce chapitre propose une série de suggestions
potentiel personnel – pour eux-mêmes mais pour des discussions ou des réflexions. Dans
également pour l’organisation. certains cas, figure également une liste de
réponses possibles.
L’objectif de la majorité des organisations euro-
péennes de jeunesse est le développement
des individus. Alors, peut-être serait-il sage de
commencer par ceux qui se trouvent à l’inté-
rieur de l’organisation – qu’ils soient rémunérés 3.2 Les équipes
ou volontaires, membres du personnel ou du
conseil d’administration. Chaque individu – en et les leaders
tant que membre d’un groupe ou en tant que
personne individuelle – doit faire l’objet d’une
gestion et d’un encadrement qui favorisent l’op- 3.2.1 Le travail en équipe
timisation de son potentiel et garantissent que et le leadership
ses efforts servent au mieux l’organisation. La plupart des organisations européennes de
jeunesse, si ce n’est toutes, sont constituées de
Chacun met des talents, des compétences, des personnes qui travaillent en équipe. La syner-
connaissances et des expériences au service de gie créée par des individus travaillant dans la
son travail. Pour les besoins de ce T-Kit, nous
même direction permet de réaliser davantage
allons regrouper ces différents ingrédients sous
le terme de «compétences». Ainsi, chacun pos-
sède un ensemble unique de compétences 3
applicables de différentes façons dans diverses Suggestions pour la formation
situations. Par exemple, un membre non rému-
néré du conseil d’administration apportera des Qu’est-ce qu’une équipe?
années d’expérience de la gestion financière, la Un groupe constitué pour un objectif
capacité de lire et d’interpréter des bilans, ainsi commun spécifique ?
qu’un véritable talent pour expliquer des chiffres Un groupe prêt à faire passer les objectifs
à des novices. Le revers de la médaille résidera du groupe avant les objectifs individuels?
dans l’origine de son expérience, issue d’un sec-
teur différent – de la sphère des entreprises, Qu’est-ce qui fait l’efficacité d’une équipe?
dont le profit est la force motrice. Cette per- Les compétences en matière de commu-
sonne aura peut-être des difficultés à trouver nication et de feed-back?
un équilibre entre l’approche commerciale et La capacité de maintenir le groupe?
les objectifs sociaux poursuivis par l’organi- Le soutien du leadership ?
sation. A l’inverse, le travailleur social, natu- L’équilibre entre les diverses compétences?
rellement doué pour nouer des relations avec
Un climat de confiance, d’ouverture et de
les jeunes dans la rue et pour apporter des
partage?
conseils, aura des difficultés à tenir une comp-
tabilité. Ces deux profils possèdent chacun des Une participation massive et volontaire?
compétences spécifiques et peuvent apporter Un engagement vis-à-vis des objectifs du
une contribution majeure à l’organisation. Gérer groupe?
les individus consiste en conséquence à tirer le
Quels sont les inconvénients du travail
meilleur profit de leurs compétences, le plus
en groupe?
longtemps possible, et à veiller à la poursuite de
leur développement. La consommation de temps?
La perte d’identité individuelle?
Ce chapitre du T-Kit traite de la gestion des indi-
vidus. Une partie importante est consacrée aux
43
T-Kit
Le management
des organisations
de choses que l’action d’individus ne parta- Pour exprimer cette distinction, on peut dire que
geant pas la même vision. Souvent pourtant, ces «les managers font les choses bien, tandis que
équipes sont géographiquement dispersées, les leaders font les bonnes choses»; en d’autres
formées de membres volontaires et rémunérés, termes, les leaders sont responsables de l’effi-
travaillant à temps plein ou partiel, de jeunes et cacité et les managers du bon fonctionnement.
de moins jeunes et, faut-il le dire, de personnes Pour le leader, les questions prioritaires sont
compétentes et incompétentes. Cette diversité l’orientation et l’axe de travail, tandis que le
est source de richesses, mais aussi de difficultés. manager est concerné par la méthode et la
mise en œuvre. Par exemple, le leader est celui
Cette section se propose de fournir un certain qui va prendre l’initiative de développer une
nombre d’outils qui vont vous aider à tirer le stratégie, introduire de nouveaux concepts et
meilleur profit de vos équipes. Vous pouvez encourager l’analyse et la critique des perfor-
commencer par poser les questions suivantes, mances et des politiques de l’organisation.
sous forme d’exercice par exemple. Le manager va veiller à ce que les politiques
convenues aient été appliquées, que les indi-
cateurs et les mesures de performance soient
appropriés et aient été mis en œuvre. Il est
Suggestions pour la formation
concerné par la mise en application, tandis que
le leader l’est davantage par la conception. Il
• Comparez les rôles définis par Belbin à est clair que ces deux fonctions – leadership et
ceux remplis par les membres de votre management – sont difficilement séparables.
équipe La réalité est que certaines personnes, en posi-
tion de responsabilité, possèdent des compé-
tences plus affirmées en matière de leadership
qu’en matière de management, et vice-versa.
Meredith Belbin a réalisé un important travail Une donnée supplémentaire qui corrobore
à propos des rôles individuels qu’assument les l’approche par équipe du management des
différents membres du groupe. En tant que organisations.
membres, et plus particulièrement en tant que
leaders, nous devons comprendre les rôles qui Suggestions pour la formation
nous correspondent le mieux. Belbin a regrou-
• Quelles sont les différentes fonctions
pé les «personnes utiles au sein d’une équipe»
d’un manager?
3 en huit catégories décrites dans le tableau ci-
contre. Coordination
Encouragement
Comme vous pouvez le voir, chacun de ces Motivation
rôles présente des forces et des faiblesses, de Rôle d’exemple
la même façon que tout individu au sein d’une Recrutement
équipe. L’essentiel pour nous est de comprendre Définition des objectifs
et d’évaluer ces rôles, afin de repérer les lacunes Surveiller l’exécution du travail
au sein de nos équipes. Préserver une vision globale
Les rôles assumés par les individus dans une
équipe sont fréquemment fluides et dyna-
miques, évoluant tandis que l’équipe se déve- Les organisations se constituent dans la pers-
loppe ou que la situation se modifie. Dans un pective d’une tâche ou d’un objectif particulier.
sens, il est utile de concevoir le leadership en Une mission essentielle du leadership consis-
tant que simple rôle, que chacun peut prendre te à clarifier cet objectif et à unir les indivi-
en charge, de la même façon que le manage- dus dans un engagement commun vis-à-vis
ment. Ce dernier rôle en particulier peut être de cet objectif. John Adair a suggéré que la réa-
subdivisé en plusieurs fonctions qui peuvent lisation de cet objectif dépendait de l’attention
être confiées à des personnes différentes à des accordée par le leader aux besoins des indi-
moments différents. vidus et à ceux du groupe (ou de l’équipe)
dans son ensemble.
Les termes de leadership et de management
sont souvent employés pour désigner une Lorsque nous dirigeons – en fait gérons – un
même fonction, à tord. On attend souvent des groupe d’individus, nous devons prendre en
leaders qu’ils soient de bons managers, et des considération la quantité de temps et d’efforts
managers qu’ils assurent le leadership des per- que nous investissons dans ces trois domaines
sonnes qu’ils gèrent. (la tâche, les besoins des individus et ceux du
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T-Kit
Le management
des organisations
Le président Calme, contrôle de soi et Capacité à traiter tous les Tout simplement
confiance en soi collègues en fonction de ordinaire du point
leurs mérites et sans de vue de ses capacités
préjugés, sens intellectuelles et créatives
développé des objectifs
Le travailleur Social, plutôt peu sévère, Capacité à répondre aux Indécision dans les
en équipe sensible individus et aux situations, moments de crise
et à promouvoir l’esprit
d’équipe
Source: Belbin, R.M. (1981) Management Teams, Heinemann; réimprimé avec la permission de Butterworth
Heinemann Publishers, a division of Reed Educational and Professional Publishing Ltd.
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T-Kit
Le management
des organisations
Fonctions de maintien
de la cohésion de l’équipe
Besoins liés Fonctions liées
Définir les normes – exemples à la tâche
Maintenir la discipline aux individus
Développer un esprit d’équipe Etre attentif aux
Encourager, motiver, problèmes individuels
donner un sens à la tâche
Besoins liés au Encourager les individus
Déléguer et désigner Besoins
maintien de individuels Leur donner un statut
des leaders associés
Assurer la communication la cohésion Reconnaître et exploiter
au sein du groupe de l’équipe les capacités individuelles
Former le groupe Former les individus
Un leader efficace
A) Est conscient des besoins liés à la tâche, au maintien de la cohésion de l’équipe
et aux individus au sein du groupe
B) Possède les compétences et la formation requises pour répondre à ces besoins
conformément aux priorités de la situation
Source: Adair, John (1983) Effective Leardership: a Self Development Manual, Aldershot: Gower ISBN 0-330-28100-3
groupe). Si nous déployons des efforts impor- de bons résultats, le leadership «soutenable»,
tants pour maintenir l’identité et le bon moral intégrateur et participatif, permet de répondre à
du groupe, mais que nous négligeons de une plus grande diversité de besoins grâce à
3 répondre aux besoins (ou exigences) de ses une palette encore plus large de solutions.
membres, alors l’objectif visé en pâtira. Le
résultat sera le même si nous consacrons toute
notre attention aux besoins (ou aux exigences) Suggestions pour la formation
d’un ou deux membres au détriment de la
cohésion du groupe et de la compréhension • En groupes restreints, initiez une discus-
commune. En outre, si nous nous concentrons sion sur un leader historique et sur ce
en permanence sur la tâche à accomplir, sans qui a favorisé la réussite de son action
nous investir dans la construction du groupe
en tant qu’équipe, ou dans les besoins de déve-
loppement de chacun, alors il sera probable-
ment difficile de maintenir l’attention du groupe Répondre à des besoins est la raison d’être de
sur l’accomplissement de la tâche sans dévier beaucoup de nos organisations, si ce n’est toutes.
de l’objectif visé. Les besoins sont souvent différents et changeants.
En conséquence, le leadership doit savoir réagir
Dans la mesure où les équipes sont fluides et de façon adéquate et être capable d’anticipation.
dynamiques, le leadership doit lui aussi possé- La notion de «style» de leadership peut faciliter
der ces deux qualités. Le caractère impitoyable notre compréhension de la question. Pour un
de leaders historiques, célèbres dans le monde leadership dynamique et flexible, le leader doit
entier, peut être interprété comme résultant de
être en mesure de déchiffrer des situations – des
l’engagement résolu dans une cause; un enga-
gement partagé par les partisans, surpassant tâches, des équipes et des individus – et de déci-
toutes les autres considérations. Mais, dans les der de la façon d’y répondre. Les décisions du
organisations européennes de jeunesse de ce leader vont également créer des situations: de
début de millénaire, la prise de décision par- nouvelles tâches, des équipes plus soudées, des
tagée et le concept d’équipe sont des facteurs individus plus épanouis (et leurs contraires).
cruciaux pour l’atteinte des objectifs. Si le lea- La façon dont sont prises ces décisions est le
dership basé sur la personnalité du leader donne reflet du style de leadership.
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Le management
des organisations
Plusieurs auteurs ont travaillé sur les styles Ce modèle présente différentes phases du déve-
de leadership par rapport au développement loppement d’une équipe. En réalité, ces phases
de l’équipe. Leurs modèles peuvent de ce fait ne sont jamais aussi distinctes; l’équipe va par-
contribuer à l’évaluation de la pertinence de fois faire marche arrière, complètement ou
tel ou tel style à un stade particulier du déve- partiellement, tandis qu’elle se dirige vers le
loppement d’une équipe. sommet de son développement et sa «perfor-
mance» maximale.
Fig. 13: Développement d’une
équipe: le modèle Fig. 14: Comment choisir
du «mât glissant» un style de leadership?
ÉQUIPE PERFORMANTE
• Direction positive Zone d’autorité accaparée
• Créativité
• Initiative
• Créativité
• Ouverture, relations honnêtes
• Engagement, fierté au sein de Zone d’autorité partagée
l’équipe, esprit d’équipe
• Maturité
Dicte Vend Teste Consulte Associe
NORMATISATION DE L’ÉQUIPE
• Nouveaux objectifs Dicter
• Atmosphère d’honnêteté, Manager Réfléchit Planifie Décide
de tolérance et d’écoute Groupe Se soumet Se conforme Donne son accord
• Relations plus profondes,
compréhension mutuelle des valeurs Vendre
et des contributions de chacun Manager Décide, puis soumet sa décision à l’équipe
• Tâche exécutée en fonction des afin d’obtenir son accord
capacités de chacun et de l’équipe
Groupe Prend connaissance des idées et donne son
• Définition de la discipline accord
propre à l’équipe 3
• Développement de la confiance en soi
Tester
ÉVOLUTION DE L’ÉQUIPE Manager Planifie, puis propose différentes solutions
au groupe avant de décider
• Expression des sentiments
Groupe Donne son avis sur les différentes solutions,
au sujet de chacun
puis donne son accord pour la solution
• Emotions
choisie
• Manque d’objectifs
• Insécurité
• Individus se comportant Consulter
à l’opposé des attentes Manager Présente les problèmes au groupe et sol-
licite des solutions possibles avant de
FORMATION DE L’ÉQUIPE prendre une décision
• Qui suit qui? Groupe Participe à la réflexion et à la résolution du
• Ecoute insuffisante problème, mais pas à la décision ou au
contrôle
• Sentiments cachés
• Relations superficielles
• Inflexibilité Associer
• Conscience de la position Manager Partage l’ensemble des décisions et le
• Agir selon les attentes des autres contrôle
• Penser à ses propres besoins Groupe Partage le contrôle et devient un organe
et problèmes démocratique
Source: Tuckmann, B.W. (1965) «Developmental sequences in Source: Tannenbaum, R. and Schmidt, W.H., «How to choose a lea-
small groups» in Psychological Bulletin vol. 63, p. dership pattern» in Harvard Business Review, May-June 1973.
384-399. Copyright 1965 by the American Psychological Copyright 1973 by President and Fellows of Harward College;
Association. Réimprimé avec permission all rights reserved.
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Leader
Equipe dirigée
Tâche
Contexte
Source: Reproduit avec la permission de B600 «The capable Manager», The Open University, 1994
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T-Kit
Le management
des organisations
En conclusion, nous avons considéré les Choisissons un élément de cette liste, l’argent
équipes en tant que groupes dynamiques en par exemple. Nous constatons que celui-ci peut
évolution, et les leaders en tant que per- être à la fois source de motivation et source
sonnes dynamiques et flexibles au sein de de démotivation. Herzberg a émis l’idée selon
ces groupes. Nous avons pris conscience de laquelle certains facteurs nous apportent un
la nécessité d’une attention équitablement sentiment de satisfaction, mais que leur absen-
répartie entre la tâche, les besoins des indivi- ce n’est pas nécessairement source d’insatis-
dus et ceux du groupe en tant qu’équipe. faction. De la même façon, certains facteurs
sont source d’insatisfaction, mais leur absen-
Précédemment, nous avons analysé le contex- ce ne sera pas forcément source de satisfac-
te de notre organisation; interne, en terme de tion, mais plutôt d’absence d’insatisfaction.
culture organisationnelle et externe, en réfé-
rence au contexte social, technique, écono-
mique, politique et environnemental (STEPE) Facteurs «moteurs» (d’Herzberg) = facteurs de
dans lequel nous travaillons. satisfaction = contenu du travail = besoins
supérieurs de la pyramide de Maslow
Le leadership est crucial dans tous ces aspects.
La forme de leadership la plus efficace sera Facteurs «d’hygiène» (d’Herzberg) = facteurs
«l’option la plus adaptée» pour répondre aux de mécontentement = contexte de travail =
exigences liées aux quatre éléments suivants: Besoins inférieurs de la pyramide de Maslow
le style préféré par le leader, le style préféré par
l’équipe, le style le plus approprié à la tâche,
et enfin le style le plus approprié au contexte. Suggestions pour la formation
• Reprenez vos listes. Quels éléments clas-
Dans la prochaine section, nous allons nous sifieriez-vous en tant que facteurs d’hy-
pencher sur les questions et les compétences giène et en tant que facteurs moteurs?
qui permettent de faire fonctionner l’équipe.
3.2.2 Motiver les individus Si les besoins inférieurs ne sont pas satisfaits 3
(niveaux 1, 2 et 3), alors les besoins supérieurs
Dans le chapitre 2, nous avons analysé le n’ont aucune pertinence.
concept de la motivation personnelle. A pré-
sent, nous allons examiner comment motiver Concernant les individus que nous gérons, il
les autres, en nous appuyant sur quelques semblerait qu’il faille dans un premier temps
modèles théoriques. investir les efforts dans la satisfaction de leurs
besoins inférieurs – les facteurs de méconten-
Suggestions pour la formation tement ou facteurs d’hygiène de Herzberg.
Souvent, mais pas toujours, nos organisations
Pour introduire le sujet de la motiva- peuvent affirmer que les besoins inférieurs
tion, il nous faut d’abord nous poser sont satisfaits et que le rôle du manager doit
quelques questions: être axé sur la satisfaction des besoins supé-
• Dans le travail (rémunéré ou volon- rieurs, tels que la réussite, la reconnaissance,
taire) que vous effectuez pour votre l’estime de soi, le développement personnel et
organisation, qu’est-ce qui vous fait la réalisation de soi.
plaisir ou vous apporte des satisfac-
tions, et qu’est-ce qui vous déplaît
ou provoque en vous des insatisfac- Suggestions pour la formation
tions (sous forme de listes)?
• Comment, en tant que manager, fais-je
• Pensez à d’autres activités que vous en sorte de garantir la satisfaction des
pourriez exercer au sein de votre besoins inférieurs des personnes qui
organisation ou d’une autre – le cas travaillent pour moi? Comment fais-je
échéant, que changeriez-vous sur vos en sorte qu’ils soient en permanence
listes? assurés?
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T-Kit
Le management
des organisations
Les facteurs de motivation (de niveau supérieur, La théorie X et la théorie Y de McGregor sug-
besoins de réalisation) déterminent la qualité gèrent que les styles de management se répar-
de la vie professionnelle et la qualité des expé- tissent en deux catégories définies à partir des
riences dans le cadre du travail. Certains sont théories relatives à la motivation des indivi-
inhérents au travail, comme la réalisation des dus au travail. La théorie X affirme que la plu-
objectifs. D’autres résultent d’un management part des individus sont paresseux, incapables
de qualité: respect des autres et de la part des de se discipliner et de contrôler leur travail,
autres, opportunités de développement et tra- qu’ils préfèrent la sécurité et fuient les res-
vail motivant. ponsabilités. En conséquence, il faut leur
apporter des incitations et leur dire ce qu’ils
Alderfer (dans Handy, 1990) a regroupé les doivent faire.
besoins illustrés par la pyramide de Maslow en
trois catégories – les besoins relatifs à l’exis- La théorie Y affirme que tous les individus
tence (Maslow 1&2), les besoins relatifs aux trouvent le travail naturel, acceptent l’auto-
relations (Maslow 3 & partie de 4) et les besoins discipline, recherchent les responsabilités et
relatifs au développement (partie de 4, & 5). Il apprécient les engagements. Aussi, les indivi-
a affirmé que ces besoins étaient chroniques dus ne peuvent-ils concrétiser leur potentiel
(toujours présents) ou épisodiques (parfois que s’ils ont la possibilité de faire appel à leur
présents). On constate ici des parallèles évi- imagination et à leur créativité.
dents avec le modèle de leadership centré sur
l’action de John Adair, présenté dans le cha-
pitre précédent (fig. 12). Les besoins physiolo- Suggestions pour la formation
giques peuvent être assimilés aux besoins liés
à la tâche, les besoins relationnels aux besoins • Analysez vos expériences relatives au
de l’équipe et les besoins de développement fait de gérer les autres et d’être gérés.
aux besoins individuels. Comment réagissez-vous à ces deux
théories? Quels témoignages pouvez-
vous apporter qui corroborent l’une ou
Suggestions pour la formation
l’autre?
• Réfléchissez aux effets que pourrait
avoir le style de leadership sur la moti-
vation des membres de votre équipe.
Certains styles de leadership sont-ils
3 plutôt centrés sur les facteurs d’hygiène Source: Maslow, A.H. Motivation and Personality, c 1954.
et d’autres sur les facteurs moteurs? Réimprimé et reproduit électroniquement par
permission de Prentice Hall, Upper Saddle River,
New Jersey.
Réalisation
de soi
Croissance
Développement personnel
Accomplissement
Estime
Respect de soi Position Reconnaissance
Besoins sociaux
Appartenance à un groupe
Activités sociales Amour Amitié
Sécurité
Sécurité Protection du danger
Besoins physiologiques
Manger Boire Dormir Etc.
50
T-Kit
Le management
des organisations
Nous revenons sur l’idée que l’objectif de la A un autre niveau, les managers doivent consi-
majorité de nos organisations est de permettre dérer la question du professionnalisme – pour
aux jeunes de parvenir à leur potentiel maximal. eux, mais aussi pour leur personnel. L’absence
L’attitude qui consiste à déléguer des responsa- de paiement n’excuse pas une conduite non
bilités dans la gestion de nos collaborateurs, vise professionnelle, et cela vaut tant pour les volon-
principalement la valorisation du plein potentiel taires que les membres du conseil d’adminis-
des ressources humaines de l’organisation. tration, mais aussi pour les personnels rému-
nérés. Il importe de considérer les limites des
Enfin, nous devons examiner une nouvelle fois relations personnelles sur le lieu de travail,
le facteur de dynamisme. Les individus et les les questions de préjugés et de discrimination,
organisations changent, de même que les envi- de santé et de sécurité, d’honnêteté et d’inté-
ronnements et les contextes dans lesquels ils grité. A un niveau organisationnel, nous devons
évoluent. Ces modifications influent nécessai- considérer les systèmes en place qui protègent 3
rement sur la motivation: par le biais des expé- les travailleurs des accusations d’inconduite
riences antérieures (éducation, scolarisation, dans ces domaines. Cela aura sans aucun doute
expériences dans les contextes professionnel et des répercussions sur les ressources financières
non professionnel); par le biais des situations et autres. Toutes ces questions sont largement
présentes (les propres perspectives des indivi- réglementées mais les valeurs de nos organi-
dus et notre vision des perspectives de nos sations devraient elles aussi influer sur notre
collaborateurs); par le biais de nos percep- engagement vis-à-vis de celles-ci.
tions de l’avenir (perspectives au sein de l’or-
ganisation et à l’extérieur, aspirations person- A un niveau supérieur, la nature des organisa-
nelles, rémunérées ou volontaires). Le jeune tions européennes est telle que nous avons
volontaire bénéficiant d’antécédents familiaux également des responsabilités «extérieures».
stables, d’une bonne éducation et des encou- Nous devons répondre à nos sponsors et, plus
ragements de ses pairs et des leaders, va avoir encore peut-être, aux personnes que nous ser-
une motivation très différente de la personne vons. La qualité des services et des informations
privée de tels encouragements et dont les que nous fournissons reflète le sérieux avec
expériences antérieures sont du registre de lequel nous prenons toutes nos responsabilités.
l’échec ou du rejet. Les deux peuvent être moti-
vés, mais la façon dont se combinent les fac-
teurs d’hygiène et de motivation va être très
différente. Les besoins supérieurs de Maslow
3.3 La formation,
sont axés sur le développement personnel et la le développement
réalisation du potentiel individuel. Une approche et l’évaluation
encourageant la prise de responsabilité, construi-
te sur la conscience des besoins progressifs de 3.3.1 L’organisation apprenante
nos partenaires de travail et l’engagement à y
répondre, est la voie vers la motivation dans tous De nombreuses organisations de jeunesse ciblent
les secteurs de nos organisations. un développement holistique des jeunes. Leur
51
T-Kit
Le management
des organisations
façon de procéder est propre à chacune. Les Une autre tentation est de percevoir les stages
valeurs qui fondent nos organisations sont par- de formation comme les seules opportunités
fois en contradiction avec les dures réalités de d’apprentissage. Pourtant, le concept de «for-
la gestion de programmes avec des ressources mation et développement» est connu pour
insuffisantes. Cette situation peut conduire à englober davantage que la seule participation
des compromis s’agissant de la somme de à des stages et «l’apprentissage» a tendance à
temps et d’argent consentie à l’apprentissage. servir de terme fourre-tout pour désigner toute
Néanmoins, il est possible d’identifier certaines expérience qui, à condition d’être correctement
caractéristiques clés des organisations que l’on conduite, favorise le développement personnel.
appelle «organisations apprenantes». En tant que managers d’organisations appre-
nantes, nous devons être suffisamment ouverts
Ce concept s’articule autour de l’idée selon pour appréhender toutes les opportunités sus-
laquelle les organisations se développent par ceptibles de contribuer au développement de
l’intermédiaire du développement individuel et notre personnel et, en conséquence, à une
personnel de ceux qui travaillent en leur sein. plus grande efficacité professionnelle. Il peut
Suivent certains concepts clés: s’agir des compétences – qui incluent les
connaissances et les aptitudes – ou de la moti-
• Le bénéfice et la valeur de la poursuite du vation, de la confiance en soi ou encore du
développement permanent sont reconnus travail en équipe. Cela peut également concer-
par le personnel et les volontaires. ner la perspective selon laquelle un individu
• Tous les travailleurs – rémunérés et volon- appréhende un problème ou l’organisation,
taires – sont encouragés à prendre la res- par exemple, la visite d’une section de l’orga-
ponsabilité de leur propre apprentissage et nisation – ou même d’une autre organisation.
développement. En résumé, il peut s’agir de toute opportunité
• Les structures de l’organisation sont à la qui amènera un membre du personnel à
fois suffisamment fonctionnelles et flexibles avoir une vision différente d’un problème et à
pour autoriser le développement et l’épa- y apporter une solution inconcevable aupara-
nouissement personnel. vant. Parmi les exemples d’opportunités d’ap-
• Le climat ambiant favorise l’apprentissage prentissage autres que les stages de formation,
grâce aux expériences et au feed-back, et il faut citer la technique qui consiste, pour un
autorise les erreurs. membre du personnel ou un volontaire, à
• Les stratégies et les politiques sont élabo- suivre un certain temps un autre travailleur
rées au moyen de la consultation et en tant dans son travail – comme son ombre –, soit
3 que processus d’apprentissage consciem- dans l’organisation même, soit dans une autre
ment structurés. structure, afin de voir ce qu’implique le travail
• L’engagement financier se manifeste par concerné et la façon dont la personne le fait.
une budgétisation effective pour soutenir D’autres opportunités d’apprentissage sont la
le processus d’apprentissage formation sur le tas, la participation à des confé-
rences et les manuels de formation.
Suggestions pour la formation L’évaluation de la performance de travail est
• Demandez aux participants d’évaluer abordée plus loin dans cette section. Néanmoins,
leurs organisations à la lumière de ces
principes. Où se situent les forces et Suggestions pour la formation
les faiblesses? Où sont les freins et où
sont les opportunités? • Demandez aux membres de votre
groupe de réfléchir à trois occasions
dans lesquelles ils ont eu le sentiment
La tentation existe, lorsque l’on encourage l’ap- d’apprendre quelque chose. Deman-
prentissage – notamment chez les jeunes – dez-leur d’expliquer la valeur de cet
d’oublier que le développement personnel est apprentissage pour leur organisation,
censé se traduire en développement organisa- et de décrire le processus de leur
tionnel. Sans objectif précis ni mission orga- apprentissage.
nisationnelle claire, il est impossible d’évaluer • Qui étaient les acteurs d’expériences
si l’apprentissage personnel va effectivement de développement personnel signifi-
contribuer à leur atteinte ou si l’investissement catives durant ces trois dernières
en temps et en argent se justifie. Par exemple, années? Qu’est-ce qui a fait d’eux des
investir dans des cours d’espagnol sera difficile acteurs de premier plan?
à justifier pour une organisation dont le prin-
cipal champ d’action est le Bélarus!
52
T-Kit
Le management
des organisations
il convient de mentionner ici la valeur de la d’action; les adeptes de la réflexion jugent plus
planification de l’apprentissage dans le contexte facile de s’engager dans la phase d’analyse; les
d’un examen régulier du travail et de la certifi- théoriciens participent plus pleinement lors-
cation de toute action d’apprentissage se dérou- qu’ils ont la possibilité d’identifier les points
lant. Les journaux de bord personnels sont à clés de la situation; enfin, les pragmatistes ont
ce titre un outil très adapté. une plus grande facilité à user du style qu’ils
préfèrent dans l’application de l’apprentissage
Dans la réalité, de nombreuses organisations à une nouvelle situation.
européennes de jeunesse ne sont pas des orga-
nisations apprenantes. Trop fréquemment, on
note un manque d’encouragement au sein de 3.3.3 L’évaluation des performances
l’organisation elle-même. En outre, il est très et le bilan du travail
fréquent que les personnels rémunérés tra- de l’organisation
vaillent dans le plus total isolement – parfois
en contradiction avec leur conseil d’administra- Si nous souhaitons la poursuite du développe-
tion. Aussi, la capacité de networking – avec ment de nos organisations par le biais de celui
votre organisation ou d’autres structures pour- de nos travailleurs, alors il nous faut un méca-
suivant des objectifs similaires – est-elle une nisme pour procéder régulièrement à son éva-
facette essentielle de l’organisation apprenante luation. De nombreuses organisations commer-
dans la pratique. ciales recourent au système de l’évaluation
annuelle des performances dans le cadre de
leurs «programmes de performances en fonc-
3.3.2 Les styles d’apprentissage tion des salaires». Ce système est également
Tandis que nous promouvons l’idée de l’ap- employé dans certaines ONG. Le problème se
prentissage personnel, nous devons reconnaître pose lorsque l’évaluation conduite s’intéresse
que chaque individu possède un style d’appren- davantage aux performances passées qu’au
tissage favori. Certains préfèrent aborder un potentiel futur. L’expression «bilan du travail
sujet par la résolution d’un problème concret. de l’organisation» est peut-être moins lourde
D’autres préfèrent la théorie, traduite ensuite de menace. C’est en outre une démarche d’éva-
en généralisations, avant de l’appliquer à la luation plus équilibrée, entre performances
situation qui les concerne. antérieures et objectifs futurs. La régularité et
la fréquence de ces bilans doivent être consi-
Dans le chapitre 2 consacré à la gestion de soi, dérées avec attention: un point annuel complet,
nous avons introduit le concept des styles assorti d’un point semestriel de la progression
d’apprentissage. Dans la présente section, nous en direction des objectifs, est une norme qui 3
n’allons pas revenir sur les détails, mais nous a fait ses preuves.
intéresser à la façon dont les styles d’appren-
tissage propres aux individus que nous gérons Il est triste de devoir dire que les conseils
influent sur la façon dont nous les gérons. d’administration déçoivent souvent leurs per-
sonnels – et leurs collaborateurs volontaires
En tant que managers, parvenons-nous à tirer – en ne procédant pas à ce bilan. Si le conseil
le meilleur des activistes en les laissant «se brû- d’administration ne possède pas les compé-
ler les ailes»? Est-ce que nous faisons en sorte tences nécessaires à cette tâche, alors il convient
que les plus enclins à la réflexion disposent de d’envisager des formations ou de solliciter une
suffisamment de temps pour ingérer et digé- aide extérieure. Ces bilans réguliers sont en
rer les informations avant d’être exhortés à effet très utiles pour évaluer la pertinence ou
prendre une décision? Est-ce que nous auto- la justesse des descriptions des fonctions attri-
risons les théoriciens à remettre les choses en buées aux personnels ou aux volontaires. Ils
question? Et, enfin, est-ce que nous exploi- peuvent aussi servir à combattre la résistance
tons la capacité des pragmatistes à transférer au changement, dans la mesure où ils fournis-
l’apprentissage d’une situation à une autre? sent l’occasion idéale d’évaluer la contribution
de chacun au développement de l’organisation
De la même façon, à propos du type d’expé- à un niveau stratégique.
riences d’apprentissage dans lequel nous Concernant l’évaluation des performances anté-
encourageons nos travailleurs à s’investir: le rieures, pour quelque raison que ce soit, un
mode d’apprentissage est-il en adéquation avec certain nombre de critères peuvent contribuer
l’offre d’apprentissage? L’un des intérêts du à ce que le processus soit juste et consensuel.
cycle d’apprentissage expérimental, tel que
décrit par Kolb, est qu’il contient des éléments 1. L’évaluation doit être planifiée. – Le proces-
pertinents eu égard au quatre styles d’appren- sus exige d’être clairement expliqué et suf-
tissage décrits par Honey et Mumford. Les fisamment de temps doit être consacré à sa
activistes ont une préférence pour la phase planification et à sa préparation. Le plan doit
53
T-Kit
Le management
des organisations
englober des conseils sur le type de critères Pour identifier les besoins d’apprentissage à venir,
employés pour évaluer la performance. les critères suivants peuvent s’avérer utiles:
2. La performance doit être évaluée en réfé-
rence à un critère. – Les cibles définies au 1. Les individus doivent être en mesure d’iden-
début de la période d’évaluation doivent tifier leurs compétences actuelles et leurs
avoir fait l’objet d’un accord dès le début, objectifs à long terme afin de pouvoir déter-
et tout changement doit avoir été noté. miner les compétences requises dans cette
Les mesures et les normes servant à l’éva- perspective.
luation doivent être claires et adaptées au 2. Les opportunités d’apprentissage doivent être
travail. Là encore, des références à la des- en adéquation avec les besoins d’appren-
cription des fonctions et au profil des can- tissage. Il convient de prendre en compte
didats peuvent être utiles. On a associé très le style d’apprentissage qui a la préférence
étroitement J.W. Humble à la gestion par de l’apprenant et de faire des choix parmi
objectifs – GPO (management by objectives un large éventail de possibilités.
– MBO) et à l’importance de l’analyse des 3. Le manager doit s’investir dans un soutien
résultats clés (key results analysis – KRA). continu. La réunion d’évaluation doit être
On a reproché à ses théories l’aspect trop perçue comme partie intégrante du proces-
«mécanique» du processus prôné, qui consis- sus engagé, figurant parmi les intérêts prio-
tait à employer une description de fonc- ritaires des managers. Une assistance au
tion répertoriant les principales responsa- niveau du choix des expériences d’appren-
bilités, les réseaux de communication, les tissage, de leur préparation et de l’évaluation
objectifs et les budgets pour la définition de leurs résultats, doit être prévue et inté-
des résultats clés. Le mécanisme normale- grée dans le programme de la période à venir.
ment associé au processus attestait d’une 4. Un rapport de l’évaluation des performances,
forte préférence pour les cibles quantitatives, ainsi que les plans et les engagements pour
et impliquait en outre que ces cibles pou- l’avenir, doivent être produits et soumis à
vaient ne pas avoir conduit à la rentabilité l’approbation du manager et des membres
escomptée. L’ensemble du processus était du personnel.
basé sur le principe de récompense finan-
cière, on comprend aisément la résistance Les points ci-dessus ont été volontairement
opposée à un tel traitement. La tentation, rédigés dans le style formel qui caractérise sou-
pour les grandes organisations, d’adopter ce vent les procédures employées pour l’évalua-
type de système ou des variantes, est évi- tion du travail ou des performances. Dans la
dente. L’uniformité et l’objectivité, de même réalité – peut-être plus encore dans les orga-
3
que la précision, sont présentées comme des nisations européennes de jeunesse –, les béné-
avantages majeurs. fices de ce type de procédure vont dépendre
3. Le feed-back doit être clair et constructif. plus ou moins de la qualité des relations entre
Seuls les critères définis et convenus peu- les personnels et les managers – qu’ils soient
vent servir de base aux jugements et toutes rémunérés ou non. Des relations ouvertes et
les preuves disponibles doivent être exploi- honnêtes, ainsi que la capacité de recevoir et
tées. Lorsqu’il existe d’autres éléments jus- de transmettre un feed-back quotidien, vont
tificatifs, mais qu’ils n’ont pas été collectés, assurer que les points réguliers sur le travail
il faudrait avoir la possibilité de remédier à sont des expériences bénéfiques, voire même
cette situation. Lorsque des incohérences agréables.
surviennent, il faudrait pouvoir les clarifier
et les résoudre. Transmettre et recevoir un Suggestions pour la formation
feed-back peut semer la discorde, aussi
importe-t-il de procéder avec précaution et • Demandez aux participants au stage
honnêteté. L’idée du hamburger – les dessus de concevoir un plan pour un point
et dessous constitués de commentaires régulier sur la situation de l’organisa-
positifs, de louanges et de reconnaissance, tion. Quelle en serait la fréquence?
et milieu constitué de points à améliorer – Quelles questions seraient posées pen-
est une approche commune de ce concept. dant cet examen?
Le feed-back doit venir en temps opportun, • Considérez les résultats de cette
être approprié, spécifique, pertinent et orien- démarche. Comment faire en sorte
té sur l’avenir. qu’ils soient Spécifiques, Mesurables,
Accessibles, Réalisables dans le Temps?
• L’exercice proposé à la fin de la section sur (en anglais, SMART = Specific, Measu-
le coaching est une méthode idéale pour rable, Achievable, Realistic, Timed)
pratiquer et bénéficier d’un feed-back sur
votre propre feed-back!
54
T-Kit
Le management
des organisations
Le coach est une personne qui favorise l’amé- 1. Commencez et terminez sur une note
lioration des performances en appliquant cer- positive. Pensez au feed-back en tant que
taines approches, styles et techniques adaptés hamburger, les commentaires positifs for-
au sport, à la compétition et à l’individu concer- mant le petit pain et les points à améliorer
né. la garniture à l’intérieur.
2. Concentrez-vous sur les faits et préparez-
Traditionnellement, le coaching implique une vous à donner des exemples précis.
relation entre deux personnes. Il en va de même 3. Pensez à votre langage corporel. Quels
dans le monde du travail. signaux transmettez-vous au moyen de
Le coaching peut être mis en œuvre suite à votre posture et de votre regard (ou de son
un point sur les activités de l’organisation ou absence)?
être associé au démarrage d’un nouveau tra- 4. Assurez-vous que le feed-back intervient
vail ou projet. Dans le modèle de leadership immédiatement après les observations.
centré sur l’action, présenté précédemment 5. Une approche participative va laisser au
(fig. 12), le coaching intervient principalement coach le temps de réfléchir à ses propres
au niveau du cercle qui représente les besoins solutions. Les questions ouvertes vont faci-
de l’individu. Une fois de plus, la relation liter ce processus.
humaine est un concept clé dans le coaching.
Recevoir un feed-back nécessite des compé-
Comme le leader, le coach dispose de toute une tences et, plus important encore, le désir d’ap- 3
gamme de comportements de coaching – que prendre. Voici quelques conseils pratiques:
l’on pourrait décrire en termes plus clairs comme
l’un des nombreux outils à la disposition du 1. Souvenez-vous que la personne qui fait
leader ou du manager –, du plus directif au part de ses réactions est de votre côté. Elle
plus participatif. prend peut-être des risques en intervenant.
2. Pensez à votre langage corporel. Quels
Suggestions pour la formation signaux transmettez-vous au moyen de
votre posture et de votre regard ?
• Réfléchissez aux questions, aux pro- 3. Ecoutez attentivement, demandez des expli-
blèmes ou aux tâches qui pourraient cations si nécessaire, ne cherchez pas à
tirer des bénéfices d’un coaching du vous justifier ou à vous défendre, à moins
personnel, rémunéré ou volontaire, au qu’on ne vous le demande.
sein de votre organisation?
• Evaluer l’importance pour le coach, de Suggestions pour la formation
comprendre les aspects techniques de
sa mission. Où se situe la différence • Choisissez une activité dans laquelle
par rapport à d’autres éléments du un coach peut observer un participant
leadership? en action (en train de faire une présen-
tation, par exemple). Prévoyez le temps
de préparer et de conduire un entre-
tien avec le coach, dans lequel un troi-
Le modèle ci-contre illustre l’importance des sième membre du groupe pourra
relations entre le coach et le personnel dans le observer et faire part de son feed-back
processus de coaching. La confiance favorise au sujet du feed-back !
une relation qui peut permettre d’approcher
un certain nombre d’objectifs de façon cyclique.
55
T-Kit
Le management
des organisations
Caractéristiques Caractéristiques
Utile Utile
– pour la résolution d’un problème – pour développer la confiance
immédiat, urgent ou stressant du coaché
– élargir son potentiel
– lorsque l’apprenant ne dispose
pas de savoir de référence – améliorer ses performances
56
T-Kit
Le management
des organisations
CONFIANCE
RELATION
OBJECTIF
OPTIONS RÉVISION
PLAN ÉVALUATION
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T-Kit
Le management
des organisations
58
T-Kit
Le management
des organisations
La relation nouée avec un mentor, parce qu’elle Le contrat est l’accord passé entre le conseiller
présente un début et une fin, est perçue comme et le client. Il doit englober les contraintes en
une démarche saine. Néanmoins, il n’est pas termes de temps, les limites de confidentialité
rare que cette relation se transforme en une et les attentes relativement au processus.
amitié durable. La relation originelle est char-
gée d’une lourde responsabilité – elle naît L’écoute active est la clé de la phase d’explora-
souvent de la demande de l’organisation dans tion. Le procédé mnémotechnique ci-dessous,
l’objectif ultime de bénéficier à l’organisation. qui reprend chacune des lettres formant le
mot EARS (oreilles), pourrait vous être utile:
Dans les grandes organisations commerciales,
les relations de mentoring sont fréquemment
associées à des tâches spécifiques ou à des pro- Encourage (encourager)
jets clairement définis. Elles constituent peut- Ask (interroger)
être alors le pivot du développement profession- Reflect (réfléchir)
nel. Dans le cas où la relation de mentoring se
Summarise (résumer)
nourrit des expériences quotidiennes nées
des pressions générées par le travail au sein
L’objectif de la phase de compréhension est de
d’une ONG à but non lucratif, alors l’objectif en
garantir que le conseiller et le client compren-
est différent. Nous revenons encore au concept
nent bien la question dans sa globalité. Para-
de développement personnel en tant qu’ob-
phraser, encourager la précision, questionner
jectif prioritaire - qui fait peut-être partie des
les contradictions et clarifier les implications
valeurs qui forment le socle de nos organisa-
sont autant de démarches nécessaires dans ce
tions. La relation de mentoring peut contri-
processus.
buer à la croissance personnelle dans un
grand nombre de sphères de la vie, selon ce
Action: Il s’agit de la phase principale de la réso-
qu’auront convenu ensemble le mentor et son
lution du problème. Elle peut nécessiter de
protégé.
matérialiser le problème en utilisant une repré-
sentation mentale ou un organigramme. Elle
peut faire appel à différentes techniques de réso-
3.4.3 Counselling lution des problèmes – ex.: SWOT – Strenghts
Counselling ou conseil est un autre terme, sou- (forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities
vent employé à mauvais escient, dans une (opportunités), Threats (menaces) –, une ana-
3
grande diversité de contextes. Aux fins de cette lyse des antécédents pour revenir à la situation
section, nous allons l’employer pour désigner actuelle ou partant de l’objectif (la solution)
un processus ou une interaction située dans pour remonter à l’origine (le problème).
un contexte relationnel, dont l’objectif est
d’épauler un individu dans sa réflexion au Révision: Si vous décidez de poursuivre votre
sujet d’une question ou d’un problème. Nous rôle de conseiller au-delà d’une durée conve-
n’évoquerons pas le conseil «professionnel», nue, vous engagerez votre responsabilité dans
qui implique une large palette de compétences le soutien des décisions prises. Vous devrez
spécialisées, même s’il est basé sur les prin- également veiller à ce que ce soutien fasse
cipes d’écoute active décrits ci-dessous. Dans l’objet d’une supervision.
cette section, nous emploierons le terme de
client, celui-là même qu’utilisent les profession- Attention: Le conseil peut déboucher sur une
nels du conseil. grande diversité de résultats. Le client peut se
sentir bien et prêt à donner suite aux actions
Les techniques de conseil sont employées par les convenues. Il se peut aussi qu’il soit parvenu
leaders, les managers, les coaches, les mentors, à un stade de pleine compréhension du pro-
et dans le cadre des relations entre les pairs. blème, mais qu’il ait besoin d’un spécialiste
pour le résoudre. Dans certains cas aussi, le
Le conseil intervient souvent dans la résolution client peut se sentir encore plus déstabilisé
de conflits. Généralement, il fait intervenir le qu’avant; le conseil a mis en évidence l’am-
processus suivant: pleur du problème et la direction à prendre
s’avère loin d’être évidente.
59
T-Kit
Le management
des organisations
se sentir dépassé par le problème du client. vitaux. En tant que manager en position de
L’échange avec le client peut se traduire par un conseiller, il importe que vous évaluiez votre
développement personnel, mais également par propre structure de soutien.
un choc et une détresse.
Si vous doutez de votre capacité à gérer le
Dans le conseil professionnel, l’encadrement problème, n’hésitez pas à solliciter une aide
et le soutien des conseillers sont des aspects extérieure.
60
4. La gestion des processus
T-Kit
Le management
des organisations
4.1 Introduction
Les sections précédentes ont mis l’accent sur D’après Weber, au sein d’une organisation, les
les valeurs fondamentales des organisations de tâches sont affectées aux membres en tant que
jeunesse. En conséquence, les décisions rela- fonctions officialisées. Cela assure une division
tives au management d’une organisation, y claire du travail et un niveau élevé de spécia-
compris la structure en soi, doivent être pesées lisation. En langage moderne, cela consiste,
avec soin. Il est essentiel de veiller à ce que pour une organisation de jeunesse, à se spé-
toutes les questions liées aux valeurs soient cialiser dans des activités spécifiques. Ainsi,
identifiées et intégrées dans les processus mis selon Weber, l’uniformité des décisions et des
en œuvre pour administrer l’organisation. En actions résulterait de règles et de dispositions
guise d’exemple, imaginez le cas de jeunes formellement établies. L’intérêt d’une gestion
formés au management: est-ce que les argu- impersonnelle ou objective est qu’elle garantit
ments en faveur de l’achat d’ordinateurs ou au personnel et aux volontaires un traitement
de VTT devraient systématiquement préva- similaire et, on peut le supposer, équitable. Les
loir sur l’amélioration des conseils aux jeunes organisations de jeunesse rejetteraient peut
et l’emploi de personnel supplémentaire? Un être la terminologie ou son contenu et même
certain nombre de recherches conduites dans l’ensemble des principes de Weber, car ils vont
le secteur des entreprises ont révélé une forte à l’encontre de la culture de jeunesse. Néan-
propension, dans les négociations portant sur moins, le manager de l’organisation de jeunesse
les dépenses, à privilégier l’achat d’équipement va s’identifier aux éléments de ce mode de
au détriment d’investissements supplémentaires pensée dans le cadre de son action.
dans le personnel ou les infrastructures. Les
décideurs de vos organisations de jeunesse Selon Weber, la sélection des agents est opérée
auraient-ils les mêmes priorités? Quelle réper- sur le critère de qualifications techniques et
cussion les valeurs de votre organisation ont- dans la perspective d’une carrière qui va durer
elles sur ce type de décisions? toute une vie. De ce point de vue, il existe une
différence fondamentale avec les organisations
Peter Drucker, qui mène des travaux sur le dont les personnels, volontaires, sont recrutés
management depuis cinquante ans, estime que pour des contrats de courte durée, par choix
l’une des erreurs constantes, depuis quelques ou par nécessité. Cette analyse reflète nette-
décennies, réside dans l’hypothèse implicite ment moins la réalité du secteur des entre-
ou explicite selon laquelle tout management prises à la fin des années 90 et à l’aube de ce
est forcément commercial. Les professionnels nouveau millénaire.
ou les volontaires qui interviennent dans les
organisations de jeunesse devraient prendre Pour résumer, les avantages implicites de la
théorie de Weber sont:
conscience du fait que, parfois, le secteur des
Spécialisation des tâches
entreprises s’intéresse au secteur volontaire –
Autorité hiérarchique
ou à but non lucratif – qu’il perçoit comme une
Système de règles
source de développement et d’information pour
Culture impersonnelle ou objective
la formation au management.
Les opposants à la théorie de Weber lui repro-
chent la prééminence qu’elle accorde aux règles
et aux procédures et donc à la tenue de la
comptabilité et au travail administratif, au détri-
4.2 Gérer l’organisation ment des objectifs. Dans les organisations de
jeunesse, nous avons déjà souligné le fait que
le risque que les systèmes deviennent priori- 4
La gestion est venue mobiliser l’attention à la taires sur les individus. Ce type d’approche
fin du 19 e Siècle, face à la taille croissante des induit en particulier le risque que les personnels
organisations. Les questions débattues alors par rémunérés ou volontaires deviennent dépen-
les théoriciens et les praticiens sont toujours dants du statut et des symboles. Il offre aussi
d’actualité. Max Weber, sociologue allemand, aux supérieurs hiérarchiques la possibilité de
dans son travail sur «The Theory of Social and dissimuler les procédures aux personnes qui ne
Economic Organisation» (la théorie de l’organi- sont pas directement concernées, pour affirmer
sation sociale et économique), s’est davantage leur position ou leur statut. En outre, la prise
intéressé au pouvoir et à l’autorité, mais ses d’initiative risque d’être réprimée. Le manque
analyses au sujet de la bureaucratie ont nourri de flexibilité est en contradiction avec un envi-
la réflexion des théoriciens du management. ronnement changeant qui caractérise les jeunes
Les paragraphes suivants examinent les avan- en particulier, de même que d’autres groupes
tages et les inconvénients des idées de Weber. et d’autres organisations.
61
T-Kit
Le management
des organisations
Dans la mesure où les organisations de jeu- 1 Les structures hiérarchiques verticales sont,
nesse doivent pouvoir préserver leurs valeurs comme leur nom le suggère, organisées selon
fondamentales, il importe que les décisions un système de couches multiples reposant
prises ne prêtent pas le flanc aux critiques généralement sur une base formelle, avec
susmentionnées et qu’elles contribuent à une des niveaux élevés de spécialisation, tant au
organisation efficace. Nous pouvons tous nous niveau fonctionnel qu’opérationnel. Ce type
reposer sur l’idée généralement acceptée selon de structure traditionnelle est considéré
laquelle il n’existe pas de meilleure méthode comme le mieux adapté au modèle militaire
de management et en conséquence, pas de ou à celui sous-entendu par Weber. Certaines
meilleure structure de management. organisations internationales de jeunesse
correspondent à cette description.
2 Les structures hiérarchiques horizontales
4.2.1 Structures de management ont été introduites en réponse à la diminu-
Les organisations de jeunesse, comme toutes les tion de la taille des entreprises dans la pers-
autres organisations, coordonnent des processus pective de l’accroissement de leur efficacité
autour d’une structure. Soulignons que le terme et de leur rentabilité. Ces structures convien-
de structure ne doit pas être systématiquement nent-elles à l’environnement des ONG? Pour
associé aux idées de formalisme ou de rigidité. employer le langage des partisans des struc-
La structure peut effectivement être formelle, tures formelles, les structures hierarchiques
traditionnelle et hiérarchique, ainsi que le sug- horizontales nécessitent l’élargissement du
gère Weber, mais elle peut également être la champ de contrôle. Etant donné l’emploi de
résultante d’un projet. Elle peut encore, comme volontaires, le principe pourrait être valable.
l’avait suggéré un participant à un stage de for- De l’avis de certains, cette structure est celle
mation au management des organisations, être qui se prête le mieux à l’apprentissage et au
chaotique mais néanmoins efficace. Le networ- développement du personnel.
king a également des répercussions sur certaines 3 Les structures de gestion de projet sont
structures opérationnelles de jeunesse. En bref, conçues pour répondre avec souplesse à des
une organisation de jeunesse peut s’inspirer de besoins spécifiques, parfois sur le court terme.
modèles courants dans les secteurs statutaires De ce fait, des équipes sont constituées pour
des entreprises, ou avoir été conçue en tant que des projets particuliers, puis dissoutes. Ainsi,
structure unique adaptée à des objectifs natio- des individus peuvent être membres de plu-
naux ou internationaux spécifiques. Quelle que sieurs équipes de projet, dans lesquelles la
soit la forme de cette structure, il importe de hiérarchie est utile à la réalisation des objec-
prendre conscience de sa spécificité. tifs. Ce principe pourrait-il convenir aux per-
sonnels volontaires et rémunérés dans le
Voici quelques questions fondamentales cou- cadre d’activités coordonnées?
rantes associées au concept de structure: 4 Les structures en réseau présentent quelques-
uns des aspects caractérisant les structures
Quel est l’objectif et quelle est la stratégie de
de gestion de projet, mais s’élargissent à
l’organisation?
d’autres organisations qu’elles englobent
Quelles politiques internes et externes influent parfois. La communication va alors s’opérer
sur son travail? au sein de l’organisation et au-delà, pour
Comment les diverses tâches sont-elles réparties toucher des individus et des groupes appar-
entre les personnes concernées? tenant à des organisations distinctes. Le
Quel est le degré souhaitable ou nécessaire de networking entre les organisations de jeu-
spécialisation ou de concentration des tâches? nesse pourra être formel ou informel. Il devra
Combien d’établissements ou de sites sont-ils néanmoins exister un système structuré
4 nécessaires au plan national ou international d’organisations solidaires tendant vers des
pour appliquer la politique et la stratégie de objectifs compatibles.
l’organisation?
Dans quelle mesure faudrait-il décentraliser la Suggestions pour la formation
prise de décision, d’une manière générale et plus • Demandez aux participants de dessiner
particulièrement dans les organisations inter- un organigramme présentant les princi-
nationales? pales fonctions de leurs organisations et de
Selon les réponses à ces questions, les décisions comparer les résultats qu’ils ont obtenus.
prises relativement au type de structure – • Servez-vous des organigrammes sans leur
qu’il s’agisse de création ou de modification – donner d’étiquette, afin d’encourager la
devraient être appropriées. Il est important de comparaison entre les organisations de
savoir que les différences entre tel et tel type de jeunesse des participants.
structure peuvent être plus fluides qu’il n’y
paraît. Voyez la classification simple ci-contre.
62
Fig. 19:
Structures Structure de gestion Structure en réseau
de management de projet
63
T-Kit
Le management
des organisations
4
T-Kit
Le management
des organisations
Fig. 20:
Le modèle des sept-S Structure
Stratégie Systèmes
Valeurs
partagées
4
Compétences Style
Staff
Source: Mullins, Laurie J. (1999) Management and Organisational Behaviour, p.863, 5th ed. London: Pearson
Education. ISBN 0-273-63552-2
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Le management
des organisations
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Le management
des organisations
En effet, l’enthousiasme à l’égard de l’amé- d’un plan d’action par rapport au moral de
lioration prime sur l’analyse construite et l’équipe impliquée;
logique. – dans le cas d’une organisation de jeunesse,
par rapport à l’ensemble des partenaires
• La consultation des personnels rémunérés, concernés.
des volontaires et des usagers des services
– de façon structurée ou semi-structurée – L’image populaire d’une personne omnipotente
peut également être une démarche intéres- (un homme, généralement) trônant seule der-
sante. Les questionnaires ou les interviews rière un bureau et décidant du destin de toute
construits autour de questions standard une organisation est loin de la réalité. Lors de
sont des techniques parfaitement valables. la prise d’une décision, il importe de se poser
les questions fondamentales suivantes:
• L’organisation de réunions, afin d’assurer
que le développement des individus et du Quelle est la largeur du fossé entre la situation
groupe est compatible avec les besoins de actuelle et l’objectif visé?
l’organisation. La question des besoins de Quelle priorité détermine la prise d’une déci-
l’organisation et de leur pertinence, ou sion en faveur d’une question A, par rapport
même leur conflit avec les besoins de déve- à B, etc.?
loppement des volontaires, doit être antici- La décision est-elle facile à prendre? Ou le pro-
pée et résolue lors des phases de planifica- blème est-il simple à résoudre ?
tion et de mise en oeuvre. Quel intervalle va séparer la prise d’une déci-
sion de son application?
Le problème pourrait-il se résoudre avec le
temps?
4.5 La prise de décision
et l’élaboration En combinant le concept des processus de
management et la prise de décision, deux divi-
des politiques sions majeures sont suggérées:
Les questions liées à la prise de décision et à La première est l’établissement d’une méthode
l’élaboration des politiques sont nombreuses ou d’un mécanisme permettant de gérer la rou-
et complexes. Etant donné l’importance accor- tine ou des décisions prévisibles.
dée au processus de management, la structure La deuxième est la considération de la prise de
de l’organisation est un facteur primordial. Dans décision sur des questions non routinières.
les grandes organisations, le risque existe que
la prise de décision soit un processus plus ou Cette différence peut aussi s’exprimer en termes
moins inaccessible et que les personnes éloi- de décisions programmées d’une part, et de
gnées – géographiquement ou en termes de décisions non programmées d’autre part. La
structures – en soient tenues à l’écart. Qui plus mise en place d’un processus de consultation au
est, aux commentaires ci-dessous, il convient sein de la structure et la prise en considération
d’associer ceux relatifs à la gestion des indivi- du feed-back sur les décisions antérieures, est
dus et au leadership en général, contenus dans une façon de gérer la prise de décisions «stan-
le chapitre 3. dard». Le compromis réside dans le fait que, un
processus ayant été établi, quelques indivi-
Les décisions ne sont pas prises hors contexte.
dus peuvent avoir le sentiment d’être privés
Normalement, plusieurs facteurs exercent une
d’une réelle liberté de décisions. Le processus
influence prépondérante:
4 peut impliquer des recommandations relati-
L’expérience collective antérieure de l’organi-
vement à la prise de décision au niveau des
sation.
individus, des équipes ou des unités. Dans ce
Les problèmes actuels, perçus ou réels, de l’or-
contexte, l’unité peut se référer à une organisa-
ganisation.
tion de jeunesse locale.
La personnalité des décideurs.
La conviction que l’organisation fait partie d’un
La décision se situe sur un continuum entre
système tel que décrit précédemment, rigide ou
certitude et incertitude, en passant par le risque,
souple. et entre des niveaux de contrôle élevé et faible
Les répercussions de toute décision doivent de la part des managers de l’organisation. Dans
être considérées: la prise de décisions non routinières, les mana-
gers doivent évaluer le risque des conséquences
– en relation avec les délais prévus pour le impliquées par leur choix. Qu’il soit possible
changement souhaité ou la mise en œuvre de définir un mécanisme précis pour la prise
66
T-Kit
Le management
des organisations
RENONCER
NON
RENONCER
NON
L’alternative RENONCER
est-elle OUI NON
réalisable?
L’alternative
est-elle
satisfaisante? OUI
L’alternative Poursuite
aura t-elle de l’évaluation
OUI
des conséquences
positives ou neutres?
Source: p. 250 in Stoner, J. A. F. and Freeman, R. E. and Gilbert, D. R. (1995) Management, 6th ed., London: Pearson
Education Ltd. .
67
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Le management
des organisations
Le rôle décisionnel – Le manager met en œuvre Ajoutez ces idées à une autre vision reconnue
de nouveaux plans, répartit les ressources et du processus de gestion dans la pratique. Voir
communique le raisonnement motivant ses figure ci-dessous
décisions, à l’intérieur et à l’extérieur de l’orga-
nisation.
Chaînes
Y
TÂCHES SIMPLES
Les informations
La personne Bonne
Réseaux circulent
centrale peut performance
centralisés en direction
exécuter
(ex: la roue) de la personne
la tâche seule
centrale Les réseaux
centralisés sont plus
performants pour
des tâches simples
TÂCHES COMPLEXES
Les informations
Faible
circulent en La personne
Réseaux centrale sature
performance
direction
centralisés rapidement
de la personne
4 (ex: la roue) centrale
Bonne
performance
Les informations
Personne ne Les réseaux
Réseaux circulent dans
sature décentralisés sont
décentralisés tout le réseau
plus performants pour
(ex: Comcon) des tâches complexes
Source: Mullins, Laurie J. (1999) Management and Organisational Behaviour, p. 489-490, 5th ed. London: Pearson
Education. ISBN: 0-273-63552-2
68
T-Kit
Le management
des organisations
Contrôler Organiser
4.7 La connaissance
et l’apprentissage
La communication est inextricablement liée
à la connaissance et à l’information. Dans le
monde moderne des entreprises, les relations
Mener
entre connaissance, pouvoir et avantage
concurrentiel donnent lieu à maintes analyses
et controverses. Les organisations de jeunesse
n’étant pas concernées par le principe de
Il existe de nombreux modèles de communi- l’avantage concurrentiel, nous allons explo-
cation en référence au processus de manage- rer les questions de communication dans le
ment. Certains sont fondés sur le concept de contexte de l’organisation apprenante. Compte
transmetteur – ou de source – d’un message tenu de l’importance de l’apprentissage dans
codé qui va circuler dans un canal, pour être une culture centrée sur les jeunes, nous avons
décodé par le récepteur. Toujours par analogie délibérément inclus le schéma de l’organisa-
aux signaux radio, le modèle illustre également tion apprenante dans cette section, mais éga-
le processus de réponse au transmetteur – lement dans le chapitre 3. L’approche et l’ana-
retour à la source –, qui devient alors le récep- lyse que nous en avons faite précédemment
teur. étaient rattachées à la gestion des individus.
Dans cette section, nous allons nous y intéres-
S’inspirant du principe des signaux radio, cer- ser dans le cadre des processus de management.
tains théoriciens emploient le terme de «bruits»
pour désigner les distorsions subies par le mes- L’organisation apprenante
sage circulant entre le récepteur et le trans-
metteur. Ce terme est peut-être un euphé- Le secteur des entreprises s’intéresse depuis
misme; les phases de codage et de décodage peu aux meilleurs moyens de diffuser l’infor-
peuvent effectivement être perturbées par la mation et la connaissance au sein de l’organi-
hiérarchie, les rumeurs, une politique incons- sation. Shell a été l’un des premiers promoteurs
tante et, plus fondamentalement, par l’absen- de ces principes.
ce d’un processus de management adapté à la
transmission des informations, ou même par Afin d’aider les managers dans leur mission, la
une confusion dans le cercle ci-dessus. société de conseil britannique David Skyrme
Associates a proposé la définition suivante:
L’illustration 22 présente les réseaux de com- Les organisations apprenantes sont celles qui dis-
munication, organisés selon qu’ils concernent posent de systèmes, de mécanismes et de processus
des tâches simples ou complexes. La «roue» (ou pour améliorer en permanence les aptitudes de
«étoile») est le modèle le plus centralisé, pro- ceux qui travaillent pour elles ou avec elles, et 4
posé pour des tâches ou des problèmes simples. pour atteindre des objectifs durables pour ces
Le «cercle» est le modèle le plus décentralisé; il organisations et les collectivités auxquelles elles
implique un faible niveau de contrôle et de participent.
prévisibilité du leadership. Par contre, selon son
auteur, ce modèle du cercle se prête davantage Les objectifs pour lesquels cet apprentissage
aux changements et à la résolution de pro- est promu devraient être élargis à l’environ-
blèmes complexes. nement global de l’organisation.
Le modèle «tous canaux» (ou «Comcon»), éga- Si les théoriciens ne définissent pas le concept
lement décentralisé, implique des discussions de communauté de la même façon que les lea-
ouvertes et une pleine participation des per- ders de jeunesse, le fait qu’ils l’utilisent indique
sonnes concernées. En situation de pression, l’importance accrue de l’environnement pour
il peut éclater pour se transformer en «roue». la promotion des jeunes.
69
T-Kit
Le management
des organisations
Les théoriciens ont également répertorié les à la mise en œuvre d’expériences impliquant
points importants suivants. Les organisations différentes méthodes de communication,
apprenantes: mais également, par la suite, à l’évaluation
Savent s’adapter à leur environnement exté- de leur efficacité.
rieur;
Améliorent en permanence leur capacité de
• Analyse de l’environnement interne et exter-
ne. Dans le cadre d’un processus de contrôle
changement et d’adaptation;
permanent, tous les facteurs clés doivent
Développent l’apprentissage collectif et indi- être examinés, y compris les éléments à
viduel; première vue sans pertinence pour une
Exploitent les résultats de l’apprentissage pour organisation de jeunesse, tels que la tech-
parvenir à de meilleurs résultats. nologie et les données politiques.
70
T-Kit
Le management
des organisations
Donner un sens aux situations – organiser les Certains des points ci-dessus signalent des pro-
informations et les idées blèmes couramment rencontrés par de nom-
Faire des choix – décider des actions à entre- breuses organisations de jeunesse en Europe,
prendre mettant en évidence la nécessité de la planifi-
Observation des résultats – produire des rap- cation.
ports, observer
Redéfinition du cadre – intégrer les nouveaux De l’importance croissante des organisations de
savoirs dans les modèles mentaux, mémoriser jeunesse découle la nécessité de mieux les gérer,
afin qu’elles soient en mesure de répondre aux
défis de la société. Un environnement en évolu-
L’apprentissage collectif requiert des capacités
tion permanente exige en outre des organisations
au partage d’informations et inclut:
d’être en mesure d’évoluer pour maintenir leur
La communication, au-delà des limites de l’orga-
influence et continuer à fournir des services.
nisation notamment.
L’écoute et l’observation.
Le mentoring et le soutien des collègues. 4.8.2 Qu’est-ce que
Une approche holistique - considérer l’équipe et la planification stratégique?
l’organisation comme un tout. Il existe différentes définitions de la notion de
La capacité à affronter les défis et l’incertitude. planification stratégique. Michael Allison et Jude
Kaye, dans leur ouvrage «Strategic planning for
Non profit organisations» (1997), en ont donné
Suggestions pour la formation deux définitions très basiques:
• Mettez en pratique les six techniques La première de ces définitions est que la plani-
susmentionnées, de l’enquête à la redé- fication stratégique est un outil de management
finition du cadre, pour résoudre un pro- qui, comme tout outil de cette nature, sert à
blème soumis par un participant. aider l’organisation à produire un travail de
meilleure qualité. Ces auteurs proposent égale-
ment une définition plus complète qui englobe
certains des aspects clés de ce type de planifi-
cation: la planification stratégique est un pro-
cessus systématique au moyen duquel une
4.8 La planification organisation décide des priorités essentielles
stratégique à sa mission et adaptées à l’environnement dans
lequel elle opère – et obtient des actionnaires
Opter pour une planification stratégique va avoir clés qu’ils s’engagent vis-à-vis de ces priorités.
un impact important sur l’influence qu’exerce Nous avons déjà souligné dans les sections pré-
une organisation sur la société, mais également cédentes que les pratiques employées dans les
sur toute autre forme de planification. Cela entreprises pouvaient s’appliquer aux organi-
devrait en outre avoir un effet sur le fonction- sations de jeunesse. A l’inverse, les pratiques des
nement pratique de l’organisation. organisations de jeunesse peuvent convenir aux
entreprises. Comme nous l’avons mentionné
4.8.1 Pourquoi la planification précédemment, les organisations de jeunesse
est-elle importante? possèdent une caractéristique propre – leurs
Il est généralement admis que les organisations valeurs – qui les différencie des organisations
de jeunesse jouent un rôle de plus en plus impor- à but lucratif. Lorsque l’on emprunte aux entre-
tant dans la société. Néanmoins, il faut recon- prises un outil de management qui leur est
naître que ce constat ne rend pas les choses propre pour l’appliquer aux organisations de 4
plus faciles. Au contraire, l’environnement dans jeunesse, il importe de considérer les valeurs
lequel les organisations évoluent, loin d’être de ces dernières. En fait, l’outil ne doit pas
stable, est en constante évolution. dénaturer les valeurs et les principes des orga-
nisations de jeunesse. Nous proposons une
Il convient aussi de mentionner d’autres aspects autre définition: les valeurs sont des normes,
«internes» aux organisations: des principes ou des idées concernant l’impor-
tance de telle chose ou de telle qualité, partagés
– l’évolution du nombre des membres, mais par l’ensemble du groupe.
aussi de leurs antécédents;
– le manque de ressources; Toute organisation, quelle que soit sa nature,
– la mauvaise gestion des ressources humaines; possède des valeurs distinctives. Ceci dit, dans
– le manque de lignes directrices au niveau le secteur à but non lucratif, ces valeurs sont
des activités ou des programmes des orga- peut-être différentes ou simplement appréhen-
nisations. dées de manière différente. En théorie du moins,
71
T-Kit
Le management
des organisations
les organisations de jeunesse promeuvent des décisions, etc., dans le but de produire un docu-
valeurs qui imprègne leur philosophie à tous ment dit «plan stratégique». Ceci dit, le pro-
les niveaux, y compris la collecte de fonds, la cessus ne s’arrête pas là. Une fois le plan rédigé,
communication et le recrutement des volon- il faut le mettre en pratique et le revoir régu-
taires et des personnels. Ces valeurs sont géné- lièrement. La période de planification peut être
ralement établies par ses fondateurs, puis mode- plus ou moins longue, mais une durée de trois
lées et partagées par les autres membres ou ans représente une bonne moyenne. Evidem-
leurs successeurs. ment, une évaluation régulière, à tous les stades,
est essentielle, les résultats de ces évaluations
Les points suivants résument les différentes devant être incorporés au fur et à mesure dans
étapes de la planification stratégique. Avant le processus.
de s’engager dans une telle démarche, l’orga- Nous suggérons ci-dessous huit étapes fonda-
nisation doit prendre le temps d’évaluer sa mentales, suivies d’un complément d’informa-
pertinence. Elle doit notamment se poser les tions pour soutenir le groupe dans leur mise
questions suivantes: en œuvre.
– La planification stratégique exige du temps.
Est-ce que nous disposons de ce temps? Est-ce 1. Définition des bases
que nous voulons y consacrer le temps néces- de la planification stratégique
saire? – Qui va être impliqué?
– La planification stratégique exige des res- – Comment allons-nous procéder?
sources. Est-ce que nous disposons de res- – De quoi allons-nous avoir besoin?
sources? Est-ce que nous voulons les investir
2. Vision et mission:
dans la planification?
développement ou réexamen
– La planification stratégique exige un engage-
– Convenir d’une vision pour l’organisation
ment. Est-ce que nous avons pris en considé-
– Ecrire (ou réexaminer) un projet d’entreprise
ration toutes les personnes impliquées (volon-
(d’organisation)
taires, conseil d’administration, personnels,
clients), avant de démarrer le processus? 3. Evaluation de l’environnement
– La planification stratégique exige une coor- – Etude des forces et des faiblesses
dination. Est-ce que nous disposons des per- – Etude des opportunités et des menaces
sonnes compétentes pour la mettre en œuvre?
4. Définition des points stratégiques
– La résistance à la planification. Est-ce que
– Définir les priorités
tous les agents sont favorables à la planifi-
cation stratégique? Comment mobiliser tout 5. Mettre par écrit les buts et les objectifs,
le monde? et préparer un budget
6. Rédiger le plan stratégique
Suggestions pour la formation
7. Mise en œuvre du plan stratégique
• Sur une feuille de papier, les participants – Définir, rédiger et mettre en œuvre les plans
doivent évaluer les réponses aux cinq opérationnels
questions ci-dessus pour savoir si leur orga-
nisation est prête pour la planification 8. Evaluation
stratégique. Cette évaluation pourra
donner lieu à la production d’un docu- Etape 1. Définition des bases
ment à soumettre à l’Assemblée généra- de la planification stratégique
le ou à une instance équivalente, qui Même si l’on suppose que l’organisation est
prendra alors la décision. prête à entamer une planification stratégique,
4
• Dans le cas où leur organisation ne sem- il reste un certain nombre de points impor-
blerait pas prête pour cette démarche, tants à examiner:
les participants devront étudier plus en
détail les problèmes qui se posent, afin – Qui va être impliqué?
de les résoudre avant d’envisager une A cette question, plusieurs réponses sont pos-
planification stratégique. sibles selon la taille de l’organisation. Dans le
cas d’une petite organisation, il peut être inté-
ressant d’impliquer l’ensemble des personnes
4.8.3 Les étapes de la planification et des cadres, de même que des représentants
des partenaires (un partenaire est toute per-
stratégique
sonne s’occupant – ou devant s’occuper – de
La planification stratégique est un processus l’organisation: les membres du personnel, les
permanent qui implique, entre autres actions, volontaires, les membres du conseil d’admi-
de collecter des informations, de mener des dis- nistration, les clients, les fondateurs, les ani-
cussions et des négociations, de prendre des mateurs de collectivité, les anciens membres
72
T-Kit
Le management
des organisations
du personnel et anciens volontaires, les four- Nous pouvons définir deux types de visions:
nisseurs, etc.). Dans le cas d’une grande orga- – l’une de ces visions concerne l’organisation
nisation, cela n’est pas possible. La solution d’un point de vue interne. Il s’agit alors d’ima-
consiste peut-être alors à constituer un comi- giner comment nous souhaiterions que soit
té de planification qui devra représenter tous notre organisation.
les partenaires de l’organisation. Dans tous – l’autre vision, extérieure, consiste à imaginer
les cas, il importe que le groupe inclue diffé- comment serait le monde si notre organi-
rentes personnes, dont le directeur exécutif sation atteignait son objectif.
et les membres du conseil d’administration.
La vision de l’organisation devrait inspirer les
Dans tous les cas, tous les individus qui font individus et les encourager à travailler ensemble
partie de l’organisation doivent être impliqués au maximum de leurs possibilités, dans la pers-
d’une façon ou d’une autre, à moins que le pective de parvenir à l’objectif visé.
plan ne soit clair pour tous, sinon il ne fonc-
tionnera jamais. Cet objectif, parfois appelé «projet», pourrait se
définir «comme la raison d’être de l’organisation»
– Comment allons-nous procéder? (Allison et Kaye, 1997). En d’autres termes, le
La description que nous avons faite de la plani- projet correspond au rôle de l’organisation rela-
fication stratégique en est une parmi beaucoup tivement à la vision.
d’autres. Les théoriciens qui s’y sont intéressés
en ont proposé diverses approches. Certains Manifestement, certaines organisations possèdent
d’entre eux en ont fait une analyse plus détaillée, déjà un projet très clair. Si tel est le cas, alors voilà
définissant un plus grand nombre d’étapes ou l’occasion de le reconsidérer.
les organisant différemment. Cela démontre
que cet outil ne peut être utilisé de façon rigide. Rédiger un projet d’entreprise peut s’avérer une
Il a au contraire été conçu pour une utilisation tâche très délicate, probablement longue. Néan-
souple, qui permette son adaptation à diffé- moins, il ne faut pas en sous-estimer l’impor-
rentes formes d’organisations. Aussi, à ce stade, tance en tant qu’aspect crucial de la planification
faut-il en avoir une vision globale afin de déci- stratégique. En outre, cela peut aider l’organisa-
der des étapes qu’il convient de mettre en adé- tion à engager ses membres dans la recherche
quation avec la réalité de l’organisation. d’un consensus sur les raisons de leur travail.
73
T-Kit
Le management
des organisations
TEJO – Organisation mondiale des jeunes Dans ce processus, l’outil d’analyse SWOT
Espérantistes – entend améliorer la compréhen- (Strenghts, Weaknesses, Opportunities, Threats)
sion entre les jeunes de toutes nationalités et peut être fort utile:
langues, en promouvant l’utilisation d’une – Strengths (forces): Qu’est-ce que nous fai-
langue internationale, l’espéranto. sons bien?
– Weaknesses (faiblesses): Dans quels domaines
JDC – Jeunesse pour le Développement et la pourrions-nous nous améliorer?
Coopération – vise à renforcer les structures – Opportunities (opportunités): Quels change-
de jeunesse qui promeuvent la coopération ments intervenus dans notre environnement
entre les jeunes, en leur donnant les moyens de sont susceptibles de nous aider à réaliser
modeler leur présent et leur avenir, de manière notre projet?
à parvenir à un développement écologiquement – Threats (menaces): Quels sont les change-
viable, économiquement accessible et socia- ments dont nous devons nous protéger ou
lement équitable. auxquels nous devons nous préparer dans
notre travail? (Allison et Kaye, 1997)
YEE – Jeunesse et Environnement Europe – son
objectif est de promouvoir des modes de vie L’analyse SWOT devrait nous aider à identifier
respectueux de l’environnement et une utili- les forces de l’organisation, grâce auxquelles il
sation durable des ressources mondiales, de nous sera possible de profiter des opportuni-
faire participer chacun d’entre nous à la prise tés offertes, mais également les faiblesses sur
de décision, et de dispenser une éducation au lesquelles nous devons travailler si nous ne
sujet des valeurs précitées. voulons pas nous exposer aux menaces. Cette
méthode peut être utilisée au niveau de l’or-
Une fois le projet mis par écrit, chacune des ganisation dans son ensemble ou au niveau
personnes impliquées dans le processus pour- de programmes et d’unités spécifiques.
ra se l’approprier plus aisément et ainsi s’im-
pliquer davantage par rapport à l’organisation.
Il importe également que ce document soit Etape 4. Définition des points stratégiques
publié et intégré dans la constitution et les sta- Après avoir réuni les informations requises
tuts de l’organisation. grâce aux étapes précédentes, il s’agit à présent
de faire des choix et de déterminer des priorités.
A ce stade, il peut s’avérer utile de revenir à la
Etape 3. Evaluation de l’environnement
dernière phase pour compléter les recherches.
L’organisation existe dans un environnement
Cette étape peut paraître frustrante, mais les
dont nous avons précédemment décrit le carac-
tère évolutif. Cet environnement influe sur les résultats en valent la peine.
performances de l’organisation. Celle-ci exploite
des éléments de cet environnement et subit Bryson décrit les points stratégiques comme
continuellement diverses influences. les «questions politiques fondamentales qui
affectent le mandat, la mission et les valeurs, le
La planification stratégique exige un système niveau de productivité, les clients, les utilisa-
qui contraigne l’organisation à répondre à ces teurs et les payeurs, les coûts, le financement,
changements, ce qui requiert une analyse de le modèle d’organisation ou de gestion de l’or-
l’environnement extérieur du point de vue de ganisation». En établissant un ordre de priorité
la politique, des tendances économiques, des dans ces questions par rapport au projet et à
données démographiques, des questions juri- la vision, nous allons pouvoir donner de la
4 diques, des problèmes liés à la collectivité, de substance à notre plan stratégique.
la compétition avec les autres organisations, de
l’évolution des valeurs et des besoins de ses Dans cette partie du processus, il ne serait pas
membres ou de ses bénéficiaires. judicieux de prendre des raccourcis. Les résul-
tats de l’analyse SWOT peuvent contribuer à
Dans le même temps, il faut comprendre la situa- mettre en évidence le lien entre les points stra-
tion interne de l’organisation, afin de pouvoir tégiques identifiés et les forces et les faiblesses,
mesurer le besoin de changement. L’évaluation les opportunités et les menaces.
de cet environnement doit donc intégrer une
analyse de l’organisation à travers l’ensemble L’étape finale consistera à restreindre les choix
de ses activités. Selon le type d’organisation, il disponibles pour réaliser les objectifs fonda-
peut s’agir: des finances, de la gestion, des mentaux de l’organisation. Là encore, chaque
membres, du marketing, des services, des théoricien donne sa version des aspects essen-
programmes et des activités. tiels à prendre en considération.
74
T-Kit
Le management
des organisations
Henry Migliore & al, dans leur ouvrage «Stra- Etape 6. Rédiger le plan stratégique
tegic planning for Not-for-Profit organisations» Le lecteur décidé à engager un processus de
(1994), ont proposé la liste qui suit: planification dans son organisation et qui
– Dotation en personnel/niveau de participa- débuterait sa lecture à ce point, ne trouvera
tion des volontaires. pas d’informations susceptibles de l’aider dans
– Niveau de ressources et de fonds. sa démarche. En effet, la rédaction du plan stra-
– Réputation et niveau d’acceptation dans le tégique consiste à mettre par écrit les produits
domaine du service. des étapes précédentes.
– Clients servis.
– Quantité de programmes. Peut-être est-il préférable qu’une seule person-
– Qualité des programmes. ne se charge de cette tâche. Bien évidemment,
– Efficacité du leadership. il faut prévoir la possibilité pour d’autres per-
– Quantité et qualité des services. sonnes de s’investir dans un travail de vérifi-
cation. Ceci dit, à ce stade, les principales
Etape 5. Mettre par écrit les buts et les objec- décisions ayant été prises, les changements à
tifs et préparer un budget introduire devraient être minimes. Sinon, le
Les discussions portant sur les buts et les objec- risque est de s’engager dans un processus inter-
tifs vont se poursuivre durant tout le processus minable avant de parvenir à un produit finalisé.
de planification stratégique. Quoi qu’il en soit, à
ce stade, la dernière étape du processus se profile. S’agissant d’un document qui sera utilisé par
une grande diversité de partenaires, il doit être
A ce moment, la plupart des décisions auront convivial de sorte à favoriser la reconnaissance
été prises et nous devrions avoir une vision des idées soumises. Une fois prêt, le document
claire de l’orientation de l’organisation. Il s’agi- devra être formellement adopté par le conseil
ra alors de convenir des mesures concrètes à d’administration puis diffusé le plus largement
prendre pour atteindre les résultats visés. possible au sein de l’organisation.
Dans ce contexte, l’utilisation de la méthode Il n’existe pas de modèle standard, mais compte
d’analyse SMART pourrait être utile. Cet acro- tenu des étapes précédemment décrites, il est
nyme fait référence à: possible de structurer le document selon les
– Specific (spécifiques): les objectifs doivent être sections qui suivent:
mis par écrit de façon concise et faire appa- – Introduction
raître clairement quand, comment et où les
– Projet et vision
changements vont intervenir.
– Genèse et profil de l’organisation
– Measurable (mesurables): les résultats ou le
– Points stratégiques et stratégies fondamentales
processus doivent pouvoir faire l’objet d’une
– Buts et objectifs (Allison et Kaye, 1997)
évaluation.
– Achievable (accessibles): la notion d’enjeu doit
Certaines de ces sections nécessiteront peut-
certes être présente afin de motiver les indi-
être d’être rédigées d’une part spécifiquement
vidus, mais les objectifs doivent être réalisables
pour chacun des services concernés et, d’autre
afin de ne pas générer de frustration.
part, pour l’organisation dans son ensemble.
– Relevant and Realistic (pertinents et réalistes):
il s’agit de se focaliser sur les priorités de l’or-
Etape 7. Mise en œuvre du plan stratégique
ganisation.
A présent, le moment est venu de passer à l’ac-
– Time-bound (compte tenu du temps): les objec-
tion. Notre plan stratégique nous indique la
tifs doivent s’inscrire dans un cadre temporel
direction à suivre, le timing et le contenu. Pour
délimité.
le mettre en œuvre, nous devons développer
Le point d’engagement est atteint. A présent, des actions (plans opérationnels) pour chacun 4
il faut allouer les ressources nécessaires. L’al- des points stratégiques. Dans le cas d’une stra-
location des ressources figure dans le budget, tégie de recrutement, il faudra prendre des
document qui reflète les décisions en termes décisions relatives à l’offre d’emploi, à sa des-
de politiques, comme par exemple faire un cription, au nombre d’entretiens avec les can-
choix compte tenu de ressources restreintes et didats, au budget à allouer au processus de
déterminer la position à adopter par l’organisa- recrutement, etc.
tion. Généralement les budgets sont établis
par le conseil d’administration et approuvés par Les plans opérationnels entrent davantage dans
l’instance décisionnelle supérieure de l’orga- le détail que le plan stratégique. Quoi qu’il en
nisation (Assemblée générale, congrès, etc.). soit, ils doivent garantir que chacun des points
Mais, une nouvelle fois, plus grande est l’im- stratégiques est géré de façon efficace et coor-
plication des partenaires, plus fort est leur donnée. Il est important que les plans opéra-
sentiment de propriété. tionnels soient compatibles avec le style du
75
T-Kit
Le management
des organisations
plan stratégique. Les personnes qui les mettront moins offrir au manager la possibilité de contri-
en œuvre devront pouvoir faire la relation buer à la préparation du budget. Suivent
entre leurs actions et le projet de l’organisa- quelques brèves descriptions des états de
tion, tel que décrit dans le plan stratégique. finances qui devraient éclairer les discussions
sur le niveau d’engagement.
Etape 8. Evaluation Les informations financières sont présentées
Dans la planification stratégique, l’évaluation est sous différentes formes, selon les besoins de
une étape supplémentaire qui vient compléter l’organisation concernée. Des références seront
le processus et, plus important encore, qui va faites à la fois à la comptabilité financière et de
apporter des informations nouvelles qui vont gestion.
permettre d’affiner le plan. La planification stra-
tégique devient ainsi un processus permanent Cette terminologie distingue les comptabilités
de développement organisationnel. établies à des fins juridiques et statutaires de
celles établies dans le seul objectif d’appuyer
L’évaluation doit être conduite à différents la prise de décision en matière de gestion. La
moments: première catégorie inclut le bilan et le compte
d’exploitation, tandis que la deuxième inclut
– Durant le processus de production du plan le budget et la situation de cash-flow. Ce qui
stratégique suit est recommandé dans tout programme
– Durant la mise en œuvre du plan stratégique de formation à la gestion financière.
76
T-Kit
Le management
des organisations
jeunesse. Un budget amendé peut parfois être il convient néanmoins de les encourager à s’im-
présenté en tant que budget prévisionnel. pliquer dans l’établissement et l’opération des
budgets. La tenue de réunions pour discuter
Généralement, le budget est établi pour l’orga- des résultats des diverses périodes budgétaires
nisation dans son ensemble. En cas de struc- est une activité très formatrice en la matière.
tures plus grandes, comportant des unités
opérationnelles locales, les budgets de service Ce type de réunion peut également être consi-
sont une pratique courante. Si les managers déré comme faisant partie intégrante de la
exercent peu d’influence sur les recettes totales, prise de décision de l’organisation. La prise de
COMPTES BUDGETS
1998 2 000
RECETTES
1 Contributions des organisations membres 60100 59 000
2 Subvention administrative UE 40000 40 000
3 Subvention administrative FEJ 8000 8 000
4 Subvention du gouvernement belge 6000 6 000
5 Intérêts 3250 3 000
6 Donations/cotisations 18 000 15 000
Sous-total 135 350 131 000
DEPENSES
8 Personnels permanents et affectés au projet 75 000 80 000
9 Volontaires/stagiaires dans les bureaux 10 000 12 000
Sous-total personnel 85 000 92 000
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T-Kit
Le management
des organisations
décision est certainement davantage associée sera nécessaire avec la banque ou les personnes
à l’établissement des budgets. Ceci dit, lorsqu’un responsables du financement de l’organisation.
budget a été amendé, le processus global de
production, de mise en œuvre et d’évaluation
des résultats reste lié au cycle de planification,
d’organisation, d’encadrement et de contrôle
précédemment évoqué (fig. 23). Dans ce sens,
4.10 Les contrats
la planification et la prise de décision s’expri-
ment en termes financiers. Il existe différentes sortes de contrats. Les
contrats de travail signés avec des personnels
4.9.2 Le bilan rémunérés ou volontaires sont régis par la
Les informations figurant dans un bilan expri- législation nationale sur l’emploi dans le pays
ment la valeur ou la situation d’une organisa- considéré. Les modalités d’emploi seront abor-
tion à un moment donné. Souvent, on fait dées dans la prochaine section. Dans cette
l’analogie avec une horloge que l’on arrêterait section, nous allons mettre l’accent sur les
à un moment précis. Ces états financiers sont contrats relatifs aux immobilisations, comme
généralement préparés sur une base annuelle. les bâtiments, les véhicules, les équipements de
Le bilan fournit des informations sur les actifs bureau et les machines. Pour guider le per-
de l’organisation. Les actifs incluent les biens, sonnel et les volontaires dans ce domaine, le
les équipements et les fonds ou capitaux propres processus de management doit inclure des pro-
détenus par l’organisation, ainsi que ses liqui- cédures permettant d’identifier les activités
dités en banque. Son passif représente son susceptibles d’être conduites intégralement au
endettement. sein de l’organisation et, en corollaire, des réfé-
rences aux conseils professionnels dont peu-
4.9.3 Le compte d’exploitation vent bénéficier les conseillers comptables ou
juridiques de l’organisation. Les questions sui-
Cet état est également appelé compte de pertes vantes vont permettre de définir les orienta-
et de profits ou résultat financier. Le compte tions et les procédures.
d’exploitation est peut-être un état financier
plus restreint, mais il met en évidence l’es- Quelle est la valeur de l’actif à acquérir?
sentiel des fonds dont dispose l’organisation L’actif va-t-il être emprunté ou loué?
ainsi que l’argent dépensé au cours d’une A quel moment l’actif sera-t-il entré dans la
période donnée. Il convient à une petite orga- comptabilité? (ce que l’on appelle parfois la
nisation de jeunesse ou aux unités locales d’une dépréciation – non valable pour tous les actifs)
plus grande organisation. Le chiffre final repré- L’organisation dispose-t-elle d’un conseiller
sente l’excédent ou le déficit pour la période interne?
considérée. Pour les opérations commerciales, Existe-t-il un moyen de vérifier la fiabilité ou
on parle de pertes et de profits. Ces états finan- la compétence de l’entreprise qui propose la
ciers peuvent être préparés sur une base trimes- vente ou la location?
trielle, semestrielle ou annuelle, pour indiquer Les règles de l’organisation définissent-elles les
la situation d’une organisation sur la période personnes habilitées à signer certains types de
considérée. Quelle que soit la terminologie, contrats avec des tiers?
le document a une valeur indéniable en tant
qu’outil de gestion. Procéder à des contrôles Il est courant, par exemple, de désigner la per-
régulièrement et analyser les changements sonne ou de préciser la qualification de la per-
intervenus dans les recettes, les frais et les sonne appelée à signer ou à prendre des déci-
dépenses, sont autant de démarches qui four- sions sur des contrats concernant l’achat de
nissent des informations déterminantes pour la terrain ou de propriété. Mais, est-ce aussi clair
4 dans le cas de contrats plus routiniers, relatifs
prise de décision et la planification future.
par exemple à la location d’un photocopieur?
4.9.4 La situation de cash-flow Sur des contrats apparemment simples, l’écart
en termes de coûts peut être considérable.
(capacité d’autofinancement)
Dans toute organisation, à but lucratif ou non,
il est essentiel de planifier les flux financiers
entrants de même que les flux financiers sor-
tants. Le but en est de prédire le solde qui sera
4.11 Les modalités
disponible en banque ou dans le budget du d’emploi
service concerné. Pour simplifier à l’extrême, le
dernier chiffre affiché pour la période concer- Les législations nationales et européennes impo-
née, souvent un mois, représente le solde sent aux organisations des exigences relatives
bancaire. Dans le cas de solde négatif, un accord aux modalités d’emploi de leur personnel. Ceci
78
T-Kit
Le management
des organisations
dit, des modalités de travail convenues, justes Les clauses du contrat doivent également per-
et adaptées aux conditions dans lesquelles mettre à l’employeur et à l’employé d’apposer
travaille le personnel sont aussi la marque d’un leur signature. Le document doit être établi
bon employeur. Les organisations fondées sur en double exemplaire, un pour chacune des
des valeurs et centrées sur le développement parties.
des individus, comme le sont les organisations
européennes de jeunesse, se doivent encore La nécessité d’établir un contrat de façon for-
davantage de prouver leur engagement vis-à- melle, dans le cas des volontaires, a été large-
vis du personnel au moyen de procédures et ment débattue. Quoi qu’il en soit, les organi-
de contrats adaptés. sations doivent veiller à ne pas créer une
situation dans laquelle, du point de vue juri-
Les clauses d’un contrat de travail sont propres
dique, elles emploient une personne à qui elles
à chaque employé et contiennent les aspects
octroient une somme d’argent de poche consi-
principaux de la relation contractuelle. Elles ne
dérée comme un paiement inférieur au salaire
contiennent pas tous les éléments du contrat
minimum.
entre l’employeur et l’employé, parce que les
conventions cadres, les livrets du personnel,
le profil de poste ainsi que d’autres avis font Il existe cependant un principe qui doit s’ap-
également partie du contrat. pliquer de manière égale aux employés et aux
volontaires: toute personne travaillant pour une
Eléments à prendre en considération dans le organisation doit connaître ses responsabilités
contrat de travail: et ce que l’employeur attend de son travail. Il
Quelle est la durée minimum d’un contrat importe également de se soucier de la publica-
requérant la mise par écrit des dispositions tion et de l’accessibilité de toutes les politiques
et des clauses? de l’organisation sur les questions liées au tra-
Par qui les dispositions et les clauses doi- vail. Pour mettre les choses au clair, on peut
vent-elles être remises à l’employé? établir un descriptif des attentes convenues par
A quels autres documents faut-il faire réfé- les deux parties.
rence?
Lors de la mise par écrit du contrat, il convient
d’inclure les éléments d’information ci-des-
sous:
Suggestions pour la formation
Qui est l’employeur? • Demandez aux participants de réflé-
Quand le contrat débute-t-il et finit-il? chir aux cas de deux travailleurs, l’un
Quel est l’intitulé du poste? (profil de poste) rémunéré et l’autre volontaire, et
Lieu de travail d’examiner la clarté du contrat et/ou
Rémunération (salaire – quand? – combien?) des attentes les concernant respective-
Horaires de travail (heures normales, heures ment.
exceptionnelles, week-ends et soirées, heures
supplémentaires) • Comment procèdent-
Conventions collectives (accords syndicaux) ils? Quelles sont les
Quels seront les frais pris en charge? procédures en place
L’hébergement sera-t-il assuré? ou à mettre en place
Vacances (combien? – avec quel préavis?) pour améliorer la
Absences à signaler situation?
Prestations maladie (dispositions statutaires
et propres à l’organisation)
Droit à pension 4
Age de la retraite
Période probatoire (quand l’employé sera-t-il
confirmé à son poste?)
Voie de recours (lorsqu’un employé n’est pas
satisfait de la façon dont son employeur le 4.12 La gestion des
traite)
Procédure disciplinaire (lorsqu’un employeur relations extérieures
n’est pas satisfait des résultats ou du com-
portement de l’employé) Les sections précédentes nous ont déjà permis
Conditions d’hygiène et de sécurité d’évoquer les relations internes et extérieures.
Travail à l’étranger Toute organisation de jeunesse devrait normale-
Autres dispositions (référence au livret d’ac- ment avoir une politique de gestion des relations
cueil, aux tableaux d’affichage) extérieures. Tout processus de management
79
T-Kit
Le management
des organisations
80
Annexe 1
T-Kit
Le management
des organisations
Perspectives historiques
et actuelles du management
Introduction H. Fayol (1841-1925)
La brève synthèse proposée ci-dessous vise à Fayol, ingénieur des mines, va racheter une
compléter les informations et les arguments affaire en déficit chronique et la rendre ren-
présentés dans ce T-Kit. Ce panorama ne table. Il prônait les principes suivants:
contient pas de référence spécifique aux orga-
nisations de jeunesse. En réalité, l’objectif en La responsabilité – doit être le pendant de l’au-
est de fournir des repères sur les théories ori- torité.
ginelles, de manière à ce que les managers et L’unité du commandement – les ordres doi-
les formateurs utilisant cette publication puis- vent provenir d’un seul supérieur.
sent développer leur propre jugement concer- L’unité de direction – une politique claire et un
nant leur application et leur pertinence. Le T-Kit leadership clair.
en lui-même inclut des commentaires relatifs Centralisation.
à la pertinence et à la valeur, pour les organisa- La chaîne de commandement – des axes d’or-
tions de jeunesse, des idées avancées par cer- ganisation clairs et clairement formulés, et des
tains théoriciens. objectifs compris à chacun des niveaux.
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Le management
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T-Kit
Le management
des organisations
humain – s’est souvent avéré être un frein aux Le «travailleur de la connaissance» inclut les
progrès souhaités. Peter Wickens, dans «The managers, eux-mêmes très souvent concernés
Ascendant Organisation», propose une critique par des activités ou des tâches répétitives, mais
de quelques-unes de ces initiatives de manage- dans lesquelles la connaissance, scientifique
ment. Son expérience, qui englobe le manage- ou autre, est un ingrédient essentiel à la prise
ment européen, américain et japonais, devrait de décision et au leadership. Cet accent sur le
être examinée en profondeur par tous ceux savoir a donné naissance à de nouvelles idées,
qui souhaitent tirer les leçons de ce siècle dont certaines ont été élevées au rang de théo-
pour mieux préparer le suivant. ries, telle celle de l’organisation apprenante qui
prône l’apprentissage continu en tant que clé
Peter Drucker, né à Vienne en 1909, écrivait de la réussite. De nombreux observateurs en
en 1999 depuis une base américaine que le reviennent néanmoins au précepte de Maslow,
management contemporain n’était pas fon- selon lequel il convient de gérer chaque indi-
damentalement différent des idées exposées vidu de façon individuelle.
par Taylor un siècle plus tôt. Il se réfère au
concept du «travailleur de la connaissance», Les organisations volontaires ou à but non
et suggère que la dignité du travail évoquée lucratif sont-elles susceptibles d’y parvenir
par Marx n’a jamais eu la moindre pertinence. mieux que les entreprises?
84
Annexe 2
T-Kit
Le management
des organisations
Evaluation du T-Kit
sur le management des organisations
Nous espérons que cette première version du T-Kit sur le management des organisations vous a
semblé utile. S’agissant de la première publication de ce type réalisée dans le cadre du Partenariat,
nous serions heureux de prendre connaissance de vos suggestions et impressions, afin d’en tenir
compte dans les prochaines éditions. Merci de bien vouloir compléter ce questionnaire. Vos
commentaires recevront toute notre attention.
Dans quelle mesure ce T-Kit vous-a-t-il aidé à trouver des références théoriques et des applications
pratiques des techniques de management des organisations ?
De 0% .............................................................................................................................................................................................................. à 100%
Vous êtes…
(vous pouvez cocher plus d’une case)
■ Un formateur
● Local ● National ● International
Si oui…
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
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T-Kit
Le management
des organisations
Quelles techniques et idées vous ont été les plus utiles dans votre travail? .....................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
Nom: .......................................................................................................................................................................................................................................
Titre: .......................................................................................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................
86
Annexe 3
T-Kit
Le management
des organisations
87
T-Kit
Le management
des organisations
Nonaka, Ikujiro, and Takeuchi, Hirotaka (1997) Tannenbaum, R. et Schmidt, W.H. (1973)
The knowledge creating company (Italian «How to choose a leadership pattern – retros-
edition). Guerini e Associati pective commentary», Harvard Business
Review, May-June 1973
Osborne, Stephen P. (1996)
Managing in the voluntary sector: a hand- Tuckman, B. W. (1965)
book for managers in charitable & non-profit Developmental sequences in small groups,
organisations, International Thomson Busi- Psychological Bulletin, 1965
ness Press
Vall, Peter B. (1996)
Pasini, Willy, et Francescato, Donata (1999) Learning as a way of being, Jossey-Bass
Il coraggio di cambiare, Mondadori Publisher
88
T-Kit
Le management
des organisations
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fhfghjfghj
T-Kit
Le management
des organisations
T-kit 1:
Le management des organisations
T-kit 2:
Une méthodologie de l’apprentissage des langues
T-kit 3:
La gestion de projets
T-kit 4:
L’apprentissage interculturel
T-kit 5:
Comment organiser un stage de formation
T-kit 6:
Le service volontaire
T-kit 7:
Education à la citoyenneté
www.training-youth.net *
91
fhfghjfghj
couvt-kit1_fr.qxd 03/04/2001 14:03 Page 1 (1,1)
Pochette 100%
no1
no1 no1
www.training-youth.net www.training-youth.net