Complexe V8

ETUDE
EL
EMENTAIRE DES FONCTIONS

DUNE VARIABLE COMPLEXE - TOME I
par
Robert Rolland
Table des matières
1. Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Partie I. Rappels sur la notion de dierentiabilite 5
2. Notations - Denitions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3. Fonctions de R
n
dans R
m
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
4. Le cas des fonctions de C dans C. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
5. Les formes dierentielles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Partie II. Fonctions dune variable complexe. . . . . . 10
6. Fonctions holomorphes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
6.1. Derivation complexe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
6.2. Interpretation geometrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
6.3. Fonctions holomorphes et fonctions harmoniques . 13
6.4. Operations sur les fonctions holomorphes. . . . . . . . . 14
7. Exemples. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
7.1. Les exemples de base. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
7.1.1. Les polynomes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
7.1.2. Les fractions rationnelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
7.1.3. Fonctions denies par des series entières. . . . . . 15
7.1.4. La fonction exponentielle, le sinus et le cosinus 16
7.1.5. Les logarithmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
7.1.6. les radicaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
8. La theorie de Cauchy. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2 R. ROLLAND
8.1. Integration sur les chemins et les systèmes de
chemins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
8.2. Premières proprietes des fonctions holomorphes . . 21
8.3. Indice dun point par rapport à un lacet. . . . . . . . . . 26
8.4. Theorème et formule de Cauchy. . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
9. La theorie de Weierstrass. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
9.1. Identication des fonctions analytiques et des
fonctions holomorphes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
9.2. Quelques consequences de lidentication. . . . . . . . . 35
10. Inegalites de Cauchy - Applications. . . . . . . . . . . . . . . . . 36
10.1. Inegalites de Cauchy. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
10.2. Application aux fonctions entières. . . . . . . . . . . . . . . 37
10.3. Zeros des fonctions holomorphes. . . . . . . . . . . . . . . . 38
10.4. Principe du maximum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Partie III. Points singuliers des fonctions. . . . . . . . . 41
11. Series de Laurent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
12.

Etude des points singuliers isoles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
12.1. Classication des points singuliers isoles. . . . . . . . . 45
12.2. Inegalites de Cauchy pour les series de Laurent . 46
12.3. Image dune fonction au voisinage dun point
singulier essentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
12.4. Theorème des residus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
12.5. Une application du theorèmes des residus au
nombre de zeros. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
12.6. application au calcul des integrales. . . . . . . . . . . . . . 51
12.6.1. Type 1 : integrales de la forme I =
_
2
0
R(sin(t), cos(t))dt 51
_
+
R(x)dx 53
_
+
f(x)e
ix
dx 54
_
+
0
R(x)
x
dx 58
_
+
0
R(x) log(x)dx 60
Partie IV. Zeros et poles des fonctions holomorphes
et meromorphes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
13. Le theorème de factorisation de Weierstrass. . . . . . . . . 62
14. Le theorème de Mittag-Leer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
FONCTIONS DUNE VARIABLE COMPLEXE 3
Index. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4 R. ROLLAND
1. Introduction
Ce texte est un resume qui reprend les resultats elementaires clas-
siques de la theorie des fonctions holomorphes dune variable complexe.
On y trouvera une presentation complète des theorèmes principaux de
la theorie de Cauchy et de celle de Weierstrass. On y trouvera une
etude des points singuliers isoles, des series de Laurent et des fonctions
meromorphes. En particulier on etudiera les zeros et les poles de ces
fonctions ainsi que la construction de fonctions ayant des zeros et des
poles imposes.
Sagissant dun resume, on ne trouvera pas de longues digressions ni
dexemples ediants, si ce nest les applications classiques du theorème
des residus au calcul de certaines integrales. Les developpements sur les
transformations complexes, en particulier le theorème de lapplication
ouverte, letude des transformations conformes de parties du plan, les
constructions de fonctions classiques qui sexpriment avec des produits
et sommes innis, comme par exemple la fonction Gamma, la fonction de
Weierstrass et plus generalement les fonctions elliptiques, feront partie
dun autre tome.
Le lecteur qui voudrait enrichir ses connaissances sur les notions
developpees ici peut se referer aux livres suivants : (liste non exhaustive)
Lars Ahlfors, Complex Analysis, McGraw-Hill ;
Henri Cartan, Theorie elementaire des fonctions analytiques, Her-
mann;
Dictionnaire des Mathematiques, Fonctions analytiques, Ency-
clopdia Universalis, Albin Michel ;
Mikhal Lavrentiev & Boris Chabat, Methodes de la theorie des
fonctions dune variable complexe, Mir ;
Walter Rudin, Real and Complex Analysis, McGraw-Hill ;
Dans toute la suite on supposera que sont connus les resultats
elementaires sur les series entières et les fonctions quelles denissent sur
leur disque de convergence.
PARTIE I
RAPPELS SUR LA NOTION DE DIFF
ERENTIABILIT
E
2. Notations - Denitions
Soient E et F deux espaces vectoriels de dimensions nies respectives
n et m sur R , f une fonction denie sur un ouvert de E, à valeurs dans
F et z
0
un point de . Nous noterons L(E, F) lespace des applications
R-lineaires de E dans F.
Denition 2.1. La fonction f est dierentiable au point z
0
sil
existe une application lineaire df(z
0
) L(E, F) telle que
f(z) = f(z
0
) + df(z
0
)(z z
0
) + o(|z z
0
|).
Lapplication lineaire df(z
0
) L(E, F) est la dierentielle de f en
z
0
(notee aussi parfois f
(z
0
)).
Denition 2.2. Si f est dierentiable en tout point de , lapplica-
tion df de dans L(E, F) qui à z associe df(z) est la dierentielle de
f.
3. Fonctions de R
n
dans R
m
Si on xe des bases dans E et dans F on identie E à R
n
et F à R
m
.
La fonction f sera alors identiee à une fonction de R
n
dans R
m
que par
abus nous noterons encore f. Plus precisement nous aurons
f(x) = f(x
1
, x
2
, , x
n
) =
_
f
1
(x
1
, x
2
, , x
n
), , f
m
(x
1
, x
2
, , x
n
)
_
Theorème 3.1. Si f est dierentiable au point a = (a
1
, a
2
, , a
n
)
la dierentielle de f en ce point a une matrice (matrice jacobienne)
6 R. ROLLAND
donnee par
J(f, a) =
_
_
_
_
_
f
1
x
1
(a)
f
1
x
2
(a)
f
1
xn
(a)
f
2
x
1
(a)
f
2
x
2
(a)
f
2
xn
(a)
. . .
fm
x
1
(a)
fm
x
2
(a)
fm
xn
(a)
_
_
_
_
_
o` u les
f
i
x
j
(a) sont les derivees partielles de f au point a.
Les fonctions de R
n
dans R on une importance particulière puisque
se donner une fonctions de R
n
dans R
m
revient en fait à se donner m
fonctions de R
n
dans R.
Considerons le cas particulier important de la fonction p
i
qui à x =
(x
1
, x
2
, , x
n
) fait correspondre p
i
(x) = x
i
. Cette fonction est lineaire,
donc elle est dierentiable en tout point et sa dierentielle en ce point
est elle meme
dp
i
(x) = p
i
.
Ainsi la dierentielle dp
i
de la fonction p
i
est lapplication constante
de R
n
dans L(R
n
, R) qui prend la valeur p
i
.
Pour des raisons historiques lapplication lineaire dp
i
(x) = p
i
est notee
dx
i
(ou dy
i
ou dt
i
... suivant les noms des variables utilisees). Ainsi
dx
i
(h) = h
i
.
Theorème 3.2. Les dx
i
forment une base de L(R
n
, R) et
df(a) =
f
x
1
(a)dx
1
+
f
x
2
(a)dx
2
+ +
f
x
n
(a)dx
n
.
Attention : Compte tenu de labus de notation habituel qui consiste
à noter une fonction constante par sa valeur on trouvera parfois aussi la
notation dx
i
pour la fonction constante dp
i
qui à tout x associe dx
i
=
dp
i
(x) = p
i
.
4. Le cas des fonctions de C dans C
Nous considerons dans cette section C comme espace vectoriel sur
R et nous lidentions quand il le faut à R
2
de la manière habituelle.
Soit la fonction de C dans lui meme qui à z associe z. Il est clair que
la dierentielle d(z
0
) de en tout point z
0
est la fonction elle meme.
Nous noterons
dz = d(z
0
) = .
Introduisons egalement la fonction

qui à z associe z. Il est clair là
aussi que d
(z
0
) =

. Nous noterons
d z = d
(z
0
) =

.
Ainsi dz et d z sont des applications Rlineaires de C dans C (donc si
on veut de R
2
dans R
2
).
Pour tout h = h
1
+ ih
2
on a
dz(h) = dx(h) + idy(h)
d z(h) = dx(h) idy(h)
On ecrira donc
dz = dx + idy
d z = dx idy
mais avec prudence car dz et d z sont des application Rlineaires de C
dans C cest-à-dire lineaires de R
2
dans R
2
tandis que dx et dy sont
lineaires de R
2
dans R. (Ce qui fait fonctionner la notation cest que R
est considere comme inclus dans C.)
Soit une fonction dierentiable f de C dans C, consideree donc aussi
comme fonction de R
2
dans R
2
.
f(x + iy) = f
1
(x + iy) + if
2
(x + iy)
ou encore
f(x, y) =
_
f
1
(x, y), f
2
(x, y)
_
.
Calculons alors df(z
0
)
df(z
0
)(h
1
, h
2
) =
_
df
1
(z
0
)(h
1
, h
2
), df
2
(z
0
)(h
1
, h
2
)
_
8 R. ROLLAND
ou encore
df(z
0
)(h
1
+ ih
2
) = df
1
(z
0
)(h
1
+ ih
2
) + idf
2
(z
0
)(h
1
+ ih
2
)
mais
df
1
(z
0
) =
f
1
x
(z
0
)dx +
f
1
y
(z
0
)dy
tandis que
df
2
(z
0
) =
f
2
x
(z
0
)dx +
f
2
y
(z
0
)dy
si bien que
df(z
0
) =
_
f
1
x
(z
0
)dx +
f
1
y
(z
0
)dy,
f
2
x
(z
0
)dx +
f
2
y
(z
0
)dy
_
ou encore
df(z
0
) =
f
1
x
(z
0
)dx +
f
1
y
(z
0
)dy + i
_
f
2
x
(z
0
)dx +
f
2
y
(z
0
)dy
_
et en posant
f
x
(z
0
) =
f
1
x
(z
0
) + i
f
2
x
(z
0
)
et
f
y
(z
0
) =
f
1
y
(z
0
) + i
f
2
y
(z
0
)
on peut ecrire
df(z
0
) =
f
x
(z
0
)dx +
f
y
(z
0
)dy.
En remarquant que dx =
1
2
(dz +d z) et que dy =
i
2
(d z dz) on obtient
df(z
0
) =
1
2
_
f
x
(z
0
) i
f
y
(z
0
)
_
dz +
1
2
_
f
x
(z
0
) + i
f
y
(z
0
)
_
d z.
Denissons
f
z
(z
0
) =
1
2
_
f
x
(z
0
) i
f
y
(z
0
)
_
f
z
(z
0
) =
1
2
_
f
x
(z
0
) + i
f
y
(z
0
)
_
on peut alors ecrire
df(z
0
) =
f
z
(z
0
)dz +
f
z
(z
0
)d z.
5. Les formes dierentielles
Soit un ouvert de C. Une forme dierentielle denie sue est une
application de dans L(R
2
, R
2
) ou encore L(C, C). Remarquons que les
formes lineaires particulières dx et dy forment une C-base de L(C, C). En
eet, si l(x +iy) = ax +by +i(cx +dy) alors l = (a +ic)dx +(b +id)dy.
En consequence, toute forme dierentielle secrit sous la forme
: L(C, C)
x + iy (x, y) = P(x, y)dx + iQ(x, y)dy
et
(x, y)(h
1
+ ih
2
) = P(x, y)h
1
+ Q(x, y)h
2
.
En faisant labus de notation habituel qui consiste à nommer une fonction
constante par la valeur de cette constante, on notera encore dx et dy les
fonctions constantes de dans L(C, C) qui ont pour valeurs respectives
dx et dy. Ainsi la forme dierentielle secrira :
= P dx + Qdy.
Remarquons aussi que :
= f
1
dz + f
2
d z,
avec
f
1
=
1
2
(P iQ) f
2
=
1
2
(P + iQ).
Un problème fondamental est de savoir si une dierentielle est la
dierentielle dune fonction ou non, cest-à-dire de determiner sil existe
une fonction F de C dans C, dierentiable telle que dF = , ce qui se
traduit par
F
x
= P
F
y
= Q,
ou encore
F
z
= f
1
F
z
= f
2
.
Nous ne developpons pas plus ici cette theorie. Nous etudierons par la
suite quelques formes dierentielles importantes pour la theorie des fonc-
tions holomorphes, par exemple
f(z)dz,
dz
z z
0
,
f(z)
(z z
0
)
n+1
dz.
10 R. ROLLAND
On pourrait dès à present faire une etude generale des formes
dierentielles, do` u decouleraient quelques theorèmes centraux sur
les fonctions dune variable complexe. Nous preferons dans ce cours
elementaire redemontrer pour les cas particuliers fondamentaux dont
nous avons besoin, ces resultats generaux.
PARTIE II
FONCTIONS DUNE VARIABLE COMPLEXE
6. Fonctions holomorphes
6.1. Derivation complexe. Soit un ouvert de C, a un point de
et f une application de dans C. On suppose que P(x, y) = 1e
_
f(x, y)
_
et que Q(x, y) = 1m
_
f(x, y)
_
si bien que
f(x + iy) = P(x, y) + iQ(x, y).
Denition 6.1. La fonction f est dite derivable au point a par
rapport à la variable complexe ou encore holomorphe au point a
si
lim
za
z\{a}
f(z) f(a)
z a
existe.
Cette limite est alors notee f
(a) et est appelee la derivee complexe

de f au point a.
Denition 6.2. La fonction f est dite holomorphe sur si f est
holomorphe en tout point de . Une fonction holomorphe sur C tout
entier est une fonction entière.
Nous allons maintenant voir quels sont les liens entre la derivabilite
complexe et la dierentiabilite de f en tant que fonction de R
2
dans R
2
.
Dans la suite de ce paragraphe une fonction f denie sur une partie de C
à valeurs dans C sera donc aussi consideree comme une fonction denie
sur une partie de R
2
à valeurs dans R
2
On notera ainsi
f(z) = f(x, y) = P(x, y) + iQ(x, y),
o` u P et Q sont des fonctions à valeurs reelles.
Theorème 6.3. Pour que f soit holomorphe en un point z
0
= x
0
+
iy
0
il faut et il sut que f soit dierentiable au point (x
0
, y
0
) et que les
conditions suivantes appelees conditions de Cauchy soient veriees
P
x
(x
0
, y
0
) =
Q
y
(x
0
, y
0
)
P
y
(x
0
, y
0
) =
Q
x
(x
0
, y
0
)
o` u P et Q sont respectivement la partie reelle et la partie imaginaire de
f (cest-` a-dire f = P + iQ).
Demonstration. Si f est derivable au point z
0
on peut ecrire
(1) f(z) f(z
0
) = f
(z
0
)(z z
0
) + o([z z
0
[).
On ecrit cette egalite en utilisant les notations des fonctions de R
2
dans
R
2
:
f(x, y)f(x
0
, y
0
) =
_
1e
_
f
(z
0
)
_
1m
_
f
(z
0
)
_
1m
_
f
(z
0
)
_
1e
_
f
(z
0
)
_
__
x x
0
y y
0
_
+o([zz
0
[)
ce qui montre que la fonction f est bien dierentiable et que la matrice
_
1e
_
f
(z
0
)
_
1m
_
f
(z
0
)
_
1m
_
f
(z
0
)
_
1e
_
f
(z
0
)
_
_
est la matrice jacobienne de f au point z
0
= x
0
+iy
0
. En consequence les
conditions de Cauchy sont bien veriees.
Reciproquement supposons que f soit dierentiable en (x
0
, y
0
) et que
les conditions de Cauchy soient veriees. On a alors
f(x, y) f(x
0
, y
0
) = J
(x
0
,y
0
)
_
x x
0
y y
0
_
+ o([[(x x
0
, y y
0
[[).
Comme les conditions de Cauchy sont realisees, le produit matriciel
J
(x
0
,y
0
)
_
x x
0
y y
0
_
12 R. ROLLAND
sinterprète comme produit dun nombre complexe quon notera f
(z
0
)
par le nombre complexe (z z
0
). On obtient donc la relation (1), ce qui
montre que f est derivable par rapport à la variable complexe z avec
f
(z
0
) pour derivee.
Remarque 6.4. On a donc
f
(z
0
) =
P
x
(x
0
, y
0
) + i
Q
x
(x
0
, y
0
) =
Q
y
(x
0
, y
0
) i
P
y
(x
0
, y
0
)
On deduit de ce theorème le resultat suivant
Theorème 6.5. Pour que f soit holomorphe au point z
0
il faut et il
sut que f soit dierentiable et que
f
z
(z
0
) = 0
Demonstration. On peut ecrire successivement à partir des denitions
f
z
(z
0
) =
1
2
_
f
x
(z
0
) + i
f
y
(z
0
)
_
=
1
2
_
P
x
(z
0
) + i
Q
x
(z
0
) + i
P
y
(z
0
)
Q
y
(z
0
)
_
.
Les conditions de Cauchy sont equivalentes à la nullite de la dernière
expression.
6.2. Interpretation geometrique. Nous allons voir que lho-
lomorphie de f en un point z
0
est liee à un certain comportement
geometrique de la transformation f de R
2
dans R
2
.
Theorème 6.6. Si f est holomorphe de derivee non nulle au
point z
0
alors la transformation f conserve les angles en ce point.
Plus precisement soit g
1
et g
2
deux fonctions de classe C
1
de [0, 1]
dans R
2
telles que g
1
(0) = g
2
(0) = (x
0
, y
0
), g
1
(0) ,= 0 et g
2
(0) ,= 0.
Notons u
1
= g
1
(0)(1) et u
2
= g
2
(0)(1) les vecteurs tangents à ces
courbes en (x
0
, y
0
) puis v
1
= (f g
1
)
(0)(1) v
2
= (f g
2
)
(0)(1)
les vecteurs tangents aux courbes transformees en f(x
0
, y
0
). Alors
Angle(u
1
, u
2
) = Angle(v
1
, v
2
).
En fait il est facile de voir que lapplication lineaire tangente à une
fonction holomorphe en un point z
0
o` u la derivee nest pas nulle est une
similitude de rapport [f
(z
0
)[ et dangle Arg
_
f
(z
0
)
_
.
Les fonctions holomorphes sont des transformations conformes , cest-
à-dire qui conservent les angles.
g
1
g
2
u
1
u
2
(x
0
, y
0
)
f g
1
v
1
f g
2
v
2
f(x
0
, y
0
)
6.3. Fonctions holomorphes et fonctions harmoniques. Dans
ce paragraphe nous donnons sans demonstration quelques liens entre les
fonctions harmoniques et les fonctions holomorphes. Ce paragraphe est
donc uniquement descriptif. Il apparat que la partie reelle dune fonction
holomorphe peut etre consideree comme un potentiel, la partie imaginaire
denit alors les lignes de champ de ce potentiel. Nous ne demontrerons
rien sur les fonctions harmoniques et nous ne nous en servirons pas par
la suite pour deduire des proprietes des fonctions holomorphes.
Rappelons quune fonction harmonique f denie sur un ouvert U de
R
2
(à valeurs dans C ou dans R) est une une fonction de classe C
2
qui
verie :
(f)(x, y) =

2
f
x
2
(x, y) +

2
f
y
2
(x, y) = 0,
o` u (f) designe le laplacien de f.
On montre quune fonction harmonique est analytique (en deux va-
riables) et satisfait au principe du maximum ainsi quà la propriete de
valeur moyenne :
14 R. ROLLAND
Theorème 6.7. Soit f une fonction harmonique sur un ouvert U.
Alors pour tout point a U et tout disque D(a, r) de centre a et de rayon
r inclus dans U on a la propriete de moyenne suivante :
f(a) =
1
2
_
2
0
f(a + re
i
)d.
Reciproquement :
Theorème 6.8. Soit f une fonction continue sur louvert U telle
que pour tout point a U et tout disque D(a, r) de centre a et de rayon
r inclus dans U :
f(a) =
1
2
_
2
0
f(a + re
i
)d,
alors f est harmonique sur U.
Nous montrerons par la suite quune fonction holomorphe est analy-
tique, donc il y a des derivees partielles continues de tous ordres. Les
conditions de Cauchy montrent alors quune fonction holomorphe a un
laplacien nul. Un fonction holomorphe est donc une fonction harmonique
complexe.
En outre on peut montrer quune fonction harmonique reelle est loca-
lement la partie reelle dune fonction holomorphe.
Si on considère la fonction holomorphe f(x, y) = P(x, y) + iQ(x, y)
o` u P et Q sont des fonctions reelles, alors P et Q sont des fonctions
harmoniques et si P(x, y) = c
1
sont les lignes de niveau du potentiel
P alors les Q(x, y) = c
2
en sont les lignes de champ (ceci resulte des
conditions de Cauchy).
6.4. Operations sur les fonctions holomorphes. Soit un ou-
vert de C. Nous noterons H() lensemble des fonctions holomorphes
sur . Les theorèmes sur la derivation des fonctions nous permettent
denoncer les propositions suivantes.
Theorème 6.9. H() est une algèbre sur C. Plus precisement pour
tout f,g dans H() et C on a
f + g H() et (f + g)
= f
+ g

f H() et (f)
= f
fg H() et (fg)
= f
g + fg
Theorème 6.10. Soient

1
et
2
deux ouverts de C, f une fonction
de H(
1
) telle que f(
1
)
2
et g une fonction de H(
2
). Alors g f
H(
1
).
Theorème 6.11. Soit un ouvert de C et F H(). Soit un
ouvert de C et f une fonction continue de dans C telle que f()
et telle que pour tout z on ait
F
_
f(z)
_
= z.
Soit z
0
. Si F
_
f(z
0
)
_
,= 0 alors f est holomorphe en z
0
et
f
(z
0
) =
1
F
_
f(z
0
)
_.
7. Exemples
7.1. Les exemples de base.
7.1.1. Les polyn omes. Les polynomes sont evidemment derivables sur
C tout entier et denissent donc des fonctions holomorphes sur C cest-
à-dire des fonctions entières.
7.1.2. Les fractions rationnelles. Les fractions rationnelles R(z) =
P(z)/Q(z) o` u P et Q sont des polynomes sont holomorphes en tout
point qui nest pas un pole de R(z).
7.1.3. Fonctions denies par des series entières. Une serie entière
denit une fonction holomorphe sur son disque ouvert de convergence.
Il est parfois possible de prolonger la fonction f denie sur le disque D
de convergence de la serie en une fonction holomorphe denie sur un
ouvert contenant strictement D. Le problème du prolongement analy-
tique consiste à trouver le plus grand prolongement possible de f. Par
16 R. ROLLAND
exemple prenons la serie entière
+
n=0
x
n
.
Cette serie a pour rayon de convergence 1 et denit donc une fonction
holomorphe f sur D = z [ [z[ < 1. En fait sur ce disque f concide avec
la fonction rationnelle
1
1z
qui est tout naturellement denie sur C 1.
7.1.4. La fonction exponentielle, le sinus et le cosinus. La fonction
exponentielle est denie comme somme de la serie entière de rayon de
convergence inni :
e
z
=
+
n=0
z
n
n!
.
Il est facile de verier que e
z
1
+z
2
= e
z
1
e
z
2
. Donc si on pose z = x + iy,
e
z
= e
x
e
iy
, ce qui montre que [e
z
[ = e
x
,= 0 et que Arg(e
z
) = y. Comme on
le voit facilement, cette fonction est surjective sur C 0 mais nest pas
injective, ce qui va poser quelques problèmes pour denir le logarithme.
Limage de la droite x = x
0
par la fonction e
z
est le cercle de centre 0
de rayon = e
x
0
parcouru une innite de fois : x + iy et x + i(y + 2k)
ont la meme image. Si on restreint z = x + iy à une bande ouverte
B
= z = x + y [ < y < + 2 de largeur 2 alors e

z
devient une
bijection de louvert B
sur louvert CD
o` u D
est la demi-droite r e
i
o` u r [0, +[.
7.1.5. Les logarithmes. Soit un nombre complexe de module > 0
et dargument
= e
i
.
Les valeurs de z telles que e
z
= sont les complexes
ln() + i( + 2k).
Comme on a vu au paragraphe precedent, lexponentielle est une bijection
de B
sur D
= C D
. Le logarithme est donc bien deni de manière

unique et holomorphe si on se restreint à une application de D
sur B
.
On lappelle alors la determination du logarithme :
(log)
(z) = ln([z[) + i
_
arg(z) + 2k
_
,
o` u k est lunique entier tel que < arg(z) + 2k < + 2. Quand
on prend = on obtient la determination principale du loga-
rithme.
7.1.6. les radicaux. La fonction puissance f(z) = z
n
o` u n est un entier
1 est une fonction entière surjective sur C. Mais cette fonction nest
pas injective. Soit C
0
la partie de C constituee par les complexes z = e
i
tels que > 0 et 0 < <
2
n
, alors la fonction f restreinte à C
est
une bijection de louvert C
0
sur louvert C D
0
o` u D
0
est la demi-droite
ouverte z > 0. La bijection reciproque constitue une determination du
radical n
e
.
8. La theorie de Cauchy
8.1. Integration sur les chemins et les systèmes de chemins.
Denition 8.1. Un chemin de C est une application dun in-
tervalle ferme [a, b] de R dans C qui est continue et dierentiable par
morceaux et de derivee continue sur les morceaux. (a) est lorigine du
chemin et (b) son extremite. Si (a) = (b) on dit que le chemin est un
lacet. Limage de [a, b] par est le support de .
Remarquons que le support de est un compact. Remarquons aussi
que nest pas necessairement injective. Autrement dit certains points
du support peuvent etre atteints plusieurs fois. En consequence il faudra
veiller à ne pas confondre et son support.
Exemple 8.2. Voici quelques exemples utiles de lacets :
cercle unite parcouru n fois. On pose pour t [0, 1],
(t) = e
2int
.
Le support de est le cercle unite. Lorigine est le point A = (1, 0)
lextremite est ce meme point A. Chaque point du support distinct
de lorigine et de lextremite est atteint exactement n fois.
18 R. ROLLAND
Segment parcouru 2 fois . On pose
(t) =
_
(1 2t)z
0
+ 2tz
1
si t [0,
1
2
]
2(1 t)z
1
+ 2(t
1
2
)z
0
si t [
1
2
, 1]
Le support de est le segment qui joint z
0
et z
1
. Ce segment est
parcouru une première fois de z
0
à z
1
lorsque t [0,
1
2
], puis une
deuxième fois de z
1
à z
0
lorsque t [
1
2
, 1].
bord oriente dun rectangle. Considerons un rectangle dont
les sommets ont pour coordonnees
z
0
= x
0
+ iy
0
z
1
= x
0
+ h + iy
0
,
z
2
= x
0
+ h + i(y
0
+ k) z
3
= x
0
+ i(y
0
+ k).
On considère lapplication denie par
(t) =
_
_
(1 4t)z
0
+ 4tz
1
si t [0,
1
4
]
(2 4t)z
1
+ (4t 1)z
2
si t [
1
4
,
1
2
]
(3 4t)z
2
+ (4t 2)z
3
si t [
1
2
,
3
4
]
(4 4t)z
3
+ (4t 3)z
0
si t [
3
4
, 1]
Limage de est le bord du rectangle (z
0
, z
1
, z
2
, z
3
) et le lacet cor-
respondant est le bord de ce rectangle parcouru une fois dans le sens
indique.
bord dun compact reticule. On utilise parfois le bord dun
compact reticule (compact construit par assemblage de rectangles
contigus).
Denition 8.3. Soit un chemin deni sur le segment [a, b]. On
appelle chemin oppose à et on note () le chemin deni sur [a, b]
par (a + b t).
On voit que lorigine de est lextremite de () et que lextremite
de est lorigine de ().
Denition 8.4. Soit
1
un chemin deni sur [a, b] et
2
un chemin
deni sur [c, d]. Ces deux chemins sont dits equivalents sil existe une
bijection croissante de [a, b] sur [c, d] qui est continue derivable par
morceaux et de derivee continue sur les morceaux ainsi que
1
de telle
sorte que
1
(t) =
2
_
(t)
_
.
Figure 1. Compact reticule
Une telle relation entre les chemins est visiblement une relation
dequivalence.
Denition 8.5. Soit un chemin deni sur [a, b] de support et f
une fonction continue sur . On note
_
f(z)dz =
_
b
a
f
_
(t)
_
(t)dt
lintegrale de f sur le chemin .
Cette notion dintegrale recouvre la notion mecanique de travail (on
intègre un vecteur daxe f(z) sur un chemin). Elle est donc à mettre en
rapport avec la notion dintegrale curviligne et de circulation. En outre
la relation dequivalence entre chemins est bien adaptee à cette notion
dintegrale et correspond à un changement de parametrage.
On montre facilement que
_
f(z)dz =
_
f(z)dz
et que si
1
et
2
sont deux chemins equivalents
_
1
f(z)dz =
_
2
f(z)dz.
20 R. ROLLAND
Denition 8.6. Soit n chemins
1
,
2
, ,
n
. On appelle integrale
de f sur le système de ces n chemins le nombre
_
f(z)dz =
_
1
f(z)dz + +
_
n
f(z)dz.
On notera par la suite
=
1
+ +
n
le signe + nayant pas ici le sens de laddition des fonctions.
Exemple 8.7. Considerons le bord K dun compact reticule K.
Denissons proprement ces notions. Soit
Q
n
= z C [ z =
p
2
n
+ i
q
2
n
, p Z, q Z.
Le carre elementaire R
n
p,q
du quadrillage Q
n
sera le carre dont les sommets
sont les points
p
2
n
+ i
q
2
n
,
p + 1
2
n
+ i
q
2
n
,
p + 1
2
n
+ i
q + 1
2
n
,
p
2
n
+ i
q + 1
2
n
.
Un compact K est dit reticule, sil existe un quadrillage Q
n
et un sous
ensemble ni A Z Z tel que
K =
_
(p,q)A
R
n
p,q
.
Figure 2. Bord dun compact reticule
Remarquons quun segment elementaire du quadrillage (horizontal ou
vertical) verie une des proprietes suivantes
(1) il nappartient à aucun rectangle elementaire constituant le compact,
(2) il appartient à un seul rectangle elementaire constituant le compact
et dans ce cas il constitue un segment elementaire du bord de K,
(3) il appartient à deux rectangles elementaires du compact.
Soit
n
p,q
le lacet bord oriente du rectangle R
n
p,q
parcouru une fois,
oriente dans le sens trigonometrique. Le chemin
=
(p,q)A
n
p,q
est le lacet constituant le bord K du compact reticule K parcouru
une fois dans le sens trigonometrique (seuls les segments du bord inter-
viennent puisque ceux qui sont communs à deux rectangles elementaires
de K sont parcourus deux fois, une fois dans un sens, une fois dans lautre
sens et donc seliminent).
Remarque 8.8. On peut denir lintegrale sur un lacet dune forme
dierentielle de la meme fa con quon la fait pour la forme dierentielle
particulière f(z)dz. Pour cela, si on note = Pdx+Qdy, alors on denit
_
=
_
b
a
_
P
_
(t)
_
x
(t) + Q
_
(t)
_
y
(t)
_
dt,
o` u
x
(t) = 1e
_
(t)
_
y
(t) = 1m
_
(t)
_
.
Si on ecrit sous la forme = f
1
dz + f
2
d z alors lintegrale secrit
_
=
_
b
a
f
1
_
(t)
_
(t)dt +
_
b
a
f
2
_
(t)
_
(t)dt
8.2. Premières proprietes des fonctions holomorphes. Nous
nous proposons ici tout dabord de voir dans quelles conditions une fonc-
tion f est derivee complexe dune fonction F ( qui sera alors par denition
holomorphe).
22 R. ROLLAND
Proposition 8.9. Soit un lacet de support . Si f est la derivee
dune fonction holomorphe dans un voisinage de alors
_
f(z)dz = 0.
Demonstration. Supposons que f soit la derivee de la fonction holo-
morphe F. On a alors
_
f(z)dz =
_
b
a
F
((t))
(t)dt
=
_
F
_
(t)
_
b
a
= F
_
(b)
_
F
_
(a)
_
= 0
Remarque 8.10. En toute rigueur, on ne peut parler de
que
sur des morceaux [x
i
, x
i+1
] du compact [a, b]. Mais quitte à calculer les
integrales sur le segment [a, b] en sommant les integrales sur les morceaux
on voit que tout se passe comme si etait de classe C
1
sur [a, b]. En eet
on sait que est continue sur [a, b] et C
1
sur les morceaux [x
i1
, x
i
] o` u
a = x
0
< x
1
< < x
n1
< x
n
= b.
Alors
_
f(z)dz =
n
i=1
_
x
i
x
i1
F
((t))
(t)dt.
Mais pour tout i on a
_
x
i
x
i1
F
((t))
(t)dt = F
_
(x
i
)
_
F
_
(x
i1
)
_
.
Donc
_
f(z)dz =
n
i=1
_
F
_
(x
i
)
_
F
_
(x
i1
)
__
= F
_
(b)
_
F
_
(a)
_
= 0.
Desormais on utilisera sans le dire cet abus et on travaillera directement
sur le segment entier [a, b].
Proposition 8.11. Soit linterieur dun rectangle et f une fonc-
tion continue sur telle que
_
R
f(z)dz = 0.
pour tout rectangle ferme R contenu dans . Alors f est la derivee dune
fonction holomorphe dans .
Demonstration. Supposons que 0 . Soit z = x+iy . Notons R
z
le rectangle deni par ses sommets z
0
= 0, z
1
= x, z
2
= z = x + iy, z
3
=
iy. On note le lacet bord du rectangle parcouru une fois dans le
sens (z
0
, z
1
, z
2
, z
3
, z
0
) qui a ete deni dans lexemple (8.2). Puis on note
0 x
z
0
y z
Figure 3. Les chemins
1
et
2
1
=
| [0,1/2]
,
2
=
| [1/2,1]
. Par hypothèse
_
1
f(z)dz =
_
2
f(z)dz.
Notons F(z) la valeur commune de ces deux integrales :
F(z) =
_
1
f(z)dz =
_
x
0
f(u)du + i
_
y
0
f(x + iv)dv,
F(z) =
_
2
f(z)dz = i
_
y
0
f(iv)dv +
_
x
0
f(u + iy)du.
Comme f est continue on peut deriver les integrales par rapport à leur
borne superieure et on obtient à partir de la première relation donnant
F(z) :
F
y
= if(x + iy),
et à partir de la deuxième relation donnant F(z) :
F
x
= f(x + iy).
On voit donc que les derivees partielles de F sont continues et donc que
F est R-dierentiable. De plus
F
z
(z) =
1
2
_
F
x
(z) + i
F
y
(z)
_
= 0,
24 R. ROLLAND
donc F est holomorphe daprès le theorème 6.5. En outre, il est clair que
F
(z) = f(z).
Remarquons que davoir considere que 0 nenlève rien à la generalite
du resultat.
Nous allons essayer de voir maintenant quelles sont les fonctions qui
verient les hypothèses de cette dernière proposition.
Remarquons que la combinaison des deux propositions precedentes im-
plique que sil existe un lacet de linterieur du rectangle donne tel
que
_
f(z)dz ,= 0
alors il existe un rectangle R de tel que
_
R
f(z)dz ,= 0.
Proposition 8.12 (Theorème de Cauchy pour un rectangle)
Soit R un rectangle, f une fonction holomorphe dans un voisinage de
R. Alors
_
R
f(z)dz = 0.
Demonstration. Soit R le lacet bord du rectangle R, posons :
I =
_
R
f(z)dz.
On va decouper le rectangle R en 4 rectangles R
1
, R
2
, R
3
, R
4
. Remarquons
Figure 4. Decoupage dun rectangle
que
I =
4
i=1
_
R
i
f(z)dz.
Choisissons un indice 1 i 4 realisant le maximum des valeurs
_
R
i
f(z)dz
,
et notons R
1
le rectangle R
i
correspondant. On repète la construction que
lon vient de faire sur R à partir de R
1
, et on denit ainsi par recurrence
une suite R
n
de rectangles embotes. Remarquons que par construction
on a

_
R
1
f(z)dz
[I[
4
,
et par recurrence
(2)
_
R
n
f(z)dz
[I[
4
n
.
De plus lintersection des R
n
est reduite à un point (compacts embotes) :
n>0
R
n
= z
0
.
Ecrivons que f est holomorphe en z

0
:
f(z) = f(z
0
) + f
(z
0
)(z z
0
) + (z)(z z
0
),
o` u
lim
zz
0
(z) = 0.
On obtient donc par integration sur le bord de R
n
:
_
R
n
f(z)dz =
_
R
n
_
f(z
0
) + f
(z
0
)(z z
0
)
_
dz +
_
R
n
(z)(z z
0
)dz.
Or f(z
0
) + f
(z
0
)(z z
0
) est la derivee dune fonction holomorphe donc
son integrale est nulle sur le lacet R
n
. Remarquons que si on denit
(0) = 0 la fonction est continue sur R
n
. Notons alors
n
la borne
superieure de [(z)[ sur le compact R
n
. On peut alors ecrire :
_
R
n
f(z)dz
_
R
n
(z z
0
)dz
.
26 R. ROLLAND
Si L est le perimètre de R, alors le perimètre de R
n
est
L
2
n
si bien que :
_
R
n
f(z)dz
L
n
2
n
sup
zR
n
[z z
0
[
L
2
n
4
n
.
En comparant avec linegalite (2) on obtient pour tout n :
I
n
L
2
.
Comme lim
n+
n
= 0 on conclut que I = 0.
Des resultats precedents on deduit immediatement la proposition sui-
vante
Proposition 8.13. Soit linterieur dun rectangle et f une fonc-
tion holomorphe sur . Alors f admet une primitive dans .
Corollaire 8.14. Toute fonction holomorphe f dans un ouvert
est localement une fonction derivee, cest-à-dire que pour tout z
0
il
existe un voisinage V de z
0
et une fonction F tels que dans V on ait
F
(z) = f(z).
Remarquons que dans le cas general si on peut conclure que la fonction
f holomorphe dans est localement une fonction derivee, on ne peut
pas conclure que f admet une primitive dans tout . Prenons comme
exemple = C0 et f(z) = 1/z. Soit alors le lacet denie sur [0, 1]
par (t) = exp(2it). Alors
_
dz
z
= 2i ,= 0
et donc en vertu dune proposition precedente, f nest pas derivee dune
fonction holomorphe dans un voisinage de . Toutefois nous verrons par
la suite que si possède certaines proprietes alors f admet des primitives
dans .
8.3. Indice dun point par rapport à un lacet. Soit un lacet
( ou un système de lacets) de support et z
0
/ .
Denition 8.15. On appelle indice de z
0
par rapport à
ind(z
0
, ) =
1
2i
_
dz
z z
0
.
Proposition 8.16. ind(z
0
, ) Z
Demonstration. Soit deni sur [a, b] le lacet considere. Posons pour
t [a, b] :
(t) = e
R
t
a
(u)
(u)z
0
du
.
Alors
(t)
(t)
=

(t)
(t) z
0
sauf peut etre en un nombre ni de points de discontinuite de
. On voit
que la relation obtenue secrit :
d
dt
_
(t)
(t) z
0
_
= 0,
sauf peut etre en un nombre ni de points, ce qui montre que la fonction :
(t)
(t) z
0
est constante par morceaux. De plus cette fonction est continue donc elle
est constante et egale à :
(a)
(a) z
0
=
1
(a) z
0
,
ce qui prouve que :
(t) =
(t) z
0
(a) z
0
.
Comme (a) = (b) on a :
(b) = e
2i ind(z,)
= 1,
et par consequent, ind(z, ) Z.
Proposition 8.17. Lapplication g denie sur le complementaire du
support du lacet par
g(z) = ind(z, ) =
1
2i
_
d
z
est constante sur les composantes connexes du complementaire de et
nulle sur celle qui est non bornee.
28 R. ROLLAND
Demonstration. Sur une composante connexe du complementaire de
il est aise de voir que ind(z, ) est une fonction continue. Comme ind(z, )
ne prend que des valeurs entières, necessairement ind(z, ) est constant
sur la composante connexe consideree.
Remarquons que puisque est un compact de C, donc ferme borne,
est inclus dans un disque D. Tous les points exterieurs à ce disque sont
donc dans la meme composante connexe du complementaire de . Les
autres composantes connexes sont dans le disque D. En consequence, il
nexiste quune composante connexe non bornee du complementaire de
. Nous allons montrer que sur cette composante connexe lindice est nul.
En eet, pour tout > 0 il existe R tel pour tout [z[ > R on ait :
sup
t[a,b]
(t)
(t) z
< ,
donc :
d
z
_
b
a
(t)
(t) z
dt
(b a).
Ceci prouve que :
lim
z
ind(z, ) = 0,
et donc, puisque ind(z, ) est entier et constant sur toute la composante
connexe, que ind(z, ) = 0.
Remarque 8.18. On peut donner une autre demonstration de ce
resultat de la fa con suivante : on peut trouver z
0
appatenant à la com-
posante non bornee de de telle sorte que z
0
et soient dans deux
demi-plans ouverts dierents par rapport à une droite D. Alors il existe
dans un voisinage de une determination continue du logarithme de
z z
0
. En consequence :
_
dz
z z
0
= [log
(z z
0
)]
= 0.
8.4. Theorème et formule de Cauchy. Les resultats fondamen-
taux de la theorie sont le theorème de Cauchy et la formule de Cauchy.
Ce sont ces resultats que nous presentons dans ce paragraphe.
Theorème 8.19. Soit K un compact reticule construit sur un qua-
drillage Q
n
, z
0
un point interieur à K et f une fonction holomorphe dans
un ouvert contenant K. Alors
f(z
0
) =
1
2i
_
K
f()
z
0
d.
Demonstration. Soit z
0
= x + iy K K. Soit m un entier tel
que d(z
0
, K) >
1
2
m2
. On pose r = max(n, m). Alors K est aussi un
compact reticule construit sur le quadrillage Q
r
. Grace au chois de m, il
existe deux entiers p et q tel que z
0
appartienne à la reunion R
r
des 4
carre R
r
p,q
, R
r
p+1,q
, R
r
p,q+1
, R
r
p+1,q+1
, ces 4 carres etant inclus dans KK.
Posons K
r
= K R
r
. La fonction
f(w)
wz
0
est holomorphe dans un ouvert
contenant K
r
. Remarquons que K
r
est lui-meme un compact reticule sur
Q
r
et que :
_
Kr
f(w)
w z
0
dw =
(i,j)A
_
R
r
i,j
f(w)
w z
0
dw,
o` u A est tel que
(i,j)A
R
r
i,j
= K
r
. Mais on sait daprès le theorème 8.12
que :
_
R
r
i,j
f(w)
w z
0
dw = 0,
donc :
_
Kr
f(w)
w z
0
dw = 0,
cest-à-dire :
_
K
f(w)
w z
0
dw
_
Rr
f(w)
w z
0
dw = 0.
Soit maintenant
J
r
=
_
Rr
f(w) f(z
0
)
w z
0
dw.
On a par holomorphie de f :
f(w) f(z
0
)
w z
0
= f
(z
0
) + (w z
0
)
o` u lim
wz
0
(wz
0
) = 0. Il sen suit que lim
r
J
r
= 0. Mais par ailleurs :
_
K
f(w)
w z
0
dw = J
r
+ f(z
0
)
_
Rr
dw
w z
0
= 2i f(z
0
) ind(R
r
, z
0
) = J
r
+ 2if(z
0
),
30 R. ROLLAND
ce qui donne en passant à la limite en r :
_
K
f(w)
w z
0
dw = 2if(z
0
).
Theorème 8.20 (Theorème de Cauchy). Soit un ouvert de C,
un système de lacets dont les supports sont contenus dans . On sup-
pose que louvert contient le complementaire de lensemble des points
z tels que ind(z, ) = 0. Soit f une fonction holomorphe sur alors
_
f(z)dz = 0.
Demonstration. Soit d = d
_
K,
_
la distance du compact K au
ferme complementaire de disjoint de K. Cette distance est donc stric-
tement positive. Soit n tel que
1
2
n
<
d
2
. Considerons le quadrillage Q
n
de
C. Notons K
n
la reunion de tous les carres elementaires du quadrillage
Q
n
qui coupent K. Alors K
n
et le support de verie
K
n
.
Donc pour tout z on a :
f(z) =
1
2i
_
Kn
f(w)
w z
dw
ce qui donne successivement :
_
f(z)dz =
1
2i
_
_
Kn
f(w)
w z
dwdz
_
f(z)dz =
1
2i
_
Kn
__
dz
w z
_
f(w)dw
_
f(z)dz =
_
Kn
ind(w, )f(w)dw.
Par hypothèse, si w
lindice de w
par rapport au lacet est nul.

Comme
K
n
lindice ind(z, ) est constant sur le complementaire
de
K
n
puisque
K
n
est inclus dans une composante connexe du
complementaire du support de . Or on a :

K
n
,= ,
par consequent pour tout z
K
n
on a ind(z, ) = 0, ceci a lieu en
particulier pour tout w K
n
et par suite :
_
f(z)dz = 0.
Theorème 8.21 (Formule de Cauchy). Soit un ouvert de C,
un système de lacets dont les supports sont contenus dans . On suppose
que louvert contient le complementaire de lensemble des points z tels
que ind(z, ) = 0. Soit f une fonction holomorphe sur et z
0
un point
de qui nest pas sur le support de . Alors
f(z
0
)ind(z
0
, ) =
1
2i
_
f()
z
0
d.
Demonstration. Denissons
= + C
n,
o` u
C
n,
: [0, 1] C
t z
0
+ e
2int
et o` u n = ind(z
0
, ). Alors ind(z
0
,
) = 0. Posons
= z
0
.
Pour susamment petit
contient
support de
et
contient
z [ ind(z,
) = 0.
1
2i
_
f(z)
z z
0
dz ind(z
0
, ) f(z
0
) =
1
2i
_
f(z)
z z
0
dz
1
2i
_
f(z
0
)
z z
0
dz.
Etudions alors :
1
2i
_
f(z) f(z
0
)
z z
0
dz.
On peut appliquer le theorème precedent :
1
2i
_
f(z) f(z
0
)
z z
0
dz = 0,
ce qui nous permet decrire :
1
2i
_
f(z) f(z
0
)
z z
0
dz =
1
2i
_
Cn,
f(z) f(z
0
)
z z
0
dz.
Mais
1
2i
_
Cn,
f(z) f(z
0
)
z z
0
dz =
_
1
0
_
f(z
0
+ e
2int
) f(z
0
)
_
2indt.
32 R. ROLLAND
On remarque que :
lim
0
e
2int
= 0
et que cette limite est uniforme en t. En consequence :
lim
0
_
f(z) f(z
0
)
z z
0
dz = 0,
ce qui achève la demonstration.
Donnons ici la denition suivante qui decrit les ouverts connexes sans
trous.
Denition 8.22. Un ouvert connexe de C est dit simplement
connexe si pour tout lacet (ou système de lacets) de support dans
, et pour tout point a qui nest pas dans , lindice du point a par
rapport à est nul.
On peut montrer que :
Proposition 8.23. Tout ouvert convexe est simplement connexe.
Tout ouvert etoile par rapport à un point x (cest-à- dire que pour tout
y le segment [y, x] est inclus dans ) est simplement connexe.
Dans les deux theorèmes centraux (Theorème de Cauchy et Formule de
Cauchy), lhypothèse contient le complementaire de lensemble
des points z tels que ind(z, ) = 0 est realisee en particulier si louvert
est simplement connexe, ce qui est en particulier le cas sil est
convexe ou sil est etoile par rapport à un point.
9. La theorie de Weierstrass
9.1. Identication des fonctions analytiques et des fonctions ho-
lomorphes. Le point de vue de Weierstrass pour letude des fonc-
tions dune variable complexe est le point de vue des fonctions analy-
tiques, cet-à-dire letude à partir du developpement en serie entière des
fonctions. Nous allons etudier ce point de vue et montrer quil sidentie
à celui de Cauchy, cest-à-dire quon va identier fonctions analytiques
et fonctions holomorphes.
Denition 9.1. Soit U un ouvert de C et f une application de U
dans C. La fonction f est dite analytique dans U si pour tout point
z U, f est developpable en serie entière autour du point z.
On sait que f est developpable en serie entière autour dun point z
0
est
equivalent à : il existe un ouvert U contenant z
0
tel que f est analytique
dans U. On a dejà vu que si f est developpable en serie entière, elle est
derivable, donc : si f est analytique dans U alors elle est holomorphe
dans U. On va voir la reciproque :
Theorème 9.2. Soit U un ouvert de C et f une fonction holomorphe
dans U. Alors f est analytique dans U.
Demonstration. Soit a U et 0 < < d(a, U). Soit C
(0,)
le chemin
deni sur [0, 2] par
C
(0,)
(t) = a + e
it
.
On est alors sous les hypothèses dapplication de la formule de Cauchy,
cest-à-dire que pour tout z tel que [z a[ < on a :
f(z) =
1
2i
_
C(a,)
f(w)
w z
dw.
Mais
1
w z
=
1
w a (z a)
=
1
w a

1
1
za
wa
=
n=0
(z a)
n
(w a)
n+1
et cette dernière serie converge uniformement par rapport à w
C
(a,)
([0, 1]). Donc on peut ecrire :
f(z) =
1
2i
_
C(a,)
n=0
(z a)
n
(w a)
n+1
f(w)dw
=
n=0
(z a)
n
1
2i
_
C(a,)
f(w)
(w a)
n+1
dw.
Si on pose :
c
n
(a) =
1
2i
_
C(a,)
f(w)
(w a)
n+1
dw
34 R. ROLLAND
alors pour tout z tel que [z a[ < on a le developpement
f(z) =
n=0
c
n
(a)(z a)
n
.
Remarque 9.3. On vient donc de montrer que si f est holomorphe
dans U alors elle est analytique dans U.
On voit aussi une propriete remarquable des fonctions holomorphes :
si f est holomorphe dans U alors f est indeniment derivable, et donc
toutes les derivees sont holomorphes dans U.
On peut ecrire
f(z) =
n=0
f
(p)
(a)
p!
(z a)
p
,
avec
f
(p)
(a) =
p!
2i
_
C(a,)
f(w)
(w a)
n+1
dw.
Puisque la fonction derivee dordre n dune fonction holomorphe est
holomorphe, on peut ecrire une formule de Cauchy pour cette fonction,
cette formule prend alors une forme particulière :
Theorème 9.4 (Formule de Cauchy pour une derivee)
Soit un ouvert de C, un système de lacets dont les supports sont
contenus dans . On suppose que louvert contient le complementaire
de lensemble des points z tels que ind(z, ) = 0. Soit f une fonction
holomorphe sur et z
0
un point de qui nest pas sur le support de .
Alors
f
(n)
(z
0
)
n!
ind(z
0
, ) =
1
2i
_
f()
( z
0
)
n+1
d.
Demonstration. On applique la formule de Cauchy à la fonction ho-
lomorphe f
(n)
, ce qui donne :
f
(n)
(z
0
) ind(z
0
, ) =
1
2i
_
f
(n)
(z)
z z
0
dz.
En utilisant des integrations par partie successives de lintegrale du se-
cond membre on obtient le resultat voulu.
En examinant la demonstration du theorème 9.2 on constate que si f
est une fonction holomorphe dans un ouvert U et si a U, alors f est
developpable au voisinage de a à laide dune serie entière de rayon de
convergence R d(a, U). En particulier si f est holomorphe dans C
tout entier on peut ecrire (pour tout a C)
f(z) =
n=0
c
n
(a)(z a)
n
,
la serie ayant un rayon de convergence inni. Bien entendu les coecients
c
n
(a) dependent du point a autour duquel on developpe en serie entière.
Faisons une synthèse des resultats sur lidentication des fonctions
analytiques et des fonctions holomorphes :
Theorème 9.5. Les trois propositions suivantes sont equivalentes :
(a) la fonction f est developpable en serie entière autour du point z
0
;
(b) il existe un ouvert U contenant z
0
tel que f soit analytique dans U ;
(c) il existe un ouvert U contenant z
0
tel que f soit holomorphe dans U.
Demonstration. On sait que la somme dune serie entière est derivable
sur son disque ouvert de convergence. Donc la propriete (a) implique la
proprete (c). Par ailleurs le theorème 9.2 dit que la propriete (b) est
equivalente à la propriete (c). On en conclut que (a) implique (b). Mais
par denition de la notion de fonction analytique on sait que (b) implique
(a). On conclut à lequivalence de ces trois proprietes.
9.2. Quelques consequences de lidentication.

Ecrivons
maintenant quelques consequences simples des resultats precedents :
Theorème 9.6. Soit f : U C et g : V C deux fonctions
analytiques. On suppose que V f(U). Alors la composee g f : U C
est analytique dans U.
Demonstration. Le resultat provient de lholomorphie de la composee
de deux fonctions holomorphes, compte tenu de lidentication entre fonc-
tions holomorphes et fonctions analytiques.
36 R. ROLLAND
Theorème 9.7 (Theorème de Morera). Soit R
0
un rectangle ou-
vert et f une fonction continue complexe denie sur R
0
. Si pour tout
rectangle ferme R inclus dans R
0
on a :
_
R
f(z)dz = 0,
alors f est holomorphe dans R
0
.
Demonstration. Sous les hypothèses de ce theorème on peut appli-
quer le theorème 8.11 qui conclut que f est la derivee dune fonction
holomorphe. Mais on sait que la derivee dune fonction holomorphe est
elle-meme holomorphe.
10. Inegalites de Cauchy - Applications
10.1. Inegalites de Cauchy.
Theorème 10.1. Soit U un ouvert de C, f une fonction holomorphe
dans U et a un point de U. Soit un nombre reel tel que 0 < < d(a, U)
et M = sup
t[0,2]
[f(a + e
it
)[. Alors on a linegalite suivante appelee
inegalite de Cauchy :
f
(n)
(a)
M n!
n
.
Demonstration. Il sut en reprenant les notations du paragraphe
precedent decrire :
c
n
(a) =
1
2i
_
C(a,)
f(w)
(w a)
n+1
, dw
en remarquant que pour lintegration on peut prendre w = a + e
it
,
(w a)
n
=
n
e
int
,
dw
wa
= idt on obtient :
(3) c
n
(a) =
1
2
_
2
0
f(a + e
it
)
n
e
int
dt,
puis :
f
(n)
(a)
= n! [c
n
(a)[
M n!
n
.
10.2. Application aux fonctions entières.
Theorème 10.2 (Theorème de Liouville). Une fonction entière
(fonction holomorphe sur C tout entier) bornee est constante.
Demonstration. La fonction entière f est developpable en serie entière
de rayon de convergence au voisinage de 0 (par exemple) :
f(z) =
n=0
c
n
z
n
.
Posons M = sup
zC
[f(z[. Par hypothèse M < +. En vertu de
linegalite de Cauchy on a pour tout > 0 la relation :
[c
n
[ lim
n
,
par suite si n ,= 0 on a c
n
= 0 ce qui prouve que f(z) = c
0
.
Plus generalement on a le resultat suivant :
Theorème 10.3. Si f est une fonction entière telle quil existe un
entier n pour lequel [f(z)[ = O([z[
n
)) au voisinage de linni, alors f est
un polyn ome de degre n.
Demonstration. Posons M() = sup
|z|=
[f(z)[. Par hypothèse
M() = O(
n
). Daprès linegalite de Cauchy, on a pour tout m 0 et
tout linegalite
c
m

M()
m
.
Si m > n on obtient :
lim
M()
m
= 0,
ce qui prouve que pour m > n le coecient c
m
est nul.
Grace à linegalite de Cauchy on obtient une demonstration très
elegante de theorème de dAlembert.
Theorème 10.4. Soit P C[Z] un polynome non constant. Alors il
existe a C tel que P(a) = 0.
38 R. ROLLAND
Demonstration. Remarquons tout dabord que si P est un polynome
non constant alors lim
|z|+
[P(z)[ = +. Supposons que P(z) ne
sannule pas. Alors la fonction
1
P(z)
est une fonction entière. Mais
lim
|z|+
1
P(z)
= 0, et donc
1
P(z)
est une fonction bornee, donc constante
en vertu du theorème de Liouville, ce qui contredit lhypothèse.
10.3. Zeros des fonctions holomorphes.
Theorème 10.5. Soit U un ouvert de C, f une fonction holomorphe
dans U. Soit a un point de U tel que f(a) = 0. Alors ou bien f est nulle
dans tout un voisinage de a, ou bien il existe un voisinage de a dans
lequel a est le seul zero de f.
Demonstration. Il existe un voisinage V (a) du point a tel que pour
tout z V (a) on ait le developpement
f(z) =
n=0
c
n
(a)(z a)
n
.
Si tous les c
n
(a) sont nuls, alors f est nulle sur V (a), sinon soit m le
premier indice tel que c
m
(a) ,= 0. On peut ecrire
f(z) = c
m
(a)(z a)
m
_
1 +
k>0
c
m+k
(a)
c
m
(a)
(z a)
k
_
.
Or la fonction 1+
k>0
c
m+k
(a)
cm(a)
(z a)
k
est continue et vaut 1 pour z = a.
Il existe donc un voisinage V
(a) de a dans lequel elle ne sannule pas et

dautre part (z a)
m
ne sannule quau point a, donc dans V (a) V
(a),
le point a est le seul zero de f.
Theorème 10.6. Soit U un ouvert connexe de C et f une fonction
holomorphe dans U. Alors f
1
(0) est ou bien U tout entier, ou bien un
ensemble discret.
Demonstration. Soit F lensemble des points daccumulation de
f
1
(0). Alors F est ferme. Comme f
1
(0) est ferme on peut dire
que F f
1
(0). Soit a F, donc a f
1
(0), et daprès le theorème
precedent, f est nulle dans un disque ouvert D
a,r
de centre a et de rayon
r > 0. Il et clair que tout point de D
a,r
est un point daccumulation de
f
1
(0) si bien que D
a,r
F. En consequence F est aussi ouvert. F
est donc ouvert et ferme dans louvert connexe U, par suite F = ou
F = U. Si F = alors f
1
(0) est discret. Sinon si F = U on a aussi
f
1
(0) = U puisque F f
1
(0).
Corollaire 10.7. (principe du prolongement analytique) Soit
U un ouvert connexe de C, E une partie non discrète de U.Soient f
1
et
f
2
deux fonctions holomorphes sur U, qui concident sur E. Alors f
1
= f
2
sur U.
Demonstration. Daprès le theorème precedent (f
2
f
1
)
1
(0) = U,
ce qui prouve le resultat.
10.4. Principe du maximum. Soit f une fonction holomorphe
dans un ouvert U et a U.

Ecrivons le developpement de f au voisinage
du point a :
f(z) =
n=0
c
n
(a)z
n
,
o` u c
n
(a) est donne par la formule (3) :
c
n
=
1
2
_
2
0
f(a + e
it
)
n
e
int
dt.
En particulier pour n = 0 on obtient f(a) :
f(a) = c
0
(a) =
_
2
0
f(a + e
it
)dt,
cest-à-dire que f(0) est la moyenne des valeurs de f prises sur le cercle
de centre a et de rayon . Ce comportement est appele la propriete de
moyenne et nest pas caracteristique des fonctions holomorphes, mais
de la classe des fonctions harmoniques. Nous allons montrer que [f[ ne
peut pas avoir de maximum en a à moins detre constante.
Theorème 10.8 (Principe du maximum). Soit f une fonction
continue dans un ouvert U C qui possède sur U propriete de moyenne
(cest le cas en particulier si f est holomorphe). Si [f[ possède en a un
maximum relatif, cest-à-dire sil existe un voisinage V (a) de a tel que
[f(z)[ [f(a)[ pour tout z V (a), alors f est constante dans un voisi-
nage de a.
40 R. ROLLAND
Demonstration. Si f(a) = 0 le resultat est clair par hypothèse faite
sur [f[ dans le voisinage V (a). Supposons donc maintenant f(a) ,= 0.
Quitte à etudier la fonction f(z)e
Arg
f(a)
obtenue en multipliant f
par la constante e
Arg
f(a)
à la place de f(z), on peut supposer que

f(a) > 0. La propriete de moyenne devient alors :
(4) f(a) =
_
2
0
1e
_
f(a + e
it
)
_
dt.
Soit
M() = sup
t
[f(a + e
it
)[.
La propriete de moyenne nous dit que f(a) M() alors que lhypothèse
nous dit que M() f(a) (pour assez petit). En conclusion pour
0
on a f(a) = M(). Considerons alors la fonction :
g(z) = 1e
_
f(a) f(z)
_
.
Cette fonction est 0 pour
0
. De plus si g(z) = 0 alors
f(a) = 1e
_
f(z)
_
[f(z)[,
et comme [f(z)[ f(a) on conclut que [f(z)[ = 1e
_
f(z)
_
= f(z), et
encore f(z) = f(a). Daprès la formule (4) la valeur moyenne de g(z) sur
le cercle de centre a de rayon est nulle, et comme g(z) 0 sur ce cercle
et est continue, on en deduit que g(z) = 0 sur le cercle en question. Mais
ceci est vrai pour tout rayon
0
, ce qui achève la preuve.
Corollaire 10.9. Soit U un ouvert connexe et f une fonction holo-
morphe dans U. Si [f[ admet un maximum relatif en un point a U,
alors f est constante sur U.
Demonstration. En eet f est alors constante sur un voisinage de a. Le
principe du prolongement analytique implique alors que f est constante
sur U.
PARTIE III
POINTS SINGULIERS DES FONCTIONS
Le problème quon se pose dans cette partie est le suivant. Soit un
ouvert de C et a un point de . Soit f une fonction holomorphe dans
a. Quel est le comportement de la fonction f dans un voisinage du
point a ?
11. Series de Laurent
Pour une serie entière classique du type
n0
c
n
z
n
,
la valeur en 0 est le nombre ni c
0
. Un tel developpement exclut donc
tout comportement plus complique au point autour duquel se fait le
developpement (ici le point 0). Si on veut capturer dautres comporte-
ments nous allons etre amenes à etudier aussi des series du type
n<0
c
n
z
n
,
o` u z ,= 0. Dans un tel cas, si on pose z =
1
u
alors la serie devient
p>0
c
p
u
p
.
Si est le rayon de convegence de cette dernière serie entière, alors la
serie
n<0
c
n
z
n
converge pour [z[ >
1
et diverge pour [z[ <

1
.
Denition 11.1. On appelle serie de Laurent une serie de la forme
+
n=
a
n
z
n
,
o` u la sommation a lieu sur tous les elements de Z.
La convergence dune telle serie ne doit pas se faire par compensation
des termes dindices positifs et negatifs. Plus precisement :
42 R. ROLLAND
Denition 11.2. Une serie de Laurent est dite convergente si les
deux series
n0
a
n
z
n
et
n<0
a
n
z
n
sont convergentes.
Proposition 11.3. Soit
+
n=
a
n
z
n
une serie de Laurent. Soit
1
le rayon de convergence de la serie entière
n0
a
n
z
n
, et
2
=
1
o` u est
n>0
a
n
u
n
.
(1) Si
1
<
2
la serie de Laurent ne converge jamais.
(2) Si
2
<
1
la serie de Laurent converge absolument dans la couronne
2
< [z[ <
1
notee C
1
. Pour [z[ =
1
ou [z[ =
2
il en est comme
sur le cercle de convergence dune serie entière, letude doit etre faite au
coup par coup.
(3) Si
2
=
1
la serie ne peut eventuellement converger que pour certains
z de module
1
. Letude là encore se passe comme pour la convergence
dune serie entière sur son cercle de convergence, au coup par coup.
Demonstration. La proposition est une consequence directe de la re-
marque sur la convergence de
n<0
c
n
z
n
faite au debut du paragraphe.
+
n=
a
n
z
n
une serie de Laurent. Soit
1
n0
a
n
z
n
, et
2
=
1
o` u
est le rayon de convergence de la serie entière
n>0
a
n
u
n
. Supposons que
2
<
1
. Alors la fonction F de la couronne ouverte C
1
dans C denie
par F(z) =
+
n=
a
n
z
n
est holomorphe dans C
1
.
Demonstration. Posons f
1
(z) =
n0
a
n
z
n
et f
2
(z) =
n<0
a
n
z
n
.
Alors F(z) = f
1
(z) + f
2
(z). La fonction f
1
(z) somme dune serie entière
est holomorphe. La fonction f
2
(z) est la composee dune fonction denie
par une serie entière, donc holomorphe, avec la fonction
1
z
qui est ho-
lomorphe sur la couronne C
1
. En consequence f
2
(z) est aussi holo-
morphe.
Nous allons maintenant etudier une reciproque de la proposition
precedente.
Theorème 11.5. Toute fonction holomorphe dans une couronne
2
< [z[ <
1
(o` u +
1
>
2
0) est developpable en serie de
Laurent en 0 dans cette couronne.
Demonstration. Soient r
1
et r
2
tels que
2
< r
2
< r
1
<
1
. On
considère les deux chemins C(0, r
1
) et C(0, r
2
) qui sont respectivement
le cercle de centre 0 et rayon r
1
et le cercle de centre 0 et de rayon r
2
parcourus une fois dans le sens trigonometrique.
C(0, r
1
)(t) = r
1
e
it
C(0, r
2
)(t) = r
2
e
it
,
avec t [0, 2]. Soit = C(0, r
1
) C(0, r
2
). Si r
2
< [z[r
1
alors lindice
ind(z, ) = 1. Par application de la formule de Cauchy :
f(z) =
1
2i
_
f(w)
w z
dw
=
1
2i
_
C(0,r
1
)
f(w)
w z
dw
1
2i
_
C(0,r
2
)
f(w)
w z
dw.
Mais :
1
2i
_
C(0,r
1
)
f(w)
w z
dw =
1
2i
_
C(0,r
1
)
f(w)
w

dw
1
z
w
.
Or on peut ecrire :
1
1
z
w
=
n0
_
z
w
_
n
,
la convergence etant uniforme lorsque w appartient au support de
C(0, r
1
). Pour lintegrale correspondante on en deduit que :
1
2i
_
C(0,r
1
)
f(w)
w z
dw =
n0
z
n
1
2i
_
C(0,r
1
)
f(w)
w
n+1
dw.
Etudions maintenant la deuxième integrale :

1
2i
_
C(0,r
2
)
f(w)
w z
dw =
1
2i
_
C(0,r
2
)
f(w)
z

dw
w
z
1
.
On peut là aussi ecrire :
1
w
z
1
=
n0
_
w
z
_
n
,
44 R. ROLLAND
la convergence etant uniforme lorsque w appartient au support de
C(0, r
2
). En consequence :
1
2i
_
C(0,r
2
)
f(w)
w z
dw =
n0
_
1
z
_
n+1
1
2i
_
C(0,r
2
)
f(w)w
n
dw,
qui peut secrire encore :
1
2i
_
C(0,r
2
)
f(w)
w z
dw
n<0
z
n
1
2i
_
C(0,r
2
)
f(w)
w
n+1
dw.
En consequence on peut ecrire pour tout r
2
< [z[ < r
1
:
f(z) =
+
c
n
z
n
,
avec :
c
n
=
_
1
2i
_
C(0,r
1
)
f(w)
w
n+1
dw si n 0
1
2i
_
C(0,r
2
)
f(w)
w
n+1
dw si n < 0.
Si maintenant on choisit R quelconque veriant
2
< R <
1
denissons
1
= C(0, r
1
) C(0, R). On peut dire que C
1
z [ ind(z,
1
) ,= 0 et
appliquer le theorème de Cauchy à la fonction holomorphe
f(w)
w
n+1
, ce qui
permet dobtenir :
_
C(0,r
1
)
f(w)
w
n+1
dw =
_
C(0,R)
f(w)
w
n+1
dw.
De la meme fa con :
_
C(0,r
2
)
f(w)
w
n+1
dw =
_
C(0,R)
f(w)
w
n+1
dw.
Tout ceci prouve que les coecients c
n
sont independants de r
1
et r
2
.
En conclusion, comme r
1
et r
2
sont quelconques, on a pour tout
2
<
[z[ <
1
le developpement en serie de Laurent
f(z) =
+
n=
c
n
z
n
,
avec :
c
n
=
1
2i
_
C(0,R)
f(w)
w
n+1
dw,
o` u R est un reel quelconque tel que
2
< R <
1
.
Remarque 11.6. Bien entendu le theorème precedent sapplique au
voisinage dun point a o` u on peut alors ecrire un developpement de
Laurent :
f(z) =
+
n=
c
n
(a)(z a)
n
,
avec :
c
n
(a) =
1
2i
_
C(a,R)
f(w)
(w a)
n+1
dw.
12.

Etude des points singuliers isoles
12.1. Classication des points singuliers isoles. Soit
0
un
ouvert de C et a
0
. Soit f une fonction holomorphe dans =
0
a.
Soit 0 <
1
< d(a,
0
) et
2
= 0. La fonction f est donc holomorphe
dans la couronne C
2
1
(a) et y est developpable en serie de Laurent sous
la forme :
f(z) =
+
n=
c
n
(a)(z a)
n
.
Denition 12.1. Le point a est dit point regulier si pour tout n < 0
on a c
n
(a) = 0. Le point a est dit point singulier isole sil existe n < 0
tel que c
n
(a) ,= 0.
Denition 12.2. Si a est un point singulier isole, on dit que a est
un pole sil existe m < 0 tel que pour tout n < m on ait c
n
(a) = 0.
Lordre du pole a est alors deni par
infm [ c
m
,= 0.
Si a est un point singulier isole qui nest pas un pole, on dit que a est un
point singulier isole essentiel.
Remarque 12.3. Il est clair que si le point a est regulier, la fonc-
tion f peut etre prolongee au point a par la valeur c
0
(a). En outre, la
fonction obtenue, qui est au voisinage de a somme dune serie entière est
holomorphe sur
0
.
46 R. ROLLAND
12.2. Inegalites de Cauchy pour les series de Laurent. Les co-
ecients c
(
a) verient des inegalites generalisant les inegalites de Cauchy
quon a vu dans le cadre des fonctions analytiques.
0
un ouvert de C et a un point de
0
Soit
f une fonction denie sur =
0
a developpable en serie de Laurent
au voisinage du point a. Soit R tel que 0 < R < d(a,
0
). Alors les
coecients c
n
(a) du developpement en serie de Laurent de f verient les
inegalites :
[c
n
(a)[
M(R)
R
n
,
o` u
M(R) = sup
|za|=R
[f(z)[.
Demonstration. Rappelons la valeur de c
n
(a) :
c
n
(a) =
1
2i
_
C(a,R)
f(w)
(w a)
n+1
dw.
Le calcul de lintegrale sur le cercle est alors très simple :
c
n
(a) =
1
2i
_
2
0
f(a + Re
it
)
R
n+1
e
i(n+1)t
iRe
it
dt =
1
2
_
2
0
f(a + Re
it
)
R
n
e
int
dt,
ce qui implique en passant aux valeurs absolues que :
[c
n
(a)[
M(R)
R
n
.
Bien entendu, comme pour le cas des fonctions analytiques, nous al-
lons tirer des inegalites sur les coecients du developpement en serie de
Laurent quelques consequences sur la fonction f elle-meme.
Theorème 12.5. Si f, holomorphe dans =
0
a, est bornee
au voisinage de a, alors le point a est un point regulier. Si f est telle
que :
f(z) = O
_
1
[z a[
p
_
,
o` u p > 0, au voisinage de a, alors a est un point regulier ou alors un
pole dordre au plus p.
Demonstration. Dans le cas o` u f est bornee au voisinage de a il existe
un R
0
et un M > 0 tels que :
0 < R
0
< d(a,
0
),
et
[f(z)[ M pour tout z tel que 0 [z a[ < R
0
.
Alors :
[c
n
(a)[
M
R
n
,
ce qui montre, en faisant tendre R vers 0 que c
n
(a) = 0 pour tout n < 0.
Dans le deuxième cas, il existe un R
0
et un M > 0 tels que :
0 < R
0
< d(a,
0
),
et
[f(z)[
M
[z a[
p
pour tout z tel que 0 [z a[ < R
0
.
Alors :
[c
n
(a)[
M
R
n+p
,
ce qui montre, en faisant tendre R vers 0 que c
n
(a) = 0 pour tout entier
n < p.
Le theorème precedent admet une reciproque.
Theorème 12.6. Si a est un point regulier alors f est bornee au
voisinage de a. Si a est un pole dordre inferieur ou egal à p alors f(z) =
O
_
1
|za|
p
_
.
Demonstration. Dans le premier cas, f est continue au point a donc
bornee au voisinage de a. Le deuxième cas se ramène au premier cas en
multipliant f par (z a)
p
.
En consequence on obtient le theorème important suivant :
Theorème 12.7. Une condition necessaire et susante pour quune
fonction f holomorphe dans =
0
a soit prolongeable en une fonc-
tion holomorphe dans
0
est que a soit bornee au voisinage de a.
48 R. ROLLAND
12.3. Image dune fonction au voisinage dun point singulier
essentiel.
Theorème 12.8 (Theorème de Weierstrass). Soit
0
un ouvert
de C et a un point de
0
. Soit une fonction f denie et holomorphe sur
=
0
a. On suppose que a est un point singulier isole essentiel de
f. Alors pour tout voisinage V (a) du point a, inclus dans
0
, limage
f
_
V (a) a
_
est dense dans C.
Demonstration. La fonction f nest pas bornee dans V (a) a sinon
le point a serait regulier. Supposons que f
_
V (a) a
_
ne soit pas dense
dans C. Alors il existe b C et V (b) un voisinage de b tels que v(b)
f
_
V (a) a
_
= . Soit h(z) =
1
f(z)b
. La fonction h(z) est holomorphe
dans V (a) a et bornee dans ce voisinage, par consequent h(z) se
prolonge en une fonction holomorphe dans V (a) quon notera encore
h(z). Mais f(z) = b +
1
h(z)
pour tout z V (a) a. Or h(z) peut secrire
h(z) = (z a)
q
k(z) o` u q 0 et k(z) holomorphe dans V (a) veriant
k(a) ,= 0, ce qui fait que
1
k(z)
est aussi holomorphe dans un voisinage
V
1
(a) V (a) de a. On peut alors ecrire pour tout z V
1
(a) a :
f(z) = b +
1
(z a)
q
k
1
(z),
ce qui montre que a est un pole dordre q (ou meme peut etre un point
regulier) contrairement à lhypothèse.
Corollaire 12.9. Soit g une fonction entière non polynomiale. Alors
g(C) est dense dans C.
Demonstration. Posons f(z) = g
_
1
z
_
pour tout z ,= 0. La fonction
f est holomorphe dans C 0. Comme g nest pas un polynome, les
theorèmes 10.3 et 12.5 permettent de conclure que 0 est un point singu-
lier essentiel pour la fonction f. Le theorème precedent permet alors de
conclure.
Remarque 12.10. En conclusion, au voisinage dun point singulier
isole z
0
, le comportement de la fonction holomorphe f peut etre dun des
trois types suivants :
(1) lim
zz
0
f(z) = a : f est regulière et peut etre prolongee en z
0
en une
fonction holomorphe ;
(2) lim
zz
0
[f(z)[ = + : le point z
0
est un pole ;
(3) [f(z)[ na pas de limite en z
0
: le point z
0
est un point singulier
essentiel.
Remarque 12.11. Le theorème de Weierstrass a ete ameliore par E.
Picard qui a montre le resultat suivant :
Soit
0
un ouvert de C et a un point de
0
. Soit une fonction f denie
et holomorphe sur =
0
a. On suppose que a est un point singulier
isole essentiel de f. Soit un voisinage V (a) du point a, inclus dans
0
.
Alors tout point de C sauf peut etre un, est atteint une innite de fois
comme image de f.
Denition 12.12. Soit
0
un ouvert connexe de C. Une fonction
f est dite meromorphe sur
0
si elle est holomorphe sur
0
prive dun
ensemble de points isoles qui sont des poles pour f.
12.4. Theorème des residus.
Denition 12.13. Soit un ouvert de C et a un point de
0
. Soit
f une fonction holomorphe dans =
0
a qui admet a comme point
singulier isole. On appelle residu de f au point a et on note Res
f
(a) le
coecient c
1
(a) de la serie de Laurent f(z) =
+
n=
c
n
(a)(z a)
n
,
cest-à-dire :
Res
f
(a) = c
1
(a) =
1
2i
_
C(0,R)
f(w)dw.
Theorème 12.14. Soit
0
un ouvert de C et a
1
, a
2
a
n
des points
de
0
. Soit f une fonction holomorphe dans =
0
a
1
, a
2
a
n
ad-
mettant les points a
1
, a
2
a
n
comme points singuliers isoles. Soit un
système de lacets contenu dans
0
ne rencontrant aucun des a
i
. Suppo-
sons en outre que
0
z [ ind(z, ) = 0. Alors :
1
2i
_
f(z)dz =
n
i=1
ind(a
i
, )Res
f
(a
i
).
50 R. ROLLAND
Demonstration. Considerons n disques fermes D
k
disjoints deux à
deux, inclus dans
0
de centres respectifs a
k
et rayons respectifs r
k
. Pour
chaque k on note C
k
le lacet deni sur [0, 2] par :
C
k
(t) = a
k
+ r
k
e
i
k
t
.
o` u
k
= ind(a
k
, ). Posons
= + C
1
+ + C
n
. Alors du fait que
ind(a
k
, C
r
) =
k,r
on voit que pour tout k on a ind(a
k
,
) = 0. Par suite
z [ ind(z,
) = 0. On peut appliquer le theorème de Cauchy à f

dans et au système
:
1
2i
_
f(z)dz = 0.
Mais lintegrale nulle precedente est aussi egale à :
1
2i
_
f(z)dz =
1
2i
_
f(z)dz
n
k=0
1
2i
_
C(a
k
,r
k
)
f(z)dz
=
1
2i
_
f(z)dz
n
k=0
ind(a
k
, )Res
f
(a
k
).
En consequence :
1
2i
_
f(z)dz =
n
k=0
ind(a
k
, )Res
f
(a
k
).
Remarque 12.15. En pratique, on doit parfois calculer le residu
dune fonction f qui sexprime sous la forme :
f(z) =
g(z)
h(z)k(z)
,
en un point a, avec h(a) = 0, h
(a) ,= 0, g(a) ,= 0, k(a) ,= 0. Dans ces

conditions :
Res
f
(a) =
g(a)
h
(a)k(a)
.
12.5. Une application du theorèmes des residus au nombre de
zeros.
Theorème 12.16. Soit f une fonction holomorphe non nulle dans
un ouvert de C. Soit un système de lacets inclus dans dont le
support ne contient aucun zero de f. On supose que z [ ind(z, ) =
0. Soit a
i
iI
lensemble des zeros de f. On notera k(a
i
) lordre du zero
a
i
. Alors :
1
2i
_
(z)
f(z)
dz =
n
i=1
ind(a
i
, )k(a
i
).
Demonstration. Il est facile de voir en developpant en serie entière
f(z) et f
(z) au voisinage dun point a

i
, que si f(z) a un zero dordre
k(a
i
) au point a
i
alors la fonction meromorphe
f
(z)
f(z)
a un pole en a
i
et que
le residu en ce pole est k(a
i
). Par application du theorème des residus on
a le resultat.
Remarque 12.17. Si est un cercle C(a, r) parcouru une fois dans
le sens positif alors le nombre N de zeros de f(z) contenus dans le disque
dont la frontière est le support de C(a, r) est donne par :
N =
1
2i
_
C(a,r)
f
(z)
f(z)
dz.
12.6. application au calcul des integrales. Le calcul des residus
nous permet de calculer certaines integrales sans calculer une primitive
de la fonction à integrer. Ceci nous permet donc dobtenir un resultat
dans certains cas o` u on narrive pas à determiner une primitive ou à
simplier un calcul o` u lobtention dune primitive serait possible mais
conduirait à un calcul fastidieux. Classiquement, les exemples de tels
calculs se partagent en cinq categories principales. Dans la suite R designe
une fraction rationnelle generale.
_
2
0
R(sin(t), cos(t))dt.
Ici, R designe une fraction rationnelle qui na pas de pole sur le cercle
x
2
+ y
2
= 1.
52 R. ROLLAND
Notons C le cercle unite parcouru une fois, cest à dire le chemin deni
par
C : t [0, 2] z = e
it
.
Posons alors :
f(z) =
1
z
R
_
1
2i
_
z
1
z
_
,
1
2
_
z +
1
z
__
.
Avec ces notations nous pouvons alors ecrire :
I =
1
i
_
C
f(z)dz,
et donc :
I = 2
aP
Res
f
(a),
o` u la somme est etendue à lensemble P des poles de f à linterieur du
disque unite.
Exemple 12.18. calculons
I =
_
2
0
dt
2 + sin(t)
.
Le calcul precedent montre que :
I = 4i
aP
Res
f
(a),
o` u
f =
1
z
2
+ 4iz 1
.
Le seul pole de f contenu dans le disque unite est :
a = 2i + i
3,
et le residu en ce pole est :
Res
f
(a) =
1
2i
3
.
Donc :
I =
2
3
.
_
+
R(x)dx. Ici, R
designe une fraction rationnelle qui na pas de poles reels. Pour que
lintegrale soit convergente on suppose en outre quà linni :
R(x)
1
x
n
avec n 2. Soit
1
(r) le chemin demi-cercle de centre O et rayon r
deni par :
1
(r) : t [0, ] re
it
,
et
2
le chemin sur laxe reel deni par :
2
: t [r, r] t.
Nous noterons
1
(r) le support de
1
(r). Notons aussi le chemin 1+2
qui en fait est un lacet (voir gure 5). Remarquons que pour r assez grand,
r +r 0
Figure 5. Lacet demi-cercle
tous les poles dont la partie imaginaire est > 0 se trouvent à linterieur
du demi-cercle et donc aucun pole ne sera sur le support du lacet. On
peut donc ecrire :
_
R(z)dz =
_
+r
r
R(x)dx +
_
1
(r)
R(z)dz = 2i
aR
Res
R
(a).
Soit M(r) = sup
z
1
(r)
[R(z)[. On peut ecrire :
1
(r)
R(z)dz
M(r)r.
54 R. ROLLAND
Mais en vertu de lhypothèse sur le comportement de R à linni, on
conclut que :
lim
r+
1
(r)
R(z)dz
= 0,
en consequence :
lim
r+
_
+r
r
R(x)dx = 2i
aR
Res
R
(a).
Comme lintegrale
_
+
R(x)dx est convergente, les deux limites

lim
r+
_
0
r
R(x)dx et lim
r+
_
r
0
R(x)dx
existent separement et on peut donc ecrire :
I = lim
r+
_
+r
r
R(x)dx = 2i
aR
Res
R
(a).
Exemple 12.19. Calculons I =
_
+
dx
1+x
4
. Les poles de
1
1+x
4
du
demi-plan positif sont e
i
4
et e
3i
4
. Les residus en ces points sont res-
pectivement
1
4
e
i
4
et
1
4
e
3i
4
. Donc :
I = 2i
1
4
(2i sin(
4
)) =
2
2
.
_
+
f(x)e
ix
dx. Ici, f est
une fonction holomorphe sur un domaine contenant le demi-plan ferme
1e(z) 0 sauf peut etre en un nombre ni de points.
a) Cas o` u f na pas de pole sur laxe reel. Nous allons montrer
le resultat suivant :
Proposition 12.20. Si lim
|z|,Re(z)0
f(z) = 0 alors :
lim
r+
_
r
r
f(x)e
ix
dx = 2i
aP
Res
f(z)e
iz (a),
o` u P est lensemble des poles de f(z) contenus dans le demi-plan ouvert
superieur 1e(z) > 0.
Si de plus lintegrale I =
_
+
f(x)e
ix
dx est convergente alors :
I = 2i
aP
Res
f(z)e
iz (a).
Demonstration. Nous allons introduire le meme chemin que lors de
letude du type 2 (voir gure 5). Nous allons montrer que là encore nous
avons le resultat suivant :
lim
r+
1
(r)
f(z)e
iz
dz
= 0.
Pour cela, notons M(r) = sup
z
1
(r)
[f(z)[. On peut alors ecrire :
1
(r)
f(z)e
iz
dz
M(r)
_

0
re
r sin()
d = 2M(r)
_
2
0
re
r sin()
d
Letude de la fonction sin()
2
sur [0, /2] montre que sur cet in-

tervalle on a :
2
sin() .
En consequence :
_
2
0
re
r sin()
d
_
2
0
re
r
d
_
2
0
re
r
d =

2
_
1 e
r
_

2
.
On deduit donc que :
1
(r)
f(z)e
iz
dz
M(r).
Comme par hypothèse lim
r+
M(r) = 0 on obtient le resultat annonce.
_
+
x sin(x)
1+x
2
dx. Remarquons tout
dabord que I = 2
_
+
0
xsin(x)
1+x
2
dx et que cette dernière integrale est conver-
gente. En eet par integration par partie (on derive x/1+x
2
et on intègre
sin(x))
_
A
0
xsin(x)
1 + x
2
dx =
Acos(A)
1 + A
2
+
_
A
0
cos(x)
1 + x
2
dx 2
_
A
0
x
2
cos(x)
(1 + x
2
)
2
dx.
56 R. ROLLAND
En observant le second membre on voit que le terme tout integre tend vers
0 lorsque A tend vers linni, et que les deux integrales sont convergentes.
Par ailleurs la fonction
f(z)e
iz
=
ze
iz
1 + z
2
na que deux poles i et i dont un seul dans le demi-plan superieur. Le
residu en ce pole i est
1
2e
. En consequence :
I
1
=
_
+
f(x)e
ix
dx =
i
e
,
et
I = 1m(I
1
) =

e
.
b) Cas o` u f a des poles sur laxe reel. Le cas des poles qui ne
sont pas sur laxe reel a dejà ete traite, et donc en ecrivant f comme une
somme (et en utilisant eventuellement des translations), on se ramènera
au cas o` u f a un seul pole et o` u celui-ci est à lorigine. On introduit les
chemins
1
(r) demi-cercle centre en O de rayon r dorigine A et extremite
B,
2
(r, s) segment de laxe reel dorigine B et extremite C,
3
(s) demi-
cercle de centre O de rayon s dorigine C et extremite D,
4
(r, s) le
segment de laxe reel dorigine D et extremite A. Enn nous notons (r, s)
le lacet
1
(r) +
2
(r, s) +
3
(s) +
4
(r, s) (voir gure 6). On supposera
A B C D
O
Figure 6. Lacet demi-cercle avec evitement de O
maintenant que 0 est un pole simple de f et que f verie comme dans le
cas precedent lim
r+
f(z) = 0. On voit que fz)e
iz
est holomorphe sur
un ouvert simplement connexe contenant (r, s). On peut donc ecrire :
_
(r, s)f(z)e
iz
dz =
_
1
(r)
f(z)e
iz
dz+
_
2
(r,s)
f(z)e
iz
dz+
_
3
(s)
f(z)e
iz
dz+
_
4
(r,s)
f(z)e
iz
dz = 0.
Si nous supposons que les deux integrales :
_
0
f(x)e
ix
dx et
_
+
0
f(x)e
ix
dx
sont convergentes en et en 0 pour la première et en 0 et en + pour
la deuxième, on aura en faisant tendre r vers + et s vers 0 :
_
+
f(x)e
ix
dx =
_
lim
r+
_
1
(r)
f(z)e
iz
dz + lim
s0
_
3
(s)
f(z)e
iz
dz
_
.
Mais nous avons dejà vu que :
lim
r+
_
1
(r)
f(z)e
iz
dz = 0
donc :
_
+
f(x)e
ix
dx = lim
s0
_
3
(s)
f(z)e
iz
dz.
Pour calculer lintegrale du second membre ecrivons :
f(z)e
iz
=
c
z
+ h(z)
o` u h est une fonction holomorphe. On voit que :
lim
s0
_
3
(s)
f(z)e
iz
dz = lim
s0
_
3
(s)
h(z)dz + lim
s0
_
3
(s)
cdz
z
lim
s0
_
3
(s)
f(z)e
iz
dz = lim
s0
_
3
(s)
cdz
z
= ic.
(Le signe - provient du parcours inverse du sens trigonometrique pour
3
(s).) En conclusion,
_
+
f(x)e
ix
dx = iRes
f(z)e
iz (0).
58 R. ROLLAND
_
+
sin(x)
x
dx. On montre la conver-
gence de cette integrale par integration par partie, comme dans lexemple
precedent. Le seul pole de la fonction e
iz
/z est au point 0 et le residu en
ce point est 1. On en conclut que :
I
1
=
_
+
e
ix
x
dx = i
puis que :
I = 1m(I
1
) = .
_
+
0
R(x)
x
dx. Ici est un

nombre veriant 0 < < 1 et R(x) est une fraction rationnelle telle
que lim
x+
R(x) = 0. En outre on suppose que R(z) na pas de pole
sur le demi-axe reel [0, +[ deni par 1m(z) = 0 et 1e(z) 0. Dans
ces conditions, lintegrale quon etudie est convergente. Considerons le
lacet decrit par la gure 7. Plus precisement on considère le (grand)
cercle C(r) de centre O et de rayon r, le (petit) cercle de centre O et de
rayon s. On note D le point du petit cercle dordonnee et dabscisse
> 0, A le point du grand cercle dordonnee et dabscisse > 0. On note
respectivement C et B les symetriques par rapport à laxe des abscisse
des points D et A. On considere le lacet
(r, s, ) =
1
(r, ) +
2
(r, s, ) +
3
(s, ) +
4
(r, s, ),
o` u
1
(r, ) est le chemin constitue par larc de grand cercle parcouru
dans le sens trigonometrique (A, B),
2
(r, s, ) est le segment (B, C) par-
couru une fois de B vers C,
3
(s, ) est le chemin constitue par larc
de petit cercle parcouru dans le sens inverse du sens trigonometrique
(C, D) et
4
(r, s, ) est le segment (D, A) parcouru une fois de D vers A.
On peut trouver un ouvert simplement connexe ne contenant pas lori-
gine, contenant le support de ce lacet et dans lequel la fonction R(z)/z
soit meromorphe. Lintegrale le long des deux bouts des deux segments
donne :
I
1
=
_
rv()
su()
R(x + i)
(x + i)
ds
_
rv()
su()
R(x i)
(x i)
dx.
Lorsque tend vers 0 la première integrale tend vers
_
r
s
R(x)
x
ds
alors que la deuxième integrale tend vers
_
r
s
R(x)
e
2i
x
dx
car largument de z tend vers 2. Donc lorsque tend vers 0, I
1
tend
vers :
(1 e
2i
)
_
r
s
R(x)
x
ds.
Nous avond dejà vu dans les exemples precedents que lintegrale le long
du grand cercle tend vers 0 lorsque le rayon r tend vers linni, et que
lintegrale le long du petit cercle tend vers 0 lorsque le rayon s tend vers
0. On obtient en denitive :
A
B
C
D
O
Figure 7. Lacet cercle avec coupure
I =
2i
1 e
2i
aP
ResR(z)
z
(a),
o` u la somme des residus est etendue à tous les poles de la fonction
R(z)/z
.
60 R. ROLLAND
Remarque 12.23. Si on utilisait la surface de Riemann associee à
la fonction z
alpha
on pourrait se dispenser du et de letude lorsque
tend vers zero. Dans ce cours elementaire, on a procede autrement.
_
+
0
dx
x
(1+x)
dx avec bien entendu
0 < < 1. Ici
R(z) =
1
1 + z
.
La fraction rationnelle R(z) a pour seul pole z = 1 et le residu de
R(z)/z
en ce pole est e
i
. Par consequent :
I =
2i
1 e
2i
e
i
=

sin()
.
_
+
0
R(x) log(x)dx. Ici,
R(x) est une fraction rationnelle telle que lim
x+
xR(x) = 0. On sup-
pose en outre que R(z) na pas de pole sur le demi-axe reel [0, +[ deni
par 1m(z) = 0 et 1e(z) 0. Dans ces conditions, lintegrale quon etudie
est convergente.
Proposition 12.25. Sous les hypothèses indiquees on a la relation :
2
_
+
0
R(x) log(x)dx 2i
_
+
0
R(x)dx =
aP
Res
R(z)(log(z))
2 (a),
o` u la somme est etendue aux poles a de la fonction R(z)(log(z))
2
.
Demonstration. On prend le meme lacet que dans le type 4)
et on intègre sur ce chemin la fonction R(z)(log(z))
2
. On en tire
immediatement la relation :
_
+
0
R(x) log(x)
2
dx
_
+
0
R(x)(log(x) + 2i)
2
dx =
2i
aP
Res
R(z)(log(z))
2 (a),
qui donne en developpant le carre de la deuxième integrale et en simpli-
ant la relation annoncee.
Cette relation ne donne pas a priori lintegrale voulue. mais si on fait
lhypothèse supplementaire que R est une fraction rationnelle à coe-
cients reels, alors on a en separant la partie reelle et la partie imaginaire
de la relation precedente on peut donner les valeurs des integrales :
_
+
0
R(x) log(x)dx =
1
2
1e
_
aP
Res
R(z)(log(z))
2 (a)
_
,
_
+
0
R(x)dx =
1
2
1m
_
aP
Res
R(z)(log(z))
2 (a)
_
.
PARTIE IV
Z
EROS ET P
OLES DES FONCTIONS HOLOMORPHES

ET M
EROMORPHES
Le theorème 10.5 indique que si f est une fonction holomorphe non
constante sur un ouvert , lensemble de ses zeros na pas de point dac-
cumulation dans . Nous allons montrer que reciproquement, si un en-
semble Z na pas de point daccumulation dans il existe une fonction
holomorphe f dans dont lensemble des zeros est exactement Z. En
outre on peut imposer en chaque point de A lordre du zero de f en ce
point.
Lemme 12.26. Une fonction entière f(z) qui na aucun zero dans
C peut secrire f(z) = e
g(z)
o` u la fonction g est elle-meme entière.
Demonstration. Puisque f(z) na aucun zero, la fonction
f
(z)
f(z)
est une fonction entière, et donc la derivee dune fonction entière g(z). La
fonction entière f(z)e
g(z)
est de derivee nulle. Elle est constante, donc :
f(z) = Ce
g(z)
.
62 R. ROLLAND
Comme C est une constante complexe non nulle, elle peut etre absorbee
par g(z) si bien quavec ce nouveau g(z) :
f(z) = e
g(z)
.
13. Le theorème de factorisation de Weierstrass
On considère la suite de fonctions :
f
0
(z) = 1 z,
et pour p 1 :
f
p
(z) = (1 z)e
z+
z
2
2
++
z
p
p
.
Lemme 13.1. Pour [z[ 1 et pour tout p, on a :
[f
p
(z) 1[ [z[
p+1
.
Demonstration. La demonstration se fait par recurrence sur p. Pour
p = 0 on a par denition [f
0
(z) 1[ = [z[ et donc linegalite du lemme a
lieu. Pour p 1, calculons la derivee de f
p
:
f
p
(z) = z
p
e
z+
z
2
2
++
z
p
p
.
Ainsi on voit que f
p
(z) a un zero dordre p en z = 0 et que f
p
(z) a un
developpement en serie entière sur C avec des coecients 0. Or :
1 f
p
(z) =
_
z
0
f
p
(t)dt.
En consequence 1f
p
(z) a un zero dordre p+1 en z = 0 et les coecients
de son developpement en serie entière sont 0. En consequence si [z[ 1
alors :

1 f
p
(z)
z
p+1
1 f
p
(z)
z
p+1
_
z=1
= 1.
Theorème 13.2. Soit (z
n
)
n
une suite de nombres complexes telle
que pour tout n on ait z
n
,= 0. Posons r
n
= [z
n
[ et supposons que
lim
n
r
n
= + (cette dernière condition etant equivalente au fait que
la suite (z
n
)
n
na pas de point daccumulation dans C). Soit (p
n
)
n
une
suite dentiers 0 telle que :
+
n=1
_
r
r
n
_
pn+1
< +
pour tout entier positif r. Remarquons que dans tous les cas la suite
p
n
= n1 convient, cependant en fonction des valeurs r
n
il peut se faire
que cette condition soit satisfaite pour des p
n
plus petits auquel cas on
aura interet à les utiliser. Alors le produit
f(z) =
+
n=1
f
pn
_
z
z
n
_
denit une fonction entière ayant un zero en chaque point z
n
(si plusieurs
z
n
sont egaux, k dentre eux par exemple, il y a un zero dordre k en ce
point) et aucun autre zero dans C.
Demonstration. Le resultat decoule simplement de letude des pro-
duits innis. Si on pose A
n
(z) = f
pn
(z) 1 on a alors daprès le lemme
precedent :
A
n
_
z
z
n
_
z
z
n
pn+1
=
_
r
r
n
_
pn+1
dès que r
n
r, ce qui se produit pour tout n en dehors dun ensemble
ni. De la convergence uniforme sur tout compact de la serie
+
n=1
A
n
_
z
z
n
_
,
on deduit la convergence uniforme sur tout compact du produit
+
n=1
_
1 + A
n
_
z
z
n
__
=
+
n=1
f
pn
_
z
z
n
_
Theorème 13.3. Soit h une fonction entière telle que h(0) ,= 0.
Notons z
1
, z
2
, les zeros de la fonction h (ecrits plusieurs fois quand
64 R. ROLLAND
les zeros sont multiples). Alors il existe une fonction entière g et une
suite p
n
dentiers 0 de telle sorte que :
h(z) = e
g(z)
+
n=1
f
pn
_
z
z
n
_
.
Demonstration. Si on note comme dans le theorème precedent :
f(z) =
+
n=1
f
pn
_
z
z
n
_
,
alors
h(z)
f(z)
est une fonction entière qui na pas de zeros. On peut donc
ecrire (cf. le lemme 12.26) :
h(z)
f(z)
= e
g(z)
pour une certaine fonction entière g(z).
Le theorème precedent, qui a ete etabli pour des fonctions entières,
peut maintenant etre generalise à un ouvert U ,= C. En fait on va se placer
dans C ou encore de manière equivalente sur la sphère de Riemann S
2
.
Si U une fonction holomorphe sur U est une fonction holomorphe
sur U telle que : lim
zU,z
existe et est un element de C.
Theorème 13.4. Soit U un ouvert de S
2
tel que U ,= S
2
. Soit A
une partie de U qui na pas de point daccumulation dans U.
`
A tout point
a A associons un nombre entier > 0 note n
a
. Il existe une fonction
holomorphe f sur U dont les zeros a sont les points de A avec n
a
comme
ordre de multiplicite du zero a.
Demonstration. Quitte à faire une transformation homographique on
peut supposer que U et / A. Alors K = S
2
U est un sous-espace
compact non vide du plan complexe. On notera z
0
un point de K.
(1) Si A est ni alors il sut de prendre pour f une fraction rationnelle :
(z a
1
)
ma
1
(z a
2
)
ma
2
(z a
n
)
man
(z z
0
)
ma
1
+ma
2
++man
.
(2) Sinon, A est denombrable (sinon il aurait un point daccumulation
dans U). On peut ecrire à partir de A une suite a
1
, , a
n
, dans
laquelle chaque element de A est ecrit n
a
fois. Pour tout n, soit b
n
K
tel que [b
n
a
n
[ = d(a
n
, K)[ (un tel b
n
existe puisque K est compact).
Alors comme A na pas de point daccumulation dans U on peut dire
que lim
n+
[b
n
a
n
[ = 0. Soit C un compact de U. La distance de C
à K est r > 0. En particulier pour tout point z de K et pour tout n on
a [z b
n
[ r. En consequence, il existe un entier k tel que pour tout
n k et tout z C on ait :
b
n
a
n
z b
n
1
2
.
La fonction :
f(z) =
+
n=1
f
n
_
a
n
b
n
z b
n
_
o` u :
f
n
(z) = (1 z)e
z+
z
2
2
++
z
n
n
,
convient.
14. Le theorème de Mittag-Leer
Ce theorème se preoccupe de construire des fonctions meromorphes
dont on xe les zeros et les poles. Autrement dit on generalise les resultats
du paragraphe precedent concernant les fonctions holomorphes et leurs
zeros aux fonctions meromorphes et à leurs zeros et leurs poles.
`
A vrai
dire on va se preocuper de construire des fonctions dont on donne non
seulement les poles, mais toutes les parties singulières.
Theorème 14.1. Soit (b
n
)
n
une suite de nombres complexes telle
que lim
n
[b
n
[ = . On se xe par ailleurs pour chaque n un polynome
P
n
sans terme constant. Alors, il existe des fonctions meromorphes dans
C, ayant des poles aux points b
n
avec comme partie singulière P
n
(1/(z
b
n
)) en chaque pole b
n
. La fonction la plus generale realisant ces condi-
tions peut etre ecrite sous la forme :
f(z) =
n1
_
P
n
_
1
z b
n
_
p
n
(z)
_
+ g(z),
66 R. ROLLAND
o` u les p
n
(z) sont des polynomes bien choisis an dassurer la convergence
de la serie, et o` u g(z) est une fonction entière.
Demonstration.
Les polynomes p
n
(z). La fonction P
n
(1/(zb
n
)) est holomorphe
pour [z[ < [b
n
[. Considerons son developpement de Taylor en 0, et
prenons pour p
n
(z) ce developpement de Taylor à lordre r
n
. Soit
B
n
la boule fermee de centre 0 et de rayon
n
< [b
n
[ o` u les
n
sont
choisis de telle sorte que lim
n+
n
= + ce qui est possible en
vertu de lhypothèse sur le comportement à linni des b
n
. Posons :
M
n
= sup
zBn
P
n
_
1
z b
n
_
.
En raison du theorème de Cauchy et de la formule de Taylor on
obtient linegalite :
P
n
_
1
z b
n
_
p
n
(z)
M
n
_
[z[
n
_
rn+1
et donc :
n1
P
n
_
1
z b
n
_
p
n
(z)
n1
M
n
_
[z[
n
_
rn+1
.
Calcul preparatoire Choisissons maintenant la suite r
n
crois-
sante vers + et telle que r
n
> log(M
n
). En appliquant le critère
de Cauchy à la serie entière lacunaire
n1
M
n
_
[z[
n
_
rn+1
,
on voit que
lim
n
M
1
rn+1
n
n
= 0,
et donc cette dernière est convergente sur tout le plan complexe et
uniformement convergente sur tout compact.
Retour au problème. Soit maintenant R > 0. Il existe un en-
semble ni I dindices i pour lesquels [b
i
[ R. On choisit pour tout
n / I,
R <
n
< R +
1
2
([b
n
[ R).
On a donc aussi lim
n+
n
= +, ce qui nous permettra dutiliser
le calcul fait dans la partie preparatoire. Comme nous allons utidier
ce quil se passe sur le compact [z[ R, nous separons la somme à
etudier en deux morceaux : dune part la somme nie
f
1
(z) =
nI
_
P
n
_
1
z b
n
_
p
n
(z)
_
+ g(z),
qui donne une fonction meromorphe sur le compact [z[ R dont
les poles sont les b
i
avec i I, et dont les arties principales en ces
points sont celles annoncees, dautre part la somme innie
f
1
(z) =
n/ I
_
P
n
_
1
z b
n
_
p
n
(z)
_
,
dont on a vu quelle convergeait uniformement sur le compact [z[
R vers une fonction holomorphe grace aux deux premières parties
de la demonstration (en eet sur ce compact on a pour tout n / I
les inegalites [z[ R <
n
). Il est facile à partir de là dobtenir le
theorème annonce puisque ce raisonnement peut etre fait pour tout
R > 0.
Index
algèbre des fonctions holomorphes, 14
analytique (fonction), 32
bord dun compact reticule, 18
bord dun rectangle, 18
Cauchy (conditions de), 11
Cauchy (formule de), 31
Cauchy (formule pour une derivee), 34
Cauchy (inegalite de), 36
Cauchy (inegalite pour les series de
Laurent), 46
Cauchy (theorème de), 24, 30
Cauchy (theorie de), 17
cercle unite, 17
chemin, 17
chemin (extremite dun), 17
chemin (integrale sur un), 19
chemin (origine dun), 17
68 R. ROLLAND
chemin (support dun), 17
chemin (système de), 20
chemin oppose, 18
chemins equivalents, 18
circulation, 19
compact reticule, 18, 20
compact reticule (bord dun), 18
complexe (derivee), 10
complexe (derivation), 10
conditions de Cauchy, 11
conforme (transformation), 13
connexe (simplement), 32
curviligne (integrale), 19
dAlembert (theorème de), 37
derivee complexe, 10
derivation complexe, 10
determination du logarithme, 16
determination principale du loga-
rithme, 17
dierentiable, 5
dierentielle, 5
dierentielle (forme), 9
entière (fonction), 10
exponentielle, 16
extremite dun chemin, 17
factorisation de Weierstrass (theorème
de), 62
fonction analytique, 32
fonction entière, 10
fonction harmonique, 13
fonction holomorphe, 10
fonction holomorphe (algèbre des), 14
forme dierentielle, 9
formule de Cauchy, 31
formule de Cauchy pour une derivee,
34
fraction rationnelle, 15
harmonique (fonction), 13
holomorphe (algèbre des fonctions), 14
holomorphe (fonction), 10
inegalite de Cauchy, 36
inegalite de Cauchy pour les series de
Laurent, 46
indice dun point, 26
integrale curviligne, 19
integrale sur un chemin, 19
jacobienne (matrice), 5
lacet, 17
Laurent (serie de), 41
Liouville (theorème de), 37
logarithme, 16
logarithme (determination du), 16
logarithme (determination principale
du), 17
matrice jacobienne, 5
maximum (principe du), 39
Mittag-Leer (theorème de), 65
Morera (theorème de), 36
moyenne (propriete de), 14, 39
ordre dun p ole, 45
origine dun chemin, 17
p ole, 45
p ole (ordre dun), 45
Picard (theorème de), 49
point regulier, 45
point singulier, 41
point singulier essentiel, 45
point singulier isole, 45
polynome, 15
principe du maximum, 39
principe du prolongement analytique,
39
prolongement analytique (principe
du), 39
propriete de moyenne, 14, 39
puissance, 17
residu, 49
residu (theorème des), 49
reticule (compact), 20
radical, 17
rectangle (bord dun) , 18
serie entière, 15
serie de Laurent, 41
simplement connexe, 32
support dun chemin, 17
système de chemins, 20
theorème de Cauchy, 30
theorème de Cauchy pour un rectangle,
24
theorème de dAlembert, 37
theorème de factorisation de Weiers-
trass, 62
theorème de Liouville, 37
theorème de Mittag-Leer, 65
theorème de Morera, 36
theorème de Picard, 49
theorème de Weierstrass, 48
theorème des residus, 49
theorie de Cauchy, 17
theorie de Weierstrass, 32
transformation conforme, 13
travail, 19
Weierstrass (theorème de factorisation
de), 62
Weierstrass (theorème de), 48
Weierstrass (theorie de), 32
3 Avril 2010
R. Rolland, Institut de Mathematiques de Luminy, Campus de Luminy, Case 907,
13288 MARSEILLE Cedex 9 E-mail : robert.rolland@acrypta.fr
Url : http://robert.rolland.acrypta.com/ http://www.acrypta.com/
http://galg.acrypta.com/

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ETUDE

EMENTAIRE DES FONCTIONS

(a) et est appelee la derivee complexe

FONCTIONS DUNE VARIABLE COMPLEXE 15

Theor`eme 6.10. Soient

= z = x + y [ < y < + 2 de largeur 2 alors e

. Le logarithme est donc bien deni de mani`ere

Ecrivons que f est holomorphe en z

par rapport au lacet est nul.

(a) de a dans lequel elle ne sannule pas et

`a la place de f(z), on peut supposer que

et diverge pour [z[ <

Etudions maintenant la deuxi`eme integrale :

) = 0. On peut appliquer le theor`eme de Cauchy `a f

(a) ,= 0, g(a) ,= 0, k(a) ,= 0. Dans ces

(z) au voisinage dun point a

R(x)dx est convergente, les deux limites

sur [0, /2] montre que sur cet in-

dx. Ici est un

OLES DES FONCTIONS HOLOMORPHES

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