HAUTE QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE

LES ENJEUX HQE

EN ILE-DE-FRANCE À L’HORIZON 2010

CE QU’IL FAUT RETENIR

Démonstration du potentiel d’économie dans le cas d’une généralisation de la démarche HQE pour tout bâti-
ment neuf ou réhabilité en 2010 :

✔ 30 % d’économie d’énergie dans le résidentiel et le tertiaire ✔ 16 % d’économie d’eau potable

✔ 40 % de l’objectif de réduction des gaz à effet de serre ✔ 40 000 emplois directs ou indirects générés.

L’
ARENE accompagne la Région Ile-
de-France, depuis quatre années,
dans la rénovation et la construc-
tion à Haute Qualité Environnementale
(HQE) d’une dizaine de lycées. Elle a sou-
haité connaître les impacts potentiels
d’une diffusion de cette démarche HQE à
l’ensemble des constructions neuves et
anciennes d’ici l’an 2010. L’étude vise
d’une part à mettre en valeur les possibles
gains environnementaux et économiques
dans une perspective de développement
durable, et d’autre part à évaluer les condi-
tions de la généralisation de la démarche.
LES 14 CIBLES
DE LA QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE DES BÂTIMENTS
Maîtriser les impacts
sur l’environnement extérieur
Eco - construction :
1 relation harmonieuse des bâtiments
avec leur environnement immédiat ;
2 choix intégré des produits et des
matériaux de construction ;
3 chantier à faibles nuisances ;
Eco - gestion :
4 gestion de l’énergie ;
5 gestion de l’eau ;
6 gestion des déchets d’activités ;
7 gestion de l’entretien et de la mainte-
nance ;
La contribution de la démarche HQE à la
mise en œuvre du développement durable
pour l’Ile-de-France s’apprécie notamment
au regard de la diminution des gaz à effet
de serre, à la préservation des ressources
naturelles et énergétiques mais aussi à la
prise en compte des impacts économiques
et sociologiques liés au développement
harmonieux et pérenne des territoires.
Deux scénarios étudiés
Pour cela, deux scénarios ont été élabo-
rés, l’un, volontariste, fixant le niveau de
Créer un environnement intérieur
satisfaisant
Confort :
8 confort hygrométrique ;
9 confort acoustique ;
10 confort visuel ;
11 confort olfactif ;
Santé :
12 conditions sanitaires des espaces ;
13 qualité de l’air ;
14 qualité de l’eau.
développement de la démarche à son
maximum (100% des opérations réalisées
d’ici à 2010, tant en construction neuve
qu’en réhabilitation), l’autre, au fil de
l’eau, compte tenu des engagements déjà
pris et de la sensibilité croissante des
acteurs avec pour hypothèses :
• 100% des lycées neufs et réhabilités d’ici
à 2006 ;
• à 80% des collèges et des piscines
70
couvertes, neufs ou réhabilités, et des
écoles primaires et maternelles neuves
d’ici 2010 ;
• à 40% des établissements sportifs et
20
des logements sociaux neufs et en réha-
bilitation ainsi que des écoles primaires
et maternelles en réhabilitation d’ici à
2010 ;
• à 15% pour les bureaux, les logements
3
individuels et collectifs privés, les éta-
blissements de santé et la restauration
collective, en neuf ou en réhabilitation
d’ici à 2010.
Rappelons que l’objectif de la démarche
HQE est d’améliorer la qualité de
construction et d’usage des bâtiments,
d’un point de vue environnemental,
mais sans négliger les aspects écono-
miques et sociaux.
14 thèmes environnementaux, encore
appelés cibles, regroupés autour de quatre
grands domaines d’intervention : éco-
construction, éco-gestion, confort et santé,
doivent être considérés.

Agence régionale de l'environnement et des nouvelles énergies Ile-de-France

 11 secteurs du bâtiment et 7 thèmes environnementaux, à la fois pour la construction neuve et pour la réhabilitation,
ont été retenus dans le cadre de l’étude :

Les 11 secteurs Les 7 thèmes Les aspects considérés

Habitat :
Consommation d’énergie (chauffage, eau chaude, éclairage,
1. Logements individuels Energie électricité spécifique),
2. Logements sociaux Contribution à la lutte contre l’effet de serre

3. Logements collectifs privés

Consommation d’eau potable,
Eau
Récupération des eaux pluviales
Tertiaire :
4. Bureaux Gestion et maintenance Coûts d'exploitation (entretien et maintenance) des bâtiments
5. Lycées
Déchets de chantier ;
6. Collèges Chantier Nuisances acoustiques dues au chantier ;
Accidents du travail
7. Ecoles primaires et maternelles
8. Santé Bruit, confort Confort acoustique
9. Gymnases
Matériaux Bois - matériau
10. Piscines couvertes
Bilan des coûts d’investissement HQE et des gains de fonctionnement
11. Restauration collective Coût global des opérations
sur la durée de vie des équipements

Au plan méthodologique, l’étude a, dans un
premier temps, calculé les consommations
en énergie, eau, et les coûts de maintenan-
ce par grands secteurs bâtis pour 1999 dans
la région Ile-de-France.
Les logements collectifs privés représentent
le premier secteur de dépense avec près de 25
milliards de F (3,81 milliards €), soit
11700 F (1 783,65 €) par logement et par an,
suivi du secteur des maisons individuelles.
Dans un second temps, des hypothèses de
travail ont été retenues concernant les
consommations et dépenses unitaires d’un
bâtiment type HQE par rapport à un bâti-
ment de référence classique.
Consommation d’eau et d’énergie par secteurs en 1999
Les exemples de réalisations HQE ont été,
jusqu’à présent, essentiellement soutenus
par le ministère de l’Equipement, du loge-
ment et des transports avec le Plan urba-
nisme construction et architecture (PUCA)
à travers des réalisations expérimentales
dans le logement social neuf, les Régions à
travers la construction ou rénovation de
lycées, et les partenaires Ville-Etat-Région
pour la construction de quelques nou-
veaux équipements publics (piscine,
médiathèque, sièges sociaux).
Puis pour chacun des secteurs et thèmes
étudiés, les économies possibles au titre
d'une opération HQE au-delà de la régle-
mentation ou de l'état de l'art ont été esti-
mées.
Par ailleurs, les scénarios du Commissariat
Général du Plan et de l’INSEE ont servi de
référence pour évaluer à l’horizon 2010
l’évolution du parc de logements neufs et
réhabilités, de bureaux neufs et anciens, le
taux de croissance économique, ainsi que
la répartition et l’évolution du prix des dif-
férentes sources d’énergie.
A partir de cette base de données, l’étude a
donc pu mettre en valeur, à titre explora-
toire, deux types de résultats :
• le coût total d’une opération HQE avec
le coût de la tonne de carbone évitée,
calculés pour chaque bâtiment type de
chacun des secteurs ;
• les impacts consolidés de la générali-
et
sation de la démarche HQE en Ile-de-
France en 2010 en termes d’économies
globales d’énergie, d’eau, de gestion des
chantiers, …

Les impacts de la HQE

pour la région Ile-de-France en 2010
selon le scénario volontariste

• 30% d’économie d’énergie dans le rési-

dentiel et le tertiaire ;
• 40% de l’objectif de réduction des émis-
sions nationales de gaz à effet de serre,
décliné au niveau régional, soit 1,6 mil-
lion de tonnes de carbone évité ;
• 16% d’économie d’eau potable pour les sec-
teurs étudiés (100 millions de m3 par an) ;
• un gain sur les coûts d’exploitation et de Bilan des dépenses régionales en 1999 par secteur
maintenance des bâtiments des 11 sec- en milliards de F (milliards d’€)
teurs étudiés de 1 500 F (228 €) par an et
par habitant, soit autant que le budget
annuel du Conseil régional Ile-de-France ;
• des économies sur la gestion des
déchets de chantier grâce au tri et à la
démolition sélective ;
• une utilisation plus importante des
matériaux recyclables et des matières
premières renouvelables tels que le bois ;
• une réduction des nuisances sonores
dans les logements avec 80 000 per-
sonnes en moins se plaignant du bruit ;
• une réduction des accidents du travail
sur les chantiers grâce à des démarches
qualité ;
• 40 000 emplois directs et indirects géné- Scénario Fil de l’eau : économies totales de fonctionnement en 2010
rés pour la construction et les équipe- en milliards de F (milliards d’€)
ments, le surcoût moyen de l’investis-
sement HQE étant de 320 F (49 €) par
m2 construit ou réhabilité ;
• une économie moyenne (nette d’amor-
tissement) de 15 à 30 F (2,3 à 4,6 €) par
an et par m2 construit ou réhabilité ;
• globalement, un gain net, actualisé à
5%, de 54 milliards de F (8,2 milliards
d'€) sur 15 ans pour un investissement
HQE pour la période 2001-2010 de 115
milliards de francs (17,5 milliards d'€).

Le scénario “fil de l’eau” permettrait d’at-

teindre seulement 10% de ce potentiel
d’économie. Les gains les plus impor-
tants en pourcentage sont à attendre
avec les établissements pédagogiques,
mais en volume l’habitat est le plus pro-
metteur sur les économies globales.
Globalement, les opérations HQE peu-
vent amener de 25 à 60% d’économie
d’énergie grâce à :
• des conceptions de bâtiments judi-
cieuses : orientation, forme, logements
Investissements et gains de la démarche HQE
traversants, architecture bioclimatique,
optimisation de l’éclairage naturel et des
parois vitrées, …
• des technologies de construction per-
formantes : vitrage faiblement émissif,
isolation renforcée des façades, volets
isolants, protections solaires, surventi-
lation de nuit, …
• l’utilisation des énergies renouvelables :
en milliards de F/an
bois, paille, chauffe eau solaire, géother-
mie, plancher solaire direct, …
• des équipements performants : chaudiè-
re à condensation ou à haut rendement,
petite cogénération, lampes basse con-
sommation, ballast électroniques, ther-
mostats et robinets thermostatiques,
équipements ménagers à basse consom-
mation électrique, moteurs à vitesse
variable, …
• des modes de gestion de l’énergie effi-
caces : comptage individuel, gestion
technique, …

Elles peuvent générer 25 à 30% d’éco-

nomie en eau potable grâce à :
• des actions de réduction des fuites :
comptage par section de réseau, sur-
veillance des fuites chez les particuliers,
• des actions sur les installations : contrat
d’entretien, installations de réduction de
pression, de mitigeurs, d’économiseur
d’eau sur les robinets, de chasses d’eau
double flux, équipements ménagers faible
débit, …
La récupération des eaux pluviales peut être
envisagée pour l’arrosage, le nettoyage des
parties communes voire l’alimentation des
chasses d’eau. Une économie de 10 à 20% sur
la maintenance et la gestion est possible par
une meilleure accessibilité aux installations et
aux services techniques, l’installation de sys-
tèmes de gestion technique, des conceptions
facilitant l’accès aux équipements, l’adaptabi-
lité du bâtiment aux changements d’usage, …
La mise en place des chantiers verts per-
met aussi de réduire les accidents du tra-
vail et de diminuer les nuisances liées au
bruit et le coût de la gestion des déchets
(par rapport à la réglementation 2002).
Au total, les gains d’exploitation ou
d’usage d’un bâtiment peuvent
atteindre 40 à 60 F (6,1 à 9,15 €) par m2
construit ou réhabilité et par an.
Cette économie représente par exemple
8 à 10% du coût d’un logement social
(loyer + charges) : la HQE peut offrir un
mois de loyer par an à ses occupants !
Le rôle clé des Collectivités Locales
dans la promotion de la HQE
• Information et sensibilisation
Les collectivités ont un rôle important à
jouer pour sensibiliser les professionnels
et les usagers aux enjeux économiques
et environnementaux de la démarche
HQE en termes de confort, de qualité et
d’économies. Elles doivent renforcer la
prise en compte du long terme dans les
choix d’investissement, en associant la
construction et la valeur d’usage du
bâtiment. La démarche HQE contribue
à l’émergence de comportements plus
responsables et à une prise de conscien-
ce environnementale auprès des occu-
pants : par exemple, dans les lycées
HQE, la dégradation s’est réduite,
l’échec scolaire a régressé et certains
projets de réhabilitation d’établissement
ont été l’occasion de mener des actions
d’éducation à l’environnement auprès
des élèves.
Parallèlement, les collectivités peuvent
CONTACTS
ARENE
Dominique Sellier, Chargé de mission HQE
94 bis, avenue de Suffren
75015 Paris
Tél. : 01 53 85 61 77
Fax : 01 53 85 61 69
http://www. areneidf.com
e-mail : d.sellier@areneidf.com
DIX RAISONS DE PROMOUVOIR LA DÉMARCHE HQE
1 Des économies pour les usagers et un meilleur confort (bruit, santé).
2 Un coût global qui se réduit pour une valeur d’usage des bâtiments qui augmente.
3 Des économies de ressources non renouvelables (énergies fossiles, eau, matières
premières, …).
4 Une activité économique nouvelle ou supplémentaire et donc des emplois.
5 Un accroissement de la qualification des entreprises par des effets de management
interne.
6 Une politique de redistribution sociale : la HQE dans les logements sociaux va amé-
liorer la qualité de vie et le confort des habitants les plus défavorisés sans aug-
mentation de loyer.
7 La contribution à la lutte contre l’effet de serre : de 2,7 à 5,3 kg de carbone par m2
neuf ou réhabilité.
8 Dans les établissements scolaires, une occasion unique d’éducation à l’environne-
ment, notamment pour des projets de réhabilitation HQE.
9 Un partenariat accru entre la ville et les professionnels du bâtiment.
10 Une intégration des politiques de la ville et environnementales dans le cadre de la
réhabilitation de quartiers ou de projets de renouvellement urbain.
contribuer utilement à la diffusion de ments, la gestion des ressources et des
nombreuses “technologies HQE”. nuisances, l’affectation des sols et de
l’espace, la qualité du bâti, … La
• Verdissement des administrations démarche HQE ne peut qu’enrichir
Les collectivités, en tant que maîtres cette réflexion avec l’apport de
d’ouvrage, et gestionnaires d’impor- méthodes et d’expériences concrètes en
tants patrimoines bâtis, doivent servir matière de partenariat multi-acteurs, de
d’exemples et initier des opérations à raisonnement en coût global, etc.
caractère pilote. Les bâtiments devraient
être construits ou réhabilités selon une • La réhabilitation
démarche HQE. Elle représente 80% des économies
potentielles au titre de la HQE : l’opéra-
• L’aménagement tion programmée d’amélioration de
Les collectivités ont un rôle d’aménage- l’habitat (OPAH) est un outil performant
ment et d’organisation des espaces sur à disposition des collectivités locales
leur territoire. A travers, le Plan local pour la rénovation des immeubles pri-
d’urbanisme (PLU), les communes peu- vés et lutter contre la vacance en centre
vent inclure des prescriptions ou des ville. Une “OPAH HQE” dont le surcoût
recommandations qui peuvent favoriser serait pris en charge à 80% par les orga-
la réalisation de bâtiments à forte valeur nismes publics ne ferait monter l’aide
ajoutée environnementale. Il en est de qu’à 38% de l’investissement contre
même dans les projets de zone d’amé- 25% habituellement. Une telle OPAH
nagement concertée (ZAC). apporterait une économie brute annuel-
le de 49 F (7,47 €) par m2, soit plus de
• Le projet urbain 3 000 F (457 €) par an et par logement
La démarche HQE est indissociable de avec un surcoût d’investissement estimé
la politique de renouvellement urbain : à 30 000 F (4 573 €) par logement.
celle-ci comprend une réflexion globale L’aide éventuelle de la collectivité trouve
sur la mixité des activités urbaines, la pleinement sa justification dans cette
polarité des territoires, les déplace- forme de redistribution sociale.
SOURCE
Association HQE “Les enjeux de la démarche HQE en Ile-de-
France à l’horizon 2010”, étude réalisée
3, villa d’Orléans pour l’ARENE Ile-de-France (avril 2001)
75014 Paris par Philippe Outrequin,
Tél. : 01 40 47 02 82 La Calade, avenue de Pierrefeu,
Fax : 01 40 47 04 88 06 560 Valbonne Sophia Antipolis,
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