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INTRODUCTION :
L’étude des facteurs quantitatifs semble être le meilleur indicateur selon Rostow pour analyser les performances
économiques d’un pays .
1 – DEFINITION
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• la croissance se réfère à un indicateur quantitatif (principalement le PIB).
• la croissance n’est pas homothétique, c’est-à-dire qu’elle engendre des
transformations structurelles ( l’évolution des structures de consommation ,
des secteurs de production, etc.).
L’indicateur quantitatif qui a été retenu pour étudier la croissance est soit le PIB soit le RNB
(qui a remplacé le PNB dans le nouveau système de comptabilité nationale)
D é f in it io n : Le PIB mesure la somme des valeurs ajoutées produites par les entreprises
implantées dans le pays (la richesse créée) Il faut ajouter à cette somme des valeurs ajoutées,
la TVA grevant les produits et les droits de douanes puisque ces données figurent dans la
valeur des utilisations finales correspondantes (consommation et exportations).
VAB = CA - CI + ∆ S
Le PNB mesure la valeur ajoutée réalisée par les entreprises ayant la nationalité du pays
étudié quelle que soit leur lieu d’implantation.
Re ma r q u e : Le PIB est donc basé sur un critère géographique (le territoire), le RNB sur un
critère de nationalité.
D é f in it io n : RNB = PIB - revenus versés par les entreprises étrangères implantées dans le
pays à l’extérieur + revenus reçus des entreprises ayant la nationalité implantées à l’étranger.
Re ma r q u e s : Pour pouvoir comparer la valeur du P.I.B. d'une année sur l'autre et voir si elle
augmente, il est nécessaire d'enlever les effets de l'inflation sur la mesure du P.I.B., c'est-à-dire
de le calculer à prix constants. En effet, comme le P.I.B. est calculé en utilisant les prix des
produits, si ce prix augmente, on peut croire que le P.I.B. augmente alors que ce n'est pas vrai
réellement. Le plus souvent, la croissance économique est donc mesurée par le taux de
croissance annuel du P.I.B. réel (c'est-à-dire corrigé de l'inflation).
• les sociétés traditionnelles (dites aussi pré-capitalistes ou pré-industrielles) étaient des sociétés statiques
qui ne généraient pas de croissance auto-entretenue. On constate (dans le tableau ci-dessous) qu’entre l’an
0 et l’an 1000 le PIB mondial a stagné passant de 102 à 116.8 milliards de dollars de 1990. et qu’entre
l’an 1000 et 1820 le PIB mondial est passé de 116.8 à 694.4 milliards de dollars c'est-à-dire une
multiplication par 6 en 820 ans qui correspond à un TCAM de 0.22% seulement .
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Niveau et taux de croissance du PIB (en milliards de dollars internationaux 1990 et en %)
• Les sociétés industrielles se sont par contre avérées capables d’assurer une croissance de leurs richesses
très importante . Ainsi dans le long terme , le PIB du groupe A qui correspond aux pays développés a été
multiplié entre 1820 et 2000 par 42.5 ce qui correspond à un taux de croissance annuel moyen de 2.1 %
soit un TCAM 10 fois plus élevé qu’il ne l’était entre l’ann 1000 et 1820. Le TCAM de la France a été
supérieur à 2 % entre 1870 et 1990 . On constate dans le graphique ci-dessous que la croissance s’est
accélérée depuis 1945 : lindice du PIB n’a été multiplié que par 5 entre 1820 et 1950, il a été multiplié par
7 entre 1950 et 2000
Le PIB et le PIB par habitant en volume depuis 1820 (indice 100 en 1820)
Indice du PIB par habitant - indice 100 pour la zone développée : États-Unis et Allemagne France et Royaume-
Uni
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o En 1820 les écarts entre le centre qui commençait son développement et les pays qui stagnaient dans le sous
développement étaient relativement faibles : le PIB/ hab de la périphérie européenne n’était inférieur que de 18 % ,
l’Afrique avait un PIB /Hab un peu moins de tois fois plus faible. Durant le vingtième siècle les écarts se sont
considérablement accrus : le PIB/hab de l’Afrique est en 1989 est 8.5 fois plus faible.
o Mais comme le montre le tableau ci-dessous , cela ne signifie pas que les PVD (ou PED) se soient appauvries entre 1820
et 2000, cela signifie seulement que leur PIB a augmenté moins vite, alors que leur population connaissait la première
phase de sa transition démographique.
Définition : Une croissance extensive est une croissance qui résulte du seul accroissement
quantitatif des facteurs de production. On produit 2 fois plus car on utilise deux fois plus de
facteurs de production (main d’œuvre et capital). Cette croissance se produit donc sans gains
de productivité. Dès lors, elle bute inéluctablement sur des goulots d’étranglement, comme
ceux que connaissaient les sociétés traditionnelles.
A priori on pourrait considérer que la croissance économique est d’autant plus forte que l’utilisation des facteurs de production est
importante :
o Les ressources naturelles peuvent contribuer à la croissance d’un pays grâce à l’utilisation des terres cultivables, les
ressources piscicoles (la pêche), la sylviculture (exploitation des forêts) , l’extraction des minerais ou les forages
pétroliers et gaziers . Des pays riches peu peuplés comme le Canada , l’Australie ont basé leur croissance économique sur
leurs dotations en ressources naturelles . Mais les ressources naturelles s’épuisent progressivement au fur et à mesure
qu’on les utilise ( ex :pétrole ) et ne permettent donc pas d’assurer un développement durable ( voir plus loin dans le
chapitre et thèmes de cours)
o L’accumulation des facteurs de production : capital et/ou travail peut assurer une croissance économique soit par
l’augmentation de la population active employée qui dépend dans le long terme de la croissance démographique , soit par
l’accroissement du stock de capital qui lui,provient de l’investissement . Mais , ce type de croissance ne permet pas
d’assurer une augmentation durable de la production en raison des rendements décroissants .
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2 – LE ROLE DE LA PRODUCTIVITE ET DU PROGRES TECHNIQUE : VERS LA
CROISSANCE INTENSIVE
La fin des paysans s’explique en particulier par ... ... la croissance des rendements agricoles
On constate dans le graphique ci-dessus que le rendement par hectare de blé a fortement progressé entre 1950 et 1999, passant de
20q/ha à 70 . Cela a entraîné une forte diminution du nombre d’exploitations agricoles qui est passé de plus de 5 millions en 1892
à moins de 800 000 en 1997 . Cette forte augmentation du rendement s’explique par 2 facteurs complémentaires :
o Une forte augmentation de la taille des exploitations : le nombre d’exploitations de plus de 50 ha est passé de 80 000 à
200 000 en 1997
o Ce qui a permis de restructurer les exploitations ( augmentation de la taille des champs ), de mécaniser la production et
d’introduire des innovations
On constate ainsi , selon D.Clerc : « il faut environ 50 fois moins de temps pour produire 1 kg de blé et chaque heure de travail
utilisée en France produit , en moyenne , 7 fois plus de richesses qu’il y a un siècle » . Cette amélioration des gains de productivité
s’explique par :
o La mise en œuvre de nouvelles formes d’organisation du travail : division du travail smithienne , taylorisme et fordisme (
cf chapitre 2 )
o Une amélioration de la qualité du travail due à l’augmentation du niveau de qualification de la population : on parlera
alors de capital humain ( chapitre 1 )
o L’introduction d’innovations technologiques qui permettent de compenser les effets négatifs de la loi des rendements
décroissants et qui se généralise à l’ensemble de l’économie par le biais des externalités ( théorie de la croissance
endogène ) ( chapitre 1 )
o Une augmentation de la taille du marché déjà mise en évidence par Smith au XVIII° siècle qui permet de bénéficier
d’économies d’échelle
o Les économistes aussi bien marxistes que libéraux ont longtemps développé des théories matérialistes qui postulaient que
les conditions financières , les innovations jouaient un rôle déterminant et que les conditions culturelles ( la
superstructure au sens marxiste ) étaient une variable déterminée . Mais l’analyse développée par Weber dès la fin du
XIX°siècle a démontré l’importance des valeurs et n particulier le rôle qu’a joué la rationalisation dans l’apparition du
capitalisme et de la croissance .
o Les économistes libéraux ont cherché à limiter l’intervention de l’Etat considérée comme un élément perturbateur
entravant l’autorité du marché .Mais du fait de « la faiblesse de l’Etat , des inégalités , des conflits ethniques ou religieux
, l’insécurité des personnes et des biens découragent l’investissement , en particulier extérieur dans de nombreux pays . A
l’évidence , il faut un cadre stable , prévisible et favorable aux échanges . » selon A.Parienty .
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C - LA CROISSANCE ENGENDRE DES TRANSFORMATIONS STRUCTURELLES
Si l’on peut mesurer la croissance économique grâce à un indicateur synthétique tel que le PIB :
• celui-ci ne rend compte cependant que d’un aspect de la croissance : l’accroissement des quantités
produites.
• Or dans le processus de croissance, bien des transformations s’ opèrent.
• Ainsi les 30 Glorieuses furent, selon J.Fourastié, l’âge de toutes les ruptures.
un constat : Depuis 2 siècles , la répartition sectorielle du PIB comme celle de la population active ont fortement évolué :
- la part dans le PIB et dans la population active de l’agriculture n’a cessé de diminuer
- au profit, dans un premier temps, de l’industrie,
- puis dans un second temps, c’est le secteur tertiaire qui connaît le développement le plus rapide.
J.Fourastié a construit une théorie qui reprend la typologie sectorielle établie par C. Clark en insistant,
comme critère de différenciation sur les rythmes différents de progrès technique et de productivité :
• le secteur primaire (rassemble l’ensemble des activités productrices de matières
premières issues de la nature : agriculture et mines) se caractériserait par un progrès
technique et des gains de productivité intermédiaires .
• le secteur secondaire (correspond à la transformation continue sur une grand échelle
de matières premières en produits transportables : principalement le secteur
industriel) se caractérise par un progrès technique et des gains de productivité très
élevés
• le secteur tertiaire ( rassemble les services , c’est-à-dire les biens immatériels
produits dans divers types d’activité :marchandes ( commerce , transport , ... ) ou
non marchandes ( éducation , santé ) ) se caractérise par un progrès technique et
des gains de productivité faibles : pour produire plus , il faut faire appel à davantage
de main-d’œuvre ( croissance de type plutôt extensive ) .
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• les biens inférieurs ou de première nécessité : la part des dépenses consacrées à
l’entretien physique ( la nourriture) est d’autant plus forte que le revenu est faible
. Quand le revenu s’accroît, le coefficient budgétaire de l’alimentation diminue :
l’élasticité-revenu de l’alimentation est donc inférieure à 1 .
• les biens dits normaux : la part des dépenses consacrée aux vêtements, à
l’habitation, au chauffage et à l’éclairage est invariable , quel que soit le revenu . Le
coefficient budgétaire de ces biens est donc constant, l’élasticité-revenu est égale à
1
• les biens supérieurs ou superflus : la part des dépenses consacrées à l’éducation , la
santé , les loisirs s’accroît avec le revenu : le coefficient budgétaire s’élève avec le
revenu , l’élasticité -revenu est supérieure à 1 .
Rappel du cours de seconde : l ‘élasticité revenu d’un poste de consommation (par exemple
l’alimentation) mesure la sensibilité des dépenses alimentaires à une variation du revenu :
Conclusion : La croissance économique , par l’augmentation du revenu qu’elle va engendrer , va donc déterminer :
- un bouleversement de la structure de consommation des ménages ( 8 p 15 ).
- On observe alors, non seulement une élévation du niveau de vie mais aussi une transformation du mode de vie .
Le pouvoir d’achat des ouvriers est multiplié par 4 pour une durée du travail deux fois moins longue
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Qui autorise un équipement croissant des ménages
Remarque : Néanmoins, cela ne signifie pas que les disparités de consommation aient totalement disparu .Des individus ayant des
niveaux de vie comparables peuvent avoir des structures de consommation très différentes (1 p 16 : dernier paragraphe).
D é f in it io n : En effet, le mode de vie qui désigne les façons de vivre , de se nourrir , de se vêtir
, d’utiliser son temps , ses loisirs ne dépend pas seulement du revenu ( variable quantitative ) ;
il est fonction aussi de variables qualitatives telle l’appartenance sociale ( le niveau
d’éducation, la catégorie sociale d’appartenance , etc. .)
Remarque : En un certain sens, on pourrait dire que mode et niveau de vie peuvent être contradictoires ; l’individu pouvant se
trouver confronter à un dilemme ou un choix :
- soit travailler plus pour pouvoir consommer et élever son niveau de vie ;
- soit travailler moins, réduire dès lors son niveau de vie mais améliorer subjectivement son mode de vie en prenant
davantage de loisirs.
Conclusion : Selon Fourastié, cet arbitrage n’a pas réellement eu lieu depuis deux siècles grâce à la forte croissance économique
- le volume physique des biens produits a été multiplié par 60, ce qui a permis d’opérer un « changement radical du
niveau de consommation qui a donné à l’ouvrier professionnel le pouvoir d’achat qu’avait en 1830 le conseiller d’Etat
- Cela a pu se faire avec une durée de travail par individu fortement réduite ! C’est en travaillant 300 jours par an et 12
heures par jour en moyenne, de sa huitième année à sa mort , que l’ouvrier avait en 1830 un niveau de vie de 38 ( base
100 en 1938 ) ; c’est en travaillant 237 jours et 8 heures par jour de 16 ans à 60 ou 65 ans que l’ouvrier d’aujourd’hui
( en 1975 ) a un niveau de vie de 315 . »
II- DEFINITION ET ANALYSE DU CHANGEMENT SOCIAL
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Erreur à éviter pour définir le changement social : assimiler le changement social à un événement
social :
• c’est à dire une élection, une grève , par exemple. Chacun de ces événements sociaux est un point d’orgue
dans la vie d’une communauté, d’une entreprise.
• Mais cet événement peut, ou bien n’avoir aucun effet sur la vie de celles ci (remplacement d’un personnel
politique par un autre , statu quo des positions des parties en conflit, etc.) , ou bien être la source de
modifications lentes ou brutales d’une organisation par exemple ( modification des structures et des
rapports de pouvoir, etc.).
Après avoir défini le changement social, et surtout écarté ce qui n’en relève pas, le problème rencontré est celui de la démarche à
suivre pour appréhender le changement social. Guy Rocher propose de poser six questions majeures :
• Qu’est ce qui change? : considérant qu’une société ne change pas dans sa globalité, le sociologue isole les
secteurs en cours de transformation (culture, valeurs, etc.;).
• Comment s’opère le changement ? est il continu ou sporadique? Quelles résistances rencontre t’il? Avec
quelle intensité?
• Quel est le rythme du changement ? Est-il lent progressif ou brutal ?
• Quels sont les facteurs expliquant le changement ? Quelles sont les conditions favorables ou défavorables
au changement ?
• Quels sont les agents actifs du changement ? Quels sont les agents de résistance au changement ?
• Est-il possible de prévoir le cours futur des événements ?
CONCLUSION :
Ainsi les 3 premières questions s’attachent à décrire le changement tandis que les deux suivantes tentent de l’expliquer en
l’interprétant. Un certain nombre de facteurs de changement revient en permanence sous la plume des auteurs. Nous allons en
étudier certains rapidement tels que la démographie , le progrès technique pour nous intéresser plus particulièrement au rôle des
valeurs dans le changement social .
REMARQUE :
• Il est important de noter que comme l’indique R Boudon, la sociologie moderne tend à répudier l’idée
selon laquelle il existerait une cause dominante du changement social, elle tend même à reconnaître la
pluralité des types de changement
• .En cela elle s’oppose aux grandes théories construites au 19 ème siècle , telles celle de Marx qui sont des
théories dites monistes car elles accordent à un facteur (le matérialisme historique chez Marx) un rôle
déterminant . Il ne faut pas oublier non plus que le changement social ne se fait jamais sans conflit (cf
chapitre conflits sociaux).
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1 - LE FACTEUR DEMOGRAPHIQUE.
Comme l’indique G Rocher c’est Durkheim qui a le premier et le plus poussé en avant l’analyse du facteur démographique dans le
changement social. Nous verrons (chapitre changement social et solidarités ) que, pour Durkheim , le progrès de la division du
travail a entraîné une transformation radicale des sociétés ( passage de la solidarité mécanique à la solidarité organique). Or, ce
progrès de la division du travail, Durkheim l’attribue à l’accroissement démographique (qui est aussi à l’origine d’un
accroissement de la densité morale de la population).
b -L’ANALYSE DE D RIESSMAN :
Le facteur démographique est aussi le fondement de la division des 3 types de société chez David Riessman:
• A la première phase de stabilité démographique correspond la société de subsistance ou prévaut une
conformité conventionnelle appelée détermination traditionnelle (importance de la famille et faiblesse du
changement).
• Dans la phase de croissance démographique transitoire, le caractère des individus est intro-déterminé ,
c’est à dire que la source de détermination est intérieure en ce sens qu’elle est inculquée très tôt par les
aînés et orientée vers des buts généraux mais néanmoins inévitables (il s’agit de modeler le comportement
de l’individu pour la vie entière). La transmission d’une morale et de guide de comportement précis régit
donc toute la vie.
• Dans la dernière période qui est celle du déclin démographique, les individus sont extro-déterminés : leur
attitude est orientée par leurs contemporains, les individus se conduisent en fonction des attentes émanant
du ou des groupes auxquels ils appartiennent.. Cette influence leur est inculquée dés l’enfance. L’extro-
déterminé désire être plus aimé qu’estimé. D’où une stricte conformité de comportement pour garder le
contact avec les autres.
Le progrès technique est considéré, en particulier depuis le 19 ème siècle, comme un facteur déterminant du changement social :
• il suffit de prendre pour exemple le déterminisme matérialiste cher à Marx (cf chapitre conflits sociaux)
qui fait dépendre les rapports sociaux de l’évolution des forces productives (cf la célèbre phrase : « le
moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain, le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme
industriel »).
• Plus proche de nous , L Mumford a défini le concept de complexe technologique par quoi il entend qu’à
chaque période de l’histoire de la technologie correspond un type de société et plus largement une véritable
civilisation: « chaque phase à son origine dans certaines régions définies et tend à employer certaines
ressources et matières premières spéciales. (...). Chacune fait apparaître des types particuliers d’ouvriers,
les éduque suivant des méthodes particulières, développe certaines aptitudes et en décourage d’autres,
supprime ou continue certains aspects de l’héritage social ».
J.A.Schumpeter ( cf chapitre investissement et progrès technique ) insiste , quant à lui , sur le rôle des innovations et de
l’entrepreneur dans le processus de croissance et de développement .Il n’en reste pas moins que toutes les théories accordant au
progrès technique un rôle central ont une faiblesse majeure : comment expliquer son apparition , il faut alors ternir compte du
contexte socioculturel (22 à 25 p 26-28)
L’assimilation entre croissance et développement qui a souvent été faite par de nombreux
auteurs, en particulier Rostow est très critiquable .
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En effet, comme l’indique F.Perroux, « l’économiste à qui on demande qu’est ce que le
développement doit à mon sens répondre : le développement est la combinaison de
changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître
cumulativement et réellement son produit réel global. »
Mais cette définition doit être complétée : A ma r t ya Se n propose une autre définition dans
laquelle le développement est le « processus d’expansion des libertés réelles dont jouissent
les individus. Il ne fait aucun doute que la croissance du PNB ou des revenus revêtent une
grande importance en tant que moyen d’étendre les libertés dont jouissent les membres d’une
société. Mais d’autres facteurs déterminent ces libertés : les dispositions économiques ou
sociales, par exemple (il peut s’agir de tous les moyens qui facilitent l’accès à l’éducation ou à
la santé) et, tout autant, les libertés politiques et civiques. »
Ainsi, comme le constate P.Hugon : « le développement économique peut être défini comme :
• un processus endogène et cumulatif de long terme de progrès de la
productivité et de réduction des inégalités permettant à un nombre croissant
de passer d’une situation de précarité, de vulnérabilité et d’insécurité
• à une situation de plus grande maîtrise de l’incertitude et des instabilités, de
satisfaction de besoins fondamentaux et d’expression des capacités
• grâce à l’acquisition de droits, à la mise en œuvre d’organisations et
d’institutions et de modes de régulation permettant de piloter des systèmes
complexes et de préserver les choix des générations futures. »
Cette notion est, en particulier , mise en exergue dans le rapport Bruntland de 1987 qui
indique que :
« le dé ve lo p p e me n t d u r a b le ou so u te na b le est un développement qui répond aux besoins
du présent sans compromettre les générations futures de répondre aux leurs » (13 p 22et 19-20
p 48-49).
Il vise donc à :
• assurer les besoins essentiels des plus démunis d’aujourd’hui auxquels il
convient d’assurer la priorité
• et à limiter les répercussions sur l’environnement de la croissance actuelle
afin de répondre aux besoins actuels et à venir.
Ainsi, le rapport constate la nécessité de la croissance, mais il distingue deux cas :
• les pays dans lesquels les besoins essentiels ne sont pas satisfaits
• les pays qui ont atteint un niveau de croissance et de développement suffisant et qui doivent donc
s’engager à respecter les principes de durabilité et de non exploitation d’autrui
Remarque : Du fait de son contexte historique et politique international, le développement durable est un compromis entre trois
contradictions fondamentales :
• compromis entre les intérêts des générations actuelles et celui des générations futures, dans le contexte de l’équité
intergénérationnelle
• compromis Nord/Sud entre les pays industrialisés et les pays en développement
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• compromis entre les besoins des êtres humains et la préservation des écosystèmes (les habitats et les espèces).
Ce dernier problème renvoie à l’opposition entre durabilité forte ou faible :
• Selon la conception de la durabilité faible, on n’accorde aux biens naturels que la valeur des services qu’ils rendent, et
non une valeur d’existence. Il conviendrait donc seulement de remplacer le capital naturel consommé par des éléments
« fabriqués ». La question est de savoir jusqu’à quel point on peut substituer des éléments de patrimoine économique,
financier, technologique ou de capacité aux ressources et aux équlibres naturels.
• Les tenants de la durabilité forte considèrent que certaines transformations globales peuvent conduire à des
irréversibilités graves, du fait que le système naturel est instable. C’est pourquoi l’on doit préserver a priori certains
équilibres, au nom du principe de précaution, y compris pour des raisons utilitaristes à long terme. Ce clivage recouvre en
partie l’opposition entre une vision du monde anthropocentrique et utilitariste et une vision plus éco-centrée.
Solution :. C’est ce défi qu’a essayé de relever le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) qui a construit 2
nouveaux indicateurs : l’Indicateur de Développement Humain ( IDH ) et l’ Indicateur de Pauvreté Humaine ( IPH ) .
1 ) DEFINITIONS
Il veut être la mesure du développement humain entendu au sens où les besoins fondamentaux
sont couverts . L’IDH se calcule à partir de la combinaison de 4 critères :
C o n clu s io n : « L’ IDH résulte de leur combinaison puisque c’est la somme pondérée selon les
coefficients fixés par le PNUD des 4 valeurs . Les indicateurs PIB réel par habitant ajusté et
espérance de vie à la naissance pèse chacun pour un tiers dans l’IDH, le taux d’alphabétisation
des adultes et la moyenne des années d’études respectivement pour 2/9 et 1/9 . »
L’indicateur de pauvreté humaine mesure le dénuement au niveau des quatre grands aspects
de la vie humaine :
• la capacité de vivre longtemps et en bonne santémesurée par le pourcentage
de personnes risquant de décéder avant un âge fixé
• le savoir mesuré par le pourcentage d’adultes analphabètes
• les moyens économiques mesurés par L’absence d’accès à des conditions de
vie décentes qui se décompose en 3 variables :
- pourcentage d’individus privés d’eau potable
- pourcentage d’individus privés d’accès aux services de santé
- pourcentage d ’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition
• La participation à la vie sociale
Ces éléments sont les mêmes pour tous les pays qu’ils soient industrialisés ou en
développement. Seuls les critères les mesurant varient, pour tenir compte des différences
dans les réalités de ces pays . On calcule alors un IPH1(pour les PVD) et un IPH2 (pour les
pays industrialisés) (cf. tableau ci dessous)
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Re ma r q u e : Cet indicateur a l’avantage de révéler mieux que l’IDH la capacité redistributive
des pays .
Introduits dans l’édition 1995 du rapport mondial sur le développement humain l’ISDH et L’IPF
sont des indicateurs composites qui reflètent les inégalités entre les hommes et les femmes en
terme de développement.
• Tandis que l’ISDH évalue les avancées du développement humain de base
corrigées des inégalités entre hommes et femmes,
• l’IPF mesure les inégalités entre hommes et femmes sur le plan des
opprtunités économiques et politiques.
CONCLUSION : cf annexe 2
a - l’intérêt de l’IDH
Apports de l’IDH : Il permet de :
• dépasser la simple comptabilisation quantitative du PIB et il mesure donc mieux le niveau de
développement atteint par un pays .
• Il établit donc une hiérarchie des pays différente de celle du PIB . Pour l’année 92 , le Canada occupe la
11° place au classement du PNB/habitant , mais la 1° à celui de l’IDH . Au contraire , la Guinée occupe le
139° rang pour le PNB/habitant , et le 173° rang pour l’IDH . De même , la hiérarchie des pays suivant le
PIB réel par habitant et celle de l’IPH ne se recoupent pas . Les profils de la Suède et des Etats Unis sont
ainsi très différents selon B.Stern .
• En effet , la forte augmentation de la richesse générée par la croissance économique va permettre aux pays
ayant connu un décollage économique de prendre en charge les dépenses d’infrastructure ( d’éducation , de
santé ) qui permettront d’assurer le bien-être de la population . Ainsi, on constate que les pays de l’OCDE
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qui sont les pays les plus riches sont aussi les pays les plus développés et qu’au contraire les pays n’ayant
pas connu de croissance économique sont sous développés (13 p 18)
• Il est donc nécessaire de rechercher en priorité les mécanismes assurant le décollage économique, de les
mettre en œuvre. Par la suite quasiment inéluctablement le développement apparaîtra.
Conclusion : Il faut alors se poser la question : les pays développés à économie de marché (PDEM) ne doivent-ils pas servir de
modèle à l’ensemble des pays en développement ?
L’IDH donne un classement des États différent de celui qui est établi à partir du PIB par habitant mais il y a un rapport évident
entre le « développement humain et le PIB par habitant.
Remarque : L’axe des ordonnées mesure l’IDH*. L’* signifie que la mesure de l’IDH est corrigée en éliminant le PIB par habitant
de sa définition. Ainsi la corrélation décrite ici concerne le PIB par habitant et les autres composantes du développement humain
(éducation, santé).
Constat : Par opposition aux nôtres, les sociétés traditionnelles ne reconnaissent pas l’individu ; elles valorisent selon L.Dumont
« l’ordre, donc la conformité de chaque élément à son rôle dans l’ensemble, en un mot la société comme un tout. »
Conséquences : L’individu est, dès lors subordonné à la communauté à laquelle il appartient, qui certes le protége mais en
même temps l’étouffe puisque, elle lui interdit tout projet d’avenir qui ne correspond pas aux besoins de la communauté.
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2 – DANS LESQUELLES LA MOBILITE SOCIALE EST TRES REDUITE…
Constat : Dans les sociétés traditionnelles, le statut social de l’individu est hérité , il lui est assigné par la société en fonction de
l’appartenance sociale de ses parents .
Exemples : On peut citer ainsi la société d’ordres d’Ancien Régime française ou la société à castes de l’Inde (cf. première) qui
rendent tout projet d’élévation individuelle difficile , voire impossible en Inde
Constat :Comme l’indique E.Le Roy Ladurie : « Les sociétés traditionnelles sont des sociétés à histoire immobile . » , c’est-à-
dire ce sont des sociétés qui valorisent la perpétuation d’un ordre établi et qui considèrent que toute transformation , par exemple
un progrès technique remettrait en cause leur équilibre et leur continuité .
Conséquences : Elles vont donc mettre en avant les valeurs héritées des anciens qui assurent la perpétuation d’un ordre social qui
semble immuable.
Constat : Asselain écrit : « L’accroissement du nombre conformément au schéma de Malthus finit par se heurter à une sorte de
butoir correspondant au maximum de subsistances disponibles, compte tenu de l’état des techniques agricoles. »
Explications : Le problème central est bien ici : les sociétés traditionnelles semblent incapables de générer du progrès technique.
Conséquences : Donc d’assurer une croissance économique et démographique forte et continue. Ceci semble résulter,
apparemment,essentiellemment de déterminants naturels .
Explications : Les deux dernières causes semblent résulter de déterminants naturels(exemple : la dépendance des récoltes aux
facteurs climatiques) contre lesquels l’homme ne peut lutter .
Critique des explications traditionnelles : Mais elles résultent en réalité de déterminants humains (si les sociétés sont aussi
dépendantes du climat c’est parce que les hommes n’ont pas su accumuler des stocks en cas de mauvaise récolte).
constat : Les fléaux de dieu ne permettent pas d’assurer une croissance démographique importante dans le long terme .
Explications : Chaque période de croissance est en effet remise en cause par une famine, une guerre ou une épidémie, qui
éliminent les individus les plus faibles et remettent en cause les avancées de la population de la période précédente. Comme
l’indique J.C.Asselain : « ce maximum (de population) demeure quasi invariable à travers les siècles, les mouvements à la hausse
et à la baisse représentent un caractère essentiellement cyclique, l’état final tend à reproduire l’état initial. »
CONCLUSION :
Constat : La structure sociale et économique des sociétés traditionnelles semble rendre impossible la libération de l’homme des
besoins fondamentaux.
Explications : Les philosophes des Lumières vont s’efforcer de démontrer que le responsable de cette situation est la société
féodale qui, en entravant l’action individuelle, donc les droits naturels de l’individu interdit toute croissance économique.
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Mesures préconisées : Il faut donc comme préalable à tout décollage économique remettre en cause l’échelle des valeurs imposée
par la société traditionnelle en offrant aux individus des possibilités différentes de celles qui se présentaient aux générations
précédentes
Conséquences attendues : il faut libérer l’individu de l’ordre social qui le contraint afin de le libérer du besoin .Dès lors , la
croissance économique deviendra une fin en soi .
Postulat de base : Selon les libéraux, l’homo oeconomicus, est une caractéristique naturelle, il existe
dans toutes les sociétés et à toutes les époques .
Contexte des sociétés traditionnelles : si l’homo oeconomicus paraît absent des sociétés
traditionnelles, c’est parce que celles-ci se sont efforcées en imposant des ordres, des statuts, des
corporations de contraindre l’individu qui est naturellement égoïste et rationnel à rechercher non pas
son intérêt individuel mais à se conformer aux besoins de la société.
Solutions préconisées par les libéraux : Il est donc urgent, pour les libéraux, d’abolir cet héritage
du vieux monde afin de laisser jouer les lois naturelles du marché. Le libre-accès au travail, l’institution
d’un libre marché du travail marquent l’avènement d’un monde social rationnel par la destruction de
l’ordre social arbitraire de l’ancienne société.
Rostow, dans une perspective libérale, va s’efforcer de montrer que la croissance économique nécessite
une rupture avec l’ordre ancien ; il va développer un schéma en 5 phases qui reprend celui suivi par
l’Angleterre depuis le 18° siècle.
Conséquences : les perspectives de croissance à long terme sont donc à peu près nulles .
Caractéristiques : Ce stade se caractérise par une série de révolutions qui vont rendre possible le
décollage qui suivra :
• une révolution agricole qui permet en augmentant la productivité de créer un surplus
agricole nécessaire pour nourrir une population croissante.
• une révolution démographique qui en assurant le passage de l’Ancien Régime
Démographique au Nouveau Régime Démographique libérera des ressources en
main-d’œuvre nécessaires aux secteurs en croissance.
• une révolution commerciale : favorisée par la révolution des transports qui rend
possible la création de marchés nationaux voire internationaux grâce à l’apparition
de nouveaux moyens de communication (chemins de fer, canaux, etc.).
16
• une révolution entrepreneuriale : qui se caractérise par l’apparition d’un nouveau
type d’homme animé de l’esprit d’entreprise, favorablement disposé à l’égard de la
nécessaire prise de risques.
• une révolution politique et sociale : qui permet l’édification d’Etats centralisés et
efficaces qui assurent, à terme, le passage à des sociétés démocratiques.
Conclusion : Tout ceci culminera dans une révolution industrielle, qui est fondamentale, car elle seule
est susceptible de générer un processus auto-entretenu de croissance durable.
Caractéristiques : C’est la période centrale du schéma de Rostow : période pendant laquelle on passe
des sociétés traditionnelles aux sociétés industrielles. 3 caractéristiques essentielles :
• phase de courte durée : deux à trois décennies : on retrouve ici l’idée de révolution
comme rupture brusque.
• forte augmentation du taux d’investissement qui passe de 5 à 10-15%
Constat : C’est une longue période de progrès pendant laquelle les innovations technologiques qui ont
permis le décollage se diffusent à l’ensemble de l’économie.
Conséquences : Une soixante d’années après le décollage, l’économie atteint le stade de la maturité,
elle se révèle alors capable d’engendrer de nouvelles activités qui remplaceront celles qui ont permis le
décollage.
Conséquence : Ce stade est atteint lorsque les semblent avoir libérer l’homme du besoin ; on se dirige
alors vers des sociétés postindustrielles.
CONCLUSION :
Magnard p 15
17
B-LE SCHEMA DE ROSTOW : UN MODELE DE DEVELOPPEMENT POUR LES
PVD .
Constat : Si l’on observe le chemin parcouru depuis 2 siècles par les pays industrialisés et si on le
compare à la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les PVD, on ne peut nier les aspects positifs
de la croissance et douter du caractère souhaitable de sa généralisation .
• Rostow écrit : « que le pays le plus développé industriellement ne fait que révéler
aux économies les moins développées l’image de leur propre futur. »
• En ce sens, les pays en développement ne sont pas différents des pays développés,
ils sont seulement en retard ( théorie dite du retard ) .
Mesures préconisées par Rostow : Les PVD, pour connaître une croissance et un développement
n’ont alors qu’à suivre un modèle de référence, considéré par Rostow comme la seule voie possible
( the one best way ) : c’est le modèle de l’Angleterre depuis le XVIII° siècle qui leur permettra de
connaître une croissance économique forte et durable qui engendrera un développement économique à
terme et rapprochera les PVD de la situation des PDEM aujourd’hui .
La thèse développée par F. Fukuyama dans la fin de l’histoire est la suivante : « la démocratie
libérale et l’économie de marché sont les seules solutions viables pour les sociétés modernes (…)
l’histoire a donc un sens elle progresse et elle culmine dans l’Etat libéral moderne. »
Justification de la thèse : Fukuyama distingue deux moteurs essentiels alimentant le processus
historique qui sont complémentaires :
- le premier est d’ordre économique : c’est la science qui permet à l’histoire d’avoir une
direction et de progresser. Les progrès scientifiques et technologiques en ouvrant des
perspectives de production infinies, engendrent un ordre économique. La modernisation
économique est un processus cohérent, toutes les sociétés, qu’elles que soient leur histoire et
leur culture, doivent en accepter le cadre de référence. Le marché est finalement le stimulant le
plus efficace du développement économique.
- le second est d’ordre politique : les individus ne recherchent pas que leur bien-être
matériel, ils veulent aussi que soient reconnus leur dignité et leur statut. La démocratie libérale
n’est alors qu’une série d’institutions mises en place afin de garantir les droits universels
reconnus aux hommes dans les constitutions des démocraties développées.
Fukuyama établit d’ailleurs une complémentarité entre les deux moteurs :
- le développement économique est le meilleur moyen de promouvoir la démocratie , il
en est un préalable comme l’avait montré il y a 40 ans S.M. Lipset . A Prezeworski vient
récemment de démontrer qu’au-dessus d’un PIB/habitant de 6000$/an il n’y a pas d’exemple
de pays qui soit revenu à un régime autoritaire. L’Espagne, Taiwan, la Corée du Sud ont tous
réussi leur transition démocratique autour de ce chiffre magique.
- Inversement le meilleur moyen de promouvoir la croissance économique dans un
pays c’est de l’intégrer pleinement dans le système de commerce et
d’investissement capitaliste. Le consensus de Washington établit au début des années 90
postule ainsi qu’un pays se développe plus rapidement s’il abaisse les tarifs douaniers, s’il met
un terme aux subventions publics, s’il privatise les entreprises d’Etat.
18
Conclusion de la thèse de Fukuyama : « la libéralisation des politiques économiques devrait
déboucher sur le développement des institutions démocratiques, qui devrait permettre d’élargir la zone
de paix démocratique et de garantir la sécurité des nations qui y prennent part »(Fukuyama)
Remarque : Selon lui le processus de mondialisation qui est en œuvre confirme et peut même
accélérer cette tendance qui lui paraît inéluctable pour trois raisons :
- il n’y a aucun modèle alternatif de développement qui puisse présenter de meilleurs
résultats. Le modèle dit de développement asiatique principal concurrent de la mondialisation
libérale a montré ses limites, plus personne n’osant faire aujourd’hui du Japon un modèle.
- - Avec la mondialisation la mobilité du capital a fortement augmenté condamnant les
politiques d’intervention publique visant à réguler le marché . Celui ci s’avère
aujourd’hui le système le plus efficace afin d’assurer la croissance et le développement.
- La mondialisation est , enfin, renforcée par la révolution des technologies de
l’information qui s’étend jusqu’aux endroits les plus reculés de la planète. Aucun
pays ne peut plus aujourd’hui se couper du commerce et des flux de capitaux internationaux
sous peine de se heurter au mécontentement de sa population formée dans une large mesure
par sa connaissance des richesses matérielles et culturelles existant au-delà de ses frontières.
Remarque : Néanmoins :
• une des faiblesses de la thèse de Rostow est qu’il n’explique pas véritablement les raisons qui conduisent
les hommes à transformer leurs comportements afin de générer une croissance économique .
• L’un des apports majeurs de M. Weber va alors être de trouver les déterminants expliquant la modification
des comportements et d’en tirer les conséquences
1- LE CONTEXTE
constat : Comme l’écrit M Lallement, M Weber vit dans l’Allemagne de Guillaume II , celle des années
1890 aux années 1920 . Or « l’Allemagne du tournant du siècle vit en raccourci les mutations que
connaissent alors toutes les sociétés de l’occident moderne:
• industrialisation, essor de l’Etat et laïcisation des mentalités.
• C’est un ordre social nouveau, en rupture avec toutes les sociétés traditionnelles,
que Weber cherche à interpréter ».
Conclusion : Ce contexte dans lequel se trouve alors l’Allemagne n’est pas sans points communs avec
celui que connaissent aujourd’hui de nombreux PVD.
19
La philosophie de l’histoire de Marx (cf. première) consiste à dire que :
• les infrastructures matérielles , c’est à dire les forces productives (outils, contexte
technique et travail humain) et rapports de production (manière dont s’organise
cette production de biens) constitués en modes de production (nature de la
production en fonction du statut de la propriété et du travail)
• déterminent en dernière instance les superstructures de la société, parmi lesquelles,
la religion, les institutions et les représentations politiques, les idéologies.
Conclusion : La théorie marxiste se caractérise donc par un déterminisme technologique moniste (ou
unicausal) c’est à dire que Marx explique le passage d’un mode de production à l’autre et l’évolution
des superstructures (des représentations du monde qui en résultent) par l’évolution des forces
productives.
Présentation de la critique wéberienne: Cette conception n’est pas vérifiée selon Weber qui,
constate que: « s’il est vrai que certains facteurs structurels ont favorisé le progrès du capitalisme
occidental moderne:
- accumulation de capitaux (cf. Marx) ,
- conditions démographiques (cf. Durkheim : cf chapitre travail),
- découverte de continents nouveaux (cf chapitre innovations et progrès technique), etc.
Encore fallait-il que les hommes soient motivés à utiliser rationnellement ces divers éléments en vue
de la production de type capitaliste. Il fallait que les hommes soient animés par un esprit, une vision du
monde et par des valeurs favorables à des conduites économiques rationnelles et pratiques »
(G.Rocher)
Remarque :
- Selon Weber le désir d’acquisition a existé et existe déjà en dehors des structures capitalistes.
En ce sens l’esprit du capitalisme n’est ni nouveau, ni récent : il a déjà existé à différentes
périodes de l’histoire, en Chine, en Egypte, etc.
- Mais c’est dans le monde occidental qu’il s’est réalisé sous sa forme la plus avancée et la plus
étendue.
Questions : Comment expliquer cela ? Comment expliquer par exemple que le capitalisme ne se soit
pas développé dans la société italienne du 15° siècle qui avait pourtant inventé toutes les techniques
bancaires qui vont être au fondement de l’accumulation du capital ? Comment expliquer que l’esprit
capitaliste se développe dans les forêts pennsylvaniennes dans lesquelles pourtant par manque de
circulation monétaire les affaires risquaient de dégénérer en troc.
a - LE CONCEPT DE PREDESTINATION
Conclusion : G Rocher en conclut que « c’est ainsi que , par un paradoxe qui n’est qu’apparent, , la
doctrine de Calvin, toute axée sur la gloire de Dieu et sur la grâce, allait engager le croyant
dans l’activité temporelle et économique plus que toute autre religion.
Explications : les pasteurs vont adapter la pensée de Calvin en expliquant aux fidèles que :
- rien ne pouvait leur garantir qu’ils appartiendraient au peuple des élus,
- par contre il semblait évident que s’ils adoptaient tout au long de leur vie un comportement
qui plaît à Dieu, ils auraient plus de chances d’être élus que ceux qui ont mené une vie
dissolue.
Conséquences : Ceci va développer chez les fidèles ce que M Weber dénomme l’ascétisme moral. Il
comporte trois obligations essentielles auxquelles l’individu doit se conformer :
- le travail plaît à Dieu, la paresse est un vice, l’individu doit donc consacrer sa vie au labeur.
- les fruits du travail doivent être utilisés pour la plus grande gloire de Dieu. Le travail va
enrichir le fidèle , mais il ne travaille pas pour lui , il travaille pour la plus grande gloire de Dieu,
l’édification du royaume céleste. Les richesses que l’individu accumule donc ne lui
appartiennent pas, elles sont la propriété de Dieu, le fidèle ne peut donc en jouir. Il doit donc
mener une vie austère qui s’oppose à celle du noble catholique. Mais en même temps, il ne
doit pas thésauriser ses richesses car si la prodigalité est un vice, l’avarice en est un autre. Le
fidèle doit donc mettre en oeuvre ses richesses et développer de nouvelles activités.
- une valorisation de l’étude : contrairement au catholicisme qui a toujours été très sévère à
l’encontre du savoir et de la science, le protestantisme considère que l’individu doit au
minimum savoir lire et écrire (pour lire la bible, ce qui était interdit aux catholiques) et si
possible posséder des connaissances scientifiques qui lui permettront d’apprécier la grandeur de Dieu, et d’être
plus efficace dans leur travail.
Conséquences : L’ascétisme protestant s’opposa ainsi aux comportements dominants dans les pays
catholiques à l’époque en rejetant les dogmes qui les dominaient :
- il s’opposa à la jouissance spontanée des richesses et freina la consommation d’objets de luxe
qui caractérisait le mode de vie noble, en France par exemple .
- il débarrassa des inhibitions de l’éthique traditionnelle le désir d’acquérir qui était condamné
par le dogme catholique , ce qui conduisit d’ailleurs à une dévalorisation du travail qui était
abandonné aux classes les plus viles : un honnête homme ne travaille pas.
-
21
b - ET PERMET AINSI L’APPARITION D’UN ESPRIT CAPITALISTE .
Conclusion : On retrouve bien ici la logique (dominante chez Smith, Ricardo et Say) qui condamne la
consommation comme improductive pour valoriser l’épargne, l’accumulation du capital qui est à
l’origine de la croissance économique . L’esprit capitaliste ne conduit pas à un pillage des richesses
naturelles d’un pays (cf. certains PVD aujourd’hui), mais au contraire au développement rationnel d’un
projet de long terme (cf. la notion de développement durable).
1 - LE CONTEXTE.
Remarque : Comme Durkheim, Weber va s’intéresser à la sociologie du droit , mais pour des motifs
différents :
- Durkheim veut étudier la division du travail social qui ne peut s’appréhender
directement . Il va donc se demander si le droit n’est pas représentatif d’une certaine forme
de solidarité. Il va constater que dans les sociétés à solidarité mécanique le droit répressif est
dominant, alors qu’au contraire, dans les sociétés à solidarité organique, c’est le droit restitutif
qui domine (cf. chapitre solidarités et changement social).
- Weber quant à lui va considérer que le droit est une des formes de la rationalité .
Comme l’indique G Rocher : « le droit est le mode le plus rationnel d’institutionnalisation du
pouvoir sous la forme de la domination : c’est en lui que la domination trouve sa légitimation la
plus rationnelle ».
Explications de l’intérêt de Weber pour le droit : Si Weber s’est intéressé au droit c’est « qu’il
avait, selon lui, des implications directes dans l’évolution de trois structures de domination auxquelles
Weber accordait une importance de tout premier ordre pour l’avenir économique et politique de
l’Allemagne »:
• la domination des junkers( grands propriétaires terriens ) qui correspond à la
domination traditionnelle qui selon Weber ne peut qu’aggraver le retard
économique de l’Allemagne.
• la domination de la classe ouvrière qui ne permettrait pas à l’Allemagne de rattraper
son retard.
• la domination de la bureaucratie étatique qui ne s’intéressait pas suffisamment à la
dimension économique.
22
- L’action rationnelle par rapport à une valeur est celle de l’individu qui agit par la
conviction qu’un certain comportement est souhaitable en raison de sa valeur intrinsèque,
quels que soient les effets qui peuvent en découler. C’est le comportement du croyant
convaincu qui fait passer ses principes moraux avant toute considération utilitaire, de l’officier
qui se laisse tuer sur place plutôt que de se rendre. L’individu ne vise pas un but, ce qui ne
veut pas dire qu’il n’est pas rationnel, au contraire puisqu’il assume les dangers qu’il encourt
en se conformant à l’idée qu’il se fait de l’honneur.
- L’action rationnelle par rapport à un but (à une finalité) est celle du chef d’entreprise qui
avant de réaliser un investissement coûteux va étudier le marché, la rentabilité de cet
investissement , et n’investira que si le projet atteint le but qu’il lui a fixé : dégager un certain
taux de profit. Cela ne veut surtout pas dire que dans l’action rationnelle l’agent atteint
toujours son objectif, et que le but visé est rationnel pour l’observateur. Cela veut seulement
dire que placé dans le contexte dans lequel il se trouve , par les anticipations du comportement
des autres , en fonction des connaissances dont il disposait , l’agent à agi rationnellement en
adoptant ses moyens aux fins qu’il poursuit.
Weber distinguait quatre types d’action mais seulement trois types de rationalité, car Weber pensait
que les valeurs morales rationnellement justifiées ne pouvaient constituer le fondement d’une
domination politique stable. Elles ont certes une influence, en particulier durant les périodes
révolutionnaires mais, ce ne sont pas les raisons pour lesquelles les simples citoyens respectent les lois
et acceptent de se soumettre à la domination exercée au nom du droit.
Les trois types de rationalité distingués par Weber sont :
Définition : Elle repose sur la croyance en la sainteté des traditions valides de tout temps et en la
croyance dans la légitimité de ceux qui sont appelés à exercer l’autorité par ces moyens.
Exemple : La figure type en est le monarque héréditaire à qui le peuple obéit en tant qu’héritier
respectant une tradition.
b2 - LA DOMINATION CHARISMATIQUE
Définition : ( en grec charisma signifie don , grâce) repose sur la soumission à la vertu héroïque ou
exemplaire d’une personne extraordinaire ou à des ordres révélés et émis par celle ci.
23
- Le chef charismatique n’est pas obéi en fonction de ses qualités soi-disant éminentes: la
possession de ses qualités est une croyance
- la seule qualité du chef charismatique est la compétence à persuader ceux dont il cherche à
obtenir l’obéissance qu’il possède un ou des dons extraordinaires. (..).
- La reconnaissance du chef charismatique doit être libre au sens où les adeptes, affiliés,
apôtres s’abandonnent au charme du héros non sous l’empire d’une menace ou en vue d’une
récompense mais parce qu’ils se sentent attirés par une force irrépressible.
- Le groupe qui obéit au chef charismatique forme, selon Weber une communauté émotionnelle:
les images abondent des mouvements d’amour adressés à Hitler.
Conclusion : Aux yeux de Weber, la dimension affective du charisme corrompt les régimes
démocratiques car s’impose comme chef, en raison du caractère naturellement émotionnel de
l’abandon au chef à qui on a confiance, celui qui suscite l’enthousiasme en promettant le plus, en
excitant les passions ».
Définition : elle a pour fondement la croyance en la validité de la légalité des règlements établis
rationnellement et en la légitimité des chefs désignés conformément à la loi. Le chef légal ou les
instances supérieures , y compris le président de la république élu, sont tenus de respecter l’ordre
impersonnel du doit. Les citoyens ne sont d’ailleurs obligés de se soumettre que dans les conditions
prévues par la loi.
Conclusion :
On peut résumer dans le tableau suivant les principales idées :
Définition : la bureaucratie est, selon Weber, l’exemple le plus typique de la domination légale, en ce
sens elle est bien caractéristique des sociétés occidentales. Elle repose sur les principes suivants selon J
Freund :
« Pour Max Weber, la] domination légale est de caractère rationnel : elle a pour fondement la croyance
en la validité de la légalité des règlements établis rationnellement et en la légitimité des chefs désignés
conformément à la loi [...]. Le chef légal ou les instances supérieures, y compris le Président de la
République élu, sont tenus de respecter l'ordre impersonnel du droit [...]. Les membres du groupement
[politique] n'obéissent qu'au droit : ils sont des citoyens. Cela veut dire qu'ils ne sont obligés de se
soumettre que dans les conditions prévues par la loi [...].
La bureaucratie est l'exemple le plus typique de la domination légale. Elle repose sur les principes
suivants :
• 1° L'existence de services définis et donc de compétences rigoureusement
déterminées par les lois ou règlements, de sorte que les fonctions sont nettement
divisées et distribuées ainsi que les pouvoirs de décision nécessaires à
l'accomplissement des tâches correspondantes ;
• 2° La protection des fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions, en vertu d'un
statut (inamovibilité des juges par exemple) [...];
• 3° La hiérarchie des fonctions, ce qui veut dire que le système administratif est
fortement strucuré en services subalternes et en postes de direction, avec possibilité
de faire appel de l'instance inférieure à l'instance supérieure [...].
• 4° Le recrutement se fait sur concours, examens ou diplômes, ce qui exige des
candidats une formation spécialisée. En général, le fonctionnaire est nommé
(rarement élu) [...];
24
• 5° La rémunération régulière du fonctionnaire sous la forme d'un salaire fixe et d'une
retraite lorsqu'il quitte le service de l'État [...];
• 6° Le droit qu'a l'autorité de contrôler le travail de ses subordonnés, éventuellement
par l'institution d'une commission de discipline ;
• 7° La possibilité d'avancement des fonctionnaires sur la base de critères objectifs et
non suivant la discrétion de l'autorité ;
• 8° La séparation complète entre la fonction et l'homme qui l'occupe, car aucun
fonctionnaire ne saurait être propriétaire de sa charge ou des moyens de
l'administration.
On admet, en général, que démocratisation et bureaucratisation vont de pair. »
Source : J Freund, sociologie de M Weber, Puf, 1983.
Exemple : E Friedberg indique que pour Weber, un tel mode d’organisation, caractérise bien sur les
administrations publiques, mais aussi la plupart des organisations industrielles et commerciales d’une
certaine taille.
Relativisation : Néanmoins ce mode d’organisation n’est pas sans générer des effets pervers.
4 - LE DESENCHANTEMENT DU MONDE.
Remarque : Weber n’est pas un admirateur béat de la rationalisation du monde moderne, il considère
plutôt que celle ci à un caractère ambigu :
• En effet, la rationalisation des conduites sociales s’accompagne du développement
des sciences et d’une représentation scientifique du monde.
• Or cette dernière, qui s’impose au détriment des mythes et des croyances
religieuses, ne peut toutefois assumer toutes les fonctions symboliques des
religions.
• Les religions donnent généralement un sens au monde et à l’action des hommes. La
magie suppose que des forces surnaturelles peuvent être mobilisées par des moyens
divers pour prévenir les malheurs, corriger l’injustice ou assurer la réalisation des
souhaits des individus. Les formes plus élaborées de la religion comprennent des
interprétations du monde (théodicées) qui indiquent aux hommes des voies de salut.
Critique des indicateurs de croissance : Le PIB est un indicateur qui s’avère incapable de mesurer le développement ; il n’est
pas sans poser de problèmes pour quantifier la croissance économique. De nombreuses critiques lui ont été adressées :
Remarque : Ce choix opéré par les comptables des pays occidentaux n’est pas neutre, il reflète la volonté de considérer comme
productives uniquement les activités marchandes opéré dans le cadre d’un marché légal. Ceci conduit à la dévalorisation de toutes
les activités non retenues considérées alors comme improductives (sous-entendues inutiles) telles que le travail de la femme au
foyer, la participation à une association caritative, l’éducation publique.
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2 ) LE PIB N’ASSURE PAS UNE BONNE QUALITE DE COMPARAISON ENTRE LES
DIFFERENTS PAYS
Constat : D. Clerc écrit : « le PIB / tête était de 110 $ en Tanzanie en 90 , de 19500 $ en France ; il est clair que ces deux chiffres
ne veulent rien dire : 110$ par an et par tête , cela représente au taux de change en vigueur 1,7 franc par jour . Comment vivre
avec une somme qui représente moins que le prix d’un kilo de la moins chère des céréales ? La réponse est , évidemment , que
cette somme représente un pouvoir d’achat plus élevé en Tanzanie qu ’en France . » .
D’où la nécessité de calculer un taux de change en parité de pouvoir d’achat ( PPA )(2 p 30) .
Pour établir une comparaison, on doit :
• convertir toutes les monnaies dans une monnaie de référence (le dollar),
• mais il faut tenir compte des variations de pouvoir d’achat existant entre pays
de niveaux de développement différents.
• On va alors prendre comme taux de change la valeur qui égalise les pouvoirs
d’achat des monnaies dans les différents pays, c’est-à-dire qui égalise la
valeur d’un panier de biens pris comme référence.
Constat : « On a pu résumer cette idée par une formule lapidaire : nuisances + réparations = double progrès » En effet , la
richesse dégagée par une usine qui pollue augmentera le PIB mais il en sera de même pour les appareils qui seront mis en place
afin de lutter contre la pollution .
Solution : Il aurait fallu prendre en compte les effets externes ( tels que la pollution, cf. cours de 1° et chapitre politiques
économiques de terminale ) générés par l’activité et comptabiliser les richesses négatives en les soustrayant du PIB.
Question : « Peut-on mettre sur le même plan un pays qui produit de la vraie valeur ajoutée et un autre qui ne s’enrichit qu’en
dilapidant son patrimoine naturel ? Autrement dit, il considère comme une création de richesses, ce qui n’est en réalité qu’une
exploitation (donc une dépréciation) du patrimoine naturel. » .
Solution : Il s’avère donc nécessaire de calculer un autre indicateur de développement : le développement durable ou
soutenable qui : « est le développement qui répond aux besoins présents sans compromettre la capacité des générations à venir à
satisfaire leurs propres besoins » ( Rapport Brundtland )
• connu une croissance économique très forte depuis les trente dernières années ; le Brésil est ainsi entré
dans le club fermé des 10 premiers PIB mondiaux ,
• sans pour autant atteindre le stade de pays développé. En effet, un certain nombre d’indicateurs montre
que le Brésil reste très en retard par rapport aux pays développés : deux tiers de sa population sont sous-
alimentés alors que le Brésil est l’un des premiers exportateurs agricoles mondiaux ; le Brésil est la 8 °
puissance économique du monde capitaliste mais le tiers de ses habitants habite dans des bidonvilles, 75 %
des paysans sont sans terre.
27
Conclusion : on peut alors parler de mal développement qui nécessite l’élaboration de nouveaux indicateurs ne se limitant pas à
mesurer l’augmentation de la richesse matérielle.
Critique : Ceci suppose que les différents pays sont dans des situations socio-économiques
comparables, ce qui est loin d’être le cas. Les PVD ne sont pas en retard, ils sont différents.
28
régime n’est aujourd’hui capable de s’opposer au modèle triomphant dont les Etats-
Unis sont l’inspiration et le centre.
- Mais non, il n’est pas vrai qu’une économie de marché internationalisée ne puisse
avoir qu’une seule forme sociale possible. (…) enfin il me semble arbitraire
d’identifier complètement la société d’information avec l’économie de marché
mondialisée et avec la démocratisation »
Constat : Selon M.Byé et G.Destanne de Bernis, les travaux historiques sur le fonctionnement des économies des PVD avant le
XIX° siècle conduisent à 3 certitudes :
- ces économies , à la veille de la conquête coloniale , fonctionnaient de manière parfaitement cohérente . Elles
avaient pu atteindre un degré de civilisation hautement élaborée, souvent en avance sur l’Europe. Ceci rompt donc avec
la vision ethnocentriste des colonisateurs qui les a conduit à considérer les sociétés colonisées comme relevant soit de la
barbarie, soit du mythe du bon sauvage.
- même si certaines de ces économies connaissaient au XIX°siècle une stagnation , le degré de civilisation qu’elles
avaient atteint prouvait d’une part que la stagnation économique n’avait pas toujours été la règle , qu’elle n’était
donc pas inéluctable ; d’autre part , que cette stagnation ne tenait pas tant à une faible productivité qu’ à la
consommation de surplus , soit par les villageois à l’occasion de fêtes ou de temps libre , soit par le groupe dirigeant .IL
faut donc selon M.Sahlins , abandonner l’analyse faite par les économistes libéraux visant à assimiler les économies
primitives à des économies de subsistance .
- les sociétés des PVD pouvaient conserver , à la veille de la colonisation , la capacité d’une évolution future ; mais
il semble que les conditions du développement du capitalisme ne s’y trouvaient pas réunies , non pas parce que
ces sociétés en étaient inaptes , mais parce qu’elles ne le désiraient pas . Comme l’écrit P.Clastres, en préface au
livre de M.Sahlins : « si l’homme primitif n’est pas un entrepreneur, c’est parce que le profit ne l’intéresse pas ; s’il ne
rentabilise par son activité , comme aident le dire les pédants , c’est non pas parce qu’il ne sait pas le faire , mais parce
qu’il n’en a pas envie » .
Conclusion : Selon G.Destanne de Bernis et M.Byé : « en Europe , c’est par la destruction en particulier de l’artisanat corporatif
et des circuits marchands traditionnels que le capitalisme a élargi progressivement sa base . Mais, en Europe, cette destruction se
faisait au fur et à mesure du développement du processus d’accumulation capitaliste. Or, à la périphérie, les conditions du
développement du capitalisme n’étant pas réunies, la destruction des rapports sociaux pré capitalistes ne pouvait conduire qu’à
une crise profonde, une déstructuration brisant la cohérence intérieure, sans permettre aucun développement économique ».
Constat :
• P.Bairoch constate que « avant les bouleversements de la Révolution Industrielle, les pays du futur Tiers-
Monde n’étaient pas probablement moins riches en moyenne que les régions comparables dans les futurs
pays développés ».
29
• Or, selon S.Brunel : « à partir du XIX° siècle , un fossé croissant va se creuser entre les pays occidentaux
et les autres . Or l’élargissement de ce fossé coïncide avec l’existence d’un phénomène de domination de
l’Europe sur le reste du monde. Y-a-t-il un lien de cause à effet entre le développement des uns et le sous-
développement des autres ? » .
Selon les théoriciens tiers-mondistes, la colonisation peut être tenue comme responsable du sous-développement : le sous-
développement des uns ( PVD ) est alors analysé comme le produit du développement des autres . Les raisons avancées sont
diverses mais complémentaires :
- la colonisation a visé à imposer de gré ou de force aux colonisés « la civilisation de la métropole » aussi bien du
point de vue religieux que culturel, ce qui a généré des phénomènes d’acculturation produisant dans les sociétés des
PVD des problèmes identitaires. Or, l’on sait bien que les conditions nécessaires afin d’assurer un développement
ne sont pas seulement quantitatives (hausse du taux d’investissement) mais aussi qualitatives (sociétés structurées,
cohérentes, ..) .
- il ne faut pas pour autant, selon les auteurs tiers-mondistes, sous-estimé le véritable pillage des richesses
économiques dont ont été l’objet les pays colonisés. Leur économie a été subordonnée aux intérêts de la métropole
qui les a obligés à développer des productions répondant à ses besoins ( production de matières premières : cultures
d’exportation , ressources minières , ... ) .Les pays colonisés ont alors été spécialisés dans des productions
complémentaires à celles des pays industrialisés ; ils ont été insérés dans la Division Internationale du Travail ( DIT
) traditionnelle de façon à produire et exporter les ressources naturelles dont avaient besoin les industries des pays
riches .
- En contrepartie, ils servaient de débouchés aux industries de biens de consommation et d’équipement. Cette
spécialisation n’a pas permis d’assurer une croissance économique équilibrée :,
- L’économie a été désarticulée. On peut alors parler de dualisme qui oppose les secteurs exportateurs de matières
premières à la majorité de la population qui réalise une production vivrière. De surcroît, cette spécialisation va à
l’encontre d’un développement durable puisqu’elle nécessite la destruction des ressources naturelles.
Néanmoins pour d’autres auteurs , dont J.Marseille , la colonisation ne peut être tenue responsable du sous-développement . En
effet , en particulier dans le cas français , on constate que :
• les colonies servant de débouchés captifs aux industries nationales , il n’était pas de l’intérêt de la
métropole d’appauvrir les colonies .
• J.Marseille considère même : « les termes de l’échange , qui s’étaient maintenus pour les pays d’outre-
mer pendant la période coloniale ont commencé à se dégrader précisément après les indépendances ,
comme si l’abandon progressif du système de préférence coloniale avait été l’antichambre d’une meilleure
exploitation des ressources primaires des pays de la zone » .
Présentation de la théorie : S.Amin considère que les économies des PVD , comme celles des PDEM sont intégrées dans le
système économique mondial . Mais leur insertion y est très différente:
- les PDEM produisent des biens d’équipement et des biens de consommation , principalement pour leur marché interne ,
et à un moindre degré , pour leurs partenaires des pays du Nord ( plus de 60 % des échanges de la CEE est un
commerce intracommunautaire ) .Les pays du Nord n’ont donc pas un besoin essentiel du débouché fourni par les pays
du Sud
- Au contraire , les pays du Sud exportent la majorité de leur production vers les pays du Nord ( échanges Sud-Sud
minoritaires ) ; ils ont donc un besoin impérieux des marchés du Nord .
- les PDEM sont principalement spécialisés dans la production de biens industriels ( qui les caractérise ) , mais il n’en
reste pas moins que les principaux pays exportateurs de produits agricoles sont les Etats-Unis et la France . Les pays du
Nord ne sont donc pas dépendants des exportations des pays du Sud .
- Au contraire , les PVD sont spécialisés uniquement sur la production et l’exportation de matières premières ou de biens
bas de gamme nécessitant beaucoup de main-d’œuvre . Par contre , ils ont un besoin vital des biens d’équipement qui
leur permettent de mettre en valeur leurs richesses naturelles .
Conclusion : les relations entre les PVD et les PDEM sont donc marquées par une inégale capacité à influencer l’autre :
• Les PVD , ayant un besoin impérieux des PDEM ,
• alors qu’ils ne sont , pour les pays industriels , qu’un partenaire marginal , sont obligés d’accepter les
conditions fixées par les pays riches .
• Ils entrent alors dans la sphère de domination des pays industrialisés , les pays riches étant au centre ,
les pays pauvres à la périphérie . L’échange est donc forcement inégal , selon les auteurs tiers-mondistes
, ce qui se traduit par l’exploitation par les pays développés des pays sous-développés ( S.. Amin parle de
Division Impérialiste du Travail , doc 5 p 288) .
IV - L’ECHANGE INEGAL .
30
Postulat de base : A.Emmanuel considère que les relations entre les pays riches et les pays pauvres sont basées sur un échange
inégal . En effet , en partant d’une logique ricardienne et marxiste, , Emmanuel considère que la valeur d’un bien est fonction en
dernière instance des quantités de travail nécessaires pour assurer sa production .
Conclusion : La thèse de l’échange inégal ne semble plus réellement être d’actualité aujourd’hui , puisque l’on considère , dans
les pays du Nord , que la faiblesse des salaires du Sud engendre des délocalisations,, des suppressions d’emplois , qui nécessitent ,
selon certains , des mesures de rétorsion ( mise en place d’une politique protectionniste ) . Au contraire , les npi sont les premiers
à revendiquer le libre-échange et la nécessité de conserver des écarts de salaire , afin de favoriser la croissance économique et le
développement . On est donc aux antipodes de la théorie d’Emmanuel .
Les termes de l’échange comparent l’évolution du prix des produits exportés à celle du prix
des produits importés . Pour cela , on pose le calcul suivant :
31
ATTENTION : la dégradation des termes de l’échange n’est pas forcement mauvais signe ; elle peut traduire une augmentation
des gains de productivité du pays plus rapide que celle de ses partenaires qui lui permettra de baisser ses prix , donc d’améliorer sa
compétitivité-prix et donc de gagner des parts de marché .
B – UNE VISION OPTIMISTE - LA VISION DES ECONOMISTES LIBERAUX( cf. chapitre commerce
international et mondialisation)
Postulat de base : Les économistes classiques comme Ricardo ou Mill considéraient que l’évolution des termes de l’échange ne
pouvait être que favorable aux pays producteurs de matières premières .
Justifications du postulat : En effet , la faiblesse des gains de productivité dans le secteur agricole ( due à l’absence de progrès
technique et à la loi des rendements décroissants ) comparée à ceux de l’industrie aurait dû engendrer une chute du prix des
produits industriels relativement au prix des produits agricoles . Selon Mill , cette tendance devrait être renforcée par des
évolutions de la demande dissemblables dans les pays riches et les pays pauvres(cf aussi chap. commerce international et
mondialisation) :
- les pays riches se caractérisant par un revenu élevé vont émettre une demande de biens en provenance des PVD
élevée , à laquelle les pays pauvres ne pourront répondre du fait de la loi des rendements décroissants : l’offre étant
inférieure à la demande , le prix des produits du Sud devrait augmenter .
- - au contraire , les pays pauvres , du fait de la faiblesse de leurs revenus , sont peu demandeurs de biens en
provenance des pays riches qui , grâce à leurs gains de productivité , inondent les marchés . L’offre des PDEM est
donc supérieure à la demande des PVD , d’où baisse du prix .
Conclusion : On peut donc , selon Ricardo et Mill , s’attendre à ce que les prix du Sud augmentant et ceux du Nord baissant , les
PDEM subissent une détérioration de leurs termes de l’échange .
1 – UN CONSTAT
Mais, si l’on en croit R.Prebisch et H.Singer , la dégradation des termes de l’échange concerne, non pas les PDEM, mais les pays
du Sud producteurs de matières premières : entre 1876 et 1938, les matières premières auraient subi une dégradation des termes de
l’échange de 60 %. Entre 1910 et 1991, l’indice des termes de l’échange des matières premières passe de 196,1 à 69,5.
Rappel : l’élasticité-prix : η = (∆ Q / Q ) / ( ∆P / P )
- Ceci s’explique, en particulier, par les lois d’Engel : d’après les lois d’Engel, les élasticités-revenu des produits
industriels sont plus fortes que celles des produits primaires. En effet, on constate, que, quand le revenu augmente
• la part du revenu consacrée aux produits primaires diminue en raison d’un phénomène de saturation de la
demande, qui est donc peu dynamique. Pour les pays producteurs de biens primaires, la demande étant
inférieure à l’offre, les prix baissent. Ils chutent d’autant plus que les pays industrialisés substituent aux
matières premières des biens issus du progrès technique plus résistants et plus légers ( ex : le carbone à la
place de l’acier pour les coques de bateaux )
32
• la part du revenu consacrée aux produits industriels augmente , la demande étant dynamique, cela permet
aux producteurs d’accroître leur prix.
Conclusion : On peut donc en conclure, selon Prebisch, que les PVD ne retirent aucun avantage du commerce international, qui
se traduit pour eux par une croissance appauvrissante. Ce qui amène Prebisch à considérer que le développement des PVD passe
par une rupture ( déconnexion ) avec le marché international.
C - CONCLUSION
Mais, de nombreux auteurs, en particulier les libéraux, critiquent la thèse de PREBISCH- SINGER : ils considèrent que ceux-ci
ont commis un certain nombre d’erreurs qui rendent leur analyse discutable :
- le choix de l’année de référence peut entraîner de très fortes distorsions : si l’on retient comme année de départ, une
période durant laquelle le prix des matières premières est à son maximum, on a d’autant plus de chances d’observer une
dégradation des termes de l’échange pour les producteurs de matières premières.
- l’analyse des prix suppose que le panier de référence, à partir duquel on raisonne, conserve une structure fixe . Or, il
n’en est rien, en particulier on sait que si la qualité des matières premières évolue peu, les innovations très nombreuses
dans le secteur industriel permettent simultanément d’améliorer la qualité tout en baissant les prix.
- la détérioration des termes de l’échange peut être plus voulue que subie , c’est en particulier le cas des NPI qui
maintiennent artificiellement bas le cours de leur monnaie pour conserver des prix compétitifs. Ce dont se plaignent les
PDEM qui considèrent cette concurrence comme déloyale.
Il n’en reste pas moins, comme le note J.Brasseul : « les analyses les plus récentes semblent confirmer finalement la thèse
Prebisch-Singer, après qu’elle ait été abandonnée par la plupart des économistes, qui concluaient à l’absence de trend significatif
dans l’évolution des termes de l’échange produits primaires produits manufacturés. »
INTRODUCTION :Malgré leur relative hétérogénéité , ces théories ont un point commun : elles ont pour objectif
d’appliquer une stratégie de rupture avec le modèle libéral dont elles remettent en cause les hypothèses
fondamentales :
• si pour les théoriciens libéraux , à la suite de Smith et de Ricardo , le développement doit résulter de l’ouverture de
l’économie et de l’intégration au commerce mondial , « la solution tiers-mondiste idéale consiste dans le développement
autocentré ou self reliance . Comme les échanges internationaux sont perçus comme la cause unique du sous-
développement , le développement ne peut être assuré qu’avec la rupture des pays industrialisés » . Cette analyse sera à
l’origine de l’application des stratégies d’industrialisation par substitution d’importations .
• une stratégie complémentaire est celle des technologies appropriées qui repose sur le constat que l’importation de
techniques et de capital en provenance des PDEM est , non seulement inadaptée aux besoins des PVD , mais de surcroît
génératrice de dépendances .
• dans la logique libérale , la croissance la plus forte est obtenue par la régulation par le marché qui assure une allocation
optimale des ressources . A contrario , pour les théories radicales , laisser jouer les règles du marché revient à bloquer le
processus de développement : le marché étant absent et ne disposant pas des capacités d’autorégulation , la nécessité de
l’intervention de l’Etat s’impose donc .
• elle apparaît d’autant plus nécessaire que l’augmentation des taux d’investissement n’apparaît pas en soi porteuse de
développement , certains secteurs étant considérés comme plus moteurs que d’autres . C’est la stratégie des industries
industrialisantes ( largement influencée par le modèle soviétique ) .
Causes du sous-Développement : « Un certain nombre de pays du Tiers-Monde ont tenté de sortir du sous-développement ,en
brisant ce qu’ils pensaient être les causes de leur situation : la dépendance , les blocages , l’extraversion.
Solutions préconisées : Le modèle de développement autocentré fondé sur la création d’industries de base susceptibles
d’engendrer un tissu industriel complet par ses effets industrialisants devrait , en théorie , déboucher sur la constitution d’un
véritable marché intérieur dynamique » . La stratégie d’ISI qui visait à remplacer les importations de biens de consommation ,
puis de biens d’équipement par des productions nationales devait , selon ses promoteurs , permettre d’assurer un développement
économique cohérent ( de mettre un terme au dualisme ) , autonome , répondant aux besoins de la population .Pour cela , un
certain nombre de mesures doivent être prise :
• il faut mettre en place une protection douanière , qui vise à
33
- permettre à une industrie naissante de croître , à l’abri de barrières protectrices lui permettant , alors qu’elle n’est pas
encore compétitive , de ne pas avoir à subir les effets dévastateurs de la concurrence des PDEM ( ceci répond à la
théorie du protectionnisme éducateur de List , cf section sur le protectionnisme).
- Au fur et à mesure du développement de ces industries , les barrières douanières devraient être réduites pour inciter les
entreprises à devenir compétitives .
• il faut appliquer une politique de surévaluation de la monnaie permettant à la fois de
- rendre les importations de biens d’équipement moins coûteuses ( afin de faciliter l’acquisition de capital importé ,
nécessaire durant une première phase , pour équiper les industries ) ,
- d’augmenter le prix des exportations agricoles ( ce qui rend la spécialisation dans les productions agricoles
d’exportation moins rentable pour le capital national ) ,
- de rendre les produits industriels plus coûteux à l’exportation ( afin de bien faire comprendre aux entrepreneurs qu’ils
produisent avant tout pour le marché national ) .
• il faut appliquer une politique de redistribution de la richesse nationale : l’ industrialisation est financée par un prélèvement
opéré à la fois sur les agriculteurs ( par la hausse des prix et des prélèvements fiscaux ) et sur les consommateurs ( qui
doivent accepter d’acquérir aujourd’hui des biens plus coûteux de qualité médiocre , afin d’assurer demain un
développement économique et un mieux-être de la population) .
Remarque : Cette stratégie présente de nombreux points communs avec celle de l’ISI , dont elle est fréquemment complémentaire
.
Solutions préconisées : Il faut donc appliquer une stratégie alternative visant à favoriser le développement de secteurs moteurs . :
• Partant de l’expérience de l’Allemagne , à la fin du XIX° siècle , ou de l’URSS de Staline , les partisans de cette stratégie
ont préconisé l’investissement dans les industries de biens d’équipement qui sont considérés comme des industries
industrialisantes , permettant d’assurer la propagation du processus d’industrialisation à l’ensemble de la structure
productive de l’économie .
• Ces industries présentent de surcroît l ’avantage d’assurer un développement autonome , puisque le pays n’est plus à terme
dépendant des importations de biens d’équipement en provenance des PDEM
• Comme la stratégie précédente , celle-ci nécessite un prélèvement opéré sur les consommateurs et le secteur agricole , afin
de financer l’effort d’investissement qui est extrêmement coûteux .
Postulat libéral : Les économistes libéraux considèrent que les pays pauvres bénéficient du privilège du retard au développement (
Gerschenkron ) :
• ils peuvent utiliser une technologie déjà fiable et à moindre coût car ils n’ont pas à l’inventer .
• Ils ont donc tout intérêt à opérer des transferts de technologies qui leur permettront , grâce aux techniques des pays du Nord
de réaliser un bond en avant .
Critique de la thèse libérale :Mais d’autres considèrent que l’utilisation de la technologie importée des pays industrialisés n’est
pas efficace car elle n’est pas adaptée aux besoins des PVD :
• une technologie n’est réellement efficace que si les structures culturelles sont prêtes à la recevoir et à l’accepter , c’est-à-dire
si elle répond à une demande de la population . Dans le cas inverse , la greffe risque de ne pas prendre .
• les technologies des PDEM sont dites labour saving , c’est-à-dire qu’elles ont pour objectif , le coût du travail étant élevé
dans les pays industrialisés , de substituer du capital au travail ( hausse de l’intensité capitalistique ) . Mais les PVD sont
dans une situation radicalement différente : en raison de leur forte fécondité ( cf chap croissance démographique et
développement ) ils disposent d’une main d’oeuvre nombreuse et peu coûteuse . L’importation des technologies du Nord va
donc augmenter le chômage , sans améliorer la rentabilité des entreprises .
• la population ne dispose pas d’un niveau de qualification suffisant pour utiliser ou réparer des technologies performantes
• le transfert de technologies nécessite , pour être efficace , des débouchés très importants , afin de bénéficier d’économies
d’échelle , générant des gains de productivité . Or , nombre de pays du Sud disposent d’une population réduite et la majorité
ne peut compter sur une demande solvable générant des débouchés croissants en raison de la faiblesse des revenus . Dès lors
, les usines clés en mains achetées aux PDEM ont un taux d’utilisation des capacités de production très réduit , donc des
coûts de production et des prix élevés .
• le transfert de technologie renforce la dépendance des pays du Sud envers ceux du Nord : ils doivent s’endetter pour acquérir
des machines qui généralement ne sont pas à la pointe du progrès , pour ne pas concurrencer les industries du Nord . Dès
lors , les exportations sont peu compétitives , les rentrées de devises faibles , d’où des difficultés de remboursement .
34
Solutions préconisées : Aussi , de nombreux pays ont-ils :
• préféré utiliser des technologies qui présentent l’avantage d’être appropriées aux conditions spécifiques du pays (culturelle,
économique et sociale)
• tout en leur permettant de rompre avec le modèle de développement des pays industrialisés .
Exemple : Un exemple de programme pris souvent comme référence est celui dit : basic industry strategy, appliqué par la
Tanzanie à partir de 1974, qui cherchait à établir des synergies entre secteur agricole et industrie : l’agriculture étant le principal
débouché des produits industriels (engrais, houes), et la principale source d’approvisionnement .
D ) L’IRREMPLACABLE ETAT .
Ces stratégies ont généralement débouché sur de relatifs échecs , car elles avaient :
• sous-estimé les contraintes qui pesaient sur elles :
- les partisans des technologies appropriées considéraient que les pays pouvaient choisir , en toute liberté ,des
technologies qui leur semblaient les plus adaptées à leurs besoins . Or , comme l’écrit M.Ikonicoff: « ce choix n’existe
pas . En effet , quels que soient les facteurs qui provoquent le démarrage de l’industrialisation , le processus s’oriente en
fonction de la demande d’un certain type de biens ( produits dans les pays industrialisés ) et qui correspond aux attentes
des minorités locales ( ...) L’élection de la technologie utilisée au même moment dans les pays industrialisés pour la
production d’un même type de biens est la seule démarche rationnelle pour l’entrepreneur . » L’erreur commise par les
PVD a été de considérer que la technologie était un stock de connaissances définies une fois pour toutes , alors que c’est
un flux qui se renouvelle perpétuellement . Ainsi , en choisissant des technologies qui auraient été compétitives à des
époques passées , les pays ont accumulé un retard qui a freiné d’autant plus leurs capacités à innover et a accru leur
retard par rapport aux PDEM
- de même , les stratégies d’ISI et d’industries industrialisantes ont vu leurs produits confrontés en qualité et prix à ceux
des PDEM ; et ils n’ont pu satisfaire les consommateurs . Malgré cela , les entrepreneurs n’ont pas été incités à
modifier leur offre , car ils disposent , en raison du protectionnisme , d’une situation de monopole qui ne les incite pas à
innover .
- la stratégie d’ISI qui recherchait un développement autocentré a paradoxalement rendu les pays plus dépendants des
PDEM . En effet , pour lancer l’industrialisation il faut faire appel aux technologies des pays du Nord , donc s’endetter
( puisque les capacités d’épargne sont limitées ). . Mais la surévaluation des monnaies rend les produits moins
compétitifs ,donc réduit les capacités exportatrices des pays , donc les entrées de devises qui leur permettraient de
rembourser la dette .
• ces stratégies se sont aussi souvent révélées inadaptées aux besoins de pays :
- en effet , les stratégies d’industries industrialisantes ont supposé qu’un développement des capacités de production
résultant d’un effort d’investissement très élevé engendrerait un cercle vertueux ( une croissance économique tirant
l’ensemble du tissu productif ) . Or , les capacités d’absorption des PVD sont limitées , et les projets souvent
pharaoniques qui ont été lancés sous-utilisés , ce qui engendre des déséconomies d’échelle , une hausse des coûts et
donc des prix . Une solution envisageable aurait pu être de réorienter les capacités de production vers l’exportation .
Mais ceci n’est guère réaliste , non seulement car ces stratégies voulaient rompre avec l’extraversion , mais aussi parce
qu’elles étaient implantées dans des secteurs dits industrialisants ( sidérurgie , métallurgie , ... ) qui se caractérisent par
une surproduction au niveau mondial , résultant d’une stagnation de la demande
- les industries industrialisantes se caractérisent par un investissement massif dans les secteurs hautement capitalistiques
, qui ne permettent pas d’absorber l’excédent de main-d’oeuvre et génèrent donc du chômage .
• ces stratégies ont surestimé les capacités des Etats des PVD à gérer et à organiser le développement . En effet :
- comme l’indique G.Myrdal : « les pays sous-développés sont tous à des degrés variables des Etats mous ( soft states ) »
.Ainsi, on constate que les PVD se caractérisent généralement par un manque d’autorité de l’Etat , une législation
35
déficiente , un non respect des lois qui peuvent s’accompagner de phénomènes de collusion et de corruption qui sont
inconnus à ce degré en Occident .
- Par exemple , parlant de la Tunisie , H.BejI écrit : « les moeurs du pouvoir sont celles des pressions engagées par la
masse contradictoire d’intérêts particuliers de ceux qui détiennent une responsabilité . Tout le reste de la vie sociale est
ignorée . Ainsi un droit légitime ne sera jamais octroyé en tant que tel à cause de son inviolabilité : le droit d’être soigné
, d’être défendu , ... Mais il sera presque toujours octroyé comme une faveur ... La privatisation de la vie politique est à
la base de la déchéance du droit . Les groupes dominants y sont tellement accoutumés que la notion de vie publique a
perdu toute signification pour eux . »
- Dès lors , on ne peut pas considérer que les Etats des PVD soient aptes à lancer des stratégies de développement
cohérentes , et l’on comprend mieux l’échec des politiques menées dans la plupart des PVD .
Conclusion : Les résultats très décevants obtenus par ces stratégies expliquent le désintérêt croissant pour les analyses tiers-
mondistes et le recours aux idées libérales qui ont d’autant plus le vent en poupe , qu’elles semblent à première vue à l’origine des
stratégies de développement des pays d’Asie (cf chapitre mondialisation)
CONCLUSION
E. MORIN écrit dans « Terre - patrie » : « Au fondement de l’idée maîtresse de développement, il y a le grand paradigme
(ensemble de notions et de méthodes caractérisant un courant de pensée) occidental du progrès, lequel doit assurer le
développement » Or cette assimilation est loin d’être évidente : la notion de progrès présente l’inconvénient d’être ethnocentriste
, car elle considère la situation des PDEM aujourd’hui en la comparant à celle qu’ils connaissaient avant la Révolution Industrielle
ou à celle des PVD aujourd’hui .Bien évidemment , cela conduit à une dévalorisation des sociétés traditionnelles ou des sociétés
des PVD .Or le développement , tel que le considère les pays développés présente deux aspects contradictoires selon Morin :
- « c’est un mythe global où les sociétés devenues industrielles atteignent au bien-être, réduisent leurs inégalités
extrêmes et dispensent aux individus le maximum de bonheur que peut dispenser une société . »
- mais, c’est aussi « une conception réductrice où la croissance économique est le moteur nécessaire et suffisant de tous
les développements sociaux, psychiques et moraux .Cette conception techno-économique ignore les problèmes humains
de l’identité, de la communauté, de la solidarité, de la culture. »
Or, trop souvent, dans les modèles économiques, la deuxième dimension l’emporte sur la première
A ces critiques, les auteurs d’inspiration marxiste ajoutent une remise en cause plus fondamentale : le sous-développement ne
serait que la résultante, le produit du développement du système capitaliste.
COMPLEMENTS DE COURS
L’IDH est un outil synthétique de mesure du développement humain. Il chiffre le niveau moyen atteint par chaque pays sous trois
aspects essentiels :
• Longévité et santé, représentées par l’espérance de vie à la naissance.
• Instruction et accès au savoir, représentées par le taux d’alphabétisation des adultes (pour deux tiers) et par le
taux brut de scolarisation, tous niveaux confondus (pour un tiers).
• Possibilité de disposer d’un niveau de vie décent, représentée par le PIB par habitant (en PPA).
Avant de calculer l’IDH lui-même, il faut établir un indice pour chacune de ces dimensions.
La détermination de ces indices dimensionnels – c’est-à-dire correspondant à l’espérance de vie, au niveau d’instruction et au PIB
– passe à chaque fois par la définition d’une fourchette de variation, avec un minimum et un maximum.
36
L’IDH correspond à la moyenne arithmétique de ces indices dimensionnels. L’encadré ci-dessous illustre le calcul de l’IDH pour
un pays témoin.
Les résultats obtenus dans chaque dimension sont exprimés par une valeur comprise entre 0 et 1 selon la formule générale
suivante :
37
Calcul de l’IDH
Pour illustrer le calcul de l’IDH, nous utiliserons des données concernant le Costa Rica (données de 2002)
1. Calcul de l’indice d’espérance de vie
L’indice d’espérance de vie mesure le niveau atteint par le pays considéré en termes d’espérance de vie à la naissance.
Pour le Costa Rica, l’espérance de vie était de 78,0 ans en 2002, soit un indice d’espérance de vie de 0,884.
Indice de niveau d’instruction = (2/3) (indice d’alphabétisation des adultes) + (1/3) (indice de scolarisation)
Soit = (2/3) (0,958) + (1/3) (0,690) = 0,870
3. Calcul de l’indice du PIB
L’indice de PIB est calculé sur la base du PIB par habitant corrigé (en PPA). Le revenu intervient dans l’IDH afin de
rendre compte de tous les aspects du développement humain qui ne sont pas représentés par la longévité, la santé et
l’instruction. Son montant est corrigé parce qu’un revenu illimité n’est pas nécessaire pour atteindre un niveau de
38
Lien du PNUD pour approfondir le mode de calcul (en anglais) :
http:/hdr.undp.org/statistics/indices/hdi_calculator.cfm
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decade, the Big Mac index is widely used and abused around the globe. It is time to take stock of what burgers do and do not tell
you about exchange rates.
The Economist's Big Mac index is based on one of the oldest concepts in international economics: the theory of purchasing-power
parity (PPP), which argues that in the long run, exchange rates should move towards levels that would equalise the prices of an
identical basket of goods and services in any two countries. Our “basket” is a McDonald's Big Mac, produced in around 120
countries. The Big Mac PPP is the exchange rate that would leave burgers costing the same in America as elsewhere. Thus a Big
Mac in China costs 10.5 yuan, against an average price in four American cities of $3.10 (see the first column of the table). To
make the two prices equal would require an exchange rate of 3.39 yuan to the dollar, compared with a market rate of 8.03. In other
words, the yuan is 58% “undervalued” against the dollar. To put it another way, converted into dollars at market rates the Chinese
burger is the cheapest in the table.
In contrast, using the same method, the euro and sterling are overvalued against the dollar, by 22% and 18% respectively; the
Swiss and Swedish currencies are even more overvalued. On the other hand, despite its recent climb, the yen appears to be 28%
undervalued, with a PPP of only ¥81 to the dollar. Note that all emerging-market currencies also look too cheap.
The index was never intended to be a precise predictor of currency movements, simply a take-away guide to whether currencies
are at their “correct” long-run level. Curiously, however, burgernomics has an impressive record in predicting exchange rates:
currencies that show up as overvalued often tend to weaken in later years. But you must always remember the Big Mac's
limitations. Burgers cannot sensibly be traded across borders and prices are distorted by differences in taxes and the cost of non-
tradable inputs, such as rents.
Despite our frequent health warnings, some American politicians are fond of citing the Big Mac index rather too freely when it
suits their cause—most notably in their demands for a big appreciation of the Chinese currency in order to reduce America's huge
trade deficit. But the cheapness of a Big Mac in China does not really prove that the yuan is being held far below its fair-market
value. Purchasing-power parity is a long-run concept. It signals where exchange rates are eventually heading, but it says little
about today's market-equilibrium exchange rate that would make the prices of tradable goods equal. A burger is a product of both
traded and non-traded inputs.
An idea to relish
It is quite natural for average prices to be lower in poorer countries than in developed ones. Although the prices of tradable things
should be similar, non-tradable services will be cheaper because of lower wages. PPPs are therefore a more reliable way to convert
GDP per head into dollars than market exchange rates, because cheaper prices mean that money goes further. This is also why
every poor country has an implied PPP exchange rate that is higher than today's market rate, making them all appear undervalued.
Both theory and practice show that as countries get richer and their productivity rises, their real exchange rates appreciate. But
this does not mean that a currency needs to rise massively today. Jonathan Anderson, chief economist at UBS in Hong Kong,
reckons that the yuan is now only 10-15% below its fair-market value.
Even over the long run, adjustment towards PPP need not come from a shift in exchange rates; relative prices can change instead.
For example, since 1995, when the yen was overvalued by 100% according to the Big Mac index, the local price of Japanese
burgers has dropped by one-third. In the same period, American burgers have become one-third dearer. Similarly, the yuan's future
real appreciation could come through faster inflation in China than in the United States.
The Big Mac index is most useful for assessing the exchange rates of countries with similar incomes per head. Thus, among
emerging markets, the yuan does indeed look undervalued, while the currencies of Brazil, Turkey, Hungary and the Czech
Republic look overvalued. Economists would be unwise to exclude Big Macs from their diet, but Super Size servings would
equally be a mistake
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Les instruments que mobilise la Banque mondiale pour mesurer la pauvreté dans le monde sont-ils
satisfaisants ? Réponse du philosophe Thomas Pogge (Columbia University, New York).
Depuis douze ans, la Banque mondiale fournit régulièrement des statistiques sur l’étendue, la répartition géographique
et l’évolution de l’extrême pauvreté. Ces statistiques sont mille fois citées et utilisées comme des faits. L’ONU s’en sert
pour démontrer de prétendus progrès dans la voie du premier « objectif de développement du millénaire » qui vise à
réduire de moitié la pauvreté dans le monde de 1990 à 2015.
Or les méthodes de calcul de la Banque Mondiale sont extrêmement douteuses. Il y a des raisons de penser qu’avec
une méthode plus plausible on observerait une tendance plus négative et une pauvreté beaucoup plus étendue.
La Banque Mondiale définit la pauvreté par le pouvoir d’achat que procure une certaine somme en dollars durant une
année donnée (« année de réference »). Elle détermine cette somme selon les seuils de pauvreté domestique déjà en
usage dans les différents pays étudiés. Elle a d’abord choisi le seuil de pauvreté intérieur le « plus typique » pour les
pays en voie de développement, défini par un budget mensuel par personne possédant un pouvoir d’achat équivalent à
celui de 31 dollars aux Etats-Unis en 1985. Plus tard, ce montant fut arrondi vers le bas à 30,42$, soit « un dollar par
jour ».
Pour appliquer sa définition, la Banque Mondiale convertit d’abord ce seuil de pauvreté défini en dollars dans d’autres
devises et le transpose ensuite de l’année de référence (1985) à d’autres années. Son procédé pour opérer cette double
conversion est extrêmement problématique.
Pour la première conversion, la Banque mondiale utilise les parités de pouvoir d’achat publiées régulièrement par
l’International Comparison Program (ICP). Selon le pays en voie de développement en question, ces parités sont trois à
sept fois supérieures aux taux de change correspondants. La Banque Mondiale part donc de l’hypothèse selon laquelle,
dans les pays en voie de développement, on peut acheter avec 4,50 à 10$ autant qu’avec 30,42$ aux Etats-Unis.
Cette hypothèse est pourtant intenable. Le rapport entre les prix dans les pays riches et les prix dans les pays pauvres
varie énormément selon les marchandises. Les prix des biens facilement négociables par-delà les frontières sont à peu
près les mêmes dans tous les pays. Les biens et les services qu’on ne peut pas exporter facilement peuvent coûter dans
les pays riches jusqu’à cent fois plus que dans les pays pauvres. Lorsque l’ICP fixe le pouvoir d’achat de la roupie
indienne à 5,3 fois son taux de change par rapport au dollar, l’ICP nous fournit donc une valeur moyenne dans le calcul
de laquelle, en gros, chaque marchandise est prise en considération selon sa part moyenne dans la consommation
domestique.
Ceci est judicieux lorsqu’on veut comparer le PNB de l’Inde à celui des USA. Pour ce faire, on estime par exemple que
les biens et prestations de service produits en Inde en 2001 et qui y ont coûté 460 milliards de dollars au total, auraient
coûté aux USA 2450 milliards de dollars.
C’est toutefois commettre une erreur grave que de multiplier les revenus des Hindous pauvres par cette valeur
moyenne de 5,3. Car la consommation des pauvres ne reflète pas la consommation mondiale, mais se concentre sur les
produits alimentaires de base et autres produits de nécessité vitaux. Ceux-ci sont certes meilleur marché dans les pays
pauvres, mais leur prix n’est de loin pas aussi modique que ne le suggèrent les parités de pouvoir d’achat établies par
l’ICP. La raison en est évidente. Ce n’est pas pour les prestations de service non exportables qu’il existe les plus grandes
différences de prix entre pays riches et pays pauvres. Dans les pays très pauvres, on peut obtenir une aide ménagère,
un chauffeur ou une coupe de cheveux pour seulement un centième de nos tarifs. Des différences de prix aussi
gigantesques tirent les parités de pouvoir d’achat de l’ICP de ces pays vers le haut. Mais elles ne concernent
absolument pas leurs pauvres, qui ne peuvent pas s’offrir de telles prestations de service. Le résultat de la première
conversion, à savoir qu’on vit mieux en Inde avec 6$ par mois qu’avec 30,42$ aux USA, est donc absurde si on reçoit
pour cette somme beaucoup moins de biens de première nécessité.
De fait, lorsqu’on convertit le seuil de pauvreté dans d’autres devises, on doit prendre en considération les prix locaux
des biens et des prestations de service, non pas à proportion de leur part de la consommation mondiale, mais en
fonction de leur importance pour la satisfaction des besoins fondamentaux de l’homme.
Nous n’avons pas encore les informations sur les prix qui nous seraient nécessaires pour entreprendre de manière
plausible des comparaisons internationales entre les pouvoirs d’achat. Les informations existantes relatives aux prix des
produits alimentaires dans leur ensemble, au pain et aux céréales, ainsi qu’à d’autres biens de première nécessité,
montrent toutefois que dans les pays pauvres, ceux-ci sont en moyenne 30 à 40% plus chers que ne le suggèrent les
parités de pouvoir d’achat de l’ICP (cf. Center for International Comparisons (Université de Pennsylvanie) et Institute of
Social Analysis). Si la Banque Mondiale basait sa conversion du seuil de pauvreté dans les devises des pays en voie de
développement sur un index des prix des produits de première nécessité vitaux, elle devrait donc probablement réviser
très considérablement à la hausse ses seuils de pauvreté domestiques, et par conséquent aussi ses estimations
relatives au nombre de personnes vivant dans la pauvreté.
La Banque mondiale obtient de cette première conversion les seuils de pauvreté nationaux pour les différents pays pour
l’année de référence (1985). Dans un second temps, on calcule pour ces pays les seuils de pauvreté nationaux pour
d’autres années. La Banque Mondiale prend ici pour base pour chaque pays l’index national des prix à la consommation.
Cet index prend en considération les variations de prix de tous les biens et prestations de service selon la part de la
consommation nationale qu’ils représentent. Il est, par conséquent, complétement inapte à mesurer l’évolution du
pouvoir d’achat des revenus extrêmement bas. A quoi cela sert-il aux Hindous pauvres que leur revenu augmente par
rapport au prix des ordinateurs, des chaînes stéréo et des billets d’avion lorsqu’il décroît par rapport au prix du riz ?
Pour juger de l’évolution du pouvoir d’achat réel de leur revenu, on devrait se concentrer sur le prix des biens de
première nécessité vitaux. Or, ceux-ci représentent, même dans les pays pauvres, seulement une fraction de la
consommation domestique des particuliers. Aussi l’évolution de leur prix peut-elle être entièrement différente de
l’évolution du prix moyen de tous les biens de consommation. C’est pourquoi la deuxième conversion n’est pas crédible,
42
L’indicateur de la pauvreté humaine
PNUD (2004), Rapport sur le développement humain, Paris, Economica, p. 259,
disponible @ http://hdr.undp.org/reports/global/2004/francais/
L’indicateur de la pauvreté humaine pour les pays en développement (IPH-1)
Alors que l’IDH mesure le niveau moyen atteint par un pays donné, l’IPH-1 s’attache aux carences ou manques observables dans
les trois dimensions fondamentales déjà envisagées par l’indicateur du développement humain :
• Longévité et santé : risque de décéder à un âge relativement précoce, exprimé par la probabilité, à la naissance,
de ne pas atteindre 40 ans.
• Instruction et accès au savoir : exclusion du monde de la lecture et des communications, exprimée par le taux
d’analphabétisme des adultes.
• Possibilité de disposer d’un niveau de vie décent : impossibilité d’accéder à ce que procure l’économie dans son
ensemble, exprimée par la moyenne non pondérée de deux indicateurs : le pourcentage de la population privée
d’accès régulier à des points d’eau aménagés et le pourcentage d’enfants souffrant d’insuffisance pondérale.
Le calcul de l’IPH-1 est plus direct que celui de l’IDH. En effet, les critères utilisés pour mesurer ces carences sont déjà normalisés
entre 0 et 100 (puisqu’ils se présentent sous la forme de pourcentages). Il n’est donc pas nécessaire de passer par des indices
dimensionnels. À l’origine, la mesure des manques en termes de niveau de vie comprenait également un indicateur de l’accès aux
services de santé. Cependant, dans le rapport de cette année, le manque de données récentes et fiables concernant cet aspect nous a
contraint à réduire à deux les variables prises en compte à cet égard : pourcentage de la population privée d’accès durable à des
points d’eau aménagés et pourcentage d’enfants souffrant d’insuffisance pondérale.
L’indicateur de la pauvreté humaine pour certains pays de l’OCDE (IPH-2)
L’IPH-2 mesure les carences sous les mêmes aspects que l’IPH-1, en y ajoutant l’exclusion. Il comporte donc quatre variables :
• Longévité et santé : risque de décéder à un âge relativement précoce, exprimé par la probabilité, à la naissance,
de ne pas atteindre 60 ans.
• Instruction et accès au savoir : exclusion du monde de la lecture et des communications, exprimée par le taux
d’illettrisme des adultes (âgés de 16 à 65 ans).
• Possibilité de disposer d’un niveau de vie décent : exprimé par le pourcentage de la population vivant en deçà
du seuil de pauvreté monétaire (demi médiane du revenu disponible corrigé des ménages).
• Exclusion : exprimée par le taux de chômage de longue durée (au moins 12 mois).
Calcul de l’IPH-1
1. Mesure des manques en termes de niveau de vie
Les carences en termes de niveau de vie sont exprimées par une moyenne non pondérée de deux éléments :
Moyenne non pondérée = 1/2 (population privée d’accès régulier à des points d’eau aménagés)
+ 1/2 (enfants souffrant d’insuffisance pondérale)
2. Calcul de l’IPH-1
La formule pour calculer l’IPH-1 est la suivante :
où :
P1 = probabilité, à la naissance, de décéder avant 40 ans (multipliée par 100)
P2 = taux d’analphabétisme des adultes
P3 = moyenne non pondérée des pourcentages de la population privée d’accès régulier à des points d’eau aménagés et d’enfants
souffrant d’insuffisance pondérale
=3
Exemple de calcul : Cambodge
P 1 = 24,0 %
P 2 = 30,6 %
P 3 = 57,5 %
Calcul de l’IPH-2
La formule pour calculer l’IPH-2 est la suivante :
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où :
P1 = probabilité, à la naissance, de décéder avant 60 ans (multipliée par 100)
P2 = taux d’illettrisme des adultes
P3 = population vivant en deçà du seuil de pauvreté monétaire (demi-médiane du revenu disponible corrigé des
ménages)
P4 = taux de chômage de longue durée (au moins 12 mois)
=3
Exemple de calcul : Canada
P1 = 8,7 %
P2 = 16,6 %
P3 = 12,8 %
P4 = 0,7 %
De nombreuses critiques ont été émises sur les conditions de la genèse du capitalisme moderne mises en avant par Weber. P
Besnard les a recensées dans un livre consacré entièrement à la controverse. Les principaux reproches adressés à Weber sont les
suivants :
• Genève à l’époque de Calvin est loin d’être un modèle de modernisation économique et politique ;
• la solidité de la corrélation établie par Weber entre affiliation religieuse et choix professionnel n’est pas
établie.
• On peut trouver de nombreux contre-exemples historiques: l’Ecosse presbytérienne aurait dû en raison de
la forte emprise calviniste connaître une croissance économique soutenue, ce qui n’a pas été le cas.
Inversement certains états catholiques tels que Venise ou la ville de Cologne sont des pôles de
développement économique.
• Le puritanisme ne saurait être tenu pour la condition sine qua non de l’émergence du capitalisme moderne
: Weber aurait surestimé le facteur religieux et négligé le contexte historique.
• Selon Schumpeter (cf chapitre innovation) il existe bien avant Calvin des pôles de développement
économique important et des entreprises de structures complexes et modernes. Ainsi la notion même d’un
changement d’esprit qui serait apparu au seizième siècles est, selon Schumpeter, inutile et contraire aux
faits.
• Selon T Roper, les entrepreneurs actifs dans les grandes zones européennes d’implantation du calvinisme
ne sont pas seulement calvinistes ils sont aussi dans la plupart des cas des immigrés et étaient déjà chefs
d’entreprise avant d’immigrer . Ainsi par exemple suite à l’abolition de l’édit de Nantes par Louis XIV de
nombreux protestants industriels ont immigré vers les Etats protestants d’Europe du Nord emmenant avec
eux leur savoir-faire industriel.
• RT Tawney va jusqu’à inverser la relation de causalité en arguant de la préexistence du capitalisme sur le
protestantisme. Il explique ainsi le développement du capitalisme en Angleterre par le fait que l’île se
trouve sur les routes des nouveaux courants commerciaux qui ont accompagné le basculement du centre de
gravité économique de la Méditerranée vers la mer du nord.
• Frontani , quant à lui , considère que l’esprit capitaliste est immanent à chaque société quand il ne
s’inscrit pas dans la nature de l’homme (on retrouve ici la logique libérale). Il serait donc vain d’aller en
chercher la genèse dans un principe religieux.
• Braudel enfin considère que l’erreur de Weber est d’avoir « exagéré le rôle du capitalisme comme
promoteur du monde moderne » . Les pays du nord n’ont rien inventé ni dans la technique, ni dans le
44
maniement des affaires. » Amsterdam copie Venise, comme Londres copiera Amsterdam, comme New
York copiera Londres ».
La coïncidence géographique qui s’établit sur un atlas entre le monde musulman et le monde bouddhiste ou hindouiste incite à
s’interroger sur les entraves que ces religions ont pu représenter pour le développement :
a - L’EXEMPLE DE L’ISLAM
Pré-notions sur l’Islam : L’islam est ainsi considéré, par de nombreux auteurs occidentaux , comme une religion fataliste
privilégiant la soumission . L’application stricte de la charria (loi islamiste) dans les pays intégristes qui interdit notamment le
taux à intérêt, qui rabaisse la condition féminine, conduit à penser que l’islam serait un frein au développement.
Conclusion : La raison permettant de comprendre le sous-développement des pays islamistes est que :
• le mouvement intégriste, en niant toute autonomie à la société civile, en se donnant pour but la négation
des modèles de production ou de consommation moderne, car de source occidentale, a abouti à une
impressionnante stagnation économique
• . Mais on ne peut pas déduire que l’islam soit facteur d’arriération du fait de sa récupération par une classe
de religieux passéistes qui l’utilisent comme prétexte et le détourne de sa fonction initiale, pour canaliser
un mouvement de mécontentement populaire.
b - L’HINDOUISME ET LE BOUDDHISME
Pré-notions sur le Bouddhisme et l’Hindouisme : Les religions hindouistes et bouddhistes semblent totalement étrangères à la
notion de développement, en raison de leurs caractéristiques :
- les valeurs dominantes sont le détachement des biens terrestres et le repli sur soi, la renonciation de tous les désirs pour
atteindre la délivrance pour le bouddhisme.
- L’hindouisme, quant à lui, développe une conception cycliste de l’existence ; il est basé sur un système de castes
bloquant la mobilité sociale : les postes clés n ‘étant pas occupés selon les mérites mais selon la naissance. Dès lors, ces
deux religions ne peuvent donner en apparence que des sociétés statiques , où la notion d’harmonie avec le monde
sensible l’emporte sur toute autre motivation , en particulier économique .
Les pré-notions sur les sociétés traditionnelles : Les modes de fonctionnement des sociétés traditionnelles ont souvent été
considérés comme incompatibles avec cette transformation :
- Fortement structurées , fondées sur le rituel , l’autorité et l’ordre , les sociétés traditionnelles enserrent , en effet ,
l’individu dans un réseau de contraintes et d’impératifs qui laissent peu de marge pour des comportements individuels
propices à l’innovation .
- Ainsi, la vénération des ancêtres donne une représentation mentale de l’univers fondé sur une acceptation de l’ordre
naturel des choses sur lesquelles on ne peut intervenir que par des pratiques magiques détenues par les prêtres et les
sorciers.
45
- Ces populations ne répondent donc pas au modèle de l’homo oeconomicus développé par les néo-classiques : face à une
augmentation des prix agricoles , la stratégie des paysans est non pas d’accroître leur travail pour augmenter leur profit
mais de réduire leur activité pour avoir plus de temps libre, à revenu constant .
- D’après les économistes néo-classiques, ils sont irrationnels, ce qui est dû, en particulier , au poids des sociétés
communautaires
Conclusion : De nombreux auteurs ont été ainsi amenés à considérer, en partant de l’exemple des pays européens, que la montée
de l’individualisme était une condition nécessaire au développement.
Toutes ces critiques sont fondées mais elles sont parfois imméritées. En effet M Weber avait pris ses précautions et avait été très
prudent dans la relation qu’il faisait apparaître entre éthique du protestantisme et esprit capitaliste :
- D’une part il écrit : « il faudra nous défaire de l’idée que la réforme peut se déduire en tant qu’historiquement
nécessaire à partir de transformations économiques » . Weber veut par-là souligner que rien n’est jamais écrit à l’avance
qu’il n’existe pas de loi nécessaire (en quoi il s’oppose avec raison à Marx).
- D’autre part il considère que « il est hors de question de soutenir une thèse aussi déraisonnable et doctrinaire qui
prétendrait que l’esprit du capitalisme ne saurait être le résultat de certaines influences de la réforme , jusqu’à affirmer
même que le capitalisme en tant que système économique est une création de celle ci ». Weber conclut qu’il s’efforcera
seulement de rechercher s’il n’existe pas certaines affinités électives entre les formes de la croyance religieuse et
l’éthique protestante qui auraient influencé le développement de la civilisation matérielle.
Constat : M Weber considérait que le développement de la bureaucratie est inéluctable (ce pessimisme fataliste se retrouvera
dans le désenchantement du monde) car « la bureaucratisation est désormais consubstantielle à toutes les formes de la vie
moderne: elle accompagne la rationalisation croissante de notre vie comme notre ombre invisible » (G Busino).
Présentation des critiques : Ce que Weber critique dans la bureaucratisation de nos sociétés modernes :
- ce n’est pas tant ce que l’on dénomme le bureaucratisme , c’est à dire l’inefficacité de ce mode d’organisation
- qu’une généralisation à toutes les relations sociales des comportements bureaucratiques (formalisme , etc.) et une
bureaucratisation de la vie politique. En effet comme le note C Colliot-thelene :
• la codification juridique et la constitution d’un corps d’administrateurs professionnels qualifiés soustraient
l’exercice de la gestion des affaires publiques aux puissances irrationnelles de la tradition ou du charisme
personnel du chef.
• Mais le fait de substituer à une légitimation du pouvoir par la tradition ou le charisme une légitimation par
sa conformité aux lois ne rend pas ce pouvoir mieux contrôlable par ceux sur lesquels il s’exerce; (...)
• Au contraire ce que l’on appelle la bureaucratisation de la politique se traduit concrètement par la
substitution de fonctionnaires salariés , recrutés sur la base d’un examen sanctionnant une connaissance
acquise par une formation spécialisée, aux notables de jadis ( qui exerçaient les fonctions publiques
gratuitement, et sans compétence spécifique, parce que leur fortune ou leur revenu personnel privé leur en
donnaient le loisir ( cf. sur ce point l’analyse de Tocqueville : chap. démocratie et égalité)).
• La réalité du pouvoir n’appartient pas aux élus, mais à ces fonctionnaires salariés qui maîtrisent les
techniques de l’administration. La rationalisation de la politique est donc synonyme de bureaucratisation.
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• A mesure que se consolident les systèmes, techniquement efficaces (cette efficacité constitue leur
rationalité), de gestion de l’économie ou des affaires publiques, les espaces ouverts à la liberté se réduisent
inexorablement.
Conclusion : Les analyses wébériennes aboutissent ainsi à une représentation de l’histoire occidentale empreinte de fatalisme, très
différente de celle de Marx :
- Tandis que Marx pensait possible une rupture avec la logique que l’on dirait aujourd’hui systémique (c’est à dire
indépendante de la volonté et de l’action des individus qui y sont impliqués ) de l’économie capitaliste, grâce à
l’action révolutionnaire des classes exploitées,
- Max Weber considère que la bureaucratisation , qui affecte aussi bien les appareils politiques (partis et syndicats
révolutionnaires compris) que le fonctionnement de l’économie , est un processus irréversible. Selon lui ,
l’abolition de la propriété privée des moyens de production, loin de rendre aux hommes la maîtrise de leur action
collective, ne ferait que porter à un point extrême la bureaucratisation de l’administration politique et économique.
Critiques de M Crozier : La critique que M Crozier énonce dès 1963 dans le phénomène bureaucratique est différente :
• Crozier considère que le respect des résultats de la tradition bureaucratique prussienne avait conduit Weber
a imposé l’idée de la supériorité absolue du modèle hiérarchique réglementaire et bureaucratique en
matière d’efficacité.
• Or l’analyse des faits démontre que plus ce modèle prévaut , moins l’organisation est efficace. En effet le
système bureaucratique développe un cercle vicieux caractérisé par quatre traits essentiels :
- L’aspect positif du développement des règles impersonnelles est qu’elles visent à éliminer l’arbitraire mais la face
négative est qu’elles limitent l’initiative individuelle. Or aucune organisation n’a jamais pu et ne pourra jamais
fonctionné comme une machine, son rendement dépend en grande partie de la capacité dont disposent des individus de
pouvoir influencer son fonctionnement
- La centralisation des décisions permet d’éliminer l’arbitraire, mais elle accroît la rigidité de l’organisation
- les deux précédents traits déterminent un isolement des catégories hiérarchiques qui réduit la communication , et fait
que les membres d’une catégorie hiérarchique font corps par rapport à tout ce qu’ils considèrent comme une agression
extérieure. En même temps les pairs font pression sur l’individu pour qu’ils se conforment aux règles non écrites mais
contraignantes.
- La multiplication des règles , leur opacité rend , contrairement à ce qui était attendu , une liberté aux agents de la
bureaucratie, qui peuvent alors développer des relations de pouvoir parallèle qui limitent les relations de pouvoir
officiel.
Conclusion de M Crozier :M Crozier en concluait en 1953 que « la bureaucratie au sens où le grand public l’entend (c’est-à-dire
le climat de routine, de rigidité, de contrainte et d’irresponsabilité qui caractérise les organisations dont on se plaint ) n’est pas du
tout la préfiguration de l’avenir et n’a pas tendance à augmenter avec la concentration des entreprises, mais constitue le legs
paralysant d’un passé où prévalait une conception étroite et bornée des moyens de coopération entre les hommes »; Cette vision est
donc opposée à celle de Weber qui anticipait un développement inéluctable de la bureaucratisation dans nos sociétés.
critiques à l’encontre de la thèse de Weber : L’analyse de HH Simon permet de relativiser la notion de rationalité forgée par
Weber sur plusieurs points :
- les analyses empiriques semblent montrer que dans de nombreux cas la rationalité des individus, ou des entreprises
s’avère beaucoup plus limitée que ne le pensait Weber qui aurait ici péché par excès.
- La rationalité s’avère limitée dans le temps, contrairement à ce qu’avançaient les auteurs libéraux (et Weber dans une
moindre mesure) les capacités d’anticipation des agents ne sont pas rationnelles au sens ou l’individu serait capable
même dans le long terme d’anticiper l’évolution du marché.
Solution forgée par Simon : il propose donc de développer le concept de rationalité limitée , c’est à dire une rationalité qui ne
surestime pas les capacités d’anticipation et de compréhension des individus et des organisations et qui laisse d’avantage de place
à l’irrationnel.
Constat : Comme l’indique M Mauss « nos sociétés ont fait de l’homme un animal économique » .
47
• Mauss se demande d’ailleurs s’il le deviendra un jour « ses dépenses de luxe (au bourgeois), d’art, de
folie, de serviteurs ne le font-elles pas ressembler aux nobles d’autrefois ou aux chef barbares dont nous
avons décrit les mœurs ».
En particulier, on peut constater que la sécularisation des sociétés (toute limitée qu’elle soit) qu’anticipait Weber ne semble pas
complètement vérifiée : si l’on en croit ce texte de I Ramonet pour le monde diplomatique :
« Comment ne pas se tourner vers Dieu quand tout s'effondre autour de soi ? Quand les « sciences » économiques elles-mêmes se
révèlent incapables d'apporter des corrections logiques aux furieux dérèglements de l'économie mondiale ? Dérèglements et
distorsions que les spécialistes n'hésitent pas à qualifier d'« irrationnels ».[...]
Alors, on se remet à espérer en la Providence et, littéralement, à croire aux miracles. Mais on croit encore plus fortement aux
vieux mythes païens du destin, de la fortune ; et, trois mille ans après les Chaldéens, on invoque le pouvoir des astres « qui
règlent,
d'une volonté inflexible, tout dans l'univers ». Tout en sachant ces croyances incompatibles avec l'esprit scientifique, les citoyens,
intimidés par les risques des temps nouveaux, adhèrent à leur raisonnement parfaitement illogique et à d'abracadabrantes
superstitions. Ils défient ainsi, sans se l'avouer, les critères d'une rationalité technologico-scientifique qui ne répond pas toujours à
leurs hantises immédiates (chômage, SIDA, solitude...).
Dans des sociétés modernes ayant érigé en emblème le slogan « que le meilleur gagne », chacun cherche à se prouver [...] qu'il
peut être un gagnant, un battant. Et cela au moyen des jeux de hasard. Le hasard prend ainsi aujourd'hui la place du sacré. Il est à
la fois fascinant et terrifiant. Autour de nous prolifèrent toutes sortes de loteries comme le Loto, le Tac-0-Tac, le Tapis vert... ; ou
les jeux de pronostics comme, outre le tiercé, le quarté, le Loto sportif, Télémago, Portfolio... Et l'on assiste à l'explosion
proprement délirante des jeux-concours proposés par tant de magasins, de marques de produits, de publications et de journaux.
Sans parler des nombreuses émissions de télévision qui déversent — sous les yeux ébahis de tant d'exclus — une insolite pluie de
millions sur les heureux élus... [...] Mais, pour gagner, il faut avoir de la chance. Ce qui est, astrologiquement parlant, une affaire
de bonne étoile. L'incertitude du futur et la frénésie des jeux ont donc conduit les hordes de prétendants à la fortune vers les
nouvelles générations de mages, de voyants et d'extralucides. Par téléphone, par minitel ou simplement devant les caméras de la
télévision (exemple : « Voyons ça ensemble », sur M6), ils prédisent l'avenir, précisent les chiffres porte-bonheur ou les couleurs
de la chance... Plus de vingt mille modernes sorciers, voyants, astrologues et autres — avec l'aide de quelques dizaines de
marabouts venus d'Afrique — suffisent à peine, en France, à répondre aux angoissantes demandes de quelque quatre millions de
clients réguliers. [...] La moitié des Français consultent régulièrement leur horoscope, et le tirage des revues d'astrologie ne cesse
d'augmenter (deux d'entre elles dépassant les cent mille exemplaires). Le boom de cette industrie divinatoire — tarots, cartes,
talismans, chiromancie, guérisseurs, radiesthésie — correspond à une régression profonde de l'individu. Celui-ci en vient à
admettre que le « ciel de naissance » peut déterminer, de manière absolue, sa biographie. Ainsi, le destin astral interprété par le
voyant remplace en ces temps de superstitions la lecture des voies de la Providence effectuée naguère par le prêtre.[...]
L'obscurantisme séduit de plus en plus certains esprits rebutés par la complexité des realités nouvelles, choqués par l'irrationnelle
débâcle économique. A la faveur de cet obscurantisme se sont déjà épanouis à travers le monde les « révolutions conservatrices » et
les divers fondamentalismes : islamique en Iran, puritain aux États-Unis, catholique en France, ultra-orthodoxe en Israël, etc.
La déraison se nourrit d'ignorance et de peur, de crainte et d'espoir. Ce sont les nourritures de toute religion, de toute superstition.
Et le traumatisme économique que subissent actuellement des sociétés malades de leur culture risque de transformer ces
nourritures en élixirs. Pour une nouvelle barbarie. »
SOURCE : I Ramonet, le retour des magiciens, le monde diplomatique, manière de voir, avril 1988.
On peut constater , à la lecture de ce texte , que le développement de l’irrationnel que l’on peut discerner aujourd’hui résulte en
partie de la méfiance envers la rationalité technologico-scientifique qui est à l’origine du chômage, de la solitude, etc.
Comme l’indique N Elias, quand il oppose le comportement de la bourgeoise industrielle à celui de la noblesse d’Ancien Régime :
« ce que nous appelons par un souci d’objectivation, la raison n’est pas autre chose que notre effort pour nous adapter à une
société donnée, nous y maintenir par des calculs et des mesures de précaution, et y parvenir en dominant provisoirement nos
réactions affectives immédiates. La prévision quantitative ou rationalité n’est qu’un cas particulier d’un phénomène plus
général ».
P d’Iribarne constate que contrairement à ce que l’on aurait pu penser a priori les entreprises des différents pays développés
adoptent des modes de gestion de leur personnel radicalement différents, qui n’ont que peu à voir avec le modèle néo-classique,
mais qui peuvent aisément se comprendre si l’on fait appel à la culture et à l’histoire qui sont propres à chaque pays.
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COMPLEMENT DE COURS N° 4
L’IDEOLOGIE
A - UNE IMAGE NEGATIVE DE L’IDEOLOGIE
INTRODUCTION :
• Une apostrophe célèbre de Napoleon à l’endroit des idéologues donne très tôt à la notion un caractère
péjoratif.
• Ce caractère est renforcé par le fait que bien des définitions étudient l’idéologie à partir des notions de vrai
et de faux.
• Cela est encore accentué par le déterminant de l’adhésion à une idéologie qui semble relever de la passion
ou de l’affectivité, en un mot de l’irrationnel.
• Or nos sociétés entrent dans l’ère de la rationalité (cf Weber), elles vont donc voir la fin des idéologies qui
ont eu des conséquences tellement catastrophiques (cf fascisme).
• D’autant plus que les sociétés démocratiques, c’est tout du moins ce que l’on pensait dans les années 50 ,
sont des sociétés consensuelles.
CONCLUSION :
Selon R Boudon, ces deux définitions se caractérisent par le fait que directement (pour Marx) ou indirectement (pou Aron) elles
font référence au critère du vrai et du faux. Ce type de définition conduit à mettre en avant l ’idée que l’idéologie est une erreur.
Dès lors, toute la difficulté devient de savoir pourquoi les individus adhèrent à des systèmes qui sont caractérisés par l’erreur. Pour
le comprendre, il semble nécessaire de faire référence au critère de l’irrationalité. Boudon va donc croiser les définitions vrai-faux
avec les définitions caractérisées par l’opposition rationnel-irrationnel.
Finalement croiser le caractère de fausseté à celui de l’irrationalité conduit à mettre l’adhésion aux idéologies au compte des
passions, du fanatisme. Dés lors il semble normal de souhaiter la fin des idéologies.
Postulat : La conception qui conduit à définir l’idéologie par rapport au critère de l’irrationalité peut amener à penser que
l’idéologie va disparaître à mesure que la science progresse.
Mise en application : si l’on prend comme exemple la loi des 3 états d’A Comte :
49
• on peut penser que l’idéologie pourrait être classée dans l’état métaphysique qui est caractérisé par le
recours à des entités abstraites, à des idées grâce auxquelles on croit pouvoir expliquer la nature des choses
et la cause des événements.
• Mais cet état est un stade intermédiaire qui doit être dépassé par ce que Comte appelle l’état positif qui est
l’état dans lequel l’homme cherchera par l’observation et le raisonnement à saisir les relations.
• Or cet état est caractéristique des sociétés industrielles qui sont dominées par les mentalités scientifiques
(cf aussi Weber).
Conséquence : Selon Ferdinand Dumont on a même soutenu l’idée que grâce au développement des sciences naturelles
l’idéologie était devenue le résidu d’un monde en voie de disparition.
b - IDEOLOGIE ET TOTALITARISME.
Présentation de la thèse d’H.Arendt : Selon H Arendt, les idéologies sont des ismes qui, à la grand satisfaction de leurs partisans
peuvent tout expliquer jusqu’au moindre événement en les déduisant d’une seule prémisse. Elles traitent l’enchaînement des
événements comme s’ils obéissaient à la même loi que l’exposition de son idée. Or les idéologies peuvent conduire à des résultats
totalitaires pour 3 raisons essentielles selon H Arendt :
• Par leur prétention à tout expliquer: le passé, le présent, l’avenir.
• or par ce pouvoir de tout expliquer la pensée idéologique s’émancipe de la réalité et affirme l’existence
d’une réalité plus vraie, qui se dissimule derrière les choses visibles, les gouverne.
• La pensée idéologique ordonne les faits en une procédure absolument logique qui part d’une prémisse
tenue pour axiome (vérité d’évangile) et en déduit tout le reste. Elle procède donc avec une cohérence qui
n’existe nulle part dans la réalité.
Répercussions : Selon H Arendt, les mouvements totalitaires se sont mis en devoir de déployer les implications idéologiques
jusqu’à l’extrême d’une cohérence logique qui semblait absurde et irrationnelle primitivement. :
• Ainsi une classe agonisante est une classe objectivement condamnée (en URSS : les koulaks, c’est-à-dire
les paysans riches)
• les races qui sont définies comme inaptes à vivre doivent être exterminées (nazisme : le génocide juif).
Conséquences : les répercussions désastreuses des totalitarismes fascistes et soviétique ont amené une remise en cause des
idéologies dont les conséquences ont été considérées comme structurellement négatives. Ce mouvement a encore été renforcé par
la forte croissance économique d’après guerre qui a été à l’origine de l’idée consensuelle.
c - LA SOCIETE DU CONSENSUS
Constat : R Boudon note qu’au début des années 60 un débat s’est instauré autour de la question de la fin des idéologies . Cela
suite à :
• la débandade des idéologies fascistes.
• La croissance économique régulière dont les sociétés occidentales faisaient preuve n’indiquait-elle pas que
les sociétés étaient capables d’évoluer à la satisfaction générale en s’appuyant plus sur les experts (cf A
Comte) que sur les doctrinaires et les prophètes.
Conséquences : Pour arriver à ce résultat, il faut , écrit Boudon , que les experts puissent expulser les prophètes et la technique ,
évincer l’idéologie, donc qu’il existe un consensus sur les valeurs. Or les théories dominantes aux USA puis en France dans les
années 50 et 60 virent, dans la démocratisation des relations du travail, dans la forte croissance qui assurait une progression du
pouvoir d’achat, la clé du consensus social qui autorisait l’expert à tracer les voies les plus appropriées par lesquelles les valeurs
peuvent être utilisées.
Conclusion : On ne peut donc parler de fin des idéologies. Tout au plus peut-on, selon Lipset, parler dans certaines conjonctures,
de l’accalmie des idéologies totales.
Il semble maintenant nécessaire de dépasser la vision de l’idéologie présentée jusqu’à maintenant afin de montrer que l’idéologie
est un phénomène beaucoup plus complexe.
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F Dumont écrit que la « thèse de la fin des idéologies est aussi vieille que la reconnaissance du phénomène idéologique. »
Distinction utopie – idéologie : A Touraine distingue deux niveaux dans les conflits sociaux , il écrit : « le conflit peut-il être
compris hors du sens qu’il a pour les acteurs, sens qui ne se réduit pas à leur conscience mais qui suppose que chaque acteur vise à
contrôler le mouvement d’ensemble de la société , c’est à dire à ne pas s’identifier à un des termes du conflit mais à prendre en
charge le mouvement qui se réalise à travers les conflits ». Ainsi tout acteur est porteur d’une utopie et d’une idéologie:
• d’une utopie, c’est à dire d’une vision de la société par laquelle il s’identifie lui même à la totalité,
• d’une idéologie aussi, c’est à dire d’une représentation qui réduit le mouvement de la société au conflit
entre des acteurs opposés.
Conséquences : Le conflit social est toujours dominé par ce heurt des utopies et des idéologies :
• L’utopie de la classe dirigeante est l’affirmation que la croissance économique assure par elle même la
résolution des problèmes sociaux.
• L’utopie de la classe dominée est l’identification du développement à la satisfaction des besoins de la
collectivité.
Le choc des idéologies : est alors, selon A Touraine, celui des classes qui ne se saisissent que dans leur antagonisme. Ce qui
caractérise un conflit chargé de lutte des classes c’est qu’il déborde le combat de l’adversaire, de la rupture et cela de deux
manières conjointes:
• d’un coté, il est l’affirmation d’un acteur historique, la création d’une conscience collective, le sens d’une
mission historique,
• de l’autre, il est l’affirmation d’un nouveau modèle de société.
Dès lors que l’utopie s’est réalisée, il n’est plus besoin d’idéologie car l’acteur qui a réalisé son utopie s’identifiant à la totalité ne
peut plus comprendre l’existence des conflits : confère en URSS le PCUS qui ne peut accepter une déviation par rapport à sa ligne
car il considère qu’il travaille pour le bien être de la collectivité, ce qui lui donne sa légitimité, et le légitime donc à éliminer ceux
qu’il définit comme déviationnistes (cf les procès de Moscou).
• Comme l’écrit F Dumont : « l’idéologie c’est la société comme polémique, c’est la société tachant de se
définir dans des luttes et dans des contradictions : l’idéologie est une pensée qui combat et qui parle pour
combattre ».
• Mais pour combattre, il faut avoir un adversaire, F Dumont en conclut que « l’idéologie se révèle dans le
pluralisme des idéologies, c’est la confrontation qui fait de l’idéologie une réalité ».
• Tout le problème est que chacun des adversaires dénie l’idéologie : « officiellement l’idéologie c’est la
pensée de l’autre, elle est donc dévalorisée ». Il n’est pas possible de lui accorder une qualité (selon Marx
en particulier) du moment où on n’ y adhère pas, et quand on y adhère, elle n’est plus idéologique. F
Dumont prend l’exemple de la technocratie qui cherche à liquider les idéologies mais qui en réalité veut
imposer une seule idéologie: « le point zéro de l’idéologie ce n’est pas l’évanouissement des idéologies
mais une idéologie triomphante »
CONCLUSION :
Les définitions de l’idéologie par rapport au critère vrai-faux, rationnel -irrationnel ne sont pas opératoires, l’idéologie loin d’être
une vue idéaliste des phénomènes sociaux, se trouve au contraire aux racines de la société qui avant d’être une chose est un débat,
une action de la société sur elle même.
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